FEWO Rapport du Comité
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
Rapport complÉmentaire du Nouveau Parti dÉmocratiqueSelon les membres néo-démocrates du Comité permanent de la condition féminine, le rapport final intitulé Amélioration des perspectives économiques des filles au Canada ne reflète pas toute la diversité des opinions exprimées par les 40 témoins qui ont comparu. Ce qui les préoccupe également, c’est que l’étude elle-même était limitée aux changements que seul Condition féminine Canada pourrait apporter. Des témoins ont expliqué en quoi consistaient les obstacles répandus qui empêchent les femmes et les filles canadiennes de faire partie de la population active et ont formulé diverses recommandations visant à aider les femmes à réussir sur le plan économique. Les néo-démocrates sont d’accord avec un certain nombre de recommandations présentées dans le rapport, mais estiment que d’autres ne reflètent pas exactement ce que des experts ont recommandé au Comité. En fait, les recommandations présentées dans le rapport ne tiennent aucun compte des directives formulées à l’intention du gouvernement fédéral pour que celui-ci prenne des mesures concrètes afin d’améliorer les perspectives économiques des jeunes Canadiennes. Portée Le Comité a limité son étude aux modifications que Condition féminine Canada pouvait effectuer. Pour les néo-démocrates, la promotion de l’égalité des femmes et des filles au Canada est la responsabilité de toutes les agences et tous les ministères fédéraux, et pas seulement de Condition féminine. En fait, dans son plan de 1995 pour l’égalité entre les sexes, le gouvernement du Canada reconnaissait le caractère multisectoriel des questions de sexospécificité et l’importance d’une collaboration horizontale entre ministères fédéraux. Par ailleurs, la capacité de Condition féminine Canada de faire avancer l’égalité des femmes au pays est limitée par les compressions budgétaires et les restrictions apportées au mandat de son Programme de promotion de la femme. L’étude aurait dû se fonder sur une approche plus vaste et reconnaître la responsabilité de tous les ministères fédéraux dans la promotion de l’égalité des sexes au Canada. Partenariats Le rapport comporte de nombreuses recommandations qui, tout en étant utiles, touchent d’autres ministères et visent la création de partenariats[i]. Les néo-démocrates espèrent que d’autres ministères tiendront compte de ces recommandations. Certaines recommandations que présente le rapport portent sur l’encouragement par Condition féminine Canada de partenariats et de programmes dans le but de promouvoir la prospérité économique des jeunes Canadiennes, ce qui constitue un rôle passif. Les néo‑démocrates veulent que Condition féminine Canada joue un rôle actif et appuie les programmes et les partenaires. Les néo-démocrates recommandent que Condition féminine Canada encourage et appuie les partenariats avec d’autres ministères et en crée de nouveaux dans le but d’améliorer les perspectives économiques des filles et des jeunes femmes canadiennes. Utilité Les membres néo-démocrates et d’autres membres du Comité avaient eu l’impression que l’étude aiderait à diriger le travail de Condition féminine Canada. En juin 2012, Condition féminine Canada avait annoncé que, dans le cadre de son appel de propositions sur le thème « Préparer la réussite des filles et des jeunes femmes », elle recevrait des demandes de financement de projets visant à « améliorer les perspectives économiques des filles et des jeunes femmes ». La date limite pour soumettre sa proposition était le 10 août dernier[ii], soit avant que le Comité permanent de la condition féminine ne finisse son examen de ce rapport. Filles et jeunes femmes autochtones Le Comité a appris de témoins que les filles et les jeunes femmes autochtones affichent, par rapport à leurs homologues non autochtones, des taux supérieurs et excessifs de violences, des taux inférieurs d’achèvement des études secondaires et des taux plus élevés de grossesses et de naissances vivantes chez les adolescentes, ainsi que des taux supérieurs d’implication dans le système judiciaire et de pauvreté. Ces obstacles entravent la réussite économique des filles et les femmes autochtones. Pour de nombreux témoins entendus, de meilleures possibilités de scolarisation pour les filles autochtones fréquentant des écoles dans les réserves aideraient à améliorer les perspectives économiques. L’éducation peut donner aux filles les outils nécessaires pour entrer sur le marché du travail. Ont été exclues du rapport final les recommandations visant à renforcer le mode d’éducation des filles qui fréquentent des écoles