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Monsieur le Président, je remercie la Chambre de me permettre de parler de nouveau du projet de loi . Hier, au début de mon intervention, j'expliquais que ce projet de loi éliminera les peines avec sursis dans tous les cas d'infractions criminelles graves, et non seulement dans les cas d'infractions comportant des sévices graves à la personne.
Actuellement, les tribunaux sont en mesure de condamner les contrevenants à subir une période d'incarcération, mais permettent que cette peine soit purgée à la maison ou dans la collectivité. Je veux être bien clair: dans les cas où il est question d'infractions mineures, la peine avec sursis, en permettant au contrevenant de réfléchir à ce qu'il a fait et de se réhabiliter, peut être adéquate. Dans la plupart des cas, cependant, les peines avec sursis, ou les détentions à domicile, comme on les appelle souvent, ne sont pas adéquates.
Malheureusement, en vertu du Code criminel et de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, le recours à la détention à domicile est toujours possible dans le cas de bon nombre d'infractions très graves.
Par exemple, les Canadiens seront choqués d'apprendre qu'on peut toujours purger sa peine dans le confort de son foyer pour les infractions suivantes: le harcèlement criminel, l'agression sexuelle, l'enlèvement, la traite de personnes, qui comprend la traite des enfants, le vol de plus de 5 000 $, l'introduction par effraction dans un dessein criminel, l'incendie criminel avec intention frauduleuse et, bien entendu, le leurre d'un enfant.
Je voudrais parler brièvement d'un dernier crime: le leurre d'enfants. Hier, j'ai parlé des incendies criminels. Un incendiaire pourrait détruire la maison d'une famille. Les victimes pourraient ne plus être capables pendant des mois de rentrer chez elles. Elles pourraient même ne jamais plus retrouver leur maison. Mais, l'incendiaire, lui, pourrait rentrer tranquillement chez lui et s'asseoir confortablement devant son téléviseur à écran géant.
Aujourd'hui, j'aimerais parler du leurre d'enfants. Laissez-moi vous expliquer de quoi il s'agit. Le leurre d'enfants vise particulièrement l'exploitation sexuelle. Un prédateur sexuel se sert par exemple de l'Internet pour communiquer avec un jeune enfant, qui, peut-être, vient d'une famille éprouvant des difficultés, souffre de la solitude ou a d'autres genres de problèmes.
À force de communiquer avec l'enfant, le prédateur parvient à gagner sa confiance. Évidemment, le prédateur ne lui dit pas son âge. Il lui fait croire qu'il a 13 ou 14 ans, et l'enfant ne peut absolument pas savoir qu'il communique en fait avec un adulte. Au fil des échanges, la conversation prend un caractère sexuel. Le prédateur finit par attirer l'enfant quelque part, hors de son foyer, et le fait tomber dans le piège de l'exploitation sexuelle.
Il est clair, aux yeux des Canadiens, que de tels actes ne doivent pas entraîner simplement une peine de détention à domicile. J'ai eu l'occasion, au cours de la législature précédente, de présenter un projet de loi d'initiative parlementaire qui visait à doubler la peine maximale pouvant être imposée à une personne reconnue coupable de s'être servie de l'Internet pour exploiter sexuellement des enfants, à la faire passer de 5 à 10 ans. À l'origine, le Bloc s'est opposé à ce projet de loi, mais le reste de la Chambre l'a heureusement appuyé. Il a été renvoyé à un comité et il a fini par recueillir l'appui unanime des partis.
Ce projet de loi était nécessaire parce que, comparativement à d'autres infractions prévues dans le Code criminel, la peine maximale de cinq ans n'était pas suffisante. Par exemple, une personne ayant volé une vache à son voisin était passible d'une peine d'emprisonnement maximale de 10 ans. Une personne ayant escroqué plus de 5 000 $ était passible d'une peine d'emprisonnement de 10 ans. Mais, si une personne arrivait à leurrer un enfant au moyen de l'Internet, la peine maximale pouvant lui être imposée était de cinq années d'emprisonnement. Heureusement, la Chambre a jugé que ce projet de loi méritait d'être adopté, ce qui fut fait. Il fait maintenant partie des lois du Canada.
Les agresseurs qui utilisent Internet pour leurrer des enfants devraient-ils avoir le droit de purger leur peine dans le confort de leur foyer? Les Canadiens seraient abasourdis d'apprendre que c'est toujours le cas. Ce qui est encore plus scandalisant, c'est que le NPD appuie toujours l'assignation à résidence pour les crimes graves de ce genre. En fait, hier, j'ai eu un échange à la Chambre avec le député de , qui vient du même coin de pays que moi. Notre région connaît de graves problèmes liés à la drogue et à la criminalité violente.
Il devrait connaître les défis auxquels nous devons faire face dans la lutte contre le crime grave. Pourtant, il a laissé entendre que les auteurs de crimes comme le leurre d'enfants au moyen d'Internet ne faisaient jamais l'objet de peines d'emprisonnement avec sursis, en d'autres mots, de peines à purger dans le confort de son foyer. En fait, il m'a mis au défi de trouver des cas de ce genre. C'est ce que j'ai fait.
Je tiens à attirer son attention sur un certain nombre de cas qui se sont produits depuis 2002. Le premier est l'arrêt La Reine c. Folino. Dans cette affaire de leurre d'enfant au moyen d'Internet, la personne reconnue coupable a fait l'objet d'une assignation à résidence d'une durée de 18 mois. En d'autres mots, elle a purgé sa peine bien tranquillement à la maison.
Dans l'affaire La Reine c. Pritchard, un homme de 19 ans a leurré une adolescente qu'il savait être âgée de 13 ans. Quelle a été sa peine? Il s'est vu imposer une peine de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité, soit une assignation à résidence. Dans l'arrêt La Reine c. Burke qui remonte à 2007, un enseignant, qui avait leurré un garçon au moyen d'Internet, a fait l'objet d'une assignation à résidence.
Dans une autre affaire, La Reine c. MacIntyre, un père d'Edmonton s'est vu imposer une peine d'emprisonnement avec sursis pour leurre au moyen d'Internet. C'était en juin 2009. Cette année, un homme d'Antigonish a reçu une peine avec sursis, également pour leurre au moyen d'Internet.
Il est vrai qu'il y a des crimes graves dont les auteurs sont encore condamnés à la détention à domicile et cela choque les Canadiens. Le projet de loi éliminerait la détention à domicile dans le cas de presque tous les crimes graves, y compris ceux que j'ai mentionnés.
C'est ce que les Canadiens nous ont demandé de faire et le gouvernement conservateur les écoute et agit. De plus, nous faisons le travail que les libéraux et les néo-démocrates ont refusé que nous fassions lors de la dernière législature. Je m'explique.
Comme je l'ai dit hier, pendant la 39e législature, le gouvernement a présenté un projet de loi qui aurait éliminé la détention à domicile dans les cas de tous les crimes graves, comme nous voulons le faire avec le projet de loi . Malheureusement, les libéraux, les néo-démocrates et les bloquistes ont vidé le projet de loi de sa substance en en retirant les enlèvements, les incendies criminels, les agressions sexuelles et le leurre d'enfants à des fins sexuelles. C'est pourquoi le projet de loi est à nouveau devant nous.
