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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi .
Comme le savent déjà les députés de la Chambre et l'ensemble des Canadiens, nous travaillons à deux propositions fondamentales et avons établi des objectifs que nous comptons atteindre au cours de la prochaine période au chapitre de l'immigration.
Premièrement, sur le plan de l'immigration, il faut réduire les arriérés de sorte qu'ils ne constituent plus un obstacle à la stimulation de l'économie canadienne. Au printemps et au début de l'été derniers, nous avons énoncé très clairement dans la loi d'exécution du budget que l'un des moteurs économiques de la prochaine décennie reposait sur l'immigration et sur notre capacité à faire venir au Canada les personnes ayant les compétences voulues pour combler les postes que la main-d'oeuvre canadienne ne peux pourvoir. Cette capacité permettrait au Canada de réagir rapidement sur le plan économique, de sorte que, lorsqu'une entreprise canadienne en pleine croissance n'arrive pas à trouver la main-d'oeuvre nécessaire au pays, nous puissions accéder rapidement à ces compétences.
Nous savons que le gouvernement précédent se souciait peu de ce facteur économique. Nous avons dit clairement que notre principal objectif consiste à veiller à ce que l'économie du Canada demeure forte et, pour y arriver, nous comptons faire de l'immigration le propulseur de l'économie.
Le deuxième objectif, c'est de renforcer la sécurité de notre système, afin d'éviter qu'on puisse en abuser et afin d'en garantir la fiabilité. Plus important encore, ces modifications nous permettraient d'avoir un système d'immigration qui protège les Canadiens. En effet, elles empêcheraient — avec effet immédiat — les personnes reconnues coupables d'une fraude liée à l'immigration ou d'activités criminelles de faire d'autres victimes. Les personnes qui ne sont pas des citoyens canadiens seraient renvoyées, sur la base des actes illégaux qu'elles ont commis.
Le gouvernement conservateur est déterminé à maintenir la sécurité de nos rues et de nos collectivités. En fait, dans notre programme électoral de 2011, nous avions promis d'accélérer le renvoi de criminels étrangers. Le gouvernement a tenu parole en présentant le projet de loi , la Loi accélérant le renvoi de criminels étrangers.
Nous sommes un peuple généreux et accueillant, mais nous n'avons aucune tolérance à l'égard des criminels et des fraudeurs qui profitent de la générosité du Canada. La mesure législative proposée empêcherait les criminels étrangers de se prévaloir d'innombrables recours pour retarder leur renvoi pendant qu'ils peuvent continuer de commettre des crimes et de s'en prendre aux Canadiens. Nous envoyons un message très clair aux criminels étrangers: ils ne sont pas les bienvenus dans notre pays.
La Loi accélérant le renvoi de criminels étrangers comporte trois volets. De un, elle permettrait au gouvernement de renvoyer plus facilement de notre pays les criminels étrangers dangereux. De deux, elle ferait en sorte qu'il soit plus difficile pour les personnes qui pourraient présenter un risque pour le Canada d'entrer dans notre pays. De trois, elle supprimerait les obstacles pour les visiteurs honnêtes qui souhaitent venir au Canada et profiter de notre hospitalité et de la beauté de notre pays.
J'aimerais insister sur le premier volet, celui qui permettrait au gouvernement de renvoyer plus facilement de notre pays les criminels étrangers dangereux.
Actuellement, les personnes condamnées à au moins deux ans d’emprisonnement et interdites de territoire pour grande criminalité ne peuvent interjeter appel auprès de la Section d’appel de l’immigration. Nous voulons abaisser ce seuil pour que, dorénavant, les personnes condamnées à au moins six mois d’emprisonnement ne puissent pas faire appel.
Nous avons tous été régulièrement témoins de cas où le juge ou le jury condamne le criminel à une peine minimale de deux ans. Nous avons toutefois constaté que les tribunaux, d'un océan à l'autre, imposent souvent une peine de deux ans moins un jour. Or, les dispositions actuelles de la loi permettent aux personnes condamnées à une peine de moins de deux ans d'interjeter appel, ce qui nous empêche d'expulser ces personnes du pays. C'est pourquoi nous ferions passer ce seuil d'interdiction de territoire pour grande criminalité de deux ans à six mois.
Nous interdirons aussi de territoire quiconque a, à l'étranger, été déclaré coupable d'un crime ou a commis un acte qui, au Canada, lui auraient valu une peine maximale d'au moins 10 ans. Lorsque quelqu'un commet dans un autre pays un crime qui lui vaudrait au moins 10 ans d'emprisonnement s'il l'avait fait au Canada, nous veillerons à ce qu'il ne soit pas le bienvenu ici et à ce qu'il ne participe pas au régime démocratique canadien, car il n'aura pas mérité le droit de le faire compte tenu du crime pour lequel il a été jugé coupable.
Nous refuserons toute demande fondée sur des motifs d'ordre humanitaire soumise par un étranger interdit de territoire pour des raisons de sécurité, d'atteinte aux droits de la personne ou universels, de participation au crime organisé. Nous préciserons aussi que le , lorsqu'il étudie une demande de dispense ministérielle, ne pourra tenir compte que de facteurs relatifs à la sécurité publique et nationale. Nous circonscrirons les décisions qu'un ministre, qu'il soit au portefeuille de la Sécurité publique ou de la Citoyenneté et de l'Immigration, sera autorisé à prendre de son propre chef.
Nous refuserons le statut de résident temporaire aux étrangers dont un membre de la famille qui ne l'accompagne pas est interdit de territoire pour des raisons de sécurité, d'atteinte aux droits de la personne ou universels, ou de participation au crime organisé. Lorsqu'un membre du crime organisé se fait prendre dans son pays, où il est traduit devant les tribunaux et condamné, et que les membres de sa famille fuient leur pays parce qu'ils savent qu'ils y seront dans la mire ou qu'ils risquent d'être eux-mêmes l'objet d'une enquête, ceux-ci n'auront plus la possibilité de venir se réfugier chez nous.
Lorsqu'un régime terroriste est renversé dans un autre pays, comme ce fut le cas depuis un an, ses dirigeants ou leur famille n'auront plus le droit de venir se réfugier au Canada en raison de leurs liens avec des activités criminelles et des atteintes aux droits de la personne qu'ils auront portées dans leur pays.
À l’heure actuelle, la conséquence d’une fausse déclaration est une interdiction de territoire de deux ans. Nous allons faire passer la durée de cette interdiction à cinq ans. De plus, nous allons interdire aux personnes qui font de fausses déclarations de présenter une demande de statut de résident permanent pendant cette période de cinq ans. Depuis que je suis , soit près de quatre ans, je me suis rendu compte à maintes reprises que nous recevons de fausses demandes de la part d'autres pays simplement parce que les personnes font des déclarations mensongères ou présentent faussement leur situation, leur famille ou les raisons pour lesquelles elles souhaitent obtenir le statut de résident permanent au Canada, que ce soit par le biais des voies normales ou dans le cadre du processus d'accueil des réfugiés. Par conséquent, les personnes qui souhaitent venir au Canada en tant que réfugiés et qui présentent faussement leur situation ou mentent carrément dans leur demande seront dorénavant interdites de territoire pendant cinq ans au lieu de deux, comme c'est le cas à l'heure actuelle. Ces changements permettront également au ministère de faire en sorte que les personnes qui présentent faussement leur situation ne puissent pas faire de demande de statut de résident permanent au Canada pendant une période pouvant aller jusqu'à cinq ans.
Nous veillerons ainsi à ce qu'il soit plus facile pour le gouvernement de renvoyer de notre pays les criminels étrangers dangereux.
Deuxièmement, nous ferons en sorte qu'il soit plus difficile pour les personnes pouvant présenter un risque pour le Canada d'entrer d'emblée dans notre pays.
