Que, de l’avis de la Chambre, la reconnaissance que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni comprend notamment, pour le Québec, le droit de s’assurer que les immigrants qui arrivent au Québec doivent apprendre le français d'abord et avant tout.
— Monsieur le Président, dans un premier temps, je tiens à faire remarquer que je vais partager mon temps avec mon ami et collègue le député de .
Le jugement récent, de la semaine dernière en fait, de la Cour suprême du Canada sur la langue d'instruction au Québec a de nouveau ouvert un débat sur la capacité d'assurer la protection et l'épanouissement du français au sein du Canada.
Rappelons que depuis les années 1960, il y a eu plusieurs tentatives pour diriger les nouveaux arrivants vers les écoles françaises afin de faire du français la langue commune au Québec.
Après l'échec retentissant de la liberté de choix proposée par l'Union nationale il y a exactement 40 ans, en 1969, c'était au tour des libéraux de Robert Bourassa de faire une tentative avec la loi 22, en 1974. Les images d'enfants en pleurs, en train de subir des tests linguistiques afin de répondre aux critères de cette loi qui visait les enfants ayant une connaissance suffisante de l'anglais pour aller à l'école anglaise, ces images, donc, ont conduit à l'abandon de cette loi.
On est passé de la liberté de choix à une connaissance suffisante de l'anglais, et on a finalement abandonné cela avec trois gouvernements successifs. Je ferai remarquer que le dossier linguistique et celui de la langue d'instruction au Québec ont fait partie de la défaite de l'Union nationale en 1970 et de la défaite du gouvernement Bourassa en 1976. C'est en 1977, à la faveur de la Charte de la langue française, donc de la loi 101 proposée par le Dr Camille Laurin du gouvernement Lévesque, qu'on a vu le changement qui est sur la table aujourd'hui.
À la place des tests linguistiques hautement subjectifs de la loi 22 — il faut bien retenir ce terme car il reviendra plusieurs fois —, on proposait des critères très objectifs. La clause Québec de la loi 101 restreignait notamment l'accès à l'école anglaise aux enfants dont au moins un des parents avait lui-même fait ses études en anglais au Québec.
Puis, à la suite du rapatriement unilatéral de le Constitution du Canada sans le consentement du Québec, on a vu cette clause Québec remplacée par une clause Canada qui ouvrait l'accès à l'école anglaise aux enfants dont un des parents avait fait ses études primaires en anglais au Canada, ou encore dont l'un ou l'autre des frères ou soeurs recevait ou avait reçu son instruction en anglais.
Si ce changement pour la clause Canada pouvait se comprendre dans le cadre de la nécessaire mobilité intérieure d'un même pays, c'est ce dernier bout, le dernier élément concernant les frères et soeurs qui vient tout fausser en raison d'un jugement dépourvu de réalisme de la Cour suprême du Canada.
Dorénavant, il suffirait d'avoir assez d'argent pour payer l'école anglaise privée non subventionnée à l'un de ses enfants pour qu'une famille immigrante puisse envoyer l'ensemble de ses enfants à l'école publique anglaise au Québec.
Ce jugement est donc autant une erreur monumentale socialement, réservant aux immigrants fortunés la possibilité de s'acheter un droit, qu'il est mal avisé constitutionnellement.
Les sept juges peuvent bien parler du bout des lèvres de l'importance de protéger le français au Québec, dans les faits, ils anéantissent cette possibilité. Le jugement renvoie la balle au Parlement du Québec pour trouver une solution. Cependant, j'ai siégé à la Commission d'appel sur la langue d'enseignement en plus d'avoir travaillé comme avocat au Conseil supérieur de la langue française et chez Alliance Québec, et je sais qu'il sera à toutes fins pratiques impossible de soupeser la bonne foi de chaque famille immigrante et de faire, comme la Cour suprême le demande, une évaluation qualitative globale pour déterminer si le parcours scolaire anglophone — ce sont exactement les termes utilisés — de leurs enfants est authentique ou pas. C'est totalement absurde.
À moins de protéger la capacité du Québec de diriger les enfants immigrants vers l'école française, tout cela est un coup d'épée dans l'eau. C'est pour cela que j'incite tous les députés de ce Parlement à appuyer notre motion d'aujourd'hui.
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Monsieur le Président, croyez-le ou non, il restait environ six minutes à mon allocution.
Regardons, dans les faits, ce que demande la Cour suprême. Cela se passe de commentaires. Ce que je lisais tout à l'heure, c'est une évaluation globale du cheminement de l'enfant au cas par cas. C'est le paragraphe 29 de la décision de la Cour suprême. Imaginez!
Dans mes remarques liminaires, j'ai mentionné que j'avais déjà siégé comme commissaire à la Commission d'appel sur l'accès à l'enseignement au Québec. Imaginez ce que cela va représenter. Ils disent, dans le jugement, qu'il faut évaluer chaque cas de chaque enfant et qu'il faut évaluer chaque cas de chaque école pour savoir si c'est une école passerelle ou tremplin. Ils utilisent différents termes pour les décrire.
Si les gens cherchent à comprendre ce dont il s'agit, rappelons que, du bout des lèvres, la Cour suprême a dit que la langue française au Québec était une bonne idée puisque cela fait partie du Canada. Par contre, le constituant — le mot code de la Cour suprême pour dire Jean Chrétien et Pierre Trudeau — a décidé, en 1982, que le paragraphe 23(2) de la Charte canadienne aurait préséance sur la Charte de la langue française. Cela transpire à plusieurs reprises tout au long du jugement.
Restons à l'intérieur du jugement, mot à mot. Regardez ceci, au paragraphe 30: « L'article 73 CLF [...] ». Alors, si vous voulez voir un petit détail qui trahit le fond de la pensée de la Cour suprême, pensons à « CLF ». C'est ainsi que c'est écrit dans le texte. Ça, c'est la Charte de la langue française. Les tribunaux ont déjà dit au Québec que c'est une loi quasi constitutionnelle. Mais, ici, cela ne porte que des initiales, comme si c'était la Ligue canadienne de football. On dit: « [...] CLF entend aménager la mise en oeuvre des garanties [...] ». Donc, la CLF, la Charte de la langue française, c'est de l'aménagement. C'est comme si c'était un jardinier en train de faire de l'aménagement paysager. Il s'agit de la langue. Le Québec est la seule province canadienne avec une majorité de francophones qui a besoin de protéger cette langue. Regardez le reste, c'est la même phrase. On dit: « [...] la mise en oeuvre des garanties constitutionnelles que prévoit [...] ». Il y a donc des garanties. Où? Dans la Charte canadienne, c'est écrit en toutes lettres. Quelle belle démonstration de préjugés de fond.
