NDDN Rapport du Comité
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ANNEXE A : TSO ET SSPT Les Forces canadiennes utilisent l’expression « traumatisme lié au stress opérationnel » (TSO) pour désigner tous les types de blessures psychologiques provoquées par un éventail de situations stressantes vécues en service commandé. Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) est un type de TSO[62]. Le TSO est un trouble psychologique persistant découlant des tâches opérationnelles accomplies au cours du service militaire. L’expression redéfinit les troubles comme étant des traumatismes, ce qui correspond davantage à la manière de penser actuelle. Contrairement au terme « syndrome de stress post-traumatique », l’expression « traumatisme lié au stress opérationnel » n’est pas un terme juridique ou médical; c’est un terme strictement militaire utilisé par le Canada et par l’OTAN. Les troubles de santé mentaux ne sont pas moins réels ou moins légitimes que les problèmes de santé physique. Le cerveau est l’organe le plus complexe du corps humain et comme les autres parties de l’organisme, il subit parfois des blessures causées par une maladie ou un trauma. Ces traumatismes et leurs répercussions sur les fonctions cérébrales échappent à la volonté et au contrôle de la personne touchée. Chaque personne est différente, et la gravité des symptômes varie tout autant. Le SSPT est un traumatisme psychologique causé par la réaction du cerveau à un stress psychologique aigu, comme le fait de craindre pour sa vie. Dans une situation où la vie est menacée, le cerveau se met automatiquement en mode d’urgence. La réaction de combat ou de fuite ou d’arrêt est enclenchée. La personne atteinte du SSPT revit sans cesse le traumatisme, ce qui réactive constamment la réaction et peut entraver le fonctionnement de l’individu dans sa vie personnelle ou professionnelle. Le SSPT, une des formes de traumatisme lié au stress, est un trouble médical légitime, comme toute autre maladie touchant le corps humain. Il s’agit d’une maladie mentale qui est causée ou aggravée par un traumatisme psychologique. Le SSPT se manifeste souvent en combinaison avec d’autres troubles personnels, sociaux, spirituels et mentaux. La personne touchée peut présenter d’autres problèmes comme la dépression, l’anxiété, la consommation excessive d’alcool ou de drogue et des difficultés avec la famille, les amis et les collègues. Il convient également de souligner qu’il existe tout un éventail de troubles médicaux comportant des symptômes très semblables qui ne constituent pas un SSPT. Le SSPT comprend les symptômes suivants : événement revécu sous la forme de rêves très vifs ou de flashbacks; tendance à éviter les situations ou les facteurs qui rappellent l’expérience traumatisante; manque d’intérêt ou de plaisir par rapport à la vie telle qu’elle était avant; perte d’intimité; hyperexcitation, par exemple irritabilité, tendance à sursauter ou à se fâcher facilement (quand ces caractéristiques n’étaient pas présentes avant l’événement). Il est possible de diagnostiquer et de traiter efficacement le SSPT. Comme pour les autres problèmes de santé, le traitement est plus efficace s’il est amorcé tôt. Tout retard de traitement du SSPT peut causer une aggravation des symptômes et nuire au rétablissement. Il est préférable que des soins de santé intégrés soient dispensés par des fournisseurs de soins de santé mentale qualifiés et expérimentés. Une fois que le SSPT est diagnostiqué officiellement, le traitement peut comprendre la thérapie et la médication. Les médicaments sont utiles et peuvent aider à contrôler les symptômes, mais l’approche thérapeutique la plus efficace chez la plupart des patients est la thérapie cognitivo-comportementale qui agit sur les pensées, les sentiments et les comportements affectés par le traumatisme. Les ouvrages confirment que cette forme de thérapie est la plus efficace. La grande majorité des militaires des Forces canadiennes, environ 87 p. 100, n’ont pas de problème de santé mentale lorsqu’ils reviennent d’une mission. Certains militaires, toutefois, ressentent des symptômes de stress opérationnel. Les déploiements à l’étranger exposent les militaires à des événements qui peuvent causer des dommages psychologiques, regroupés de nos jours sous les appellations SSPT et TSO. Le SSPT est un trouble anxieux. La phobie, le trouble panique et le trouble obsessionnel compulsif sont aussi des troubles anxieux. Le SSPT n’atteint pas uniquement les militaires. C’est un phénomène qui marque les gens sans égard à leur profession ou à leur milieu de travail. Le SSPT découle d’une expérience au cours de laquelle une personne a reçu des menaces de dommages corporels graves ou de mort, a été témoin de dommages corporels graves ou d’un décès, ou a subi des dommages corporels graves. Cela inclut les dommages corporels graves subis par un ami ou un collègue ou le décès de ce dernier, la vue ou la manipulation de cadavres, l’exposition à une maladie potentiellement contagieuse ou à un agent toxique ainsi que la vue d’actes de dégradation humaine (comme l’agression sexuelle). Le SSPT est un trouble complexe comportant un large éventail de symptômes; · panique ou anxiété (transpiration, accélération de la fréquence cardiaque, tension musculaire); · sautes d’humeur, irritabilité, tristesse, colère, sentiment de culpabilité, désespoir et