propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
-- Monsieur le Président, notre gouvernement a montré l'importance que nous accordons à la mise en oeuvre d'accords de libre-échange visant à aider les entreprises canadiennes à soutenir la concurrence sur les marchés internationaux. Le débat d'aujourd'hui, qui porte sur l'approbation de l'Accord de libre-échange Canada-Colombie, tient compte de l'objectif de créer des emplois et des débouchés pour les travailleurs canadiens par l'intermédiaire du commerce.
[Français]
Il est plus important que jamais d'assurer la coopération économique avec des partenaires clés. Le gouvernement est donc déterminé à établir et à renforcer les relations commerciales, bilatérales et multilatérales qui assurent la prospérité constante des Canadiens.
La crise économique mondiale a fait ressortir l'importance et l'urgence d'étendre nos liens sur les plans de commerce et de l'investissement pour un meilleur accès aux marchés.
[Traduction]
Notre gouvernement désire établir des liens commerciaux bilatéraux et multilatéraux, qui apporteront une prospérité continue aux Canadiens ici même au pays. La crise économique mondiale a fait ressortir l'importance et l'urgence d'accroître nos échanges commerciaux et nos investissements afin d'améliorer l'accès aux marchés.
L'Accord de libre-échange Canada-Colombie est l'une des nombreuses mesures mises en place par notre gouvernement afin d'offrir plus de débouchés aux entreprises canadiennes. En effet, comme les députés le savent, nous sommes entrés dans une ère de concurrence féroce à l'échelle mondiale.
[Français]
Les économies émergentes continuent de grimper dans la chaîne de valeur et de s'imposer dans un éventail toujours plus large du secteur.
[Traduction]
Les entreprises canadiennes et les travailleurs canadiens sont capables de soutenir la concurrence internationale.
[Français]
Il nous faut chercher à accroître les possibilités d'échanges et d'investissements pour nos entreprises. Notre gouvernement est bien conscient de ces défis.
[Traduction]
Nous défendons les intérêts des entreprises canadiennes, et plus particulièrement de la main-d'oeuvre canadienne, afin qu'elles puissent soutenir la concurrence et réussir sur la scène mondiale.
Notre gouvernement a entamé des négociations avec la Colombie et d'autres partenaires andins en juin 2007. Je suis fier de dire que nous continuons à travailler fort pour créer, à l'étranger, de nouveaux débouchés dont les travailleurs canadiens profiteront ici même.
L'Accord de libre-échange Canada-Colombie de même que les accords connexes sur l'environnement et la coopération dans le domaine du travail constituent une partie importante de notre programme commercial global.
[Français]
À l'heure actuelle, le Canada a depuis longtemps des accords de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique dans le cadre de l'Accord de libre-échange nord-américain, ainsi qu'avec Israël, le Chili et le Costa Rica.
[Traduction]
Nous avons récemment mis en oeuvre de nouveaux accords de libre-échange avec l'Association européenne de libre-échange et le Pérou.
En 2009, nous avons aussi signé un accord de libre-échange avec la Jordanie, accord que j'ai eu l'honneur de présenter à la Chambre aujourd'hui.
Le 11 août 2009, le gouvernement a réussi à mettre le point final à ses négociations avec le Panama visant à conclure un accord de libre-échange. À cette occasion, le a lui-même insisté sur le fait que l'intérêt du Canada résidait dans des partenariats commerciaux solides.
Nous sommes sur la bonne voie et nous envisageons de nous associer à d'autres importants partenaires dans le monde. Lors du sommet Canada-Union européenne en mai dernier, le gouvernement a entamé des négociations en vue d'un accord économique et commercial global avec l'Union européenne. Nous restons aussi déterminés à faire progresser les négociations concernant les accords de libre-échange en cours avec d'autres partenaires, dont des pays d'Amérique centrale, la Communauté des Caraïbes et la République dominicaine.
Voilà des exemples qui mettent en évidence la volonté marquée du gouvernement d'entretenir, de développer et d'approfondir les relations commerciales qui sont bénéfiques pour les Canadiens et ainsi que de trouver et d'exploiter des débouchés commerciaux. Notre programme de libre-échange est ambitieux et les Canadiens méritent les débouchés que le gouvernement continue de leur proposer.
Nous tentons en ce moment d'entamer des négociations avec de nouveaux partenaires tels que le Maroc et l'Ukraine et nous espérons établir des liens commerciaux plus profonds avec l'Inde et le Japon.
Le gouvernement s'applique aussi à transmettre au monde un message clair: le Canada est prêt à faire des affaires. Et nous faisons le nécessaire.
Grâce à notre récent Plan d'action économique, nous faisons d'importants investissements dans notre stratégie nationale en matière d'innovation. Nous avons aussi réduit l'impôt des sociétés pour rendre le Canada plus attrayant pour le monde des affaires. Les impôts sur les nouvelles entreprises affaire qui créent des emplois sont les plus faibles du G7. En 2012, l'impôt des sociétés sera le plus faible de tous les pays du G7.
Grâce à nous, le Canada est le premier pays du G20 à avoir une zone libre de droits de douane sur tout un éventail de machines et d'équipements destinés aux manufacturiers canadiens. En éliminant les droits sur les nouveaux équipements, pièces et machines, nous aidons nos manufacturiers à devenir plus novateurs, plus productifs et plus concurrentiels sur le plan des prix. Nous aidons les entreprises canadiennes au pays et nous continuerons à faire en sorte qu'elles se montrent concurrentielles à l'étranger.
[Français]
En éliminant les obstacles au commerce et à l'investissement, notre gouvernement aide les entreprises du Canada à s'imposer dans un monde de plus en plus concurrentiel et à stimuler l'économie du pays.
En adoptant cet accord de libre-échange avec la Colombie, nous écoutons ce que les entreprises canadiennes nous disent et nous répondons à leurs besoins pour qu'elles demeurent compétitives.
Ce partenariat économique plus étroit avec la Colombie permettra aussi de réduire les droits de douane imposés aux exportateurs canadiens.
L'accord de libre-échange Canada-Colombie multipliera également les possibilités offertes aux investisseurs et aux fournisseurs de services canadiens.
Pour le Canada, la Colombie est déjà un important partenaire commercial.
[Traduction]
En 2009, nos échanges commerciaux bilatéraux se sont élevés à 1,335 milliard de dollars, et la Colombie constitue déjà un marché établi et croissant pour les exportations canadiennes. Au cours des cinq dernières années, les exportations canadiennes ont augmenté de plus de 55 p. 100.
[Français]
La Colombie est également une destination stratégique pour l'investissement canadien. En 2008, la valeur des investissements canadiens en Colombie a atteint approximativement 1,1 milliard de dollars.
[Traduction]
Mais ce n'est pas tout. Le marché colombien est extrêmement intéressant. Le pays compte 48 millions d'habitants. La politique macroéconomique et l'amélioration de la sécurité sous le régime colombien actuel créent des conditions économiques favorables. Le gouvernement colombien veut mettre fin à des années de sous-investissement dans les infrastructures publiques. Les investissements dans les infrastructures sont passés de 4 p. 100 du produit intérieur brut du pays en 2005 à plus de 8 p. 100 en 2009.
Un pays comme le nôtre, qui a tellement d'expertise dans ce domaine, a beaucoup à offrir. Les sociétés canadiennes peuvent soutenir la concurrence dans ces secteurs. Le marché potentiel va d'ailleurs bien au-delà des infrastructures, car il y a d'autres secteurs comme l'agriculture et les denrées industrielles, des services comme le génie, l'exploitation minière, l'énergie et les services financiers. Le Canada excelle dans tous ces domaines.