La CLF fait de l'aménagement, mais la Charte, elle, confère des droits. Regardons davantage. Au paragraphe 31, il est dit: « Comme je l'ai souligné plus haut, les al. 2 et 3 de l'art. 73 CLF interdisent toute reconnaissance des parcours scolaires [...] ». Donc, on ne peut pas les regarder ni qualitativement ni quantitativement. Il faut regarder chaque cas de chaque enfant, au cas par cas. Il faut analyser chaque école, une à la fois, au cas par cas, pour déterminer si c'est une école passerelle ou non. Ils vont jusqu'à analyser les publicités des écoles. C'est beau!
Selon le paragraphe 32, « La protection accordée par la Charte canadienne n'établit aucune distinction entre le type d'enseignement [...] [privé ou public], [...] compte tenu de l'ensemble de la situation de l'enfant et selon une analyse à la fois subjective et objective de son parcours. » Tenez-vous bien. C'est chaque enfant, au cas par cas, qualitativement, quantitativement et, finalement, on doit regarder cela en termes objectifs et en termes subjectifs. C'est ce que l'on fera au cas par cas, grâce à la Cour suprême du Canada. « Cette interprétation [selon la cour] rejoint d'ailleurs l'objectif premier du par. 23(2) [de la Charte canadienne] [...] ».
Mais il y a plus. Passons maintenant au paragraphe 36: « Les écoles dites « passerelles » semblent parfois des institutions créées dans le seul but de qualifier artificiellement des enfants pour l'admission dans le système d'éducation anglophone [...] ». Un peu plus loin dans le même paragraphe, on dit: « Encore faut-il examiner la situation de chaque institution, ainsi que la nature et le comportement de sa clientèle. Aussi, si délicate que puisse être cette tâche, seule une telle approche permettra de respecter [la Charte] [...] ». C'est ce à quoi on est conviés.
Regardons bien, au paragraphe 38, l'ordre d'importance: « La Loi 104 [la loi attaquée dans le jugement] comportait deux objectifs principaux. D'une part, elle visait à régler le problème des écoles passerelles [...] D'autre part, et de façon plus générale, elle cherchait à protéger la langue française [...] ». Il me semble que la protection de la langue française était la première chose visée. Pour eux, cela vient après et c'est plus général. Cela démontre encore un état d'esprit.
Finalement, regardons ce qui se passe au paragraphe 44, qui est de toute beauté. Le juge y dit que si c'est six mois ou douze mois dans une école passerelle, ce n'est peut-être pas assez pour acheter le droit. En clair, ce qu'ils disent, c'est que si vous avez les 15 000 $ à 20 000 $ par année que ça coûte pour envoyer un enfant à une école privée non subventionnée, ce n'est pas assez d'acheter une année.
Il donne la carte routière là. On n'a qu'à en acheter deux et tous les enfants d'une personne peuvent rester à l'école anglaise.
À moins de donner un sens réel à la reconnaissance du Québec comme nation, ce jugement constituerait une brèche impossible à colmater dans un effort d'aménagement linguistique qui dure depuis des décennies.
Malheureusement, pour tous ceux d'entre nous qui avons toujours jusqu'ici travailler pour assurer la place du Québec au sein du Canada, ce jugement constitue une relique du passé et une puissante arme pour ceux qui croient qu'il est temps de quitter le pays.
Il faut appuyer notre motion pour rétablir les faits et permettre au Québec de faire ce qu'il a toujours voulu faire, soit de s'assurer que les nouveaux arrivants qui choisissent le Québec, qui sont libres d'aller ailleurs, vont d'abord et avant tout apprendre la langue commune des Québécoises et des Québécois, c'est-à-dire la langue française.
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Monsieur le Président, je remercie mon collègue d' pour avoir présenté aujourd'hui cette motion.
La motion dit ceci:
Que, de l’avis de la Chambre, la reconnaissance que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni comprend notamment, pour le Québec, le droit de s’assurer que les immigrants qui arrivent au Québec doivent apprendre le français d'abord et avant tout.
[Français]
Malheureusement, je ne parlerai pas en français pendant mon discours parce que je n'ai pas avancé au niveau requis pour le faire.
[Traduction]
Je parlerai donc en anglais et je le ferai à titre de député de Terre-Neuve-et-Labrador.
Nous, Terre-Neuviens, comprenons ce qu'il faut pour faire partie du Canada malgré des différences marquées. Nous avons intégré la Confédération en 1949 et nous nous interrogeons nous aussi sur notre place au sein du Canada. En fait, la commission royale qui s'est penchée sur les rapports qu'entretient Terre-Neuve-et-Labrador avec le Canada se nommait « Our Place in Canada », soit notre place au sein du Canada. Cette commission a examiné toutes les préoccupations et les doléances qui pouvaient être exprimées à ce sujet.
Nous comprenons le caractère unique du Québec, tout comme nous comprenons celui de Terre-Neuve-et-Labrador. Par contre, je suis également un citoyen canadien qui se préoccupe de l'avenir et de l'unité du pays. Je voudrais livrer quelques réflexions sur l'importance de cette motion et de l'avenir des droits linguistiques des francophones au Québec pour l'unité du pays.
Je me souviens très bien — et je suis certain que les députés s'en souviennent, de même que les gens de partout au pays qui nous écoutent — des événements de 1995 lorsque, quelques jours seulement avant le référendum, des milliers et des milliers de Canadiens des quatre coins du pays se sont rendus à Montréal pour exprimer leur souhait que le Québec continue de faire partie du Canada. Nous voulons faire en sorte que le Québec reste à l'intérieur du Canada et que les Québécois reconnaissent que leur avenir réside au sein d'un Canada uni.
Pour ce faire, il est essentiel que l'on estime que les Québécois peuvent continuer de survivre dans un Canada uni et qu'ils sont en mesure de protéger la vitalité de la langue et de la culture françaises. Un aspect essentiel dans tout cela est bien sûr la question de la loi sur la langue elle-même. Nous ne voulons pas que la langue française se dilue au Québec par suite de vagues d'immigration et de générations successives d'immigrants et il est évident que le Québec se doit de prendre de telles mesures pour préserver sa langue et sa culture.
