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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole sur le projet de loi . En fait, aujourd'hui ou demain, nous allons probablement étudier le projet de loi . Les projets de loi C-46 et C-47 sont extrêmement reliés et concernent, pour ceux qui nous écoutent, la cybercriminalité.
Il semble bien que le gouvernement canadien atteigne enfin le XXIe siècle et veuille s'attaquer à ce problème extrêmement important qu'est la cybercriminalité. Avant d'entrer dans les détails, je vais brosser le tableau. Il y a eu une convention, si on peut l'appeler comme cela, qui s'est appelée la Convention sur la cybercriminalité. Cette convention a fait l'objet de nombreuses réunions. En fait, il y a eu 27 versions de cette Convention sur la cybercriminalité avant qu'on en arrive à la version finale, signée par beaucoup de pays, incluant le Canada, les États-Unis, le Japon, l'Afrique du Sud de même que le Conseil de l'Europe. Tous les pays qui avaient signé cette convention s'étaient engagés à déposer un ou des projets de loi pour mettre en oeuvre la Convention sur la cybercriminalité. C'est exactement ce que fait le gouvernement aujourd'hui.
On pourra regarder en comité les détails techniques du projet de loi parce que, oui, le Bloc québécois est d'accord pour que le projet de loi franchisse les étapes et se rende au Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Ce sera probablement le cas du projet de loi également.
Le projet de loi devrait permettre aux forces policières d'adapter les techniques d'enquête aux réalités technologiques contemporaines, comme l'utilisation des téléphones cellulaires, des iPod, de l'Internet, et de réseaux comme Facebook, Twitter et autres toiles qui relient le monde des communications aujourd'hui. Avec ce projet de loi, les forces policières y auront accès.
Lorsque l'on fait un projet de loi, il y a une chose importante que ni le gouvernement ni les parlementaires ne doivent oublier: le projet de loi ne doit pas porter atteinte aux droits fondamentaux alors qu'on essaie de bien équiper les forces policières face au crime. Tout cela fait suite à ce qui s'est passé en 2001. Même si on sait que les travaux sur la cybercriminalité ont commencé en 1995, l'impact des événements de septembre 2001 a été considérable. C'est là qu'on s'est rendu compte qu'on n'avait pas les moyens d'intercepter certaines communications. Avant et après 1995, et même avant et après 2001, on faisait de la filature. Il était très facile de se rendre compte qu'on était suivi. On n'est pas dans les films de James Bond, par exemple. On est loin de 24 heures chrono, où on est totalement équipé pour faire face à des crimes de cette envergure. Il fallait donc trouver les instruments permettant de faire face à cette cybercriminalité et en équiper les forces policières.
La cybercriminalité est très subtile et très insidieuse, et elle est partout aujourd'hui. Les collègues d'en face, surtout ceux du Parti conservateur, parlent du leurre d'enfants ou de ce qu'on essaie de faire avec les systèmes informatiques, c'est-à-dire doucement mais sûrement d'approcher des enfants pour avoir des échanges sexuels, par exemple.
C'est beaucoup plus que cela. Bien évidemment, je n'essaie pas de mentionner que le leurre d'enfants n'est pas un crime grave, car c'est faux. Il s'agit d'un crime extrêmement sérieux. Il y a aussi d'autres crimes beaucoup plus subtils, dont le vol d'identité et la préparation de crimes majeurs. Rappelons-nous des attentats de Londres, survenus dans le métro. Ces événements avaient été préparés ici-même, au Canada. Près de Toronto, des attentats se préparaient et c'était réparti un peu partout dans le monde. Ici, au Canada, un individu a été remercié par les policiers parce que, grâce à son intervention, ils ont déjoué un crime qui se préparait à se dérouler en Grande-Bretagne.
La cybercriminalité est maintenant un phénomène mondial. Aujourd'hui, on ne peut plus se contenter de dire que la cybercriminalité ne se déroule qu'au Canada, qu'au Québec, qu'à Ottawa ou dans les environs. La cybercriminalité est un phénomène mondial et c'est mondialement qu'il faut s'y attaquer. C'est ce à quoi servira le projet de loi et le projet de loi , que l'on étudiera au cours des prochains jours.
Il y a quelque chose qui me préoccupe. Il faudra étudier attentivement l'intrusion dans la vie personnelle. J'hésite en prononçant ces mots, parce qu'il y a une ligne de plus en plus mince et ténue entre l'intrusion dans des droits individuels par rapport à la protection de la société. C'est ce qu'il faudra surveiller de très près au cours de l'étude de ce projet de loi. On doit s'assurer que les citoyens et citoyennes ne risquent pas d'être plus vulnérables par rapport à une intrusion dans un domaine privé. Je ne pense pas que personne en cette Chambre sera contre le fait qu'il faille adapter les lois aux nouvelles réalités, tant technologiques que criminelles.
Selon moi, il est clair et évident que les criminels, surtout ceux oeuvrant sur la toile, sont, pour la plupart, brillants. Quand on sait se servir d'un instrument comme Facebook ou Twitter et de tout le réseau Internet, on peut être assez intelligent pour préparer adéquatement des crimes.
On est très près de la réalité quand on voit quelqu'un se servir de son cellulaire, envoyer des messages codés et envoyer des informations sur la toile. Il faut suivre cela. Je donne l'exemple de tous les transferts de fonds dits illégaux dans des paradis fiscaux. C'est ce dont je parlais au sujet du projet de loi et c'est aussi ce que je disais quant à l'étude du projet de loi . Aujourd'hui, les criminels qui utilisent l'informatique sont de plus en plus brillants. Il faut donc que les forces policières soit équipées pour y faire face. C'est ce que donnera le projet de loi .
Il ne serait pas normal que les technologies ne bénéficient qu'aux criminels et que les policiers ne puissent pas s'en servir. Selon le Bloc québécois, il apparaît important et éminemment urgent que les policiers soient équipés pour être en mesure de détecter non pas les crimes qui sont commis, non pas les crimes qui sont sur le point d'être commis, mais ceux qui sont en préparation. Il faut être au devant du criminel lors de la préparation d'un crime et être en mesure d'intervenir avant la perpétration d'une infraction. Tel est l'objectif du projet de loi .
Cependant, il faut éviter que les moyens d'enquête conférés à la police permettent un accès à un très grand nombre de renseignements — cela va jusque-là —, mais il faut également surveiller les agissements de quelqu'un sur Internet pour permettre d'en savoir plus sur sa vie privée. Cela va donc beaucoup plus loin qu'écouter ses conversations téléphoniques. On est rendu beaucoup plus loin que cela avec ce projet de loi.
Cependant, il faut faire attention de garder un équilibre entre les droits fondamentaux que sont le droit à la vie privée et le droit à la sécurité. Cela constituera tout l'objet du débat. Le droit à la vie privée doit-il céder le pas au droit à la sécurité? À ce sujet, la ligne est facilement franchissable par des policiers ou par des individus de peu de scrupules.
Rappelons-nous que des policiers en service ont été condamnés pour avoir utilisé le programme informatique de la Société de l'assurance automobile du Québec afin de surveiller qui était le nouvel ami d'une conjointe pour pouvoir contrôler ses déplacements. Des policiers en service ont été condamnés parce qu'ils s'étaient appropriés des informations privées.
Il faudra faire extrêmement attention et ce sera probablement le débat le plus important au cours des prochains mois. Ces craintes ont été exprimées par la Ligue des droits et libertés. Il faut faire attention, il faut être prudent, il faut être avisé et il faut savoir qu'il pourrait y avoir des dérapages. Lorsqu'on veut vraiment intervenir sur le plan de la sécurité, est-ce que les droits individuels doivent complètement céder le pas à la protection de la société? C'est un débat qu'il faudra baliser lorsque le temps sera venu d'étudier ce projet de loi en comité.
C'est clair, et on me permettra de dire un peu ce que souligne la Ligue des droits et libertés. Selon elle, il s'agit d'une intrusion sans précédent dans la vie privée. Elle insiste d'ailleurs sur les points suivants. Le gouvernement présente ses projets de loi comme une adaptation nécessaire aux nouvelles technologies des communications des pouvoirs d'enquête traditionnels pour l'écoute électronique. Or, il n'y a pas de commune mesure entre l'information transmise lors d'une conversation téléphonique et celle qui circule librement.
De plus, contrairement à la conversation téléphonique dont les paroles s'envolent — c'est le cas de le dire — à moins d'avoir été enregistrées, les communications modernes laissent dans la mémoire des ordinateurs des traces qui peuvent être suivies longtemps après les faits. Il s'agit là d'un point extrêmement important et j'espère que personne en ce Parlement et que personne à travers le Canada et le Québec ne pensent que lorsqu'on envoie un courriel, tout est fini. Malheureusement pour eux, j'ai des mauvaises nouvelles, parce que lorsque vous envoyez un courriel avec un ordinateur ou même avec un BlackBerry, c'est dommage pour vous, mais il reste toujours des traces. On peut aller sur votre disque dur, on peut remonter jusqu'à l'émission de ce courriel. C'est là que cela commence à être une zone floue.
Mais la Ligue des droits et libertés ajoute que les milliers de faits et gestes qui constituent la vie de chacun pourraient devenir l'objet d'examens policiers. En premier lieu, les sites électroniques visités par chacun, le courrier électronique reçu ou envoyé, l'utilisation de la carte de crédit, les achats de toute nature — vêtements, livres, équipement d'hiver —, les sorties, les déplacements à l'étranger mais aussi au pays, les achats d'essence, les transactions bancaires faites par Internet ou au guichet et les informations médicales. Et bien évidemment, la liste pourrait s'allonger.
Il faut être prudents. Je ne partage pas nécessairement toutes les craintes de la Ligue des droits et libertés, mais c'est un appel à la prudence. En tant que parlementaires, nous devons répondre à cet appel avec discernement. Il faut être capables de dire aux corps policiers, que ce soit la GRC, la Sûreté du Québec, la Police provinciale de l'Ontario ou d'autres corps policiers dans les grandes municipalités, qu'il y a des lignes qu'elle ne devront pas franchir une fois que le projet de loi sera adopté.
Mais une chose est certaine et je n'en démords pas: les corps policiers doivent être équipés pour faire face aux crimes du XXIe siècle. Oui, il y a encore des vols à main armée et des vols dans des banques, même si les dernières statistiques nous font remarquer qu'il y en a de moins en moins. Il y a encore des vols dans des dépanneurs et des agressions de toutes sortes. Mais aujourd'hui, une nouvelle forme de criminalité existe. On l'appelle la cybercriminalité. On cherche à lutter contre cette dernière depuis 1995. Il faut prendre les moyens pour y faire face.
J'ai beaucoup écouté ce que dit la Ligue des droits et libertés et je suis d'avis qu'il faudra faire attention. Pour elle, le projet de loi n'offre que des protections réduites ou inexistantes contre des saisies abusives sans mandat judiciaire. Les autorités pourront obtenir vos données d'abonnés alors que la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques reconnaît que ces renseignements sont de nature privée. C'est ce qui est prévu avec le projet de loi , mais elles pourraient les obtenir quand même. Sans mandat judiciaire et sur la base d'un soupçon, un agent pourra demander à un fournisseur de services de conserver le contenu de toutes vos communications. C'est comme si on demandait au service des postes de photocopier toutes vos lettres au cas où il se passerait quelque chose. Je trouve qu'on va parfois peut-être un peu loin, mais cela nous invite à la prudence. Je ne partage pas nécessairement ce que dit la Ligue des droits et libertés, mais en tant que politiciens, nous devons avoir les deux côtés de la médaille.
La Ligue des droits et libertés dit également qu'avec un mandat obtenu sur la base du simple soupçon, un agent pourra facilement obtenir que le fournisseur de services soit tenu de lui remettre toutes les listes et ainsi de suite. Je trouve cela un peu dangereux. Il faudra s'y attaquer lorsque le temps sera venu d'étudier ce projet de loi en comité. Elle ajoute qu'avec un mandat, sur la base du motif raisonnable de croire, mais moins exigeant que celui nécessaire pour l'écoute électronique, le contenu de vos communications pourrait être intercepté.
C'est sûr que ce que dit la Ligue des droits et libertés est important. Elle invite et avise les parlementaires de faire attention lorsque nous imprimons et adoptons, mais surtout lorsque nous appliquons les lois. Lorsque la loi sera adoptée, il sera peut-être trop tard pour faire des amendements. Pour l'instant, je dis une chose: il faut absolument équiper les corps policiers pour qu'ils puissent faire face à la cybercriminalité et aux crimes du XXIe siècle. La prévention du crime est nettement en voie de devenir une solution. Il faudra être en mesure de faire la prévention de ces crimes et la prévention passe par l'équipement.
