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Monsieur le Président, étant donné que les conservateurs ont tenté d'écourter le débat sur cette motion d'adoption, je pourrais peut-être lire un extrait du livre de Kerry Pither,
Dark Days, où il est question de ce dont nous débattons.
Selon moi, il ne saurait y avoir de débat plus important à la Chambre qu'un débat sur la situation de Canadiens innocents qui ont été torturés, comme l'a révélé une commission d'enquête menée au Canada, parce que les responsables de la sécurité ont commis des erreurs. Nous voulons nous assurer que cela ne se produira plus à l'avenir.
Au cas où les députés auraient oublié de quoi il en retourne, permettez-moi de lire un extrait du livre de Mme Pither, au sujet d'Ahmad El Maati. Voici:
Les hurlements des prisonniers qu'on électrocutait ne s'arrêtaient pas, non plus.« [Les prisonniers] étaient à quelques pieds de distance, de l'autre côté du couloir. Le plus effrayant, c'était que je savais que ce serait sans doute bientôt mon tour. J'étais constamment habité par la peur que je serais le suivant, le suivant, le suivant. »
Dix jours plus tard, ce fut son tour.
Ahmad fut conduit dans une salle d'interrogatoire où quatre ou cinq hommes attendaient.
« Que tu dises la vérité ou pas, nous allons te torturer de toute manière », a dit un homme dont la voix allait devenir familière à Ahmad.
Frappé dans le dos, Ahmad est tombé à genoux. On l'a agrippé par la chevelure et on lui a projeté la tête en arrière pendant que les autres le frappaient et lui donnaient des coups de pied. Puis on a commencé à lui administrer des chocs électriques. Debout derrière lui, les hommes lui pointaient une tige dans la chair. « Il est difficile de décrire comment on se sent », dit Ahmad.« J'avais l'impression que je sortais de mon corps et que mon coeur allait s'arrêter de battre. Je ne me contrôlais plus et je me suis mis à hurler inconsciemment. »
Cette fois-là ils l'ont d'abord frappé aux mains, aux épaules, aux jambes et au ventre. Plus tard, ils ont frappé ses organes génitaux. Après, Ahmad a vu avec quoi on le frappait: une tige noire d'un pied de long munie d'une poignée à un bout et d'une pointe à l'autre bout.
Ces séances de torture duraient parfois plusieurs heures d'affilée.
Malheureusement, ce n'est qu'un échantillon des témoignages contenus dans le livre. Il y en a beaucoup d'autres. Il nous est impossible d'imaginer l'horreur qu'ont vécue ces hommes. Aujourd'hui, ce qui est encore plus tragique, c'est de voir le gouvernement refuser de leur présenter des excuses, de les dédommager et surtout de les réhabiliter.
Aujourd'hui, ces hommes ne subissent peut-être plus la torture qu'ils ont vécue dans les terribles donjons de la Syrie, mais ils sont soumis à une autre épreuve. Des soupçons pèsent constamment sur eux. Ils souhaitent être réhabilités plus que toute autre chose. C'est un droit qu'on devrait immédiatement leur reconnaître. Deuxièmement, lorsqu'on demande aux victimes innocentes ce qu'elles souhaitent, elles répondent que nous devons veiller à ce que jamais plus une pareille chose ne se produise.
Si nous ne savions pas comment faire pour empêcher qu'une pareille chose se répète, nous pourrions pardonner au gouvernement son inaction. Mais, ce n'est pas le cas puisque, rapport après rapport, commission d'enquête après commission d'enquête et rapport de comité après rapport de comité, nous avons été informés de manière claire et détaillée des mesures à prendre.
Qu'on pense au juge Iacobucci, qui n'avait pas le mandat de formuler des recommandations, mais qui a été limpide dans ses conclusions, y compris lorsqu'il a constaté l'innocence des trois hommes dont je vais vous raconter l'histoire dans un instant. Qu'on pense aux recommandations du juge O'Connor, qui étaient claires et que le gouvernement a promis d'appliquer il y a plusieurs années, mais qui ne sont toujours pas appliquées à l'heure actuelle. Qu'on pense au rapport du Comité sénatorial spécial sur la Loi antiterroriste. Qu'on pense au rapport produit à l'issue du scandale de la caisse de retraite de la GRC. Qu'on pense au rapport produit encore une fois par le Comité de la sécurité publique et nationale, dont je suis membre, rapport qui a été déposé à la Chambre et dans lequel nous demandions simplement le droit de débattre comme nous le faisons aujourd'hui. Chaque fois, les réponses sont évidentes et démontrent que le gouvernement refuse d'agir.
Pire encore, le gouvernement a fait preuve de mépris à l'égard de la nécessité d'une surveillance et à l'égard de cette situation, non seulement parce qu'il a tenté d'empêcher la Chambre d'en débattre aujourd'hui, mais également en imposant des contraintes à la Commission des plaintes du public contre la GRC, comme on peut le constater. Il est déjà suffisamment regrettable que le commissaire chargé des plaintes du public contre la GRC n'ait même pas le pouvoir de forcer les gens à lui fournir de l'information. S'il demande des dossiers ou des renseignements à des hauts gradés de la GRC, ceux-ci ne sont pas tenus d'acquiescer à sa requête. C'est encore le cas aujourd'hui, même en dépit de toutes les recommandations qui ont été faites à cet égard.
Il est déjà assez grave que le commissaire ne puisse intervenir que suite à une plainte, qu'il ne puisse agir de façon proactive et qu'il n'ait pas le pouvoir d'aller sur place. Par surcroît, il ne lui est pas permis de faire enquête sur de nombreux organismes où il n'existe aucune forme de surveillance. Imaginez un peu que l'Agence des services frontaliers du Canada ne fasse l'objet d'aucune surveillance indépendante. Imaginez encore qu'il n'y en ait pas non plus en matière d'immigration, ce qui signifie que le gouvernement permet que cette situation condamnable continue.
Il était déjà fort déplorable que les recommandations soient ignorées, mais ça ne suffisait pas au gouvernement. Il a également sabré le budget de la Commission des plaintes du public. Au moment où il fallait des ressources additionnelles pour assurer l'intégrité de notre force de police nationale, le budget de la commission a été réduit.
Le gouvernement justifie cette décision en disant qu'il attend d'autres rapports. Apparemment, les nombreux rapports dont j'ai fait mention ne suffisent pas. On attend le rapport de la commission d'enquête Braidwood et celui du juge Major sur la tragédie d'Air India. Nous devons attendre ces rapports. N'y a-t-il rien de plus ridicule que d'attendre un rapport pour répéter les mêmes conclusions encore et encore? Combien de fois le gouvernement doit-il se faire rappeler l'essentiel avant de prendre des mesures pertinentes?
Je comprendrais certainement que le gouvernement agisse comme il l’a promis et qu’il mette en oeuvre les recommandations du juge O’Connor, qui ont été suivies par de nombreux autres rapports et enquêtes, et qu’il annonce son intention de s’appuyer sur tout ce travail, mais quand il vient nous dire qu’il n’entend pas faire toutes ces choses qui vont de soi sous prétexte qu’il attend encore d’autres rapports, on ne peut y voir que des excuses.
Nous savons tous, dans cette Chambre, qu’après le dépôt du rapport du juge Major, ou la tenue de l’enquête Braidwood, on viendra nous dire qu’il faut attendre un autre rapport ou une autre commission d’enquête. Pourquoi? Avec les conservateurs, il y aura inévitablement d’autres tragédies, puisqu’il refuse d’agir même quand on sait ce qu’il faudrait faire pour éviter ces drames. Il y aura toujours une autre commission d’enquête qui sera chargée d’examiner la situation, qui leur fournira d’autres excuses pour ne pas agir et leur permettra de continuer de jouer la montre.
Certains cas dont nous parlons sont très bien connus, comme celui de Maher Arar qui a vécu une situation terrible, même si celle-ci lui a valu des excuses et un dédommagement financier. Toutefois, je vous propose d’envisager d’autres cas.
