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Monsieur le Président, c'est toujours une belle entrée en matière que de dire merci aux agriculteurs. Comme j'ai été moi-même agriculteur pendant 35 ans, je voudrais me faire l'écho de ces remerciements alors que le week-end de l'Action de grâce s'en vient. Je vous souhaite donc à tous un bon week-end de l'Action de grâce en compagnie de vos familles.
Pour en revenir à l'ordre du jour, c'est pour moi l'occasion de commencer le débat sur le projet de loi , Loi de soutien de la reprise économique au Canada. Ce projet de loi représente un élément clé du Plan d'action économique du Canada, auquel s'ajoutent de nombreuses importantes mesures du budget de 2010.
C'est une mesure législative d'ordre économique essentielle qui prouve que le gouvernement conservateur continue de centrer ses efforts sur l'économie et qu'il est vraiment déterminé à appuyer la reprise économique du Canada. Notre Plan d'action économique facilite de toute évidence la reprise et apporte une véritable aide aux familles, aux consommateurs, aux entrepreneurs et aux contribuables. On nous a dit la semaine dernière que presque 23 000 projets créateurs d'emplois, bénéficiant de l'appui de notre plan, sont actuellement en cours de réalisation ou sont déjà terminés à l'échelle du Canada. La poursuite de la mise en oeuvre du Plan d'action économique appuyée par des mesures économiques comme la Loi de soutien de la reprise économique au Canada permettra à notre pays de s'attaquer de front aux défis actuels de l'économie mondiale.
Le Canada a en effet réagi à la récente crise économique mondiale en prenant des mesures dynamiques et efficaces qui ont été présentées comme des modèles à suivre pour les autres pays.
L'économiste en chef adjoint de la Banque de Montréal, Doug Porter, a déclaré que le Canada dispose « sans doute d'un des programmes de relance économique les plus efficaces du monde industrialisé ».
Malheureusement, nous n'entendrons probablement jamais de commentaires de ce genre de la part de l'opposition. Elle n'admettra pas non plus que le Canada s'en tire relativement bien comparativement à tous les autres pays industrialisés. Il semble que l'opposition ne cherche qu'à rabaisser la performance économique du Canada chaque fois qu'elle en a l'occasion.
Cependant, examinons les faits. Le Canada est le seul pays du G7 à avoir recouvré presque la totalité de la production économique et des activités nationales du secteur privé qu'il avait perdues depuis le début de la récession. Le Canada est aussi le seul pays du G7 à afficher une croissance marquée de l'emploi depuis l'été de 2009. En fait, il s'est créé près de 430 000 emplois au pays depuis juillet 2009.
On prévoit que le taux d'endettement net du gouvernement du Canada par rapport au PIB restera de loin le plus faible de tous les pays du G7. Qui plus est, selon le FMI et l'OCDE, le Canada devrait être le pays du G7 dont l'économie croîtra le plus rapidement en 2010-2011. De nouveau, l'opposition ne souhaite peut-être pas l'admettre, mais c'est la réalité. La situation économique du Canada est relativement solide et enviable comparativement à celle des autres pays industrialisés. Si l'opposition ne me croit pas sur parole — ce qui ne m'étonnerait guère —, elle n'a qu'à prendre connaissance des déclarations faites par des observateurs indépendants, et ce, tant au Canada qu'à l'étranger. Permettez-moi de lire un échantillon des commentaires formulés au cours des derniers mois.
Craig Alexander, économiste de la Banque TD, a déclaré: « La rapidité de la reprise canadienne se distingue dans le monde. »
Glen Hodgson, économiste du Conference Board du Canada, a dit: « La situation financière du Canada est beaucoup plus solide que celle de presque tous les autres pays industrialisés. »
Un éditorialiste du Times Colonist de Victoria a écrit ce qui suit:
En fait, plutôt que de faire l'objet de sermons sur ce qui constitue une saine gestion financière ou une politique publique efficace, le Canada devrait être celui qui fait la leçon aux autres [...] Les faits sont éloquents. Notre gestion du ralentissement économique est un exemple dans le monde entier.
Voici ce qu'a aussi déclaré le Toronto Star, qui n'est pourtant pas réputé comme étant un admirateur du gouvernement conservateur:
Le Canada s'est tiré remarquablement bien de la pire récession économique enregistrée depuis la Grande Crise — en fait, beaucoup mieux que tous les autres pays industrialisés du monde.
À l'échelle internationale, le Canada est perçu comme un modèle à suivre sur le plan du leadership économique solide.
La BBC a dit ceci:
Alors que les Américains et les Européens sont confrontés à des déficits et à des compressions gouvernementales draconiennes, l'économie du Canada reprend de la vigueur après une récession modérée [...] Les Canadiens sont apparemment capables de résoudre les casse-têtes les plus difficiles [...] Dans l'actuelle conjoncture, nous souhaiterions tous être Canadiens.
Le Los Angeles Times a notamment publié ceci:
À l'égard de questions cruciales comme le déficit, le chômage, l'immigration et la prospérité dans l'économie mondiale, le Canada semble se tirer d'affaire mieux que les États-Unis. De ce fait, il offre des exemples de stratégies gagnantes que les Américains devraient examiner [...] La situation financière du Canada est stable et sûre.
L'OCDE a récemment fait le commentaire suivant:
La situation au Canada est très bonne, reluisante même. Le Canada peut même être considéré comme un refuge.
Cela dit, nous ne pouvons nous permettre de faire preuve de complaisance et de suffisance. L'incertitude demeure. Au delà de nos frontières, la reprise économique mondiale est loin d'être assurée. C'est particulièrement le cas aux États-Unis, notre principal partenaire commercial, où de sérieux défis économiques persistent.
Chez nous, encore un trop grand nombre de nos concitoyens cherchent du travail. Il ne fait aucun doute que l'économie doit demeurer notre priorité. Les Canadiens ne s'attendent à rien de moins. Voilà pourquoi le gouvernement conservateur se concentre d'abord et avant tout sur l'économie. Nous montrons notre engagement à cet égard en nous employant à mettre en oeuvre la totalité du Plan d'action économique du Canada.
Nous exprimons concrètement notre engagement au moyen de la Loi de soutien de la reprise économique au Canada, une mesure visant à aider les familles canadiennes à améliorer leur situation, notamment en indexant la prestation fiscale pour le revenu de travail ainsi qu'en renforçant le cadre régissant les régimes de retraite sous réglementation fédérale et en autorisant le report prospectif sur 10 ans des droits à la subvention canadienne pour l’épargne-invalidité et au Bon canadien pour l’épargne-invalidité.
Cette loi réduirait les formalités administratives pour les contribuables puisque ceux-ci pourraient demander des avis en ligne à l'Agence du revenu du Canada. Elle aiderait les organismes de bienfaisance enregistrés en mettant en œuvre la réforme du contingent des versements et elle favoriserait la création d'emplois dans les petites entreprises, en leur permettant de présenter une déclaration de revenu semestrielle plutôt que mensuelle.
Cette loi contribuerait à protéger les consommateurs en améliorant le processus de plaintes liées aux banques et à l'industrie des services financiers.
Elle supprimerait des échappatoires fiscales en ciblant mieux les incitatifs fiscaux liés aux options d’achat d’actions des employés et elle combattrait les stratagèmes de planification fiscale agressive relativement aux comptes d’épargne libres d’impôt.
Elle favoriserait la production d’énergie propre en offrant une déduction pour amortissement accéléré.
Je profite des quelques minutes qui me restent pour mettre en lumière quelques-unes des mesures positives contenues dans cette loi, mesures dont j'ai fait mention tout à l'heure.
Premièrement, je souligne les améliorations que nous apportons à la prestation fiscale pour le revenu de travail.
Souvent, les Canadiens à faible revenu désireux d’entrer sur le marché du travail doivent faire face à des obstacles tels que la réduction de leurs avantages et l’augmentation de l’impôt qu’ils doivent verser. Pour aider les Canadiens à faible revenu qui veulent travailler, le gouvernement conservateur a mis en place la prestation fiscale pour le revenu de travail, qu'on appelle couramment la PFRT. C’est une mesure incitative qui a pour but de rendre le travail rentable.
La PFRT a été un succès. D’année en année, elle rend le travail plus gratifiant pour quelque 1,5 million de Canadiens à faible revenu L’année dernière, nous avons rendu la PFRT plus généreuse encore en doublant le soutien effectif qu’elle fournit. En continuant d’améliorer cette mesure, la Loi de soutien de la reprise économique au Canada ferait en sorte que les prestations au titre de la PFRT soient indexées à l’inflation sur une base annuelle.
La mise en place de la PFRT et les récentes augmentations ont été très bien accueillies. Par exemple, le Caledon Institute of Social Policy a qualifié la PFRT d’« heureux ajout à la politique sociale canadienne […] aidant les assistés sociaux afin qu'ils puissent s'affranchir de l'aide sociale et augmentant le revenu des travailleurs pauvres. »
Même le porte-parole du Parti libéral en matière de finances, le député de , n’a eu que des louanges pour cette initiative du gouvernement conservateur. Il a déclaré ce qui suit:
La prestation fiscale pour le revenu de travail [...] a aidé beaucoup de familles de travailleurs, et la hausse de cette prestation fera encore plus pour rendre le travail payant.
Deuxièmement, je tiens à souligner comment, dans ce projet de loi, nous continuons d’améliorer le régime enregistré d'épargne-invalidité, le REEI, dans le but d’aider les Canadiens handicapés et leurs familles.
Nous savons que les Canadiens handicapés apportent une contribution importante à nos collectivités, une contribution que nous cherchons toujours à encourager. Depuis 2006, le gouvernement conservateur a lancé plusieurs initiatives importantes à cet égard, y compris la création du REEI. Ce nouveau régime permet d’aider les parents d'enfants gravement handicapés et leurs familles à assurer à ces enfants une sécurité financière à long terme.
La Loi de soutien de la reprise économique au Canada inclut deux propositions visant à améliorer le REEI.
Premièrement, comme je l’ai mentionné auparavant, nous proposons de permettre le report prospectif sur dix ans des droits à la subvention canadienne pour l’épargne-invalidité et au Bon canadien pour l’épargne-invalidité dans un REEI. Cette mesure donne une plus grande latitude aux familles. Nous reconnaissons ainsi le fait que les familles d’enfants handicapés ne sont pas nécessairement en mesure de contribuer à leurs régimes de façon régulière.
Comme deuxième amélioration, nous proposons de permettre que le capital accumulé par une personne décédée dans un REER ou dans un FERR puisse être transféré à l’abri de l’impôt dans le REEI d’un enfant ou d’un petit-enfant dépendant admissible.
Ces améliorations ont été bien accueillies par les Canadiens handicapés et leurs familles depuis qu’elles ont été annoncées dans le budget de 2010.
Tina Di Vito, de BMO Groupe financier, a déclaré que c'était là:
une mesure fantastique qui profitera aux personnes handicapées et permettra à leurs parents et grands-parents de connaître la paix d'esprit. [...] les avantages seront énormes. Cela permettra à davantage de personnes handicapées d'obtenir les soins dont elles ont besoin [...] Le Canada est le premier au monde pour montrer comment des politiques intelligentes peuvent contribuer à assurer la sécurité financière et l'indépendance des personnes handicapées.
Troisièmement, je veux expliquer comment la réforme du contingent des versements prévue dans le projet de loi permettra aux organismes de bienfaisance enregistrés de se concentrer sur l'aide aux Canadiens dans le besoin plutôt que de se consacrer aux formalités administratives.
Tous les Canadiens reconnaissent le rôle inestimable que les organismes de bienfaisance jouent dans les collectivités de tout le Canada. Depuis 2006, le gouvernement a pris des mesures pour soutenir les organismes de bienfaisance et le merveilleux travail qu'elles font. Par exemple, nous avons exempté d'impôt les gains en capital associés aux dons de valeurs cotées en bourse faits aux organismes de bienfaisance et aux fondations privées.
Nous proposons maintenant d'ajouter à cela au moyen d'une réforme majeure du contingent des versements aux organismes de bienfaisance. Le contingent, qui n'a pas été véritablement modernisé depuis une trentaine d'années, est maintenant désuet et impose des formalités administratives complexes coûteuses et des tracasseries administratives inutiles à ces organismes. Cela ne fait que détourner leur temps et leurs ressources de leurs activités de bienfaisance. C'est pourquoi nous proposons d'éliminer toutes les exigences désuètes qui sont rattachées au contingent des versements sauf, à juste titre, celles qui se rattachent à l'obligation de débourser chaque année un minimum des investissements et des autres actifs qui ne servent pas directement aux activités de bienfaisances.
Les réactions à cette mesure ont été extrêmement positives et soulignent l'importance des organismes de bienfaisance au Canada.
Fondations communautaires du Canada, qui représente près de 200 fondations communautaires a applaudi la mesure en déclarant:
C’est une mesure gagnant-gagnant qui aura un énorme impact dans les collectivités – puisque les organismes de bienfaisance pourront mieux se consacrer à aider les personnes dans le besoin [...] Nous applaudissons la décision du gouvernement de réformer le contingent des versements.
Je cite aussi Imagine Canada:
Nous sommes extrêmement heureux que le gouvernement fédéral ait répondu positivement à nos préoccupations concernant le contingent des versements [...] [Cela] créait des couches de bureaucratie et entravait la flexibilité requise pour répondre aux besoins des Canadiens et des collectivités.
Enfin, l'Armée du Salut a exprimé son soutien en déclarant:
L’abolition d’exigences relatives au contingent procurera à l’Armée du Salut, un des plus importants organismes de bienfaisance au Canada, plus de souplesse [...] Les modifications proposées nous permettront de mieux répondre aux besoins des gens que nous servons dans 400 collectivités au Canada.
Quatrièmement, je veux attirer brièvement l'attention sur une mesure que nous avons incluse dans ce projet de loi pour contrer une échappatoire fiscale créée par le compte d'épargne libre d'impôt, ou CELI. Depuis que le gouvernement conservateur a lancé le CELI en 2008, ce compte s'est révélé très populaire et a été décrit comme l'instrument d'épargne personnel le plus important à voir le jour depuis la création du REER.
Le CELI, qui est le premier compte en son genre dans l'histoire du Canada, permet aux Canadiens de faire fructifier leur épargne à l'abri de l'impôt, mais à la fin de 2009, des questions sur l'utilisation des CELI dans la planification fiscale ont été soulevées en raison d'opérations douteuses et de cotisations excédentaires ne répondant pas aux conditions du CELI versées par un petit nombre de Canadiens pour ne pas avoir à payer leur juste part d'impôt.
Par conséquent, en réponse à ces allégations graves concernant l'usage abusif des CELI, nous prenons des mesures pour supprimer les échappatoires fiscales. Les mesures fermes que nous prenons pour que les Canadiens payent leur juste part d'impôts ont été vigoureusement applaudies par la majorité.
Des fiscalistes, comme Jamie Golombek, ont dit:
Pour le Canadien moyen qui dépose 5 000 $ par année dans un CELI, ces changements ne seront d'aucun intérêt. C'est un groupe de spéculateurs et d'investisseurs très sophistiqués qui exploitent les règles... cette mesure cible les personnes qui versent beaucoup plus que la cotisation permise.
Ce ne sont là que quatre mesures importantes parmi bien d'autres que nous proposons dans la Loi de soutien de la reprise économique au Canada et qui illustrent son importance et comment elle aidera les familles canadiennes et l'économie du Canada au cours des prochaines années.
Manifestement, ce projet de loi, qui est un élément important de la mise en oeuvre du Plan d'action économique du Canada, aiderait notre économie à garder le cap et la protégerait contre les bouleversements économiques mondiaux durant la période que nous traversons actuellement où la reprise est encore précaire et il aiderait le Canada à conserver son avantage économique. Pour cela, cette mesure législative mérite l'appui de tout le Parlement.
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Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui pour parler du projet de loi , la loi de mise en oeuvre du budget de 2010. Lorsque je parle à mes électeurs de Kings—Hants en Nouvelle-Écosse, ou aux Canadiens d'un peu partout au pays, ils me disent qu'ils sont inquiets. Ils sont inquiets parce qu'ils ne savent pas comment ils pourront arriver à joindre les deux bouts. Ils ont une hypothèque qu'ils ont déjà du mal à rembourser et ils ont peur de ne plus pouvoir le faire si les taux d'intérêt montent. Ils ont aussi du mal à faire des économies en prévision de leur retraite. Bon nombre d'entre eux me disent qu'il est difficile pour eux de faire face aux coûts élevés de l'éducation supérieure pour leurs enfants.
De plus, un grand nombre d'entre eux appartiennent à cette génération dite sandwich qui a encore des enfants à la maison et qui doit également prendre soin de parents âgés, souvent malades, qui ont besoin d'aide. Ces Canadiens aimeraient pouvoir compter sur un gouvernement qui leur viendrait en aide, qui pourrait les appuyer, mais le gouvernement conservateur n'est pas là pour eux.
