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Monsieur le Président, je suis très fier d'appuyer ce projet de loi important dont nous sommes saisis aujourd'hui. Le projet de loi réformerait le système canadien de réhabilitation en vue d'assurer un juste équilibre entre les droits des victimes et des Canadiens respectueux de la loi et ceux des contrevenants.
Nous avons dit aux Canadiens que nous prendrions de telles mesures il y a déjà plusieurs semaines de cela et notre gouvernement est un gouvernement d'action. Nous respectons nos engagements rapidement et de façon réfléchie. Au cours des quelques dernières semaines, je crois que nous avons tous entendu parler de l'importance de la présente mesure législative. Nous avons entendu les commentaires de bon nombre de Canadiens ordinaires qui se demandent comment un agresseur sexuel en série comme Graham James a pu réussir à faire sceller son casier tout juste cinq ans après avoir terminé de purger sa peine.
Nous avons entendu les commentaires d'autres Canadiens qui ont posé une question semblable à propos d'autres délinquants qui pourraient être admissibles à une réhabilitation presque sans égard au genre de crimes qu'ils ont commis ou aux répercussions durables qu'ils auront pour les victimes.
Nous avons entendu les victimes elles-mêmes parler de la souffrance qu'elles ont endurée pendant bon nombre d'années. Ces mêmes victimes nous ont suppliés de voir à ce que les changements que notre gouvernement propose soient adoptés rapidement. Ces personnes nous ont dit que nous étions sur la bonne voie avec ce projet de loi, que ces modifications étaient nécessaires et que les changements que propose le projet de loi sont sévères mais justes.
J'exhorte donc tous les députés à collaborer avec nous pour assurer l'adoption rapide que le projet de loi mérite afin que nous puissions être certains que le système canadien de réhabilitation fonctionne de façon appropriée.
Pour bon nombre de personnes de nos jours, le mot « réhabilitation » implique que les infractions commises par le passé ont été oubliées, sans égard aux souffrances des victimes. Une réhabilitation laisse entendre que tout est maintenant oublié parce que le délinquant a attendu trois ou cinq ans et qu'il a réussi à se tenir loin du système judiciaire pendant ce temps. Notre gouvernement estime que ça ne donne pas une bonne idée de la manière dont le système judiciaire fonctionne.
Le système fonctionne de la façon suivante: dans certains cas et sous certaines conditions le casier judiciaire des ex-délinquants est scellé et soustrait aux yeux du public de manière à permettre à ces personnes de vivre comme des citoyens respectueux de la loi, de se trouver plus facilement un emploi et de contribuer plus pleinement à la société. Toutefois, leur casier judiciaire peut redevenir public dans certaines circonstances. C'est pour cela qu'on parle de suspension plutôt que de suppression permanente du casier judiciaire. Ainsi, le projet de loi modifierait la Loi sur le casier judiciaire de manière à ce que le terme « réhabilitation » cède place à l'expression plus juste « suspension du casier ».
À l'heure actuelle, pour obtenir une réhabilitation ou une suspension du casier judiciaire les contrevenants doivent purger leur peine et ne pas avoir de démêlés avec la justice pendant trois à cinq ans. Bien des gens pensent que le processus menant à une réhabilitation est quasi-automatique. Les statistiques leur donnent raison. L'année dernière, la Commission nationale des libérations conditionnelles n'a rejeté que 2 p. 100 des demandes qui lui ont été présentées et elle n'en a rejeté que 1 p. 100 l'année précédente. Pour le gouvernement et bon nombre de Canadiens, ces chiffres indiquent qu'une réforme fondamentale du mode de fonctionnement de la Commission nationale des libérations conditionnelles s'impose.
Comme le l'a dit récemment, le gouvernement ne croit pas que la réhabilitation, ou pardon, soit un droit. Il y a des actes criminels impossibles à pardonner. Le projet de loi prévoit de modifier la Loi sur le casier judiciaire de manière à fournir à la Commission nationale des libérations conditionnelles les outils et le pouvoir discrétionnaire dont elle a besoin pour faire en sorte que les contrevenants reconnus coupables de crimes graves ne puissent être admissibles à un pardon ou à une suspension de leur casier judiciaire. Plus particulièrement, le projet de loi modifierait la Loi sur le casier judiciaire de manière à ce que les contrevenants reconnus coupables de certaines infractions sexuelles à l'endroit de mineurs ne soient pas admissibles à une suspension de leur casier judiciaire à moins qu'ils démontrent à la Commission des libérations conditionnelles que, lorsqu'ils ont commis les infractions en question ils n'étaient pas en situation de confiance vis-à-vis de la victime et que celle-ci n'a pas subi de préjudices physiques ou fait l'objet de menaces de violence.
Les victimes et les groupes de défense des droits des victimes ont réclamé ces modifications législatives. Le gouvernement donne suite à leur requête.
En vertu cette nouvelle mesure les contrevenants reconnus coupables de plus de quatre infractions punissables sur déclaration de culpabilité par mise en accusation ne seraient pas admissibles à une suspension de casier judiciaire. Dans certains cas de récidive, la période d'inadmissibilité à une suspension de casier passerait de trois à cinq ans et dans le cas des actes criminels punissables sur déclaration de culpabilité par mise en accusation, de cinq à dix ans.
En ce qui concerne les actes criminels, les changements proposés par le gouvernement permettraient à la commission d'examiner, entre autres, la nature et la gravité de l'infraction, ainsi que la durée de sa perpétration. La commission tiendrait également compte des circonstances entourant la perpétration de l'infraction et les antécédents criminels du demandeur.
En outre, une personne reconnue coupable d'un acte criminel devrait prouver à la Commission nationale des libérations conditionnelles qu'une suspension du casier soutiendrait sa réadaptation et ne serait pas susceptible de déconsidérer l’administration de la justice.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, les modifications proposées par le gouvernement sont sévères, mais équitables. Le gouvernement ne fait pas cavalier seul. Sheldon Kennedy, l'une des victimes de Graham James, a récemment déclaré que les réformes proposées par le gouvernement « ont été mûrement réfléchies » et que « l'approche est équilibrée ».
L'un des journalistes du Globe and Mail notait récemment que:
Il est sensé de réformer le système canadien de pardon pour exclure les agresseurs sexuels d'enfants, comme l'ancien entraîneur de hockey junior, Graham James, ou pire encore, la tueuse d'enfants Karla Homolka. Il est également raisonnable de supprimer le terme « réhabilitation » et de le remplacer par « suspension du casier ». La réhabilitation implique un pardon que le contrevenant n'a peut-être pas mérité.
Dans la même veine, Ron Jette, du Child Sexual Abuse Prevention Network, a déclaré, lors d'une entrevue à CTV, qu'« accorder un pardon à un agresseur d'enfants, c'est une gifle au visage des victimes » et que cela équivaut à dire à la victime qu'elle n'est pas importante.
Le gouvernement est d'accord, comme des millions de Canadiens qui veulent que nous continuions à faire ce qu'il faut pour assurer la sécurité de tous les Canadiens. C'est l'objectif des changements proposés dans le projet de loi .
Par conséquent, j'exhorte tous les députés à adopter ce projet de loi vital dans les meilleurs délais.
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Madame la Présidente, je suis heureux de parler aujourd'hui du projet de loi d'initiative ministérielle , qui vise à modifier la Loi sur le casier judiciaire et d'autres lois en conséquence.
En résumé, le projet de loi a pour objet de modifier la Loi sur le casier judiciaire afin de remplacer le terme « réhabilitation » par « suspension du casier », une expression dont la définition est plus étroite. Il interdirait la suspension du casier des individus reconnus coupables d'infractions sexuelles contre des enfants. Le projet de loi restreindrait également la suspension du casier dans le cas des récidivistes et allongerait la période d'attente entre la libération conditionnelle et l'admissibilité à la suspension du dossier. Il exigerait aussi que la Commission nationale des libérations conditionnelles fasse rapport régulièrement au .
Nous allons appuyer le renvoi du projet de loi au comité et sommes en faveur des changements proposés au système actuel d'octroi des réhabilitations. Cependant, il convient de mentionner qu'il y a trois ans, le ministre de la Sécurité publique de l'époque avait entrepris l'examen de ce système et déclaré qu'il devait être entièrement corrigé. Ce n'est donc pas la première fois que le gouvernement se penche sur cette question. Il y a trois ans, le ministre n'avait pas tenu d'audience et n'avait pas consulté le Comité de la sécurité publique, mais il avait apporté des changements mineurs et déclaré que le problème avait été résolu et qu'il n'était plus nécessaire de s'inquiéter à ce sujet. En fait, on avait alors décidé d'ajouter une deuxième personne au comité d'examen et exigé que ces deux responsables s'entendent avant qu'une réhabilitation soit octroyée à qui que ce soit.
Nous croyions le dossier réglé jusqu'à ce que les journaux ressortent la triste histoire que l'on connaît, celle de la réhabilitation de M. James, et en fassent leurs choux gras, ce qui soudainement ravivé l'intérêt du gouvernement. C'est le même scénario qui se répète, encore et encore: chaque fois, le gouvernement attend un coup de théâtre, une belle histoire bien émotive qu'il pourra politiser, avant de rédiger une loi à la va-vite. Et c'est presque toujours lorsqu'ils sont attaqués de toutes parts à propos d'un autre enjeu politique que les conservateurs utilisent ce stratagème-là. En l'occurrence, ils étaient l'objet d'un feu nourri de critiques pour avoir géré de façon aussi lamentable les préparatifs des réunions du G8 et du G20 qui auront lieu à Huntsville et à Toronto. Personnellement, je trouve plutôt douteux que ce soit aujourd'hui qu'ils jugent la question urgente et qu'ils jettent ainsi les hauts cris, alors qu'ils sont au pouvoir depuis plus de quatre ans et qu'ils ont eux-mêmes classé le dossier il y a déjà trois ans.