Nous nous rappelons bien sûr l’affaire Dziekanski, cette personne sur qui la police a tiré au taser à l’aéroport de Vancouver. L’enquête à ce sujet se poursuit. Nous connaissons le scandale des pensions, mais nous pourrions peut-être prendre un moment pour examiner la situation des trois individus mentionné dans le rapport du juge Iacobucci qui ont été innocentés.
Pour ce qui est de M. El Maati, le juge Iacobucci a déterminé que sa détention et les tortures qu’il a subies ont en partie été causées par le fait qu’il avait été incorrectement identifié par la GRC et par le SCRS.
Dans le cas de M. Almalki, outre qu’il a constaté que la communication d’informations et l’envoi de questions aux interrogateurs syriens avaient contribué aux tortures dont M. Almalki avait fait l’objet, le juge Iacobucci a conclu que des fonctionnaires canadiens avaient pris part à la transmission d’informations à son sujet aux Américains, aux Syriens et à d’autres organismes étrangers avant que M. Almalki ne soit détenu. Il a dit que ces fonctionnaires n’avaient pas pris les mesures nécessaires pour s’assurer que les informations avaient été correctement catégorisées ou que les renseignements communiqués étaient assortis des réserves d’usage et qu’ils n’avaient pas réfléchi aux conséquences éventuelles de tout cela pour M. Almalki.
En ce qui concerne M. Nureddin, le juge Iacobucci a déterminé que le SCRS l’avait qualifié de passeur de fonds et d’intermédiaire dans le transfert de fonds à des membres d’Ansar al-Islam, dans le Nord de l’Irak, sans même avoir d’abord pris les mesures voulues pour confirmer l’exactitude et la fiabilité des informations ou pour déterminer si leur communication s’imposait, ce qui a sans doute contribué au fait qu’il a été détenu et torturé par les Syriens.
Ces cas sont tragiques et quand on découvre, à la lecture des récits de ces gens ou du livre de Mme Pither, l’horreur qu’ils ont connue, je crois que ce qui paraît le plus inimaginable pour les Canadiens qui prennent conscience de la situation, c’est qu'il existe des solutions, mais le gouvernement refuse d'agir. Je vous avoue que c’est là quelque chose qui me déconcerte énormément.
Je suis déconcerté non seulement parce que d’autres Canadiens risquent d’être victimes de violence à cause de l'inertie du gouvernement et que les autorités ne mettent pas en place les mesures de protection nécessaires pour garantir que plus aucun Canadien ne se retrouvera dans de telles situations, mais aussi parce que nous devons réfléchir aux répercussions d’un tel manquement sur nos agences de sécurité nationales et sur la GRC.
Nous avons la chance d’avoir la GRC qui compte dans ses rangs certains des meilleurs éléments, hommes et femmes, sur qui notre pays peut s’appuyer.
J'ai eu la chance de visiter des détachements dans des régions urbaines et rurales, et de rencontrer des gens fantastiques, qui font un travail incroyable et qui sont manifestement motivés par leur mission, qui consiste à protéger leur collectivité et à redonner à celle-ci. Ces gens sont aussi, toutefois, très irrités du fait que, de leur propre aveu, les plus hauts échelons de la GRC doivent faire l'objet d'une réforme.
Ils admettent qu'en l'absence de tels changements, le nom de leur organisme s'en trouvera terni, ce qui portera ombrage au bon travail qu'ils accomplissent. Tout ce qu'ils demandent, c'est d'avoir une direction à la hauteur du courage et de la bravoure qu'ils manifestent quotidiennement. Tout ce qu'ils demandent, c'est que leur organisme soit aussi exemplaire aux plus hauts niveaux qu'il l'est à la base.
Le gouvernement refuse de faire ces changements, et ils veulent savoir pourquoi. Ils veulent le savoir puisque la réponse à leurs attentes devrait aller de soi. Leurs demandes sont claires, et répétées avec acharnement. Il ne s'agit pas seulement de protéger les droits des Canadiens, mais aussi, selon moi, de protéger notre gendarmerie et son intégrité.
Nous devons nous assurer qu'il n'y ait plus de tragédies, que les erreurs commises et les lacunes du système soient réparées. Il ne faut pas laisser la situation se détériorer afin que nous ne répétions pas les mêmes erreurs, que nous ne soyons pas condamnés à connaître toujours les mêmes échecs.
Dans cet esprit, je passerai en revue les recommandations du rapport du Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
La première recommandation, et la plus évidente, demande qu'on mette immédiatement en oeuvre les recommandations du juge O'Connor. Je ne peux pas croire que je sois encore en train d'en parler à la Chambre, tant d'années plus tard, surtout que le gouvernement a promis tellement souvent d'appliquer ces recommandations, mais un bon nombre des recommandations clés, les plus importantes, ne sont toujours pas mises en oeuvre. C'est totalement inacceptable, et le comité réclame à l'unanimité que ces recommandations soient mises en oeuvre immédiatement.
La deuxième recommandation réclame des mises à jour sur l'état d'avancement de la mise en oeuvre des recommandations du juge O'Connor et sur les mesures prises à la lumière des conclusions du juge Iacobucci, bref des rapports publics réguliers démontrant les progrès réalisés. Le gouvernement est resté incroyablement secret. Nous ne savons même pas ce qu'il a fait ou non.
L'une des premières tâches entreprises par le comité — et non la moindre — a été d'examiner les 23 recommandations du juge O'Connor et d'essayer de voir quelles mesures le gouvernement avait prises. Même pour un comité du Parlement, c'était terriblement difficile d'obtenir des réponses quant aux mesures qui avaient été prises, le cas échéant. Le gouvernement doit mettre un terme au secret.
Le gouvernement doit révéler clairement et honnêtement quelles mesures ont été prises et où en est la mise en oeuvre des recommandations. S'il y en a qui ne l'ont pas encore été, le gouvernement doit expliquer clairement pourquoi et dire quel est l'échéancier de leur mise en oeuvre. En autant que le gouvernement continue d'affirmer qu'il a l'intention de mettre en oeuvre les recommandations du juge O'Connor, évidemment.
J'ai lu un des témoignages au début de mon intervention. J'espère que le gouvernement est pleinement conscient de l'importance de la troisième recommandation, soit qu'il présente ses excuses à M. Almalki, à M. El Maati et à M. Nureddin, afin de laver leur réputation et de les débarrasser des soupçons qui pèsent sur eux partout où ils vont. Les ministériels devraient se mettre à la place de ceux qui se sont fait torturer dans des endroits horribles, de ceux qui rentrent dans leur pays après avoir vécu la torture et qui sont encore accusés d'être des terroristes ou des extrémistes, même si rien de tout cela n'a jamais été vrai. Un juge hautement respecté a déclaré que ces accusations n'étaient pas fondées et que le gouvernement devrait leur permettre de blanchir leur nom.
Le troisième point de la troisième recommandation est que le gouvernement devrait indemniser les trois hommes. Le gouvernement affirme que l'affaire est devant les tribunaux et qu'il ne peut donc rien faire. Je me souviens qu'on a dit la même chose devant le Comité de la sécurité publique chargé de l'affaire Arar: « Nous ne pouvons rien faire, nous ne pouvons pas présenter d'excuses, nous ne pouvons pas verser d'indemnisation. L'affaire est devant les tribunaux. »
Ce n'est que lorsque le gouvernement a été acculé au pied du mur par l'opinion publique qu'il a enfin décidé de faire quelque chose. Tout à coup, l'argument selon lequel il avait les mains liées parce que l'affaire était devant les tribunaux ne tenait plus, et le gouvernement a fait ce qui s'imposait.