Le budget de 2010 n'a rien fait pour répondre aux préoccupations des Canadiens ordinaires. Ce budget continue de refléter les politiques d'emprunt et de dépense de ce gouvernement qui dépense sans compter et qui est tout à fait déconnecté des réalités des Canadiens ordinaires. Ces politiques d'emprunt et de dépense ne font rien pour créer de l'emploi, pour accroître la compétitivité du Canada ou pour appuyer nos perspectives économiques à long-terme.
En juillet, l'économie canadienne a même pris du recul. Ce qui est plus troublant encore, c'est que les chiffres ont chuté dans l'industrie de la construction en plein coeur de ce qui est généralement, pour ce secteur d'activité au Canada, la période la plus occupée. Comment peut-on expliquer cela? En termes simples, on peut dire que le programme d'infrastructure adopté par le gouvernement conservateur dans le budget de 2010 n'a pas donné les résultats qu'il aurait pu donner. Il n'a pas été profitable pour les Canadiens ordinaires.
Les conservateurs ont mis beaucoup de temps à prendre des décisions dans ces domaines, et trop souvent, les décisions qui ont été prises l'ont été pour des considérations politiques et non économiques. Dans le budget de 2010, nous avons vu des sommes importantes être consacrées à la construction de kiosques flottants, d'un plancher de danse mobile, d'un centre de vinothérapie et d'une couverture de verre au-dessus de la piscine d'une entreprise privée. C'est ce que j'appelle du gaspillage d'argent. Ce n'est pas le genre d'investissements qui pourra rendre le Canada plus concurrentiel dans l'économie mondiale de demain.
Entre-temps, des projets légitimes ont été retardés et, dans certains cas, rejetés. Partout au Canada, les collectivités s’inquiètent parce qu’elles resteront prises avec les factures des projets qui n’auront pas été terminés avant l’expiration du délai du 31 mars. Nous demandons au gouvernement de se montrer souple à cet égard. Le directeur parlementaire du budget a récemment estimé qu’entre 25 et 50 p. 100 des projets ne seront pas terminés au 31 mars.
Je ne parle pas d’un nouveau programme de relance ni d’un nouveau financement. Nous demandons simplement au gouvernement du Canada d’honorer ses engagements et de tenir les promesses déjà faites dans le cadre du plan de relance existant. Nous demandons au gouvernement de respecter les promesses qu’il a faites à ses partenaires provinciaux, municipaux et communautaires. Les gens ne peuvent pas nager dans une piscine terminée à 80 p. 100. Ils ne peuvent pas traverser un pont construit à 75 p. 100. Même à Halifax, ils ne veulent pas tirer leurs chasses d’eau dans un réseau d’égouts qui n’a été achevé qu’à 90 p. 100. Nous demandons donc au gouvernement du Canada de montrer un peu de flexibilité pour que les administrations locales et les groupes communautaires ne restent pas pris avec des projets inachevés par suite de retards attribuables aux tracasseries administratives fédérales et aux inévitables imprévus dus à l’hiver canadien.
Les ententes relatives aux communications conclues avec les partenaires municipaux et communautaires sont ridiculement longues. En effet, le gouvernement conservateur s’est davantage soucié du contenu et de l’emplacement des placards annonçant chaque projet que de l’avancement des projets eux-mêmes et de la création des emplois correspondants. En fait, il s’intéressait beaucoup plus au nombre des placards qu’au nombre des travailleurs.
Les conservateurs ont triplé le budget de la publicité, le faisant passer à 130 millions de dollars. Ils accordent aux placards publicitaires une valeur de fétiche. Des dizaines de millions prélevés sur le plan de relance ont servi à financer ces placards. Il y en a un sur l’île McNabs, à Halifax. Personne n’y va jamais, mais un projet a été réalisé là. Il fallait donc un placard publicitaire. On pourrait dire que c’est le placard le plus solitaire du Canada. Mais quel a été le résultat du plan de relance conservateur?
Le fait est que l’activité dans le secteur de la construction est en baisse. Les chiffres du chômage sont en hausse à l’échelle nationale, ayant atteint 8 p. 100, c’est-à-dire deux points de plus que lorsque le gouvernement a pris le pouvoir. Parmi les jeunes, le chômage atteint presque 17 p. 100. Toutefois, ces chiffres ne disent pas tout. À l’échelle du Canada, nous avons perdu 200 000 emplois à temps plein. Nous perdons des emplois à temps plein, qui sont remplacés par des emplois à temps partiel. Par conséquent, la reprise dont parlent les conservateurs n’est qu’une faible reprise statistique assortie d’une profonde récession qui se maintient sur le plan humain.
L'année dernière, le Canada a connu son premier déficit commercial en 30 ans. C’est un fait troublant parce que nous sommes une petite économie ouverte qui dépend du commerce international. Le fait pour nous d’importer plus que nous exportons est très inquiétant à long terme.
La confiance des consommateurs canadiens a baissé dans chacun des quatre derniers mois. Cela reflète le fait que la dette des particuliers et des ménages a atteint un record de 1 400 milliards de dollars. Cela représente une moyenne de 42 000 $ par habitant du pays. Comme mon collègue l’a dit tout à l’heure, cet endettement est presque le pire de tous les pays avancés membres de l’OCDE. Comme les taux d’intérêt sont en train d’augmenter, les Canadiens s’inquiètent à juste titre parce qu’ils ne savent pas comment ils arriveront à payer leurs factures et à joindre les deux bouts.
On dirait que les conservateurs sont à court d'idées. C'est bien possible, ou alors c'est leur idéologie qui les empêche de faire émerger des idées, ou peut-être qu'ils ne croient tout simplement pas au gouvernement. J'ai écouté la discussion tenue plus tôt sur le compte d'épargne libre d'impôt, une idée du gouvernement libéral que le gouvernement conservateur a concrétisée. La prestation fiscale pour le revenu de travail a été proposée par un gouvernement libéral, et le gouvernement conservateur en a repris l'idée. On pourrait croire que le gouvernement conservateur a de bonnes idées, des idées originales, mais malheureusement ce n'est pas le cas. Une de ses idées originales a été de supprimer le formulaire de recensement détaillé, de manière à éviter à des Canadiens qui auraient contrevenu à la loi de se faire jeter en prison et d'y languir. Pardonnez-moi, je digresse.
En somme, les conservateurs n'ont pas protégé les emplois avec leur plan de relance. Pis encore, ils n'ont pas créé les emplois de demain. La récession dans laquelle nous sommes toujours plongés n'est pas ordinaire. Nous vivons une période de restructuration économique à l'échelle mondiale. C'est pourquoi il est crucial que les dépenses d'infrastructure ne servent pas qu'à permettre au Canada de retrouver la place qu'il avait avant la récession. Cela ne suffit pas, car le reste du monde a amorcé un virage. Wayne Gretzky, ce grand économiste canadien, s'il en est un, a déjà dit qu'il était essentiel d'anticiper où ira la rondelle. C'est ce que le reste du monde fait. Les autres pays anticipent l'économie mondiale de demain. Ils privilégient les investissements verts. Ils privilégient les investissements dans les sciences, dans la recherche et développement, dans la modernisation des réseaux énergétiques, dans la modernisation de la production et du transport d'énergie et dans les technologies vertes pour pouvoir entrer de plain-pied dans la nouvelle économie mondiale où les émissions de carbone sont contrôlées. C'est parce qu'ils savent où seront les emplois dans l'avenir que nos concurrents privilégient des investissements dans la science, la technologie et l'économie verte.
Voici ce que le Globe and Mail avait à dire au sujet du plan de relance des conservateurs, qu'ils ont qualifié d'« occasion ratée ». Je cite:
Le fait de jeter des milliards de dollars dans un amas de projets confus et dire qu'il s'agit là d'une politique économique sans pareille est un peu exagéré.
Il est même allé plus loin:
Une trop grande part des mesures de relance semblent n'avoir servi à rien d'autre que flatter l'ego — et grossir le portefeuille — des gens de la place, sans engendrer de retombées économiques durables.
Le quotidien conclut que l'héritage laissé par les mesures de relance:
risque de se résumer à un déficit croissant qui n'aura même pas réussi à financer les infrastructures dont le pays a vraiment besoin.
Et comment, « occasion ratée »! Saviez-vous qu'en mandarin, le même mot désigne « occasion » et « crise »? D'autres pays, avec qui nous devons pourtant rivaliser, ont pris soin de bien tirer parti de la crise. La Corée du Sud a investi 79 p. 100 de ses mesures de relance dans les technologies vertes, créant du coup 1,8 million d'emplois verts pour l'avenir. De son côté, la Chine a investi 218 milliards dans un fonds de relance destiné aux technologies éconergétiques. Par habitant, les États-Unis ont injecté 14 fois plus d'argent dans les investissements verts et les énergies propres que le Canada, ce qui leur aura permis de moderniser leur réseau et de créer de nouveaux créneaux de production énergétique.
Si le Canada avait été le moindrement stratégique, il aurait aidé les Canadiens à être plus concurrentiels et il aurait tout fait pour verdir son économie et pour en réduire l'empreinte carbonique.
Quels auraient été les effets sur l'emploi? Nous aurions pu créer des emplois d'avenir en lien avec cette nouvelle économie verte. Si nos mesures avaient été adéquatement ciblées, nous aurions pu rendre les immeubles du gouvernement du Canada — l'équivalent de sept millions de mètres carrés — plus éconergétiques et nous aurions pu créer des emplois verts dans le secteur canadien de la construction. Si nos mesures avaient été adéquatement ciblées, nous aurions pu aider davantage les Canadiens à rendre leurs maisons plus éconergétiques et les entrepreneurs à faire de même avec leurs entreprises et leurs usines, ce qui aurait permis d'en augmenter la rentabilité, une fois la récession terminée. Et comme les profits des entreprises auraient été plus élevés, elles auraient payé plus d'impôts. Elles auraient employé un plus grand nombre de Canadiens, qui auraient, eux aussi, eu plus d'argent à la fin du mois pour vivre et envoyer leurs enfants à l'école. Tous les investissements servant à réduire la consommation d'énergie de l'appareil gouvernemental, des citoyens et des entreprises d'un pays ont des effets bénéfiques pendant des générations, sans parler de leur importance pour l'environnement.
On aurait vraiment pu renverser la tendance. Nous avons eu un train massif de stimulants, mais il était, je le crains, à côté de la plaque. Dans quelle mesure? Nous le saurons en voyant où en sont les autres pays dans 10 à 20 ans.
Il n'y avait pas de véritable vision dans le budget de 2010.
Il y a une quinzaine de jours, le a fait un discours au Canadian Club d'Ottawa. Au lieu d'y proposer une vision économique pour notre pays, le ministre a terni son image personnelle et son image de ministre de la Couronne en se lançant dans une longue diatribe contre l'opposition. Il essayait de détourner l'attention des Canadiens de son triste bilan économique, un tissu de gaspillages et de gabegie. Il essayait de détourner leur attention du fait que le ministre des Finances responsable des plus grandes dépenses et du plus profond déficit de toute l'histoire du Canada n'a pas de plan économique pour l'avenir. Il a un bilan lamentable et aucun plan pour l'avenir. Il n'a pas de vision, pas de suggestion pour répondre aux problèmes réels des Canadiens. Il n'est pas étonnant que les Canadiens de tout le pays aient été offusqués.
Le National Post a qualifié ce discours de « rengaine fadasse ».
Voici ce qu'on pouvait lire dans le Calgary Herald:
Il a débité de son podium tout un tissu de provocations déplacées et trompeuses à une assemblée du Canadian Club qui, à l'exception des conservateurs enthousiastes, n'a pas semblé impressionnée par sa diatribe venimeuse et menaçante. On voyait des gens lever les yeux au ciel, chuchoter entre eux en fronçant les sourcils et pousser des soupirs désapprobateurs quand le discours [du ministre des Finances] dépassait les bornes, comme cela a souvent été le cas.
Voici ce qu'on trouvait dans la Presse canadienne:
Ce discours véhément, qui a duré près de 20 minutes, a reçu un accueil glacial du public du Canadian Club.
Même L. Ian MacDonald, de la Gazette de Montréal, a qualifié ce discours de:
copié-collé en droite ligne du cabinet du premier ministre, assemblé dans les sombres officines de l'édifice Langevin.
Et il ajoutait:
Même les conservateurs présents dans la salle étaient tellement gênés qu'ils gardaient les yeux rivés au sol.
Enfin, voici ce qu'a écrit Don Martin, du National Post:
Qu'un gouvernement qui a vidé les caisses de l'État pour longtemps, qui a porté le déficit à des niveaux record et qui a créé une hypertrophie sans précédent de la bureaucratie puisse demander aux électeurs de reporter au pouvoir un gouvernement conservateur bon teint, cela me dépasse.
Je savais que ces gens-là n'avaient pas une attitude très progressiste sur le plan social, et je constate maintenant qu'ils ne sont même pas conservateurs sur le plan économique. Voilà qui est bien regrettable.
Le fait est que le gouvernement conservateur, qui se plaît à emprunter et à dépenser, a hérité d'un excédent de 13 milliards de dollars des libéraux, mais dans les trois premières années de son mandat, les dépenses de programme avaient augmenté de 18 p. 100. Les coffres étaient vides même avant le ralentissement économique. Il avait déjà enregistré un déficit avant le ralentissement économique.
Dans quoi les conservateurs qui se plaisent à emprunter et à dépenser investissent-ils maintenant l'argent durement gagné des contribuables? Ils achètent des chasseurs à réaction pour 16 milliards de dollars sans même lancer un processus équitable d'appel d'offres; et ils financent la construction de méga-prisons à l'américaine, au coût de 10 à 13 milliards de dollars, malgré le fait que le taux de criminalité est à la baisse. Bien sûr, il faut absolument enfermer tous ces prétendus auteurs de crimes non signalés.
Les conservateurs ont dépensé 1,3 milliard de dollars pour une séance photo de 72 heures lors des sommets du G20 et du G8, dont 1 million de dollars pour un faux lac, 300 000 dollars pour un gazebo et des salles de bain à 20 kilomètres du lieu du sommet — j'espère donc que les participants avaient acheté des couches Depends — , 400 000 dollars en chasse-moustique et écran solaire, plus de 300 000 dollars en mobilier de luxe, 14 000 dollars pour des bâtons lumineux et des millions dans des hôtels de luxe. Un tel gaspillage serait amusant s'il n'était pas si monumental. Si les Canadiens ne travaillaient pas si fort pour payer leurs impôts, ils trouveraient sûrement ça drôle. Mais c'est un drame pour les Canadiens qui ont du mal à joindre les deux bouts.
Aux termes du budget de 2010, les conservateurs ont emprunté 6 milliards de dollars pour financer les réductions de l'impôt des sociétés, et ce, malgré le déficit. Nous n'avons pas les moyens de financer ces baisses d'impôt. Le gouvernement libéral a lui aussi réduit l'impôt des sociétés et des particuliers — les plus importantes réductions jamais accordées — mais c'était en période d'excédents budgétaires. Emprunter de l'argent pour réduire les impôts et réduire les impôts en période de prospérité économique sont deux choses fondamentalement différentes du point de vue économique.
La semaine dernière, le a encore raté un autre objectif de réduction du déficit. Les prévisionnistes s’attendent maintenant à un déficit encore plus élevé. Les Canadiens se demandent forcément ce qu’ils ont obtenu en échange de ce déficit de 54 milliards de dollars. A-t-il protégé les emplois existants? Aucunement. Le taux de chômage est aujourd’hui de deux points plus élevé que lorsque les conservateurs ont pris le pouvoir.
Le déficit a-t-il permis de créer les emplois de demain? Pas du tout. D’autres gouvernements ailleurs dans le monde ont investi pour créer les emplois de demain et se positionner pour livrer concurrence dans le domaine scientifique en mettant l’accent sur les emplois verts de l’avenir.
Qu’est-ce que les Canadiens ont obtenu en contrepartie de ces folles dépenses, aussi inutiles que désordonnées? De faux lacs, des kiosques flottants et des milliers de panneaux de publicité. Cette politique conservatrice d’emprunts et de dépenses ne correspond pas aux priorités des Canadiens. Un gouvernement libéral annulerait les réductions d’impôt que les conservateurs prévoient accorder aux plus grandes sociétés du Canada. Nous le ferions pour réduire le déficit et venir en aide aux familles.
