PACP Rapport du Comité
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INTRODUCTION Pour faire face à la grave crise économique mondiale, le gouvernement fédéral a intégré le Plan d’action économique du Canada dans le budget de 2009. Ce plan prévoyait des dépenses fédérales de 47 milliards de dollars; 14 milliards de dollars provenaient des provinces, des territoires et des municipalités. Le Plan visait à faciliter le maintien d’emplois existants, à en créer de nouveaux, à bâtir une infrastructure, à accélérer la construction de logements, à stimuler la consommation des ménages canadiens, ainsi qu’à soutenir les entreprises et les collectivités. Il faisait appel à 35 ministères et organismes fédéraux, responsables de l’exécution de 90 programmes. Le Bureau du vérificateur général du Canada (BVG) a effectué deux audits du Plan d’action économique. Le premier, dont il a fait rapport au Parlement en octobre 2010, portait sur la conception des programmes et sur les mécanismes de prestation mis en place par certains ministères et organismes fédéraux pour l’exécution du Plan. Dans son rapport d’automne 2011, le BVG a présenté les résultats du deuxième audit du Plan[1]. Cet audit avait pour objet de déterminer comment le gouvernement fédéral tenait le Parlement et les Canadiens informés, plus précisément si les ministères et les organismes fédéraux retenus avaient :
L’audit a porté sur trois programmes visés par le Plan d’action économique, qui totalisaient 7 des 47 milliards de dollars alloués : le Fonds de stimulation de l’infrastructure (4 milliards), le Programme d’infrastructure du savoir (2 milliards) et le Fonds d’adaptation des collectivités (1 milliard). Le Comité a tenu une audience sur cet audit le 13 mars 2012[2]. Le Bureau du vérificateur général du Canada était représenté par Ronnie Campbell, vérificateur général adjoint, et par John Affleck, directeur principal. Le ministère de l’Industrie était représenté par Robert Dunlop, sous-ministre adjoint, Secteur science et innovation, et par Shane Williamson, directeur général, Coordination de programmes, Secteur science et innovation. Infrastructure Canada était représenté par Taki Sarantakis, sous-ministre adjoint, Direction générale des politiques et des communications, ainsi que par Natasha Rascanin, sous-ministre adjointe, Direction générale des opérations des programmes. Le Secrétariat du Conseil du Trésor était représenté par David Enns, secrétaire adjoint délégué, Gestion des dépenses, et par Amanda Jane Preece, directrice exécutive, Gestion axée sur les résultats. Le ministère des Finances était représenté par Douglas Nevison, directeur général, Politique économique et fiscale, ainsi que par Elisha Ram, directrice, Analyse des politiques microéconomiques. Enfin, le Bureau du Conseil privé était représenté par Rick Stewart, secrétaire adjoint du Cabinet, Secrétariat de liaison de politique macroéconomique. SURVEILLANCE DES PROJETS ET DES DÉPENSES Pour stimuler l’économie en période de ralentissement économique, le gouvernement fédéral devait s’assurer que les fonds étaient débloqués à temps. Il devait atténuer les risques connexes en surveillant l’avancement et les coûts des projets. Le BVG a examiné les processus mis en place par les ministères et les organismes fédéraux pour surveiller les projets et les dépenses du gouvernement. Le BVG a constaté que les ministères et les organismes responsables de l’administration des programmes visés par le Plan d’action économique et soumis à l’audit ont recueilli des renseignements sur les projets grâce auxquels ils ont pu prendre les mesures correctives nécessaires lorsque les projets ne se déroulaient pas comme prévu. Par exemple, Infrastructure Canada a d’abord évalué les risques que présentait chacun des projets reliés au Fonds de stimulation de l’infrastructure, puis a utilisé l’information communiquée par ses partenaires financiers (les provinces, les territoires et certaines grandes municipalités ont géré la plupart des projets) pour réévaluer les risques des projets chaque trimestre. Quand Infrastructure Canada a jugé que des mesures correctives étaient nécessaires, la surveillance des projets a été renforcée et les fonds des projets en retard, annulés ou dont les coûts étaient inférieurs au budget alloué ont été redirigés vers de nouveaux projets. Des fonds ont ainsi été réaffectés à 42 autres projets le 20 décembre 2010 à la condition de prendre fin au plus tard le 31 mars 2011. Le BVG a confirmé que ces nouveaux projets approuvés satisfaisaient aux critères d’admissibilité. Parmi