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Monsieur le Président, sauf pour nos collègues qui sont membres des Premières nations, vous, moi et tous nos collègues à la Chambre ont un point en commun: nous sommes descendants d'immigrants, même que certains d'entre nous sont des immigrants.
Hier, à la Chambre des communes, nous avons entendu des allocutions sur le projet de loi de deux de ces députés. Le député de a raconté l'histoire d'un jeune homme qui a quitté l'Inde pour venir s'établir au Canada. Quelle histoire incroyablement inspirante. L'immigrant de l'Inde, qui n'avait pratiquement pas d'argent, désirait du fond du coeur se bâtir une nouvelle vie dans une nouveau pays. Qui aurait pu prédire que, 25 ans plus tard, il serait ici, parmi nous, à la Chambre des communes, parmi les législateurs de ce grand pays?
Nous avons également entendu une allocution du député d', qui est arrivé au Canada il y a 55 ans au moment d'une vague d'immigration venue d'Italie dans les années 1950, 1960 et 1970. Il a mentionné que, pendant qu'il parlait à la Chambre, son petit-fils, un italo-Canadien de troisième génération, écoutait son grand-père immigrant s'adresser à cette auguste assemblée, la Chambre des communes.
Quelles incroyables histoires sur le potentiel, sur les promesses du Canada. Voilà l'histoire du Canada depuis les premiers jours de la Confédération. Au nombre des députés élus pour former la première édition de la Chambre des communes, en 1867, figurait un certain Alexandre-Édouard Kierzkowski, un réfugié qui avait fui l'impérialisme russe. L'histoire du Canada se caractérise depuis le début par des vagues successives d'immigration.
Les Français sont arrivés d'abord et ont partagé le territoire avec les Premières nations qui s'y trouvaient déjà créant ainsi une situation unique au Canada: une nouvelle Première nation, les Métis. Les Anglais sont venus ensuite et, peu après la Confédération, le Canada a accueilli d'importantes vagues de Bukoviniens, de Galiciens et d'Ukrainiens qui ont défriché les terres sauvages des Territoires du Nord-Ouest pour en faire ces champs de blé dorés qu'on trouve aujourd'hui au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta. Les Chinois sont venus travailler à la construction des chemins de fer, ces rubans d'acier qui ont contribué à l'unité et à la cohésion de notre vaste pays.
Comme je l'ai déjà mentionné, plus récemment, soit au cours des cinquante dernières années, notre population s'est enrichie d'Italiens et de Portugais qui ont transformé de nos villes, notamment ma ville d'origine, Toronto. Ces immigrants ont modifié le paysage urbain et ont créé ces véritables joyaux que sont Toronto, Montréal et Vancouver, en l'occurrence les villes les plus vivables au monde. Ce tour d'horizon illustre bien le dynamisme de notre système d'immigration. Notre mosaïque multiculturelle n'est pas statique; elle est en constante évolution. Voilà la promesse et la force qu'offre le Canada.
Malheureusement, depuis les dernières années, notre système d'immigration présente certains problèmes de fonctionnement. J'irais même jusqu'à dire qu'on en est arrivé à un point où le système ne fonctionne pratiquement pas.
Dans le passé, le Canada accueillait deux types de nouveaux venus. Les réfugiés, dont l'immigration remonte aussi loin qu'aux loyalistes, au chemin de fer clandestin, et plus récemment, aux opposants à la guerre au Vietnam et en Irak. Même mes grands-parents sont arrivés au Canada, cette terre de liberté, parce qu'ils ont fui le communisme et les horreurs du régime stalinien. Des réfugiés politiques et des immigrants économiques ont considéré le Canada non seulement comme une terre de liberté mais également comme une terre de possibilités, après avoir quitté des contrées où, à l'époque, les possibilités étaient malheureusement restreintes. Au Canada, les possibilités étaient sans limite.
Les vagues d'immigrants qui sont arrivés chez nous ont choisi le Canada parce qu'il s'agit d'un pays libre et que, de ce fait, il est également prospère. Tous les immigrants partageaient un même objectif. Ils sont venus ici avec le désir de trimer dur pour bâtir un avenir pour eux-mêmes, pour leur famille et pour les générations suivantes. Ils ont réussi et ils ont redonné à leurs collectivités et ils ont enrichi notre grand pays.
Malheureusement, le système actuel d'immigration et de détermination du statut de réfugié a cessé de fonctionner. Cela sème la confusion et crée une situation où les rêves de nouveaux Canadiens et de nouveaux immigrants pleins d'espoir volent en éclat. En raison de cette confusion et du désespoir généré par la défaillance du système actuel, ce sont les charlatans, les consultants fantômes, qui interviennent, exploitent des rêves inaccessibles et font des promesses impossibles à réaliser. Ils exploitent les plus vulnérables.
Tout comme mes collègues, j'appuie de projet de loi qui s'attaque aux consultants véreux. J'appuie le renvoi de ce projet de loi au comité pour l'améliorer davantage. Par contre, il ne faut pas perdre de vue la tâche la plus importante, qui consiste à remettre en état notre système d'immigration. Il nous faut une nouvelle loi.
Je me permets de mentionner des cas spécifiques pour démontrer à quel point la situation est désespérée pour les candidats à la citoyenneté canadienne et les circonstances dont ils sont victimes à cause du système actuel.
Marya Kunyk est arrivée avec un permis de travail à titre d'aide familiale. Elle devait travailler pendant deux ans, sur une période de trois ans, avant de pouvoir initier le processus de demande de la citoyenneté canadienne. Cela faisait tout juste un an qu'elle était arrivée, et qu'elle travaillait dans le but de s'acquitter de cette obligation, lorsqu'elle a été frappée par une voiture tandis qu'elle traversait la rue à un passage pour piétons. L'accident fut horrible. Le conducteur a été reconnu coupable, mais le corps de Marya est désormais littéralement en morceaux. Certaines parties de son corps ont été remplacées par des pièces de métal.
Que fait le système pour Marya, qui a un besoin constant de soins de santé et de services de physiothérapie afin de pouvoir de nouveau être un membre productif de la société? Le système renvoie Marya dans un pays qui ne peut lui prodiguer les soins dont elle a besoin. Le système l'expulse parce qu'elle ne remplit pas les obligations prévues dans son contrat, à savoir qu'elle doit travailler pendant deux années complètes. C'est plein de bon sens. Elle n'a pas pu remplir ses obligations contractuelles. Elle s'est fait frapper par une voiture sans que ce soit de sa faute.
Il n'est donc guère étonnant de constater que les nouveaux Canadiens sont tellement désespérés qu'ils font confiance à des consultants véreux, à des charlatans qui exploitent ce sentiment de désespoir.
Dans un autre cas, Iryna Ivaniv est une jeune femme qui tente depuis plus de six ans de faire venir au Canada son mari qui se trouve en Ukraine. Elle a quatre jeunes enfants qui ont la nationalité canadienne. Permettez-moi de citer un extrait d'une lettre qu'elle a fait parvenir au ministre:
1. Nous avons quatre jeunes enfants qui sont citoyens canadiens: deux sont âgés de 6 et de 3 ans, respectivement, et des jumeaux de 5 mois. Ils ont le droit que leurs deux parents soient présents pour les élever [...]
2. Nos jumeaux sont nés prématurément. Ils font l'objet d'un suivi pédiatrique constant et ont besoin de soins médicaux que, selon moi, ils ne pourraient pas obtenir de façon satisfaisante en Ukraine.
3. Nos quatre enfants doivent aller à l'école et à la garderie à compter de septembre 2010. Je dois souligner qu'en vertu de la Loi sur l'éducation, les enfants canadiens âgés d'au moins 6 ans doivent fréquenter l'école.
Qu'est-ce qui est arrivé dans le cas d'Iryna Ivaniv? Au cours des deux derniers mois seulement, on a de nouveau rejeté la demande de son mari, qui voulait venir au Canada afin de réunir sa famille.
Comment une telle situation se produit-elle? Grâce à une demande d'accès à l'information, j'ai réussi à obtenir une copie de la décision. C'est stupéfiant. On déclare dans la décision qu'Iryna Ivaniv possède encore la citoyenneté ukrainienne et peut donc bénéficier librement de tous les services de santé et services sociaux dans ce pays. Elle n'est pas une citoyenne ukrainienne; elle est une citoyenne canadienne. L'Ukraine ne permet pas la double citoyenneté. Elle est citoyenne d'un seul pays.
Comment se fait-il que ce sont des gens qui ne comprennent même pas les règles qui prennent les décisions?
Plus loin dans la décision on affirme qu'il serait avantageux pour les enfants qu'on les renvoie en Ukraine pour qu'ils puissent être avec leur famille élargie, car on éviterait ainsi de perturber leur vie en les séparant de leurs grands-parents — notant qu'une perturbation importante a été causée puisque dans la culture et la tradition ukrainiennes, les familles élargies sont très importantes.
Bon sang. Nous séparerions des enfants canadiens de leur mère, de leurs grands-parents canadiens et de leur oncle canadien, les expulserions et les enverrions dans un pays à l'autre bout du monde.
Ces cas montrent clairement à quel point le système est devenu dysfonctionnel. Il n'est pas surprenant que des gens profitent de personnes désespérées comme Iryna et Marya.
Permettez-moi également de vous faire part de chiffres tirés de la base de données publique du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration concernant le délai de traitement des dossiers des travailleurs qualifiés provenant de Kiev, en Ukraine. En 2009, 80 p. 100 des dossiers ont été traités en 83 mois, ce qui équivaut à 6 ans et 11 mois.
Quel employeur canadien serait prêt à attendre sept ans l'arrivée d'un nouvel employé provenant d'un pays étranger? Et qu'en est-il de ces gens de la catégorie des travailleurs qualifiés qui attendent non pas des mois, mais des années avant d'être admis comme immigrants? Qu'est-il arrivé à la promesse canadienne?
Comme je l'ai dit plus tôt, ce sont ces vagues successives d'immigrants qui ont fait le dynamisme et la grandeur du Canada. Nous parlons souvent des incroyables ressources naturelles de ce vaste pays. Nos ressources naturelles sont effectivement sans pareil, mais nos ressources les plus précieuses sont nos ressources humaines, qui constituent une réserve inépuisable de capacités.
Le Canada est unique au monde, en ce sens que ses habitants comprennent très bien les diverses cultures de cette planète et en parlent toutes les langues. Dans le contexte d'un futur village planétaire, cela nous procure un avantage incroyable.
Il faut rétablir cette promesse. Le Canada ne peut devenir un pays statique, sans dynamisme. Ce projet de loi porte effectivement sur un point, sur une petite partie de cette dysfonction, et c'est pourquoi nous l'appuyons. J'espère toutefois que cela ne nous éloignera pas de la tâche qui consiste à instaurer un nouveau système. C'est l'avenir du Canada qui en dépend.
