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Monsieur le Président, nous discutions de ce projet de loi avant que les travaux de la Chambre ne soient suspendus pour permettre au gouvernement de procéder à des rajustements. Le projet de loi portait alors le numéro et il nous est maintenant présenté sous le numéro . Je tiens à participer au débat de deuxième lecture au nom de mon parti et à ajouter quelques commentaires qui n'ont pas une incidence directe sur le projet de loi lui-même, mais qui y ont un lien indirect en raison de certains commentaires qui ont été formulés au cours du débat d'aujourd'hui. La réponse du ministre était un coup bas pour ce qui est de la position des libéraux, et à mon avis, elle n'avait pas sa raison d'être.
L'opposition officielle appuie cet accord de libre-échange avec la Colombie. Il est vrai que le député conservateur le reconnaît. Toutefois, il devrait peut-être demander au d'être un peu plus poli dans sa façon de répondre parce que nous ne permettrons pas au Parti conservateur de nous donner des leçons en matière de droits de la personne. Notre parti est connu pour être le parti de la Charte des droits et libertés, contrairement au sien qui a dû changer son nom, et deux fois plutôt qu'une, parce qu'il faisait littéralement peur aux Canadiens. Je passerai maintenant à l'essence même du projet de loi.
La semaine dernière, j'ai organisé une table ronde avec Mme Adriana Mejía, une ministre de la Colombie que nous avons eu la grande chance de recevoir parmi nous. Elle est sous-ministre des affaires étrangères de son pays. Devant les préoccupations au sujet des droits de la personne en Colombie, j'ai pensé que ce serait très bien de permettre aux Canadiens d'entendre ce que la ministre avait à dire, d'obtenir de l'information sur certaines initiatives colombiennes et, bien sûr, de poser des questions à la ministre.
Je suis très heureux de faire savoir à la Chambre et aux Canadiens que la salle était pleine. Il y avait des députés conservateurs, des libéraux et des bloquistes, mais aucun néo-démocrate. On pourrait dire que peut-être ils ne savaient pas que cette assemblée avait lieu, mais ils le savaient parce que j'ai déployé de grands efforts pour les inviter en personne. Puisqu'ils se disent si inquiets, je suis très déçu qu'ils n'aient pas pu envoyer un seul député pour poser des questions à notre visiteuse. Quoi qu'il en soit, la ministre a présenté un exposé de fond. Elle avait un dossier devant elle et j'énumérerai certaines initiatives prises en Colombie pour répondre à quelques préoccupations que nous, d'autres membres de la communauté internationale et, bien sûr, l'ONU avons exprimées.
Cependant, avant d'aller plus loin, je veux rappeler aux députés qu'en mai dernier, avant l'ajournement d'été, j'ai présidé le Comité du commerce international, qui a reçu le président Uribe, de la Colombie. Le président a été très aimable et nous a laissé beaucoup de latitude. Au départ, les Colombiens s'opposaient à la présence de caméras ou d'observateurs dans la salle, mais le président en a décidé autrement et nous a permis d'inviter les médias et des observateurs pour l'entendre puisqu'il n'avait rien à cacher.
Évidemment, des questions très constructives, mais difficiles, lui ont été posées. J'ai trouvé que les questions du NPD étaient impolies, car c'est après tout un chef d'État que nous avions invité. Nous nous entendons pour dire que nous ne sommes pas du même avis, mais il reste que les Canadiens sont un peuple poli et raffiné et, dans un tel forum, nous devons poser des questions pointues, mais nous devons le faire poliment, à la manière canadienne, ce qui n'a pas été le cas. Je voulais simplement préciser cela ici aujourd'hui.
Ce parti-là et notre parti, soit, si je puis dire, les grands partis qui ont gouverné le Canada, ont déjà signé des accords de libre-échange. Ce n'est peut-être pas une coïncidence si le Nouveau Parti démocratique n'a jamais gouverné le Canada et s'il est peu probable qu'il le fasse un jour. Dieu merci, les néo-démocrates n'ont jamais gouverné. Ils n'ont jamais appuyé un seul accord commercial.
Avec toute ce cinéma, qu'est-ce qui pourrait bien amener les Canadiens à croire qu'ils signeraient cet accord? Absolument rien. Parfois, les téléspectateurs accordent une plus grande crédibilité à ce que certains journalistes écrivent qu'à ce que les politiciens disent. Je vais citer un passage tiré d'un article:
Les députés devraient également insister pour qu'on fasse une évaluation indépendante de l'incidence sur les droits de la personne --
-- ce que nous avons fait --
-- comme le Comité du commerce de la Chambre des communes l'a déjà fortement recommandé.
-- et nous y voyons --
En même temps, ils devraient demander des explications aux critiques de l'entente qui estiment que le Canada ferait reculer la cause des droits de la personne en signant un pacte. Cela reste à démontrer. Le pacte s'inspire largement d'autres ententes que le Canada a signées avec les États-Unis, le Mexique, Israël, le Chili et le Costa Rica au cours des 15 dernières années.
Cet accord est calqué sur des accords semblables que nous avons conclus avec nos autres partenaires commerciaux. J'en ai nommé quelques-uns. Qu'est-ce qui porte les Canadiens à croire que nous allons nous éloigner des conditions que nous avons fixées dans le passé? Allons-nous conclure de plus mauvaises ententes? Non. Je crois que nous conclurons de meilleures ententes encore, forts de notre expérience passée.
La Colombie ne va pas décider du sort de notre économie, bien au contraire. Pour moi comme pour le Parti libéral, lorsque l'occasion de faire de bonnes affaires se présente aux Canadiens, qu'ils soient conservateurs, libéraux ou autre, ils doivent la saisir.
Je ne vais pas entrer dans les détails de l'Accord de libre-échange de l'Amérique centrale (ALEAC). Pour une raison ou pour une autre, les Américains ont agi bien avant nous. Ils ont ratifié l'accord en un seul vote. Qui en a souffert? Les Canadiens bien entendu. L'industrie porcine canadienne en a souffert. L'industrie bovine canadienne en a souffert. Divers autres secteurs de notre économie ont été durement touchés du fait que les pays d'Amérique centrale ont signé l'accord avec les États-Unis. Notre influence en a souffert.
Je ne veux pas que cela se produise dans ce cas-ci. Je ne prends pas la défense du gouvernement. J'interviens au nom de mon parti pour prendre la défense des Canadiens, des agriculteurs canadiens, des travailleurs canadiens, des manufacturiers canadiens et des producteurs canadiens. C'est tout. En compagnie d'autres députés, j'ai assisté à un déjeuner conférence. Nous avons été très impressionnés lorsque le ministre a utilisé une présentation PowerPoint pour passer en revue les inquiétudes exprimées par certains partis à l'égard d'autres pays.
L'Union européenne, qui est composée de 27 pays, est sur le point de signer un accord avec la Colombie. Nous savons très bien que l'Union européenne a des lignes directrices très strictes en matière d'ententes commerciales. L'Espagne est elle aussi sur le point de signer des ententes bilatérales avec la Colombie.
En ce qui concerne les syndicats, il y avait environ 800 000 dirigeants syndicaux et syndiqués en 2002. Il y en a aujourd'hui près du double, soit juste un peu plus de 1,5 million. Qui empêche les gens de former des syndicats ou des associations en Colombie? Ils sont deux fois plus nombreux. Il y avait 99 syndicats en 2002 et 164 en 2009. Cela représente une hausse de 80 p. 100. Selon moi, ces chiffres n'indiquent pas que la Colombie retire aux gens le droit de former des associations ou des syndicats.
Je vais maintenant aborder le sujet des homicides. Il y a eu un peu moins de 29 000 homicides en 2002, et un peu plus de 15 000 en 2009. On peut constater qu'il y a eu un effort concerté pour répondre aux préoccupations venant de l'étranger et de l'intérieur même de ce pays.
Il y a eu 2 882 enlèvements en Colombie en 2002, mais seulement 213 en 2009. Je crois que c'est un progrès. Comme on dit, Rome n'a pas été bâtie en un jour.
Une voix: Ce n'était pas 213.
M. John Cannis: Mon collègue du NPD qui vient d'émettre un commentaire aurait peut-être dû être présent au déjeuner. Il aurait peut-être dû entendre le ministre. S'il avait cru que le ministre mentait, il aurait eu l'occasion de le confronter, comme le NPD l'a fait pour le président en juin dernier. Je souligne encore une fois à quel point le président, un chef d'État, a fait preuve de tolérance lorsqu'il a été littéralement bombardé de remarques d'une façon que je qualifie d'inappropriée. Cet homme est néanmoins resté, a écouté les questions et a eu l'amabilité d'y répondre.
Peut-être que ces députés n'aiment pas que je présente les faits, mais c'est sur des faits que je m'appuie. Voilà ce que les Canadiens doivent connaître, au lieu d'être soumis à tout le cinéma que nous font les députés de l'extrême gauche qui, s'ils le pouvaient, feraient tout avorter.
En ce qui concerne les victimes de massacres, il y en a eu 680 en 2002 et 147 en 2009. Voilà un autre signe de progrès.
Il y a eu 1 645 attaques terroristes en 2002 et 486 en 2009. Je crois que ce pays s'en va dans la bonne direction.
Quant aux déplacements forcés, près de 440 000 personnes ont été touchées en 2002 et 114 000 personnes en 2009. C'est, en soi, une grande réussite. Le déplacement de 114 000 personnes est-il acceptable? Non, même ce chiffre est trop élevé.
Ce que ces chiffres nous démontrent c'est que les Colombiens travaillent à résoudre ce grave problème.
