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HESA Rapport du Comité

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CHAPITRE 8 : ACCENT MIS SUR LES PRATIQUES
EXEMPLAIRES EN MATIÈRE DE RECRUTEMENT ET
DE RÉTENTION DANS LES RÉGIONS RURALES

Introduction

Selon les données du Recensement de 2006, 20 % de la population canadienne vit en zone rurale, ce qui inclut, selon Statistique Canada, les villes et les collectivités de 1 000 habitants ou plus qui se trouvent hors des zones où la densité de population est de plus de 400 habitants au kilomètre carré[238]. Les études menées par l’ICIS démontrent que les populations des régions rurales ont en moyenne des résultats de santé moins bons que le reste de la population canadienne, car tant les femmes que les hommes qui vivent dans ces régions ont une espérance de vie inférieure et sont exposés à des risques de mortalité plus élevés en termes de maladies de l’appareil circulatoire, de blessures et de suicide[239]. Les chercheurs attribuent ces résultats de santé au fait que les résidents des régions rurales du Canada sont plus susceptibles que les résidents des zones urbaines de vivre dans de moins bonnes conditions socioéconomiques, d’avoir un niveau de scolarité moins élevé, de présenter des comportements nuisibles pour la santé, particulièrement en matière de tabagisme et d’alimentation[240]. De plus, l’accès aux soins de santé demeure, en région rurale, un problème persistant qui résulte en partie du manque de professionnels des soins de santé installés dans ces régions[241]. En 2004, environ 16 % des médecins de famille et 2,4 % des spécialistes étaient installés dans les régions rurales et les petites villes du Canada, alors que ces dernières représentent 21,1 % de la population du Canada[242].

Le présent chapitre souligne les initiatives innovatrices actuellement menées pour accroître le nombre de professionnels de la santé offrant des soins à la population des régions rurales du Canada. Il définit également des pistes quant aux initiatives que pourrait prendre le gouvernement fédéral pour remédier aux problèmes de ressources humaines en santé dans les régions rurales.

Pratiques exemplaires en matière de recrutement et de rétention des RHS dans les régions rurales

Selon les témoins qui ont comparu devant le Comité, les trois principaux facteurs associés au fait qu’un étudiant décide d’exercer en milieu rural à la fin de ses études et de sa formation sont le fait d’avoir grandi en milieu rural, des expériences cliniques et éducatives positives au premier cycle des études de médecine, ainsi qu’une formation ciblée en médecine rurale au niveau postdoctoral, et, notamment, des programmes de résidence qui préparent les candidats à l’exercice de la médecine en milieu rural[243].

Le Comité a appris que ces trois facteurs avaient mené, au Canada, à la création d’écoles de médecine vouées à l’exercice de la médecine en région rurale ou éloignée. Le Comité a ainsi appris que l’École de médecine du Nord de l’Ontario (EMNO) a élaboré un modèle particulier d’enseignement médical et de recherche qui vise à doter les diplômés des connaissances et des compétences nécessaires à faire carrière dans le Nord de l’Ontario, ou dans un milieu rural nordique, isolé, autochtone ou francophone similaire[244]. Pour ce faire, elle s’efforce de recruter des étudiants qui s’intéressent plus particulièrement à la médecine rurale et reflètent la population qu’ils seront amenés à servir. Ainsi, environ 90 % des étudiants ont-ils grandi dans le Nord de l’Ontario, tandis que de 40 à 50 % d’entre eux proviennent de région rurale ou éloignée et que de 6 à 11 % d’entre eux sont originaires de communautés autochtones[245]. L’EMNO offre également un programme axé sur la médecine rurale, la formation interprofessionnelle et la santé des Autochtones. Le Comité a également appris que le Rural Ontario Medical Program propose des programmes de formation axés sur la médecine familiale qui sont offerts en régions rurales et dont les étudiants décident, dans 85 % des cas, d’effectuer leur résidence dans ces mêmes régions rurales[246].

Outre les initiatives visant à élaborer des modèles innovateurs de formation en médecine rurale, les témoins ont également attiré l’attention du Comité sur des stratégies qui pourraient améliorer la rétention des médecins en région rurale. Il s’agit, notamment, d’offrir aux professionnels de la santé la possibilité de faire de l’enseignement clinique dans des écoles de médecine rurale qui favorise leur implantation au sein de la collectivité[247]. Les témoins ont par ailleurs souligné la nécessité d’offrir aux professionnels de la santé en milieu rural des possibilités de formation et de perfectionnement continus, soit en leur offrant des programmes d’enseignement à distance, soit en les aidant à trouver des remplaçants afin qu’ils puissent voyager pour améliorer leurs compétences[248].