En fait, mon collègue d' a décrit certains de problèmes et des tentatives effectuées au cours des ans et il a étudié de près la décision rendue par la Cour suprême du Canada. Cette décision fait l'objet de critiques importantes, mais je tiens à souligner deux choses que la Cour suprême a dites et que j'appuie entièrement.
La cour s'est penchée sur les objectifs législatifs de la loi 104, le premier étant de tenter de résoudre les problèmes causés par les efforts en vue de contourner la loi sur la langue, et le second étant de protéger et de promouvoir la langue française au Québec. La Cour suprême du Canada a dit, en termes juridiques, que ces objectifs législatifs étaient valables. Autrement dit, le gouvernement du Québec a tout à fait le droit d'entreprendre de telles activités ainsi que de protéger et de promouvoir la langue française au Québec.
On peut lire ce qui suit au paragraphe 40 de la décision:
Notre Cour s’est d’ailleurs prononcée à plusieurs reprises sur l’importance de l’éducation et de l’organisation des écoles pour la préservation et l’épanouissement d’une langue et de sa culture.
Dans la décision, on cite également un rapport de l’Office québécois de la langue française, avec son approbation. Le rapport est intitulé Rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec 2002-2007. Voici le passage en question.
Tant à l’échelle canadienne que nord-américaine, le français et l’anglais n’ont pas le même poids et ne sont pas soumis aux mêmes contraintes d’avenir. La pérennité de l’anglais au Canada et en Amérique du Nord est quasi certaine. Celle du français au Québec, et particulièrement dans la région de Montréal, dépend encore, dans une large mesure, de sa rencontre avec l’anglais et demeure tributaire de divers facteurs tels que la fécondité, le vieillissement de la population, les migrations inter et intraprovinciales et les substitutions linguistiques.
C'est très clair. La Cour suprême cite cet extrait avec approbation pour reconnaître l'importance de ce fait. Il est très clair que la Cour suprême du Canada, le plus haut tribunal de notre pays, le reconnaît. Nous pourrions débattre de la décision elle-même, et mon collègue et savant confrère avocat peut très bien le faire, mais la Cour suprême a suspendu l'application de cette décision afin de permettre à l'Assemblée nationale du Québec de rédiger une nouvelle loi qui permettrait d'atteindre les mêmes objectifs, mais d'une façon différente. J'espère que l'Assemblée nationale pourra le faire au cours de la prochaine année, et je suis impatient de voir les résultats.
Quoi qu'il en soit, selon moi, il importe que tous les Canadiens, d'un bout à l'autre du pays, comme on dit, de Vancouver ou de Victoria jusqu'au Nunavut et aux Territoires du Nord-Ouest, comprennent que la diversité canadienne renferme un Québec fort et indispensable, qui a le français comme langue première.
Je dois dire que cela est important pour moi. J'ai trois enfants et ils participent à un programme d'immersion en français. Malheureusement, je n'ai pas pu faire comme eux. On parle les deux langues officielles au Québec. L'Ontario, l'Alberta et le Manitoba ont des populations francophones importantes. Je crois que le soutien de ces populations de même que le dynamisme de la langue et de la culture qu'elles ont en commun avec les Québécois dépendent du Québec et de sa dynamique culture francophone. Nous reconnaissons cela.
Cela ne veut pas dire que nous devons être obligés de parler français. On n'entend plus les plaintes qu'on entendait il y a 30 ou 40 ans, lorsqu'on disait qu'on nous imposait le français sur les boîtes de céréales. C'était insensé. Cette époque est révolue.
Mon collègue d'Outremont sourit. Il n'est peut-être pas assez âgé pour se rappeler cette époque. C'était le type de plaintes qu'on entendait dans les années 1960, lorsqu'on a commencé à parler de bilinguisme et de biculturalisme. Cette époque est bel et bien révolue. D'ailleurs, bon nombre de Canadiens envient certains pays d'Europe où il n'est pas rare que les gens parlent deux, voire trois langues.
Je me souviens d'avoir voyagé en Europe lorsque j'étais étudiant, comme me l'a rappelé un collègue de la Nouvelle-Écosse. Je me souviens d'avoir rencontré des étudiants hollandais qui parlaient anglais, hollandais, allemand et français. Cela faisait partie de leur mode de vie, surtout si leurs études et leurs loisirs les mettaient en contact avec diverses cultures et diverses langues. Cela m'émerveillait. Pour eux, c'était dans l'ordre des choses.
Au Canada, nous sommes à une époque où nous pouvons respecter et reconnaître non seulement le droit, mais je pense que je peux aller plus loin et dire aussi le devoir de la province et du gouvernement du Québec de promouvoir et de protéger la langue française et de trouver des façons de le faire, particulièrement dans le domaine de l'immigration.
Lorsque les gens viennent au Canada, ils ont le choix. Ils peuvent s'établir à Toronto. Ils peuvent s'établir à Terre-Neuve-et-Labrador, et nous les accueillerons. Toutefois, s'ils choisissent de s'établir au Québec, il est raisonnable qu'un règlement exige que leur langue d'enseignement soit le français. S'ils veulent apprendre l'anglais aussi, tant mieux. Ils pourraient être trilingues et parler leur langue d'origine, le français et l'anglais. Ils peuvent venir et apprendre à parler le français et l'anglais et être encore mieux en mesure de fonctionner Canada.
Pour résumer, j'appuie cette motion. Je remercie le député de l'avoir présentée. Il est important que nous, parlementaires, comprenions le Québec et le rôle vital que jouent cette province et son gouvernement, mais aussi que nous essayons d'expliquer aux gens des autres régions du pays, de notre circonscription, de notre province, à quel point cela est important pour notre pays. Je ne veux pas d'un autre référendum sur la séparation. Si nous lui reconnaissons ces droits, je pense que le Québec aura sa place au sein d'un Canada uni.
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Monsieur le Président, la motion devant la Chambre propose:
Que, de l’avis de la Chambre, la reconnaissance que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni comprend notamment, pour le Québec, le droit de s’assurer que les immigrants qui arrivent au Québec doivent apprendre le français d'abord et avant tout.
J'appuie l'idée derrière la motion, à savoir que les nouveaux arrivants doivent s'intégrer en apprenant une de nos langues officielles, et au Québec, surtout la langue française.
En fait, je crois qu'en proposant cette motion, le NPD a repris, par inadvertance peut-être, un argument que je répète depuis que je suis devenu ministre de la Citoyenneté, de l’Immigration et du Multiculturalisme l'année dernière. En effet, j'ai beaucoup parlé du caractère essentiel de l'apprentissage d'une de nos langues officielles pour la réussite des nouveaux arrivants et de mes préoccupations relativement au fait que seulement le quart des nouveaux arrivants ont recours à la formation linguistique gratuite offerte par les organismes d'aide à l'établissement partout au Canada.