J'ai reçu la visite de M. Frank Pearl, qui travaille pour un programme gouvernemental qui investit des millions de dollars pour réintégrer les combattants dans la société, pour les réunir à leur famille et pour les aider à se recycler afin d'en faire des individus progressistes et constructifs au sein de leur société, qui gagnent leur vie en travaillant au lieu de se livrer à des activités inacceptables.
En ce qui concerne les droits des femmes, il y a toute une section qui traite des mesures prises contre la violence faite aux femmes. Le 4 décembre 2008, le Chili a approuvé la loi 1257 qui vise à accroître la sensibilisation à ce problème, à le prévenir et à pénaliser diverses formes de violence et de discrimination envers les femmes. Ce n'est pas comme si le pays manquait à ses obligations envers les femmes.
En ce qui concerne les personnes déplacées à l'intérieur du pays, j'ai déjà parlé de la diminution régulière de leur nombre.
M. Frank Pearl a eu la gentillesse de me communiquer certains renseignements.
Parlons maintenant des enfants, qui ont tellement de valeur pour nous au Canada. J'ai souvent dit à la Chambre que si on ne répond pas aux besoins de nos jeunes hommes et de nos jeunes filles, si on ne leur fournit pas une éducation et une instruction préscolaire adéquates, notre pays n'a pas d'avenir car ils sont notre avenir. La Colombie est du même avis. Les gens là-bas en sont conscients aussi. Ils investissent massivement dans leur jeunes.
Je vais donner un exemple en ce qui concerne l'éducation gratuite. En octobre 2009, 5 230 446 enfants ont bénéficié des ressources transférées aux écoles pour financer les coûts liés à l'éducation des groupes vulnérables. L'objectif fixé pour 2009 était de 4 670 000 enfants, il a donc été dépassé.
Le gouvernement colombien, qu'elles qu'aient été ses difficultés par le passé, fait de véritables efforts pour s'attaquer aux problèmes qui nous préoccupent.
D'après ce que je vois, ce pays va établir une relation commerciale avec l'Europe. S'il n'établit pas une relation commerciale avec le Canada aujourd'hui, il le fera avec un autre pays demain.
En fin de compte, ma propre attitude, et je sais que je parle aussi au nom de mes collègues libéraux, c'est que nous avons une occasion unique, non pas nécessairement de bénéficier des échanges commerciaux avec le Chili, de lui vendre et de lui acheter plus de produits, ce qui est secondaire à mes yeux, mais d'aller dans ce coin du monde en proie à des troubles, si je peux le décrire ainsi, dans un pays qui connaît ses lacunes, mais qui veut s'en sortir. Il est aux prises avec une situation difficile. Le plus important pour nous, c'est que nous avons, comme pays, une occasion d'aller là-bas et de leur montrer la façon canadienne de faire les choses.
Si nous avions adopté l'attitude très agressive que prônent le Nouveau Parti démocratique et le Bloc, nous ne ferions pas de commerce avec la Chine. Nous ne vendrions ni n'achèterions rien en Chine. Imaginez combien d'emplois le Canada aurait perdu au fil des ans.
Qu'avons-nous fait? Nous savons maintenant que les questions des droits de la personnes, des droits des travailleurs, et cetera, sont prises en compte par la Chine. Il y a 20 ou 30 ans, nous n'aurions pas pu dire cela, mais nous y sommes allés. Comme disait l'ancien premier ministre Chrétien, « Je vais y aller. » et c'est ce qu'il a fait. Il a noué le dialogue avec la Chine et il a créé des emplois et des débouchés commerciaux. Le plus important, c'est que nous lui avons montré que rien ne vient sans responsabilité et qu'il ne suffit pas de produire des biens et des services et de faire de l'argent. C'est une combinaison de choses. C'est ce que nous tentons aussi de faire avec la Colombie.
Nous étions prêts à signer l'Accord de libre-échange de l'Amérique centrale. Je mentirais aux Canadiens et à mes collègues ici, dans cette honorable enceinte, si je disais qu'il n'y a pas de violations des droits en Amérique centrale. Je ne vais pas nommer de pays, car ce serait injuste, mais je vais me contenter de parler de la région. Nous savons très bien qu'il y a des endroits à problèmes dans presque chaque pays de cette région, mais nous n'étions pas prêts à y aller. En n'y allant pas, nous avons nuit à notre industrie textile et à notre industrie du vêtement, à nos industries porcine et bovine et bien d'autres qui m'échappe. Nous aurions pu y aller et leur montrer comment nous faisons les choses ici, au Canada.
J'ai parlé de M. Pearl, qui est venu à Ottawa. Le président lui-même est venu à Ottawa et a comparu devant le comité, que je préside, et la ministre influente à laquelle j'ai fait référence est elle aussi venue. Cela dénote deux choses. D'abord, que la Colombie ne se défile pas. Le pays ne nie pas avoir des problèmes. Au contraire, il est le premier à affirmer vouloir les régler, mais admet avoir besoin d'aide pour y parvenir. S'il y a un pays sur terre qui sait comment aider, c'est bien le Canada. Cet accord est une occasion pour nous de faire notre marque en Colombie.
Les Nations Unies ont également établi certaines conditions préalables. Les Nations Unies surveillent de très près cet accord avec la Colombie. Ce n'est pas comme si l'ONU nous laissait faire à notre guise. Ce n'est pas comme cela que les choses fonctionnent. C'est ainsi que le NPD dépeint la situation en ce moment, mais c'est totalement injuste et inexact. Je n'aime pas utiliser le mot « mensonge », mais ce que dit le NPD est tout à fait inexact parce que l'ONU chapeaute le tout. Si nous ne respectons pas les conditions de l'ONU, c'est dire que nous ne respectons pas l'ONU.
J'attends les questions de mes collègues. Le gouvernement, le et la secrétaire d'État connaissent notre position. Les coups bas ou les paroles creuses ne seront pas permis à ce stade, car nous sommes plus que prêts et disposés à travailler avec eux pour faire ce qui s'impose.
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Monsieur le Président, c'est un grand plaisir de prendre la parole aujourd'hui à la Chambre, même si c'est pour m'opposer encore une fois à l'Accord de libre-échange Canada-Colombie. Cette fois, il s'agit du projet de loi .
Avant de parler du fond, j'aimerais parler de la forme. C'est la deuxième fois que le gouvernement doit présenter ce projet de loi. Il a été incapable de le faire adopter lors des deux dernières sessions à cause de l'opposition farouche que suscitait cet accord chez les députés du NPD et du Bloc, mais surtout à cause de notre porte-parole en matière de commerce international, le député de .
Malheureusement, les députés libéraux se sont montrés aussi empressés à faire adopter ce projet de loi et à le faire oublier du public que les conservateurs. Ils savent qu'en matière de droits de la personne, d'environnement et de travail, cet accord est sérieusement déficient, mais que voulez-vous, leurs amis de Bay Street les pressent pour que le projet de loi soit adopté. Comme ils en ont maintenant pris l'habitude, ils se sont littéralement écrasés.
En théorie, ce projet de loi aurait déjà dû être adopté depuis longtemps, mais c'était sans compter sur le député de , qui a déjoué leurs plans à lui tout seul ou presque. Conscient que les gens de partout au pays, en fait de partout dans le monde, étaient contre cet accord commercial, il a mis sur pied une coalition qui est prête à tout pour qu'il n'entre jamais en vigueur. Quant à nous députés du NPD, nous en avons été les porte-voix, ici à la Chambre. Si je ne m'abuse, tous les députés de notre parti ont parlé de ce projet de loi. Certains plus d'une fois. Si nous agissons ainsi, c'est parce que le seul outil dont les députés de l'opposition disposent pour faire empêcher l'adoption d'une projet de loi consiste à en débattre jusqu'à ce qu'on manque de temps à la fin de la session pour le mettre aux voix. Nous avons déjà réussi à deux reprises, la première le printemps dernier, et la seconde l'automne dernier.
Voilà que ce projet de loi nous revient pour la troisième fois. Eh bien nous sommes prêts à aller jusqu'au bout cette fois encore, car c'est ni plus ni moins que la protection des droits de la personne, des droits du travail et de l'environnement qui est en jeu.
Permettez-moi de passer chacun de ces éléments en revue. Comme nous ne sommes qu'à quelques jours de l'Heure de la Terre, je commencerai par l'environnement.
Dans la mesure où les accords de libre-échange entraînent une augmentation des investissements, cette situation entraîne souvent des problèmes de dégradation de l'environnement. Le danger se présente sous deux formes: un manque de surveillance et d'application adéquate des règlements environnementaux existants; et des lacunes au chapitre des politiques environnementales nationales.
Il y a un lien direct entre le problème de la surveillance et de l'application et la situation en Colombie. Le gouvernement colombien ne peut pas assurer sa présence efficacement dans toutes les régions du pays. Par conséquent, sa capacité à accomplir certaines fonctions, comme l'application des règlements environnementaux, est limitée et peu de sociétés respectent ces règlements. Étant donné que le libre-échange entraîne une augmentation des investissements, les dommages environnementaux risquent eux aussi d'augmenter.
Le deuxième problème est que les politiques environnementales et les règlements environnementaux actuels de la Colombie ne sont tout simplement pas assez étoffés. Les groupes environnementaux insistent sur le fait que la Colombie possède des lois environnementales reconnues mondialement et qu'elle est signataire de presque tous les principaux traités internationaux sur l'environnement. Toutefois, ils soulignent que deux visions se sont affrontées en Colombie: la vision économique et la vision environnementale. Dans plusieurs secteurs en Colombie, les lois environnementales ont été assouplies ou ont été reléguées au second rang au profit de la viabilité économique.
