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Monsieur le Président, nous sommes en train de discuter de la réforme du Sénat, selon laquelle les sénateurs seraient nommés pour huit ans. Il faut se poser la question suivante: est-ce que la transformation des caractéristiques essentielles du Sénat doit relever de la compétence d'un seul Parlement, ou relever plutôt du processus constitutionnel impliquant le Québec et les provinces?
La Cour suprême du Canada a répondu à cette question. D'ailleurs, à la fin des années 1970, la Cour suprême du Canada a examiné la capacité du Parlement de modifier seul la disposition constitutionnelle concernant le Sénat. Selon l'arrêt qu'elle a rendu, « Renvoi: Compétence du Parlement relativement à la Chambre haute, [1980] 1 R.C.S. 54 », les décisions relatives aux changements majeurs touchant le caractère essentiel du Sénat ne peuvent être prises unilatéralement. On voit bien que la Cour suprême s'est prononcée sur cette question.
Ainsi, toutes les réformes touchant les pouvoirs du Sénat, la méthode de sélection des sénateurs, le nombre de sénateurs auxquels une province a droit et les exigences de résidence des sénateurs ne peuvent être apportées qu'en consultation avec les provinces et le Québec.
Allons voir comment certains acteurs politiques ont analysé cette question. On pourrait exprimer le voeu de l'ex-ministre québécois responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes, M. Benoît Pelletier, qu'on ne peut qualifier de souverainiste. Il a réitéré, en 2007, la position traditionnelle du Québec en disant:
Le gouvernement du Québec considère que cette institution ne relève pas exclusivement du palier fédéral. « Puisque le Sénat est au coeur du compromis fédératif canadien, il est clair pour nous qu’il ne peut y avoir de réforme du Sénat [ni] d’abolition sans le consentement du Québec, le tout en vertu de la Loi constitutionnelle de 1982 et de la Loi concernant les vetos régionaux » [...]
Donc, un député du gouvernement libéral s'est prononcé en 2007 sur cette question. D'ailleurs, la même journée, l'Assemblée nationale — toute la députation du Québec, tant le Parti québécois que les adéquistes et les libéraux — a adopté cette motion à l'unanimité:
Que l'Assemblée nationale du Québec réaffirme au gouvernement fédéral et au Parlement du Canada que toute modification au Sénat canadien ne peut se faire sans le consentement du gouvernement du Québec et de l'Assemblée nationale.
Il ne s'agit pas seulement d'une consultation. Je sais que le conservateur du Canada voudrait bien justement avoir la mainmise sur le Sénat et nommer des sénateurs pour huit ans, mais il ne faudrait pas seulement consulter le Québec et l'ensemble des provinces, mais avoir le consentement des provinces, surtout celui de sept provinces représentant plus de 50 p. 100 de la population canadienne.
D'ailleurs, traditionnellement et historiquement, la position du Québec au sujet du Sénat et d'une éventuelle réforme de cette institution est très claire. Depuis le rapatriement unilatéral de la Constitution, la position minimale des gouvernements successifs du Québec sur la question de la réforme du Sénat a toujours été très claire: pas de réforme du Sénat sans règlement préalable de la question du statut du Québec.
En 1989, M. Bourassa, l'ancien premier ministre du Québec, disait qu'il ne voulait pas discuter de la réforme du Sénat avant la ratification de l'accord du lac Meech.
En 1992, Gil Rémillard disait que la signature par le Québec d'un accord impliquant une réforme du Sénat dépendra du résultat des négociations sur la société distincte, le partage des pouvoirs et le pouvoir fédéral de dépenser. Plus récemment, le gouvernement libéral du Québec, un parti fédéraliste, faut-il le rappeler, a participé au Comité spécial sur la réforme du Sénat, en 2007. Dans son mémoire du 31 mai 2007, on pouvait lire ce qui suit:
Le gouvernement du Québec ne s’oppose pas à une modernisation du Sénat. Mais si l’on cherche à modifier les caractéristiques essentielles de cette institution, la seule avenue est l’engagement d’un processus constitutionnel coordonné sur le plan fédéral-provincial qui associe pleinement les acteurs constitutionnels, dont le Québec, à l’exercice du pouvoir constituant.
Le gouvernement du Québec, avec l’appui unanime de l’Assemblée nationale, demande donc le retrait du projet de loi C-43 [qui était un projet de loi d'un Sénat élu]. Il demande aussi la suspension des travaux sur le projet de loi S-4 [...]
Le projet de loi est devenu le projet de loi , puis le projet de loi sur la durée du mandat.
C'est la quatrième fois que le gouvernement essaie de remettre à l'ordre du jour un projet de loi sur la réforme du Sénat. Effectivement, le gouvernement libéral s'est prononcé contre cette démarche pour des raisons constitutionnelles.
Enfin, rappelons que le 7 novembre 2007, l'Assemblée nationale votait aussi sa motion unanime. Ainsi, je crois qu'il est clair qu'Ottawa, s'il souhaite réformer le Sénat, doit rouvrir le débat constitutionnel, s'asseoir avec le Québec et les provinces et négocier avec elles en vue de conclure un accord en ce sens. Il ne peut agir de façon unilatérale. D'ailleurs, comme je le disais, la Cour suprême du Canada s'est prononcée sur cet enjeu.
Le gouvernement doit aussi s'assurer, s'il veut vraiment reconnaître le Québec, de tenir compte d'un deuxième enjeu. On sait très bien que le gouvernement conservateur ne veut pas reconnaître le Québec. S'il reconnaissait la nation québécoise, il reconnaîtrait également les différents acteurs politiques qui se sont prononcés sur cette question.
On voudrait aussi que soit maintenu à la Chambre des communes le poids politique du Québec. Or la volonté du gouvernement conservateur va jusqu'à augmenter le nombre de sièges de 30 sièges, dont 20 en Ontario, ce qui aura pour conséquence de diminuer le poids du Québec. On nous assure qu'on aura toujours 75 députés. Mais 75 députés sur 308, ce n'est pas la même chose que 75 députés sur 338.
D'autre part, il y a eu un refus de l'ensemble de la population du Québec. On est très choqués et très frustrés de la manière dont agit ce gouvernement, qui aurait finalement décidé de reconnaître la nation québécoise. Or c'est un leurre, c'est une coquille vide. Cela ne veut rien dire dans les faits. Quand ce gouvernement peut diminuer le poids du Québec et passer outre à la volonté du Québec de ne pas réformer le Sénat à cause d'une question constitutionnelle, il le fait. On voit bien que ce n'est que de la poudre aux yeux.
Si le gouvernement était sérieux en matière de légitimité démocratique, il s'assurerait du maintien du poids du Québec au sein de cette Chambre, soit 24,35 p. 100. Si on augmente de 30 le nombre de sièges au Parlement, cela voudra dire que le poids du Québec tombera à moins de 22 p. 100. Il est essentiel que le Québec puisse être représenté non seulement en fonction de son poids démographique mais aussi en fonction de son apport historique et de ses particularités sociales, économiques et culturelles. Voilà pourquoi nous voulons que le poids du Québec soit maintenu et qu'il ne soit pas seulement de 75 sièges. C'est aussi pour son apport historique et parce que ce gouvernement conservateur a reconnu la nation québécoise. S'il veut être conséquent, il doit s'assurer que cette nation aura une représentation proportionnelle à son apport historique économique et culturel, proportionnelle à son poids et à ce qu'elle est.
En outre, ce gouvernement conservateur est en contradiction avec lui-même. D'un côté, il prétend vouloir augmenter la légitimité des institutions, mais de l'autre, il tente de museler le Québec en déposant des projets de loi qui diminueraient le poids de la nation québécoise. On voit bien que cette prétendue reconnaissance n'était, comme je le disais tout à l'heure, qu'une coquille vide, car on est incapable de poser de réels gestes qui feraient en sorte qu'on la reconnaîtrait dans sa véritable dimension.
Depuis la création de la Confédération canadienne, il faut le dire, le poids du Québec n'a cessé de diminuer. Rappelons que le Québec avait 36 p. 100 des sièges en 1867; si ce projet de loi était adopté, cela passerait à 22,4 p. 100.
Les élus de l'Assemblée nationale sont aussi favorables à ce principe du maintien du poids du Québec. Le jeudi le 22 avril, l'ensemble des élus, fédéralistes et souverainistes, a voté une motion unanime pour que le poids du Québec ne diminue pas. Des mesures semblables avaient déjà été adoptées lors du dépôt des précédents projets de loi de ce gouvernement conservateur, qui cherchait à diluer le poids du Québec. De plus, le peuple québécois rejette tout autant ce projet de loi qui viendrait diminuer le poids du Québec. D'ailleurs, un sondage Angus Reid a été mené le 7 avril dernier et indique que 71 p. 100 de la population du Québec s'oppose au projet de loi , qui vise à diminuer le poids du Québec. Or, 71 p. 100, c'est beaucoup de monde.
Il y a donc un consensus au Québec quant à l'importance de maintenir la représentation relative du Québec en cette Chambre. Cela comprend tous les élus de l'Assemblée nationale et les 49 élus de cette Chambre, les deux tiers des élus pour lesquels les Québécois et les Québécoises votent. Nous sommes des élus, et nous avons une légitimité démocratique et populaire. Le refus de ce gouvernement de tenir compte des demandes du Québec n'est que le dernier d'une longue série d'exemples démontrant que la reconnaissance de la nation québécoise ne signifie rien pour ce gouvernement.