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Madame la Présidente, je suis heureux d'intervenir aujourd'hui pour parler du projet de loi . J'ai entendu hier quelques très bons discours sur le projet de loi et quelques très bonnes idées. Je dois dire pour commencer que c'est un projet de loi qu'on attend depuis longtemps. J'espère que cette législature durera assez longtemps pour que nous puissions le renvoyer au comité puis qu'il passe toutes les étapes et devienne loi.
Comme le dernier intervenant l'a dit, il ne s'agit pas d'un problème qui est soudainement apparu dans les sept dernières années. Les libéraux ne se sont peut-être rendu compte de l'existence d'un problème qu'il y a sept ans, mais je peux dire aux députés que c'était déjà un problème endémique dans les années 1980.
Quand j'ai été élu à l'Assemblée législative du Manitoba en 1986, à l'époque, l'une de nos préoccupations en tant que gouvernement provincial était de décider comment réglementer le secteur des consultants en immigration. Avant de nous attaquer au problème, nous devions nous faire une idée de son ampleur parce que les consultants en immigration étaient partout. Il ne s'agissait pas seulement d'avocats. En fait, les avocats étaient probablement une minorité parmi ces gens. Il y avait de nombreux agents de voyage qui, comme activité parallèle, donnaient des conseils en immigration. Il y avait toutes sortes de gens, venus de tous les horizons, qui étaient associés de près ou de loin aux activités relatives aux conseils en immigration et demandaient de gros honoraires. De fait, certains d'entre eux étaient si branchés dans le milieu qu'ils connaissaient des gens membres de la Commission de l'immigration. À l'époque, ces membres étaient nommés et leur nomination était de nature politique; mais il s'agissait aussi de personnes bien implantées localement et disposant d'un bon carnet d'adresses. Les consultants en immigration bien sûr établissaient des relations avec elles et essayaient d'obtenir un traitement spécial. Le gouvernement a dépassé ce stade et a essayé de prendre des mesures pour améliorer un peu le processus.
Cette mesure en est toujours au stade embryonnaire. Je ne pense pas qu'on résoudra le problème en l'adoptant, parce que dans notre société, les gens trouveront toujours le moyen de s'enrichir s'ils en ont la possibilité. Nous avons beau fixer toutes les règles que nous voulons au Parlement, il y aura toujours des gens peu scrupuleux qui trouveront une façon de les contourner.
Bien que nous ayons pris du temps à nous réveiller, nous comprenons maintenant ce qu'il faut faire, et c'est tant mieux. Je suis très heureux que nous nous attaquions au problème; nous devrions nous féliciter de la mesure, même si elle ne règle pas le problème entièrement. Il faut imposer des règles rigoureuses pour éviter que les gens prennent avantage des plus vulnérables. Il faut également veiller à leur stricte application.
Cela fait des centaines d'années que des immigrés arrivent au Canada, chacun pour sa propre raison. Historiquement, les premiers explorateurs — à commencer par Leif Eriksson, si je ne m'abuse, suivi de Christophe Colomb et d'autres — parcouraient le monde pour trouver de nouvelles ressources et de nouvelles terres pour leurs rois. C'était la politique des rois à l'époque d'étendre leur empire en cherchant de nouvelles voies maritimes et de nouvelles ressources, des fourrures ou de l'or. Il y a eu plusieurs vagues d'immigration au fil des ans.
Nous savons, par exemple, que dans certaines parties de l'Australie, pays que j'ai visité il y a quelques années, les premiers immigrants venaient de colonies pénitentiaires. Des prisonniers européens ont été envoyés dans ces nouvelles colonies.
À certaines époques de notre histoire, des gens ont participé à la ruée vers l'or. Tout juste dans le Sud du Manitoba, il y a la région des Black Hills. La ruée vers l'or dans cette région a attiré des milliers d'immigrants au Canada. Il y a eu la ruée vers l'or en Californie et aussi au Yukon.
Le député de a parlé des gens qui sont venus ici pour trouver des emplois et une meilleure vie.
Beaucoup de gens sont venus ici en raison de persécutions religieuses dans leur pays d'origine. Ils sont venus pour échapper à des gouvernements qui les maltraitaient. Des gens sont venus en raison de problèmes politiques dans leur pays d'origine. Les gens sont venus s'établir au Canada pour diverses raisons.
Beaucoup de Chinois sont venus au Canada pour participer à la construction du chemin de fer. John A. Macdonald n'aurait jamais réussi à faire construire ce chemin de fer sans les immigrants chinois arrivés par milliers pour faire un travail très dangereux. Beaucoup sont d'ailleurs morts pendant la construction.
Certains ont rappelé que les règles applicables à l'immigration étaient très parcellaires à l'époque. Il y a plusieurs centaines d'années, les gens pouvaient simplement venir au Canada et s'y installer sans formalité, mais, les gouvernements successifs ont mis en place un vaste ensemble de règles.
Parce qu'ils ont formé le gouvernement pendant la majeure partie du siècle dernier, les libéraux ont à toutes fins utiles fait ces règles. Il faut certainement reconnaître à leur crédit qu'ils ont encouragé l'immigration au fil des ans. Des personnes ayant un point de vue différent prétendent qu'ils ont créé les problèmes du système actuel d'immigration que nous tentons de régler.
Plusieurs députés ont déclaré que leurs bureaux étaient inondés de cas touchant des problèmes d'immigration. En termes généraux, s'il existe un problème, il traduit un problème systémique au sein du gouvernement. Je peux penser à d'autres problèmes, au niveau provincial, par exemple, dont beaucoup de gens se sont plaints auprès de leurs députés et, finalement, le système politique a compris qu'il fallait faire quelque chose et retirer la question des mains des députés parce que ce n'est pas vraiment notre travail de gérer des programmes gouvernementaux.
La première fois que j'ai été élu, j'ai été étonné de voir que beaucoup de députés consacraient énormément de temps et d'efforts aux problèmes de l'immigration. Les immigrants me disent souvent que, lorsqu'ils ont connu des problèmes, c'est leur député qui les a réglés. Lorsque nous consacrons autant de temps à un problème particulier, nous devons le régler en modifiant les lois, en les appliquant différemment et en faisant des changements majeurs.
Ce problème n'est pas apparu au cours des six dernières années ou, même, de la dernière décennie. Il se posait il y a 25 ans, et probablement bien avant. On se demande vraiment pourquoi les gouvernements ont mis tant de temps à trouver une solution.
Le député de , dans l'extraordinaire discours qu'il a fait hier sur le sujet, a traité d'un certain nombre d'aspects. Comme sa circonscription est située au coeur de la ville de Winnipeg, il est témoin du grand nombre d'immigrants qui s'établissent au Manitoba.
Le gouvernement du Manitoba a fait preuve de prévoyance il y a environ dix ans en mettant en oeuvre le Programme des candidats qui, en passant, a attiré environ 15 000 immigrants au cours de la dernière année. Le programme a connu du succès depuis que le gouvernement néo-démocrate du Manitoba l'a mis sur pied. En fait, il a connu tant de succès que le gouvernement de la Nouvelle-Écosse l'a examiné et, je crois, l'a copié et adopté à son tour.
La même chose se produit partout au Canada. Lorsqu'un bon programme existe dans une province, par exemple au Québec, les autres provinces en prendront connaissance. Les résultats du programme créé au Manitoba ont été si rapides et si positifs que, à l'époque, le premier ministre conservateur de la Nouvelle-Écosse, John Hamm, s'est vivement intéressé à la question et il est venu étudier le programme.
Le député de signale que bon nombre d'immigrants qui s'établissent dans la province s'installent dans sa circonscription à leur arrivée. Par conséquent, il est aux premières loges pour voir les problèmes d'immigration. Il voit également les consultants au travail. Il a déclaré avoir découvert une situation — et je suis certain qu'il existe de nombreux exemples similaires — où des consultants disaient aux gens que pour 3 000 $, ils pourraient leur obtenir une lettre du député qui les représente, comme si c'était le sésame qui leur permettrait d'aller au bout du processus. C'est l'un des exemples qu'il a découverts. La question est de savoir combien d'autres cas de gens qui paient ces montants astronomiques pour un service qui, en fait, est gratuit sont passés inaperçus.
Avant le député de , qui est un député formidable pour cette circonscription, ce siège a été occupé, pendant une très courte période, par le député libéral David Walker. Je sais qu'il a également consacré beaucoup de temps aux problèmes d'immigration. En fait, ma femme me raconte souvent l'histoire des démarches qu'elle a entreprises pour que son père, qui vivait au Pérou, puisse s'établir au Canada. Ils sont allés au bureau de M. Walker et il a fait un travail formidable pour les aider à remplir la paperasse et résoudre les problèmes liés à son établissement au pays.
La question est de savoir si les bureaux de députés sont devenus le guichet officiel qui résout toutes les questions et tous les problèmes d'immigration. Il vaut peut-être mieux que les gens fassent appel aux bureaux de députés qu'aux consultants en immigration.
Le fait est que les consultants en immigration les attrapent avant qu'ils viennent nous voir. Les consultants en immigration sont les agents de voyage; ce sont eux qui leur ouvrent les portes.
Le député qui est intervenu avant moi a soulevé quelques bons points. Hier, le député de a parlé des problèmes liés au programme de travailleurs temporaires, et de la façon dont certains consultants en abusent et en profitent. Il y a une vingtaine d'années, CBC/Radio-Canada a fait un grand reportage sur les consultants en immigration au Manitoba qui oeuvraient dans le Programme d'immigration des investisseurs. Je pense que les députés connaissent ce programme et savent comment il fonctionne. Au fond, il attire des immigrants fortunés au Canada.
Ces consultants en immigration n’oeuvraient pas seulement ici, au Canada, mais aussi à partir de l'étranger. Ils se rendaient dans d’autres pays comme, dans ce cas, aux Philippines je crois, et travaillaient à partir de là. Ils publiaient des annonces dans les journaux, aux Philippines, montrant des photos de consultants aux côtés du maire de Winnipeg de l’époque, ou en train de lui serrer la main.
En tant que politiciens, je suppose qu'il faut faire attention à ne pas se faire prendre en photo avec n’importe qui, parce qu'on ne sait jamais où, quand ou comment ces photos seront utilisées. Le maire de Winnipeg de l’époque était quelqu'un de très bien, et il a été très surpris de voir que sa photo avait été utilisée dans un autre pays par un consultant en immigration qui devenait plus crédible auprès des gens du fait qu’il connaissait le maire. Si l’immigrant voulait arriver facilement à Winnipeg, c’était le consultant qu’il devait engager, puisqu’on le voyait en compagnie du maire de Winnipeg.
Ce consultant a eu beaucoup de clients et leur a soutiré beaucoup d’argent. Les gens l’engageaient pour arriver plus rapidement au Canada. En outre, cet homme était aussi spécialiste en affaires immobilières. Il vendait à ses clients des entreprises qu’ils n’avaient pas vues autrement qu’en photo. Dans un cas particulier, il a vendu une boulangerie installée dans un immeuble délabré, dans un quartier pauvre, pour probablement deux ou trois fois sa valeur. Quand l’immigrant investisseur est arrivé au Canada, il s’est trouvé dans une situation très difficile parce que non seulement il avait versé des frais de consultation à cet homme, mais il avait payé la boulangerie trop cher. Ce n’est qu’un exemple parmi d'autres.