Hier, le chef du Parti libéral a annoncé un plan d’aide aux familles. Nous entendons nous ranger du côté des familles, aider les membres de la famille qui dispensent des soins à assumer le coût de ces soins offerts à des membres malades ou âgés de la famille dans leur foyer. Il y a notamment des prestations d’assurance-emploi pendant six mois pour les obligations familiales, ce qui est semblable aux prestations de congé parental du régime. Un plus grand nombre de Canadiens pourraient ainsi s’occuper de membres gravement malades de leur famille sans devoir quitter leur emploi. Il y aurait aussi une prestation fiscale pour obligations familiale qui s’inspire de la prestation fiscale pour enfants. Pour les personnes à revenu modeste ou moyen qui assurent des soins essentiels à un membre de leur famille au foyer, le fardeau financier serait moins lourd.
Voilà le genre de politique et de leadership que les Canadiens recherchent, le genre de compassion dont ont besoin les familles qui ont du mal à surnager.
Le gouvernement conservateur du Canada s’est préoccupé davantage des sondages de cette semaine que des défis et des occasions que le XXIe siècle apporte avec lui. Aujourd’hui, j’ai surtout parlé des déficits budgétaire et commercial des conservateurs, mais le déficit le plus troublant, c’est celui du leadership et de la vision d’avenir.
Les temps sont difficiles, et c’est pendant les périodes exigeantes et difficiles que les pays et les entreprises ont besoin d’un leadership intelligent et visionnaire. Lorsque les ministres conservateurs entreront dans la salle du Cabinet, ils voudront peut-être prendre le temps de regarder la citation biblique inscrite au-dessus de la porte et d’y réfléchir: « Faute de vision, le peuple vit sans frein. »
La nature et la gravité des défis que les Canadiens ont à relever dans ce contexte de restructuration économique mondiale sont telles, et ces défis sont si importants que, s’il n’y a pas de vrai leadership, beaucoup d’aspirations des Canadiens pour eux-mêmes, leur famille et leur avenir périront parce que le gouvernement conservateur n’a aucune vision à proposer.
Le se retranche souvent derrière une excuse: son gouvernement est minoritaire et c’est pourquoi il n’arrive pas à agir. Je rappelle au premier ministre et aux conservateurs qu’il pourrait en être autrement. Par le passé, des parlements où le gouvernement était minoritaire ont bien fonctionné. Dans les années 1960, les gouvernements minoritaires de Pearson nous ont donné le Régime de pensions du Canada, l’assurance-maladie et le bilinguisme. Ces gouvernements ont été productifs parce que les partis ont collaboré pour réaliser des choses. Il y avait coopération, collaboration et respect.
Le terme « respect » revêt une importance critique, car respecter le Parlement, c’est respecter ceux qui l’ont choisi. C’est une façon de se défiler que de dire, comme le le fait, qu’il n’arrive à rien, qu’il ne peut avoir de grandes idées, qu’il ne peut pas vraiment réaliser ses plans parce qu’il est minoritaire au Parlement. Cela témoigne d’un manque de respect pour le Parlement ou d’une incompréhension du Parlement.
Si nous voulons que le Parlement obtienne des résultats, nous devons tous travailler ensemble, mais il faut une vision et des idées. Le Parti libéral du Canada propose aux Canadiens la compassion, une vision, des idées et le vrai leadership dont ils ont besoin en ce XXIe siècle.
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je voudrais féliciter le collègue du Parti libéral qui quitte maintenant cette Chambre, mais qui a été nommé porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances. Je veux le féliciter pour cette nomination. Il nous rejoint au Comité permanent des finances.
Ce Comité permanent des finances est très important puisque c'est là que l'on essaiera de voir ce qu'il y a dans ce projet de loi . En effet, c'est un peu décourageant. Comme le disait un de mes anciens patrons, cela fait un peu désordre. Ce projet de loi est une espèce de spaghetti, une sorte de bouillabaisse. Des mesures viennent du budget — j'en parlerai tout à l'heure —, il y a des mesures concernant l'impôt sur les particuliers, les organismes de bienfaisance, la fiscalité des entreprises, les entreprises productrices d'énergie. Ce sont des choses pour lesquelles on se dit qu'il est temps de mettre en oeuvre un certain nombre de mesures. En comité permanent, on voit ces mesures et on essaie de les peaufiner et de les détailler. En même temps, le gouvernement en profite pour ramener des vieilles affaires, si je peux dire.
Il n'y a pas d'articles particuliers, mais on a entremêlé d'autres mesures concernant les impôts sur les particuliers ou concernant les entreprises. Donc, il faut revenir en arrière pour un certain nombre d'éléments. Il y a aussi d'autres mesures totalement inattendues, surprenantes, du jamais vu. On ne sait pas d'où cela sort. Cela arrive comme ça, dans cette espèce de projet de loi. Ce sont des mesures concernant les particuliers, les entreprises, les gouvernements. Donc, si je peux m'exprimer ainsi, on a une espèce de salmigondis ou de spaghetti de toutes sortes d'affaires.
Essayons de faire le ménage là-dedans. Le Bloc québécois a évidemment voté contre l'ensemble du budget. Faut-il expliquer pourquoi? C'est parce que nous avons déterminé que l'ensemble des politiques économiques de ce gouvernement, depuis 2006, s'est orienté vers les besoins de l'Ontario et de l'Alberta. Donc, le budget a une certaine capacité et quand on focalise l'ensemble des crédits et des mesures budgétaires vers des régions autres que le Québec, on se demande ce qu'il reste pour le Québec.
Donc, nous avons voté contre le budget puisque selon nous, il n'y avait rien pour la forêt, par exemple. Il y avait beaucoup pour l'automobile et pour le pétrole, mais pas grand-chose pour la forêt, ni pour l'aéronautique. Pour l'environnement, on trouvait à peine quelque chose et quant à la culture, c'est zéro, niet, nada. On ne s'en occupe pas. De plus, venant d'un comté très urbain, très au sud de Montréal, je suis à même de constater qu'il existe des besoins en matière de logement social et au niveau de l'itinérance. Par exemple, on constate qu'au Canada, au Québec et à Montréal, ce sont surtout les femmes qui sont frappées par la pauvreté.
Donc, il n'y a rien eu dans ce budget. Or, pourquoi sommes-nous capables de dire qu'il n'y avait rien dans ce budget par rapport à ce que l'on vit, à ce que l'on voit? C'est parce que, chaque année — et je l'ai fait l'an dernier —, nous faisons une tournée prébudgétaire. Nous allons voir les gens. Nous allons rencontrer les groupes, que ce soit les groupes communautaires, les travailleurs, les employeurs, les organismes. Nous allons voir tout le monde et nous regardons et analysons leurs attentes.
L'an dernier, pendant le lock-out parlementaire que le avait décrété, je me suis promené dans tout le Québec. Je venais d'être élu et j'ai fait le tour de la province. Cette année, je vais refaire la même chose. Au Bloc québécois, nous avons déterminé que nous allions tenter de retrouver, de revoir, d'aller revisiter l'ensemble des gens et aussi les régions, et même la place que, à mon corps défendant, je n'ai pas été capable d'aller voir l'an dernier.
On dit toujours qu'une faute avouée est à demi pardonnée. Je le dis, l'an dernier le temps nous a manqué pour aller en Abitibi-Témiscamingue. Je prends donc l'occasion de ce discours fort important pour annoncer à nos collègues que les consultations prébudgétaires du Bloc québécois commenceront les 27, 28 et 29 octobre. Je serai évidemment accueilli comme seul est capable de le faire ce collègue de la Chambre, le député d'. J'irai à Rouyn-Noranda le visiter. Cela me fera un grand plaisir. Avec lui, on est capable d'aiguiser nos crayons, de prendre nos plumes, nos Caran d'Ache au besoin et de faire nos bons calculs.
Certains éléments sont positifs dans ce projet de loi que nous avons devant nous. Il contient quelques éclairs de génie. Oui, cela arrive. Il faut croire à la qualité des fonctionnaires du ministère des Finances du Canada. J'ai déjà été fonctionnaire au ministère des Finances du Québec et j'étais en mesure de constater qu'il y avait là aussi des gens particulièrement intéressants. On risque donc, ou plutôt on fait passer un certain nombre d'éléments. Par exemple, concernant les prestations versées pour les enfants, le gouvernement conservateur vient de se rendre compte d'une réalité familiale, d'une réalité sociale existant au Québec et partout au Canada, soit celle qu'il y a régulièrement, hélas, des divorces. Des enfants sont une semaine dans le foyer de leur père et une autre semaine dans celui de leur mère. À ce sujet, la fiscalité ne suivait pas. Enfin, on dit qu'en ce qui concerne les crédits d'impôt pour le remboursement des prestations, on pourra les utiliser à moitié dans le rapport d'impôt de la mère et à moitié dans celui du père. On ne peut donc pas être contre cela. C'est la raison pour laquelle le Bloc québécois, dans sa rigueur légendaire, continuera d'appuyer cette mesure. C'est d'ailleurs pourquoi il votera en faveur de ce projet de loi, soit pour le renvoyer en Comité permanent des finances pour l'étudier et tenter de l'améliorer davantage.
Le projet de loi comprend également une autre mesure concernant les régimes enregistrés d'épargne-retraite et les régimes enregistrés d'épargne-invalidité. Encore une fois, ils sont en retard, mais vaut mieux tard que jamais. On permettra de transposer ce qu'il y a dans le régime enregistré d'épargne-retraite d'une personne décédée dans le régime enregistré d'épargne-invalidité d'une personne de la même famille. Nous allons aussi voter en faveur de cette bonne mesure.
Le projet de loi concerne également le fardeau administratif des organismes de bienfaisance. Dans le comté d'Hochelaga, que je représente, il y a énormément d'organismes de bienfaisance. Pourquoi? Parce qu'il y a énormément de besoins et parce que ces gens et ces petites entreprises se morfondent, comme on dit chez nous. Ils sont limités par des barrières administratives, par des travaux administratifs incroyables. Parfois, des choses complètement idiotes se produisent. Par exemple, on imposait que 80 p. 100 des dons reçus dans une année soient immédiatement dépensés. On se demande s'il serait possible d'épargner pour les années prochaines et d'accumuler un certain nombre des dons obtenus pendant l'année pour les engranger et faire une plus grande opération l'année suivante. Cette option sera maintenant disponible. Encore une fois, même si cette mesure arrive plus tard que tôt, tant mieux, elle est là.
Par contre, ils ne vont pas assez loin. Par exemple, une des vieilles affaires qui traînent encore concerne les CELI, les comptes d'épargne libres d'impôts, dans lesquels on disait de ne pas mettre plus de 5 000 $. On disait aussi que le fruit de ces 5 000 $ de capitaux, en intérêts, en gains de capital et en dividendes serait non imposable.
Trois ans plus tard, ils se sont rendus compte que des smattes déposaient beaucoup plus que 5 000 $. Une légère pénalité était donc encourue, mais les intérêts, les gains en capitaux et les dividendes étant non imposés, la pénalité était moins forte que le gain financier. Ils se sont donc réveillés et ils ont décidé d'arrêter cette pratique.
L'an dernier, le Bloc québécois a fait des propositions fort importantes concernant les gens bien nantis qui ont un CELI. On avait suggéré au gouvernement d'imposer beaucoup plus les mieux nantis. Notre proposition était d'imposer une surtaxe de 2 p. 100 aux contribuables ayant un revenu imposable allant de 150 000 $ à 250 000 $. C'est ce qu'on proposait, et c'est ce qu'on propose toujours. De plus, on proposait une surtaxe de 3 p. 100 pour ceux et celles qui ont la chance d'avoir un revenu imposable de plus de 250 000 $ par année. Bien sûr, le gouvernement, dans sa politique conservatrice, a refusé ce genre de proposition.
Parallèlement à cela, nous avons demandé une super imposition sur les super bonus des individus qui gagnent parfois énormément d'argent pendant une année, non pas pour des circonstances particulières de leur vie professionnelle, mais en raison d'une redistribution d'un énorme bonus dans l'entreprise. Ces personnes se retrouvent donc avec quelques millions de dollars derrière la cravate, et on s'est demandé pourquoi ces gens ne contribueraient pas davantage.
Au Bloc québécois, on maintient cette politique, mais le gouvernement conservateur ne semble pas bouger. Pourquoi propose-t-on cela? Hier, au Comité permanent des finances, on discutait du fait que des gens s'inquiètent, et avec raison, du déficit et de la dette. On se demande où on va puiser l'argent pour rembourser la dette et pour diminuer le déficit, ce à quoi nous sommes favorables. On se demande où est cet argent. On appelle cela un espace fiscal. Y a-t-il un espace fiscal quelque part? La réponse est oui. Il y a un espace fiscal chez celles et ceux qui gagnent plus que 150 000 $ par année. Il y a un espace fiscal chez celles et ceux qui gagnent plus de 250 000 $. Il y a sûrement un espace fiscal très grand chez celles et ceux qui bénéficient subitement d'un énorme bonus ou d'une prime au rendement.
On a aussi indiqué un certain nombre de choix. Par exemple, au cours des 20 prochaines années, 490 milliards de dollars seront injectés dans l'armée. C'est l'équivalent de plus d'un stade olympique pour chaque membre du Parlement, c'est-à-dire un stade par député de la Chambre des communes et par sénateur de la Chambre du Sénat. Je le sais, le stade olympique chez moi, dans Hochelaga. Imaginons donc un stade olympique dans toutes les circonscriptions du Canada, sans compter tous les sièges des sénateurs qui s'ajoutent à cela. Et il resterait encore de l'argent. Tout cela est injecté dans l'armement.
Y aurait-il moyen de faire autre chose que ce genre de facéties?
En outre, on a vu, à l'intérieur du projet de loi, un certain nombre de choses particulièrement intrigantes. Par exemple, et ce n'était absolument pas prévu, on demande à offrir de nouveaux pouvoirs au Bureau du surintendant des institutions financières dans le cas d'une proposition concernant les régimes de pension des compagnies en faillite. Le Bureau du surintendant des institutions financières canadien aurait donc un certain nombre de pouvoirs discrétionnaires sur les fonds de pensions. Pour ceux qui sont gérés en fonction du régime fédéral, cela va, mais pour ceux qui sont gérés en fonction de régimes provinciaux, là, cela ne va plus.
Au Québec et en Ontario, il y a un système de gestion des fonds de pension. Nous croyons que le fédéral n'a pas d'affaire là. Est-ce surprenant? Hélas, non. J'interviens régulièrement au sujet de l'Autorité des marchés financiers du Québec, qui fait très bien son travail avec les autorités des marchés financiers de toutes les provinces. Il y a une autorité canadienne — les Autorités canadiennes en valeurs mobilières — qui représente le Canada sur le plan international. Il y a aussi l'Organisation internationale des commissions de valeurs. Pas plus tard que la semaine dernière, il y a eu un colloque en Inde. Qui représentait les Autorités canadiennes en valeurs mobilières? Le président de l'Autorité des marchés financiers du Québec et son collègue de l'Ontario, la Ontario Securities Commission. Ça existe. On n'y a pas parlé de la pluie et du beau temps, mais de risques systémiques. Ce sont des gens intelligents qui ont à coeur leur travail, mais ce n'est pas sous la férule du gouvernement fédéral. C'est pour ça qu'il essaie de nous amener là-dedans.
Ce projet de loi est silencieux sur plusieurs sujets, par exemple par rapport à Hydro-Québec. Il n'y a rien sur le manque à gagner de 250 millions de dollars du Québec à cause d'une variable administrative entre Hydro-Québec et d'Hydro One. On modifie, encore une fois sans préavis aux provinces, les règles de péréquation. On est évidemment contre cet aspect.
Il n'y a rien sur les relations concernant tous les autres dossiers. Le gouvernement nous doit 2,2 milliards de dollars depuis 19 ans pour l'harmonisation de la TPS et de la TVQ. On voit que le gouvernement refuse de taxer les riches et d'abolir les paradis fiscaux utilisés par les banques. Il refuse d'inclure un certain nombre d'éléments, alors que nous croyons qu'il pourrait faire autrement.
J'ai fait ce qu'on appelle un article 31, dans notre jargon, sur le vote qu'on a tenu sur les armes à feu. On a dit que c'était un vote serré, mais ce n'était pas du tout le cas. Un résultat de 153 voix contre 151 n'était pas serré parce que ce n'était pas les régions contre les villes. Comment ont voté les députés du Québec, les députés du Bloc, les députés du Parti libéral, le député du NPD et les députés conservateurs du Québec? Ils ont voté à 83 p. 100 pour le maintien du registre des armes à feu; 17 p. 100 avaient le droit de voter contre. Au Canada, 61 p. 100 des députés libéraux, conservateurs et néo-démocrates ont voté pour abolir le registre des armes à feu. Cela veut dire qu'il y a deux sociétés.
