Le Nouveau Parti démocratique remercie tous ceux
qui se sont présentés devant le Comité permanent de l’environnement et du
développement durable ou qui lui ont remis un mémoire dans le cadre de son
étude sur l’élaboration d’un plan de conservation national.
Sans rejeter en bloc le rapport du comité, nous
avons de sérieuses réserves à son sujet. Comme on nous limite à un certain
nombre de pages, nous ne pouvons malheureusement en exprimer ici que
quelques-unes.
Les néo-démocrates croient dans le développement
durable tel que défini par la commission Brundtland, à savoir un développement
qui « répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre aux leurs »[i]. Selon les néo-démocrates, un plan de conservation national doit
adopter une approche éco-systémique en matière de conservation, c'est-à-dire
qu’il doit viser non seulement à atteindre des objectifs nationaux et
internationaux, mais à les dépasser, comporter des mécanismes de surveillance
et de suivi, respecter et mettre à profit les connaissances ancestrales des
autochtones, associer tous les Canadiens à son élaboration et à sa mise en
œuvre et inviter le public à en partager les bienfaits et les succès.
Dans son rapport, le comité ne reconnaît pas les
contributions importantes, ni de la science et des scientifiques, ni des
groupes environnementaux, ni des groupes autochtones ou des collectivités. La
méfiance et le mépris que le gouvernement conservateur affiche à l’égard de
certains de ces intervenants, parce qu’ils font passer le bien commun avant le
développement à tout prix, ouvre des déchirures profondes dans le tissu
démocratique qui sous-tend le bon fonctionnement du processus canadien de prise
de décision et d’élaboration des politiques. Aussi faut-il déployer des efforts
pour rétablir la confiance et le respect mutuel entre tous les intervenants et
les décideurs. Tous les Canadiens doivent être associés à l’élaboration du plan
de conservation national. Comme cette collaboration constituerait en soi une
bonne chose, il faut tâcher d’élaborer un plan global qui comporte un processus
inclusif.
Par ailleurs, les récentes compressions du
gouvernement dans le financement du Réseau canadien de l’environnement, qui
facilitait à peu de frais au nom du gouvernement la consultation, la
mobilisation et la coordination de plus de 640 groupes de partout au pays ainsi
que des réseaux provinciaux, sont à courte vue et malavisées. Le RCE pourrait
contribuer utilement tant à l’élaboration du plan de conservation national qu’à
la mise au point et en œuvre d’initiatives régionales. Les néo-démocrates
recommandent de rétablir le financement du RCE.
Le rapport du comité préconise de trouver
« un équilibre » entre l’environnement et l’économie. Cependant, les néo-démocrates
ne croient pas qu’il soit sage à long terme de ne protéger l’environnement que
quand c’est profitable. Ils ne croient pas qu’un développement à tout crin qui
sacrifie les espèces en péril, la salubrité de l’air et de l’eau, la santé des
écosystèmes et des gens soit viable pour les générations à venir. Un plan de
conservation doit protéger l’environnement, car la santé de l’économie passe
par un environnement propre. Malheureusement, au lieu de mobiliser les
ressources nécessaires à cette approche équilibrée, le gouvernement
conservateur abolit la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie,
qui était la mieux placée pour lui fournir les avis et conseils qu’il lui faut.
Les néo-démocrates recommandent de rétablir le financement de la TRNEE.
Dans son rapport, le comité insiste sur la
contribution des partenariats public-privé au financement des activités de
conservation. Les néo-démocrates croient que le gouvernement fédéral doit
prendre l’initiative d’assurer un financement permanent et prévisible à la
réalisation des engagements qu’il a pris. Nous croyons aussi au principe du
pollueur-payeur, car c’est au pollueur qu’il incombe de financer la
restauration des habitats dégradés et les efforts de conservation qui atténuent
les conséquences de leur activité.
Dans la foulée du Sommet de la terre de Rio en
1992, la communauté internationale a adopté la Convention sur la diversité
biologique, que le Canada a été parmi les premiers pays à signer. En vertu de
l’article 8, le Canada s’engage à :
- réglementer ou gérer les ressources biologiques présentant une importance pour la conservation de la diversité biologique à l'intérieur comme à l'extérieur des zones protégées afin d'assurer leur conservation et leur utilisation durable;
- favoriser la protection des écosystèmes et des habitats naturels, ainsi que le maintien de populations viables d'espèces dans leur milieu naturel; […]
- formuler ou maintenir en vigueur les dispositions législatives et autres dispositions réglementaires nécessaires pour protéger les espèces et populations menacées.
Il est ironique que ce rapport soit déposé au
moment même où la communauté mondiale marque le 20e anniversaire du
Sommet de Rio et où le gouvernement conservateur, par son projet de loi
budgétaire fourre-tout, éviscère certaines de nos lois environnementales les
plus importantes. Il réduit radicalement le nombre d’évaluations
environnementales, éventre la Loi sur les pêches et cesse de protéger l’habitat
de toutes les espèces de poisson sauf une poignée. En plus, le comité n’a
toujours pas fait rapport de l’examen auquel il a soumis la Loi sur les espèces
en péril sous la dernière législature malgré sa mise en œuvre bâclée par le
gouvernement.
Beaucoup de témoins, dont Nature Québec, ont
souligné combien le Canada avait besoin d’une législation et d’une
réglementation solides en matière d’environnement. Il recommande au
gouvernement de « maintenir et renforcer la réglementation
environnementale et les processus d’évaluation environnementale pour veiller au
maintien des objectifs de conservation de la biodiversité »[ii]. Les témoins ont pressé le gouvernement d’adhérer aux objectifs
d’Aichi en vertu de la Convention sur la diversité biologique en le pressant
non seulement de les atteindre, mais de les dépasser. Les néo-démocrates
préconisent l’application de cette approche à tous les objectifs du plan de
conservation national, pas seulement à l’objectif 11.
Enfin et peut-être surtout, les néo-démocrates
croient qu’il faut au Canada en matière de conservation une solide
réglementation qui fixe des priorités et des règles claires et assure leur suivi
et leur respect de manière à dissiper toute incertitude. Comme l’a dit
succinctement un témoin :
« Il faut élaborer le Programme national de
conservation à l’intérieur d’un cadre réglementaire solide protégeant les
espèces ainsi que les habitats du Canada et qui préconise la conservation comme
faisant partie de l’environnement des affaires dans ce pays. Sans engagements
juridiquement contraignants, la responsabilisation du Programme national de
conservation laisserait à désirer. »[iii].