dans les réserves, notamment par un financement des écoles des réserves égal, par étudiant, à ce que reçoivent les écoles de la province ou du territoire et par une amélioration du programme scolaire de la maternelle à la douzième année[iii]. Les néo-démocrates recommandent que, par la voie de négociations avec les organismes et communautés autochtones et de consultations avec ces derniers, le gouvernement fédéral améliore l’instruction des filles et des jeunes femmes autochtones en augmentant le financement des écoles dans les réserves. D’autres témoins ont proposé de mettre sur pied des appuis adaptés aux particularités culturelles des Autochtones à l’intention des jeunes filles quittant leurs réserves pour poursuivre leurs études ou travailler, notamment sous forme d’aide aux centres d’amitié, ainsi que d’appui et de formation permanente pendant toute la durée de leur carrière [iv]. Les femmes autochtones en particulier connaissent des difficultés lorsqu’elles s’installent dans des centres urbains, car elles ne disposent pas du même système de soutien que lorsqu'elles étaient dans leur communauté. Les néo-démocrates recommandent que Condition féminine Canada travaille avec le ministère des Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, en consultation avec les organismes et les communautés autochtones, dans le but d’appuyer les centres d’amitié et, tout particulièrement, de fournir des soutiens adaptés aux particularités culturelles des filles et des jeunes femmes autochtones qui s’installent dans des centres urbains pour y poursuivre des études ou travailler. Santé sexuelle Les néo-démocrates ont reçu des témoignages portant sur l’importance des investissements dans l’éducation générale en matière de santé sexuelle[v]. Si l’on enseigne aux femmes leurs droits en matière de reproduction, les filles et les jeunes femmes ont les connaissances dont elles ont besoin pour être maîtresses de leur destinée. Un témoin a déclaré : Cela est particulièrement important pour l'étude, car nous ne pouvons pas nous pencher sur le développement et les perspectives économiques des femmes et des filles canadiennes sans comprendre qu'il n'y aura jamais une véritable justice économique ni aucune perspective connexe si elles n'ont aucun contrôle sur leur santé reproductive, leur propre corps et leurs choix. Il est impossible de se concentrer sur la planification familiale ou la fin d'une relation de violence ou d'abus et de tenter du même coup de planifier les perspectives économiques dont nous voulons tirer profit[vi]. Les néo-démocrates recommandent que Condition féminine Canada et Santé Canada, en consultation avec les provinces et les territoires, financent des projets qui ciblent le développement de relations saines, ce qui comprend la santé de la reproduction et l’éducation sexuelle. Obstacles à la participation au marché du travail Pauvreté Des témoins ont expliqué que, pour les filles et les jeunes femmes, la pauvreté est un obstacle à la participation économique et à la prospérité. En effet, il est plus difficile de faire des études, d’avoir un logement, de se déplacer et de bénéficier d’autres biens et services nécessaires sur le marché du travail lorsque l’on vit dans la pauvreté. Un certain nombre de témoins ont expliqué que les jeunes femmes sont plus susceptibles d’avoir un emploi à temps partiel, un emploi précaire ou temporaire. Souvent, ces emplois sont moins rémunérés, s’accompagnent d’avantages sociaux moindres, et leurs titulaires n’ont pas droit à l’indemnisation des travailleurs ni à l’assurance-emploi. Un témoin a recommandé que le gouvernement se penche sur le problème du sous‑emploi et du travail précaire, car les jeunes femmes sont les plus susceptibles de vivre ces situations[vii]. Garde d’enfants Les témoins ont expliqué au Comité que, pour beaucoup, la garde d’enfants et les aides connexes sont nécessaires pour permettre et encourager la participation économique et la prospérité des jeunes mères[viii]. Les néo-démocrates recommandent de collaborer avec les provinces et les territoires à l’établissement et au financement d’un programme d’apprentissage et de garde des jeunes enfants s’étendant à l’ensemble du Canada qui permettrait à un nombre plus grand de jeunes mères d’entrer sur le marché du travail. Logement Des témoins ont déclaré que le manque d’accès au logement empêche les femmes d’entrer sur le marché du travail. Cela est particulièrement vrai de toutes celles qui quittent les régions rurales pour s’installer dans des villes et des filles autochtones qui quittent les réserves. Les néo-démocrates reprennent les recommandations proposées par les témoins selon lesquelles il