Je reviens au budget. S'ils veulent établir une politique industrielle du pétrole et de l'automobile, abolir le registre des armes à feu, privilégier les riches et voler la caisse d'assurance-emploi, qu'ils le fassent. Nous considérons que cela ne correspond pas à nos valeurs. C'est pour cette raison que je suis revenu en politique. Nous sommes ici pour faire valoir cette différence et dire qu'on veut être bons amis et bons voisins, mais que c'est bien dommage, nous nous en allons.
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Monsieur le Président, à mon tour, j'ai le plaisir de prendre la parole sur le projet de loi .
Le Nouveau Parti démocratique n'appuie pas la politique budgétaire du gouvernement conservateur. Partant, même si on est d'accord avec le Bloc à l'effet que c'est une mauvaise politique budgétaire, aussi étonnant que cela puisse paraître, on va voter contre parce qu'on est contre.
Si j'ai bien compris l'intervention de mon collègue du Bloc, il va voter en faveur du projet de loi parce qu'il est contre. Je n'ai pas encore saisi toutes les nuances de sa proposition, mais si j'ai bien compris, c'est parce que c'est un spaghetti. C'était son choix de terme, pas le mien. J'imagine qu'il ne sait pas par quel bout commencer à aspirer le spaghetti. Pour nous, ce sont des couleuvres, et on ne se laissera pas enfoncer dans la gorge les couleuvres des conservateurs. C'est dans le droit fil de leur politique budgétaire, qu'ils nous imposent depuis cinq ans.
Gouverner, c'est établir des priorités. Si on prend l'exemple de ce jour même, le Réseau FADOQ était au Parlement aujourd'hui. Des députés libéraux, bloquistes et néo-démocrates ont déposé des pétitions avec des milliers de noms de gens réclamant qu'on commence à s'occuper des aînés dans notre pays.
Quelle est la priorité du gouvernement conservateur? Il a trouvé 12 milliards de dollars pour des avions de chasse, et il a consenti une augmentation de 1,50 $ pour les aînés les plus pauvres qui reçoivent le Supplément de revenu garanti. Voilà la priorité du gouvernement conservateur.
[Traduction]
Le NPD s’oppose aux politiques budgétaires du gouvernement conservateur et il n’est donc pas étonnant que nous allions voter contre le projet de loi , qui vise à mettre en vigueur le budget que le gouvernement a présenté l’année dernière.
Cela fait cinq ans, cet automne, que les conservateurs sont au pouvoir.
Une voix: Bravo!
M. Thomas Mulcair: Monsieur le Président, il vaut la peine de se rappeler les raisons pour lesquelles nous avons maintenant le plus lourd déficit de l’histoire du Canada, et nous verrons s’ils applaudissent cette partie-là. Je n’entends aucun applaudissement. Je voulais seulement vérifier. Ils ont battu le record conservateur précédent du plus haut déficit de notre histoire. J’attends les applaudissements; il n’en a pas.
Comment en sommes-nous arrivés là? C’est à cause de certains des éléments de ce projet de loi budgétaire.
Par exemple, après que les libéraux aient volé 50 milliards de dollars dans le compte d’assurance-emploi, les aient transférés dans les recettes générales et aient fait disparaître cet argent, si bien qu’il n’était plus là quand les travailleurs en ont eu besoin lorsqu’il y a eu une grave crise à l’automne 2008, maintenant que cet argent est disparu, les conservateurs ferment simplement la porte à double tour dans ce projet de loi budgétaire.
Examinons cela de plus près, car bien des gens diront: « Quelle importance? C’était l’argent du gouvernement; c’était dans le compte d’assurance-emploi. Quelle différence cela fait-il si Paul Martin et sa bande de joyeux drilles l’ont transféré dans les recettes générales? On ne peut pas vraiment dire que c’est du vol. Cet argent était déjà entre les mains du gouvernement et c’est encore le cas maintenant. » Néanmoins, il y une différence importante.
L’argent du compte d’assurance-emploi a été versé par toutes les entreprises et tous les travailleurs. Pourquoi est-ce important? Depuis leur arrivée, les conservateurs ont déstabilisé l’économie autrefois équilibrée que nous avions au Canada, que nous avions construite péniblement depuis la Seconde Guerre mondiale: un secteur primaire solide grâce au bois d’oeuvre et à l’industrie minière, un secteur secondaire de la transformation et de la fabrication également vigoureux et bien sûr, de plus en plus, un important secteur des services.
Quand je dis qu’ils ont déstabilisé, qu’ils ont ébranlé cette économie jusque-là équilibrée, voici ce que je veux dire. Ils ont créé un espace fiscal pour distribuer des réductions d’impôt de plus 60 milliards de dollars aux sociétés les plus riches du Canada. On répond souvent à cela que ce ne sont pas seulement les sociétés les plus riches, mais toutes les sociétés qui ont obtenu ces réductions d’impôt.
Cet argument ne tient pas. Si une entreprise, surtout dans l’industrie minière, forestière ou manufacturière n’a pas réalisé de bénéfices, bien entendu, elle n’a payé aucun impôt. Si elle a perdu de l’argent, elle n’a pas payé d’impôt. Comment aurait-elle pu bénéficier d’une réduction d’impôt?
Qui a obtenu cet argent? Des sociétés comme Encana qui empilent la boue empoisonnée derrière les digues les plus longues au monde, près des sables bitumineux.
Prenons ce qui se passe en Europe à cause d’une digue qui retenait le poison déversé par une aluminerie et qui représentait peut-être le millième du volume de ce qui se trouve derrière les plus longues digues au monde, dans les sables bitumineux. Imaginez ce qui se passera inévitablement en cas de rupture de ces digues, car nous n’avons jamais vraiment calculé le coût des sables bitumineux. La réduction d’impôt vient s’ajouter à des profits phénoménaux. Une seule société comme Encana a obtenu des centaines de millions de dollars depuis la mise en place de ces réductions d’impôt.
Quel est le lien avec la caisse de l'assurance-emploi? C'est simple. Toutes les entreprises, qu'elles aient enregistré des pertes ou des profits, ont contribué à la caisse de l'assurance-emploi. Cet argent a été versé dans les recettes générales pour accorder des allégements fiscaux aux compagnies les plus riches. Autrement dit, l'argent qui appartenait aux travailleurs des entreprises qui accusaient des pertes dans le secteur manufacturier au Québec et en Ontario en particulier a été donné aux exploitants des sables bitumineux et aux banques à charte canadiennes. Voilà en quoi consiste la politique des conservateurs.
Examinons la situation des banques à charte qui ont enregistré des profits de 15 milliards de dollars pour les neuf premiers mois de cette année, mais il n'y a pas lieu de s'inquiéter car elles envisagent de se partager le gâteau. Elles vont accorder à leurs dirigeants des primes de 7,5 milliards de dollars pour les neuf premiers mois de l'année. Vous avez bien entendu, monsieur le Président. Voilà ce qui se passe dans les banques canadiennes. Le gouvernement continue de se croiser les bras et songe à leur consentir davantage d'allégements fiscaux.
Maintenant, chaque fois qu'on entendra les libéraux clamer leur conviction, nouvellement découverte, que ces réductions d'impôts ne sont pas judicieuses, nous devrions leur rappeler qu'ils ont systématiquement voté à toutes les étapes du processus en faveur de ces réductions d'impôt de 60 milliards de dollars pour les grandes entreprises les plus riches.
Nous devrions rappeler aux libéraux qu'ils ont voté en faveur du dernier budget qui fait disparaître la Loi sur la protection des eaux navigables. Les libéraux ont appuyé la proposition des conservateurs de supprimer le droit des femmes à un salaire égal pour un travail d'égale valeur. Cela semble étonnant, mais c'est une mesure que les conservateurs ont prévu dans le budget précédent. À ce moment-là, les libéraux ont voté en faveur de la suppression du programme d'évaluation environnementale ainsi que d'autres politiques et pratiques judicieuses qui étaient en place au Canada. La situation est quelque peu différente cette fois-ci. Maintenant, les libéraux se faufilent silencieusement vers l'arrière pour se cacher derrière les rideaux. Ils n'ont même plus le courage d'exprimer ouvertement leur appui aux conservateurs. Ils se contentent de s'absenter en grand nombre pour permettre l'adoption des budgets présentés par les conservateurs.
Tout cela a eu pour effet de créer le plus important déficit budgétaire de l'histoire canadienne, parce qu'au moment où la terrible crise a frappé à l'automne 2008, les coffres de l'assurance-emploi étaient vides. Heureusement que le NPD était là, à l'été 2009, pour exiger que le gouvernement augmente les fonds disponibles au titre de l'assurance-emploi. Nous avons ainsi réussi à faire ajouter plus de 1 milliard de dollars à la caisse. Mon collègue d', au Nouveau-Brunswick, a travaillé d'arrache-pied sur ce dossier. Par ailleurs, le chef du NPD a eu des rencontres avec le pour s'assurer que les fonds étaient disponibles au pire moment pour les travailleurs.
Nous assistons maintenant au perfectionnement de la méthode mise en place par les libéraux pour dévaliser la caisse de l'assurance-emploi. Il était savoureux d'entendre le , il y a quelques semaines, accuser les libéraux d'avoir vidé la caisse de l'assurance-emploi. Il suffit de lire le projet de loi pour se rendre compte que, maintenant que les conservateurs ont retiré l'argent du coffre et refermé la porte, ils verrouillent cette porte. Ils perfectionnent un vol qui a effectivement été perpétré par les libéraux, mais ce sont les conservateurs qui terminent le travail.
Les conservateurs ne peuvent pas davantage s'en défendre qu'ils ne peuvent se défendre d'avoir imposé la TVH, la nouvelle taxe de vente. Il y a des personnes âgées qui vivent dans des villes comme Timmins et Sudbury qui se rendent comptent qu'elles devront payer 50 $, 70 $ ou 80 $ de plus par mois pour le chauffage, et ce, toute l'année. Les conservateurs ne comprennent pas que les gens qui ont un revenu fixe n'ont pas 80 $ de plus par mois. Malgré cela, le gouvernement conservateur à Ottawa et les libéraux de McGuinty à Toronto imposent cette augmentation du fardeau fiscal aux aînés pauvres. Ceux d'entre eux qui vivent dans les régions du Nord ressentiront encore davantage cette augmentation car elle va entraîner une hausse du prix du mazout.
C'est l'une des raisons pour lesquelles le NPD propose l'abolition immédiate de ces taxes.
C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles nous examinons ce que fait le gouvernement. Il a de l'argent pour les militaires. Il a des dizaines de milliards pour le matériel militaire, mais il n'a pas un sou pour les aînés.
Gouverner c'est établir des priorités. Les conservateurs ont des priorités très claires. Prendre soin des banques. S'occuper des pétrolières. Ne pas internaliser les coûts des sables bitumineux. Laisser ces compagnies vendre le pétrole à un prix artificiellement bas, ce qui fait rentrer une quantité artificiellement élevée de dollars américains et fait sans cesser augmenter la valeur du dollar canadien, avec le résultat qu'il devient de plus en plus difficile d'exporter nos produits. Cette situation crée un cercle vicieux de pertes d'emplois, notamment dans les centres industriels de l'Ontario et du Québec.
Avant que la crise actuelle ne frappe, à l'automne 2008, nous avions déjà, selon Statistique Canada, perdu 300 000 emplois dans le secteur manufacturier, principalement dans ces provinces. Comment cela s'est-il produit? La politique qui consiste à permettre l'exploitation des sables bitumineux d'une manière aveugle, illimitée, incontrôlée et dangereuse pour l'environnement a entraîné un grand afflux de dollars américains et a fait grimper la devise canadienne vers des sommets sans cesse plus élevés. Non seulement le gouvernement a-t-il consenti des allégements fiscaux à ces sociétés en se servant de l'argent des entreprises manufacturières, mais il a fait agoniser ces dernières en continuant d'appliquer les mêmes politiques.
Pour ce qui est de l'internalisation des coûts des sables bitumineux, la proposition est simple. Elle repose sur l'un des principes fondamentaux du développement durable. Si quelqu'un disait que son entreprise peut produire des bidules à un prix bien inférieur à celui des autres compagnies, les gens voudraient vouloir visiter l'entreprise afin de savoir comment celle-ci s'en tire aussi bien. Les gens constateraient que l'entreprise fait bien des choses en catimini. Ils voudraient savoir ce qui se passe au juste, mais les propriétaires les tiendraient à l'écart. Dans ce cas-ci, des gens sont allés voir ce qui se passait vraiment et ils ont constaté que les propriétaires prenaient tous les déchets de leur entreprise et les jetaient dans la rivière. Ils se sont rendu compte que ce n'était pas là le prix réel des bidules, puisque les propriétaires n'avaient pas acquitté les frais normaux liés à l'élimination des déchets de l'entreprise.
C'est exactement ce que nous faisons dans le cas des sables bitumineux. Nous laissons en héritage aux générations futures une dette de 60 milliards de dollars pour l'année prochaine et, en même temps, nous leur laissons l'obligation de nettoyer le gâchis causé par l'exploitation des sables bitumineux, qui est l'une des principales causes de la déstabilisation de notre économie.
Qu'on ne se méprenne pas. Quiconque a étudié les données économiques réalise que les sables bitumineux ont le potentiel indéniable de devenir à long terme une source de richesse pour le Canada. S’ils sont exploités correctement, d’une façon responsable sur les plans environnemental, économique et social, conformément aux principes du développement durable, les sables bitumineux peuvent effectivement devenir une source de richesse.
Cependant, la façon dont ils sont exploités actuellement est aux antipodes du développement durable. Nous nous comportons comme un pays du tiers monde. Nous exploitons les sables bitumineux à une cadence trop rapide. Les Américains nous ont demandé de construire trop de pipelines trop rapidement, des pipelines portant des noms comme Trailbreaker et Southern Lights. Voilà les pipelines qui sont en train d’être construits. Aux termes de l’Accord de libre-échange nord-américain, la règle de proportionnalité implique que nous ne pouvons même pas réduire la quantité de pétrole que nous acheminons aux États-Unis dans ces pipelines à moins que ces réductions ne soient proportionnelles à ce que nous recevons nous-mêmes des Américains.
Par conséquent, nous continuons à exploiter les sables bitumineux d’une façon débridée, mais nous n’avons jamais internalisé les coûts de cette exploitation. Nous n’avons jamais payé pour les déchets que nous produisons, qu’il s’agisse des émissions de gaz à effet de serre ou des résidus emmagasinés derrière ces digues qui sont de véritables océans de poisons inimaginables et innommables. Nous n’avons pas pris les mesures appropriées à cet égard.
Si au moins nous avions dit: « À partir de maintenant, nous allons développer le secteur des sables bitumineux en assumant la totalité des coûts, de façon à ne pas léguer ce fardeau aux générations futures », notre approche aurait été durable. Mais ce n’est pas ce que nous faisons. En fait, nous allons léguer le tout aux générations futures. Nous sommes en train de rompre l’équilibre économique en portant un coup fatal au secteur manufacturier en raison de la valeur élevée du dollar qui découle de la politique actuelle du gouvernement conservateur.
Dans une large mesure, le projet de loi est le reflet de la propension du gouvernement conservateur à faire en sorte que les forces armées, les pétrolières et les banques passent en premier. Pendant ce temps, les aînés sont laissés en plan et forcés à payer de nouvelles taxes sur leur mazout. Le gouvernement trahit sa vocation fondamentale. Il ne fait rien pour les Canadiens. Il n’est pas là pour la population. Il est pourtant là pour les puissantes institutions qui l'ont porté au pouvoir et qui tiennent à l’y maintenir.
Ce sont des politiques différentes, des priorités différentes, mais cela a au moins le mérite d'être clair. Ce qui n'est pas clair, c'est la raison pour laquelle les députés du Bloc disent qu'ils sont contre le projet de loi, mais qu'ils vont voter en sa faveur. Ce qui n'est pas clair, c'est pourquoi les libéraux dénoncent les diminutions d'impôts pour les sociétés les plus riches quand nous savons qu'ils ont toujours voté pour. Bien des gens oeuvrant dans des groupes environnementaux ont eu un choc en voyant les libéraux voter, de concert avec les conservateurs, pour l'abolition de la Loi sur la protection des eaux navigables, une loi vieille de cent ans qui offrait un modèle de développement durable et était bien en avance sur son temps.
Cette année, les conservateurs ont décidé d'abolir le processus d'évaluations environnementales au Canada. Les conservateurs n'y parviendraient jamais sans la complicité des libéraux. Comment se manifeste cette complicité des libéraux? Ils cachent un nombre suffisant de leurs députés derrière les rideaux à chaque vote sur le budget, pour s'assurer qu'il sera adopté.
L'entorse la plus troublante à une politique sociale judicieuse est la suppression du droit des femmes à un salaire égal pour un travail d'égale valeur, droit qui a toujours été considéré comme allant de soi dans notre société. Les conservateurs ont prévu des amendes élevées pour tout syndicat qui défendrait le droit d'une femme à un salaire égal pour un travail d'égale valeur, et les libéraux ont voté pour.