La collaboration avec les provinces pour accroître la participation des immigrants au Programme d'aide à l'établissement des nouveaux arrivants, dont une importante partie est consacrée à l'enseignement des langues officielles, le français et l'anglais, constitue une priorité du gouvernement fédéral établie dans le discours du Trône de 2008.
Effectivement, il ne s'agit pas que d'une priorité. C'est un aspect dans lequel nous avons investi. En effet, depuis que nous formons le gouvernement, soit depuis 2006, on a presque triplé les investissements fédéraux dans la formation linguistique pour les services d'établissement. Cela comprend entre autres les augmentations importantes des transferts au gouvernement du Québec pour la formation linguistique pour les nouveaux immigrants. Au Québec, évidemment, ce sont des services en français.
[Traduction]
J'ai souvent répété qu'il est important d'encourager les nouveaux arrivants à apprendre, dans la mesure où le temps et les ressources le permettent, l'une des langues officielles ou, encore mieux, les deux. Tous les renseignements et les données que nous possédons nous indiquent que le plus important facteur dont dépend le succès de l'immigration est la capacité de parler une des langues officielles.
[Français]
Évidemment, il est toujours possible pour les immigrants de réussir dans notre société avec une connaissance limitée des langues officielles, mais c'est beaucoup plus facile de s'intégrer sur le plan économique, dans le marché de la main-d'oeuvre, culturellement et dans notre société si on peut s'exprimer en français ou en anglais. Évidemment, au Québec, cela se fait dans la langue du Québec, soit la langue française.
Beaucoup de données ont indiqué que si nous voyons un taux de chômage beaucoup plus élevé chez les immigrants au Canada, c'est à cause de leur connaissance limitée de nos langues officielles. Cela m'inquiète en tant que ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration. Je veux voir réussir les immigrants au Canada. Ils viennent ici pour réussir sur le plan économique. Nous sommes très conscients qu'ils ont plusieurs défis à relever. Par exemple, les nouveaux arrivants oeuvrant dans des domaines professionnels réglementés doivent faire reconnaître leurs diplômes étrangers. Notre gouvernement a agi à cet égard en créant le Bureau d’orientation relatif aux titres de compétences étrangers, en investissant plus de 30 millions de dollars et en octroyant un budget de plus de 50 millions de dollars au ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences pour aider les organismes qui travaillent avec les immigrants afin d'accélérer la reconnaissance des diplômes étrangers.
C'est la raison pour laquelle le a démontré un leadership important et historique en janvier dernier, quand il a proposé aux premiers ministres des provinces une entente pour créer un cadre pour la reconnaissance des diplômes étrangers. Je crois qu'il y aura une annonce importante à ce sujet prochainement.
Cela veut dire que nous travaillons avec impatience pour améliorer le succès, le résultat économique, l'accès au marché de la main-d'oeuvre des immigrants au Canada. Mais on doit toujours mettre l'accent sur l'importance des compétences linguistiques.
Nous formons le gouvernement, et notre dernier Parlement a voté en faveur de la reconnaissance du fait que les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni. Nous reconnaissons ainsi des caractéristiques particulières du Québec, à savoir son histoire, ses traditions et le fait qu'il s'agit d'une société francophone.
Des gens de partout au monde viennent au Québec et au Canada. Ils arrivent de plus de 200 pays d'origine. Nous sommes ouverts. L'une des plus grandes caractéristiques nationales des Canadiens, donc des Canadiens français, est leur esprit d'ouverture envers les autres. C'est la raison pour laquelle nous gardons le niveau d'immigration le plus élevé dans le monde développé de façon relative. Cela veut dire que 0,8 p. 100 de notre population est formée de résidents permanents par année. De plus, il y a encore 250 000 résidents temporaires. Ce sont notamment des étudiants.
Avec un tel niveau d'immigration — je crois que le Québec accepte environ 54 000 de ces nouveaux arrivants —, il faut mettre l'accent sur l'importance de l'intégration. Je ne parle pas d'assimilation culturelle, je parle d'intégration positive. En effet, nous ne voulons pas créer des communautés parallèles, des communautés dans lesquelles les jeunes grandissent dans des cultures qui ressemblent davantage à celles des pays d'origine de leurs parents qu'à celle du Canada. On veut donner aux jeunes, aux enfants des immigrants, toutes les occasions économiques, sociales et culturelles. Or la clé, la porte de toutes les possibilités, c'est la langue, et au Québec, c'est la langue française.
Ce week-end, j'ai assisté à 16 événements de plusieurs communautés culturelles dans la grande métropole de Montréal. J'ai visité des communautés musulmane, juive et moyen-orientale, ou d'origine asiatique, africaine et caraïbe. Ce n'est pas un succès total, mais je suis quand même vraiment impressionné par le succès du modèle québécois canadien, surtout auprès des jeunes. Je suis vraiment impressionné par le nombre d'enfants d'immigrants qui ont appris le français, qui utilisent le français comme première langue ou comme langue seconde. Parfois, leur première langue est la langue de leur patrimoine, celle de leurs parents. C'est vraiment impressionnant.
En ce sens, j'appuie l'esprit de cette motion. J'ai certaines inquiétudes. Il faut être clair, selon l'entente Canada-Québec sur l'immigration de 1991, la formation des immigrants est une responsabilité qui relève du gouvernement provincial, et nous respectons cette entente.
Je travaille de près avec mon homologue, la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles du Québec, Mme Yolande James, qui fait un bon travail. Je peux dire qu'au début de cette entente, en 1991, le fédéral a versé au gouvernement du Québec 90 millions de dollars pour investir dans les services d'établissement et la formation linguistique en français. Cette année, en 2009, nous versons 234 millions de dollars au Québec pour les mêmes services, et l'année prochaine, notre gouvernement fédéral donnera davantage au Québec, soit 254 millions de dollars, un quart de milliard de dollars, pour donner de la formation en français aux nouveaux arrivants et pour fournir les autres services d'établissement.
Nous donnons donc un appui concret afin d'atteindre le but que nous voyons dans la motion de l'honorable député d'.