Le député conservateur qui vient de prendre la parole sait maintenant de quoi je parle, parce qu'il était là à l’époque. Il sait que ce consultant avait des relations et des amis au sein de son parti provincial. Ces gens travaillaient ensemble. Ils formaient un petit groupe. C’étaient des gens qu’aucun parti politique ne souhaite avoir dans ses rangs. Toutefois, on ne peut empêcher qui que ce soit de se joindre à un parti, et il arrive qu’on ne sache pas pourquoi une personne veut devenir membre. Ces gens étaient assez adroits pour savoir que, s’ils pouvaient établir un lien avec un politicien local, un maire ou un député fédéral ou provincial, ce serait bon pour leur petit commerce. C’était une bonne pratique d’affaires.
Bien entendu, CBC/Radio-Canada a fait son travail en dénonçant cette personne, mais le mal avait déjà été fait et les investisseurs avaient perdu beaucoup d'argent.
C'est le genre d'agissement qui fait mauvaise presse à notre pays parce que ces gens vont certainement raconter leur expérience d'immigration à leurs proches restés dans leur pays d'origine. Ce n'est certainement pas très attrayant pour les immigrants éventuels de savoir qu'ils courent un risque de faire affaire avec ce genre de fraudeurs.
Hier, le député de a souligné que l'objectif était d'accueillir un certain pourcentage d'immigrants au Canada chaque année. Dans les faits, nous avons atteint l'objectif très peu d'années seulement. En vérité, je ne crois pas que nous ayons déjà atteint l'objectif, mais nous nous en sommes rapprochés quelques fois seulement.
Le gouvernement est sur la bonne voie avec ce projet de loi. Je ne suis pas de ceux qui ne rendent pas justice au gouvernement lorsque j'estime qu'il est sur la bonne voie. J'espère seulement qu'il restera au pouvoir suffisamment longtemps pour que la mesure législative franchisse toutes les étapes du processus législatif, qu'il ne prorogera pas le Parlement encore une fois ou qu'il ne déclenchera pas d'élections précipitées parce qu'il voit une occasion rapide et à court terme dans le registre des armes à feu ou qu'il n'aura pas recours à toute autre manoeuvre qui lui traversera l'esprit dans les jours qui viennent. J'espère que nous ferons un effort.
Nous avons vu ce qui s'est produit sous Lester Pearson. Durant ses six ans à la tête d'un gouvernement minoritaire, il a accompli beaucoup. Le gouvernement conservateur règne depuis environ cinq ans et quel bilan a-t-il à présenter?
Je dirais que...
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Madame la Présidente, je suis heureuse de parler du projet de loi. Nous traitons d'un problème très important et nous devons vraiment en discuter de manière à le régler plutôt que de bricoler une solution de fortune.
Nous comprenons la nécessité d'adopter des règlements pour éviter que les immigrants aient à traiter avec des gens sans scrupule. C'est la raison pour laquelle le gouvernement a proposé la création de la SCCI en 2003. Elle devait être soumise à un examen, comme elle l'est actuellement, pour déterminer si elle donnait les résultats escomptés.
Il est apparu qu'il y avait des lacunes dans le processus et nous connaissons ces lacunes. D'abord, même si le groupe pouvait intenter des poursuites, il n'avait pas l'autorisation de faire des vérifications ou d'assigner des témoins et il n'avait aucune capacité législative ou légale pour faire bien des choses. Ensuite, il est ressorti qu'il n'avait pas assez de ressources pour bien remplir sa mission.
Il est bien que le gouvernement ait reconnu qu'il faut prendre des mesures, et je crois que ce projet de loi constitue une première étape. Il ne règle toutefois pas certains des problèmes. Comme nous le savons, le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration s'est penché sur la question et a présenté des recommandations.
Ce projet de loi ne s'attaque pas à la principale lacune mentionnée dans le rapport du comité et il ne donne pas suite à ses recommandations. Il ne corrige pas suffisamment les problèmes de gouvernance, ni les problèmes relevés par le comité, ce qu'il faudrait faire. Apporter des changements mineurs à la LIPR à cet égard ne règle pas vraiment les choses. Il faut créer un organisme indépendant qui détient des pouvoirs conférés par la loi.
Il existe des précédents. Les provinces ont déjà adopté des lois conférant un statut autonome à de nombreux ordres professionnels, comme le Collège des médecins, l'Ordre des infirmières ou l'Ordre des ingénieurs. Ces organismes surveillent les membres d'une profession, en l'occurence des consultants en immigration, et s'assurent qu'ils ont reçu une formation appropriée, mais par-dessus tout qu'ils disposent des bons diplômes et que ces diplômes sont en règle.
La réglementation des ordres professionnels relève de la législation des provinces, qui ont accordé aux ordres professionnels le pouvoir de procéder à des vérifications, d'examiner des dossiers et des pratiques, d'assigner à témoigner et de sanctionner des membres ou encore de leur retirer le droit de pratiquer leur métier lorsqu'on détermine qu'ils ne respectent pas leur code de déontologie.
Il existe un précédent. Le gouvernement fédéral devrait examiner ce précédent et créer un organisme de réglementation autonome prévu par la loi. Je ne blâme pas le gouvernement, qui a jugé bon d'agir, mais son projet de loi manque de mordant. Il doit accorder le pouvoir d'enquêter et de sanctionner.
Si les provinces peuvent le faire au sujet des ordres professionnels relevant de leur compétence, le gouvernement fédéral devrait pouvoir faire de même au sujet des consultants en immigration. Il devrait y avoir des normes claires, un code de déontologie et des moyens de déterminer si les consultants ont effectivement les diplômes requis. Il est assez clair qu'il existe un précédent au niveau provincial.
On pourrait dire que les organismes de réglementation professionnels créés par les provinces ont pour rôle de veiller à la sécurité et à la protection des Canadiens et de s'assurer qu'ils ne soient pas arnaqués, lésés ou mis à mal par des professionnels qui n'ont pas de titres de compétence et dont la pratique n'est régie par aucune ligne directrice. Parallèlement à cela, je ne pense pas que nous puissions demander aux immigrants d'accepter moins que ce à quoi nous nous attendons pour les Canadiens. Lorsque des immigrants veulent venir dans notre pays pour commencer une nouvelle vie, nous devons nous assurer qu'ils sont protégés par la loi.
Le fait de se rendre dans un nouveau pays est une question complexe. Les immigrants ne comprennent pas la culture. Ils ne comprennent pas les lois du pays. À leur arrivée, ils ne s'y retrouvent pas. Quelqu'un leur dit alors qu'il peut les aider, les guider au cours du processus et éliminer les formalités administratives. Je le sais parce que nous traitons de nombreux problèmes liés à l'immigration à mon bureau de circonscription. Il y a des gens qui arrivent ici avec peu d'argent et nombre d'entre eux viennent dans le but d'avoir une vie meilleure. Ils dépensent des milliers, parfois même des dizaines de milliers de dollars pour de mauvais conseils et sont mal orientés. Ces gens sont frustrés. Ils sont bouleversés. Ils sont perdus. Ils sont confus. C'est ainsi qu'ils sont accueillis au Canada.
Cela ne doit pas être l'accueil que le Canada réserve aux nouveaux immigrants. Ils doivent pouvoir s'attendre à un meilleur traitement de la part de notre pays et à ce que la primauté du droit soit respectée. Ils doivent pouvoir s'attendre à être protégés par une certaine éthique des pratiques et des lignes directrices, non seulement pendant qu'ils s'efforcent de venir au Canada, mais aussi une fois qu'ils sont arrivés.
Il est très important que nous examinions ce projet de loi. Je crois qu'il est important que nous examinions le rapport du comité, qui contient des recommandations très claires.
Regardons la deuxième recommandation, qui stipule: « Le Comité recommande que le gouvernement du Canada présente une loi distincte pour rétablir la Société canadienne de consultants en immigration en qualité de société sans capital-actions. »
Les organisations peuvent maintenant soumissionner pour obtenir le travail sans aucun pouvoir conféré par la loi . Nous laissons le même groupe poursuivre le travail. Je ne veux pas blâmer les membres du groupe. Après tout, ils ne possédaient pas les ressources ou les pouvoirs appropriés pour bien faire le travail. Cependant, tout le monde peut maintenant présenter une soumission afin d'obtenir ce travail.
Rien ne va donc changer. Nous changeons seulement de gestionnaire. Nous ne changeons pas le processus. Nous ne prenons pas de mesures pour nous assurer que le processus est rigoureux et assez clair pour que toutes les personnes le comprennent.
C'est une suggestion importante que je voulais faire. Pourquoi réinventer la roue? Je ne comprends pas. Pourquoi le gouvernement veut-il réinventer la roue quand il y a un comité qui a étudié la question et entendu de nombreux témoignages? Il a entendu ce que les témoins avaient à dire. Dans la deuxième recommandation, le comité a parlé des questions de gouvernance, des pouvoirs et de la nécessité d'un organisme créé par une loi.
La troisième recommandation stipule: « Le Comité recommande que le gouvernement du Canada facilite le rétablissement du nouvel organisme de réglementation et continue d’intervenir dans ses affaires jusqu’à ce que celui-ci soit pleinement fonctionnel. »
Le gouvernement ne se défile donc pas devant ses responsabilités, et il ne laisse pas un organisme avoir des pouvoirs de réglementation sans diligence raisonnable. On va demander au gouvernement de s'assurer qu'il y a de la diligence raisonnable et que tous les éléments et les structures nécessaires sont en place. Une fois que le gouvernement déterminera que l'organisme peut fonctionner de manière autonome, il pourra le laisser se débrouiller seul comme les provinces le font avec leurs organismes de réglementation.
Nous sommes tous au fait des problèmes auxquels ont été confrontés des aspirants immigrants au Canada. Toutefois, je tiens à dire que bon nombre de consultants en immigration font un excellent travail, sont qualifiés et ne ménagent aucun effort pour aider les nouveaux immigrants. Le problème, c'est qu'il y a des indésirables qui gâchent tout.
Je connais des consultants en immigration qui font un excellent travail, qui ont leur permis, respectent les règles, se conforment aux lignes directrices en matière d'éthique et font preuve de toute la diligence voulue. Pourtant, ils ont l'impression qu'ils n'inspirent pas confiance. Pour le bien tant des Canadiens que des nouveaux arrivants, il est crucial que le gouvernement fasse en sorte que le système qu'il met en place inspire confiance. La confiance est un élément important. Le fait de ne pas croire en ceux qui sont là pour aider et de ne pas avoir confiance en leur travail parce que la réputation de l'ensemble du secteur est ternie, fait ombrage à l'ensemble du processus. Il est essentiel que le gouvernement mette en place un processus en lequel il a confiance et en lequel les gens ont confiance, de manière à s'assurer que les immigrants potentiels sont bien conseillés et qu'ils ne restent pas en rade à cause de l'appétit vorace de quelques indésirables.
