Que la Chambre est d’accord avec les commentaires du très honorable député de Calgary-Sud-Ouest formulés le 25 mars 1994, lorsqu’il a critiqué les projets de loi omnibus et suggéré que le contenu de tels projets de loi était tellement hétéroclite que, pour se prononcer par un seul vote, les députés devraient transiger avec leurs principes, et que, si on divisait ces projets de loi en plusieurs segments, les députés pourraient faire valoir le point de vue de leurs électeurs sur chacune des composantes de ces projets de loi; et que la Chambre ordonne au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre d’étudier les limites raisonnables qui devraient encadrer l’examen d’un projet de loi omnibus, et que le Comité fasse rapport de ses constatations et formule des recommandations relatives à des mesures législatives ou à des modifications du Règlement, au plus tard le 10 décembre 2012.
— Monsieur le Président, je prends la parole pour exprimer une fois de plus mes craintes, qui sont aussi les craintes du Parti libéral et d'un nombre croissant de Canadiens, concernant le tort infligé à la démocratie par le recours aux projets de loi omnibus.
Les craintes de plus en plus grandes soulevées par ces projets de loi omnibus et les problèmes qu'ils engendrent ne sont pas nouvelles. Cependant, le actuel et son gouvernement ont poussé jusqu'à un degré extrême et dangereux le recours au procédé omnibus qui mélange tout, dans le cas des projets de loi d'exécution du budget.
[Français]
Il est assez étonnant de voir que le gouvernement conservateur continue de produire des projets de loi d'une telle manière. Le gouvernement se dit ouvert à des suggestions provenant de l'opposition sur des questions qui touchent les Canadiens, mais combien de discours avons-nous entendus cette année concernant cette façon impraticable d'étudier des projets de loi?
Je n'ai pas compilé de statistiques sur cette question, mais on entend souvent le terme « omnibus » en cette Chambre, soit par l'entremise de déclarations, de discours pendant le débat ou au cours de la période des questions, sans compter les nombreux recours au Règlement.
Au cours des dernières années, les projets de loi d'exécution du budget sont devenus de plus en plus longs et de plus en plus complexes. Bien que la longueur d'un projet de loi ne signifie pas forcément que le contenu est disparate, on a pu constater que parmi ceux qui ont été déposés récemment, un nombre croissant de sujets s'ajoutaient.
D'après une étude sur les projets de loi d'exécution du budget menée par Maclean's, entre 1994 et 2005, leur longueur était en moyenne de 75 pages. À partir de 2006 jusqu'à aujourd'hui, ces textes comprennent en moyenne bien plus de 300 pages.
On se rappelle tous très bien du projet de loi , qui a suscité une série de votes pendant presque 24 heures au mois de juin dernier en raison d'une longue liste d'amendements proposés par les partis de l'opposition, afin de faire valoir que les projets de loi omnibus sont essentiellement antidémocratiques.
[Traduction]
Puisque le gouvernement ne cache pas son intention de présenter un autre projet de loi omnibus cet automne, je crois qu'il est temps pour la Chambre de souligner l'effet néfaste de tels projets de loi sur la démocratie canadienne et de s'engager à définir des limites raisonnables pour mettre fin à cette pratique.
[Français]
Lorsqu'un parti ministériel abuse de son pouvoir en proposant des mesures complètement disparates dans le cadre d'un seul et même projet de loi omnibus, il prive les parlementaires de la possibilité de débattre réellement de ces diverses mesures et d'exprimer leur opinion sur chacune d'entre elles par un vote. Cette méthode réduit également le pouvoir qu'ont les Canadiens de communiquer leur opinion, favorable ou défavorable, sur un projet de loi et, en conséquence, affaiblit notre démocratie.
Les projets de loi omnibus peuvent jouer un rôle important dans le système parlementaire de Westminster, mais uniquement lorsqu'ils sont utilisés pour modifier de nombreuses lois qui ont, sinon un but unique, du moins un nombre limité d'objectifs. Le gouvernement conservateur a abusé de son pouvoir en déposant à plusieurs reprises des projets de loi omnibus couvrant des dizaines de sujets hétéroclites.
D'autres administrations publiques ont résolu ce problème en réduisant à un seul le nombre de sujets que peut couvrir un projet de loi. Par exemple, aux États-Unis, dans 42 des 50 États, la Constitution interdit le recours excessif à des projets de loi omnibus et, même si ce type de projet de loi continue d'avoir la cote à Washington DC, un projet de loi visant à mettre fin à cette pratique est actuellement à l'étude au Congrès.
[Traduction]
Pour comprendre l'ampleur du problème, il suffit de se rappeler le projet de loi omnibus du printemps dernier, le projet de loi .
Le projet de loi fut l'un des pires abus du parlementarisme dont j'ai été témoin aux Communes. Long de 425 pages, il portait sur plus de 60 questions sans rapport les unes avec les autres et modifiait ou supprimait 74 lois.
Parmi les 503 articles du projet de loi , l'un d'eux, l'article 52, renfermait à lui seul une nouvelle loi, la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale de 2012. Une nouvelle loi sur l'évaluation environnementale était donc contenue dans un seul article d'un projet de loi supposément budgétaire.
Le 25 mars 1994, un jeune député, qui représentait la circonscription de Calgary-Ouest, a pris la parole dans cette enceinte pour se plaindre d'un projet de loi budgétaire, qui portait le numéro C-17, à l'époque, et qui ne comportait que 21 pages. Selon le député, c'était bel et bien un projet de loi omnibus, et ce type de projets de loi était mauvais pour la démocratie.
Il a déclaré ceci:
Monsieur le Président, je suis prêt à soutenir que le contenu du projet est tellement hétéroclite que, pour se prononcer par un seul vote, les députés devraient transiger avec leurs principes.
Puis, il a précisé sa pensée avec éloquence:
[...] dans l'intérêt de la démocratie, il importe de se demander: comment les députés peuvent-ils représenter leurs électeurs pour ces diverses modifications quand ils doivent voter en bloc?
Nous sommes en faveur de certaines mesures, mais nous nous opposons à d'autres. Comment pouvons-nous exprimer notre point de vue et celui de nos électeurs quand il y a une telle diversité de questions? Si on divisait le projet de loi en plusieurs segments, les députés pourraient faire valoir le point de vue de leurs électeurs sur chacune des composantes du projet de loi.
Je suis entièrement d'accord avec cette déclaration du jeune député de Calgary-Ouest de l'époque. Je me demande comment ce jeune député si éloquent a pu changer d'avis depuis qu'il est devenu du pays. C'est illogique.
Je vais accorder au le bénéfice du doute en supposant qu'il croyait en ce qu'il a dit en 1994. Les critiques qu'il a formulées à l'époque résonnent d'autant plus aujourd'hui.
Voici ce qu'il a déclaré:
[...] je suis prêt à soutenir que le contenu du projet est tellement hétéroclite que, pour se prononcer par un seul vote, les députés devraient transiger avec leurs principes.
Plaçons cette déclaration dans le contexte du projet de loi . Avec ce projet de loi, les députés qui voulaient voter en faveur des améliorations au régime d'épargne-invalidité devaient également voter pour l'élimination de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie. Avec le projet de loi C-38, les députés qui voulaient voter contre la hausse de l'âge d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse devaient aussi voter contre une mesure visant à rendre le salaire du gouverneur général imposable.
Le gouvernement nous dit qu'il présentera un autre projet de loi omnibus cet automne. Les libéraux ont dit à plusieurs reprises qu'ils aimeraient qu'on réforme le régime de pensions des députés. Quelle sorte de choix devraient faire les députés si ces modifications au régime de pensions des députés étaient incluses dans un projet de loi omnibus qui rend aussi les côtes canadiennes plus vulnérables aux déversements de pétrole? Nous devons nous demander pourquoi le gouvernement choisirait d'agir ainsi. Pourquoi regrouperait-il autant de mesures différentes dans un seul projet de loi?
[Français]
Je pense que les conservateurs aiment cette approche, parce qu'elle leur permet par la suite d'accuser les députés des autres partis d'avoir voté contre leurs initiatives.
[Traduction]
Le gouvernement prétend qu'il fait cela pour faire adopter rapidement les mesures qu'il propose. À moins que plusieurs de ses députés quittent son caucus, le gouvernement conservateur a encore le pouvoir de faire adopter plusieurs mesures législatives distinctes. C'est ce qui se produit sous un gouvernement majoritaire.
Pour ce qui est d'adopter des mesures rapidement, le gouvernement ne se gêne certainement pas pour imposer des motions d'attribution de temps et de clôture. Il a d'ailleurs établi un record à cet égard. Cet argument ne tient donc pas la route. Il reste alors deux possibilités. Soit les conservateurs croient que les Canadiens n'accepteront pas certaines de leurs politiques impopulaires et malveillantes à moins de les cacher parmi d'autres mesures, soit ils veulent attaquer les députés qui s'opposent aux mesures négatives du projet de loi en les accusant de s'opposer également aux mesures positives.
Peu importe laquelle de ces deux possibilités est vraie — il est fort probable que les deux le soient —, il est clair que le gouvernement adopte une telle approche pour tenter de dissimuler les faits aux Canadiens, de cacher la vérité et de porter de fausses accusations contre ses adversaires. Cette approche représente donc une attaque contre la transparence et la démocratie.
Le avait tout à fait raison quand il affirmé ce qui suit:
Comment les députés peuvent-ils représenter leurs électeurs pour ces diverses modifications quand ils doivent voter en bloc?
Nous sommes en faveur de certaines mesures, mais nous nous opposons à d'autres. Comment pouvons-nous exprimer notre point de vue et celui de nos électeurs quand il y a une telle diversité de questions? Si on divisait le projet de loi en plusieurs segments, les députés pourraient faire valoir le point de vue de leurs électeurs sur chacune des composantes du projet de loi.
Pourquoi le ne se fie-il pas à ce qu'il a dit lui-même?
Il n'y a pas que le Parti libéral ou le , quand il était plus jeune, qui ont exprimé leur opposition à l'égard des projets de loi omnibus. Les prédécesseurs du Président ont soulevé des préoccupations similaires sur le recours à ces projets de loi et sur les répercussions qu'il pourrait avoir.
Le 26 janvier 1971, le Président Lamoureux a mis en garde la Chambre contre le recours à de tels projets de loi et a déclaré ce qui suit:
Cependant, où faut-il nous arrêter? Où est le point de non-retour? [...] Le député de Winnipeg-Nord-Centre et, je crois, celui d'Edmonton-Ouest, ont déclaré que nous pourrions en arriver à n'être saisis que d'un seul bill au début d'une session, visant à améliorer les conditions de vie au Canada et qui comprendrait tous les projets de loi de la session. Ce serait un bill omnibus avec un « B » et un « O » majuscules. Mais une telle procédure serait-elle acceptable? Il doit exister un point où nous outrepassons ce qui est acceptable du strict point de vue parlementaire.
Étant donné ce que nous avons vu à la Chambre avec les derniers projets de loi d'exécution du budget, nous devrions tenir compte des préoccupations du Président Lamoureux. La Chambre est en bonne voie d'être saisie d'un seul projet de loi par session, comme il le craignait.
[Français]
Ce gouvernement conservateur parvient toujours à exploiter les zones grises procédurales. Si on jette un coup d'oeil à la deuxième édition de La procédure et les usages de la Chambre des communes, à la page 724, sous la définition d'un projet de loi omnibus, on peut lire:
Malgré l'utilisation fréquente de l'expression, il n'existe pas de définition précise d'un projet de loi omnibus [...] En général, il vise à modifier, à abroger ou à adopter plusieurs lois à la fois et se compose de plusieurs initiatives distinctes mais liées entre elles. Tout en cherchant à créer ou à modifier plusieurs lois disparates, le projet de loi omnibus a cependant « un seul principe de base et un seul objet fondamental qui justifie toutes les mesures envisagées et qui rend le projet de loi intelligible à des fins parlementaires ». Une des raisons invoquées pour déposer un projet de loi omnibus consiste à vouloir regrouper dans un même projet de loi toutes les modifications législatives découlant d'une même décision stratégique afin de faciliter le débat parlementaire.
C'est une définition simple et concise, toutefois, elle ne s'applique certainement pas au mégaprojet de loi budgétaire déposé en mai dernier.
[Traduction]
De toute évidence, il n'y a plus aucune exigence de sujet unique pour les projets de loi, du moins du point de vue du gouvernement conservateur. Ce dernier se contente de les regrouper et déclare qu'ils visent tous la santé de l'économie. Le Cabinet semble avoir une opinion fort méprisante de l'examen parlementaire, comme s'il s'agissait d'une formalité irritante qui ralentit le processus plutôt que du corps démocratique élu qui demande au gouvernement du Canada de rendre des comptes.
Nous ne devrions pas avoir à rappeler au gouvernement que les Canadiens élisent les députés, et non un empereur. Notre régime démocratique tout entier est fondé sur l'obligation, pour le gouvernement, d'obtenir le consentement de la Chambre élue démocratiquement. Les projets de loi omnibus empêchent les députés de s'acquitter de ce devoir d'élu.
Par ailleurs, les Canadiens qui élisent leur député ont le droit de savoir quel a été leur vote à l'égard de chacune des mesures proposées par le gouvernement. Les projets de loi omnibus privent les Canadiens de ce droit. Manifestement, des règles doivent être mises en place pour mettre un terme à cette pratique avant qu'on ne sape davantage notre démocratie.
Nous comprenons parfaitement que le gouvernement est en droit de gérer les travaux de la Chambre. Après tout, c'est le gouvernement. Toutefois, cette gestion ne peut se faire au détriment des principes démocratiques fondamentaux de transparence et de responsabilité.
Nous reconnaissons également qu'une règle qui empêcherait arbitrairement un projet de loi de modifier plus d'une loi serait difficilement applicable, étant donné la fréquente nécessité d'apporter des modifications corrélatives à d'autres lois. Cependant, il faut trouver un équilibre.
Voilà pourquoi cette motion chargerait le comité compétent, soit le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, d'entamer sur-le-champ une étude afin de déterminer les limites raisonnables qui devraient régir les projets de loi omnibus.
Alors qu'un projet de loi d'exécution du budget s'étalant sur 21 pages resterait probablement dans les limites de l'acceptable, un projet de loi de 425 pages modifiant ou abrogeant 74 lois dépasserait certainement les bornes. Nous devons veiller à ce que le Parlement fasse son devoir dans le cas présent, c'est-à-dire à ce qu'il définisse les limites et instaure des règles pour éviter que d'autres projets de lois viennent lui porter atteinte.
Lorsque le Parlement a repris ses travaux cet automne, j'ai parlé spécifiquement d'une mesure législative concernant le régime de pension des députés. J'ai fait valoir que le Parti libéral était prêt et disposé à voter en faveur des changements que le gouvernement souhaiterait présenter en conséquence. Étant donné que les Canadiens doivent se serrer la ceinture en cette période de fragilité économique, il est tout à fait indiqué qu'en tant que parlementaires, nous devrions prêcher par l'exemple en modifiant nos modalités de pension.