On doit tenter de déjouer un complot avant, bien évidemment, que les individus passent aux actes. Une fois que les actes sont commis, il est un peu tard pour intervenir, même si on prend les moyens pour amener les criminels devant les tribunaux. Si on est capables de déjouer le crime avant qu'il ne soit commis, je crois, et je terminerai là-dessus, que ce projet de loi est un pas dans la bonne direction.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un privilège de représenter les gens de Pitt Meadows—Maple Ridge—Mission et d'appuyer fermement le projet de loi qui vise à modifier le Code criminel, la Loi sur la concurrence et la Loi sur l'entraide juridique en matière criminelle afin de mettre à jour la définition des infractions criminelles et les pouvoirs d'enquête pour tenir compte des technologies du XXI
e siècle.
Le projet de loi est une mesure législative importante. Nous sommes tous bien conscients du fait que la technologie a évolué très rapidement au cours des dernières décennies. Certaines personnes de ma génération ont d'ailleurs beaucoup de mal à suivre l'évolution technologique. Les changements survenus ont modifié le modus operandi des criminels et le type de preuves que les policiers doivent recueillir lorsqu'ils font enquête sur de tels crimes. Les progrès technologiques ont changé la nature même de ces crimes ainsi que la nature des enquêtes nécessaires pour les combattre.
Ces changements ont également rendu le monde entier plus accessible. Autrefois, les communications outre-mer prenaient des jours ou des semaines et parfois même plus.
Vous vous souviendrez peut-être qu'il n'y a pas si longtemps, monsieur le Président, j'ai vécu aux Philippines pendant plusieurs années. J'habitais à plusieurs heures au nord de Manille, qui est la ville centre. La seule façon de communiquer régulièrement avec ma famille et mes amis était le bon vieux courrier. Nous n'avions pas le téléphone où j'habitais. En fait, il n'y avait pas un seul téléphone dans toute la ville. Les gens devaient se rendre à Manille.
Pour téléphoner, je devais me rendre jusqu'à une ville un peu plus grande, à environ une heure de voiture de chez moi, faire la queue, attendre qu'une cabine se libère et espérer que l'opératrice puisse établir la communication à temps, puis régler la facture qui était assez élevée. On me dit qu'il y a maintenant plus de téléphones cellulaires par habitant aux Philippines qu'au Canada. Maintenant, qu'on aille n'importe où au monde, on peut toujours communiquer. C'est ce qui se passe à l'heure actuelle.
Même une personne de la Saskatchewan peut, sans problème, transférer de l'argent d'une banque de Singapour à un compte en Suisse. La technologie a ouvert toutes sortes de possibilités aux Canadiens et aux entreprises de notre pays, mais elle a aussi créé de nouveaux défis pour les services d'application de la loi et la justice criminelle. Puisque les défis que nous devons relever sont de nature mondiale, il nous faut adopter des solutions à l'échelle mondiale.
Certains des problèmes les plus importants auxquels les enquêteurs sont confrontés sont causés par ces nouvelles technologies.
Avant de parler de la nature internationale du problème et de la manière dont ce projet de loi y répond, permettez-moi de parler de façon plus générale de la cybercriminalité.
Qu'est-ce que la cybercriminalité? Ce terme n'a pas de définition universellement admise. Il en existe plusieurs. On entend certainement les crimes perpétrés dans Internet, mais aussi tout crime qui a recours à la technologie informatique, en commençant par des infractions relativement inoffensives, selon certains, comme les pourriels et allant jusqu'à des infractions beaucoup plus importantes et graves, comme l'exploitation des enfants.
Par exemple, la pornographie juvénile dans Internet est devenue une industrie de 2,6 milliards de dollars. Selon les estimations récentes de la GRC, plus de 60 000 adresses IP identifiées au Canada accèdent à de la pornographie juvénile. Les gens seraient peut-être surpris de l'apprendre, mais le centre national pour les enfants disparus et exploités a établi que 85 enfants sont portés disparus chaque heure — pas chaque jour, chaque semaine ou chaque mois, mais chaque heure —, ce qui fait un total de plus de 750 000 enfants disparus chaque année. Dans de nombreux cas, on a eu recours à des stratagèmes visant à leurrer les enfants dans Internet.
Pensons au vol d'identité, qui est très grave. En fait, en 2006, presque 8 000 cas ont été signalés au Canada.
Pensons à la manipulation de valeurs mobilières, où de faux renseignements sont publiés en ligne de sorte que le prix de valeurs mobilières, d'actions, augmentent ou diminuent à cause de ces renseignements. Les marchés sont manipulés de cette manière.
Pensons aux menaces graves à l'endroit des infrastructures d'une importance critique. Selon certains, la prochaine menace à la sécurité nationale sera la perturbation du commerce électronique ou la création d'une situation d'urgence.
Toutes ces infractions sont très coûteuses. Elles ont des conséquences sociales bien sûr, mais aussi des conséquences économiques. Nous ignorons combien ces infractions nous coûtent. Il n'existe vraiment aucune façon d'en calculer le coût total.
Selon une étude publiée plus tôt cette année par la société McAfee, on estime que le piratage, la fraude par Internet, les attaques par déni de service et la criminalité technologique font perdre aux entreprises mondiales des revenus de plus de 1 billion de dollars par année, ce qui représente une somme colossale. Comme il n'y a aucune raison de penser que ces méfaits vont diminuer, nous devons les prendre très au sérieux.
Certaines de ces données sont tirées d'un site web mis en ligne par le Global Centre for Securing Cyberspace qui, chose intéressante, est basé à Calgary, en Alberta. Sa mission consiste à protéger de façon proactive les gens, les biens et le commerce contre les attaques cybernétiques au moyen de la collaboration intersectorielle avec le milieu de l'application de la loi, le gouvernement, l'industrie et le milieu universitaire. Je recommande à mes collègues et à toutes les personnes qui regardent ce débat de consulter les ressources très utiles qui se trouvent sur ce site, en particulier si l'on utilise Internet et l'informatique.
Certaines de ces attaques cybernétiques — la cybercriminalité — proviennent de l'extérieur du Canada. Nos autorités doivent être en mesure de collaborer avec les pouvoirs publics de pays étrangers afin d'enquêter sur ces crimes et de traduire les criminels en justice. Pour que cette collaboration soit efficace, nous devons, de concert avec nos partenaires internationaux, mettre au point un éventail d'outils types destinés à faciliter la tenue de ces enquêtes dans le nouvel environnement technologique.
Nous croyons que la ratification de la Convention sur la cybercriminalité du Conseil de l'Europe et de son protocole connexe sur la xénophobie est essentielle pour la tenue de ces enquêtes internes et internationales. Cette convention est le seul traité international conçu spécifiquement pour mettre à la disposition des autorités les outils juridiques nécessaires pour les aider à enquêter sur les crimes informatiques, les crimes sur Internet et les crimes plus généraux mettant en cause des preuves électroniques, ainsi qu'à intenter des poursuites contre les fautifs.
Concurremment avec les modifications nécessaires au Code criminel et aux autres lois pertinentes prévues dans le projet de loi , la ratification de la convention permettrait au Canada de tenir des enquêtes modernes efficaces avec un volet international. La ratification de la convention aiderait également les pays étrangers signataires en leur permettant d'avoir recours, au besoin, aux nouveaux outils d'enquête prévus dans le Code criminel.
Si vous le permettez, j'aimerais lire quelques paragraphes du préambule de cette convention afin que les députés puissent avoir une idée de son contenu. Voici ce qu'on peut y lire:
Convaincus de la nécessité de mener, en priorité, une politique pénale commune destinée à protéger la société de la criminalité dans le cyberespace [...]
Conscients des profonds changements engendrés par la numérisation, la convergence et la mondialisation permanente des réseaux informatiques;
Préoccupés par le risque que les réseaux informatiques et l'information électronique soient utilisés également pour commettre des infractions pénales et que les preuves de ces infractions soient stockées et transmises par le biais de ces réseaux;
Reconnaissant la nécessité d’une coopération entre les États et l’industrie privée dans la lutte contre la cybercriminalité, et le besoin de protéger les intérêts légitimes dans l’utilisation et le développement des technologies de l’information;
Estimant qu'une lutte bien menée contre la cybercriminalité requiert une coopération internationale en matière pénale accrue, rapide et efficace;
Et voici un élément intéressant:
Convaincus que la présente Convention est nécessaire pour prévenir les actes portant atteinte à la confidentialité, à l’intégrité et à la disponibilité des systèmes informatiques, des réseaux et des données, ainsi que l'usage frauduleux de tels systèmes, réseaux et données, en assurant l’incrimination de ces comportements, tels que décrits dans la présente Convention [...]
Et ainsi de suite.
Il s'agit d'une importante convention. Le Canada a participé à son élaboration, de concert avec le Conseil de l'Europe. Elle prévoit un certain nombre de choses essentielles, dont chacune joue un rôle pour faciliter les enquêtes.
Tout d'abord, la convention exige que les États signataires adoptent des normes minimales en ce qui concerne les crimes informatiques. Par exemple, elle exige que les pays criminalisent l'accès illégal aux systèmes informatiques. Il s'agit essentiellement d'une infraction de piratage. Elle exige également la criminalisation de l'interception illégale, de l'atteinte à l'intégrité des données, de l'atteinte à l'intégrité du système et de l'abus de dispositifs.
Soyons bien clairs: la plupart de ces activités sont déjà des infractions criminelles au Canada. Les quelques lacunes restantes seraient comblées par les autres modifications proposées dans le projet de loi que nous débattons aujourd'hui.
Les genres de crimes dont nous parlons ici sont justement des crimes qui transcendent les frontières, et c'est pourquoi nous avons besoin de la collaboration de nos partenaires mondiaux pour mener cette lutte. Nous devons nous assurer que nos partenaires ne laissent pas leurs citoyens accéder illégalement à des systèmes informatiques au Canada. Nous devons aussi veiller à ce que nos lois soient semblables pour pouvoir poursuivre au Canada les auteurs de crimes qui touchent également d'autres pays.
La convention porte également sur d'autres genres de crimes commis à l'aide d'ordinateurs. Par exemple, elle interdit la distribution de pornographie juvénile par le biais d’un système informatique, un crime contre lequel nous luttons énergiquement au Canada. Le Protocole additionnel relatif à l'incrimination d'actes de nature raciste et xénophobe élargit aussi la portée de la convention pour y inclure les crimes liés à la haine, au racisme et à la xénophobie commis par le biais de systèmes informatiques.
Nous devons faire notre part et encourager les autres pays à se joindre à nous dans cette importante lutte. La ratification de la convention et de son protocole additionnel est un pas important dans cette direction.
La convention fait également autre chose qui est tout aussi important. Elle crée un éventail d'outils d'enquête dont tous les États membres auront besoin pour lutter contre le genre d'actes criminels dont nous venons de parler. Ces outils d'enquête sont vraiment importants dans un monde où les données peuvent être effacées en un clin d'oeil. La convention exige que tous les États signataires mettent en place ce genre de mécanisme. Ce sera très utile pour les enquêtes internationales.
Comme on peut se l'imaginer, les enquêtes transfrontalières sont plus complexes que les enquêtes à l'échelle nationale, ce qui signifie entre autres qu'elles peuvent prendre plus de temps. Afin d'éviter la perte de données vitales dans un pays étranger, il faut collaborer avec nos partenaires pour que ces outils soient à notre disposition.
La convention exigerait également que nous obtenions de nombreux autres pouvoirs d'enquête et que nos partenaires adoptent les mêmes outils d'enquête. Cette approche commune à l'égard de la cybercriminalité accroîtra énormément l'efficience et l'efficacité des enquêtes transfrontalières et en accélérera le déroulement.
La convention créerait également de nouveaux modes de collaboration pour les enquêtes. Par exemple, tous les États devraient désigner un point de contact disponible 24 heures sur 24 pour fournir de l'aide immédiate dans le cadre de ce genre d'enquête. Ce genre de mécanisme augmenterait considérablement l'efficience des enquêtes transfrontalières qui peuvent se révéler assez compliquées à mener.
Comme les députés peuvent le constater, la ratification de la Convention sur la cybercriminalité constitue un élément vital de la lutte du Canada contre la cyberfraude et de sa capacité de mener des enquêtes sur ce genre d'activités criminelles dans le monde moderne. Les modifications proposées dans le projet de loi contribueraient considérablement à régler ces problèmes, mais pour lutter vraiment efficacement contre la cybercriminalité, il faut reconnaître qu'il s'agit d'un phénomène de plus en plus présent sur la scène mondiale.
La ratification de la convention et les modifications proposées dans ce projet de loi nous permettraient de relever certains des défis de taille que posent actuellement les nouvelles technologies, notamment en matière de droit pénal et d'enquêtes criminelles.
J'invite les députés à appuyer le projet de loi sans réserve.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre la parole pour appuyer le projet de loi , qui prévoit des modifications législatives nécessaires concernant la preuve. À plusieurs égards, on peut dire que ce projet de loi aurait dû être soumis au Parlement il y a longtemps déjà. Je crois qu'il fera entrer la police et le système judiciaire canadiens dans le XXI
e siècle. Les criminels commettent leurs crimes dans le présent. Nous ne pouvons pas vivre dans le passé.