les 42 autres projets, 34 ont été prolongés jusqu’au 31 octobre 2011. Des fonds du gouvernement fédéral ont été affectés aux projets prévus dans le Plan d’action économique à la condition de prendre fin le 31 mars 2011. De nombreux projets se sont toutefois déroulés plus lentement que prévu. Les ministères et les organismes responsables de l’exécution des trois programmes sur lesquels s’est penché le BVG ont indiqué que 4 070 des 5 845 projets (70 %) étaient terminés à la date limite du 31 mars 2011. Le 2 décembre 2010, le premier ministre a annoncé que le gouvernement prolongerait le financement jusqu’au 31 octobre 2011 pour quatre fonds d’infrastructure prévus dans le Plan d’action économique. Près du tiers des projets réalisés dans le cadre de deux des plus grands programmes sur lesquels s’est penché le BVG ont été prolongés jusqu’au 31 octobre. Le BVG a déterminé que la décision prise par le gouvernement de reporter au 31 octobre 2011 l’échéance de ces programmes était fondée sur une analyse effectuée par le Bureau du Conseil privé et par le ministère des Finances du Canada. Ces analyses tenaient compte des renseignements sur le déroulement des projets, du risque lié à l’interruption du financement fédéral avant que les investissements relatifs au Plan d’action économique aient pu être réalisés, ainsi que de la vigueur de la relance économique au Canada et à l’échelle internationale. En examinant les données concernant les dépenses qu’ont fournies les ministères et les organismes en date du 31 mars 2011, le BVG a constaté que l’objectif prévu dans le Plan d’action de dépenser les fonds fédéraux dans un délai de deux ans pour les trois programmes, était largement atteint. On ignorait cependant le montant total des dépenses fédérales relatives aux trois programmes au moment de la vérification, car les responsables des projets devaient soumettre leurs dernières demandes de remboursement et leurs rapports définitifs aux entités fédérales après la période de vérification. Des représentants des ministères ont expliqué au Comité les efforts qu’ils avaient déployés pour exécuter les programmes prévus dans le Plan d’action économique. Au sujet du processus de préparation, Taki Sarantakis, sous-ministre adjoint d’Infrastructure Canada, a dit au Comité :
Robert Dunlop, sous-ministre adjoint d’Industrie Canada, a fait mention du soutien que le Ministère a reçu d’autres ministères et de spécialistes de l’extérieur :
David Enns, secrétaire adjoint délégué au Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada, a expliqué ce que les organismes centraux avaient fait pour accélérer le processus d’approbation :
Ronnie Campbell, vérificateur général adjoint au BVG, a exposé certains facteurs de réussite dans la gestion du Plan d’activité économique :
Le Comité constate que, selon le rapport d’audit, les ministères et les organismes fédéraux ont fait ce qu’il fallait pour surveiller l’avancement des projets et les dépenses engagées dans le cadre des programmes en question, et ceux-ci ont atteint l’objectif consistant à stimuler l’économie canadienne sans tarder. MESURE DU RENDEMENT Les programmes prévus dans le Plan d’action économique ont été exécutés dans le délai, mais le BVG a relevé un problème lié à la mesure du rendement dans le cas d’un des trois programmes soumis à l’audit, soit le Fonds d’adaptation des collectivités. Bien que l’un des principaux objectifs du Fonds fût de créer et de préserver des emplois dans les collectivités durement touchées par le ralentissement économique, le BVG a conclu que la façon dont il était conçu ne permettait pas d’en évaluer le rendement par rapport à l’objectif. Les accords de contribution conclus pour les projets du Fonds d’adaptation des collectivités étaient assortis d’indicateurs de rendement précis liés à la création d’emplois, qui devaient permettre de déterminer les progrès accomplis. Or, les ministères et les organismes n’ont pas reçu suffisamment de directives sur la façon de recueillir les renseignements. En outre, dans un cas, les données sur le rendement n’ont pas été recueillies systématiquement après que les organismes centraux eurent annoncé que les renseignements sur les emplois seraient utilisés uniquement de façon sélective pour illustrer les résultats de l’analyse macroéconomique. De l’avis du BVG, vu l’absence de renseignements fiables sur le rendement, le gouvernement pourra difficilement déterminer dans quelle mesure le Fonds d’adaptation des collectivités permet de créer ou de conserver des emplois dans les collectivités durement touchées par