En plus de signaler très clairement cette volonté de modifier notre régime de pension, j'ai exhorté le gouvernement à faire adopter rapidement un projet de loi distinct sur cette question pour que les Canadiens puissent savoir de quel côté pencherait le vote de leur député respectif. Cette approche aurait été la meilleure à suivre sur le plan démocratique.
Or, le gouvernement a plutôt décidé de ne pas tenir compte de la proposition du Parti libéral et annoncé que la réforme du régime de pension des députés serait enfouie dans le projet de loi omnibus qu'il présentera ultérieurement. Malheureusement, le gouvernement a raté l'occasion de montrer qu'il se soucie des principes démocratiques.
Deux semaines plus tard, une motion que j'avais fait inscrire à l'ordre du jour du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre a été soulevée au sein de ce comité, mais à huis clos. Cette motion, qui était assez semblable à celle dont nous sommes saisis aujourd'hui, prévoyait l'étude des moyens à utiliser pour établir des limites raisonnables aux projets de loi omnibus. Malheureusement, je dois signaler à la Chambre que cette motion ne figure plus à l'ordre du jour du comité en question.
Le Parti libéral n'entend pas en rester là. La démocratie est beaucoup trop importante pour qu'on la laisse être balayée du revers de la main. Je remercie d'avance tous ceux qui vont m'écouter aujourd'hui et j'espère sincèrement que tous les députés vont montrer aux Canadiens que le Parlement peut prêcher par l'exemple quand vient le temps de mettre à l'épreuve les principes démocratiques.
En terminant, permettez-moi de lire une dernière fois la motion présentée aujourd'hui par les libéraux à l'occasion de leur journée d'opposition afin de nous rafraîchir la mémoire et de résumer la question sur laquelle nous allons voter ce soir:
Que la Chambre est d’accord avec les commentaires du très honorable député de Calgary-Sud-Ouest formulés le 25 mars 1994, lorsqu’il a critiqué les projets de loi omnibus et suggéré que le contenu de tels projets de loi était tellement hétéroclite que, pour se prononcer par un seul vote, les députés devraient transiger avec leurs principes.
J'espère qu'aujourd'hui, le rappellera ses paroles à tous ses collègues qui siègent dans les banquettes ministérielles de la Chambre.
:
Monsieur le Président, nous apprenons aujourd'hui quelle est la priorité des libéraux. C'est la dernière fois que les libéraux peuvent choisir l'objet d'un débat cette année. Est-ce que leur priorité est la création d'emplois? Non. Est-ce la croissance économique? Il semble que non. Est-ce la lutte contre la criminalité? Non. Est-ce la mise en valeur de nos ressources naturelles pour le bénéfice des générations futures? Non plus. La priorité du Parti libéral, soit le thème du débat d'aujourd'hui, est la procédure, plus particulièrement une tentative pour compliquer la tâche des députés.
En mars, notre plan d'action économique a été présenté à la Chambre des communes. Il a été mis aux voix et approuvé en avril. Cela fait des décennies que des projets de lois budgétaires servent à mettre les budgets à exécution. Cette pratique se poursuivra cet automne. Le plan d'action économique est un plan détaillé qui tient compte des défis financiers et économiques du Canada. Notre plan a contribué à créer, net, plus de 820 000 nouveaux emplois depuis juillet 2009; 90 % de ces emplois sont à temps plein et près de 80 % sont dans le secteur privé. Toutefois, puisque la reprise économique mondiale demeure fragile, particulièrement en raison des défis auxquels l'Europe et les États-Unis font face, il est essentiel que le Canada continue à faire preuve d'un leadership solide en matière d'économie.
Nous ne permettrons pas à l'opposition de compromettre notre reprise économique au moyen de jeux politiques et d'obstruction à des projets de loi qui visent à créer des emplois et à favoriser la croissance économique. Le véritable objectif des députés de l'opposition est de bloquer notre plan de réduction des impôts visant à stimuler l'emploi et la croissance économique, tout simplement parce qu'ils le désapprouvent. Les néo-démocrates, par exemple, préféreraient instaurer une taxe sur le carbone nuisible à l'emploi qui entraînerait l'augmentation du prix de tous les biens et services, notamment de l'essence, de l'épicerie et de l'électricité. Un appareil gouvernemental plus imposant nuirait à la croissance de l'emploi. Le chef du NPD a tenté d'enrôler ses amis des médias pour leur faire dire qu'il n'a pas l'intention d'instaurer une taxe sur le carbone. Après tout, le NPD s'est opposé à la taxe sur le carbone proposée par les libéraux en 2008. Nous savons maintenant pourquoi: la taxe sur le carbone des libéraux pour le virage vert aurait seulement généré des revenus de 15 milliards de dollars par année. C'est bien inférieur aux quelque 21 milliards de dollars de recettes gouvernementales que le NPD a prévus dans son programme au titre de la taxe sur le carbone. Il semble que les néo-démocrates se soient opposés à la taxe sur le carbone des libéraux pour le virage vert parce qu'elle n'était pas assez élevée. La taxe sur le carbone proposée par les libéraux aurait été loin de générer autant de recettes fiscales que celle proposée par les néo-démocrates. Nous ne nous engagerons pas sur la voie d'une taxe sur le carbone néfaste pour l'emploi.
Je profite de l'occasion pour souligner que nous accordons la priorité à l'économie et que le bilan économique du gouvernement est éloquent.
[Français]
Nous avons accompli beaucoup. Le Canada continue d'afficher l'une des meilleures performances des grandes économies. Malgré la fragilité de l'économie mondiale, plus de 820 000 nouveaux emplois net ont été créés, comme je l'ai déjà dit.
[Traduction]
Notre plan d'action économique aide les travailleurs canadiens et veille à ce que le gouvernement fasse un meilleur usage de chaque dollar d'impôt.
[Français]
Les Canadiens ont dit clairement qu'ils s'attendaient de leur gouvernement qu'il maintienne les impôts à un bas niveau. Nous sommes d'accord.
Nous faisons épargner annuellement à la famille moyenne 3 300 $ en impôt grâce aux quelque 140 mesures d'allègement fiscal que nous avons mises en oeuvre depuis 2006.
Nous ne céderons pas au NPD et aux libéraux qui demandaient que l'on hausse les impôts — comme ce projet de taxe sur le carbone de 21,5 milliards de dollars du NPD.
[Traduction]
L'économie demeure la grande priorité du gouvernement conservateur. La reprise économique mondiale restant fragile, nous sommes résolus à créer des emplois et à favoriser la croissance économique en appuyant les petites entreprises et les entrepreneurs grâce à des mesures novatrices comme le crédit d'impôt à l'embauche pour les PME.
[Français]
Notre Plan d'action économique du Canada de 2012 vise à assurer la prospérité à long terme des générations futures. Le Canada est le meilleur pays du monde, et nous jouissons d'une abondance de ressources naturelles dont le monde a besoin.
Des économies en pleine expansion que sont la Chine et l'Inde, entre autres, ont besoin d'énergie, de minéraux, de métaux, de bois, de blé, de céréales et de bien d'autres choses encore. Si l'on vient à faire progresser notre économie rapidement pour répondre à ces besoins, nous assurerons notre prospérité pour l'avenir, et ce, même en période de fluctuations économiques mondiales.
[Traduction]
Notre plan fonctionne grâce au développement responsable des ressources et à l'accent que nous mettons sur le développement de nouveaux marchés à l'étranger.
Cela se traduit par des emplois et la prospérité d'un bout à l'autre du Canada et permet de fournir des services de premier ordre, notamment en matière de soins de santé et d'éducation. Les familles continueront d'avoir la possibilité de se prévaloir des crédits d'impôt pour les activités artistiques et sportives des enfants. Ces crédits d'impôt aident les familles à permettre à leurs enfants de vivre des expériences importantes.
Toutefois, ce ne sont pas seulement les plus jeunes membres de la société qui bénéficieront de nos réductions d'impôt. Le fardeau fiscal peut être particulièrement lourd pour beaucoup d'aînés, surtout ceux qui ont un revenu fixe. C'est pourquoi nous avons pris des mesures pour que plus de 380 000 aînés ne paient plus du tout d'impôt.
L'assurance-emploi est un important filet de sécurité qui aide les familles à joindre les deux bouts pendant la période difficile qui suit la perte d'un emploi. Nous croyons que les Canadiens veulent retourner au travail. Par conséquent, nous agissons de manière à aiguiller les Canadiens vers les emplois disponibles.
[Français]
Nous avons tous des expériences de travail uniques. Face aux changements apportés à l'assurance-emploi, ces expériences seront prises en compte pour appuyer la croissance économique et surmonter les défis que pose le vieillissement de la population, sans compter la concurrence de plus en plus forte exercée à l'échelle internationale par la main-d'oeuvre spécialisée, nous devons mieux connecter les emplois disponibles aux travailleurs canadiens.
[Traduction]
Le gouvernement croit qu'il est important de fournir aux Canadiens qui veulent travailler l'aide nécessaire pour retourner au travail. C'est pourquoi nous allons faire parvenir deux fois par jour des avis d'offres d'emploi appropriés aux prestataires de l'assurance-emploi. Ces avis proviendront d'une grande variété de sources, y compris du secteur privé.
Nous fournirons également aux Canadiens des renseignements plus précis et plus abondants qui leur permettront de prendre des décisions éclairées quant à la façon d'effectuer ou d'élargir leur recherche d'emploi. Nous voulons qu'il soit plus intéressant de travailler que de toucher des prestations.
Nous réalisons en outre des économies afin d'équilibrer le budget à moyen terme. Les impôts utilisés pour le service de la dette pourraient être employés pour des choses plus intéressantes; il pourrait même être possible de réduire les impôts.
Les familles ont dû se serrer la ceinture pendant cette période économique difficile. Le gouvernement fait de même. Nous nous sommes employés à déceler le gaspillage, les chevauchements et le manque d'efficacité au sein des services gouvernementaux. Ces faiblesses constituent des obstacles à l'obtention de résultats concrets avec les deniers publics durement gagnés par les contribuables.
La Chambre des communes, c'est-à-dire nous qui formons cette assemblée, réduira son propre budget de 6,9 %. De plus, les salaires des députés et des sénateurs ont été gelés en 2010, et le gouvernement a réduit le budget des cabinets de ministre de 18 % depuis 2010. Il est à noter que nos dépenses ont été bien inférieures à celles des gouvernements précédents et que, contrairement aux libéraux, nous n'avons pas pris les avions du gouvernement pour des taxis personnels.
Nous nous soucions de réduire les dépenses, mais j'ai bien peur que les néo-démocrates, eux, chercheraient plutôt à augmenter les recettes en imposant une taxe sur le carbone qui hausserait le prix de tout pour les familles, qui travaillent fort...
:
Monsieur le Président, je ferai donc de mon mieux, en tenant compte du fait que le parrain de la motion a seulement mentionné deux projets de loi précis: une mesure législative de 1994 et notre projet de loi d'exécution du budget du printemps dernier. Je tenterai donc de commenter ces deux projets de loi, puisque c'est ainsi que vous avez défini les paramètres de notre débat. Je crois que ce sera un défi pour tous les députés et je suis curieux de voir comment ils réussiront à le relever. Mais je suivrai la voie recommandée.
La motion présentée par le leader parlementaire du Parti libéral porte sur des déclarations que celui qui était alors député de Calgary-Ouest a faites il y a près de 20 ans. Il faut replacer ces commentaires dans leur contexte. J'aimerais aussi rappeler d'autres citations qui proviennent du même débat et intéresseront sûrement les députés du Parti libéral, qui est maintenant le troisième parti.
Les premières observations ont été faites dans le cadre d'un recours au Règlement adressé à la présidence. Le président n'avait pas tranché en faveur des libéraux, à l'époque. Le Président Parent a plutôt déclaré:
En conclusion, il est acceptable sur le plan de la procédure et il arrive souvent qu'un projet de loi modifie, abroge ou promulgue plusieurs mesures législatives.
Cette question a donc été réglée il y a près de 20 ans, et voilà que nous y revenons encore.
Avant cette décision, les députés avaient fait valoir leurs arguments, et j'aimerais, par exemple, en citer un:
Les éléments du projet de loi sont peut-être hétéroclites, mais étant donné qu'ils ont tous été présentés dans le budget, ils forment un tout correspondant à la grande orientation que le gouvernement s'est donnée [...]
Cet argument voulant que le projet de loi constituait un plan économique cohérent dans lequel il était justifiable d'inclure toutes ces mesures a été formulé par nul autre que le principal expert parlementaire du Parti libéral, Peter Milliken, qui se prononçait ainsi pour le recours aux projets de loi d'exécution du budget. Par la suite, il a énuméré certains éléments de la loi d'exécution du budget un peu comme je l'ai fait tout à l'heure. Ces éléments étaient des programmes pour stimuler la création d'emplois et la croissance économique, des mesures pour équilibrer le budget et des améliorations au système d'assurance-emploi. On dirait bien qu'à l'époque, le projet de loi portait sur les mêmes sujets que le Plan d'action économique de 2012.
Le plan budgétaire de 2012 concerne exactement les mêmes sujets. Évidemment, les observations de M. Milliken visaient le budget de 1994 des libéraux, mais il est frappant de voir que les éléments du projet de loi portaient exactement sur les mêmes sujets qu'aujourd'hui.
Malgré ce que les libéraux ont fait dans le passé, ils présentent aujourd'hui cette motion. Ils s'opposent ainsi à ce qu'ils ont déjà fait, ce qui n'est rien d'autre qu'une tentative cynique d'empêcher notre gouvernement de mettre en oeuvre notre Plan d'action économique.
Tandis que notre gouvernement met l'accent sur la création d'emplois, la croissance économique et la prospérité à long terme, l'opposition a malheureusement décidé de s'investir dans les manoeuvres politiques et l'obstruction. Nous n'avons pas l'intention de nous laisser distraire par ces manoeuvres et cette obstruction. Nous maintiendrons le cap et mettrons en oeuvre notre plan pour continuer sur la même lancée qui a vu la création nette de 820 000 emplois depuis juillet 2009 et pour permettre au Canada de traverser la difficile période actuelle d'incertitude économique.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre des communes, où le rôle de chaque député est de comprendre ce que propose le gouvernement et d'apporter d'autres idées pour améliorer la situation ici, au Canada.
Contrairement au sujet que mon collègue du gouvernement vient d'aborder, le débat d'aujourd'hui vise précisément à parler de la tactique que le gouvernement utilise, c'est-à-dire les projets de loi omnibus. Étant majoritaire, il abuse du pouvoir qu'il a maintenant pour utiliser cette procédure.
Contrairement à mon collègue, mon ami le , je peux parler pendant 10 minutes ou plus sur un sujet sans toujours revenir à un autre sujet, comme ce que fait le gouvernement avec nous chaque jour.
Je vais partager mon temps avec le député de , qui a beaucoup d'expérience et d'expertise en la matière.
[Traduction]
Nombreux sont ceux qui laissent entendre que le débat d'aujourd'hui porte plus particulièrement sur ce que nous avons constaté cette année. Pour ce qui est des observations faites plus tôt par le Président, je vais parler brièvement du plus récent exemple d'abus de pouvoir que représente le projet de loi omnibus, car cela nous aidera à établir, en quelque sorte, le contexte des discussions d'aujourd'hui.