S'il a pu le faire pour M. Arar, alors, ces trois hommes ne méritent rien de moins. Après tout ce qu'ils ont enduré, après toute l'horreur qu'ils ont vue, c'est la moindre des choses que le gouvernement fasse cela pour eux. Plutôt que d'essayer d'interrompre le débat, plutôt que d'essayer d'étouffer la discussion, les conservateurs devraient se lever à la Chambre et rendre justice à ces hommes, ici, maintenant, aujourd'hui.
J'ai été très étonné, durant les délibérations du comité, d'entendre M. O'Brien, un fonctionnaire de carrière qui a travaillé pour le SCRS, dire que, oui, en certaines circonstances, nous continuons d'échanger de l'information avec des pays qui pratiquent la torture. Le gouvernement avait dit: « Pas nous, nous ne faisons pas cela. » Or, un employé de première ligne au SCRS, manifestement mieux placé que quiconque pour savoir ce qu'il en est, dit « Bien sûr, nous le faisons encore. Nous échangeons cette information. » Il nous a expliqué que c'était important, car la torture permet parfois d'obtenir de bons renseignements.
Cela va à l'encontre de toutes les preuves selon lesquelles l'information obtenue sous la torture n'est pas fiable, mais cela va aussi à l'encontre de toute humanité parce que, dans notre lutte pour assurer notre sécurité collective et notre liberté, nous ne pouvons certainement pas faire ce que nous désapprouvons. Lorsque nous permettons la torture, lorsque nous laissons faire, ce que nous faisons en l'approuvant parce que le recours à la torture nous permet d'obtenir de l'information, nous disons implicitement que la torture est acceptable.
À cet égard, la quatrième recommandation est extrêmement importante. Elle prévoit une directive ministérielle claire, sans équivoque, qui interdit les échanges de renseignements avec des pays qui pratiquent la torture. Cela envoie à ceux qui useraient de torture comme moyen de soutirer de l'information ou d'intimider une personne un message non équivoque: le Canada juge cette pratique totalement inacceptable.
Le gouvernement pourrait bien dire « Ah oui, nous avons fait cela ». Grâce à une question inscrite au Feuilleton, nous avons retrouvé la directive ministérielle de 2009. Celle-ci stipule qu'au moment de partager des renseignements avec des organismes étrangers il faut s'assurer qu'il n'y a aucune torture en jeu, avant de mettre un bémol en ajoutant « quand cela est approprié ». Ce que nous disons en fait dans cette directive c'est « Ne partageons aucun renseignement obtenu par la torture à moins que cela ne soit approprié ». Qu'est-ce que cela signifie? Autrement dit, « Si vous avez vraiment bien torturé quelqu'un et réussi à en obtenir des renseignements croustillants, faites-les nous parvenir, mais si la torture n'a pas donné les résultats attendus et que vous n'avez obtenu aucun renseignement d'intérêt, gardez-ça pour vous ».
Nous devons mettre un terme à cette ambigüité. Aucun Canadien, nulle part, ne doit penser que la torture est acceptable. C'est au gouvernement qu'il revient de fournir une directive ministérielle qui mette fin à toute ambigüité et de faire en sorte que des hauts responsables du SCRS ou d'autres agences actives sur la ligne de front ne viennent pas témoigner devant un comité pour déclarer que c'est encore ainsi que les choses se passent.
Enfin, il y a une chose que le Parlement demande depuis longtemps. C'est de faire en sorte que les activités du Canada en matière de sécurité nationale fassent l'objet d'une surveillance parlementaire. Nous comptons parmi un très petit groupe d'États où une telle pratique n'existe pas encore. La création d'un comité de la sécurité nationale éliminerait tous les sombres recoins où le Parlement n'a pas accès. Je pense qu'un tel comité serait essentiel.
Pendant les audiences du comité dans l'affaire Arar, par exemple, combien de fois ne nous sommes-nous pas fait répondre « Vous ne pouvez entendre cela. Il s'agit de renseignements privés et privilégiés. Ces renseignements sont sous le coup d'une autorisation de sécurité ». Nous avons besoin d'un comité autorisé à explorer tous ces recoins sombres si nous voulons que les droits de la personne et les intérêts canadiens soient protégés sur tous les plans. Nous devons faire en sorte que les choses auxquelles nous attachons la plus grande importance, à savoir nos libertés et notre sécurité collective, soient protégées tout comme notre droit à ne jamais nous retrouver dans la situation de M. El Maati, M. Nureddin ou M. Almalki, une situation où un citoyen canadien est envoyé à tort au mauvais endroit, risquant la torture, en raison d'erreurs commises au Canada.
Il est temps de présenter des excuses à ces hommes. Il est temps de prendre les moyens pour que cela ne se reproduise jamais. Il faut le faire aujourd'hui même.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole, au nom du Bloc québécois, sur cette étude du Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Il est intéressant que ce débat soit ramené en cette Chambre aujourd'hui. Je ne siège pas à ce comité et j'ai donc repris connaissance de ce rapport qui avait été produit en juin 2009. Je constate tout l'intérêt à ce qu'on le ramène aujourd'hui.
D'abord, certains de mes collègues du Bloc québécois siègent à ce comité. Il y a le député de . Ceux et celles qui le connaissent savent très bien que c'est un avocat renommé qui a été procureur général du Québec lorsqu'il était député à l'Assemblée nationale. Il y a ma collègue d' qui est une criminologue reconnue. Pour ceux qui suivent ses ouvrages, elle a écrit beaucoup de documents sur les gangs de rue. Elle n'aborde pas seulement le problème, mais aussi les solutions pour éviter tout ce syndrome des gangs de rue. Elle s'est aussi toujours intéressée à la question des droits de la personne.
Donc, la lecture du rapport m'a permis de mieux comprendre, d'abord les intentions des membres du comité à l'époque et la raison pour laquelle on le ramène en Chambre aujourd'hui, mais aussi la philosophie conservatrice derrière la position qu'ils ont défendue en comité.
Ce rapport se voulait un examen des constats et recommandations émanant des enquêtes Iacobucci et O'Connor. Monsieur le Président, je sais que vous suivez tous ces rapports, mais pour la population qui nous écoute, il faut rappeler que la Commission Iacobucci était une enquête interne sur les actions des responsables canadiens relativement à MM. Abdullah Almalki, Ahmad Abou-Elmaati et Muayyed Nureddin. Pour sa part, la Commission O'Connor portait sur les actions des responsables canadiens relativement à Maher Arar. C'était des dossiers très importants au plan de la politique étrangère du gouvernement et sur la façon dont le gouvernement conservateur et le gouvernement du Canada ont traité des citoyens canadiens qui étaient confrontés à des problèmes avec des autorités étrangères. Cela me ramène à l'analyse et surtout aux observations et aux recommandations du comité.
La première recommandation démontrait, suite à l'urgence de la situation, la nécessité de mettre en oeuvre immédiatement toutes les recommandations de l'enquête O'Connor, soit l'enquête faisant suite au dossier de M. Maher Arar. Le comité a trouvé regrettable que le gouvernement tarde à mettre en oeuvre le cadre d'examen des activités en matière de sécurité nationale qui avait été recommandé par le juge O'Connor. Le comité estimait, après avoir entendu la majorité des témoins, que la mise en oeuvre des recommandations découlant du rapport sur la politique offrirait aux Canadiens l'assurance que les ministères et organismes engagés dans le domaine de la sécurité nationale respectent la loi. C'était surtout l'objectif. Je vais lire la recommandation:
Le Comité réitère la recommandation qu’il a faite dans son rapport présenté à la Chambre des communes le 30 janvier 2007 et recommande au gouvernement du Canada de reconnaître l’urgence de la situation en mettant en oeuvre sans délai toutes les recommandations émanant de la Commission d’enquête sur les actions des responsables canadiens relativement à Maher Arar.