J'ai été saisi du cas d'un couple qui est entré au Canada moyennant le versement de 20 000 $, un montant énorme. Ce couple a été dirigé dans toutes les directions. En fin de compte, ce couple s'est présenté à mon bureau, en larmes. Pourquoi? Parce qu'on lui a fermé toutes les portes auxquelles il a frappé.
Le ministère de l'Immigration n'acceptait pas ce ces gens disaient, principalement parce que leur consultant ne leur avait pas donné les bons conseils et qu'il leur avait recommandé de demander le statut d'immigrant en vertu de critères erronés. Ils avaient perdu beaucoup de temps.
Mais le hic, c'est qu'une fois le processus lancé, les fonctionnaires de l'immigration ont tous sous les yeux l'histoire qu'on les a convaincus de raconter et ils ont l'air de menteurs s'ils s'en écartent.
Lorsqu'on leur donne de mauvais conseils, les pauvres immigrants ont l'air de menteurs. Ils se tournent alors vers un consultant fantoche qui leur dit qu'ils n'ont pas fait ce qu'il fallait ou ils viennent à notre bureau et nous leur disons qu'ils n'ont pas fait ce qu'il fallait. Ils doivent alors recommencer, reprendre tout ce qu'on leur avait dit de faire et modifier les renseignements qu'ils avaient donnés, et après tout cela, leur dossier est déjà suspect.
En fin de compte, ces gens ont souvent du mal à obtenir le statut d'immigrant parce qu'ils semblent avoir fait preuve de malhonnêteté alors qu'ils ont été orientés dans la mauvaise direction.
Si nous voulons modifier le processus d'immigration, nous reconnaissons tous que le système d'immigration et le système d'accueil des réfugiés devront être améliorés et accélérés pour que les gens n'aient pas à attendre aussi longtemps. Nous devons clairement énoncé nos intentions.
Je crois que le gouvernement a décidé que c'est la direction dans laquelle il veut s'engager. Si le gouvernement choisit d'agir en ce sens, il devra le faire correctement. Il devra faire ce pas audacieux et modifier le système une fois pour toutes afin que les gens puissent avoir confiance dans ce dernier et qu'il ne constitue pas un obstacle pour les immigrants ou les familles qui parrainent des étrangers pour les aider à venir s'installer au Canada.
C'est très important parce que notre optique à l'égard de l'immigration devra changer. Nous avons jusqu'à maintenant évalué les immigrants selon différents critères qui ne sont plus pertinents.
Nous n'avons pas seulement besoin d'immigrants hautement scolarisés, qui ont obtenu des doctorats et répondent aux exigences linguistiques élevées nécesaires, nous avons également besoin d'outilleurs-ajusteurs, d'électriciens et de gens qui pratiquent un métier maintenant disparu au pays. Ce sont des points importants.
L'immigration a été clé de voûte de l'édification de notre pays. Les gens qui s'établissent ici amènent des compétences, des connaissances et toutes sortes de choses qui contribuent à la croissance du pays.
Exception faite des Autochtones, tous les Canadiens sont venus comme immigrants à un moment donné, que cela ait été il y a huit ou dix générations ou à peine hier. Ils ont tous contribué à l'édification du pays grâce à leur travail, à leurs connaissances et à leurs compétences.
En tant que petit pays de seulement 32 millions d'habitants, nous sommes dans une situation critique. Nous allons devoir être concurrentiels dans une économie mondialisée, et ce, avec seulement 32 millions de personnes. Nous n'aurons pas un important bassin démographique comme la Chine ou l'Inde. Nous devrons compter sur les gens les plus talentueux, les plus brillants et les plus qualifiés du pays. Nous devons nous tourner vers l'immigration comme principal moyen d'atteindre cet objectif.
Selon Statistique Canada et le ministère de l'Immigration, d'ici 2011, la croissance nette de la population active au Canada sera entièrement attribuable à l'immigration. Nous avons besoin de ces compétences. Regardons ma profession, celle de médecin. Trois millions de Canadiens n'ont pas de médecin de famille. Pourtant, au pays, il y a des médecins formés à l'étranger qui, comme on l'a souvent dit, sont chauffeurs de taxi et ne travaillent pas dans leur domaine depuis dix ans.
On doit leur permettre de travailler et de nous aider à avoir le genre d'infirmières, de médecins, d'ingénieurs, de techniciens et de technologues dont nous avons besoin au pays. Nous avons besoin de travailleurs de la construction, d'électriciens et d'artisans spécialisés. Nous avons besoin d'une variété de personnes.
Lorsque les gens se présentent à nos bureaux à l'étranger et demandent à s'établir ici comme immigrants, parfois on leur donne de faux renseignements. Parfois, ils viennent ici, pensant être dans un pays où ils pourront vivre, travailler, amener leurs familles et construire un pays, tout comme nous l'avons tous fait dans le passé, seulement pour découvrir qu'on leur a donné de faux renseignements.
Le changement que le gouvernement se propose de faire consiste en grande partie à s'assurer que les missions à l'étranger reçoivent le même message clair. On peut probablement leur donner une liste de consultants agréés et bien formés afin que les gens sachent que les consultants sur cette liste sont de bonne foi. Il faudrait s'assurer que les services soient offerts en plusieurs langues et pas seulement en français et en anglais. Nombreux sont les immigrants au Canada qui parlent une autre langue.
Nous sommes capables de traduire dans toutes les langues au monde. Nous devrions en profiter quand nous parlons à des gens dans leur propre pays et que nous leur fournissons les conseils dont ils ont besoin.
Ce sont des questions importantes que nous devons régler. Il ne s'agit pas d'une simple mesure ponctuelle. Je pense que le projet de loi est largement insuffisant. Je voudrais que le projet de loi soit amendé, étoffé. Tout le monde l'a dit. Je voudrais féliciter le gouvernement d'avoir fait ces premiers pas, mais ce n'est pas suffisant. Faisons les choses correctement, une fois pour toutes. Tout le monde parle d'apporter des changements au système d'immigration, et nous avons tous tourné autour du pot.
Notre précédent gouvernement libéral peut dire la même chose. Nous avons essayé et nous avons fait ce qu'il fallait, selon nous. Il est maintenant temps de procéder à un réexamen. Si cela ne fonctionne pas, réglons le problème, mais ne tournons pas autour du pot. Assurons-nous de laisser la porte ouverte aux immigrants hautement qualifiés dont nous avons besoin qui amèneront leurs familles et s'installeront ici, qui commenceront à bâtir une nation, dont les enfants grandiront pour devenir des citoyens canadiens et nous aideront à devenir plus productifs et plus concurrentiels dans cette nouvelle économie mondiale.
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Madame la Présidente, c'est un grand plaisir pour moi de prendre aujourd'hui la parole au nom du Nouveau Parti démocratique du Canada. C'est également un plaisir que de vous annoncer que notre parti appuie ce projet de loi.
L'un des grands rôles que tout bon parti d'opposition responsable doit jouer consiste non seulement à critiquer de façon constructive le gouvernement lorsqu'il est d'avis que ses politiques vont dans la mauvaise direction ou sont erronées, mais aussi à le féliciter et à l'appuyer lorsqu'il propose des mesures législatives pleines de bon sens qui s'attaquent à un véritable problème.
Je tiens donc à féliciter mes collègues du côté ministériel de la Chambre d'avoir présenté le projet de loi , qui va nous aider concrètement à régler un problème très pressant avec lequel notre pays est aux prises.
Le titre abrégé du projet de loi est Loi sévissant contre les consultants véreux, ce qui illustre bien la tendance que peut avoir le gouvernement à baptiser ses projets de loi de noms accrocheurs, mais qui résume quand même bien l'objectif poursuivi. Le projet de loi interdit aux consultants en immigration non autorisés à donner des conseils aux immigrants potentiels ou à présenter des demandes en leur nom. Il confère également au ministre le pouvoir de désigner, par le truchement d'un processus de sollicitation de soumissions, un nouvel organisme chargé de réglementer la profession de consultants en immigration.
Les néo-démocrates, et plus particulièrement ma collègue de , réclament depuis longtemps des modifications législatives afin d’éliminer les pratiques peu éthiques chez les consultants en immigration. À l’heure actuelle, un consultant en immigration sur deux n’a aucune autorisation. Les histoires d’horreur ne manquent pas où des immigrants vulnérables se font escroquer des montants considérables, voire les économies de toute leur vie, ou, pis encore, se font ravir leur chance d’un nouveau départ au Canada.
Au Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration, notre parti et le comité ont reçu sur la question deux rapports à leur appui, assortis de neuf recommandations. Celles-ci réclament notamment des modifications législatives et, plus important encore, des efforts d’exécution et de sensibilisation, afin que cette mesure législative puisse s’appliquer dans les faits. Là encore, ma collègue de a proposé une motion tendant à l’adoption du rapport qui, grâce à la sagesse et aux efforts des députés, a été adoptée au printemps dernier.
Comme un autre député l’a fort bien dit, à l’exception des membres des Premières nations, nous sommes tous des immigrants ou des descendants d’immigrants. Presque tous les députés doivent leur présence au Canada au courage de leurs parents, de leurs grands-parents, de leurs arrière-grands-parents ou d’ancêtres plus lointains. Il se trouve même des députés qui sont des immigrants de première génération. Il est donc évident que le Canada est l’un des pays les plus multiculturels de la planète, l’un de ceux dont tout le tissu social repose sur l’immigration.
Ma propre circonscription, celle de Vancouver Kingsway, est l’une des plus multiculturelles du Canada. En effet, 40 p. 100 de ses habitants sont de descendance chinoise, provenant de la République populaire de Chine, de la République de Chine, de Hong Kong, de Singapour ou de Macau. Onze pour cent sont d’origine sud-asiatique et viennent de l’Inde, du Pakistan et du Panjab. Dix pour cent des habitants de ma circonscription viennent des Philippines et 5 p. 100, du Vietnam, de la Corée et d’une foule d’autres pays. En fait, 70 p. 100 des habitants de ma circonscription appartiennent à des minorités visibles et constituent désormais la majorité visible de ma circonscription.
Dans la circonscription de Vancouver Kingsway, plus d’une centaine de langues sont en usage. Il s’agit vraiment d’une mosaïque culturelle dynamique, vigoureuse et en bonne santé. Un grand nombre de ses habitants sont des immigrants de première, deuxième ou troisième génération. J’irais jusqu’à dire que la majorité d’entre eux appartiennent à l’une de ces trois catégories.