J'aimerais insister sur le fait qu'on ne doit pas seulement parler de l'importance de la formation linguistique en français pour les nouveaux arrivants au Québec, on doit plutôt parler de l'obligation d'aider les nouveaux arrivants partout au pays, dans n'importe quel coin du Canada, à apprendre une de nos langues officielles.
[Traduction]
Dans le même esprit que la motion, le Canada peut faire en sorte que les immigrants aient d'abord et avant tout à apprendre l'anglais ou le français; évidemment, au Québec, la prépondérance va au français.
Je suis inquiet de voir qu'un quart seulement des nouveaux immigrants s'inscrit aux cours de langue gratuits qui leur sont offerts et dont le gouvernement a triplé le financement. C'est la raison pour laquelle nous cherchons de nouvelles façons innovatrices de leur faire profiter de ces programmes, de leur donner la possibilité, par exemple, d'utiliser des bons.
Il y a deux semaines, j'ai fait l'annonce d'un projet pilote en Nouvelle-Écosse, en Ontario et en Alberta. Nous remettrons à 2 000 nouveaux arrivants des bons correspondant à une somme allant jusqu'à 500 heures de formation linguistique dans une école dûment enregistrée et accréditée où ils pourront les échanger.
Nous tentons de mieux faire connaître les services linguistiques que nous offrons aux nouveaux arrivants pour rendre les organismes d'aide à l'établissement des immigrants plus attentifs à leurs besoins particuliers, pour créer une saine concurrence et pour augmenter la participation aux cours de langue que nous offrons.
[Français]
Je sais qu'au Québec, le taux de participation des nouveaux immigrants à la formation en français est un signe de succès, mais on doit travailler ensemble pour faire davantage. Je suis d'accord avec le député d', le gouvernement fédéral a la responsabilité de travailler avec le Québec pour s'assurer que les fonds qu'il investit dans les services d'intégration sont vraiment dépensés pour ces services et ne sont pas mis dans les autres services gouvernementaux. Je répète que nous versons un quart de milliard de dollars spécifiquement pour les services aux immigrants.
[Traduction]
J'espère que cette motion permettra d'engager un débat plus général à la Chambre et au Canada sur l'importance de la langue dans l'intégration réussi des nouveaux arrivants. Le Compass Research Group a effectué un sondage intéressant récemment auprès de certains employeurs pour le compte d'un des organismes qui emploie des immigrants. On leur a demandé pourquoi ils choisissaient d'embaucher ou non des immigrants. Leur principale préoccupation était les aptitudes linguistiques de ces immigrants.
C'est pourquoi nous voulons sincèrement que les nouveaux arrivants réussissent à s'intégrer ici et pourquoi nous leur offrons des services supplémentaires. C'est pourquoi également qu'ils doivent faire un véritable effort pour apprendre une de nos deux langues officielles. Le seul programme du système d'immigration canadien qui oblige les immigrants à posséder certaines aptitudes linguistiques en français ou en anglais est le Programme des travailleurs qualifiés.
[Français]
Évidemment au Québec, pour obtenir un certificat de sélection du Québec, il faut avoir une certaine compétence en français. Toutefois, en ce qui a trait au programme fédéral relatif aux travailleurs qualifiés, il faut avoir un certain niveau de français ou d'anglais.
[Traduction]
Par contre, pour d'autres catégories d'immigrants, comme ceux du programme de réunification des familles, et pour les personnes protégées, comme les réfugiés qui viennent s'établir ici et les demandeurs d'asile au Canada, il n'y a aucune exigence linguistique. Je tiens à souligner que la Loi sur la citoyenneté précise que les nouveaux citoyens canadiens doivent parler une de nos deux langues officielles, à moins qu'ils ne soient âgés de moins de 18 ans ou de plus de 55 ans.
[Français]
Je crois que cela est vraiment important. C'est une obligation légale que j'ai soulignée. Ce qui m'inquiète, c'est que j'ai rencontré certains nouveaux citoyens canadiens âgés entre 18 ans et 55 ans qui ne m'ont pas semblé parler ni français ni anglais. Selon moi, ça, c'est un problème. Je crois qu'il doit y avoir une norme cohérente.
[Traduction]
Nous devons avoir une norme uniforme. Je ne crois pas qu'il est juste d'accueillir des gens dans notre communauté et de leur accorder tous les droits et toutes les responsabilités de citoyens sans exiger qu'ils aient des compétences de base dans l'une de nos deux langues parce que cela restreindrait gravement leur capacité d'évoluer au Canada.
Je ne crois pas que c'est faire preuve de trop de dureté à leur égard. C'est un message d'espoir et d'ambition pour les nouveaux arrivants. En effet, les parents comprennent que les professeurs qui font passer des élèves à l'école primaire et à l'école secondaire, même s'ils ne savent pas lire ou écrire, ne leur rendent pas service. J'ai également fait savoir à la Commission de la citoyenneté que je m'attendais pleinement à ce que nos juges et fonctionnaires s'assurent que les exigences linguistiques de la Loi sur la citoyenneté sont appliquées systématiquement aux personnes qui doivent être capables de communiquer en anglais ou en français afin de devenir citoyens.
[Français]
C'est la raison pour laquelle j'espère qu'on créera un nouveau guide de la citoyenneté, un nouveau livre pour les citoyens qui donnera plus d'information sur l'histoire, les symboles, les pratiques démocratiques et les valeurs canadiennes.
Il faut s'assurer que les nouveaux Canadiens comprennent complètement nos traditions, notre mode de vie, nos institutions et nos pratiques démocratiques. Quand je regarde l'actuel guide de la citoyenneté, il n'y a presque aucune information en ce qui concerne l'histoire de la Confédération, l'histoire des Canadiens dans les guerres du dernier siècle, la formation de nos institutions démocratiques parlementaires selon la tradition britannique, l'importance de la fondation de la civilisation française en Amérique du Nord. Il n'y a presque pas de renseignements là-dessus dans le guide de la citoyenneté. C'est la raison pour laquelle nous sommes en train de faire une réforme de tous les outils et de toute l'information dans le guide pour les nouveaux citoyens afin de s'assurer qu'ils comprennent vraiment d'où nous venons en tant que Canadiens.
[Traduction]
Toutes les fois que je parle aux cérémonies de citoyenneté, je dis toujours aux néo-Canadiens que, lorsqu'ils deviennent citoyens de notre pays, notre histoire devient la leur. Ils font eux aussi partie de cette merveilleuse histoire, qui a commencé il y a des milliers d'années avec les Premières nations et il y a des centaines d'années avec l'arrivée de la civilisation européenne. Cette histoire leur appartient à eux aussi maintenant. Ils partagent avec nous nos épreuves et nos réalisations. Ils sont confrontés à de nombreux problèmes importants, mais notre gouvernement est là pour les aider à surmonter ces problèmes. Nous croyons qu'une façon de le faire est de les aider à apprendre l'une ou les deux langues de notre pays.