Comme je l'ai mentionné, nous veillerons à ce que notre système soit modernisé et à ce qu'il laisse entrer au pays les personnes qui répondent aux critères pertinents. Nous allons faire en sorte que les personnes admissibles puissent interjeter appel devant la Section d'appel de l'immigration uniquement si elles ont été condamnées à purger une peine d'emprisonnement de moins de six mois au Canada. Par exemple, les résidents permanents condamnés à une peine de 11 mois pour agression sexuelle ne seraient plus autorisés à interjeter appel au sujet d'une mesure de renvoi; ils seraient renvoyés automatiquement.
Une nouvelle restriction serait ajoutée de telle sorte que les personnes condamnées pour une infraction ou ayant commis un acte à l'extérieur du Canada passible d’une peine maximale d’au moins 10 ans au Canada ne puissent plus interjeter appel devant la Section d'appel de l'immigration. De toute évidence, le processus serait ainsi accéléré. Si une personne a été condamnée pour un crime grave au Canada ou pour un crime comparable dans son pays d'origine, elle ne pourra pas faire appel à répétition comme un si un grand nombre de criminels ont pu le faire par le passé. Cette possibilité n'existera plus. Ces gens pourront interjeter appel une seule fois, et le processus sera rapide et équitable. Une fois la décision prise à la suite de cet appel, on prendra évidemment les mesures qui s'appliquent en conséquence.
Un étranger interdit de territoire pour les motifs les plus graves liés à la sécurité, à la violation des droits internationaux de la personne ou à la criminalité organisée ne pourrait plus bénéficier des dispositions sur les circonstances d’ordre humanitaire. Un criminel de guerre ne pourrait pas non plus demander un recours à des considérations d'ordre humanitaire en vue de résider en permanence au Canada ou de retarder son renvoi.
Le projet de loi servirait aussi à codifier la décision de la cour. Le pourrait seulement tenir compte de la sécurité nationale et publique, et non de facteurs d'ordre humanitaire, au moment de décider d’accorder une dispense. Il faudrait tenir compte de motifs comme la sécurité, certaines violations des droits internationaux de la personne ou des activités de criminalité organisée.
Un nouveau pouvoir permettrait également au de refuser le statut de résident temporaire pour des motifs d’intérêt public pendant une période pouvant aller jusqu’à trois ans. Par exemple, le ministre pourrait utiliser ce pouvoir dans le cas d’un étranger qui encourage la violence contre un groupe religieux. Cela ne se produirait pas très souvent, mais c'est un cas qui ne figure pas dans la loi actuelle et cette mesure donnerait au le pouvoir de refuser à quelqu'un l'entrée au Canada parce que, par exemple, cette personne encourage la violence contre un groupe religieux dans son pays d'origine ou ailleurs dans le monde.
Un étranger serait interdit de territoire si un membre de sa famille, qui l'accompagne ou non, est interdit de territoire pour des motifs de sécurité, de violation des droits internationaux ou de la personne ou de participation à des activités criminelles organisées. Par exemple, le conjoint d'une personne interdite de territoire pour crimes de guerre serait également interdit de territoire même s'il se rend seul au Canada.
Il ressort de ces deux exemples que ce que nous visons, ce à quoi nous nous sommes engagés aux dernières élections et que nous voulons mettre en oeuvre par le projet de loi , c'est de rendre extrêmement difficile l'accès au pays ainsi que l'obtention de la résidence permanente et, partant, de la citoyenneté canadienne pour les personnes qui ne satisfont pas aux critères du pays en matière d'immigration.
Nous estimons toutefois important de supprimer les obstacles pour les visiteurs de bonne foi qui veulent venir dans notre pays. Nous faciliterons l'entrée au Canada à ceux qui ne présentent qu'un risque faible ou ne présentent aucun risque. Ainsi, les ressortissants étrangers à faible risque seront admissibles temporairement au Canada s’ils sont accompagnés d’un membre de leur famille interdit de territoire pour motifs de grande criminalité, de fausses déclarations ou de manquement à la loi, ou pour motifs sanitaires ou financiers.
Par conséquent, un parent interdit de territoire pour motifs sanitaires aura toujours besoin d’un permis de séjour temporaire pour visiter le Canada, mais non les autres membres de sa famille, ce qui n'est pas le cas en vertu de la loi actuelle. Si une personne se voit refuser un visa temporaire pour des motifs de santé, les membres de sa famille n'en obtiendront pas non plus. Nous voulons changer cela.
Une personne interdite de territoire qui souhaite obtenir une dispense ministérielle devra présenter une demande officielle. Le pouvoir du ministre d’accorder une dispense de sa propre initiative, lorsqu’aucune demande officielle n’a été présentée, sera expressément défini dans la loi. Le ministre pourrait utiliser ce pouvoir exprès pour faciliter l’entrée d’un chef d’État qui, autrement, serait jugé interdit de territoire, s’il est convaincu que la décision n’est pas contraire à l’intérêt national. Il y a des fonctionnaires ou des dirigeants étrangers qui, eu égard aux dispositions actuelles de notre loi, seraient interdits de territoire au Canada. Cela laisserait une certaine latitude au ministre qui pourrait les autoriser à entrer au Canada pour y faire leur travail.
Un étranger ou un résident permanent qui a commis un acte d’espionnage contre le Canada ou ses intérêts est interdit de territoire pour motif de sécurité. Cette disposition ne changera pas.
Comme les députés peuvent le constater, le gouvernement a choisi d'être sévère, d'être équitable et de mettre à jour une loi qui en a besoin. Il est facile pour nous de trouver des exemples, partout au pays, où des personnes ont réussi, au cours des dernières années, à abuser de notre système actuel ou, simplement, à le déjouer.
Voici quelques exemples de cas qui illustrent le problème qui nous occupe et les mesures correctives qu'il faut apporter pour le régler.
Jackie Tran, d'origine vietnamienne, a commis les crimes suivants: voie de fait armée, trafic de stupéfiants, possession de drogue et non-respect d'une ordonnance d'un tribunal. Les sanctions imposées vont, par ordre de gravité, d'une amende de 100 $ à une peine d'emprisonnement de deux ans moins un jour. Jackie Tran a-t-il interjeté appel de ce jugement? Tout à fait. La mesure de renvoi a son égard a été prise en avril 2004, mais son expulsion a eu lieu en mars 2010. Cet individu a profité du système pendant près de six ans. Il a eu recours à toutes les mesures d'appel dont il pouvait user pour rester au Canada. Certaines personnes qui sont actuellement en processus d'appel afin de pouvoir rester au Canada ont encore commis des crimes.
Patrick De Florimonte, d'origine guyanaise, a été reconnu coupable de multiples voies de fait armées, de voie de fait ayant causée des lésions corporelles, de profération de menaces, de multiples vols, de trafic de stupéfiants, de possession de drogue et de non-respect d'une ordonnance d'un tribunal. La mesure de renvoi a été prise en octobre 2007. Or, je peux confirmer à la Chambre que cet individu n'a pas encore été expulsé du Canada parce qu'il se défile devant ses responsabilités et que son dossier fait l'objet de reports depuis quatre ans et demi. Cet homme commet peut-être encore des crimes au Canada.
Gheorghe Capra a été reconnu coupable de plus de 60 fraudes, de fabrication de faux documents, de complot en vue de commettre une fraude, d'entrave aux travaux d'un policier et de non-respect d'une ordonnance d'un tribunal. Les peines d'emprisonnement auxquelles il a été condamné vont de deux jours à deux ans moins un jour. La mesure de renvoi le concernant a été prise en septembre 2003. Il a été expulsé du Canada en janvier 2009 après six ans d'appels répétés. Et je ne parle pas de ce que nous coûtent de telles procédures judiciaires.
Cesar Guzman a été reconnu coupable d'agression sexuelle sur une personne âgée. Il a purgé une peine d'emprisonnement de 18 mois. La mesure de renvoi le concernant a été prise en mai 2007. Il a été expulsé en avril 2011 après près de quatre ans.