Il reste encore beaucoup de travail à faire pour élaborer des politiques environnementales plus solides et pour renforcer les normes d'évaluation et de surveillance. Par exemple, la Colombie doit adopter des politiques pour protéger les secteurs fragiles et pour se protéger contre les menaces environnementales. Le gouvernement colombien n'a pris aucune mesure pour déterminer les secteurs qui sont fragiles sur le plan environnemental et qu'il faut protéger contre la prospection pétrolière et gazière.
Dans le même ordre d'idées, la déforestation de la jungle colombienne pour faire de la place à des plantations agricoles à grande échelle est également très inquiétante. Près de 200 000 hectares de forêt vierge disparaissent chaque année à cause de l'agriculture, de l'exploitation forestière et minière, du développement énergétique et de la construction.
L'Accord de libre-échange Canada-Colombie ne tient absolument pas compte de ces facteurs et ne fait rien pour protéger l'environnement. La question de l'environnement fait l'objet d'un accord parallèle, dépourvu de mécanisme d'application qui obligerait le Canada ou la Colombie à respecter les droits en matière d'environnement. Le processus laisse grandement à désirer. Ce n'est qu'un miroir aux alouettes.
Nous avons pu constater par le passé que ces accords parallèles sont pratiquement inapplicables. Il suffit de regarder l'Accord de libre-échange nord-américain. Pas une seule poursuite intentée en vertu de l'accord parallèle de l'ALENA sur la main-d'oeuvre n'a été fructueuse.
Soyons honnêtes: le marché colombien n'est pas aussi important que cela pour le Canada. Seulement 0,15 p. 100 des exportations canadiennes sont destinées à la Colombie. Comme l'a indiqué Glen Hodgson, vice-président et économiste en chef du Conference Board du Canada:
Notre commerce annuel avec la Colombie est à peu près équivalent à notre commerce avec le Dakota du Sud et il est en fait inférieur à notre commerce avec le Delaware ou le Rhode Island. Par rapport à certains autres marchés beaucoup plus proches de nous, la Colombie n'est pas un acteur fondamental [...] 80 p. 100 des importations canadiennes provenant de la Colombie arrivent déjà en exonération de droits de douane et les gains issus du libre-échange ne seraient donc probablement pas aussi importants que dans d'autres cas.
Pourquoi, alors, le Canada accorde-t-il une telle priorité à cet accord de libre-échange? Il ne s'agit pas de commerce, mais bien d'investissements. Comme cet accord devrait contenir des dispositions de protection des investissements, il aiderait les investisseurs canadiens en Colombie, en particulier dans le secteur minier.
Si l'on se fie à des accords passés, les dispositions de protection des investissements de l'accord entre le Canada et la Colombie devraient permettre aux investisseurs de poursuivre directement un gouvernement étranger si ce dernier adopte des mesures qui réduisent le rendement de leurs investissements. Cela signifie que les progrès au niveau du droit de l'environnement et du travail seraient sérieusement limités par le libellé de l'accord de libre-échange. En effet, celui-ci place les intérêts des investisseurs canadiens avant l'amélioration du niveau de vie des Colombiens. Voilà ce que vaut l'affirmation du gouvernement conservateur selon laquelle cet accord favorise et facilite l'amélioration du respect des droits de la personne, des normes environnementales et des normes du travail.
Si, comme je le pense, la véritable raison d'être de cet accord n'est pas le libre-échange, mais bel et bien la protection des intérêts des investisseurs, il est donc motivé par des intérêts politiques. Je tiens néanmoins à rappeler au gouvernement que les citoyens canadiens préoccupés par la question sont nettement plus nombreux que les Canadiens exploitant des mines en Colombie. L'opposition de ces citoyens est un appel à l'action.
Le n'est pas sans savoir que l'Organisation catholique canadienne pour le développement et la paix lui a envoyé des milliers de cartes postales. Je suis fière d'avoir dans ma circonscription, Hamilton Mountain, un chapitre particulièrement actif de cette organisation. Elle a réuni les signatures de pétitionnaires de tous âges demandant au gouvernement de respecter son engagement à l'égard de la responsabilité sociale des entreprises.
Le message que cette organisation transmet au premier ministre est clair: « Dans le cadre de la réunion que le G8 a tenue en juin 2007, vous avez déclaré que la mise en oeuvre des recommandations du Rapport sur les tables rondes nationales sur la responsabilité sociale des entreprises et l'industrie extractive dans les pays en développement ferait du Canada un leader au chapitre de la promotion de la responsabilité sociale des entreprises de ce secteur. Une année plus tard, plus de 200 000 Canadiens vous ont dit qu'ils voulaient qu'on donne suite à ces recommandations. Peu de choses ont changé. Les activités de certaines entreprises minières canadiennes contaminent ou détruisent des terres agricoles, des forêts et des ressources hydriques. Des gens se voient refuser l'accès aux ressources naturelles dont ils ont besoin pour vivre dans la dignité à laquelle tout être humain a droit ainsi que le contrôle de ces ressources [...] Nous soutenons les habitants de l'hémisphère Sud et nous vous pressons d'élaborer des mécanismes juridiques pour tenir les sociétés minières canadiennes responsables de leurs actions à l'étranger. »
Voici la phrase clé de la pétition que le doit vraiment entendre: « Nous n'abandonnerons pas. » Voilà le véritable message politique qui est lancé. Les groupes confessionnels, les groupes ouvriers, les groupes environnementalistes, les groupes autochtones et les groupes de défense des droits de la personne n'abandonneront pas, et d'ailleurs les néo-démocrates non plus.
Je me penche maintenant sur d'autres préoccupations liées au présent débat. À titre de porte-parole de mon parti en matière de travail, permettez-moi d'aborder certaines questions soulevées par le président du Congrès du travail du Canada, Ken Georgetti, lors de sa comparution devant le Comité permanent du commerce international, au nom de plus de trois millions de travailleurs de partout au Canada.
Essentiellement, M. Georgetti a soutenu que la conclusion d'un accord de libre-échange avec la Colombie reviendrait ni plus ni moins à sanctionner le bilan déplorable de ce pays au chapitre des droits de la personne et à appuyer implicitement le gouvernement colombien. Au lieu de ternir son image en entretenant des relations étroites avec la Colombie, le Canada devrait plutôt s'employer à préserver sa réputation de chef de file en matière de défense des droits de la personne sur la scène internationale.
Il vaut la peine de citer les propos de Ken Georgetti, notamment parce qu'il s'est demandé si l'accord de coopération dans le domaine du travail prévoyait un mécanisme ouvert et robuste de règlement des différends, élément essentiel pour assurer la protection des droits des travailleurs. Voici un extrait du mémoire présenté par le Congrès du travail du Canada. Il y est dit ceci:
Après un examen attentif, nous ne trouvons aucune preuve permettant d’affirmer que l’Accord de coopération dans le domaine du travail améliorera les mesures de protection destinées aux travailleurs et travailleuses de la Colombie. Le CTC marque pleinement son accord avec l’Association canadienne des avocats du mouvement syndical pour affirmer que:
Les accords commerciaux ne sont pas rédigés pour améliorer les normes du travail et il n’est pas facile de prouver que de tels accords puissent devenir des instruments de mise en vigueur des droits du travail.
Bien que des améliorations aient été apportées à l’Accord Canada-Colombie, la structure fondamentale des dispositions des accords précédents portant sur le travail (ALENA, Canada-Chili et Canada-Costa Rica) n’a presque pas changé.
Tous ces accords parallèles comportent les mêmes défauts. Les dispositions se trouvent dans les accords parallèles et non dans l'accord principal, et elles sont axées sur l'application des lois du travail nationales actuelles et non sur l'amélioration des normes du travail. Les mécanismes d'application sont lents et rigides. Les mesures de règlement des différends demeurent à l'entière discrétion des gouvernements signataires et reposent sur un modèle de collaboration politique entre les signataires. Par conséquent, le processus de plaintes n'est pas aussi transparent qu'il devrait l'être et dépend des bureaucraties des parties au lieu d'organismes indépendants, voire même quasi judiciaire.
Contrairement aux dispositions relatives aux droits des investisseurs, l'accord ne prévoit pas l'application de sanctions commerciales, comme l'imposition de droits compensatoires ou l'abrogation du statut préférentiel, en cas de non-respect des dispositions relatives aux droits du travail par une des parties.
Nous avons tiré des leçons de notre participation à l'ALENA. Toutes les plaintes faites au cours des 15 ans d'existence de l'ALENA se sont soldées par des consultations entre les ministères du Travail. Aucune plainte ne s'est rendue en arbitrage.
L'Accord de libre-échange Canada-Colombie s'éloigne des accords commerciaux précédents du Canada à plusieurs égards. Il contient un chapitre sur les relations de travail à l'intérieur de l'accord principal, de même qu'un accord de coopération distinct dans le domaine du travail, un accord parallèle. La majeure partie des droits et obligations à l'égard des travailleurs se trouve dans l'accord parallèle et non dans le texte principal.
En moins de 500 mots, le chapitre 16 de l'Accord de libre-échange Canada-Colombie fait des énoncés et établit des objectifs généraux dans le domaine du travail, reconnaît les obligations des parties envers l'OIT et affirme qu’il est inapproprié d’encourager le commerce ou l’investissement par l’affaiblissement ou la diminution du niveau de protection que les parties accordent dans leurs lois du travail respectives. À part cela, le chapitre sur le travail indique simplement que les parties vont respecter leurs propres lois du travail et administrer l'accord de coopération dans le domaine du travail.
