LANG Rapport du Comité
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I. Les arts et la culture1. Investissements de la Feuille de route 2008-2013 : description des initiatives et des réussitesLe gouvernement a reconnu les arts et la culture comme l’un des 5 secteurs prioritaires de la Feuille de route et lui a attribué 23,5 millions de dollars sur une période de 5 ans. Cet investissement est réparti entre deux initiatives principales : le Fonds de développement culturel et les Vitrines musicales pour les artistes des CLOSM. De manière générale, la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) s’est dite satisfaite des investissements de la Feuille de route : Nous tenons à remercier le gouvernement d'avoir reconnu le secteur des arts et de la culture comme l'une des cinq priorités de la présente Feuille de route. Il s'agit d'un pas dans la bonne direction. D'ailleurs, il semble y avoir consensus sur l'importance des arts et de la culture dans la Feuille de route, puisque plusieurs groupes qui ont témoigné devant ce comité au cours du dernier mois ont reconnu la promotion de ce secteur comme étant l'un des moyens privilégiés de favoriser l'apprentissage, la pratique et la visibilité de la langue, de même que l'enracinement des gens de nos communautés dans un espace francophone pancanadien[238]. 1.1 Le Fonds de développement culturel (Patrimoine canadien)Géré par Patrimoine canadien, le Fonds de développement culturel a obtenu 14 millions de dollars répartis sur la durée de vie de la Feuille de route. Il a pour objectif d’appuyer « l’action culturelle des communautés de langue officielle en situation minoritaire afin de stimuler leur vitalité. Le Fonds vise aussi à promouvoir la contribution de ces communautés à l’enrichissement culturel et artistique du Canada[239]. » Selon la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), le Fonds de développement culturel a donné lieu à plusieurs belles réussites : […] 110 projets communautaires ont été financés. Le Fonds de développement culturel a aussi financé des projets de collaboration avec les gouvernements provinciaux de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick, de la Saskatchewan et du Manitoba. Cela a produit un effet de levier important. On peut affirmer qu'une des histoires à succès du fonds est la création, par le Conseil des arts de l'Ontario, de deux nouveaux programmes-pilotes en arts visuels et en arts médiatiques pour le Bureau des arts franco-ontariens […]. Cette injection supplémentaire de 14 millions de dollars a été grandement appréciée[240]. Ce fonds a également été bénéfique pour les artistes d’expression anglaise du Québec. Pour le English Language Arts Network (ELAN) et le Quebec Community Groups Network (QCGN), le Fonds de développement culturel est un des programmes de la Feuille de route qui a eu le plus d’effets bénéfiques sur les communautés anglo-québécoises. Il a permis la réalisation du projet Recognizing Artists : Enfin visibles! qui met en valeur les artistes et leurs œuvres. Le fonds a également moussé la production artistique et culturelle en région et favorisé l’accès aux produits artistiques à l’extérieur de Montréal. Les intervenants y voient également un élément structurant pour la scène artistique anglo-québécoise qui est en pleine effervescence : Il [le Fonds de développement culturel] a réalisé des choses intéressantes en créant une scène artistique et culturelle dans les régions. C'est une initiative d'envergure qui permet de faire voyager les arts, la danse et autres à l'extérieur de Montréal[241]. La FCCF a formulé deux critiques à l’égard du Fonds de développement culturel. D’abord, le Fonds offre du financement pour des projets ponctuels. La Fédération aimerait que le Fonds soit conçu de manière à offrir du financement pluriannuel : Cette forme de financement ne permet pas de pérenniser les retombées concrètes. Le secteur des arts et de la culture a besoin d'un fonds qui permette de consolider les organismes culturels et artistiques existants en leur assurant un financement de fonctionnement pluriannuel stable et permanent pour soutenir toutes les étapes du continuum culturel. Ensuite, la FCCF a noté des défis sur le plan de la reddition de compte : De plus, comme les gens de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada l'ont mentionné au sujet de l'ensemble de la Feuille de route, le FDC [Fonds de développement culturel] doit relever un défi de transparence. En effet, il est difficile d'avoir accès à des données claires et complètes sur le fonds[242]. 1.2 Les Vitrines musicales pour les artistes des communautés de langue officielle en situation minoritaire (Patrimoine canadien)Le programme des Vitrines musicales pour les artistes des CLOSM est la deuxième initiative gérée par Patrimoine canadien dans le domaine des arts et de la culture. Ce fonds de 4,5 millions de dollars a pour objectif « d’offrir aux artistes de ces communautés l’occasion de se produire, tant à l’échelle locale, régionale ou nationale[243]. » Il a été conçu pour favoriser le développement de carrières en musique et l’accès à des prestations musicales dans la langue de la minorité. Selon la FCCF, les Vitrines musicales ont également connu beaucoup de succès auprès des CLOSM : Le programme Vitrines musicales pour les artistes des communautés de langue officielle en situation minoritaire […] est fort apprécié, autant par l'Alliance nationale de