Bien entendu, nous devons nous interroger sur les raisons profondes qui poussent des gens à immigrer au Canada. Selon moi, tous ceux qui sont venus au Canada l’ont fait pour réaliser un rêve. Parfois, il s’agissait de bâtir une vie meilleure pour leur famille. D’autres fois, ils voulaient avoir la liberté de pratiquer leur religion ou encore échapper à la pauvreté et venir dans un pays où, leur semblait-il, eux-mêmes et leurs enfants auraient des chances égales de réussir. Pour d’autres, il s’agissait de faire des études. Bien des étudiants sont venus au Canada dans l’espoir de faire des études qui leur permettraient de se bâtir une vie meilleure.
Nous ne devons pas oublier non plus que notre pays, le Canada, a été bâti par des immigrants. Il a déjà été signalé que l’un des projets les plus importants dans l’édification du Canada, soit la construction du chemin de fer national qui traverse tout le Canada, n’aurait pas pu se réaliser sans la participation des Canadiens d’origine chinoise. Ces gens qui sont venus chez nous ont été en butte à un racisme horrible, notamment un racisme qui a trouvé une expression législative, mais ils ont persévéré et ils ont aidé à créer une solide présence culturelle chinoise sur la côte ouest du Canada et dans toutes les provinces du Canada.
Le cas de mes propres parents en est un typique.
Dans les années 1920, mes grands-parents sont partis de Hongrie pour immigrer au Canada. Tout d'abord, mon grand-père est venu avec son frère. Ils ont débarqué à Halifax et ont pris un train dont ils sont descendus à la frontière de l'Alberta et de la Saskatchewan, dans un petit village appelé Dewberry. Mon grand-père et son frère ont dû parcourir 21 milles à pied de la gare jusqu'à leur destination. Ils ont vécu dans une hutte de terre pendant deux hivers. Ils ont défriché la terre en vertu d'un programme gouvernemental qui permettait à toute personne qui défrichait un quart de section de terre en deux ans d'en faire sa propriété familiale. C'est ce qu'a fait mon grand-père et, trois ans plus tard, il a fait venir sa femme de Hongrie. Ils ont eu ma mère qui parle encore le hongrois et m'a exposé à l'histoire culturelle et aux traditions hongroises.
L'histoire de mon père est semblable. Ses grands-parents sont arrivés d'Irlande, du Pays de Galles et d'Allemagne. Je crois être un Canadien assez typique à qui il suffit de remonter à une ou deux générations pour se trouver des liens avec d'autres pays.
Ce que tous les immigrants ont en commun, c'est le courage, la confiance et la foi. Leurs histoires sont parfois déchirantes parce que beaucoup ont dû se séparer de leur famille, vivre la solitude, l'insécurité et même la pauvreté en arrivant au Canada. Les statistiques témoignent des nombreuses difficultés et des grands défis auxquels sont tout particulièrement confrontés les Néo-Canadiens de première génération.
Le projet de loi vise à protéger ces immigrants et c'est extrêmement important. Il protège les immigrants des consultants en immigration peu scrupuleux qui s'en prennent à ces gens que leur rêve rend vulnérables. Ils s'en prennent à ces gens pour la plus injustifiable des raisons: l'argent.
J'ouvre une parenthèse pour dire qu'il y a beaucoup de consultants en immigration professionnels et moraux qui exercent au Canada, surtout en Colombie-Britannique. Il y a de nombreux consultants en immigration zélés qui dispensent des conseils intelligents et mérités et aident des gens de partout dans le monde à entrer dans le système d'immigration canadien. Je crois que ces consultants, comme nous, veulent que leur profession reste bien réglementée et intègre. Ces consultants en immigration savent qu'il est dans leur intérêt qu'il en soit ainsi. Je tenais à le souligner parce que, lorsque nous parlons d'une profession, nous devons admettre que beaucoup de gens intègres la pratiquent, tout comme d'autres, dont le professionnalisme laisse à désirer.
J’ai rencontré un grand nombre de consultants très compétents. J’ai rencontré des gens comme Rose White et Bob White, qui sont venus à mon bureau à plusieurs reprises et qui m’ont donné leur opinion sur différents problèmes en matière d’immigration. Rajesh Randev aide des centaines et des centaines d’immigrants à venir s’installer au Canada. Sans son aide, ces gens ne comprendraient absolument rien au processus.
Cécile Barbier, une Française qui habite dans mon voisinage, a immigré récemment. Dans son pays, elle était avocate. Elle a donc suivi des cours dans le domaine de l’immigration de façon à pouvoir mettre ses connaissances à profit en aidant d'autres personnes. Voilà le genre de consultants en immigration qui souhaitent que notre pays se dote d’une loi qui permettrait de réglementer leur profession et de la rendre respectable.
Il y a d’importants organismes en Colombie-Britannique qui font un travail crucial et déterminant pour les immigrants: SUCCESS Immigrant Settlement Services et PICS fournissent des services absolument essentiels aux immigrants des quatre coins du globe.
Je crois que nous avons entendu le point de vue de tous les députés. À mon avis, n'importe lequel d’entre nous pourrait prendre la parole et raconter des anecdotes au sujet de Canadiens et de résidants de sa circonscription qui se sont présentés à son bureau pour l’informer des terribles problèmes qu’ils éprouvent face au système d’immigration. Il m’arrive de lancer à la blague que je ne dirige pas un bureau de circonscription, mais bien un cabinet d’avocat spécialisé dans le droit de l’immigration.
Je vais donner un exemple de problème que j’ai soumis au hier. Une résidante de ma circonscription est citoyenne canadienne d’origine colombienne. Elle vit ici avec son époux et sa fille. Sa mère et son frère sont venus la visiter après avoir obtenu des visas de résident temporaire, autrement dit des visas de visiteur. Sa jeune sœur a également déposé une demande pour venir lui rendre visite pendant trois semaines. Sa demande a été rejetée trois fois. Cette Colombienne est pourtant diplômée en droit. La première fois, sa demande a été rejetée parce qu’elle était étudiante à l’université et parce qu’elle n’avait pas les revenus nécessaires. Par la suite, une fois qu’elle eut terminé ses études de droit, sa demande a encore été refusée, cette fois parce qu’elle n’avait aucun antécédent de voyage.
C’est le genre de cercle vicieux dans lequel un grand nombre de demandeurs finissent par se retrouver. Comment pouvons-nous avoir des antécédents de voyage si toutes nos demandes de visa sont rejetées justement parce que nous n’avons aucun antécédent de voyage? C’est la troisième fois que cette personne demande un visa. Sa demande a été rejetée cette fois-ci parce qu’un agent des visas en Colombie a mal lu sa demande avant de conclure que le revenu que lui versait son employeur n’était pas suffisant. Pourtant le montant de son salaire et le nom de son employeur figuraient clairement dans ses formulaires de demande.
Voilà le genre de problèmes auxquels les députés doivent habituellement faire face tous les jours. C'est aussi le genre de problèmes que les consultants en immigration pourraient aider à régler s'ils étaient réglementés, formés et tenus de respecter des normes professionnelles souhaitées et nécessaires.
Lorsque je me trouve dans ma circonscription à Vancouver, je rencontre des immigrants tous les jours. Les Philippins me disent que ce que leur pays d'origine a de mieux à offrir sur le marché de l'exportation, ce ne sont pas des marchandises, mais plutôt ses ressources humaines. Au bureau, je reçois la visite quotidienne de Philippins qui tentent de faire venir au pays des tantes, des oncles, des grands-parents, des parents et des cousins dans le cadre du programme de regroupement familial.
Au Canada, nous devons être conscients que, dans bien des régions du monde, la définition de la famille ne se limite pas aux parents et aux enfants. Elle comprend aussi les tantes, les oncles, les cousins, les nièces, les neveux et les grands-parents. Pour bien des gens, ce concept de famille élargie revêt une importance cruciale.
Je reçois à mon bureau des Chinois. Le taux de rejet des demandes de parrainage de conjoint frôle les 50 p. 100 dans le cas de villes comme Pékin. Cela veut dire que presque un Chinois sur deux ne peut pas faire venir son conjoint au Canada.
Je reçois aussi à mon bureau des gens originaires de l'Inde qui voient toujours leur demande être rejetée lorsqu'ils tentent de faire venir des parents au pays pour assister à un mariage. Le problème touche particulièrement la ville de Chandigarh, qui compte probablement le taux de rejet de visas de résident temporaire le plus élevé au monde.
Voilà le genre de problèmes auxquels des résidants de ma circonscription doivent faire face tous les jours et pour lesquels ils vont voir leur député afin d'obtenir de l'aide. Nos bureaux traitent des centaines de cas semblables chaque année grâce aux bons soins de mes adjointes de circonscription, Theresa Ho et Christine Ackermann. Elles travaillent d'arrache-pied et rendent des services inestimables à ces gens pour les aider à régler leurs problèmes. Ces personnes n'ont pas d'argent pour s'offrir les services d'un consultant en immigration ou un avocat. Elles viennent donc nous voir.
J'ai aussi reçu à mon bureau des gens qui s'étaient fait escroquer par des consultants en immigration sans scrupules. On entend des histoires à vous briser le coeur, par exemple des gens qui viennent au Canada, qui occupent un, deux ou trois emplois, qui souffrent énormément du fait qu'ils sont séparés de leurs familles, qui travaillent pendant des années au taux horaire de 8 $ ou 9 $ et qui réussissent tout de même à économiser en deux ou trois ans 3 000 ou 4 000 $ qu'ils versent à un consultant en immigration qui, croient-ils, les aidera à faire venir leurs parents au Canada, pour découvrir au bout du compte qu'ils ont été floués.
Ces personnes perdent leurs économies, n'obtiennent pas les résultats promis et, pis encore, ils voient leur dossier entaché à jamais, si bien que leurs parents ne pourront jamais les rejoindre au Canada. Cela est inacceptable et il appartient à des législateurs sérieux de rectifier le tir immédiatement. Je félicite le gouvernement, qui a présenté ce projet de loi qui, selon moi, contribue grandement à améliorer la situation.
En tant que parlementaires nous devons faire preuve de vigilance et nous assurer que cette mesure législative est judicieuse et efficace. Il est inutile de présenter des lois virtuelles. Il nous appartient d'établir un processus réglementaire rigoureux qui oblige les consultants en immigration à obtenir un permis et fixe des normes sévères. Cela permettra d'assurer que quiconque s'affiche comme étant un consultant en immigration au Canada possède les compétences et le professionnalisme requis pour exercer sa profession comme il se doit.
Nous devons prévoir des mesures d'application de la loi adéquates, car il est inutile d'établir des normes si on ne les assortit pas de mesures d'application. Nous devons veiller à ce que les consultants en immigration, au Canada, sachent qu'ils seront pris et qu'ils devront subir les conséquences de leurs actes s'ils offrent des services sans permis, en contravention avec la loi.
Nous devons aussi informer le public. Nous devons nous assurer que toute personne qui désire présenter une demande d'immigration au Canada peut se rendre sur un site web, comme c'est le cas en Australie, et voir les noms des consultants en immigrations agréés, des consultants non agréés, des consultants qui n'ont pas répondu aux attentes de leurs clients et de ceux qui sont sur la liste noire. Voilà autant d'éléments essentiels d'une loi rigoureuse, d'une loi efficace qui fait la différence dans la vie des gens.