Je m'intéresse particulièrement à ce projet de loi depuis l'époque, cette année, où ma circonscription a été victime d'une vague de crimes commis avec des armes à feu. Quasiment tous les deux jours, une personne se faisait tuer par balle. Auparavant, la plupart des gens croyaient que la violence des gangs touchait seulement ceux qui fréquentaient ce milieu, ce qui fait que cette violence ne déclenchait pas de tollé.
Que les choses ont changé au cours de l'année! Tout à coup, les innocents, y compris les femmes, les enfants et les personnes âgées, n'étaient plus à l'abri des balles perdues. Tout le monde était susceptible de perdre un être cher à cause de cette terrible hausse du taux d'homicides dans notre circonscription. Me demandant ce que je pouvais faire, j'ai parlé du problème avec Kash Heed, qui est présentement ministre de la Sécurité publique et solliciteur général de la Colombie-Britannique, avec mon ami et ancien collègue, M. Wally Oppal, et avec le député provincial John van Dongen, qui était ministre de la Sécurité publique et solliciteur général de la Colombie-Britannique à l'époque.
Tous trois ont dit très franchement ce qu'ils pensaient de la loi actuelle. Ils ont personnellement vécu ces problèmes dans les tribunaux et ils ont écouté les agents de police déployés sur la ligne de front de cette bataille en Colombie-Britannique. J'ai moi-même passé beaucoup de temps à écouter ces agents de première ligne, de même que des premiers répondants. Je savais que les recommandations que m'adresseraient M. van Dongen, le ministre Heed et M. Oppal colleraient à la réalité, une réalité dont ne tient pas compte la loi actuelle.
Voilà pourquoi ce projet de loi est tellement important. C'est une chance pour le Parti libéral du Canada que Wally Oppal et le solliciteur général de la Colombie-Britannique à l'époque, John van Dongen, soient venus à Ottawa pour présenter toute une liste de recommandations législatives. Selon ce que nous avons entendu, ce projet de loi est primordial.
Premièrement, l'élargissement de la notion de données de transmission à tous les modes de télécommunications au-delà des conversations téléphoniques est déterminant pour corriger une situation que nous connaissons bien à la Chambre. Que les députés pensent seulement aux étuis accrochés à leur ceinture ou à ceux qu'ils transportent dans leurs poches. Je veux parler des appareils BlackBerry.
Nous avons tous à faire face à la réalité. Nous faisons ce que nous pouvons pour être à l'avant-garde, mais nous devons nous faire à l'idée que les criminels sont au moins aussi bien équipés que nous. Ils utilisent les mêmes outils pour communiquer. Ils communiquent par courriel et s'échangent des messages grâce à leurs gestionnaires personnels. Ils peuvent ainsi échapper à la surveillance policière car, à l'heure actuelle, rien de ce qu'ils disent ou écrivent ne sera admissible en cour.
Nous pourrions faire valoir que nous, les députés de la Chambre, demandons l'adoption d'un projet de loi qui rendrait admissibles nos courriels et nos gestionnaires personnels. Pourtant, le projet de loi du gouvernement conservateur sur la liberté de l'information pour le gouvernement ne comprend pas les communications par courriel. Je laisse aux députés d'en face le soin d'expliquer ce point aux Canadiens, d'autant plus que c'est justement le gouvernement qui a fait tout un boucan au sujet de la transparence et de la responsabilité lorsqu'il a été porté au pouvoir pour la première fois.
Comme nous l'avons vu au cours de la dernière année, la transparence et la responsabilité ont été passées à la moulinette dans la république des chèques où nous vivons maintenant, mais espérons qu'avec le projet de loi, le gouvernement a décidé d'aller dans la bonne direction, au moins en ce qui concerne le Code criminel.
Il y a une autre partie du projet de loi, cependant, que je voudrais aborder plus sérieusement et je suis convaincu que tous les députés conviendront avec moi qu'elle dépasse amplement les intérêts partisans.
Les lourdes pénalités que le projet de loi imposerait à ceux qui utilisent l'Internet pour exploiter un enfant font que ce projet de loi est incontestablement une des plus importantes réformes que nous, les députés, pouvons soutenir.
Ayant moi-même deux filles et un fils, je peux affirmer que ma femme Roni et moi voyons, comme la plupart des Canadiens, que cette forme moderne du mal constitue un des pires cauchemars pour les familles.
Peu importe de quel parti nous sommes, nous venons à la Chambre des communes pour travailler pour nos collectivités, mais aucun député ne représente la communauté des internautes et nous devons accorder une haute importance à l'adoption des normes de conduite les plus élevées afin de protéger les innocents.
Les modifications visent à adapter notre système de justice à l'époque actuelle, au monde dont nos enfants hériteront. Faisons en sorte qu'ils puissent grandir dans un monde où nous pouvons garantir leur sécurité, même lorsqu'ils surfent sur Internet.
En terminant, je dirai que je n'ai aucune objection contre les principaux éléments du projet de loi. En fait, de ce côté-ci de la Chambre, lorsqu'un projet de loi sur la justice est dans l'intérêt des Canadiens, nous ne voyons aucune raison d'en ralentir l'étude. Évidemment, nous n'entendrons jamais nos vis-à-vis l'admettre, mais un examen rapide de notre travail lors de l'étude de tels projets de loi le démontre clairement.
Comme je l'ai déjà dit, nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de vivre dans le passé parce que les criminels tirent parti des lois qui n'ont pas été modernisées. Nous devons suivre l'évolution des choses et faire en sorte que nos corps policiers et nos tribunaux puissent faire leur travail. Il y a peut-être certains éléments du projet de loi qui méritent un examen plus approfondi, mais c'est pour cela que nous sommes ici.
Je suis convaincu que je parle au nom de tous les députés en affirmant que, si nous sommes sincères lorsque nous disons que nous voulons que le Parlement fonctionne, la première priorité, c'est de le faire fonctionner pour l'amélioration du système de justice.
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Monsieur le Président, c'est certainement un honneur pour moi de prendre la parole sur le projet de loi , Loi sur les pouvoirs d'enquête au 21
e siècle, qui va dans le sens des priorités du gouvernement, soit la répression de la criminalité, y compris des crimes commis par Internet et autres délits informatiques. Ce projet de loi traite aussi de bien des problèmes liés au crime organisé.
Le Comité de la justice a entrepris une étude approfondie sur le crime organisé. À chaque rencontre, à chaque témoignage que nous entendons, on nous répète que la police doit avoir exactement le type d'outils qu'offre le projet de loi .
Grâce au projet de loi , qui modifie le Code criminel, mais aussi la Loi sur l'entraide juridique en matière criminelle et la Loi sur la concurrence, le Parlement donnerait aux policiers des techniques d'enquête plus précises et plus faciles à employer. Les policiers demandent qu'on leur donne ces moyens au XXIe siècle. Ils en ont besoin pour faire leur travail plus efficacement.
Les crimes sont de plus en plus perfectionnés. Les criminels deviennent des technocrates, et la police doit rester au fait des techniques de pointe créées par le crime organisé.
En plus de mettre à jour les dispositions relatives à certaines infractions existantes qui peuvent maintenant être commises plus facilement par Internet, notamment l'exploitation sexuelle des enfants, le projet de loi propose la création de nouvelles ordonnances de communication et de préservation conçues en fonction des besoins engendrés par le monde des télécommunications et de l'informatique.
Les pouvoirs d'enquête doivent tenir compte des possibilités techniques modernes, autrement les enquêtes en souffrent. En outre, ces changements contribuent à assurer que les mesures de protection des renseignements personnels qui protègent déjà les Canadiens seront maintenues malgré l'évolution rapide des nouvelles technologies.
Le projet de loi mettrait à jour le mandat pour l'enregistreur des numéros de téléphone composés, qui permet actuellement à la police de savoir quels numéros ont été composés. Le projet de loi propose la création d'un mandat pour un enregistreur de données de transmission, qui permettrait à la police d'obtenir des données relativement au routage des communications électroniques, antérieures ou en temps réel, par courriel ou par téléphone cellulaire.
Les conditions actuelles pour l'obtention de données sur les numéros de téléphone composés s'appliqueraient également aux données recherchées au moyen du mandat pour l'enregistreur de données de transmission. Comme pour le mandat actuel, les pouvoirs accordés excluraient explicitement l'accès au contenu du message.
Le mandat de localisation existant serait mis à jour de la même façon pour qu'il permette l'obtention d'une ordonnance de communication des données de transmissions antérieures et d'un mandat pour ces mêmes données en temps réel. Ces mises à jour créeraient deux types de mandat, ce qui correspondrait davantage aux différentes attentes des gens concernant la protection des renseignements personnels relatifs à leur emplacement, à leurs véhicules, à leurs transactions et à d'autres éléments.
Les données informatiques sont très volatiles de par leur nature même. Ainsi, elles risquent d'être perdues avant que la police n'ait pu obtenir un mandat ou une ordonnance pour l'obtention de tels éléments de preuve. Les policiers ont besoin d'une façon de s'assurer que les données informatiques nécessaires à une enquête sont préservées pendant cette période et pendant toute la durée de l'enquête. L'ordre et l'ordonnance de préservation visent simplement à empêcher que les données ne soient détruites, obligeant le gardien des données informatiques à en assurer la préservation pendant une période limitée. Cela s'applique aussi aux données concernant une communication ou un abonné en particulier. Ces données seront préservées uniquement aux fins de la tenue d'une enquête précise.
Il faut comprendre que toute divulgation d'information aux termes de ces propositions législatives nécessiterait une autorisation judiciaire. Ces modifications au Code criminel ne changent rien à cette protection.
Nous devons nous assurer que, sur ordonnance d'un juge, les enquêteurs pourront obtenir le genre d'information dont ils ont besoin, mais rien de plus et rien d'autre. Nous devons veiller à ce que toute intrusion dans la vie privée des gens soit limitée au nécessaire. Ces nouvelles mesures garantissent avec précision la protection des renseignements personnels et, à mon avis, assurent un juste équilibre entre les besoins en matière d'application de la loi et la nécessité de protéger la vie privée des gens.
Les modifications législatives proposées sont nécessaires pour que nous puissions répondre à nos besoins internes. Toutefois, elles permettraient aussi au Canada de ratifier la Convention sur la cybercriminalité du Conseil de l'Europe et son Protocole additionnel relatif à l'incrimination d'actes de nature raciste et xénophobe. Dans le contexte international, ce traité est le seul du genre et il permettra aux responsables de l'application des lois au Canada de pouvoir compter sur la collaboration internationale prévue dans le protocole.
Je puis assurer à la Chambre que les mesures législatives proposées dans le projet de loi ne feraient pas que contribuer à donner à nos responsables de l'application des lois les outils dont ils ont besoin au XXIe siècle. Elles montrent aussi l'engagement du Canada à l'égard de la sécurité transfrontalière et hémisphérique en Amérique et contribuent à répondre aux attentes internationales en ce qui concerne la participation du Canada à la lutte mondiale contre la cybercriminalité.
Quand on parle d'accès légal, on ne parle pas d'espionner les communications privées ou de surveiller les activités des simples Canadiens sur le web ou leurs courriels. On parle simplement de donner aux organismes de maintien de l'ordre et de la sécurité nationale les moyens techniques et légaux de s'adapter aux progrès des technologies de l'information et des communications.
Les nouvelles technologies sont un outil utile et puissant mais qui, entre les mains de criminels, de terroristes ou de membres du crime organisé, peut servir à menacer la sécurité publique et nationale. Voilà pourquoi le gouvernement du Canada est déterminé à faire évoluer nos lois au rythme de ces nouvelles technologies qui apparaissent constamment. Bien que le Canada ait été l'un des premiers pays à adopter des lois pénales pour la cybercriminalité, ces lois n'ont pas été radicalement modifiées depuis les années 1990. Or, la technologie a considérablement évolué depuis, et il faut donc adapter ces lois.
Face à ces technologies de plus en plus complexes, les méthodes d'enquête traditionnelles sont dépassées, et les criminels en profitent pour mener des activités illicites qui menacent la sécurité des Canadiens. Il faut donc faire évoluer les outils législatifs avec des mesures comme celle-ci ou des modifications du Code criminel pour répondre à ces défis et permettre aux agents d'application de la loi d'enquêter efficacement sur les activités criminelles tout en respectant toujours le droit à la vie privée et les libertés civiques des Canadiens. Le projet de loi permettra de moderniser certaines dispositions du Code criminel concernant les infractions et les pouvoirs d'enquête et il établira de nouveaux pouvoirs pour répondre aux défis posés par la cybercriminalité moderne.