En juin 2009, le comité remettait en application les recommandations de la Commission O'Connor, qui avait soumis son rapport en janvier 2007. Donc, encore une fois, l'importance de ramener cela aujourd'hui est de démontrer, tout d'abord, que ces recommandations du comité de juin 2009 n'ont toujours pas été appliquées par le gouvernement, mais plus que cela, le gouvernement a même émis une opinion dissidente. Donc, le comité a soumis un rapport majoritaire, mais une minorité, soit les conservateurs, a émis une observation dissidente. Cela veut dire que les députés conservateurs n'étaient pas d'accord avec les recommandations du comité. J'y reviendrai tout à l'heure.
De là l'importance, aujourd'hui, de démontrer que même si le comité a soumis un rapport majoritaire avec des recommandations, inévitablement, le résultat est que le gouvernement, qui a émis une opinion dissidente, ne trouve pas d'intérêt à appliquer les recommandations de ce rapport.
Cela signifie qu'il faut découvrir pourquoi les conservateurs ont décidé d'émettre une opinion dissidente et pourquoi ils ont décidé de ne pas mettre en application ce rapport du comité de juin 2009.
Voici ce que dit la deuxième recommandation:
Le Comité recommande au gouvernement du Canada d’émettre sans délai sur une base régulière des rapports publics démontrant les progrès réalisés au chapitre de la mise en oeuvre des constats et recommandations qui découlent de la Commission d’enquête sur les actions des responsables canadiens relativement à Maher Arar et de l’Enquête interne sur les actions des responsables canadiens relativement à Abdullah Almalki, Ahmad Abbou-Elmaati et Muayyed Nureddin.
Il fallait rendre publics les rapports pour démontrer que ces personnes n'ont pas subi de torts irréprochables de la part de l'administration gouvernementale. Si le gouvernement a décidé de ne pas rendre public tous les progrès réalisés, cela nous démontre son intérêt, encore une fois, à cacher les documents.
On arrive au noeud du rapport d'aujourd'hui. La troisième recommandation se lit comme suit:
En tenant compte des torts causés à MM. Almalki, Abou-Elmaati et Nureddin, le Comité recommande:
Que le gouvernement du Canada présente des excuses officielles à Abdullah Almalki, Ahmad Abbou-Elmaati et Muayyed Nureddin.
Que le gouvernement du Canada prévoie un dédommagement pour MM. Almalki, Abou-Elmaati et Nureddin en guise de réparation et compensation pour les souffrances endurées et les difficultés affrontées.
Que le gouvernement du Canada prenne toutes les mesures nécessaires afin de rectifier les informations erronées pouvant exister dans les fichiers administrés par des organismes chargés de la sécurité nationale au Canada et à l’étranger à l’égard de MM. Almalki, Abou-Elmaati et Nureddin et des membres de leur famille.
On aura compris que des torts très importants ont été causés à la réputation de ces gens. Le comité a constaté que l'administration gouvernementale avait été dans l'erreur et devrait corriger son erreur en présentant des excuses. C'est une recommandation. On ne sera pas surpris de voir que l'opinion dissidente conservatrice était à l'effet de ne pas reconnaître cette recommandation. Le fait de ne pas reconnaître les torts qu'on cause à nos concitoyens est une attaque aux droits et libertés, et c'est la façon conservatrice de procéder.
Malgré les discours des conservateurs quand vient le temps de reconnaître le respect des droits de la personne, c'est encore une preuve qu'ils ne les respectent pas.
La quatrième recommandation est très importante considérant les débats des derniers jours, car il s'agit d'adopter une position non équivoque sur la torture. Or ce rapport a été produit en juin dernier. Il a fallu quelques mois pour le rédiger. Je lis cette recommandation:
Le Comité recommande au gouvernement du Canada de diffuser une directive ministérielle claire contre la torture et l’utilisation des renseignements obtenus sous la torture à l’intention de tous les ministères et organismes qui veillent à la sécurité nationale. La directive doit indiquer clairement que les échanges de renseignements avec les pays sont interdits lorsqu’il existe un risque crédible que cet échange pourrait mener à un recours à la torture ou qui y contribuerait.
Je ne suis pas membre du Comité permanent de la sécurité publique et nationale, mais le fait qu'il y ait une opinion dissidente des députés conservateurs à cette recommandation m'ébranle. Cela nous démontre que tout ce que fait le gouvernement depuis quelques semaines pour cacher au Comité permanent de la défense nationale la production de documents sur le dossier de torture des prisonniers afghans est symptomatique. C'est un syndrome conservateur. On ne voit pas et on n'entend pas la torture. Il n'y en a jamais. Il faut être présent, il faut être là si on veut véritablement constater qu'il y en a. Si on n'a pas de preuve sur vidéo de la torture, c'est qu'il n'y en a pas.
C'est l'intérêt du débat d'aujourd'hui. J'ai regardé les conservateurs déchirer leur chemise en disant que le débat d'aujourd'hui retarderait toutes les belles grandes décisions qu'ils ont à prendre. Il ont quand même pris des décisions graves.
Encore une fois, ils émettent une opinion dissidente à la recommandation 4, qui se lisait comme suit:
Le Comité recommande au gouvernement du Canada de diffuser une directive ministérielle claire contre la torture et l’utilisation des renseignements obtenus sous la torture à l’intention de tous les ministères et organismes qui veillent à la sécurité nationale.
Quand j'ai lu cela dans le rapport, je me suis rappelé qu'il y avait une opinion dissidente du Parti conservateur en ce qui a trait à la recommandation 4. Cela me permet de mieux comprendre l'idéologie conservatrice tirée des républicains américains: « tant qu'on ne voit pas, rien ne se produit ». C'est un peu comme le boxeur qui disait à son entraîneur que quelqu'un le frappait et que l'entraîneur répondait que personne ne le frappait, personne ne le voyait et personne ne le touchait. Le boxeur a donc demandé à ce qu'on vérifie avec l'arbitre parce qu'il sentait que quelqu'un le touchait. C'est la réalité. C'est la façon de faire des conservateurs. On ne voit rien et on ne sent rien, mais pendant ce temps des gens se font torturer. Il faudrait que tous les députés du Parti conservateur voient, de leurs propres yeux, en même temps, tous ensemble, des actes de torture pour qu'ils fassent ce constat.
Cela relève de l'idéologie conservatrice de droite. Aujourd'hui, on ramène tout ce débat à la Chambre des communes en ce qui a trait au rapport de juin 2009. On démontre que ce rapport n'a pas été mis en application. Mais pire que cela, les conservateurs avaient une opinion dissidente eu égard à la recommandation 4 qui visait clairement à:
[...] recommande[r] au gouvernement du Canada de diffuser une directive ministérielle claire contre la torture et l’utilisation des renseignements obtenus sous la torture à l’intention de tous les ministères et organismes qui veillent à la sécurité nationale. La directive doit indiquer clairement que les échanges de renseignements avec les pays sont interdits lorsqu’il existe un risque crédible que cet échange pourrait mener à un recours à la torture ou qui y contribuerait.
Tel qu'on peut le constater, en juin 2009, les conservateurs n'étaient pas d'accord avec cette recommandation. Évidemment, cela nous ouvre d'autant plus les yeux sur la façon dont ils traitent tous les dossiers de la torture des prisonniers afghans.
La cinquième recommandation est la suivante:
Le Comité recommande à nouveau que le projet de loi C-81 présenté lors de la 38e législature, Loi constituant le Comité de parlementaires sur la sécurité nationale, ou une variante de ce projet de loi, soit présenté au Parlement dans les plus brefs délais.
Évidemment, l'objectif était la création d'un comité de parlementaires pour examiner les activités des organismes qui veillent à la sécurité nationale.
Quand un gouvernement ne veut tout simplement pas émettre les directives ou soutenir une recommandation qui voudrait des directives claires, il est normal qu'il y ait un comité de parlementaires pour examiner le suivi de ces organismes par rapport aux allégations ou la façon dont ils traitent tous les dossiers de nos ressortissants qui sont accusés de plein de choses à l'étranger. Nous pensions, mes collègues du Comité permanent de la sécurité publique et nationale et moi-même, que c'était une solution intéressante.
