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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole, au nom du Bloc québécois, au sujet du projet de loi — Loi sévissant contre les consultants véreux.
D'entrée de jeu, je dirai que le Bloc québécois votera pour l'étude en comité du projet de loi C-35. Notre formation politique a décidé de donner une chance au projet de loi et de voir si on peut le bonifier en comité. Les hommes et les femmes qui nous écoutent essaient de comprendre comment fonctionnent la Chambre des communes et les comités. Nous avons aujourd'hui l'occasion de leur expliquer qu'un projet de loi qui est déposé peut toujours être bonifié en comité. Une fois qu'on aura fait comparaître les témoins et analysé leurs témoignages, on pourra apporter des amendements au projet de loi, qui seront votés par les membres du comité et, par la suite, rapportés à la Chambre des communes.
On constate que trop de consultants en immigration réussissent présentement à agir de façon frauduleuse, et ce, en toute impunité. Après toutes ces années, le gouvernement fédéral n'a clairement pas réussi à établir une réglementation efficace en la matière. L'échec de la Société canadienne de consultants en immigration en est une preuve flagrante.
Notre parti estime qu'il convient d'étudier en comité la pertinence d'établir un nouvel organisme de réglementation, mieux surveillé et pouvant sévir plus sérieusement contre les consultants fautifs qui offrent leurs services dans le cadre de programmes fédéraux en matière d'immigration.
La réglementation des professions relevant du Québec et des provinces, le Bloc québécois s'inquiète du fait qu'une loi fédérale voulant désigner et établir un organisme de réglementation des consultants en immigration s'ingère dans les compétences du Québec. C'est important. Tous les jours, les députés du Bloc québécois, qui ont été élus par la population du Québec, se lèvent fièrement à la Chambre pour défendre les intérêts et les valeurs des Québécoises et des Québécois. Entre autres valeurs, il y a le respect des compétences. La façon dont les professions sont gérées relève de la compétence provinciale. Pour le Bloc québécois, il est important de faire comprendre cela au gouvernement en comité.
Le gouvernement du Québec a d'ailleurs démontré qu'il avait pleine compétence en la matière en adoptant le règlement sur les consultants en immigration, qui entrera en vigueur le 4 novembre 2010. Le Québec se veut souvent le chef de file de plusieurs initiatives qui, par la suite, sont reprises par d'autres provinces canadiennes. On l'a toujours dit: lorsque le Québec sera un pays — on espère que ce sera le plus rapidement possible —, il aura de bons voisins avec qui il pourra entretenir de bonnes relations. Il pourra toujours créer de bons exemples législatifs, comme il le fait présentement, qui pourront être repris par le Canada.
On espère que le gouvernement du Canada reprendra ce qu'a fait le gouvernement du Québec. Pour ce faire, le gouvernement fédéral doit reconnaître la compétence du Québec et des provinces, afin qu'on puisse dire clairement que les consultants véreux en matière d'immigration seront remplacés par l'ordre professionnel qui sera régi par la réglementation du Québec, puisqu'il s'agit d'une compétence du Québec et des provinces.
Le 9 juin 2008, le Bloc québécois a aussi fait adopter par le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration une recommandation voulant qu'un consultant en immigration du Québec soit reconnu officiellement en vertu des lois québécoises, plutôt que d'être assujetti à l'obligation d'être membre de la Société canadienne de consultants en immigration.
Le Bloc québécois est toujours fidèle à lui-même. Notre excellent porte-parole, le député de , a très bien fait son travail en faisant comprendre au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration qu'il serait important que le gouvernement canadien reconnaisse officiellement les consultants en immigration du Québec, qui seront régis par un règlement à compter du 4 novembre 2010.
Ainsi, même si le projet de loi C-35 permettrait de mieux encadrer les consultants agissant dans la portion de responsabilité en immigration qui relève du fédéral, le Bloc québécois a de sérieuses inquiétudes quant au pouvoir que le ministre s'arroge en se permettant de désigner un organisme de réglementation dans la législation fédérale. Le chevauchement des compétences n'a jamais de bons effets, c'est évident.
On le voit surtout depuis quelques mois, depuis même plus d'une année maintenant. Le gouvernement fédéral a décidé de s'ingérer dans les valeurs mobilières avec une commission pancanadienne. Pourtant, le Québec a sa propre Commission des valeurs mobilières, comme les autres provinces canadiennes. Entre autres, cela a permis au système canadien d'être reconnu comme étant celui qui a été le plus efficace pour traverser la dernière crise économique. Cette crise se voulait une crise financière et elle a éclaté au grand jour dans les bourses à travers le monde.
Évidemment, il est toujours assez difficile à comprendre qu'encore une fois, le gouvernement fédéral veuille remplacer quelque chose qui fonctionne par un organisme centralisé, pancanadien, alors qu'internationalement on reconnaît l'efficacité du système canadien. Le système de passeports permettait à chacune des provinces, autant le Québec que les autres provinces, d'avoir leur propre Commission des valeurs mobilières. Cela a apporté la sécurité dans toute la gestion de cette crise financière boursière.
Même si le en perd pratiquement la voix alors qu'il s'époumone à nous dire que c'est un système volontaire, il sait très bien que des encouragements seront faits aux entreprises directement pour qu'elles adhèrent au système pancanadien.
C'est toujours cela la réalité fédérale, soit d'essayer de déposséder le Québec et les provinces. Si cela ne dérange pas le reste des provinces, c'est bien, mais là, on s'aperçoit que l'Alberta a également beaucoup de difficultés avec ce fait. Elle semble vouloir se tenir debout, ce qui est assez rare. Elle est plutôt à genoux devant le gouvernement fédéral, mais là, le gouvernement de l'Alberta semble vouloir se tenir debout par rapport à la commission des valeurs mobilières pancanadienne.
Encore une fois, le Bloc québécois sera aux aguets et ne veut surtout pas que le projet de loi , qui se veut être cette loi contre les consultants véreux en immigration, ne respecte pas les champs de compétence des provinces. En effet, comme je le disais tout à l'heure, la Société canadienne de consultants en immigration a été un échec flagrant. Donc, inévitablement, laissons donc le Québec et les provinces faire une gestion saine et efficace des consultants en immigration.
De plus, notre parti est d'avis qu'il conviendra d'analyser plus en profondeur l'aspect du comité. En effet, nous avons une inquiétude par rapport au projet de loi qui obligerait la communication de renseignements entre les membres du Barreau du Québec ou de la Chambre des notaires du Québec et le gouvernement fédéral. Donc, il faudrait analyser en profondeur cet aspect du projet de loi afin de s'assurer qu'il n'entre pas en conflit avec les lois québécoises et afin que l'intégrité du Barreau du Québec et de la Chambre des notaires soit préservée.
Étant moi-même notaire de formation, cela me permet de vous donner un petit cour de droit. Vous savez qu'au Québec, les notaires sont ces légistes qui se spécialisent dans tout le volet contractuel au niveau des relations d'affaires, des personnes, des entreprises et tout cela. Donc, c'est l'objectif. Inévitablement, le Code civil du Québec relève du Code Napoléon. Vous comprendrez donc que le Québec a cette particularité. Je suis toujours surpris de voir des collègues notaires avoir un penchant fédéraliste alors que la Chambre des notaires du Québec et la profession de notaire sont l'image même de cette diversité, de cette différence entre le Québec et le reste du Canada. Nous sommes la seule province qui a une Chambre des notaires et une formation en notariat. L'ancêtre de cette formation est évidemment français. Les notaires sont des professionnels très respectés en France. Encore une fois, parce que le Code civil du Québec relève du Code Napoléon, la profession de notaire se veut ce lien direct entre ces droits ancestraux qu'a conservés le Québec par rapport à ce qui s'est passé dans le reste du Canada. Ailleurs, ils ont la common law, alors qu'au Québec nous avons le Code civil.
Si on décide que le Barreau du Québec et la Chambre des notaires du Québec doivent se rapporter au gouvernement fédéral, il faudra s'assurer que les droits et les champs de compétence du Québec sont respectés. C'est là l'objectif visé. Concernant la Chambre des notaires du Québec, on s'entend que le gouvernement fédéral n'a aucune connaissance ni compétence en la matière.
En conclusion, le Bloc québécois s'oppose à toute ingérence du gouvernement fédéral dans les compétences du Québec. Il veillera à ce que le projet de loi ne donne pas au ministre des pouvoirs qui ne devraient pas être les siens.
On parle de consultants en immigration. Une façon très intéressante de diminuer le nombre de consultants véreux serait de transférer une partie de ces pouvoirs à des avocats ou à des notaires au Québec ou à des avocats dans le reste du Canada régis par des codes de profession.