Ce projet de loi accomplit cinq choses. Premièrement, il prévoit la mise à jour du Code criminel afin de permettre à la police d'obtenir des données de transmission, aussi appelées données de trafic, reçues et expédiées par téléphone ou Internet. Il prévoit aussi d'obliger les fournisseurs de services de télécommunication à conserver, pendant un certain temps, les données concernant une communication ou un abonné précis, si ces données sont nécessaires à l'enquête portant sur une infraction. Troisièmement, il crée l'infraction de s'entendre ou de faire un arrangement avec une ou plusieurs personnes, au moyen de télécommunications, pour perpétrer une infraction contre un enfant. Quatrièmement, il modernise les dispositions actuelles concernant le mandat de localisation pour mieux répondre au souci du respect de la vie privée des Canadiens. Cinquièmement, il modernise la Loi sur l'entraide juridique en matière criminelle afin que les nouveaux pouvoirs d'enquête prévus au Code criminel deviennent accessibles aux partenaires du Canada en vertu d'un traité.
Ce projet de loi porte sur la préservation et non la rétention de données. S'ils reçoivent un ordre de préservation, les fournisseurs de services Internet ne devront préserver que des données précises déjà en leur possession concernant un suspect précis, ce qui permettra d'éviter que des informations essentielles pour une enquête ne soient détruites avant que la police puisse y accéder au moyen d'un mandat de perquisition émis par un juge ou d'un ordre de préservation. Les modifications proposées n'obligeraient pas les fournisseurs de service Internet à conserver des données sur toutes les activités de leurs clients sur Internet.
Ces modifications respecteront la vie privée. Le gouvernement tient absolument à respecter la primauté du droit dans toutes ses lois. Aucun de ces outils d'accès légal tels que les ordonnances de communication, les ordres de préservation, les ordres d'interception et les mandats de perquisition ne pourra être utilisé en l'absence d'une autorisation légale. Ce sont les attentes raisonnables des Canadiens en matière de vie privée qui continueront à guider les activités du gouvernement et l'application de ses lois.
Le gouvernement veillera en outre à ce que ces pouvoirs continuent d'être exercés dans l'esprit des droits de la personne et du droit à la vie privée prévus dans la Carte canadienne des lois et libertés et la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques. Pour émettre un mandat, il faudra toujours une autorisation judiciaire. Sinon, aucun accès légal, aucune ordonnance de communication, de préservation ou d'interception, aucun mandat de perquisition ne pourra être obtenu.
C'est dans le souci de préserver la vie privée des citoyens canadiens et de nous adapter aux techniques très perfectionnées des nouveaux criminels faisant appel à la haute technologie que j'invite tous les députés à appuyer le loi .
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Monsieur le Président, c'est un grand honneur pour moi de parler du projet de loi au nom du caucus néo-démocrate. Le projet de loi modifie le Code criminel, la Loi sur la concurrence et la Loi sur l'entraide juridique en matière criminelle; on l'appelle communément la Loi sur les pouvoirs d'enquête au XXI
e siècle.
Les néo-démocrates reconnaissent qu’il faut être plus sévère à l'égard des criminels, surtout ceux qui commettent des crimes sur Internet. Nous devons pratiquer la tolérance zéro à l'égard de la pornographie enfantine ou de toute infraction visant les enfants ou les personnes vulnérables de notre société. Dans cette optique, nous appuyons la modernisation de nos lois afin que les téléphones cellulaires, les courriels, Internet et tous les moyens modernes de communication ne deviennent pas le repaire des criminels.
Le caucus néo-démocrate est heureux de collaborer avec le gouvernement pour s'assurer que ces changements seront mis en œuvre, mais aussi qu'ils le seront d'une façon appropriée, et qu'ils permettront vraiment d'atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.
Les néo-démocrates appuient les principes qui sous-tendent ce projet de loi, mais attendent de l'examiner plus en détail afin de s'assurer qu'il permettra vraiment de lutter contre la cybercriminalité, tout en garantissant la protection de la vie privée des Canadiens ordinaires et respectueux de la loi, ainsi que les principes que nous chérissons depuis longtemps en matière de libertés civiles, et je reviendrai là-dessus tout à l'heure. Un certain nombre de dispositions de ce projet de loi nous semblent positives, et nous sommes heureux de les appuyer.
Premièrement, le projet de loi crée une infraction au Code criminel en interdisant à quiconque de s'entendre avec une personne, ou de conclure un arrangement avec elle, en vue d'exploiter sexuellement un enfant. Permettez-moi de faire ici une pause. Il s'agit là d'une modification positive à notre Code criminel, que toute personne raisonnable ne peut manquer d'appuyer. Même si nous pensons que les dispositions actuelles du Code criminel permettent de poursuivre ce genre d'infraction, nous sommes prêts à appuyer cette modification si cela aide les policiers et les juges à faire leur travail et, surtout, si cela permet à notre société d'affirmer haut et clair qu'il est absolument inacceptable et intolérable que quiconque ose même songer à exploiter sexuellement un enfant. Nous estimons donc qu’il s'agit d'une modification positive.
L'autre disposition du projet de loi que nous sommes heureux d'appuyer concerne la création d'une nouvelle infraction au Code criminel en interdisant la possession d'un virus informatique dans le but de commettre un méfait. Cette modification peut paraître bien banale en comparaison de celle dont je viens de parler, mais il n'en demeure pas moins qu'elle vise à moderniser notre Code criminel en s'attaquant à un problème qui, dans notre monde numérique, provoque trop souvent de graves dysfonctionnements économiques et sociaux dans notre pays.
Le reste du projet de loi est essentiellement composé de modifications aux définitions de plusieurs termes, afin de tenir compte des technologies modernes. Par exemple, actuellement, le Code criminel définit les conditions de délivrance des mandats dans le contexte des télécommunications. Le projet de loi propose de moderniser ce libellé en précisant clairement que, lorsqu'on parle de télécommunications, on englobe les transmissions par Internet, les transmissions par courriel, les visites de sites web, la création de sites web ainsi que les transmissions par téléphone cellulaire.
Pour toutes ces raisons, nous pensons qu'il s'agit là d'une modification positive au Code criminel et que, même si on l'attendait depuis longtemps, elle aidera nos juges, nos procureurs et, en fait, tout notre système judiciaire à accélérer la procédure de délivrance des mandats.
Même si on ne nous a pas donné de preuves convaincantes que les définitions actuelles entravent le travail des policiers et des enquêteurs, nous ne nous opposons pas à la modernisation du libellé pour que nos lois reflètent les nouvelles réalités technologiques.
Permettez-moi de faire une pause pour vous dire que, d'après un grand nombre de spécialistes des technologies numériques et de membres de la société civile, il ne semble pas y avoir eu de cas où les définitions et dispositions actuelles du Code criminel ont empêché des policiers canadiens d’obtenir un mandat pour une infraction impliquant des technologies numériques. Un certain nombre d'organisations ont demandé à plusieurs reprises des exemples d'une telle situation, mais, que je sache, elles n'en ont reçu aucun.
Quoi qu'il en soit, il incombe parfois au Parlement d'agir de façon proactive pour corriger les lacunes de nos lois ou pour leur apporter les améliorations nécessaires, sans attendre que des méfaits aient été commis. Pour ces raisons, nous estimons qu'il s'agit d'une modification positive.
Par ailleurs, des spécialistes du numérique et des personnes qui veillent tout particulièrement à ce que le Parlement ne porte pas atteinte au droit à la protection de la vie privée des citoyens, notamment la commissaire fédérale à la protection de la vie privée et ses homologues provinciaux, ont émis des réserves en disant que le projet de loi contenait des lacunes et qu'il ne constituait peut-être pas un bon compromis entre la protection de la vie privée des citoyens et les besoins légitimes des pouvoirs publics. La commissaire à la protection de la vie privée a proposé un certain nombre de balises très utiles, qui nous aideront à examiner de plus près le projet de loi et les autres qui portent sur les mêmes sujets. Permettez-moi de vous faire part de certaines de ces considérations.
Toute atteinte à nos libertés civiles doit être minimale, dans toutes circonstances. Nous devons baliser les conditions d'exercice des nouveaux pouvoirs qui seront conférés et nous assurer que des critères juridiques appropriés, y compris le contrôle judiciaire, seront maintenus lors de la délivrance d'un mandat du tribunal. Il faut que les règlements qui seront proposés fassent l'objet d'un examen public avant leur entrée en vigueur. Nous devons toujours prévoir un contrôle judiciaire lorsque nous envisageons d'élargir les pouvoirs de la police ou de lui en conférer de nouveaux, surtout lorsqu'il s'agit d'intercepter des communications entre des citoyens.
Il faut aussi que l'exercice de ces pouvoirs fasse régulièrement l'objet de rapports publics. À cet égard, il faudrait peut-être envisager que le Parlement procède à une révision quinquennale de ce projet de loi et des autres qui, et je reviendrai là-dessus tout à l'heure, portent sur la protection de la vie privée et sur la nécessité de moderniser nos lois afin de les adapter aux communications technologies et numériques d'aujourd'hui.
Le NPD est prêt à collaborer afin de trouver des solutions à ces problèmes, entre autres, lors de l’examen du projet de loi en comité.
Les dispositions actuelles du Code criminel qui portent sur les télécommunications et l'interception des communications ont été rédigées à une époque où le téléphone était le principal outil utilisé pour commettre certains crimes. Il y est question de téléphonie car, à cette époque-là, les policiers avaient recours aux écoutes téléphoniques. Avec l'avènement du numérique, les technologies ont changé et il faut donc donner aux enquêteurs les nouveaux outils dont ils ont besoin.
Dans cette optique, il faut que les lois soient davantage axées sur les ordonnances de communication et de préservation, afin d'empêcher qu’en cas de crime commis sur un support numérique, l'information ne soit effacée ou modifiée rapidement, ce qui contribuerait à détruire les preuves avant même qu'on ait eu une chance de les intercepter. Il est important que nous puissions donner à nos policiers les outils dont ils ont besoin pour intercepter ce genre de communication, et c'est là l'un des objectifs de ce projet de loi. Les nouvelles dispositions relatives aux ordonnances de communication et de préservation sont, dans un monde numérique, tout à fait justifiées.
Toutefois, des spécialistes du numérique et des crimes qui y sont associés nous ont fait part de certaines préoccupations lors des consultations que nous avons tenues au début de ce processus. Certains craignent que le projet de loi n'assouplisse les critères de délivrance d'un mandat. À l'heure actuelle, pour obtenir un mandat en vue d'intercepter des conversations téléphoniques, un agent de police doit s'adresser à un juge et convaincre celui-ci, à l'aide de renseignements ou de preuves, qu'il a des motifs raisonnables de croire qu'un crime est en train d'être commis ou est sur le point de l'être.
Le projet de loi emploie des termes différents et s’écarte d'une norme éprouvée et bien établie. Il prévoit que les agents de police devront s'adresser à des juges pour obtenir des ordonnances de communication ou de préservation, mais il leur suffira d'avoir des motifs raisonnables de soupçonner qu'un crime est en train d'être commis ou est sur le point de l'être.
L'emploi de « soupçonner » plutôt que « croire » se traduira inévitablement par une norme différente devant les tribunaux. Un certain nombre de groupes canadiens de défense des libertés civiles ont dit craindre que cela ne se traduise par un assouplissement des conditions requises pour obtenir un mandat. Le comité qui sera saisi du projet de loi examinera certainement de très près cette question et convoquera des témoins qui connaissent bien notre droit pénal et notre jurisprudence en matière de libertés civiles, afin que soit évitée toute atteinte injustifiée aux droits des Canadiens.
Des spécialistes du numérique craignent également que ce projet de loi, malgré toutes ses bonnes intentions et malgré les réserves que j'ai mentionnées, ne constitue un problème holistique lorsqu'on le combine à d'autres projets de loi du gouvernement.
Sans trop entrer dans les détails, j'aimerais vous rappeler que le projet de loi , le pendant du projet de loi , a été présenté à la Chambre. Le projet de loi oblige les fournisseurs de services de télécommunication à installer des équipements qui leur permettront de préserver des données sur leurs abonnés, en cas de mandat du tribunal. Le caucus néo-démocrate estime qu'il s'agit là d'une mesure positive et sans doute nécessaire.
Toutefois, le projet de loi prévoit aussi, dans son libellé actuel, que les policiers pourront, même sans mandat de perquisition, exiger des fournisseurs de services de télécommunication qu'ils leur communiquent des renseignements personnels au sujet de leurs abonnés, notamment leur nom, leur adresse, leur fournisseur de services Internet et le numéro qui permettrait de localiser numériquement leur téléphone cellulaire. Cela a soulevé un tollé, non seulement parmi les spécialistes du numérique, mais aussi chez les Canadiens ordinaires qui utilisent Internet ou qui surfent sur le web, car cette disposition s'écarte dangereusement de la loi qui dispose que les renseignements personnels des Canadiens ne doivent pas être divulgués à la police sans contrôle judiciaire.
Cette idée d'avoir déposé le projet de loi et le projet de loi en même temps est quelque chose dont nous devons être bien conscients car, comme nous le savons tous, les projets de loi ou plutôt les lois ne sont pas appliquées en vase clos. Une loi peut avoir une incidence sur une autre. Pour cette raison, notre parti va s'efforcer de trouver un juste équilibre entre la nécessité de protéger la vie privée des Canadiens et la nécessité de donner à nos policiers et aux juges les outils dont ils ont besoin pour lutter efficacement contre le crime sur Internet et dans le monde numérique. Un point c'est tout.