le ralentissement économique. À partir de cette constatation, le BVG a formulé la recommandation suivante : « Lors de l’élaboration de programmes qui seront exécutés par plusieurs instances fédérales, les ministères concernés, en consultation avec le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada, devraient s’assurer que ces programmes sont conçus pour permettre de mesurer le rendement et de présenter des rapports fiables sur les répercussions et l’efficacité globales du programme[7]. » Le Secrétariat a accepté cette recommandation. À l’audience, Ronnie Campbell, vérificateur général adjoint, a indiqué que l’incapacité de recueillir l’information sur la création d’emplois pour le Fonds d’adaptation des collectivités était une occasion ratée, mais que cela n’influait pas sur l’analyse globale, par le gouvernement, des répercussions du Plan d’action économique :
David Enns, représentant du Secrétariat du Trésor du Canada, a fait état des mesures prises pour améliorer la qualité des conseils :
Le Comité reconnaît qu’il est nécessaire de recueillir de l’information cohérente pour les projets d’infrastructure et il recommande que des modifications soient apportées pour améliorer la qualité des conseils fournis aux ministères ainsi que les pratiques utilisées dans la mise en œuvre des programmes. RAPPORTS SUR LE RENDEMENT Les rapports sur le rendement renseignent les parlementaires et les Canadiens sur les résultats obtenus en fonction du rendement attendu et des fonds publics dépensés. Les ministères et les organismes fédéraux devaient rendre compte de la mise en œuvre et de l’efficacité des programmes visés par le Plan d’action économique dans les rapports ministériels sur le rendement. Le BVG a constaté qu’Infrastructure Canada, Industrie Canada et les organismes de développement régional ont rendu compte des résultats des projets prévus dans le Plan d’action économique dans des parties différentes de leurs rapports ministériels sur le rendement, d’où la difficulté à trouver l’information. En outre, certains renseignements étaient incomplets. Le BVG a également constaté que le rapport ministériel sur le rendement d’Infrastructure Canada de 2009-2010 contenait de l’information sur les progrès réalisés et sur les dépenses engagées au titre du Fonds de stimulation de l’infrastructure, et que le rapport ministériel sur le rendement d’Industrie Canada de 2009-2010 contenait de l’information sur le Programme d’infrastructure du savoir. Il a cependant constaté que, dans l’ensemble, l’information sur le Fonds d’adaptation des collectivités fournie par les organismes de développement régional et par Industrie Canada dans leurs rapports ministériels sur le rendement n’était pas complète : il y manquait des renseignements sur les résultats attendus ainsi qu’un résumé du rendement à ce jour. Par conséquent, il était difficile d’évaluer les progrès réalisés dans le cadre du programme. À la lumière de ces constatations, le BVG a formulé la recommandation suivante : « Dans ses futures directives concernant les rapports ministériels sur le rendement, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada devrait inciter les ministères et les organismes à regrouper l’information relative au Plan d’action économique dans une sous-section distincte de leurs rapports ministériels sur le rendement. » Le Secrétariat a accepté cette recommandation. Le Comité a remarqué qu’Industrie Canada, Infrastructure Canada, l’Agence de promotion économique du Canada atlantique et Diversification de l’économie de l’Ouest Canada avaient consacré une partie distincte de leurs rapports ministériels sur le rendement de 2010-2011 aux résultats des programmes visés par le Plan d’action économique. Développement économique Canada pour les régions du Québec, l’Agence canadienne de développement économique du Nord et l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario ont également fourni des renseignements dans leurs rapports ministériels sur le rendement de 2010-2011. IMPACT DU PLAN D’ACTION ÉCONOMIQUE Pour aider les parlementaires et les Canadiens à bien comprendre les résultats globaux du Plan d’action économique, le gouvernement fédéral a produit sept rapports sur le Plan. Trois de ces rapports comportent une évaluation des répercussions du Plan sur l’emploi, effectuée à partir d’un modèle macroéconomique. Douglas Nevison, représentant du ministère des Finances du Canada, a expliqué pourquoi on avait utilisé un modèle macroéconomique :