Ces secteurs sont en outre des rouages essentiels de l'économie de nos petites et grandes collectivités partout au Canada. Toutefois, cet accord fera plus que créer des débouchés pour les entreprises canadiennes, il permettra aussi de renforcer notre partenariat avec la Colombie.
[Français]
Il aidera à consolider les efforts actuels du gouvernement colombien pour créer une démocratie plus prospère, plus équitable et plus sûre. Le gouvernement de la Colombie a pris des mesures positives en ce sens.
[Traduction]
Le gouvernement de la Colombie a montré qu'il poursuivait ses efforts en vue de réduire la violence, de combattre l'impunité et de promouvoir la sécurité et la paix. Notre gouvernement reconnaît que la situation reste problématique en Colombie et est résolu à travailler avec ce pays pour l'aider à régler ses problèmes.
Notre gouvernement pense que la croissance économique stimulée par le libre-échange, ainsi que par le commerce et les investissements réglementés, peut contribuer à atténuer la pauvreté et à créer de la richesse et des débouchés pour la population colombienne. Nous souhaitons que les entreprises des deux pays prennent de l'expansion ensemble. Les Colombiens recherchent les possibilités de ce genre et en ont besoin, et ils souhaitent établir de nouveaux partenariats avec des pays étrangers.
Le gouvernement de la Colombie, comme celui du Canada, travaille dur en vue de développer de nouveaux marchés pour ses citoyens. En fait, la Colombie a un ambitieux programme économique qui comprend des accords de libre-échange avec tout un éventail de partenaires. Les États-Unis, qui sont le concurrent principal du Canada sur le marché colombien, ont déjà signé un accord de libre-échange avec ce pays.
Les entreprises et les travailleurs canadiens s'attendent à ce que leur gouvernement travaille pour eux et mette en place des accords commerciaux qui tiennent compte de la situation actuelle et qui leur permettent d'être compétitifs d'égal à égal sur les marchés internationaux. Les Canadiens méritent cela. Notre gouvernement veille à ce qu'ils aient la possibilité de soutenir la concurrence et de réussir en Colombie, comme ailleurs dans le monde.
Nous ne devons pas désavantager nos exportateurs face à la concurrence. C'est maintenant que le Canada doit agir. Pour les députés d'en face, c'est le moment idéal de défendre les intérêts des travailleurs canadiens.
[Français]
Non seulement nous pourrons rivaliser avec les pays européens, mais les entreprises canadiennes auront aussi une occasion importante d'avoir un avantage sur les principaux concurrents américains.
Cet accord de libre-échange permettra aux Canadiens de prendre de l'expansion dans cet important marché. C'est tout à fait ce genre de débouchés que les entreprises canadiennes demandent.
[Traduction]
Je crois qu'il est important que les députés saisissent bien l'importance du marché colombien pour les entreprises dans leur région, pour leurs électeurs et, en fait, pour tous les Canadiens.
Commençons par la côte Est. Les exportations de produits de la Nouvelle-Écosse, de l'Île-du-Prince-Édouard, du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve-et-Labrador à destination de la Colombie se sont élevées à environ 52,8 millions de dollars, ce qui a directement profité aux industries de base comme le pétrole, le papier, le carton et les engrais. Ces industries bénéficieront à n'en pas douter de la libéralisation des échanges commerciaux avec la Colombie.
Qu'en est-il des machines et des produits industriels?
[Français]
Personne n'ignore que les fabricants canadiens, et en particulier ceux de l'Ontario et du Québec, coeur industriel du Canada, vivent des temps difficiles ces jours-ci.
[Traduction]
La reprise économique est fragile, et les entreprises doivent pouvoir disposer de tous les débouchés possibles pour croître et devenir plus concurrentielles.
[Français]
Cela signifie ouvrir des portes sur des nouveaux marchés, comme la Colombie. Avec cet accord, la Colombie éliminera progressivement les droits de douane qu'elle impose sur la machinerie et les biens industriels.
Cette nouvelle est particulièrement importante pour les fabricants canadiens de matériel d'exploitation minière, surtout établis en Ontario et au Québec, qui bénéficieront tous de l'élimination immédiate des droits de 5 à 15 p. 100 que la Colombie applique aux produits de ce secteur.
Je tiens à dire que cet accord est aussi très important pour le Québec. En effet, 21,6 p. 100 des exportations du Canada destinées à la Colombie viennent du Québec, soit plus du cinquième. Les Québécois employés dans les industries du papier et du carton, du cuivre et de la machinerie, par exemple, tireront un avantage manifeste du libre-échange avec la Colombie.
[Traduction]
Je suis consterné devant l'opposition des députés du Bloc. Ils ne défendent pas les entreprises canadiennes. Ils ne défendent pas les travailleurs canadiens. Ils ne défendent même pas les travailleurs québécois. Nous défendrons les travailleurs québécois et nous leur offrirons toutes les débouché dont ils ont besoin.
Les provinces des Prairies, l'Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba bénéficieront aussi de l'accord. La suppression immédiate des droits de douane frappant les produits agricoles de base tels que le blé, l'orge et les légumineuses assurera aux Prairies canadiennes un avantage concurrentiel encore plus important sur le marché colombien. Les producteurs des Prairies sont un des piliers de notre économie. Ils bénéficieront des avantages évidents du libre-échange avec la Colombie.
Je signale par ailleurs qu'au chapitre des investissements, le Canada jouit d'une présence importante sur le marché colombien grâce à des projets pétroliers et gaziers. Nous espérons que cette présence s'affermira à mesure que ces projets évolueront.
Notre accord de libre-échange avec la Colombie contribuerait à attirer des investissements canadiens dans la région en fournissant une plus grande prévisibilité et une meilleure protection aux investisseurs. Ces dispositions en matière d'investissements profiteront directement aux sociétés albertaines qui investissent en Colombie. La Colombie-Britannique bénéficiera aussi de cet accord, particulièrement dans les domaines de la mécanique, de la machinerie et du papier. En fait, nombre de sociétés britanno-colombiennes nous ont dit qu'elles cherchaient à augmenter leurs échanges commerciaux avec la Colombie.
Étant donné ce type d'avantages pour le Canada il n'y a rien d'étonnant à ce que les entreprises, les investisseurs et les producteurs canadiens réclament depuis quelque temps déjà le resserrement des liens commerciaux avec la Colombie. Il est temps d'agir. Les députés d'en face devraient écouter ce que les Canadiens leur disent clairement.
La Colombie a un programme de libre-échange ambitieux et audacieux qui vise certains des principaux concurrents du Canada tels que les États-Unis et l'Union européenne. Nous devons agir le plus rapidement possible de manière à ce que les exportateurs, les investisseurs et les producteurs canadiens de toutes les régions et de toutes les provinces ne se retrouvent pas désavantagés face à nos concurrents.
Nos exportateurs, nos investisseurs et nos producteurs se réjouissent de l'occasion qui leur est offerte de s'établir sur ce marché avant leurs concurrents. Ils peuvent rivaliser contre les meilleurs au monde. Donnons-leur la possibilité de le faire. L'accord que nous avons négocié est aussi bon pour les Canadiens que pour les Colombiens.
Grâce à cet accord les Colombiens auraient un accès accru au marché nord-américain et aux débouchés qu'offre ce marché. Les Colombiens auraient aussi accès à un plus grand éventail de produits canadiens. Cet accord contribuerait à promouvoir le développement économique dans la région.
[Français]
Je ne saurais assez insister sur l'importance qu'il revêt. L'établissement et le maintien d'importants partenariats commerciaux constitue une excellente façon de développer et d'offrir des débouchés à notre population.
[Traduction]
C'est pour cela que nous en sommes là. Le gouvernement veut créer des débouchés pour les Canadiens et pour les Colombiens. C'est ce que cet accord nous permettra précisément de faire.