Et je pourrais continuer ainsi. Je peux trouver plein d'exemples, comme toute personne qui veut comprendre ce qu'il est advenu de ce système au cours des dernières années et pourquoi il faut le modifier. Ce n'est pas un hasard si cette politique, cette proposition, cette mesure législative, faisait partie de notre programme électoral de 2011, qui nous a valu d'être élus, et la raison pour laquelle nous la présentons et nous la proposons en deuxième lecture pour qu'elle soit étudiée par le comité, qu'elle revienne ensuite à la Chambre pour être adoptée, puis soit renvoyée au Sénat pour la sanction royale dès que possible, c'est de faire cesser ce type d'utilisation abusive du système, qui fait des victimes dans notre pays et tourne notre système en ridicule aux yeux des étrangers qui croient qu'on peut simplement profiter de nous. Cela ne se reproduira plus.
Une foule de personnes appuient cette mesure. Le chef de police adjoint, Warren Lemcke, de l'Association canadienne des chefs de police, appuie ce projet de loi et estime qu'il aiderait à protéger les Canadiens et les personnes qui entrent au Canada en toute légitimité.
L'Association canadienne des chefs de police a dit: « S’assurer que la sécurité publique est un des facteurs à prendre en considération pour établir l’admissibilité au Canada est un pas important dans la bonne direction. »
J'ai une liste longue de plusieurs pages de personnes qui appuient cette mesure législative.
Je ne pense pas que l'étude du comité devrait prendre beaucoup de temps. Au contraire, le projet de loi devrait franchir rapidement cette étape. Ce n'est manifestement pas une question de partisanerie. Il est plutôt question d'être juste et de traiter ceux qui veulent profiter de notre système de la façon dont ils devraient l'être. Il s'agit de veiller à ce que la loi soit juste envers les victimes et les Canadiens qui souffriraient de la présence de ces individus au Canada.
L'opposition a déjà fait des commentaires. Les deux porte-parole ont commenté la mesure législative. Le gouvernement et moi pensons que lorsqu'un projet de loi est renvoyé au comité, il peut toujours être amélioré. Cela ne fait aucun doute. Toutefois, les députés devraient appuyer le projet de loi. Si des députés veulent proposer des amendements pour l'améliorer, nous les étudierons, mais, quoi qu'il en soit, c'est un projet de loi sensé, qui reçoit l'appui massif de Canadiens de partout au pays. J'ai bien hâte qu'il soit renvoyé au comité.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour débattre du projet de loi . Selon le gouvernement, ce projet de loi accélérera le renvoi des non-citoyens qui commettent des infractions graves.
Je tiens à dire clairement que les néo-démocrates reconnaissent qu'il faut que le processus judiciaire soit efficace et souple en ce qui concerne le renvoi de criminels dangereux qui n'ont pas la citoyenneté canadienne.
Les Canadiens veulent que l'on prenne des mesures sévères à l'égard des non-citoyens qui commettent des infractions graves, souvent violentes, dans nos collectivités. Les nouveaux arrivants, dont la vaste majorité respecte les lois et les règlements, seraient les premiers à souscrire à cette approche.
Lorsque ce projet de loi a été présenté pour la première fois, j'ai clairement dit que le NPD adopterait une attitude responsable et qu'il était prêt à collaborer avec le gouvernement afin qu'aucun criminel ne puisse tirer avantage de nos processus d'appel.
Cela étant dit, nous avons de grandes réserves en ce qui concerne le projet de loi dont la Chambre est saisie. Nous ne sommes pas convaincus que cette mesure législative constitue une solution efficace au problème des crimes commis par des non-citoyens, et sa portée démesurée nous laisse également perplexes. Nous craignons que le projet de loi , tout comme le projet de loi précédent sur la criminalité présenté par les conservateurs, aille beaucoup trop loin. Le projet de loi risque ainsi de rater sa cible et, du même coup, d'empiéter sur les droits des intéressés.
Le ministre a donné cinq exemples sensationnalistes de non-citoyens qui auraient abusé du processus d'appel de la CISR pour rester au Canada. Ces cas semblent graves et, en tant que députés de l'opposition, nous sommes disposés à les examiner afin d'assurer la sécurité de l'ensemble des Canadiens. Il existe toutefois un risque réel, et j'espère que le ministre en conviendra, associé à des changements aussi profonds fondés uniquement sur des cas extraordinaires. C'est là de l'excellent matériel pour la une des journaux et des conférences de presse tapageuses, mais cela ne constitue pas nécessairement une bonne politique publique.
Je me dois également de souligner que certains éléments du projet de loi semblent avoir du mérite et valent la peine d'examiner davantage. Par exemple, le projet de loi reconnaît que le fait d'entrer au Canada en ayant recours à une personne qui se livre à des activités liées au crime organisé ne suffit pas à déterminer l'interdiction de territoire. Nous croyons que c'est là une proposition sensée.
Je dois avouer que je suis plutôt étonnée qu'après un projet de loi omnibus de réforme du système de détermination du statut de réfugiés et des dizaines de modifications à la réglementation, le gouvernement n'ait pas apporté cette modification plus tôt. Les néo-démocrates demandent depuis longtemps qu'on améliore la loi afin que les victimes de la traite des personnes ne soient pas également victimes de règles destinées à attraper les passeurs.
Nous estimons également qu'il est raisonnable d'imposer certaines conditions à ceux qui sont interdits de territoire pour des raisons de sécurité même s'ils ne sont pas détenus. Je le répète, nous croyons qu'il faut examiner beaucoup plus en profondeur ces mesures du projet de loi .
Quelles sont nos principales préoccupations concernant la teneur du projet de loi? Tout d'abord, nous craignons qu'il s'agisse d'une autre mesure législative visant à accorder davantage de pouvoirs arbitraires au ministre. Par exemple, le projet de loi confère au ministre de vastes pouvoirs lui permettant d'empêcher un étranger d'entrer au pays ou d'en sortir, ou encore de l'interdire de territoire pour des raisons d'intérêt public qui nous semblent ambiguës. La dernière chose dont notre système d'immigration a besoin, c'est bien d'être encore plus politisé.
Le fait est que nous disposons d'un système efficace et indépendant de détermination de l'admissibilité et qu'il est inutile de le remplacer par les caprices du ministre. Le ministre ne devrait pas pouvoir interdire l'entrée au pays à des gens qui sont tout simplement en désaccord avec le gouvernement. Il est ridicule de croire que le fait d'accorder davantage de pouvoirs au ministre résoudra quoi que ce soit.
De ce côté-ci de la Chambre, nous croyons que, pour éliminer ce qu'on considère être une échappatoire, il vaut mieux renforcer l'indépendance du processus judiciaire que d'accorder encore plus de pouvoirs au ministre.
La deuxième grande réserve que nous avons se rapporte à la modification de la définition de grande criminalité au titre de cette mesure législative. Auparavant, la définition de grande criminalité s'appliquait à un acte criminel passible d'une peine d'emprisonnement de deux ans ou plus. Le projet de loi que nous étudions prévoit la modifier pour qu'elle s'applique à une peine de six mois ou plus. En apparence, cela peut sembler raisonnable. Après tout, les statistiques de 2010 et de 2011 sur la détermination de la peine montrent que les infractions visées par la nouvelle définition correspondrait le plus souvent aux agressions sexuelles et au vol qualifié.
Mes collègues néo-démocrates et moi sommes d'accord avec le ministre quant au fait que ces crimes violents sont une forme de grande criminalité. Toutefois, voici le hic. Les mesures législatives de lutte contre la criminalité des conserveurs prévoient de nouvelles peines qui rendent une série d'infractions non violentes passibles de peines obligatoires minimales, ce qui pourrait avoir une profonde incidence sur la façon dont nous envisageons ce projet de loi. Nous, les néo-démocrates, appuyons fermement une étude plus approfondie de cet aspect du projet de loi afin que les Canadiens comprennent parfaitement l'impact du changement apporté à la définition.
