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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole pour appuyer le projet de loi .
Le gouvernement conservateur ne ménage aucun effort, il tient sa promesse de rendre les rues et les collectivités plus sûres pour tous les Canadiens et il s'assure que les victimes ont leur mot à dire dans le système de justice. Aujourd'hui, je suis heureux d'avoir la possibilité de poursuivre ces efforts. Lorsqu'il a été élu pour la première fois, le gouvernement a dit aux Canadiens qu'il ferait les choses différemment. Il a dit qu'il allait sévir contre la criminalité. Il l'a fait. Il a dit qu'il allait veiller à ce que les personnes reconnues coupables de crimes graves commis à l'aide d'une arme à feu soient soumises à des peines correspondant au crime commis. Il l'a fait. Il a dit qu'il donnerait aux policiers les outils nécessaires pour faire leur travail. Cela aussi, il l'a fait.
Au cours des quatre dernières années, le gouvernement a fait ce qu'il avait promis de faire pour assurer la sécurité des familles canadiennes dans leur foyer et dans leur collectivité. Il a fait ce qu'il avait promis de faire pour aider les victimes et veiller à ce que leurs droits passent avant ceux des criminels.
Je suis donc heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole au sujet de la mesure législative dont nous sommes saisis, qui renforcera davantage ce bilan et qui, je le sais, a l'appui des responsables de l'application de la loi, des groupes de défense des droits des victimes et de tous les députés.
Le projet de loi dont nous sommes actuellement saisis renforcerait le système correctionnel et le système de mise en liberté sous condition au Canada et ce, de deux façons importantes.
Tout d'abord, il accroîtrait la responsabilité et les obligations des délinquants, tout en renforçant la gestion des délinquants durant leur incarcération et leur libération conditionnelle. Il permettrait également aux victimes d'avoir accès à davantage de renseignements et il moderniserait le régime disciplinaire pour les délinquants.
Deuxièmement, la mesure législative permettrait de mieux cerner la gravité de ces crimes non violents que l'on connaît sous le nom de crimes en col blanc.
Permettez-moi de parler de chacun de ces points.
Tout d'abord, le projet de loi modifierait la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition pour faire bien comprendre que le but premier des peines et de la mise en liberté sous condition est de protéger la sécurité des Canadiens, ce qui reflète bien les principales recommandations du comité d'examen indépendant que notre gouvernement a mis sur pied en 2007 pour qu'il revoie les priorités opérationnelles, les stratégies et les plans d'activités du Service correctionnel du Canada. Il reflète également notre engagement d'accorder la priorité aux intérêts et à la sécurité des Canadiens dans notre système de justice.
Les modifications à l'étude exigeront des délinquants un comportement respectueux d'autrui et des biens. Elles exigeront aussi qu'ils se conforment tous à toutes les règles de l'établissement et aux conditions régissant leur mise en liberté tout en participant à la définition et à la réalisation des objectifs de leur plan correctionnel.
Étant donné que la réadaptation est un engagement qui va dans les deux sens, le projet de loi propose des modifications garantissant l'établissement, pour chacun des délinquants, d'un plan correctionnel qui définit des objectifs en matière de comportement, de participation aux programmes et de respect des obligations imposées par le tribunal, comme la restitution de biens aux victimes.
En outre, le projet de loi moderniserait le régime disciplinaire dans les établissements fédéraux, par exemple en réprimant les comportements des délinquants caractérisés par le manque de respect, l'intimidation et l'agression.
Le projet de loi propose également de renforcer la gestion des délinquants et leur réinsertion sociale en autorisant les policiers à arrêter sans mandat les délinquants qui semblent avoir manqué aux conditions de leur mise en liberté. Les policiers et d'autres partenaires du système de justice pénale ont demandé que ces changements soient apportés et notre gouvernement répond à leurs demandes.
Les victimes, bien entendu, demandent depuis longtemps d'avoir accès à davantage de renseignements sur les délinquants et de jouer un rôle plus actif dans le système de justice canadien. Le projet de loi répond à ces demandes de différentes façons. Par exemple, il permettrait aux victimes d'obtenir des renseignements sur les motifs des permissions de sortir, sur les transfèrements, sur la participation des délinquants aux programmes et sur toute condamnation pour infractions disciplinaires graves.
Le droit des victimes de participer aux audiences de la Commission nationale des libérations conditionnelles et d'y présenter des déclarations serait inscrit dans la loi. De plus, les délinquants ne pourraient pas, dans la plupart des cas, retirer leur demande de libération conditionnelle dans les 14 jours précédant la date de l'audience.
Les modifications proposées sont équilibrées et justes. Ils répondent aux besoins des victimes ainsi qu'à ceux des délinquants qui veulent réintégrer la société, devenir des citoyens respectueux de la loi et mener une vie utile et productive. Ils répondent aux besoins du personnel des établissements correctionnels, qui a le droit de s'attendre à ce que son milieu de travail soit sécuritaire. Ils répondent également aux besoins de tous les Canadiens, qui ont le droit fondamental de s'attendre à ce que le système correctionnel fonctionne comme il le devrait et à ce que leur sécurité soit considérée comme primordiale.
Le deuxième ensemble d'obligations fondamentales proposées par le projet de loi se rapporte au système actuel d'examen expéditif en vue de la libération conditionnelle.
Comme les Canadiens en ont douloureusement pris conscience au cours des derniers mois, tous les criminels n'utilisent pas des armes à feu. Leurs armes de choix peuvent être des bilans factices ou des portefeuilles fastueux conçus pour tromper d'honnêtes Canadiens et les convaincre de leur confier leur argent durement gagné, souvent les économies de toute une vie.
Récemment, le a présenté une mesure législative visant à imposer une peine d'emprisonnement obligatoire aux criminels en col blanc qui ont perpétré une fraude de plus de 1 million de dollars. Elle garantirait que les tribunaux envisageront de demander à ces criminels de restituer l'argent à leurs victimes. Cette mesure s'ajouterait aux autres mesures de notre gouvernement pour que les peines soient proportionnelles aux crimes. Mais c'est une chose d'alourdir les peines et c'en est une autre de s'assurer que les délinquants purgent une partie de ces peines derrière les barreaux avant d'être libérés pour finir de purger leur peine dans la collectivité.
En ce moment, de nombreux contrevenants sont libérés grâce à un processus appelé l'examen expéditif. Les détenus qui en sont à leur première peine d'emprisonnement pour une infraction non violente peuvent obtenir leur semi-liberté au sixième de leur peine et deviennent admissibles à une libération conditionnelle totale après avoir purgé le tiers de leur peine, selon des critères moins rigoureux que ceux liés à la libération conditionnelle totale ordinaire. À moins que la Commission des libérations conditionnelles du Canada ait des motifs raisonnables de croire que ces délinquants commettront une infraction avec violence une fois remis en liberté, elle doit leur accorder leur liberté dans la collectivité. Cela signifie que, dans certains cas, l'auteur d'une fraude grave, un voleur ou un trafiquant de drogue, par exemple, peut être condamné à 12 années de prison, mais obtenir sa semi-liberté après deux ans seulement et sa libération conditionnelle totale après quatre ans.
Le statu quo ne donne à la Commission des libérations conditionnelles aucun pouvoir de décision pour trancher ces cas. Le critère consiste à déterminer si le contrevenant est susceptible de commettre un crime violent. Par conséquent, même si la Commission des libérations conditionnelles estime que le contrevenant est susceptible de commettre une autre fraude, un autre vol ou un autre crime lié à la drogue, elle doit le libérer et tenter de lui imposer certaines conditions. Dans bien des cas, des contrevenants à qui on a imposé des peines en apparence appropriées peuvent être de retour dans la collectivité peu après que leur geste eut fait les manchettes. Cette situation choque le sens de la justice des Canadiens et elle mine leur confiance dans le système de justice et le système correctionnel. Les Canadiens veulent du changement et le gouvernement a l'intention de répondre à leurs attentes.
Le projet de loi abolirait la procédure d'examen expéditif et abrogerait les dispositions de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition qui la régissent. Cela voudrait dire que les contrevenants qui commettent des crimes non violents ou des crimes en col blanc seraient traités sur le même pied d'égalité que les autres contrevenants. Ils seraient donc admissibles à la semi-liberté au moyen de la procédure d'examen habituelle six mois avant d'être admissibles à la libération conditionnelle totale et ils seraient admissibles à la libération conditionnelle totale au tiers de leur peine. Au lieu de bénéficier d'un examen du cas par voie d'étude du dossier, les détenus seraient soumis à une audience en personne et leur libération dépendrait du risque indu qu'ils commettent un autre crime.
Dans la mesure législative que le gouvernement propose, un crime grave serait assorti d'une peine sévère pour les criminels non violents et les criminels en col blanc, comme c'est le cas aujourd'hui pour les criminels violents. Le gouvernement convient avec les Canadiens que le système correctionnel et le régime de mise en liberté sous condition devraient faire passer la sécurité publique en premier. La peine devrait correspondre au crime commis, et les droits des criminels ne devraient pas passer avant ceux des victimes et des citoyens respectueux de la loi.
Ensemble, les modifications proposées dans le projet de loi rendraient la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition conforme aux besoins des Canadiens respectueux de la loi, qui ont le droit de se sentir en sécurité chez eux. Le projet de loi aiderait également à faire en sorte que les victimes obtiennent justice et se fassent entendre dans le système judiciaire. J'exhorte donc tous les députés à collaborer avec le gouvernement pour que la mesure législative dont nous sommes saisis aujourd'hui soit adoptée rapidement, comme elle le mérite.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de parler de ce projet de loi.
J'aimerais d'abord passer quelques-uns de ses éléments en revue, notamment ceux sur lesquels nous devrons nous pencher plus longuement. Je m'attarderai ensuite, par des commentaires de nature générale autant que par des exemples très précis, à la direction que le gouvernement semble avoir prise. Je terminerai par faire état des inquiétudes que suscite le document duquel s'inspire ce projet de loi, à savoir la feuille de route 2007 des conservateurs.