Dans l'article 1 de l'accord de coopération dans le domaine du travail, les parties acceptent de veiller à ce que leurs lois soient conformes aux principes de l'OIT. L'accord débute par un rappel de la déclaration de l'OIT sur les principes et droits fondamentaux au travail de 1998, alors que les deux engagements se rapportent aux dispositions sur le travail décent de l'OIT. C'est une amélioration importante par rapport aux anciens accords de coopération dans le domaine du travail. Or, les obligations énoncées dans l'article 1 n'obligent pas les gouvernements à apporter des améliorations précises à leurs lois du travail. Ces engagements vagues constituent plutôt des déclarations de bonnes intentions.
En reconnaissant les obligations fondamentales de l'OIT, l'accord parallèle va au-delà des dispositions en matière de travail inspirées par l'ALENA. Le Canada et la Colombie sont déjà tenus de se conformer à ces principes parce qu'ils sont membres de l'OIT; toutefois, il n'y a pas de quoi se vanter. Comme le décrivait le rapport de suivi de l'OIT:
[Selon la Déclaration] l'ensemble des Membres, même lorsqu'ils n'ont pas ratifié les conventions en question, ont l'obligation, du seul fait de leur appartenance à l'Organisation, de respecter, promouvoir et réaliser, de bonne foi et conformément à la Constitution, les principes concernant les droits fondamentaux qui sont l'objet desdites conventions, à savoir: a) la liberté d'association et la reconnaissance effective du droit de négociation collective; b) l'élimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire; c) l'abolition effective du travail des enfants; d) l'élimination de la discrimination en matière d'emploi et de profession.
Les parties conviennent qu'elles ne vont pas renoncer à appliquer les lois du travail dans le but de stimuler le commerce ou les investissements. C'est une étape positive. Toutefois, le mot « investissement » n'apparaît dans aucun des renvois subséquents à cet objectif dans le processus de règlement des plaintes. Autrement dit, il ne sera pas possible, en vertu de l'Accord de coopération dans le domaine du travail, de donner suite à une plainte voulant que les lois du travail n'aient pas été appliquées dans le but de stimuler les investissements internationaux. L'article permet également aux parties de renoncer à l'application des lois du travail pour toute autre raison.
De même, un grave manquement unique à l'engagement d'appliquer les lois du travail n'est pas assujetti à une sanction. Même si une partie est accusée à répétition ou de manière systématique de ne pas appliquer ses lois du travail, elle peut se défendre en disant simplement qu'elle a décidé d'allouer des ressources à un autre besoin pressant en matière de travail. Par conséquent, on ne considère pas qu'elle a enfreint l'accord, et les plaintes peuvent être abandonnées.
Des articles de l'Accord de coopération dans le domaine du travail prévoient la présentation, l'acceptation et l'examen de communications du public, ce qui peut mener à des consultations ministérielles entre les parties. Par ailleurs, la constitution d'un groupe d'examen peut être demandée, non pas par le plaignant, mais par l'autre partie. Ce groupe est ensuite mis sur pied.
S'il juge que la question est liée au commerce et que la partie faisant l'objet de l'examen n'a pas respecté les obligations que lui impose l'accord, un rapport est produit. Si la partie refuse de se conformer au rapport, elle peut se voir imposer une pénalité monétaire maximale de 15 millions de dollars US par année, qui est versée dans un fonds devant servir à financer des initiatives visant la main-d'oeuvre sur le territoire de la partie soumise à l'examen.
C'est la seule pénalité que prévoit l'accord en cas de violation des droits des travailleurs. Donc, la brutale réalité, c'est qu'en cas de meurtre d'un syndicaliste en Colombie, la protection de la main-d'oeuvre se résume au paiement, par le gouvernement de ce pays, d'une amende dans un fonds de développement. Tuez un syndicaliste et payez une amende.
Depuis 1991, plus de 2 200 syndicalistes ont été assassinés et la chasse aux syndicalistes continuera en Colombie si le prix à payer reste raisonnable. C'est la conception que le gouvernement conservateur se fait de la protection de la main-d'oeuvre.
L'amende pour le meurtre d'un syndicaliste est d'au plus 15 millions de dollars par année à verser par le gouvernement colombien dans un fonds de développement. Pour mettre cette somme en perspective, disons que le paiement maximum annuel de 15 millions de dollars représente 5 628 $ par syndicaliste déjà assassiné.
Que penseraient les Canadiens si le acceptait le même genre de traitement pour ceux qui tuent intentionnellement des syndicalistes au Canada? C'est là une dépréciation scandaleuse de la vie humaine et cela n'équivaut pas à assurer la protection de la main-d'oeuvre.
Pour toutes ces raisons, le mouvement ouvrier canadien croit que l'aspect de l'accord sur la main-d'oeuvre ne garantit en rien le respect des droits et libertés des travailleurs parce que même les faibles lois qui existent déjà ne sont pas appliquées et qu'elle ne le seront pas davantage après l'adoption de l’Accord de coopération dans le domaine du travail.
Les droits des travailleurs ne sont pas respectés. Les travailleurs ne sont pas protégés. Il n'y a pas de dialogue social et la violence est utilisée délibérément contre le mouvement syndical afin qu'il ne puisse plus défendre efficacement les droits des travailleurs.
L'accord connexe sur le travail n'accorde pas de droits exécutables aux travailleurs. Il est subordonné au texte principal de l'accord. Il n'y a pas de mécanisme permettant aux syndicalistes d'agir de façon indépendante et les gouvernements délinquants ont les coudées franches dans les procédures lancées par l'autre partie.
Le cynisme est bien ancré dans cet accord lorsque l'on constate que seules des amendes y sont prévues alors que les conflits touchant le commerce et les investissements sont traités sérieusement par un arbitrage entre l'investisseur et l'État et par des organismes judiciaires et quasi judiciaires et un mécanisme de règlement des différends.
À la question de savoir si l'Accord de coopération dans le domaine du travail peut être qualifié de progrès historique des droits des travailleurs, le Congrès du travail du Canada a affirmé clairement que ce n'était pas le cas.
Je sais que je devrai bientôt conclure même si je n'ai même pas eu la chance d'énumérer une myriade d'autres exemples de violations bien documentées des droits de la personne dont les victimes sont surtout des défenseurs des droits de la personne, des journalistes, des Autochtones, des Afro-Colombiens et, comme je l'ai déjà mentionné, des syndicalistes.
De telles violations sont endémiques en Colombie. Je vais faire une rapide ébauche de ce qui s'y passe. Le gouvernement Uribe possède l'un des pires bilans au monde en matière de droits de la personne. En Colombie, quelque 3,8 millions de personnes ont été déplacées, dont 57 p. 100 sont des femmes. L'ONU qualifie la situation de pire catastrophe humanitaire de l'hémisphère occidental et les choses continuent de s'aggraver. Pendant les cinq dernières années, 955 cas d'exécutions extrajudiciaires par l'armée ont été documentés et le nombre de victimes continue d'augmenter.
Les soldats colombiens sont accusés d'exécuter des paysans dans les régions rurales en les faisant passer pour des rebelles gauchistes tués au combat, des assassinats maquillés que l'on qualifie dans ce pays de « faux positifs ».
Soixante-deux réseaux criminels calqués sur la mafia, composés d'anciens paramilitaires devenus narcotrafiquants, contrôlent les activités économiques et les institutions politiques dans 23 des 31 provinces et ils se disputent le contrôle du trafic de drogues avec des groupes de guérilleros. Malgré la démobilisation de plus de 31 000 membres d'escadrons de la mort paramilitaires, les abus et l'insécurité sont monnaie courante dans la campagne.
Plus de 60 législateurs, dont des sénateurs, des gouverneurs et des maires appartenant à la coalition politique du président, sont sous enquête par le procureur général du pays et la Cour suprême pour leurs relations alléguées avec des chefs paramilitaires, et pour collusion dans des cas de fraude électorale. Dix-sept d'entre eux sont en prison, comme le sont l'ancien chef des services secrets du président Uribe, un directeur de campagne et des hauts placés de l'armée.
Comme nous sommes au courant de ce qui se passe en Colombie, il est essentiel que le Canada brandisse carrément le bâton pour amener la Colombie à s'améliorer plutôt que de vouloir la récompenser en lui tendant la carotte pour son comportement. En rejetant l'entente de libre-échange, nous enverrions un message clair au gouvernement colombien. Il comprendrait alors que les droits de la personne sont la clé qui permet d'accéder à la légitimité dans la sphère internationale.
Avant de ratifier et de mettre en oeuvre un tel accord, nous devons élaborer et mettre en oeuvre une méthode d'évaluation des répercussions sur les droits de la personne afin de nous assurer qu'il existe des mesures de protection obligatoires et exécutoires en matière de main-d'oeuvre et de droits de la personne dans le contexte du commerce équitable
En fait, les gouvernements canadien et colombien devraient accueillir favorablement une telle évaluation indépendante et impartiale. Après tout, ils prétendent que les conditions se sont améliorées et que les violations des droits de la personne ont diminué. En réalité, ils savent bien qu'un examen minutieux révélerait la véritable situation en Colombie. Sachant cela, les députés doivent se dresser pour voter contre l'accord de libre-échange entre le Canada et la République de Colombie.
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Monsieur le Président, ce n'est pas la première fois que j'interviens au sujet du projet de loi .
J'ai siégé au Comité permanent du commerce international et j'ai également été en mission en Colombie, avant que l'accord soit signé, pour rencontrer des syndicats, différentes ONG, des groupes de femmes, des groupes de travail, des entreprises et des membres du gouvernement, afin d'évaluer si cet accord était valable ou non.