Quelques éléments du projet de loi font sourciller. Même si nous appuyons sans réserve les modifications relatives aux délinquants sexuels, car nous reconnaissons qu'elles ont leur importance, nous estimons que certaines éléments méritent d'être précisés. Notamment celle des actes criminels. La période avant laquelle une personne pourra être réhabilitée, de trois à cinq ans qu'elle était, serait désormais de cinq à dix ans. S'il est vrai que certains actes criminels sont graves, il arrive fréquemment qu'ils soient relativement bénins. Je pense par exemple à une personne condamnée pour possession de marijuana, et qui serait ainsi visée par cette disposition. Même chose pour la contrefaçon de chèques: même si ce n'est certainement le genre de comportement qu'on encourage, si jamais une personne devait prendre la très mauvaise décision de contrefaire un chèque, par exemple parce qu'elle éprouve toutes sortes de difficultés financières, elle ne pourrait pas être réhabilitée avant 10 ans.
C'est énorme, comme différence, car si une personne est âgée de 18 ans et qu'elle n'a que trois ans à attendre avant d'être réhabilitée, elle pourra recommencer sa vie à 21 ans, ce qui est loin d'être la même chose que si elle devait attendre 10 ans avant de pouvoir recommencer à zéro, c'est-à-dire jusqu'à l'âge de 28 ans.
Il vaut la peine de mentionner qu'il y a une raison qui explique que nous ayons des mesures de réhabilitation. Nous conviendrons tous que certaines personnes ne devraient jamais profiter de telles mesures. Par contre, c'est franchement trahir les faits que de considérer que tout le monde est malhonnête. Le prétend que cette mesure législative a pour but d'empêcher Karla Homolka d'obtenir un pardon. Bien entendu, personne ne souhaite qu'elle soit réhabilitée. Il est même tout à fait absurde de lancer cette idée et de le laisser entendre à la famille des victimes. La réalité, c'est que la plupart des personnes qui sont réhabilitées sont des gens qui ont fait des erreurs, mais qui méritent clairement une autre chance et à qui on doit donner l'occasion de se racheter et de contribuer à la société.
Prenons l'exemple d'une personne qui, à 18 ans, a été reconnue coupable de possession de marijuana. Souhaitons-nous que cette personne ne puisse jamais être embauchée? Voulons-nous qu'elle vive dans la pauvreté, sans espoir pour le reste de sa vie, et qu'elle n'ait jamais la possibilité de se racheter?
J'ose espérer que ce n'est pas ce que veulent la plupart des députés, et qu'ils considèrent que ce serait injuste. Bien entendu, nous voulons faire en sorte que les personnes qui ont commis des crimes graves ne puissent pas profiter de la réhabilitation. Par contre, une telle mesure aurait dû être prise il y a quatre ans, voire il y a trois ans lorsque s'est produite la célèbre affaire à laquelle le ministre de la Sécurité publique de l'époque a fait allusion.
Ce qui me préoccupe profondément, c'est que les observations que j'ai faites aujourd'hui, les préoccupations légitimes que j'ai exprimées à propos du projet de loi et les questions que j'ai posées seront certainement déformées dans un but partisan. Je dis seulement qu'il faut examiner la question en comité, que nous devons faire en sorte que les personnes soient traitées en fonction de la gravité de leur crime et que personne ne soit coincé à cause d'une erreur, et ce, d'autant plus lorsqu'une mesure législative est rédigée à la hâte.
Au lieu de cela, quand nous posons des questions, on nous accuse de prendre le parti des criminels. Je donne un exemple. Récemment, je disais que les contribuables paient pour certains avantages dont bénéficient les détenus dans nos institutions pénitentiaires. Il va sans dire que le gouvernement invoque le cas de Clifford Olson parce qu'il cherche à susciter le plus d'émotion possible, à perturber et à irriter les Canadiens autant qu'il le peut pour se faire du capital politique avec le dossier de la criminalité.
Voici ce qu'a dit le député d':
Hier, le député libéral d'Ajax—Pickering a défendu de façon scandaleuse le droit des prisonniers à recevoir des prestations de la Sécurité de la vieillesse payées par les contribuables.
Des voix: C'est honteux.
M. Mark Holland: Avant que les députés crient au scandale, ils devraient peut-être entendre les faits. J'estime qu'il serait plus efficace qu'ils attendent de connaître les faits avant d'intervenir.
Un autre député, en l'occurrence le député d', a essentiellement répété la même chose et le ministre est ensuite intervenu pour tenir lui aussi le même discours.
Voici le problème. J'ai dit ceci: « Monsieur le Président, de toute évidence, on ne voudrait pas qu'un détenu coupable d'une infraction mineure perde du jour au lendemain sa pension. »
J'ai dit que ma préoccupation ne s'appliquait pas à des cas comme celui de Clifford Olson ou d'autres contrevenants ayant commis un acte criminel grave. J'ai indiqué, en termes très clairs pour quiconque s'est donné la peine de lire ce que j'ai dit, que je craignais qu'une personne ayant commis une infraction mineure ne perde ses prestations. Je voulais simplement poser cette question au comité.
Le jugement de la Chambre s'est-il détérioré au point d'interpréter comme une intervention en faveur des détenus le simple fait de poser une question au sujet d'un projet de loi et de se dire préoccupé de la possibilité qu'une personne qui ne le mérite pas soit victime d'une injustice? Voilà qui montre que le débat à la Chambre est en train de se détériorer, ce qui est honteux. Aucune excuse n'a été présentée et il n'y a eu aucune tentative de rectifier les faits même si les médias ont très clairement et ironiquement dit que les conservateurs agiraient ainsi.
Même maintenant, avant d'avoir entendu ce que j'ai à dire ou de connaître les faits, les députés d'en face commencent à crier au scandale. C'est honteux. Il est vraiment honteux qu'un gouvernement déforme les faits et l'information et utilise le dossier de la criminalité pour se faire du capital politique.
Il ne fait aucun doute qu'il faut aborder le dossier de la criminalité dans un esprit de collaboration. Il faut également se baser sur les faits. Il faut prendre du recul et se demander de quelle façon on peut rendre nos collectivités plus sûres. Je suis père de trois enfants. J'affirme que tous les députés qui ont des enfants et qui se préoccupent de leur sécurité, se préoccupent également de...
Une voix: Sont-ils tous les vôtres?
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Madame la Présidente, il est très décevant de voir que, quand je mentionne que j'ai trois enfants, on m'attaque même à ce sujet.
Ce que j'essayais de dire — si les députés prenaient la peine de m'écouter au lieu de me lancer toutes sortes d'invectives —, c'est que tous les députés se soucient de leur famille et de leur collectivité et qu'ils sont venus ici dans le but d'améliorer la qualité de vie dans leur pays et leur collectivité. Quand des députés sèment le doute sur les motivations des autres députés et disent en quelque sorte que je me soucie moins de mes enfants ou de ma collectivité qu'eux, c'est alors qu'il conviendrait de dire que c'est une « honte ».
Quand nous discutons des façons d'assurer la sécurité de notre collectivité, pourquoi ne pas le faire avec honnêteté? Pourquoi ne pas le faire avec intégrité? Pourquoi ne pas le faire en se comportant conformément à ce que nos électeurs attendent de nous?
Je le répète, je pense que ce projet de loi mérite d'être appuyé, d'aller de l'avant et d'être étudié au comité, mais il importe aussi de poser des questions à son sujet. On devrait pouvoir rassurer les gens qui se posent des questions légitimes et sensées à ce sujet que la vie d'un jeune de 18 ans ne sera pas détruite inutilement. Les gens doivent pouvoir s'exprimer là-dessus.
Il faut arrêter d'utiliser la criminalité pour se faire du capital politique. Il faut adopter un système fondé sur des éléments de preuve.
Puisque l'ancien ombudsman des victimes — dont le mandat n'a pas été renouvelé pour une raison que nous ignorons — affirmait que le plan du gouvernement actuel pour les victimes n'était pas équilibré et ne fonctionnerait pas, puisque l'enquêteur correctionnel déclare que notre système de pénitenciers est sur le point d'éclater et que nos prisons sont surpeuplées, puisque le a affirmé qu'un projet de loi coûterait 90 millions de dollars, mais que, sous la menace d'un rapport du directeur parlementaire du budget, il a finalement avoué que non, ce ne sera pas 90 millions de dollars, mais plutôt 2 milliards de dollars, je crois que nous avons affaire à un gouvernement qui ne sait pas compter.
Il a de la difficulté à additionner les coûts, pas uniquement dans le cas que je viens de donner, mais dans le cas du G8, du G20 et du budget. Le gouvernement affirmait que nous n'aurions pas de déficit alors que nous nous dirigeons vers le plus gros déficit de l'histoire du Canada et c'était avant même le début du ralentissement économique. Le gouvernement s'intéresse davantage aux hyperboles, à la distorsion des faits pour camoufler certaines choses et à la politicaillerie qu'à l'intérêt public.
Ce qui me préoccupe avec un projet de loi comme celui-là, c'est que je sais qu'il trouve son origine dans des notes de discussions. Le projet de loi a vu le jour parce que le gouvernement pouvait s'en servir pour se faire du capital politique, pas pour mettre en place une bonne politique gouvernementale.
Plutôt que de commencer par chercher à savoir ce qui constituerait une bonne politique gouvernementale, plutôt que d'élaborer un bon projet de loi et de faire ce qui serait à l'avantage des Canadiens, de se fonder sur des faits démontrés et de faire ce qui rendrait nos collectivités plus sûres, le gouvernement a décidé de faire de la politicaillerie, de rédiger quelque chose à la hâte, de se préparer quelques points de discussion puis de se soucier plus tard de l'efficacité de son projet de loi.
Il y a des vies dans la balance et les Canadiens s'attendent à beaucoup plus de notre part.