Je suis soulagé de constater que le Parti libéral a finalement déclaré qu'il pourrait appuyer le projet de loi cette fois-ci. Cependant, je demande ceci aux libéraux: quelle conversion miraculeuse a bien pu survenir entre la dernière législature et celle-ci pour les amener à comprendre finalement que les crimes graves méritent des peines sérieuses purgées en prison? Quelque chose s'est produit. Ils ne comprenaient certainement pas la situation il y a un an et demi.
Les crimes comme les enlèvements, les incendies criminels, les vols et le leurre d'enfants à des fins sexuelles, même s'ils n'entraînent pas toujours de blessures physiques, causent habituellement de graves traumatisme chez les victimes et changent souvent leur vie pour toujours. Pourquoi ces crimes ne seraient-ils pas punis par des peines d'emprisonnement? Les Canadiens posent la question.
Ce sont des crimes qui ne devraient clairement pas aboutir à des peines à purger à la maison. Pourtant, le NPD et le Bloc continuent de lutter contre nos efforts pour protéger les Canadiens et pour dénoncer comme il se doit les actes criminels. Les partis de l'opposition sont cléments envers les criminels, c'est évident. Ils tentent de le nier à la Chambre, ils prétendent qu'ils prennent le parti des Canadiens, mais lorsque nous les mettons à l'épreuve, ils échouent lamentablement. Les Canadiens ont tout à fait raison d'être en colère devant la situation.
Ai-je besoin de rappeler aux partis de l'opposition l'ampleur des fraudes révélées dans les médias récemment? Il s'agit des pires fraudes de l'histoire du Canada. Il y en a eu au Québec, plus récemment en Alberta et également en Colombie-Britannique. Il y en a eu dans pratiquement toutes les provinces de notre magnifique pays et les victimes comptent parmi nos concitoyens les plus vulnérables, notamment les personnes âgées.
Il y a des courtiers véreux qui savent très bien qui ils escroquent. N'empêche que, en vertu de la loi actuelle, il se pourrait qu'ils soient condamnés — tenez-vous bien — à rester chez eux. Voilà ce que préconise le NPD et que continue de réclamer le Bloc.
Le projet de loi mettrait fin à cela. Il est temps que les choses changent. Si les partis de l'opposition ne veulent pas nous aider à assurer la protection des Canadiens, qu'ils s'écartent pour nous laisser faire le nécessaire.
Le fin mot de l'histoire, c'est que le projet de loi fait précisément ce que réclament les victimes d'un bout à l'autre du pays. Il fait en sorte que des crimes graves, comme la fraude grave, le vol qualifié, l'enlèvement, l'agression sexuelle, l'incendie criminel et le leurre d'enfants à des fins sexuelles, soient punissables d'emprisonnement réel, et non de simple mise en pénitence à la maison. C'en sera fini des auteurs de crimes graves qui purgent leur peine dans le confort de leur foyer, assis devant le téléviseur ou l'ordinateur. La sévérité de la peine doit être proportionnelle à la gravité du crime, et c'est en prison, et non à la maison, que la peine doit se purger.
Notre gouvernement est à l'écoute des Canadiens, et nous agissons en conséquence. J'exhorte tous les députés à mettre de côté le sectarisme politique, la rancune et les diktats idéologiques qui les enferment dans des positions qui sont contraires à l'intérêt des Canadiens, à faire ce qui s'impose et à prendre conscience de certains des défis qui se posent à nous dans le système canadien de justice pénale.
Je viens de la côte Ouest et je suis bien au courant des difficultés suscitées récemment par les crimes de violence ou liés à la drogue. Je tiens à signaler que le projet de loi éliminera en outre les peines avec sursis dans le cas des crimes les plus graves qui sont liés au trafic de stupéfiants. Pourquoi un trafiquant de drogue reconnu qui, le plus souvent, est un récidiviste et présente un danger pour la collectivité purgerait-il sa peine dans le confort de son foyer? Surtout que sa maison, il l'a probablement achetée grâce aux produits de la criminalité, ce qui est encore plus choquant.
J'invite mes collègues à mettre de côté le sectarisme politique et à appuyer à l'unanimité ce projet de loi afin d'en accélérer l'adoption. Je puis assurer à la Chambre que, en ma qualité de président du Comité de la justice, je ferai ma part pour que cette très importante mesure législative soit adoptée rapidement.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je vais recommencer, surtout que la traduction simultanée est importante. En effet, ce que je vais dire est important pour le bénéfice de plusieurs de mes collègues en cette Chambre. Je vous remercie de me laisser la parole dans le présent dossier, je l'appellerai comme cela.
En 1996, j'étais avocat criminaliste lorsqu'a été présentée la fameuse notion d'emprisonnement avec sursis. Cette notion n'est pas arrivée gratuitement. Elle n'est pas tombée du ciel, lancée par une quelconque personne qui avait philosophé sur le développement du droit criminel. Elle est arrivée après de longues études, après une analyse de la situation et après s'être rendu compte que plusieurs détenus étaient condamnés à de très courtes peines d'emprisonnement. Il faut s'entendre. Quelqu'un qui était condamné à une peine, par exemple, d'un mois ou de six mois de prison avec une possibilité de libération conditionnelle rapide par les prisons provinciales était immédiatement remis en liberté.
Ce qui s'est produit dans plusieurs dossiers, c'est que le juge condamnait un individu à deux ans moins un jour. J'espère que les députés de l'autre côté vont m'écouter. L'individu arrivait à l'établissement carcéral, à la prison provinciale. Or, comme il y avait une surpopulation, soudainement, un mois ou un mois et demi après, cet individu était remis en liberté sans aucune condition. Il y a eu un surpeuplement de la population carcérale dans les prisons provinciales. Il y a encore un surpeuplement dans les prisons provinciales.
Je ne dis pas, et je ne dirai jamais que tout le monde doit être remis en liberté et que tout le monde doit avoir de plus longues peines. Ce n'est pas ce que je dis. Je dis que lorsqu'on a imposé ou qu'on est arrivé avec l'emprisonnement avec sursis — c'est de cela dont on parle —, les juges, les avocats, les procureurs de la Couronne, les policiers, tous les services correctionnels ont été consultés. Puis, on a mis doucement en place, très doucement, n'en déplaise à la députée de , avec l'accord de la GRC, cet emprisonnement avec sursis, avec des règles très strictes.
Quelles sont ces règles? J'aimerais que mes collègues d'en face écoutent. Premièrement, il ne faut pas que l'individu soit condamné à plus de deux ans. Il va falloir qu'on arrête de nous charroyer — j'ai hâte de voir la traduction —, transporter, délivrer. On essaie de nous faire gober des choses complètement déconnectées de la réalité, comme si quelqu'un qui était condamné pour trafic de stupéfiants allait purger une peine de détention chez lui, accoudé à ne rien faire.C'est faux et je vais y revenir dans quelques instants. Je sais que pour des raisons purement idéologiques, ils ne le feront pas, mais certains de mes collègues d'en face auraient intérêt à lire et à relire les articles 742 et suivants du Code criminel concernant l'emprisonnement avec sursis et, surtout, à lire et à relire les articles 718 à 718.2 qui parlent des principes de détermination de la peine. J'y reviendrai.