Si on regarde ce qui se passe dans le domaine du droit, il y a quelques avocats et parfois des notaires qui se font prendre. Cependant, comme il y a une façon de faire et une structure établie, ils sont très rapidement expulsés de l'ordre et ils ne peuvent plus pratiquer. Cela n'était pas le cas avec la structure qui avait été mise en place par le fédéral. C'est pourquoi la Société canadienne de consultants en immigration, qui était plus ou moins encadrée, a été un échec. Ce n'était pas une profession reconnue.
Il faudrait établir une nouvelle façon de former les consultants. Ces derniers devraient se rapporter à la Chambre des notaires du Québec, au Barreau du Québec ou au Barreau des autres provinces canadiennes. Cela pourrait être une façon intéressante de procéder.
Ces professions sont régies par le Code des professions du Québec. Les membres de la Chambre des notaires du Québec et du Barreau du Québec sont régis par le Code des professions du Québec. Nous devons nous assurer que tout nouveau pouvoir qui serait donné à un ordre professionnel respecterait le champ de compétence du Québec et de chacune des provinces.
Je vais revenir sur l'historique du projet de loi . Le 8 juin 2010, le gouvernement a déposé le projet de loi . Je vais donner les grandes lignes du projet de loi.
Le ministre pourra désigner un organisme de réglementation qui sera chargé de régir et de surveiller les activités des consultants, organisme qui remplacera la Société canadienne de consultants en immigration.
Seuls les consultants autorisés par cet organisme et/ou les membres du Barreau d'une province ou de la Chambre des notaires du Québec pourront recevoir des honoraires en échange de conseils, sauf quelques exceptions: un stagiaire d'un membre en règle, une entité ou une personne qui agit en son nom conformément à une entente avec le gouvernement, par exemple les centres de réception des demandes de visa et d'autres fournisseurs de services.
Toute autre personne qui « sciemment représente ou conseille une personne, moyennant rétribution, dans le cadre d’une demande ou d’une instance prévue par la présente loi, ou offre de le faire » commettrait ainsi un acte criminel passible d'une peine d'emprisonnement de deux ans ou d'une amende de 50 000 $, ou les deux peines. Notons que cette infraction générale est déjà inscrite dans la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Les consultants doivent donc être reconnus par un organisme. S'ils conseillent sciemment des personnes, ils commettront une infraction criminelle.
La loi permettra un échange de renseignements entre différents paliers. L'organisme désigné devra fournir les renseignements réglementaires au ministre, afin que celui-ci puisse vérifier si l'organisme agit de façon conforme et dans l'intérêt public.
Une réglementation régira la communication de renseignements en permettant au ministère de divulguer des informations sur le plan professionnel ou de l'éthique des membres d'ordres de juristes provinciaux à l'organisme désigné ou à la personne chargée d'enquêter sur la conduite d'un consultant.
Les échanges entre le gouvernement fédéral et les membres du Barreau québécois et de la Chambre des notaires du Québec devront se faire de façon à ce que les compétences du Québec et des provinces soient respectées en tout temps.
Le 30 août 2010, le gouvernement a publié un avis sollicitant les soumissions de candidats intéressés à devenir l'organisme de réglementation de la profession de consultant en immigration.
Il est à noter que ce projet de loi modifiant la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, les dispositions visent les personnes qui font l'objet d'une procédure ou présentent une demande pour une affaire d'immigration ou d'asile et non pas pour une affaire de citoyenneté. La Loi sur la citoyenneté ne prévoit pas les mêmes pouvoirs de réglementation que la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Le projet de loi déposé au printemps dernier réglementerait cependant en cette matière, notamment en augmentant les peines pour les consultants qui aident les gens à obtenir la citoyenneté de façon frauduleuse.
Le projet de loi modifie des dispositions législatives qui sont différentes du projet de loi C-37.
En bref, le projet de loi C-35 élargit le spectre des activités qui seront régies par la loi. Dans la réglementation fédérale actuelle, le gouvernement a la capacité de sévir seulement à partir du moment de la présentation de la demande ou du début d'une procédure. Dans le cadre du projet de loi C-35, le représentant autorisé commet une infraction s'il représente ou conseille une personne contre rémunération, dans le cadre d'une demande ou d'une instance prévue par la loi, ou offre de le faire. Cet ajout permettrait de réglementer et de punir, s'il y a infraction, toutes les formes de représentation et de conseil à quelque étape que ce soit, y compris les consultants non autorisés qui pourraient agir avant la présentation d'une demande d'immigration.
Tous ceux qui font de la sollicitation, donc les consultants véreux, demandent de l'argent pour essayer d'aider les gens lors des procédures d'immigration.
On a pu constater — les médias s'en sont emparés de façon importante — certains abus. Des personnes se sont fait soutirer des sommes importantes, souvent les seules économies qu'elles avaient, pour essayer d'obtenir leur droit à l'immigration en sol québécois et canadien. Je pense qu'il faut intervenir à cet égard.
Par contre, le Bloc québécois tient à souligner qu'en matière d'immigration, le Québec aussi a des pouvoirs. Tout ce qu'on veut, c'est que le Québec et les provinces voient leurs pouvoirs respectés. J'ai donné plus tôt l'exemple des commissions des valeurs mobilières. Le gouvernement veut centraliser au fédéral, dans une organisation pancanadienne, des pouvoirs exclusifs aux provinces. C'est le cas du dossier des valeurs mobilières. Cette situation nous a permis de traverser la crise. Or le premier ministre s'époumone à dire que le Canada est sorti de la crise de façon exceptionnelle, mieux que tout autre pays au monde, on l'a entendu aujourd'hui à la période de questions. Ce n'est pas nécessairement grâce aux conservateurs. Il s'agissait d'une crise financière, et surtout d'une crise boursière. C'est grâce à notre structure de financement et au fait que nos banques se sont fait refuser des fusionnements.
J'étais de ceux qui ont refusé le fusionnement des banques canadiennes afin d'éviter qu'elles n'acquièrent des banques américaines et ne contaminent ainsi tous les investissements de nos citoyens. C'est une des raisons pour lesquelles on a aussi bien traversé la crise. De plus, la structure boursière permettait à chacune des provinces d'avoir leur commission de valeurs mobilières. Quand on en a 10 organismes, on peut mieux surveiller que quand on n'en a qu'un. Cependant, c'est difficile, parce que le gouvernement fédéral veut toujours s'approprier les pouvoirs des provinces. Nous allons nous assurer que le projet de loi C-35 n'aura pas la fâcheuse tendance d'enlever au Québec et aux provinces des pouvoirs en immigration qu'ils ont déjà et qu'ils veulent surtout dans le dossier des consultants véreux. Le Québec est prêt à prendre cela en charge puisqu'il a déjà un projet de loi qui entrera en vigueur le 4 novembre prochain. Que les autres provinces canadiennes fassent de même, et tous nos immigrants en seront mieux protégés.
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Monsieur le Président, c’est pour moi un privilège de parler du projet de loi , que, personnellement, je préfère appeler Loi modifiant la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, un titre plus sérieux que celui qui lui a été donné par le ministre. Une partie du projet de loi permettrait effectivement de sévir contre les consultants véreux, mais ce n’est pas là l’unique objet du projet de loi dans son ensemble.
J’ai des réserves importantes à l’égard du projet de loi et je compte prendre quelques instants pour en parler.
Je sais que notre caucus appuiera le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Nous aurons donc l’occasion de l’amender et de l’améliorer au comité. J’espère que nous prendrons au sérieux les points de vue de tous les députés, y compris ceux du Québec, qui ont exprimé certaines réserves au sujet des champs de compétence. D’autres réserves ont été émises au sujet des ressources nécessaires pour faire appliquer ces modifications.
Selon moi, le projet de loi doit permettre de régler deux problèmes en particulier. Le premier concerne la protection des consommateurs, compte tenu de tous les problèmes dont sont déjà au courant les députés, les consommateurs étant les immigrants, les immigrants potentiels et les personnes qui requièrent l’aide du ministère et qui sont exploités par des bandits qui sont loin d’être honorables.
Le danger ici est que cela a des conséquences non seulement pour les immigrants potentiels ou pour ceux qui ont des questions à poser au sujet de l’immigration, mais aussi pour les consultants sérieux qui font de l'excellent travail mais qui, même s’ils le font honorablement et efficacement, sont mis dans le même sac que tous les autres. La protection des consommateurs est donc une préoccupation à cet égard.
Des préoccupations ont également été exprimées au sujet des problèmes de gouvernance qui ont été relevés ces dernières années depuis l’institution de la Société canadienne de consultants en immigration. D’autres députés que moi ont probablement été contactés par des consultants à titre individuel ou par des membres de la Société canadienne de consultants en immigration, de façon officielle, pour exprimer leur inquiétude au sujet de problèmes relatifs aux procédures, à la transparence et à la gouvernance.