Cela dit, c'est le contexte global de la réduction graduelle des pouvoirs et du rôle du Parlement qui nous amène à appuyer cette motion et fait en sorte que nous sommes préoccupés par les intentions du gouvernement conservateur actuel. Dans le contexte où le gouvernement est majoritaire et dispose de la totalité des pouvoirs, qui lui sont conférés par notre système parlementaire et par un système électoral qui, à notre avis, devrait être modifié afin d'assurer une représentation plus proportionnelle et plus conforme aux intentions des électeurs, et dans le contexte où le gouvernement a obtenu cette majorité en recueillant 39 % des votes lors des dernières élections fédérales, alors que 60 % des électeurs admissibles ont exercé leur droit de vote, il ressort en fait qu'un peu moins de 25 % des électeurs admissibles ont appuyé le mandat que le gouvernement a sollicité pendant la campagne électorale.
Examinons maintenant cette situation dans l'optique où les conservateurs n'ont pas proposé, dans leur programme électoral, bon nombre de changements qui figuraient dans le projet de loi omnibus d'exécution du budget présenté au printemps. Ainsi, au cours de la dernière campagne électorale, ils n'ont jamais signalé leur intention d'affaiblir les mécanismes de protection prévus dans la Loi sur les pêches. Le gouvernement semble ignorer qu'il existe un lien entre l'habitat et les ressources halieutiques, que les poissons ont besoin d'un endroit pour se reproduire, et qu’il faut protéger cet habitat. Il en est question dans la mesure législative.
Au cours de la dernière campagne électorale, à l'issue de laquelle les conservateurs ont reçu l'appui de moins de 25 % des électeurs admissibles, il n'a pas été question d'éliminer le processus d'évaluation environnementale, plus particulièrement en ce qui concerne les projets d'envergure. Selon les quelques données que le vérificateur général du Canada a fournies — et j'espère que le gouvernement a encore un minimum de respect pour le vérificateur —, ce sont les faits. En raison des changements proposés par le gouvernement, au lieu d'effectuer de 4 000 à 5 000 évaluations environnementales chaque année, on n'en effectuerait plus que 12 à 15. Nous serions loin des milliers d'évaluations. Il n'est pas question de petits projets. Il est question des grandes mines, des oléoducs et des projets d'envergure, pour lesquels une forme quelconque d'évaluation environnement doit être effectuée, pour donner aux citoyens la possibilité de s'entretenir avec le gouvernement et les promoteurs du projet et leur faire part de leurs préoccupations.
Plus tard aujourd'hui, j'interviendrai au sujet de l'un de ces processus — celui entourant l'oléoduc Northern Gateway, envisagé par Enbridge — que le gouvernement a également miné à mi-parcours en ayant recours à un projet de loi omnibus. Certains diront que ces projets de loi posent problème uniquement aux électeurs ayant des idées progressistes.
Je vais citer mon ami, l'ardent radical gauchiste Andrew Coyne, qui avait des choses importantes à dire à ce sujet. Voici ce qu'il a déclaré:
Malgré son titre, cette mesure est loin d'être un projet de loi d'exécution du budget. C'est ce qu'on appelle un projet de loi omnibus. Cette mesure législative montre comment bas le Parlement est tombé et qu'il n'a presque plus aucun pouvoir de surveillance à l'égard des activités du gouvernement. […] Il y a quelque chose d'assez troublant dans le fait que le Parlement se voit dans l'obligation d'approuver — d'un seul coup et sans poser de questions — le programme législatif entier des conservateurs.
Mes collègues libéraux se montrent astucieux dans la motion qu'ils présentent aujourd'hui, en choisissant d'appuyer les idées que le véhiculait à une autre époque. En effet, lorsqu'il était simple député de Calgary-Ouest, il a soulevé des préoccupations similaires à l'égard d'un projet de loi omnibus beaucoup moins volumineux. Le gouvernement va maintenant essayer de s'en dissocier et dire que le contexte était différent à l'époque.
Le moment est toutefois bien choisi pour les néo-démocrates, en tant qu'opposition officielle, d'essayer de renouveler et de rétablir la confiance des Canadiens à l'égard du système parlementaire et pour les libéraux, qui ne sont plus au pouvoir, de faire leur mea culpa, de s'excuser des abus de pouvoir qu'ils ont commis dans le passé en ayant recours à cette tactique, comme l'a déclaré le leader parlementaire du Parti libéral aujourd'hui. Ils sont désolés, en effet, mais ce n'est pas la première fois que les libéraux nous font leur cinéma. Lorsqu'ils sont au pouvoir, ils décident d'emprunter telle ou telle voie, puis de retour dans l'opposition, ils réalisent qu'ils se sont trompés de voie et demandent pardon à la population et la prie de lui « laisser une autre chance ». C'est très bien, mais c'est bon d'admettre ses erreurs de jugement.
Les conservateurs, lorsqu'ils étaient dans l'opposition, étaient en désaccord avec cette façon de faire. Nous avons des citations du , du et de presque tous les ministres conservateurs qui siègent sur les premières banquettes qui disaient, à l'époque où les libéraux ont présenté de tels projets de loi, que c'était un abus de pouvoir. Or, maintenant qu'ils sont au pouvoir ce n'est plus un problème et, en fait, ils doubleront la mise.
La seule chose que les conservateurs peuvent invoquer, c'est que les libéraux l'ont fait avant eux, mais ce n'est pas très fort comme excuse. Que les gens auxquels ils s'opposaient et dont ils contestaient les décisions aient emprunté cette voie ne devrait pas leur servir de justification pour faire la même chose — et même pire, comme ils l'ont fait le printemps dernier en présentant un projet de loi de plus de 400 pages ayant une incidence sur 70 lois du Parlement.
À un moment donné, une modification à la législation canadienne était mise aux voix toutes les sept ou huit minutes. Si les députés conservateurs prennent vraiment leur travail au sérieux et s'ils comprennent la nature fondamentale de leur tâche, ils demanderaient des comptes au gouvernement — y compris le gouvernement que forme leur parti. Affirmer qu'ils comprenaient ce qu'ils faisaient toutes les sept minutes, qu'ils étaient conscients des répercussions que leurs votes auraient sur les pêches, l'assurance-emploi, les pensions des Canadiens, le processus d'évaluation environnementale — tous des sujets dont ils n'avaient pas parlé pendant la campagne électorale mais sur lesquels ils se sentaient à l'aise de voter à toute vitesse —, c'est laisser entendre qu'ils sont tous des génies de la législation. Ça donne à penser qu'ils ont passé des nuits entières à étudier toutes les répercussions mentionnées dans les évaluations. Nous avons entendu les témoignages de nombreux spécialistes de divers domaines — qu'il s'agisse de l'énergie, des pêches, de l'environnement ou de la sécurité des pensions —, qui ont déclaré que ces changements auraient des répercussions très profondes et potentiellement extrêmement néfastes, des spécialistes des questions parlementaires et démocratiques.
Voici ce qu'Errol Mendes, de l'Université d'Ottawa, a dit à ce sujet:
Nous concentrons les pouvoirs d’un gouvernement responsable en vertu d’une tradition de démocratie parlementaire vieille de plusieurs siècles vers le BPM, le bureau du premier ministre. Et avec un gouvernement mené par le BPM, nous avons dans les faits un gouvernement d’un seul membre.
Errol Mendes n'est pas un radical. Il a passé beaucoup de temps à étudier les fluctuations du milieu politique, ainsi que la santé et la vigueur de notre démocratie, et ce, non seulement au Canada, mais aussi partout dans le monde. Il fait partie d'un groupe d'experts qui s'entendent au sujet de la voie dans laquelle le gouvernement entraîne actuellement notre pays. Il ne s'agit pas simplement d'un cycle électoral ou de la volonté d'un parti en particulier de faire adopter à toute vapeur un budget ou un projet de loi. Il s'agit plutôt d'une tendance et d'une trajectoire générales que l'on fait prendre à notre démocratie.
Au cours de la prochaine campagne électorale, il se pourrait fort bien que les conservateurs se plaignent du fait que seulement 60 % des Canadiens prennent la peine d'aller voter. Parallèlement, ils font preuve d'un degré suprême d'hypocrisie en affichant un profond mépris à l'égard du Parlement et des rôles que doivent jouer les députés. Nos divergences politiques au sujet de divers enjeux, comme l'environnement, l'économie ou les programmes sociaux, sont tout à fait saines. Toutefois, nous devrions trouver un terrain d'entente lorsque nous débattons, comme il se doit, de la santé et du caractère sacré de nos principes démocratiques. Nous devrions nous entendre pour affirmer que la suprématie du Parlement est absolue.
Qu'il soit à la tête d'un gouvernement minoritaire ou majoritaire, il n'incombe pas au premier ministre de faire adopter à toute vitesse un projet de loi qui n'a absolument rien à voir avec son titre ou la description qui en est faite. Peu importe son orientation politique, il faudrait montrer que l'on accorde encore de l'importance à la démocratie et au Parlement.
Un gouvernement qui a battu tous les records de notre histoire quant au nombre de fois où il a eu recours à la clôture et a mis fin aux débats au Parlement n'a pas de quoi être fier à cet égard. Les conservateurs ont détruit le terrain d'entente auquel tous, conservateurs comme progressistes, devraient aspirer. Nous appuyons la motion présentée par mon collègue de Montréal. Nous souscrivons à l'idée voulant que les libéraux participent à une sorte de programme de réforme dans lequel ils apprennent que leurs décisions passées étaient inacceptables, mais qu'elles avaient en quelque sorte créé un précédent et que cet abus de pouvoir n'avait fait qu'empirer.
On peut s'inquiéter de l'avenir que nous réserve le gouvernement conservateur. Toutefois, on peut aussi nourrir l'espoir que les progressistes s'unissent partout au pays sous la bannière du NPD et qu'ils prennent conscience qu'on peut s'attendre à plus de la part de nos dirigeants politiques que cette forme d'abus de pouvoir à laquelle le gouvernement actuel a recours tellement souvent.
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Monsieur le Président, j'entame mon intervention en faisant observer que la motion comporte deux volets.
Dans le premier, la motion nous demande d'exprimer notre accord avec les propos tenus, il y a près de 20 ans, par le député de , aujourd'hui premier ministre, relativement à une caractéristique précise des projets de loi omnibus, comme il les appelait alors et comme nous les appelons au cours de la législature actuelle.
Dans le second, la motion recommande expressément que le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre soit chargé d'étudier ce qu'est, précisément, un projet de loi omnibus ainsi que la manière dont la procédure parlementaire peut les encadrer, et de présenter ses constatations dans un rapport.
J'aborderai d'abord le second volet en disant, tout simplement, qu'à mon avis, une telle étude serait fort utile, car elle permettrait de préciser les pratiques et de déterminer, après avoir tenu des discussions approfondies, si les projets de loi appelés « omnibus », que ce soit par le parti au pouvoir ou par l'opposition, sapent ou non la démocratie parlementaire et même la démocratie au sens large.
Une telle étude serait l'occasion, pour le moins, de tenir un débat, et pas à huis clos espérons-le, sur les pratiques exemplaires sans qu'il soit nécessaire de prendre une décision ou de formuler une recommandation en vue de conférer au Président des pouvoirs supplémentaires qui lui permettraient de déclarer qu'une mesure est irrecevable ou devrait être scindée. Il pourrait s'agir d'une étude des pratiques exemplaires qui, de l'avis des députés, seraient idéales. Ainsi les gouvernements futurs, et l'actuel, pourraient décider de la façon dont ils veulent se positionner par rapport aux pratiques exemplaires, qui devraient faire l'objet du rapport. Par conséquent, je recommande ce second volet de la motion à l'attention de la Chambre.
Venons-en au fond même de la motion et aux motifs précis pour lesquels les projets de loi omnibus posent problème. De toute évidence, en invoquant le Règlement, en 1994, le député de dénonçait la disparité des éléments contenus dans ce qu'il qualifiait de projet de loi omnibus. Les députés doivent garder à l'esprit qu'il s'agissait pourtant d'une mesure de 21 pages. On est loin des presque 500 pages que contenait le projet de loi dont nous avons nous-mêmes été saisis et que la Chambre a adopté ce printemps — sans compter que le prochain s'annonce encore plus éléphantesque. Or, voici ce que le député disait du projet de loi de 21 pages:
Comment les députés peuvent-ils représenter leurs électeurs pour ces diverses modifications quand ils doivent voter en bloc?
Ce qu'il faisait valoir, c'est que les députés devraient pouvoir voter séparément sur certaines questions, et ce, plus souvent que ce que permet le recours aux projets de loi omnibus, ou à quelque chose qui y ressemble, lorsque cela devient la norme. Il en allait de la reddition de comptes aux électeurs, selon lui.
Je dirais que, dans le cas de certains projets de loi, c'est également une question de conscience. Des députés peuvent vouloir voter catégoriquement pour ou contre certains éléments d'un projet de loi et souhaiter que leur prise de position soit connue.
Le commentateur Andrew Coyne, de Postmedia, voit lui aussi les choses de cette manière. Il a dit:
Depuis quelque temps, on regroupe toutes sortes de mesures législatives portant sur des responsabilités gouvernementales totalement différentes dans un projet de loi fourre-tout d'exécution du budget, et on oblige les députés à voter pour ou contre. Le projet de loi d'exécution du budget de 2012 est loin d'être le premier de ce genre, mais on n'avait encore jamais vu ou toléré une telle ampleur ou une telle envergure [...] Il n'y a aucun moyen de savoir si les députés étaient pour ou contre une mesure législative en particulier.
Rappelons-nous que le projet de loi , présenté récemment, modifiait 70 lois.
M. Coyne poursuit en disant: « Tout ce que nous savons, c'est qu'ils ont voté pour ou contre le projet de loi dans son ensemble. »
Voilà exactement le problème que fait ressortir la motion. C'est un grave problème, pour toutes les raisons données par le , lorsqu'il n'était que député de Calgary-Sud-Ouest, et par M. Coyne.
Il y a une autre dimension au problème qui est tout aussi inquiétante. En effet, le gouvernement et les députés ministériels se servent des projets de loi omnibus quand ils participent aux débats ou font des déclarations à la Chambre, et particulièrement quand ils répondent à la période des questions. Que font-ils? Un député de l'opposition aborde, à la période des questions, le sujet de l'assurance-chômage ou de la salubrité des aliments. Oh surprise, un ministre lui répond et ajoute: « De toute manière, vous êtes le parti qui a voté contre telle ou telle mesure. Vous-même avez voté contre parce que vous avez voté comme votre parti. » Quand les ministériels font cela, ils font presque toujours allusion aux projets de loi d'exécution du budget. Nous le savons.
Nous savons qu'un projet de loi d'exécution du budget peut contenir de nombreux éléments que tous les députés seront très heureux d'appuyer. Dans presque tous les cas où des ministres répondent ainsi, ils font allusion à des dispositions que l'opposition appuie entièrement. Le gouvernement sait pertinemment que l'opposition aurait voté en faveur de ces dispositions si elles avaient fait l'objet d'un vote distinct.