Avant qu'un juge impose un emprisonnement avec sursis, l'individu doit être reconnu coupable d'une infraction qui n'est pas punissable d'une peine minimale d'emprisonnement. Alors, qu'on arrête de nous rabâcher les oreilles. Dès l'instant où quelqu'un a une peine minimale d'emprisonnement, c'est fini. Il s'en va, il n'est pas admissible à un emprisonnement avec sursis. Le juge doit avoir établi que l'infraction devrait donner lieu à une peine d'emprisonnement de moins de deux ans. Que fait alors le juge? Il s'adresse à l'individu et lui dit qu'il mérite une peine d'emprisonnement, que cette peine pourrait être de deux ans moins un jour, qu'il a décidé de lui imposer une telle peine, mais qu'il allait la purger dans la société. Je vais y revenir.
On arrive maintenant à ce qui horripile nos amis conservateurs.
Le juge doit être convaincu que le fait de purger la peine au sein de la collectivité ne mettrait pas en danger la sécurité du public. On veut donc enlever au juge la possibilité de dire à un individu devant lui qu'il est convaincu qu'il ne met pas et ne mettra pas la sécurité du public en danger. Je vais y revenir.
Le juge doit être convaincu que la peine avec sursis est conforme au principe de la détermination de la peine défini aux articles 718 à 718.2 du Code criminel.
Je vais donner un cours. On va lire quelques articles. L'article 718 n'a pas été mis dans le Code criminel à la demande de n'importe qui, mais à la demande des corps de police, des procureurs de la Couronne, des avocats de la défense et des juges. Voici l'article 718:
718. Le prononcé des peines a pour objectif essentiel de contribuer, parallèlement à d’autres initiatives de prévention du crime, au respect de la loi et au maintien d’une société juste, paisible et sûre par l’infliction de sanctions justes visant un ou plusieurs des objectifs suivants:
a) dénoncer le comportement illégal;
b) dissuader les délinquants, et quiconque, de commettre des infractions;
c) isoler, au besoin, les délinquants du reste de la société;
d) favoriser la réinsertion sociale des délinquants;
Je vais le répéter parce que cela, les conservateurs ne le comprennent pas:
d) favoriser la réinsertion sociale des délinquants;
e) assurer la réparation des torts causés aux victimes ou à la collectivité;
f) susciter la conscience de leurs responsabilités chez les délinquants, notamment par la reconnaissance du tort qu’ils ont causé aux victimes et à la collectivité.
On a ajouté en 2005 — cela ne fait pas un siècle et demi — les articles 718.01, 718.1 et 718.2, que voici:
718.2 Le tribunal détermine la peine à infliger compte tenu également des principes suivants:
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est dans le Code criminel. Les conservateurs devront amender le Code criminel à l'article 718 s'ils veulent l'enlever.
a) la peine devrait être adaptée aux circonstances aggravantes ou atténuantes liées à la perpétration de l’infraction ou à la situation du délinquant; sont notamment considérées comme des circonstances aggravantes des éléments de preuve établissant:
(i) que l’infraction est motivée par des préjugés ou de la haine [...]
Ce que je veux démontrer par là, c'est qu'il y a une différence fondamentale entre ce côté de la Chambre et l'autre côté. Nous croyons à la réhabilitation, et non pas à l'incarcération et à la répression par tous les moyens. Tough on crime, ça ne fonctionne pas. On a demandé à l'honorable de nous apporter des chiffres. Il n'y en a pas. Toutes les études démontrent le bienfait de l'individualisation. Ce n'est pas le député qui parle qui a inventé cela, c'est la Cour suprême. Elle a dit dans un jugement qu'un des objectifs d'une sentence était l'individualisation. L'individualisation d'une sentence est extrêmement importante.
Par conséquent, le juge qui s'adresse à l'individu devant lui doit lui expliquer pourquoi il va lui rendre telle sentence.
On a demandé au ministre s'il avait des preuves que cela ne fonctionnait pas. Pas du tout. Même au ministère de la Justice — c'est le —, on a démontré que la sentence d'emprisonnement avec sursis fonctionnait très bien. C'est un programme qui était sous surveillance régulière et il fonctionnait très bien.
Que se passe-t-il? Il y a un problème fondamental, et ce problème fondamental en est un de vision de la société.
Je ne sais pas si certains ont déjà plaidé des causes d'emprisonnement avec sursis, mais je l'ai fait. Certains pensent qu'un emprisonnement avec sursis est facile.
J'ai entendu, à la période des questions d'aujourd'hui, en réponse à des questions qui étaient claires et limpides, qu'un individu pouvait purger sa sentence assis sur la bavette du poêle ou assis dans son salon devant sa grosse télé de 42 pouces, comme le disait mon collègue il y a à peu près 10 minutes. J'ai une mauvaise nouvelle pour lui, car cela ne fonctionne vraiment pas ainsi. Mon collègue aurait intérêt à aller voir les articles traitant de l'emprisonnement avec sursis. À l'article 742, on retrouve des conditions obligatoires à un emprisonnement avec sursis. Alors, voyons ce que fait le tribunal.
J'ai plaidé, et je peux dire ce que fait le tribunal. Lorsque nous plaidons une demande de sentence d'emprisonnement avec sursis, le tribunal fait venir l'individu, Nous plaidons alors et expliquons le dossier. Nous disons au juge que cela mérite une peine d'emprisonnement. D'abord, est-ce que cela mérite une peine de plus de deux ans, oui ou non? Non! Parfait, l'individu est donc éligible à une emprisonnement avec sursis.
Alors, que fait le tribunal? Il est démontré dans tous les chiffres et dans toutes les statistiques que si le tribunal avait à imposer une sentence de prison — je peux donner l'exemple très précis de facultés affaiblies causant des lésions corporelles —, le tribunal aurait généralement tendance a décider que cela mérite un emprisonnement de moins de deux ans.
Le tribunal étudie alors la gravité de la situation, la possibilité de réhabilitation et ce que l'individu a fait. Puis, il dit à l'individu qu'à son avis, il mérite une peine d'emprisonnement de huit mois. Mais comme le juge lui impose un emprisonnement avec sursis, il lui impose une période de 12 ou même de 14 mois.
Les conservateurs n'ont pas compris, ne comprennent pas et ne comprendront jamais qu'on procède ainsi. Les juges savent qu'un individu qui fait défaut de respecter son emprisonnement avec sursis, sur la bavette du poêle chez lui bien assis devant sa télé de 42 pouces, se retrouvera en détention pour tout le reste de sa sentence et ne sera pas éligible à une libération conditionnelle.
Alors, que veulent les conservateurs? Ils ne veulent pas parler de réhabilitation, ils ne veulent parler que de répression.
Voyons maintenant les conditions obligatoires. Ceux qui pensent, de l'autre côté de la Chambre, que les individus sont envoyés chez eux devant leur télé de 42 pouces se trompent. On retrouve notamment parmi les conditions obligatoires l'interdiction de troubler l'ordre public — c'est clair —, l'obligation d'avoir une bonne conduite — c'est clair —, et l'obligation de répondre aux convocations du tribunal et de se soumettre à la surveillance d'un agent des services correctionnels.
