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HESA Rapport du Comité

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PARTIE DEUX : AUTRES INNOVATIONS DANS LES SOINS DE SANTÉ

Dans le cadre de l’étude, des témoins ont décrit les autres types d’innovations qui se produisent dans la prestation de soins de santé, de même que dans la formation des professionnels de la santé et dans la planification des ressources humaines dans le secteur de la santé. La partie deux résume ces témoignages et présente les conclusions du Comité dans ces domaines.

Des témoins ont fait ressortir les nombreuses innovations dans la prestation des soins de santé partout au Canada et dans d’autres pays, dans les trois domaines suivants : soins de santé primaires, soins actifs et santé publique. Ces modèles novateurs de prestation de soins de santé, ainsi que les observations et recommandations du Comité, sont présentés dans les sections qui suivent.

1. Innovations dans la prestation des soins de santé primaires

i. Équipes de soins multidisciplinaires

Le Comité a appris que de nouveaux modèles de soins de santé primaires voient le jour un peu partout au pays. Par exemple, des témoins ont parlé des équipes de soins multidisciplinaires dispensant des soins de santé primaires[237]. Il a été notamment question de la clinique multidisciplinaire en santé de l’Université du Québec à Trois-Rivières, créée pour offrir aux étudiants des expériences de formation clinique multidisciplinaires. Le programme couvre trois disciplines : l’ergothérapie, l’orthophonie et les soins médicaux. La clinique a donné aux étudiants de ces disciplines l’occasion de travailler dans un environnement clinique tout en étant supervisés par des professionnels de la santé et des médecins expérimentés. De plus, le Comité a appris que la clinique a été créée pour répondre aux besoins de la population locale, dont ceux des enfants dans les centres de la petite enfance, les écoles et les cliniques de pédiatrie sociale qui, souvent, n’ont pas accès à des services d’ergothérapie et d’orthophonie.

D’après les témoins, des études ont révélé que les équipes multidisciplinaires et la collaboration entre professionnels en clinique améliorent la qualité des soins, même si certaines difficultés restent à surmonter, par exemple les luttes de pouvoir entre diverses professions de la santé[238]. Les témoins ont donc recommandé que le gouvernement fédéral appuie les programmes de formation et d’enseignement interprofessionnels au moyen de programmes ciblés, en collaboration avec les universités, et qu’il examine, avec Inforoute Santé du Canada Inc., de quelle manière les technologies de l’information sur la santé pourraient favoriser davantage de coopération entre les fournisseurs de soins.

ii. Le modèle social des soins primaires

Des témoins ont fait ressortir les approches innovatrices visant l’amélioration de la santé dans les collectivités vulnérables grâce au « modèle social de soins primaires ». Selon les représentants de la B.C. Healthy Living Alliance, le modèle social de soins primaires permet d'offrir des services à des collectivités défavorisées et difficiles à atteindre, en établissant des liens entre ces collectivités et les réseaux de santé[239]. Par exemple, le modèle social de soins primaires fait appel à des infirmières praticiennes en milieu communautaire, notamment les écoles, les garderies et les centres communautaires. Ces infirmières agissent comme points de contact entre ces collectivités et les services tertiaires et les spécialistes. Elles s’associent également à des agences de services sociaux ou des ONG pour s'attaquer à des déterminants sociaux comme l’insécurité alimentaire et résidentielle, qui ont des répercussions sur la santé de la collectivité. Le modèle social de soins primaires incite également les collectivités à discuter avec les fournisseurs de soins pour cerner les problèmes de santé émergents, poser des questions et formuler des suggestions.

Le Comité a appris que Judith Lynam, de l’école d’infirmières de l’Université de la Colombie‑Britannique, a évalué ce modèle et constaté qu’il favorise un meilleur accès aux soins de santé pour les familles faisant face à de nombreuses difficultés et qu’il parvient à atteindre les gens, y compris les enfants ayant des problèmes de développement et de santé mentale et dont, auparavant, on ne s’occupait pas[240]. Mme  Lynam a aussi observé que ces familles ne vont plus aux urgences pour recevoir des soins de santé primaires et que l’on évite également les épisodes aigus de maladies chroniques, ce qui représente des économies pour le système de santé.