Les projets de loi omnibus sont en fait, et de plus en plus d'ailleurs, une stratégie délibérée du gouvernement visant à tromper les gens et à les induire en erreur.
Il doit être parfaitement clair que cette pratique qui consiste à répondre à des questions en prétendant que des députés ont voté contre des sujets qu'ils appuient entièrement n'est rien d'autre qu'une tactique partisane délibérée. J'hésite à le dire, mais il devient de plus en plus apparent qu'il s'agit d'une tactique et d'une attitude qui envahit le parti ministériel. Il s'agit d'une attitude de soumission totale à l'endroit du Cabinet du premier ministre. On manipule les faits et on exige obéissance de la part des députés.
Même aujourd'hui, le leader à la Chambre a réussi à avoir recours à cette tactique dans sa réponse à un discours. Il a repris les mêmes âneries que nous entendons depuis un mois au sujet de la taxe sur le carbone. Pourquoi, je vous le demande, tant de journalistes respectés ont-ils pris la peine de s'élever au cours du dernier mois contre cette tactique du gouvernement qui consiste à recourir au spectre de la taxe sur le carbone, contre cette culture de la tromperie et des faussetés? C'est parce qu'ils savent qu'une sorte de changement profond s'est amorcé, vu l'ampleur avec laquelle les faussetés commencent à imprégner le tissu démocratique de ce pays, au point où on ne peut plus parler de tissu démocratique s'il s'incruste aussi profondément.
J'ajouterai deux derniers points au sujet des problèmes démocratiques. Le premier, c'est que les comités sont incapables de procéder à un examen minutieux des projets de loi omnibus. Cette absence d'examen minutieux limite considérablement la démocratie, et il faut en tenir compte. Il faut aussi comprendre que les projets de loi omnibus finissent par devenir un jeu de chat et de souris ou même de cachette, car il faut beaucoup de temps pour découvrir ce qui s'y camoufle.
Finalement, il faut comprendre le rôle des médias. Ils doivent pouvoir comprendre les projets de loi pour en rendre compte et en faire la critique. Dans un monde de concentration des médias et où de moins en moins de journalistes se consacrent à la chose politique, leur participation au processus démocratique est de plus en plus compromise par le recours aux projets de loi omnibus.
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Monsieur le Président, en présentant ce projet de loi fourre-tout, les conservateurs ont tenté de passer un sapin aux Canadiens. Ils espéraient qu'ils ne prendraient pas le temps d'examiner chaque page accablante du projet de loi.
Heureusement, les Canadiens n'ont pas été dupes, et ils ont exprimé leur indignation à l'égard du gouvernement conservateur en encourageant la motion présentée aujourd'hui. En effet, quand l'opposition libérale a proposé 500 amendements visant à scinder le projet de loi pour qu'il puisse faire l'objet d'un vote adéquat, les Canadiens de l'ensemble du pays nous ont fait part — à nous et aux autres partis — de leurs observations. Malheureusement, comme on pouvait s'y attendre, les conservateurs se sont servis de leur majorité pour faire adopter le projet de loi sans amendement.
Cela nous amène à aujourd'hui, quelques jours avant la présentation par les conservateurs d'un nouveau projet de loi omnibus qui, selon la rumeur, est encore plus volumineux et ratisse encore plus large que son prédécesseur.
Bien que les projets de loi omnibus puissent faciliter la présentation par le gouvernement de mesures législatives complexes regroupant des lois multiples, ils ne sont pas toujours très démocratiques. Regrouper des dizaines de mesures législatives dans un seul projet de loi force les députés à mettre de côté leurs opinions variées pour répondre par un simple oui ou non, ce qui restreint la capacité des électeurs de leur demander des comptes.
Par exemple, nous nous attendons à ce que le prochain projet de loi omnibus des conservateurs apporte des changements importants aux pensions des parlementaires. Je veux être claire: j'appuie la réduction des pensions des parlementaires, y compris la mienne, afin que celles-ci reflètent mieux la norme canadienne. C'est la mesure juste et appropriée qu'il convient de prendre. Toutefois, si, par exemple, les conservateurs décidaient d'inclure dans leur projet de loi omnibus des mesures visant à poursuivre le démantèlement des services de recherche et de sauvetage dans ma province, Terre-Neuve-et-Labrador, je serais très réticente à appuyer cette mesure législative. J'ai pris l'engagement envers mes électeurs de m'opposer à toute mesure qui mettrait en danger la vie des personnes qui gagnent leur vie en mer et j'ai l'intention de respecter cet engagement.
C'est là que réside le dilemme lié à un projet de loi omnibus. Dans un tel cas, si je décidais d'appuyer la réduction des pensions des parlementaires, je serais contrainte de violer un engagement pris à l'endroit de mes électeurs. C'est pour cette raison que les libéraux sont d'avis que les dispositions visant à modifier les pensions des députés devraient être présentées dans une mesure législative distincte, afin que nous ayons la possibilité de les appuyer. Nous avons soulevé ce point à maintes occasions, tant à la Chambre qu'à l'extérieur. En fait, nous avons demandé au gouvernement de présenter un projet de loi distinct sur les pensions des députés.
Au bout du compte, les conservateurs vont sûrement continuer à se livrer à leurs manoeuvres politiques partisanes. Ils vont sans doute inclure dans leur projet de loi omnibus les mesures touchant les pensions, non pas parce qu'il est plus facile d'agir de la sorte et parce que ces mesures sont liées au budget, mais plutôt parce qu'ils pourront dire à tort que nous nous sommes opposés à la réduction de nos pensions, alors qu'en fait nous nous opposons aux millions de dollars qu'ils dépensent en publicité ou à la hausse des cotisations d'assurance-emploi des créateurs d'emplois.
Les conservateurs savent que leur affirmation est complètement fausse, mais ils savent aussi qu'elle leur permettra de fournir des réponses toutes faites au cours de la période des questions, comme l'a mentionné plus tôt mon collègue. Lorsque nous demandons des comptes aux conservateurs relativement à leurs politiques irresponsables, ce scénario permet au gouvernement de dire que nous avons voté contre.
Ce stratagème est une insulte à l'intelligence des Canadiens. Il est fondamentalement et intentionnellement trompeur. Cela dit, vous n'avez pas à me croire sur parole. Voici ce que le actuel, le très honorable député de , a dit en parlant d'un projet de loi omnibus le 25 mars 1994:
[...] je suis prêt à soutenir que le contenu du projet est tellement hétéroclite que, pour se prononcer par un seul vote, les députés devraient transiger avec leurs principes.
Je précise que le projet de loi qui, selon le député de , était trop hétéroclite pour faire l'objet d'un seul vote ne comportait que 21 pages, ce qui correspond à moins de 5 % de la longueur du dernier projet de loi omnibus conservateur présenté par le .
Il est ironique de constater que les critiques formulées par le s'appliquent à merveille à son propre projet de loi omnibus. Le même qui tente maintenant d'utiliser un projet de loi omnibus pour introduire en douce des dispositions importantes a déjà demandé:
Comment les députés peuvent-ils représenter leurs électeurs pour ces diverses modifications quand ils doivent voter en bloc?
Nous sommes en faveur de certaines mesures, mais nous nous opposons à d'autres. Comment pouvons-nous exprimer notre point de vue et celui de nos électeurs quand il y a une telle diversité de questions?
Il a ensuite proposé ceci:
Si on divisait le projet de loi en plusieurs segments, les députés pourraient faire valoir le point de vue de leurs électeurs sur chacune des composantes du projet de loi.
C'est exactement ce que soutient la motion que nous présentons dans le cadre de cette journée de l'opposition. Nous sommes entièrement d'accord avec ce qu'a dit le en 1994. J'aimerais croire qu'il aurait encore la même opinion si on lui posait la question aujourd'hui. Mais ce n'est pas le cas, malheureusement, et nous devons donc présenter cette motion d'initiative parlementaire sur les projets de loi omnibus, en raison des gestes posés par le gouvernement.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d'avoir la chance d'intervenir au sujet de la motion libérale sur les projets de loi omnibus et d'expliquer pourquoi un comité devrait étudier la question de ce qui constitue une utilisation raisonnable des projets de loi omnibus et en faire rapport à la Chambre.
Les projets de loi omnibus sont un moyen de régler des questions administratives et d'améliorer l'efficacité, de regrouper des mises à jour mineures ne suscitant aucune controverse en une seule mesure. Ils ont un rôle. J'ai présenté des projets de loi omnibus lorsque j'étais ministre, mais seulement à leurs fins prévues. Ils sont censés faciliter le débat au Parlement en réunissant des modifications d'ordre technique et administratif découlant d'une seule décision stratégique; c'est cet élément essentiel-là que le Parlement et le ont entièrement perdu de vue.
Je ne prétends pas qu'aucun gouvernement n'a auparavant eu abusivement recours à des projets de loi omnibus pour regrouper des modifications d'envergure découlant de nombreuses décisions stratégiques, mais j'affirme néanmoins que, sous le gouvernement actuel, les projets de loi omnibus sont devenus un symbole du mépris total envers les Canadiens, un outil permettant d'effriter un des principes fondamentaux de notre démocratie: la responsabilité du Parlement envers les électeurs.
En 2005, un autre gouvernement a présenté un projet de loi budgétaire d'une longueur inouïe à l'époque: 120 pages. Le leader de l'opposition, aujourd'hui , a demandé:
Comment les députés peuvent-ils représenter leurs électeurs pour ces diverses modifications quand ils doivent voter en bloc?
Précisément.
Il a dénoncé les projets de loi omnibus, qu'il considère non démocratiques et « contraires aux pratiques et aux coutumes de la Chambre ». C'est tout à fait vrai.
J'aimerais savoir où était donc l'intégrité du actuel lorsqu'il a présenté le projet de loi omnibus le printemps dernier? Si c'est bel et bien sa conviction qu'il a exprimée en 2005, j'aimerais bien savoir où elle est passée.
En juin dernier, les députés ont été obligés de se prononcer sur un projet de loi monolithique quatre fois plus volumineux — et avec 400 fois plus de répercussions sur les Canadiens — que le projet de loi omnibus que le premier ministre avait tant décrié en 2005. Pourquoi le a-t-il fait cela et pourquoi compte-t-il présenter un autre projet de loi omnibus grotesque cet automne? Pourquoi sa tactique, qui consiste à faire abusivement appel aux projets de loi omnibus, est-elle si répréhensible? Parce qu'elle empêche les parlementaires de faire leur travail pour les gens qu'ils représentent.
Revenons quelques instants au projet . Il fait 452 pages, contient 753 dispositions et modifie 70 lois différentes. Tout d'abord, c'est une atteinte à la démocratie que de regrouper de la sorte un si grand nombre de modifications stratégiques d'envergure. Permettez-moi de citer quelques exemples.
Le projet de loi donne au gouvernement davantage d'emprise sur la vie des gens dans de nombreux domaines tels que l’immigration, l’accès à l’assurance-emploi, les pensions et le développement industriel en zone résidentielle, pour ne nommer que ceux-là.
Comme le projet de loi augmente le pouvoir individuel des ministres sur la vie des gens, il affaiblit du fait même les mécanismes de reddition de comptes destinés à prévenir les abus de pouvoir. C’est vraiment effrayant.
L’étendue des changements apportés par le projet de loi est époustouflante. Il modifie la trame même de la sécurité financière des aînés, il change des concepts de justice qui jouent un rôle fondamental dans le processus d’admission de l’immigration et bouleverse des éléments essentiels de notre filet de sécurité environnemental.
Le projet de loi accordait à Revenu Canada 8 millions de dollars de plus par an pour intimider et punir les organisations environnementales et d’autres organismes à but non lucratif qui osent élever la voix dans l’intérêt public. Combien de Canadiens souhaitaient une telle mesure? Combien de Canadiens savaient qu’ils votaient en faveur de décisions de ce genre? Cela représente 10 fois plus que ce que le gouvernement prétend avoir épargné en supprimant la base de recherche de sauvetage de la Garde côtière à Kitsilano, en plein milieu du port le plus occupé du Canada. Beaucoup de mes électeurs, en fait tous ceux qui m’ont contactée, sont en colère parce qu’ils ont la certitude que la fermeture de cette base causera des pertes de vies évitables.
Par conséquent, le projet de loi était une attaque contre la démocratie, contre l’environnement, contre les valeurs canadiennes et contre les Canadiens. Regrouper tous ces changements fondamentaux des politiques et des pratiques dans un seul projet de loi qu’il est impossible de soumettre à un examen adéquat, qu’il est impossible de comprendre, de débattre et de modifier constitue une trahison des principes démocratiques. Cet abus doit cesser.
Il fut un temps où le était d’accord avec moi à ce sujet, mais ce n’est évidemment plus le cas aujourd’hui. Je suis persuadée qu’un recours aussi fréquent du gouvernement aux projets de loi omnibus trahit un souverain mépris. Nous en avons eu la preuve à maintes et maintes reprises. Le gouvernement n’a que du mépris pour la démocratie, pour le Parlement, pour la primauté du droit, pour la société civile et pour les Canadiens.
Le Canada est un pays fondé sur le dur labeur, sur la responsabilité, la liberté, l’égalité, les possibilités, la compassion et le respect mutuel. Ce sont là de profondes valeurs libérales, mais aussi des valeurs canadiennes. Le Canada est un pays où on ne peut pas tolérer que les dirigeants méprisent la population. Compte tenu des sacrifices que le Canada a consentis pour défendre la démocratie, nous ne devons jamais oublier l’importance du Parlement. Ce que nous faisons ici et notre façon d’agir ont beaucoup d’importance.
[Français]
C'est la voie canadienne d'avoir une démocratie saine. C'est la voie canadienne d'avoir un gouvernement responsable de ses actes et de ses décisions. C'est la voie canadienne d'avoir des processus et des procédures transparents. C'est la voie canadienne d'avoir un gouvernement qui donne aux citoyens la possibilité de s'impliquer dans la vie politique et de participer dans la prise de décisions qui les concernent.
Au contraire, des projets de loi fourre-tout sont un outrage à la démocratie. Ils sont un outrage aux traditions politiques du Canada. Ils sont un outrage aux droits des citoyens. Le problème lié aux projets de loi fourre-tout se situe sur le plan constitutionnel, parce que les frontières juridiques ne sont pas claires. Et le problème se situe aussi sur le plan politique.
Cependant, il existe des solutions. Je mesure l'ampleur de la tâche qui nous attend. Le comité serait juste le premier pas.
[Traduction]
Le comité doit faire son travail, mais ce ne sera qu’un premier pas. Le comité doit déterminer comment les autres démocraties libérales occidentales arrivent à prévenir de tels abus. Il doit proposer des changements destinés à resserrer les critères régissant les projets de loi omnibus et à créer des mécanismes de reddition de comptes là où il n’y en a pas aujourd’hui.
Nous devons nous poser la question suivante: n’y a-t-il pas un défaut fondamental dans un système électoral comme celui du Canada où 25 % des électeurs peuvent assurer une majorité à un parti, lui permettant de former un gouvernement et de modifier aussi radicalement les politiques du pays que nous l’avons vu dans le projet de loi sans un processus adéquat, sans respect, avec mépris et impunité?