dépression, repli sur soi ou difficulté à exprimer ses émotions; · perte d’intérêt pour des activités qu’on trouvait auparavant agréables; · perte d’intimité; · préoccupations liées à l’expérience traumatisante se présentant sous la forme de rêves à l’état de veille, de cauchemars et de flashbacks; · problèmes de concentration, désorientation et trous de mémoire, sommeil perturbé ou vigilance excessive (parfois appelés hypervigilance); · comportement excentrique (tentative d’éviter ce qui rappelle l’expérience traumatisante); · consommation excessive d’alcool ou de drogue. L’Association canadienne pour la santé mentale estime qu’une personne sur dix souffre d’un trouble anxieux. Chez de nombreux militaires des Forces canadiennes atteints du SSPT, le syndrome s’est manifesté à la suite d’une expérience traumatisante non militaire comme un accident, une agression ou une catastrophe naturelle. Cependant, ce que vivent les militaires des Forces canadiennes atteints du SSPT est influencé par des facteurs qui ne sont pas toujours présents hors du cadre des opérations militaires, comme l’éloignement de son domicile et de ses proches, la présence de populations et de climats inconnus ou hostiles, un niveau moyen ou élevé de stress subi pendant des périodes prolongées, et, dans bien des cas, l’incapacité de s’éloigner de la source du stress. Le diagnostic du SSPT est compliqué puisqu’il n’est pas rare qu’une personne souffrant du SSPT soit également atteinte d’un autre trouble anxieux ou d’un malaise physique. Le diagnostic de SSPT est posé si la personne souffre d’une défaillance significative du fonctionnement et que cette défaillance persiste pour au moins un mois. PRÉVENTION Le domaine de la prévention primaire des problèmes de santé mentale n’en est qu’à ses premiers balbutiements. On effectue des recherches approfondies et continues en vue de comprendre les causes fondamentales des troubles liés au stress et la « résilience », ou la résistance aux effets des troubles liés au stress. Ces recherches guideront l’amélioration continue des programmes de prévention des Forces canadiennes. Les Services de santé des Forces canadiennes ont trouvé plusieurs moyens de réduire les risques que les militaires subissent des dommages psychologiques liés au service. Des programmes sont en place pour améliorer les compétences d’auto-assistance psychologiques des militaires des Forces canadiennes. Ces initiatives portent sur les modes de vie sains, la gestion du stress, la maîtrise de la colère, la sensibilisation à la toxicomanie et la prévention de la violence familiale. Il est essentiel que les militaires des Forces canadiennes qui participent à des opérations et à des missions stressantes bénéficient d’une bonne préparation et d’une bonne formation à cet effet, notamment une formation sur l’adaptation au stress, sur la cohésion au sein de l’unité et le soutien social ainsi qu’une séance d’information sur les effets potentiels du stress. La formation est réaliste et est conçue en vue d’améliorer la confiance à la fois en les capacités de la personne et en celles de l’équipe. Le personnel est soumis à un dépistage de santé mentale dans le cadre de l’évaluation physique pré-déploiement. Le personnel déployé se soumet également au dépistage psychologique de la part soit d’un aumônier ou d’un professionnel en services de santé mentale. Les soldats canadiens qui s’apprêtent à revenir au Canada après une longue mission doivent faire un arrêt de décompression (fréquemment appelé décompression dans un tiers lieu, ou DTL) de cinq jours sur le chemin du retour. Au cours de cette DTL, chaque militaire a l’occasion de discuter en privé avec un professionnel de la santé mentale et de lui faire part de ses préoccupations. Le personnel a reçu de la formation sur le SSPT et le TSO. L’équipe de santé mentale donne aux militaires des renseignements sur leur vie familiale, professionnelle et communautaire au Canada pour rendre la réintégration moins stressante. Conformément à la politique des Forces canadiennes en matière de dépistage et de réintégration, tous les militaires qui reviennent d’une opération internationale de 60 jours ou plus doivent se soumettre au processus amélioré de dépistage post-déploiement entre 90 et 180 jours après leur retour au Canada. Le dépistage post-déploiement vise à mieux identifier les personnes qui ont des problèmes liés au déploiement, plus particulièrement des problèmes psychologiques. Les militaires des FC remplissent un questionnaire détaillé sur la santé et prennent part à une entrevue en profondeur avec un professionnel de la santé mentale. Les intervieweurs remplissent un formulaire sur lequel ils inscrivent leurs impressions cliniques et une recommandation pour des soins de suivi. De plus, les Forces canadiennes procèdent régulièrement à des examens médicaux périodiques de leurs membres en vue de poursuivre l’évaluation de leur santé mentale. TRAITEMENT Les Services de santé des Forces canadiennes, en collaboration avec des partenaires militaires et civils, cherchent des moyens de traiter les troubles liés au stress. Actuellement, le traitement du SSPT et des TSO comporte généralement une combinaison de médication et de psychothérapie. Les Forces canadiennes ont de nombreuses installations consacrées au traitement du SSPT et des TSO. Pour la plupart des militaires qui ont des problèmes de santé