Mais avant d'en arriver là, je dois d'abord dire que ce projet de loi, de par son objet et la manière dont sont rédigés ses premiers articles, modifie la nature du mandat du Service correctionnel du Canada, qui était jusqu'ici axé sur la réadaptation et qui serait désormais axé sur la protection de la société.
À mon avis, ce n'est rien d'autre qu'une politique placebo. C'est défendable, mais admettons un instant que le principal objectif de la réadaptation consiste à faire des contrevenants des gens meilleurs et à les empêcher de récidiver. Alors, si un contrevenant ne récidive pas et qu'il ne commet plus de crime, ça revient à dire que la société est plus sûre, non? On peut le dire de bien des manières, mais ça ne changera rien au fait que la réadaptation fait partie intégrante de l'objectif qu'on poursuit ici, qu'elle en est indissociable.
La deuxième disposition est préoccupante, parce qu'elle ne précise aucunement la façon dont le gouvernement compte l'appliquer. Dans le projet de loi, le gouvernement dit que chaque délinquant doit avoir un plan correctionnel qui précise le niveau d'intervention du Service ainsi que les objectifs du délinquant en ce qui a trait à son comportement, à sa participation aux programmes et à l'exécution de ses obligations découlant d'ordonnances judiciaires.
C'est bien beau que le gouvernement dise qu'il faut avoir un plan mais, à l'heure actuelle, il n'y a pas de ressources. Souvent, lorsque je discute avec des agents de correction ou des détenus dans des prisons au pays, je constate que ceux-ci n'ont pas les ressources pour exécuter leur plan. On peut imaginer que des détenus soient contraints d'avoir un plan et que leur libération soit conditionnelle au respect de ce plan, mais qu'il soit impossible pour eux de le respecter, parce qu'il n'y a pas de ressources leur permettant de le faire et de satisfaire aux exigences qui leur ont été fixées.
Le fait d'exiger qu'un détenu ait un plan et qu'il doive le respecter ne me pose pas de problème, mais encore faut-il que les ressources, les moyens et les programmes nécessaires soient disponibles pour que cela soit possible. Autrement, c'est un exercice futile et les détenus vont être pris dans une situation dont ils ne pourront s'extirper et ils ne seront pas en mesure d'atteindre les objectifs qui leur auront été fixés.
L'éventail élargi des infractions disciplinaires, qui inclut l'intimidation, la présentation de fausses réclamations et le fait de lancer une substance corporelle, ne pose pas de problèmes particuliers.
Le fait d'octroyer aux victimes le droit d'intervenir lors des audiences sur l'éventuelle libération conditionnelle d'un délinquant est tout à fait louable. Cela dit, il faudrait avoir plus de précisions sur la façon dont les choses se passeraient.
Nous avons des préoccupations et je pense que le comité devrait discuter du fait d'autoriser la communication à la victime du nom et de l'emplacement de l'établissement où le délinquant est transféré, des motifs du transfèrement, des programmes auxquels le délinquant participe, et ainsi de suite. Il faudrait savoir comment cela va se faire et comment nous allons nous y prendre pour respecter les dispositions législatives sur la protection de la vie privée qui sont en vigueur au pays.
Une disposition prévoit la suppression de la procédure d'examen expéditif. Il importe que les députés sachent que la procédure d'examen expéditif s'applique uniquement aux délinquants non violents. Nous avons déjà discuté ici de l'élimination de la procédure d'examen expéditif dans le cas des individus qui ont commis des infractions non violentes mais néanmoins très graves.
Un criminel en cravate qui a fait un grand nombre de victimes a de toute évidence commis un crime grave. Nous voulons nous assurer qu'une peine appropriée est imposée dans un tel cas et que la personne qui a commis le crime n'ait pas la possibilité de finir de purger sa peine plus tôt que prévu.
Toutefois, la suppression de la procédure d'examen expéditif pourrait susciter des préoccupations, particulièrement devant le fait qu'en 2006 et en 2007 un contrevenant en libération conditionnelle a coûté en moyenne 23 000 $ aux Services correctionnels alors qu'un contrevenant incarcéré leur a coûté en moyenne 93 000 $. Ainsi, si ces contrevenants ne sont pas violents et qu'il existe une autre façon pour eux de purger leur peine, il y a lieu de se demander si le Canada devrait ou non assumer de tels coûts ou s'il est approprié qu'il les assume.
La mesure renferme aussi des dispositions donnant à la police le droit d'arrêter, sans mandat, des délinquants pour manquement aux conditions de leur libération conditionnelle. Cela pourrait soulever des questions d'ordre juridique. Il y aurait lieu de nous pencher là-dessus.
Si vous me le permettez, je crois que nous devrions jeter un coup d'oeil au document qui sous-tend les mesures proposées par les conservateurs, soit leur feuille de route pour le système correctionnel et leur programme de gestion du système carcéral.
M. Jackson et M. Stewart ont examiné cette feuille de route dans un rapport intitulé A Flawed Compass: A Human Rights Analysis of the Roadmap to Strengthening Public Safety. Ils ont visé trois domaines précis, ce qu'ils appellent les trois prises. Ils commencent par dire ceci:
Cela foule au pied les droits de la personne et la dignité humaine — première prise.
La sécurité publique sera menacée, car les prisons deviendront des endroits plus dangereux et cela fera obstacle à la réintégration des détenus — deuxième prise.
L'alourdissement des peines d'emprisonnement, selon le modèle américain, qui a échoué lamentablement, entraînera un alourdissement du fardeau fiscal des contribuables — troisième prise.
Ils ajoutent ceci:
Pour ceux qui doutent encore de son échec en tant qu'entreprise fondée sur des principes et un souci d'efficacité du système correctionnel, ajoutons une quatrième prise: on assistera à une intensification de ce que la Cour suprême a déjà qualifié d'énorme injustice, soit la surreprésentation des Autochtones dans les prisons du Canada.
Dans sa portion du discours, M. Stewart ajoute une cinquième prise concernant la soi-disant feuille de route: « l'absence quasi totale de preuves à l'appui de ses conclusions et de ses recommandations ».
Nous devons étudier cette question avec soin, non seulement parce que ce plan est inefficace — il a été mis à l'essai ailleurs et a échoué lamentablement — mais parce que les coûts sont si exorbitants qu'ils ont imposé un fardeau financier excessif là où il a été mis à l'essai. Le gouvernement essaie d'imiter la Californie, pendant que la Californie tente par tous les moyens de se sortir de la situation désastreuse qu'elle a créée.
Nous savons que la Californie a adopté une stratégie très semblable pour les services correctionnels, construisant des prisons plus grandes que jamais, augmentant le nombre de détenus et le temps qu'ils y passent. Cela ne s'est pas traduit par des villes sécuritaires, mais par une dette galopante, des coûts astronomiques et, en fait, des villes moins sûres.
En Californie, le taux de récidives dépasse maintenant les 70 p. 100, ce qui signifie que 7 personnes sur 10 qui sortiront de prison commettront un autre crime, ou récidiveront. Ce n'est pas précisément un exemple que nous devrions suivre, d'autant plus que la Californie se retrouve dans une situation où les prisons accaparent des fonds qui autrement seraient investis dans les systèmes de santé et d'éducation, dans les infrastructures et dans les secteurs prioritaires dans lesquels les Californiens voudraient que leur gouvernement investisse.
Nous dévalons cette pente et ce qui est particulièrement préoccupant avec tous les projets de loi dont nous sommes saisis, pas seulement celui-ci, mais aussi les autres, c'est qu'on ne se donne même pas la peine d'indiquer le coût de ces mesures. En fait, le ministre de la Sécurité publique a dit en connaître le coût, mais ne pas vouloir le dévoiler.
Ce que nous savons, c'est que l'ancien ministre de la Sécurité publique a dit à la Chambre que les mesures d'un des projets de loi allaient coûter 90 millions de dollars. J'ai demandé à M. Kevin Page, directeur parlementaire du budget, de faire une étude et il a accepté de la faire. Dès qu'il a été question d'une étude, le chiffre de 90 millions a changé, le ministre disant qu'il s'était trompé et que c'était 2 milliards de dollars. Lorsque le directeur parlementaire du budget a conclu son rapport, il n'a pas dit que les mesures coûteraient 2 milliards de dollars, mais qu'elles coûteraient de 10 à 13 milliards de dollars pour la même période pour laquelle on avait parlé de 90 millions de dollars. C'est une somme énorme, mais c'est pour un seul projet de loi.
Quand on tient compte du fait que le Canada se trouve devant le plus grand déficit de son histoire et que le pays devra faire des choix difficiles pour contrer les effets de la mauvaise gestion financière des quelques dernières années, il faut se demander comment nous pouvons nous permettre de dépenser des dizaines de milliards de dollars pour construire de nouvelles prisons. Cette stratégie est problématique dans la mesure où, tandis qu'il construit toutes ces prisons et engage toutes sortes de coûts, le gouvernement sabre dans les programmes de prévention.
En guise d'exemple, le financement des programmes de prévention a été réduit de plus de 70 p. 100. Celui de l'Initiative sur les victimes d'actes criminels a été réduit de 41 p. 100. Le gouvernement sabre dans les programmes qui renforcent la capacité communautaire et qui permettent aux organisations communautaires de rompre le cycle de la violence et de lutter contre la toxicomanie et tous les autres facteurs qui contribuent à la criminalité.
Quand je parcours le pays pour parler aux Canadiens ordinaires, que ce soit les clubs pour garçons et filles, les organisations ecclésiales ou les groupes à but non lucratif, on me dit toujours que les coupes ont nui à leur capacité de faire la différence dans leur collectivité. On me dit que, sans l'ombre d'un doute, celles-ci contribueront à la criminalité et compromettront notre sécurité. Il faut y réfléchir.