faut appuyer davantage les jeunes femmes et les filles qui doivent déménager pour poursuivre des études ou se trouver un emploi, ce qui comprend une aide au logement[ix]. Les néo-démocrates recommandent que le gouvernement collabore avec les provinces et les territoires à l’établissement d’une stratégie nationale du logement afin d’assurer un logement sûr, décent, accessible et abordable à tous les Canadiens. Encouragement et modèles Plusieurs témoins ont recommandé que le gouvernement fédéral crée des partenariats dans le but de mettre sur pied des programmes visant à encourager les filles et les jeunes femmes à poursuivre des carrières non traditionnelles[x]. Selon un témoin : Ces programmes jouent un rôle important dans l'accroissement de la résilience des filles et des jeunes femmes et dans leur accession à l'autonomie financière. Cela constituera une importante contribution à la prospérité économique globale et à l'indispensable diversification de la main-d'œuvre[xi]. Le rapport final passe sous silence les recommandations qui portent sur la tenue d’une réunion avec des partenaires dans le but d’édifier une stratégie nationale sur les études scientifiques de la maternelle à la douzième année, sur la collaboration avec les universités et les collèges afin d’accroître les inscriptions de jeunes femmes dans des programmes d’études non traditionnelles et leur réussite dans ces études, sur l’établissement de partenariats entre les secteurs économiques et les établissements d’enseignement et sur la définition du rôle du gouvernement fédéral dans le financement des stages d’apprentissage pour les jeunes, des programmes de transition entre les études et le marché du travail et d’autres programmes d’employabilité. Des témoins ont expliqué que l’absence de modèles féminins dans des emplois non traditionnels, comme le génie ou les métiers spécialisés, signifie que les filles ne peuvent s’imaginer entrer dans ce type de carrières. Pour plusieurs témoins, ces modèles encourageraient les jeunes femmes à s’orienter vers ce type de carrières. De nombreux témoins ont recommandé d’encourager sur large échelle des modèles dans le but d’inspirer les jeunes filles à entrer sur le marché du travail, surtout dans des emplois non traditionnels[xii]. Les modèles que peuvent incarner certaines femmes peuvent disparaître avec le temps si ces dernières veulent consacrer davantage de temps à leur vie personnelle. En effet les femmes quittent souvent le marché du travail, ou choisissent de travailler à temps partiel ou quelques jours par semaine du fait qu’elles sont principalement responsables de leurs familles. Si l’on s’attaque aux obstacles qui empêchent les femmes d’entrer sur le marché du travail, on fait en sorte que les filles disposent de modèles dans diverses carrières. [i] Par exemple, voir Paige Isaac, coordonnatrice, Maison des peuples autochtones, Témoignage, 4 avril 2012 [ii] Les renseignements sur cette annonce proviennent de Condition féminine Canada, « Le gouvernement du Canada prépare la réussite et l’accès au pouvoir des filles », communiqué, 5 juin 2012 [iii] Paige Isaac, coordonnatrice, Maison des peuples autochtones, Témoignage, 4 avril 2012 [iv] Claudette Dumont-Smith, directrice générale, Association des femmes autochtones du Canada, Témoignage, 2 mai 2012 [v] Jolanta Scott-Parker, directrice générale, Fédération canadienne pour la santé sexuelle, mémoire, 18 mai 2012, p. 5 [vi] Jessica Danforth, directrice générale, Native Youth Sexual Health Network, Témoignage, 28 mai 2012, 1715 [vii] Barbara Byers, vice-présidente exécutive, Congrès du travail du Canada, Témoignage, 12 mars 2012, 1650 [viii] Paulette Senior, chef de la direction générale, YWCA Canada, Témoignage, 12 mars 2012, 1540; Laurel Rothman, coordonnatrice nationale, Campagne 2000, Témoignage, 25 avril 2012, 1700; Margaret‑Ann Armour, présidente du conseil, Canadian Centre for Women in Science, Engineering, Trades and Technology, Témoignage, 14 mai 2012, 1620; Shellie Bird, membre du conseil d’administration, Association canadienne pour la promotion des services de garde à l’enfance, Témoignage, 14 mai 2012, 1625; YWCA Canada, « Des filles aux femmes : Programmes et politiques pour accroître la prospérité économique », mémoire, 23 mai 2012, p. 7 [ix] Jane Stinson, directrice, Projet FemNorthNet, Institut canadien de recherches sur les femmes, Témoignage, 28 mars 2012, 1535 [x] Jennifer Flanagan, présidente et directrice générale, Actua, Témoignage, 28 mai 2012, 1610; Alliance de la fonction publique du Canada, Présentation, 9 mai 2012, p. 5 [xi] Jennifer Flanagan, présidente et directrice générale, Actua, Témoignage, 28 mai 2012, 1610. |