Je termine ici. Puisque le Canada est encore confronté à la criminalité, mais a la chance d'avoir un taux de criminalité parmi les plus bas du monde industrialisé et qui diminue année après année, nous nous attendrions à ce que le gouvernement investisse pour que la tendance se maintienne et examine les mesures efficaces prises ailleurs dans le monde. Nous nous attendrions à ce que le gouvernement investisse dans la prévention du crime, dans l'aide aux victimes, dans le soutien de première ligne, dans la santé mentale, dans le traitement des toxicomanies et dans tout ce qui contribue à faire diminuer la criminalité en s'appuyant sur les éléments de preuve disponibles.
Au lieu de cela, parce qu'il croit que cela va lui rapporter des votes, le gouvernement consacre des milliards de dollars aux pénitenciers.
Une délégation britannique est venue au Canada pour déterminer ce qui permet au Canada de maintenir un si faible taux de criminalité et d'incarcération. Quand les délégués sont arrivés chez nous et ont appris que le gouvernement privilégiait le modèle républicain qui s'est avéré catastrophique et auquel on a renoncé dans des États comme la Californie, modèle qui a été appliqué également au Royaume-Uni avec des résultats désastreux, ils nous ont imploré de revoir notre philosophie. Ils nous ont prévenus que si nous nous lancions sur cette voie, nous aurions beaucoup de mal à faire marche arrière; selon eux, un tel modèle nous coûterait des milliards de dollars, compromettrait la sécurité de nos collectivités et transformerait de petits truands en criminels endurcis. En enfermant ceux-ci dans des cachots surpeuplés sans leur offrir de programmes pour les aider, ont-ils dit, nous les criminaliserions et perpétuerions le cycle de la violence qui a commencé bien avant leur incarcération.
Les victimes ne sortent pas de nulle part. Il arrive souvent que les victimes soient prises dans un cycle de victimisation. Ce sont souvent des délinquants eux-mêmes, des gens qui se tournent vers la drogue pour oublier leurs horribles situations, situations qui entraînent chez eux des troubles de la santé mentale.
Le monde n'est pas fait de bons et de méchants; ce n'est pas noir ou blanc. La vérité, cependant, est que si nous nous en tenons aux faits, si nous nous soucions vraiment de la criminalité, si nous investissons dans la prévention du crime, dans l'intervention précoce, dans les mesures qui aideront les jeunes à rester sur le droit chemin, nous parviendrons à nos fins.
Il est malavisé de gaspiller de l'argent pour un programme politique dont le but est de gagner des votes, de privilégier un système qui ne fonctionne pas, un système vicié qui s'est avéré catastrophique et auquel on a renoncé dans tous les territoires de compétence où il a été adopté. Tout ce que je demande, c'est que le gouvernement entende raison et s'en tienne aux faits.
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Madame la Présidente, c'est un grand plaisir pour moi de prendre la parole sur ce projet de loi, qui modifie la Loi sur le casier judiciaire afin de remplacer le terme « réhabilitation » par « suspension du casier » et d'allonger la période d'inadmissibilité pour la présentation d'une demande de suspension de casier. Il rend aussi certaines infractions inadmissibles à la suspension du casier et donne à la Commission nationale des libérations conditionnelles le pouvoir de tenir compte de critères additionnels pour décider d'ordonner ou de refuser la suspension d'un casier.
Le Bloc québécois est en faveur d'une étude en comité de la Loi sur le casier judiciaire. On aurait préféré que cela se fasse plus rationnellement et intelligemment par une étude en comité et non par un projet de loi improvisé et truffé de petites pilules empoisonnées. Quoi qu'il en soit, on s'est habitués à l'attitude et à la façon de faire des conservateurs.
Le modus operandi habituel pour un passage à l'acte de ce genre, chez les conservateurs, consiste à attendre un événement odieux dans les médias. Ils s'en emparent, jouent aux indignés et produisent un projet de loi qui met en avant la répression, la punition, la double punition et la non-réhabilitation. Pour couronner le tout, il y a un beau spectacle qui va donner l'impression qu'on s'occupe de la sécurité publique et des victimes.
Pour ce projet de loi, le gouvernement a le même modus operandi: événement médiatique avec l'obtention d'un pardon par un entraîneur de hockey, M. Graham James, en 2007. Le projet de loi produit avec gros spectacle est soi-disant mis en place pour resserrer la loi pour ce qui est de l'obtention d'un pardon par les pédophiles. On comprend que le projet de loi vise les pédophiles.
Dans les faits, le projet de loi est truffé de pilules empoisonnées qui ne vont pas seulement toucher les pédophiles — il est vrai qu'il le fait comme on le souhaite —, mais tout le monde: les voleurs de sacoche, les fumeurs de marijuana, le vol simple, et j'en passe.
Je ne suis pas la seule à le dire. Dans un article du Devoir, Mme Cornellier dit ceci:
Encore une fois, ce gouvernement se sert d'un incident, d'une controverse pour se lancer dans des changements ayant de profondes implications. Rendre inaccessible le pardon à certains criminels ayant purgé leur peine peut compromettre des efforts de réhabilitation et, par ricochet, la sécurité à long terme de la société. Que ça plaise ou non au ministre, la possibilité d'un pardon est, dans les cas les plus graves, un incitatif à poursuivre les efforts de réintégration sociale. Dans les cas les plus mineurs, comme ces vieilles condamnations de possession de cannabis, ça permet de diminuer les désagréments.
Voilà une personne qui a bien compris ce que fait le gouvernement.
Le Bloc québécois est-il en faveur d'une étude de la Loi sur le casier judiciaire qui réviserait l'automatisme pour les pédophiles? Oui. Estime-t-on que les pédophiles devraient faire l'objet d'une analyse plus pointue et plus approfondie de la Commission nationale des libérations conditionnelles? Oui, c'est évident. Mais ce projet de loi s'occupe-t-il seulement des pédophiles? Non.
Avec ce projet de loi, les conservateurs instrumentalisent, encore une fois, un événement médiatique — l'affaire Graham James — pour nous présenter une refonte complète du système de pardon, qui fonctionne déjà très bien. En effet, 97 p. 100 des personnes qui obtiennent un pardon n'ont pas récidivé. Il en reste 3 p. 100 qui récidivent. Faut-il être plus vigilant à leur égard? Oui, mais cela veut-il dire qu'il faille faire une refonte complète du système de pardon? Je ne le crois pas.
Il suffirait de faire une analyse pour savoir quel genre de délits ont perpétré ces 3 p. 100 qui récidivent. Il faudrait se demander comment on peut améliorer la loi pour qu'elle touche spécifiquement ces 3 p. 100. Ce serait là faire une analyse intelligente. Ce projet de loi le fait-il? Quant à moi, non.
Regardons de près la situation actuelle. Tout d'abord, un pardon n'efface pas le fait qu'une personne ait été condamnée.
Un pardon entraîne seulement la suspension du casier. Le casier judiciaire est retiré du Centre d'information de la police canadienne. L'information est aussi retirée des autres condamnations. C'est certain que si un policier cherche le nom de la personne au sein du centre d'information, lorsque le pardon est obtenu, il ne le verra pas. Par contre, si un autre crime est commis, ce casier judiciaire ressort. Il est donc suspendu tant et aussi longtemps que la personne respecte la loi.
Par ailleurs, il faut souligner que si un délinquant, qui a obtenu un pardon pour une infraction sexuelle, postule, à l'heure où on se parle, pour un emploi qui comprend un contact avec des enfants ou des personnes vulnérables, un corps policier ou tout autre organisme autorisé peut vérifier si le postulant a bien obtenu un pardon. Avec l'autorisation de cette personne, on peut vérifier si elle a obtenu un pardon. Si elle a été reconnue coupable de délits reliés aux enfants, c'est à la discrétion de l'employeur d'accepter ou de refuser de l'embaucher.
Par ailleurs, une personne condamnée par voie de mise en accusation doit actuellement attendre cinq ans pour faire la demande de pardon. C'est cinq ans d'attente à partir du moment où sa peine est complètement purgée. Cela signifie que ses amendes sont payées, qu'elle a complété sa période de probation et qu'elle a fini de payer sa dette au complet. À partir de ce moment, elle doit attendre cinq ans à partir du moment où elle a été condamnée par voie de mise en accusation avant de faire la demande. Cela peut prendre entre 6 mois et 18 mois. On peut parfois avoir la réponse après 18 mois, dépendant de la complexité des dossiers. Une personne qui a été mise en accusation par voie sommaire doit attendre trois ans.
Avec ce nouveau projet de loi, on se retrouvera avec des personnes où cela passera de 5 ans à 10 ans et de 3 ans à 5 ans. Je veux soulever un autre point avant d'aborder la question des 10 ans. L'effet d'avoir la suspension du casier judiciaire est limité au Canada. C'est certain que si les autorités américaines ont le casier judiciaire dans leur système, il est possible de se faire refuser l'accès lorsque viendra le temps de passer la frontière. Généralement, aux États-Unis, les casiers sont toujours là, et ce, même si la personne a obtenu un pardon.
En outre, seul le est autorisé à communiquer de l'information au sujet du dossier d'une personne réhabilitée. Il peut communiquer l'information seulement dans des circonstances exceptionnelles et s'il est convaincu que la communication de cette information servira l'administration de la justice ou la sécurité publique ou encore qu'elle soit liée à un État.
Que fait la loi actuelle? Prenons le premier point sur lequel, je crois, nous nous entendrons tous dans cette Chambre qui consiste à rendre inadmissible à la « suspension du casier » les personnes reconnues coupables « d'une infraction sexuelle contre un mineur — sauf si le demandeur peut prouver la « proximité d'âge », démontrer qu'il n'était pas en situation de confiance ou d'autorité vis-à-vis de la victime et qu'il n'y a pas eu de préjudice physique ni de menace de violence ou d'intimidation; »
On ne peut qu'être en accord avec cela. On devra voir si cela est à améliorer ou à bonifier en comité.