Que les choses soient claires. Mes collègues conservateurs s'imaginent qu'ils ont le monopole de l'empathie pour les victimes. Ils croient être les seuls à se préoccuper de la sécurité, à lutter contre le crime ou à s'intéresser aux victimes. Je me permets de leur rappeler que les néo-démocrates ont toujours défendu les intérêts des gens les plus vulnérables de notre société et que nous avons toujours appuyé les lois qui amélioraient la sécurité des citoyens de notre pays.
Avec tout le respect que je dois à mes collègues du gouvernement, j'ose dire aujourd'hui qu'ils sont prêts à sacrifier les libertés civiles et le droit à la protection de la vie privée sur l'autel de la sécurité, alors que les néo- démocrates préfèrent essayer de trouver un juste équilibre qui nous permettra à tous de vivre en sécurité dans une société qui respecte le droit à la protection de la vie privée et des libertés civiles de ses membres.
C'est là le juste équilibre qu'il va falloir trouver avec ce projet de loi, et avec le projet de loi .
Notre parti va travailler fort pour atteindre ces deux objectifs.
Permettez-moi maintenant d'aborder certains détails du projet de loi afin que les Canadiens qui nous regardent aujourd'hui et ceux que le projet de loi intéresse puissent comprendre ce dont il retourne vraiment.
Le projet de loi crée le nouveau concept des données de transmission, qui englobe tous les moyens de télécommunication, les pouvoirs d'enquête étant actuellement limités aux données transmises par téléphone. Autrement dit, le projet de loi fait passer notre procédure de délivrance des mandats et des ordonnances de communication de l'âge du téléphone à l'âge numérique.
Le projet de loi crée le pouvoir d’exiger la production de données relatives à la transmission de communications et à la localisation d'une opération, d'une personne physique ou d'une chose. Encore une fois, il s'agit là d'une mesure positive qui tient compte du fait que, à l’époque du numérique, un crime peut être perpétré en l'espace d'une nanoseconde et les preuves, détruites tout aussi rapidement. Avec les téléphones cellulaires et les ordinateurs portables, les données peuvent se déplacer, et nous devons en tenir compte.
Le projet de loi crée le pouvoir de donner un ordre de préservation et de rendre une ordonnance au même effet qui rendront obligatoire la préservation de la preuve électronique, ce dont j'ai parlé brièvement tout à l'heure. Une fois commis, un crime peut être effacé. Par conséquent, la police doit avoir la capacité de préserver le statu quo, et c'est un pouvoir dont elle a sans doute besoin.
Le projet de loi permet la délivrance de mandats dans le but de localiser une opération, une personne physique ou une chose, conformément à des critères juridiques proportionnels aux intérêts en jeu.
Le projet de loi permet également aux policiers d'activer à distance des dispositifs de localisation déjà mis en place. Il y a 40 ans, on installait une ligne téléphonique dans une maison, et elle n'en bougeait plus. Aujourd'hui, un téléphone cellulaire se déplace avec son propriétaire. Il est donc important de moderniser nos lois afin d'en tenir compte.
Permettez-moi de faire ici une pause pour bien insister sur le fait que les critères juridiques qui serviront à donner ces pouvoirs à la police devront être aussi stricts que les critères actuels, et que le policier qui demande un mandat à un juge devra lui démontrer qu'il a des motifs raisonnables de croire qu'un crime est en train d'être commis ou qu'il est sur le point de l'être, afin d'éviter toute atteinte injustifiée aux droits des Canadiens à la protection de leur vie privée.
Le projet de loi crée une nouvelle infraction passible d'une peine d'emprisonnement maximale de dix ans en interdisant à quiconque d'utiliser un système de télécommunication comme Internet pour s'entendre ou conclure un arrangement avec une personne dans le but d'exploiter sexuellement un enfant. J'ai brièvement abordé la question tout à l'heure. Il n'y a rien de plus répugnant pour un néo-démocrate qu'un crime impliquant l'exploitation sexuelle d'une personne, surtout d'un enfant.
Par ailleurs, ce projet de loi modifierait la Loi sur la concurrence afin de rendre applicables, pour assurer le contrôle d’application de certaines dispositions de cette loi, les nouvelles dispositions du Code criminel concernant les ordres et ordonnances de préservation de données informatiques.
Il modifierait également la Loi sur l’entraide juridique en matière criminelle afin que certains des nouveaux pouvoirs d’enquête prévus au Code criminel puissent être utilisés par les autorités canadiennes qui reçoivent des demandes d’assistance et afin que le commissaire de la concurrence puisse exécuter des mandats de perquisition délivrés en vertu de la Loi sur l’entraide juridique en matière criminelle.
À notre avis, le projet de loi serait un pas dans la bonne direction et contribuerait à moderniser nos lois. Il donnerait à nos services policiers les pouvoirs d’enquête nécessaires pour enfin entrer dans l'ère numérique.
À cette fin, les néo-démocrates appuieront ce projet de loi à toutes les étapes; cependant nous continuerons à nous exprimer haut et fort pour que la défense de la vie privée et des droits fondamentaux des Canadiens demeurent toujours notre grande priorité.
Il est possible d'atteindre cet équilibre dans la société canadienne. Si le Canada est l'un des meilleurs pays au monde, c'est que nous avons toujours réussi à ménager un équilibre entre, d'un côté, la sûreté et la sécurité et, de l'autre côté, les libertés civiles et les droits de la personne. Les néo-démocrates continueront à ne ménager aucun effort pour atteindre cet équilibre, et nous encourageons tous les députés à se joindre à nous pour faire en sorte que les Canadiens vivent en sécurité et en liberté.
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Madame la Présidente, j'ai le plaisir de prendre la parole aujourd'hui sur le projet de loi , qui vise à moderniser les moyens d'enquête pour contrer la cybercriminalité.
Le Bloc québécois est favorable au principe du projet de loi . Celui-ci vise à permettre aux forces policières d'adapter leurs techniques d'enquête aux réalités technologiques contemporaines, comme l'utilisation répandue des téléphones cellulaires ou de l'Internet, ainsi qu'à faciliter le travail des policiers sans porter atteinte indûment aux droits fondamentaux. Je reviendrai plus tard sur ce sujet et sur la Ligue des droits et des libertés du Québec. Le Bloc québécois a toujours privilégié cette avenue pour combattre le crime et pour protéger l'individu.
De même, le Bloc québécois est d'avis que le fait d'augmenter la probabilité de se faire prendre est beaucoup plus dissuasif que celui d'augmenter les sanctions qui semblent souvent lointaines et abstraites. Cependant, ce projet de loi soulève de nombreuses inquiétudes quant au respect de la vie privée, alors que les raisons justifiant ces atteintes ne sont pas tout à fait démontrées.
Compte tenu de l'importance de renforcer les pouvoirs policiers pour faire face aux formes de crime organisé les plus complexes, le Bloc québécois est favorable au principe du projet de loi . Cependant — et cette mise en garde est importante —, il verra en comité à ce que les intrusions dans la vie privée soient aussi minimes que possible, toujours nécessaires et très bien balisées.
Comme plusieurs de mes collègues l'ont déjà mentionné, lutter contre la cybercriminalité est un enjeu majeur pour le monde actuel, qui compte plus de 1,5 milliard d'internautes, sans oublier les utilisateurs de cellulaires, de BlackBerry ou d'autres mécanismes de communication.
Avant de parler plus avant de ce projet de loi, j'aimerais ouvrir une parenthèse et souligner que l'accessibilité au service de l'Internet présente un problème quant à la montée de crimes économiques et de crimes envers la personne. En même temps, le fait que certaines régions n'aient pas accès à l'Internet haute vitesse constitue un problème important. Ce débat devrait être tenu à la Chambre. Pour plusieurs intervenants sociaux et économiques de ma région, l'accès à l'Internet haute vitesse est un enjeux économique pour le développement même des régions rurales et des collectivités. On ne peut plus se passer de cet outil pour faire certaines transactions financières ou certaines transactions d'échange avec d'autres pays. Il est désolant de savoir que plusieurs municipalités de mon comté, comme Mandeville, Saint-Gabriel-de-Brandon ou Saint-Mathieu, n'ont pas accès à l'Internet haute vitesse. Par conséquent, dans la circonscription que je représente, plusieurs municipalités veulent avoir ces services.
Depuis plusieurs années, le Bloc québécois demande au gouvernement fédéral la mise en place d'un programme d'aide afin de favoriser l'implantation de l'Internet haute vitesse dans les régions. Le gouvernement fédéral a finalement répondu avec le programme Large bande Canada, mais je crois qu'il faut investir d'autre argent dans ce programme.
Je tenais à faire une parenthèse parce que, on le sait, l'Internet présente un problème pour plusieurs personnes aujourd'hui. En même temps, plusieurs personnes et plusieurs régions n'ont pas encore accès à l'Internet haute vitesse.
Je reviens au projet de loi que nous étudions aujourd'hui. Avec l'expansion de l'Internet et de la technologie numérique, la cybercriminalité est devenue une menace de plus en plus importante, comme plusieurs de mes collègues du Bloc québécois et des autres partis en ont fait mention à la Chambre
Pour y faire face plus efficacement, l'Union européenne, avec la coopération de pays comme les États-Unis et le Canada, a élaboré la Convention sur la cybercriminalité. Cette convention a pour objectif de poursuivre une politique pénale commune destinée à protéger la société contre le cybercrime, notamment par l'adoption d'une législation plus importante et appropriée, et la stimulation de la coopération internationale.
Comme on le sait, Internet dépasse les dimensions de la nation du Québec, de l'ensemble du Canada et de l'ensemble du monde, finalement. Tout est possible avec le réseau Internet. On peut rejoindre des gens partout dans le monde.
Afin d'harmoniser ces législations nationales, la convention internationale contre la criminalité répertorie les infractions en quatre grandes catégories. D'abord, il y a les infractions liées à la sécurité des réseaux. Un exemple serait une atteinte à la confidentialité. On retrouve ensuite les infractions informatiques et les infractions qui se rapportent au contenu. Ici, on parle notamment de sites de pornographie infantile. Enfin, on retrouve les infractions portant atteinte à la propriété intellectuelle et aux droits connexes comme la reproduction illégale d'oeuvres protégées qui constitue un autre grand débat.
Bien que le Canada ait signé la convention en novembre 2001, il ne l'a toujours pas ratifié. On présente ce projet de loi, mais on n'a même pas ratifié la convention que nous avons signée en novembre 2001.
Ainsi, le projet de loi que nous étudions aujourd'hui est en quelque sorte une suite logique à cette convention. Pourquoi n'avons-nous pas signé cette convention? C'est une question qu'on doit se poser ici aujourd'hui.
Face à la cybercriminalité, l'arsenal juridique doit constamment s'adapter à cette criminalité organisée et internationale utilisant les ressources des technologies numériques et Internet comme cibles ou moyens d'infraction.
Le projet de loi vient moderniser les outils dont les services de police se servent pour traquer les criminels en créant le pouvoir d'exiger la production de données relatives à la transmission de communications ainsi qu'au lieu d'opérations de personnes physiques.
Ce projet de loi crée également le pouvoir d'ordonner la préservation de preuves électroniques et de rendre une ordonnance à cet effet.
En somme, ce projet de loi vient établir le nouveau concept de transmission des données et établit également la possibilité de saisir les données de transmission.
Ainsi, ce projet de loi permettrait la saisie des données et du contenu des transmissions sur la base du motif raisonnable de croire qu'une personne a commis un acte criminel.
Un policier, sans mandat judiciaire et sur la base du soupçon, pourra forcer un fournisseur de services à conserver le contenu de toutes les communications qui ont eu lieu antérieurement entre cet individu et d'autres personnes. C'est un peu comme si on demandait aux services des postes de photocopier toutes les lettres de quelqu'un.
Le projet de loi permet aussi de lancer des mandats permettant de localiser des opérations, des personnes physiques ou des choses.
La préoccupation que nous avons par rapport à ce projet de loi est bien sûr toute la question de la confidentialité et de la liberté des gens. Il ne faut pas que ce projet de loi cause une intrusion fautive dans la vie des personnes ou dans certains échanges que les personnes peuvent avoir. C'est une confidentialité qui appartient à cette personne et aux autres avec lesquelles elle converse dans des réseaux comme Internet. Cela est une préoccupation majeure.
De plus, et j'estime que cet aspect est très important, le projet de loi crée une nouvelle infraction assortie d'une peine d'emprisonnement maximale de dix ans interdisant l'utilisation d'un système informatique pour conclure des ententes avec un tiers en vue de l'exploitation sexuelle d'un enfant.
Enfin, le projet de loi modifie la Loi sur l'entraide juridique en matière criminelle afin que certains des nouveaux pouvoirs d'enquête prévus au Code criminel puissent être utilisés par les autorités canadiennes qui reçoivent des demandes d'assistance, et afin que le commissaire à la concurrence puisse exécuter des mandats de perquisition délivrés en vertu de la Loi sur l'entraide juridique en matière criminelle.