M. Irvin Waller, un grand penseur qui se spécialise dans les questions de la prévention du crime et de la sécurité des collectivités au Canada, a très clairement prouvé que pour chaque dollar investi dans la prévention, nous économisons 11 dollars en coûts liés, entre autres, à l'incarcération, à la probation et à la libération conditionnelle. La stratégie qui consiste à sabrer dans les programmes qui nous permettent d'économiser selon un ratio de onze pour un, tout en dépensant davantage dans les prisons, se soldera en catastrophe financière. Elle risque de creuser, dans le budget, un gouffre si profond qu'il sera presque impossible à combler.
Nous voilà à un point crucial où il faut choisir une feuille de route pour l'avenir, pour utiliser le langage des conservateurs. J'estime qu'en plus de réinvestir cet argent dans la prévention de la criminalité, dans les collectivités, il faudrait aller plus loin. À Kitchener-Waterloo et à Summerside, à l'Île-du-Prince-Édouard, j'ai rencontré les membres de conseils de prévention de la criminalité qui ont élaboré un plan d'action pour renforcer la sécurité. Ces plans étaient élaborés à partir de la base et précisaient exactement les éléments nécessaires à la sécurité des collectivités. Ces plans ne reposaient pas sur un dictât ou sur un programme du gouvernement fédéral auxquels les collectivités devaient s'adapter tant bien que mal. Il s'agissait plutôt de plans d'action élaborés à l'échelon local et sanctionnés par le gouvernement fédéral. Ces plans reconnaissaient l'importance de briser le cycle de la violence, le fait que plus de 80 p. 100 des détenus sont aux prises avec des problèmes de toxicomanie et que la plupart des actes criminels commis dans les collectivités sont liés à la toxicomanie.
Il faut des programmes reconnaissant que, souvent, les victimes d'actes criminels commettent plus tard des infractions criminelles dans un cycle de victimisation qu'il faut rompre au niveau de la collectivité. Pour assurer la sécurité de nos collectivités, il ne suffit pas de faire de beaux discours ou d'essayer de se faire du capital politique, il faut augmenter le nombre d'agents de police sur le terrain, avoir des services de police proactifs et engager les jeunes à participer de façon positive, notamment en leur donnant des moyens d'expression positifs.
Cependant, la liste ne s'arrête pas là. Nous devons également nous pencher sur ce qui se passe dans les établissements carcéraux. Au moment où un jeune commet une erreur et a ses premiers démêlés avec la loi, quelles mesures allons-nous prendre? À l'heure actuelle, trop de jeunes qui commettent une première infraction criminelle sont gardés en détention préventive, où ils n'ont accès à aucun programme ou service de réadaptation. Je ne suis pas contre l'élimination par exemple de la pratique consistant à accorder un crédit de deux jours pour chaque jour passé en détention provisoire, mais il faut comprendre l'origine de cette pratique. Elle existait parce que les conditions de détention préventive étaient vraiment répréhensibles. Qui plus est, après avoir été incarcérés avec des criminels endurcis, des jeunes ayant commis des délits mineurs sortaient de prison prêts à commettre des délits graves. Nous étions essentiellement en train de fabriquer des criminels.
Pour parvenir à briser ces cycles, nous devons suivre l'exemple de tant de parents aux prises avec un enfant qui prend une mauvaise tangente. Ils m'ont dit que, si cela avait été possible, ils auraient emmené leur fils ou leur fille à un endroit où il aurait pu s'améliorer et se libérer de sa dépendance. Ils savent toutefois que la prison n'est pas la solution. Ils savent que l'incarcération ne fait qu'exacerber les problèmes de toxicomanie. Qui plus est, en milieu carcéral, les détenus doivent également faire face à des taux extrêmement élevés de maladies infectieuses.
Selon certains, personne ne se soucie de savoir que le taux de VIH est quatre ou cinq fois plus élevé dans les prisons que dans la population générale ou que le taux d'hépatite y est plusieurs fois supérieur que dans le reste de la population. Il ne faut pas oublier que plus de 90 p. 100 des personnes qui sont incarcérées finiront par retourner dans la collectivité. Se soucier de leur santé et de leur réadaptation ne signifie pas que l'on défend les intérêts des criminels. Il y va plutôt de l'intérêt de tous les Canadiens, car les répercussions touchent directement et profondément la sécurité des communautés et la santé publique. Par conséquent, il faut qu'il existe des endroits où des personnes peuvent aller pour s'améliorer.
Ce qui est troublant dans l'approche des conservateurs, c'est que, tout en sabrant les programmes de prévention et de soutien aux victimes, ils coupent les programmes dans les prisons.
J'ai eu l'occasion de visiter toutes les prisons agricoles du Canada. Je me suis entretenu avec des agents de correction qui travaillent dans ces installations, certains depuis plus de 30 ans. Tous, sans exception, m'ont dit que c'était le meilleur programme existant dans le système correctionnel. J'ai rencontré des détenus qui ont participé au programme des prisons agricoles et je les ai regardé dans les yeux lorsqu'ils parlaient de ce que cela a fait pour eux, comment le travail avec des animaux a suscité chez eux empathie et compassion, comment la participation au programme, à la fin de leur peine, leur a permis de se réinsérer dans la société.
Ce n'est pas que l'agriculture comme telle soit la solution, même si je crois personnellement que l'agriculture demeure un secteur vivant. Croyez-le ou non, mais le a déclaré que l'agriculture était essentiellement un cul-de-sac et que l'enseigner n'avait aucune utilité. Il passe cependant à côté de l'élément fondamental. Ces hommes participaient au programme. Ils travaillaient 10 heures par jour dans une exploitation agricole. Puisque la participation au programme était volontaire, les détenus devaient se lever d'eux-mêmes à cinq ou six heures du matin pour faire une journée complète de travail, travailler avec des animaux, apprendre à faire preuve d'empathie et comprendre la valeur du travail. La dignité et la structure du travail sont, fondamentalement, ce qui a transformé ces hommes.
Lorsque je me suis entretenu avec des employeurs du secteur de la construction et d'autres secteurs, ils m'ont déclaré que ceux qui avaient participé au programme comptaient parmi les meilleurs détenus qu'ils pouvaient espérer embaucher parce qu'ils comprenaient la valeur du travail.
Il est vrai que tous les participants n'ont pas tous trouvé un emploi en agriculture et même que la majorité d'entre eux n'y sont pas parvenus, mais ils ont trouvé des emplois valorisants. Ce que les agents de correction m'ont dit les uns après les autres, c'est qu'il n'y a chez eux aucun récidiviste.
Le programme est disparu. Il coûtait 4 millions de dollars par année. Quatre millions, c'est beaucoup d'argent. C'est le prix de deux faux lacs, mais ce n'est pas beaucoup d'argent compte tenu des avantages du programme. Il est extrêmement honteux qu'au moment même où nous faisons augmenter la population carcérale, nous éliminions certains des programmes qui réussissent avec le plus d'efficacité à rendre les gens meilleurs. Nous sabrons dans la prévention. Nous réduisons les services aux victimes. Voilà maintenant que nous sabrons dans les programmes offerts aux détenus. On avance comme argument que cela accroîtra notre sécurité.
Lorsque j'ose parler contre ce qui se passe, qu'est-ce qu'on me sert constamment à la période des questions? Des députés me reprochent d'avoir trop de sympathie pour les criminels, ils m'accusent de ne pas me soucier de la sécurité publique, de m'inquiéter moins pour la sécurité de mes enfants qu'eux s'inquiètent pour les leurs.
Je crois que les conservateurs font fausse route face à ces questions. Je crois qu'ils nous font prendre une orientation périlleuse et inappropriée qui a échoué partout où on a tenté de l'appliquer. Toutefois, je n'invoquerais pas cette raison pour dire que l'un d'entre eux n'accorde pas d'importance à la sécurité dans les collectivités et ils ne devraient attribuer cette idée à aucun autre député. Cela nuit à la Chambre.
Nous devons aussi être conscients de l'incidence de la santé mentale et de l'importance d'aborder ce problème dans nos prisons, surtout dans les établissements où la population carcérale est féminine, car les personnes atteintes de problèmes de santé mentale comptent souvent pour plus de 25 p. 100 de la population carcérale. Chez les hommes, le pourcentage est plus faible, mais il reste quand même étonnamment élevé.
Partout au pays, les chefs de police disent que, plus souvent qu'autrement, les prisons servent d'entrepôts où sont placés des gens atteints de maladie mentale. Il y a des personnes atteintes de troubles mentaux, qui n'ont aucun soutien ni aucun moyen de sortir de la rue, et nous attendons qu'elles commettent des crimes pour que la police puisse les prendre en charge. Ensuite, ces personnes sont transférées dans des prisons, qui sont terriblement mal préparées à faire face à leur maladie. Du coup, on les place souvent en isolement. Leur état se détériore encore plus dans les cellules d'isolement.
Nous connaissons bien le cas d'Ashley Smith. Ashley était cette jeune fille de 17 ans dont le crime a consisté à lancer une pomme à un facteur et à voler un CD. Ashley était atteinte de troubles mentaux, qui se sont aggravés considérablement après son incarcération. Le système carcéral ne savait pas comment s'occuper d'elle et elle a été placée en cellule d'isolement pendant 11 mois consécutifs. Ashley a tenté de se donner la mort à maintes reprises, aucune intervention n'a été effectuée jusqu'à ce qu'elle finisse par s'étouffer et par mourir.
Nous devons faire beaucoup mieux que cela. Nous ne pouvons pas permettre que des malades mentaux dépérissent en prison sans espoir de voir leur état s'améliorer ou que des personnes soient enfermées dans un établissement, comme la prison Her Majesty's Penitentiary que j'ai visitée à St. John's, sans espoir d'en sortir ou d'aller mieux.
Il doit y avoir un plan, mais pas celui-ci. Nous pouvons faire beaucoup mieux.
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Monsieur le Président, comme à son habitude, ce gouvernement nous présente un projet de loi que je qualifie maintenant de « micro-onde ». C'est un projet de loi qui aurait dû se retrouver au Comité permanent de la sécurité publique et nationale depuis longtemps n'eut été de la prorogation abusive du Parlement par le en décembre 2009.