Je cherche un synonyme pour décrire ce que les libéraux ont fait lorsqu'ils ont voté pour supprimer le droit des femmes à un salaire égal pour un travail d'égale valeur, car il y a des limites à ce que nous pouvons dire au Parlement. Cette mesure était contraire à ce qu'ils disent représenter, mais ils auraient pu voter contre pour préserver ce droit important.
Peu de temps après, les libéraux ont présenté un projet de loi d'initiative parlementaire qui se trouve tellement au bas de la liste qu'il n'a même aucune chance d'être adopté. Voilà un parfait exemple de double langage. Les libéraux votent avec les conservateurs pour enlever aux femmes le droit à l'équité salariale, c'est-à-dire un salaire égal pour un travail de valeur égale. Puis, lorsqu'ils se font prendre, ils présentent un projet de loi d'initiative parlementaire pour prouver qu'ils appuient l'équité salariale. Lorsque cela comptait, lorsqu'ils auraient pu agir à cet égard, ils n'étaient pas là. Par contre, lorsqu'il s'agit de présenter un projet de loi d'initiative parlementaire qui ne servira à rien puisqu'il ne sera jamais adopté, ils sont là pour prendre position.
C'est tout ce que les libéraux savent faire dans ce pays, prendre position. Les écrits de leur chef, où il rebaptise la torture « techniques d'interrogation avancées », ont permis à la Maison-Blanche sous George Bush de cautionner le recours à la torture. Qu'avons-nous entendu de la bouche de George Bush quelques semaines plus tard? Techniques d'interrogation avancées. Où a-t-il pris ce terme? De l'illustre professeur de Harvard, maintenant chef du Parti libéral du Canada. Il s'agit bien de la même personne. Ce n'est pas quelqu'un d'autre qui porte le même nom. Il s'agit bel et bien du même homme qui a qualifié les Canadiens de mauviettes dans le New York Times pour avoir choisi de ne pas participer à la grande guerre que les États-Unis planifiaient en Irak.
Voilà ce qu'est le Parti libéral. Les libéraux s'affichent toujours comme des gens qui, comme leur nom voudrait le laisser croire, croient en la liberté, adhèrent au libéralisme, ont une vision d'ouverture, mais dès que cela compte, ils votent avec les conservateurs pour retirer aux citoyens leurs droits et consentir des allègements fiscaux aux sociétés les plus riches.
[Français]
En somme, chaque fois que les libéraux avaient l'occasion de faire quelque chose de réel pour soutenir les droits et pour maintenir l'économie équilibrée que nous avions bâtie depuis la Deuxième Guerre mondiale, ils étaient absents ou, pire encore, ils ont voté avec les conservateurs.
Plus récemment, ils ont pris l'astuce qui consistait à se cacher derrière les rideaux les uns après les autres. On le voit chaque fois, par exemple, lorsqu'il s'agit de proposer une loi pour empêcher l'emploi de scabs dans les relations de travail. La phalange d'extrême droite chez les libéraux — toujours les mêmes — se lève et vote contre une loi sociale pour empêcher l'utilisation des briseurs de grève. C'est la triste réalité du Parti libéral à l'heure actuelle. C'est une bonne chose qu'au fur et à mesure qu'on voit la droite en train de s'effriter au Québec, que la droite est en train de s'effriter chez les libéraux et que le seul parti social- démocrate au Canada, le Nouveau Parti démocratique, est toujours là pour parler au nom des gens, pour parler de l'équité en termes des aspects sociaux, économiques et environnementaux.
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Monsieur le Président, je souhaite remercier le député de d'avoir partagé son temps de parole avec moi pendant ce débat sur le projet de loi .
Ce projet de loi présentait au une occasion en or de présenter des nouvelles idées, des meilleures pratiques de gestion, une vraie vision pour l'avenir du Canada. Au lieu de cela, nous devons constater que ce projet de loi est un simple processus administratif qui n'inspire aucun espoir, alors que tant de familles canadiennes ont du mal à joindre les deux bouts.
L'économie du Canada a reculé, car ce gouvernement emprunteur et dépensier n'est pas parvenu à stimuler une croissance économique substantielle. Les conservateurs refusent de s'attaquer aux réels défis économiques qui se posent aux familles canadiennes, dont une dette des ménages qui atteint des sommets jamais vus, des coûts exorbitants pour l'éducation postsecondaire et les soins à domicile, une insécurité certaine quant aux régimes de retraite de ceux qui travaillent encore, pour ne pas parler de la perte de 150 000 emplois à temps plein.
Statistique Canada a indiqué que le produit intérieur brut du pays s'est replié de 0,1 p. 100 en juillet, ce qui traduit une contraction globale de l'économie canadienne, tandis que le taux de chômage de notre pays est supérieur de 1,9 p. 100 aujourd'hui à ce qu'il était pendant les dernières élections.
Après une décennie d'excédents budgétaires sous les gouvernements libéraux, les conservateurs ont fait plonger le Canada dans le déficit avant même le début de la récession en augmentant les dépenses gouvernementales de 18 p. 100 dans leurs trois premiers budgets. Aujourd'hui, selon les prévisions, leur déficit record de 54 milliards de dollars n'a pas fini de s'alourdir.
Les dépenses des conservateurs, un gaspillage pour le moins irresponsable, sont la principale raison de l'aggravation de ce déficit record de 54 milliards de dollars.
La solution du semble consister à emprunter 20 milliards de dollars de plus pour faire un cadeau fiscal aux entreprises les plus rentables, un « cadeau » que nous n'avons tout simplement pas les moyens de faire, tandis qu'il ignore les besoins des familles canadiennes en plein désarroi.
En quoi la situation des Canadiens s'est-elle améliorée depuis 2006? Ces milliards de dollars empruntés ont-ils vraiment aidé les familles canadiennes à retrouver une certaine confiance dans l'avenir?
Pendant la dernière campagne électorale, ce gouvernement a promis aux Canadiens et aux Canadiennes qu'il ne tomberait jamais en déficit. Depuis, le gaspillage qui caractérise sa feuille de route s'alourdit sans cesse.
Voici, en quelques chiffres, un tableau rapide de ces dépenses incontrôlées: un montant record de 130 millions de dollars consacré à la publicité éhontée d'auto-promotion; 1,3 milliard de dollars pour une séance de photos de 72 heures lors des réunions du G8 et du G20, somme qui a servi à acheter tout et n'importe quoi, d'un faux lac à des bâtonnets lumineux; de 10 à 13 milliards de dollars pour des méga-prisons à l'américaine, des prisons où seront envoyés tous ces « criminels non signalés », ceux-là même que l'on ne pourra jamais traduire en justice, au moment où le taux de criminalité recule; 16 milliards de dollars pour une entente bâclée sur l'acquisition d'avions chasseurs furtifs, contrat accordé sans concurrence ni garantie d'emplois pour l'industrie canadienne; 6 milliards de dollars en baisses d'impôts annuelles pour les entreprises les plus rentables du pays, des baisses bien au-delà de nos moyens.
Peut-on nier que cette frénésie de gaspillage montre que ce gouvernement n'a aucune idée des préoccupations économiques très réelles des familles de la classe moyenne qui ont de plus en plus de difficulté à joindre les deux bouts?
Les Canadiens attendent de leur gouvernement qu'il utilise de manière responsable les deniers publics, tout en prodiguant les services dont ils ont besoin pour améliorer leur qualité de vie. Je comprends qu'il est difficile d'équilibrer dépenses et économies au milieu de l'actuelle incertitude économique, mais c'est ce qu'un gouvernement efficace et compatissant se doit de faire.
Encore une fois, le projet de loi est une occasion cruellement manquée par ce gouvernement.
Il suffit, pour s'en convaincre, de se reporter à la partie 1, au début de ce projet de loi, et de consulter la Loi sur la prestation universelle pour la garde d'enfants.
Voilà une flagrante démonstration d'occasion perdue. C'est dans ce genre d'inaction que nous voyons à quel point les valeurs conservatrices sont à l'opposé d'une bonne politique publique.
La modification proposée dans cet article du projet de loi vise à diviser la déjà maigre prestation de 100 $ versée aux parents ayant la garde partagée, de sorte que chacun d'eux va recevoir 50 $. Puis-je rappeler à la Chambre que cette prestation est également imposée à la fin de l'année?
Le gouvernement avait une occasion de porter ce montant à un niveau qui aurait vraiment aidé les familles canadiennes à absorber leurs frais de garde d'enfants. Il a plutôt choisi de le diviser encore davantage, ce qui équivaut presque à une sentence de Salomon.
L'essentiel de la question demeure le fait que cette prestation de garde d'enfants d'un montant de 100 $ est une goutte d'eau dans l'océan de dépenses toujours grandissantes qui accablent nos familles. Selon l'endroit où l'on vit, les frais de garde d'enfants varient entre 200 $ et plus de 1 000 $ par mois.
En moyenne, un mois de frais de garde pour un enfant dans la région de Chatham en Ontario s'élève à 826 $, alors qu'un service de garde similaire à Winnipeg, au Manitoba, s'établit à 395 $. Il faut ici souligner le fait que le gouvernement provincial a fixé des coûts maximaux dans cette province.
La ville la moins chère sur cette liste, en ce qui concerne les frais de garde d'enfants, est Montréal, où les frais moyens sont de 205 $. Toutefois, on ne peut pas oublier pas que ce montant se fonde sur la loi fixant le coût des garderies à 7 $ par jour au Québec. Il a fallu, dans ce cas-ci, que la province intervienne pour rendre la garde des enfants abordable pour toutes les familles.
Voici quelques autres coûts moyens dans d'autres villes du Canada: Regina, 415 $; Fredericton, 420 $, Saint John, 430 $; Yellowknife, 605 $; London, 640 $, Kitchener, 650 $; Toronto, 800 $ et ici-même, à Ottawa, 860 $.
N'oublions pas qu'il s'agit de moyennes et que, dans plusieurs cas, les coûts sont beaucoup plus élevés. Et ne nous leurrons pas non plus: on peut certainement trouver des places moins chères, mais comme dans toute autre circonstance, la qualité a un prix.
Comme on pourra le vérifier, ce projet de loi donnait au gouvernement l'occasion de bonifier le montant de la prestation de garde d'enfants, mais il ne l'a pas fait. Au lieu de cela, il a dépensé 130 millions de dollars pour des panneaux d'annonces brillants et des publicités tape-à-l'oeil. Le même montant de 130 millions de dollars aurait permis de financer plus de 21 000 places à temps plein en garderie, et ce pendant un an, afin d'aider des familles canadiennes en difficulté, dont plusieurs parents célibataires qui ont besoin de répondre aux besoins de garderie de leurs enfants.
Le gouvernement avait le choix: consacrer de l'argent à des panneaux-réclame brillants ou offrir un vrai soutien aux familles aux prises avec des problèmes de garde d'enfants. Nous voyons maintenant les priorités foncièrement mesquines de ce gouvernement. C'est désolant, et c'est bien le moins que l'on puisse dire.
[Traduction]
Une autre lacune évidente du projet de loi est la négligence complète des problèmes urgents et véritables qui affligent le pont Champlain, le pont le plus fréquenté du pays et un lien essentiel entre Montréal, la Rive-Sud, les Cantons de l'Est et, bien sûr, les États-Unis.
[Français]
Le gouvernement conservateur s'est contenté d'une solution de fortune en investissant 212 millions de dollars sur 10 ans pour réparer la structure du pont. Malheureusement, quand je me suis informée de la façon dont cet argent avait été dépensé jusqu'à ce jour, j'ai constaté que, comme pour la plupart des autres projets entrepris dans le cadre du Plan d'action économique du gouvernement conservateur, l'argent ne semble pas être au rendez-vous.
La Société des ponts fédéraux Limitée avait prévu dépenser près de 14 millions de dollars au cours de la première année en réparations « urgentes ». Or la première année s'est écoulée, et il appert que la société n'a même pas dépensé 10 millions de dollars. Si le pont a besoin de réparations de toute urgence, pourquoi libère-t-on les fonds au compte-gouttes?
Par ailleurs, lorsque j'ai écrit au ministre des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités en avril 2009 pour m'informer de la possibilité d'aménager le pont de manière à y permettre le transport ferroviaire léger ou d'autres formules de transport en commun, il m'a répondu ce qui suit:
Permettez-moi tout d'abord de préciser que les gouvernements provinciaux et territoriaux ainsi que les administrations municipales sont responsables de la planification et des activités des divers réseaux de transport en commun au Canada. Le gouvernement du Canada n'intervient pas dans la planification, la gestion et l'exploitation de ces réseaux.
Effectivement, mais lorsqu'ils sont sur un pont géré par une société fédérale, il faut que le gouvernement fédéral intervienne.
Allouer de l'argent n'est utile que si cet argent est dépensé pour des projets auxquels il avait été alloué. Je suppose que les conservateurs sont devenus tellement bons en relations publiques qu'ils pensent que tous les investissements s'arrêtent à leur service des communications.
Qui bloque cet important financement? Il est clair que le gouvernement conservateur se lave les mains du pont Champlain et qu'il n'entend plus discuter de la progression des travaux. Aussi, je viens d'apprendre qu'une étude vitale sur l'avenir du pont ou d'une voie secondaire est encore retardée. Le Consortium BCDE a obtenu, fin septembre 2009, un contrat de 1,397 million de dollars pour étudier la faisabilité de construire un nouveau pont dans le corridor du pont Champlain. L'étude devait être menée en 12 mois, mais voilà que sa date d'achèvement est reportée à décembre 2010.
J'attendais avec impatience les résultats de cette étude pour que l'on puisse enfin se doter d'un vrai plan, d'une vraie vision pour l'avenir de ce passage riverain vital. Les raccommodages ne donnent rien, comme le comprennent tous ceux qui empruntent le pont Champlain régulièrement. L'achèvement de l'étude est reporté de trois mois. Qui nous assurera qu'il n'y aura pas encore d'autres délais?
Dans son rapport annuel de 2008-2009, la société Les Ponts Jacques-Cartier et Champlain Incorporée s'engage, dans son objectif 8, à « mener une étude de faisabilité concernant la construction d'un nouveau pont le long du corridor du pont Champlain » et déclare avoir l'intention d'adjuger le contrat de cette étude en juillet 2009. La société Les Ponts Jacques-Cartier et Champlain Incorporée a adjugé le contrat deux mois en retard, et il semble maintenant qu'on doive attendre les résultats encore trois mois. Les gens de la Rive-Sud de Montréal en ont assez des retards quand il s'agit de leur pont. Je suis déçue de voir qu'il ne semble pas s'agir d'une priorité pour la société Les Ponts Jacques-Cartier et Champlain Incorporée, et encore moins pour le gouvernement conservateur.
Toutefois, une véritable manie à vouloir trouver des « silver linings in every cloud » m'a poussée à consulter le projet de loi de long en large en espérant y trouver une perle cachée. Je suis tombée sur la partie 4 dudit projet de loi, qui porte sur des modifications à la Loi sur les banques. Lorsque j'ai vu ce court article, qui se trouve vers la fin du projet de loi , j'avais hâte de voir si le avait tenu parole et y avait fait figurer les modifications que j'avais présentées à la Chambre.
En effet, le 7 octobre 2009, j'ai présenté à la Chambre des communes un projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , qui visait à apporter des modifications importantes au Règlement sur le commerce de l'assurance (banques et sociétés de portefeuille bancaires), afin de garantir que les courtiers en assurances dans les petits et moyens cabinets bénéficient d'une uniformisation des règles du jeu. Ironiquement, le jour même où j'ai présenté ce projet de loi, le a déclaré que le gouvernement avait l'intention d'interdire aux banques canadiennes d'utiliser Internet pour faire de la promotion et pour vendre de l'assurance sur leurs sites Web. Cette mesure faisait l'objet d'une des quatre parties de mon projet de loi. J'y ai vu le signe que, parce que j'avais présenté mon projet de loi d'initiative parlementaire, le gouvernement avait réagi.
J'ai donc écrit au le 19 octobre 2009 pour lui demander d'appuyer mon projet de loi, de façon à ce que nous puissions modifier le règlement une fois pour toutes.
Le ministre a enfin répondu à ma lettre le 29 juillet 2010. Je ne veux pas m'étendre sur la question du temps que le ministre a mis à me répondre, mais neuf mois, alors même qu'il avait soutenu, le 7 octobre 2009, que non seulement il allait écrire aux banques pour qu'elles mettent fin à leur pratique de vente d'assurance dans leurs sites Web, mais que son gouvernement allait adopter une loi contre cela, neuf mois donc, cela me paraît un peu extrême.