Compte tenu des avantages que procure ce modèle de soins, les représentants de la B.C. Healthy Living Alliance ont recommandé que le gouvernement fédéral travaille de concert avec les provinces et les territoires à l’élargissement de ce modèle à d’autres collectivités au moyen de subventions de recherche et de pratique[241]. De plus, ils ont recommandé que le gouvernement fédéral recense les pratiques exemplaires et les leçons retenues dans l’élaboration et la mise en œuvre de modèles innovateurs de soins primaires dans l’ensemble du pays et financés par l’intermédiaire de son Fonds pour l’innovation en santé, qui faisait partie de l’Accord sur la santé de 2004. Selon ces témoins, une évaluation des divers modèles de soins primaires aiderait à promouvoir leur application dans l’ensemble du pays.

iii. Le Centre de médecine de famille

Le Comité a entendu le témoignage du Dr Christopher Fotti, du Pritchard Farm Health Centre, nouvelle clinique de pratique familiale qui regroupe neuf médecins de famille aux spécialités différentes[242]. Grâce à cela, les patients ont accès à des médecins de divers domaines de compétence dans un seul et même endroit. De plus, les médecins peuvent se consulter entre eux sur place, officiellement et officieusement. Le centre offre aussi des services de diagnostic, logés à la porte voisine, qui sont reliés à leurs systèmes informatiques. Le Comité a appris que certains des médecins de cette clinique travaillent également dans les soins actifs, ce qui leur permet de faciliter la transition, pour les patients, entre les soins primaires et les soins actifs. De plus, le modèle de pratique collective permet à la clinique d’offrir des consultations le même jour et après les heures régulières.

Cette clinique, aux dires du témoin, a été créée selon un modèle mis au point par le Collège des médecins de famille du Canada appelé « Le Centre de médecine de famille[243] ». D'après le Collège, ce modèle est un centre de médecine familiale défini par ses patients comme l’endroit où ils se sentent vraiment à l’aise d’exposer leurs problèmes médicaux personnels ou familiaux[244]. C’est un carrefour permettant la prestation et la coordination opportunes d’une vaste gamme de services de santé fournis par une équipe ou un réseau de professionnels, dont des infirmières et des médecins auxiliaires réunis dans un même endroit ou virtuellement reliés par divers sites dans la collectivité.

iv. Intégration des médecines complémentaire et conventionnelle

Le Comité a reçu de l’information sur un autre modèle de soins visant l’intégration des médecines complémentaire et classique dans des cliniques communautaires[245]. Entre 40 et 80 % des patients atteints d’un cancer, particulièrement les femmes ayant un cancer du sein, requièrent les services de praticiens complémentaires pour améliorer leur qualité de vie tandis qu’ils ou elles suivent des thérapies conventionnelles comme la chimiothérapie ou la radiothérapie. Le Centre de cancérologie intégrative d’Ottawa est une clinique communautaire multidisciplinaire réunissant des naturopathes, des médecins, des acuponcteurs, des physiothérapeutes, des conseillers et une nutritionniste. Le Centre a été créé pour offrir des traitements et un soutien aux patients subissant des traitements classiques contre le cancer au Centre de cancérologie de l’Hôpital d’Ottawa. Ces traitements et services de soutien comprennent notamment des services pour faciliter la guérison postopératoire et maîtriser les effets secondaires de la chimiothérapie et de la radiothérapie. Le Centre de cancérologie intégrative d’Ottawa, appuyé par le Centre de cancérologie régional d’Ottawa et les IRSC, travaille aussi de concert avec l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa afin d’évaluer les avantages des médecines complémentaires par rapport aux résultats observés chez les patients atteints d’un cancer, notamment les taux de rechute et de mortalité.

v. Coopératives de santé[246]