On commence à se questionner sur la notion du 10 ans et du 5 ans. Ce projet de loi veut faire passer le temps d'attente de 5 ans à 10 ans pour la mise en accusation et de 3 ans à 5 ans par voix sommaire. Concrètement, qu'est-ce que cela veut dire? Je me suis amusée à regarder dans mon Code criminel. Regardons par exemple l'article 437 en ce qui a trait à l'infraction de fausse alerte. Voici ce qu'on peut lire:
a) soit d'un acte criminel passible d'un emprisonnement maximal de deux ans;
b) soit d'une infraction punissable sous déclaration de culpabilité par procédure sommaire, quiconque, volontairement, sans cause raisonnable, en criant, en sonnant des cloches, en se servant d'un avertisseur d'incendie, d'un téléphone ou d'un télégraphe, ou de tout autre manière, sonne ou répand ou fait sonner ou répandre une alarme d'incendie.
Le Code criminel est truffé d'infractions mineures qui répondent à toutes sortes de choses: enlever une barre naturelle sans permission, par exemple. Mais si une personne est trouvée coupable par voie de mise en accusation, après avoir payé son amende, elle devra attendre 10 ans pour demander un pardon. On imagine les conséquences sur l'intégration en emploi. Il faut comprendre qu'un casier judiciaire peut fermer plusieurs portes dans le domaine de l'emploi.
Quand j'ai lu ce projet de loi, il m'est venu une image. Dans le cadre de mes études en criminologie, je me rappelle qu'on nous disait qu'il y a très longtemps, les casiers judiciaires n'existaient pas. Pour identifier les criminels, on les marquait au fer rouge. Or le marquage avait effet pour le bétail. Quand on marquait les criminels au fer rouge, non seulement cela restait pour la vie, mais de plus, c'était extrêmement humiliant. Cette marque était donc une sorte de casier judiciaire indélébile. On ne pouvait pas l'effacer et, toute sa vie, on subissait ce rejet et cette humiliation. On vivait comme des parias. La forme du marquage était souvent choisie en fonction du crime: « V » pour voleur ou « F » pour faussaire. En 1810, dans le Code pénal français, on prévoyait le marquage sur l'épaule droite: « T » pour travaux forcés, « TP » pour travaux à perpétuité, etc. D'ailleurs, à ma grande surprise, dans les prisons militaires canadiennes, on mettait « D » pour désertion. Il faut ainsi faire attention de ne pas retourner en arrière et se comporter comme au temps des galères.
En outre, nous nous questionnons sur le fait de rendre inadmissible la suspension du casier lorsque les personnes sont reconnues coupables de plus de trois actes criminels ayant entraîné des peines de plus d'un an de prison. Prenons le cas typique d'un jeune de 18 ans qui a commis trois vols. Ce dernier ne pourrait plus se racheter même si, au bout de deux ou trois ans, il ne voulait plus être délinquant, il voulait retourner à l'école et refaire sa vie, et il était prêt à reprendre la bonne voie. Ce jeune, cette personne, à l'âge de 25 ans, marié avec des enfants, a le goût de faire carrière et d'être bien dans sa vie, mais puisqu'il a commis trois délits, il ne pourra plus jamais faire une demande de casier judiciaire, cela lui sera interdit. Il sera constamment soumis à l'opprobre parce que, dans sa jeunesse, il avait choisi la mauvaise voie. Et malgré son retour dans le bon chemin, il sera marqué au feu, à vie. C'est la même symbolique.
Le gouvernement conservateur est un peu comme le personnage de Javert dans Les Misérables de Victor Hugo. Javert est ce policier qui, toute sa vie, a cru que lorsqu'un homme devient criminel, c'est pour toujours et qu'il n'existe pas de réhabilitation. Il avait pris la loi comme un droit divin. Il croyait que Jean Valjean resterait un criminel toute sa vie, mais Jean Valjean lui a démontré qu'au contraire, il pouvait être capable de pitié, de clémence et de réhabilitation. Javert, ce pauvre homme, s'est vu complètement dévasté, s'est précipité du haut du Pont Notre-Dame et s'est noyé dans la Seine.
Demandons-nous quel est le lien entre le fait de doubler le temps pour l'obtention d'un pardon dans tous les cas et James Graham, qui fut accusé de pédophilie. Il n'y en a pas. Le seul point qui rejoint ce cas médiatique, c'est qu'il y a eu quelques modifications en ces termes. À part ça, tout le reste n'avait vraiment pas sa place, parce que le système fonctionne déjà très bien. Je le répète: 97 p. 100 des personnes qui ont reçu des pardons n'ont jamais récidivé.
Généraliser cette mesure n'a aucun sens. Si la société a mis en place cette procédure de suspension du casier judiciaire, c'est pour permettre justement à des hommes et des femmes de pouvoir avoir accès à des emplois décents, de faire vivre leur famille, payer leurs taxes, leurs impôts et s'éloigner du chemin de la délinquance. Quant à moi, ce dernier point est le seul qui garantit une société plus sécuritaire et non pas les obsessions conservatrices de flagellation continuelle.
Aujourd'hui, que pensent les conservateurs? Pensent-ils qu'en rendant la vie plus difficile à des personnes repenties, à des personnes qui n'ont pas récidivé, nous serons mieux protégés? Si ces personnes crèvent de faim, qu'eux et leur famille ont de mauvais emplois, de mauvais revenus ou même qu'ils sont bénéficiaires de la sécurité du revenu, pensent-ils que nous serons collectivement plus riches, plus en sécurité? Je ne le crois pas. Pensent-ils que la vie n'a de sens que si des personnes paient, paient et paient encore pour les erreurs du passé? Je ne le crois pas. Peut-on décemment se réjouir ou se plaire de la souffrance et des difficultés de ceux qui ont chuté, qui ont commis des fautes, alors que trois à cinq ans après avoir purgé toute leur peine et n'avoir commis aucune autre infraction, ils cherchent à se racheter? Est-ce cela la grande générosité chrétienne?
Ce projet de loi porte un indice majeur de l'état d'esprit des conservateurs, soit de faire disparaître pour tous les cas le mot « réhabilitation ». Cela, malheureusement, c'est constant.
Il y a certains cas où, effectivement, on doit redoubler de prudence, où on doit réfléchir et analyser avant d'octroyer ou non le pardon. Cela dépend des cas. Je pense que les gens à la Commission nationale des libérations conditionnelles sont intelligents. Ce sont des gens d'expérience qui sont là pour évaluer cela. Nous pouvons leur donner des outils additionnels et nous devons aussi faire confiance au système qui a 97 p. 100 de réussite. Ce n'est pas un système qui a 3 p. 100 de réussite, mais bien 97 p. 100.
Les cas d'infraction sexuelle, et particulièrement d'infraction sexuelle sur les mineurs, doivent être étudiés avec soin et on doit revoir la loi à cet égard. On est d'accord. Toutefois, s'il vous plaît, évitons les dérives conservatrices et les exagérations qui mettent tout le monde dans le même panier et où on veut juste tirer la chasse.
Ainsi, le Bloc québécois est d'avis qu'une étude posée, rationnelle, non partisane de la Loi sur le casier judiciaire pourrait donner de bons résultats, autant pour les victimes que pour notre société et autant pour la réhabilitation des délinquants et je dirais même des ex-délinquants.
C'est d'ailleurs avec ce critère en tête que nous appuierons le renvoi en comité de ce projet de loi. Il est évident que la sécurité publique doit être la première considération que l'on doit examiner en matière de suspension du casier judiciaire et cela passe par la réhabilitation et le pardon des personnes réhabilitées. Ce n'est pas par le marquage au fer rouge à vie et à la lettre écarlate que nous bâtirons des sociétés plus justes.
Il me reste encore une minute, mais je n'ai plus rien à dire. Tout a été dit.
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Madame la Présidente, j'interviens aujourd'hui pour parler du projet de loi sous deux angles différents.
Premièrement, avons-nous besoin d'étudier le projet de loi sur la réhabilitation, ou le projet de loi sur le casier judiciaire, ou peu importe le nom charmant que nous voulons lui donner? Le nom du projet de loi n'est pas vraiment important. Nous devons examiner la façon d'octroyer la réhabilitation à des personnes ayant commis différents types de crimes. Cela semble approprié. Toutefois, je crois que nous aurions pu le faire il y a trois ans, comme on l'a dit à juste titre plus tôt à la Chambre. Il y a eu des occasions de le faire. Le système d'octroi des réhabilitations a été examiné rapidement, et le ministre a décidé qu'il était convenable et que tout allait bien.
Nous avons vu le plus récent exemple de cette décision dans la presse, qui a signalé que M. James s'était fait octroyer une réhabilitation il y a quelques années. Cela a poussé le gouvernement à s'intéresser au projet de loi sur la réhabilitation.
Ma collectivité dans la péninsule de Niagara a vécu des moments absolument terribles à cause de Paul Bernardo et de Karla Homolka. Je ne sais pas comment expliquer cela aux députés. Nous avons vécu des choses que personne ne devrait vivre. Il est évident que, pour nous, l'octroi d'une réhabilitation à Karla Homolka est inadmissible. Malheureusement, le projet de loi dont nous sommes saisis ne pourra pas être adopté à temps pour empêcher Mme Homolka de présenter une demande de réhabilitation.
Les néo-démocrates ont offert une porte de sortie au gouvernement en proposant de scinder ce projet de loi et de proposer une motion qui nous permettrait de nous occuper des gens comme Karla Homolka. Je crois que le gouvernement pourrait obtenir le consentement unanime de la Chambre pour accélérer le processus afin que Mme Homolka ne soit pas réhabilitée. Voici le libellé de la motion:
Que, de l'avis de la Chambre, des modifications urgentes soient apportées à la Loi sur le casier judiciaire afin d'empêcher que ne soient accordées des réhabilitations qui iraient à l'encontre des valeurs morales des Canadiens et jetteraient le discrédit sur l'administration de la justice et, par conséquent, le gouvernement devrait présenter immédiatement un projet de loi visant spécifiquement à permettre à la Commission des libérations conditionnelles de refuser la réhabilitation dans les cas où cela serait contraire aux valeurs morales des Canadiens ou jetterait le discrédit sur l'administration de la justice[...]