Nous avons entendu les arguments à l'appui de cet accord. Nous avons tenu plus de 30 heures de débat sur la mesure. Le comité permanent en a fait deux études. Il est temps de l'adopter. Contrairement à l'approche du NPD en matière de commerce la priorité de notre gouvernement consiste à faire avancer de façon audacieuse la cause du libre-échange. Il est essentiel de résister au protectionnisme et d'ouvrir nos marchés. L'action que nous menons sur le front du libre-échange s'est avérée bénéfique sur le plan de la création d'emplois pour les Canadiens. En fait, le commerce est la clé de notre prospérité.
En période d'incertitude économique, les députés devraient placer le commerce en tête de priorités. C'est pourquoi j'invite tous les députés à appuyer l'Accord de libre-échange Canada-Colombie et à défendre la création d'emplois pour les Canadiens. Le moment serait mal choisi pour jouer des jeux politiques, pour présenter des motions dilatoires et paralyser les travaux de la Chambre, car cela pénaliserait les travailleurs et les entrepreneurs canadiens qui ont hâte de saisir ces possibilités économiques. Adoptons cette mesure. Nous devons agir avec célérité pour le bénéfice de tous les Canadiens.
:
Monsieur le Président, la dernière fois que nous avons débattu cette mesure législative à l'automne 2009, j'ai demandé à la Chambre de considérer la dimension humaine de cet accord de libre-échange.
J'ai affirmé que le présent débat ne devrait pas être axé sur l'idéologie, mais sur les gens, sur les Colombiens dont la vie a été déchirée et bouleversée par la guerre civile et par la narco-politique. Les gens honnêtes, vaillants et fiers de la Colombie méritent un avenir meilleur et les possibilités économiques qu'offre le commerce légitime.
Pendant tout le débat sur cet accord de libre-échange, le Parti libéral a accordé la priorité aux gens, non à l'idéologie. Contrairement à d'autres partis à la Chambre, nous ne sommes pas aveuglés par une idéologie selon laquelle tous les accords de libre-échange sont forcément bons ou, au contraire, carrément mauvais. Nous avons plutôt examiné attentivement les conditions politiques, économiques et sociales qui prévalent en Colombie.
Par surcroît, nous avons examiné soigneusement l'incidence éventuelle de cet accord de libre-échange sur les Colombiens et sur les Canadiens. Nous avons cherché des moyens de renforcer cet accord pour mieux protéger les Colombiens et pour raffermir notre engagement à l'égard des questions de droits de la personne auxquelles les Colombiens sont confrontés.
Il ne fait aucun doute que la Colombie est un pays violent où la narco-économie alimente les violations des droits de la personne. Parallèlement toutefois, le gouvernement de la Colombie a réalisé des progrès considérables pour réduire la violence et les atteintes aux droits de la personne. Il faut appuyer ces progrès.
Voici ce que le président Barack Obama a dit après sa rencontre avec le président de la Colombie:
J'ai félicité le président Uribe pour les progrès réalisés en matière de respect des droits de la personne en Colombie et pour les mesures prises à l'égard des assassinats de syndicalistes dans ce pays. De toute évidence, on a vu une diminution du nombre de meurtres de syndicalistes et des améliorations en ce qui concerne la poursuite des auteurs de ces violations flagrantes des droits de la personne. Le président Uribe reconnaît qu'il reste encore beaucoup de travail à faire et c'est avec enthousiasme que nous envisageons de collaborer avec lui pour continuer à améliorer la situation du syndicalisme en Colombie et pour protéger les chefs syndicaux et les défenseurs des droits civils.
Plus tôt au cours de ce mois-ci, Mme Navi Pillay, Haut-Commissaire aux droits de l'homme, a présenté son rapport annuel sur la situation des droits de la personne en Colombie. Dans ce rapport, Mme Pillay reconnaît également ceci:
[...] les progrès considérables réalisés en termes de réduction du nombre de plaintes concernant des exécutions extrajudiciaires et la poursuite continue de représentants du Congrès et de fonctionnaires accusés d'avoir entretenu des liens avec des organisations paramilitaires.
Mme Pillay reconnaît également ceci:
...l'ouverture du gouvernement à la surveillance internationale... [et] l'esprit de collaboration qui existe entre le gouvernement et le HCDH-Colombie et l'engagement du gouvernement à régler les problèmes de respect des droits de la personne.
Au sujet des exécutions extrajudiciaires, elle écrit:
Depuis novembre 2008, les plaintes d'exécutions extrajudiciaires attribuées aux forces de sécurité [...] ont fortement diminué, principalement grâce à la mise en oeuvre et à la surveillance des mesures adoptées en octobre et en novembre 2008 par le président et le ministère de la Défense.
Donc, le gouvernement agit. Il y a encore du travail à faire, mais le fait est que le gouvernement fait tout ce qu'il peut. Il a besoin de soutien et il a besoin de débouchés commerciaux légitimes pour éloigner les gens de la narco-économie, à l'origine d'une grande partie de cette violence.
Selon le rapport:
En 2009, la section nationale des droits de la personne et du droit humanitaire international du bureau du procureur général a enregistré 7 affaires, contre 144 en 2008 et 464 en 2007.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme continue en mettant en contexte la violence:
Le rapport explique comment le conflit armé intérieur continue de poser bien des difficultés au pays, y compris le mépris total du droit humanitaire international par les groupes de guérilla [FARC]. La situation est exacerbée par la violence à l'endroit des civils commise par des groupes armés illégaux qui sont apparus après la démobilisation des organisations paramilitaires, les liens entre les groupes armés illégaux et le trafic des stupéfiants et les répercussions particulièrement graves du conflit armé intérieur sur les peuples autochtones et les collectivités afro-colombiennes.
Le conflit armé est financé par l'argent du trafic de stupéfiants. Au départ un combat idéologique avec les FARC, un mouvement de gauche, le conflit s'est largement transformé en guerre ayant pour enjeu les stupéfiants entre les paramilitaires démobilisés, devenus trafiquants de drogues, et les FARC. C'est une affaire de narco-économie et de conflit financé par l'argent des stupéfiants. Encore une fois, la meilleure façon d'éloigner les gens de cette violence est de leur donner des possibilités économiques légitimes.
À l'occasion d'une visite précédente en Colombie, le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a dit ceci:
J'ai été impressionné par la hausse des dépenses destinées aux programmes gouvernementaux visant à protéger et appuyer les groupes vulnérables. Il faut reconnaître et encourager de tels efforts dans un pays aux prises avec un conflit armé aussi complexe et pluridimensionnel.
Nous sommes toutefois tous conscients qu'il reste encore beaucoup de travail à réaliser.
La pauvreté, qui résulte d'un taux de chômage qui demeure élevé, nuit aux progrès en Colombie. Le libre-échange pourrait contribuer à améliorer les choses. En développant les échanges commerciaux, le Canada peut contribuer à bâtir une économie légitime en Colombie et à créer de véritables emplois pour les Colombiens, y compris les plus vulnérables. Nous pouvons offrir des occasions qui aideront les Colombiens à se sevrer de leur narco-économie violente et illégale. Par la même occasion, cet accord de libre-échange contribuera à accroître la protection des travailleurs colombiens.
Au comité, le haut fonctionnaire Pierre Bouchard, de RHDCC, a dit de l'accord de coopération dans le domaine du travail découlant de cet accord de libre-échange qu'il s'agissait de l'accord de ce type le plus complet au monde en ce moment. Aucun accord de libre-échange entre deux pays ne contient d'accord dans le domaine du travail aussi solide que celui-ci. L'amendement que nous proposons aujourd'hui renforcera encore plus les droits de la personne et des travailleurs en Colombie.