S'il était vraiment sérieux quand il parle de réformer la légitimité démocratique des institutions, le gouvernement abolirait le Sénat et s'assurerait que le poids de la nation québécoise, qui a été officiellement reconnue, sera maintenu à 24,3 p. 100. De plus, je le répète, il réformerait la légitimité démocratique des institutions en tenant compte de l'accord de sept provinces représentant 50 p. 100 de la population canadienne sur leur territoire, et du fait qu'une majorité de Québécois et de Québécoises s'opposent à ces enjeux.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir sur une de mes marottes, notre Sénat.
Quand ce projet de loi a été présenté à l'origine, j'ai dit publiquement: « vaste blague », et je le maintiens. Franchement, mes électeurs et la plupart des Canadiens se fichent complètement de savoir combien de temps les sénateurs restent en poste une fois nommés. La question est de savoir comment ils y arrivent. Qu'ils y soient 40 ans, 30 ans, 8 ans ou 2 ans, ils sont libres de faire tout ce qu'ils veulent et personne sur la planète n'a le pouvoir de leur faire rendre des comptes.
Nous allons accepter ce projet de loi, mais je tiens à être très franc. Si je me fais un plaisir de l'appuyer, c'est notamment parce que j'espère que, s'il y a suffisamment de roulement de sénateurs et qu'on en parle à chaque fois, les Canadiens finiront pas dire « Ça suffit ».
De temps à autre, il y a une frénésie de nominations, ensuite il ne se passe plus rien pendant longtemps et les gens n'y pensent plus, à juste titre. Et tout d'un coup, cela recommence avec un nouveau flot de nominations.
Si cela arrive deux ou trois fois par an, les gens commenceront à se rendre compte de ce manège incessant, et surtout à voir que la plupart de ces gens-là sont soit des célébrités destinées à mettre le gouvernement à l'abri de tout risque, soit des gens qu'ils ne connaissent pas mais qui, chose certaine, ne sont pas des gens comme eux ou avec qui ils prennent une bière, jouent au hockey ou travaillent. Ils savent que ce sont des gens qui ont le bras long et qui sont nommés dans bien des cas, mais pas toujours, pour des raisons purement partisanes à mon avis.
Prenons le communiqué de presse. D'emblée, le ministre déclare en présentant le projet de loi: « notre gouvernement s'engage à procéder à la réforme de la Chambre haute afin... », écoutez bien cela, « ...d'augmenter la légitimité démocratique du Sénat ».
Pour augmenter quelque chose, il faut que ce quelque chose existe au départ. Or, actuellement, il n'y a pas la moindre légitimité démocratique à l'autre endroit ou dans le processus de nomination de ses membres.
Le ministre ajoute: « Ce projet de loi contribuera à poser les fondements de réformes ultérieures. »
Pas du tout. C'est absurde.
Monsieur le Président, je signale au ministre que, comme je le lui avais dit, nous appuierons le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture pour que celui-ci soit renvoyé à un comité. Cela ne nous dérange pas plus que ça. Huit ans ou vingt ans, peu nous importe; les sénateurs ne devraient tout simplement pas être nommés. Par conséquent, je suppose que, si leur mandat est moins long, c'est toujours cela de pris. Voilà où nous en sommes à ce sujet.
Passons maintenant au préambule, avec lequel il va falloir composer si l'on veut que le tout soit renvoyé à un comité. Il dit notamment ceci:
que le Parlement entend préserver les caractéristiques essentielles du Sénat, lieu de réflexion indépendante, sereine et attentive au sein de la démocratie parlementaire canadienne.
Ceci m'amène à parler d'un de mes sujets préférés lorsqu'il est question du Sénat. Je ne dirai rien à propos de la réflexion sereine et attentive, car c'est une affaire personnelle qui concerne ceux ou celles qui auraient du mal à se montrer à la hauteur à cet égard. Mais parler de réflexion indépendante, voyons donc! J'entends tout le temps l'expression « réflexion indépendante, sereine et attentive ». On utilise l'adjectif indépendant à toutes les sauces. Quelle ineptie.
Il y a un leader du gouvernement au Sénat. Où est l'indépendance là-dedans? Cela donne à penser qu'il existe des liens avec le gouvernement. Le titulaire de ce poste touche d'ailleurs un salaire plus élevé, un peu comme le leader du gouvernement à la Chambre. Son rôle est de piloter les projets de loi d'initiative gouvernementale à cet endroit. Cela me semble partisan. Comment pourrait-il en être autrement?
Prennent place en face des représentants du gouvernement au Sénat, les gens de l'opposition, ce qui n'est pas sans rappeler notre Chambre. Fait intéressant, le mercredi matin, bon nombre de sénateurs ne sont pas libres . Je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils travaillent tous, mais il reste qu'ils sont nombreux à assister aux réunions de leur caucus.
Sans dévoiler de secrets de caucus, tout le monde sait-il ce qui se passe dans ces réunions? On parle de politique, de politique partisane. Les sénateurs assistent aux réunions des caucus conservateur et libéral, car ce sont les deux seuls dont ils font partie.
Je tiens à dire qu'il y a des sénateurs qui sont véritablement indépendants. En fait, je respecte la plupart d'entre eux. Je souhaiterais ne pas les respecter. Ce serait plus facile. Pourtant, je les respecte, je l'admets. Je parle du système, de cet endroit et des principes démocratiques, pas des sénateurs en tant que personnes.
Cela dit, le mercredi matin, les sénateurs se rendent à leur réunion de caucus respective et participent aux décisions sur les orientations politiques. On est loin de l'indépendance. Nombre d'entre eux sont des agents politiques qui utilisent l'argent des contribuables pour faire Dieu sait quoi, car ils n'ont pas de comptes à rendre à qui que ce soit. Nous savons que plusieurs d'entre eux sont payés 131 000 $ par les contribuables canadiens pour faire du travail partisan, sans parler de leurs voyages, de leurs bureaux et de tout le reste.
De plus, nombre d'entre eux participent à nos campagnes électorales, ce qui n'est pas un problème en soi, sauf que ce sont eux qui se targuent d'être indépendants et de n'avoir rien à faire de la basse partisanerie, qui disent que le Sénat doit survivre et continuer d'être la Chambre du second examen objectif et indépendant, à l'abri de la partisanerie de la Chambre des communes. Chers Canadiens, c'est de la foutaise. Cela n'existe pas.
C'est la plus grande imposture jamais perpétrée aux dépens de l'une des démocraties les plus matures et modernes de l'histoire. Poutine ne nomme que les gouverneurs; au Canada, nous nommons toute la Chambre haute.
Et voilà que le ministre nous arrive avec un projet de loi et annonce que les choses vont changer, que la réforme s'en vient. On s'attend dès lors à ce que les choses changent vraiment. Peut-être qu'on appliquera le système de la représentation proportionnelle aux élections fédérales, ou peut-être qu'on transférera les sièges du Sénat à la Chambre et qu'on utilisera un mélange de représentation proportionnelle et de système majoritaire uninominal à un tour, quelque chose qui réglerait vraiment les problèmes et les lacunes de notre système.
Mais qu'allons-nous faire au lieu de cela? Nous allons limiter à huit ans le mandat des plus grands planqués du monde. Je ne sais pas ce que le chiffre huit a de si particulier. Je sais qu'il y a des chiffres qui ont une signification particulière dans certaines cultures, mais je ne sais pas ce que le huit signifie pour nous au juste.
J'entends un député rétorquer que c'est mieux que 25 ans. Ce n'est pas beaucoup mieux. Lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir, les conservateurs ont dit qu'ils allaient changer le Sénat. Vous souvenez-vous de l'époque où ils disaient cela? Vous souvenez-vous du Parti réformiste? Cet élément de leur plateforme électorale leur a permis de se faire élire. Les réformistes disaient qu'il fallait faire quelque chose à propos du Sénat, le fameux triple E. Aujourd'hui, les conservateurs sont au pouvoir et ils veulent limiter la durée du mandat des sénateurs à seulement huit ans. On parle de huit ans à participer au processus législatif sans avoir de comptes à rendre.
Je crois que c'est ce qui m'offusque le plus. J'aimerais savoir quel sénateur va dire qu'il représente les habitants d'Hamilton et qu'il participera à toutes les réunions publiques à Hamilton pour que les citoyens de cette ville puissent lui faire part de leurs opinions. Combien de réunions publiques les sénateurs organisent-ils? Combien de fois, dans le cadre d'un point de presse, doivent-ils rendre des comptes et répondre aux questions des journalistes sur la raison pour laquelle ils ont voté dans un sens ou dans l'autre?
Je vais donner un exemple, il peut paraître insignifiant, mais il est très significatif pour mes électeurs. Peu de temps après ma première élection à la Chambre, cette dernière a adopté un projet de loi. Pardonnez-moi si la question semble banale, mais elle est importante si elle touche des gens. Le projet de loi portait sur les trains à l'arrêt qui tournaient au ralenti. Des mesures ont été proposées pour protéger les résidants et éviter qu'ils soient trop près des trains qui tournaient au ralenti toute la nuit.
En tant qu'ancien conseiller municipal, et tous ceux qui ont déjà siégé à un conseil municipal comprendont, j'ai été appelé à traiter de dossiers qui touchent les gens là où ils vivent. J'ai appuyé ce projet de loi en raison de mon expérience avec les chemins de fer lorsqu'on a tenté de faire installer des clôtures et d'autres choses du genre. Les sociétés ferroviaires ont fait du lobbying auprès des sénateurs et ont réussi à faire modifier la loi et à faire retirer cette disposition.