mentale, la première personne ressource est le médecin de premier recours à la clinique médicale de la base, qui offre l’aide requise ou dirige le militaire vers la ressource la plus appropriée. En cas d’urgence, les militaires peuvent consulter un médecin pendant la visite quotidienne à la salle d’examen médical. Des Programmes d’hygiène mentale (PHM), soit des services spécialisés en matière de santé mentale, sont offerts dans les grandes bases des Forces canadiennes. Certains éléments de ces programmes sont offerts dans de petites bases; tout dépend de la taille de la population et de la disponibilité des ressources locales. Les équipes pluridisciplinaires des Programmes d’hygiène mentale sont habituellement constituées de psychiatres, de psychologues, de travailleurs sociaux, d’infirmières en santé mentale, de conseillers en dépendance et d’aumôniers des services de santé. Les Centres de soutien pour trauma stress opérationnels situés un peu partout au Canada, ont un effectif à la fois militaire et civil composé de psychiatres, de psychologues, de travailleurs sociaux, d’infirmières en santé mentale et d’aumôniers. Les Centres de soutien pour trauma stress opérationnels utilisent un modèle de traitement pluridisciplinaire en vue d’offrir des évaluations et des traitements et de faire de la sensibilisation et de la recherche. En plus de fournir des services directement aux militaires des Forces canadiennes, le personnel de ces Centres consulte également d’autres établissements de traitement dans le monde entier et étudie la documentation spécialisée sur les traumas, sur le stress, sur le SSPT et sur les TSO. On compte actuellement cinq Centres de soutien pour trauma stress opérationnels : à Halifax, à Valcartier, à Ottawa, à Edmonton et à Esquimalt. Le ministère des Anciens Combattants du Canada assure le fonctionnement de six cliniques de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel pour répondre aux besoins des anciens combattants, des militaires des Forces canadiennes et des anciens agents de la Gendarmerie royale du Canada qui souffrent d’un TSO résultant de leur service. Ces cliniques sont situées à Fredericton, à Montréal, à Québec, à London, à Winnipeg, à Calgary et à Vancouver. SOUTIEN Dans le cadre du Programme d’aide aux membres des Forces canadiennes, les militaires de la Force régulière ou de la Réserve, qui en ressentent le besoin, peuvent téléphoner à un numéro prioritaire sans frais pour consulter en toute confidentialité une personne en mesure de les aider, et ce, 24 heures sur 24, de n’importe quel endroit. Le programme offre des services de consultation externes à court terme aux militaires qui cherchent à obtenir de l’aide autre que celle offerte par les services de santé militaire. La famille peut également recevoir des soins par le biais du programme dans la mesure où cela agirait sur le bien-être du militaire. Il s’agit d’un programme civil, car il fait intervenir des conseillers professionnels fournis par le Service d’aide aux employés de Santé Canada. Le Programme d’aide aux membres des Forces canadiennes est toutefois financé par les Forces canadiennes. SSVSO Le Programme de soutien social aux victimes de stress opérationnel (SSVSO) a été créé en 2001[63], afin de fournir un soutien individualisé et des groupes d’appui par les pairs aux militaires, aux anciens combattants et à leurs familles, ainsi qu’un soutien social aux familles en deuil. Ce programme a donné lieu à un solide partenariat entre les Forces canadiennes et le ministère des Anciens Combattants. Du côté des Forces canadiennes, le SSVSO mise sur un programme éducatif visant à accroître la sensibilisation aux problèmes de santé mentale, à fournir de l’information sur l’incidence du stress opérationnel sur les militaires, leurs pairs, leurs subalternes et ceux qui les entourent, et à enseigner aux militaires ce qu’ils peuvent faire pour aider les personnes atteintes de troubles mentaux. L’objectif est d’aider les militaires à reconnaître les premiers signes de troubles en santé mentale et à agir de façon positive. Le programme éducatif a été élargi et vise aussi les familles des militaires afin de les aider à soutenir leurs proches et de les préparer à mieux faire face aux effets des problèmes de santé mentale au foyer. Le Centre national de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel de Sainte‑Anne‑de‑Bellevue (Québec) favorise la collaboration étroite entre le personnel médical des Forces canadiennes et d’Anciens Combattants Canada, particulièrement en ce qui concerne la transition des membres libérés des Forces canadiennes à la vie civile et la continuité de leurs soins. Le Centre offre des services de diagnostic, de traitement, de prévention et de soutien aux militaires en service, aux anciens combattants et aux membres de familles de militaires qui ont des problèmes en santé mentale liés au stress opérationnel. Les Centres de ressources pour les familles des militaires qui se trouvent dans toutes les grandes bases des Forces canadiennes peuvent fournir des renseignements sur un large éventail de sujets qui intéressent les familles de militaires, notamment la santé mentale. Le personnel de ces centres est en mesure d’aiguiller les membres des familles de militaires qui en ont le plus besoin vers les fournisseurs de services appropriés.
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