Encore une fois, force est de constater que ce rapport de comité est majoritaire et que l'opinion minoritaire conservatrice a prévalu. On ne sera pas surpris que ce rapport n'ait pas été mis en application et que, inévitablement, il aura été mis sur la tablette. Cela est le résultat.
Nous, du Bloc québécois, sommes heureux d'en discuter aujourd'hui. Cela nous éclaire un peu plus sur la philosophie conservatrice qui est derrière tout cela. Elle repose sur le fait de ne jamais rien voir, de ne pas faire d'excuse et que, lorsque arrive une situation aussi dure que la torture envers les droits humains, il faut absolument être présents et voir. Sinon, on ne veut même pas qu'un comité recommande que des directives claires soient émises à tous les services de sécurité qui auraient à interroger des témoins. C'est une démonstration de la façon dont ils voient les choses. Il y a la façon conservatrice de voir les choses et la façon humanitaire de voir les choses, qui est celle que le Bloc québécois a toujours défendue. Nous avons toujours été d'ardents défenseurs de la justice.
Nous voulons que tous ceux qui commettent des crimes soient punis. Par contre, lorsqu'on accuse à tort une personne d'avoir commis un crime, on devrait s'excuser. On ne devrait pas utiliser la torture, qui est moyenâgeuse. Qu'on excuse mon insistance, mais cette façon de faire est vraiment dépassée. Il existe des façons plus respectueuses des droits humains d'obtenir nos renseignements. C'est de cette façon que le Bloc québécois souhaite que cela fonctionne.
Le débat d'aujourd'hui était très important et a démontré que les conservateurs ne veulent pas discuter des problèmes de gouvernance relatifs à la torture. Il n'y a aucune volonté de la part de ce gouvernement de faire la lumière sur les faits et d'empêcher de telles situations de se produire.
Le Bloc québécois réitère son appui à ce rapport. Notre collègue de a déjà été Procureur général du Québec. Il a été l'un des instigateurs de l'opération Printemps 2001, qui s'attaquait au crime organisé au Québec. C'est lui qui était ministre à l'époque. Cette opération a été rendue possible grâce au Bloc québécois, qui a été favorable à la modification du Code criminel visant à renverser le fardeau de la preuve. Il revenait dorénavant aux criminels de prouver que leur argent avait été gagné honnêtement. L'opération Printemps 2001 a permis de s'attaquer très fortement au crime organisé.
La position du Bloc québécois sera toujours la même: il faut combattre les criminels et ceux qui s'attaquent aux libertés. Cependant, il faut le faire en respectant les droits humains; on ne torture pas les gens. On est capables de faire tous ces débats dans le respect les droits humains.
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Madame la Présidente, je suis heureux de pouvoir prendre la parole au sujet de cette motion, même si elle retarde les autres travaux. Il s'agit d'une question importante.
Je voudrais premièrement répondre à certains propos du député libéral d', car il s'est exprimé sur un ton que je ne saurais qualifier autrement que d'hautement moralisateur. C'est un ton qui ne convient pas du tout pour un libéral, dans pareil dossier, puisque la suite d'événements examinés par la commission Iacobucci s'est produite alors que le Parti libéral était au pouvoir.
Le Parti libéral est mal placé pour se plaindre lorsqu'il est question de véritable sens des responsabilités. Les libéraux devraient chercher en eux-mêmes les raisons qui expliquent qu'ils n'ont pas été capables d'exercer la surveillance nécessaire et de protéger adéquatement les droits des Canadiens, plutôt que d'affirmer que le gouvernement conservateur est responsable, en 2009, des événements qui se sont produits en 2001 et en 2002, ce qui est proprement ridicule.
Cela dit, je voudrais parler de certaines questions précises. Je souligne que, si le comité parlementaire a produit le rapport qui nous est soumis et si la commission Iacobucci a elle-même existé, c'est que le gouvernement conservateur a hérité de problèmes qui existaient auparavant et dont il fallait s'occuper. Permettez moi de lire un extrait du rapport de M. Iacobucci:
Par décret pris le 11 décembre 2006, j’ai été nommé en vertu de la partie I de la Loi sur les enquêtes pour mener une enquête interne sur les actions des responsables canadiens relativement à Abdullah Almalki, Ahmad Abou-Elmaati et Muayyed Nureddin.
Donc, il s'agit d'une enquête ordonnée par le gouvernement conservateur. J'ai entendu des libéraux vanter les commissions d'enquête de ce genre et nous dire combien nous devrions leur accorder de l'importance. Rappelons-nous que le gouvernement libéral a refusé de tenir une telle enquête. C'est grâce au gouvernement conservateur qu'il a été possible de s'occuper de ces problèmes et de réagir comme nous l'avons fait.
J'ai aussi entendu quelqu'un se plaindre que, parmi les recommandations des rapports O'Connor et Iacobucci que nous n'avons pas appliquées se trouve la recommandation voulant que l'on mette sur pied un organisme national de surveillance des activités de l'État dans le domaine de la sécurité nationale. Comme je l'ai dit publiquement à de nombreuses reprises, y compris dans cette enceinte, si nous ne l'avons pas encore fait, c'est que nous attendons le rapport de l'importante commission sur l'attentat terroriste contre le vol d'Air India. C'est une commission d'enquête d'une grande importance qui, encore une fois, a été mise sur pied par nul autre que le gouvernement conservateur. Le gouvernement libéral précédent avait refusé pendant plus de dix ans de mettre sur pied une telle commission.
Les députés disent que nous n'avons pas à attendre le rapport de cette commission d'enquête. Je comprends pourquoi le député ne veut pas attendre les révélations de la commission d'enquête. C'est que les libéraux ont passé dix ans à faire de l'obstruction et à tenter de gagner du temps pour empêcher la tenue d'une telle commission d'enquête. Qu'on se rappelle qu'il s'agit d'une enquête sur le pire acte terroriste commis dans l'histoire du Canada. Alors qu'ils disent vouloir aller au fond des choses dans de telles affaires, les libéraux ont refusé de mettre sur pied une commission d'enquête sur cette tragédie.
C'est le gouvernement actuel qui a agi. J'ai parlé à des gens qui sont liés à la commission d'enquête et tous m'ont pressé d'attendre les résultats de l'enquête de manière à ce que nous puissions prendre en compte ce qui fait l'unanimité, à savoir de graves lacunes au plan de la coopération entre les agences de renseignement et la façon dont l'enquête et les poursuites ont été menées. Les conclusions de cette enquête seront très utiles.
En tant que gouvernement responsable, nous continuerons d'attendre le rapport. J'aurais aimé qu'il soit publié plus tôt. Cela dit, il fournira vraisemblablement des renseignements très importants qui nous aideront à améliorer l'efficacité de la surveillance en matière de sécurité nationale. Contrairement au gouvernement précédent, nous ne nous préoccupons pas des apparences. Nous voulons obtenir des résultats concrets et améliorer la gestion de la surveillance en matière de sécurité nationale de manière à ce que les erreurs du passé ne se répètent pas dans l'avenir.
Je tenais, dans un premier temps, à préciser ces points, car ceux qui n'ont pas suivi le débat pourraient avoir une toute autre impression s'ils ont entendu les propos du député libéral d'. Le député refuse de reconnaître qu'une grande partie des problèmes auxquels nous sommes confrontés actuellement est le fait de son parti lorsqu'il était au pouvoir. Ce sont justement ces problèmes que nous tentons de régler.
Je sais gré aux membres du Comité de la sécurité publique du bon travail qu'ils ont fait lorsqu'ils ont examiné les questions importantes que les commissions d'enquête O'Connor et Iacobucci ont soulevées. La sécurité nationale et la protection des Canadiens demeurent assurément l'une des plus grandes priorités de tout gouvernement et, bien sûr, cela s'applique...