Enfin, les témoins ont parlé de l’importance des incitatifs financiers dans le recrutement et dans la rétention des professionnels de la santé en milieu rural. Ils ont expliqué que les incitatifs financiers devraient être plus axés sur le fait de mieux rémunérer les professionnels de la santé en région rurale en raison des services plus étendus qu’ils assurent et de leur degré plus élevé de responsabilité, plutôt que sur le fait de les dédommager pour les éventuelles contraintes associées au fait de vivre en région rurale ou éloignée[249]. Les témoins ont par ailleurs expliqué que les incitatifs financiers devraient être répartis tout au long de la carrière des professionnels de la santé vivant dans ces régions, car la remise de grosses sommes au début de leur carrière ne favorise pas la rétention à long terme et crée des dissensions lorsque des professionnels de la santé établis dans une même collectivité ne reçoivent pas le même niveau de compensation financière[250].

Les témoins ont souligné qu’il était indispensable que les intervenants collaborent à la promotion de pratiques exemplaires en matière de recrutement et de rétention des professionnels de la santé dans les régions rurales et éloignées, notamment par examen de l’ensemble des modèles de formation en médecine rurale du pays et des pratiques exemplaires des différents gouvernements[251]. Ils ont expliqué que le meilleur moyen était, pour ce faire, d’organiser une conférence nationale sur la santé rurale financée par le gouvernement fédéral[252]. Ils ont également suggéré que les faits établis et les recommandations formulées dans le cadre de cette conférence servent de fondement à une stratégie nationale de la santé rurale[253].

Observations du Comité

Le Comité reconnaît que le gouvernement fédéral ne joue pas un rôle direct dans la prestation des soins de santé dans les régions rurales et éloignées, sauf dans le cas des réserves des Premières nations et des communautés inuites. Cependant, le Comité prend partie pour les témoins qui estiment que le gouvernement fédéral pourrait favoriser une collaboration entre les ordres de gouvernement intéressés dans le domaine de la santé rurale et des ressources humaines en santé. L’étude du Comité a révélé qu’il existe d’excellents modèles d’éducation en santé qui assurent la promotion de la médecine rurale partout au Canada. Le Comité a également appris que ces modèles d’éducation en santé rurale constituent les exemples concrets sur lesquels se fondent certaines des recommandations et lignes directrices sur le recrutement et le maintien des professionnels de la santé en zone rurale, qui seront présentées à l’Assemblée mondiale de la santé qui doit se tenir en mai 2010[254]. Le Comité recommande donc :

Recommandation 23 :

Que Santé Canada tienne une conférence nationale sur la santé rurale afin que les différents intervenants puissent discuter de leurs pratiques exemplaires et formuler des recommandations quant à la santé rurale, à la formation et au recrutement de ressources humaines en santé.

Recommandation 24 :

Que Santé Canada cible des fonds afin d’appuyer des initiatives visant à accroître le nombre d’étudiants en santé rurale, notamment : des bourses d’études à l’intention des étudiants issus du milieu rural qui souhaitent faire carrière dans les régions rurales.

Recommandation 25 :

Que le Comité consultatif sur la prestation des soins de santé et les ressources humaines FPT envisage de créer un groupe de travail ayant pour mandat d’examiner, pour ensuite y réagir, les pratiques exemplaires en matière de recrutement et de rétention des RHS dans les régions rurales et éloignées, et, notamment, les lignes directrices et les recommandations présentées par le groupe d’experts de l’OMS lors de l’Assemblée mondiale de la santé de mai 2010.


[238] Statistique Canada, « Population urbaine et rurale, par province et territoire », http://www40.statcan.gc.ca/l02/cst01/demo62a-fra.htm.

[239] ICIS, Les communautés rurales du Canada : Comprendre la santé rurale et ses déterminants, 2006, http://secure.cihi.ca/cihiweb/products/rural_canadians_2006_report_f.pdf, p. iv.

[240] Ibid., p. v.

[241] ICIS, Répartition géographique des médecins au Canada : au-delà du nombre et du lieu, 2005, http://secure.cihi.ca/cihiweb/products/Geographic_Distribution_of_Physicians_FINAL_fr.pdf, p. 1.

[242] Ibid., p. viii.

[243] Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, réunion nº 6, 3e session, 40e législature, 30 mars 2010, /content/Committee/403/HESA/Evidence/EV4393630/HESAEV06-F.PDF, p. 1.

[244] Ibid.

[245] Ibid., p. 2.

[246] Ibid., p. 4.

[247] Ibid., p. 4.

[248] Ibid., p. 7.

[249] Ibid., p. 8.

[250] Ibid.

[251] Ibid., p. 4.

[252] Ibid.

[253] Ibid., p. 13.

[254] Ibid., p. 6.