Le Parti libéral voulait effectivement faire mieux et aller plus loin. Il voulait faire plus pour les droits de la personne et des travailleurs en Colombie. C'est pourquoi nous avons discuté avec le gouvernement colombien. Nous avons écouté les préoccupations des Canadiens et nous nous sommes efforcés de solidifier cet entente en améliorant la surveillance publique dans le domaine des droits de la personne.
Même si nous, libéraux, admettons que le libre-échange peut créer des emplois et renforcer les économies du Canada et de la Colombie, nous partageons aussi les préoccupations de ceux qui croient que cet accord de libre-échange doit faire plus pour les droits de la personne en Colombie. Le résultat est une première pour tout accord de libre-échange dans le monde.
En vertu de cet accord, le Canada et la Colombie devront dorénavant mesurer et analyser les répercussions de cet accord de libre-échange sur les droits de la personne tant au Canada qu'en Colombie. Chaque gouvernement devra ensuite déposer un rapport annuel présentant les résultats de ces mesures et de ces analyses. Cette exigence met l'accent sur la réalisation de progrès continus dans le domaine de la protection des droits et de la sécurité des Colombiens.
Si on dépose les rapports au Parlement, le public aura accès à l'évaluation des répercussions sur les droits de la personne et il sera possible d'en débattre au Comité du commerce international. Nous pourrons entendre chaque année les témoignages de Colombiens et de Canadiens. Cela améliorera le niveau de transparence et de reddition de comptes relativement à cet accord de libre-échange. Je crois aussi que cela établira une norme à suivre pour tous les futurs accords de libre-échange qui seront signés entre des pays ailleurs dans le monde.
Jorge Rojas Rodriguez est un leader de la société civile en Colombie et préside l'organisme Consultancy for Human Rights and Displacement. Voici ce qu'il pense de cet amendement:
[...] cette proposition envoie un message politique clair à la Colombie à propos de l'intérêt porté par le Canada sur l'amélioration de la situation des droits de la personne au cours des prochaines années.
M. Rojas croit que ce mécanisme de présentation de rapports sur les droits de la personne pourrait devenir un outil de premier plan pour l'amélioration de la situation des droits de la personne en Colombie et pour faire participer le secteur privé aux efforts pour atteindre cet objectif. Il appuie notre ouverture à la société civile colombienne dans la préparation de cette proposition novatrice et croit que l'amendement pourrait établir un précédent important pour les prochains accords de libre-échange.
M. León Valencia est un leader de la société civile bien en vue en Colombie et est directeur exécutif de l'organisme Nuevo Arco Iris. Voici ce qu'il pense de la situation:
Je trouve intéressant et utile que l'accord de libre-échange entre la Colombie et le Canada comprennent une entente selon laquelle les deux gouvernement doivent présenter à leur Parlement respectif un rapport annuel sur les répercussions de l'accord sur les droits de la personne dans les deux pays.
Cette tribune annuelle importante permettra de tenir des discussions sur la situation des droits de la personne en Colombie et donnera aux Canadiens la possibilité de prendre connaissance des violations des droits de la personne dans notre pays.
M. Valencia ajoute ceci au sujet de notre amendement:
La proposition du Canada est novatrice et transforme le traité en outil dynamique qui offre de nouvelles plateformes d'analyse et de discussion. Peut-être que d'autres accords de libre-échange devraient inclure une telle disposition.
M. Gerardo Sánchez Zapata, président du syndicat colombien des industries du vêtement et du textile, qui représente huit autres syndicats du secteur privé, a déclaré ce qui suit:
Cette procédure est bien accueillie par les travailleurs colombiens et nous remercions l'honorable Parlement du Canada pour sa position. Cet outil nous aidera à renforcer un mécanisme déjà en place de surveillance et d'évaluation des progrès de notre pays en matière de droits de la personne et de liberté d'association, au moyen de rapports annuels présentés à l'Organisation internationale du travail (OIT) et aux Nations Unies.
Il appuie également les efforts de nos syndicats en vue d'intercéder auprès du gouvernement national pour qu'il adapte nos lois aux normes et aux règlements internationaux [...]
Cet amendement, cette approche, cet engagement plus profond envers les droits de la personne, la reddition de comptes et la transparence ont l'appui des syndicats du secteur privé et de certains dirigeants de la société civile en Colombie ainsi que d'organismes de défense des droits de la personne. Une fois cet amendement adopté, les parlementaires canadiens seront en mesure de convoquer régulièrement des groupes de la société civile chaque année et de faire comparaître nos fonctionnaires ainsi que des témoins experts pour demander des comptes au gouvernement et aux sociétés à l'égard des mesures prises aux termes de cet accord.
S'il devient évident que l'accord ne permet pas de renforcer les droits de la personne, l'un ou l'autre des pays signataires pourra annuler l'entente après un préavis de six mois. Mais nous devons croire que cette entente sera respectée et qu'on réalisera de nouveaux progrès parce qu'un engagement économique et des accords commerciaux pertinents peuvent réellement renforcer un engagement à l'égard des droits de la personne. La Colombie dispose d'un appareil judiciaire fort et indépendant sur lequel on peut compter pour défendre la primauté du droit, comme nous en avons été témoins récemment. Le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a dit à cet égard:
La Cour suprême et le bureau du procureur général font preuve de beaucoup de bravoure en faisant enquête sur des fonctionnaires reliés à la mafia et au trafic de drogues dans ce que l'on qualifie de milieu para-politique.
Nous devrions tous appuyer leurs efforts dans des circonstances aussi difficiles et continuer de maintenir l'indépendance de l'appareil judiciaire, dont la Colombie est à juste titre très fière.
Pour ce qui est de savoir si le président Uribe tentera d'obtenir un troisième mandat, le chef de l'opposition officielle, le député de , qui est le porte-parole du Parti libéral en matière d'affaires étrangères, et moi, en ma qualité de porte-parole en matière de commerce, avions des grandes préoccupations que nous avons soulevées directement auprès du président Uribe. Le 26 février 2010, la Cour constitutionnelle colombienne s'est prononcée à 7 contre deux contre la tenue d'un référendum qui aurait permis aux présidents de se présenter pour un troisième mandat consécutif. Malgré l'appui considérable du Congrès colombien à l'égard de ce référendum populaire, la cour a estimé que cette mesure violait les principes constitutionnels et qu'elle devait donc être considérée comme inconstitutionnelle.
Le président Uribe a immédiatement annoncé qu'il respecterait le jugement de la cour. Cette décision démontre bien l'indépendance de l'appareil judiciaire colombien. L'accord de libre-échange créera un cadre juridique plus fort qui assurera une meilleure protection de l'environnement, renforcera les lois du travail et favorisera un plus fort niveau de responsabilité sociale pour les investisseurs canadiens.
Comme l'a souligné Carol Nelder-Corvari de Finances Canada dans le témoignage qu'elle a présenté devant le Comité du commerce, les échanges commerciaux entre le Canada et la Colombie ont déjà cours, mais sans l'appui d'un système solide, basé sur des règles, pour renforcer les droits du travail et de la personne. Nous entretenons donc déjà des liens commerciaux avec ce pays. Le présent accord commercial prévoit des règles plus strictes en matière de travail et d'environnement, ce qui ne peut qu'aider à renforcer les droits du travail et la protection de l'environnement en Colombie.
Comme l'a dit Carol Nelder-Corvari au comité: « Je tiens à vous rappeler que les investisseurs canadiens sont déjà présents en Colombie, qu'ils l'ont toujours été, qu'ils y investissent des sommes de plus en plus importantes... ».
Elle poursuit en disant qu'il s'agit du meilleur accord sur le travail jamais associé à un quelconque accord de libre-échange, que c'est la première fois que le Canada intègre des dispositions sur la responsabilité sociale des entreprises dans ses accords et que ces dispositions se retrouvent à la fois dans le chapitre sur les investissements et dans celui sur l'environnement. C'est un aspect de la collaboration à propos duquel le dialogue se poursuit, autant avec la Colombie qu'avec nos investisseurs sur place. Cet accord explore des avenues encore inexplorées.