Voici ce qui se passe dans la réalité. Le tribunal impose des conditions. Par exemple, si quelqu'un a un problème d'alcool, il doit suivre une thérapie, régler son problème d'alcool et ne pas sortir de chez lui entre 20 heures et 6 heures, sauf pour aller à l'église. Que font nos agents correctionnels? Je peux dire, parce qu'on l'a vécu à plusieurs reprises, qu'ils vont téléphoner à 1 heure, 2 heures ou 3 heures du matin pour vérifier si l'individu respecte ces conditions. C'est ainsi que cela fonctionne.
Les conditions de remise en liberté d'un emprisonnement avec sursis sont plus contrôlées, et j'espère que cela entrera dans la tête des députés de l'autre côté de la Chambre. Un individu est plus contrôlé actuellement. Cela veut dire qu'actuellement, il est plus surveillé qu'un individu en détention, et je parle d'un établissement de détention de moins de deux ans. Cela signifie que les services des libérations conditionnelles surveillent de beaucoup plus près un individu en libération avec sursis.
De plus, comme si ce n'était pas assez, on peut lui imposer des heures de travaux bénévoles, des remboursements ou des travaux à faire dans la communauté. C'est ce que font les tribunaux de façon très fréquente. Il faut être allé devant un tribunal. C'est dommage que mes collègues d'en face n'aient pas fait cette démarche avant de présenter le projet de loi. Il faut voir le document que signe un individu remis en liberté sous surveillance ou lors d'un emprisonnement avec sursis. Généralement, ce document a deux pages de 8,5 x 14. Il doit le signer. Les conséquences sont que l'individu qui ne respecte pas les conditions qui y sont énoncées se retrouve derrière les barreaux jusqu'à la fin de sa sentence.
Il y a aussi un autre phénomène extrêmement important. Les chiffres de 2003 et 2004 démontrent — et ce n'est pas contredit par mes amis d'en face — certaines choses relatives au taux de criminalité. Pendant ces années, il y a eu beaucoup d'emprisonnements avec sursis, soit environ 18 000 ou 19 000. Depuis 1996 et jusqu'en 2003-2004, il y a eu une évaluation. N'en déplaise à mes amis d'en face, le taux de criminalité a diminué de 2 p. 100. On me dira que ce n'est pas beaucoup et je suis d'accord, mais, au moins, il n'a pas augmenté. Deux pour cent, c'est beaucoup de gens, C'est entre 15 000 et 18 000 individus de moins devant les tribunaux. Oui, il y a des erreurs. Je le sais, puisque j'ai plaidé plusieurs causes. J'ai eu à défendre des clients qui ne méritaient pas l'emprisonnement avec sursis.
J'ai déjà dit à plusieurs de mes clients que ce serait moins difficile pour eux de purger une peine de prison que d'avoir un emprisonnement avec sursis. L'individu verrait ce que c'est que quelqu'un qui téléphone chez lui à deux heures du matin, qui surveille s'il est allé chez le médecin, qui surveille s'il est allé aux réunions des AA, qui surveille s'il a remboursé sa dette en donnant tel montant d'argent par semaine ou par mois et qui le surveille même pendant ses heures de travail. C'est ce que l'on semble oublier.
Peut-être que cela ne fonctionne pas dans l'Ouest, je ne le sais pas. Par contre, personnellement, je peux dire avec que l'emprisonnement avec sursis fonctionne très bien au Québec. Oui, il est vrai que certains échouent. C'est dommage que mon collègue n'ait pu donner de chiffres, mais je lui en fournirai lors de la prochaine rencontre en comité.
Une chose est certaine: les députés du Bloc québécois pensent que l'emprisonnement avec sursis est une bonne façon de permettre à un individu de se réhabiliter. Il faut le savoir. J'espère qu'ils s'en rappelleront. Ce ne sont pas des criminels récidivistes. Ce n'est pas tout le monde qui a droit à l'emprisonnement avec sursis.
Je peux dire que les juges sont très circonspects. C'est la raison pour laquelle on ne peut pas être en faveur de ce projet de loi. Il ne respecte pas ce que le Québec demande, c'est-à-dire la possibilité de réhabilitation et de réinsertion, qui sont deux principes fondamentaux de notre droit criminel.
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Monsieur le Président, je me joins au débat sur le projet de loi , Loi mettant fin à l’octroi de sursis à l’exécution de peines visant des crimes contre les biens ainsi que d’autres crimes graves. Comme l'indique le titre du projet de loi, d'autres réformes sont nécessaires afin de s'assurer que des sursis à l'exécution de peines ne soient plus octroyés dans le cas de crimes graves.
Le sursis à l'exécution de peines est entré en vigueur il y a plus de 13 ans avec la promulgation, en 1996, du projet de loi C-41 sur la réforme de la détermination de la peine, qui constitue le chapitre 22 des Lois du Canada de 1995.
Le projet de loi C-41 créait une nouvelle section du Code criminel sur la détermination de la peine. Entre autres éléments clés, le projet de loi créait, à titre de nouvelle option, les peines d'emprisonnement avec sursis, énonçait pour la première fois par voie parlementaire l’objectif et les principes de la détermination de la peine, aux articles 718 à 718.2, et mettait davantage l'accent sur les victimes de crimes, y compris en reconnaissant que les torts causés aux victimes devraient être pris en considération lors de la détermination de la peine.
Une peine d'emprisonnement avec sursis est une peine de moins de deux ans que le contrevenant peut purger dans la collectivité selon certaines conditions et sous supervision. À l'origine, les tribunaux chargés de déterminer la peine pouvaient imposer une peine avec sursis, si les conditions préalables suivantes étaient respectées: la peine était de moins de deux ans; le tribunal était d'avis que permettre au contrevenant de purger sa peine dans la collectivité ne posait aucun risque pour celle-ci; et le crime n'était pas assujetti à une peine minimale d'emprisonnement.
Peu de temps après la mise en oeuvre du projet de loi, une exigence a été ajoutée selon laquelle le tribunal devait être convaincu que la peine avec sursis serait compatible avec les objectifs et les principes fondamentaux de la détermination de la peine énoncés dans le Code criminel. Cela visait à calmer les inquiétudes concernant le fait que les tribunaux imposaient des peines avec sursis pour des crimes plutôt graves.
En 2000, dans l'affaire La Reine c. Proulx, la Cour suprême a jugé que les peines avec sursis pouvaient être imposées pour toutes les catégories d'infraction, sauf les infractions passibles d'une peine minimale d'emprisonnement, et qu'il ne devrait y avoir aucune présomption judiciaire pour ou contre le recours à l'emprisonnement avec sursis quelle que soit la catégorie d'infraction. Toutefois, elle a jugé qu'il revenait au Parlement de décider ou non d'imposer de telles limites.
Les peines avec sursis n'ont pas été prévues pour les cas de crimes très violents ou graves, mais plutôt pour les cas de crimes moins graves. Le problème est que les tribunaux chargés de déterminer la peine n'ont pas tous interprété l'option des peines avec sursis de la même manière; il n'y a pas de cohérence. Par conséquent, beaucoup, y compris certaines provinces et certains territoires, se sont mis à s'inquiéter de plus en plus de voir le large éventail de crimes pour lesquels une peine avec sursis était imposée.
Au fil des ans, l'imposition discutable de peines avec sursis a contribué à miner la confiance du public envers les peines imposées et, par le fait même, envers l'administration de la justice.