En effet, à cause du premier ministre, le projet de loi , déposé le 15 juin 2010, fait la synthèse de deux projets de loi morts au Feuilleton, soit l'ancien projet de loi , déposé en juin 2009, et le projet de loi , dont le titre abrégé est: Loi visant à protéger les Canadiens par l'abolition de la libération anticipée des criminels.
Comme à son habitude, ce gouvernement nous a habitués aux belles appellations de type dramatique et, bien sûr, toujours accompagnées d'un spectacle lors du dépôt.
Alors, rien de neuf à l'horizon, et ça, c'est grave. Grave parce que la sécurité du monde doit être mise au-dessus de la petite politique et au lieu de nous faire des spectacles et de refuser de mauvaise foi des projets de loi du Bloc, ce gouvernement devrait penser à vraiment agir au plan de la sécurité publique.
Dans ce projet de loi, l'une des dispositions est l'abolition du sixième de la sentence. Or, depuis juin 2007, le Bloc québécois a proposé l'abolition de la libération au sixième de la sentence qui mine, selon nous, la crédibilité du système de justice. Nous croyons qu'une telle abolition permettrait de restaurer la confiance du public mise à rude épreuve par les Vincent Lacroix et les Earl Jones de ce monde.
Nous avons déposé, le 14 septembre 2009, un projet de loi en ce sens portant exclusivement sur cette mesure. C'est une mesure qui fait consensus auprès des victimes et auprès de la population. Nous avons demandé à deux reprises un consentement unanime de tous les partis pour une adoption rapide afin que ce projet de loi soit effectif rapidement et puisse s'appliquer aux Earl Jones et Lacroix de ce monde. Et qu'ont fait les conservateurs? À deux reprises — pas une, mais deux reprises; donc on ne pourra pas dire qu'ils n'ont pas bien compris au début, mais je crois qu'ils auraient dû comprendre la deuxième fois —, ils ont refusé d'adopter ce projet de loi du Bloc. Et ça, c'est lamentable parce qu'ils viennent, par ce projet de loi , nous présenter cette disposition qu'ils auraient pu accepter en 2007. Cette disposition aurait permis, à l'heure où on se parle, que les Earl Jones et les Vincent Lacroix n'aient pas droit au sixième de la sentence. Mais en réalité, on aura beau débattre de ce projet de loi maintenant, les Earl Jones et les Vincent Lacroix de ce monde auront droit au sixième de la sentence, et ce, parce qu'à deux reprises, les conservateurs ont refusé d'agir rapidement quand on le leur a demandé.
Nous ne mangeons pas de ce pain-là. Malgré la mauvaise foi des conservateurs, nous allons voter en faveur de ce projet de loi parce que nous voulons l'étudier en comité, parce que nous pensons qu'il contient des choses intéressantes et parce que nous pensons qu'il est fondamental de laisser un peu plus de place aux victimes. Nous sommes prêts à regarder cela et à avancer positivement et de la bonne manière pour le bien de la population.
Nous allons aussi voter en faveur de ce projet de loi parce que certaines dispositions ont déjà été proposées par le Bloc depuis 2007, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, soit l'abolition de la libération au sixième de la sentence. Il y a aussi l'idée de responsabilisation des détenus à leur programme de réinsertion et la remise en question du quasi-automatisme de la libération d'office, qui survient après que le détenu ait purgé les deux tiers de sa sentence.
À l'heure actuelle, pour maintenir en incarcération des détenus que l'on sait dangereux, mais qui sont automatiquement libérés d'office aux deux tiers de leur peine, un agent de libération conditionnelle et toute l'équipe doivent faire ce qu'on appelle un maintien en incarcération de personnes violentes, hommes ou femmes, quand ils savent qu'ils vont récidiver rapidement et commettre des délits de violence. Je l'ai déjà vécu en tant qu'agente de libération conditionnelle.
Démontrer qu'un détenu, à sa libération automatique aux deux tiers de sa peine, va récidiver très rapidement en commettant un délit de violence nécessite un travail d'analyse phénoménal. Il y a très peu de maintien en incarcération. Cela s'applique vraiment aux cas les plus dangereux. Cela veut dire que c'est inacceptable.
Le Bloc propose depuis 2007 qu'on abolisse la libération d'office aux deux tiers de la peine. Je pourrais donner des exemples en ce sens, mais je préfère continuer sur ma lancée.
Il est important de donner des outils législatifs aux personnes qui travaillent vaillamment à maintenir un juste équilibre entre sécurité publique et réhabilitation des détenus. La mission du Service correctionnel du Canada et du Service correctionnel du Québec est de maintenir un équilibre entre sécurité publique et réhabilitation, ce qui est un travail de longue haleine.
Il ne faut pas oublier un point fondamental: la réhabilitation est garante de la sécurité publique. Si nous instaurons un système où la sécurité publique équivaut à de la répression, nous allons nous retrouver dans une société où la sécurité sera mise à rude épreuve. Lorsqu'on parle de réhabilitation et de prévention, on parle de sécurité publique.
Contrairement à ce que certains démagogues disent, les prisons et les pénitenciers ne sont pas des colonies de vacances. Quand quelqu'un entre en prison, il se retrouve dans ce qu'on appelle l'université du crime. Des individus ayant commis des actes plus ou moins criminalisés et qui, dans leur cheminement personnel, sont plus ou moins criminalisés, se retrouvent dans une prison vont développer des aptitudes qu'ils n'avaient pas avant, établir des contacts et apprendre des façons de faire, de sorte qu'ils seront de plus en plus efficaces dans la perpétration de délits.
S'ils sont en prison à cause d'un trafic de drogues ou autre délit, ils seront encore plus efficaces, d'où la nécessité de la réhabilitation. L'essence de la réhabilitation est de donner des outils à une personne ayant commis un crime pour qu'elle soit moins dangereuse ou plus du tout dangereuse pour la société. C'est un élément fondamental pour assurer la sécurité publique.
Il est fondamental de comprendre que la protection de la société passe par la réhabilitation, d'autant plus qu'un grand nombre de ces détenus vont sortir un jour, même ceux ayant écopé d'une peine à vie. Un individu âgé de 25 ans qui doit purger une peine à vie sortira un jour, s'il est réhabilité. Parfois, il y a des détenus qui ont reçu une peine de 10 ou de 15 ans et qui, après être passés par le système correctionnel, sont encore dangereux ou moins dangereux. Tous ces individus sortiront un jour, d'où l'importance de les réhabiliter.
Malheureusement, les conservateurs ne comprennent pas ce mot. En fait, ils ne croient tout simplement pas à la réhabilitation parce que pour eux, tout passe par l'incarcération répressive. Or, l'incarcération est la plus grande conséquence d'un acte criminel au Canada.
L'incarcération est une punition en soi. Malheureusement, ce gouvernement ne comprend pas une chose. Il y a une différence entre « conséquence » et « punition ». Lorsque nos enfants font des bêtises, il y a des conséquences et on leur donne des récompenses, mais l'incarcération en tant que telle est une punition et une conséquence en soi. Que veut-on de plus? Pourquoi rendre l'incarcération encore plus répressive puisque déjà, le fait d'être incarcéré est une conséquence et une punition en soi? Cette mentalité de vengeance au moyen des lois doit être évacuée. La loi est là pour instaurer une justice et une équité, et pour permettre à une société d'être plus en sécurité.
Cela va à l'encontre de la mission actuelle du SCC, qui cherche à protéger la société dans le cadre d'une évaluation du risque des détenus et à inciter ces derniers à participer à des programmes pour contribuer à la protection de la société, justement. Sous le couvert de la soi-disant prépondérance de la protection, point sur lequel tout le monde ici est d'accord, le gouvernement cherche, avec ce projet de loi, à changer le mandat du SCC de manière insidieuse. Ce n'est pas très clair. On ne sait pas trop où il veut en venir.
J'invite vraiment les parlementaires à regarder de plus près cette tentative de changement du mandat qui vise cet équilibre entre réhabilitation et protection de la société, partant toujours du principe que réhabilitation égale protection de la société.
Comme je l'ai dit, plus les gens restent incarcérés longtemps, plus cela va mal à la shoppe, mais bon, certains ne comprennent pas cela. D'autre part, les cas les moins graves devraient pouvoir bénéficier de réhabilitation parce que, de toute manière, on évalue ces individus à chaque étape. Le plan correctionnel est remis à jour chaque fois, après trois mois, six mois, après un an. Quand ces personnes passent devant les commissions, on revoit encore leur dossier. Elles sont donc suivies. Quand ces gens sont libérés, parce qu'ils sont éligibles ou réhabilitables, ils sont suivis par le Service correctionnel à l'extérieur. Ils sont rencontrés une fois par semaine, que ce soit à la maison, au travail ou même dans les bureaux du SCC. Ils sont suivis de près jusqu'à la fin du mandat. Je pense que le Service correctionnel fait du bon travail.
Par contre, il faut reconnaître que certains individus ne sont pas vraiment réhabilitables. Ils présentent des pathologies d'ordre psychiatrique ou psychologique. Personnellement, dans ma pratique, j'en ai rencontré qui, malheureusement, ne pourront jamais sortir parce qu'ils sont très dangereux. Alors posons-nous la question. La présence de ces gens est-elle pertinente dans un établissement carcéral? Ces personnes ne devraient-elles pas plutôt être incarcérées dans un asile psychiatrique ou dans un hôpital? Malheureusement, le projet de loi ne répond pas vraiment à cette question. Que faisons-nous des personnes très dangereuses, qui ont des problèmes psychiatriques importants et qui, hélas, ne sont pas réhabilitables en communauté?