Le ministre m'a informée dans sa lettre du 29 juillet 2010 qu'un « projet de règlement » serait bientôt publié préalablement dans la Gazette du Canada et qu'il aborderait la question des banques qui se servent d'Internet pour faire de la promotion et vendre de l'assurance. Nous attendons toujours ces projets. J'espérais trouver ces modifications dans le projet de loi , mais, malheureusement, je suis déçue, elles n'y figurent point.
Considérant que le ministre n'a rien fait de plus que d'émettre des voeux pieux et de formuler quelques menaces verbales, les banques ont déjà répondu en essayant de promouvoir de l'assurance sur les téléphones portables des consommateurs et sur leurs assistants numériques personnes (ANP).
Mon projet de loi élargirait les interdictions faites aux banques de vendre de l'assurance. Il interdirait la promotion de tout produit d'assurance par les banques au Canada dans les succursales, le voisinage, leurs sites Web, leurs guichets automatiques, les téléphones portables et les ANP.
Encore une fois, le projet de loi était une occasion de s'attaquer à cette question et à d'autres questions pressantes. Les conservateurs sont forts sur les promesses non tenues, et nous sommes encore devant une pierre dont ne coulera pas une seule goutte d'eau.
Comme je l'ai indiqué au début de mon intervention, ce projet de loi a un caractère purement administratif. Il ne contient aucune mesure de fond et encore moins de mesure novatrice.
Il s'agit, encore une fois, d'une occasion ratée, d'un nouvel exemple de la politique du laisser-faire de ce gouvernement qui, à maintes et maintes reprises, a prouvé qu'il ne voulait pas gouverner.
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Madame la Présidente, en prévision du budget de 2010, le Bloc québécois a fait une tournée de consultations budgétaires à laquelle ont participé 317 organismes.
Aux quatre coins du Québec, nous avons eu la chance de discuter avec les acteurs du développement du Québec. Nous avons recueilli et étudié toutes les propositions, et nous les avons ensuite soumises au gouvernement conservateur. Les attentes budgétaires du Bloc québécois correspondaient à la volonté des Québécoises et des Québécois, et si le gouvernement les avait mises en oeuvre, elles auraient permis d'assurer au Québec une sortie de crise prospère, durable et verte.
Malheureusement, le gouvernement a manqué l'occasion de répondre adéquatement aux besoins économiques, sociaux, environnementaux et financiers du Québec. Il a démontré de nouveau que, pour le Canada, c'est comme si le Québec n'existait pas. Les conservateurs, appuyés par les libéraux, ont poursuivi des politiques orientées sur les besoins de l'Ontario et de l'Alberta au détriment du Québec. Malgré toutes les belles promesses conservatrices, en 2006, d'une ouverture nouvelle à l'égard du Québec, le budget conservateur ne répond pas aux besoins de l'économie québécoise.
Qu'on parle de la forêt, de l'aéronautique, de l'environnement ou de la culture, les priorités des Québécoises et des Québécois ont été complètement ignorées.
À titre d'exemple, l'industrie automobile, concentrée en Ontario, a reçu 9,7 milliards de dollars, alors que l'industrie forestière, si vitale pour les régions du Québec, n'a reçu que 170 millions de dollars.
En matière d'environnement, domaine à toutes fins pratiques ignoré dans le budget, le gouvernement conservateur a consacré 1 milliard de dollars au développement de la filière nucléaire au profit de l'Ontario, de l'Alberta et des pétrolières. Faut-il rappeler que ces dernières bénéficient déjà de généraux avantages fiscaux?
De plus, aucun nouveau financement ne fut attribué au secteur culturel, essentiel à l'épanouissement de la nation québécoise et à son économie.
Ce que je trouve le plus navrant dans ce budget, c'est qu'il ignore la nécessité de bonifier l'assurance-emploi et le Supplément de revenu garanti, qui maintient nos aînés actuellement dans la pauvreté. Il ignore également la nécessité de s'attaquer aux problèmes du logement social et de l'itinérance.
Le Bloc québécois a voté contre le budget parce qu'il était injuste pour le Québec, mais il ne s'oppose pas idéologiquement à toutes les mesures qui en découlent. Nous préférons examiner au mérite chacune des mesures incluses à ce projet de loi lors des discussions que nous aurons au Comité permanent des finances, et appuyer celles qui seront favorables aux Québécoises et aux Québécois, et que nous avons déjà proposées.
Le Bloc québécois est d'ailleurs favorable à plusieurs initiatives mises en oeuvre dans ce projet de loi. Il faut admettre que certaines sont acceptables, dont les mesures visant à améliorer la répartition des prestations versées pour les enfants. Le gouvernement accepte d'en verser la moitié à chacun des deux parents ayant la garde partagée. On retrouve aussi l'allègement du fardeau fiscal des bénéficiaires d'un Régime enregistré d'épargne-invalidité, un régime conçu pour assurer la sécurité financière des enfants lourdement handicapés. Il y a également la réduction du fardeau administratif des organismes de bienfaisance et de certaines petites entreprises, de même que le resserrement des règles entourant le CELI pour empêcher l'évitement fiscal. De plus, les entreprises cesseront de profiter de la double déduction pour options d'achat d'actions.
Là s'arrêtent les bons côtés du projet de loi actuel. En effet, le Bloc québécois a de nombreuses réserves sur ce projet de loi. Celui-ci confirme la volonté du gouvernement conservateur d'épargner à tout prix les riches contribuables afin de faire payer le déficit à la classe moyenne et aux travailleurs.
On constate aussi que le gouvernement continuera de traiter les options d'achat d'actions comme des gains en capital du commun des contribuables. Le Bloc québécois déplore que seulement la moitié des revenus tirés de l'encaissement des options d'achat d'actions soit assujettis à l'impôt fédéral.
Le gouvernement conservateur pourrait, en toute équité envers les salariés, récupérer plus de 1 milliard de dollars d'impôt en mettant fin à ce cadeau.
Les entreprises ne sont pas mises à contribution pour augmenter les revenus de l'État, sauf qu'elles devront faire des retenues à la source pour s'assurer que les employés qui reçoivent des options d'achat d'actions paient leurs impôts.
En plus, ce projet de loi consacre l'inertie du gouvernement conservateur à l'égard de l'environnement et de la lutte aux gaz à effet de serre. Une seule mesure environnementale est mise en oeuvre; elle vise à encourager la production d'énergie propre.
Le gouvernement n'accède pas aux demandes pressantes du Bloc québécois concernant l'enveloppe de la péréquation et l'augmentation des transferts pour l'éducation et les programmes sociaux. De plus, il fait fi de nos recommandations concernant la sécurité du revenu des retraités.
J'aimerais aborder plus en détail certaines mesures contenues dans le projet de loi que le Bloc québécois souhaite bonifier dans le cadre des travaux en comité.
Premièrement, j'aborde la question des mesures visant l'impôt des organismes de bienfaisance qui est inclus dans la partie 1. Le gouvernement propose de modifier les règles relatives aux sommes qui doivent être consacrées aux activités de bienfaisance par l'abrogation de la règle sur les dépenses de bienfaisance, la modification des règles sur l'accumulation du capital et le renforcement des règles anti-évitement.
Le Bloc québécois estime qu'il est essentiel que les organismes de bienfaisance puissent se concentrer sur leurs activités plutôt que sur la chasse au financement. Dans cet ordre d'idée, nous avons appuyé la campagne visant l'élimination de l'impôt sur les gains en capital lors de dons de biens immobiliers et d'actions de sociétés fermées à des organismes de charité.
Les mesures proposées pourront réduire les tracasseries administratives que confrontent les organismes de bienfaisance. Toutefois, la question du financement de ces organisations demeure largement négligée par le gouvernement. La survie de ces organisations est d'autant plus importante du fait que le gouvernement a réduit drastiquement les budgets alloués aux services sociaux à la population.
En ce qui concerne l'aide internationale, on ne peut que s'inquiéter du désengagement important et de la politique de la peur imposés aux ONG par le gouvernement. C'est un désengagement qui est particulièrement marqué face aux besoins des organismes qui soutiennent des positions ne correspondant pas aux vues du gouvernement.
Lors du budget de 2010, le gouvernement fédéral a annoncé son intention de plafonner les budgets de l'aide au développement, confirmant ainsi qu'il n'allait pas faire les efforts qui s'imposent pour atteindre l'objectif de 0,7 p. 100 du produit national brut.
Le Bloc québécois reconnaît l'importance du rôle joué par les organismes de bienfaisance dans la société québécoise et ailleurs dans le monde. Les Centres de la petite enfance, les associations de bénévoles, les centres régionaux de récupération et de recyclage et les ONG en aide internationale ont tous besoin d'un financement prévisible et à long terme pour accomplir leurs missions respectives.
Le Bloc québécois, en prévision du budget de 2010, a exigé que le gouvernement fédéral cesse de prolonger de manière temporaire certains programmes et de garder le secret sur ses intentions quant au financement des organismes. Le gouvernement crée ainsi de l'insécurité auprès des plus démunis, des groupes communautaires et des organismes de bienfaisance qui leur viennent en aide.
En outre, le Bloc québécois demande que le gouvernement fédéral mette en place un plan réaliste visant l'atteinte de la cible fixée par l'ONU, soit de verser 0,7 p. 100 du PNB à l'aide publique au développement, le plus rapidement possible. Le gouvernement fédéral, s'il n'accorde pas ces hausses budgétaires à son enveloppe d'aide au développement, nuira grandement au travail primordial des organismes de bienfaisance oeuvrant dans les pays en voie de développement.
Le mois dernier, j'ai eu la chance de participer à une mission parlementaire dans deux des pays les plus pauvres d'Afrique, soit le Bénin et le Burkina Faso. Les parlementaires de ces pays nous ont témoigné leur appréciation de la qualité de l'aide que le Canada leur apporte. Ils ont toutefois manifesté leur grande inquiétude devant la décision récente du Canada de ne plus les considérer prioritaires puisqu'ils ne sont pas inclus dans la nouvelle liste des pays sur lesquels se concentre notre aide internationale. Voilà le résultat du désengagement du gouvernement.
La partie 3 du projet de loi traite des mesures concernant les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces. De tels arrangements à la pièce, conclus selon le bon vouloir du gouvernement fédéral, sont destinés à faciliter le partage des impôts entre le Canada et le Québec.
Le Bloc québécois estime qu'il est grand temps d'amorcer une procédure sérieuse pour que le Québec perçoive la totalité des impôts versés sur son territoire. C'est pourquoi nous demandons au gouvernement fédéral d'entreprendre des pourparlers avec le gouvernement du Québec pour élaborer un rapport d'impôt unique à percevoir par le Québec, sur la base d'une entente semblable à celle de la TPS, pour la totalité des impôts sur le territoire du Québec.
Depuis 1991, le gouvernement du Québec perçoit la taxe sur les produits et services pour le compte du gouvernement fédéral, lequel le compense pour ce service. Le Bloc québécois estime que le Québec devrait aussi percevoir la totalité de l'impôt sur le revenu. Non seulement les entreprises et les particuliers pourraient-ils économiser d'importantes sommes d'année en année, mais la réduction des coûts permettrait des économies récurrentes qui réduiraient la pression sur les finances publiques. Le fait de maintenir deux structures distinctes pour l'administration des impôts oblige les Québécoises et les Québécois à assumer des coûts administratifs très élevés. La mise en place d'un rapport d'impôt unique par le gouvernement du Québec permettrait d'économiser des centaines de millions de dollars en coûts de chevauchement.
La partie 7 du projet de loi, qui traite aussi des mesures concernant les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces, s'intéresse en particulier aux transferts totaux, dont la péréquation. L'État québécois est perdant dans ce projet de loi, tout comme il l'était dans le budget de 2010, où les conservateurs ont maintenu leur décision de plafonner unilatéralement les paiements de péréquation.
Comme l'enveloppe de péréquation est dorénavant plafonnée, le montant total de la péréquation sera établi en fonction de la croissance économique, ce qui fera perdre au Québec plusieurs milliards de dollars au cours des prochaines années. En outre, au cours de ces prochaines années, la part du Québec pourrait diminuer. Si la richesse relative de l'Ontario par rapport à celle du Québec diminue, l'Ontario touchera une plus grande part de l'assiette tandis que la part du Québec diminuera.
Rien, non plus, n'est dit dans ce projet de loi sur le calcul d'une partie des revenus d'Hydro-Québec, calcul qui prive le gouvernement québécois de 250 millions de dollars additionnels.
Finalement, rien n'est prévu au chapitre des transferts pour l'éducation et les programmes sociaux. Le Bloc québécois réclame une augmentation substantielle des investissements pour ces programmes afin de revenir au niveau indexé de 1994-1995. Une telle bonification permettrait au Québec de recevoir 800 millions de dollars de plus annuellement pour financer ses programmes sociaux.
Le gouvernement offre une fin de non-recevoir aux demandes pressantes du Québec pour la hausse des transferts fédéraux, notamment en éducation. La croissance des transferts en santé et en éducation est compromise à partir de 2014-2015, la Loi sur les arrangements fiscaux avec les provinces ne prévoyant plus de croissance pour ces transferts au-delà de 2014.
Le projet de loi ne prévoit en outre aucune compensation pour l'harmonisation de la taxe de vente au Québec. Malgré les demandes unanimes du Québec pour que le gouvernement accorde cette compensation financière évaluée à 2,2 milliards de dollars pour l'harmonisation de la taxe de vente, cette compensation lui est encore refusée. Une compensation totale de 6,86 milliards de dollars a pourtant été allouée à l'Ontario, à la Colombie-Britannique et à trois provinces de l'Atlantique.
En ce qui concerne les principaux transferts au Québec, le gouvernement fédéral doit revenir sur sa décision de modifier unilatéralement la formule de péréquation et permettre au Québec de recevoir les sommes auxquelles il a droit. Il doit donc éliminer le plafonnement de la péréquation et prévoir un traitement juste des ressources hydrauliques du Québec dans la formule de calcul.
De plus, le gouvernement fédéral doit hausser le transfert canadien dans les programmes sociaux. Le Bloc québécois réclame une augmentation substantielle des investissements pour ces programmes, afin de revenir au niveau indexé de 1994-1995.
Le projet de loi , comme le budget de 2010, passe complètement à côté de la réalité économique des Québécoises et des Québécois.
Malheureusement, nous sommes forcés de constater que les conservateurs n'ont pas encore saisi l'occasion pour le Québec. Ce projet de loi de mise en oeuvre du budget de 2010, s'il propose certaines mesures intéressantes, ne révèle malheureusement aucun changement de cap fondamental des conservateurs.
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Madame la Présidente, je suis heureux d’avoir l’occasion de participer au débat sur le projet de loi , qui fait partie du processus budgétaire du gouvernement.
Ce n’est un secret pour personne que nous sommes actuellement à un point de notre histoire où nous sommes aux prises avec de grandes difficultés. Les choses évoluent très rapidement. Nous ne sommes pas encore sortis de la récession, ce qui fait que les gens ont besoin d’aide. La classe moyenne de même que les Canadiens les plus défavorisés s’attendent à recevoir de l’aide.
En fin de compte, les budgets, y compris celui-ci, sont une affaire de choix. Les gouvernements font des choix qu’ils font figurer dans des budgets. Plus tard, ils sont jugés en fonction de ces choix. Il est utile, lorsqu’on discute d’un sujet lié de près ou de loin à l’économie du pays, de savoir ce que les Canadiens pensent de l’économie, de leur propre situation et de la vie de leur famille.
Permettez-moi de faire part à la Chambre d'un certain nombre de faits.
Voici ce que dit Recherche économique RBC: Aujourd’hui, la famille canadienne moyenne doit consacrer 49 p. 100 de son revenu au logement si elle possède une maison ordinaire à deux étages, à un moment où les taux hypothécaires sont à leur plus bas. Autrement dit, les gens consacrent la moitié de leur revenu à leur maison et savent que si les taux d’intérêt montent, cette proportion montera aussi.
Voici maintenant ce que dit le Groupe financier BMO: 64 p. 100 des parents craignent de ne plus avoir les moyens de payer le prix toujours plus élevé des études postsecondaires. Je suis sûr que l’Alliance canadienne des associations étudiantes et la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants sont du même avis.
D'après l’Association médicale canadienne, 80 p. 100 des Canadiens craignent que la qualité des soins de santé ne baisse au cours des trois prochaines années.
D'après la Société canadienne du cancer, les familles canadiennes s’inquiètent du coût des soins à donner à un être cher atteint d’une maladie en phase terminale. Ce coût est actuellement de 1 000 $ par mois sans compter le revenu perdu à cause des congés pris pour s’occuper du malade. Je reviendrai sur cette question plus tard.
Selon l’Institut canadien des actuaires, 72 p. 100 des Canadiens qui se préparent à prendre leur retraite se demandent s’ils pourront garder un niveau de vie décent et une qualité de vie raisonnable.