l'industrie musicale que par les artistes qui œuvrent dans le domaine de la chanson et de la musique. Il a permis de financer 171 projets, pour un montant total de 1 623 404 $, depuis 2008. À tous les égards, le programme remplit son mandat. Une partie du financement est attribuée à des événements permettant aux artistes des communautés francophones et acadiennes d'offrir une vitrine sur leur œuvre. Le résultat est net et mesurable : le nombre de spectacles de nos artistes a connu une augmentation notable. Plusieurs d'entre eux développent présentement une carrière tant à l'échelle nationale qu'à l'échelle internationale. On pense par exemple à Damien Robitaille en Ontario, aux Surveillantes au Manitoba et à Radio Radio en Acadie. Cette augmentation de la circulation des artistes a aussi fait en sorte d'augmenter l'accès qu'ont les gens de nos communautés à des prestations musicales dans leur langue, ce qui facilite l'émergence de cette identité culturelle solide et nécessaire […][244]. La FCCF a fait valoir au Comité qu’elle avait été consultée à plusieurs reprises dans le cadre des Vitrines musicales : « Pour notre part, nous avons souvent été consultés, en particulier pour la mise en place de certains programmes, dont les Vitrines musicales pour les artistes des communautés de langue officielle en situation minoritaire[245]. » En termes de gouvernance, la FCCF a attesté du fait que d’excellentes pratiques de reddition ont été mises en place pour ce programme : « Dans certains cas, le niveau de transparence est exemplaire. Entre autres, on a parlé du programme Vitrines musicales qui nous permet de suivre les investissements au dollar près[246]. » 2. Témoignages et recommandations2.1 Les priorités des communautés francophones en situation minoritaire dans le domaine des arts et de la cultureLa FCCF réunit 7 organismes artistiques nationaux représentant le théâtre, les arts visuels, la chanson/musique, l’édition et les arts médiatiques; 13 organismes provinciaux et territoriaux voués au développement culturel et artistique de leurs régions et une plateforme regroupant 3 réseaux de diffusion régionaux qui œuvre pour favoriser et accroître la circulation de nos artistes et le développement de publics à travers le pays. En juin 2011, la FCCF a tenu un forum intitulé Être artiste dans la francophonie canadienne : Forum sur les pratiques artistiques qui a réuni 200 artistes et intervenants culturels. Le Plan stratégique 2011-2014 qui résulte de ce forum identifie cinq axes prioritaires : la représentation; la concertation et le réseautage; le développement des arts, de la culture et des industries culturelles; les communications, et la gouvernance. Dans l’optique d’une prochaine initiative pour les langues officielles du gouvernement du Canada, la FCCF recommande la mise en place d’une stratégie globale d’appui aux arts et à la culture qui toucheraient à cinq axes principaux : le développement culturel; les infrastructures artistiques; les artistes; les industries culturelles et l'accès aux arts[247]. La FCCF préconise un modèle de financement pluriannuel pour appuyer le développement artistique et culturel des communautés francophones en situation minoritaire. Le Comité enjoint au ministère du Patrimoine canadien d’inscrire les domaines prioritaires identifiés par la FCCF dans l’établissement de ses priorités ministérielles en matière d’art et de culture pour les communautés francophones en situation minoritaire. 2.2 Les priorités des communautés anglophones en situation minoritaire dans le domaine des arts et de la cultureLe English Language Arts Network (ELAN) a identifié trois priorités en matière de développement artistique. Il y a un désir d’accroître la visibilité des artistes anglophones au sein des communautés anglophones, auprès de la majorité francophone du Québec et dans le Canada anglophone[248]. Au chapitre de la collaboration avec la majorité francophone, les artistes d’expression anglaise du Québec se perçoivent comme des bâtisseurs de ponts entre les deux communautés. Ils sont majoritairement bilingues et veulent, de par leur art, contribuer à la société québécoise et canadienne. Les artistes d’expression anglaise sont inquiets du fait que l’épanouissement artistique des communautés anglophones soit perçu par certains comme une menace à la langue et à la culture françaises au Québec[249]. Ensuite, ELAN veut améliorer l’accès des artistes à leur public et, du même coup, l’accès des communautés anglophones aux arts d’interprétation et de la scène. C’est un aspect qui est particulièrement important pour les communautés qui sont situées en périphérie des grands centres. La communauté mise sur les avantages économiques d’un secteur artistique en pleine effervescence. Le Comité est heureux d’apprendre qu’ELAN mènera un projet de recherche financé par Industrie Canada qui jettera les bases pour le développement artistique des communautés anglophones du Québec pour les prochaines cinq années. Le Comité enjoint au ministère du Patrimoine canadien d’inscrire les trois axes de développement artistique d’ELAN dans ses priorités ministérielles pour le développement culturel et artistique des communautés anglophones en situation minoritaire. Le Comité tient à souligner l’excellent travail de collaboration qui se fait dans le domaine des arts et de la culture. Grâce aux efforts de Patrimoine canadien, la FCCF et ELAN participent à un groupe de