Le gouvernement a répondu à ces préoccupations lorsqu'il a présenté le projet de loi le 4 mai 2006. Le 6 juin 2006, le projet de loi C-9 a été renvoyé au Comité permanent de la justice et des droits de la personne.
Dans sa version initiale, le projet de loi proposait un nouveau critère qui aurait éliminé la possibilité d'appliquer un emprisonnement avec sursis aux infractions passibles d’une peine maximale d’emprisonnement de dix ans ou plus et donnant lieu à des poursuites par mise en accusation. Cela aurait ciblé des crimes graves, notamment les infractions désignées à caractère violent ou sexuel, les infractions relatives aux armes, les infractions contre les enfants et les crimes graves contre la propriété comme la fraude et le vol de plus de 5 000 $.
Toutefois, les députés de l'opposition qui siégeaient au Comité de la justice pensaient que la portée du projet de loi était trop vaste. L'opposition a voté en faveur de modifier cette mesure législative de manière à ce qu'elle ne s'applique qu'aux infractions de terrorisme, aux infractions d’organisation criminelle et aux infractions constituant des sévices graves à la personne au sens de l’article 752 du Code criminel, qui sont passibles d’une peine maximale d’emprisonnement de dix ans ou plus et donnant lieu à des poursuites par mise en accusation. Cette approche ressemble à celle du projet de loi , que le gouvernement libéral précédent avait présenté à l'automne 2005, mais qui est mort au Feuilleton lors du déclenchement des élections générales. À l'étape du rapport, notre gouvernement a tenté de rétablir le projet de loi C-9 dans sa forme originale, mais les trois partis de l'opposition s'y sont opposés.
À l'instar d'autres peines, l'emprisonnement avec sursis doit être examiné dans le contexte du régime de détermination des peines dans son ensemble en s'attardant plus particulièrement aux principes qui sous-tendent la détermination des peines.
L'article 718 du Code criminel dit ce qui suit:
Le prononcé des peines a pour objectif essentiel de contribuer, parallèlement à d’autres initiatives de prévention du crime, au respect de la loi et au maintien d’une société juste, paisible et sûre par l’infliction de sanctions justes visant un ou plusieurs des objectifs suivants:
a) dénoncer le comportement illégal;
b) dissuader les délinquants, et quiconque, de commettre des infractions;
c) isoler, au besoin, les délinquants du reste de la société;
d) favoriser la réinsertion sociale des délinquants;
e) assurer la réparation des torts causés aux victimes ou à la collectivité;
f) susciter la conscience de leurs responsabilités chez les délinquants, notamment par la reconnaissance du tort qu’ils ont causé aux victimes et à la collectivité.
L'objet des conditions préalables à l'imposition d'une peine avec sursis et des circonstances considérées comme aggravantes, ajoutées au Code criminel par le projet de loi — par exemple la preuve que l'infraction perpétrée par le contrevenant constitue un abus de pouvoir —, était d'éliminer les infractions graves perpétrées dans des circonstances où les objectifs principaux de l'imposition de la peine devraient être la dénonciation, la dissuasion du public et la neutralisation.
De plus, le principe fondamental de l'imposition d'une peine est que la peine doit être proportionnelle à la gravité de l'infraction et au degré de responsabilité du contrevenant. J'ai de la difficulté à croire que ce principe fondamental est respecté lorsqu'un contrevenant est condamné à une peine avec sursis pour une infraction grave avec violence ou une infraction grave contre les biens.
Par conséquent, je pense que le régime actuel d'emprisonnement avec sursis est inapproprié, puisque bon nombre de crimes graves sont admissibles à une peine avec sursis. Outre les actes terroristes et les infractions d'organisations criminelles, poursuivis par mise en accusation et passibles d'une peine de 10 ans ou plus, les sévices graves à la personne sont également inadmissibles à une peine avec sursis, en vertu du Code criminel.
L'expression « sévices graves à la personne » était destinée aux délinquants dangereux et aux détenus incarcérés pour une longue période. Il a été emprunté, dans le contexte des amendements apportés par les partis de l'opposition au projet de loi , pour restreindre l'imposition d'une peine avec sursis. Les sévices graves à la personne sont ainsi définis à l'article 752 du Code criminel:
a) les infractions — la haute trahison, la trahison, le meurtre au premier degré ou au deuxième degré exceptés — punissables, par mise en accusation, d’un emprisonnement d’au moins dix ans et impliquant
(i) soit l’emploi, ou une tentative d’emploi, de la violence contre une autre personne
(ii) soit une conduite dangereuse, ou susceptible de l’être, pour la vie ou la sécurité d’une autre personne ou une conduite ayant infligé, ou susceptible d’infliger, des dommages psychologiques graves à une autre personne,
b) les infractions ou tentatives de perpétration de l’une des infractions visées aux articles 271 (agression sexuelle), 272 (agression sexuelle armée, menaces à une tierce personne ou infliction de lésions corporelles) ou 273 (agression sexuelle grave).
Seuls les délinquants reconnus coupables d'une infraction de nature sexuelle prévue à l'alinéa 752b) du Code criminel sont inadmissibles à une condamnation avec sursis s'ils sont poursuivis par voie de mise en accusation. Selon les circonstances, d'autres infractions peuvent également constituer des sévices graves à la personne.
Avant le 1er décembre 2007, date d'entrée en vigueur du projet de loi , les tribunaux de détermination de la peine devaient simplement interpréter les infractions constituant des sévices graves à la personne pour déterminer si elles répondaient aux critères justifiant l'application d'une désignation de délinquant dangereux où à contrôler conformément à la partie 24 du Code criminel, parce que ces infractions étaient seulement définies relativement aux dispositions concernant les délinquants dangereux et à contrôler.
Depuis l'entrée en vigueur du projet de loi , les tribunaux ont plus de mal à interpréter les infractions constituant des sévices graves à la personne dans le contexte des condamnations avec sursis. Dans l'affaire Ponticorvo, en 2009, la Cour d'appel de l'Alberta est revenue sur sa décision dans l'affaire Neve, en 1999, dans laquelle elle s'était fondée sur la définition d'une infraction constituant des sévices graves à la personne dans le contexte des dispositions relatives aux délinquants dangereux.
Dans cette affaire, le tribunal a décidé que, aux termes de l'article 752, il fallait que l'infraction en cause soit objectivement grave. Cependant, dans le contexte des peines avec sursis, la Cour d'appel avait déterminé qu'il ne fallait pas établir la gravité objective de l'infraction si celle-ci impliquait l'emploi, ou une tentative d'emploi, de la violence. Autrement dit, elle a décidé qu'il serait plus facile pour la Couronne d'établir qu'une infraction constituait des sévices graves à la personne dans le contexte d'une peine avec sursis que dans celui d'un délinquant dangereux.
La jurisprudence relative au projet de loi ne concerne que les crimes commis après le 1er décembre 2007, date d'entrée en vigueur de la mesure. Il y a donc très peu de cas mettant en cause des infractions constituant des sévices graves à la personne dans le contexte des peines avec sursis.
La décision de la Cour d'appel de l'Alberta aurait dû donner lieu à une application plus uniforme de la définition de sévices graves à la personne dans le cadre du régime de condamnation avec sursis, ce qui aurait permis de traiter des infractions similaires comme des sévices graves à la personne et, par conséquent, de faire en sorte que les auteurs de telles infractions soient inadmissibles à une ordonnance de détention à domicile ou d'emprisonnement avec sursis.