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Si vous me permettez de poursuivre, madame la Présidente, le gouvernement a la responsabilité de contrecarrer de nouvelles menaces et de nouveaux problèmes dans un cadre de sécurité nationale qui garantit la reddition de comptes et la protection des libertés civiles.
C'est la raison pour laquelle le gouvernement du Canada est farouchement déterminé à donner aux organismes d'exécution de la loi les outils dont ils ont besoin pour assurer notre sécurité nationale. Voilà pourquoi nous proposons des modifications, notamment en faisant en sorte que la police ait un meilleur accès à de nouvelles formes de technologie pour exécuter des mandats et en permettant à nos services de renseignement de s'adapter eux aussi à l'évolution de la technologie et d'éviter que cette dernière ne soit utilisée par ceux qui veulent porter atteinte à notre sécurité nationale. En même temps, nous devons confier aux organismes d'examen de nos activités de sécurité nationale le mandat d'effectuer un examen rigoureux de nos organismes d'exécution de la loi et de nos organismes de sécurité ainsi que des actions de ces derniers.
Comme le gouvernement l'a souligné dans sa réponse au rapport du comité permanent, il demeure inébranlable dans sa détermination à renforcer le cadre d’examen des activités de sécurité nationale au Canada. Je voudrais profiter de cette occasion pour parler de certaines des recommandations contenues dans le rapport du comité permanent, parce que, bien sûr, c'est ce dont nous sommes saisis.
Le rapport comme tel renferme un certain nombre de recommandations que le gouvernement appuie en principe. Ainsi, dans son rapport, le comité recommande que le gouvernement mette en œuvre sans délai toutes les recommandations émanant de la Commission d’enquête O'Connor. À cet égard, la position du gouvernement est très claire. Une grande partie du travail lié aux commissions d'enquête O'Connor et Iacobucci est déjà achevée, ou bien avancée.
Comme les députés le savent, la partie I du rapport du juge O'Connor renferme 23 recommandations touchant des points tels que l'amélioration des pratiques d'échange d'information au Canada et avec des organismes étrangers, la création de politiques claires sur la prestation des services consulaires, et l'amélioration de la formation dispensée à tous ceux qui participent à des enquêtes liées à la sécurité nationale.
Le gouvernement a accepté d'emblée les recommandations formulées dans la partie I du rapport du juge O'Connor, et il a immédiatement pris des mesures pour les mettre en oeuvre. Je suis heureux de dire que cet exercice est en grande partie terminé. Encore une fois, il est bien possible que les députés d'en face restent silencieux sur ce point et sur le fait que 22 des 23 recommandations ont déjà été mises en oeuvre.
Je veux aussi souligner qu'un bon nombre des questions soulevées par le juge Iacobucci étaient semblables à celles qui ont été signalées par le juge O'Connor. Par conséquent, les mesures prises par le gouvernement ont déjà permis de régler ces questions.
Le gouvernement va aussi de l'avant relativement à la partie II du rapport du juge O'Connor, qui traite d'une façon plus générale du cadre d'examen des activités de sécurité nationale au Canada. À cet égard, une grande partie du travail a été accomplie grâce à l'élaboration de propositions visant à améliorer le processus d'examen et de traitement des plaintes de la GRC, y compris l'examen des activités de cet organisme qui sont liées à la sécurité nationale. La mesure législative pertinente devrait être présentée sous peu.
Les travaux vont bon train aussi pour ce qui est d'améliorer nos structures d'examen de la sécurité nationale, ce qui inclut l'adoption d'un mécanisme pour faciliter les examens interorganismes. Comme je l'ai mentionné, même si ces travaux sont bien avancés, nous voulons voir ce que le juge Major aura à dire, suite à l'étude approfondie menée dans le cadre de l'enquête sur l'attentat commis contre le vol d'Air India. Je pense que toute personne raisonnable conviendra de l'importance de lire les constatations et les recommandations du juge Major relativement à la surveillance en matière de sécurité nationale.
Le Canada n'est pas à l'abri des menaces terroristes. Nous savons pertinemment, suite aux poursuites judiciaires récentes, que le Canada est visé par de telles menaces, tant à l'étranger qu'au pays. Nous travaillons efficacement pour éliminer ces menaces, mais il faut être conscient de leur nature changeante et s'adapter en conséquence. Par exemple, nous savons maintenant que, les menaces à notre sécurité ayant une dimension internationale, il doit aussi en être ainsi de notre réaction. Nous savons également que la coopération et la coordination sont essentielles. De nos jours, un nombre croissant de ministères et d'organismes collaborent afin de faire face aux défis et aux menaces qui font surface.
Il importe plus que jamais de travailler étroitement avec nos partenaires internationaux. Les enquêtes menées relativement à chaque incident terroriste nous apprennent que ceux-ci ne sont pratiquement jamais commis en vase clos et confinés à un seul pays. Même les terroristes à l'intérieur de nos frontières sont souvent liés à plusieurs autres pays, que ce soit au niveau des communications, du financement, du soutien, de l'entraînement, de l'appui moral ou des instructions. Nous savons que ces liens internationaux existent vraiment et c'est pourquoi il faut que notre réaction ait aussi une dimension internationale.
Le gouvernement du Canada collabore avec ses partenaires et continuera à le faire. Il est déterminé à moderniser et renforcer notre cadre de surveillance de la sécurité nationale pour refléter cette réalité, réagir à l’évolution de l’environnement de la sécurité et de la menace et respecter les principes de l’indépendance et de la responsabilité. Ce faisant, le gouvernement continuera, comme je l’ai dit, à tenir compte de l’avis et des recommandations des principaux intervenants et conseillers, y compris le juge Major.
Tandis que le gouvernement procède à la mise en œuvre de ces réformes, il est déterminé à tenir les Canadiens au courant des initiatives stratégiques qui influenceront leur vie et celle de leurs concitoyens.
En réponse à la deuxième recommandation du comité, le gouvernement est heureux de noter qu’un rapport d’étape complet a été déposé. Il donne au comité et aux Canadiens un compte rendu détaillé des progrès que nous avons faits jusqu’ici dans la mise en œuvre des 23 recommandations de la première partie du rapport du juge O’Connor.
Je veux également souligner que le gouvernement élabore actuellement des propositions destinées à combler les lacunes mentionnées dans la deuxième partie du rapport du juge O’Connor concernant la surveillance des activités liées à la sécurité nationale. Encore une fois, le gouvernement s’est engagé à tenir les parlementaires et les Canadiens généralement informés des développements, au fur et à mesure qu’ils se produisent.
Pour ce qui est de la troisième recommandation du comité, concernant MM. Almalki, Abou El Maati et Nureddin, il y a lieu de noter que le gouvernement a agi d’une façon décisive pour donner suite à la recommandation du juge O’Connor d’établir un processus indépendant et crédible de révision du cas de ces trois personnes. Encore une fois, cela ne s’était pas fait sous le gouvernement précédent. Toutefois, je voudrais rappeler au comité qu’il serait déplacé pour le gouvernement de mettre en œuvre la troisième recommandation puisqu’elle concerne des questions faisant l’objet de poursuites au civil.
Le gouvernement appuie l’esprit de la quatrième recommandation du comité, qui appelle à la diffusion d’une directive claire contre la torture. En fait, le gouvernement considère que cette recommandation est déjà réalisée. Contrairement au point de vue exprimé dans le rapport du comité ainsi que par certains députés aujourd’hui, la politique du gouvernement du Canada sur la torture et l’utilisation de renseignements obtenus sous la torture est claire.
Comme je l’avais indiqué dans la déclaration que j’avais faite à titre de ministre de la Sécurité publique, le 2 avril 2009, nous avons clairement réitéré, au nom du gouvernement, que le Canada n’accepte pas l’utilisation de la torture comme moyen de recueillir des renseignements. De plus, la recommandation du comité ne tient pas compte de la directive ministérielle que j’avais donnée au Service canadien du renseignement de sécurité, comme ministre de la Sécurité publique, pour confirmer que le gouvernement continue à rejeter et à avoir en horreur le recours à la torture par n’importe quel État ou organisme.