Les entreprises canadiennes surveillent la situation. L'accord ayant été signé, les entrepreneurs canadiens sont prêts à faire des investissements à long terme dont bénéficieront les Colombiens. Les agriculteurs canadiens appuient l'accord. Les organisations commerciales canadiennes, dont certains membres du monde de la petite entreprise, voient les débouchés qu'ouvrira cet accord.
En ce qui concerne l'infrastructure — le ministre a parlé plus tôt de la nécessité aiguë pour la Colombie d'investir dans son infrastructure et de la renforcer — Brookfield Asset Management, à Toronto, a récemment établi un fonds pour l'infrastructure colombienne de 400 millions de dollars qui aidera les Colombiens à développer leur infrastructure.
Nous devons appuyer ces investissements et nous efforcer d'accroître les possibilités pour les travailleurs colombiens et d'améliorer les mesures assurant leur protection.
Je veux mentionner la stabilité géopolitique de la région andine, menacée par le régime de Chavez au Venezuela. Il est important, à l'heure actuelle, de nouer des liens avec la Colombie plutôt que de l'isoler, faute de quoi les Colombiens seraient vulnérables aux répercussions des fermetures de frontières, des blocus commerciaux et des attaques idéologiques du régime d'Hugo Chavez au Venezuela.
Il est important de nouer des liens avec la Colombie et les Colombiens, à titre de partenaires, afin d'aider ces derniers à progresser vers un avenir plus paisible et plus prospère. J'estime que cet accord, surtout sa version modifiée, renforcera le respect des droits de la personne sur une base continue et fera en sorte que le Parlement reçoive un rapport annuel concernant son incidence sur les droits de la personne. L'accord nous permettra de continuer le débat, de maintenir notre engagement et de renforcer les droits de la personne et des travailleurs en Colombie.
Nous avons la responsabilité, au Parlement, de faire ce qui s'impose, de ne pas nous concentrer exclusivement sur les questions idéologiques et de respecter notre idéologie tout en agissant dans l'intérêt des populations canadienne et colombienne.
Par conséquent, je propose:
Que la question soit maintenant mise aux voix.
:
Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je dis clairement que le Bloc québécois est défavorable au projet de loi que le gouvernement a déposé à la Chambre aujourd'hui.
Nous sommes défavorables à ce projet de loi, tout comme nous l'étions lors de la dernière session, et ce, malgré l'amendement, ou les présumés amendements, que le Parti libéral compte présenter au Comité permanent du commerce international. Nous ne voyons pas comment nous pourrions être favorables à un tel amendement. En effet, celui-ci sera régi d'une certaine façon par les deux parties impliquées et fera en sorte que les gouvernements du Canada et de la Colombie seront juges et parties en même temps, d'une évaluation du respect des droits humains. Cela n'a aucun sens.
Connaissant l'ensemble du dossier de même que ses positions antérieures, je ne comprends vraiment pas la position actuelle du Parti libéral à ce sujet. Sa position antérieure visait à bien protéger et respecter les droits humains en Colombie. Elle vient maintenant de prendre le bord.
Le Canada a entamé des discussions en 2002 avec les pays andins, soit le Pérou, la Colombie, l'Équateur et la Bolivie, sur la possibilité d'obtenir un accord de libre-échange.
Le Canada a négocié des accords bilatéraux avec la Colombie et le Pérou, et ces négociations se sont déroulées sur quelques années. Le 7 juin 2008, le Canada et la Colombie ont annoncé que leurs négociations étaient terminées. Le 21 novembre, les deux pays ont signé l'accord de libre-échange.
On cherche la principale raison du gouvernement conservateur pour conclure une entente de libre-échange, sans tenir compte des objections majeures mises de l'avant.
On s'aperçoit que cette entente n'aidera pas vraiment le commerce. La question du commerce est un faux-fuyant, car cette entente concerne les investissements. C'est clair et net qu'on veut favoriser les investissements par une entente comme celle-là.
Cette entente contient un chapitre sur la protection des investissements. Celui-ci facilitera la vie des investisseurs canadiens en Colombie, particulièrement ceux du domaine minier.
En ce qui concerne les échanges commerciaux, la Colombie représente la cinquième destination des exportations du Canada en Amérique latine et dans les Caraïbes. Au Canada, la Colombie est la septième source d'importations, toujours de cette région.
On peut donc dire que le Canada a des partenaires commerciaux beaucoup plus importants dans cette région que la Colombie. Par conséquent, conclure un accord avec la Colombie n'a absolument rien à voir avec l'idée qui devrait toujours sous-tendre l'argumentation sur la nécessité d'un accord de libre-échange. Mais on n'en est pas là.
Ces dernières années, les échanges commerciaux entre le Canada et les autres pays latino-américains ont plutôt augmenté, ce qui a toujours réduit la proportion des échanges commerciaux avec la Colombie par rapport aux autres pays de cette région.
La grande majorité des investissements canadiens en Colombie se font — je l'ai mentionné tout à l'heure — dans le secteur de l'industrie extractive.
Que vient faire, alors, un accord de libre-échange à ce moment-là? Cela n'a pas de sens.
On a des données sur les échanges commerciaux entre la Colombie et le Canada. On comprend mal pourquoi le gouvernement conservateur tient tant à cette entente. En effet, si deux États veulent négocier et signer un accord de libre-échange, c'est parce qu'ils sont habituellement des partenaires commerciaux privilégiés, dans la mesure où les échanges sont très importants entre ces deux pays.
Lorsque la valeur des échanges est élevée, la suppression des barrières commerciales devient plus intéressante en facilitant davantage le commerce.
Dans le marché dont nous parlons, les échanges commerciaux sont limités. Nous avons certains échanges commerciaux avec la Colombie comme avec tous les pays, mais on voit mal comment le Québec et le Canada pourront trouver un intérêt commercial quelconque à cet accord. Ce dernier, comme je l'ai déjà dit, vise à favoriser les investissements, mais il est loin de favoriser le commerce.
Au cours des dernières années, le Canada a signé des accords de protection des investissements, mais celui qui va lier la Colombie et le Canada est mal conçu. Les accords antérieurs contiennent des dispositions qui permettent aux investisseurs de poursuivre un gouvernement étranger dès qu'il adopte des mesures qui diminuent le rendement de son investissement. Les investissements étrangers s'accroissent de façon exponentielle.
Pour créer un environnement prévisible et s'assurer qu'un investisseur étranger ne sera pas dépossédé sans compensation en raison d'une nationalisation, par exemple, les pays concluent des traités relatifs à la protection des investissements. C'est tout à fait normal, et le Bloc québécois est favorable à de tels traités. D'ailleurs, l'accord de libre-échange américain contenait un chapitre protégeant les investissements.
Cependant, on a assisté à une certaine dérive avec le chapitre 11 de l'ALENA. On ne peut pas dire que cela ait été bien encadré; ce chapitre a été décrié par tous. Par exemple, dès qu'une loi sur la protection de l'environnement diminue les profits d'un investisseur étranger, le gouvernement s'expose à des poursuites importantes.
Pourtant, le gouvernement canadien a conclu plusieurs accords bilatéraux calqués sur le chapitre 11 de l'ALENA au fil des ans. Les critiques ont été tellement fortes que même les libéraux, qui viennent d'appuyer un accord qu'ils n'appuyaient pas pour toutes sortes de raisons légitimes, avaient cessé de conclure de tels accords.