Les témoins ont aussi souligné l’apparition des coopératives de santé un peu partout au Canada. Le Comité a appris qu’il en existe environ 120 au pays, principalement au Québec, mais aussi au Manitoba, en Saskatchewan, en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Les représentants du Conseil canadien de la coopération et de la mutualité ont expliqué que les coopératives de santé sont des entreprises collectives qui offrent les infrastructures et les ressources nécessaires à la prestation de services pour promouvoir, maintenir et améliorer l’état de santé et les conditions de vie de la population. Les membres des coopératives sont engagés autant dans l’organisation que dans la gestion de ces services. Ils s’entendent sur le financement des activités de leur coopérative, qui se fait par voie de parts de qualification, de cotisations annuelles ou de dons. Les témoins ont expliqué que les coopératives de santé ont été créées dans le but de garantir un accès continu aux soins dans les communautés où elles sont implantées. Situées, pour la plupart, dans des régions rurales ou éloignées, 46 % des coopératives de santé ont comblé le vide laissé par des cliniques ayant fermé leurs portes, alors que 54 % ont été créées pour offrir de nouveaux services à la communauté, tels que des soins à domicile, des services de télésanté et de prévention à des groupes cibles comme les membres des Premières Nations et les Inuits. Afin de promouvoir la création de coopératives de santé partout au Canada, les témoins ont recommandé une clarification des règles entourant les contributions versées, et la possibilité que ces contributions soient considérées comme des frais médicaux et donc remboursées.

2. Innovations dans la prestation de soins actifs

i. Recours aux auxiliaires médicaux

Les témoins ont décrit au Comité les divers efforts déployés pour améliorer l’efficacité et le rendement dans les environnements de soins actifs. Ainsi, au Concordia Joint Replacement Group, le problème des délais d’attente pour les chirurgies de la hanche et du genou a été réglé en augmentant la productivité des chirurgiens grâce à l’embauche d’auxiliaires médicaux chargés de positionner les patients, de préparer le champ opératoire, de couvrir les patients et de s’en occuper une fois l’opération de la hanche ou du genou terminée[247]. Le recours à des auxiliaires médicaux permet de libérer les chirurgiens plus tôt, de sorte qu’ils peuvent commencer une autre chirurgie dans une salle adjacente déjà préparée par d’autres auxiliaires. Le Comité a appris que le recours à ces professionnels auxiliaires a permis d’augmenter de 42 % le volume de chirurgies, ce qui a par conséquent fait reculer les délais d’attente de 44 à 30 semaines. Rob Ballagh, chirurgien ayant comparu devant le Comité à titre personnel, a ajouté que les militaires canadiens ont aussi recours aux auxiliaires médicaux, qualifiés d’adjoints au médecin; ces professionnels reçoivent une formation médicale spécialisée et travaillent sous la supervision des médecins[248]. Le recours à ce personnel auxiliaire permet de pallier la pénurie de médecins dans l’armée[249].

ii. Adoption d’approches inspirées de la méthode Lean

Des témoins ont dit au Comité que les environnements de soins actifs appliquent la méthode Lean pour augmenter leur efficacité et leur rendement. Il faut entendre par ce terme une approche ciblée patient‑client permettant d’isoler et d’éliminer toutes les activités sans valeur ajoutée et de réduire le gaspillage au sein d’une organisation[250]. Les activités qui ajoutent de la valeur sont celles que le patient ou client est disposé à payer, soit directement, soit indirectement par ses impôts, comme c’est le cas avec le système de santé. C’est une philosophie ou un mode de pensée qui vient du secteur manufacturier. Le Comité a appris, par exemple, qu’en adoptant cette approche, l’Hôpital de Saint‑Boniface a pu ramener ses priorités stratégiques de quinze à quatre et obtenir ainsi de meilleurs résultats[251]. L’hôpital organise également de multiples activités d’amélioration chaque mois, au cours desquelles le personnel de première ligne et les gestionnaires s’efforcent ensemble de résoudre un problème particulier. Ces applications de la méthode Lean ont permis de relever le niveau de satisfaction des clients et l’engagement du personnel et, en même temps, de réduire le taux de mortalité normalisé de 30 %. L’Hôpital de Saint-Boniface a également amélioré son rendement financier de 1 %, ce qui s’est traduit par des économies de 3 millions de dollars.