Notre troisième réserve tient au fait que le projet de loi ne s'appliquerait pas seulement aux personnes reconnues coupables de crimes graves au Canada, mais aussi à l'étranger. Le Canada n'est pas parfait, mais il a l'un des systèmes judiciaires les plus justes au monde. D'autres pays n'ont pas la même chance. Malheureusement, dans de nombreux pays partout sur la planète, le simple fait d'être membre d'un parti de l'opposition peut entraîner une condamnation pour crime grave. Rien n'illustre mieux l'importance de l'application régulière de la loi que ces situations. Nous devons nous assurer que le Canada demeure un symbole d'accueil et d'espoir pour ceux qui fuient la persécution à l'étranger.
Les professionnels qui travaillent avec les immigrants et les réfugiés, ainsi que les diasporas ont également exprimé des préoccupations, indiquant que cette mesure législative risque de punir injustement les jeunes et les personnes atteintes de maladie mentale. Je le répète, une étude sérieuse à l'étape du comité permettra d'obtenir des réponses à ces questions complexes. Nous devons nous assurer qu'aucune conséquence, intentionnelle ou non, ne nuira aux membres les plus vulnérables de la société.
Une autre des dispositions troublantes du projet de loi est celle qui dispense le ministre d'avoir à déterminer s'il existe des motifs d'ordre humanitaire et à tenir compte de l'intérêt des enfants touchés. À notre avis, le ministre devrait avoir à tenir compte de l'intérêt des enfants.
Mais ce qui préoccupe le plus l'opposition officielle, c'est que le projet de loi cherche à détourner l'attention des autres changements radicaux que le ministre cherche à apporter au système d'immigration. Nous craignons qu'il s'agisse d'une nouvelle tentative visant à retourner l'opinion publique contre les résidents permanents, en mettant en évidence une faible minorité afin de donner l'impression que les communautés de nouveaux arrivants sont truffées d'escrocs, de resquilleurs et de criminels. Ce n'est tout simplement pas le cas. Le NPD se porte à la défense des nouveaux arrivants qui veulent que le gouvernement rende le système d'immigration plus juste et plus responsable pour la grande majorité d'immigrants, qui ne sont pas des criminels et qui respectent les règles.
La vérité, c'est que la réforme approfondie du régime d'immigration et de détermination du statut de réfugié par le gouvernement conservateur fait du Canada un pays moins accueillant. Ces changements réduisent les possibilités de réunification familiale des nouveaux arrivants et minent les initiatives de consolidation communautaire. Ce sont les nouveaux arrivants venus de tous les coins du monde qui ont travaillé fort pour construire le Canada et qui continuent encore aujourd'hui de le renforcer. De nouvelles vagues d'immigration contribuent à la prospérité des communautés et renforcent la population active du XXIe siècle. Malheureusement, au lieu d'accueillir des immigrants qualifiés et de répondre aux besoins à long terme du Canada, le gouvernement conservateur traite en priorité les demandes de visa de travail temporaire pour aider les grandes sociétés à réduire leurs dépenses salariales. Ce n'est pas ainsi que nous avons édifié notre pays et ce n'est pas ainsi qu'on construira l'économie de demain.
Les conservateurs ont fait accroître le nombre de travailleurs étrangers temporaires de près de 200 % en permettant aux employeurs de les payer 15 % de moins que les travailleurs canadiens. Ces travailleurs viennent ici seuls. Ils n'ont pas le droit d'amener leur famille. Après avoir envoyé de l'argent à la maison, ils sont obligés de rentrer chez eux. Ce n'est pas ainsi qu'on construit des collectivités. On aurait cru que quiconque peut travailler au Canada pourrait également y vivre; mais ce n'est pas le cas sous le gouvernement conservateur.
La semaine dernière, au cours d'une période des questions, j'ai parlé d'un rapport publié récemment qui témoigne de la négligence révoltante dont fait preuve le gouvernement en matière de protection des travailleurs migrants. Trop souvent, ces personnes sont victimes d'exploitation systémique à cause des lois fédérales régissant l'immigration et des normes du travail provinciales. De plus, le gouvernement a supprimé les dossiers de 280 000 candidats à la citoyenneté canadienne constituant l'arriéré relatif aux demandes de travailleurs qualifiés. Il s'agit de personnes qui ont suivi les règles et dont les compétences seraient extrêmement profitables à l'économie canadienne.
Lors de la campagne électorale de 2011, le député de a habilement séduit les communautés ethniques et culturelles en apprenant à saluer les gens dans diverses langues. Il a assisté à de nombreuses activités, promettant l'assouplissement de la politique d'immigration. Or, depuis que les conservateurs ont obtenu la majorité parlementaire si convoitée, ils nous servent toujours le même message, indépendamment de la langue qu'ils utilisent: hormis leur valeur économique en tant que travailleurs temporaires bon marché, les nouveaux arrivants n'ont que très peu d'importance. C'est inacceptable.
Je suis porte-parole de mon parti en matière d'immigration, mais aussi de multiculturalisme. Il s'agit d'une responsabilité que je prends très au sérieux. J'ai l'honneur de représenter la circonscription de Newton—Delta-Nord, l'une des plus diversifiées au pays. En plus d'abriter des travailleurs dévoués qui sont établis au Canada depuis de nombreuses générations, elle a le privilège d'accueillir des nouveaux arrivants qui proviennent entre autres de l'Inde, du Pakistan, des Philippines, de la Chine, de l'Asie et de toutes les régions de l'Europe et qui contribuent à enrichir notre société. Tous ces immigrants me disent que leur priorité consiste à être réunis avec leur famille et à bâtir des collectivités fortes. Ils sont venus au Canada en quête d'un avenir meilleur et avec la promesse qu'ils pourraient y faire venir leur famille.
Malheureusement, le gouvernement démantèle systématiquement les dispositions relatives à la réunification des familles, prévues dans le système d'immigration canadien, rendant notamment plus difficile l'obtention du statut de résident permanent par les époux. Le gouvernement a aussi mis fin aux demandes de parrainage de parents et de grand-parents, ce qui empêche ceux-ci d'être réunis avec leurs enfants et petits-enfants. À l'heure actuelle, beaucoup de grands-parents décèdent avant de pouvoir venir au Canada et de tenir leurs petits-enfants dans leurs bras pour la première fois. Pour moi, il s'agit plus que d'une question politique: c'est une question qui me touche personnellement. Je suis attristée par l'orientation adoptée par le gouvernement. J'ai eu la chance d'immigrer au Canada, de faire venir ma famille et de contribuer à ma collectivité, mais je me demande si d'autres en auront même la possibilité compte tenu des changements apportés par les conservateurs.
Un autre problème qui préoccupe beaucoup les gens de ma circonscription et de l'ensemble du pays, c'est le refus arbitraire des visas de visiteurs. Le taux de refus est très élevé et des membres de la famille de beaucoup de gens de ma circonscription n'ont pu assister à des mariages ni même à des funérailles. Dans bon nombre de cas, on ne précise pas la raison de la décision et on ne donne pas la possibilité d'en appeler. Si seulement le gouvernement s'employait à rendre notre système de visas de visiteurs plus juste en y consacrant la moitié du temps qu'il consacre à élaborer des projets de loi comme celui dont nous sommes saisis aujourd'hui.
J'aimerais aussi parler de ce projet de loi dans le contexte plus large des changements radicaux et mesquins que le gouvernement apporte au système de réfugiés, en particulier au Programme fédéral de santé intérimaire. Le printemps dernier, le gouvernement a annoncé en grande pompe qu'il réduirait les services de santé aux demandeurs de statut de réfugié vulnérables. Des députés d'arrière-ban d'en face ont même envoyé des dix-pour-cent annonçant l'élimination des soins de santé de luxe pour les réfugiés, mais la réalité est beaucoup moins rose.