Avec les conservateurs, Ottawa reprend l'offensive et multiplie la négociation de tels accords. Concernant la Colombie, le gouvernement cède aux multinationales le soin de juger du bien commun. On baisse les bras. On se dit que puisqu'un tel accord favorise les investissements, on laisse les multinationales le soin de juger s'il est acceptable de déplacer des milliers de personnes.
Le Bloc québécois s'oppose au projet de loi de la mise en oeuvre de l'accord de libre-échange avec la Colombie parce qu'il contient des clauses calquées sur le chapitre 11 de l'ALENA. Nous demandons au gouvernement de revenir à la formule antérieure des traités, laquelle ne constituait pas une charte des multinationales au détriment du bien commun.
Le projet de loi sera renvoyé au comité et nous verrons alors s'il est possible de le modifier.
Parlons maintenant de la responsabilité sociale des entreprises. Depuis les dernières années, la Colombie a l'un des pires bilans en matière de respect des droits humains et de responsabilité sociale des entreprises. Les produits colombiens exportés par les entreprises, notamment, proviennent des régions rurales les plus reculées du pays. Ces régions contiennent d'importantes ressources naturelles, mais c'est aussi là qu'il y a le plus de violence.
En permettant des investissements, on assistera à une augmentation de ce problème.
Revenons aux régions rurales dont je parlais tout à l'heure. En fait, 87 p. 100 de la population vivant des déplacements forcés proviennent des régions rurales; 82 p. 100 des abus des droits de la personne et du droit international humanitaire ont lieu dans les régions rurales; et 83 p. 100 des assassinats des chefs syndicaux ont été commis dans les régions rurales.
Les mesures permises par l'accord de libre-échange avec la Colombie se feront sentir davantage. Cela accentuera la présence des investisseurs étrangers, plus particulièrement celle des multinationales et des compagnies minières,.
Tout à l'heure, j'ai posé une question au ministre. Nous ne sommes pas nécessairement contre les accords de libre-échange. Il peut y avoir de très bons accords de libre-échange, comme il peut y en avoir des mauvais. Toutefois, on ne croit pas que celui-ci puisse être un bon accord sur le plan commercial. En effet, le volume des échanges commerciaux est tellement bas qu'on ne voit pas comment un accord changera la donne. Par contre, cet accord favorisera les investissements. Généralement, lorsque l'on signe un accord de libre-échange avec un autre pays, les économies des deux pays concernés sont comparables. La raison en est fort simple: les mesures de protection des investissements peuvent freiner le développement de pays plus pauvres parce qu'elles donnent aux entreprises le pouvoir de poursuivre l'État s'il adopte des lois ou des règlements diminuant le rendement des investissements. Si on se penche sur les données socioéconomiques, on comprendra assez rapidement que le Canada et la Colombie sont très différents.
Inutile de se le cacher, la Colombie est un pays où règne une très grande pauvreté. En 2006, 47 p. 100 de la population vivait encore sous le seuil de la pauvreté et 12 p. 100 de la population vivait en situation de pauvreté absolue. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, c'est en milieu rural que la pauvreté se fait le plus sentir. En 2006, la pauvreté atteignait 68 p. 100 de la population, ce qui est majeur. Un État doit souvent adopter des mesures pour sortir son pays de la pauvreté et le développer. De telles mesures peuvent se prendre dans les lois du travail, de l'environnement, de la santé ou de la nationalisation de certains secteurs économiques. Ainsi, une telle protection des investissements met en danger la capacité de l'État colombien à lutter efficacement contre la pauvreté. Au fond, l'État de Colombie doit continuer à lutter contre la pauvreté, mais avec un chapitre permettant de protéger les investissements extérieurs. Or cet accord lui lie les mains, ce qui l'empêchera de bien progresser, même s'il a de bonnes intentions pour que la population de la Colombie vive moins de violence. En Colombie, il y a encore des groupes paramilitaires que le gouvernement ne contrôle pas. Selon moi, il est inadmissible qu'un gouvernement ou une démocratie comme le Canada signe un tel accord. La Colombie est un pays démocratique, mais c'est un pays démocratique qui n'est pas en mesure d'agir contre le manque de respect des droits de l'homme. Personnellement, je pense que c'est une démocratie à laquelle on ne peut pas reconnaître les mêmes qualités qu'à d'autres démocraties de la planète.
La Colombie connaît un des pires bilans au monde en ce qui a trait aux droits de la personne, et certainement le pire bilan en Amérique latine. Pour faire progresser la situation des droits de la personne dans le monde, les gouvernements utilisent souvent la carotte et le bâton. Ils soutiennent des efforts en vue d'un meilleur respect des droits de la personne et se réservent le droit de retirer certains avantages si la situation régresse. Par la conclusion de cette entente, le Canada se privera de toute capacité de faire pression. Souhaitons que certains députés libéraux se souviendront de leur position antérieure. Le Canada se privera de tout moyen de pression contre une situation inacceptable en matière de respect des droits humains.
Les conservateurs répètent à satiété que la situation des droits de la personne en Colombie s'est grandement améliorée. La situation est peut-être moins catastrophique qu'il y a quelques années, mais elle est encore très loin d'être idéale.
À cet égard, l'ancien ambassadeur du Canada en Colombie, Mathew Levin, abondait dans le même sens en parlant de l'économie colombienne: « Le gouvernement [canadien] sait que la réalité colombienne n’est pas idéale. Il y a de la pauvreté, de la violence et les services sont difficilement accessibles. »
Je ne vais donner qu'une statistique. Depuis 1986, 2 690 syndicalistes ont été assassinés. Si les meurtres de syndicalistes ont connu une certaine baisse depuis 2001, ces assassinats ont repris depuis 2007. Selon Mariano José Guerra, président régional de la Fédération nationale des travailleurs et des travailleuses du secteur public de Colombie, « des milliers de personnes ont disparu et la persécution syndicale se poursuit ».
Vu toutes les données, on ne comprend pas pourquoi le gouvernement conservateur veut absolument conclure cet accord. Avec tous les déplacements de population auxquels on assiste, on se demande aussi pourquoi le Parti libéral va fort probablement appuyer un tel accord. C'est tout à fait inadmissible.
:
Monsieur le Président, je dirai d'abord ce que ne sont pas cet accord et ce projet de loi. Ni l'un ni l'autre n'est vraiment motivé par la volonté du gouvernement de promouvoir les exportations canadiennes.
Je reviens tout juste d'Argentine, où je me suis rendu avec le Forum interparlementaire des Amériques, le FIPA. J'ai demandé aux délégués commerciaux quel était le budget consacré au soutien des exportations canadiennes vers le marché de l'Argentine, pays comptant 40 millions d'habitants. C'est plus que le Canada. Le montant total consacré par le gouvernement au titre du soutien des exportations, notamment de la promotion des produits et des services, se chiffre à 400 $ par semaine. C'est incroyable. C'est moins que ce que dépense le dépanneur moyen de ma circonscription, .
[Français]
C'est moins qu'un dépanneur dépense dans l'est de Montréal.
[Traduction]
Pourtant, c'est vraiment le montant que le gouvernement consacre au soutien de la promotion des exportations.
Alors que nos délégués commerciaux doivent payer de leur poche lorsqu'ils invitent les clients potentiels à prendre un café, alors que nous consacrons un maigre 400 $ à l'ensemble du marché argentin, nos concurrents, y compris l'Australie, les États-Unis et l'Union européenne, dépensent des centaines de millions de dollars au titre du soutien à la promotion des exportations.
Par conséquent, le gouvernement agit en dilettante au plan commercial. Il ne possède absolument aucune stratégie d'ensemble pour le développement des exportations. Il n'investit pas dans ce domaine. Je pense qu'il est pour le moins malhonnête de dire que, d'une certaine façon, cet accord fait partie d'une stratégie d'ensemble alors que le gouvernement a échoué lamentablement dans le domaine du développement des exportations.