C'est l'approche qui est retenue dans la majorité des cas, mais, malheureusement, pas dans tous les cas. Par exemple, dans les décisions rendues en 2009 dans l'affaire La Reine c. Becker par la Cour provinciale de l'Alberta et dans l'affaire La Reine c. Thompson par la Cour de justice de l'Ontario, compte tenu de la possibilité d'imposer une ordonnance de sursis, les tribunaux ont dû établir si le vol constituait un sévice grave à la personne. Des menaces avaient été proférées dans les deux cas, mais dans un seul des deux cas, le tribunal a conclu que le vol était assimilable à la définition de sévices graves à la personne.
D'après mon expérience personnelle auprès des victimes de vol, je peux dire à la Chambre que, dans tous les cas, le vol est une infraction grave pour la victime.
Dans la décision rendue en 2009, dans l'affaire La Reine c. Grewal et Grewal, par la Cour provinciale de la Colombie-Britannique, le tribunal a imposé des ordonnances de sursis aux deux accusés pour des infractions d'agression armée et d'infliction de lésions corporelles. Les accusés avaient assailli la victime devant chez elle sur son propre terrain et l'avaient frappée avec une pelle et un tisonnier. La victime a dû avoir entre 10 et 20 points de suture sur la tête, a eu des dents cassées et a souffert de contusions au cou, aux bras, aux cuisses et aux hanches. Que s'est-il passé? Ce cas illustre le non-respect des autres principes de la détermination de la peine.
Dans la décision rendue en 2009 par la Cour de justice de l'Ontario dans l'affaire La Reine c. Prakash, le contrevenant a été trouvé coupable de présence illégale dans une maison d'habitation, de menaces, de vol de moins de 5 000 $, de harcèlement criminel, de conduite avec facultés affaiblies et de violation d'une ordonnance de probation. J'estime qu'il s'agit là d'infractions graves. Après avoir bénéficié d'un crédit de deux jours pour chaque jour de détention provisoire, le contrevenant a été condamné à une journée d'emprisonnement pour conduite avec facultés affaiblies et pour bris d'une ordonnance de probation. Le juge lui a ensuite imposé une peine de 12 mois d'emprisonnement avec sursis pour les autres infractions.
Je n'ose même pas imaginer ce que pensaient les victimes lors de l'imposition de telles peines.
Si on ne supprime la possibilité de sursis que dans le cas des infractions constituant des sévices graves à la personne, les personnes reconnues coupables de crimes graves contre les biens seront toujours admissibles à une peine avec sursis. Nous connaissons bien les effets dévastateurs de la fraude; des faits récents nous les ont remis en mémoire. Des personnes victimes de fraudes, qui ont perdu toutes leurs économies, ont demandé récemment que des peines plus strictes soient infligées dans ce cas-là. C'est difficile de ne pas être d'accord, étant donné que la personne reconnue coupable de fraude, une infraction faisant l'objet d'une peine maximale de 14 ans, est toujours admissible à une peine avec sursis, techniquement parlant, et ce, en dépit des modifications proposées dans le projet de loi présenté précédemment par notre gouvernement.
Le gouvernement va essayer de rectifier le tir dans le projet de loi et aussi dans d'autres projets de loi ayant trait aux peines pour fraude.
Les amendements apportés par l'opposition au projet de loi , notre projet de loi antérieur qui visait à limiter les peines d'emprisonnement avec sursis, ont aussi eu pour conséquence de ne pas exclure les infractions prévues dans la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, sauf si elles étaient commises par des membres d'une organisation criminelle. Par conséquent, la production, l'importation et le trafic d'une substance inscrite à l'annexe 1, comme l'héroïne, ne serait pas exclue et toute personne reconnue coupable de ces crimes serait admissible à une peine d'emprisonnement avec sursis.
Cependant, et les députés sont au courant, le gouvernement a prévu dans le projet de loi des peines minimales obligatoires pour les infractions graves liées à la drogue. Par conséquent, quand cette mesure législative sera adoptée et que la loi sera promulguée, et ce sera bientôt le cas, j'espère, je pense que les auteurs de ces infractions ne seront plus admissibles à des peines d'emprisonnement avec sursis.
Pour moi, et je pense pour beaucoup de Canadiens, il est évident que les conditions d'admissibilité à des peines d'emprisonnement avec sursis dans le cas de crimes graves, de crimes avec violence et de crimes graves contre les biens doivent être plus claires et plus constantes. C'est pour cette raison que le projet de loi prévoit supprimer, à l’article 742.1, le renvoi aux infractions constituant des sévices graves à la personne et interdire le sursis pour toutes les infractions passibles d’une peine maximale d’emprisonnement de quatorze ans. Les infractions de fraude et de nombreuses infractions ne pourraient plus faire l'objet de sursis.
Le projet de loi prévoirait clairement que les criminels reconnus coupables d'une infraction faisant l'objet de poursuites par voie de mise en accusation, d'une infraction passible de dix années d'emprisonnement, d'une infraction dont la perpétration entraîne des lésions corporelles, d'une infraction qui met en cause l’importation, l’exportation, le trafic ou la production de drogues et d'une infraction qui met en cause l’usage d’une arme ne seront pas admissibles à l'emprisonnement avec sursis.
Cet aspect de la mesure limitera de façon importante la portée du régime d'emprisonnement avec sursis, mais en ajoutant ces catégories d'infractions, on n'englobe pas toutes les infractions graves faisant l'objet de poursuites par voie de mise en accusation et passibles de dix années d'emprisonnement. Ainsi, le projet de loi propose aussi une liste de onze infractions faisant l'objet de poursuites par voie de mise en accusation et passibles d'une peine maximale de dix années d'emprisonnement, infractions dont les auteurs ne seraient pas admissibles à l'emprisonnement avec sursis.
Ces infractions sont les suivantes: bris de prison, leurre d'un enfant, harcèlement criminel, agression sexuelle, enlèvement, traite de personnes, vol de plus de 5000 $, introduction par effraction dans un endroit autre qu’une maison d’habitation, présence illégale dans une maison d’habitation et incendie criminel avec intention frauduleuse.
L'emprisonnement avec sursis constitue un outil approprié dans de nombreux cas, mais il y a lieu d'en limiter l'utilisation dans les cas d'infractions graves contre les biens et de crimes violents. Le recours prudent aux ordonnances de sursis devrait raviver la confiance dans l'imposition des peines et l'administration de la justice.
J'espère que tous les députés appuieront le projet de loi dans son intégralité.
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Monsieur le Président, je souhaite moi aussi m'exprimer au sujet de ce projet de loi à la lumière du contexte dans lequel nous devons l'étudier. Il s'agit d'une tentative très antidémocratique de la part du gouvernement, qui essaie de contourner un vote ayant eu lieu aux Communes il y a environ trois ans, sur le projet de loi , qui est le précurseur du présent projet de loi et que le gouvernement a présenté peu de temps après avoir été élu, en 2006. C'était le premier projet de loi sur la criminalité présenté par les conservateurs.