Le porte-parole du Concordia Joint Replacement Group a également mentionné au Comité que le groupe avait adopté la méthode Lean pour améliorer les soins dans le cas des fractures de la hanche, en trouvant la cause des retards en chirurgie et des solutions pour éliminer les goulots d’étranglement dans le système[252]. Ces efforts ont permis de ramener les délais d’attente en chirurgie à 1,8 jour pour les patients ayant une fracture de la hanche; la durée du séjour a également diminué à 25 jours, et le taux de mortalité à l’hôpital a chuté à 5 %. Étant donné l’amélioration de l’efficacité et du rendement dans les soins actifs, grâce à l’adoption de pratiques inspirées de la méthode Lean, un des témoins a recommandé la création d’un centre national d’apprentissage de la méthode Lean à l’intention des dirigeants d’établissements de soins de santé. D’après un autre témoin, plusieurs hôpitaux ou régions sanitaires pourraient se concentrer sur la mise au point de modèles dans leurs domaines de compétence, comme la gestion des maladies chroniques ou des services d’urgence, et communiquer ensuite les résultats obtenus à d’autres. Un des témoins a souligné la nécessité de suivre et de mesurer les résultats à l’aide d’une base de données afin de recenser les problèmes à l’intérieur du système et de veiller à ce que les changements effectués aient des effets concrets.

iii. Un projet d’hôpital virtuel[253]

Danyaal Raza, de Médecins canadiens pour le régime public, a parlé au Comité d’un projet d’hôpital virtuel à Toronto, qui permet à des patients de recevoir des soins et un suivi hospitaliers tout en restant chez eux. Les malades présentant un risque élevé d’être hospitalisés sont admis dans un hôpital virtuel, ce qui leur permet de rester chez eux où ils reçoivent des soins constants, exactement comme s’ils étaient physiquement à l’hôpital. Ce faisant, ils peuvent communiquer avec leur équipe soignante pour lui faire part de tout problème avant d’être examinés par leur médecin traitant. Ce système permet de garder les patients chez eux tout en leur donnant accès à des soins dans la collectivité, les empêchant ainsi de glisser entre les mailles du filet. Afin de promouvoir ce type d’innovations dans la prestation de soins médicaux, le Dr Raza a recommandé également que le gouvernement fédéral joue un rôle de chef de file en partageant les meilleures pratiques utilisées dans les nouveaux modèles de soins. Il a ajouté que ce partage des connaissances pourrait se faire en créant un organisme pancanadien chargé d’évaluer les innovations dans une perspective nationale. Il a proposé que le Conseil canadien de la santé, qui répertorie actuellement quelques-unes des meilleures pratiques dans le domaine de la prestation des soins de santé grâce à son portail de l’innovation, se voie confier un mandat élargi et accorder du financement additionnel pour aider à recenser et à diffuser les meilleures pratiques et les innovations partout au pays.

iv. Cliniques de chirurgie externes au réseau hospitalier[254]

Emad Guirguis, du centre de chirurgie Lakeview, a expliqué au Comité comment on peut prodiguer des soins actifs en dehors des hôpitaux, parlant notamment de l’efficacité des interventions chirurgicales et des anesthésies générales. Il a indiqué que son établissement accrédité offre des services jugés nécessaires au sens de la Loi canadienne sur la santé, comme les opérations pour des hernies ou des cancers du sein, ainsi que des interventions qui ne sont pas couvertes, comme les chirurgies laparoscopiques chez les personnes obèses. Il a ajouté que certaines provinces, dont l’Ontario, envisagent actuellement de sous-traiter certaines opérations (pour lesquelles il n’est pas nécessaire d’hospitaliser les patients) à des cliniques chirurgicales ne faisant pas partie du réseau, mais capables de prodiguer des soins efficacement et en toute sécurité, réduisant ainsi les pressions exercées sur les salles d’opération des hôpitaux.

v. Utilisation de modèles de financement pour améliorer l’accessibilité aux soins[255]