À l'époque, c'était le Comité permanent du commerce international qui étudiait la pertinence de cet accord. Le gouvernement a investi une somme d'argent considérable pour nous envoyer observer la situation en Colombie. Mais avant que nous ayons produit notre rapport et des recommandations, à la suite de nos rencontres avec des membres du gouvernement, des syndicats, des travailleurs et différents groupes concernés, le gouvernement a signé l'accord. C'est incroyable.
J'ai vraiment été étonné de voir qu'un gouvernement pouvait être à ce point irresponsable et gaspiller des fonds publics de cette façon. L'envoi de députés en mission en Colombie pour rencontrer des intervenants coûte de l'argent. Si le gouvernement respectait le moindrement la démarche démocratique, il n'aurait sûrement pas signé l'accord avant de lire les recommandations du Comité permanent du commerce international. Il a quand même signé l'accord et nous avons fait des recommandations par la suite. C'est un beau dossier qui a dû aboutir sur une tablette quelque part à la Bibliothèque du Parlement.
Le gouvernement a été de l'avant avec cet accord. Tout ce que les députés qui s'opposent à cet accord ont dit à la Chambre fait partie des recommandations et des analyses qui ont été faites lors de notre visite en Colombie.
Les conservateurs se sont plaints souvent des soi-disants détournements du débat. Selon eux, trop d'importance était accordée à la question des droits de l'homme, car il s'agissait d'un accord commercial.
Lors d'une dernière intervention, j'ai cru entendre les libéraux dire qu'ils voulaient proposer un amendement au Comité permanent du commerce international, afin de suivre l'évolution de la situation en Colombie.
Depuis deux ou trois ans, la Colombie négocie différents accords tant avec le Canada qu'avec les États-Unis et les pays européens. Ces derniers, pour la plupart, s'opposent à la signature de cet accord justement parce que les droits de la personne ne sont pas respectés en Colombie. Depuis ce temps, la situation ne s'est pas améliorée et je ne vois pas pourquoi elle changerait.
Comme représentant du gouvernement colombien, si j'avais voulu signer un accord, j'aurais fait un effort ultime pour démocratiser davantage mon pays et pour régler les problèmes liés à la violence et aux crimes dont sont victimes les travailleurs syndiqués. On sait qu'au moins 30 membres du gouvernement sont sous enquête présentement pour avoir commis des actes criminels.
J'aurais également pris des mesures pour éviter le nombre de déplacés. Comme l'extraction minière est la principale activité de certaines compagnies canadiennes en Colombie, on doit déplacer plusieurs milliers de Colombiens qui se retrouvent sans toit. Ils vivent actuellement dans des ghettos, en périphérie de Bogota.
On a vus ces ghettos, et la situation ne s'est pas améliorée à cet égard. On continue à assassiner de nombreux travailleurs syndiqués et des représentants syndicaux. Comme les compagnies minières doivent exploiter de nouveaux terrains, des populations entières continuent d'être déplacées et on les laisse sans aucun ressource ni moyen pour subvenir à leurs besoins. La Colombie ne fait pas nécessairement d'efforts pour améliorer la situation, ce que les statistiques démontrent.
Les Américains sont, en grande partie, contre la signature de cet accord, tout comme la Belgique. Dans un communiqué de la Belgique, on apprend que le gouvernement de la région flamande a également refusé de ratifier l'accord d'investissement belgo-luxembourgeois avec la Colombie. La Colombie est en effet connue pour le non-respect des droits de l'homme, des droits sociaux et environnementaux. Les Belges s'opposeront également à la signature de cet accord.
Mais au Canada, les conservateurs vont ratifier l'accord avec l'aide des libéraux, qui vont déposer un soi-disant amendement, ce qui n'est pas très menaçant. Cela ne veut pas dire qu'ils vont voter pour cet amendement à la Chambre. Ils sont capables de voter contre leur propre amendement, et ils l'ont prouvé cette semaine.
Les conservateurs, avec l'aide des libéraux, sont fermement résolus à signer un accord avec un pays qui ne respecte pas les droits de la personne.
Nous sommes défavorables à ce projet de loi, tout comme nous l'étions lors de la dernière session, et ce, malgré l'amendement que les libéraux comptent présenter au Comité permanent du commerce international.
Cet amendement est tout à fait ridicule, compte tenu de l'évolution de la situation en Colombie qui est décrite par les médias. Aussi, les statistiques indiquent que le nombre de travailleurs syndiqués assassinés monte en flèche. Il n'y a aucune diminution de la violence à l'endroit des travailleurs qui défendent leurs droits. Aucune nouvelle norme environnementale n'a été adoptée pour amener les compagnies minières à respecter davantage l'environnement.
L'amendement libéral ne change rien à la situation, car il est régi par les deux parties impliquées, et il fera en sorte que les gouvernements du Canada et de la Colombie seront juges et parties à une évaluation du respect des droits humains. C'est tout à fait ridicule.
On connaît tous la situation dans laquelle se trouve la Colombie. Depuis plusieurs années, ce pays est aux prises avec le plus long conflit interne qu'ait connu l'Amérique du Sud. Ce conflit long et persistant a donné lieu à d'innombrables violations des droits humains, dont des enlèvements, des meurtres ciblés, des déplacements internes massifs de populations, lesquelles vivent actuellement dans des ghettos.
Lors de la mission du Comité permanent du commerce international, les députés libéraux, conservateurs, bloquistes et néo-démocrates ont tous pu le constater.
Je ne me souviens pas si mon collègue libéral était avec nous lors de cette mission, mais je suis convaincu que s'il y était, il a vu la situation des nombreuses personnes déplacées et dépourvues de leurs maisons, de leur toit et de leurs terres.
Dans les négociations de libre-échange, le fait que des centaines de milliers de personnes soient déplacées de force et le fait que des chefs syndicaux et des syndiqués soient fréquemment la cible d'actes de violence et d'assassinats revêtent un caractère particulièrement inquiétant. Pourtant, cela ne semble pas inquiéter les députés du Parti conservateur et du Parti libéral. Ils croient foncièrement qu'il faut réaliser un accord économique qui a peu d'incidence sur l'économie canadienne, comme on l'a soulevé à maintes reprises. En fait, cela permettra de protéger les investissements des entreprises d'extraction minière en Colombie, des gens qui font de l'argent là-bas. Souvent, les retombées économiques pour l'ensemble du Québec et du Canada sont très minimes. De plus, ces nombreuses violations des droits de la personne se font avec la complicité du gouvernement colombien.
Je vois qu'un député du Parti libéral quitte la Chambre. Peut-être n'est-il plus capable d'entendre ces propos, mais c'est la réalité.
Le gouvernement conservateur, avec la complicité des libéraux, dit que la situation politique et les conditions de sécurité en Colombie se sont grandement améliorées. Je ne sais pas d'où viennent ses données et ses statistiques. Or, selon les documents que possède le Bloc québécois, il semble que la situation ne se soit pas améliorée. D'ailleurs, j'ai entendu certains collègues du NPD témoigner des mêmes lectures et des mêmes données. Selon eux, la situation ne s'est pas améliorée.
La Presse et d'autres journaux internationaux ont mentionné que plusieurs pays ne voulaient pas signer d'accord avec la Colombie à cause de cette situation. Les conservateurs et les libéraux font des lectures, mais je ne sais pas d'où ils tiennent leurs données.
Le traité de libre-échange entre la Colombie et les États-Unis a été fait en 2006, il y a quelques années. Ici, parle d'un accord avec la Colombie depuis deux ou trois ans. Aux États-Unis, ils en parlent depuis quatre ans, mais il est retardé parce que les Américains ne veulent pas signer. Les Américains ne sont pas les plus avant-gardistes quant aux conditions sociales et aux conditions de travail, et pourtant ils disent ne pas pouvoir signer cet accord à cause du non-respect des droits de la personne. Pour faire du commerce équitable et juste, on a besoin de règles, et il faut que les normes du travail et les normes environnementales soient respectées. Présentement, la Colombie ne respecte pas ces normes.
Dans un discours du Parti libéral, on disait que le fait de signer un accord économique améliorerait la situation des droits de la personne, permettrait aux Colombiens d'augmenter leur niveau de vie et améliorerait leurs conditions d'existence. Ne soyons pas dupes. On sait très bien que le fait de signer un accord de libre-échange avec ce pays ne fera pas en sorte qu'il répartira mieux la richesse et qu'il s'occupera mieux des plus démunis de sa société, d'autant plus que le gouvernement en place compte une trentaine de membres qui sont poursuivis pour avoir commis des actes criminels.
Ces gens redistribueront-ils davantage la richesse? Lutteront-ils contre les inégalités sociales? Redonneront-ils leurs moyens de subsistance aux gens qui ont perdu leurs terres? Non. Il ne faut pas croire que nous goberons tout. Les Québécois ne gobent pas toutes ces choses. Les Québécois disent souvent qu'il y a toujours moyen de moyenner, mais il y a des limites à tout.
Je pense que cet accord est à la limite de tout. Il ne faut pas nous prendre pour des imbéciles et c'est ce que j'entends à la Chambre: un dénigrement des réalités sociales, politiques, économiques, culturelles et surtout des réalités de la criminalité qui a cours en Colombie. C'est une situation qui ne semble être aucunement considérée par les gens du Parti libéral et de la Colombie, tout simplement pour protéger des investissements de compagnies qui font de l'exploitation minière dans ce pays et dont les activités se font souvent sans aucun respect des normes environnementales.