La cinquième et dernière recommandation du comité préconise un plus grand rôle pour les parlementaires dans la surveillance des activités liées à la sécurité nationale. Même si ni le juge O’Connor ni le juge Iacobucci n’ont abordé cette question, le gouvernement appuie fortement le maintien de la participation des parlementaires, qui agissent bien entendu dans le cadre d’un certain nombre de tribunes, comme nous avons pu le constater aujourd’hui même au sein de nos comités parlementaires.
Pour terminer, je voudrais réitérer les remerciements du gouvernement au Comité permanent de la sécurité publique et nationale pour son examen de ces importantes questions. Toutefois, même si le gouvernement appuie en principe certaines de ces recommandations, notamment celles qui visent à mettre en œuvre les recommandations du juge O’Connor, à établir des politiques claires contre la torture et à maintenir le rôle des parlementaires dans le domaine de la sécurité nationale, il ne peut pas appuyer le rapport du comité dans son ensemble parce qu’il omet de mentionner le travail déjà accompli dans ce domaine.
En fait, les Canadiens ont vraiment de quoi être fiers. Nous avons fait un long parcours depuis 2001, 2002 et 2003 quand ces abus avaient été commis et quand le gouvernement d’alors avait refusé de tenir une enquête publique sur l’attentat terroriste contre l’avion d’Air India. Nous avons fait du chemin depuis et avons apporté de nombreux changements destinés à réaliser l’équilibre entre le respect des droits de la personne et la nécessité de protéger la sécurité nationale des Canadiens.
Nous continuerons à le faire parce que c’est ce que les Canadiens attendent de nous.
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Madame la Présidente, je disais donc que le débat porte sur le troisième rapport du Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Je cite le rapport:
Conformément au mandat que lui confère l’article 108(2) du Règlement, le Comité a étudié les constats et recommandations émanant de l'Enquête interne sur les actions des responsables canadiens relativement à Abdullah Almalki, Ahmad Abou-Elmaati et Muayyed Nureddin (Commission Iacobucci) et de la Commission d'enquête sur les actions des responsables canadiens relativement à Maher Arar (Commission O’Connor) et a convenu de faire rapport de ce qui suit:
Le comité a fait cinq recommandations principales. J'aimerais également attirer l'attention sur le paragraphe précédant la signature du président, à la fin du rapport. Je cite:
Conformément à l’article 109 du Règlement, le Comité demande au gouvernement de déposer une réponse globale au présent rapport.
Le rapport a été déposé à la mi-juin, juste avant que la Chambre n'ajourne pour l'été. En vertu de l'article 109 du Règlement, le ministre a 120 jours pour répondre au rapport du comité. Le gouvernement a déposé sa réponse au rapport le 19 octobre à la Chambre, soit exactement 120 jours après le dépôt du rapport. La réponse a été renvoyée au comité pour étude et examen, il y a déjà quatre semaines.
Le comité examine très sérieusement la réponse, mais il mène aussi d'autres activités. Il suit de très près les audiences du comité spécial sur les prisonniers afghans parce qu'il y est question de torture, ce qui est un élément du rapport.
J'ai été un peu étonné lorsque le a laissé entendre que nous faisions perdre le temps de la Chambre et que le comité avait eu quatre mois. Si le comité demande au gouvernement de répondre à son rapport, on ne peut pas proposer de motion d'adoption du rapport tant que cette réponse n'a pas été déposée à la Chambre.
Je comprends pourquoi le gouvernement a intérêt à passer à autre chose, mais même le ministre qui vient de parler a commencé son allocution en affirmant que cette motion d'adoption retardait des affaires importantes. Lorsque nous parlons du gouvernement du Canada et de toutes ses agences et de la manière dont ils traitent les affaires graves comme les cas de torture, je n'arrive pas à concevoir que le gouvernement puisse affirmer que c'est sans importance.
Il nous incombe de travailler en comité pour faire le travail nécessaire, pour enquêter sur des faits importants et de faire rapport de nos constatations à la lumière des témoignages d'experts et de formuler des recommandations puis de les soumettre à la Chambre des communes.
Maintenant que nous avons reçu la réponse du gouvernement, la motion d'adoption demande à la Chambre d'examiner le rapport du comité à la lumière des recommandations qu'il a jugées appropriées et de voir si, oui ou non, elle reconnaît que le rapport mérite que le gouvernement en tienne compte et y donne suite. Cela est important.
Je comprends que le gouvernement aimerait passer à autre chose, mais les parlementaires ont des droits et la motion a été proposée conformément au Règlement de la Chambre.
Comme je l'ai déclaré, la réponse du gouvernement au rapport a été déposée à la Chambre le 19 octobre. Il aborde chacune des cinq recommandations.
J'ai pu examiner la réponse du gouvernement et sa réaction à certaines observations formulées dans le cadre des travaux du comité lors de discussions avec des représentants d'agences gouvernementales et d'autres témoins, notamment sur le sujet à l'étude.
Cette réponse fait suite aux conclusions et aux nombreuses recommandations des commissions d'enquête Iacobucci et O'Connor. Il va sans dire que toutes les recommandations que le comité souhaitait faire s'inspiraient de ces deux enquêtes.
Je ne veux pas faire lecture du rapport, mais je tiens à aborder brièvement chacune des recommandations et la réponse correspondante du gouvernement pour que les députés comprennent et soient en mesure d'établir si le gouvernement prend ce rapport et le travail du comité au sérieux. Cette façon de procéder éclairera certainement leur lanterne.
Dans la première recommandation, on presse essentiellement le gouvernement du Canada de mettre en œuvre sans délai toutes les recommandations émanant de la Commission d’enquête sur les actions des responsables canadiens relativement à l'affaire Maher Arar, soit la Commission d’enquête O’Connor. Je cite simplement quelques arguments que soulève le gouvernement. Dans sa réponse, il dit notamment ceci:
[...] le gouvernement reconnaît qu’il faut sans cesse évaluer les politiques et les pratiques existantes en fonction de l’environnement opérationnel changeant.
C'est une façon détournée de dire qu'il faut faire davantage pour évaluer certaines circonstances qui ont permis que des citoyens canadiens soient entre autres injustement torturés et incarcérés. Le gouvernement ajoute ceci:
Le gouvernement s’engage fermement à moderniser et renforcer le cadre d’examen des activités de sécurité nationale au Canada. En réalisant cet objectif, le gouvernement continuera de considérer les conseils et les recommandations des intervenants clés et des conseillers, y compris le rapport en cours du juge Major mis au point dans le cadre de la Commission d'enquête relative aux mesures d'investigation prises à la suite de l'attentat à la bombe commis contre le vol 182 d'Air India (la Commission d’enquête Air India).
Le gouvernement reconnaît encore une fois qu'il y a des lacunes et que certains processus en place sont inadéquats pour traiter ces questions. J'estime que le gouvernement souscrit à la recommandation du comité, mais il reste à voir s'il y a donné suite.
Dans la seconde recommandation, on demande au gouvernement de présenter des rapports publics réguliers sur les progrès réalisés au chapitre de la mise en œuvre des constats et recommandations qui découlent de la Commission d’enquête O’Connor et de l’Enquête interne sur les actions des responsables canadiens relativement à Abdullah Almalki, Ahmad Abbou Elmaati et Muayyed Nureddin, soit la Commission d’enquête Iacobucci. Le gouvernement a répondu en disant que la Commission Iacobucci a mis en lumière plusieurs enjeux et qu'elle s'est notamment concentrée sur l’échange et le traitement des renseignements transmis aux organismes étrangers ou obtenus de ceux-ci ainsi que sur la prestation de services consulaires. Il a également souligné que le juge Iacobucci n’avait pas pour mandat de formuler des recommandations à cet égard.