Jason Sutherland, du Centre of Health Services and Policy Research de l’Université de la Colombie-Britannique, a indiqué au Comité que l’adoption de nouveaux modèles de financement des soins médicaux pourrait inciter les hôpitaux à améliorer l’accessibilité aux soins et à écourter les délais d’attente en chirurgie. Le Comité a appris que la Colombie-Britannique a commencé à mettre en œuvre un système de financement fondé sur les activités pour les interventions non urgentes. Le financement fondé sur les activités est accordé aux hôpitaux pour faire face, par exemple, à l’augmentation du nombre d’opérations non urgentes (comme les chirurgies de la cataracte ou du genou). Le Dr Sutherland a expliqué que l’Ontario est en train de se doter d’un modèle qui accorde des incitatifs financiers aux prestataires de services dont la pratique se fonde sur des données probantes pour le traitement des maladies chroniques. L’établissement de liens entre les incitatifs financiers et la qualité des soins correspond à la notion d’actes médicaux de qualité clinique. Le Comité a appris par ailleurs que les États-Unis sont en train d’instaurer un système de paiements groupés pour des services combinés offerts par différents établissements de soins, comme les soins à domicile et les soins actifs, dans le but de promouvoir une transition sans heurts pour les patients entre les divers systèmes de soins. En plus de plaider en faveur de la création d’un centre national d’échange d’information sur les pratiques exemplaires en matière de prestation de soins, le Dr Sutherland a recommandé que l’Institut canadien d’information sur la santé collige des ensembles de données pour évaluer les innovations dans la prestation des soins de santé, notamment des ensembles de données axés sur les résultats pour les patients. Selon ce témoin, ces données sont nécessaires à l’évaluation des innovations dans la prestation des soins.

3. Innovations en santé publique[256]

Certains témoins ont fait part au Comité d’une stratégie innovatrice, en matière de santé publique, pour lutter contre l’épidémie de VIH au Canada. D’après les recherches menées au Centre for Excellence in HIV/AIDS, en Colombie-Britannique, les thérapies antirétrovirales utilisées dans le traitement du VIH/sida pourraient servir à prévenir, dans une certaine mesure, la transmission de la maladie, car ces thérapies ramènent la concentration du virus dans le sang à des niveaux indétectables. Le recours aux thérapies antirétrovirales dans le traitement du VIH/sida a également permis de réduire de 40 % le nombre de nouvelles infections au VIH en Colombie-Britannique. De la même façon, le Centre a constaté que le traitement des mères aux antirétroviraux permet de prévenir la transmission du VIH au bébé dans presque tous les cas. Par conséquent, le gouvernement britanno-colombien a adopté une nouvelle stratégie appelée « dépistage et traitement », qui vise à faciliter et à normaliser les tests de dépistage du VIH chez les individus et à leur fournir, au besoin, des antirétroviraux pour empêcher la propagation de la maladie. Grâce à ces efforts, aux dires des témoins, on a réduit de plus de 90 % les taux de morbidité et de mortalité dues au VIH, et de plus de 66 %, le nombre de nouvelles infections au VIH dans la province. En limitant le nombre de nouveaux cas, cette stratégie a permis de réaliser des économies considérables dans le système de soins de santé, car le coût moyen de traitement du VIH est de 15 000 $ par patient. Puisque l’incidence du VIH augmente rapidement dans d’autres régions du pays, dont le Manitoba, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador, il est nécessaire d’adopter une stratégie nationale axée sur le dépistage du VIH dans la population en général.

Thomas Kerr, du Centre for Excellence in HIV/AIDS de la Colombie-Britannique, a dit au Comité que l’on pourrait adopter d’autres mesures de santé publique pour lutter contre l’épidémie de VIH au Canada, par exemple des programmes reposant sur l’abstinence et la réduction des préjudices pour les consommateurs de drogues injectables, qui représentent la proportion la plus élevée de nouveaux malades du VIH/sida. Ces programmes, disait le témoin, ont permis de réduire le taux d’infection au VIH de 19 à 1 % chez ce type de consommateurs à Vancouver.

4. Innovations dans la prestation des soins de santé dans d’autres pays[257]

Lorsqu’il a comparu devant le Comité, Ray Racette, du Collège canadien des leaders en santé, a déclaré que le Canada devait regarder ce qui se fait à l’étranger afin de relever globalement l’efficacité et le rendement de son système de santé. Il a notamment proposé que l’on examine le modèle de soins de santé de la Suède. Il a expliqué que le modèle suédois accorde la priorité aux soins primaires; adopte des pratiques « allégées » pour réduire les listes d’attente dans les hôpitaux; déploie de vastes efforts pour promouvoir les soins aux aînés à domicile plutôt qu’en établissement; fait de la sécurité des patients et de la qualité des soins des priorités nationales et s’efforce d’offrir à la population des choix en matière de soins de santé. De plus, le système de soins de santé de la Suède couvre un éventail plus vaste de secteurs, notamment les soins dentaires pour les jeunes et les personnes âgées, les soins à domicile et un programme national d’assurance-médicaments. Pour être en mesure de faire la comparaison avec ce qui se fait ailleurs dans un autre État fédéral comme le nôtre, M. Racette a proposé que l’on étudie le modèle australien, et notamment la structure décisionnelle utilisée dans ce pays, où un conseil permanent de la santé composé des ministres fédéral et d’État de la santé et d’un Comité consultatif des ministres de la Santé travaillent de concert pour fixer les priorités nationales en matière de soins de santé.