Au Canada et au Québec, 80 p. 100 des importations n'ont aucun tarif douanier. Par conséquent, cet accord ne peut améliorer grandement notre commerce étant donné que 80 p. 100 de nos importations ne sont même pas régies par un tarif. On a vu cela sur le plan du commerce international.
D'ailleurs, le président des États-Unis, M. Obama, a répété qu'il n'avait pas l'intention de conclure ce traité de libre-échange avec la Colombie. Il invoquait de nouveau les mauvaises conditions de travail et le non-respect par le gouvernement colombien des droits des travailleurs. Ajoutons à cela le fait que le gouvernement de la région flamande de la Belgique ne veut pas non plus ratifier un accord de ce genre. Par contre, au Canada, les conservateurs et les libéraux ne semblent pas vraiment préoccupés ou inquiets du respect des droits de la personne.
C'est inquiétant lorsqu'on voit des partis politiques signer des accords de ce genre. Ces partis politiques ont gouverné au Canada et ont encore, malheureusement, une influence sur le développement économique du Québec. On envoie encore 50 p. 100 de nos impôts à Ottawa. Ils ont encore un peu d'influence sur nos politiques sociales et économiques. Cela va à l'encontre des valeurs des Québécois. Les conditions de travail, le respect du droit de grève, des travailleurs, des travailleurs syndiqués, de la femme ainsi que la démocratie et la justice sont des valeurs fondamentales au Québec. Dans le cadre de cet accord, on semble nier ces valeurs de solidarité et de justice accrue pour les citoyens.
La situation des droits de la personne ne s'est guère améliorée en Colombie. L'année dernière, 49 dirigeants syndicaux ont été assassinés dans ce pays comparativement à 46 en 2008, et 39 en 2007. Les libéraux, par leur amendement, veulent suivre l'évolution de la situation en Colombie. Je viens de donner quelques chiffres. J'espère que certains libéraux pourront les prendre en note parce qu'ils montrent l'évolution de la situation.
La Colombie veut signer un accord avec le Canada et d'autres pays, et la situation des droits de la personne ne s'améliore aucunement.
Selon un rapport de Human Rights Watch publié en février dernier, les groupes armés illégaux en Colombie n'ont pas été démobilisés efficacement et continuent leurs actions d'intimidation et de violence.
On s'emporte toujours un peu parce que ce sont des dossiers qui sont d'une importance capitale pour l'avenir.
Dans chaque entente commerciale bilatérale, il est important de connaître la réalité du pays avec lequel nous faisons affaire. Nous devons prendre le temps d'évaluer les conséquences de nos décisions, autant pour nous que pour le pays partenaire. De plus, nous devons tenir compte non seulement des aspects commerciaux de l'entente, mais aussi des droits humains.
Or, dans le cas de la Colombie, je crois qu'un tel accord, surtout à cause du chapitre sur la protection des investissements, s'avère très inquiétant et pourrait nuire davantage à la capacité de l'État colombien de protéger les besoins et les intérêts de sa population.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de parler du projet de loi et je remercie le député de de son intervention. J'aimerais lui poser une question.
Il y a un mois, lui, le député, notre collègue de et moi-même avons participé à des rencontres avec des membre du Congrès à Washington et ce sujet a été soulevé au cours de certaines discussions. Bien que le Congrès des États-Unis soit saisi de ce projet de loi depuis 2006, comme le député vient de le dire, le Congrès ne l'a adopté ni du temps du président George Bush ni depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama et ce n'est pas demain qu'il le fera non plus. Au cours de nos rencontres, des républicains qui appuient le président Uribe et l'accord de libre-échange nous ont avoué qu'ils savaient que l'accord n'avait aucune chance d'être adoptée. Ce ne sont pas des démocrates qui nous ont dit cela, mais bien des républicains.
Je trouve étrange qu'un groupe, formé du gouvernement et du Parti libéral — à savoir de gens qui ont tendance à suivre les États-Unis comme des animaux de cirque ou bien des moutons, et qui ne font rien que les Américains ne feraient pas —, ait rapidement élaboré une petite entente pour en accélérer la mise en oeuvre
La question c'est, pourquoi? En quoi les libéraux bénéficient-ils de cette entente? Qu'est-ce que les libéraux ont à gagner en l'appuyant? Cet accord a causé beaucoup de remises en question au sein de leur parti. Sous le règne du chef précédent, ils réclamaient, comme nous, une évaluation de la situation relative aux droits de la personne. Puis, tout à coup, ils ont un nouveau chef et un nouveau porte-parole et ils ont fait un virage à 180 degrés de sorte que, maintenant, ils appuient le gouvernement.
Nous avons réussi à écarter ce projet de loi grâce à nos efforts l'année dernière et il ne pouvait être ramené qu'avec l'accord des libéraux. Les libéraux se sont arrangés pour proposer un amendement jugé acceptable par le gouvernement.
On se demande dans quel but. Après tous les tiraillements qu'ils ont vécus dans leur caucus — et nous en prévoyons d'autres encore dans les prochains jours —, l'enjeu doit être gros pour que les libéraux agissent ainsi. Je ne sais pas ce que le gouvernement a dû leur promettre pour se les rallier. Peut-être que ce n'était rien, mais je vois seulement beaucoup d'efforts qui rapportent très peu.
L'un des intervenants dans le débat d'aujourd'hui a fait remarquer que ce projet de loi n'est rien de plus qu'un tapis rouge pour les compagnies minières. À l'heure actuelle, le commerce entre les deux pays se monte à 1,3 milliard de dollars. Ce commerce ne sera pas touché par un accord de libre-échange. Si nous n'adoptons par l'accord de libre-échange cette année ou l'année prochaine, le commerce de 1,3 milliard continuera. Alors, à quoi est censé servir cet accord commercial ?
Avons-nous des prévisions? Quelqu'un a-t-il vu des prévisions? Je pense que j'ai demandé l'année dernière si quelqu'un avait vu des prévisions du gouvernement sur ce que serait le commerce bilatéral l'année prochaine et la suivante. Nous n'avons rien entendu de la part du gouvernement à ce sujet. Nous n'avons pas entendu de discours du gouvernement au cours des deux derniers jours. Nous n'avons pas entendu grand-chose de la part des libéraux non plus.
Cela me rappelle une vieille chanson, de Peter, Paul and Mary, je crois, Where Have All The Flowers Gone?, où sont allées toutes les fleurs. On pourrait dire la même chose des libéraux. J'entends des commentaires de leur côté, mais le fait est que nous avons un grand nombre de dossiers, de projets de loi et de choses à examiner et à faire au Parlement et j'ai des questions à poser.
Le gouvernement ne cesse de parler de son programme de lutte à la criminalité, affirmant qu'il est nécessaire. C'est, comme le disait M. Mulroney, une vache sacrée. Et que fait le gouvernement? Il proroge le Parlement et fait mourir au Feuilleton tous les projets de loi. Voilà pour la vache sacrée!
Le Parlement a repris ses activités. Est-ce que le gouvernement présente de nouveau ses projets de loi sur la criminalité? Non. Il préfère parler de l'accord de libre-échange avec la Colombie.
Il y a manifestement un programme, mais je ne le comprends pas. Je ne crois pas non plus qu'il soit très clair. Par contre, des députés du Bloc, dont l'intervenant précédent, ont émis l'hypothèse qu'il s'agit d'un tapis rouge à l'intention des sociétés minières et des grandes entreprises, que tout cela vise à appuyer des investissements. Je suppose qu'ils s'entendent bien avec les deux autres partis, parce qu'aucune grande société minière ne m'a approché récemment.
D'autres députés ont énuméré la plupart des raisons pour lesquelles nous ne devrions pas signer cet accord. Par exemple, la Colombie n'est pas un partenaire commercial important du Canada. Ce pays n'arrive qu'au cinquième rang de nos principaux partenaires commerciaux d'Amérique latine. Nous avons discuté de la question des 2 690 syndicalistes assassinés en Colombie depuis 1986 et du fait que les chiffres de 2008 étaient beaucoup plus élevés que ceux de l'année précédente. Un libéral a dit que la tendance était à la baisse et que nous pouvions donc signer.
Je veux toutefois parler de commerce équitable. Chaque fois que les néo-démocrates s'opposent à un des accords de libre-échange des conservateurs, ceux-ci nous demandent quel genre d'accord nous serions prêts à appuyer et ce qu'il faudrait pour que le NPD appuie un accord de libre-échange. Et chaque fois, nous répondons qu'il faudrait qu'il s'agisse d'un accord de commerce équitable.
En fait, il y a un nombre plus important de personnes que ce que le gouvernement peut croire qui commencent à songer à ce qui pourrait se trouver dans un accord commercial équitable. Nous n'avons qu'à regarder ce qui se passe dans les mouvements coopératifs. Même Starbucks vend du café équitable. Je crois que les jeunes sont bien au fait de la différence entre le commerce équitable et le libre échange.
Le libre-échange est synonyme d'exploitation, exploitation par les multinationales qui, par exemple, inondent essentiellement le marché agricole colombien de produits agricoles bon marché, expropriant des agriculteurs dont la famille occupe des terres depuis des centaines d'années, les réduisant au chômage et les obligeant à aller vivre dans les villes où les problèmes se multiplient. Ces gens deviennent alors dépendants de l'aide alimentaire étrangère.
Comment peut-on considérer cela comme une bonne idée? Ce qu'il faut faire en réalité, c'est développer des produits dans son environnement propre et non d'en importer d'ailleurs. Le commerce est très utile. Nous ne pouvons bien sûr pas faire pousser des bananes au Manitoba et nous devons donc les importer. Toutefois, si nous pouvions les y faire pousser, c'est ce que nous devrions faire. Nous devrions être auto-suffisants. Où qu'elles soient, les collectivités devraient toujours tendre à l'autosuffisance.