Je crois bien qu’un jour viendra où notre système électoral renforcera la responsabilité démocratique au lieu de l’affaiblir. Je peux imaginer le jour où la représentation de chaque parti à la Chambre des communes reflétera plus fidèlement le vote des électeurs. Je peux imaginer cette démocratie canadienne renouvelée dans laquelle les parlementaires auront la motivation voulue pour collaborer sans esprit partisan afin de régler les grands problèmes de l’heure. Il est temps que nous ayons cette conversation avec les Canadiens. Notre façon d’élire nos représentants au Parlement, de nous gouverner nous-mêmes, d’intégrer et de consulter, de légiférer et d’étudier nos mesures législatives en dit beaucoup sur le Canada et sur le genre de société que les Canadiens souhaitent.
Le recours abusif du gouvernement aux projets de loi omnibus est symptomatique de son goût du secret, du mépris, de l’exclusion et de la mesquinerie. Ce n’est pas notre Canada, ce n’est pas ainsi que sont les Canadiens. Il faut mettre fin à ces abus, et nous pouvons commencer tout de suite à le faire en votant en faveur de la motion libérale visant à mettre un terme au recours abusif aux projets de loi omnibus.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole pour m'opposer à la motion présentée aujourd'hui. Je sais que mes collègues libéraux seront contrariés, mais je ne suis pas du tout d'accord avec certaines observations formulées ce matin et je vais faire part à la Chambre de mes réflexions à ce sujet.
En résumé, nous, de ce côté-ci de la Chambre, reconnaissons que l'économie du Canada connaît en ce moment une reprise fragile, comme celle des autres pays du monde, et qu'il faut établir des plans d'ensemble complets pour faire face à cette situation délicate. Je soutiens qu'une mesure législative exhaustive est indispensable à l'adoption d'un plan d'ensemble, et je vais expliquer pourquoi.
Nous avons déposé au début du printemps un budget complet dont l'exécution nécessite l'adoption d'une mesure législative exhaustive, comme ce fut le cas de tous les autres budgets présentés à la Chambre au fil des ans. Rien n'a changé à cet égard. Un gouvernement présente un budget qui est en réalité son plan d'action, et ce plan a une incidence sur différentes lois, dont il requiert la modification. C'est exactement ce qu'a permis la première loi d'exécution du budget et c'est ce que permettra la deuxième. Pour cette raison, j'affirme que le Canada, grâce à ce plan détaillé, est bel et bien sur la voie de la reprise.
Nous avons en fait aidé nos entreprises à créer de l'emploi et à faire croître l'économie. Le 29 mars, le gouvernement a présenté le budget de 2012, qui correspond au plan d'action économique pour l'année. C'est un plan à long terme qui est prudent et qui vise la croissance de l'économie, la création d'emplois et le retour à l'équilibre budgétaire. Je le répète, nous devons examiner ce plan dans un contexte mondial. Grâce au leadership économique du gouvernement conservateur, le Canada s'en est bien mieux tiré que tous ses pendants du G7.
Permettez-moi de vous donner quelques exemples. Premièrement, depuis juillet 2009 — et j'ai parlé du rétablissement de l'emploi —, les statistiques nettes montrent que 820 000 emplois ont été créés, ce qui est de loin le meilleur bilan des pays du G7. C'est parce que nous avons un plan exhaustif et que nous l'avons mis en oeuvre au moyen d'une loi.
Deuxièmement, plus de 90 % des emplois créés depuis juillet 2009 sont des emplois à temps plein, et plus de 75 % d'entre eux sont dans le secteur privé.
Troisièmement, le FMI et l'OCDE prévoient que le Canada connaîtra l'une des plus fortes croissances des pays du G7 dans les années à venir.
Quatrièmement, pour la cinquième année d'affilée, le Forum économique mondial a classé le système financier du Canada comme le plus sûr et le plus solide au monde. Nos projets de loi exhaustifs d'exécution du budget renforcent encore davantage ce système.
Cinquièmement, trois agences de crédit, Moody's, Fitch et Standard & Poor's, ont confirmé de nouveau récemment l'excellente cote triple A du Canada. Fitch a d'ailleurs fait l'éloge du Canada en ces mots:
Des années de choix responsables en matière de fiscalité et un solide milieu institutionnel ont créé des conditions propices à des mesures fiscales efficaces en période de crise financière mondiale. En s'engageant sans tarder à atteindre l'équilibre budgétaire à moyen terme, le Canada est devenu plus crédible, sur le plan financier, que beaucoup d'autres pays.
La liste est encore longue, mais l'économie mondiale demeure fragile, et ce que les gens vivent ailleurs est différent de ce que nous vivons au Canada.
En Europe, d'énormes difficultés économiques subsistent, et nous en entendons souvent parler, malheureusement. Le PIB de la zone euro a diminué au cours du quatrième trimestre de 2011 et a connu une croissance pratiquement nulle au premier trimestre de 2012. Au deuxième trimestre de 2012, il a diminué encore. Les dernières statistiques qui nous parviennent de la Grèce indiquent un taux de chômage d'environ 25 %, et l'Espagne n'est pas loin derrière.
Dans la première loi d'exécution du budget, nous avons adopté des mesures pour lutter contre ces problèmes. C'était une loi exhaustive, et nous devions y modifier le régime d'assurance-emploi comme nous l'avons fait.
Bref, la situation n'est pas rose dans certains pays européens, et c'est pourquoi leurs dirigeants doivent agir avec fermeté pour résoudre en permanence leurs problèmes économiques. L'annonce récente de la Banque centrale européenne, qui rachètera des obligations émises par les États, est un pas dans la bonne direction...
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Je remercie le et la députée de de leurs interventions. Je crois comprendre que la question de la pertinence a surgi plus tôt en matinée, avant que je n’occupe le fauteuil, à partir de midi. J’ai deux points à faire valoir, dont le premier est d’ordre général alors que le second est plus précis.
Disons de façon générale qu’il y a dans le Règlement des dispositions sur la pertinence et les répétitions. Il est juste de dire que, au fil des ans, ceux qui occupent le fauteuil ont adopté une interprétation plutôt souple de ces deux principes parce que la présidence ne veut pas restreindre indûment les débats à la Chambre ni priver les députés de la possibilité de présenter des faits qui, à leur sens, sont importants et pertinents. Il arrive que la présidence invite les députés à revenir au sujet à l’étude, mais je pense qu'il est juste de dire que, depuis plus de huit ans que je siège à la Chambre, la présidence a adopté une interprétation plutôt large du principe de la pertinence. Il me semble également juste d’ajouter que, lorsque les députés livrent une intervention de 10 ou 20 minutes, ils utilisent souvent des exemples ou invoquent des arguments qui s’éloignent du sujet principal dont la Chambre est saisie, mais il leur appartient d’établir le lien avec la question à l’étude.
J’invite tous les députés à faire deux choses.
D’abord, lorsqu’ils font une intervention à la Chambre, les députés ne doivent pas perdre de vue la question à l’étude, mais plutôt respecter le sujet du débat et le processus. La Chambre n’en travaillera que mieux si tous les députés font un effort de bonne foi à cet égard.
Deuxièmement, je voudrais rappeler à tous les députés qui souhaiteraient une interprétation beaucoup plus stricte de la règle de la pertinence, et l’application par la présidence d’une définition beaucoup plus étroite, que cela aurait des conséquences qui dépassent le sujet à l’étude à la Chambre.
Je demande à tous les députés de préserver l’équilibre entre les deux principes. Si je me fie à mon expérience, je peux dire que, la plupart du temps, les députés y arrivent très bien. Il est vrai que certains prennent de grands détours pour en arriver au sujet, mais ils finissent par le faire la plupart du temps.
J’ai cependant une réflexion plus précise à faire. J’ai examiné la transcription des débats qui ont eu lieu plus tôt. Lorsque la question de la pertinence a été soulevée et que le ministre d’État a pris la parole, j’ai écouté très attentivement ses propos pour en évaluer la pertinence. Sans aborder le fond du débat qui occupe la Chambre aujourd’hui, je dirai qu’une question se pose au sujet de la pertinence, lorsqu’il s’agit de projets de loi omnibus ou d’ensemble, et on peut se demander à quel moment ces mesures deviennent inacceptables. Une proposition précise a été faite, soit que la Chambre renvoie la question au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre pour qu’il rende une décision.
Le ministre d’État a dit qu’il désapprouve la motion à l’étude aujourd’hui — que, à son avis, les projets de loi omnibus ou d’ensemble ne sont pas, en soi, inacceptables ou déplacés. Il a ajouté que des questions comme le budget et les projets de loi d’exécution des budgets ont forcément une large portée. C’est pourquoi il votera contre la motion.
Je m’attends maintenant à ce que le ministre d’État donne des exemples précis pour illustrer son opinion, soit, essentiellement, que des projets de loi d’ensemble sont nécessaires et qu'il n’est pas d’accord avec ceux qui avancent qu’ils sont inacceptables et qu’il faudrait modifier les règles. Je respecte le fait que d’autres députés ne sont pas d’accord avec le ministre.
Là-dessus, j’invite le à poursuivre, à tenir compte de la règle de la pertinence, à traiter de la question à l’étude, soit la motion de l’opposition, et à terminer son intervention.
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Monsieur le Président, vous réaffirmez ma foi dans la sagesse de la présidence. Je peux faire cela de façon très répétitive, en faisant le lien entre chacun de mes exemples et la raison pour laquelle une mesure législative globale est alors nécessaire. Si l'opposition souhaite que je le fasse, je risque de tomber dans un travers qui, selon vous, n'est pas acceptable, soit la répétition. Je vais m'efforcer d'éviter cela.
Je parlais de l'Europe et de la menace qui plane sur l'économie mondiale, des indécisions et de l'absence d'un plan global au sein de la communauté de l'Union européenne.
Je reviens à ma première déclaration: un plan global nécessite une mesure législative globale. Et c'est bien ce qu'était le projet de loi , la loi d'exécution du budget. Je crois que nous serons saisis sous peu d'une autre mesure législative globale afin d'appliquer les volets restants d'un plan global visant à garder le Canada sur la bonne voie.
Un autre exemple est celui des États-Unis. Il semble qu'il y ait un certain flottement chez nos voisins du Sud, une incapacité de prendre une décision ferme, peut-être à cause de l'absence d'un plan global comme celui énoncé dans le projet de loi , qui était une mesure législative globale.
Les États-Unis doivent mettre de l'ordre dans leur fiscalité. Pour notre part, nous avons déjà fait d'importants progrès en ce sens. Ils doivent faire en sorte d'instaurer un climat de certitude à court terme pour que les marchés et les investisseurs sachent que la croissance économique se maintiendra. Et c'était la teneur de la mesure législative globale présentée au printemps.
En cette époque d'incertitude, la stabilité économique du Canada dépend de la mise en oeuvre d'un plan clair, d'un plan exhaustif pour protéger notre économie. La situation exige que le Canada évite toute complaisance. Nous ne pouvons permettre que l'impasse politique et l'instabilité freinent des réformes fiscales et économiques cruciales, comme c'est le cas aux États-Unis et en Europe.
De plus, dans un marché mondialisé en rapide évolution, où le Canada fait face à la vive concurrence des économies émergentes comme le Brésil, la Russie, la Chine et l'Inde, nous ne pouvons nous permettre d'attendre pour agir en faveur de notre économie et des mesures qui faciliteront le retour à l'équilibre budgétaire.
En conséquence, dans la première mesure d'exécution du budget, le projet de loi , nous avons effectivement présenté des solutions qui permettent aux entreprises canadiennes d'être concurrentielles.
Je trouve l'argument très valable. Pour que notre économie puisse continuer à croître, nous devons lui apporter un soutien législatif, et ce, plus tôt que tard. Nous avons réuni diverses mesures dans une première loi d'exécution du budget, et nous en présenterons bientôt une seconde, précisément dans ce but. Ainsi, les sociétés canadiennes pourront être concurrentielles sur la scène internationale, exporter leurs ressources, rationaliser leurs façons de faire, le tout dans le respect de l'environnement. Tout cela s'inscrit dans notre plan budgétaire global.
Les défis auxquels notre économie est confrontée ne sont ni insignifiants ni unidimensionnels, et notre plan ne l'est pas non plus. Il est complet et ambitieux, en phase avec l'ampleur des menaces qui pèsent sur le Canada dans le climat d'incertitude actuel.
Pour la réalisation du plan, certaines mesures exigent que l'on procède par voie législative. En avril 2012, nous avons présenté le projet de loi , auquel les libéraux font sans doute référence ici aujourd'hui. Il renfermait des dispositions visant à stimuler la croissance de l'emploi, à assurer la durabilité de programmes sociaux, à éliminer les dépenses inutiles et redondantes financées avec l'argent des contribuables, et plus encore, d'où le projet de loi global d'exécution du budget.
Permettez-moi de donner aux députés d'en face quelques exemples de ce type d'intervention et de leur expliquer comment nous entendons stimuler la croissance de l'emploi. Nous voulons le faire, par exemple, en exploitant nos ressources de façon responsable. Dans le domaine des ressources, le NPD a dit qu'il aimerait mettre en place une taxe sur le carbone qui nuirait à l'emploi et qui aurait pour effet de faire grimper le prix de tout ce que nous achetons et que nous consommons. Voilà une chose qui ne fait pas partie de nos plans et qui n'en fera jamais partie.
Notre gouvernement sait qu'une telle chose ne fonctionnera jamais. Nous mettons au contraire l'accent sur une exploitation responsable des ressources, qui va alléger le processus d'examen des grands projets économiques en proposant des échéanciers prévisibles pour l'approbation des projets. On évitera ainsi les interminables délais qui risquent d'éliminer des emploi et d'enrayer la croissance économique en mettant en danger de précieux investissements. Mais surtout, l'exploitation responsable des ressources va créer de bons emplois bien rémunérés et à qualification élevée dans les villes et les villages de notre grand pays, tout en préservant les normes les plus élevées de protection de l'environnement. Pour cela, il faut une mesure législative globale, le projet de loi .
Étant donné que les économies émergentes d'Asie et du monde entier offrent la possibilité d'enregistrer des taux supérieurs de croissance et de création d'emplois, notre gouvernement va agir promptement pour mettre en vigueur son plan d'exploitation responsable des ressources dans l'intérêt de l'économie canadienne.
Néanmoins, ce n'est pas tout; il faut en faire bien davantage. Nous faisons de l'assurance-emploi un programme encore plus efficace, qui met l'accent sur la création et les perspectives d'emploi en supprimant les mesures dissuasives face à l'emploi et en venant en aide aux chômeurs canadiens.
En outre, nous favorisons l'élaboration d'un régime rapide et souple d'immigration économique pour satisfaire les besoins du marché canadien de la main-d'oeuvre en réduisant l'arriéré du Programme fédéral des travailleurs qualifiés, en retournant les demandes présentées avant le 27 février 2008 et en remboursant les frais connexes.