[Français]
J'aimerais donc remercier et féliciter l'honorable député d' de sa motion. Je suis impatient de travailler avec lui pour développer des façons concrètes d'améliorer la connaissance de nos langues officielles de nos nouveaux immigrants canadiens et, surtout au Québec, leur connaissance de la langue française.
:
Monsieur le Président, je commencerai mon allocution en lisant la motion présentée par le député d', parce que je pense qu'elle mérite d'être lue.
Que, de l’avis de la Chambre, la reconnaissance que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni comprend notamment, pour le Québec, le droit de s’assurer que les immigrants qui arrivent au Québec doivent apprendre le français d'abord et avant tout.
Voilà une motion dont le contenu est tout à fait évident. Plus particulièrement, cette motion n'a tout simplement pas besoin d'être adoptée par le Parlement du Canada, et encore moins celui de recevoir l'approbation des députés fédéraux pour qu'elle devienne possible et légitime aux yeux des députés de l'Assemblée nationale du Québec.
Il va sans dire que mon parti votera bien évidemment en faveur de cette motion. Toutefois, si les députés libéraux appuieront massivement l'initiative du NPD, ce n'est certainement pas parce que son adoption est nécessaire ici pour que le Québec prenne ses propres décisions. En d'autres termes, il est de notre avis que le député d' se trompe de Chambre. Peut-être regrette-t-il ses jours à l'Assemblée nationale.
Contrairement à ce que semble croire les néo-démocrates, le Québec n'a tout simplement pas besoin du consentement des députés fédéraux pour se prendre en main et assurer la pérennité de sa langue et de sa culture. Les Québécois et les Québécoises le font d'ailleurs très bien, et on me permettra de les féliciter et de leur accorder tout le soutien du Parti libéral du Canada.
À ce titre, on me permettra aussi de comparer l'oeuvre du député d' à celle de quelqu'un en quête d'attention qui chercherait, en vain, à défoncer à grands coups de pied une porte qui est déjà ouverte depuis bien longtemps. Je ne serais d'ailleurs pas surpris si la prochaine motion sur laquelle le député d'Outremont nous demandera de voter spécifiait que la fête de la Saint-Jean-Baptiste devrait être célébrée le 24 juin. Peut-être nous proposera-t-il aussi une motion visant à rendre légitime la présence du drapeau québécois devant l'Assemblée nationale du Québec.
J'ai dit que le député d' cherchait à défoncer des portes ouvertes, essentiellement parce que tout ce que fait la motion du député d'Outremont consiste à énoncer la vérité de tous les jours au Québec. On me permettra de rappeler à mes collègues néo-démocrates que le Québec est maître de sa politique d'immigration depuis des décennies. Il sélectionne lui-même les nouveaux Canadiens qu'il accepte. C'est le gouvernement du Québec qui les guide dans le processus d'intégration à notre société.
J'invite donc le député d'Outremont puisque, de toute évidence, il n'a pas eu l'occasion de le faire lorsqu'il siégeait à l'Assemblée nationale du Québec, à visiter le site Web du ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles du Québec. Il y trouvera une foule de programmes consacrés exclusivement à aider les nouveaux Canadiens qui s'installent au Québec à s'intégrer dans leur nouvelle société.
Voici ce que l'on peut lire sur le portail du Québec au sujet de l'immigration au Québec:
Choisir le Québec, c’est vouloir vivre dans une société francophone. [...] puisque la langue française est utilisée par plus de 80 p. 100 de sa population. [...] La capacité de s'exprimer en français aide à créer des réseaux de contacts qui favorisent l'établissement au Québec et la recherche d’un premier emploi.
Que le Québec soit maître de sa politique d'immigration n'est pas nouveau. La première entente Ottawa-Québec à ce sujet date d'il y a 30 ans et elle a été renouvelée il y a 20 ans. En fait, ce qui nous surprend, c'est que cette motion soit mise de l'avant par un ancien ministre du gouvernement du Québec. Que cherche-t-il à faire par cette motion? Cherche-t-il à faire étalage de son ignorance? S'attirer l'attention des médias? S'ériger en nouveau chevalier de la protection de la langue française?
Je dois avouer que je suis perplexe quant aux motivations réelles du député d'. Il me semble qu'il cherche désespérément à justifier son rôle parmi nous, particulièrement en ce qui a trait aux enjeux du Québec. Cependant, je dois également me poser ces questions: est-il conscient des événements historiques des dernières décennies? Est-il conscient que le Canada a évolué?
Bien sûr, nous avons reconnu la nation québécoise, et je suis fier du fait que le chef libéral l'ait fait avant que l'ensemble de cette Chambre ne fasse la même chose. Il a démontré par son appui et celui de son parti, bien avant que le Bloc et les réformistes conservateurs ne s'en mêlent pour des raisons purement politiques, qu'il comprenait le Québec et qu'il était important d'affirmer son caractère unique. Le chef du Bloc et le ont bien fait de suivre son leadership dans ce dossier.
Bien sûr, nous avons fait la promotion du français et reconnu les vertus de la loi 101. Sans nul doute, c'était la chose juste à faire. La loi 101 et la Loi sur les langues officielles sont des outils complémentaires pour faire la promotion de la langue française et assurer sa vitalité et sa pérennité à travers toute l'Amérique du Nord.
Pour nous, députés du Parti libéral du Canada, il doit y avoir davantage de français, pas seulement au Québec, mais partout à travers le Canada. Cela fait partie des valeurs fondamentales de la grande vision libérale qui reconnaît le caractère unique du Québec ainsi que son droit de protéger sa langue et sa culture. C'est une vision qui assure en même temps la protection de la langue française et son épanouissement dans toutes les provinces et les territoires de notre grand pays.
Radio-Canada, l'Office national du film, Téléfilm Canada, et j'en passe, ont été les outils que nous avons développés, que nous nous sommes donnés, pour faire rayonner la langue française au Québec et partout au pays.
Les conservateurs leur ont récemment coupé les vivres. Le Bloc n'a eu de cesse de les critiquer. Quant au NPD, il ne s'y est tout simplement jamais intéressé.