5. Observations et recommandations du Comité

L’étude du Comité a révélé qu’il existe de nombreux modèles novateurs de prestation de soins de santé partout au pays, dont beaucoup sont axés sur la collaboration entre différents professionnels de la santé et sur l’intégration de divers secteurs du système de soins. Des témoins sont d’avis que le gouvernement fédéral doit prendre part à la détermination, à l’évaluation et à la mise en commun des pratiques exemplaires en matière de prestations de soins de santé, en regardant ce qui se fait tant au Canada qu’à l’étranger. À la lumière de ces observations, le Comité recommande :

22. Que le gouvernement du Canada prenne note des modèles de prestation de soins de santé novateurs décrits dans cette section du rapport.


[237]            Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, 1re session, 41e législature, 1 novembre 2012, réunion n62 (Lyne Thomassin, clinique multidisciplinaire en santé de l’Université du Québec à Trois-Rivières).

[238]            Ibid. (Marie-Claude Prémont, professeure, École nationale d’administration publique).

[239]            Ibid. (l’hon. Mary Collins, C.P., et Scott Mcdonald, B.C. Healthy Living Alliance).

[240]            Ibid.

[241]            Ibid.

[242]            Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, 1re session, 41e législature, 29 novembre 2012, réunion n67 (Christopher Fotti, à titre personnel).

[243]            Ibid.

[244]            Collège des médecins de famille du Canada, Une vision pour le Canada : La pratique de la médecine familiale – Le Centre de médecine de famille, septembre 2011. Présenté au Comité permanent de la santé de la Chambre des communes par Christopher Fotti, novembre 2012.

[245]            Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, 1re session, 41e législature, 1er novembre 2012, réunion n62 (Dugald Seely, Centre de cancérologie intégrative d’Ottawa).

[246]         Sauf indication contraire, cette section se fonde sur les témoignages suivants : Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, 1re session, 41e législature, 14 février 2013, réunion n74 (Brigitte Gagné, directrice générale, Conseil canadien de la coopération et de la mutualité).

[247]            Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, 1re session, 41e législature, 29 novembre 2012, réunion n67 (Eric Bohm, professeur agrégé, Concordia Joint Replacement Group).

[248]         Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, 1re session, 41e législature, 14 février 2013, réunion n74 (Rob Ballagh, à titre personnel).

[249]         Ibid.

[250]            Gouvernement de la Saskatchewan, Introduction to Lean. [en anglais seulement]

[251]            Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, 1re session, 41e législature, 29 novembre 2012, réunion n67 (Michel Tétreault, Hôpital de Saint-Boniface).

[252]            Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, 1re session, 41e législature, 29 novembre 2012, réunion n67 (Eric Bohm, professeur agrégé, Concordia Joint Replacement Group).

[253]         Sauf indication contraire, cette section se fonde sur les témoignages suivants : Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, 1re session, 41e législature, 26 février 2013, réunion n75 (Danyaal Raza, membre du conseil de Médecins canadiens pour le régime public).

[254]         Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, 1re session, 41e législature, 28 février 2013, réunion n76 (Emad Guirguis, Lake View Surgery Centre, à titre personnel).

[255]         Ibid. (Jason Sutherland, professeur adjoint, Centre of Health Services and Policy Research, Université de la Colombie‑Britannique, à titre personnel).

[256]            Sauf indication contraire, cette section se fonde sur les témoignages suivants : Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, 1re session, 41e législature, 29 novembre 2012, réunion n67 (Julio Montaner, directeur, et Thomas Kerr, directeur du Urban Health Program, B.C. Centre for Excellence in HIV/AIDS).

[257]            Ibid. (Ray Racette, président-directeur général, Collège canadien des leaders en santé).