Nous avions l'occasion de le faire et, espérons-le, cette occasion se présentera de nouveau.
Vendredi dernier, j'ai rencontré la petite-fille de M. et Mme French. Elle m'a écrit pour me demander ce que je pouvais faire pour les aider dans ce dossier. Elle était très convaincante, mais elle n'avait pas besoin de l'être. J'ai élevé ma famille dans cette collectivité. J'ai vécu cette période et je sais à quel point les gens ont eu peur. Nous avons vécu une période d'anxiété comme aucun d'entre nous n'en avait vécue auparavant et que personne ne souhaite revivre, surtout les parents de jeunes filles, qui étaient spécifiquement visées.
Je l'ai invitée à me parler de sa cause. En très peu de temps, elle a recueilli 1 700 noms qu'elle a transmis au en l'implorant d'enlever cet élément et de se concentrer sur cet aspect précis. Je lui ai expliqué comment nous pouvions procéder, et elle réagit très positivement. Elle a dit que c'est ce qu'elle souhaiterait. Comme je lui ai expliqué, les autres parties de la loi sur la réhabilitation ne concernent pas les crimes odieux comme ceux qu'ont commis Karla Homolka et son mari, Paul Bernardo.
Je lui ai parlé d'un jeune homme qui m'a envoyé un courriel. Ce jeune homme, à 19 ans, a été arrêté pour conduites avec facultés affaiblies par l'alcool. Il a reconnu que c'est ce qu'il avait fait et a dit qu'il était coupable, qu'il s'était fait prendre et qu'il avait purgé sa peine en vertu du Code criminel. Il avait plaidé coupable. Il a dit qu'il n'avait jamais récidivé et qu'il ne récidiverait jamais. Il a accepté les conséquences de son geste. Il nous a aussi demandé de ne pas ajouter deux ans à la peine, parce qu'il ne le méritait pas.
Quand j'ai raconté cette anecdote à Mme Doyle, elle a dit qu'il avait raison, il ne le méritait pas.
À mon avis, le témoignage de la petite-fille de M. et Mme French et nièce de Kristen French était vraiment convaincant. Elle a compris. Elle a dit que j'avais raison, qu'il ne devrait plus avoir à souffrir. Il avait assez souffert.
Or, elle a également dit que ses blessures et celles de sa famille ne devraient pas non plus être ravivées. Chaque fois que quelqu'un évoque le nom ou l'événement, leurs blessures sont ravivées et ils revivent la situation. La plupart d'entre nous ne pourraient pas s'imaginer ce que c'est. Comme elle me l'a dit, pour eux, ce n'est jamais terminé. Elle était très convaincante lorsqu'elle a dit que cette tragédie les habitera à jamais. Les jours se succèdent, mais il y a toujours quelque chose qui leur rappelle cet événement.
Si Mme Homolka était réhabilitée, pour la famille French et, en fait, pour tous les membres de ma collectivité de la péninsule du Niagara, ce serait comme si on lui avait pardonné. Pour être franc, la famille French ne veut pas qu'on lui pardonne. Je sais que les gens de ma collectivité de la péninsule du Niagara ne veulent pas non plus qu'on lui pardonne.
J'implore le gouvernement de reconsidérer la question et de trouver un moyen — en collaboration avec ce côté-ci de la Chambre, bien sûr, parce que nous y sommes enclins et que nous lui tendons la main — pour qu'elle ne soit jamais réhabilitée. Évitons que cette famille n'ait à revivre ces événements. Assurons-leur que les actes criminels commis par ce couple resteront à jamais punis, qu'aucune réhabilitation ne sera accordée et que jamais on ne dira « c'est bon, c'est terminé maintenant ». Comme je l'ai dit, pour la famille et les proches, ce ne sera jamais terminé.
Notre esprit cartésien comprend l'horreur absolue des événements qui se sont produits, mais comme nous ne les avons pas vécus personnellement, contrairement à la famille, aux proches et aux habitants de la région, il nous est quasi impossible de ressentir ce qu'ils ressentent dans leur coeur et leurs tripes.
Je demande à la Chambre, et surtout au gouvernement, d'entendre ce que Mme Talin French-Doyle a écrit dans sa lettre, dont voici un extrait:
Lorsqu'un acte criminel est commis, il y a des victimes directes et indirectes, notamment la famille et les amis. Lorsqu'il s'agit d'actes criminels qui provoquent des réactions de peur ou d'actes moralement répréhensibles, le grand public est également une victime. N'oubliez pas que chaque fois que le nom d'un délinquant est évoqué ou que des détails sur sa vie après le crime sont publiés, les événements entourant l'acte criminel sont ravivés dans l'esprit des victimes, directes et indirectes. Par conséquent, les victimes n'oublieront jamais le passé et le monde ne sera plus jamais le même.
Elle a ajouté:
Le pardon est le droit de la victime et non pas une exigence de l'État.
Mme Doyle demande au gouvernement et à tous les députés de venir en aide à la famille French et de lui éviter d'avoir à revivre ce qu'elle a enduré pendant toutes ces années si la réhabilitation est autorisée. Chaque minute compte car, comme nous le savons, le processus pourrait être amorcé dès le mois prochain. Rien ne garantit que la réhabilitation sera autorisée, mais aucun député ne peut donner l'assurance aux French que cela n'arrivera pas. Les French demandent à la Chambre de faire en sorte que cette demande ne soit pas acceptée dans le cas de Mme Homolka. Nous avons cette capacité.
Ce serait honteux, et c'est peu dire, de ne pas prendre les moyens pour empêcher cela, surtout que nous avons la capacité de le faire. Nous nous devons de dire à la famille French que nous ferons ce qu'il faut pour que le gouvernement donne suite à la demande qu'elle lui a présentée. En fait, elle ne demande pas beaucoup. Elle demande simplement au gouvernement de faire ce qu'il finirait par faire de toute façon, mais de le faire immédiatement.
Si le gouvernement demandait d'adopter uniquement cet article, ce serait probablement chose faite. Cela permettrait d'envoyer un message à la famille French, de lui montrer que nous ne l'avons pas oubliée, que nous comprenons toute la terreur qu'elle a subie, toute la peine qu'elle a endurée et qu'elle continue d'endurer, que nous comprenons que si nous pouvons faire cette petite chose pour cette famille, nous le ferons.
J'implore le gouvernement de tenir compte des souhaits de M. et Mme French lorsqu'il déterminera ce qu'il peut faire dans les plus brefs délais. Je ne tiens pas à raconter ces horreurs dans le détail, mais ceux qui sont moins au courant de cette affaire pourraient faire quelques recherches pour bien comprendre les événements et les sévices auxquels ces jeunes femmes ont été soumises, l'horreur à laquelle la famille a fait face et ce qu'ont pu ressentir les habitants de cette collectivité rendue misérable par la peur.
Je ne prendrai pas le temps de raconter tous les détails, car il sont absolument atroces et extrêmement sordides. Je ne voudrais pas imposer à quiconque le récit de ces événements, surtout dans le cadre d'un débat. Cependant, les gens devraient s'informer afin de comprendre ce que cette famille doit vivre chaque jour de sa vie.
Je vais parler de l'autre aspect du projet de loi, qui doit vraiment être renvoyé au comité afin d'y être étudié. Comme dans le cas du jeune homme reconnu coupable de conduite avec facultés affaiblies auquel j'ai fait allusion plus tôt, nous devons examiner ces dispositions du projet de loi. Nous devons nous demander si le délai est approprié ou s'il devrait être prolongé dans ce cas et dans d'autres cas. Nous devons nous y pencher et entendre des témoins experts qui connaissent bien le système de justice pénale et qui savent ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
Partout dans le monde, il y a des exemples de mesures qui fonctionnent. Les gens méritent d'obtenir une réhabilitation dans la mesure où ils répondent aux exigences prescrites par la loi. Des gens qui participent à la collectivité dans son ensemble, qui n'ont pas commis d'autres infractions, qui sont de bonne moralité et qui continuent leur vie ont droit à une réhabilitation. Comme ma collègue l'a dit plus tôt, ces personnes ne méritent pas d'être marquées au fer rouge pour le restant de leur vie. Elles méritent de pouvoir continuer à vivre, et c'est ce que nous voulons pour elles.
Par contre, nous devons discuter avec ceux qui connaissent bien le système et qui n'improvisent pas de façon précipitée des lois en réaction à une affaire médiatisée ou parce qu'on n'aurait pas dû accorder une réhabilitation dans le cas de M. James.
Une des dispositions du projet de loi est la loi des trois fautes. Or, cette loi en vigueur aux États-Unis ne fonctionne pas. Pourquoi veut-on inclure une disposition qui ne fonctionne pas dans une mesure législative? Nous voulons élaborer de bonnes mesures législatives qui sont appropriées afin de veiller à ce qu'elles soient efficaces pour la société.
Cette mesure législative ne touche pas seulement ceux qui font une demande de réhabilitation. Elle nous touche tous. Elle touche la collectivité dans son ensemble. Nous voulons que tous participent au système de sorte que lorsqu'on accorde une réhabilitation, c'est parce que la société l'a voulu et y croit. Les personnes qui obtiennent une réhabilitation peuvent ensuite poursuivre leur vie, sachant très bien que, peu importe la peine qu'elles ont purgée, la société leur a donné son aval.
Le projet de loi contient des dispositions portant sur la règle des trois fautes, mais il arrive qu'une personne ayant commis un seul crime soit accusée de trois infractions criminelles distinctes. Une personne, jeune ou non, accusée de trois infractions graves après avoir commis un crime ne pourra jamais être réhabilitée. Toutes sortes de circonstances pourraient expliquer pourquoi cette personne a commis ce crime-là à ce moment-là. Peut-être que ses facultés étaient affaiblies, qu'elle était profondément déprimée ou anxieuse, qu'elle a subi une dépression nerveuse ou quoi que ce soit d'autre. Ces choses peuvent nous arriver à tous.