En vertu des changements annoncés, beaucoup de réfugiés légitimes dont la famille a peu ou pas de ressources financières n'auront pas accès aux soins de santé. Le Canada a été bâti sur le principe selon lequel nous sommes tous censés prendre soin les uns des autres, surtout des gens les plus vulnérables, mais le gouvernement conservateur tente de miner cette valeur canadienne tout à fait fondamentale. Honnêtement, il est inconcevable de penser que mes collègues d'en face privent les réfugiés du droit fondamental aux soins de santé, mais c'est bien ce qui arrive. Ils tentent de se faire du capital politique en mettant en péril la vie des gens.
Mais le projet de loi dont la Chambre est aujourd'hui saisie ne coupe pas seulement dans les soins de santé; il s'attaque aussi aux autres facettes de la politique sur les réfugiés. La semaine dernière, nous avons appris que Fatemeh Tosarvanda, une Iranienne présentement en territoire canadien, risque d'être renvoyée d'une journée à l'autre dans son pays. Or, elle y sera vraisemblablement accusée d'adultère, accusation qui, selon la charia iranienne, pourrait lui valoir d'être lapidée à mort. À cause du train de mesures radicales que les conservateurs ont adoptées pour réformer les lois sur les réfugiés, les demandeurs d'asile n'ont plus le droit de réclamer une évaluation des risques avant renvoi si leur demande d'asile a fait l'objet d'un refus au cours de la dernière année, alors que cette évaluation aurait justement permis de déterminer si Fatemeh peut être renvoyée sans crainte dans son pays.
J'invite mes collègues à tenir compte de tous les enjeux lorsqu'ils étudieront ce projet de loi. Nous souhaitons tous protéger la population contre les criminels. Les électeurs de ma circonscription ont vu de leurs yeux la terreur que produisent les armes à feu, les gangs et la violence. Il faut cependant adopter une approche équilibrée, qui nous permettra de sévir contre les criminels tout en créant des possibilités et de l'espoir pour prévenir la criminalité.
Cet été, nous avons appris que le gouvernement conservateur amputera de 20 % le budget des programmes canadiens de justice pour les jeunes. Il coupera de 35 millions de dollars le financement destiné à la supervision et à la réadaptation des jeunes contrevenants. Quelle belle stratégie de prévention de la criminalité!
Comme si ce n'était pas assez, le gouvernement n'a pas augmenté le nombre de policiers dans les rues de nos localités les plus vulnérables, contrairement à ce qu'il avait promis. Là d'où je viens, en Colombie-Britannique, 42 employés de soutien de la GRC ont reçu un avis leur indiquant qu'ils pourraient perdre leur emploi. Ce n'est pas en supprimant les emplois de ceux qui aident nos policiers de première ligne qu'on réussira à prévenir la criminalité et qu'on rendra nos villes et nos villages plus sûrs.
Nous devons nous demander pourquoi le gouvernement ne s'efforce pas de débarrasser nos rues des criminels en tous genres au lieu de s'acharner à diaboliser les nouveaux arrivants.
En ce qui concerne la mesure législative dont la Chambre est saisie aujourd'hui, je crois fermement que nous pouvons empêcher les non-citoyens commettant des crimes graves d'abuser de nos processus d'appel sans porter atteinte à leurs droits. Je suis prête à travailler avec le gouvernement pour assurer une approche équilibrée. Mes collègues néo-démocrates et moi appuyons fermement les nouveaux arrivants, qui croient que nous devrions consacrer plus de temps et mettre en place plus de mesures législatives afin de veiller à ce que le système d'immigration soit plus rapide et qu'il soit plus équitable pour les personnes n'ayant pas commis de crime.
Comme je l'ai mentionné plus tôt dans mon intervention, la vaste majorité des nouveaux arrivants respectent les règles, et ils méritent l'attention de la Chambre. Il est temps que le gouvernement traite les immigrants comme les bâtisseurs de pays qu'ils sont et qu'il leur offre des moyens plus faciles et équitables d'être réunis avec leurs êtres chers au lieu de passer tellement de temps et d'organiser tellement de conférences de presse visant à donner une fausse impression de la mosaïque de nouveaux arrivants au Canada.
Le projet de loi est une autre mesure législative de grande portée qui couvre une multitude de sujets. Nous espérions que le ministre aurait arrêté de présenter des projets de loi visant à détourner l'attention et qu'il aurait plutôt présenté un projet de loi mieux pensé.
Depuis mon arrivée au Parlement, j'ai vu une multitude de changements. Il semble que, presque chaque semaine, des changements sont apportés aux règlements et que de nouveaux projets de loi sont présentés. Nous n'avons pas besoin de cette approche désordonnée. Nous avons besoin d'une politique d'immigration cohérente, juste, équitable et transparente qui nous aiderait à exploiter les atouts des nouveaux arrivants.
Examinons attentivement cette mesure législative, mais réorientons également nos efforts afin de faire du Canada le pays accueillant et compatissant qu'il était autrefois et qu'il peut être à nouveau.
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Monsieur le Président, je suis assez déçu de constater que le n'était pas prêt à présenter le projet de loi, car, avant son arrivée dans cette enceinte, il donnait une conférence de presse à laquelle la porte-parole du NPD et moi avons pu assister, du moins en partie, et à laquelle nous avons pu également participer. Le ministre ne semble avoir aucune réticence à donner des conférences de presse où il parle de ce projet de loi. J'imagine qu'il veut avoir l'air de durcir le ton en adoptant un discours fortement hostile aux immigrants. En toute objectivité, on peut dire que les partis politiques représentés aux Communes éprouvent tous très peu de sympathie pour les récidivistes violents qui décident de constamment enfreindre nos lois. Nous sommes, nous aussi, favorables à l'expulsion de ces personnes hors du pays.
Par contre, nous sommes d'avis que nous devons faire preuve de beaucoup plus de respect à l'égard des résidents permanents au Canada, qui sont au-delà de 1,5 million au pays. J'ai pu observer le ministre. Dans le document d'information, il est question de criminels étrangers. Quand on utilise le terme « étrangers », en fait, on parle bel et bien des résidents permanents, mais en employant l'expression « criminels étrangers », on montre qu'on adopte une position vraiment catégorique. Le ministre donne cinq exemples dans le document d'information joint à son communiqué, et il mentionne en premier lieu le nom de Jack Tran. Il y est question de cinq personnes et on en fait les cinq principales raisons pour lesquelles nous sommes aujourd'hui saisis de ce projet de loi. À mon avis, il faut que nous trouvions des moyens d'améliorer le système pour éviter que des gens comme Jack Tran, Patrick de Florimonte et les trois autres personnes mentionnées dans le document d'information abusent de notre système.
Je conviens que nous devons les expulser et que le plus tôt sera le mieux. J'ai souligné qu'il y a plus de 1,5 million de résidents permanents au Canada. La grande majorité d'entre eux sont des citoyens exemplaires, même s'ils n'ont peut-être pas encore obtenu officiellement la citoyenneté canadienne. D'ailleurs, le gouvernement devrait accepter sa part de responsabilité à cet égard, car à l'heure actuelle, il faut deux ans pour obtenir sa citoyenneté, alors que ce processus devrait prendre de quatre à six mois. Même si le débat d'aujourd'hui ne porte pas sur cette question, cela montre que le ministre n'a pas été en mesure de déterminer ce qui est le plus important et ce à quoi il est nécessaire d'accorder la priorité afin de régler les problèmes auxquels se heurtent les immigrants.
La grande majorité de ces résidents permanents ont une attitude exemplaire et contribuent au mieux-être de notre société, sur le plan tant économique que social. Or, puisqu'il est question de 1,5 million de personnes, il serait très irresponsable de la part du gouvernement ou de quiconque de croire que certaines d'entre elles ne transgresseront pas la loi ou n'agiront pas de façon scandaleuse. On pourrait soutenir que bon nombre de celles qui transgressent la loi sont des personnes au comportement répréhensible qui peuvent agir de façon abusive ou enfreindre la loi à répétition. Nous reconnaissons ce fait et nous voulons accélérer le processus afin de renvoyer ces gens du Canada ou d'envisager leur expulsion.