Dans son premier audit du Plan d’action économique, le BVG a recommandé que le ministère des Finances du Canada et le Bureau du Conseil privé élaborent un rapport sommaire à l’intention du Parlement, qui rendrait compte en détail des retombées économiques du Plan, une fois que celui-ci aurait pris fin. Dans le deuxième audit, le BVG a constaté que ce rapport serait élaboré à la fin de 2011 ou au début de 2012. Au moment de l’audience, les représentants du ministère des Finances du Canada et du Bureau du Conseil privé n’étaient pas en mesure de confirmer la date du rapport final sur le Plan d’action économique, mais Rick Stewart, du Bureau du Conseil privé, a indiqué :
Des témoins ont pu confirmer que les derniers chiffres relatifs aux dépenses seraient inclus dans les Comptes publics de 2012, lesquels seraient prêts l’automne prochain. Le Comité prend acte que le rapport final sur le Plan d’activité économique a été publié après l’audience. Le 29 mars 2012, le ministre des Finances a présenté le budget de 2012 à la Chambre des communes. Le Plan budgétaire comportait une annexe intitulée La phase de stimulation du Plan d’action économique du Canada : rapport final aux Canadiens. Cette annexe fournit une description détaillée des diverses parties du Plan d’action économique. On y indique en conclusion :
ÉVALUATION DES PROGRAMMES Le Plan d’action économique comportait près de 90 programmes, dont ceux sur lesquels a porté l’audit du BVG. Ces programmes avaient pour objet de stimuler l’économie pendant la période de ralentissement économique, mais ils avaient également des objectifs et des répercussions à long terme, comme l’a fait observer Taki Sarantakis, représentant d’Infrastructure Canada :
Robert Dunlop, d’Industrie Canada, a également exposé les répercussions à long terme du Programme d’infrastructure du savoir :
Même si le gouvernement a produit un rapport d’évaluation de l’impact économique global du Plan d’action, le Comité estime qu’il est utile de connaître l’efficacité à long terme des différentes parties de ce plan, qui sont assorties d’un vaste budget et qui ont permis d’améliorer l’infrastructure de manière durable à bien des endroits au pays. Ronnie Campbell, vérificateur général adjoint, a souligné l’utilité d’évaluer les parties du Plan d’action :
En sachant dans quelle mesure les diverses parties du Plan d’activité économique donnent de bons résultats, le gouvernement pourrait mieux concevoir des projets d’infrastructure, voire des programmes de stimulation, afin d’optimiser les ressources et de laisser un héritage durable dans les secteurs d’activité et dans les régions qui en ont le plus besoin. C’est pourquoi le Comité recommande ce qui suit : RECOMMANDATION Que le gouvernement du Canada inclue dans sa réponse au présent rapport une évaluation des grandes parties du Plan d’action économique afin d’en déterminer l’efficacité à long terme. CONCLUSION Il est clair que les fonctionnaires fédéraux ont déployé des efforts considérables pour veiller à ce que les programmes de stimulation prévus dans le Plan d’action économique soient conçus et exécutés sans retard, comme l’a constaté le BVG. Ils n’ont ménagé aucun effort pour préparer les programmes, pour en surveiller le déroulement, pour atténuer les risques et pour prendre les mesures correctives nécessaires. Le Comité félicite de leur dévouement toutes les personnes qui ont contribué à la mise en œuvre du Plan d’action économique du Canada. Le Comité constate que même si des améliorations doivent être apportées à la collecte de renseignements sur le rendement, les ministères et les organismes ont fait état des résultats des projets dans leurs rapports ministériels sur le rendement. Par ailleurs, selon l’évaluation macroéconomique globale effectuée par le gouvernement, le Plan d’action économique a permis au Canada d’éviter les pires effets du ralentissement économique et de créer ou de conserver près de 250 000 emplois. [1] Vérificateur général du Canada, Automne 2011 – Rapport du vérificateur général du Canada, chapitre 1, « Le Plan d’action économique du Canada », Ottawa, 2011. [2] Chambre des communes, Comité permanent des comptes publics, Témoignages, 1re session, 41e législature, 13 mars 2012, réunion no 33. [3] Réunion no 33, 855. [4] Ibid. [5] Ibid. [6] Réunion no 33, 910. [7] Chapitre 1, paragraphe 1.71. [8] Réunion no 33, 900. [9] Réunion no 33, 905. [10] Réunion no 33, 905. [11] Réunion no 33, 940. [12] Ministère des Finances du Canada, Emplois, croissance et prospérité à long terme – Le Plan d’action économique de 2012, Ottawa, mars 2012, p. 405. [13] Réunion no 33, 920. [14] Ibid. [15] Réunion no 33, 1000. |