Je me demande si le gouvernement n'esquive pas la question importante. Veut-il vraiment abdiquer sa responsabilité de gouvernement et, dans ce cas, pourquoi? À mon avis, peu importe que Iacobucci ait recommandé ces choses; c'est un comité permanent du Parlement qui les recommande. On ne peut pas s'en remettre à des enquêtes publiques pour établir les éléments sur lesquels le gouvernement doit se fonder pour rationaliser et moderniser les modalités de protection des droits et libertés des citoyens canadiens.
Dans sa réponse, le gouvernement dit qu'il continue de développer sa position stratégique en vue de moderniser et de renforcer l'organisme actuel d'examen et de traitement des plaintes pour la GRC et qu'à l'appui de ces efforts, il a consulté étroitement les intervenants clés, en particulier ceux qui ont passé un contrat avec la GRC pour utiliser leurs services policiers, et il continuera de le faire.
Enfin, le gouvernement ajoute qu'il est convaincu qu'il sera prêt pour mettre en place des mesures visant à combler les lacunes relevées par le juge O'Connor en ce qui concerne l'examen des activités de sécurité nationale et qu'il continuera à informer les députés et les Canadiens des nouveaux développements.
Pour résumer, oui le gouvernement veut le faire, mais l'a-t-il fait? Constatons-nous qu'il le fait? Les députés ont-ils été informés de ces changements? La réponse est non et la question est: pourquoi non?
La recommandation 3 concerne les torts infligés à MM. El Maati, Adullah Almalki et Nureddin. Le comité a recommandé que des excuses soient présentées à ces citoyens canadiens, qu'on leur verse un dédommagement pour les souffrances endurées et les difficultés affrontées, et, finalement, qu'on prenne les mesures nécessaires pour rectifier les informations erronées pouvant exister dans les fichiers administrés par des organismes chargés de la sécurité nationale au Canada et à l'étranger à l'égard de ces personnes.
Le seul commentaire du gouvernement sur toute cette recommandation, c'est qu'il serait déplacé d'aborder la troisième recommandation du comité puisque l'affaire est actuellement devant les tribunaux. Là encore, il est méprisant.
Je n'ai même pas parlé de la rectification des informations. J'ai été sidéré qu'on ne donne pas une réponse claire à une recommandation claire. Je suggérerais au comité de retourner demander au ministre pourquoi il est resté muet.
Il paraît, comme je l'ai déjà dit, et l'opposition officielle a fait la même remarque dans un rapport dissident, qu'en vertu de la convention relative aux affaires en instance, le comité n'aurait pas dû recommander d'indemniser ces personnes ou de leur présenter des excuses parce que l'affaire était devant les tribunaux. Mais la convention relative aux affaires en instance est une convention volontaire et spontanée qui n'empêche pas un comité de faire de telles recommandations.
Les députés peuvent se reporter au chapitre 3, page 99, de La procédure et les usages de la Chambre des communes, deuxième édition, O'Brien et Bosc, 2009. Il y a une autre référence à la question où l'on fait la distinction entre le civil et le pénal, vers la page 600, pour la gouverne des députés.
Le gouvernement du Canada peut invoquer volontairement la convention relative aux affaires en instance dans le cas présent, mais le comité n'a pas à le faire. Au contraire, il est important que le comité soulève la question des excuses et de l'indemnisation même s'il y a un procès civil en cours, car d'après les preuves et les personnes concernées ici, ni ces personnes ni leurs droits n'ont été protégés. Il y aura donc manifestement des excuses et une indemnisation, dont il appartiendra aux tribunaux de déterminer le montant.
Toutefois, les preuves à cet égard sont claires et le comité a eu parfaitement raison dans les deux premières parties de sa troisième recommandation. Pour ce qui est de la troisième partie, qui concerne la rectification de l'information, le gouvernement a simplement jugé bon de ne pas répondre, on ne sait pourquoi.
La recommandation 4 du comité visait à clarifier la directive ministérielle contre la torture et l’utilisation des renseignements obtenus sous la torture à l’intention de tous les ministères et organismes qui veillent à la sécurité nationale. Elle précisait que la directive ministérielle devait indiquer clairement que les échanges de renseignements avec les pays sont interdits lorsqu’il existe un risque crédible que cet échange pourrait mener à un recours à la torture ou qui y contribuerait.
Je ne peux pas imaginer une recommandation plus appropriée, compte tenu surtout des délibérations qui se déroulent actuellement devant le comité spécial sur le transfert des détenus afghans et le refus du gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour permettre aux membres du comité d’avoir les renseignements dont ils ont besoin pour poser des questions importantes, pertinentes et exceptionnelles aux témoins qui comparaissent devant eux.
Quand M. Colvin a comparu, c’était une chose, mais ensuite, les trois généraux ont comparu à leur tour. Tous avaient accès à la correspondance non retouchée en question, mais pas les membres du comité. Ils l’ont seulement obtenue hier. Si les députés ont vu les articles diffusés dans les médias, ils ont pu constater que la majorité de ces pages ont été totalement noircies et que les renseignements étaient tellement noircis sur toutes les autres pages que nous ne pouvions pas deviner quelle était leur teneur. Comment pouvons-nous aborder cette question s’il n’y a aucune mention de la torture alors que nous avons des motifs raisonnables de croire qu’il y a eu des incidents de torture?
Cette recommandation était excellente, mais la réponse du gouvernement était qu’il n’approuvait pas l’usage de la torture pour la collecte de renseignements et elle nous renvoyait à cette directive très claire.
Le gouvernement a déclaré que sa position sans équivoque est appuyée par la directive ministérielle que le a récemment émise au SCRS et qui dit clairement que le gouvernement continue d’exécrer la torture et de s’opposer catégoriquement à son utilisation par quelque pays ou service et pour quelque raison que ce soit, incluant la collecte de renseignements.
Pourquoi cela n’était-il pas déjà en place? Pourquoi le gouvernement doit-il émettre une directive maintenant? Ce rapport est sorti. C’est la réponse du et de la sécurité nationale. Il dit maintenant que le gouvernement a ce rapport. J’ai ici une copie de cette directive. Le fait qu’il ait dû émettre la directive pour rappeler notre politique de longue date à l’égard...
Nous ne pensions pas qu’il était nécessaire de vous demander la permission.
M. Paul Szabo: Madame la Présidente, le ministre va commencer à me conspuer pour signaler qu’il n’aime peut-être pas ce qu’il entend.
Tels sont les faits. Suite au rapport du comité et de l’excellent travail qu’il a accompli, une directive a été émise. Le fait qu’une directive a dû être émise revient pratiquement à reconnaître que le message n’a pas été transmis jusqu’à nos troupes sur le terrain.
Le ministre n’aime peut-être pas les faits, mais les faits sont clairs. Le gouvernement semble faire deux poids deux mesures en ce qui concerne la torture. Certains membres du comité ont émis une opinion dissidente, même à ce moment-là. Ils estimaient que le gouvernement avait déjà suivi la recommandation. Telle a été la réponse et l’opinion dissidente que les conservateurs membres du comité ont émise dans le rapport. Ils ont rejeté la recommandation en disant que tout allait très bien, mais ce n’est pas le cas. Le ministre a dû émettre une nouvelle directive pour rappeler que la torture ne doit pas être utilisée. Cela me paraît suffisamment clair.
La recommandation 5 proposait l’établissement d’un comité de parlementaires sur la sécurité nationale. Le gouvernement a répondu qu’il attendait de recevoir les rapports du comité, etc. En fait, il a rejeté également cette recommandation.
La réponse du ministre à cet excellent rapport est claire. Le gouvernement ne considère certainement pas qu’il s’agit de renseignements importants. C’est exactement ce que le ministre a déclaré quand il a commencé son discours. Il a dit que cela retardait d'autres travaux importants de la Chambre. Le ministre devrait savoir que le comité a fait un travail important.