Tout ce que je voulais faire, c'est amener ces sénateurs, du moins un d'entre eux, à Hamilton pour qu'ils rencontrent mes électeurs et qu'ils leur expliquent pourquoi ils avaient voté ainsi. Cela ne s'est pas produit, et ça ne se produira pas.
Qui leur demande des comptes? Qui leur met un micro sous le nez et leur demande pourquoi ils ont dit ou fait ceci, ou n'ont pas dit ou fait cela? C'est à juste titre qu'on nous pose de telles questions, car nous devons rendre des comptes.
Le projet de loi ne propose aucun changement à cet effet. Le gouvernement nous jette de la poudre aux yeux afin de pouvoir s'en sortir lorsqu'on lui demandera ce qu'il a fait de ses belles promesses au sujet du Sénat.
Nous aimerions commencer à la case départ. Soumettons les Canadiens à un référendum et demandons-leur clairement s'ils veulent oui ou non d'un Sénat. Si c'est le cas, souhaitent-ils une réforme du Sénat? S'ils répondent par l'affirmative, alors la consigne est claire et nous devons agir en conséquence. Si les Canadiens disent vouloir garder le Sénat tel qu'il est, alors nous devons respecter ce souhait.
Insensé, voilà ce que c'est. Le gouvernement prétend apporter un changement important, alors qu'il n'y a rien ici à cet effet. Nous n'avons aucun pouvoir réel. Les sénateurs sont indépendants. Ils siègent à la Chambre haute. Nous sommes ici à la Chambre basse. Nous ne sommes que les élus.
Nous devrions commencer par le commencement et obtenir un mandat des Canadiens décrivant ce qu'ils veulent faire de leur Sénat. Il existe des options. L'abolition constitue notre premier choix. Toutefois, les Canadiens sont parfaitement dans leur droit s'ils disent aimer le Sénat parce qu'il rétablit un certain équilibre entre les régions et que la représentation selon la population n'est pas vraiment efficace, car il ne s'agit pas d'une véritable représentation selon la population.
De bonnes raisons motivent le désir que les représentants puissent arriver au Parlement par le biais d'autres méthodes que la méthode actuelle. Beaucoup de gens sont d'avis que la représentation proportionnelle ferait un bien meilleur système démocratique. Ils croient que cela serait plus représentatif et que ça augmenterait la participation aux élections. Ils croient que cela indiquerait aux jeunes que leur vote compte. C'est aussi ce que croient les néo-démocrates.
Cela peut paraître surprenant de ma part, mais je crois qu’il faudrait qu’un membre du Parti vert siège à la Chambre. Ce parti ne peut pas être présent à cause de notre système. Il n’a pas gagné dans ma circonscription, mais il a obtenu un nombre respectable de voix. Compte tenu de tous les suffrages que le Parti vert a reçus dans l’ensemble du pays, il me semble raisonnable qu’il ait droit à un siège. Notre système actuel ne permet pas aux membres du Parti vert de venir ici et ne parlons pas du Sénat. Je ne vois pas comment ce processus pourrait même commencer.
Nous consacrons près de 100 millions de dollars par année à un organisme qui n’est pas élu et qui n’a pas de comptes à rendre. Ce projet de loi va seulement limiter la durée du mandat d’un sénateur à huit ans au lieu de 30 ou 40 ans ou un autre chiffre scandaleux. Telle est la mesure dont nous sommes saisis aujourd’hui.
Nous allons l’adopter, car elle ne devrait pas causer beaucoup de tort. Je ne pense pas que cela augmentera beaucoup les coûts, mais si c’était le cas, nous pourrions changer d’avis. Ce projet de loi ne va pas vraiment changer quoi que ce soit.
Peut-être que s’il y avait suffisamment d’arrivées et de départs et que si les médias en parlaient plus souvent, les gens commenceraient à se demander pourquoi nous tolérons cette situation en prétendant que c’est une Chambre de second examen objectif indépendante. Une telle Chambre n’existe pas.
C’est ce qui nous exaspère le plus, surtout de la part d’un gouvernement qui a critiqué le Sénat autant qu’il a pu dans son programme électoral. Sauf erreur, ce a nommé plus de sénateurs que n’importe lequel de ses prédécesseurs. C’est une pirouette olympique.
Pour essayer de sauver un peu la face, le pauvre ministre a été chargé de donner l’impression que le honore ses engagements et ses promesses. Je connais le ministre personnellement. Il fait de son mieux. Toutefois, ne nous leurrons pas. Il peut seulement faire ce qu’on lui permet de faire. C’est la même chose dans tous les gouvernements. Je ne lui en fais pas reproche. Ce projet de loi ne mène nulle part. Il ne tient pas la route. Je pourrais trouver toutes sortes de clichés, mais ce projet de loi ne veut pas dire grand-chose.
Le gouvernement se fait du tort lorsqu’il parle de jeter les fondements d’une plus grande légitimité démocratique. Commençons par assurer une certaine légitimité avant de vouloir augmenter ce qui n’existe même pas.
Je voudrais que les médias cherchent à demander des comptes aux sénateurs. Je voudrais que les médias fassent toute une histoire lorsque les sénateurs invoquent leur privilège en disant qu’ils n’ont pas à répondre à leurs questions. Je voudrais que les sénateurs fassent des déclarations publiques, tiennent une conférence de presse pour dire aux Canadiens pourquoi ils n’ont pas à répondre à une seule question, à rendre compte de la façon dont ils votent ou à aller parler à nos concitoyens dans nos circonscriptions.
À ce que je sache, officiellement, rien n'a changé. La décision de rendre des comptes incombe exclusivement aux sénateurs. Ils peuvent faire des déclarations partisanes ou non et parler de ce qu'ils représentent. Viennent-ils d'une province, d'une partie d'une province ou d'une circonscription? Nous avons un sénateur qui dit être le représentant de Yonge et de Bloor, qui est une intersection. Ce n'est pas mal. Il reçoit 131 000 $ par année pour représenter une intersection, et il n'est même pas obligé d'y aller ou de rencontrer des gens. C'est formidable. Je ne parlerai même pas du sénateur qui a été au Mexique pendant une éternité sans que personne ne s'en rende compte pendant très longtemps.
J'aimerais vraiment que les sénateurs aient à rendre des comptes. Cela changerait certainement les choses ici. Chaque fois qu'il y a un vote controversé au Sénat, j'aimerais qu'il y ait des journalistes qui les attendent à l'extérieur pour les questionner comme ils le font pour nous. Je ne dirai pas que rendre des comptes est une partie de plaisir. Personne n'aime être mis sur la sellette, mais c'est ce qui se passe avec les députés de la Chambre. Nous devons tous rendre des comptes.
Je ne dis pas que nous sommes parfaits, mais nous vivons conformément à des règles qui sont vraiment démocratiques. Nous avons vraiment des comptes à rendre. Nous devons aller à des réunions publiques et parler aux gens. Nous devons rencontrer les journalistes et leur dire ce que nous faisons, pourquoi nous le faisons, comment nous avons voté, pourquoi nous n'avons pas voté différemment et comment nous occupons notre temps. Les sénateurs n'ont à faire aucune de ces choses. Pourquoi tolérons-nous cela? Jusqu'à ce que nous pussions changer les choses, du moins sur le plan personnel, commençons à leur demander des comptes. J'aimerais voir des projets de loi comme cela.
Le ministre a présenté un grand nombre de projets de loi à la Chambre, et nous interviendrons sur chacun d'entre eux. Je vais prendre un grand plaisir à discuter de la question du Sénat parce que je vais pouvoir répéter toutes ces choses qui m'énervent vraiment.
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Monsieur le Président, je partagerai le temps dont je dispose avec le député de .
Je suis heureux de prendre part au débat sur le projet de loi , qui vise à limiter la durée du mandat des sénateurs. Je m'efforcerai d'être un peu moins agressif que le député qui vient de parler.
Dans le projet de loi , il est proposé de modifier la Constitution afin de limiter la durée du mandat des sénateurs. Plus précisément, il est proposé que les sénateurs ne fassent qu'un mandat de huit ans.
Les parlementaires ont déjà eu l'occasion d'étudier le projet de loi assez en détail lors de la dernière législature. En fait, deux comités distincts ont entrepris l'étude du projet de loi S-4, qui était semblable au projet de loi dont nous sommes saisis.
Ce n'est certainement pas la première fois que l'on réclame un tel changement. Au fil des ans, il a souvent été proposé de limiter la durée du mandat des sénateurs, et je crois que pratiquement tout le monde convient maintenant que limiter la durée de ces mandats est une bonne idée.
Il y a encore quelques sceptiques. Par exemple, certains ont dit craindre que limiter la durée du mandat des sénateurs mine la nature fondamentale du Sénat, en particulier sa capacité de procéder à un second examen objectif des mesures législatives. Il a été allégué qu'un mandat de huit ans n'est pas assez long pour permettre aux sénateurs d'acquérir l'expérience voulue pour s'acquitter efficacement de leurs fonctions dans l'examen des projets de loi. Je prendrai le temps dont je dispose aujourd'hui pour parler de cette préoccupation.
Je crois que si nous examinions les précédentes propositions et aussi la durée du mandat des sénateurs dans d'autres pays, nous arriverions à la conclusion que huit ans suffisent amplement pour permettre aux sénateurs d'exercer leur responsabilité constitutionnelle.