Notre gouvernement prend également des décisions financières responsables pour assurer la maîtrise des dépenses et pour éviter des situations comparables à celles qu'ont connues de nombreux pays d'Europe. À cette fin, nous modernisons la devise canadienne en retirant progressivement le sou noir du numéraire canadien. Cette intervention nécessite elle aussi des changements législatifs, et c'est pourquoi nous déposons une mesure législative globale. Rien qu'avec ce changement, les contribuables vont économiser 11 millions de dollars chaque année.
Quoi qu'il en soit, ce régime va beaucoup plus loin qu'une simple réduction des dépenses. Le gouvernement a envers tous les Canadiens le devoir de veiller à ce que les programmes sociaux du Canada restent viables à long terme. C'est pourquoi nous avons pris des mesures dans le budget de 2012 pour garantir dès maintenant et à l'avenir la sécurité de la retraite de tous les Canadiens, en assurant la durabilité du programme canadien de la Sécurité de la vieillesse. À partir de 2023, l'âge de l'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti augmentera progressivement pour passer de 65 à 67 ans. Ces changements sont conformes à l'évolution démographique de la population canadienne et sont indispensables pour que les futures générations de Canadiens continuent à bénéficier de la SV et du SRG. Pour cela, il nous faut encore une mesure législative globale qui nous permette d'apporter les changements nécessaires afin d'assurer la pérennité de ces deux programmes.
Le problème des députés d'en face, c'est qu'ils n'ont pas de perspective à long terme; ils ne se rendent pas compte des changements dont nous avons besoin pour assurer la durabilité de ces programmes.
Le gouvernement prend des mesures concrètes afin que l'économie canadienne continue de créer des emplois et de croître. Certains se demandent peut-être ce que le plan du gouvernement prévoit pour les familles et les collectivités canadiennes. Ce serait une excellente question à poser aujourd'hui et je vais y répondre.
Je vais parler du Plan d'action économique de 2012 et montrer comment celui-ci s'appuie sur le solide bilan du gouvernement en proposant de nouvelles initiatives qui visent à aider les familles canadiennes. Par exemple, le plan d'action va permettre d'améliorer l'application de la TPS, de la TVH et de l'impôt à certains services de santé, médicaments et appareils médicaux, de façon à refléter la nature évolutive du secteur de la santé et à mieux répondre aux besoins des Canadiens en matière de santé.
Ces changements étaient nécessaires, tant dans la mesure législative exhaustive que nous avons adoptée que dans celle que nous présenterons bientôt. D'une façon plus précise, les services professionnels offerts par les pharmaciens — autres que les services d'exécution d'ordonnance de médicaments, qui sont déjà exemptés de la TPS et de la TVH — seraient exonérés de la TPS et de la TVH.
En outre, l'exemption visant la TPS et la TVH s'appliquerait aussi aux lentilles cornéennes et aux verres correcteurs prescrits par un professionnel des soins ophtalmiques ou par un opticien qualifié qui est autorisé, en vertu des lois provinciales, à délivrer des ordonnances.
Nous voulons élargir la liste des professionnels de la santé qui prescrivent des appareils médicaux et des appareils fonctionnels exonérés de la TPS et de la TVH, afin de tenir compte du nombre croissant de professionnels de la santé, notamment les infirmières, qui peuvent recommander de tels appareils.
Nous voulons aussi étoffer la liste des médicaments en vente libre qui sont exonérés de la TPS et de la TVH.
À cette fin, nous avons évidemment dû modifier la Loi de l'impôt sur le revenu. Cette initiative est mentionnée dans le budget. Elle en fait partie. Elle s'inscrit dans notre plan d'action et elle nécessite une mesure législative complète. Ce n'est qu'une des raisons pour lesquelles je vais voter contre la motion aujourd'hui.
Cela implique également une extension de la liste des appareils médicaux et des accessoires fonctionnels exemptés de la TPS et de la TVH, ainsi que de la liste des dépenses admissibles aux fins de l'impôt sur le revenu en vertu du crédit d'impôt pour dépenses médicales, de façon à y inclure, par exemple, les écrans de contrôle de coagulation sanguine utilisés par les gens qui prennent des anticoagulants.
Chaque fois que je parle d'exemption fiscale, je vois la perplexité apparaître sur les visages des députés d'en face. Cela n'a rien d'étonnant, puisque nous savons tous que les Libéraux sont favorables aux hausses de taxes. C'est sans doute pourquoi ils s'opposent à notre loi de mise en oeuvre du budget, le projet de loi .
Nous savons ce que font les Libéraux lorsqu'ils ont l'occasion de se prononcer sur des mesures visant à diminuer l'imposition des familles canadiennes. Nous en avons vu bien des exemples. Ils votent tout simplement contre de telles mesures. C'est exactement ce qu'ils ont fait dans le cas du remboursement de la prestation fiscale pour le revenu de travail en 2007. Et c'est exactement ce qu'ils ont fait pour le Plan d'action économique de notre gouvernement.
Parlons maintenant de certaines initiatives visant à venir en aide à la population canadienne mais qui ont fait aussi l'objet d'un vote négatif de la part de l'opposition.
Le plan de notre gouvernement prévoit des investissements directs en recherche dans l'intérêt de la population. La position de chef de file mondial du Canada en matière de recherche de pointe est à l'origine de découvertes, d'innovations et de compétences qui se traduisent non seulement par des progrès en matière de santé, mais également par une amélioration de la création et des perspectives d'emploi dans l'économie du savoir.
Les mesures prévues dans le Plan d'action économique visent à renforcer la position de chef de file du Canada en favorisant la collaboration dans la recherche entre l'industrie et l'université, de même que les initiatives de pointe et d'importance stratégique en recherche sur la santé et la gestion des affaires publiques. Nous en comprenons tous l'importance. Le ministre assis près de moi aujourd'hui relève cet incroyable défi, et nous en sortons tous gagnants.
Nous avons annoncé la création de nouvelles chaires dans les universités et les collèges de notre pays. Nous avons adopté une loi qui en permet le financement, ce dont nous sommes très fiers.
Nous pouvons citer de nombreux exemples. Ainsi, dans le domaine de la recherche médicale, nous avons alloué 15 millions de dollars par an à un programme de recherche axé sur le patient. Cela figurait dans le projet de loi , mais l'opposition a voté contre.
Je pourrais continuer longtemps à évoquer toutes les mesures qui ont fait l'objet d'un vote négatif de l'opposition, mais l'élément fondamental sur lequel je veux finir, c'est la fierté avec laquelle je m'oppose ce matin à la motion de l'opposition. Nous avons toutes les raisons de penser que nous sommes sur la bonne voie.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Le gouvernement a abusé du Parlement à plusieurs reprises en forçant l'adoption de projets de loi omnibus extravagants. Par exemple, il y a deux ans, le gouvernement a présenté un projet de loi omnibus de 880 pages, un mélange hétéroclite de projets de loi qu'il voulait faire adopter rapidement. En fait, il était constitué de la moitié de toute la charge de travail du Parlement de l'année précédente. Le gouvernement a alors été sévèrement critiqué pour avoir tourné en farce le processus législatif.
Plus récemment, le gouvernement a présenté le projet de loi , un projet de loi omnibus sur le budget de plus de 400 pages. Le gouvernement y proposait des changements radicaux dans notre pays, des changements qui touchent une foule de choses, dont l'assurance-emploi, la protection de l'environnement, l'immigration, la Sécurité de la vieillesse et même la surveillance des organismes de bienfaisance. Aucun de ces changements ne figurait dans le programme électoral des conservateurs. Ils ont été adoptés à toute vapeur par « un gouvernement majoritaire arrogant, pressé d'imposer son programme à la population ».
La façon d'agir du gouvernement empeste l'hypocrisie. En 1994, le très honorable député de a critiqué les projets de loi omnibus, affirmant que ces projets de loi ratissaient tellement large qu'en se prononçant par un seul vote sur la totalité du contenu, les députés devraient renier leurs principes et que diviser le projet de loi en plusieurs parties permettrait aux députés d'exprimer le point de vue de leurs électeurs sur chacune.
Voilà maintenant que le très honorable député recourt précisément aux tactiques qu'il a déjà dénoncées. C'est honteux la façon dont il a changé de discours une fois élu à la plus haute fonction du pays. Le projet de loi omnibus sur le budget de ce printemps comptait 400 pages, traitait de plus de 60 sujets distincts, modifiait ou abolissait 74 lois et consacrait rien de moins que 150 pages à la destruction de 50 ans de surveillance environnementale. Je cite:
Il s'agit d'un tour de passe-passe politique enrobé de mystification verbale, et il semble que cette tendance s'accélère. Ces tactiques fourbes maintiennent le Parlement dans l'ignorance, inondent les députés de dispositions législatives, de telle sorte qu'ils ne sont pas capables de tout absorber, et en entrave l'examen rigoureux. C'est une manière de gouverner qui n'est ni bonne, ni responsable, ni transparente.
Dans un système véritablement démocratique, les passages concernant l’environnement auraient été extraits du projet de loi omnibus et leur examen article par article aurait été confié au Comité de l’environnement. Le projet de loi abroge la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale. Par conséquent, l’agence d’évaluation pourra exempter un projet donné du processus d’évaluation, les évaluations environnementales réalisées seront de moindre portée et moins rigoureuses et elles limiteront la participation publique. Selon le commissaire à l’environnement du Canada, « la participation publique sera franchement entravée. »
Par ailleurs, nous avons maintenant appris que des centaines d’évaluations environnementales fédérales ont été abandonnées. Les Canadiens devraient savoir qu’après seulement 16 heures d’examen, le Sous-comité des finances n’avait pas pu répondre à de nombreuses questions sur le projet de loi. Quels types de projets seront inclus ou exclus en vertu des changements que l’on propose d’apporter à la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale? Quelle est la proportion d’évaluations qui ne seront plus révisées par le fédéral et de quels types sont-elles? Comment le gouvernement déterminera-t-il si un processus provincial est équivalent au processus fédéral? Comment sera menée l’évaluation des effets cumulatifs?
Pendant l’examen du Sous-comité des finances, Mme Rachel Forbes, avocate attitrée de la firme West Coast Environmental Law, a déclaré qu’à son avis, la nouvelle loi ne permettrait d’atteindre aucun des quatre objectifs définis par le gouvernement: des examens plus prévisibles et plus rapides, une réduction du double emploi dans l’examen des projets, un renforcement des mesures de protection de l’environnement et une meilleure consultation des Autochtones. De fait, elle a laissé entendre que les modifications envisagées risquaient de nuire à ces objectifs.
Le projet de loi abroge également la Loi de mise en œuvre du Protocole de Kyoto, qui s’attaquait à notre problème environnemental le plus urgent, c’est-à-dire les changements climatiques. La loi exigeait du qu’il publie chaque année un plan en matière de changements climatiques, des prévisions concernant la réduction des émissions et une discussion sur la performance du gouvernement au cours de l’année précédente et sur les solutions proposées pour pallier ses faiblesses. L’abrogation de la Loi de mise en œuvre du Protocole de Kyoto affaiblira les mesures de responsabilisation nationale concernant le climat. L’élimination de la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie nous privera d’une organisation impartiale et indépendante qui n’a pas d’équivalent et dont le seul tort a été de publier des rapports objectifs qui étaient incompatibles avec l’idéologie conservatrice.
L’abrogation de la Loi de mise en œuvre du Protocole de Kyoto devrait sérieusement inquiéter les Canadiens, car la menace que représente le changement climatique est imminente et de plus en plus grave. Depuis l’an 2000, nous avons connu 9 des 10 années les plus chaudes jamais enregistrées à l’ère moderne. L’étendue et l’épaisseur de la glace de mer estivale dans l’Arctique ont énormément diminué au cours des 30 dernières années, et depuis six ans cette étendue est plus faible que jamais. Plus troublant encore, un article paru en 2011 dans la prestigieuse revue Nature révélait que la durée et l’ampleur du déclin pourraient bien être sans précédent depuis 1 450 ans.
Cet été, les glaces arctiques ont diminué plus que jamais auparavant; tous les records ont été battus. Les scientifiques craignent que ces changements signalent une évolution fondamentale et ils déplorent la pénurie de nos connaissances sur les conséquences d’une diminution extrême de l’étendue des glaces marines. Le , toutefois, ne semble s’y intéresser que dans la mesure où les conditions de navigation pourraient s’en trouver modifiées.
Le projet de loi affaiblit également plusieurs autres lois sur l’environnement, y compris celles qui protègent les espèces en péril et les eaux, et il élimine pratiquement toute mention de l’habitat du poisson dans la Loi sur les pêches, menaçant ainsi la survie d’espèces sur toutes nos côtes.
Tom Siddon, l'ancien ministre conservateur responsable de l'actuelle Loi sur les pêches, a fait part de sa très grande inquiétude au sujet des amendements. Voici ce qu'il a déclaré:
C'est une tentative de vider la Loi sur les pêches de sa substance par des moyens détournés, et il est déplorable qu'on essaie de le faire en catimini.
Il a aussi dit ceci:
Ils diluent totalement et émasculent la Loi sur les pêches [...] ils la transforment en fromage suisse.
Voici ce qu'il a déclaré devant le Comité des finances:
En substance [...] vous devez prendre votre temps et faire les choses correctement. Le fait de regrouper tout cela à l'intérieur d'une loi d'exécution du budget, qui comporte toutes sortes d'autres aspects, n'est pas digne d'un gouvernement conservateur, point à la ligne.
Il est tout aussi ahurissant de constater que le projet de loi accorde au Cabinet fédéral le pouvoir d'infirmer une décision prise par l'Office national de l'énergie.
Les conservateurs ont également amputé le budget de Parcs Canada de 29 millions de dollars. Ce faisant, ils minent la vitalité et l'intégrité des parcs du Canada, qui sont réputés dans le monde entier, mettent en péril des sites du patrimoine mondial, réduisent considérablement le nombre de scientifiques et de techniciens et nuisent aux relations avec les peuples autochtones ainsi qu'aux économies rurales.
Il est important de se rappeler que, lors de leur arrivée au pouvoir, les conservateurs ont hérité des conséquences d'une série de budgets équilibrés, gracieuseté du gouvernement libéral précédent. Toutefois, ils nous ont aussitôt plongés dans un déficit avant même que la récession nous frappe. Il est honteux que le gouvernement fasse preuve d'une telle négligence en détruisant les mécanismes de protection environnementale dans le but d'accélérer le développement et d'atteindre l'équilibre budgétaire.
Le gouvernement n'a pas annoncé, durant la dernière campagne électorale, qu'il comptait détruire les mécanismes de protection environnementale. Par conséquent, les Canadiens se sont insurgés dans l'espoir d'empêcher le de se débarrasser des lois qui protègent l'environnement, la santé et la sécurité des Canadiens, nos collectivités, notre économie et nos gagne-pain. L'Association canadienne des médecins pour l'environnement, la Fondation David Suzuki et l'Institut Pembina ne sont que quelques-uns des éminents organismes canadiens de protection environnementale qui ont demandé aux Canadiens de prendre la parole pour défendre les valeurs canadiennes liées à la démocratie et l'environnement.