J’espère que nous pourrons régler ce problème. Je suis également inquiet de voir le gouvernement hésiter à créer par voie législative un organisme réglementaire qui aurait du mordant, qui disposerait de ressources suffisantes et qui s’acquitterait efficacement de ce travail de réglementation.
J'aborde cette question avec toute l'expérience que j'ai acquise en tant que membre d’un organisme réglementaire provincial, en l’occurrence le Conseil des services funéraires de l'Ontario. Cet organisme est responsable de l’octroi de permis aux établissements funéraires et aux professionnels du domaine. C'est l'un des nombreux conseils professionnels chargés de réglementer une profession indépendante.
Je souhaite que le gouvernement puisse trouver des façons d'appliquer à cet organisme fédéral certaines choses que nous avons apprises des organismes provinciaux.
J'ai essayé de trouver d'autres exemples d'associations professionnelles réglementées par le fédéral, mais sans succès. Comme je viens tout juste de commencer mes recherches, j'obtiendrai peut-être de l'aide, mais, n'ayant pas réussi à trouver de précédents, je me suis tourné du côté des provinces. Or, il me semble que les organismes de réglementation provinciaux doivent faire plusieurs choses. Ils délivrent les accréditations et les attestations aux professionnels et s'assurent que leur formation est adéquate; ils établissent les exigences en ce qui concerne la formation continue et créent des possibilités de formation à cet égard; ils accréditent les institutions et les entreprises qui pourraient employer des professionnels accrédités; ils informent les consommateurs de leurs droits pour qu'ils participent vraiment au processus général. Ils disposent également d'un processus rigoureux de plaintes ainsi que d'un processus disciplinaire efficace et assez ferme afin que les consommateurs sachent qu'ils peuvent déposer une plainte et que l'association professionnelle y donnera suite.
Il s'agit d'organismes établis en vertu de la loi. Ils n'ont pas du tout été imaginés par le ministre et ne relèvent pas de lui. Ce sont des organismes de réglementation indépendants et fonctionnels qui ont pour rôle de veiller à la protection des consommateurs. Les professionnels qui y travaillent agissent dans le meilleur intérêt des Canadiens et des nouveaux citoyens éventuels.
Ma crainte, c'est que l'organisme que prévoit le projet de loi ne soit pas indépendant, car il s'agirait de la création du ministre, qui ne serait donc pas établie en vertu de la loi. Je crois qu'il nous faudra surveiller de près la façon dont les choses évolueront.
Quand on se penche sur la question, on a l'impression d'entendre ces mêmes préoccupations depuis bon nombre d'années. Je vais accepter autant de blâme que je le dois de la part des mes collègues de ce côté-ci du fait qu'un organisme chargé de réglementer cette profession n'a pas été établi comme il se doit. Nous avons toutefois tiré les leçons de la situation. Le conseil actuel s'est quelque peu amélioré mais je crains toujours qu'il ne soit pas suffisamment indépendant de l'organisme responsable de la formation, en l'occurrence l'Institut canadien de la migration. Cette situation a des répercussions parce que certains membres du conseil font également partie de la Société canadienne de consultants en immigration, l'organisme de réglementation.
Les consultants en immigration constituent un groupe professionnel restreint qui compte entre 1 800 et 6 000 membres. Ce nombre peut sembler considérable, mais il n'est pas suffisant pour assurer les possibilités de formation nécessaire et veiller à ce que les connaissances des membres de la profession soient à jour. Le ministère devra fournir davantage de ressources pour s'assurer que nos consultants en immigration servent l'intérêt public. Voilà une des lacunes de cette mesure législative. Dans le projet de loi, il faut absolument préciser les fonctions de formation et d'accréditation pour qu'on connaisse bien les attentes, sans oublier la composition de cet organisme.
Je suis également préoccupé par la formule que propose le gouvernement pour la constitution de ce conseil. Normalement, les conseils sont créés par une loi et un certain nombre de membres représentent la profession et d'autres, l'intérêt public. J'ai siégé au Conseil des services funéraires de l'Ontario à titre de représentant de l'intérêt public. La majorité des membres de cet organisme étaient des membres en règle de la profession et la minorité des particuliers, j'ose croire compétents, ayant pour but de servir l'intérêt public au sens large. Voilà une autre lacune de ce projet de loi.
Le gouvernement privatise en quelque sorte la question de la constitution d'un organisme de réglementation en lançant un appel de soumissions. En ce qui me concerne, il s'agit d'un précédent. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement lance un appel d'offres et s'apprête à privatiser une responsabilité réglementaire en la confiant au soumissionnaire qui présente la proposition la plus intéressante, qui pourrait être l'actuel organisme de réglementation qui suscite déjà des préoccupations. Le secrétaire parlementaire peut peut-être répondre à cette question parce que je me demande comment c'est possible. J'estime que le Parlement du Canada devrait confier un mandat clair à un organisme créé par une loi, indépendant du gouvernement et ayant des rapports avec le ministère pour assurer la transparence. Les membres du conseil d'administration de cet organisme devraient être nommés par décret en conseil. Voilà ce que je souhaite à l'égard de cet aspect d'un organisme de réglementation.
Les députés du Bloc québécois ont exprimé certaines inquiétudes à l'égard des questions de compétence. Cela m'inquiète aussi parce qu'il y a d'autres provinces qui commencent à s'engager davantage dans le processus de sélection des immigrants. Par conséquent, nous devrons nous intéresser aussi à la façon dont les provinces réglementent cette profession.
Les consultants sans scrupules ne sont pas la seule source d'inquiétude. Ils en sont une et nous le savons. De plus, il y a non seulement la gouvernance de l'organisme actuel ainsi que la transparence de ce dernier et son obligation de rendre des comptes à ses membres, et ce, en vue d'améliorer la protection des consommateurs, mais aussi la compréhension du fait que certains de ces consultants trouvent du travail parce que le ministère ne fait pas le sien.
Les députés dont les circonscriptions sont très multiculturelles savent que la moitié du travail dans nos bureaux de circonscription est lié aux procédures d'immigration. En fait, nous employons des consultants en immigration sous-payés et cela me préoccupe beaucoup.
Je suis surtout préoccupé par le fait que le système est détraqué, qu'il ne fonctionne pas. Le temps d'attente peut atteindre sept ans. Des gens font des demandes de citoyenneté et ils n'obtiennent pas d'audience dans nos hauts commissariats et nos ambassades de par le monde à cause du manque de personnel. Le ministère manque d'agents pour étudier les demandes. Il y a des arriérés relativement aux enquêtes de sécurité, qui doivent être faites de façon efficace. Nous voulons que les immigrants qui viennent au Canada aient franchi l'étape des vérifications de sécurité. Évidemment, nous voulons qu'ils soient efficaces dans le milieu du travail et qu'ils fassent partie de la mosaïque canadienne. C'est l'objectif de notre système d'immigration.
Toutefois, aussi longtemps que les procédures seront inefficaces et que les gens devront attendre pendant de longues périodes, nous créons un marché pour des consultants en immigration qui ne devraient peut-être pas exercer ce métier. Si ce marché existe, il faut qu'il s'agisse d'une profession réglementée, régie par un organisme indépendant et efficace qui dispose des ressources nécessaires pour s'assurer que le consommateur canadien, l'immigrant potentiel, sera bien servi de façon efficace et qu'il fera partie d'une société canadienne dont nous pouvons être fiers.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de participer au débat sur le projet de loi au nom de mes électeurs de la circonscription de . À titre de représentant d'une circonscription réunissant les quartiers centraux de la ville, je peux dire que le dossier de l'immigration est une grande priorité pour moi et très certainement pour bon nombre de mes électeurs, puisqu'un grand nombre d'entre eux sont de nouveaux Canadiens ou de récents immigrants et qu'ils doivent souvent faire appel aux services d'établissement et autres services liés à l'immigration, que ce soit pour parrainer des membres de leur famille, obtenir un visa de visiteur pour un membre de la famille désirant venir au pays pour assister à un mariage par exemple, ou toute autre chose.
J'aimerais revenir sur l'observation de mon collègue de Don Valley-Ouest, qui a souligné à juste titre — et je vais le paraphraser — que l'accroissement du nombre de consultants en immigration est directement proportionnel à la détérioration de notre système d'immigration et des services gouvernementaux dont les gens pouvaient autrefois gratuitement se prévaloir. Les gens sont de plus en plus frustrés par les arriérés, la bureaucratie et les retards incompréhensibles, au point où le plus souvent, et de plus en plus fréquemment, ils finissent par se rendre au bureau de leur député dans l'espoir d'obtenir une aide quelconque pour combler les lacunes du système d'immigration qui semble incompréhensible. Je conviens donc avec mon collègue libéral que la raison pour laquelle nous sommes aux prises avec ce problème aujourd'hui et que nous nous retrouvons avec une nouvelle industrie en plein essor de consultants en immigration sans scrupules, c'est que des gens désespérés prennent des mesures désespérées pour tenter d'avoir accès aux services de base auxquels on avait autrefois facilement accès au pays.