Les conservateurs ont également soulevé la question suivante: pourquoi le NPD n'a-t-il pas appuyé la capitulation dans les dossiers du bois d'oeuvre et de la construction navale? Je répondrai aux députés du Parti conservateur que c'est parce qu'ils ne négocient que de mauvais accords. On ne peut être plus clair.
Après la capitulation dans les dossiers du bois d'oeuvre et de la construction navale, voici un accord commercial avec la Colombie qui désavoue les emplois canadiens ou les valeurs canadiennes.
Cet accord n'a donc rien à voir avec le commerce. Nous devons nous demander si notre politique étrangère et notre politique commerciale doivent être le reflet des valeurs canadiennes fondamentales. Ce sont les droits de la personne qui représentent la valeur canadienne la plus fondamentale. Voilà qui fait l'unanimité à la grandeur du Canada.
Les conservateurs n'ont que faire des droits de la personne. Quant aux libéraux, ils ont carrément renoncé à faire avancer ce dossier. En effet, si les droits de la personne comptaient vraiment pour eux, ils auraient continué d'appuyer la motion du NPD qui visait à modifier le rapport du Comité du commerce d'il y a deux ans et qui exigeait que les droits de la personne fassent l'objet d'une évaluation indépendante et impartiale. C'est ce que le comité avait recommandé.
Si les conservateurs ont vite reculé, je dois dire à la décharge des libéraux, qu'à l'époque où ils étaient dirigés par leur ancien chef, ils ont tenu bon et ont affirmé que les négociations avec la Colombie devaient cesser tant qu'une évaluation indépendante et impartiale n'était pas faite sur la question des droits de la personne et les répercussions qu'aurait un éventuel accord de libre-échange.
Quelques semaines après la publication du rapport, le gouvernement a rabroué les libéraux et les autres membres du comité en annonçant que les négociations allaient suivre leur cours malgré tout.
Il y a un an cette semaine, les conservateurs ont présenté ce mauvais projet de loi et ce mauvais accord à la Chambre des communes.
Le NPD et le Bloc québécois ont décidé de défendre les valeurs fondamentales canadiennes que sont les droits de la personne. Nous n'allons pas permettre au gouvernement colombien, vu la manière éhontée dont les droits de la personne sont bafoués là-bas, de se faire récompenser de quelque manière que ce soit par le Parlement du Canada.
J'ose espérer que les députés libéraux, lorsqu'ils constateront la réaction du public à cette belle opération de camouflage, décideront de revenir à la position qu'ils préconisaient sous leur ancien chef et qu'ils prendront la défense des droits de la personne.
À quoi ressemble la situation des droits de la personne en Colombie? Pour tout dire, elle s'est aggravée ces dernières années, malgré ce qu'en disent les conservateurs et les libéraux. Loin d'avoir diminué, le nombre de syndicalistes tués en Colombie a augmenté dangereusement ces trois dernières années. En fait, il a augmenté de 25 p. 100 en 2008, s'est maintenu en 2009, et il devrait malheureusement augmenter encore cette année.
Il n'y a pas de pire endroit sur Terre pour être syndicaliste qu'en Colombie. C'est la réalité.
Les députés du Parti conservateur et du Parti libéral qui veulent faire adopter ce projet de loi n'ont présenté absolument aucune preuve selon laquelle le projet de loi et le traité amélioreraient bel et bien le respect des droits de la personne en Colombie. En fait, et j'y reviendrai plus tard, toutes les organisations reconnues de défense des droits de la personne, tous les syndicats indépendants, que ce soit en Colombie ou au Canada, affirment le contraire. Ils affirment que le projet de loi et le traité pourraient très concrètement et très dangereusement empirer la situation des droits de la personne en Colombie.
Il y a les syndicalistes qui se font assassiner. Quoi d'autre? Il y a aussi les centaines d'assassinats maquillés qui ont été commis au cours des dernières années. Ces centaines d'assassinats maquillés, comme on les appelle banalement, masquent une horrible réalité. Ils ne sont en fait rien de moins que des meurtres commis de sang-froid à l'endroit de personnes vivant dans des régions rurales, d'Autochtones et d'Afro-Colombiens qui ont été enlevés et tués par l'armée colombienne.
Il est à noter que plusieurs organisations de défense des droits de la personne ont allégué que l'armée colombienne récompense les assassinats de soi-disant guérilleros, ce qui encourage le meurtre de paysans et d'habitants des régions rurales qui sont innocents. Ces centaines d'assassinats maquillés sont une plaie pour le gouvernement colombien et ternissent la réputation de la Colombie en matière de droits de la personne. Si nous adoptons ce projet de loi, nous envoyons en somme le message que nous n'avons aucune préoccupation fondamentale à l'égard des assassinats de syndicalistes ou des assassinats maquillés commis par l'armée colombienne.
Aussi horribles que puissent être ces meurtres et toutes ces choses, le pire aspect de la situation des droits de la personne en Colombie est peut-être le déplacement forcé, violent et continu de millions de Colombiens. C'est la pire situation du genre au monde après le Soudan. En d'autres mots, le déplacement forcé de millions de Colombiens par des groupes paramilitaires liés au gouvernement ou des groupes de guérilleros qui s'opposent au gouvernement entraîne la création de bidonvilles partout en Colombie, notamment à Bogota.
Lors de mon voyage en Colombie en compagnie des membres du Comité du commerce pour évaluer la situation, nous nous sommes rendus à Soacha pour y rencontrer les résidants. Ils nous ont dit être très préoccupés par ce qui se passe dans les régions rurales de la Colombie. La concentration des terres s'est intensifiée dans ces régions, si bien qu'on estime que 60 p. 100 des terres appartiennent maintenant à 0,6 p. 100 de la population.
En raison de ce déplacement forcé, un petit nombre de propriétaires de terrains, de narcotrafiquants et d'organisations paramilitaires liées au gouvernement ont pris le contrôle de ces terres rurales. Dans un discours qu'il a prononcé il y a quelques années, le contrôleur général de la Colombie a dit que près de la moitié des terres agricoles en Colombie appartiennent maintenant à des narcotrafiquants et des groupes paramilitaires.
C'est la réalité. Lorsque nous envisageons d'établir une relation commerciale privilégiée avec le régime du président Uribe, nous devons absolument tenir compte de la question des violations des droits de la personne. Nous devons parler de l'assassinat de syndicalistes, des meurtres commis par l'armée colombienne, des « faux positifs », qui sont en fait des meurtres commis de sang-froid, ainsi que du déplacement forcé de millions de Colombiens par des groupes paramilitaires ayant des liens avec le gouvernement. Nous ne parlons pas d'un État où les droits de la personne s'améliorent. Nous parlons d'un État où la situation des droits de la personne est catastrophique.
C'est la situation qui existe en Colombie. Ce ne sont pas des problèmes qui peuvent être réglés par la publication de rapports visant à blanchir le gouvernement colombien. Ce ne sont pas des problèmes qui peuvent être réglés en demandant au gouvernement colombien de faire rapport sur lui-même.
Le pire dans tout cela, c'est que cette mesure du gouvernement arrive fort mal à-propos. En effet, la Colombie est en pleine période électorale. Certains Colombiens discutent de ces soi-disant accords de libre-échange, de l'État colombien, des droits de la personne et du développement démocratique en Colombie. Lorsque la mission internationale d’observation pré-électorale a publié son rapport il y a quelques jours, en cette période critique, elle a parlé des facteurs qui pourraient nuire à la tenue d'élections libres et justes dans certaines régions de la Colombie. Il va y avoir des élections. C'est pour cela que le gouvernement colombien veut conclure cet accord. Il veut que les parlementaires canadiens participent d'une façon ou d'une autre au processus électoral.