Tout comme le caucus libéral et l'ensemble des Canadiens, cet infime pourcentage de personnes m'inquiète. Il faut s'occuper de ces gens-là et chercher des moyens de modifier la loi en conséquence. Ne nuisons pas à tout le monde à cause de cet infime pourcentage d'individus.
Il faut tenir compte de ce que prévoit ce projet de loi. Actuellement, les personnes condamnées à moins de deux ans d'emprisonnement peuvent interjeter appel. Seules les personnes condamnées à moins de six mois d'emprisonnement pourront dorénavant le faire. La loi tiendrait maintenant compte de toutes sortes d'infractions, dont voies de fait simples, fraude d'une valeur inférieure à 5 000 $, vol d'une valeur inférieure à 5 000 $, possession d'un bien volé d'une valeur inférieure à 5 000 $, intrusion pendant la nuit, méfait public, fuite pour échapper à un agent de la paix et j'en passe.
Il y a une responsabilité, et le Comité de la citoyenneté et de l'immigration est sous-utilisé. Ce comité pourrait prendre certaines mesures, et nous devrions peut-être nous pencher davantage sur le problème qu'on tente de régler au moyen de cette mesure législative. Il aurait été bien que le comité puisse examiner ce sujet précis au cours des dernières années pour qu'on puisse obtenir un projet de loi qui n'étiquette pas l'ensemble des résidents permanents. Il y aurait peut-être eu un meilleur moyen d'en arriver au résultat que le gouvernement espérait obtenir, en partie du moins, en travaillant ensemble afin d'élaborer une meilleure mesure législative.
En y pensant bien, que signifie cette mesure législative au juste? Un individu pourrait être résident permanent depuis 10 mois ou 10 ans, peu importe, et commettre une infraction. Concentrons-nous sur l'individu qui est résident permanent depuis 10 ans. Il est peut-être marié et a deux ou trois enfants qui sont peut-être nés au Canada. Un soir, il se trouve à une fête ou à un événement quelconque, boit un peu trop et finit par être accusé de voies de fait. Très souvent, une accusation de voies de fait entraîne une peine de six mois de prison. Cela signifie que l'individu pourrait être expulsé. Pas toute la famille, mais cet individu, oui. Des députés sont d'accord, s'il est reconnu coupable. Cet individu vit au Canada depuis 10 ou 12 ans, a toujours été un citoyen exemplaire, se retrouve dans la même situation que bien des Canadiens d'un bout à l'autre du pays et agit sur le coup de l'émotion. Ce n'était pas une bonne idée, mais choses-là arrivent. Toutefois, dans le contexte de ce projet de loi, cet individu serait expulsé.
En reconnaissant tout simplement cet état de choses, le député convient que cet individu serait expulsé. Ses enfants nés au Canada et sa conjointe pourraient rester au pays, mais cet individu serait expulsé.
Il faut insérer les choses dans leur contexte. Selon moi, d'autres avenues auraient pu être possibles relativement à nombre de changements que le gouvernement apporte. On aurait pu amener davantage d'intervenants, y compris des députés de l'opposition, à participer à certaines des discussions sur les politiques avant de présenter le projet de loi. Je crois qu'il existe des situations où il pourrait être souhaitable pour le Canada de reconnaître que, sur plus de 1,5 million de résidants permanents, certains ont pu être impliqués dans des incidents sans qu'il soit dans son intérêt de les expulser.
C'est tout le contraire d'une solution extrême, ce à quoi le ministre excelle — ça, et dire combien Jackie Chan est un être abominable. Personne ne dira le contraire. Au lieu d'adopter une solution extrême, il faudrait peut-être avoir une vue d'ensemble et reconnaître que ces quelques cas sont l'exception parmi nos 1,5 million de résidants permanents. Beaucoup de crimes sont commis dans l'ensemble de la société canadienne et ils entraînent des conséquences. Personne ne soutient qu'un crime ne devrait pas entraîner un châtiment.
L'autre chose que tente d'accomplir le gouvernement au moyen de ce projet de loi, c'est d'octroyer davantage de pouvoir au . C'est presque comme si on l'avait négligé depuis quelque temps. Le ministre de l'Immigration veut encore et toujours plus de pouvoir. N'oublions pas que c'est lui qui a déclaré que nous n'avions pas besoin d'un organisme consultatif de calibre mondial composé de spécialistes des droits de la personne afin d'aider le Canada à déterminer quels sont les pays sûrs. Le estime qu'il peut prendre le tout en main sans que les Canadiens n'aient à s'en soucier. Il est aussi le ministre qui a soutenu être en mesure de reconnaître une arrivée irrégulière parmi tout groupe d'au moins deux personnes entrant au Canada.
Vous pouvez me croire lorsque je dis qu'on n'a pas intérêt à déplaire à ce ministre, si on ne veut pas se retrouver dans le pétrin, d'autant plus qu'il a ce pouvoir de désignation. Maintenant, le ministre veut avoir la responsabilité de refuser carrément qu'une personne vienne au Canada. Je dirais que nous devons exiger plus de comptes et mettre en place plus de mécanismes de vérification au ministère de l'Immigration. C'est un aspect très important du projet de loi qui doit être examiné.
J'ai soulevé la question des visas de visiteur pour une bonne raison. J'abonde dans le sens de la porte-parole néo-démocrate en matière d'Immigration lorsqu'elle a parlé de la grande frustration occasionnée par les visas de visiteur. Il y a beaucoup de gens très frustrés. J'ai présenté des pétitions à la Chambre au sujet des visas de visiteur et, pour une raison ou pour une autre, le gouvernement n'arrive pas à régler cette question.
C'est extrêmement frustrant, car il y a des personnes qui vivent à l'étranger, des parents, des frères et des soeurs, qui veulent rendre visite à leur famille au Canada pour de bonnes raisons. Certains veulent voir le milieu dans lequel les membres de leur famille vivent. Certains veulent assister à des mariages, des remises de diplômes, des réunions de famille et même à des services funéraires. Je suis toujours étonné du nombre de personnes qui essaient de voir un membre de leur famille et que je rencontre à mon bureau et à l'extérieur en qualité de porte-parole en matière d'immigration. Les députés seraient étonnés du nombre. On pourrait donner comme exemple la ville de Chandigarh, où le taux d'approbation est maintenant de 51 %, je crois. Mis à part les pourcentages, il y a beaucoup trop de familles à qui on refuse la possibilité de venir au Canada.
Pourquoi est-ce que je soulève cette question au sujet de ce projet de loi en particulier? J'ai posé la question au secrétaire parlementaire et j'ai demandé qu'on transmette le message au . J'ai posé la question lors de deux séances d'information mais je n'ai toujours pas reçu de réponse. Voici ma question: quelle conséquence cette loi aura-t-elle sur la capacité des bureaux d'immigration partout dans le monde de traiter rapidement les demandes de visa de visiteur?
J'ai donné l'exemple d'un père à la porte-parole du NPD en matière de citoyenneté et d'immigration, et j'ai fourni de plus amples détails au secrétaire parlementaire. J'attends avec impatience ce qui je l'espère sera une réponse favorable.
Toutefois, il semble que, malheureusement, beaucoup de travail préparatoire reste à faire. Si c'est le cas, espérons que le gouvernement est prêt à consacrer des ressources supplémentaires pour que les visas de visiteurs continuent à être octroyés en temps opportun.
Ce qui ne veut pas dire que le Parti libéral ne se préoccupe pas des personnes qui visitent le Canada. Nous voulons également veiller à ce que les visiteurs soient entre autres de bonne moralité et en bonne santé. Ce qui nous inquiète, c'est que cette loi risque d'avoir des conséquences importantes, sans apporter grands résultats en fin de compte.