Le projet de loi n'est absolument pas la première proposition visant à limiter la durée du mandat des sénateurs. En fait, la seule modification constitutionnelle visant le Sénat au cours de l'histoire du Canada a été adoptée en 1965, lorsque le Parlement a mis fin aux nominations à vie pour obliger les sénateurs à prendre leur retraite à 75 ans.
Cependant, en dépit de la modification de 1965, des sénateurs peuvent encore siéger pendant 45 ans. C'est pourquoi il y a eu de si nombreuses propositions visant à limiter davantage la durée du mandat des sénateurs depuis 1965.
En 1980, le Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles a proposé que les sénateurs soient nommés pour un mandat d'une durée de 10 ans renouvelable pour une durée de cinq ans. En 1981, la Canada West Foundation a recommandé que les sénateurs aient un mandat d'une durée limitée coïncidant avec deux législatures. De même, le comité sélect spécial de l'Alberta sur la réforme de la Chambre haute a recommandé en 1985 que la durée du mandat des sénateurs coïncide avec la durée de deux législatures provinciales. En 1984, le Comité mixte spécial sur la réforme du Sénat a recommandé que les sénateurs aient un mandat non renouvelable de neuf ans. En 1992, le Comité mixte spécial sur le renouvellement du Canada a recommandé que la durée du mandat des sénateurs ne dépasse pas six ans.
Au cours des 30 dernières années, divers auteurs de rapports ont proposé de fixer pour le mandat des sénateurs une limite se situant entre six et dix ans. Ces auteurs, dont d'anciens parlementaires d'allégeances diverses, croient qu'un mandat d'une durée de six à dix ans permettrait de maintenir la capacité du Sénat d'examiner, avec soin, les mesures législatives.
Le mandat de huit ans que le projet de loi propose pour les sénateurs tombe dans la fourchette proposée auparavant. Le projet de loi n'est pas une proposition radicale ou révolutionnaire. Il est compatible avec d'autres propositions de réforme du Sénat présentées au fil des ans.
Comparons le mandat de huit ans proposé dans le projet de loi au mandat dans les Chambres hautes d'autres pays.
Selon des données concernant 66 secondes chambres, compilées par le Sénat en France, la durée moyenne du mandat des sénateurs est de 5,2 ans.
En Australie, un pays qui ressemble au Canada, le mandat des sénateurs est limité à six ans.
Aux États-Unis, le mandat des sénateurs est également limité à six ans. Je doute que quiconque mette en doute la capacité d'un sénateur américain, qui en est à sa cinquième ou sixième année de mandat, d'exercer efficacement ses pouvoirs. Comme nous le savons tous, Barak Obama a été élu président des États-Unis après avoir siégé moins de quatre ans au Sénat des États-Unis.
La proposition du projet de loi visant à limiter le mandat des sénateurs à huit ans respecte la norme internationale. En fait, la durée du mandat proposé est supérieure à la durée moyenne du mandat dans les Chambres hautes à l'étranger.
De nombreux députés évoquent les propositions faites dans le passé par le gouvernement britannique, à savoir que le mandat des membres de la Chambre des lords devrait durer l'équivalent de trois mandats parlementaires, soit 12 à 15 ans. Or, il y a trois raisons pour lesquelles la proposition britannique ne peut s'appliquer au projet de réforme du Sénat au Canada.
Premièrement, si on compare la situation du Canada à celle de la Grande-Bretagne, on se rend compte que le point de départ de la réforme de la Chambre des lords est différent. À l'heure actuelle, les lords sont nommés à vie. En comparaison, les nominations à vie au Sénat canadien ont été remplacées en 1965 par le départ à la retraite obligatoire à l'âge de 75 ans. Par conséquent, la décision de fixer la durée du mandat des lords à une période variant entre 12 et 15 ans serait un changement beaucoup plus draconien au Royaume-Uni qu'au Canada.
Deuxièmement, tout en proposant des mandats d'une durée variant entre 12 et 15 ans, le gouvernement britannique a reconnu que les mandats de cette durée soulèveraient des préoccupations sur le plan de la reddition de comptes. C'est pourquoi il a suggéré qu'un mécanisme de révocation pourrait s'appliquer à la Chambre des lords. Dans le livre blanc sur la réforme de la Chambre des lords publié en 2008, le gouvernement britannique a déclaré ce qui suit:
Il faudrait étudier de plus près la possibilité de mettre en place des mécanismes de reddition de comptes pour les membres d'une seconde Chambre réformée, surtout si l'on envisage de leur confier un mandat long, unique et d'une durée fixe. Le groupe multipartite a examiné la possibilité de mettre en place des scrutins de révocation dans le cas des membres élus d'une seconde Chambre réformée, un peu comme ce qui existe déjà dans certains États américains.
Contrairement aux mandats d'une durée allant de 12 à 15 ans, le mandat de huit ans proposé dans le projet de loi ne soulève pas les mêmes préoccupations en matière de reddition de comptes que celles cernées dans le livre blanc britannique. Même si la Grande-Bretagne finissait par adopter un mandat d'une durée de 12 à 15 ans, cela serait l'exception, pas la règle. En résumé, je ne crois pas que l'exemple britannique soit un modèle comparable quand on évalue la durée appropriée du mandat de nos sénateurs canadiens.
Le mandat de huit ans proposé a fait l'objet d'un examen approfondi par deux comités du Sénat au cours de la dernière législature. Le rapport du Comité sénatorial spécial sur la réforme du Sénat est en faveur de la limitation de la durée du mandat, en principe, et valide la position du gouvernement selon laquelle la limitation du mandat à huit ans n'enlèverait rien aux caractéristiques essentielles du Sénat.
Par exemple, dans son rapport, le comité a fait la conclusion suivante:
Bien que les témoins aient exprimé divers points de vue quant à la durée idéale du mandat d’un sénateur, pratiquement aucun n’a rejeté du revers de la main l’idée même de fixer une durée limitée, et la plupart l’ont même vivement appuyée. Ils ont souligné qu’un mandat de durée limitée aura pour effet de battre en brèche l’image, si nuisible pour le Sénat, des « emplois à vie » et de donner un souffle nouveau à l’institution grâce à l’apport constant de nouvelles idées. La plupart des membres du comité ont trouvé ces affirmations probantes.
Le comité constate aussi que, lors des délibérations précédentes sur la Constitution du Canada, divers comités sénatoriaux se sont prononcés à l’unanimité en faveur de l’établissement d’un mandat de durée fixe à la Chambre haute du Parlement. De l’avis de la plupart des membres du comité, les arguments présentés dans ces rapports restent valables.
En conséquence, après un examen attentif de la teneur du projet de loi S-4 qui n’a pas révélé de motif raisonnable de refuser un accord de principe, la plupart des membres du comité souscrivent au principe sous-jacent du projet de loi, soit que l’établissement d’un mandat de durée fixe améliorerait le Sénat du Canada.
Les recommandations antérieures concernant la durée du mandat des sénateurs allaient de 6 à 10 ans. Aucune ne proposait un mandat de plus de 10 ans. Cependant, les libéraux ont proposé un mandat de 15 ans.
Dans les autres pays, la durée moyenne du mandat des sénateurs est de 5,2 ans, ce qui est nettement moins que le mandat de 15 ans proposé par le Comité des affaires juridiques et constitutionnelles. Disons clairement que, en proposant au comité un mandat d'une durée de 15 ans, les sénateurs libéraux ont fait échouer le projet de loi visant à limiter la durée du mandat des sénateurs, parce que, lors du vote, ils ont respecté la ligne de parti.
Qui plus est, nous devrions comparer le mandat de 15 ans proposé par le comité avec la durée actuelle du mandat des sénateurs. La durée moyenne du mandat des sénateurs est d'environ 14 ans depuis la Confédération et de 9,25 ans depuis 1965.
Le mandat de 15 ans qu'ont proposé les sénateurs libéraux au Comité des affaires juridiques et constitutionnelles ne modifierait pas considérablement la réalité du Sénat du Canada. Il confirmerait plutôt le statu quo.
Avant de conclure, je note que si le gouvernement du Canada croit qu'un mandat de 15 ans est trop long, il est néanmoins disposé à examiner d'autres points de vue raisonnables. À preuve, lorsqu'il a comparu devant le Comité sénatorial spécial sur la réforme du Sénat, le a déclaré ceci:
Un gouvernement peut faire preuve de souplesse et accepter une modification des points de détail du projet S-4 pour adopter un mandat d'une durée de six ans, d'une durée de huit ans ou de neuf ans. Le facteur clé est le suivant: nous voulons un mandat d'une durée limitée et fixe plutôt qu'un mandat d'une durée de plusieurs décennies fondé sur des critères d'âge désuets.
Quoi qu'il en soit, j'estime que le mandat de huit ans proposé dans le projet de loi est raisonnable. En huit ans, les sénateurs ont suffisamment de temps pour acquérir l'expérience et l'expertise nécessaires pour s'acquitter efficacement de leur tâche. Par surcroît, cette proposition correspond grosso modo aux propositions antérieures concernant la réforme du Sénat ainsi qu'à la durée du mandat des sénateurs ailleurs dans le monde.
Le projet de loi ne modifierait pas les caractéristiques essentielles du Sénat du Canada. J'invite les députés à appuyer cette initiative.
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Monsieur le Président, je suis enchanté de participer au débat sur le projet de loi concernant la limitation de la durée du mandat des sénateurs.
Le projet de loi propose que les sénateurs aient un mandat limité à hui ans et non renouvelable. Les députés connaissent bien cette proposition car ce n'est pas la première fois qu'elle leur est soumise.