À l'occasion des élections de 2006, et les conservateurs, et le NPD ont axé leur programme électoral sur l'élimination des peines avec sursis dans le cas des crimes graves avec violence. Le vocabulaire était pratiquement le même dans les deux programmes électoraux.
Mais, après les élections, ce n'est pas ce que l'on a tenté de faire avec le projet de loi . Comme le Parti conservateur le fait souvent, il a tenté d'aller beaucoup plus loin.
Le projet de loi visait au départ à interdire le recours aux peines avec sursis dans le cas de 40 des 45 articles pertinents du Code criminel. Ces articles portaient-ils tous sur des crimes graves avec violence? N'oublions pas que les conservateurs ont promis aux Canadiens, dans leur programme électoral, d'éliminer les peines avec sursis.
Parmi les articles de loi concernés, il y en avait un qui portait sur l'altération des données d'un ordinateur. On voulait désormais interdire le recours aux peines avec sursis pour les personnes reconnues coupables d'une telle infraction. D'autres articles concernaient la fabrication de faux documents testamentaires. Encore une fois, il ne s'agissait pas d'un crime avec violence. Il y avait toute une liste de crimes semblables.
Comme l'ont dit d'autres députés dans leurs interventions, les partis de l'opposition ont voté pour que ce projet de loi soit renvoyé à un comité. Le NPD ayant dit aux Canadiens qu'il voulait éliminer les peines avec sursis dans le cas des crimes graves avec violence, c'est ce que nous avons fait. Nous avons supprimé du projet de loi les autres infractions. Nous avons fait exactement ce que nous nous étions engagés à faire auprès des Canadiens. Nous sommes heureux de l'avoir fait parce que nous avons ainsi tenu parole. Nous avons réalisé l'une de nos promesses électorales.
Le projet de loi a été renvoyé à la Chambre, et a été adopté par une majorité substantielle des députés. Les conservateurs ont peut-être même voté pour, mais je n'en suis pas certain. J'aurais dû vérifier. Puis, le projet de loi a été étudié et adopté par le Sénat. Aujourd'hui, il est en vigueur. C'est une promesse que nous avions faite et que nous avons tenue, contrairement aux conservateurs, qui auraient voulu faire autre chose.
Fidèles à leur politique partisane, les conservateurs viennent de décider de présenter le projet de loi , en même temps que de nombreux autres projets de loi. Ils sont en train d'essayer de convaincre les Canadiens qu'ils sont très sévères face au crime. À mon avis, la sévérité n'a rien à voir avec l'intelligence.
Il était intéressant de noter tout ce qui est ressorti pendant les débats du comité sur le projet de loi et, dans une moindre mesure, lorsque le projet de loi a été renvoyé à la Chambre. Je me souviens que le ministre de la Justice et le ministre responsable de la sécurité publique et nationale ont comparu devant le comité. Dans les deux cas, on leur a demandé s'ils savaient combien de personnes de plus seraient incarcérées et s'ils avaient une idée de ce qu'il en coûterait.
Je vais maintenant digresser sur ce point et expliquer le fonctionnement des peines d'emprisonnement avec sursis. Un juge doit déterminer qu'il ne condamnerait pas une personne admissible à une peine avec sursis à l'emprisonnement dans un établissement carcéral pour plus de deux ans. En effet, si cette personne devait être incarcérée, elle serait condamnée à purger une peine de deux ans moins un jour. Pour quiconque comprend le système dans ce pays, il est clair que ces peines de deux ans moins un jour sont purgées dans les prisons provinciales.
Je vais maintenant revenir aux deux questions qui ont été posées, à savoir si les témoins savaient combien tout cela coûterait et combien de nouvelles personnes seraient incarcérées? Les deux ministres l'ignoraient.
Certains de mes collègues des autres partis et moi-même avons recueilli l'information disponible sur la longue liste des 45 infractions qui ne seraient dorénavant plus admissibles aux peines d'emprisonnement avec sursis. Toutes les personnes condamnées devraient donc purger des peines d'emprisonnement de deux ans moins un jour. Je tiens à ce que cela soit clair. Cette information provient du ministère de la Justice. Je répète que cette information écrite vient tout droit du ministère de la Justice. En conséquence, 5 000 personnes de plus seraient emprisonnées dans les établissements carcéraux provinciaux. Il va de soi que cela n'était rien pour préoccuper les deux ministres, n'est-ce pas? Pas un sou de ces frais additionnels ne proviendrait du Trésor fédéral. Ils voulaient simplement pelleter le problème des 5 000 détenus supplémentaires dans le système provincial.
Sachant combien il en coûte par année pour garder un prisonnier, nous avons évalué que ces 5 000 prisonniers supplémentaires envoyés dans les institutions carcérales provinciales coûteraient entre 250 et 500 millions de dollars par année aux provinces. Bon nombre de provinces aimeraient bien avoir les moyens de dépenser une telle somme.
Puisqu'il est absolument impossible pour les systèmes carcéraux provinciaux de recevoir autant de nouveaux prisonniers, il faudrait agrandir les établissements actuels ou en construire de nouveaux. On a évalué à entre 1,5 et 2 milliards de dollars les coûts d'immobilisation d'un tel projet. Le gouvernement fédéral compte-t-il participer à un partie de ces coûts? Ces deux ministres étaient-ils censés financer le tout à même leurs budgets? Pas du tout.
Il est important de comprendre le contexte, parce que nous sommes confrontés à la même situation avec ce projet de loi. Si je demandais au ou au qui est responsable des services correctionnels, ils ne pourraient pas me le dire. Ils ne pourraient pas me répondre. J'en suis convaincu. En fait, la semaine dernière, le Globe and Mail a publié un article et un éditorial qui reprochaient au gouvernement d'avoir refusé de divulguer les renseignements dont il dispose et les analyses qu'il a réalisées.
Je tiens à être très clair. L'analyse que le a effectuée n'a pas tenu compte du projet de loi sur les drogues qui a été adopté à la Chambre et qui attend maintenant de l'être à l'autre endroit. Le ministre ne sait pas combien il pourrait y avoir de prisonniers supplémentaires si ces deux projets de loi sont adoptés. Il n'a pas analysé la question.
Même si le ne cesse de répéter que le lui assure que nous avons beaucoup de places dans les prisons fédérales, cela n'a pas d'importance. Il a tort, mais j'y reviendrai dans un instant. Cela n'a aucune importance parce qu'aux termes du projet de loi , tous ces gens seront pris en charge par les systèmes provinciaux.
Il était intéressant d'entendre deux de mes collègues, l'un de mon parti au Québec, et l'autre du Parti libéral au Nouveau-Brunswick, me dire ces derniers jours qu'on avait demandé aux juges des cours provinciales de ne pas envoyer de gens dans les prisons pendant les fins de semaine parce qu'il n'y avait plus de places pour eux dans les institutions provinciales. Ces gens doivent être mis sous probation. C'est la réalité à laquelle nous sommes confrontés au niveau provincial et la situation est la même dans toutes les provinces et tous les territoires au pays.
Nous avons signé des protocoles internationaux exigeant que nous ayons un détenu par cellule. Nous enfreignons ces protocoles la moitié du temps, surtout dans les établissements provinciaux, mais aussi dans les établissements fédéraux.