Nous sommes bien sûr en faveur des échanges commerciaux, mais nous tenons à ce que ce commerce soit équitable. Nous ne voulons pas inonder les marchés de produits de peu de valeur, causer des pertes d'emploi et détruire l'environnement du même coup. Une fois que l'environnement est détruit et que tous les dommages ont été faits, les compagnies quittent tout simplement le pays et laissent le gouvernement réparer les dégâts. C'est extraordinaire pour les investisseurs qui peuvent acheter des actions à 20 $ et attendre qu'elles atteignent 100 $ avant d'empocher les gains. Je suis persuadé qu'ils appuieront ce genre d'activités. Toutefois, ici à la Chambre, nous sommes censés réfléchir un peu plus sérieusement à la question et ne pas nous lancer tête première pour accepter ce que certains groupes voudraient que nous fassions.
Sur ce point, il convient de nous poser une question. Qu'entendons-nous par commerce équitable? Il s'agit de nouvelles règles et d'accords commerciaux qui favorisent les pratiques durables, la création d'emplois à l'échelle nationale et la mise en place de conditions de travail saines tout en nous donnant la possibilité de gérer l'approvisionnement, de promouvoir les droits démocratiques à l'étranger et de maintenir la souveraineté démocratique au Canada.
D'après mes renseignements, des milliers de producteurs de tomates au Mexique ont perdu leur travail quand l'accord de libre-échange s'est étendu à ce pays. Ces travailleurs sont essentiellement au chômage. Ils ne sont plus en mesure de subvenir à leurs besoins en travaillant dans leurs exploitations agricoles, et ils doivent acheter des importations bon marché.
Comment pouvons-nous faire la promotion du commerce équitable? Nous pouvons le faire à l'aide d'interventions au Parlement, mais le meilleur moyen consiste à sensibiliser le public aux éléments du commerce équitable. De cette façon, les gens peuvent exercer des pressions sur leurs députés à cet égard et ne pas devenir comme les ministériels. Nous réaliserons ainsi des progrès, mais cela prendra un certain temps.
Les nouveaux accords commerciaux devraient favoriser l'amélioration des conditions sociales et environnementales ainsi que les conditions de travail. Il ne suffit pas de réduire au minimum les effets néfastes du commerce non réglementé. Les politiques d'approvisionnement fédérales et provinciales devraient stimuler l'industrie canadienne en permettant à nos gouvernements de favoriser les fournisseurs canadiens. Les offices de gestion de l'offre et les organismes de commercialisation à guichet unique, comme la Commission canadienne du blé, peuvent favoriser l'achat de produits et de matériaux de chez nous au lieu d'importations.
La Commission du blé subit les foudres des réformistes depuis les premiers balbutiements de ce parti. Le gouvernement actuel continue de s'en prendre à elle. Il semble que c'est l'une des bêtes noires des conservateurs, et elle le deviendrait encore plus s'ils obtiennent un gouvernement majoritaire.
Voilà une autre raison pour laquelle nous ne devrions jamais permettre aux conservateurs de former un gouvernement majoritaire. Si les conservateurs formaient un gouvernement majoritaire pendant quatre ans, nous ne reconnaîtrions pas le pays. Voilà pourquoi les Canadiens n'ont pas donné un gouvernement majoritaire aux conservateurs. Les Canadiens n'éliront jamais un gouvernement conservateur majoritaire parce qu'ils savent que, tôt ou tard, les conservateurs agiraient d'une façon qui leur serait intolérable.
On peut également promouvoir le commerce équitable en incitant les entreprises locales et communautaires et même les particuliers à acheter des produits d'importation équitables et des marchandises locales. De telles entreprises existent déjà. Dans ma collectivité, on vend du café équitable. Les gens sont sensibilisés, et c'est justement le but.
Si nous ne pouvons être aussi près que les conservateurs du milieu des affaires, et je suppose que nous n'y arriverons jamais, ou si nous ne pouvions faire mieux qu'eux pour ce qui est de la publicité, nous devons compter sur le peuple. Tôt ou tard, c'est ce que nous devrons faire.
Pourquoi le commerce équitable et non le libre-échange? Les politiques de commerce équitable protègent l'environnement en encourageant l'achat de produits locaux, ce qui se traduit par une diminution des marchandises à transporter, de la consommation de carburant et des émissions d'hydrocarbures. Pourquoi transporter un produit à l'autre bout du continent? Je trouve complètement insensé que des camions remplis de produits parcourent tout le continent alors qu'on peut produire localement.
L'environnement est un énorme enjeu. Certaines sociétés se cachent derrière les accords de libre-échange. Elles peuvent s'établir dans un autre pays et se retrancher derrière une structure qui ne les oblige pas à se soucier de l'environnement. Si elles peuvent utiliser toutes sortes de pesticides parce qu'il n'existe aucune mesure de contrôle en place, elles sont gagnantes à long terme parce qu'elles font davantage de profits. Au bout du compte, elles polluent et vendent peut-être même un produit qui n'est pas aussi sain qu'il le devrait.
Les politiques de libre-échange, même celles qui tiennent compte de l'environnement, font peu pour empêcher les multinationales de polluer, ce que j'ai déjà déploré.
Par exemple, les mesures environnementales prévues dans l'ALENA se sont avérées quasi inapplicables, surtout si on les compare à d'autres mesures de protection destinées aux industries ou aux investisseurs.
Un système de commerce équitable peut encourager la croissance des emplois canadiens, en qualité et en quantité. Des règles pour une juste concurrence et des normes du travail plus strictes mettront les industries canadiennes sur un pied d'égalité avec celles de nos partenaires commerciaux et ralentiront le nivellement par le bas à l'échelle internationale, qui a entraîné la perte de milliers d'emplois dans le secteur manufacturier du Canada. Combien d'emplois avons-nous vu déserter le territoire nord américain, précisément à cause de ces accords de « libre-échange ».
De leur côté, les règles du libre-échange nuisent à la qualité des emplois au Canada. Depuis 1989, la plupart des familles canadiennes ont vu leur revenu réel diminuer.
Le commerce équitable permet aussi de protéger les droits des travailleurs en favorisant la création de coopératives de travailleurs et de syndicats. Tout comme l'accord parallèle sur l'environnement, l'accord sur les droits de la main-d'oeuvre de l'ALENA n'a à peu près pas été respecté, ce qui pousse les entreprises peu soucieuses des droits des travailleurs à déplacer des emplois canadiens. Les politiques sur le commerce équitable qui favorisent les coopératives, les syndicats et l'établissement de prix justes protégeront les travailleurs des pays en développement qui risqueraient autrement d'être exploités et feront disparaître les raisons qu'auraient des producteurs canadiens d'exporter les emplois. Il s'agit simplement de rééquilibrer ces accords, de les rendre plus équitables qu'ils ne le sont actuellement.
Des règles en matière de commerce équitable permettraient aussi de protéger les sociétés et les droits de la personne partout dans le monde. C'est d'ailleurs le principal problème du projet de loi sur l’Accord de libre-échange Canada-Colombie, même si c'est loin d'être le seul.
Bien que certains aient prédit que le libre-échange total serait bon pour les droits de la personne, comme nous l'a répété ad nauseam le député de , ça reste à voir. Par contre, de nombreux conflits entre les populations locales et des multinationales dans des pays comme le Pérou ont tourné à la violence. Une politique de commerce équitable où chaque partie trouve son compte peut protéger les plus vulnérables contre les violations des droits de la personne.
Voilà l'essentiel du problème. Ce n'est pas la première fois que nous soulevons la question, et nombreux ont été ceux qui nous ont répondu qu'il s'agissait somme toute d'un accord commercial de second ordre. Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi le gouvernement en a fait une de ses grandes priorités ni pourquoi les libéraux se sont écrasés comme ils l'ont fait, mais j'imagine qu'ils en ont l'habitude. Je crois quant à moi qu'on tente de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
Le député de a bien déguisé son amendement et il est heureux de suivre la parade, mais les membres de son caucus ne sont pas du même avis. J'ignore comment ils voteront, car on vu l'autre jour deux ou trois libéraux laisser parler leur conscience et voter contre leur propre motion, alors que d'autres se sont absentés.
J'ignore vraiment comment ira le vote, puisque plusieurs députés libéraux vont voter fièrement dans le même sens que le NPD. Certains députés libéraux vont probablement s'absenter, mais il y a plus à gagner en ne se présentant pas pour le vote ou en votant contre cet amendement qu'en votant pour.
L'ancien chef du Parti libéral et l'ancien porte-parole avaient visé juste il y a deux ans lorsqu'ils siégeaient au Comité des relations internationales. Ils ont choisi de procéder à l'examen que nous voulions tous. Qu'y a-t-il de mal à procéder à un examen? S'il n'y a aucune violation des droits de la personne en Colombie, pourquoi craignent-ils un examen indépendant sur les droits de la personne? S'il n'y a aucune violation, il n'y aura pas de problème et on pourra aller de l'avant.
Il est très étrange de voir les libéraux simplement changer de chef et de porte-parole et de les voir modifier leur politique. Il ne fait aucun doute que cela a contribué à diviser le parti. Le NPD suivra attentivement la suite des choses au cours des prochains jours et des prochaines semaines.
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Monsieur le Président, je prends aujourd'hui la parole devant la Chambre des communes pour dénoncer le projet de loi , soit la mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange Canada-Colombie. Plusieurs raisons motivent mon désaccord sur ce projet de loi, dans la forme où il nous a été présenté par le gouvernement conservateur.