Le projet de loi modifierait la Constitution en vertu du mode de révision énoncé à l'article 44 de la Loi constitutionnelle de 1982 qui donne au Parlement « compétence exclusive pour modifier les dispositions de la Constitution du Canada relatives au pouvoir exécutif fédéral, au Sénat ou à la Chambre des communes ».
Les opposants prétendent que l'article 44 n'est pas le bon pour faire un changement de ce genre. Selon eux, la limitation du mandat remettrait en question une « caractéristique essentielle du Sénat et sa capacité de procéder à un second examen objectif et indépendant dans le cadre du processus parlementaire ». Je tiens à réfuter ces objections car il ne fait guère de doute que ce projet de loi est constitutionnel.
Lors de la dernière législature, deux comités distincts du Sénat se sont penchés sur la constitutionnalité d'une limitation du mandat. Le Comité sénatorial spécial sur la réforme du Sénat a conclu que le Parlement pouvait fixer le mandat des sénateurs à huit ans. Pour formuler cette conclusion, il s'est appuyé sur certains des plus éminents experts constitutionnels du Canada, notamment Peter Hogg, Patrick Monahan et Stephen Scott. Ces éminents experts juridiques étaient unanimes: le Parlement est parfaitement en droit de proposer une limite de huit ans.
Le projet de loi a ensuite été approuvé par le Sénat en deuxième lecture et renvoyé au Comité des affaires juridiques et constitutionnelles. Celui-ci n'a pas tenu compte de l'avis des personnalités que je viens de citer et ne s'est pas prononcé sur la constitutionnalité du projet de loi. Soyons clairs: il n'a pas conclu qu'il n'était pas constitutionnel. Il a simplement dit qu'il n'était pas sûr.
Pour régler la question, le comité a proposé de demander à la Cour suprême du Canada de trancher. Personnellement, je crois que les parlementaires devraient se prononcer au mieux de leur capacité sur la constitutionnalité de ce projet de loi, au lieu de se retrancher derrière la Cour suprême. Voilà pourquoi je vais vous expliquer les raisons qui m'amènent à conclure que ce projet de loi est constitutionnel.
Quels sont les critères qui permettent d'évaluer la constitutionnalité du projet de loi sur la durée du mandat des sénateurs? D'un côté, les opposants affirment qu'aucun changement ayant des répercussions sur les caractéristiques essentielles du Sénat ne peut être adopté par le Parlement agissant seul. De l'autre côté, les partisans soutiennent que les seules modifications aux caractéristiques essentielles qui exigent plus que les pouvoirs unilatéraux du Parlement sont celles qui sont explicitement prévues dans la Loi constitutionnelle de 1982, soit les pouvoirs du Sénat, la méthode de sélection des sénateurs, les exigences relatives au lieu de résidence des sénateurs et le nombre de sénateurs qui représentent une province au Sénat.
Ce débat porte essentiellement sur une seule question. L'opinion de la Cour suprême du Canada exprimée dans le renvoi relatif à la Chambre haute est-elle toujours pertinente aujourd'hui? Les députés connaissent peut-être ce dossier.
En 1978, le gouvernement du Canada a soumis à la Cour suprême un certain nombre de questions portant sur l'autorité du Parlement pour ce qui est d'abolir ou de réformer le Sénat. Un an plus tard, la Cour suprême a déposé un jugement unanime dans lequel elle affirmait qu'il ne relevait pas de l'autorité législative du Parlement d'abolir le Sénat ou de porter atteinte aux caractéristiques fondamentales ou essentielles attribuées au Sénat. La cour a toutefois souligné que le fait de restreindre le mandat des sénateurs pour qu'ils prennent leur retraite à 75 ans, comme le Parlement l'avait fait en 1965, n'avait « pas modifié le caractère essentiel du Sénat ».
Je renvoie à la Loi constitutionnelle de 1982 qui contient diverses formules permettant de modifier la Constitution, y compris des références précises au Sénat. Les opposants à la réforme affirment que ces formules ont priorité sur les opinions de la Cour suprême, mais l'opinion de la Cour demeure pertinente pour l'interprétation des divers modes de révision.
Certaines personnes affirment que le renvoi sur la Chambre haute continue de servir de guide à l'égard de la compréhension de la portée des pouvoirs du Parlement en ce qui touche les modifications de la Constitution portant sur le Sénat. D'autres, y compris les meilleurs constitutionnalistes du Canada, affirment que le renvoi sur la Chambre haute constituait un guide permettant de modifier la Constitution juste avant son rapatriement en 1982. Depuis 1982, c'est la Constitution et non la Cour suprême qui définit les procédures de modification.
Par exemple, pendant son témoignage devant le comité sénatorial spécial, Peter Hogg a déclaré ce qui suit:
Il me semble que la meilleure façon d’interpréter ce qui s’est produit en 1982 est de dire que le processus l’a emporté sur le Renvoi relatif à la Chambre haute. En d’autres mots, le processus de modification de 1982 précise maintenant explicitement les domaines où le Parlement du Canada ne peut pas apporter des changements unilatéralement au Sénat [...].
Certains autres aspects, y compris la durée du mandat des sénateurs, relèvent donc de la compétence du Parlement.
Lorsque Patrick Monahan a témoigné devant le même comité, il a exprimé la même opinion, à savoir que, la canadianisation de la Constitution en 1982 « a supplanté le renvoi sur le Sénat ou a en fait représenté une tentative de codifier, de définir les questions considérées fondamentales ou essentielles [...] ». En ce qui concerne les autres questions, il a poursuivi en disant que « Le Parlement du Canada [...] a le droit d'apporter des modifications au Sénat en légiférant, y compris en ce qui concerne la durée du mandat des sénateurs ».
Bien que ce débat soit d'une importance cruciale pour nous aider à comprendre les procédures de modification de la Constitution, il s'agit d'une question qui n'a pas besoin d'être résolue dans le cadre de notre débat actuel. Non seulement le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui est conforme à la procédure de modification constitutionnelle autorisant le Parlement à modifier certains aspects du Sénat, mais encore la durée du mandat qu'il propose est telle que les caractéristiques essentielles du Sénat sont préservées.
Autrement dit, le projet de loi est conforme tant aux exigences exprimées en 1979 par la Cour suprême du fait qu'il n'a aucun impact sur les caractéristiques essentielles du Sénat qu'à la Loi constitutionnelle de 1982 puisqu'il ne vise pas à procéder à une des modifications du Sénat mentionnées à l'article 42.
Le projet de loi propose un mandat d'une durée de huit ans. Certains ont demandé si cela serait suffisant pour préserver les caractéristiques essentielles du Sénat. La réponse simple est oui. Un mandat de huit ans correspond à la durée des mandats sénatoriaux à l'échelle internationale et à la durée des mandats telle que proposée dans les projets de réforme antérieurs. Huit années suffisent à un nouveau sénateur pour acquérir les compétences nécessaires pour préserver le rôle du Sénat, qui est de donner un second point de vue objectif et indépendant sur les mesures législatives.
Les députés savent peut-être que la durée du mandat des sénateurs américains est de six ans, tout comme ceux des sénateurs australiens. Dans certaines autres chambres hautes, la durée du mandat des sénateurs peut être aussi courte que quatre ans. Récemment, la France a raccourci le mandat des sénateurs en le faisant passer de neuf ans à six ans. Un mandat d'une durée de huit ans tel que proposé dans le projet de loi serait parmi les plus longs au monde.
À moins que quelqu'un veuille insinuer que les Chambres hautes des États-Unis, de l'Australie et d'Europe sont toutes inefficaces parce que la durée du mandat est limitée, les députés doivent reconnaître qu'un mandat de huit ans est suffisant pour conserver les caractéristiques essentielles du Sénat.
Une autre mesure du projet de loi qui répond à des préoccupations quant au maintien de l'autonomie du Sénat est que les mandats ne sont pas renouvelables. Cette mesure garantit aux Canadiens que les sénateurs ne chercheront pas à gagner la faveur du gouvernement pour conserver leur siège.
Le projet de loi comporte des dispositions transitoires qui feront en sorte que la limite de huit ans s'appliquera au mandat de tous les sénateurs nommés après le 14 octobre 2008. Comme pour l'ensemble du projet de loi, cette disposition transitoire repose sur des assises constitutionnelles solides et elle peut être adoptée par le Parlement seul conformément à l'article 44 de la Loi constitutionnelle.
Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui est bon, simplement parce qu'il permettrait dorénavant au Parlement de nommer, si nécessaire, des sénateurs pour un mandat limité de huit ans, ce qui serait bien mieux que l'état actuel des choses, soit la retraite obligatoire à 75 ans. À mon avis, cela garantirait que les sénateurs nommés à l'avenir aborderaient avec un regard neuf les mesures législatives qui sont adoptées par la Chambre basse puis examinées par la Chambre haute.
J'aimerais aussi souligner que, grâce aux dispositions du projet de loi qui prévoient un mandat limité non renouvelable, nous n'aurions pas à nous soucier de la possibilité que des sénateurs soient sans cesse renommés. Cette mesure garantirait que, si le Parlement change, le Sénat changera aussi. Je pense que c'est dans l'intérêt de tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, c’est avec plaisir que je prends la parole aujourd’hui pour participer à ce débat.
C’est une question complexe. Toute la question de la réforme du Sénat a fait l’objet de nombreuses discussions depuis la Confédération, en 1867, mais je me réjouis qu’elle soit abordée à la Chambre. C’est une question dont les Canadiens devraient discuter. Je félicite le ministre d'en avoir saisi la Chambre.