Cependant, tout d'un coup, voilà que les néo-démocrates se réveillent pour nous demander de nous ingérer dans une affaire qui ne concerne que le Québec. C'est bien beau les grands discours sur la langue et la culture, mais encore faut-il passer de la parole aux actes.
Hier, le chef du Parti libéral du Canada rencontrait les artisans du domaine de la culture au Québec. Il a pris place à trois tables: celle des arts de la scène; une deuxième regroupant les intervenants du domaine des musées; et enfin une troisième autour de laquelle étaient réunis les artisans de la vidéo, du cinéma et de la télévision.
Notre chef y a énoncé des engagements concrets et précis. Il s'est engagé à doubler l'appui financier consacré au Conseil des arts du Canada. Il a pris l'engagement d'accorder à la Société Radio-Canada un financement stable et prévisible à long terme. Il a clairement indiqué qu'un gouvernement libéral remettra sur pied les programmes culturels éliminés par les conservateurs.
Contrairement à ces derniers, nous, les libéraux, ne considérons pas que les investissements en culture comme une dépense frivole et inutile. Nous ne considérons pas les revues de pianistes et de chanteurs comme « des galas de riches subventionnés par les contribuables ». C'est clairement ce que les conservateurs croient. Ils nous l'ont dit et leurs gestes nous l'ont prouvé.
Non, nous, les libéraux, savons que la culture c'est d'abord et avant tout l'âme d'un peuple, l'identité d'une nation. C'est le miroir que nous tenons devant nous-mêmes lorsque nous nous posons la question: « Qui sommes-nous vraiment ».
Alors si, en plus, les sommes qu'un gouvernement consacre à la culture génère des retombées économiques considérables, qui génèrent des recettes fiscales, c'est un gouvernement bien naïf qui mettrait la hache dans ses investissements en culture. Cela équivaut à se mordre le nez pour punir son visage. Ce n'est certainement pas la meilleure des stratégies.
Pendant que le NPD découvre les enjeux linguistiques de ce pays — et le député d' affiche à ce sujet tout le zèle d'un converti de dernière minute —, de notre côté, nous, les libéraux, continuons d'oeuvrer sans relâche afin de promouvoir la langue et la culture du Québec et de tous les francophones du Canada.
Il est clair que les nouveaux Canadiens qui choisissent de s'installer au Québec — comme tous les nouveaux arrivants partout au pays — ont besoin d'un coup de pouce des gouvernements pour s'adapter aux nouvelles réalités qu'ils découvrent. C'est pourquoi les libéraux seront toujours les partenaires du Québec à ce chapitre. Bien sûr, si cela lui chante, le NPD aura aussi le loisir d'appuyer les initiatives que nous aurons prises.
Parlons un peu du Bloc maintenant. Son but ultime est bien connu: diviser notre pays, semer la bisbille. Le refrain qu'il reprend encore aujourd'hui nous est très familier et ne surprend personne. On le voit venir de loin. On le prédit longtemps à l'avance. Rien de visionnaire. Rien d'inspirant. Rien pour réunir et rassembler. Jamais rien pour contribuer à bâtir ce grand pays que nous ont légué nos ancêtres. Rien pour contribuer à augmenter le respect et l'harmonie entre les citoyens et les citoyennes. Alors, il n'y a aucune surprise de ce côté.
Pour revenir au député , il nous reste à nous interroger sur ses véritables motifs. Quel but poursuit-il aujourd'hui à nous faire débattre de dossiers entendus et clos depuis si longtemps? Cherche-t-il à semer la zizanie, à faire naître de nouvelles querelles? Sur ce plan, il aura échoué.
Si c'est le cas, alors c'est un coup d'épée dans l'eau. Un pétard mouillé. Le NPD démontre tout simplement que, comme le Bloc, son but n'est pas de rassembler, mais bien de diviser. Que le député d'Outremont me croit sur parole: les Québécoises et Québécois n'ont aucun besoin de son intervention. Ils se débrouillent très bien par eux-mêmes et nous en sommes tous très fiers.
Le Québec demande que nous reconnaissions son caractère unique, sa langue et sa culture et que nous les respections. Le Parti libéral du Canada a très bien compris ce message et s'engage à le faire. Il existe des champs de juridiction bien établis au niveau fédéral et au niveau provincial, dont celui qui fait l'objet de la motion devant nous aujourd'hui. Le temps de faire de la petite politique comme le fait mon collègue du NPD et comme le font constamment nos collègues du Bloc est dépassé. Passons aux choses importantes qui nous permettront de bâtir le Québec et le Canada.
J'aimerais conclure en répétant que le caucus libéral appuiera la motion du NPD parce que nous sommes conséquents avec nous-mêmes. Nous avons été les premiers à reconnaître la nation québécoise. Nous la reconnaissons toujours et, contrairement au député d', nous lui vouons un respect véritable et sincère.
Prétendre que l'adoption en cette Chambre de cette motion accordera de quelque manière que soit à l'Assemblée nationale du Québec une légitimité quelconque qu'elle n'aurait pas déjà relève du nombrilisme et de l'égocentrisme.
Pour que les choses soient bien claires: la nation québécoise est libre de prendre ses décisions. Ce n'est certainement pas à nous, membres de cette Chambre, de lui dicter la conduite à adopter.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec mon collègue de .
Le Bloc québécois est favorable à cette motion du Nouveau Parti démocratique. Le Bloc québécois appuiera cette motion débattue aujourd'hui. Cette motion du NPD vise à débattre d'un sujet qui fait bien sûr consensus au Québec depuis fort longtemps et qui, pour le Bloc québécois, revient à exprimer l'évidence même. En effet, il ne fait aucun doute que les Québécoises et les Québécois forment une nation.
Comme une nation a une langue, une culture et un territoire, reconnaître son existence commande qu'on tienne compte de son identité, de ses valeurs et de ses intérêts en tant que nation. En reconnaissant la nation québécoise, la Chambre des communes a reconnu aux Québécois et aux Québécoises le droit de contrôler eux-mêmes le développement social, économique et culturel du Québec.
Le Québec est une nation de langue française et non une province bilingue, et c'est très important de le répéter. La Chambre des communes peut bien adopter des motions pour affirmer l'existence de la nation québécoise et pour souligner qu'elle doit avoir certains pouvoirs, la réalité est que les partis fédéralistes, trop souvent, s'opposent aux projets qui visent à octroyer plus de pouvoirs à cette nation. On n'a qu'à penser au projet de loi du Bloc québécois visant l'application de la loi 101 dans les entreprises sous juridiction fédérale.