D'après Recherche économique RBC, 58 p. 100 des Canadiens sont préoccupés par leur niveau d’endettement actuel qui, avec une moyenne à 41 470 $ par tête, est le pire des 20 pays avancés de l’OCDE.
Selon l’Association canadienne des paiements, 59 p. 100 des Canadiens croient qu’ils auraient des difficultés financières si leur chèque de paie tardait d’une semaine. Pensez-y. Plus de la moitié de tous les Canadiens craignent d’être en difficulté s’ils reçoivent leur paie avec une semaine de retard.
Nous vivons donc dans un pays où énormément de gens sont très inquiets.
Je voudrais mentionner un chiffre qui a été porté à la connaissance des parlementaires la semaine dernière, je crois, par l’Association des collèges communautaires du Canada. Il met en évidence le défi auquel le pays doit faire face ainsi que la raison pour laquelle nous avons besoin d’un gouvernement assez audacieux et responsable pour relever ce défi.
Aujourd'hui, 44 p. 100 des Canadiens ne font pas partie de la population active. Il s'agit des enfants, des aînés et des chômeurs. Or, cette proportion grimpera à 57 p. 100 en 2026 et à 61 p. 100 en 2031. Dans 20 ans, 61 p. 100 des Canadiens ne seront pas sur le marché du travail.
Par son éloquence, cette statistique nous rappelle que la partie est loin d'être gagnée pour le Canada et que nous devons absolument tirer parti du potentiel humain de tous les Canadiens. Nous, parlementaires, devons faire tout ce qui est en notre pouvoir, et le gouvernement doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour que tous les Canadiens puissent atteindre le niveau de scolarité et acquérir les compétences qu'ils devraient avoir. Malheureusement, la récession, qui n'est pas encore tout à fait terminée au Canada, a fait beaucoup plus mal à un groupe de citoyens qu'aux autres.
Un grand ami à moi, qui s'appelait D. Scott McNutt et qui est décédé dernièrement, disait toujours que, « quand la marée monte, tous les bateaux montent en même temps », ce qui pourrait nous laisser croire que, quand l'économie prend du mieux, tout le monde en profite. Or, le fait est que ce ne sont pas tous les bateaux qui montent avec la marée et que les pauvres et les démunis souffrent plus que les autres.
C'est ce que nous a appris l'organisme Citizens for Public Justice dans un rapport publié l'an dernier, où on peut lire que, durant la récession, le taux de pauvreté au Canada a grimpé dangereusement. Il avait pourtant diminué au cours des deux décennies précédentes, notamment chez les aînés, même s'il est vrai que de nombreuses femmes célibataires vivaient encore dans la pauvreté. Et s'il avait baissé, c'est parce que l'économie se portait relativement bien et que nous avons introduit toutes sortes de mesures, comme la prestation fiscale pour enfants ou le Supplément de revenu garanti.
Quoi qu'il en soit, de 2007 à 2009, le taux de pauvreté est passé de 9,2 à 11,7 p. 100 au Canada, toujours selon Citizens for Public Justice et leur partenaire, Vision mondiale. Chez les enfants, le taux de pauvreté est passé de 9,5 à 12 p. 100.
Ce sont des statistiques qui font réfléchir. Elles n'indiquent pas que les souffrances des plus démunis du Canada ont été proportionnelles, mais bien qu'elles ont été disproportionnées, que ces gens ont obtenu moins que le reste de la population.
Bilan-Faim de novembre dernier, le rapport de Banques alimentaires Canada, indiquait que le recours aux banques alimentaires a augmenté de 18 p. 100 au Canada. C'est une augmentation plutôt stupéfiante.
Il y a environ deux semaines, j'ai pu discuter avec des représentants de Feed Nova Scotia, dans ma propre province, et ils faisaient état de statistiques semblables. Dans le rapport annuel de l'organisme, on lit:
Quarante mille Néo-Écossais ont faim chaque mois — des mères, des pères, des grands-parents et, ce qui est peut-être le plus triste de tout, des enfants et des adolescents. La faim n'a pas de barrières. Elle existe dans toutes les collectivités de la province et ses répercussions sont vraiment profondes.
La faim augmente au Canada et à un rythme préoccupant.
Le nombre de cas traités par l'aide sociale, soit plus de 900 000 Canadiens vivant dans la pauvreté, a augmenté.
Le prix des aliments a augmenté de 5 p. 100 et, ces dernières années, le prix des aliments de base, soit ceux dont tout le monde a besoin, a augmenté de 10 p. 100.
L'endettement du ménage moyen a augmenté de 5,7 p. 100.
Le nombre de faillites a augmenté de 36 p. 100.
Nous n'avons pas l'infrastructure sociale pour faire face à la situation et, plus particulièrement, au moment de son programme de relance, le gouvernement n'a pas fait les investissements nécessaires. En fait, beaucoup d'économistes peuvent confirmer que la meilleure forme de stimulant économique est celui qui va directement aux gens qui en ont le plus besoin, soit les chômeurs et les personnes marginalisées, parce qu'ils dépensent l'argent reçu. Ils reçoivent l'argent et ils le dépensent. S'il y a une chose que, selon moi, tous les Canadiens voudraient faire, c'est d'aider ceux dont les besoins sont les plus grands.
La bonne nouvelle sur le front de la pauvreté, c'est que des gens sont actifs. Il y a une mobilisation nationale. Un forum social a été organisé par Campagne 2000. Nous avons connu le 20e anniversaire, triste anniversaire, du jour où le Parlement a déclaré que nous éliminerions la pauvreté avant l'an 2000.
Le Parlement a adopté une nouvelle motion et nous espérons que nous ferons mieux.
Le député de a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire sur la lutte contre la pauvreté. Il convient aussi de souligner que six provinces et un territoire ont des stratégies de lutte contre la pauvreté.
Le problème, c’est que le gouvernement ne répond pas à ces besoins. Pas du tout. Nous l’avons constaté à bien des points de vue. Dans le budget de stimulation économique de 2009, les mesures permanentes comme les réductions d’impôt n’ont pas vraiment aidé les gens ayant les plus faibles revenus. Le budget a aidé les gens comme les députés et moi-même qui touchons 150 000 $ et plus. Il y a une argumentation économique pour agir de la sorte, et je ne le conteste pas. Néanmoins, nous conviendrons tous que ceux qui gagnent 30 000 $ ou moins auraient dû recevoir d’un budget de stimulation économique un peu plus que les députés et les sénateurs.
Une loi fédérale visant à éliminer la pauvreté a été proposée à la Chambre, mais le gouvernement ne fait rien. En juin 2009, en guise de réponse à l’examen périodique de l’ONU qui disait notamment que le Canada devrait se doter d’une stratégie de lutte contre la pauvreté, le gouvernement a opposé un refus: « Non, ce n’est pas notre problème; cela ne relève pas de notre compétence. » Pourtant, les six provinces et le territoire qui ont un plan de lutte contre la pauvreté disent à notre comité, à moi, à mes collègues de Laval et de et à d’autres, qu’ils ont besoin de l’intervention du gouvernement fédéral, au moins pour admettre que la pauvreté est un problème qui nous touche tous et que nous avons tous une responsabilité à cet égard.
La pauvreté ne reçoit pas l’attention nécessaire. Il y a des Canadiens qui souffrent.
Je voudrais dire un mot de l’éducation. Revenons sur cette donnée statistique: aujourd’hui, 44 p. 100 des Canadiens ne font pas partie de la population active, et cette proportion passera à 61 p. 100 d’ici 2031.
Le Canada a de la chance. Il a très bien réussi et souvent plus grâce au hasard qu’à une action délibérée. Le pays est riche. Il est doté d’abondantes ressources naturelles. Les gens ne viennent pas chez nous pour se battre. À cause des changements climatiques, nous avons davantage de catastrophes naturelles comme celles qui se produisent ailleurs, mais elles ne nous frappent pas comme elles frappent d’autres pays. Nous n’avons pas les terribles tsunamis qui ont dévasté d’autres régions du monde. Ces drames sont moins fréquents au Canada qu’ailleurs.
Notre pays a beaucoup de chance et il a été béni. Nous avons également profité de notre richesse pour instruire notre population, mais nous perdons du terrain. Nous avons accomplis de grands progrès dans les domaines de la recherche et de l’innovation à compter du début du siècle: investissement dans la Fondation canadienne pour l'innovation et Génome Canada, majoration des budgets des conseils subventionnaires, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, du Conseil de recherches en sciences humaines, des Instituts de recherche en santé du Canada et de toutes ces organisations. Nous avons beaucoup progressé.
Par contre, nous commençons à relâcher nos efforts alors que d’autres pays ont commencé à se dire: « Nous pouvons en faire autant chez nous » et non seulement en recherche et en innovation, où ils investissent maintenant, mais aussi dans le choix des établissements où leurs étudiants choisissent d’aller faire leurs études. Ces étudiants viennent au Canada, et les autres pays veulent que nos étudiants aillent chez eux. C’est une bonne idée.
Nous voulons que les étudiants canadiens aillent à l'étranger. Nous voulons que des étudiants étrangers viennent au Canada. Nous devons également reconnaître que nous avons un problème. Nous devons veiller à l'éducation des citoyens canadiens. Nous devons permettre à tous les Canadiens d'atteindre leur plein potentiel et nous assurer qu'ils peuvent faire les études nécessaires, non seulement pour leur propre bien, ce qui est important, mais aussi pour le bien du pays.
Dans un rapport publié par ABC Life Literacy Canada, on apprend ce qui suit:
[...] la population active comprend 3,1 millions de Canadiens en âge de travailler dont les capacités de lecture et d'écriture se situent au niveau 1, le niveau le plus faible selon l'Enquête internationale sur la littératie des adultes, et 5,8 millions de Canadiens en âge de travailler dont les capacités se situent au niveau 2. Ces 8,9 millions de personnes représentent près de 50 p. 100 de population active.
Beaucoup de Canadiens ont de la difficulté à lire et à écrire. Quatre Canadiens sur dix dans la tranche d'âge de 16 à 65 ans ont de faibles capacités de lecture et d'écriture. C'est un problème. Il faut s'y attaquer. Il faut s'assurer que les gens peuvent atteindre le niveau d'alphabétisation souhaité.
C'était un triste moment dans ma carrière de parlementaire quand un homme est venu me parler et m'a dit: « Écoute, Mike, je ne me suis jamais particulièrement bien débrouillé au travail. J'ai fait de mon mieux. Je travaille fort. On m'a offert une promotion, mais pour l'obtenir, il fallait que je passe un test d'aptitude à lire et à écrire. » Il avait peur de perdre son emploi initial s'il n'obtenait pas le résultat voulu au test d'aptitude.
Nous avons besoin de gens comme lui. Il est dans leur intérêt et dans notre intérêt à tous de leur permettre d'atteindre le niveau d'alphabétisation souhaité.
Pour ce qui est des Canadiens autochtones, dans le cadre de l'étude sur la pauvreté qu'il a effectuée en mai, le Comité des ressources humaines s'est rendu à la Première nation du lac Simon, au Québec, et dans la réserve Kitcisakik. J'aimerais citer quelques faits que nous avons recueillis lors de notre visite.
Je vais commencer par la Réserve du Lac Simon. Pour ce qui est du niveau de scolarité, sur les 705 résidants âgés de 15 ans ou plus, 555 n'avaient aucun certificat ou diplôme. Quarante avaient un diplôme d'études secondaires; quarante-cinq avaient un certificat d'apprentissage ou un certificat professionnel; vingt avaient un diplôme de collège, de CEGEP ou d'une autre institution non universitaire. Trente-cinq seulement détenaient un certificat universitaire. J'invite les députés à réfléchir à ces chiffres. Sur les 705 résidants adulte en âge de travailler, 555 n'avaient aucun certificat ou diplôme. La population active ne comprenait que 220 personnes. De ce nombre, 175 avaient un emploi. Le taux d'emploi au Lac Simon est de 24,8 p. 100.
Nous nous sommes ensuite rendus dans la communauté de Kitcisakik. Je vous donne les chiffres pour cet endroit. En 2006, sur les 170 résidants âgés de 15 ans ou plus, 145 n'avaient aucun certificat ou diplôme. Quinze avaient un diplôme d'études secondaires. Dix avaient un diplôme de collège ou de CEGEP et dix autres détenaient un diplôme universitaire. Je répète que, sur les 170 résidants, 145 n'avaient aucun certificat. La population active comptait 85 membres et le taux d'emploi se situait à 31,2 p. 100.
Je ne mentionne pas ces chiffres afin de sensibiliser les députés de la Chambre. Nous savons qu'il existe un problème, mais que faisons-nous pour le régler?
Il existe à la fois un argument fondé sur la justice sociale et un argument économique chez nous. Nous ne pouvons pas tolérer une telle situation au Canada. Cette situation ne devrait pas exister dans un pays aussi riche que le nôtre. Nous devons faire en sorte que, d'ici l'an 2031, ces gens ne soient plus parmi les 61 p. 100 qui ne font pas partie de la population active. Ces gens ne veulent pas faire partie des 61 p. 100 qui ne sont pas des membres de la population active. Ils veulent appartenir au groupe de personnes qui gagnent leur vie et qui contribuent à améliorer notre société. Nous sommes tous en faveur d'un tel changement. Toutefois, il faut faire des efforts, prendre un engagement et croire fermement que nous sommes capables d'effectuer ce changement. Or, nous sommes loin de faire tout ce qui est nécessaire à cette fin.
C'est une question de choix. Le gouvernement conservateur a choisi de dépenser dans certains secteurs, et nous nous servons tous des chiffres et des statistiques de façons différentes.
Je veux dire un mot sur les sommets du G8 et du G20, dont la facture s'est élevée à 1,3 milliard de dollars. Je vais mentionner les coûts d'autres sommets, aux fins de comparaison. Commençons par les coûts engagés pour la sécurité au sommet du G8. En 2009, ces coûts se sont élevés à 124 millions de dollars en Italie. L'année précédente, ils s'étaient chiffrés à 280 millions de dollars au Japon, et à 124 millions de dollars en Allemagne.
Je me rappelle, et je suis certain que le député de s'en rappelle aussi, les jours mémorables de 1995 où nous avons accueilli le G7 à Halifax. Au total, le sommet a coûté 30 millions de dollars. Bill Clinton, John Major, Boris Yeltsin et d'autres chefs d'État sont venus à Halifax. C'était une expérience très positive. Je remercie l'ancien premier ministre Chrétien et le ministre régional de l'époque, David Dingwall, du travail qu'ils ont accompli pour amener ce sommet à Halifax.
Les sommets sont des réunions dans le cadre desquelles on fait avancer les choses. Ces sommets portent leurs fruits s'ils sont organisés dans un environnement positif, propice au travail, et si notre attention n'est pas détournée par des coûts qui montent en flèche en raison de faux lacs, de pavillons et de ce genre de choses.
Voici des gros titres publiés dans Quorum aujourd'hui: « La Chambre des communes enquêtera sur les dépenses et la sécurité au G8/G20 » et « Gaspillage des fonds de relance pour la piste de danse et le pavillon ». Pour les millions de Canadiens qui regardent CPAC et qui ne savent pas ce qu'est Quorum, c'est un résumé quotidien des gros titres publiés dans les médias.
Nous devons déterminer ce que les Canadiens veulent. Le gouvernement, qu'il soit formé par le Parti libéral, le Parti progressiste-conservateur ou par tout autre parti qui aspire à gouverner ce pays, doit être responsable de ses décisions.
Cela m'amène à l'annonce que mon propre chef a faite cette semaine, laquelle cadre bien avec une discussion sur le budget. C'est un projet chiffré, qui respecte parfaitement le principe de la responsabilité, et c'est un choix clair pour les Canadiens, concernant ce à quoi ils souhaitent voir employer les deniers publics. C'est après tout cet argent qui est utilisé pour financer les priorités du gouvernement qu'ils élisent. Avec le Plan libéral pour les soins familiaux, ils ont maintenant un choix clair.
J’ai déjà raconté à la Chambre les circonstances qui m’ont amené à agir moi-même en tant qu’aidant naturel, dans ma famille. Comme c'est le cas d'à peu près tous les députés, il m’est arrivé de m’occuper moi-même d’êtres chers qui étaient malades. Deux de mes proches sont morts du cancer presque en même temps, à six semaines d’intervalle. Tous deux sont morts à la maison. C’était triste, mais c’était beaucoup mieux que s’ils n’avaient pas eu de parents pour prendre soin d’eux ou s’ils n’avaient pas eu les ressources financières nécessaires. Beaucoup de Canadiens n’ont pas ces possibilités. Bien des Canadiens qui prennent soin de parents malades, qu’il s’agisse d’un enfant autiste, d’un adulte handicapé, d’un frère ou d’une sœur ou d’un parent âgé, n’ont pas autant de possibilités.