Des observateurs dignes de confiance font état de facteurs qui entravent les élections libres et justes. Ces facteurs sont, entre autres, la peur généralisée au sein de la population colombienne et le fait que les deniers publics sont utilisés à des fins illicites dans les élections. Ils notent également des pratiques négatives comme l'achat et la vente de votes, l'utilisation à mauvais escient de pièces d'identité, la possession illégale de pièces d'identité, notamment de papiers volés, la coercition et l'intimidation des électeurs, la fraude commise par les agents de police aux bureaux de vote, l'obstruction d'observateurs fédéraux et le contrôle du transport en commun afin de faire entrave à la libre circulation des électeurs.
Voilà la situation actuelle. Au lieu de prendre du recul, comme le gouvernement aurait dû le faire, et d'envoyer des observateurs pour mettre un peu de pression sur le gouvernement colombien afin qu'il tienne les élections libres et justes qu'il refuse de tenir, les conservateurs et leurs alliés libéraux ont décidé de foncer à pleine vapeur et de récompenser un régime qui s'apprête à tenir des élections qui, de toute évidence, seront loin d'être libres et justes.
Les conservateurs et les libéraux collaborent dans le but de priver les colombiens de leur choix démocratique aux élections qui auront lieu dans quelques semaines. Des observateurs dignes de confiance ont fait état des problèmes. Au lieu d'exercer de la pression sur le gouvernement, les libéraux et les conservateurs lui disent: « Ça va aller. On va essayer de faire adopter cet accord. Peut-être qu'il jouera en votre faveur aux élections. »
C'est totalement irresponsable et inapproprié. Je crois que les Canadiens en général comprennent très bien ce qui se passe.
Lorsque nous parlons du régime du président Uribe, qui est au pouvoir à l'heure actuelle, et compte tenu des obstacles à la tenue d'élections libres et justes en Colombie on peut présumer que le gouvernement serait réélu, nous parlons de préoccupations que nous avons soulevées à bon nombre de reprises à l'égard du gouvernement Uribe.
L'émission BBC News a révélé l'an dernier qu'un baron de la drogue emprisonné aux États-Unis avait déclaré que son organisation paramilitaire et lui avaient financé, en 2002, la campagne électorale du président colombien Alvaro Uribe. Cet homme, Diego Murillo, également connu sous le nom de Don Berna, était le successeur de Pablo Escobar. Nous savons, par le passé du président Uribe et par les briefings présentés par l'Agence américaine de renseignement de la défense au début des années 1990, que le président Uribe était un proche collaborateur de Pablo Escobar. Don Berna est son successeur et il dit qu'il a financé la campagne de 2002.
Il y a maintenant les élections de 2010 qui risquent d'être perturbées puisqu'il y a des obstacles à la tenue d'élections libres et justes. De réelles préoccupations ont été soulevées en rapport avec des actes de violence, de coercition, d'intimidation et de fraude. Plutôt que de se tenir debout et de dire qu'ils réfléchiront sérieusement à la question et qu'ils appliqueront des pressions, les députés libéraux et conservateurs leur donnent un laisser passer, une récompense.
Comme l'a rapporté le Washington Post, les Colombiens ont découvert que la police secrète, dirigée par le gouvernement, avait espionné des juges de la Cour suprême, des membres de l'opposition, des activistes et des journalistes. On soupçonnait que c'était le palais présidentiel qui avait ordonné de procéder à une écoute téléphonique et à une surveillance générale. Ces allégations viennent s'ajouter à un scandale de trafic d'influence impliquant les deux fils du président, Tomás and Geronimo, ainsi qu'à une enquête approfondie sur les liens entre les alliés d'Uribe au Congrès et les escadrons de la mort paramilitaires de droite. De plus, des journalistes colombiens se sont dits préoccupés des liens que le président Uribe aurait entretenus avec des trafiquants de drogue depuis le début.
Lorsque les conservateurs affirment à la Chambre qu'ils s'opposent au commerce de la drogue et à la consommation de cocaïne et qu'ils tentent en même temps, en cette période très cruciale, de faire adopter un accord de libre-échange qui accordera des liens privilégiés avec le gouvernement Uribe, on ne peut que parler d'hypocrisie.
Les conservateurs ne peuvent intervenir à la Chambre et dire qu'ils sont contre le trafic de drogue et contre les cartels de la drogue colombiens et récompenser en même temps un régime qui a des liens très clairs avec les organisations paramilitaires qui sont partie prenante dans le trafic de drogue, un régime qui a aussi eu des relations personnelles de manière constante au fil du temps avec ces dernières. Pourtant, c'est bien ce qu'ils proposent avec insistance aujourd'hui à la Chambre. Ils poussent à la roue à un moment délicat, les élections, et à un moment où ils devraient prendre du recul et contribuer à la mise en place d'une évaluation indépendante et impartiale des droits de la personne. Ils tentent d'aller de l'avant. C'est tout à fait inapproprié et un déni total des valeurs canadiennes fondamentales chères aux Canadiens.
Il ne fait aucun doute que, si les Canadiens étaient sondés à ce sujet, ils rejetteraient massivement cet accord parce qu'ils se préoccupent de la situation des droits de la personne. Comme les habitants de la Colombie-Britannique le diraient, comme la province des dubitatifs le dirait, le gouvernement doit nous montrer qu'il a agi avec diligence. Il doit nous montrer une évaluation indépendante et impartiale de la condition des droits de la personne.
Les conservateurs ne l'ont pas fait parce qu'ils savent parfaitement bien que l'évaluation de la situation des droits de la personne révélerait ce que les rapports les uns après les autres ont montré.
Mines Alerte Canada, Inter Pares, Amnistie internationale, Peace Brigades ont tous indiqué dans des rapports qu'il était inapproprié d'aller de l'avant avec cet accord. Selon des notes d'information du Conseil canadien pour la coopération internationale, de l'Association canadienne des avocats du mouvement syndical, du Congrès du travail du Canada et du Centre canadien de politiques alternatives, il est inapproprié d'aller de l'avant avec cet accord.
Tous les rapports les uns après les autres — et ce sont des rapports fiables — disent la même chose. Tous, ils disent qu'il est inapproprié d'aller de l'avant avec cet accord.
Je vais lire un extrait du résumé du dernier rapport que j'ai mentionné.
Le commerce peut contribuer au développement et à la réalisation des droits de la personne lorsqu’il profite aux populations vulnérables et qu’il permet aux États qui en ont la volonté de promouvoir le développement et de protéger l’environnement. Toutefois, ni la situation politique en Colombie, ni les modalités de l’ALE Canada-Colombie n’offrent ces garanties. En effet, les Canadiens ont reçu l’assurance que cet accord tenait compte des préoccupations au chapitre des droits de la personne, mais il s’agit en fait d’un accord commercial standard axé sur l’accès aux marchés et assorti d’accords auxiliaires inefficaces dans les domaines du travail et de l’environnement. La société civile colombienne et les organisations de défense des droits de la personne sont catégoriques: elles ne veulent pas de cet accord.
Je le répète. La société civile colombienne et les organisations de défense des droits de la personne sont catégoriques: elles ne veulent pas de cet accord.
On pourrait passer les prochaines semaines à citer rapport après rapport, mais, ce qui ressort clairement, c'est que d'infliger une amende pour les assassinats de syndicalistes, de récompenser les mauvais comportements, de refuser que le Canada tente, d'une façon ou d'une autre, d'encourager la tenue d'élections libres et justes est une répudiation des valeurs canadiennes fondamentales.
Dans ce coin-ci de la Chambre, les députés du NPD défendent ces valeurs canadiennes. Nous défendons la liberté d'expression. Nous défendons le respect des droits du travail. Nous croyons que les criminels devraient être poursuivis en justice, et non récompensés. Voilà pourquoi nous voterons contre le projet de loi .