Je tiens également à dire quelques mots sur les efforts déployés par le gouvernement pour présenter une mesure législative, ce que le précédent gouvernement libéral n'a pas fait. Les députés libéraux parlent de cette mesure, mais lorsqu'ils étaient au pouvoir, ils n'ont évidemment pas réglé la question. Après de nombreuses consultations et audiences, l'ancien ministre, qui est aujourd'hui député d', a mis sur pied un organisme de réglementation qui n'avait pas de pouvoir.
La Société canadienne de consultants en immigration n'avait pas le pouvoir de faire appliquer les règlements et d'empêcher la pratique des consultants non accrédités. Et pour comble, l'organisme n'était pas tenu d'être démocratique, efficient et transparent. C'est édifiant de voir les députés libéraux appuyer aujourd'hui cette mesure législative après avoir eu l'occasion d'agir pendant 13 ans, sans le faire, lorsqu'ils étaient au pouvoir.
En fait, ils ont mis sur pied un processus qui ne fonctionne pas, ce qui est même pire à bien des égards. Leur mesure engendre le manque de respect et nuit à l'élaboration de la politique, car les gens considèrent qu'un cadre de réglementation qui ne fonctionne pas est la preuve qu'il n'est pas justifié ni nécessaire. Or, ce n'est pas le cas.
Je tiens à signaler encore une fois que les néo-démocrates soutiennent les immigrants du Canada. Nous voulons qu'ils puissent réunir leur famille et qu'ils profitent d'un système d'immigration juste, rapide et efficace. Nous nous joindrons au gouvernement et à tous les députés en vue de faire en sorte que les consultants en immigration puissent pratiquer de façon professionnelle et utile.
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Madame la Présidente, c’est un plaisir de participer aujourd’hui au débat sur le projet de loi .
Nous passons beaucoup de temps à parler de l’importance de l’immigration pour le Canada, et avec raison. Mais le problème, c’est qu’il faut presque être un avocat hors pair pour s’y retrouver dans les règles et les procédures pour immigrer au Canada. Il n’y a pas vraiment de cohérence dans ce que nous disons aux gens, dans nos ambassades et nos hauts-commissariats, au sujet de l’état du marché du travail dans un domaine donné, sur la longueur de la démarche pour celui qui veut venir au Canada ou sur les critères d’admission. Bien des gens qui veulent parrainer des parents croient qu’il s’agit là d’un droit plutôt que d’un privilège.
Faute de comprendre la marche à suivre, des gens se sont tournés vers des consultants. Parfois, le terme consultant ne s’applique pas vraiment, car celui qui s’affuble de ce qualificatif ne comprend rien ou presque rien au système. Certes, il y a sur le terrain d’excellents consultants, mais il est évident qu’il y en a aussi qui sont minables.
La difficulté, c’est que les députés ont la responsabilité de légiférer. En 2008, le Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration a formulé neuf recommandations. J’ai une question à poser au gouvernement: pourquoi n’ont-elles pas été mises en œuvre?
Voici l’un des problèmes, au Parlement. Lorsqu’un comité permanent étudie une question donnée, entend une série de témoins, fait un débat, étudie des amendements et propose des recommandations tout à fait concrètes qui sont communiquées au gouvernement, il arrive parfois que ce soit comme s’il avait perdu son temps à peu près complètement.
Il y a eu des élections fédérales en 2008, j’en suis conscient, mais depuis lors, ces recommandations sont restées lettre morte. Voilà qui me semble tout à fait inacceptable, si on considère la nature de ces recommandations qui visaient à résoudre une partie du problème. Le projet de loi dont la Chambre est saisie n’est pas une panacée. Il ne va pas résoudre tous les problèmes. Ainsi, il ne va pas résorber tout l’arriéré. Il ne va pas régler les problèmes d’ordre financier pour rendre possible l’implantation du processus dont nous avons besoin.
À mon bureau, une personne consacre tout son temps aux questions d’immigration. Il ne s’agit pas d’un bureau de l’immigration. En théorie, j’ai l’impression que mon bureau est un prolongement du ministère. Dans bien des cas, le ministère s’occupe des demandes qu’il faut examiner. Il y a trop de gens qui font des demandes et trop peu de ressources pour leur répondre. Heureusement, j’ai la grande chance de pouvoir compter sur une personne très engagée et dévouée qui, au bout de cinq ans, comprend le processus à fond.
La difficulté réside dans le fait que c'est le jour et la nuit entre les attentes des gens et leur compréhension de ce qui se passe. Bon nombre de ces gens sont victimes de consultants, et tout commence là où ils remplissent leur demande. Les renseignements sont-ils facilement accessibles dans nos ambassades et nos hauts-commissariats?
Parmi les diverses recommandations du rapport, il y a la recommandation no 8. En 2008, on y indiquait clairement qu'il fallait disposer des renseignements les plus récents et que les gens devaient bien comprendre ce qui les attendrait sur le plan des compétences linguistiques, des occasions d'emploi, du logement, et cetera, s'ils étaient reçus au Canada.
Le problème, c'est que la plupart des gens entreprennent leurs démarches un peu à l'aveuglette. Comme ils croient qu'il existe parfois une solution rapide, ils font appel à des consultants. Certains de ces consultants créent davantage de problèmes qu'ils n'apportent de solutions.
En 2008, le comité permanent avait émis neuf recommandations. L'une d'entre elles, selon moi extrêmement importante, concernait un organisme indépendant qui s'occuperait de cette question et qui posséderait les pouvoirs nécessaires pour faire le travail adéquatement.
Plutôt que de modifier la Loi sur la citoyenneté et l'immigration, nous devrions disposer d'un organisme qui a le pouvoir de réglementer le travail des consultants. Certains collègues ont parlé d'organismes de réglementation provinciaux. Cet organisme devrait lui aussi avoir le pouvoir d'enquêter et d'imposer des sanctions à ceux qui induisent les gens en erreur et qui perçoivent des honoraires pour des services qu'ils ne rendent pas en réalité.
L'immigration est censée être importante pour le Canada, pourtant, notre système ne fonctionne plus, et je mets au défi quiconque prétendrait le contraire. Il suffit d'aller dans n'importe quel bureau de circonscription dans les régions du Grand Toronto ou du Grand Vancouver pour voir les difficultés auxquelles les députés fédéraux sont confrontés. Cette situation est attribuable au fait que nous n'avons pas les outils nécessaires. Nous n'avons pas un gros effectif pour s'occuper des questions d'immigration. Les cas d'épuisement professionnel sont nombreux parce qu'il est très difficile pour une seule personne de s'occuper de ce dossier. Nous entendons des histoires vraiment tragiques de gens qui souhaitent immigrer au Canada dans l'espoir d'une vie meilleure, mais, comme je l'ai déjà dit, il faut s'occuper de ces cas.
En 2005, le dernier gouvernement libéral a investi 900 millions de dollars pour réduire l'arriéré, ce qui était vraiment insuffisant et ce qui est encore insuffisant sous l'actuel gouvernement.
Je suis certain que bon nombre de députés se sont fait demander comment accélérer le processus ou comment faire traiter leur demande plus rapidement. De toute évidence, si on pouvait accélérer le processus en général, il serait possible d'accélérer le traitement de certains dossiers, ce qui n'est pas le cas.
Cette mesure législative permettra-t-elle de résoudre le problème? Elle ne s'attaquera qu'à une partie de celui-ci. Nous appuyons l'idée de la renvoyer au comité. Dans un rapport publié en 2008, le comité a émis neuf recommandations dont certaines portent sur la question des consultants. Si le gouvernement avait mis en oeuvre ces recommandations, nous discuterions peut-être d'autre chose aujourd'hui. En fait, nous continuons à vouloir réinventer la roue au lieu de nous demander en quoi consiste le principal problème.
Si nous n'avions pas de politique en matière d'immigration, comment pourrions-nous en créer une qui répondrait aux besoins économiques du Canada et qui permettrait de nous occuper des enjeux que les Canadiens estiment importants et d'attirer des immigrants chez nous? Au lieu d'attaquer la question de front, nous tournons toujours autour du pot. Nous ne nous attaquons pas vraiment aux problèmes.
Il faut un organisme de réglementation indépendant, tel que le recommandait le comité en 2008. Comme nous l'avons déjà indiqué cet organisme doit être investi des pouvoirs nécessaires. Cependant, le projet de loi dont nous sommes saisis ne traite qu'une partie de cette question. Il ne prévoit rien de précis en ce qui concerne les problèmes substantiels de gouvernance que le comité permanent a relevés lors des témoignages qui lui ont été présentés. Il faut se pencher sur cet aspect de la question.
Nous devons également collaborer avec nos partenaires à l'étranger. Nous devons améliorer la coordination pour tout, des gens qui font entrer clandestinement des personnes au pays aux personnes à l'étranger qui se présentent comme des consultants. Lorsqu'on les interroge sur la teneur de la réglementation, ils disent qu'il est possible de venir au Canada et d'y faire toutes sortes de choses.
Bien des personnes qui viennent à mon bureau ont été plumées, ayant versé de l'argent à des gens qui ont fini par leur dire de s'adresser à leur député. En d'autres termes, laissez le député se charger du problème que, dans bien des cas, ces gens ont créé eux-mêmes ou qu'ils n'ont manifestement pas réussi à régler. Nous devons nous pencher là-dessus. Cela fait manifestement partie de la solution.
Comme nous le savons, souvent, les consultants ne sont pas des avocats et, là ou cela pose problème, c'est qu'il leur arrive de donner des conseils sur des choses qu'ils ne connaissent pas.
J'ai tenu des séances d'information sur le processus dans ma circonscription. Écouter jusqu'au bout comment le processus donne littéralement le tournis: comment s'y prendre pour faire ceci, est-il possible de faire appel de cela et, s'il y a un autre appel, que se passe-t-il si une personne tombe dans telle ou telle catégorie. Il faut être un avocat d'élite pour démêler tout cela.
Puis, nous avons de soi-disant consultants. Ces gens disent aux gens pouvoir régler leurs problèmes. En réalité, ils prennent de l'argent en échange de conseils qui se révèlent souvent très peu utiles.
Le comité permanent a fait des recommandations et la meilleure chose que le gouvernement puisse faire est de suivre ces neuf recommandations et d'aller de l'avant, pour que nous puissions nous occuper d'autres aspects de l'immigration. Encore une fois, dans ces neuf recommandations, nous traitons d'un organisme indépendant qui s'occuperait de cette question. Je pense qu'il fait partie de la solution, mais qu'il ne réglera pas tout.
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Monsieur le Président, d'autres députés ont déjà abordé presque tous les éléments importants de ce projet de loi, mais j'aimerais souligner deux ou trois autres points que je considère importants à titre de représentant de .