Mentionnons que le Parti libéral du Canada s'est opposé à l'application de la loi 101 dans les entreprises à juridiction fédérale. Pourtant, le député de reconnaît que la francisation des immigrants est importante. Il estime que l'objectif de francisation poursuivi au Québec est légitime et qu'il a simplement manqué de « subtilité » dans l'élaboration de la loi 104. « Les immigrants qui arrivent au Québec doivent apprendre le français d'abord et avant tout » disait-il, au sujet de la loi 104 qui a fait l'objet d'un jugement par la Cour suprême du Canada. Or, s'il reconnaît l'importance de cela, pourquoi son parti s'est-il opposé à l'application de la loi 101? Et je m'adresse ici au député de .
Tout récemment, un jugement de la Cour suprême a invalidé la loi 104 au Québec quant aux écoles passerelles. Ce qu'on en comprend, c'est que même dans ses champs de compétences, le Québec n'a pas la pleine juridiction. C'est une des raisons qui expliquent, entre autres, la volonté de plusieurs Québécois d'obtenir l'indépendance du Québec.
Il faut se rappeler que c'est notamment pour cette raison que René Lévesque avait refusé d'adhérer à la Constitution canadienne en 1980: l'Assemblée nationale perdait une partie de sa compétence sur l'éducation et la langue de la nation québécoise, ce qui est tout à fait inacceptable. C'est toujours dangereux lorsque les lois linguistiques d'une nation sont subordonnées aux lois et aux institutions d'une autre nation. Le Québec s'est donné une protection linguistique et c'est une institution fédérale qui vient la réduire, et cela, nous ne l'acceptons pas.
Depuis 20 ans, le Québec s'est doté d'une politique d'intégration des immigrants: l'interculturalisme. Or, l'insistance du gouvernement fédéral canadien à imposer une politique d'intégration qui ne lui est pas propre, le multiculturalisme, nuit énormément à l'intégration des immigrants au Québec.
Mon collègue de aura l'occasion de nous en faire part. La langue officielle du Québec est le français partout, sauf en ce qui a trait au gouvernement fédéral qui considère qu'il y a deux langues officielles. Le Bloc québécois demande que le gouvernement fédéral reconnaisse et respecte la Charte de la langue française au Québec dans la Loi sur les langues officielles et respecte l'esprit de la Charte en ce qui a trait à la langue d'affichage et à la langue de travail dans les lois connexes.
Au risque de me répéter, il faut toujours se souvenir que le Québec est une nation de langue française et non une province bilingue.
Aussi, considérant que le droit civil et la famille sont une compétence exclusive du Québec, le Québec doit avoir les pleins pouvoirs en matière de réunification des familles.
Le Bloc québécois croit que, compte tenu de l'importance que les télécommunications et la radiodiffusion revêtent pour l'avenir de la culture québécoise, il est impératif que ces pouvoirs soient délégués au gouvernement du Québec. Le Bloc québécois croit que le Québec pourrait se doter d'un conseil québécois de la radiodiffusion et des télécommunications qui, tout en se conformant aux lois fédérales, pourrait mettre en oeuvre sa propre réglementation en fonction de ses préoccupations et de ses intérêts.
La reconnaissance d'une nation est plus que symbolique parce que la nation est le lieu privilégié des décisions de nature politique. Reconnaître une nation signifie reconnaître l'existence d'un corps politique doté de droits et d'aspirations politiques légitimes.
C'est très exactement ce qu'affirmait Robert Bourassa à l'Assemblée nationale du Québec lors de l'échec de l'accord du Lac Meech:
[...] le Canada anglais doit comprendre de façon très claire que, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, le Québec est, aujourd'hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d'assumer son destin et son développement.
Malheureusement, la plupart des Canadiens qui estimaient que la reconnaissance de la nation québécoise entraînait des conséquences s'opposaient à cette reconnaissance. On se le rappelle. C'était en 2006. La plupart de ceux qui l'appuyaient s'empressaient de dire qu'elle ne signifiait à peu près rien. Voilà qui est ignominieux, car reconnaître une nation, c'est reconnaître un peuple et une entité, c'est reconnaître que des gens ont le droit de prendre en main la destinée de leur nation et de l'ensemble de la population. Enfin, c'est reconnaître ses besoins.
L'indépendance et la souveraineté, c'est trois choses: c'est produire ses propres lois; c'est recueillir tous ses impôts, tout l'argent qui vient du peuple en fonction du peuple; c'est signer ses propres traités internationaux. C'est ce à quoi aspire le Québec. Il aspire à son indépendance et à sa souveraineté pleine et entière.
En reconnaissant que le peuple québécois forme une nation, le Canada a reconnu comme étant légitimes et normales l'ensemble des positions que le Bloc québécois défend à la Chambre des communes: le respect de la différence québécoise; le prise en compte des valeurs québécoises; le règlement du déséquilibre fiscal; le respect absolu des compétences du Québec, ce qui implique la fin des dépenses fédérales dans les domaines qui relèvent du Québec; la fin du nation building canadien, qui vise à créer une nation canadienne et à affaiblir l'identité québécoise.
Bref, en reconnaissant la nation québécoise, le Canada a reconnu qu'il était normal que les Québécoises et les Québécois pensent d'abord aux intérêts du Québec, ce qui rejoint la façon de penser du Bloc québécois.
La nation québécoise a une langue, le français. Le Canada doit en tenir compte et ajuster ses lois en conséquence, notamment en faisant en sorte que les entreprises sous sa responsabilité soient tenues de fonctionner en français au Québec, au même titre que les entreprises québécoises.
La nation québécoise a une culture, la culture québécoise. Les lois et les institutions fédérales qui ont des répercussions sur la culture et l'identité doivent le reconnaître, en tenir compte et cesser de nous fondre dans le moule canadien comme s'il n'y avait qu'une nation, la nation du Canada, et que le Québec n'en était qu'une composante régionale.
Devant cette vision que nous avons du Québec et avec l'intégration des nouveaux arrivants au Québec, le Bloc québécois fait en sorte de travailler, ici à la Chambre des communes, de concert avec l'Assemblée nationale du Québec, et non pas pour défaire l'Assemblée nationale et ses décisions. C'est la vision d'une société entière à l'échelle internationale, la vision d'une société qui a ses aspirations. Cette société accueille les immigrants et les accueille en fonction des besoins du Québec. Cette immigration, par ailleurs, reconnaît tout à fait que le français est la langue commune des Québécois et des Québécoises.