travail qui réunit tous les partenaires fédéraux qui évoluent dans le domaine des arts et de la culture. Récemment, ce groupe de travail a invité des institutions fédérales à vocation économique comme Industrie Canada et Développement économique Canada pour les régions du Québec à rencontrer les CLOSM pour voir comment elles peuvent s’investir dans leurs activités artistiques et culturelles. Recommandation 23 Que, dans le cadre d’une prochaine initiative horizontale pour les langues officielles, le ministère du Patrimoine canadien maintienne son appui aux arts et à la culture dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Qu’il poursuive son travail de coordination interministérielle auprès des institutions fédérales à vocation économique pour développer le secteur des arts et les industries culturelles dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire. 2.3 Les arts, la culture et l’éducationLa Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) a fait valoir au Comité que la Feuille de route avait aussi eu des retombées indirectes pour les arts et la culture, notamment par l’entremise d’initiatives ciblant le milieu de l’éducation. Du côté francophone, la Feuille de route a permis la création de la Table de l'Axe Action culturelle et identitaire (TAACI). Cette table de concertation met en rapport des intervenants du domaine de l’éducation avec des spécialistes du monde des arts et de la culture. Elle a, entre autres produit la Trousse du passeur culturel : « Ce projet national a permis d'offrir une formation aux directions des écoles francophones partout au pays, leur permettant ainsi de mieux intégrer les arts et la culture dans leur projet éducatif[250]. » Conçue pour le personnel enseignant, cette trousse favorise la connaissance des ressources artistiques communautaires et régionales ainsi que l’intégration des arts et de la culture en salle de classe. Cette trousse, comme d’autres projets, s’inscrit dans une initiative pancanadienne du Conseil des ministres de l’Éducation (Canada) (CMEC) qui préconise l'approche culturelle de l'enseignement[251]. Dans cette même veine, le Quebec Community Groups
Network (QCGN) a suggéré qu’une prochaine initiative pour les langues
officielles du gouvernement du Canada pourrait jumeler le milieu des arts et de
la culture et le milieu de l’éducation Quand je vous ai parlé d'une belle réussite dans le cadre de la Feuille de route, j'ai parlé du Fonds de développement culturel. S'il y avait quelque chose à retenir de ça, ce serait lié aux écoles. Il faudrait voir comment travailler dans nos écoles pour essayer de démontrer aux jeunes l'importance de leur contribution au patrimoine québécois, canadien et de leur région[252]. À ce sujet, ELAN explique qu’il existe un excellent programme de culture francophone dans les écoles québécoises, mais qu’il y a des lacunes du côté anglophone. Le Comité se réjouit du fait que le ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport du Québec ait attribué des fonds au ELAN afin qu’il puisse cerner le problème et apporter des pistes de solutions[253]. Compte tenu de ce qui précède, le Comité recommande : Recommandation 24 Que le volet artistique et culturel de la prochaine initiative horizontale pour les langues officielles du gouvernement du Canada inclut des initiatives qui permettent de mieux intégrer les arts et la culture dans le projet éducatif des établissements d’enseignement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. [238] Ibid., 0855. [239] Gouvernement du Canada, Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne 2008-2013 : agir pour l'avenir, p. 13. [240] LANG, Témoignages, 1re session, 41e législature, 8 décembre 2011, 0855 [Marie-Claude Doucet, présidente, Fédération culturelle canadienne-française]. [241] LANG, Témoignages, 1re session, 41e législature, 27 octobre 2011, 0940 [Sylvia Martin-Laforge, directrice générale, Quebec Community Groups Network]. [242] LANG, Témoignages, 1re session, 41e législature, 8 décembre 2011, 0855 [Marie-Claude Doucet, présidente, Fédération culturelle canadienne-française]. [243] Gouvernement du Canada, Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne 2008-2013 : agir pour l'avenir, p. 13. [244] LANG, Témoignages, 1re session, 41e législature, 8 décembre 2011, 0900 [Marie-Claude Doucet, présidente, Fédération culturelle canadienne-française]. [245] Ibid., 0935 [Éric Dubeau, directeur général, Fédération culturelle canadienne-française]. [246] Ibid., 0945. [247] Ibid., 0900 [Marie-Claude Doucet, présidente, Fédération culturelle canadienne-française]. [248] LANG, Témoignages, 1re session, 41e législature, 3 avril 2012, 0845 [Guy Rodgers, directeur général, English Language Arts Network Quebec]. [249] Ibid., 0855 [Charles Childs, président, English Language Arts Network Quebec]. [250] LANG, Témoignages, 1re session, 41e législature, 8 décembre 2011, 0900 [Marie-Claude Doucet, présidente, Fédération culturelle canadienne-française]. [251] LANG, Témoignages, 1re session, 41e législature, 29 mars 2012, 0920 [Richard Lacombe, directeur général, Association canadienne de l’éducation de langue française]. [252] LANG, Témoignages, 1re session, 41e législature, 27 octobre 2011, 1020 [Sylvia Martin-Laforge, directrice générale, Quebec Community Groups Network]. [253] LANG, Témoignages, 1re session, 41e législature, 3 avril 2012, 0955 [Guy Rodgers, directeur général, English Language Arts Network]. |