Un autre point important de ce projet de loi concerne la place des victimes dans le système correctionnel, en l'occurence le droit d'intervenir lors des audiences relatives aux libérations conditionnelles. Il y a aussi le fait d'autoriser le Service correctionnel et la Commission nationale des libérations conditionnelles à communiquer des informations aux victimes. Il est fondamental, non seulement pour le processus de guérison, mais aussi pour se sentir en sécurité en tant que personne qui a été victime d'une autre personne, de connaître certaines informations sur son agresseur: savoir où il est, ce qu'il fait, si en allant faire ses courses, on va le retrouver devant soi au dépanneur. Il est donc important d'avoir certaines informations. Toutefois, je me demande — à la rigueur, nous pourrons voir cela en comité —, jusqu'à quel niveau d'information on peut aller. Quelle est l'information pertinente à donner? J'avoue que je n'ai pas vraiment de réponse à cela. Le comité nous en apprendra sûrement beaucoup.
Je souhaite vraiment que les victimes puissent avoir accès à de l'information. Toutefois, quel genre d'information sommes-nous prêts à avoir? En fait, l'information doit être pertinente à la « sécurité » et au processus de « guérison » de ces personnes.
Bien que la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition reconnaisse actuellement clairement les intérêts des victimes d'actes criminels et le rôle qu'elles peuvent jouer dans le processus correctionnel et la mise en liberté sous condition, les victimes et les défenseurs des droits des victimes nous ont dit que bien des aspects de la situation actuelle n'avaient pas de sens et que les victimes étaient insatisfaites. Ces personnes pourront nous apporter plus d'éclaircissements au comité.
Le gouvernement nous dit que les victimes ont une place importante. J'essaie de comprendre ce que les conservateurs, depuis qu'ils sont en place, ont fait pour les victimes. Il y a eu le fameux projet de loi apparu à un moment donné, puis disparu des écrans radar, qui semblait vouloir donner des outils à la police pour lui permettre de lutter contre la cyberpédophilie et la pornographie juvénile. On n'en entend plus parler.
L'ex-ombudsman des victimes d'actes criminels, M. Sullivan, a été royalement évincé. Dans les faits, à la mi-août, soit trois mois et demi plus tard, il notait, dans une lettre envoyée au ministre, qu'on avait trouvé des fonds pour agrandir les prisons alors qu'on grugeait les budgets accordés aux programmes destinés aux victimes. D'ailleurs, il est venu nous voir au comité et nous a dit que toutes les actions de ce gouvernement portaient sur les criminels et très peu, pour ne pas dire pas du tout, sur les victimes.
Cette année, le budget du bureau de l'ombudsman augmentera d'à peine 1,08 p. 100, et les subventions et contributions pour l'Initiative sur les victimes d'actes criminels diminueront de 41 p. 100 à 34 p. 100. Pendant ce temps, on parle d'augmenter les budgets pour l'incarcération de plusieurs millions de dollars, pour construire des prisons ou pour carrément agrandir des ailes ou les rénover. M. Sullivan avait raison, au fond: oui, ce gouvernement a une approche axée sur la répression, mais il pense qu'en agissant directement sur les criminels ou en augmentant les sentences, il réglera le problème des victimes. Malheureusement, ce n'est pas ce que l'ombudsman des victimes d'actes criminels et les victimes elles-mêmes disent.
De plus, par la prorogation, le gouvernement a fait mourir au Feuilleton deux projets de lois réclamés par les chefs de police du Canada et l'ex-ombudsman des victimes d'actes criminels, soit les lois facilitant les enquêtes sur Internet, comme je le disais tout à l'heure, particulièrement à l'égard des crimes sexuels contre les enfants. J'ai demandé à M. Sullivan ce qu'il en pensait. Il m'a dit quelque chose d'assez extraordinaire. En effet, il m'a dit que s'il était premier ministre, la loi sur l'Internet serait sa priorité et serait le premier projet de loi qu'il mettrait sur pied. En effet, la cyberpédophilie et la pornographie juvénile sont majeures dans l'Internet.
Le 3 octobre, je vois dans l'Internet, dans un média, que le gouvernement s'attaque à la cybercriminalité. Toutefois, lorsqu'on lit l'article, on se rend compte qu'il n'inclut rien concernant la loi sur l'Internet.
Je conclus en parlant du projet de loi , déposé par ma collègue la députée de . Ce dernier propose d'aider les victimes d'actes criminels, notamment en leur permettant de s'absenter du travail et d'être rémunérées pour vivre leur deuil ou leur traumatisme. Ce projet de loi a été présenté à la Chambre et malheureusement, ce gouvernement a voté contre. Je remercie les autres partis ayant appuyé le projet de loi. J'espère de tout coeur que lorsqu'il reviendra à la Chambre, nous pourrons gagner notre point, car c'est important pour les victimes.
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Monsieur le Président, je vais parler du projet de loi , à l’égard duquel j’ai différentes réserves. Le projet de loi fait 35 pages et comporte 66 modifications à la loi. Ces modifications sont de valeur inégale.
Le gouvernement, fidèle à lui-même, a retenu parmi les recommandations suggérées par le Service correctionnel du Canada que les dispositions qui lui semblaient importantes uniquement en raison de leur longueur, à mon avis, car il s’agit à bien des égards de modifications de nature administrative. C’est particulièrement évident lorsqu’on examine la façon dont le projet de loi est rédigé, les articles précis et les détails de ces articles précis. Il est évident que le tout renvoie à des problèmes auxquels le Service correctionnel du Canada a été confronté. Je dirais qu’au moins la moitié des dispositions du projet de loi portent sur ces problèmes précis, des mesures qui mériteraient généralement notre appui.
D’un autre côté, une fois qu’il a reçu les recommandations, toujours fidèle à ses habitudes, le gouvernement s’est mis à proposer des modifications parfois extrêmes à la loi et à la philosophie canadienne en matière de service correctionnel en vigueur depuis au moins 50 ans.
Le gouvernement s’attaque à certaines de nos convictions fondamentales et à ce que nous considérions la meilleure façon de traiter les auteurs d’actes violents ou d’actes criminels non violents qui sont incarcérés dans nos pénitenciers fédéraux pour purger des peines de plus de deux ans. On parle ici d'auteurs de crimes plus graves, qu’il s’agisse de crimes contre la propriété ou de crimes violents. Voilà les gens dont il est question.
Actuellement, entre 13 000 et 14 000 personnes sont incarcérées à l’échelon fédéral. Voici l’un des aspects qui nous préoccupe. Nous connaissons les penchants idéologiques du gouvernement, qui préfère punir les criminels plutôt que de les réadapter, mais nous n’avons rien entendu du côté ministériel au sujet de l’impact des mesures proposées sur le taux d’incarcération. Allons-nous devoir garder en prison chaque année, 1 000, 1 500 ou 2 000 délinquants de plus? Voilà selon moi le genre de chiffres auxquels il faudrait s’attendre si le projet de loi était adopté.
Compte tenu des propos qui viennent d’être tenus par le Bloc, il est clair que ce parti appuiera le projet de loi. Je ne puis dire avec certitude ce que feront les libéraux car, selon leur habitude, ils ne savent pas encore ce qu’ils sont en train de faire. Le Bloc appuiera le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture et son renvoi au Comité de la sécurité publique.
Il est à espérer que les articles du projet de loi qui vont à l'encontre de certains des principes fondamentaux que nous défendons au sein de notre système correctionnel depuis les cinq dernières décennies pourront être retirés au Comité de la sécurité publique. Permettez-moi de commenter certains de ces articles.
De la façon dont ils sont formulés, les articles 3 et 4 du projet de loi instaureraient les principes directeurs du Service correctionnel du Canada. Le Service correctionnel du Canada établit actuellement un équilibre entre la sécurité du personnel et des détenus et, en espérant que ces détenus soient libérés un jour, la sécurité de la population en général lorsqu'ils réintègrent la société.
La loi actuelle établit un juste équilibre. Or, ce projet de loi viendrait briser cet équilibre et érigerait en priorité absolue la protection de la population, encore une fois motivé par l'idéologie des conservateurs voulant que, d'une façon ou d'une autre, la protection de la population et la réadaptation des personnes incarcérées soient mutuellement exclusives. Très franchement, c'est tout à fait faux.
En fait, si on ne réadapte pas les détenus, si on ne réduit pas les taux de récidive au moyen d'un traitement efficace, nous augmentons le risque que les détenus commettent d'autres crimes, souvent plus violents, une fois libérés. C'est ce qu'indiquent toutes sortes d'études sociologiques, non seulement au Canada, mais dans tous les pays où il existe une démocratie raisonnablement vigoureuse.
Lorsque l'on voit le changement dans cette approche fondamentale, nous devons admettre que nous ne pouvons l'appuyer. Nous espérons que la majorité verra les choses ainsi au comité et que ces dispositions seront éliminées afin de maintenir l'équilibre actuel qui nous a si bien servis. La loi n'est pas parfaite et c'est pour cette raison que nous appuyons certaines des modifications proposées. En effet, certains changements pourraient être apportés pour accroître la sécurité du personnel dans les prisons, des détenus, et, finalement, de la société une fois les détenus remis en liberté.
Il y a d'autres dispositions dans ce projet de loi — et ce sont certaines des personnes qui critiquent ce projet de loi qui le disent — qui constituent une attaque contre les droits fondamentaux des citoyens canadiens, droits dont les personnes incarcérées devraient pouvoir continuer à se prévaloir. La plupart des députés à la Chambre le savent, j'en suis certain, à un moment donné, il y a eu une bataille pour savoir si la Charte accordait aux personnes incarcérées au niveau fédéral le droit de voter aux élections fédérales, municipales et provinciales. En fin de compte, la Cour suprême a décidé qu'il s'agissait d'un droit fondamental qu'une condamnation accompagnée d'une peine à purger dans un pénitencier fédéral ne pouvait abolir. La Charte ne le disait pas. Le Service correctionnel du Canada ne pouvait priver les détenus du droit de vote; on leur a donc de nouveau reconnu ce droit.
En raison de la manière dont le projet de loi est rédigé, nous assisterons dans l'avenir à des tentatives pour saper les droits fondamentaux dont la Cour suprême a dit qu'ils continueraient d'exister en vertu de la Charte. Par exemple, il y a plusieurs paragraphes dans lesquels les droits qui sont maintenant reconnus en vertu de la loi actuelle sont qualifiés de « privilèges ». Ceux qui étaient qualifiés de privilèges avant ont maintenant complètement disparu de la loi. Ce changement apparaît très clairement dans plusieurs articles qui semblent vouloir contribuer à empêcher le détenu de fonctionner normalement, jusqu'à un certain degré au moins.