Globalement, ce projet vise à permettre aux forces policières d'adapter leurs techniques d'enquête aux réalités technologiques modernes. Faciliter le travail des policiers, lorsqu'on ne porte pas atteinte indûment aux droits fondamentaux, est l'une des avenues que le Bloc québécois a toujours privilégiées pour combattre le crime. C'est de cela qu'il faut tenir compte, et nous insisterons là-dessus lorsque ce projet de loi sera à l'étude en comité.
En effet, ces nouveaux moyens d'enquête conférés à la police permettent un accès à un très grand nombre d'informations. Ces informations doivent évidemment être traitées tout en protégeant la vie privée des citoyens. Surveiller les agissements de quelqu'un dans l'Internet permet d'en savoir beaucoup plus sur sa vie privée. C'est cela, notre mise en garde.
Ainsi, et comme l'a d'ailleurs indiqué la Ligue des droits et libertés, ce projet de loi soulève des inquiétudes quant au respect de la vie privée, alors que les raisons justifiant ces atteintes ne sont pas encore démontrées.
À cet égard, j'aimerais parler de la préoccupation de la Ligue des droits et libertés du Québec à l'effet que les projets de loi et accordent aux autorités canadiennes des moyens et des pouvoirs sans précédent, leur permettant de fouiller dans la vie intime des citoyennes et des citoyens. Le gouvernement n'a pas démontré que les pouvoirs d'enquête existants étaient insuffisants. Dans une société démocratique, ce sont les actions du gouvernement qui doivent être transparentes, et c'est la vie privée des citoyens qui doit être protégée. La surveillance sur la base de simples soupçons remet en question la présomption d'innocence. Ce sont là des préoccupations de la Ligue des droits et libertés.
Enfin, face à ces velléités de surveillance indue de nos communications, une certaine autocensure risque de s'installer et de brimer la liberté d'expression et la liberté de pensée des citoyens.
En clair, selon cet organisme, ce projet de loi représente une intrusion importante dans la vie privée des gens. Dans une société démocratique, ce sont les actions du gouvernement qui doivent être transparentes, et c'est la vie privée des citoyens et des citoyennes qui doit être protégée. C'est pourquoi le Bloc québécois étudiera attentivement en comité ce projet de loi pour s'assurer que les pouvoirs conférés à la police ne sont pas excessifs, mais au contraire, justifiés et bien encadrés.
J'estime qu'il est très important de concilier la lutte contre la cybercriminalité et les droits des internautes. Je crois que c'est l'enjeu de ce projet de loi. Pour qu'il soit acceptable pour la Chambre, ce projet de loi doit nécessairement couvrir ces deux aspects importants. En effet, association, liberté d'expression et non-discrimination sont autant de droits qui doivent être respectés.
Le droit à la liberté d'opinion et à la liberté de recevoir et de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorité publique sont également importants. Il ne faudrait pas tomber dans un autre extrême, et que les gens ne soient plus à l'aise de converser et d'échanger dans l'Internet. En tant que parlementaires, nous devons donc nous assurer de trouver le meilleur équilibre possible entre ces deux droits fondamentaux que sont le droit à la vie privée et le droit à la sécurité.
J'aimerais également souligner l'importance du volet préventif dans une stratégie efficace contre la cybercriminalité.
Nous parlons peu de prévention ici, mais cette stratégie doit nécessairement reposer sur une intervention multiple. Il faut qu'elle soit du secteur privé et public.
Comment protéger davantage nos jeunes qui échangent sur Internet? Comment protéger davantage les gens qui font des transactions financières sur Internet? Comment faire en sorte que le système soit sécuritaire pour les citoyens? Comment habituer les gens à faire attention? Comment inciter nos jeunes à éviter des contacts qui peuvent quelquefois leur nuire un peu et menacer leur intégrité physique et mentale?
Ce sont des moyens que nous pouvons mettre en place ici, à la Chambre des communes, pour protéger davantage le public face à l'utilisation du service Internet. En effet, il est important de donner aux citoyens et aux citoyennes, particulièrement aux plus jeunes, les outils et les moyens de se protéger face à cette cybercriminalité. Beaucoup d'information doit être répandue à ce sujet. Il faut donc amener les personnes et les entrepreneurs à adopter des pratiques sécuritaires en informatique et à s'investir dans ces champs de prévention.
Actuellement, il y a souvent de l'insouciance chez les internautes. Beaucoup de gens mettent leur ordinateur en marche et y entrent des informations importantes, sans trop se soucier des conséquences possibles face aux informations qu'ils ont divulguées sur Internet. Il faut changer cette mentalité. Pour y parvenir, il faut informer notre population sur les dangers d'utilisation des services Internet. Il faut la sensibiliser et, bien sûr, lui donner des outils afin de mieux utiliser cet appareil qui est indispensable pour notre population aujourd'hui.
Je terminerai en disant simplement que nous appuierons ce projet de loi, mais avec certaines réserves.
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Madame la Présidente, je suis très heureux de pouvoir prendre la parole aujourd'hui à propos du projet de loi .
Pour commencer, je remarque que le ton a baissé à la Chambre des communes aujourd'hui, par rapport à ce qu'il était hier, lorsqu'a commencé le débat sur ce projet de loi. Le gouvernement a lancé dans l'arène quelques chiens dressés pour attaquer l'opposition, en particulier les libéraux, pourtant bien inoffensifs, qui se sont fait accuser de vouloir déclencher des élections, une perte de temps et un gaspillage de 300 millions de dollars. Les députés ministériels ont reproché aux libéraux de ne pas avoir permis, au cours des législatures antérieures, l'étude de ce projet de loi, qui existe depuis plusieurs années déjà.
À mes yeux, le gouvernement devrait éviter de pointer ainsi un doigt accusateur puisqu'après avoir adopté une loi pour que les élections aient lieu à date fixe, il y a deux ou trois ans, il a ignoré cette loi. Peu de temps après l'avoir adoptée, il s'est mis à chercher désespérément une façon de la contourner et a déclenché des élections l'année dernière, un an avant la date prévue, ce qui a occasionné la même dépense inutile de 300 millions de dollars qu'il reproche aux libéraux de vouloir causer maintenant.
Puisque l'atmosphère est beaucoup plus calme aujourd'hui et que les trois partis font preuve d'une collaboration exemplaire, je crois que le gouvernement verra encore une fois progresser l'étude de l'un de ses projets de loi. Le NPD a l'intention de voter pour le renvoi à un comité de ce projet de loi, et je dirais qu'à l'instar de n'importe quel autre projet de loi, des questions se posent concernant certains éléments du projet de loi et certaines interprétations auxquelles il peut donner lieu. Le comité va se pencher sur ces questions.
Compte tenu de mes années d'expérience en tant que député, je crois qu'il est toujours préférable d'appuyer autant que possible un projet de loi à l'étape de la deuxième lecture pour qu'il soit renvoyé à un comité, puisque le vote à cette étape porte sur le principe du projet de loi. Selon moi, il faut que le projet de loi soit vraiment mauvais pour être rejeté lors du vote de deuxième lecture.
Au sein du comité, le projet de loi fait l'objet d'une étude article par article. Des amendements sont proposés de manière à apporter les changements voulus. Puis, lorsque le projet de loi est renvoyé à la Chambre, nous pouvons décider si nous voulons appuyer le projet de loi tel qu'amendé.
Le concept et les principes généraux qui sous-tendent le projet de loi méritent notre appui. Il ne fait donc aucun doute que le projet de loi devrait être renvoyé à un comité.
Le projet de loi vise à modifier le Code criminel, la Loi sur la concurrence et la Loi sur l’entraide juridique en matière criminelle. Il accorde à la police de nouveaux pouvoirs pour enquêter, exécuter des mandats et porter des accusations contre les délinquants qui commettent leurs crimes en faisant appel à la technologie numérique. En particulier, le projet de loi vise à combler des lacunes du Code criminel en ce qui concerne les mandats de perquisition et les ordonnances de communication afin d'autoriser la police à obtenir des données concernant la transmission de communications, ce qui comprend les messages textes, les fichiers et les photographies échangés par téléphone cellulaire.
De plus, le projet de loi propose d'élargir la portée des mandats afin de permettre les mandats de localisation, qui autoriseraient la police à activer à distance des dispositifs de localisation existants contenus dans certains types de technologies comme les téléphones cellulaires ainsi que dans certaines voitures. Ces mandats continueraient d'autoriser la police à installer un dispositif de localisation distinct. Ce matin, un des députés du Bloc a parlé des gangs criminels qui volent des voitures de luxe et du fait que la mesure législative permettrait désormais de localiser les voitures à l'étranger et de les récupérer.
Le projet de loi créerait également une ordonnance de préservation en vertu de laquelle un fournisseur de service de télécommunications serait tenu de sauvegarder les données liées a une communication donnée ou à un abonné et de ne pas les supprimer si la police a des motifs de croire que les données lui seraient utiles dans le cadre d'une enquête.
Le projet de loi propose des modifications à la Loi sur l’entraide juridique en matière criminelle et élargit la portée de l'assistance que pourrait apporter le Canada à d'autres pays pour lutter contre la cybercriminalité. Les modifications proposées à la Loi sur la concurrence fourniraient au Bureau de la concurrence et à la police les outils nécessaires pour effectuer les enquêtes sur les crimes informatiques.
Enfin, le projet de loi propose d'ajouter deux nouvelles infractions au Code criminel. Une de ces infractions interdirait à toute personne d'utiliser un système informatique, comme Internet, pour s’entendre ou faire un arrangement avec une autre personne dans le but d'exploiter sexuellement un enfant. Actuellement, le Code criminel interdit à quiconque d'utiliser Internet pour communiquer directement avec un enfant dans le but de l'exploiter sexuellement, mais il n'interdit pas de s’entendre ou de faire un arrangement avec une autre personne dans le but d'exploiter sexuellement un enfant.
L'autre nouvelle infraction frappe d'illégalité la possession d'un virus informatique dans le but de commettre un méfait.
Les néo-démocrates sont d'avis que nous devons être plus durs à l'endroit des criminels, surtout ceux qui utilisent Internet, et que nous devrions n'avoir aucune tolérance à l'endroit de la pornographie juvénile.
Les Canadiens doivent aussi savoir quels sont leurs droits en ce qui concerne la vie privée lorsqu'ils utilisent Internet ou envoient des courriels.
Le projet de loi semble permettre à nouveau les perquisitions sans mandat, de sorte que les policiers pourraient faire des perquisitions sans surveillance. La commissaire à la protection de la vie privée, entre autres, a déjà fait de sérieuses mises en garde. J'ai posé une ou deux questions à ce sujet ce matin et elle a des commentaires très importants sur cette question. C'est un autre sujet dont nous devrons nous occuper en comité.
Il faut aussi veiller à ce que les parties concernées soient adéquatement consultées. Je sais que notre comité a étudié un autre projet de loi il y a quelques mois, le projet de loi sur les organismes de bienfaisance, qui a connu diverses incarnations dans plusieurs législatures. Pourtant, très peu d'organismes de bienfaisance sont au courant de l'existence de ce projet de loi.
Il semble inconcevable que le gouvernement n'envoie pas des lettres aux milliers d'organismes de bienfaisance du Canada pour leur dire que la Chambre est saisie de ce projet de loi et qu'il serait dans leur intérêt de faire valoir leur point de vue et de prendre part au processus. C'est un problème avec lequel nous sommes tous aux prises: il y a des limites à ce que nous pouvons faire. Le temps que nous pouvons consacrer aux consultations est limité et il est parfois difficile d'inciter les parties concernées à participer. Or, dans le cas du projet de loi dont nous sommes saisis, c'est vraiment quelque chose que nous voulons faire.
Nous pensons qu'il est très important de moderniser ces lois et ce ne sont pas les seules qui devraient l'être. Nous avons de nombreuses lois qui sont vraiment dépassées. Nous devons améliorer et moderniser ces lois pour les adapter à l'ère de l'informatique. Le fait est que, en cinq ou dix ans seulement, la technologie peut évoluer au point où tout ce que nous faisons, c'est combler des retards. C'est ce que je constate, comme législateur: il semble que nous soyons toujours en train de combler des retards dans la législation.
Nous devons sévir à l'endroit des criminels, comme les cyberprédateurs, tout en respectant la vie privée des Canadiens ordinaires lorsqu'ils envoient des courriels à des amis ou à des membres de leur famille.
Il y a quelques minutes, la députée du Bloc a posé une question précisément à ce sujet. Il est très difficile de trouver le juste milieu entre la protection de la vie privée et la protection du public. C'est ce avec quoi nous devons composer à ce moment-ci.