Selon les experts en santé mentale, beaucoup d'entre nous sont susceptibles de subir une dépression nerveuse. Nous espérons que cela ne nous arrivera pas. Il est donc très difficile pour nous de voir des gens dans nos collectivités et nos familles vivre cela. Il est inacceptable, cependant, de punir des gens pour le restant de leurs jours parce qu'ils ont fait une chose, dans des circonstances précises, qu'ils ne répéteraient jamais.
Il est préférable de nous assurer de bien comprendre les règles du système, de veiller à sa révision et de prendre le temps de déterminer les mesures qui marchent et celles qui ne marchent pas. Nous devrions consulter la Société John Howard et la Société Elizabeth Fry. L'Armée du Salut dans ma collectivité donne un coup de main aux résidants des maisons de transition afin qu'ils puissent réintégrer la communauté. Il y a beaucoup de groupes et de personnes au Canada qui travaillent avec les délinquants récemment libérés. Ils peuvent nous aider à comprendre ce qui les aide et les facteurs à prendre en compte dans les décisions sur la réhabilitation.
Mis à part ceux à qui nous ne devrions jamais pardonner, dont j'ai déjà parlé, les Karla Homolka de ce monde, nous voulons que les autres soient réhabilités. Je pense que c'est ce que veut toute la société. Si ces gens correspondent aux critères, s'ils ont franchi avec succès toutes les étapes exigées par la société, il n'est que juste que nous disions qu'ils ont rempli toutes les conditions voulues et qu'ils peuvent obtenir une réhabilitation s'ils la demandent.
Si le gouvernement croit vraiment au système de réhabilitation, il a le devoir envers les Canadiens de s'assurer qu'il fonctionne bien. Il semble que cela n'a pas été le cas jusqu'à maintenant. Si les conservateurs présentent ce projet de loi à toute vitesse, c'est uniquement parce que, il y a trois ans, ils ont jeté un coup d'oeil rapide à la situation et ont jugé que tout allait bien, et qu'ils s'aperçoivent maintenant qu'ils ont eu tort.
Dans ma collectivité, nous nous rendons compte que le système ne fonctionne pas quand une personne qui ne devrait jamais être réhabilitée risque de l'être si nous ne réagissons pas. Si le gouvernement n'agit pas, il devra clairement être tenu responsable si une autre personne est réhabilitée alors qu'elle n'aurait pas dû l'être. Il devra s'expliquer. Ce sera la responsabilité du gouvernement d'expliquer pourquoi c'est arrivé alors qu'il avait eu l'occasion de s'assurer que cela n'arriverait plus.
La mesure est plus imposante que bien des gens l'auraient cru. Je suis sûr que bien des gens croyaient qu'il s'agissait simplement du système de réhabilitation et que cela ne posait pas de difficulté. Or, c'est difficile, parce que nous traitons de l'avenir d'êtres humains. Il s'agit de déterminer si nous voulons, en tant que société, que certaines personnes puissent reprendre une vie normale. C'est à nous de trancher et de dire que nous comprenons qu'elles ont décidé de couper avec leur passé, que nous acceptons le fait qu'elles veulent commencer une nouvelle vie et que nous allons leur accorder une réhabilitation. Sans cela, dans bien des cas, ces gens ne pourront pas refaire leur vie et leur passé les hantera encore longtemps.
Le revers de la médaille, c'est qu'il y en a que nous ne devons pas réhabiliter, et que le temps presse. J'espère que le gouvernement dira qu'il ne permettra pas à Mme Homolka d'obtenir une réhabilitation et qu'il prendra les moyens pour qu'elle ne l'obtienne pas. Je pourrai alors transmettre le message à M. et Mme French, pour qu'ils aient l'assurance qu'ils ne seront jamais témoins d'une telle infamie.
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Madame la Présidente, je suis fier d'appuyer le projet de loi présenté à la Chambre par le .
Comme les députés le savent, il y a à peine quelques semaines, les Canadiens ont appris avec stupéfaction qu'un individu reconnu coupable d'infractions sexuelles contre des enfants s'était vu octroyer une réhabilitation.
La réhabilitation accordée à M. Graham James a révélé aux yeux de millions de Canadiens et du gouvernement l'existence de lacunes inacceptables dans la Loi sur le casier judiciaire. Un éditorial publié dans le Times Colonist de Victoria peu après la divulgation de cette situation a résumé très clairement ce que ressentaient de nombreux Canadiens.
Bien que l’intention soit bonne, la loi ne tient pas la route. Elle ne réussit pas à établir les distinctions morales pertinentes. Elle nuit au travail essentiel des policiers. Elle impose des normes beaucoup trop laxistes aux responsables. Et elle insulte notre sens des convenances.
Inutile de dire que ces lacunes très graves sont inacceptables dans un pays qui se targue d’avoir un système de justice équitable et équilibré. Le projet de loi , que nous étudions aujourd’hui, établira un juste équilibre dans la Loi sur le casier judiciaire.
Le projet de loi placera la sécurité publique là où elle doit être: au centre de toutes les décisions. Aux termes du projet de loi , le terme « réhabilitation » serait remplacé par la « suspension du casier judiciaire ». Le projet de loi permettrait à la commission de refuser une suspension du casier judiciaire dans le cas où une enquête révélerait que cette suspension discréditerait l'administration de la justice. Le projet de loi permettrait à la commission de tenir compte de toute une gamme de facteurs avant de trancher.
Je crois que les députés seront d'accord avec moi pour dire que c'est ainsi que le système devrait fonctionner. Notre système de justice est fondé sur l'équité et l'équilibre. La Commission nationale des libérations conditionnelles ne peut pas rendre des décisions équitables et équilibrées si elle n'a pas les outils pour le faire.
Pour donner aux délinquants l'occasion de prouver qu'ils méritent une deuxième chance, le projet de loi prolonge la période d'inadmissibilité à une suspension du casier judiciaire. Dans le cas des infractions punissables sur déclaration sommaire de culpabilité, la période passerait de trois à cinq ans, et dans le cas des infractions punissables par voie de mise en accusation, de cinq à dix ans. Autrement dit, les suspensions de casier judiciaire ne seraient accordées qu'aux ex-délinquants qui pourraient pleinement démontrer qu'ils méritent une deuxième chance. Il devrait en être ainsi, et le projet de loi ferait en sorte qu'il en soit ainsi.
Grâce au projet de loi , la Loi sur le casier judiciaire tiendrait compte de ce dont les Canadiens sont conscients, à savoir que tout délinquant ne mérite pas systématiquement l'admissibilité à une suspension de son casier judiciaire. Dans certains cas, pareille suspension ne saurait être justifiée car elle va trop à l'encontre de nos convictions légitimes ou de la sécurité publique.
Un délinquant reconnu coupable de plus de trois actes criminels a fait preuve d'un comportement tel qu'il y a lieu de poser la question suivante: est-ce que le risque à la sécurité publique que peut poser la suspension du casier judiciaire de cette personne saurait être justifié? Bon nombre de Canadiens de même que le gouvernement répondent non à cette question.
C'est pour reconnaître le droit des délinquants à obtenir une deuxième chance et à recommencer à la case départ qu'on a instauré le système de réhabilitation. Toutefois, parallèlement au droit à une deuxième chance, il faut tenir compte de la protection de la sécurité publique, qui doit demeurer en tout temps la préoccupation première.
Le projet de loi fournit cette assurance, car il prévoit que tout délinquant reconnu coupable de plus de trois actes criminels est inadmissible à une suspension de casier judiciaire.
Pour ce qui est de l'atteinte à nos convictions légitimes, voici ce qu'on a pu lire récemment dans un éditorial de l'Ottawa Citizen:
Les délinquants sexuels qui s'en prennent à des enfants forment une classe particulière de criminels. C'est une chose de les laisser sortir de prison lorsqu'ils ont purgé leur peine, mais c'est une erreur de prétendre que tout est oublié. Les victimes de ces personnes n'auront jamais la possibilité d'oublier ce qu'elles ont subi.
Voilà pourquoi le projet de loi rendrait inadmissible à la suspension du casier toute personne condamnée pour une infraction d'ordre sexuel commise à l'égard d'un enfant.
Nous avons entendu la réponse des victimes de M. James et d'autres délinquants sexuels à qui on a octroyé une réhabilitation en vertu de la loi. Elles considèrent à juste titre qu'on a porté l'insulte à son comble.
Les mesures législatives ne devraient pas léser davantage les personnes qui ont déjà subi des préjudices. Comme on l'a souligné plus tôt, le projet de loi , qui remplace le terme « réhabilitation » par « suspension du casier », nous permettra de témoigner du respect pour les victimes de crimes et pour les sévices physiques et émotionnels qu'elles ont subis. C'est la moindre des choses que nous pouvons faire pour ces victimes. J'exhorte donc tous les députés à appuyer l'adoption rapide du projet de loi.
J'ai écouté attentivement les intervenants précédents. Ils nous ont dit qu'ils appuyaient certains éléments du projet de loi, que le comité devrait examiner plus profondément la question. On vient de dire qu'il faudrait scinder le projet de loi pour respecter les sentiments d'autres députés en ce qui concerne des éléments du projet de loi qui sont valables et d'autres qui nécessitent un examen. Par ailleurs, d'autres députés ont dit qu'ils avaient déjà tenté de résoudre le problème et qu'ils n'avaient pas réussi, ce qui expliquait que le gouvernement proposait maintenant des mesures législatives additionnelles.
Il est important que les Canadiens comprennent que le droit pénal et les lois sont semblables à la société. Ils changent et ils évoluent. Ils ont besoin de modifications et d'améliorations et, comme la plupart d'entre nous, ils réagissent aux choses qui surviennent autour d'eux. Notre gouvernement a un programme en ce qui concerne la sécurité publique au Canada, et ce projet de loi est l'une des mesures législatives qui montrent aux Canadiens que le système de justice pénale doit travailler pour eux.