Revenons au système fédéral et aux garanties — je voulais utiliser un terme non parlementaire et je cherche un synonyme — peu crédibles offertes par le .
Le chef du Service correctionnel du Canada, M. Don Head, a dit clairement lors des audiences du comité et dans la presse, le mois dernier, que nous n'avions pas la capacité nécessaire au fédéral, que nous gardions souvent deux, si ce n'est trois, détenus par cellule. Nous ne remplissons pas nos obligations et nos promesses envers la communauté internationale. Nous en sommes incapables.
La semaine dernière, le Globe and Mail s'en est pris au ministre et au gouvernement parce que le ministre refuse de publier son analyse et les coûts associés. Or, ces coûts ne tiennent pas compte des deux projets de loi, celui que nous débattons aujourd'hui et le projet de loi sur les drogues actuellement à l'autre endroit.
Compte tenu de l'information que nous avons pu recueillir jusqu'à maintenant, et nous en obtiendrons plus, je peux presque affirmer aujourd'hui, du fait que, avec l'appui des libéraux, ce projet de loi sera manifestement renvoyé au comité, que nous voterons contre. Je pense pouvoir dire sans me tromper qu'il y aura effectivement 5 000 détenus de plus dans nos prisons, si ce projet de loi et celui sur les drogues sont adoptés. Je le répète: cela coûtera des centaines de millions de dollars par année aux provinces. Les coûts d'immobilisations pour les provinces seront astronomiques.
Cela dépendra de ce que nos juges feront. Ils pourraient décider qu'on ne peut plus envoyer de condamnés dans des établissements provinciaux et imposer, par conséquent, des peines de deux ans et un jour, de deux ans et demi ou de trois ans pour qu'elles se purgent dans le système fédéral. Cela aurait une grave incidence sur le nombre de détenus dans les établissements fédéraux. Il est possible, voire probable, que les juges optent pour ce genre de solution.
J'aimerais aborder un dernier point au sujet des coûts. On entend les conservateurs répéter constamment que nous sommes trop tendres envers les criminels, ce qui explique dans une certaine mesure la trouille des libéraux. Je prendrai un exemple américain. Je pense qu'on pourrait dire de la plupart des États américains, le Texas et un ou deux autres États du Sud des États-Unis en tête, mais la Californie surtout, qu'ils jettent les gens en prison en grands nombres.
Pour que les choses soient biens claires, précisons que le taux d'incarcération est au Canada le septième de ce qu'il est aux États-Unis, mais il est néanmoins le plus élevé des démocraties occidentales après celui des États-Unis. Au Japon, il est d'environ 60 par 100 000 habitants. À l'heure actuelle, le nôtre est de l'ordre de 110 à 120, soit près du double de celui du Japon. Le taux d'incarcération dans les démocraties occidentales d'Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande se situe entre 80 et 90 par 100 000 habitants. Aux États-Unis, il est de plus de 700 par 100 000 habitants.
La Californie fut l'un des États qui ont lancé le mouvement de durcissement du ton envers les criminels, dans le cadre d'un programme de droite à la Reagan ou Bush, suivi de très près par le Parti conservateur au Canada. Au cours des derniers mois, le gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger, personne tendre envers les criminels s'il en est une, a été obligé, parce que l'État n'a plus les moyens de financer les prisons, de commencer à libérer — il le fait lui-même, car il doit signer un décret de libération conditionnelle anticipée à l'égard de chacun — des milliers de détenus, dont un grand nombre avaient été reconnus coupables et purgeaient une peine d'emprisonnement pour de graves crimes de violence. Les prisons coûtent plus cher à la Californie que l'éducation postsecondaire. C'est une des raisons pour lesquelles cet État est au bord de la faillite en ce moment. Pour éviter la faillite, le gouverneur est obligé d'accorder une libération conditionnelle anticipée à des milliers de détenus.
Voilà un exemple très clair de ce qui arrivera si nous nous alignons sur la politique adoptée aux États-Unis et dans l'État de la Californie, ce que le gouvernement voudrait que nous fassions. Je voudrais établir un parallèle entre cela et l'imposition de peines d'emprisonnement avec sursis. Ce qui est ressorti très clairement de l'étude du projet de loi il y a deux ans et demi, c'est que ces peines fonctionnent.
Les conservateurs nous citent des cas où nos tribunaux ont de toute évidence trop eu recours aux emprisonnements avec sursis. Nous trouverons toujours des cas comme ceux-là.
Je suis un ardent défenseur de la magistrature. Ayant pratiqué le droit pendant de nombreuses années, ayant analysé le travail de nos juges et de juges de bon nombre d'autres pays, je suis convaincu que nous avons les meilleurs juges du monde. Toutefois, ils sont humains. Ils commettent des erreurs. Nous ne devrions toutefois pas établir, en fonction de ces erreurs, les principes devant guider la législation relative à la détermination des peines. Il ne faut pas procéder de cette manière.
Nous devrions regarder ce qui s'est produit depuis que nous imposons des peines avec sursis. Selon les témoignages que nous avons entendus lors de l'étude du projet de loi , il est très clair que ce type de peine fonctionne. Le taux de récidive équivaut à environ le tiers de celui que nous observons chez les gens incarcérés, à plus de 30 p. 100, et le taux baisse jusqu'à environ 10 p. 100 dans certains cas, selon le type d'accusation et de condamnation, il peut varier entre 8 et 12 p. 100, mais en moyenne le taux de récidive se situe à environ 10 ou 11 p. 100.
Nous entendons des anecdotes, et nous entendons des gens dire qu'ils défendent les droits des victimes. Ce qu'ils défendent vraiment, c'est un système qui fera plus de victimes à l'avenir parce que 30 p. 100 des détenus vont devenir des récidivistes et commettre des crimes souvent plus graves que ceux pour lesquels ils avaient été emprisonnés à l'origine. Nous savons que les prisons sont de véritables écoles du crime. N'est-il pas important pour ces personnes de protéger les futures victimes de ces politiques?
Nous voterons contre le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Si le projet de loi est adopté par le comité et renvoyé à la Chambre, nous voterons contre lui à l'étape de la troisième lecture. Cette mesure législative n'est pas une bonne idée. Elle va augmenter le nombre de victimes de crimes. Il est évident que l'une des principales raisons pour lesquelles notre taux de crimes violents continue de diminuer est que nous utilisons des principes de justice réparatrice, y compris des peines d'emprisonnement avec sursis. Notre système fonctionne.
C'est intéressant. J'ai siégé pendant de nombreuses années au Comité de la sécurité publique et nationale. Des gens de partout dans le monde venaient examiner ce que nous faisions parce que notre système fonctionne. Ils voyaient que notre taux de crimes violents diminuait. Ils voyaient que nous nous éloignions considérablement du système américain et que cela fonctionnait. Les peines d'emprisonnement avec sursis sont l'une des choses qu'ils examinaient. J'ai cru comprendre que certains pays qui n'avaient pas recours à ce type de peines auparavant envisageaient maintenant de les utiliser grâce à nous.
C'est un système qui fonctionne. Est-ce qu'il est parfait? Certainement pas. Est-ce que nos juges sont humains? Oui, ils le sont. Font-ils des erreurs? Bien sûr. Toutefois, nous avons quand même le meilleur système, et il est grandement supérieur à celui qui est proposé dans le projet de loi.