Les néo-démocrates sont d'accord pour dire que nous devons sévir en matière de criminalité et de cybercriminalité et n'avoir aucune tolérance pour la pornographie juvénile. Nous sommes en faveur de la modernisation de nos lois pour que les téléphones cellulaires et Internet ne soient pas un refuge pour les criminels. Nous voulons collaborer avec le gouvernement pour que ces modifications soient faites comme il se doit.
Maintenant qu'Internet existe, surtout depuis 1995, les criminels s'adaptent très rapidement. S'il leur est possible de commettre des fraudes et de se livrer à des escroqueries en toute impunité, au moyen d'Internet, dans un pays étranger où il n'existe pratiquement aucune loi interdisant leurs activités et où ils peuvent se cacher sans subir les conséquences de leurs actes, ils le feront. Nous devons nous adapter à ces changements en donnant à nos forces policières les outils dont elles ont besoin pour être aussi bien équipées que ces criminels et pour qu'elles puissent mettre fin à leurs activités avant qu'ils arrivent à commettre leurs crimes. La lutte contre la cybercriminalité intéresse grandement le NPD.
Plusieurs dispositions du projet de loi nous plaisent. L'une d'elles est la création d'une nouvelle infraction au Code criminel afin d'interdire toute entente ou tout arrangement avec une personne pour exploiter sexuellement un enfant. Le projet de loi crée également une autre infraction au Code criminel, soit la possession d'un virus informatique dans le but de commettre un méfait.
Comme je l'ai dit plus tôt, une bonne partie du projet de loi est consacrée à la modification de divers termes afin de tenir compte des technologies modernes. Aucune preuve incontestable ne nous permet de croire que les définitions actuelles nuisent aux enquêtes policières, mais nous ne nous opposons certainement pas à cette mise à jour destinée à traduire les réalités contemporaines.
J'ai déjà signalé que la commissaire à la protection de la vie privée avait une opinion au sujet de cette mesure législative. Elle demande des garanties pour que les propositions législatives sur la surveillance soient le moins intrusives possible. Elle demande également qu'on limite l'utilisation des nouveaux pouvoirs et qu'on veille à ce que les seuils juridiques appropriés prévus dans la loi restent en place aux fins des autorisations judiciaires. Enfin, elle demande que le projet de règlement soit examiné publiquement avant d'entrer en vigueur et que nous y prévoyions des mécanismes de surveillance efficaces. Je ne sais pas exactement ce qu'elle espère, mais il est toujours bon de prévoir des mécanismes de surveillance dans des lois d'initiative ministérielle.
Il suffit de regarder le manque de surveillance dans le dossier de la cybersanté. C'était — et c'est toujours — une idée très positive et très solide, mais dix ans après le début des programmes de cybersanté, tant au gouvernement fédéral qu'au gouvernement provincial de l'Ontario, les résultats sont tout simplement nuls. Je pourrais même remonter encore plus loin dans le temps, avant 1999, lorsque le gouvernement du Manitoba a dépensé 50 millions de dollars pour un programme de cybersanté, qui, en fin de compte, n'a absolument rien donné.
Le gouvernement fédéral estime que 16 p. 100 des Canadiens auront un dossier médical électronique d'ici peut-être 2010. Le coût, 1,6 milliard de dollars, était censé s'appliquer à tout le pays. Je dois poser une question pour la forme. Comment a-t-on perdu le contrôle de ces programmes? J'appuie depuis toujours avec enthousiasme les projets de dossiers gouvernementaux, médicaux et commerciaux électroniques. En fait, lorsque la mesure législative la plus complète en matière de commerce électronique au pays a été présentée au Manitoba en 2000, c'était moi le député provincial responsable de sa mise en place.
À l'époque, nous tentions de promouvoir le commerce électronique, mais les consommateurs étaient réticents à l'idée de faire leurs achats en ligne. Le commerce électronique en était à ses premiers balbutiements. Je me souviens d'une mesure législative en matière de protection du consommateur, une mesure qui, à ce jour, n'existe qu'au Manitoba, je crois. En vertu de cette mesure législative, lorsqu'un consommateur achète un produit ou un service en ligne et qu'il ne reçoit pas ce produit ou ce service, la compagnie de carte de crédit doit le rembourser. Cette mesure était propre au Canada à l'époque, mais je m'étais inspirée de quelques États américains qui avaient une loi semblable. Il y a dix ans, afin de promouvoir la notion de commerce électronique, nous avons regroupé cette mesure de protection du consommateur et plusieurs autres lois sur le commerce électronique dans un projet de loi omnibus.
Cependant, à l'époque, nous n'aurions jamais pu imaginer ce qui allait se produire au cours des années subséquentes. En fait, nous étions dotés du meilleur système sécurisé par un gouvernement de tout le pays. Nos fonctionnaires étaient tellement bons que, lorsqu'ils ont quitté le gouvernement du Manitoba, nous leurs versions un salaire d'environ 100 000 $ par année, ce qui nous semblait alors excessif. Cependant, l'un d'eux est allé travailler pour la Banque de Montréal et je pense que son salaire annuel était de 300 000 $. Comme il vivait de toute façon à Toronto, il touchait un salaire de 300 000 $ par année tout en pouvant se rendre à pied à son bureau plutôt que d'avoir à prendre l'avion chaque semaine pour se rendre au travail au Manitoba pour un salaire de 100 000 $ seulement. Je veux simplement faire comprendre aux députés à quel point la sécurité du réseau Internet a pris de l'importance à cette époque-là.
Les députés se rappelleront que c'est aussi à cette époque que des virus informatiques ont paralysé le gouvernement de la Colombie-Britannique pendant un jour ou deux. Je pense en fait que seul le gouvernement du Manitoba a été en mesure de résister à toutes ces attaques cybernétiques. Je recevais des imprimés et des rapports non pas quotidiennement, mais aussi souvent que j'en faisais la demande. Ces rapports montraient à combien d'attaques le gouvernement avait dû faire face.
Je crois que n’importe quel député du gouvernement peut s’adresser à ses contacts sur Internet pour obtenir lui-même ces renseignements. Les députés peuvent donc déterminer dans quelle mesure le système du gouvernement est sécurisé. Ils peuvent se renseigner sur le nombre d’attaques, leur type et leur origine. Je crois qu’ils seraient surpris par les résultats. Il est possible que ce soit une bonne surprise si le nombre d’attaques diminue. Je n’ai pas suivi ce dossier d’aussi près que je le faisais ces dernières années.
Lorsqu’il était ici, Reg Alcock était le grand champion du gouvernement électronique. Il faisait avancer ce dossier. Il est évident qu’il avait, à un moment donné, perdu de vue l’affaire des dossiers de santé électroniques parce qu’elle ne donne pas les résultats qu’il aurait pu espérer. Toutefois, sa tête et son cœur étaient bien placés. Il avait certainement exercé des pressions sur le premier ministre Martin au sujet de tout ce dossier de gouvernement électronique, dossier qui a été pratiquement relégué aux oubliettes après l’arrivée du gouvernement conservateur. Ce n’est qu’une hypothèse à ce stade, mais je crois que les conservateurs ont simplement opté pour une politique de retranchement et n’ont pris aucune nouvelle initiative depuis le départ de Reg. J’ai examiné le dossier de la voie protégée, il y a un an et demi, et j’ai constaté que le gouvernement est plus ou moins en train de repenser tout le concept.
Le gouvernement a le devoir de placer ses systèmes et ses services en ligne le plus rapidement possible et de les rendre opérationnels pour que les gens puissent disposer d’un service adéquat. Au Manitoba, les étudiants peuvent présenter leurs demandes de subventions en ligne. Nous ne voulions pas les obliger à faire plus de 150 kilomètres de route, à faire la queue pendant une heure à la Direction de l’aide aux étudiants afin de remplir un formulaire, puis à reprendre le volant pour rentrer chez eux. Nous avons donc mis le formulaire en ligne.
Tous les services du gouvernement devraient être en ligne. Mais ce n’est pas assez. Il faut que le site permette aussi de faire différentes transactions, par exemple payer à l’aide d’une carte de crédit. Les gens seraient beaucoup plus heureux de traiter ainsi avec le gouvernement plutôt que de faire la queue devant les bureaux. Voilà une chose dont je n’entends pas beaucoup parler ces temps-ci. Je crois que nous devrions y penser. J’ai l’intention de poser davantage de questions à ce sujet à l’avenir.
Quel genre de surveillance le projet de loi prévoit-il? J’espère que ce sera plus efficace que dans le cas des dossiers de santé électroniques et d’autres exemples de gâchis gouvernemental.
Je crois que l’examen parlementaire après cinq ans proposé par la commissaire à la protection de la vie privée est une bonne idée. Toutefois, je dois savoir s’il y aura un examen après cinq ans — ce serait une excellente idée — ou même une disposition de caducité après cinq ans, compte tenu de l’évolution rapide de la technologie.
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Madame la Présidente, c'est un plaisir pour moi aujourd'hui de parler au sujet du projet de loi concernant les enquêtes et Internet.
C'est intéressant pour une raison bien particulière. On a vu qu'il y a eu depuis quelques temps, du côté gouvernemental, des dépôts de projets de loi pour faire face à la criminalité, la cybercriminalité et les nouvelles techniques de criminalité. On pense par exemple au projet de loi sur le vol d'identité que le Bloc québécois appuie et au projet de loi que le Bloc québécois appuiera également. Un peu plus tard, je donnerai les raisons pour lesquelles nous appuyons ce projet de loi, mais je vais aussi donner les contre-indications du projet de loi. Cela vient avec la posologie.
Je dois avouer que ce qu'on voit du côté du gouvernement, pour une fois, est intéressant. On sent une volonté de se moderniser, ce qui est assez nouveau de la part d'un parti réformiste conservateur. Normalement, ils sont censés être des dinosaures, mais tout à coup, on sent un regain pour essayer de moderniser certaines lois. Le problème, c'est qu'ils ne sont pas forts dans la subtilité. Parfois, des complications vont survenir et ils ne sauront peut-être pas comment les aborder. C'est pourquoi il sera important d'en débattre longtemps.
On ne peut pas adopter un projet de loi aussi important que celui-ci aussi rapidement. On ne peut pas, en quelques jours, fermer le débat, clore le sujet et tout de suite, adopter ce projet de loi. On aura besoin de temps tant pour analyser que pour regarder les conséquences. Par exemple, si on peut référer ce projet de loi soit au Comité permanent de la justice, soit au Comité permanent de la sécurité publique et nationale, il faudra prendre le temps de parler avec des témoins et de regarder si des amendements intéressants pourraient être apportés.
Je vais avouer que la raison pour laquelle le Bloc québécois appuie ce projet de loi est son importance et le fait que, de plus en plus, le monde s'oriente vers Internet. De plus en plus, des transactions bancaires se font par Internet, ce qui peut amener des fraudeurs sur le réseau. On a, par exemple, une autre grosse problématique avec la pédophilie. En effet, on peut avoir à faire face à l'exploitation de mineurs, l'exploitation d'enfants. On retrouvera cela sur Internet. Au moins, avec une nouvelle loi, on aura de nouveaux outils pour aller chercher ces délinquants sexuels, ces dangereux — si je peux m'exprimer ainsi — pour les attraper le plus rapidement possible et faire un peu de nettoyage face à Internet.
On est tous au courant de la montée fulgurante de l'utilisation d'Internet depuis le milieu des années 1990. L'utilisation qu'on en fait connaît une augmentation constante. Justement, je donnais tout à l'heure deux exemples ayant trait à la cyberpédophilie. L'Internet est donc utilisé à mauvais escient. Il y avait aussi le cas des fraudeurs par Internet. Je ferai un lien avec un sujet dont j'ai discuté la semaine dernière concernant le vol d'identité. Quand on voit l'apparition de sites comme Facebook et compagnie, on voit que de plus en plus de données sont accessibles sur Internet. Bien sûr, cela peut être utilisé à mauvais escient. Avec ce projet de loi, nous aurons au moins des outils pour être en mesure de combattre encore plus vigoureusement ce type de criminalité.
Quand je parlais de problématique, il ne faut pas non plus tomber dans l'autre extrême. C'est là que j'ai une crainte face aux conservateurs, et peut-être plus face à l'aile réformiste et allianciste des conservateurs. Avec ce projet de loi, on peut facilement dépasser les limites. Par exemple, je pense à la Ligue des droits et libertés au Québec. Elle exprimait de vives craintes face à ce projet de loi, étant donné qu'on pourrait utiliser à mauvais escient des informations confidentielles obtenues sur des gens. Ce que la ligue dit, c'est que le gouvernement, lui, doit être transparent, et que la vie privée des gens, elle, doit être protégée.
Déjà là, on a une problématique avec ce projet de loi dont il faudra débattre en comité. Il faudra rencontrer des témoins, faire un travail sérieux, comme le Bloc québécois l'a fait à chaque fois, eu égard au dossier judiciaire. Je ferai un lien avec ce que mon collègue du NPD disait tout à l'heure; nous, au Bloc québécois, avons toujours été smart on crime. Je pense que nous avons l'un des meilleurs porte-parole dans ce dossier en notre collègue, le député de . Il a été ministre de la Sécurité publique au Québec pendant nombre d'années et a été, entre autres, celui qui a combattu le plus vigoureusement la criminalité. On pourrait penser aux Hells Angels, par exemple, à l'époque.