Nous devrions commencer notre étude du projet de loi en nous rappelant que notre système d'immigration est un échec catastrophique, qui enregistre un arriéré de plusieurs années. Puisque notre pays a été fondé sur l'immigration, qu'il favorise l'immigration et compte sur les immigrants pour assurer sa croissance, rappelons-nous que notre croissance démographique était nulle il y a un certain nombre d'année. Sans l'immigration, nous serions aux prises avec une décroissance démographique. Je siégeais au Comité de l'immigration à l'époque où nous avons effectué une étude visant à prévoir où en serait le Canada sans l'immigration. Au bout de 50 ans, sans l'immigration et avec une croissance démographique nulle, nous aurions une population de 18 millions. Pendant le même laps de temps, la population de la ville de Minneapolis aurait atteint les 18 millions parce que le pays dans lequel il se trouve croît. Cela veut dire que, en 2050, la population totale du Canada serait équivalente à celle de la ville de Minneapolis. Je vous en fais part seulement pour illustrer l'importance vitale de l'immigration.
Dans la province du Manitoba, nous avons pris d'importantes mesures pour attirer plus d'immigrants. Je suis heureux de vous faire savoir que nous accueillons maintenant entre 12 000 et 14 000 nouveaux immigrants tous les ans, et ce, dans une province d'un million d'habitants. La plupart d'entre eux viennent d'abord dans ma circonscription parce qu'elle est située au centre-ville de Winnipeg où les logements sont abordables, même si ce n'est pas franchement le grand luxe. L'insuffisance de logements pour accueillir ces nouveaux venus est un grand problème. Mais c'est là qu'ils font leurs débuts. Aussi, bon nombre d'entre eux viennent à mon bureau pour discuter de leurs problèmes d'immigration.
J'ai déclaré publiquement que mon bureau est une zone libre de tout consultant en immigration. Les consultants en immigration n'ont pas le droit de passer le pas de la porte de mon bureau. Je ne les accueillerai pas. Je ne respirerai pas le même air qu'eux. Je ne permettrai pas que mes électeurs se fassent dépouiller par eux. Ils n'entreront pas dans mon bureau. C'est à ce point. Je pourrais raconter des histoires à propos d'escroqueries dans ce domaine, monsieur le Président, qui feraient se dresser les cheveux sur votre tête
Par exemple, un homme qui cherchait à obtenir un simple visa a payé 3 000 $ en échange de la promesse que le député rédigerait une lettre afin de l'aider à obtenir son visa. C'est ce que nous avons appris après coup. Le type monnayait l'accès à mon bureau. C'est pour cela que j'ai instauré un moratoire absolu, une zone interdite. Les consultants en immigration n'y sont pas les bienvenus et ne sont pas autorisés à y entrer. Mais les gens sont désespérés. Ils sont mécontents et vulnérables. Il font face à toutes sortes d'obstacles, à commencer par la langue et le manque de connaissance de la culture, ou encore l'impossibilité d'accéder à la bureaucratie.
Dans certains cas, les gens se font exploiter par des membres de leur propre collectivité qui possèdent les connaissances linguistiques nécessaires, et c'est là que commence la désinformation. Quoi qu'il en soit, nous avons tellement besoin de mettre de l'ordre dans tout ça et de réglementer ce secteur-là que je ne peux qu'accueillir favorablement le projet de loi , qui vise à faire échec aux consultants en immigration véreux. Je ne pense pas que ce soit son vrai nom, mais c'est certainement comme ça qu'on le désigne dans nos notes: projet de loi C-35, Loi visant à faire échec aux consultants en immigration véreux. Et le mot n'est pas trop fort. Après tout, quand le a présenté son projet de loi, il a parlé de « parasites de l'industrie de l'immigration » et il a employé des qualificatifs comme « révoltant » et « répréhensible ». Je trouve que ces mots sont très bien choisis, et disons qu'il m'en vient encore d'autres à l'esprit.
En compagnie d'un ancien ministre de l'Immigration, je me suis déjà rendu à Hong Kong, à Pékin ainsi que dans diverses missions étrangères et ambassades canadiennes, qui traitent un grand nombre de demandes d'immigration. Une partie du problème tient à ce que les consultants véreux ou illégaux sont justement à l'étranger, là où les candidats font la queue devant nos missions étrangères.
J'ai parlé des problèmes liés à l'accès, aux listes d'attente et aux arriérés. Il y a des gens qui, nuit après nuit, couchent littéralement devant les bureaux d'immigration de nos missions étrangères juste pour obtenir les formulaires à remplir pour pouvoir entrer dans notre pays. Les besoins et la demande dépassent largement la capacité que nous avons d'y répondre.
Je ne dis pas que l'entrée au Canada est un droit universel et que n'importe qui devrait obtenir instantanément l'autorisation de venir chez nous. Je dis simplement que le processus d'admission est tellement bancal et d'une certaine façon, parfois... et je ne dis pas ça pour dénigrer le personnel de nos missions étrangères, mais le processus d'admission à l'étranger est corrompu, ce qui le rend attirant pour les consultants qui opèrent sur place. Nous l'avons vu de nos propres yeux. Aux Philippines, nous avons vu les écriteaux disant: « Nous pouvons vous faire entrer au Canada ». Même le logo du gouvernement du Canada est utilisé illégalement. Au bas de ces écriteaux, qui disent en substance: « Pour un montant symbolique, nous pouvons vous faire entrer au Canada », se trouve en effet le logo du gouvernement. Ce n'est pas ce dernier qui l'a apposé là. Le numéro de téléphone qu'on y donne est celui d'un consultant en immigration quelconque, qui vendra à la personne qui l'appelle une pile de documents qu'elle aurait pu se procurer tout à fait gratuitement sur le Web ou en se rendant à l'ambassade ou au haut-commissariat.
Voilà l'ampleur du problème. Il ne faut pas le sous-estimer, car il compromet et, dans une certaine mesure, remet en question la légitimité de notre système d'immigration, si un pourcentage important des demandeurs obtiennent les documents ou un visa de visiteur ou peu importe, dans le cadre d'un processus qui, selon moi, est corrompu. Ce sont les mesures frauduleuses auxquelles bon nombre de ces consultants en immigration recourent.
Le Comité de l'immigration a présenté plusieurs recommandations lorsqu'il s'est penché sur la question. Je signale qu'il y a des lacunes importantes entre les recommandations du comité parlementaire quadripartite et les mesures que le gouvernement a choisi de mettre dans le projet de loi . Je suis certain que le comité remédiera à certaines de ces lacunes lorsqu'il sera saisi du projet de loi. Les partis de l'opposition, en tout cas, signaleront sûrement que la recommandation 4 du rapport, par exemple, ne figure pas dans le projet de loi . Ce n'est même pas une critique que je formule. J'espère que le projet de loi sera amendé, afin qu'il réponde à certaines des préoccupations légitimes soulevées par tous les partis lors de l'étude au comité.
Les bureaux de député sont devenus des bureaux d'immigration. Tous les intervenants ont dit qu'ils ont à leur bureau des employés qui s'occupent à temps plein de problèmes d'immigration. Nous organisons des réunions d'information pratique sur l'immigration les lundis et les mercredis, et le bureau est plein à craquer.
Les vagues d’immigrants qui s’installent actuellement dans mon coin de pays proviennent de régions du monde où la langue est un problème et où les barrières culturelles sont un énorme problème. La plupart des nouveaux arrivants proviennent d’Érythrée, du Soudan, de la Somalie, des pays instables et déchirés par la guerre. Ces pays n’ont pas l’habitude de gérer une bureaucratie normale et, franchement, ils ne disposent pas des compétences, de la formation ou des outils nécessaires.
En essayant d’éliminer les consultants en immigration véreux, nous devrons notamment nous attaquer à la cause fondamentale du problème, à savoir les personnes ne disposant pas des compétences requises pour interagir avec la bureaucratie et une bureaucratie qui est inutilement complexe et, d’une certaine façon, virtuellement défectueuse.
Nous pourrions investir bien davantage dans les services d’établissement et dans les mesures pour aider les nouveaux arrivants à traiter avec la bureaucratie, notamment en leur fournissant des services d'orientation, en leur donnant une formation linguistique et en leur facilitant l’accès aux services de défenseurs des droits des réfugiés. Je sais que le Conseil canadien pour les réfugiés est débordé. Il ne peut tout simplement fournir une aide juridique adéquate à tous ceux qui en font la demande.