Nous savons que c'est important. Quiconque a travaillé dans le milieu correctionnel sait qu'en fin de compte, même une personne condamnée à perpétuité sera libérée, dans la majorité des cas. On doit permettre aux détenus de fonctionner en société une fois libérés. Si on leur enlève tous ces droits, si on en fait des non-citoyens, on diminue considérablement leurs chances de réadaptation. Les risques qu'ils récidivent augmentent considérablement en parallèle. Il est important de conserver cet équilibre. Il s'agit là clairement d'une tentative par le gouvernement actuel de fausser cet équilibre.
Mon parti et moi avons une autre grande préoccupation au sujet du projet de loi , même si nous en appuyons le principe. En effet, on y fait peser sur les détenus la responsabilité de profiter de programmes contribuant à leur réadaptation.
Ces programmes peuvent prendre diverses formes. Certains permettent simplement d'acquérir des compétences psychosociales de base. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles la décision du gouvernement de fermer les prisons agricoles a été si mal accueillie. Par-dessus tout ou presque, les détenus, souvent des jeunes, y apprenaient des compétences élémentaires. Ils devaient se lever le matin. Ils devaient se préparer à aller travailler, se présenter au travail et accomplir les tâches qui leur étaient assignées. Ils devaient faire tout cela avec une certaine diligence.
C'est par la pratique qu'on acquiert ces aptitudes. Il est difficile de le faire quand on passe 23 heures par jour dans une cellule. Ce n'est pas comme cela que ça marche. C'est une des principales raisons qui expliquent l'opposition massive qui a été manifestée à l'égard de la décision de fermer ces prisons. Le gouvernement a commis là une grave erreur, erreur dont le reste de la société fera les frais pour bien des années à venir, ou jusqu'à ce qu'on se soit débarrassé du gouvernement et qu'on ait rouvert ces prisons qui permettent aux détenus d'acquérir des aptitudes par la pratique.
Il existe d'autres programmes, notamment en matière d'éducation, mais le plus important, c'est le counselling psychiatrique et les traitements psychiatriques. Je dis cela en raison de mon expérience en tant que membre du Comité de la justice et du Comité de la sécurité publique, où j'ai entendu des témoignages de membres du personnel des services correctionnels qui travaillaient dans les prisons. Un certain nombre d'entre eux occupaient des postes administratifs, mais avaient auparavant occupés des postes de première ligne. Le counselling psychiatrique et les traitements psychiatriques peuvent inclure l'assurance-médicaments pour traiter les déséquilibres chimiques. Notre système carcéral offre des services terriblement inadéquats dans ce domaine.
Une fois, je me souviens que le directeur adjoint de Service correctionnel Canada — qui en est maintenant le directeur —, a estimé que près de 50 p. 100 des 13 500 détenus dans les pénitenciers fédéraux souffraient de graves problèmes psychiatriques et que dans la majorité de ces cas, s'ils se retrouvaient en liberté, ils seraient confinés dans une institution psychiatrique. Ce qui est triste, c'est qu'il a avoué qu'ils étaient loin de recevoir le traitement dont ils avaient besoin, ce qui était absolument nécessaire à leur réadaptation.
L'autre chose qu'il a soulignée, c'est que, en ce qui concerne les programmes d'éducation et ceux qui prônent un changement de mode de vie, beaucoup de détenus n'y ont accès que vers la fin de leur incarcération. Un grand nombre d'entre eux sont libérés avant d'avoir terminé les programmes, qu'il s'agisse de traitements psychiatriques ou d'un programme éducatif ou concernant le mode de vie. Ils n'ont jamais l'occasion de terminer ces programmes parce qu'ils leur sont offerts trop tard. Quand les détenus entrent en prison, ils sont placés sur une liste de priorité, mais ceux qui étaient déjà là y ont droit avant eux. Quand ils finissent par être en tête de liste, ils sont sur le point d'être libérés. En fait, peu de détenus bénéficient de ces programmes parce qu'ils sont trop rares.
Selon l'admission du gouvernement, nous savons qu'il prévoit dépenser environ 9 milliards de dollars pour construire de nouvelles prisons. Toutefois, il ne prévoit aucune augmentation correspondante du financement des programmes.
Il était intéressant d'écouter ce qu'avaient à dire les employés qui manifestaient durant l'une des conférences du ministre, lorsque ce dernier a parcouru le pays pour annoncer la construction de nouvelles prisons, l'argent qui y serait consacré et le nombre de nouveaux lits qui seraient installés.
Les personnes dans ces établissements qui travaillent avec des détenus ont dit au ministre que c'était insensé. Elles lui ont dit qu'elles n'avaient pas besoin de cellules supplémentaires, mais qu'elles avaient plutôt besoin de programmes et d'employés supplémentaires. Le personnel est très stressé parce qu'il n'est pas assez nombreux. Un pourcentage important d'employés prennent des congés liés au stress, ce qui ne fait qu'augmenter le fardeau du personnel restant. Il y a donc un problème de moral chez les employés travaillant dans les prisons. Il est attribuable à deux causes fondamentales, à savoir l'insuffisance des employés et l'insuffisance des programmes à l'intention des détenus.
Nous avons un gouvernement qui est tout à fait prêt à dépenser l'argent des contribuables pour punir les gens et les tenir responsables de leurs actes. Toutefois, il ne veut pas dépenser de l'argent pour ce qui est vraiment nécessaire, à savoir la réadaptation des détenus lors de leur incarcération. C'est incroyable. Imaginez ce que penseront les historiens dans 50 ou 100 ans quand ils étudieront cette période. Ils se demanderont ce que nous faisions. Le gouvernement ne se rend pas compte que nous avons une occasion rare de changer la vie de ces détenus et de faire d'eux des citoyens responsables afin qu'ils ne s'en prennent plus à leurs pairs.
Nous raterons cette occasion parce que les députés de ce côté-là de la Chambre ne pensent qu'à punir les criminels. Les conservateurs ne comprennent pas que nous devons assurer leur réadaptation. Si nous voulons avoir un programme correctionnel efficace, que ce soit au niveau provincial ou fédéral, nous devons forcer les détenus à revenir dans le droit chemin pendant qu'ils sont sous notre surveillance. Je parle sérieusement. Pour atteindre cet objectif, nous devons fournir aux détenus les outils nécessaires.
L'approche fondamentale qui sous-tend le projet de loi est un vrai problème. Elle perpétue la notion selon laquelle il suffit de construire plus de prisons, d'y installer plus de lits et d'y enfermer plus de gens pour régler le problème de la criminalité. Il suffit de regarder chez nos voisins pour constater que cela ne fonctionne pas. Il est intéressant de voir ce qui se passe là-bas. Beaucoup d'États, dont le Michigan, État adjacent à la ville que je représente, n'ont plus d'argent pour faire fonctionner les prisons qu'ils ont construites dans le seul but de punir les gens.
Les conservateurs savent que, au cours de la dernière décennie, de plus en plus d'États ont commencé à fermer des prisons et à réduire la population carcérale car ils ne peuvent plus se permettre de les garder. Ces mêmes États consacrent plus de fonds aux prisons qu'à l'éducation post-secondaire. C'est une position absurde, mais c'est dans cette voie que nous engagent les décisions du gouvernement.
J'espère que le comité conviendra qu'il faut apporter des amendements de fond à ce projet de loi. Par contre, les agents de correction appuient certaines des dispositions. Nous les appuyons à cet égard. Nous sommes favorables à l'idée d'autoriser la Commission des libérations conditionnelles à accepter les déclarations des victimes. Présentement, celles-ci ne sont pas acceptées. Le Service correctionnel du Canada aviserait les victimes quand une audience de libération conditionnelle est prévue ou quand un délinquant est transféré.
Certains des mécanismes proposés sont très sensés. Ils aideront les victimes et leurs familles à se préparer en vue de la mise en liberté des délinquants.
J'espère que, au comité, les bons aspects du projet de loi seront maintenus et les mauvais aspects en seront éliminés.
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Monsieur le Président, je suis reconnaissant de pouvoir m'exprimer en faveur du projet de loi .
La mesure législative dont la Chambre est aujourd'hui saisie renforcerait les assises du système correctionnel et paverait la voie à la réalisation d'un certain nombre des réformes fondamentales que le comité d'examen indépendant du Service correctionnel du Canada a recensées en 2007 dans le rapport Pour une sécurité publique accrue.
Le comité a fait 109 recommandations regroupées en cinq thèmes: obligations du délinquant; élimination de la drogue illicite dans les pénitenciers; infrastructure physique; employabilité et emploi; abolition de la libération d'office et introduction du régime de libération conditionnelle méritée. Dans ses recommandations, le comité se préoccupait également beaucoup du sort des victimes.
Nous avons fait des progrès quant aux suites à donner à ces recommandations, et nous entendons poursuivre notre bon travail, car nous nous sommes engagés à faire de la sécurité publique une priorité et à faire passer les droits des victimes et des citoyens qui respectent la loi avant ceux des criminels.
La mesure législative dont nous sommes actuellement saisis nous permettrait d'aider le système correctionnel à mieux répondre aux besoins des victimes tout en mettant l'accent sur les obligations des délinquants. Il ferait également en sorte que ceux qu'on appelle les criminels à cravate passent le temps qu'il faut derrière les barreaux.
L'actuelle Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition reconnaît déjà les intérêts des victimes d'actes criminels ainsi que leur rôle dans le processus correctionnel et de mise en liberté sous condition. Or, les victimes et les groupes qui les représentent se disent insatisfaits des dispositions actuellement en vigueur et réclament qu'on les renforce.
C'est pourquoi le projet de loi propose d'inscrire dans la loi le droit des victimes d'assister aux audiences de la Commission des libérations conditionnelles du Canada et d'y intervenir.