Le programme d'immigration du Canada a été un outil d'intérêt public efficace, qui a très bien servi les intérêts du Canada au fil des décennies. Avec tout le respect que je dois aux Premières nations, nous sommes un pays d'immigrants et cela a toujours été le cas. Nous avons appris comment accueillir efficacement des gens du monde entier et notre Loi sur l'immigration et nos procédures nous fournissent le cadre voulu à cette fin. Il s'agit d'un mécanisme qui permet de contrôler la migration d'étrangers qui viennent s'établir au Canada et notre pays a, à n'en pas douter, accueilli bien des gens merveilleux tout au long de son histoire.
Ma circonscription compte environ 75 p. 100 d'immigrants. Au moins les trois quarts des gens de Scarborough—Rouge River sont, ou étaient, des immigrants. Cela veut dire que dans mon travail à titre de député et dans celui de mon personnel tant dans ma circonscription qu'à Ottawa, les gens nous parlent beaucoup de problèmes d'immigration. Ces gens ont des liens avec d'autres pays du monde. Nous entendons parler de toutes sortes de problèmes d'immigration partout dans le monde.
Je sais qu'il y a des millions de clients de consultants en immigration et avocats spécialisés qui sont satisfaits des services qu'ils ont reçus. Selon le type d'immigration qu'ils choisissent et la procédure qu'ils décident de suivre lorsqu'ils arrivent au Canada, bon nombre d'immigrants se fient aux conseils de spécialistes, ce qui s'avère profitable tant pour eux que pour le Canada. Ce sont eux qui paient les coûts. C'est un système utile qui fonctionne bien, ce qui ne veut pas dire toutefois qu'il est parfait. Notre discussion d'aujourd'hui porte sur un élément de l'infrastructure de l'immigration qui ne fonctionne pas bien.
Comme je ne suis pas certain que nous l'ayons déjà fait, je tiens à souligner officiellement ici le bon travail des avocats et des consultants du domaine de l'immigration. Il y a des milliers de personnes qui font un travail adéquat et professionnel et nous nous devons de le souligner. Je tiens à le préciser parce que c'est loin d'être évident quand on voit le titre que le gouvernement a donné à ce projet de loi. Le titre abrégé de ce projet de loi est « Loi sévissant contre les consultants véreux ».
C'est un titre digne d'un roman d'Orwell. Le gouvernement a décidé de donner un titre coloré et descriptif à ce projet de loi. Il n'est pas encore allé jusqu'à installer une enseigne au néon sur la Tour de la Paix, mais j'estime qu'il est inacceptable de donner à un projet de loi un titre aussi tendancieux. C'est toutefois ce que le gouvernement a décidé de faire. Je siège à la Chambre depuis plus de 20 ans et c'est la première fois que je vois une telle manipulation tout à fait orwellienne du titre abrégé d'un projet de loi pour faire passer un message. Si le titre du projet de loi était purement descriptif, je n'aurais pas d'objection, mais dans le cas présent, on insiste sur l'idée de sévir contre les consultants en immigration véreux.
Ce projet de loi est beaucoup plus que cela. Il est censé réglementer toute la pratique des consultants en immigration, dont la plupart sont de bonnes personnes. Le titre du projet de loi stigmatise toute une catégorie de personnes. Le gouvernement ferait-il la même chose s’il s’agissait de corriger la réglementation du métier d’architecte? Rédigerait-il un projet de loi pour sévir contre les architectes stupides, ou un autre pour sévir contre les capitaines de navire incompétents? Je ne crois pas que ce soit la bonne façon de faire. Cela stigmatise toute une catégorie de personnes.
Ce projet de loi vise à assurer une meilleure réglementation des consultants en immigration, qui exercent une profession utile, qu’il s’agisse de consultants professionnels ou d’avocats.
Je voulais être bien clair là-dessus. Le gouvernement devrait avoir honte d’utiliser de telles combines au moyen des titres abrégés de projets de loi.
Nous voulons essayer de régler certains problèmes constatés, ou de permettre aux consultants de les régler eux-mêmes, par autoréglementation. Ces problèmes ont été décrits ici aujourd'hui. Il existe un problème qu’on ne pourra pas régler, à mon avis, celui des consultants oeuvrant à partir d’un autre pays. Nous pouvons réglementer la pratique des consultants qui travaillent ici, mais nous n’avons jamais réussi à trouver un moyen d’obliger un consultant à respecter la réglementation s’il travaille à Damas, à Shanghai, à Colombo ou à New York. Ce sont ceux qui approchent simplement quelqu'un en disant: « Je suis consultant en immigration. Si vous me donnez 10 000 $, je transmettrai vos documents et ferai en sorte que vous soyez accepté au Canada. Il suffit de me donner les 10 000 $ ou 20 000 $ que je demande, et je vous garantis des résultats fabuleux. »
Ce consultant est dans un autre pays, et nos lois ne s’appliquent pas sur un autre territoire. Il est donc difficile pour nous de concevoir une réglementation qui s’appliquerait à ces personnes, et nous le regrettons tous. Nous appelons parfois ces personnes des consultants fantômes. Si j’ai bien compris, les responsables de l’immigration rejetteront une demande s’ils ont des raisons de croire qu’elle est le fait d’un consultant en immigration qui n’est pas inscrit en bonne et due forme. C’est une façon de régler partiellement le problème, mais j’espère que le comité se penchera là-dessus et cherchera des moyens de démasquer les consultants qui ne sont pas dûment inscrits et n’ont pas reçu la formation nécessaire dans le pays étranger.
Dans la plupart des cas, c'est uniquement quand leur dossier dérape que les gens viennent nous consulter, nous autres les députés. Quand tout va bien, ils n'ont pas besoin de nous. C'est plutôt choquant pour un député — ou un de ses employés — de se faire dire par un citoyen qu'il a des problèmes avec l'immigration et que son dossier est complètement embrouillé alors qu'il vient de débourser 15 000 $. Mes employés répondent souvent à ces gens: « Bon sang, ça vous a coûté 15 000 $ et il nous faut maintenant tout remettre en ordre. Si vous étiez d'abord venu nous voir, ça ne vous aurait rien coûté et nous aurions tout fait comme il faut du premier coup. » Je ne suis pas en train de dire que nous traitons les demandes d'immigration directement dans nos bureaux, mais nous pouvons certainement conseiller nos électeurs et tenter de régler les problèmes qui peuvent survenir.
Je sais que mon parti va appuyer le principe de ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, car nous voulons qu'il soit renvoyé au comité, dont les membres redoubleront d'effort, du moins je le souhaite. Je sais qu'ils se sont déjà penchés sur cette question. Les demi-mesures ne suffiront pas. S'il y a un domaine qui est vulnérable aux failles, c'est bien celui-là. J'invite les membres du comité à consulter les gens qui oeuvrent dans le secteur — les professionnels, quoi —, à tenter de dégager un consensus, à faire preuve d'audace, à mettre leur pied à terre et à apporter tous les amendements qui rendront ce projet de loi vraiment efficace. N'ayez pas peur d'oser. Tant qu'à faire quelque chose, faisons-le bien.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir dans le débat sur le projet de loi .
Tous les députés sont probablement en mesure de nous raconter, à la lumière des cas qui leur ont été soumis, les difficultés auxquelles il arrive aux gens d'être confrontés, que ce soit dans le processus de parrainage, d'obtention d'un visa ou de détermination du statut de réfugié. Les Canadiens ne savent probablement pas que les députés à leurs bureaux consacrent plus de temps aux questions d'immigration qu'à toute autre question de leur ressort. C'est une énorme besogne. D'ailleurs, certains bureaux comptent plusieurs employés affectés exclusivement aux questions de citoyenneté et d'immigration.
Il est également assez évident que la majorité des Canadiens ne saisissent pas la différence entre un immigrant et un réfugié. Nous l'avons constaté récemment dans l'affaire du navire transportant des demandeurs d'asile tamouls.
Le premier point que j'aimerais faire valoir est que nous devons former tous ceux qui ont affaire, de près ou de loin, au système d'immigration.
Comme je l'ai mentionné dans la question que j'ai posée au député qui avait la parole avant moi, la question des ressources dont dispose le ministre pour accomplir son travail est essentielle. Le projet de loi ne propose l'affectation d'aucune nouvelle somme pour répondre aux problèmes soulevés.
Je partage également la préoccupation des autres députés quant au titre du projet de loi. La mesure législative à l'étude vise à améliorer le règlement régissant les consultants, soit, mais j'ai remarqué que, dans le discours qu'il a prononcé lorsqu'il a présenté le projet de loi, le ministre lui-même a déclaré qu'il n'était pas nécessaire de faire appel à un consultant. J'ignore à qui les immigrants potentiels pourraient s'adresser, autre qu'à un bureau de député, mais je sais qu'il n'y a personne au ministère qui puisse répondre à leurs questions ou les aider.
Trois des recommandations figurant dans le rapport qu'a publié le comité en 2008 m'ont sauté aux yeux. Il y a notamment la huitième recommandation. N'oublions pas qu'il s'agit d'une recommandation formulée par un comité permanent de la Chambre. Il recommande que le gouvernement révise tous les sites Web des ambassades et missions canadiennes à l’étranger pour s’assurer qu’ils véhiculent une information uniforme, claire et bien visible sur les consultants en immigration.
On serait porté à croire que nos missions à l'étranger disposent de toute l'information nécessaire pour guider les gens. On pourrait croire que le site Internet du ministère présente tous les renseignements nécessaires pour guider les gens dans le processus, qu'il s'agisse d'immigration, de parrainage, de demande de résidence permanente ou de visas. D'après notre expérience, certains dossiers peuvent se régler rapidement, peut-être en deux ans, mais la plupart prennent trois ou quatre ans. J'ai des dossiers actifs vieux de sept ans. Je ne pense pas que les Canadiens comprennent que le système est tel que des gens doivent attendre une décision et des réponses pendant plusieurs années. Il est difficile d'entrer au Canada, mais il pourrait en être autrement.
J'ai également relevé dans le discours du ministre qu'il parle longuement des mauvais consultants et des documents contrefaits, dont des contrats de mariage, des relevés de banque. Il n'a pas mentionné une seule fois ceux qui présentent des demandes et leur responsabilité dans la production de documents qu'ils savent, ou qu'ils devraient savoir, inacceptables.
Il est difficile d'immigrer au Canada, très difficile. Beaucoup de gens ont dit rêver de venir s'installer au Canada. On le comprend. On comprend qu'un candidat à l'immigration doit présenter son cas avec franchise, sans rien cacher et avec clarté. Les députés affirmeront à ceux qui viennent leur faire part de problèmes que s'ils ont produit des documents inexacts, contradictoires, contrefaits ou contenant des faussetés ou des omissions, ils ne réussiront vraisemblablement pas à entrer au Canada.
Dans nos bureaux et ambassades à l'étranger, ceux qui dispensent l'information pourraient expliquer aux candidats à l'immigration comment se passent les choses au Canada et leur montrer comment se présente une demande en bonne et due forme qui sera acceptée et traitée dans un délai raisonnable. Ils pourraient leur en montrer aussi qui ne seront pas acceptés en illustrant les problèmes typiques et les motifs de rejet.