Mon collègue de a évoqué les arguments en matière de droits humains et, tout à l'heure, a évoqué l'inefficacité des ententes parallèles. J'aurai donc la chance, dans mon discours, de revenir sur ces questions.
Pour les Québécois et les Québécoises, et pour les citoyens de Vaudreuil-Soulanges, certaines valeurs ont primauté dans ce débat, soit la protection de l'environnement, le respect du droit des travailleurs et le respect des droits humains les plus fondamentaux de la population de la Colombie.
Je me permets d'expliquer pourquoi je crains l'adoption du projet de loi . La principale motivation du gouvernement canadien dans ce dossier ne concerne pas le commerce. Il cherche à faciliter la vie des investisseurs canadiens, particulièrement dans le domaine minier, qui investiront en Colombie. Il est légitime de bien vouloir protéger les investissements de Canadiens à l'étranger. Cependant, il me semble bien évident que cela ne doit pas se faire au détriment des droits fondamentaux des Colombiens.
Je crains que cette entente ne soit néfaste pour le développement de la population de la Colombie. Nous devons comprendre que l'atteinte de cet objectif qu'est la croissance des échanges commerciaux ne doit pas être la seule motivation du gouvernement. Un tel accord doit indubitablement contenir des dispositions nous permettant d'établir un rapport de force et de faire progresser des éléments lors des négociations pour la mise en place de mesures sociales au bénéfice de la population de la Colombie, et pour l'établissement de règles respectueuses de l'environnement, de règles de droit qui améliorent les conditions de vie des travailleurs.
Si l'on se fie aux accords sur les protections des investissements que le Canada a signés au fil des ans, celui qui lierait la Colombie et le Canada serait mal conçu. En effet, l'accord Canada-Colombie contient des dispositions qui permettent aux investisseurs canadiens de poursuivre le gouvernement de la Colombie s'il adopte des mesures qui diminuent le rendement de leur investissement.
Plus précisément, sur ce point, nous croyons que ces dispositions peuvent être néfastes pour un pays où les lois du travail, les lois environnementales et le respect de sa population sont considérablement minimes, au mieux, aléatoires. Tout en voulant protéger nos intérêts, le gouvernement canadien se place dans une situation où il contribuerait au risque de retarder les progrès sociaux et environnementaux dans ce pays qui en a pourtant bien besoin.
J'aimerais souligner que mon collègue de a cité des organismes qui ont fait rapport de la situation en Colombie. Je l'en remercie. La Colombie connaît un des pires bilans en termes de droits de la personne au monde et certainement en Amérique latine.
Le gouvernement de la Colombie a le droit et doit adopter une législation protégeant son environnement ou encore l'amélioration de la qualité de vie de ses concitoyens. Il faut mesurer s'il a les moyens de mettre en oeuvre de telles mesures. Il faut voir s'il a les moyens de ses ambitions.
Oui, cette réglementation pourrait avoir comme conséquence la diminution des profits des entreprises qui ont investi dans ce pays. Nous avons besoin d'une certaine protection contre la nationalisation sans compensation, j'en conviens, mais nous devons aussi retrouver des dispositions qui ne priveraient pas le Canada de sa capacité de faire pression auprès des autorités colombiennes.
Le Bloc québécois ne peut entériner la mise en oeuvre de l'accord de libre-échange Canada-Colombie, tel qu'il a été présenté.
En aucun cas, le gouvernement canadien ne peut troquer sa capacité de faire pression en matière de respect des droits humains et de protection de l'environnement en faveur d'une garantie de réalisation de profits en provenance des investissements de sociétés canadiennes à l'étranger.
Je remarque que la ratification de l'accord de libre-échange entre les États-Unis et la Colombie connaît aussi des retards, notamment parce que l'on tente d'évacuer la question du respect des droits de la personne. C'est une question de justice.
J'ai consulté plusieurs citoyens de ma circonscription de Vaudreuil-Soulanges. Je ne peux appuyer le projet de loi dans sa forme actuelle tant et aussi longtemps que l'on n'observera pas, en Colombie, un renforcement de sa législation pour protéger les normes minimales de travail et la protection de l'action syndicale, ainsi qu'un renforcement de sa législation en matière de protection de l'environnement.
L'avantage d'établir un accord commercial avec un pays réside dans la capacité de développer des liens privilégiés avec ce dernier. Par conséquent, en diminuant les barrières économiques, on assiste à une augmentation des échanges entre les deux pays. C'est ce que l'on voudrait obtenir d'une entente entre le Canada et la Colombie. La probabilité que cela se concrétise dans un proche avenir est pourtant faible compte tenu des moyens qu'on emploie.
En consultant les données des importations et des exportations entre le Canada et la Colombie, on remarque, sans surprise, une grande majorité des investissements canadiens dans le secteur de l'industrie excavatrice, plus précisément le secteur minier. Les importations de ce secteur, en 2007, représentaient près de 31 p. 100 de l'ensemble des importations en provenance de la Colombie. En chiffres, cela équivaut à près de 138 millions de dollars. Le Canada n'achète que des ressources premières de la Colombie. On importe du café pour 115 millions de dollars, des bananes pour 72 millions de dollars et des fleurs coupées pour 62 millions de dollars. Si on inclut les produits agricoles et agroalimentaires, on atteint une somme totale de 387 millions de dollars. Au Canada, l'IDE est d'environ 1 million de dollars. En Colombie, l'IDC est d'environ 1 milliard de dollars.
Les données globales sur les échanges commerciaux sont les suivantes. En 2008, au Canada, les importations sont à la hausse et elles sont de 644 millions de dollars. Les exportations canadiennes sont aussi à la hausse et elles sont de 704 millions de dollars. Les croissances se font à un rythme bien différent et c'est bien ce qu'on avait prédit lors des débats de la dernière session parlementaire. Au Québec, les importations sont à hauteur de 88 millions de dollars, ce qui représente une baisse de 0,5 p. 100 par rapport à 2007. Les importations québécoises en Colombie représentent environ 14 p. 100 des importations totales du Canada. Les exportations sont à hauteur de 120 millions de dollars pour 2008, ce qui représente environ 17 p. 100 des exportations canadiennes en Colombie. Les exportations québécoises ont connu une hausse d'un peu moins de 2 p. 100 par rapport à 2007.
Le Canada a des partenaires commerciaux plus privilégiés que la Colombie, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Ces dernières années, les échanges commerciaux entre le Canada et les autres pays latino-américains ont considérablement augmenté, ce qui réduit la proportion des échanges commerciaux avec la Colombie par rapport aux autres pays de la région.
Les investissements directs étrangers (IDE) en Colombie sont en croissance exponentielle. Pour créer un environnement prévisible et s'assurer qu'un investisseur étranger ne se fera pas déposséder de son bien ou nationaliser sans compensation, les pays concluent des traités relatifs à la protection des investissements. C'est tout à fait normal, et le Bloc québécois est en faveur de tels traités.
L'Accord de libre échange entre le Canada et les États-Unis, qui comportait un chapitre sur la protection des investissements, le chapitre 16, a été le premier accord au monde à y assortir un mécanisme de règlement des différends auquel les deux pays pouvaient avoir recours. Cet accord a bien fonctionné. On n'a rapporté aucun cas de mesure discriminatoire prise à l'encontre d'un investisseur étranger, et aucun cas n'a été soumis au tribunal d'arbitrage. Pendant les cinq années au cours desquelles l'accord a été en vigueur, la valeur des investissements canadiens aux États-Unis a progressé de 41 p. 100.
Cependant, nous avons assisté à une dérive avec le chapitre 11 de l'ALENA. En vertu du chapitre 11 sur les investissements, les investisseurs étrangers peuvent s'adresser eux-mêmes aux tribunaux internationaux, passant outre le filtre du bien public opéré par les gouvernements. La notion d'expropriation est tellement vaste que toute loi qui aurait pour effet de diminuer les profits d'un investisseur pourrait équivaloir à une expropriation et générer une poursuite. En outre, le montant de la poursuite n'est pas limité à la valeur de l'investissement, mais inclut l'ensemble des profits potentiels dans l'avenir. C'est complètement abusif.
Ce chapitre a été décrié par tous. Dès qu'une loi, par exemple sur la protection de l'environnement, diminue les profits d'un investisseur étranger, le gouvernement s'expose à des poursuites faramineuses. Pourtant, Ottawa a conclu plusieurs accords bilatéraux calqués sur le chapitre 11 de l'ALENA au fil des ans. Les critiques ont été telles que les libéraux avaient cessé de conclure de tels accords. Je comprends mal leur volte-face dans ce dossier, et j'espère qu'ils reverront leur position et voteront contre cette entente.
Sous les conservateurs, Ottawa reprend l'offensive et multiplie la négociation de tels accords. Avec la Colombie, le gouvernement conservateur cède aux multinationales le soin de juger du bien commun.
Le Bloc québécois s'oppose au projet de loi de mise en oeuvre de l'accord de libre-échange avec la Colombie parce qu'il contient des clauses calquées sur le chapitre 11 de l'ALENA. Il demande au gouvernement de revenir à la formule antérieure de traités, laquelle ne constituerait pas une charte des multinationales au détriment du bien commun.
En Colombie, le phénomène de déplacement des populations constitue un sérieux problème. Plusieurs raisons expliquent ce désastre humain, dont les conflits internes au sein de l'État, les groupes paramilitaires et les guérilleros.
Il y a aussi l'implantation des industries excavatrices comme principale raison de déplacement.