Je tiens à dire tout de suite que, lorsque le projet de loi sera mis aux voix, je l’appuierai afin qu’il soit renvoyé au comité, même si j’ai de très sérieuses réserves, dont je vais parler, au sujet de la durée du mandat.
Je comprends l’essentiel de cette loi. À l’heure actuelle, et c’est déjà arrivé, une personne peut, en principe, être nommée à l’âge de 35 ans et siéger pendant 40 ans au Sénat. Cela soulève certaines questions sur le plan de l'obligation de rendre des comptes et de la légitimité. C’est un problème que nous devrions examiner et peut-être corriger, si la Constitution nous le permet, comme je le crois. Toutefois, nous devons en discuter et, bien sûr, cela devra être soumis au Sénat.
C’est une bonne question à soulever à la Chambre, mais comme je l’ai dit, je ne pense pas qu’il y ait d’institution aussi compliquée, aussi complexe et peut-être aussi mal comprise que le Sénat du Canada. Le débat sur le Sénat ne peut pas commencer aujourd’hui. Il faut remonter à 1864, à l’époque où des discussions ont été entamées pour constituer notre pays. La première réunion a eu lieu à Charlottetown où les colonies britanniques du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard se sont réunies pour discuter de la possibilité de former une union maritime en raison de leur petite taille et d’autres préoccupations telles que la défense, etc.
Le Haut-Canada et le Bas-Canada, qui sont maintenant l’Ontario et le Québec, se sont plus ou moins invités à cette réunion pour discuter de l’idée d’une union plus vaste et ils ont été inclus pour former le Dominion du Canada.
Selon les annales historiques, il y a eu beaucoup de fêtes et de libations lors de cette réunion. Les participants n’ont pas conclu d’entente, mais ils ont convenu de poursuivre les discussions. Les discussions se sont poursuivies lors d’une réunion qui a eu lieu à Québec et à la suite de ces deux réunions, le pays a été fondé en 1867. Je dois souligner que l’Île-du-Prince-Édouard avait alors choisi de ne pas se joindre à la Fédération.
Encore une fois, si nous nous reportons aux débats, les provinces de l’Atlantique avaient sans doute plus de maturité, même si elles étaient plus petites, parce qu’elles avaient été colonisées plus tôt. Dans une certaine mesure, elles avaient une assemblée législative. La colonie de Nouvelle-Écosse a été la première à se doter d’un gouvernement responsable. Elle avait son propre gouverneur et sa propre assemblée législative. Elle a hésité énormément à se joindre à la nouvelle union. Ces colonies avaient leurs propres problèmes politiques, car certaines factions s’opposaient à toute union plus vaste avec le Haut-Canada et le Bas-Canada. Souvent, les gens ne comprenaient pas ce qui se passait ou quel était le climat politique dans ces terres lointaines.
Comme chacun sait, l’entente a été conclue et le pays a été formé, ce dont nous serons éternellement reconnaissants. Au début des années 1900, le pays s’est élargi et, en 1949, Terre-Neuve s’est jointe à la Confédération.
Je veux faire valoir qu’au cours de ces discussions, il y a eu du marchandage, beaucoup de négociations et si nous lisons les débats des délégués des colonies, les petites colonies craignaient notamment de se faire absorber par la colonie plus grande de l’Ontario.
Un des sujets de préoccupations était, bien sûr, la protection des minorités. Je ne parle pas des minorités selon l'acception actuelle du terme ici à la Chambre Il n'y avait en fait qu'une seule minorité, soit les hommes francophones catholiques. Les femmes et les Autochtones n'étaient pas habilités à voter à l'époque, et on faisait peu de cas d'eux, du moins d'après ce que j'ai pu voir, dans les débats du temps.
Là où je veux en venir, c'est qu'un important objet de marchandage fut le Sénat. C'est ainsi qu'il fut décidé que chaque région aurait 24 représentants au Sénat. L'Atlantique en aurait 24; le Québec en aurait 24, ce qui a scellé son adhésion; l'Ontario en aurait 24, et ainsi de suite, lorsque l'Ouest s'est plus tard joint à la fédération. Cela garantissait un équilibre entre les régions et servait également à protéger les minorités.
Il s'agit là de considérations que nous devrions tous garder à l'esprit. N'oublions pas ce qui a été négocié lors des très importantes discussions qui ont eu lieu en 1864, 1865 et 1866 pour se terminer en 1867. Bref, sans Sénat, nous n'aurions pas pu avoir de pays.
Je le signale pour nous situer dans le contexte. Rien n'empêche, à mon avis, la Chambre d'envisager une réforme du Sénat, mais, comme le ministre le sait sans doute, ce n'est pas chose facile en raison du cadre constitutionnel qui fut adopté alors et qui a depuis été modifié, mais si peu et sans toucher de façon importante au Sénat. Il faut obtenir le consentement d'au moins sept provinces représentant plus de 50 p. 100 de la population canadienne pour modifier le mode de sélection des sénateurs, leurs pouvoirs et les régions qu'ils représentent.
Comme tous les politiciens élus au Canada le savent, c'est un processus très difficile et vaseux. Nous nous y sommes engagés au lac Meech et à Charlottetown. Nous savons tous que c'est un processus très difficile et je crois que la plupart des politiciens, si on le leur demandait, diraient qu'ils préféreraient ne pas s'engager sur cette voie.
Or, je tiens à dire que c'est malheureux que le processus de consultation n'ait pas été plus vaste. Je rappelle, aux fins de la discussion, que les provinces sont les successeurs des colonies. Le Sénat a été créé dans un but précis. On lui a confié certains pouvoirs pour protéger et défendre les intérêts des colonies, surtout les petites colonies, et bien sûr ceux des minorités, qui ne se limitent plus aux hommes francophones catholiques.
C'est malheureux que le processus de consultation n'ait pas été plus vaste. Certaines grandes provinces ont déclaré publiquement que ce projet de loi ne devrait pas être adopté. C'est malheureux, mais je pense néanmoins que le débat devrait continuer. Il y a une question constitutionnelle plus vaste à considérer et de nombreux constitutionnalistes se sont prononcés. Selon ce que j'ai compris, la plupart semblent être d'avis que cette mesure législative peut être adoptée sans le consentement des provinces. Or, le député précédent a parlé de nominations faites à la demande des provinces. Ce sont des problèmes constitutionnels. C'est une pente glissante et il y a vraiment eu très peu de changements importants au Sénat depuis la Confédération.
J'aimerais néanmoins aborder une question, qui a été soulevée par les deux intervenants précédents et qui pourra être débattue au comité, c'est celle de la durée du mandat. Les deux intervenants précédents l'ont comparé avec ce qui se fait dans d'autres pays qui ont un système bicaméral, avec deux institutions politiques, soit une Chambre basse et un Sénat. L'un a dit que la durée moyenne du mandat était de 5,2 ans et a parlé des systèmes américain et australien, mais ce sont, encore une fois, des assemblées élues.
Même si le projet de loi était adopté demain, les sénateurs continueraient d'être nommés. Je m'inquiète beaucoup de la possibilité qu'après huit ans, on se retrouve avec un corps législatif et délibérant composé de 104 membres tous nommés par la même personne. J'imagine qu'ils seraient très accommodants. Je ne suis pas convaincu qu'ils formeraient une institution de second examen objectif, et je ne sais pas quelle serait vraiment leur utilité.
Prenons comme exemple le gouvernement libéral précédent élu en 1993. En 2001, les 104 sénateurs auraient tous été nommés par une seule personne, ce qui veut dire qu'il n'y aurait eu aucune opposition aux comités. Je ne comprends pas comment cela peut servir les intérêts de la démocratie à long terme.
Je n'ai pas de suggestion précise à faire, mais je crois que les mandats doivent être plus longs et échelonnés. Je crois, cependant, qu'il doit y avoir un débat sur la création d'une véritable opposition, car j'ai déjà vu ce qui se produit lorsqu'un seul parti prend le contrôle d'une démocratie. Cela s'est produit plus souvent au provincial qu'au fédéral et, selon moi, à long terme, c'est la démocratie qui en souffre. C'est peut-être un jour heureux lorsqu'un parti obtient tous les sièges, mais, à long terme, c'est le peuple et la démocratie qui en souffrent.
Les corps législatifs que sont la Chambre des communes, le Sénat et les assemblées législatives provinciales fonctionnent mieux lorsqu'ils doivent composer avec une opposition efficace et informée qui ne manque pas d'ardeur au travail. C'est certes là un fait à considérer, mais, encore une fois, cela ne devrait pas empêcher la poursuite du débat.
La Chambre a déjà été saisie de cette question, et des changements mineurs ont été faits en fonction de ce qui était ressorti du débat. C'est une bonne chose que la Chambre en discute de nouveau, mais il y a beaucoup d'autres enjeux que j'aborderai brièvement.
Il y a des réformes démocratiques extrêmement troublantes et probablement plus importantes que celle-ci, par exemple la question des documents dont on discute depuis six mois à la Chambre. On dirait qu'on cherche à établir une nouvelle conception des choses au Canada, un nouveau concept que j'appellerais l'immunité de l'exécutif, ou du premier ministre ou du gouvernement. Selon cette conception, au lieu que le Parlement et la Chambre des communes délèguent aux comités, selon la coutume parlementaire, le pouvoir de convoquer des personnes et de consulter des dossiers et des documents, ce serait maintenant l'exécutif qui déterminerait quels seraient les personnes, les documents et les dossiers que recevraient les comités. Ce serait dorénavant l'exécutif ou le Cabinet qui déterminerait ce qui est d'intérêt public.