Ce projet de loi modifierait également la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition afin d'élargir les renseignements que le Service correctionnel du Canada et la Commission des libérations conditionnelles du Canada peuvent révéler aux victimes. Premièrement, ces dernières pourraient savoir pourquoi les délinquants sont transférés, le cas échéant; elles pourraient également, dans la mesure du possible, être avisées lorsque les délinquants sont transférés dans un établissement à sécurité minimale. Deuxièmement, le projet de loi autoriserait que l'on informe les victimes des programmes auxquels les délinquants participent ou ont participé et des infractions disciplinaires graves qu'ils ont commises. Troisièmement, les victimes pourraient connaître les motifs justifiant l'absence temporaire des délinquants d'un établissement correctionnel. Quatrièmement, le projet de loi prévoit que toute personne qui a la garde ou qui est chargée de l'entretien d'une personne à la charge d'une victime décédée, malade ou incapable peut avoir accès aux mêmes renseignements que la victime elle-même.
En outre, lorsqu'un délinquant retire sa demande de libération conditionnelle dans les 14 jours qui précèdent la date de l'audience, la commission pourra en faire l'examen. On évitera ainsi que certaines victimes fassent un long voyage pour finalement apprendre que l'audience a été annulée à la dernière minute. Les victimes pourront également connaître les motifs pour lesquels les délinquants ont renoncé à leur audience.
En plus des réformes proposées en vue de mieux faire connaître les services offerts aux victimes d'un crime et d'en faciliter l'accès, on prévoit la création d'un comité consultatif national des victimes d'actes criminels qui serait coprésidé par le ministre de la Sécurité publique et le ministre de la Justice. Ce comité donnerait aux victimes la possibilité de participer à l'établissement de politiques et procédures qui pourraient avoir des répercussions sur les victimes et sur les services qui leur sont offerts. De tels changements aideraient à ce que les intérêts des victimes soient prioritaires.
Conformément aux recommandations formulées par le groupe d'examen indépendant du système correctionnel que le gouvernement a mis sur pied en 2007, le projet de loi C-39 propose de faire de la réadaptation des délinquants et de leur réinsertion sociale une responsabilité partagée qui incombe à la fois au délinquant et au Service correctionnel du Canada. Les délinquants seraient donc obligés de se comporter de manière respectueuse envers les autres et les biens, d'observer les règlements pénitentiaires et les conditions d'octroi de leur mise en liberté et enfin de participer activement à la définition et à la réalisation des objectifs de leur plan correctionnel.
De plus, pour souligner l'importance de bien gérer la peine d'un délinquant, certains éléments du plan correctionnel que Service correctionnel Canada doit établir pour chaque délinquant seraient prévus dans la loi, dont les comportements attendus du délinquant, les programmes auxquels il doit participer et le respect de toute obligation financière découlant d'une ordonnance judiciaire, comme le dédommagement des victimes.
De plus, le projet de loi moderniserait le régime disciplinaire dans les établissements fédéraux, par exemple en réprimant le comportement des délinquants caractérisé par le manque de respect, l'intimidation et l'agression. Il répondrait également aux préoccupations des policiers en les autorisant à arrêter sans mandat les délinquants qui semblent avoir manqué aux conditions de leur mise en liberté.
Comme nous l'avons entendu, la mesure législative dont nous sommes saisis ferait disparaître le système de libération conditionnelle qui permet à certains délinquants de passer très peu de temps derrière les barreaux. Cela voudrait dire que les responsables de crime non violents ou de crimes économiques devraient purger une plus grande partie des peines plus sévères qui leur ont été infligées et que les victimes obtiendraient justice. Cela voudrait dire que les contrevenants ne pourraient plus se cacher derrière leurs beaux vêtements pour échapper aux conséquences de leurs actes.
Les modifications proposées abolissent la procédure d'examen expéditif qui permet aux délinquants d'obtenir une libération conditionnelle de jour après n'avoir purgé que le sixième de leur peine et une libération conditionnelle d'une journée complète après avoir purgé un tiers de leur peine. Selon la réforme proposée par le gouvernement, les individus coupables de fraude seraient traités comme les auteurs de crimes avec violence. Ils seraient admissibles à une procédure d'examen en vue d'une libération conditionnelle de jour régulière six mois avant d'être admissibles à une libération conditionnelle complète et à une procédure d'examen en vue d'une libération conditionnelle complète après avoir purgé un tiers de leur peine.
De plus, le critère de la libération conditionnelle ne serait plus de savoir si l'individu serait susceptible de commettre un acte criminel avec violence, comme c'est le cas aujourd'hui, mais, comme les autres délinquants, ils ne seraient admissibles à une libération conditionnelle qu'à la condition que la Commission des libérations conditionnelles soit convaincue, lors d'une audition en personne, qu'ils ne posent aucun risque indu de commettre quelque crime que ce soit, y compris la fraude.
Avec les réformes proposées récemment par le , les réformes que le gouvernement propose aujourd'hui signifient que les fraudeurs et les escrocs de haut vol passeraient en prison le temps qu'ils méritent pour leur crime. Les modifications préparent également le terrain pour les libérations conditionnelles méritées, une pierre angulaire de nombreuses réformes suggérées par le comité d'examen.
Pour mieux protéger la société, cette mesure législative assurerait également à la Commission des libérations conditionnelles la capacité et le pouvoir dont elle a besoin pour s'acquitter de sa tâche. Compte tenu de l'importance des décisions que doit sans cesse prendre la commission, la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition serait modifiée de manière à, premièrement, augmenter le nombre de commissaires à temps plein de 45 à 60, pour réduire le recours aux commissaires à temps partiel; deuxièmement, permettre la nomination directe de commissaires à temps partiel à la section d'appel; troisièmement, préciser que les mesures de la commission, tenant compte de la protection de la société, ne vont pas au-delà de ce qui est nécessaire et proportionnel aux objectifs de la libération conditionnelle; quatrièmement, suspendre automatiquement la libération conditionnelle ou la liberté d'office dans le cas des contrevenants frappés d'une peine d'emprisonnement supplémentaire.
Nous prenons cette position au nom de l'ensemble des Canadiens qui souhaitent voir un juste équilibre entre les droits des honnêtes gens et ceux des contrevenants. Nous prenons également cette position au nom de nos concitoyens qui souhaitent que des mesures soient prises dès maintenant pour lutter contre la criminalité. Voilà ce que nous avons l'intention de faire dès maintenant, et dans les jours et les semaines à venir, en présentant de nouvelles mesures législatives sur d'autres questions concernant la sécurité des Canadiens. C'est pour cela que notre gouvernement a été élu et nous entendons respecter nos engagements.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que j'interviens dans le présent débat sur le projet de loi . J'appuie le renvoi du projet de loi au comité, mais je tiens à souligner que j'y vois de nombreuses lacunes. Lorsque nous traitons de criminalité ou de questions portant sur les services correctionnels, la mise en liberté sous condition ou la sécurité, nous devons adopter une approche réfléchie.
Je siège au Parlement depuis 2004. En 2006, lorsque le gouvernement actuel est arrivé au pouvoir, il a présenté un grand nombre de projets de loi sur la criminalité, l'un après l'autre. Il a parlé de la nécessité de sévir contre la criminalité, puis il a prorogé le Parlement. Il a remis les mêmes projets de loi sur la table sous des noms différents et il a de nouveau prorogé le Parlement. Il présente maintenant ce projet de loi pour la troisième fois.
Je crois que les Canadiens commencent à en avoir assez de ce jeu. Si le gouvernement se préoccupe réellement de la sécurité des Canadiens, il aurait dû s'occuper de ces projets de loi. Toutefois, le gouvernement préfère généralement rejeter le blâme sur l'opposition. Je ne crois pas que ce soit vraiment une bonne idée dans ce cas, parce que les partis d'opposition ont déjà traité de tous ces projets de loi au cours des législatures précédentes. J'espère que cette fois-ci le projet de loi sera transmis au comité et que ce dernier en fera l'étude.
Cette plus grande répression de la criminalité n'est pas nécessairement synonyme d'une plus grande sécurité des Canadiens. Pourquoi? Parce que les statisticiens et les experts du domaine ont prouvé que ce ne sont pas les mégaprisons qui assurent la sécurité des citoyens. Il semble qu'il soit plus efficace de miser sur la prévention et sur les facteurs de dissuasion. Si la construction de mégaprisons et le renforcement des peines étaient la panacée, nos voisins du Sud vivraient sans nul doute dans le pays le plus sûr au monde, mais ce n'est malheureusement pas le cas. En fait, le taux de récidive atteint les 70 p. 100 aux États-Unis — j'ai bien dit le taux de récidive. Les gens devraient savoir que les délinquants qui sortent de prison présentent un plus grand risque de récidive. Pourquoi? Voyons ce qui se produit lorsqu'une personne est incarcérée pour un petit vol dans une prison où elle côtoie des criminels qui sont responsables d'actes plus graves et dont le casier judiciaire est plus garni. Ces gens se rencontrent et les petits criminels acquièrent alors de nouvelles habiletés.
Que faire pour régler ces problèmes? Dans les prisons, il pourrait y avoir des secteurs où l'on prépare les détenus à la vie quotidienne. Bon nombre de détenus n'ont aucune compétence en la matière. Ils commettent des petits crimes, puis ils sombrent de plus en plus dans la criminalité. Je pense qu'il est important d'examiner le coût global de la prévention plutôt que de la guérison.
Des spécialistes nous ont dit que le meilleur moyen d'enrayer la criminalité était d'investir dans l'alphabétisation, la création d'emplois, le logement abordable et la santé mentale.