À cet égard, nous sommes très préoccupés par la façon dont sont traités les réfugiés tamouls arrivés récemment au Canada à bord d’un navire. Le gouvernement semble sonder le terrain et contempler la possibilité de traiter différemment les personnes qui arrivent en groupe et celles qui arrivent seules. Je tiens à dire aux députés du Parti conservateur que c’est une pente glissante sur laquelle ils s’engagent en voulant appliquer différemment les droits inhérents à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés à certaines personnes, simplement parce qu’elles se sont présentées en groupes à notre frontière. Tous les réfugiés devraient être traités comme s’ils débarquaient seuls au Canada. Ce n’est pas exactement ce que prévoit le projet de loi , mais ça va dans le même sens.
Les lacunes du système d’immigration sont clairement perceptibles dans l’Ouest canadien. À notre avis, Winnipeg fait partie de l’Ouest canadien même si la LCF a transféré notre équipe dans la conférence de l’Est. Nous en sommes très mécontents, mais je ne m'attarderai pas sur cette question aujourd’hui.
Les pourvoyeurs de main-d'oeuvre ne valent pas beaucoup mieux que les consultants en immigration et certains d’entre eux cumulent les deux rôles. Ces pourvoyeurs qui minent toute l’industrie de la construction dans l’Ouest canadien sont souvent des consultants en emploi qui exigent des honoraires pour recruter des travailleurs étrangers temporaires.
C'est à ce niveau que le gouvernement est à blâmer. Ces permis de travail temporaires consentis à des étrangers sont distribués comme si c'était des babioles que l'on remet avec l'achat d'essence à des recruteurs sans scrupule qui agissent également à titre de consultants en immigration. Ces gens visitent les entrepreneurs et leur disent qu'ils n'ont pas à verser des salaires de 30 dollars de l'heure à leurs employés puisque qu'ils peuvent engager 30 travailleurs étrangers temporaires. Ils les convainquent de mettre à pied tous leurs travailleurs canadiens qu'ils pourront remplacer par des travailleurs étrangers temporaires, ce qui leur permettra d'économiser beaucoup d'argent puisque ces travailleurs ne leur donneront aucun ennui. S'ils le faisaient, ils seraient expulsés du pays.
C'est une pratique très répandue dans l'Ouest qui ronge toute l'industrie de la construction. Un grand nombre d'entrepreneurs non syndiqués s'en plaignent. J'en ai rencontré plusieurs qui se sont plaints du fait que cette situation les déstabilisait.
Je serais heureux de partager les renseignements dont je dispose avec le secrétaire parlementaire qui serait sûrement estomaqué de constater ce qui se produit un peu partout dans les provinces de l'Ouest à ce niveau.
Nous venons de terminer la construction de l'aéroport international de Winnipeg. Vous savez d'où venaient les gens de métier? Du Liban. Leur dernier travail était en Lettonie. Tous ces travailleurs ont été réunis par le même recruteur qui a obtenu des permis de travail temporaires pour les emmener à Winnipeg et les affecter à la construction du nouvel aéroport international pendant qu'une centaine de menuisiers en chômage manifestaient derrière la clôture parce qu'ils n'avaient pas de travail. Les Canadiens ne pourraient pas croire ce qui se passe dans ces endroits. Le secrétaire parlementaire devrait aussi faire une tournée de certains de ces secteurs troubles.
Nous devons faire preuve de fermeté pour redresser ce système d'immigration dysfonctionnel. Il était peut-être justifié d'engager des travailleurs étrangers pour combler la réelle pénurie de main-d'oeuvre il y a trois ou quatre ans, alors qu'il y avait un surplus de travail. Toutefois, nous sommes maintenant en pleine récession et nous continuons de faire venir 50 000 travailleurs étrangers temporaires qui ne sont pas des immigrants et qui privent des Canadiens d'un emploi légitime. Ce sont là des ressortissants étrangers qui quittent le pays avec l'argent qu'ils y ont gagné. En quoi cela peut-il nous profiter? C'est de la pure folie et cela va de pair avec les consultants en immigration qui exploitent le système en exigeant des montants d'argent exorbitants à des gens vulnérables pour des services auxquels ils devraient avoir facilement accès dans le cadre d'une bureaucratie efficace.
Ceux qui aident les immigrants ne sont pas tous des charlatans. Nous devrions partir de cette prémisse également. Il existe des consultants légitimes et des avocats spécialisés dans le domaine de l'immigration qui jouent un rôle précieux dans le système. Eux aussi nous diront que le système n'est plus ce qu'il était.
Nous n'avons jamais atteint notre objectif d'immigration, soit 1 p. 100 de la population par année. C'est sous le régime Mulroney que nous nous sommes le plus rapprochés de cet objectif, avec 220 000 ou 230 000 immigrants. Nous sommes près de ce niveau aujourd'hui. Il existe un mythe selon lequel le Canada accueillait un plus grand nombre d'immigrants à la belle époque du gouvernement libéral. En fait, pendant plusieurs années lorsque Trudeau était à la tête du gouvernement, la moyenne était de 90 000 ou de 100 000 immigrants par année. Je ne sais pas d'où vient le mythe selon lequel ce sont les libéraux qui ont ouvert les portes du Canada. Pendant les années Mulroney, le Canada a accueilli un plus grand nombre d'immigrants et à une ou deux reprises au cours des dernières années nous avons retrouvé le niveau d'immigration de cette époque. Actuellement, nous sommes très loin de l'objectif de 1 p. 100 par année qui a été établi comme cible réaliste par rapport au nombre que nous pouvons accueillir et dont nous avons besoin. Il s'agirait de quelque 300 000 personnes par année.
C'est nous qui avons de la chance lorsque des gens choisissent d'immigrer dans notre pays. À l'échelle planétaire, des pays se disputent les immigrants, les migrants économiques, entre autres. Nous menons une campagne active pour attirer ces personnes au Canada. C'est là la politique officielle, mais nos gestes semblent contredire notre politique, car nous dressons des obstacles et des barrières qui frustrent et paralysent les aspirants immigrants. Ceux qui sont qualifiés et feraient des immigrants légitimes réfléchissent aux options qui leur sont offertes aux quatre coins du monde. Ils comparent les exigences établies pour le Canada, l'Australie et les États-Unis. Ils ne choisissent pas tous le Canada, car il est difficile de s'établir ici.
Récemment, j'ai aidé une infirmière spécialisée australienne à venir s'établir au Canada. Elle a reçu sa formation en Nouvelle-Zélande. Nous avons grand besoin de ces infirmières spécialisées au Canada. Le processus a duré 18 mois, après l'offre d'emploi. Il y a un problème et il n'y a rien d'étonnant à ce que les aspirants immigrants se tournent vers des consultants qui peuvent les aider à se sortir du bourbier bureaucratique de notre système d'immigration.
Je me rappelle de notre passage à I'ambassade du Canada en Chine. Nous sommes allés à Fuzhou, Pékin, Shanghai et Hong Kong. On nous a montré certains faux documents d'immigration fort trompeurs. Les spécialistes peuvent reproduire presque n'importe quoi et ces faux documents d'immigration se vendent souvent à fort prix parce qu'ils permettent de venir au Canada.
Je ne pense pas qu'on débusque tous les fraudeurs. On pourrait faire davantage en matière de contrôle. Je ne suggère pas de hausser les exigences, il y en a déjà suffisamment. Toutefois, il y a des freins et contrepoids dont on ne tient pas compte dans le cas des immigrants légitimes et honnêtes qui souhaitent s'établir au Canada. Il y a également les fraudeurs qui sont conseillés par des consultants en immigration dont les services sont chers et qui travaillent au Canada et à l'étranger.
On s'emploie à améliorer le système, mais on pourrait entre-temps offrir davantage d'aide dans les bureaux d'immigration au Canada et, de ce fait, réduire le fardeau et la pression qui retombent sur les bureaux de députés. Ce n'est pas vraiment aux députés qu'il incombe d'agir comme consultants en immigration, pourtant c'est ce que bon nombre d'entre nous font les deux tiers du temps. Je reconnais néanmoins que nous aidons énormément de gens honnêtes à s'y retrouver dans le labyrinthe du système.
Dans les années 1990 et au début des années 2000, les libéraux ont réussi à équilibrer le budget en faisant des compressions et des coupes de 30 p. 100 dans la fonction publique. En premier lieu, on dégraisse, mais une fois qu'il n'y plus de gras, certaines blessures ne guérissent pas. Certaines coupes ont entraîné des problèmes qui ne sont toujours pas résolus. Le gouvernement ne peut réduire de 30 p. 100 l'effectif de la fonction publique, augmenter la charge de travail de 30 p. 100, sans ensuite être confronté à des problèmes de fonctionnement.