Je crois que c'est ce que fait cette mesure législative. Elle permet aux gens d'obtenir une suspension de leur casier judiciaire pour qu'ils puissent poursuivre leur vie, mais elle tient aussi compte des besoins des Canadiens de se sentir en sécurité et de savoir que la Chambre se soucie de leur sécurité, de celle de leurs enfants et de celle des personnes qui leur sont chères. Je pense que le projet de loi contribue grandement à la réalisation de ces objectifs.
Je serais heureux d'obtenir la collaboration de tous les députés, surtout celle des membres du Comité de la sécurité publique et du Comité de la justice qui examineront cette mesure législative dont la Chambre est saisie et qu'ils se demandent alors ce que leurs électeurs ressentent vraiment, plutôt que ce que leur parti ou eux ressentent.
Dans les cafés de l'ensemble du pays, quand nous parlons de la situation relative à M. James ou à Karla Homolka, c'est ce type de mesures législatives que la population demande, et même exige.
J'espère obtenir la collaboration des autres députés afin d'assurer l'adoption rapide du projet de loi.
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Madame la Présidente, je suis heureux de dire quelques mots sur le projet de loi .
J'aimerais tout d'abord rapporter une anecdote qui fait partie de l'histoire de . Mon oncle a été député à la Chambre des communes. Il a également été juge à la cour provinciale pendant plus de 35 ans. On l'appelait « Henry l'exécuteur ». On pourrait croire qu'il était très sévère en matière de loi et d'ordre, mais au fil des ans, j'ai rencontré bon nombre de personnes qui ont comparu devant lui en tant que jeunes délinquants ayant contrevenu à la loi pour la première fois. Ces gens nous ont dit, à moi ou à des membres de ma famille, que le juge Henry leur avait donné une chance. Il était sévère et il leur inspirait une peur noire, mais il leur avait donné une chance de modifier leur comportement, sans quoi ils auraient à faire face à la rigueur de la justice, ce qui mettrait leur avenir en jeu. À cause de la rigueur et de la sévérité de la justice, bon nombre d'entre eux sont devenus des membres importants et actifs de la société.
C'est de cela que nous nous devrions tenir compte en ce qui a trait au processus de réhabilitation. Il y a moins d'un mois, le a présenté ce projet de loi. C'est là un autre de ces projets de loi en matière de justice pénale des conservateurs qui a été annoncé en grande pompe, mais qui n'a pas fait l'objet d'une étude approfondie. La Chambre des communes est bien sûr censée se pencher sur le premier jet de ces mesures législatives, renvoyer le document au comité permanent qui en fera l'étude en se basant sur les témoignages qu'il a entendus, pas seulement des experts, mais des gens ordinaires qui sont venus témoigner, comme bon nombre de ceux qui ont comparu devant mon oncle il y a plus de 35 ans, pour dire qu'on leur avait donné une chance et qu'ils en remerciaient le ciel parce qu'ils étaient maintenant devenus des pères et des mères de famille qui contribuent à la société, qui ont un emploi et ainsi de suite.
Le comité se penchera sur toutes les répercussions de ce projet de loi, mais en résumé, la Loi supprimant l'admissibilité à la réhabilitation pour des crimes graves modifie la Loi sur le casier judiciaire afin de remplacer le terme « réhabilitation » par « suspension du casier ». Comme on l'a expliqué aux Canadiens, dans les cas de personnes reconnues coupables d'infractions sexuelles à l'égard d'enfants, le projet de loi interdirait la réhabilitation ou la suspension du casier. Les récidivistes sont également visés dans le projet de loi et les mesures de suspension du casier et de réhabilitation seraient restreintes et le délai entre la libération conditionnelle et l'admissibilité à la suspension du casier serait prolongée.
Pour finir, la Commission nationale des libérations conditionnelles devrait régulièrement faire rapport au .
Actuellement, si un citoyen canadien reconnu coupable d'un crime est réhabilité après avoir purgé sa peine, son casier judiciaire sera classé à part. En général, la Commission nationale des libérations conditionnelles octroie le pardon à tous les demandeurs. Dans le cadre du débat sur ce projet de loi, il est à noter que, depuis 1970 — année où des modifications importantes ont été apportées au Code criminel —, 96 p. 100 de tous les pardons octroyés sont toujours en vigueur. C'est un fait important, dont il faut tenir compte dans ce débat, ici et au comité. Je le répète, 96 p. 100 des pardons octroyés sont toujours en vigueur. Par conséquent, sous réserve des preuves présentées au comité, cela signifierait que seulement 4 p. 100 des demandeurs qui ont obtenu un pardon ou une suspension du casier se le sont fait retirer.
Par conséquent, on pourrait dire que ce système fonctionne, puisque la réhabilitation a permis à des gens de mener une vie suffisamment rangée pour ne pas se voir retirer leur pardon. La quasi-totalité des citoyens réhabilités ne commettent pas d'autres crimes, ni dans leur collectivité, ni ailleurs.
Néanmoins, si l'on en croit les récentes manchettes des médias, le Canada encouragerait la poursuite des activités criminelles en réhabilitant les gens au compte-gouttes. Les conservateurs, avec leurs tactiques de manipulation de l'opinion publique, donnent l'impression que les pardons sont accordés à la pelle et que tous ceux à qui la commission a octroyé un pardon récidivent et ne méritent pas d'être réhabilités. Or, cela ne semble pas être le cas, puisque les études réalisées montrent qu'il n'y a pas de lien entre le maintien de la réhabilitation dans le système judiciaire canadien et la poursuite des activités criminelles dans nos collectivités.
Examinons les objectifs du système actuel de réhabilitation. Ce projet de loi a été présenté il y a très peu de temps. D'après mes calculs, le 23 juin, ou vers cette date, cela fera environ quatre ans et demi que le gouvernement conservateur a pris les rênes de l'État. Dans la vie d'une personne normale, quatre ans et demi représentent une période importante. Au cours de cette période, un nourrisson passe à la petite enfance. Une personne pourrait faire de grands progrès dans sa vie professionnelle. En cette ère d'élections à répétition, on pourrait s'attendre à ce que le programme du gouvernement soit bien avancé.
Au cours de cette période de quatre ans et demi, comme c'est la première fois qu'on entend parler de la réhabilitation, on pourrait conclure que le gouvernement ne s'intéressait pas du tout à cette question. Comme il n'en avait encore jamais parlé, on ne peut pas dire que cette question figurait au nombre des priorités du gouvernement. En interprétant librement le moment choisi et le programme du gouvernement, on pourrait dire qu'auparavant, il a présenté d'autres projets de loi en matière de justice et qu'il a tenté de les faire adopter.
Les banquettes d'en face comptent de fervents adeptes de la justice. Malheureusement, le tapis leur a glissé sous les pieds en raison de la prorogation répétitive du Parlement. Les projets de loi se retrouvent en bas de la liste et doivent franchir de nouveau les différentes étapes. C'est honteux. C'est une perte de temps. Il faudrait qu'un jour ou l'autre, la Chambre ou un comité se penche sur cette manie de déclencher des élections et de proroger le Parlement, ce qui a pour effet de retarder l'adoption de lois très importantes.
Pendant quatre ans et demi, la réhabilitation n'a pas figuré au nombre des priorités absolues du gouvernement. Il est important d'examiner la nature même du système de réhabilitation au Canada. La réhabilitation permet à des personnes reconnues coupables d'un acte criminel qui ont terminé de purger leur peine et qui ont démontré qu'elles étaient d'honnêtes citoyens de demander que leur casier judiciaire soit conservé séparément des autres casiers judiciaires.
Pourquoi est-ce important? C'est important pour ces personnes de se voir accorder la réhabilitation. Cette mesure les aide à réintégrer la collectivité. On ne peut pas passer en revue chacun des cas où la réhabilitation a été octroyée. Par contre, quand on sait que 96 p. 100 des personnes qui ont obtenu la réhabilitation n'ont pas récidivé, on peut penser que cette mesure les a probablement aidées à mieux réintégrer la société.
Comment? Encore une fois, sans autres éléments d'information, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous renvoyons ce projet de loi au comité, nous pourrions comprendre qu'une condamnation au criminel remontant à 10 ou 15 ans puisse nuire aux chances d'un candidat d'être embauché. En vertu de la Loi sur le casier judiciaire, la Commission nationale des libérations conditionnelles peut octroyer, délivrer, refuser ou révoquer des réhabilitations concernant des condamnations imposées aux termes de règlements et de lois fédérales. En vertu de ce pouvoir, seulement 4 p. 100 des réhabilitations accordées depuis 1970 ont été révoquées.
Nous ne savons toutefois pas vraiment combien de réhabilitations sont octroyées, délivrées ou refusées, mais je suis certain que le comité fera preuve comme toujours de la diligence voulue et obtiendra ces réponses. Nous aimerions peut-être savoir si les refus sont assortis de motifs, et si ces motifs sont valables au sens de notre interprétation du droit pénal et conformes à nos principes de réhabilitation. Je crois que nous aimerions tous savoir cela. Cela nous serait utile. Toutefois, comme je l'ai dit, c'est vraiment la première fois que ce sujet est abordé à la Chambre.
Le but, ici, consiste à accorder aux condamnés la possibilité de réformer leur vie et de redevenir des citoyens respectueux de la loi. Par exemple, le système de réhabilitation permet souvent aux contrevenants d'obtenir un emploi même après vérification de leurs antécédents criminels. Sans vouloir compromettre la sécurité des Canadiens, nous tenons à nous assurer que les personnes réhabilitées puissent réintégrer la société.
Bien des éléments du programme des conservateurs sur le plan de la justice criminelle semblent avoir une faiblesse commune. Ils reposent sur le principe que, si nous mettons les criminels à l'ombre durant longtemps, la société sera plus en sécurité, mais pour combien de temps? C'est l'élément clé, et c'est à cela que tient la différence fondamentale entre la théorie, qui veut qu'on enferme les criminels à double tour pendant longtemps, et la réalité, qui fait que la plupart des criminels finissent par sortir de prison.