Pourquoi l'alphabétisation? Comme je l'ai mentionné, les personnes qui ont passé du temps derrière les barreaux ne fonctionnent pas au niveau où ils devraient être. Comme je suis membre du conseil d'administration du Centre de toxicomanie et de santé mentale depuis 12 ans, je sais de quoi je parle. Quand on demande aux policiers pourquoi des crimes sont commis, ils disent toujours que la drogue en est la cause. Quand on leur demande ce qu'on peut faire face à ce problème, ils répondent qu'il faut augmenter le nombre de centres de réadaptation et multiplier les places dans ces endroits. Ils nous ont aussi dit qu'aucune ressource n'était offerte aux malades mentaux et que les personnes remises en liberté ne pouvaient pas se trouver de logement abordable. À leur sortie de prison, elles n'ont aucun endroit où aller pour dormir et, par conséquent, le cercle vicieux se poursuit.
En tant que pays, quand nous examinons les questions touchant les infractions criminelles, les prisons et le système de justice dans son ensemble, il importe de prendre conscience des mesures qui s'imposent pour prévenir la criminalité, plutôt que de trouver des solutions après coup.
Lorsque des gens sont en prison, il y a un autre problème et c'est qu'ils sont exposés à des personnes qui ont de la drogue. C'est triste à dire, mais il circule beaucoup de drogues en prison. Que se passe-t-il ensuite? Les prisonniers se passent les aiguilles et certains attrapent le sida.
On peut bien fermer les yeux en disant que c'est dommage et que ce n'est pas le genre de personnes dont on veut s'occuper. Cependant, il est regrettable que, dans un pays démocratique développé, nous ne prenions pas soin des marginaux ou des vulnérables. Que sommes-nous censés faire? À défaut de régler le problème, nous aurons un énorme problème de santé publique.
Tous les députés ici et tous nos électeurs veulent être en sécurité. Nous sommes tous conscients que la sécurité est importante pour nous. Malheureusement, nous ne vivons pas dans un monde parfait et quand nous devons vivre et travailler dans un monde qui ne donne pas des chances égales à tous, il peut arriver que notre sécurité soit compromise.
On nous dit que mieux vaut prévenir que guérir. Alors quelles mesures pouvons-nous prendre? Quelles devraient être les priorités du gouvernement?
Les priorités du gouvernement actuel ne sont pas sensées d'un point de vue économique. Il y a eu beaucoup de gaspillage. Il y a eu de la publicité et des discussions au sujet de son programme de répression de la criminalité, mais aucune solution intelligente n'a été présentée. Le gouvernement veut dépenser 9 milliards de dollars pour construire des mégaprisons pour les auteurs de crimes non signalés. C'est fastidieux au point d'être incompréhensible.
Pourquoi le gouvernement investit-il autant d'argent alors que les statistiques prouvent que le taux de criminalité est en baisse? À vrai dire, quelles sont certaines des occasions manquées? Nous savons qu'un grand nombre de prisonniers ne peuvent pas fonctionner dans la société. Pour qu'ils puissent y arriver, nous devons investir dans l'alphabétisation. À une époque où on parle de mondialisation, de familiarisation avec Internet et de culture informatique, on a peine à imaginer qu'il y a au sein de notre société des personnes qui ne peuvent fonctionner à aucun niveau et qui ont besoin d'aide.
Il existe de nombreuses formes de maladie mentale. Il est donc important que le gouvernement investisse dans des domaines comme le logement social, l'alphabétisation et la santé mentale, au lieu de gaspiller de l'argent à construire des mégaprisons.
Il est aussi très préoccupant que, en dépit de demandes répétées, le gouvernement n'ait toujours pas révélé le coût de ce qu'il appelle son plan, le programme de répression contre la criminalité. Il fait obstacles aux efforts du directeur parlementaire du budget, qui tente de faire son travail et d'obtenir des chiffres exacts.
Au Parlement, nous devons travailler à partir de chiffres exacts. Nous devons connaître les coûts pour pouvoir faire les bons choix, quels qu'ils soient. Le bureau du directeur parlementaire du budget a été créé aux termes de la Loi fédérale sur la responsabilité. Il est dommage que le gouvernement, qui a présenté cette loi, se livre à des jeux dans ce domaine. Il ne veut pas rendre des comptes.
La question que je pose au gouvernement est la suivante: si le gouvernement se préoccupe tant de la sécurité des Canadiens, j'aimerais savoir, et la Chambre aimerait savoir, quel sera le coût du projet de loi? Cela permettra aux Canadiens de décider si l'investissement proposé par le gouvernement assurera notre sécurité.
Quand nous avons parlé de la feuille de route pour renforcer la sécurité publique, le gouvernement a affirmé que le taux de criminalité était à la hausse, mais cela a été contesté par les experts. Nous devons veiller à ce que le projet de loi contienne les dispositions nécessaires. Les dispositions du projet de loi devraient stipuler qu'une victime a le droit de faire une déclaration, de tenir des audiences et ainsi de suite. Or, elles donnent à la police le droit d'arrêter, sans mandat, des délinquants pour manquement aux conditions de leur libération conditionnelle.
Certains de ces problèmes sont importants, mais des experts, comme les professeurs de l'Université de la Colombie-Britannique Michael Jackson et Graham Stewart, ce dernier étant un ancien directeur général de la Société John Howard, ont publié une analyse mordante de la politique correctionnelle du gouvernement.
Au fur et à mesure que nous allons de l'avant avec tout programme, il importe d'y réfléchir attentivement. Quand ce projet de loi sera renvoyé au comité, je recommande fortement aux députés de tenir les audiences nécessaires, de trouver les solutions nécessaires, de travailler ensemble pour assurer la sécurité des Canadiens et d'avoir recours à des solutions intelligentes plutôt qu'à des propos grandiloquents. À mon avis, personne à la Chambre ne veut que des criminels circulent dans nos rues et ne s'oppose à la sécurité des Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis très heureux d'intervenir pour parler du projet de loi . Nous voyons encore une fois le gouvernement présenter un même projet de loi avec un numéro différent à un moment différent. Il y a à peine un an, nous discutions de ce projet de loi, qui était alors le projet de loi . Maintenant, parce que le a encore une fois prorogé la Chambre et nous a obligé à repartir de zéro, nous n'avons pas d'autre choix que de repasser une nouvelle fois par tout le processus.
Cependant, nous avons pu constater en écoutant les intervenants précédents que certaines parties de ce projet de loi ont notre faveur. Par contre, nous avons des objections quant à d'autres éléments. Comme la députée du Bloc l'a dit, son parti appuiera le renvoi de ce projet de loi à un comité. Il faut espérer que nous serons capables de résoudre nos différends sur ces questions à l'étape du comité.
Projet de loi . Le titre abrégé de ce projet de loi est Loi sur le renforcement du système correctionnel fédéral. Il a été présenté initialement en juin 2009 à la Chambre et adopté à l'étape de la première lecture en tant que projet de loi . Cela montre depuis combien de temps nous nous occupons de ce projet de loi.
Le projet de loi vise à améliorer la sécurité publique de plusieurs façons: en déclarant d'abord clairement que, pour avoir droit à la liberté conditionnelle ou à tout autre privilège, les détenus doivent atteindre les objectifs du plan correctionnel et il s'agit d'une exigence essentielle; ensuite, en élargissant la catégorie des délinquants qui ne sont pas admissibles à la procédure d'examen expéditif et les catégories de délinquants dont la détention peut se poursuivre après la date de libération d'office quand ils ont purgé les deux tiers de leur peine — par exemple, les délinquants reconnus coupables de pornographie juvénile, de leurre d'enfant ou d'introduction par effraction pour voler une arme à feu —; et enfin, en prolongeant la durée de la peine que les délinquants qui ont récidivé doivent purger avant d'être admissibles à la liberté conditionnelle et en faisant passer de six mois à un an le délai à attendre avant de demander une nouvelle audience quand la Commission nationale des libérations conditionnelles a rejeté une demande de liberté conditionnelle.
De plus, ce projet de loi autoriserait tout agent de la paix à arrêter sans mandat le délinquant pour toute violation d'une condition de sa mise en liberté, et permettrait au Service correctionnel du Canada d'obliger un délinquant à porter un dispositif de surveillance à distance comme condition de sa libération lorsque cette libération est assortie de conditions spéciales interdisant au délinquant l’accès à une personne ou à des secteurs géographiques.
Comme l'a souligné le porte-parole de notre parti, il s'agit d'un projet de loi très long, qui comprend bien des changements, des améliorations et des amendements.
Ce projet de loi augmentera également le nombre de raisons qui justifient la fouille des véhicules qui se trouvent au pénitencier afin de prévenir l'entrée de produits de contrebande ou la perpétration d'une infraction criminelle.
Comme plusieurs des intervenants avant moi l'ont dit, ce projet de loi se concentre sur les intérêts des victimes. Par exemple, le projet de loi prévoit étendre la définition de victime à toute personne ayant la garde d'un parent de la victime principale ou d'une personne à sa charge si la victime principale est décédée, malade ou incapable. Il permettrait également la divulgation à la victime des programmes auxquels le délinquant a participé en vue de sa réinsertion dans la société, l'emplacement de l'établissement où le délinquant a été transféré ainsi que les motifs du transfert. Il s'agit là d'avantages supplémentaires à l'intention des victimes de crimes.
De plus, le projet de loi officialise le droit des victimes de faire une déclaration lors des audiences de libération conditionnelle. Comme le député de l'a fait remarquer, c'est là un ajout à la loi. C'est certainement une chose que les victimes et les associations de victimes apprécieront.
Par ailleurs, certaines dispositions du projet de loi apporteront des modifications mineures à la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, notamment des corrections au texte même ou des reformulations qui visent à clarifier l'intention du législateur. Certains articles visent aussi à accroître l'efficacité de l'administration des peines, par exemple, l'augmentation du nombre maximal de membres pouvant siéger à la Commission nationale des libérations conditionnelles. Un député du côté ministériel a dit que le nombre de ces membres passait de 45 à 60, je crois. La différence, c'est qu'ils seront des membres à temps plein plutôt qu'à temps partiel. Nous n'avons aucune objection à cela.
Je constate que le temps dont je dispose aujourd'hui est expiré, mais je crois que j'aurai le temps de terminer mon intervention la prochaine fois que nous discuterons du projet de loi.