Dans les faits, le gouvernement a laissé un trou béant, un vide, en matière de services au ministère de l'Immigration. Or, ce vide est maintenant comblé par une mini-industrie de consultants en immigration peu scrupuleux.
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Monsieur le Président, j'aimerais ajouter un commentaire à propos du projet de loi , la Loi sévissant contre les consultants véreux.
J'ajouterais le terme « en immigration » au mot « consultants ». Je pense que c'est plus clair ainsi.
Mon parti a dit qu'il appuierait le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture pour qu'il soit renvoyé au comité. C'est là que nous pourrons vraiment le peaufiner. À la lumière de ce que j'ai lu dans certaines notes, il en a grandement besoin. Je vais couvrir certains domaines où, je pense, nous devrons remédier aux préoccupations exprimées.
L'immigration, comme l'ont mentionné un grand nombre de députés, est vraiment le fondement de notre pays. Je me rappelle avoir pris la parole au collège Sir Winston Churchill dans ma circonscription, il y a de nombreuses années. Nous parlions d'immigration. Comme je l'ai dit à l'auditoire composé de jeunes hommes et de jeunes femmes, lorsque nous regardons nos arbres généalogiques, nous constatons que, à un moment donné, un de nos ancêtres, qu'il s'agisse d'un de nos parents, grands-parents ou arrières-grands-parents, exclusion faite des Premières nations, a débarqué sur ces terres accueillantes en provenance de l'étranger.
Cela a donné lieu à une mélange intéressant. C'est la recette qui a fait de notre pays l'un de ceux où la qualité de vie est la meilleure. En fait, il y a quelques années, sept années de suite, le Canada a été reconnu comme le meilleur pays du monde. Je crois que nous sommes actuellement au deuxièmement rang.
Néanmoins, il y a des problèmes. Les politiques, notamment notre politique en matière d'immigration, évoluent. Le député de a parlé plus tôt des problèmes d'immigration actuels. L'immigration est différente aujourd'hui de ce qu'elle était il y a 20, 30, 50 ou 60 ans. Il y a 50 ans, nous n'avions pas de programme pour les travailleurs temporaires, par exemple. Nous n'avions pas un programme aussi étoffé pour les réfugiés. Nous n'avions pas de commission, à proprement parler.
Si nous regardions les tendances passées, nous verrions qu'il y avait beaucoup de réunifications de familles, dans le cas des épouses de guerre, par exemple. Les choses ont changé.
Je suis content que cette mesure soit présentée. Il y a de nombreuses années, comme je l'ai mentionné plus tôt, lorsque j'ai été élu, en 1993, j'ai présenté un projet de loi d'initiative parlementaire qui traitait de certaines questions soulevées dans le secteur où j'exerçais mon activité, la consultation en recrutement de cadres. J'ai fait le lien entre les règles et les règlements qui régissent ce secteur et le secteur des consultants en immigration.
Permettez-moi de donner quelques exemples. Pour mener nos activités, nous devions avoir un permis du gouvernement provincial et nous devons être cautionnés. Nous devions respecter des lignes directrices et des règles bien précises à défaut de quoi nous risquions de perdre notre permis et, partant, d'être dans l'impossibilité de gagner notre vie et de continuer à exploiter nos entreprises.
Il faut établir une définition claire ainsi que des lignes directrices et des règles bien précises et prévoir des sanctions musclées. Par surcroît, il faut mettre en place un mécanisme d'application de ces sanctions. Autrement, ce cadre sera inutile.
Je suis toutefois préoccupé. Cette mesure législative prévoit la création d'un organisme qui relèvera du ministre. Je ne suis pas d'accord avec cette formule que j'estime erronée.
Le ministre ne devrait pas intervenir dans la gestion de cet organisme, qui devrait être une entité totalement indépendante possédant des règles et des lignes directrices établies dans une loi. Le ministre ne doit en aucun cas et d'aucune manière intervenir. La formule proposée est inacceptable.
Dans le cas des consultants en immigration, permettez-moi également de souligner qu'une mesure législative fédérale ne résoudra pas tous les problèmes. Il faut collaborer avec les provinces parce qu'elles sont également concernées par la question. L'immigration est une question d'intérêt bilatéral.
À cet égard, permettez-moi de faire un bref aparté et de signaler que, en Ontario, nous avons un ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration. Pour ce qui est de l'Immigration, on peut comprendre, parce que les provinces ont leurs propres procédures et politiques à cet égard.
Le gouvernement libéral a permis aux provinces d'adapter leurs services d'immigration en fonction de leurs besoins. Chaque province peut ainsi définir les besoins qui lui sont propres et recruter en conséquence. Pourtant, ce ne sont pas les provinces qui accordent la citoyenneté, à ce que je sache, mais bien le gouvernement fédéral. Je demanderais peut-être aux provinces d'y réfléchir.
L'objet de cette mesure législative est on ne peut plus louable, et dans la mesure où on lui apportera les bons amendements, celle-ci pourrait bien se traduire par une politique publique de qualité. C'est pour cette raison que nous l'appuyons. Nous avons constaté que les membres du comité étaient de bonne volonté et disposés à travailler dans le bon sens.
Je me souviens de l'ancienne ministre de l'Immigration, Elinor Caplan. Je peux l'appeler par son nom, puisqu'elle n'est plus députée. C'était une bonne ministre. Le député de a parlé des abus qui ont lieu à l'étranger. Il a raison. La ministre Caplan passait son temps dans les ambassades et les hauts-commissariats que nous avons aux quatre coins du monde parce que nous, qui étions au Canada, avions constaté que des abus étaient commis. Les avons-nous réglés? Bien sûr. Avons-nous amélioré la situation? Bien sûr. Est-ce que le problème a repris de plus belle? Malheureusement, oui.
L'ancienne ministre Lucienne Robillard aussi était une bonne ministre de l'Immigration.
Certains des éléments dont nous discutons aujourd'hui, comme la mise en application des lois, la réglementation et l'organisme qui a vu le jour, tout ça vient du comité et des consultations qui ont été menées.
Je me rappelle, il y a bien longtemps, que la ministre m'avait rendu visite, à mon bureau de Scarborough-Centre. Les gens s'inquiétaient beaucoup. C'est pour cette raison que l'organisme indépendant a été créé. Et il existe encore aujourd'hui.
La députée de a fait du bon boulot à l'époque où elle était ministre de l'Immigration. Mais les chiffres augmentent chaque année. Je parle évidemment du fameux 1 p. 100 dont parlait le député de tout à l'heure. C'est un objectif tout à fait honorable à atteindre. Il avait aussi raison de dire que la compétition est féroce entre de nombreux pays.
Je me rappelle que j'étais au Parlement européen il y a de nombreuses années lorsqu'on parlait du mal que les pays avaient à attirer de la main-d'oeuvre qualifiée. Nous avons eu le même problème il y a quelques années, ici au Canada. Malheureusement pour nous, même si nous avons peut-être moins souffert que bien d'autres, les temps ont été durs dernièrement. Comme nous ne réussissions pas à avoir tout le monde dont nous avions besoin, nous avons dû nous tourner vers le Mexique, les Philippines et d'autres pays comme ceux-là.
À mon bureau, j'applique la politique suivante: je refuse de traiter un dossier d'immigration qui est entre les mains d'un avocat ou d'un consultant parce que, tout comme nombre de mes collègues du côté libéral, j'ai eu vent des abus qui sont commis. On en a entendu parler au cours du débat ces derniers jours. Permettez-moi de donner un exemple à la Chambre.
Un homme veut faire venir son épouse et ses enfants et, tout à coup, il se fait approcher par un soi-disant consultant en immigration qui se présente à nos bureaux pour obtenir des renseignements. Malheureusement, cet homme est ignorant, dans le bon sens du terme, c'est-à-dire qu'il ignore qu'il peut demander l'aide de son député.
Plus tôt aujourd'hui, nous avons également parlé du fait que nos bureaux sont maintenant inondés de ces dossiers parce que les personnes qui sont dans cette situation viennent vers nous. Nous avons l'obligation, en tant qu'élus qui les représentent, de répondre à leurs préoccupations du mieux que nous pouvons.
Mon collègue de nous a parlé du fait que les membres du personnel de nos bureaux consacrent beaucoup de leur temps à ce genre de questions. Ils doivent gruger du temps ici et là, peut-être pour régler des problème liés à la pension, à un handicap, au passeport, notamment. Si nous devons assumer toutes ces responsabilités, ce que nous n'avons aucune objection à faire, il faudrait peut-être alors examiner les budgets des députés de sorte que nous puissions affecter du personnel pour répondre à ce genre de préoccupations.