Voici le message véhiculé par la campagne « Silence, on parle »:
L'eau, notre sol et le climat sont menacés par le dernier budget fédéral. Les changements proposés aux lois canadiennes ont pour effet d'affaiblir la réglementation environnementale et de réduire au silence ceux qui cherchent à défendre ces lois.
Pas question de se taire.
Nous ne pouvons nous permettre de laisser le développement économique se faire avec des contrôles environnementaux affaiblis, car nous risquons une catastrophe environnementale qui entraînera des coûts de dépollution que nous devrions alors léguer à nos enfants. Nous devons nous rappeler que nous n'héritons pas de la Terre de nos ancêtres; nous l'empruntons à nos enfants.
Les Canadiens sont en droit de s'attendre à ce qu'on en fasse beaucoup plus qu'à l'heure actuelle pour protéger notre environnement et nos valeurs démocratiques, sur lesquelles notre magnifique pays a été construit.
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Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole aujourd'hui dans ce débat sur les projets de loi omnibus. À l'instar de mes collègues, et surtout de mon collègue d', je suis d'accord avec les propos tenus par l'actuel en 1994, lorsqu'il siégeait comme député de l'opposition. Il avait critiqué l'utilisation des projets de loi omnibus et avait posé la question suivante:
Comment les députés peuvent-ils représenter leurs électeurs pour ces diverses modifications quand ils doivent voter en bloc?
Il a ajouté:
Nous sommes en faveur de certaines mesures, mais nous nous opposons à d'autres. Comment pouvons-nous exprimer notre point de vue et celui de nos électeurs quand il y a une telle diversité de questions?
La plainte qu'a formulée le en 1994, alors qu'il siégeait comme député de l'opposition, au sujet de l'utilisation des projets de loi omnibus, devrait aujourd'hui orienter son travail en tant que premier ministre. Or, il impose plutôt l'adoption du genre de mesure législative qu'il avait lui-même dénoncée. Il est effectivement temps que la Chambre prenne des mesures pour étudier et restreindre l'utilisation d'énormes projets de loi omnibus qui, entre autres, empêchent les députés de faire une analyse détaillée et différenciée de l'ensemble des dispositions qu'ils contiennent, empêchent les députés d'exercer la surveillance publique nécessaire à l'égard de ces projets de loi, minent la participation du public au processus politique et portent atteinte au droit de savoir du public.
Je ne dis pas que le gouvernement n'a pas le droit de poursuivre ses objectifs politiques. Toutefois, nous devons débattre de l'intégrité du processus utilisé et des mérites des moyens choisis. Le Parlement n'a pas pour mandat d'approuver, sans poser de questions, le programme du gouvernement et d'être déconnecté de la population et des électeurs, même sous un gouvernement majoritaire. En fait, le gouvernement n'a pas encore expliqué pourquoi les Canadiens s'en tirent moins bien lorsque le Parlement prend le temps qu'il faut pour étudier les dispositions en détail, afin d'éliminer les propositions législatives disparates et, ce faisant, adopter des mesures législatives de grande qualité dignes de notre Parlement et de notre population. D'après le propos qu'il a tenus à la Chambre en 1994, il semble que le député de abondait dans ce sens à l'époque.
Par conséquent, ma brève intervention portera plus précisément sur deux mesures législatives, à savoir le plus récent projet de loi d'exécution du budget fédéral et le projet de loi , le projet de loi omnibus sur la criminalité. Même si ce sont les deux exemples les plus récents et les plus flagrants de l'utilisation abusive que fait le gouvernement des projets de loi omnibus, on ne peut pas nier la tendance de celui-ci à regrouper des dispositions tout à fait acceptables dans des projets de loi carrément indéfendables, ce qu'il fait non seulement à ses risques, mais aussi au détriment de sa cause.
Le plus récent projet de loi d'exécution du budget fédéral, le projet de loi , était ce que j'ai déjà appelé un cheval de Troie à têtes multiples, telle l’hydre de la mythologie, puisqu'il était aussi furtif dans sa portée que préjudiciable dans ses effets et qu'il constituait une attaque en règle menée contre l’intégrité du Parlement et de ses membres, et contre la démocratie elle-même — et je modère ici mes propos.
Pour dire les choses en peu de mots, c'était un projet de loi de plus de 400 pages qui prétendait trouver son ancrage dans le budget, mais qui, en réalité, avait bien peu à voir avec ce budget. Il s’agissait au contraire d’un projet de grande envergure qui présentait, modifiait ou abrogeait plus de 70 textes de loi fédéraux, le tout bien dissimulé dans une structure omnibus, véritable cheval de Troie, permettant de camoufler toute une série d’attaques pernicieuses touchant notamment le régime de pensions du Canada, la protection de l’environnement, l’immigration et la salubrité alimentaire — le tout soumis à un brillant tour de passe-passe grâce auquel une simple disposition pouvait, mine de rien, faire s’écrouler tout l’édifice des mesures prises pour protéger l’environnement.
Cet énorme fourre-tout qui réunissait une multitude de mesures législatives n'ayant aucun lien entre elles ne permettait pas — et ne permet toujours pas — de tenir les débats et les discussions parlementaires distincts qui auraient été nécessaires, et encore moins de procéder à l'étude de ces diverses mesures, tout aussi nécessaire. Il conférait au gouvernement le pouvoir arbitraire de se soustraire à l'autorité du Parlement, constituant de ce fait une atteinte flagrante aux règles de bonne gouvernance, de transparence, de reddition de comptes, de surveillance publique et de divulgation des coûts, pour ne nommer que celles-là. Ce facteur à lui seul aurait dû en justifier le rejet.
Comme l'a écrit Andrew Coyne à l'époque, « l'ampleur et la portée atteignent un niveau encore jamais vu, ou permis ». M. Coyne a ajouté que le projet de loi « ridiculisait la convention sur la confiance » et qu'il ne comportait aucun « lien commun » ni aucun « principe fondamental » reliant les différents éléments qui le composaient, sans compter qu'il permettait au gouvernement de faire fi de l'ensemble des règles et des usages du Parlement.
Au sujet de la question cruciale du processus et de la procédure parlementaires, ce projet de loi a été renvoyé au comité des Finances. Conséquemment, l'examen des règlements environnementaux prévus, qui avaient pour effet de réaménager, d'affaiblir et de miner la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale et la protection de l'environnement dans son ensemble, n'a pas été effectué par le Comité permanent de l'environnement et du développement durable, auquel il aurait dû être confié.
De même, les dispositions modifiant la Loi sur la gestion des terres des premières nations n'ont pas été étudiées par le Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord, comme l'a signalé mon collègue d'Etobicoke-Nord, là où elles auraient dû faire l'objet de délibérations. Et je pourrais vous donner de nombreux autres exemples du genre.
En outre, comme si contourner l'examen parlementaire en bonne et due forme du Parlement n'était pas suffisant, le gouvernement a recouru à l'attribution du temps pour limiter la discussion sur le projet de loi à toutes les étapes du processus législatif.
Je ne prétends pas que recourir à l'attribution du temps, comme le gouvernement l'a fait à maintes reprises, soit contraire aux règles législatives. Ce que je dis, comme de nombreux commentateurs avant moi, c'est que son emploi, particulièrement dans le contexte d'un projet de loi omnibus, est inutile, préjudiciable, étonnamment non démocratique, non parlementaire, sans fondement ni justification aucune, et constitue franchement un outrage au Parlement et à la population.
Certes, si le Parlement avait été appelé à décider si le pays devait entrer en guerre, on aurait pu facilement comprendre qu'on ait recours à l'attribution du temps pour faire en sorte d'aborder la question la plus pressante en premier, ou, si les tribunaux avaient pris des décisions ayant des répercussions sur plusieurs lois, on aurait pu accueillir favorablement un projet de loi omnibus qui aurait apporté la même modification à une foule de lois d'un seul coup, et la Chambre l'a déjà fait.
Ce qui est tellement déconcertant avec ce projet de loi d'exécution du budget, c'est que le gouvernement n'avait aucune raison de se montrer si pressé. Comme bien des observateurs et des experts l'ont fait remarquer, il n'y avait pas de thème cohérent ou convaincant dans les propositions omnibus du projet de loi. Franchement, celui-ci aurait bénéficié d'une étude plus approfondie, et comme on le constate en marge de l'actuel scandale du boeuf contaminé, les dispositions concernant les inspections alimentaires auraient mérité un examen plus sérieux.
Il reste de nombreux enjeux dans le projet de loi d'exécution du budget, le moindre n'étant pas la divulgation des coûts et un recours en justice encore possible de la part du directeur parlementaire du budget au sujet du manque d'ouverture et de transparence du gouvernement quant à l'ampleur des compressions budgétaires proposées et de leurs répercussions financières.
En ce qui a trait à la mesure omnibus sur le crime, le projet de loi , le problème d'une mesure omnibus est illustré de manière tout aussi convaincante. Alors que les mêmes critiques générales s'appliquent dans ce contexte, notamment à l'endroit de ce que Richard Poplak appelle dans un article du Globe and Mail « une maladie chinoise... qui évacue la démocratie », et dont les Canadiens font de plus en plus les frais, je vous renvoie à une étude de cas de l'échec omnibus du gouvernement: les modifications à la Loi sur la justice pour les victimes d'actes de terrorisme.
La Loi sur la justice pour les victimes d’actes de terrorisme, l'une des neuf mesures législatives visées par le projet de loi , est passée pratiquement inaperçue. Or, cette mesure historique permettait, pour la première fois, aux Canadiens victimes d'actes terroristes de poursuivre les auteurs de ces actes devant les tribunaux du pays.
Ayant déjà présenté un projet de loi similaire au cours d'une session précédente, j'étais favorable aux principes de la Loi sur la justice pour les victimes d’actes de terrorisme. Toutefois, le projet de loi présenté par le gouvernement nécessitait des améliorations, ce que ce dernier refusait d'accepter. J'ai donc proposé une série d'amendements au comité législatif, expliquant que je ne cherchais qu'à renforcer le projet de loi du gouvernement. Les conservateurs ont sommairement rejeté mes amendements de même que tous les autres amendements proposés par l'opposition. Mes 50 propositions d'amendement au projet de loi ont été rejetées de manière expéditive, sans débat ni étude. On m'a même accusé de faire de l'obstruction et de vouloir retarder le processus juste parce que j'avais suggéré ces changements. À la réunion suivante, le gouvernement a décidé de mettre complètement fin au débat, ce qui constitue un abus flagrant des processus parlementaires et législatifs.
Je ne nie pas qu'un gouvernement majoritaire soit habilité, sur le plan de la procédure, à utiliser sa majorité comme il l'entend. Mais faire fi de l'opposition est dangereux. En l'occurrence, le gouvernement a fini par voir le bien-fondé de mes amendements, et il les a repris à son compte. Ainsi, les amendements ont été apportés sur le tard, ce qui a risqué de compromettre l'amélioration du projet de loi et le résultat.
En clair, il faut examiner les projets de loi en fonction de leurs mérites. Or, nous avons conclu que ce projet de loi omnibus des conservateurs allait entraîner une hausse de la criminalité, une détérioration de la justice et une augmentation des coûts et que les délinquants seraient privés de possibilités de réadaptation, que les victimes seraient moins bien protégées et que les citoyens seraient moins en sécurité. Tranquillement, nous voyons les effets que nous avions prévus à l'époque. Des problèmes de surpopulation dans les prisons surgissent et certaines dispositions, comme celles sur les peines minimales obligatoires, risquent d'être invalidées par les tribunaux. Je pourrais continuer.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de pouvoir intervenir au sujet de la motion du député. J'aimerais cependant, tout d'abord, faire remarquer aux députés d'en face que l'économie demeure la grande priorité de notre gouvernement conservateur.
Puisque la reprise économique demeure précaire, nous demeurons déterminés à offrir l'environnement propice à l'investissement commercial nécessaire pour créer un plus grand nombre d'emplois bien rémunérés et améliorer la qualité de vie des Canadiens. Étrangement, l'une des meilleures façons d'y arriver est d'adopter les mesures auxquelles s'opposent les députés d'en face, nommément des réductions d'impôt donnant aux créateurs d'emplois les moyens d'embaucher un plus grand nombre de travailleurs, et c'est précisément ce qu'a fait le gouvernement. N'ayez crainte: notre gouvernement conservateur comprend que c'est en réduisant l'impôt qu'on stimule la création d'emplois et que c'est en élargissant les marchés pour les entreprises canadiennes qu'on contribue à la croissance économique.
Le fait est que notre bilan économique est solide; les Canadiens peuvent s'y fier à un moment où nous sommes à nouveau secoués par les perturbations économiques venant d'ailleurs. En bref, grâce aux décisions financières et économiques prudentes que nous avons faites avant la récession, la situation économique et financière du Canada est plus favorable que dans la plupart des autres pays développés.
Confronté à une crise mondiale sans précédent, notre gouvernement a présenté le Plan d'action économique du Canada, qui a stimulé notre économie, protégé les emplois durant la récession et assuré des investissements favorables à la croissance à long terme. Il a produit des résultats positifs reconnus de toutes parts. Par exemple, le bilan du Canada en matière de création d'emplois et de croissance économique est parmi les meilleurs des pays du G7. Nous voudrions que les choses aillent encore mieux, mais il convient néanmoins de signaler que nous avons compensé largement toute la production et tous les emplois perdus au cours de la récession.
Depuis juillet 2009, plus de 820 000 nouveaux emplois ont été créés, net, ce qui constitue la plus forte croissance, de loin, parmi les pays du G7. Dans ma circonscription, Kamloops—Thompson—Cariboo, le taux de chômage a nettement chuté. Pratiquement tous les nouveaux emplois créés sont à temps plein. Mais ce n'est pas tout. Pour la cinquième année de suite, le système bancaire canadien est considéré comme le plus solide au monde, comme l'a confirmé il y a trois semaines le Forum économique mondial. La revue Forbes a accordé au Canada la première place dans sa revue annuelle des meilleurs pays pour les affaires.
Cinq institutions financières canadiennes ont été inscrites sur la liste Bloomberg des banques les plus solides au monde; c'est plus que dans n'importe quel autre pays. Trois agences de cotation, Moody's, Fitch et Standard and Poor's, ont récemment accordé une fois de plus la cote de crédit AAA au Canada, c'est-à-dire la plus haute cote qui soit. De surcroît, l'émission d'obligations d'une valeur de 3 milliards de dollars américains que nous avons effectuée plus tôt cette année a joui d'une forte souscription, si bien que cela a mené le magazine EuroWeek à conclure que le fait que le Canada soit
en mesure de réaliser cette transaction confirme son statut de véritable alternative au plan du Trésor américain et de détenteur de l’une des cotes de crédit les meilleures au monde.
Manifestement, les assises financières du Canada sont solides, et cela ne passe pas inaperçu. D'ailleurs, la chancelière allemande Angela Merkel fait l'éloge du bilan économique du Canada, déclarant:
La grande discipline budgétaire du Canada et le choix qu'il a fait de mettre fortement l'accent sur la croissance pour traverser la crise, au lieu de vivre sur de l'argent emprunté, illustrent bien la manière dont on s'attaque aux problèmes de l'autre côté de l'Atlantique [...] La solution canadienne pourrait aussi s'appliquer à l'Europe.