Que se passe-t-il après cela? La plupart des députés diront que les gens qui tentent d'abuser du système finissent par s'adresser aux députés en croyant pour d'étranges raisons qu'un député a du poids et pourra régler un problème concernant des renseignements inexacts, imprécis ou frauduleux. Il n'y a pas que des consultants dans cette affaire. Les candidats à l'immigration ont aussi une part de responsabilité.
On doit comprendre que les personnes qui veulent venir au Canada accepteront probablement des conseils de n'importe qui, surtout si la personne demande un prix exorbitant. C'est pourquoi je souscris à la deuxième recommandation dans le rapport de 2008 du comité, qui propose la création d'un organisme autonome sans lien de dépendance avec le ministère et chargé de réglementer les activités des consultants en immigration. Il faut donner à cet organisme les outils, l'autorisation et le pouvoir légal de contrôler une ressource très importante et de s'attaquer au problème des consultants qui fournissent à des personnes des mauvais conseils, des conseils erronés ou des conseils illégaux. Le gouvernement n'a pas donné suite à cette recommandation.
Quand nos comités font ce genre de recommandations, nous pourrions nous attendre à ce que la réponse du gouvernement, que ce soit une réponse écrite à un rapport d'un comité ou la présentation d'une mesure législative, aborde le problème qu'on tente de corriger et fournisse la solution la plus appropriée et la plus logique possible, compte tenu des faits.
Le projet de loi tente de pénaliser les consultants en immigration qui ont causé des problèmes et qui n'ont pas agi de manière éthique. Toutefois, l'outil qui sera mis en place sera établi par règlement. Le gouvernement va essentiellement mettre en place un mécanisme visant à surveiller les consultants en immigration, et ce dernier sera établi par règlement.
Le problème, c'est que nous débattons d'un projet de loi et que nous procéderons à un vote à l'étape de la deuxième lecture afin de déterminer si nous le renverrons au comité. Le projet de loi sera renvoyé au comité devant lequel des témoins comparaîtront. Les membres de ce comité aborderont toutes les possibilités. Ils feront des recommandations et proposeront peut-être des amendements au projet de loi. Le projet de loi reviendra ensuite à la Chambre pour l'étape du rapport. Il est possible que des députés ne faisant pas partie du comité proposent d'autres amendements. Nous passerons ensuite à l'étape de la troisième lecture.
Nous avons ce processus. Cependant, dans le cadre de ce processus, la Chambre n'étudie pas la réglementation connexe. Si nous ne connaissons pas la réglementation proposée, comment pouvons-nous croire que l'établissement d'un régime de réglementation donnera les résultats voulus? C'est là le problème.
Une des recommandations que je voudrais faire au comité est de demander au gouvernement de déposer auprès du comité le règlement proposé avant qu'il ne soit publié dans la Gazette du Canada et promulgué.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir et un honneur de prendre la parole relativement à un dossier très important et d'élaborer davantage sur certains points soulevés par mon collègue.
Le problème des consultants véreux est une question importante qui touche non seulement ma circonscription, Brampton—Springdale, mais bien d'autres au pays. Ce problème affecte un grand nombre de nouveaux Canadiens et de personnes qui souhaitent venir au Canada.
Nous sommes tous au courant des tristes cas où des individus ont profité de personnes vulnérables. Nous avons entendu parler d'une famille mexicaine dont un consultant en immigration véreux a profité en créant une fausse demande du statut de réfugié. Lorsque les membres de la famille sont arrivés à Toronto, l'individu leur a donné le nom et le numéro d'un inconnu et il leur a dit de se rendre à un hôtel. Il semblerait que ce faux consultant en immigration a perçu des milliers de dollars. La famille avait vendu tous ses biens, y compris la maison et les autos.
Il y a aussi le cas d'un camionneur coréen à qui un consultant en immigration véreux a dit d'utiliser ses économies afin qu'il puisse l'aider à venir au Canada et obtenir un emploi assuré. Là encore, la personne a perdu tout son argent. On lui a fait de fausses promesses et, à son arrivée au Canada, elle a été laissée à elle-même.
Il y a bien des histoires semblables et nous sommes tous au courant. C'est pour cette raison que je profite de l'occasion pour féliciter le ministre. Il est très encourageant de voir le gouvernement prendre des mesures afin de donner à ces personnes vulnérables l'espoir qu'elles pourront satisfaire au processus mis en place par le gouvernement canadien, et afin de faire en sorte que ce processus soit respecté pour que nous puissions nous débarrasser des consultants en immigration véreux et mettre fin à leurs activités.
Il est encourageant de voir le gouvernement agir. Tous les partis ont exercé des pressions en ce sens. Le début d'une nouvelle session d'automne est une belle occasion pour tous les partis à la Chambre de collaborer afin que le projet de loi soit renvoyé à un comité qui pourra entendre directement des témoins et des intervenants.
Nous avons tous convenu que le rapport sur la réglementation des consultants en immigration, déposé en juin 2008, renfermait d'excellentes recommandations. L'une des recommandations importantes a trait à la nécessité de créer un organisme de réglementation doté de pouvoirs conférés par la loi. Lorsqu'on discute avec des gens et des intervenants de la mesure législative proposée par le ministre et le gouvernement, on constate que ce point continue d'être une préoccupation importante.
Cependant, nous devons veiller à ce que l'organisme de réglementation ait le pouvoir d'enquêter sur ce type de consultants en immigration véreux et que la loi lui accorde les pouvoirs qui lui permettront d'exercer son rôle et de poursuivre en justice tous ceux qui agissent de façon malhonnête.
Le projet de loi est un pas dans la bonne direction. Toutefois, nous devons veiller à faire davantage. Comme je l'ai dit plus tôt, un certain nombre de premiers ministres et de dirigeants du monde entier étaient présents lors du G20. À leur arrivée, j'ai eu la chance de pouvoir rencontrer le premier ministre de l'Inde et de discuter avec lui de certaines préoccupations de la communauté indo-canadienne. J'ai notamment soulevé la question des consultants en immigration frauduleux.
Le ministre a dû lui aussi voir cela lors de ses voyages. Je crois qu'il revient tout juste de New Delhi et de Chandigarh. Des pays comme l'Inde pullulent de ces consultants en immigration sans scrupules qui donnent de faux espoirs à des gens vulnérables.
Lors de ma rencontre avec le premier ministre et dans une lettre que je lui ai adressée par la suite, j'ai lui ai demandé d'encourager les gouvernements étrangers, comme le gouvernement de l'Inde, à mettre en place une mesure législative qui prévoirait la création d'organismes de réglementation professionnelle, ou d'organismes de réglementation, ainsi qu'un règlement, et qui conférerait à ces organismes le pouvoir de réglementer ces consultants en immigration.
Voilà une excellente occasion pour des pays comme le Canada de collaborer avec certains gouvernements étrangers pour faire en sorte que non seulement le Canada, mais également d'autres pays, mettent en place des mécanismes pour empêcher ces consultants en immigration sans scrupules d'agir.
Bon nombre de ces consultants exercent en tant que consultants fantômes. Ils promettent aux gens des emplois hautement rémunérés et la délivrance accélérée de leur visa. Il est souvent trop tard lorsque ces personnes malchanceuses se rendent compte qu'elles se sont fait arnaquer.
S'il est adopté, le projet de loi désignera comme un crime le fait qu'une personne qui n'est pas avocat, notaire ou membre d'une association reconnue de consultants en immigration accepte des frais.
À Montréal, la GRC a récemment accusé un individu d'avoir fourni des services frauduleux et d'avoir fait de fausses promesses. Cette personne avait délivré de faux papiers d'identité. Dans l'espoir de venir au Canada, des gens produisent des documents falsifiés et inscrivent de faux renseignements dans leurs demandes. Je suis d'accord avec mon collègue qui a pris la parole plus tôt. Le Canada ne doit absolument pas tolérer les individus qui produisent des documents falsifiés, qu'il s'agisse de faux certificats de naissance ou de faux dossiers scolaires. Il faut empêcher ces gens de présenter une nouvelle demande au système canadien.
Un autre problème dont j'entends souvent parler, non seulement en tant que femme parlementaire, mais aussi au cours des nombreuses activités auxquelles j'assiste dans ma circonscription, c'est la question des mariages frauduleux. De nombreuses personnes épousent un Canadien simplement dans l'espoir de venir au pays. Cette situation existe dans de nombreux pays. Je crois qu'il y a quelques semaines, le ministre a organisé un colloque sur cette question dans ma circonscription, qui est voisine de la sienne. Il a mentionné que Hong Kong présentait l'un des taux les plus élevés du monde quant aux particuliers qui souhaitent immigrer au Canada en se mariant frauduleusement. Il a dit qu'environ 60 p. 100 des demandes de parrainage de conjoint présentées à partir de Hong Kong sont refusées parce qu'elles sont produites par ces réseaux malhonnêtes. Même dans le cas des mariages frauduleux, certains des renseignements proviennent de consultants en immigration qui fournissent de faux conseils dans le but de faire de l'argent et de tenter de faire entrer des gens au Canada le plus rapidement possible, en faisant fi des délais, des procédures et des protocoles en place.
Cette mesure législative représente un pas dans la bonne direction. J'espère qu'à l'étape de l'examen en comité, nous aurons l'occasion d'entendre des intervenants, des témoins et des particuliers qui sont touchés par ce dossier.
Je tiens à raconter un fait vécu qui s'est passé dans ma circonscription. Une jeune femme, qui est née au Canada et qui y a grandi, a marié un Indien qui savait parfaitement qu'elle était en chaise roulante à cause de la polio. L'ambassade a rejeté la demande de son mari. La femme a alors employé toutes ses économies ainsi que celles des membres de sa famille pour faire immigrer son mari au Canada. Or, lorsque l'homme a reçu son visa canadien, il n'a même pas daigné appeler cette femme. On recense de nombreux cas de gens qui obtiennent leur visa et qui ne donnent même pas de nouvelles à leur arrivée à l'aéroport. Même s'ils en donnent, j'ai vu bien des cas où les conjoints ont été abusés. De tels cas crèvent le coeur. Il n'existe pas de mot pour exprimer la souffrance que vivent ces gens.
Qu'il soit question de mariages frauduleux ou de consultants en immigration malhonnêtes, le projet de loi est un pas dans la bonne direction. Il donne la chance à tous les partis de travailler conjointement en vue de trouver des solutions qui aideront à mettre un terme aux agissements des consultants véreux et aux mariages frauduleux.
Je suis impatiente de collaborer avec les intervenants en vue de trouver des solutions efficaces pour mettre un terme, une fois pour toutes, aux agissements des conseillers en immigration véreux, et pour que tous fassent preuve de transparence et respectent les politiques et les procédures qui s'appliquent afin que les gens qui immigrent au Canada puissent aspirer à une vie ainsi qu'à un avenir meilleurs.