Le taux de natalité du Canada n'est pas si élevé, et il est également à la baisse dans d'autres pays. Si on veut soutenir et renforcer le filet de sécurité sociale qui fait tant la renommée du Canada, nous avons besoin des immigrants. Nous avons besoin de leur contribution.
Je voudrais revenir à cet organisme. C'est ce qui me préoccupe le plus dans ce projet de loi.
Lorsque j'ai lu dans les documents que l'organisme ferait rapport au ministère et au ministre, cela m'a beaucoup inquiété et je suis convaincu que beaucoup de mes électeurs et d'autres aussi ont les mêmes inquiétudes. Il incombe au ministre de présenter des projets de loi en tentant de les faire renvoyer à un comité dont les membres convoquent des témoins, obtiennent des renseignements et des conseils et peaufinent les projets de loi. Dieu m'est témoin qu'il n'y a aucune raison que l'organisme fasse rapport au ministre. Cet organisme devrait être entièrement indépendant. Est-ce que les gens devraient se présenter à un concours pour en faire partie? Non.
Je simplifie. Quiconque veut travailler comme consultant en immigration — ce qui, je crois, n'est pas l'affaire exclusive des avocats — devrait avoir la formation voulue. Les consultants devraient s'informer des lois applicables et obtenir le permis nécessaire du ministère et de la province, car ils exploitent une entreprise. Ils fixeraient leurs honoraires en fonction de lignes directrices précises et il y aurait un organisme qui s'assurerait que ces lignes directrices sont respectées afin que les consultants ne violent pas les règles fixées par le ministère et par la commission.
En cas d'infraction aux règles, les consultants seraient frappés par des peines rigoureuses et exécutoires. Dans les pires cas, leur permis leur serait retiré et leur bureau fermé, point à la ligne. Ce serait un processus tout à fait indépendant. C'est ainsi que, selon moi, le système devrait fonctionner.
Lorsque le député de était ministre de l'Immigration, il s'est lancé sur ce terrain et a fait des bonds de géants. Presque tous les ministres de l'Immigration libéraux, je suis fier de le dire, ont fait avancer le dossier. Je n'ai jamais vu de loi parfaite. Nous faisons du mieux que nous pouvons et, si quelque chose cloche trois ou cinq ans plus tard, nous devons rajuster le tir. C'est exactement ce qui se faisait sous les gouvernements libéraux.
J'ai convenu avec le député de que, lorsque des compressions ont été faites, des coupes judicieuses s'imposaient. Mais j'ai souligné à l'époque, comme je le souligne encore aujourd'hui, qu'au bout du compte, le système fonctionne mieux. Apparemment, il fonctionne mieux.
Il y a une situation que je trouve inacceptable, et je suis sûr que mes collègues libéraux partagent mon opinion à cet égard. Lorsqu'un électeur veut inviter un membre de sa famille à son mariage, qu'il y a un décès dans sa famille, lorsque l'électeur n'a pas vu un ou des membres de sa famille depuis longtemps et qu'il veut parrainer ces personnes le temps d'un court séjour, la façon dont ces demandes sont envoyées de l'étranger et évaluées est problématique.
Laissez-moi vous donner un exemple. Une personne d'un pays donné se rend dans l'un de nos bureaux. La personne est très nerveuse, et elle oublie peut-être d'ajouter un mot. Soudainement, sa demande est rejetée. Je crois que la Loi sur l'immigration doit être modifiée afin que nous puissions nous pencher sur la question du fonctionnement de nos bureaux à l'étranger. Ces derniers veulent-ils confier un peu plus de responsabilités au députés? Si c'est le cas, ils peuvent établir des lignes directrices. Ils devraient peut-être nous retirer complètement cette responsabilité, mais cela enlèverait aux députés une des tâches pour lesquelles ils ont été élus, à savoir servir leurs électeurs.
J'encourage le ministre à examiner la façon dont nous pouvons travailler avec nos bureaux à l'étranger. Je suis sûr que le ministre a présenté cette mesure afin de lutter contre les horribles abus qui ont été commis au cours des années. J'ai entendu des histoires d'horreur, et j'en décrirai une en particulier.
Il y a quelques années, mon père a rencontré à l'église St. Irene's, qu'il avait construite, une mère albanaise et sa fille qu'il a dirigées vers mon bureau afin que je puisse les aider. Ces femmes n'habitaient même pas dans ma circonscription, mais elles sont venues me voir. Leur histoire a fait dresser le peu de cheveux qu'il me restait sur la tête.
Cette mère et sa fille avaient trois emplois. Elles travaillaient jour et nuit. Elles faisaient du ménage et tout ce qu'elles pouvaient. Une grande partie de leurs revenus servait à payer une personne qui était en quelque sorte une technicienne juridique. Il n'y avait rien d'illégal dans le poste qu'elle occupait, mais elle se présentait comme une consultante en immigration. La situation a duré quatre ou cinq ans, jusqu'à ce que, grâce à Dieu et par bonheur, ces deux femmes se présentent à mon bureau. Nous avons étudié leur problème. C'était une question très simple, un problème de communication. Il fallait obtenir des documents pour elles. Aujourd'hui, sept ans plus tard, elles forment une famille heureuse qui travaille pour subvenir à ses propres besoins. Elles apportent leur contribution à notre société et sont fières de se dire citoyennes canadiennes. Je pourrais citer bien d'autres exemples.
La Société canadienne de consultants en immigration est une bonne idée. On pourrait offrir à cette société davantage de moyens de surveiller l'application de la loi. Cette société a vu le jour grâce aux démarches d'un gouvernement libéral. Quelle serait la solution idéale? Cette société était peut-être la solution à une certaine époque. C'est possible qu'aujourd'hui, quatre ou cinq ans plus tard, il faille apporter des modifications. Les circonstances ont changé.
Toutefois, je ne crois pas qu'on doive se lancer dans un processus de sélection et désigner un organisme de réglementation qui relèverait du ministre. Les députés et tous ceux qui suivent le débat diront que je me répète, mais je le dis encore une fois, parce que je trouve qu'il serait très dangereux que cet organisme relève du ministre. Cela signifierait, somme toute, que le ministre aurait un pouvoir absolu. Le ministre pourrait faire tout ce qu'il veut. Nous savons qu'il peut faire tout ce qu'il veut en tant que ministre, mais cette façon de faire ne serait certainement pas transparente. L'organisme devrait pouvoir travailler de façon totalement indépendante.
Quelqu'un a dit que des avocats devraient être chargés de ces dossiers d'immigration, parce qu'ils connaissent mieux la loi, qu'ils sauraient tenir compte des données techniques, ainsi de suite. Avec tout le respect que je dois à cette profession, je ne crois pas que ce soit la seule solution possible. Une personne peut retenir les services d'un avocat si elle le désire, mais un consultant en immigration ayant la formation voulue serait capable de faire le travail correctement. Si des lignes directrices adéquates sont établies, nous pourrons être beaucoup plus à l'aise, en tant que députés, dans nos relations avec ces gens.
Je sais que je parle au nom de mes collègues libéraux. Nous hésitons à sévir contre ses prétendus consultants en immigration, surtout en raison des histoires d'horreur que nous avons non seulement entendues, mais aussi, essentiellement, vécues. Il n'est pas question de 100 $ ou de 500 $, mais de milliers de dollars. C'est une honte. Il est inacceptable que des gens qui viennent s'établir ici pour commencer une nouvelle vie se fasse rouler. Il est inacceptable qu'une personne désirant immigrer au Canada se présente à l'un de nos bureaux à l'étranger et qu'on ne lui accorde pas une entrevue. Voilà un des autres problèmes sur lesquels le ministre devrait se pencher. Parfois, la demande d'une personne est rejetée sans même que cette dernière ait pu être reçue dans un de nos bureaux ou une de nos ambassades.
Dans un pays en particulier, dès qu'un demandeur quitte les bureaux de notre ambassade, un prétendu consultant lui promet de s'occuper de tout, tant du billet que du visa, contre rémunération. C'est inacceptable. Voilà certains des problèmes que le ministre devra aussi corriger.
En conclusion, je signale, au nom du Parti libéral et de notre porte-parole, que nous allons appuyer le renvoi du projet de loi au comité. C'est là que beaucoup de bon travail sera accompli, que de bonnes suggestions seront formulées. Nous inviterons des témoins à qui nous demanderons conseil et, en bout de ligne, nous élaborerons un projet de loi qui aidera notre pays à continuer à croître et à bien croître.
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Monsieur le Président, je suis fier d'intervenir dans le débat sur le projet de loi , qui vise à réglementer le secteur du conseil en immigration au Canada. On attend cette réglementation depuis trop longtemps. Il s'agit d'un projet de loi très important pour mes concitoyens dans et c'est une mesure qui suscite mon intérêt.