C'est vraiment une pente dangereuse. Je suis heureux que la présidence ait rendu une décision selon laquelle cela ne devait pas être le cas dans notre pays. J'approuve cette décision et j'espère qu'elle nous permettra d'aller de l'avant sur cette question. Au Comité des comptes publics, j'ai été aux prises avec le même genre de situation, mais celle-ci n'a pas soulevé de problème de sécurité nationale. Le comité était saisi d'une autre question qui a entraîné exactement la même réaction du gouvernement. Il s'agissait d'enregistrements qui ne sont pas si importants. Nous nous sommes butés à une forte résistance, mais nous avons fini par les obtenir.
D'abord, et les députés n'en croiront probablement pas leurs oreilles, le gouvernement ne voulait pas nous remettre les enregistrements parce que le comité n'avait pas respecté la Loi sur l'accès à l'information. Quand on a résolu ce problème, le gouvernement a dit qu'il ne les remettrait pas au comité parce cela contreviendrait à la Loi sur la protection des renseignements personnels. Nous les avons obtenus, mais cela montre la tendance qui se développe. J'aimerais que le s'occupe plutôt de cette tendance, parce que c'est important pour le maintien de la démocratie dans notre pays.
C'est une bonne chose que nous tenions ce débat. Je vais appuyer le projet de loi. J'ai toutefois certaines réserves, les deux plus importantes ayant trait au processus de consultation et à la durée du mandat, qui suscite une préoccupation majeure. Nous devons tâcher de mettre au point un mode de fonctionnement du Sénat qui en ferait une institution efficiente, efficace et oeuvrant dans l'intérêt supérieur des Canadiens.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole sur le projet de loi qui veut réduire la durée du mandat des sénateurs à huit ans.
D'entrée de jeu, le Bloc québécois sera contre ce projet de loi.
Encore une fois, et mon collègue de en a fait la remarque, le gouvernement conservateur a choisi de toucher à tout ce qui est institution et tout ce qui pourrait déplaire au Québec, sans le consulter. La grande constatation aujourd'hui, c'est qu'il s'est maintenant trouvé des alliés. En effet, le NPD et le Parti libéral sont prêts à jouer cette partie.
Il est clair que le gouvernement conservateur cherche à diviser, qu'il essaie de modifier le Sénat par plusieurs projets de loi déposés en partie à la Chambre des communes et en partie au Sénat, pour ne pas être tenu de respecter la Constitution de 1982.
La position du gouvernement du Québec a toujours été claire. Elle a été donnée en 2007 par Benoît Pelletier, le ministre du gouvernement du Québec qui, en passant, était un constitutionnaliste, et un ministre libéral et fédéraliste. Il n'était pas souverainiste, loin de là. Encore une fois, l'Assemblée nationale du Québec, par l'entremise de son premier ministre, qui est un libéral fédéraliste et qui a déjà été chef du Parti conservateur, demande à ce qu'il n'y ait aucune modification sans que le Québec et les provinces ne soient consultés.
C'est très étonnant. On essaie par tous les moyens de modifier les bases mêmes de la Constitution canadienne sans le consentement du Québec. Je suis épaté de voir cela. Nous sommes des souverainistes et nous rêvons d'avoir un pays. Toutefois, quand nous l'aurons, j'espère que nous ne ferons jamais les erreurs que les conservateurs sont en train de commettre, à savoir essayer de tout faire pour que ses membres constituants ne se prononcent pas, et cela parce qu'on ne veut pas toucher à la Constitution ou autre chose.
C'est de toute beauté de regarder les conservateurs agir. Cela nous fait mieux comprendre à nous, souverainistes, pourquoi nous devons quitter ce pays, mais pour le reste du monde, ils ne sont pas un exemple à suivre.
Je les comprends en partie, le Sénat, c'est un problème. Je vais le dire bien gentiment, je fais de la politique fédérale depuis 2000. Avant 2000, je n'avais jamais eu à côtoyer des sénateurs. Au Québec, on a fait disparaître la Chambre haute en 1968. Je suis né en 1957, j'avais 11 ans quand elle a disparu. On n'a donc jamais été confronté à cela au Québec. J'ai fait la visite de l'Assemblée nationale du Québec. On m'a alors expliqué qu'il y avait le salon rouge et le salon bleu, et que des gens y avaient siégé. Il y a longtemps que cela a disparu parce que c'était inutile, tout simplement.
Mon constat, en tant que député fédéral, c'est que je n'ai jamais eu à côtoyer un sénateur dans ma circonscription. Je sais qu'il y en a et qu'il faut faire attention de ne pas les nommer. Comme je ne veux pas avoir le dilemme d'avoir à m'excuser, surtout auprès d'un sénateur, parce que je l'ai nommé ici, je n'en nommerai pas. Je ne voudrais surtout pas avoir à m'abaisser à m'excuser envers un sénateur. Il reste que, pour ma part, je les ai vus uniquement en campagne électorale.
En 2004 et 2006, une sénatrice libérale était présente à quelques événements. J'ai une belle circonscription qui comprend Mirabel et une partie du noyau de l'aérospatiale. En conséquence, les sénateurs aiment bien venir s'y montrer dans le cadre des campagnes électorales. Je savais qu'il y avait une sénatrice. Je la voyais à toutes les élections, car elle venait faire son tour pour appuyer le candidat libéral. Pour moi, le Sénat a toujours été un nid à partisanerie. Cela fait de l'organisation politique. C'est ce que j'ai cru comprendre.
Depuis peu, j'ai un adversaire libéral qui est fils de sénateur. Alors, je vois maintenant son père, le sénateur. Je dois dire honnêtement que, jusqu'en 2009, je ne l'avais jamais vu. Il est cependant venu et a participé à des événements au cours desquels il a tenté de nous expliquer qu'il avait déjà été député libéral dans une partie de ma circonscription, à Deux-Montagnes. Il s'est maintenant découvert des intérêts parce qu'il ne demeure pas dans la circonscription.
C'est encore de la partisanerie politique; ce sont des nominations partisanes. Le projet de loi C-10 propose de nommer les sénateurs pour huit ans plutôt que de les nommer à vie, jusqu'à 75 ans. Le projet de loi ne propose pas autre chose que des nominations partisanes. C'est une aberration et on ne peut y être favorable.
Je sais bien que le nous a expliqué qu'un autre projet de loi devant le Sénat fera en sorte qu'un jour, ils ne seront plus nommés. Mais il reste qu'on ne peut pas être en faveur de ce projet de loi.
Le gouvernement conservateur a trituré la Constitution pour voir, avec des spécialistes, ce qu'il pourrait faire. Finalement, des avocats ont dit que si le gouvernement changeait la durée du mandat, ceci et cela, peut-être pourra-t-il faire par la porte d'en arrière ce qu'il ne peut pas faire par la porte d'en avant. C'est oublier un principe de droit évident: on ne peut faire indirectement ce qu'on ne peut faire directement. Je suis notaire et non avocat, mais tous les avocats comprendront.
Le collègue libéral, quand je lui ai posé la question, a répondu qu'il aurait fallu que la Cour suprême se penche sur cette question. Lorsqu'elle a été saisie du dossier, il aurait fallu lui demander si on pouvait scinder. On sait d'avance que le gouvernement du Québec va s'opposer et que la question va aboutir devant la Cour suprême.
Alors, pourquoi le gouvernement fait-il cela? Pour garder un nid à partisans. Je trouve cela effrayant. S'il avait eu le courage d'aller jusqu'à l'abolition du Sénat, ça pourrait aller. Le déficit va atteindre quelque 50 milliards de dollars. On pourrait au moins se débarrasser d'une partie de cette dépense qui ne sert absolument à rien, sauf à faire de la politique partisane. On a plutôt décidé de réinvestir dans cette partie de l'évolution politique du Canada.
L'Ontario s'est débarrassée de la Chambre haute dès 1867 et le Québec en a fait autant. Je ne comprends pas. Beaucoup de mes collègues politiciens ont un esprit rétrograde, et ça ne changera pas. Je m'aperçois que le Parlement va vivre dans le passé longtemps.
C'est déplorable parce que ce n'est pas comme si on ne le savait pas. D'autres collègues l'ont déjà dit, mais je vais prendre la peine de lire ce qu'a déclaré le ministre Benoît Pelletier, en 2007, qui est la position traditionnelle du Québec:
Le gouvernement du Québec considère que cette institution ne relève pas exclusivement du palier fédéral. « Puisque le Sénat est au coeur du compromis fédératif canadien, il est clair pour nous qu'il ne peut y avoir de réforme du Sénat ni d'abolition sans le consentement du Québec, le tout en vertu de la Loi constitutionnelle de 1982 et de la Loi concernant les vetos régionaux » [...]
Ce communiqué de presse a été émis par le ministre le 7 novembre 2007. C'est une belle date, car c'est le jour de mon anniversaire. Mais ce n'est sûrement pas pour ça qu'il a émis ce communiqué; ce n'était pas pour me faire plaisir.
Quoi qu'il en soit, la même journée, l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité la motion suivante:
Que l'Assemblée nationale du Québec réaffirme au gouvernement fédéral et au Parlement du Canada que toute modification au Sénat canadien ne peut se faire sans le consentement du gouvernement du Québec et de l'Assemblée nationale.