Toute la connaissance et le génie du député de pourrait apporter un éclairage fantastique au comité où on pourrait faire venir des témoins et essayer de trouver des amendements. Ce projet de loi a déjà une bonne consistance, mais il y a du perfectionnement et du peaufinage à faire. Or on sait que je suis perfectionniste. Nous allons devoir apporter des améliorations en comité.
Depuis le début de la journée, j'ai écouté les discours de mes autres collègues. Je ne suis pas seulement perfectionniste, j'ai aussi de l'oreille et je suis à l'écoute. L'un des domaines qu'on pourrait combattre le plus facilement avec ce projet de loi est la cyberpédophilie. Malheureusement, les gens ne font pas que de bonnes utilisations de l'Internet. J'ai été impressionné dernièrement en lisant des statistiques sur l'utilisation de l'Internet. En effet, tout près de 90 p. 100 des sites Internet et des pages Internet sont reliés à la pornographie. Un taux aussi élevé est assez aberrante. On se doute que les cyberpédophiles utilisent allègrement l'Internet pour distribuer des dossiers de pornographie juvénile. Nous avons le devoir de combattre cela avec vigueur, de nous assurer d'éliminer cette atrocité le plus possible, nous sommes tous d'accord sur cela. C'est l'exemple qui revenait le plus souvent dans le cas de ce projet de loi.
Mon collègue d' fait un tout aussi beau travail que celui de en ce qui concerne les dossiers de la justice et de la sécurité publique. Il disait tout à l'heure qu'on pourrait mettre des puces dans les automobiles. Bien souvent, quand on se fait voler une automobile, toutes les pièces sont détachées et envoyées aux quatre coins du monde, ce qui rend la traçabilité extrêmement ardue. Il est très difficile de retrouver intactes l'automobile ou les pièces.
Au moins, on assiste à une modernisation de certaines lois, comme je le disais tout à l'heure. On n'est plus à l'époque des vols de grand chemin et des déraillements de train pour voler des wagons. Les Jesse James et compagnie de ce monde appartiennent au passé. C'était tout de même une époque un peu plus romantique, si on me permet ce commentaire. Tout de même, on voit que les bandits utilisent beaucoup l'Internet de nos jours pour arriver à leurs fins. Les vols de banques deviennent de plus en plus complexes. Ces gens ont une capacité de renouvellement extraordinaire. On m'a toujours dit que le gouvernement était en réaction plutôt qu'en action, mais force est de constater que le gouvernement a enfin décidé d'agir et de présenter ce projet de loi.
Comme je le disais, il sera extrêmement important de transporter ce débat au comité pour pouvoir étudier l'ensemble des facettes du projet de loi. Ma crainte est que les conservateurs veuillent l'adopter trop vite. On l'a vu dans beaucoup trop de sujets touchant la justice. Ils se disent tough on crime. Je ne dirai pas ce que je pense de cette analogie de tough on crime, mais on voit très bien que, dans plusieurs cas, c'est complètement aberrant.
Mon collègue, tout à l'heure, faisait des comparaisons avec les États-Unis. Je pense notamment aux peines minimales que les conservateurs essaient d'enfoncer dans la gorge des partis d'opposition. On voit que les républicains américains les ont essayées et où cela les a amenés.
Le projet de loi C-46 modifie le Code criminel, et ce, notamment, afin de créer le nouveau concept de « transmission de données », élargissant à tout autre moyen de télécommunication les pouvoirs d’enquête actuellement restreints aux données téléphoniques.
Comme je le disais, nous ne sommes plus à l'époque des simples écoutes téléphoniques. Il faut pouvoir regarder tous les échanges de données dans l'Internet. Je veux faire un parallèle. Loin de moi l'idée de m'immiscer dans l'élection qu'il y a présentement au niveau municipal au Québec, mais quand il y a collusion, on constate souvent qu'on a utilisé l'Internet pour procéder aux échanges de données sur l'arrangement des prix.
On voit donc bien que ce n'est plus simplement par téléphone que s'effectuent ce type de conversations malhonnêtes et frauduleuses et ce n'est plus simplement dans de petites pièces sombres. Aujourd'hui, on est rendus à l'époque où, à partir de son bureau, on peut facilement, par le biais d'Internet, commettre des actes frauduleux.
Il crée donc aussi le pouvoir d'exiger la production de données relatives à la transmission de communication; il crée le pouvoir d'exiger la production de données relatives au lieu d'opération de personnes physiques; il crée le pouvoir d'ordonner la préservation de preuves électroniques et de rendre une ordonnance à cet effet; il permet de lancer des mandats assujettis bien sûr aux limitations juridiques, selon les intérêts en cause; et il permet de localiser des opérations, des personnes physiques ou des choses. La police pourra activer à distance des dispositifs de localisation. C'est justement ce type de choses qui peuvent devenir problématiques et qu'il faudra regarder dans la mise en application de ce projet de loi.
Comme je le dis et comme le disait justement la Ligue des droits et libertés, il faut faire attention pour ne pas qu'à un moment donné, le gouvernement lui-même s'en serve à mauvais escient. Loin de moi l'idée de dire que le gouvernement aurait actuellement des idées malsaines. Bien sûr, on a vu ce dont ils sont capables dans certains dossiers. Il permettra aussi de créer une nouvelle infraction assortie d'une peine d'emprisonnement maximale de 10 ans interdisant l'utilisation d'un système informatique comme Internet pour conclure des ententes avec un tiers en vue de l'exploitation sexuelle d'un enfant.
Le projet de loi modifie également la Loi sur la concurrence — c'est ironique, parce que c'est justement ce dont je parlais tout à l'heure avec la collusion qu'il y a sur l'Île de Montréal — afin de rendre applicables certaines dispositions de cette loi conformément aux nouvelles dispositions du Code criminel relatives aux ordres et ordonnances de préservation de données informatiques et ordonnances de communication à l'égard de documents relatifs à la transmission de communication ou à des données financières.
Enfin, le projet de loi modifie la Loi sur l'entraide juridique en matière criminelle afin que certains des nouveaux pouvoirs d'enquête prévus au Code criminel puissent être utilisés par les autorités canadiennes qui reçoivent des demandes d'assistance afin que le commissaire à la concurrence puisse exécuter des mandats de perquisition délivrés en vertu de la Loi sur l'entraide juridique en matière criminelle.
Comme je le disais, le Bloc québécois est en principe favorable au projet de loi , qui vise à permettre aux forces policières d'adapter les techniques d'enquête aux réalités technologiques contemporaines, comme l'utilisation répandue des téléphones cellulaires ou de l'Internet.
Je voudrais faire un lien. Il n'y a pas simplement les criminels qui utilisent ce type de communications, mais il y a aussi les terroristes qui, de plus en plus, utilisent ce type de communications, soit l'Internet ou le téléphone cellulaire, afin de mettre leurs plans à exécution. Nous pourrons donc combattre sur deux tableaux.
Faciliter le travail des policiers lorsqu'on ne porte pas atteinte évidemment aux droits fondamentaux est l'une des avenues que le Bloc québécois a toujours privilégiée pour combattre le crime, et je vais avouer que cela a fait ses preuves au Québec. De même, le Bloc québécois est d'avis que le fait d'augmenter la probabilité de se faire prendre est beaucoup plus dissuasif que le fait d'augmenter les sanctions qui semblent souvent lointaines et abstraites.
Je vais avouer que lorsque je regarde des criminels, peu importe le type de criminel, lorsqu'on les prévient qu'ils auront une peine de 15 ou 20 ans d'emprisonnement, par exemple pour trafic de cocaïne, je constate que ce n'est pas vraiment cela qui va les inquiéter, parce qu'ils regardent le bénéfice qu'ils vont en tirer. Les criminels peuvent bien se dire que cela pourrait être intéressant pour quelques années de vendre de la cocaïne et d'accumuler environ 10 millions de dollars.
Il s'agit donc beaucoup plus d'augmenter la présence policière et d'améliorer leurs outils pour combattre le crime. C'est ce qui aura un véritable effet dissuasif sur les criminels plutôt que de simplement les prévenir qu'ils recevront une peine de 10 ans, parce qu'aucun criminel ne pense se faire attraper jusqu'à ce qu'on se dote des moyens pour les attraper.
Cependant, comme je le disais, ce projet de loi soulève de nombreuses inquiétudes quant au respect de la vie privée, alors que les raisons justifiant ces atteintes ne sont pas démontrées. Compte tenu de l'importance de renforcer les pouvoirs policiers pour faire face aux formes de crime organisé les plus complexes, le Bloc québécois est favorable au principe du projet de loi.
Je tiens à réitérer mon entière confiance envers mes collègues de et et je suis persuadé qu'ils feront un travail extraordinaire, minutieux et exemplaire en comité pour veiller à ce que les intrusions dans la vie privée soient aussi minimes que possible, toujours nécessaires et très bien balisées.
Si on me laisse quelques minutes, je vais peut-être remettre le tout en contexte et rappeler un peu d'où vient l'esprit du projet de loi. Tout cela provient de la Convention sur la cybercriminalité qui est à l'origine des projets de loi et , que nous étudierons un peu plus tard. Le présent projet de loi s'en inspire d'ailleurs largement. Cette convention a été élaborée par le Conseil de l'Europe avec la participation active du Canada, des États-Unis, du Japon et de l'Afrique du Sud.
Aux termes de son préambule, le traité a pour objectif de poursuivre une politique pénale commune destinée à protéger la société contre le cybercrime, notamment par l'adoption d'une législation appropriée et la stimulation de la coopération internationale. Il s'articule plus précisément autour de trois axes de réglementation, soit l'harmonisation des législations nationales, l'établissement de moyens adaptés pour faciliter la conduite des enquêtes et les poursuites pénales sur les réseaux électroniques et, enfin, la mise en place d'un système de coopération internationale rapide et efficace.
Justement, à propos de la cybercriminalité et d'Internet, la raison pour laquelle on utilise les lettres www, c'est pour World Wide Web. On sait pourquoi, c'est parce que c'est vraiment à travers la planète. Donc, un criminel peut facilement être basé en Afrique du Sud et commettre ses coups au Canada ou en Europe. De là toute l'importance de pouvoir travailler en coopération, au niveau multilatéral avec les autres pays pour, ensemble, se donner des moyens et ensemble, avoir une collaboration pour arrêter ces criminels.
Afin d'harmoniser les législations nationales, les conventions internationales contre la cybercriminalité répertorient les infractions en quatre grandes catégories. On a d'abord les infractions liées à la sécurité des réseaux, soit l'atteinte à la confidentialité, l'intégrité, la disponibilité des données ou du système. Il y a aussi les infractions informatiques, soit la falsification et la fraude, ensuite les infractions qui se rapportent au contenu, soit la pornographie infantile, comme je le disais tout à l'heure. Enfin, on retrouve les infractions portant atteinte à la propriété intellectuelle et aux droits connexes, comme la reproduction illégale d'oeuvres protégées. Par ailleurs, pour les infractions relatives à la diffusion d'idées à caractère raciste et xénophobe et au trafic d'êtres humains à travers les réseaux, il est prévu un protocole additionnel.
Pour faciliter les procédures d'enquête et les poursuites dans le cyberespace, la convention prévoit une série de dispositions que les États signataires devront adopter. Ces mesures visent notamment à ordonner la conservation, la perquisition, la saisie et l'interception des données stockées dans un système informatique. Enfin, dans le but de favoriser la coopération internationale, les États signataires pourront agir pour le compte d'un autre pays dans la recherche de preuves électroniques. Cette possibilité n'autorisera pas les pays à mener des enquêtes, des procédures ou des perquisitions transfrontalières, mais un réseau de points de contact sera instauré pour prêter une assistance permanente et immédiate aux investigations en cours. On voit là l'importance, comme je le disais, d'avoir une coopération multilatérale sur ce sujet.
Je donnais l'exemple d'un criminel qui peut très bien envoyer des données, ou commettre des infractions au Code criminel, à partir de l'Afrique du Sud, à destination du Canada. Donc, loin de nous l'idée d'aller l'arrêter directement en Afrique du Sud, mais bien sûr, si au moins on est capables de donner les informations aux autorités locales, de leur transmettre ces données, on aura beaucoup plus de chances de pouvoir l'intercepter.
Donc, la Convention sur la cybercriminalité est l'aboutissement d'un long processus. Commencé en 1995, il a fait l'objet de 27 versions antérieures. En effet, il a fallu tenir compte des réticences de plusieurs associations d'utilisateurs qui alléguaient l'existence d'un risque sérieux d'atteintes à la protection de la vie privée.
La présidence m'indique qu'il ne me reste plus de temps. C'est malheureux car j'aurais pu en parler encore pendant des heures. Je sais que j'aurais de très bonnes questions de la part de mes collègues et il me fera plaisir de leur répondre.