J’ai déjà parlé de l’une des rencontres les plus tristes que j’aie faites en tant que parlementaire, soit la fois où une personne qui avait de la difficulté à lire et à écrire m’a dit qu’elle avait besoin que le gouvernement fasse davantage. C’était à une époque où le gouvernement venait de réduire de 1 million de dollars le financement des programmes d’alphabétisation.
L’un des plus beaux jours de ma vie de parlementaire était assez imprévu. Des représentants de la Société de la sclérose latérale amyotrophique m’ont rendu visite mardi. Beaucoup d’autres députés ont aussi reçu leur visite. Une femme que d’autres députés ont aussi rencontrée est venue me remercier. Cette femme a perdu son mari, qui est mort à 45 ans de la SLA, la sclérose latérale amyotrophique, dans des circonstances très pénibles. Elle avait alors des jumelles de 14 ans. Elle m’a dit qu’elle était venue au Parlement l’an dernier et qu’on l’avait écoutée.
Le Plan pour les soins familiaux que notre chef a présenté répond bien aux besoins des Canadiens. Si l’on prend ce qui est offert par le programme d’assurance-emploi, qui accorde six mois, et qu’on y ajoute l'aide fiscale prévue pour les aidants naturels, les gens trouvent que les six semaines de prestations de soignant ne sont pas très utiles. Cette période doit être plus longue. Il faut aussi que le régime offre plus de souplesse, et pas seulement pour les gens qui s’occupent d’une personne ayant la SLA. Il peut s’agir, par exemple, d’un parent qui a la sclérose en plaques, qui est dépressif, qui reçoit un traitement contre le cancer. Les gens doivent pouvoir choisir de recevoir les prestations quand ils le veulent, au cours de cette période de six mois.
Il est plutôt rare que les gens qui sont malades pendant cinq mois et demi se portent soudainement mieux et continuent à vivre leur vie. Bien souvent, ils ont besoin du soutien de leur famille quelques semaines par-ci par-là. Il faut également que le régime soit assez souple pour permettre aux membres de la famille d'être présents. À six semaines, le choix n'existe pas vraiment. La prestation fiscale pour obligations familiales, qui se fonde sur la prestation fiscale pour enfants, est également une mesure qu'ont demandée les gens confrontés à des choix personnels difficiles. Comme tous les députés, j'ai rencontré dans ma circonscription des gens qui vivent des situations qui font que nous voulons tout simplement les aider davantage. Dans certains cas, nous ne le pouvons pas. Or, ces gens ont besoin d'une aide de ce genre.
Le projet de loi fait partie du budget. Or, les budgets demandent de faire des choix. Nos mesures représentent-elles les valeurs des Canadiens? Allons-nous au devant des besoins des citoyens? Répondons-nous à leurs besoins réels ou, pour des raisons politiques ou idéologiques, aux besoins que nous croyons qu'ils ont?
Selon moi, le budget qu'a présenté le gouvernement n'aide pas assez les gens qui ont le plus besoin de soutien. Il est question de Canadiens de classe moyenne ou à faible revenu qui ne sont pas responsables de leur situation et qui ont besoin de l'aide du gouvernement. Ils ont besoin que le gouvernement se range de leur côté et qu'il offre le soutien dont ils ont besoin. Le Canada peut faire mieux.
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Madame la Présidente, je suis très heureux aujourd'hui de parler du projet de loi , autre projet de loi d'exécution du budget. En fait, le gouvernement veut qu'on l'appelle la .
C'est certainement en quoi la situation est difficile parce que, sur le plan macro-économique, sur le plan mondial, nous voyons des pays qui en arrachent bien plus que nous, en ce moment. Il suffit de penser à l'Europe et à ce qui se passe en Islande, qui a dû déclarer faillite au cours des deux dernières années, ainsi qu'en l'Irlande et au Portugal. Nous ne pouvons qu'être désolés des mesures qui sont prises dans ces pays, car un grand nombre de travailleurs dans ces pays souffrent beaucoup des mesures d'austérité qui leur sont imposées par le FMI.
Nous n'avons pas encore eu à faire face à cette situation, mais notre situation économique est très, très différente du fait que notre économie est étroitement liée à l'économie américaine. En fait, ce n'est que depuis quelques mois — et je ne suis même pas certain que ce soit chose faite — qu'on réalise que 1,3 billion de prêts commerciaux viendront à échéance aux États-Unis. Au printemps, le crédit pour les PME a été gelé. Les banques se sont mis à considérer les prêts commerciaux comme risqués. Elles ont donc adopté des politiques de prêt très prudentes. Les fabricants ont eu de la difficulté à obtenir des marges de crédit.
En 2008, les 400 plus grands entrepreneurs américains faisaient 80 p. 100 de leurs affaires dans le secteur privé. Maintenant, deux ans plus tard, ils font 80 p. 100 de leurs travaux dans le secteur public. Or, le travail finira par manquer, aux États-Unis et au Canada, au cours des prochains mois. On se demande ce qui se passera lorsque les programmes de relance des deux pays expireront, ce qu'il adviendra du taux de chômage. On pourrait assister à une hausse du taux de chômage, avec tous les problèmes que cela engendre.
La reprise est fragile pour l'instant et les inquiétudes ne manquent pas. La question est de savoir comment le gouvernement réagit à cette situation et s'il réagit correctement. Notre parti estime qu'il se trompe de priorités.
Prenons simplement comme exemple l'Allemagne où Hermann Scheer, un politicien du groupe des Verts, a joué un rôle de catalyseur pour axer la politique future de l'Allemagne sur la création d'énergie verte. Depuis un an, on a cité dans la presse de nombreux exemples des grands progrès réalisés par l'Allemagne dans la mise au point d'énergie verte.
Notre démarche au Canada est beaucoup plus frileuse. Il y avait une entreprise qui fabriquait des panneaux solaires. Je crois que c'était ARISE Technologies, à Waterloo. Comme son directeur, Ian MacLellan, ne trouvait pas beaucoup d'encouragement au Canada, il a accepté la proposition du gouvernement allemand de construire une usine en Allemagne de l'Est. Actuellement, son usine ne réussit pas à répondre à la demande de panneaux solaires du marché allemand. Je crois qu'elle a plusieurs années d'arriéré. L'entreprise se développe à une vitesse vertigineuse et je crois qu'on va construire d'autres usines pour répondre à la demande. Encore une fois nous avons raté le coche, car désormais l'Allemagne a un avantage sur le Canada, et l'écart ne va faire que se creuser.
Au Canada, cela doit bien faire 20 ans ou même plus qu'on discute du réseau électrique est-ouest. L'idée serait de construire un réseau est-ouest pour importer par exemple de l'énergie hydroélectrique du Manitoba, qui ne fonctionne qu'à 50 p. 100 de sa capacité. Au lieu d'envoyer toute cette énergie aux États-Unis, comme c'est le cas maintenant puisque toutes les lignes sont nord-sud, il faudrait la distribuer sur un axe est-ouest pour aider l'Ontario à se débarrasser des usines au charbon et éviter de devoir mettre en place des centrales nucléaires au cours des prochaines années.
Mais là encore, on attend toujours de voir le gouvernement fédéral prendre une initiative. Dix des 14 députés du Manitoba sont des conservateurs, mais un seul d'entre eux est intervenu sur cette question au cours de la dernière année. Le en a parlé. Les 14 députés de la Saskatchewan sont tous des conservateurs. Il faudrait savoir de ce qu'ils pensent de cette question. Ce sont les 14 députés de la Saskatchewan et les 10 députés du Manitoba qui devraient être les meneurs de la campagne pour essayer d'obliger le gouvernement à élaborer un plan de distribution de l'électricité sur un axe est-ouest.
Leur prédécesseur, John A. Macdonald, caressait un rêve d'unité nationale, qui consistait à construire un chemin de fer reliant l'Est et l'Ouest du pays, plutôt que d'en construire un nord-sud. En fait, sans la construction du chemin de fer, les Américains auraient probablement conquis certaines parties de ce pays que nous appelons aujourd'hui Canada.
Mais revenons au présent. Où est cette vision conservatrice de John A. Macdonald? Le gouvernement suit toujours cette idéologie selon laquelle l'économie est reine. Il coupe au moins cher et au plus rapide, même si cela signifie faire courir tous les pipelines et les lignes de transmission d'électricité du nord au sud. Tant pis pour cette vision nationale commune d'un réseau électrique est-ouest.
Un tel réseau permettrait de créer de nombreux emplois qui contribueraient à stimuler l'économie et qui seraient bien nécessaires une fois l'argent des mesures de relance épuisé. Je continue d'espérer que les députés conservateurs du Manitoba et de la Saskatchewan se rallieront à cette idée et la feront cheminer.
On estime que l'énergie éolienne constitue une avenue qu'il faudrait encourager, mais quelles initiatives le gouvernement a-t-il mis de l'avant à ce sujet? Je me souviens qu'il y a 20 ans, en 1992, on a construit plusieurs éoliennes à Pincher Creek, en Alberta. Je suis même déjà allé les voir. Bien entendu, les éoliennes et leur technologie ont évolué. À voir ces éoliennes aujourd'hui, on se croirait presque dans un musée. Ces éoliennes de 1992 paraissent en effet bien petites à côté des immenses turbines modernes.
Je le répète, le Canada a gaspillé une occasion de développement économique, car la construction des turbines pourrait créer de nombreux emplois. Cette industrie s'est développée dans les pays scandinaves. Les entreprises qui construisent les turbines proviennent de pays scandinaves comme le Danemark, et elles n'ont cessé de croître et de s'améliorer au fil des ans. Nous avons envisagé la construction d'éoliennes, sans succès.
Nous avons examiné cette activité au Manitoba. Pour une raison ou une autre, rien ne se fera de ce côté.
Par contre, le Dakota du Nord et le Dakota du Sud ont des manufactures d'éoliennes.
Encore une fois, nous faisons du rattrapage. Nous ne sommes même pas dans la partie. Des parcs d'éoliennes ont été aménagés à Gull Lake, en Saskatchewan et on y produisait 99 mégawatts. Il y a environ 10 ans de cela. Cependant, depuis ce temps, ce sont d'autres régions du Canada qui aménagent de tels parcs. C'est un autre secteur majeur sur lequel le gouvernement devrait se concentrer.
Quelle est la vision du gouvernement? Ces secteurs semblent en être exclus. En fait, sa solution au développement économique semble être jusqu'à maintenant la multiplication des prisons. Il a annoncé 9 milliards de dollars pour l'expansion de nos pénitenciers.
D'ailleurs, dans son projet de loi, le gouvernement donne à entendre qu'il va s'en prendre au CELI, le compte d'épargne libre d'impôt, qui a été mis sur pied il y a environ deux ans. De toute évidence, un problème est apparu et des individus bien organisés — des contribuables gagnant les revenus les plus élevés serait plus précis, je crois — ont dépassé le plafond des cotisations à un CELI. Le gouvernement va sévir, et avec raison. Cependant, s'attaquera-t-il à tous ceux qui investissent dans des paradis fiscaux?
Tout juste la semaine dernière, un employé d'une banque du Liechtenstein a quitté la banque avec des disquettes informatiques. Il a vendu les données de ces disquettes au gouvernement allemand. L'Allemagne a ainsi pu récupérer des sommes substantielles en impôt sur le revenu impayé par des gens qui investissaient dans des paradis fiscaux. On retrouvait sur ces disquettes les noms d'une centaine de Canadiens qui ont été communiqués à Revenu Canada. Nous ne savons toujours pas si Revenu Canada a récupéré ne serait-ce qu'une partie des impôts impayés par ces gens.
Nous savons que Revenu Canada offre des amnisties. La question c'est de savoir si ces 100 personnes dont les noms ont été communiqués aux autorités ont obtenu une amnistie. D'après ce que nous savons, Revenu Canada se contentera tout simplement de percevoir l'argent qu'elles doivent et leur offrira à elles aussi une amnistie.
Il y a quelques semaines, on a eu un autre exemple. En effet, un employé, d'une banque suisse cette fois-là, s'est volatilisé en emportant une disquette où figuraient 4 500 noms, qu'il a remise au gouvernement français. Par ricochet, Revenu Canada a mis la main sur les noms de 1 800 autres Canadiens qui investissent dans des paradis fiscaux. Je demande de nouveau quelles mesures le gouvernement prend pour sévir contre ces personnes. Va-t-il leur offrir une amnistie pour qu'elles présentent des déclarations de revenus à jour ou va-t-il leur imposer une pénalité pour évasion fiscale, ce qui serait la façon appropriée de procéder dans ce cas?
Le gouvernement n'assure aucun suivi dans le dossier des impôts non perçus. Il y a probablement des milliers de Canadiens qui cachent de l'argent dans des paradis fiscaux, dont le Liechtenstein, la Suisse et le Panama. Pourtant, le gouvernement ne semble pas trop attentif au problème. S'il attrapait ces fraudeurs et recouvrait un demi-milliard par-ci, un demi-milliard par là en impôts dus, il aurait moins de difficulté à équilibrer ses livres et à payer les routes et les hôpitaux dont nous avons besoin.
Pourquoi le gouvernement se montre-t-il si peu attentif? Les lois canadiennes sont tellement laxistes à l'endroit des bandits à cravate, que c'en est risible. Et dire que le gouvernement prétend sévir contre les criminels.
Voilà le triste bilan du gouvernement au chapitre de la criminalité économique. Au cours des dernières années, les États-Unis ont poursuivi, condamné et emprisonné 1 200 bandits à cravate, dont Conrad Black, qui a commis ces crimes au Canada. Voilà le triste bilan du gouvernement conservateur qui dit sévir contre les criminels: deux condamnations à l'endroit du même type. Le gouvernement n'a pas à débourser 9 milliards de dollars pour construire des prisons qui abriteront une personne.
Ce ne sont là que quelques exemples des messages contradictoires du gouvernement. Le jour où le Globe and Mail a publié l'article de Greg McArthur concernant les 1 800 Canadiens, on a posé des questions au à ce sujet, à la Chambre. Ce jour-là, le projet de loi ministériel à l'ordre du jour des débats était le projet de loi sur un accord de libre-échange avec le Panama.
Parlant du Panama, 350 000 entreprises étrangères y cachent de l'argent, parce que c'est un paradis fiscal. Le gouvernement du Panama fait peu ou prou d'efforts pour communiquer de l'information fiscale.
On pourrait croire que le gouvernement ferait preuve de bon sens avant de songer à signer de telles ententes et qu'il exigerait que le gouvernement panaméen accepte et respecte les règles et protocoles de l'OCDE en matière d'échange de renseignements fiscaux plutôt que de lui offrir un accord de libre-échange sur un plateau d'argent. C'est là l'approche rétrograde du gouvernement.
En plus des sociétés qui font habituellement des affaires avec le Panama et qui y cachent leur argent, il y a les cartels de la drogue mexicains qui se servent du système panaméen pour blanchir de l'argent. Le gouvernement est trop heureux de passer tout cela sous silence. Il oublie que Manuel Noriega, l'ancien président du Panama, est incarcéré en Floride, les Américains l'ayant condamné pour complicité avec des blanchisseurs d'argent.
Il est clair que les priorités du gouvernement en matière de développement économique sont discutables.
Un de nos collègues d'en face a présenté plus tôt cette année un projet de loi qui visait à créer une journée nationale de la chasse. C'était une très bonne idée et nous l'avons appuyée. En fait, une loi semblable a été adoptée au Manitoba il y a deux ans. J'ai assisté à la rencontre annuelle il y a quelques semaines à peine. On a justifié la présentation de ce projet de loi en disant qu'il pourrait favoriser le tourisme et encourager les Américains à venir au Canada pour chasser et pêcher, ce qui serait avantageux pour l'économie canadienne.
Le député conservateur a reconnu que le tourisme était à la baisse. En partie grâce aux discussions que j'ai eues avec lui au printemps, et à l'appui que j'ai accordé à son projet de loi, j'ai été en mesure, cet été, de présenter une résolution lors d'une conférence de législateurs à laquelle je participe depuis quatre ou cinq ans. Ce groupe réunit 11 États frontaliers, de l'Illinois au Dakota, et trois provinces, soit l'Ontario, le Manitoba et la Saskatchewan. Je crois que l'Alberta compte s'y joindre aussi bientôt.
Les législateurs se rencontrent tous les étés, et ce depuis 65 ans. Il y a également une conférence de l'Ouest et une conférence de l'Est, mais il s'agit là de la conférence de la région du Midwest. J'ai réussi au cours de cette conférence à présenter une résolution qui a été adoptée à l'unanimité. Je ne compte pas lire le texte de la résolution, mais je le ferai si on me le demande dans le cadre d'une question.