La question de la fausse représentation est épineuse. Je dois me pencher sur bon nombre de cas d'immigration. C'est un dossier qui me plaît et dont je m'occupe depuis des années, depuis l'époque où j'étais membre de l'Assemblée législative du Manitoba et maintenant, en tant que député au Parlement. Je suis heureux d'aider les gens à suivre le processus d'immigration et à résoudre les problèmes qu'ils rencontrent en la matière. Les députés qui croient que les cas de fausse représentation n'existent pas ont tort. Ils ne seront peut-être pas surpris par une telle affirmation, mais je soupçonne qu'ils méconnaissent le nombre de cas de fausse représentation qui ont réussi.
Les gens pourraient dire immédiatement qu'il faut fermer nos portes et se débarrasser de ceux qui font de fausses déclarations. Cependant, les gens doivent comprendre que les fausses déclarations prennent de nombreuses formes. Je crois que dans certains cas, les gens sont presque encouragés de façon surprenante à faire de fausses déclarations. Je ne parle pas seulement des consultants ou des avocats spécialisés en immigration. Les gens pourraient même être quelque peu surpris qu'on laisse entendre que des mesures prises par certains ordres de gouvernement puissent donner lieu à de fausses déclarations mineures.
Un homme venu au Canada a déclaré n'avoir qu'un seul enfant alors qu'il en avait deux. Il a eu l'autre enfant avec une autre femme, il y a plusieurs années et, au moment de soumettre sa demande, il n'était pas encore prêt à en parler à son épouse.
Je ne prétendrai d'aucune façon que les gens ont le droit de faire de fausses déclarations à leur sujet. Nous devons faire de notre mieux pour empêcher que les gens ne fassent de fausses déclarations au moment de soumettre leur demande.
Cependant, j'aimerais savoir pourquoi le gouvernement a décidé de faire passer de deux à cinq ans la période d'interdiction de territoire. À l'étape du comité, je pourrais donner de nombreux exemples de situations qui pourraient justifier une autre approche que l'interdiction de territoire pure et simple. Je crois que de nombreux Canadiens, si ce n'est la plupart, seraient surpris d'entendre parler de certains cas de fausses déclarations.
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Monsieur le Président, je sais gré à la Chambre de son indulgence. Comme le savent les députés, je me fais un point d'honneur d'assister à tous les débats qui portent sur les projets de loi dont je suis responsable. Je prends très au sérieux la nécessité pour le ministre d'être présent à ces débats, alors je remercie la Chambre de sa bienveillance.
[Français]
Monsieur le Président, le projet de loi est une mesure importante pour renforcer l'intégrité du système d'immigration au Canada. Nous l'appelons la . Évidemment, le Canada est un pays accueillant envers les nouveaux arrivants de partout au monde. En effet, depuis l'arrivée au pouvoir de ce gouvernement, nous avons accepté le plus grand nombre d'immigrants dans l'histoire du Canada: plus d'un quart de million par année. Cela veut dire une augmentation de 14 % par rapport au niveau d'immigration du gouvernement libéral précédent. Nous avons gardé en même temps le niveau d'immigration par personne le plus important dans le monde développé. Cela veut dire que nous ajoutons à peu près 0,8 % de notre population par le truchement de l'immigration chaque année. En même temps, nous augmentons le nombre de réfugiés rétablis que nous acceptons dans une proportion de 20 %. Nous allons augmenter de plus de 14 000 le nombre de réfugiés de convention que nous invitons à venir s'installer ici, au Canada, pour avoir le niveau de rétablissement de réfugiés le plus élevé au monde.
En même temps, ce gouvernement a triplé les fonds pour les services d'établissement et d'intégration offerts aux nouveaux arrivants. Nous avons fait tellement pour aider à l'intégration et au succès des nouveaux arrivants.
Lorsque je travaille de près avec les nouveaux arrivants au Canada, je les écoute quand ils disent qu'ils veulent un système d'immigration bien cadré dans nos lois, juste et équitable. Cela veut dire qu'ils veulent un système d'immigration fondé sur la règle de droit. Ils ne veulent pas permettre à ceux et celles qui posent une menace pour la sécurité de nos collectivités de venir ici ou de rester ici. Ils veulent un système accueillant pour les nouveaux arrivants de partout au monde qui veulent venir ici respecter nos lois, bâtir le Canada, contribuer par leurs impôts et respecter le Canada. Par contre, les nouveaux Canadiens n'ont aucune patience pour ceux et celles qui viennent ici pour abuser de la générosité du Canada et des Canadiens.
[Traduction]
Des nouveaux arrivants de tout le pays me disent la même chose: que, comme tous les Canadiens, nés ici ou à l'étranger, ils accordent une importance extrême à l'ouverture que notre pays a toujours manifestée envers l'excellent travail et les talents des nouveaux venus, y compris les réfugiés fuyant la persécution. Pour leur part, les Canadiens, surtout ceux qui ont immigré au Canada, n'ont aucune patience à l'égard de ceux qui cherchent à violer nos lois ou à abuser de notre générosité. C'est pourquoi nous proposons le projet de loi , qui vise à apporter plusieurs changements à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés afin, d'une part, de faciliter l'entrée au Canada aux visiteurs et aux immigrants légitimes et, d'autre part, de nous doter d'outils juridiques plus solides afin d'interdire de territoire toute personne qui pose un risque pour notre pays et d'en renvoyer quiconque a été reconnu coupable d'un crime grave par notre système judiciaire équitable.
Permettez-moi de passer en revue les dispositions de la loi. Tout d'abord, pour ce qui est de faciliter l'entrée aux visiteurs et immigrants légitimes, la mesure cherche à restreindre la portée de la disposition relative à l'interdiction de territoire pour motif d'espionnage pour viser essentiellement les actes d'espionnage contre le Canada ou ses intérêts.
Ce changement ferait en sorte de protéger les personnes qui se livrent à l'espionnage pour le compte de proches alliés démocratiques du Canada et qui recueillent peut-être en fait des renseignements au nom de notre pays concernant des menaces communes à la sécurité. Nous estimons que le libellé actuel de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés est inutilement vague et que l'interdiction de territoire associée à l'espionnage devrait s'appliquer aux personnes qui commettent des actes d'espionnage qui sont contraires aux intérêts du Canada.
Ensuite, le projet de loi permettrait l'admission temporaire de personnes dont un membre de la famille est interdit de territoire, sauf si l'interdiction de territoire découle de motifs liés à la sécurité, à l'atteinte aux droits humains ou internationaux ou au crime organisé.
Il pourrait s'agir, par exemple, d'une famille qui a présenté une demande pour visiter le Canada, mais dont un des membres est interdit de territoire pour des raisons d'ordre médical, parce que, selon les fonctionnaires et un examen de santé, il risque de représenter un fardeau excessif pour le système de santé public canadien. Dans un tel cas, en vertu de la loi actuellement en vigueur, tous les membres de la famille seraient interdits de territoire parce qu'ils sont considérés comme un tout. Le changement proposé nous permettrait de dissocier la personne interdite de territoire du reste du groupe, de manière à ce que les autres membres de la famille puissent venir au Canada. Il s'agit d'une mesure qui jouit d'un large appui auprès des intervenants du milieu de l'immigration et d'autres domaines, qui jugent que la loi actuelle est inutilement restrictive.
Enfin, le projet de loi confère au l'autorisation expresse d'accorder une dispense ministérielle de sa propre initiative. À l'heure actuelle, lorsque le système judiciaire — par exemple, l'Agence des services frontaliers du Canada, qui est déléguée par moi en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés — décrète qu'une personne est interdite de territoire, le processus pour obtenir une dispense de la part du ministre est long et laborieux. Selon le changement proposé, le ministre pourrait décider de simplifier le processus pour les visiteurs et les immigrants légitimes et de bonne foi.