Cette position est connue depuis 2007. Encore une fois, le gouvernement conservateur veut probablement plaire à son électorat. Pourquoi fait-il cela, si ce n'est pour démontrer son idéologie rétrograde? Je ne sais pas à quoi le gouvernement veut s'ajuster. Les sondages sont pourtant clairs. Un sondage national exclusif réalisé en mars dernier auprès de 1 510 adultes pour l'agence QMI par la firme Léger Marketing révèle que 35 p. 100 des Canadiens croient que le Sénat pourrait être efficace si les sénateurs étaient élus et non nommés.
Aujourd'hui, le projet de loi qui est devant nous ne vise pas à élire les sénateurs mais à les nommer pour huit ans. De plus, 25 p. 100 des gens, soit le quart, croient que le Sénat devrait être aboli; 12 p. 100 sont en faveur des nominations en fonction du sexe et de l'équilibre régional. Au Québec, seulement 8 p. 100 croient que le Sénat joue un rôle important et que le système de nomination des sénateurs fonctionne bien; 22 p. 100 préfèrent des sénateurs élus et 43 p. 100 préfèrent l'abolition du Sénat. J'en fais partie, mais je n'ai pas été sondé. Cela ne comprend pas les 31 p. 100 qui n'ont pas d'opinion parce qu'ils ne savent pas ce que fait le Sénat. Environ le tiers de la population ne sait pas ce que fait le Sénat.
Selon mon expérience, les sénateurs créent de la partisanerie politique. Ils forment un nid à partisanerie et ce sont des organisateurs politiques. Ils ont un bon salaire, un bureau et du personnel pour faire ce travail. Mon sénateur se promène, il tient son fils par la main et participe à tous les événements aux frais du gouvernement. Ce sera mon prochain adversaire. Cela a toujours été la façon de faire des libéraux. Ils trouvent toujours une façon de prendre l'argent des contribuables pour faire payer leur campagne électorale. Je subis cela, mais cela ne me cause aucun problème. Cela me fait rire, mais aujourd'hui, j'essaie de comprendre pourquoi on essaierait de sauver ce nid à partisanerie politique au détriment des constituants mêmes de la fédération.
Le gouvernement du Québec a dit, en 2007, qu'il n'y aurait aucune modification sans négociation constitutionnelle, c'est simple. La demande est faite par un premier ministre du Québec fédéraliste qui dit de ne rien modifier sans consulter les provinces. Aujourd'hui, le Parti libéral, le NPD et le Parti conservateur sont main dans la main pour essayer de modifier cela à la pièce, morceau par morceau. On peut changer ceci, mais pas cela, il y a le jugement de la Cour suprême, etc. Cette question va se retrouver devant la Cour suprême. C'est ce qui arrivera.
Le Québec n'est pas d'accord depuis le début. J'explique à nouveau qu'on ne peut pas faire par la porte d'en arrière ce qu'on ne peut pas faire par la porte d'en avant. En droit, on ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement. Or c'est la façon de faire des conservateurs. Ce qui me surprend, c'est que le Parti libéral et le NPD jouent le jeu et essaient de travailler dans le dos du Québec et des provinces. Certaines provinces sont peut-être d'accord. Dans ce cas, il faut ouvrir tout de suite des négociations constitutionnelles sur le Sénat. Les provinces qui sont pour cette réforme le diront et celles qui sont contre le diront aussi. Il y aura des débats et des négociations.
Mais on vaut faire tout cela en essayant de se faire confirmer que tout va bien par des avocats qu'on paie probablement grassement. Les conservateurs paient leurs avocats constitutionnalistes. Ces derniers leur donnent des rapports expliquant que telle chose sera permise et qu'on la divisera en plusieurs projets de loi éparpillés au Sénat et à la Chambre des communes. Ils tenteront de faire adopter tout cela sans avoir à modifier la Constitution canadienne, parce qu'on ne veut pas faire cela. Cette façon de faire des conservateurs est horripilante.
Au Québec, les conservateurs sont à la hauteur de l'intérêt des Québécois envers le Sénat. C'est un peu cela. Si c'est ce qu'ils désirent, qu'ils continuent de la sorte. En effet, seulement 8 p. 100 des Québécois croient que le Sénat sert à quelque chose. Je ne veux pas parler du pourcentage de conservateurs au Québec. Je le connais et eux aussi. Plus ils travailleront à ce sujet, plus ils s'approcheront des 8 p. 100 des Québécois qui sont satisfaits du Sénat.
Le Parti libéral et le NPD veulent aussi prendre cette direction. C'est de toute beauté de les voir faire, alors qu'ils vont à l'encontre de la volonté des Québécoises et des Québécois. Pourtant, je sais qu'à la Chambre, on l'a à la dure depuis maintenant quelques semaines. On essaie d'écraser le Québec en diminuant son poids politique à la Chambre des communes. Un autre projet de loi vise à augmenter de 30 le nombre de députés. On essaie encore une fois d'écraser le Québec parce qu'avec la réforme présente dans le projet de loi que le ministre a déposé, le Québec aura moins de représentants que sa propre population, alors que jusqu'en 1976 il en avait plus. On en a décidé autrement. C'est la façon de faire conservatrice, mais cela ne pourra pas être éternel. Cela ne pourra pas toujours continuer comme cela sans qu'il n'y ait de fortes réactions au Québec.
Dans ce dossier du Sénat, la réaction du Québec est connue depuis 2007 et elle est forte. Il y a eu la résolution unanime de l'Assemblée nationale, et il est certain que le Québec ira jusqu'en Cour suprême pour défendre ses intérêts.
Les conservateurs aiment peut-être attendre les jugements de la Cour suprême. Cela leur permet de contenter je ne sais qui. J'essaie de comprendre qui ils veulent contenter. En effet, plus du tiers des Canadiens voudraient l'abolition du Sénat, donc ce n'est sûrement pas ces gens qu'ils veulent contenter. Ce sont peut-être des gens à qui ils essaient de faire plaisir, des sénateurs à qui ils ont promis la chance de se faire élire, mais je ne sais pas comment cela fonctionnera. Je ne veux pas parler de l'autre projet de loi qui veut changer la loi pour que les sénateurs ne soient pas nommés, mais plutôt élus. C'est une liste qui pourrait même être fournie par les provinces, mais une liste que le ne serait pas tenu de respecter.
Tout compte fait, on veut garder le contrôle de cet instrument politique, alors que la vraie politique devrait se faire ici à la Chambre des communes. La population comprend très bien cela. Si le tiers de la population ne sait même pas ce que fait le Sénat, c'est que les gens savent très bien que la vraie politique se passe ici à la Chambre des communes. On devrait plutôt se débarrasser de cet instrument qui est coûteux et qui est un nid de partisans et d'organisateurs politiques.
Je comprends que les conservateurs et les libéraux qui les ont nommés au cours des années ne veulent pas se priver de ce bras politique dont ils peuvent se servir, mais ce serait une bonne façon de montrer à la population, qui est de plus en plus cynique envers les élus, qu'ils l'ont écoutée et que les sénateurs n'ont pas réussi à prouver leur utilité au fil des ans. On devrait plutôt parler d'abolir le Sénat, mais en discutant avec les provinces encore une fois. Le Bloc québécois n'a l'intention de participer à quelque débat que ce soit sur le Sénat sans qu'on respecte la Constitution. Lorsqu'on aura notre pays, on voudra que tout le monde respecte notre Constitution, alors tant qu'on sera dans le Canada, on respectera la Constitution canadienne.
Selon nous, tout débat sur le Sénat devrait être une négociation constitutionnelle et devrait être enclenché avec les provinces, qui sont les partenaires du Canada. Évidemment, si on a décidé que les provinces n'étaient plus des partenaires, il faut le dire. Les conservateurs devraient avoir assez de courage pour dire qu'ils ne veulent plus rien entendre des provinces et qu'ils mènent tout seuls. Ce serait peut-être une façon intelligente de montrer clairement leur jeu, ce qu'ils ne feront pas. C'est d'ailleurs pourquoi, de plus en plus, ils ont beaucoup de mal à se faire accepter par la population canadienne. Au Québec, comme je le disais tantôt, ils vont bientôt rejoindre dans les sondages les 8 p. 100 des gens au Québec qui pensent que le Sénat est important.
On comprend donc que nous voterons contre le projet de loi , parce que même si ce projet de loi limite le mandat des sénateurs à huit ans, ces sénateurs seraient toujours nommés.Tant qu'on nommera les sénateurs, et tant que le Sénat sera un nid à partisanerie politique, jamais le Bloc québécois n'y sera favorable. Ce projet de loi ne parle pas d'une autre façon de procéder, il dit que les sénateurs seront nommés pendant huit ans. On sera donc contre ce projet de loi, surtout parce que depuis 2007, l'Assemblée nationale du Québec a avisé le gouvernement fédéral qu'aucune modification au Sénat ne devrait être faite.
Je ne relirai pas la position du gouvernement rédigée par Benoît Pelletier, un illustre constitutionnaliste libéral et fédéraliste, qui a été ministre au gouvernement du Québec. Cette position a été entérinée par une résolution unanime de l'Assemblée nationale voulant qu'il n'y ait aucune négociation sur le Sénat sans que le Québec ne soit partie prenante des négociations. Évidemment, on défendra toujours cette position, parce que nous sommes le seul parti à la Chambre qui se lève tous les jours pour défendre les intérêts des Québécoises et des Québécois, même quand ces intérêts sont portés par des fédéralistes. On est toujours logiques. On se lève pour le Québec. On l'a toujours fait, et on le fera. Et c'est pourquoi, peu importe ce qui se passera, on sera de plus en plus nombreux ici à la Chambre des communes.