Concernant la sécurité du public, la question se résume à ceci: quel genre de personnes voulons-nous laisser sortir à la fin de leur peine? Une peine de cinq ans finit par se terminer. Elle peut finir plus tôt, mais elle ne durera pas plus de cinq ans. Voulons-nous que la personne qui sortira ait investi un minimum d'efforts pour se réhabiliter? Voulons-nous que cette personne obtienne un emploi et paie des impôts? J'espère que tous les partis répondraient oui à ces questions.
Le système de réhabilitation, dans l'état actuel des choses, semble viser ces objectifs. Actuellement, en cas de réhabilitation, toute l'information relative à la condamnation est supprimée au Centre d'information de la police canadienne, ou au CIPC, comme l'appellent tous ceux qui oeuvrent dans le monde de la justice et de l'application de la loi. Que reste-t-il au CIPC? Le dossier de la personne est-il conservé? Seul le a le droit de dévoiler cette information.
Une réhabilitation en vertu de la Loi sur le casier judiciaire entraîne une modification des dossiers au sein des ministères et organismes fédéraux, et les responsables de l'application de la loi, au sein des forces provinciales et municipales, respectent généralement toute restriction concernant l'accès aux dossiers.
Un élément est particulièrement pertinent dans le contexte actuel: les délinquants sexuels peuvent être réhabilités, mais leur nom demeure au registre national des délinquants sexuels. C'est un exemple de ce qui a attiré l'attention du gouvernement et de la Chambre sur ce problème: le nom d'un délinquant sexuel figurera toujours au registre national des délinquants sexuels.
On discute beaucoup actuellement, au Canada, de l'efficacité de ce système. Partout, dans les villages, les villes, les régions, les comtés et les provinces, les gens formulent des préoccupations concernant la connaissance qu'ont les citoyens de l'identité des délinquants sexuels reconnus et de leur lien avec le registre national des délinquants sexuels. Mais ce n'est pas de cela dont nous parlons maintenant. Nous parlons de réhabilitation. C'est une différence sur laquelle il faut insister, parce que le gouvernement devrait en toute hâte examiner également l'efficacité du registre national des délinquants sexuels pour vérifier que ce système fonctionne bien.
Il est très important de comprendre qu'aucune reconnaissance internationale n'est accordée à la réhabilitation et que des régions sous domination étrangère pourraient ne pas tenir compte des conséquences d'une réhabilitation obtenue au Canada. C'est parfois le cas chez notre grand voisin du Sud et principal partenaire commercial, où les réhabilitations sont déclarées inadmissibles. Les condamnations ne s'effacent pas quand on passe la frontière. On entend souvent des députés de toutes allégeances plaider la cause de camionneurs de leur circonscription qui tentent d'entrer aux États-Unis, mais qui ont un dossier qui date de nombreuses années et qui est sûrement chose du passé pour eux puisqu'ils contribuent maintenant à la société.
Dans le processus de demande de réhabilitation, c'est la Commission nationale des libérations conditionnelles qui a le dernier mot quand il s'agit de décider qui obtiendra une réhabilitation et qui se la verra refuser. Notons cependant, et cela est important, que les demandeurs déboutés peuvent présenter chaque année une nouvelle demande.
J'aimerais citer des données statistiques que la Commission nationale des libérations conditionnelles a publiées. Ce sont les plus récentes dont nous disposons, mais je suis certain que le comité posera des questions plus précises aux fonctionnaires de la commission. En 2009-2010, 24 000 réhabilitations ont été accordées contre seulement 425 qui ont été refusées. Nous ne connaissons pas les motifs de refus, mais il serait intéressant de s'en informer auprès des témoins qui comparaîtront devant le comité. Au cours des cinq dernières années, presque 112 000 personnes ont obtenu une réhabilitation. C'est un nombre impressionnant, compte tenu de la population du Canada.
Le point central à retenir est que 96 p. 100 des réhabilitations sont toujours en vigueur. Force est de reconnaître en toute objectivité que c'est là un taux de réussite très élevé. Ce taux indique clairement la proportion de personnes ayant obtenu une réhabilitation qui continuent de vivre dans le respect des lois. N'est-ce pas le but de toute notre législation en matière de justice pénale? Le taux peu élevé de révocation des réhabilitations serait attribuable en grande partie à la longueur de la période d'attente pour y devenir admissible dans le cadre actuel.
Je peux concevoir que l'on trouve à redire au nombre de demandes que la Commission nationale des libérations conditionnelles a approuvées, mais il faudrait se garder de prétendre que l'approbation d'une demande de réhabilitation consiste simplement à approuver sans discussion.
En 2006, le ministre de la Sécurité publique de l'époque a examiné le système de réhabilitation et il n'a proposé aucune modification importante. Ce temps est révolu. Aujourd'hui, le système suscite de vives préoccupations, à telle enseigne que le gouvernement semble penser qu'une réforme importante est justifiée. Qu'y a-t-il de différent depuis le rapport que le ministre de la Sécurité publique a présenté en 2006 et aujourd'hui?
Serait-il possible que le gouvernement conservateur réagisse à de gros scandales ou à des affaires croustillantes qui ont fait les manchettes? Quelque 100 000 demandes ont été présentées au cours des cinq dernières années, soit environ 25 000 demandes par année, et je suis plutôt conservateur avec les chiffres. Le gouvernement veut modifier le système à cause d'une poignée d'affaires qui ont fait les manchettes, des affaires qui incitent les députés et les gens bien-pensants à conclure que ces contrevenants ne devraient même pas être admissibles à la réhabilitation, encore moins obtenir la réhabilitation.
Est-ce ainsi que les choses se passent dans la vie? Est-ce qu'on isole un cas sur 25 000 pour justifier l'urgence d'une réforme? La Chambre et le gouvernement se sont penchés sur la question il y a trois ou quatre ans et on a conclu que le système fonctionnait bien. Il doit bien avoir une explication au fait que le système fonctionnait bien en 2006 et qu'il ne fonctionne plus du tout aujourd'hui. C'est parce que nous aimerions qu'on nous fournisse cette explication au comité que nous appuierons le renvoi de la mesure au comité.
La plupart du débat à la Chambre porte sur la question de savoir s'il y a lieu de remplacer le terme « réhabilitation » par « suspension du casier ». Selon moi, c'est blanc bonnet, bonnet blanc. Tant que les termes « suspension du casier » et « réhabilitation » seront considérés comme synonymes on continuera de présenter des demandes et le processus ne changera pas. Le changement de termes n'ajoute rien de plus au processus.
On semble associer un élément moral important au terme « réhabilitation ». En fait, s'agit-il vraiment d'un pardon? Ce n'est pas la société qui pardonne aux criminels les crimes qu'ils ont commis, la mesure prévoit que les casiers judiciaires des criminels seront scellés et qu'ils ne pourront pas être utilisés contre eux lorsqu'ils présenteront une demande d'emploi et chercheront à se réinsérer dans la collectivité. Le terme est peut-être juste.
Pourquoi n'est-on pas allé de l'avant en 2006? Pourquoi n'a-t-on pas procédé à une telle réforme à l'époque? J'aimerais savoir ce que les représentants du ministère de la Sécurité publique ont à dire à propos du terme « réhabilitation » et de la notion de « suspension du casier ».
Un bon nombre d'entre nous savent que l'élément du projet de loi poussé avec le plus d'énergie par le gouvernement est la modification en vertu de laquelle les délinquants condamnés pour plus de trois infractions criminelles ou pour des infractions sexuelles contre des personnes mineures ne seraient plus admissibles à la réhabilitation.
Je suis le père de trois jeunes filles. En tant que tel, je ne suis peut-être pas tout à fait objectif, mais je n'ai rien contre l'idée de l'inadmissibilité à la réhabilitation dans le cas d'un délinquant condamné pour une infraction d'ordre sexuel commise contre une personne mineure. Je ne parle pas au nom de mon parti ni au nom des membres du comité, mais il s'agit d'une question qui doit être examinée par le comité et tous les députés doivent y réfléchir personnellement.
En ce qui concerne les trois infractions criminelles, tous pensent qu'il s'agit des plus graves et des plus énormes. C'est là où je m'attends à une certaine latitude dans le système, comme celle dont disposait mon vieil oncle Henry et qui lui a permis de sauver bien des gens, je crois, en étant sévère avec eux, mais en leur laissant une chance de se réhabiliter.
Je suis persuadé que le comité entendra parler de personnes condamnées pour trois infractions criminelles qui sont probablement réhabilitables ou qui ont été réhabilitées et qui ont bien tourné, mais je ne sais pas encore car les témoignages n'ont pas été livrés à ce stade.
De la même façon, en ce qui concerne les suspensions du casier, le projet de loi prolongerait la période d'inadmissibilité jusqu'à cinq ans pour les infractions punissables sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire et à dix ans pour les infractions punissables par voie de mise en accusation. En résumé, ces dispositions donneraient un air plus sévère à la loi, mais seraient-elles plus efficaces?
Quatre-vingt-seize pour cent des gens ne récidivent pas. Le système n'est pas laxiste. Il faut un certain nombre d'années avant qu'une personne puisse présenter une demande de pardon et un grand nombre des demandes acceptées le sont sur la base des faits présentés par la Commission nationale des libérations conditionnelles et d'autres intervenants.
Nous allons renvoyer ce projet de loi au comité. Je ne suis pas convaincu que ce projet de loi ne soit pas simplement une réaction primaire à un quelconque grand titre au sujet de Graham James par exemple. Cependant, lorsque quiconque prend la parole à la Chambre pour dire que lorsque les députés s'opposent à ce projet de loi, cela prouve qu'ils sont d'accord pour accorder un pardon à Graham James, je pense que c'est illogique et malavisé.
Nous voulons tous protéger la société, mais il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, surtout si le système de réhabilitation tel que nous le connaissons fonctionne pour la vaste majorité des demandeurs. S'il fonctionne pour ces demandeurs et s'il permet de les réinsérer dans la société, ce processus fonctionne bien pour la société, pour nous.