[Français]
Je passe maintenant aux mesures du projet de loi qui vont renforcer l'intégrité du système et protéger la sécurité des Canadiens.
Tout d'abord, le projet de loi créera une nouveau pouvoir pour le . En effet, celui-ci pourra rejeter le statut de résident temporaire pour les étrangers, sur la base de considérations des politiques publiques, pour une période pouvant atteindre trois ans.
[Traduction]
Ainsi, pour des raisons d'intérêt public, le pourrait interdire à un étranger d'entrer au Canada pendant une période maximale de trois ans, même si cette personne aurait pu être admissible n'eut été de cette décision. C'est très délicat. La proposition dont nous discutons ici est très délicate, et j'espère vraiment que le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration se concentrera sur cette proposition, de façon à me guider et à guider aussi le gouvernement quant à la façon d'établir des critères qui nous aideront à traiter les cas exceptionnels et hors de l'ordinaire, qu'on utilise des décrets ministériels, des règlements publiés, ou même un amendement au projet de loi lui-même.
En vertu de la loi actuelle, un étranger est considéré inadmissible seulement s'il a un casier judiciaire dans un autre pays et a commis des crimes qui sont aussi considérés comme des crimes graves au Canada. Cela exclut les prisonniers politiques, puisque les supposés crimes politiques reposant sur de fausses accusations ne sont pas des crimes au Canada. Une personne peut aussi être jugée inadmissible si elle est ou a déjà été membre d'une organisation criminelle ou d'un groupe terroriste interdit ou, comme je l'ai déjà mentionné, si elle s'est livrée à des activités d'espionnage ou peut poser un risque important en matière de sécurité au Canada. Une personne peut aussi être inadmissible pour des raisons médicales ou en fonction d'autres catégories de critères.
Le problème, c'est que certains des demandeurs qui cherchent à entrer au Canada peuvent, même s'ils n'ont pas de casier judiciaire dans leur pays, venir ici dans le but d'encourager la haine, la violence ou le terrorisme.
[Français]
Je donne l'exemple de ressortissants du Royaume-Uni, je crois, qui s'appellent Abdur Raheem Green et Hamza Tzortzis. L'année dernière, ils sont effectivement venus au Canada malgré un bilan épouvantable en ce qui concerne la promotion de la haine envers les femmes, les homosexuels, les gais et lesbiennes, les Juifs et certaines autres minorités. Plusieurs Canadiens avaient peur que ces hommes aient l'intention de venir au Canada pour promouvoir la haine, la violence et même, peut-être, le terrorisme. Or dans les limites de la loi actuelle, on ne peut interdire l'entrée au Canada de telles personnes. Par exemple, dans certains pays du monde, ce n'est évidemment pas un crime de promouvoir la haine contre les Juifs ou les homosexuels.
Ce que nous proposons avec ce projet de loi, c'est de donner au ministre un pouvoir discrétionnaire, avec des balises, afin d'interdire l'entrée au Canada à certains étrangers qui ont l'intention de promouvoir la violence, alors que ce n'est pas un crime dans leur pays d'origine.
C'est donc quelque chose qu'il faudra étudier plus profondément lors de l'étude de cette section du projet de loi en comité permanent.
[Traduction]
Deuxièmement, le projet de loi cherche à réduire les possibilités d'accès à la Section d'appel de l'immigration. Actuellement, on interdit cet accès si une personne a commis un crime grave assorti d'une peine minimale de deux ans. On propose d'abaisser ce plafond à six mois et d'interdire aussi l'accès aux appels pour les gens qui ont été reconnus coupables d'une infraction ou ont commis, à l'extérieur du Canada, un acte qui, s'il était commis au Canada, serait assorti d'une peine maximale d'au moins 10 ans. Peut-être est-ce le point du projet de loi que le député trouve le plus important.
Permettez-moi d'élaborer. Le député colérique de et porte-parole libéral en matière immigration malheureusement mal informé a été scandalisé qu'on propose d'expulser du Canada des étrangers que les tribunaux canadiens ont reconnus coupables d'un crime grave, punis, et condamnés à une peine d'emprisonnement de six mois ou plus.
Il semble, et c'est regrettable, que le porte-parole libéral ne connaisse même pas les éléments de base de la loi actuelle de l'immigration. D'après la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, adoptée en 2002 alors que le parti du député était au pouvoir, si un étranger est reconnu coupable d'un crime entraînant une peine de six mois ou plus, il peut être expulsé. C'est ce que dit la loi actuelle.
Voici le problème. Parce que les libéraux se sont préoccupés davantage des droits procéduraux des criminels que de la sécurité publique, ils ont créé une faille dans le système. Ceux qui avaient été reconnus coupable d'un crime menant à une peine de six mois ou plus, alors qu'ils étaient ressortissants étrangers, étaient passibles d'expulsion, mais, si les peines étaient de deux ans ou moins, donc entre six mois et deux ans, ils pouvaient porter en appel l'ordonnance d'expulsion à la Section d'appel de l'immigration.
Comment cela fonctionne? J'ai un cas où un ressortissant étranger, Cesar Guzman, a violé une personne âgée canadienne. Il a été reconnu coupable d'agression sexuelle et condamné à 18 mois d'emprisonnement. Il a réussi à retarder son expulsion pendant quatre ans, autrement dit, cet homme qui a agressé une personne âgée canadienne, cet étranger, était libre comme l'air et constituait une menace pour les autres Canadiens. Pourquoi? Parce qu'après sa condamnation, son cas aurait été soumis à la Section de l'immigration de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, qui aurait ordonné son expulsion, conformément à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Ensuite, il aurait utilisé la tactique dilatoire des libéraux. Il aurait porté en appel cette ordonnance d'expulsion à la Section d'appel de l'immigration. Je n'ai pas toute la chronologie des faits ici, mais je suis certain, pour l'avoir vu des centaines de fois, qu'il aurait perdu à la Section d'appel de l'immigration, puis qu'il aurait fait appel à la Cour fédérale. S'il était vraiment déterminé, comme certains autres personnages que nous avons vus, il aurait porté en appel la décision défavorable à la Cour d'appel fédérale.
Si nous additionnons tous ces appels, qu'est-ce que cela signifie concrètement? Cela signifie que des criminels étrangers violents, qui ont été condamnés par des tribunaux canadiens, circulent librement dans nos rues alors qu'ils ne devraient plus être au Canada parce qu'ils ont perdu le privilège d'être ici. C'est ce que le député ne semble pas comprendre. C'est un privilège d'avoir le statut d'étranger au Canada, que ce soit à titre de visiteur ou de résident permanent. Ce n'est pas un privilège difficile à conserver. Nous demandons seulement deux choses à la personne: premièrement, si elle veut garder son statut de résident permanent, elle doit habiter au pays pendant deux années sur cinq; deuxièmement, elle ne doit pas commettre de crimes graves.
La vaste majorité des néo-Canadiens ne commettront jamais de crimes graves, et ils n'ont donc aucune tolérance envers la petite minorité de personnes qui en commettent et qui ont perdu le privilège de rester au Canada. Je suis d'accord avec eux parce que l'application régulière de la loi et la justice naturelle dans le respect de la primauté du droit me tiennent autant à coeur qu'à n'importe quel autre député de la Chambre. Je suis d'accord que même les criminels étrangers reconnus coupables de crimes graves devraient avoir la chance de se faire entendre par un tribunal. Je crois aussi qu'ils devraient bénéficier de l'application régulière de la loi et qu'ils ne devraient pas être expulsés sans que leur dossier soit d'abord examiné par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Toutefois, je ne crois pas qu'ils devraient passer des années devant les tribunaux et abuser de notre processus équitable. Ce projet de loi mettrait fin à ces abus.
Je pense notamment à une affaire qui s'est déroulée à Calgary, la ville que je représente, et qui a suscité l'indignation de ses habitants, et plus particulièrement des membres de la communauté vietnamienne.
Le député de est en train de rire...