Lorsque nous discutons du processus d'immigration au Canada, la discussion porte sur un tas d'aspects qui sont loin de se limiter aux formulaires, aux demandes et aux entrevues. En somme, nous parlons des espoirs et des rêves de personnes et de familles qui souhaitent s'établir au Canada pour améliorer leur qualité de vie.
Je suis arrivé au Canada en tant qu'immigrant il y a 25 ans. Je sens encore l'émotion monter en moi lorsque je me rappelle le moment où j'ai foulé le sol du Canada; je ressens encore le désir, la détermination et la volonté que j'avais de réussir. C'est pour cela que j'enrage lorsque je vois des personnes qui ont l'optimisme que j'avais se faire flouer et dépouiller de milliers de dollars.
J'aimerais parler de la situation actuelle et de la façon dont les consultants fantômes en immigration, comme on les appelle, exercent leurs activités en toute impunité.
Si on qualifie ces consultants de fantômes au sein du secteur, c'est parce qu'ils exercent leurs activités avant que les aspirants immigrants ne présentent leur demande d'immigration. Ils restent donc à l'arrière-plan et échappent à toute réglementation. Leurs noms ne figurent jamais sur la documentation et il arrive souvent qu'ils ne se donnent même pas la peine de se présenter aux audiences, et ce, bien qu'ils aient déjà touché les sommes réclamées à leurs clients.
Dans sa forme actuelle, la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés ne prévoit aucune mesure sévère à l'étape précédant la demande d'immigration. C'est à cette étape que les demandeurs tombent entre les mains de personnes qui leur prodiguent de mauvais conseils et font de fausses promesses, par exemple que leur demande fera l'objet d'un traitement accéléré ou qu'ils obtiendront un emploi bien rémunéré. Il arrive que les demandeurs ne soient même pas admissibles à un visa, mais leurs consultants les assurent du contraire. Il y a des consultants qui conseillent aux demandeurs de mentir au sujet de leur passé ou de remplir les formulaires de façon incorrecte. Comme on peut s'y attendre, ultérieurement, ces demandeurs se feront accuser d'avoir fait de fausses déclarations.
En fin de compte, plus souvent qu'autrement, les services de ces consultants fantômes entraînent deux types de conséquences: le rejet des demandes et la perte de milliers de dollars durement économisés. Ce phénomène existe depuis des décennies au Canada et les mesures de redressement prises récemment par le secteur n'ont pas corrigé le problème.
La création d'un comité consultatif par le en 2002 a été à l'origine d'un ensemble de mesures correctives. Toutefois, la création en 2003 d'un organisme d'autoréglementation pour édicter des règles concernant les consultants en immigration, à savoir la Société canadienne de consultants en immigration, ou SCCI, n'a pas offert de solution adéquate aux problèmes qui découlent des agissements des consultants dont je parle. En fait, d'après certains, les conditions au sein de l'industrie ont continué de se détériorer au cours des sept dernières années. Le problème, c'est que la SCCI n'a pas de mordant et n'a pas la capacité d'appliquer les mesures adéquates pour sévir.
De plus, lors des audiences du comité permanent au sujet des modifications proposées, il a été clairement établi que les consultants en immigration d'un bout à l'autre du pays n'ont pas confiance en la SCCI.
Qui plus est, Citoyenneté et Immigration Canada ne peut pas faire grand-chose pour divulguer des renseignements sur ceux qui donnent des conseils ou font des promesses qui sont non professionnels ou contraires à l'éthique.
Le projet de loi contient un ensemble de mesures très positives en raison des changements profonds qu'elles entraîneront dans cette industrie non réglementée. Le projet de loi propose la création d'une nouvelle entité ayant la capacité d'octroyer un permis approprié à ses membres; de réglementer, de formuler des plaintes et d'étudier les plaintes qui lui sont soumises; et de mêler le gouvernement de près à ses affaires pour veiller à ce que les enquêtes aient lieu et que les mesures disciplinaires requises soient prises.
Il est temps que le fait d'offrir des services professionnels de consultation en immigration sans autorisation ni accréditation adéquates soit considéré comme acte criminel.
On ne peut y arriver qu'en suivant l'exemple d'autres organismes d'autoréglementation qui ont été mentionnés par des intervenants précédents, comme les associations d'avocats. Je fais moi-même partie de l'Association des ingénieurs et des géoscientifiques de la Colombie-Britannique. Je suis aussi membre de l'Association of British Columbia Land Surveyors qui réglemente les arpenteurs-géomètres et prend des mesures disciplinaires lorsque le rendement de ceux-ci n'est pas conforme aux normes et aux directives établies par l'association.
Il est temps qu'une association soit mise en place pour réglementer ces consultants, de telle sorte que les immigrants éventuels ne se fassent plus arnaquer. Il est temps que l'industrie dispose d'un organisme réglementaire auquel tous les consultants pourront participer et dont les membres ne pourront exercer leurs fonctions qu'en conformité avec la loi.
Il est aussi temps que le soit habilité à prendre les mesures qui s'imposent pour veiller à ce que ce nouvel organisme de réglementation puisse améliorer l'industrie et le comportement de tous ces gens qui se qualifient de professionnels.
Bien qu'à cette étape, j'appuie le projet de loi , je tiens également à souligner l'état actuel du système d'immigration au pays, parce que le gouvernement doit aussi assumer sa part de responsabilité pour l'existence de ces pratiques sans scrupules.
J'aimerais citer un article du chroniqueur Allan Thompson qui a été publié dans le Toronto Star le 17 juillet dernier. Thompson souligne avec justesse qu'en présentant ce projet de loi, le ministre:
[...] a plutôt l'air d'un médecin qui cherche à éliminer les symptômes d'une maladie, au lieu de soigner la maladie elle-même.
Puis, il ajoute ceci:
[...] parce qu'un grand nombre de ces personnes sont mal servies par le système lui-même. Comme il leur manque de l'information et que le système est opaque et embrouillé, bon nombre de ces demandeurs anxieux se tournent vers des consultants véreux [...]
Je parle de ce sujet depuis de nombreuses années. Dans son ensemble, le système d'immigration n'est pas convivial.
Je pourrais donner de très bons exemples venant de mon bureau ou de tout autre député dont la circonscription comprend une population d'immigrants. Notre personnel travaille sans relâche pour maîtriser ce système. Aucune directive claire n'est donnée aux agents qui sont déployés à l'étrangers de la part du ministre. Les gens qui veulent immigrer au Canada sont évalués selon un système de points. Or, le ministre a créé 29 nouvelles catégories. Si leur dossier ne figure pas parmi les 20 000 demandes acceptées en vertu de ce système, ils devront obtenir un avis concernant le marché de l'emploi qui leur indiquera de demander l'aide d'un consultant exigeant des milliers de dollars pour leur procurer la lettre et l'approbation nécessaires à la création d'un emploi au Canada.
Par ailleurs, il y a un arriéré, qui n'a fait qu'augmenter depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement. De graves manques de fonds empêchent d'embaucher, ici et à l'étranger, un nombre suffisant d'employés.
Les candidats à l'immigration sont traités à peine mieux que des numéros qu'on peut piger, choisir et, bien souvent, mettre de côté en raison du grand nombre de demandes. Pour des raisons liées à l'accessibilité de l'information, à la diversité linguistique et aux délais à respecter, il est difficile d'obtenir les renseignements recherchés pour déposer une demande.
Même en ce qui concerne les visas de résident temporaire, pour lesquels on reçoit des demandes tous les jours, les agents à l'étrangers nous disent qu'ils doivent fournir des preuves du lien de parenté à une journée d'avis, alors qu'ils doivent attendre deux mois avant de pouvoir consulter les données sur tous les parents qui vivent au Canada. La liste s'allonge tous les jours, et c'est impossible de trouver sur le site web du gouvernement tous les renseignements qui pourraient être utiles à ces gens lorsqu'ils remplissent leur demande, alors qu'ils pourraient justement servir à ceux qui se font flouer par ces consultants.
Le système est dysfonctionnel pour bien des raisons, ce qui pousse les candidats inquiets et les membres de leur famille dans les bras de ceux qui ne cherchent qu'à les exploiter et à tirer parti de leur vulnérabilité.
Pour conclure, je vais appuyer le projet de loi parce qu'il devrait grandement contribuer à ce que ces tous ces gens soient traités équitablement lorsqu'ils ont besoin d'aide pour les formalités d'immigration. J'insiste cependant sur le fait que si nous offrions le soutien, les ressources et l'aide nécessaires à ceux qui sont chargés d'administrer notre système, celui-ci deviendrait naturellement la meilleure défense contre les individus dont le projet de loi C-35 cherche à nous protéger.