Bien que les réussites du Canada sur le plan économique soient encourageantes, le gouvernement sait pertinemment que ce n'est pas le moment de se reposer sur ses lauriers. Des risques à l'étranger pourraient avoir une incidence sur nos perspectives économiques, notamment la crise européenne et le ralentissement du redressement de l'économie américaine.
J'aimerais attirer l'attention de tous sur la crise souveraine et bancaire qui perdure en Europe. Comme l'a souligné le , « les risques pour l’économie mondiale provenant de la zone euro demeurent considérables et pourraient nous affecter tous ».
Dans la zone euro, le PIB réel a reculé au quatrième trimestre de 2011, n'a pratiquement pas bougé au premier trimestre de 2012, puis a reculé encore au deuxième trimestre de 2012. En outre, les indicateurs actuels montrent peu d'amélioration, ce qui laisse présager qu'il y a peu de chances que l'économie de la zone euro connaisse une reprise marquée dans un avenir rapproché.
De nombreux pays redoutent les conséquences de la crise de la zone euro sur leur propre économie, même si un océan les en sépare. Nous sommes tous évidemment préoccupés par la situation là-bas, mais les chefs d'États européens doivent régler leurs problèmes économiques eux-mêmes.
La Banque centrale européenne a récemment annoncé qu'elle soutiendrait les obligations des États européens, ce qui est un pas dans la bonne direction. Toutefois, comme le l'a indiqué, nous attendons toujours que cette annonce se concrétise.
L'économie mondiale est également sérieusement menacée par les défis financiers à long terme auxquels sont confrontés les États-Unis. Il y a aussi une dynamique à court terme. Sans une entente politique, des hausses d'impôts et des réductions des dépenses représentant environ 4 % du PIB des États-Unis doivent entrer en vigueur au début de 2013. On a qualifié ces mesures de « précipice budgétaire ». Les États-Unis doivent réduire leur déficit financier à long terme. C'est évident. Toutefois, ils doivent aussi assurer, à court terme, la certitude qui amènera les marchés et les investisseurs à miser sur une croissance économique ininterrompue.
Fait intéressant, ce sont des Américains qui prétendent que leur pays devrait se fonder sur les politiques canadiennes pour améliorer leur propre situation économique. En effet, pas plus tard que l'an dernier, les membres du Comité des finances se sont rendus aux États-Unis pour y rencontrer des membres du Congrès et des sénateurs. À chaque rencontre, on nous a dit à quel point on appréciait nos politiques et que nous avions de la chance de venir du Canada.
Il y a un mois à peine, nous avons reçu des éloges de la part de nos amis américains lorsque Tom Donohue, pdg de la Chambre de commerce des États-Unis, a dit ceci:
Nous avons un bon exemple des avantages conférés par de bonnes politiques tout près de chez nous — au Canada. Pourquoi nos voisins du Nord se sont-ils remis de la récession mondiale plus rapidement et s'en sont-ils sortis plus vigoureux que la quasi totalité des autres grandes économies? Grâce à une série de bonnes décisions politiques.
[...] Le Canada a transformé son économie alors que d'autres pays continuent d'éprouver des difficultés [...] Sa croissance est supérieure à celle de la plupart de ses concurrents. Il a récupéré tous les emplois perdus durant la récession [...]
Tirons une leçon de nos voisins du Nord et attaquons-nous dès maintenant aux questions prioritaires.
Quelle merveilleuse déclaration de la part de nos voisins américains.
Le gouvernement conservateur comprend le genre de politiques économiques dont le Canada aura besoin pour affronter la tempête qui fait rage par-delà nos frontières. Où trouver de meilleurs exemples de politiques permettant de créer des emplois, de stimuler la croissance économique et d'assurer la prospérité à long terme du Canada que dans le Plan d'action économique de 2012?
Nos principaux partenaires commerciaux, les États-Unis et l'Europe, traversent une période prolongée d'incertitude économique. Nous savons que cela va exercer une pression à la baisse sur la croissance économique du Canada. Nous ne pourrons pas compter sur ces partenaires commerciaux autant qu'avant. Nous devons développer de nouveaux marchés et créer des débouchés dans des régions du monde dynamiques afin de maintenir la hausse de notre niveau de vie.
Le gouvernement est déterminé à accroître les exportations du Canada et à créer les conditions nécessaires pour que les entreprises canadiennes puissent soutenir la concurrence sur les marchés mondiaux. Il est essentiel d'accroître les exportations pour assurer notre croissance future. Le gouvernement croit qu'un programme de croissance durable nécessite des réformes structurelles, y compris la libéralisation des échanges commerciaux, afin de permettre aux entreprises canadiennes et à leurs travailleurs d'être tout à fait compétitifs sur la scène mondiale.
Le gouvernement a déjà fait du Canada l'une des économies les plus ouvertes et les plus actives dans le monde. En six ans, nous avons conclu des accords commerciaux avec neuf pays et nous négocions avec de nombreux autres pays. Nous avons également conclu des accords de promotion et de protection de l'investissement étranger avec 11 pays, et nous négocions activement avec 14 autres pays. Nous sommes persuadés que nos négociations avec l'Union européenne aboutiront bientôt à un ambitieux accord de libre-échange qui favorisera l'augmentation des exportations canadiennes vers l'Europe. Récemment, le a rencontré la chancelière allemande, Angela Merkel, à Ottawa pour renforcer le dialogue sur cette initiative clé.
Mais cela ne s'arrête pas là. En plus de s'être engagé à accroître les exportations canadiennes, le gouvernement offre des mesures continues d'allégement tarifaire visant à accroître la compétitivité des fabricants et des importateurs canadiens. Au total, le gouvernement a exempté plus de 1 800 articles des droits tarifaires et a offert plus de 435 millions de dollars en allègement tarifaire annuel aux entreprises canadiennes. Le Canada est ainsi devenu la première zone libre de droits de douane pour l'industrie manufacturière dans le G20
Le gouvernement continue de créer les conditions propices pour permettre aux Canadiens et aux entreprises canadiennes d'investir, de créer des emplois, de participer au marché international et de contribuer à notre croissance économique en toute confiance.
En fait, la semaine dernière, le a annoncé une nouvelle exonération des droits de douane qui sera accordée aux manufacturiers canadiens dans le but de favoriser la création d'emplois et la croissance économique et d'accroître leur compétitivité dans les marchés canadiens et étrangers.
J'aimerais insister sur ce point. Le commerce a toujours été un puissant moteur de l'économie canadienne, qu'il a réussi à faire progresser même pendant des périodes difficiles. Cela démontre que notre gouvernement est résolu, comme le montre notre bilan.
Malheureusement, les partis représentés à la Chambre ne sont pas tous de cet avis. Si le NPD pouvait agir à sa guise, nous savons que ses politiques protectionnistes affaibliraient l'économie. Le NPD s'est opposé à presque tous les accords commerciaux qui ont été présentés à la Chambre. Et quand le Parti libéral était au pouvoir, il a laissé le dossier du commerce s'empoussiérer. Heureusement, les conservateurs agissent.
Il est d'une grande importance pour l'emploi et la croissance que le Canada renforce les liens en matière de commerce et d'investissements qu'il entretient avec des marchés d'exportation importants et en pleine croissance à l'échelle internationale. Au cours des dernières années, le gouvernement a augmenté considérablement les liens commerciaux entre le Canada et la région de l'Asie-Pacifique de manière à générer des emplois et des retombées économiques. Le Canada bénéficie de grandes possibilités dans cette région dynamique, qui affiche un taux de croissance de deux à trois fois supérieur à la moyenne internationale.
On prévoit que, d'ici 2040, la Chine et l'Inde figureront respectivement au deuxième et au quatrième rang parmi les marchés d'exportation des produits canadiens; la Corée du Sud et le Japon figureront aussi dans la liste de nos 10 principaux marchés d'exportation. Voilà pourquoi nous menons toute une gamme d'initiatives commerciales avec l'Asie.
Regardons par exemple le partenariat transpacifique. Les membres actuels de ce partenariat représentent un marché de 510 millions de personnes et un PIB de 17,6 billions de dollars.
Lors du sommet du G20 qui s'est tenu à Los Cabos, au Mexique, les membres du partenariat transpacifique ont annoncé qu'ils étaient prêts à accueillir le Canada, ce qui représente une occasion extraordinaire pour notre pays.
Ce n'est toutefois pas la seule initiative commerciale qui touche cette région. Outre le partenariat transpacifique, le Canada mène d'autres initiatives semblables. Il continue notamment ses négociations commerciales avec le Japon et poursuit les discussions préliminaires qui pourront mener à des négociations commerciales avec la Thaïlande.
Le gouvernement continue de prendre des mesures afin d'accroître les exportations canadiennes vers la Chine. La Chine est notre deuxième partenaire commercial bilatéral après les États-Unis, et ces échanges commerciaux bilatéraux connaissent une croissance rapide. Les exportations canadiennes vers la Chine ont grimpé de 27 % et le commerce bilatéral entre les deux pays a atteint 65 milliards de dollars, ce qui représente 7,3 % du commerce canadien.
Pour revenir à l'échelle locale, regardons l'industrie forestière de la Colombie-Britannique. L'augmentation des exportations vers la Chine a joué un rôle absolument essentiel dans la survie de cette industrie.
Plus précisément, de 2006 à 2011, la valeur de nos exportations vers la Chine a bondi de 115 %, passant de 7,8 à 16,8 milliards de dollars. Au cours de la même période, la valeur des importations de la Chine vers le Canada sont passées de 34,5 à 48,2 milliards de dollars, une hausse de 40 %.
Le Canada dispose aux quatre coins de la Chine d'un solide réseau de délégués commerciaux qui peuvent aider les entreprises canadiennes à tirer profit du potentiel qu'offre le marché chinois, à trouver des personnes ressources qualifiées et à résoudre tout problème qui pourrait survenir en cours de route. Le réseau a pris de l'expansion en 2009, lorsque le Canada a ouvert six bureaux commerciaux régionaux afin d'étendre sa présence aux villes secondaires, qui sont devenues les moteurs de la croissance économique de la Chine. Les entreprises d'ici peuvent maintenant compter sur l'aide de 11 bureaux commerciaux canadiens là-bas.
Dans le but d'assurer une meilleure protection aux entreprises canadiennes en Chine, nous avons signé, au début du mois, l'Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers entre le Canada et la Chine, une entente historique qui instaure un cadre plus stable et plus sûr pour nos entreprises qui font des affaires là-bas.
On m'accorderait 20 minutes de plus que je pourrais énumérer toutes les initiatives contenues dans le Plan d'action économique de notre gouvernement pour renforcer la compétitivité de nos entreprises dans des domaines aussi variés que l'exploitation des ressources, la réforme de l'immigration et la réduction du fardeau administratif. De toute évidence, lorsqu'il est question de faire croître l'économie de manière à assurer un avenir meilleur aux Canadiens et à leur famille, c'est notre parti qui sait le mieux comment y parvenir. Pourquoi? Parce que, contrairement aux libéraux, notre gouvernement s'est doté d'un plan favorisant l'emploi et la croissance, et qu'il le respecte.
J'exhorte mes collègues d'en face à cesser de voter contre un plan qui créerait des emplois, ferait croître notre économie et assurerait la prospérité à long terme du Canada. Notre gouvernement établit les conditions idéales pour permettre aux entreprises canadiennes de s'illustrer à l'étranger. Nous ferons tout en notre pouvoir pour garder le Canada fort et prospère malgré une économie vacillante et incertaine. Les libéraux voudront peut-être se rallier à nous pour une fois.
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Monsieur le Président, le moment est bien choisi pour discuter de ce sujet et ce, pour plusieurs raisons. Je vais partager mon temps de parole avec le député de .
La députée qui vient d'intervenir a défendu le projet de loi omnibus en disant qu'il nous fallait un plan détaillé. Toutefois, si détaillé soit-il, il n'en est pas moins stupide. Qu'on y trouve plein de choses ou non, il est comme je viens de le qualifier.
Nous parlons aujourd'hui de projets de loi omnibus qui font en réalité peu de cas de ce que nous tentons de faire à la Chambre. Nous tentons de tenir un débat approfondi et d'obtenir des réponses à des questions que nous nous posons relativement à des cas particuliers, que ces questions portent sur l'environnement ou les finances et la fiscalité.
Dernièrement, il a été difficile d'avoir à la Chambre un débat au cours duquel les députés n'étaient pas entièrement plongés dans leurs notes. Ils reprennent les mots que leur suggèrent des gens qui n'ont pas été élus. Sans vouloir les offenser, ne recueillons-nous pas suffisamment d'information lorsque nous allons dans nos circonscriptions pour pouvoir communiquer à la Chambre et au reste du pays l'opinion de nos électeurs? Ne pouvons-nous pas venir à la Chambre et y expliquer sans façon ce qui se passe dans nos circonscriptions et de quelle façon nous sommes touchés par les lois d'exécution du budget?
Remontons en 2004, à l'époque de l'Accord atlantique. C'était une mesure décente qui traitait du partage des ressources entre le Canada et Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi que la Nouvelle-Écosse. Nous avions des négociations sérieuses sur la façon de partager les revenus.
Par exemple, j'ai toujours pensé que le principal bénéficiaire d'une ressource devrait être la population la plus proche de cette ressource. La part du lion des redevances du pétrole provenant des sables pétrolifères est versée à la couronne, en Alberta. Toutefois, en l'occurrence, comme il s'agissait de ressources extracôtières relevant de la compétence du gouvernement fédéral, il fallait faire quelque chose.
Pourquoi les citoyens de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse ne peuvent-ils pas être les principaux bénéficiaires de la richesse au large de leurs côtes? C'est leur territoire de pêche depuis des siècles. S'il y a du pétrole sous les ressources halieutiques, il va de soi que ce sont eux qui devraient profiter de cette ressource également et en assumer la responsabilité.
Dans le contexte d'un grand débat, une entente a été conclue entre les premiers ministres de l'époque, Danny Williams et John Hamm, de même qu'avec le premier ministre, le très honorable Paul Martin. Le marché conclu a dû faire l'objet d'une mesure législative qui a été intégrée dans un projet de loi d'exécution du budget. Et voilà le message.
À l'époque, les conservateurs, y compris le actuel, les ministres de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse, ainsi que les observateurs ont tous réagi avec véhémence en disant: « Comment osez-vous faire cela? Comment osez-vous prendre une entente aussi spéciale et l'intégrer dans une mesure générale d'exécution du budget? »
Maintenant, plusieurs années plus tard, non seulement nous retrouvons-nous avec une mesure législative spéciale, comme l'Accord atlantique, mais aussi avec un tas d'autres choses qui sont ajoutées au projet de loi d'exécution du budget, à tel point que les conservateurs renient maintenant tout ce qu'ils ont dit avant. Ils affirment maintenant que c'est différent, que la mesure est d'une toute autre nature. Dans les faits, leur discours est le suivant: « Nous avons maintenant les clés de la boutique; par conséquent, la boutique doit changer pour s'adapter à notre orientation. »
J'espère transmettre aujourd'hui aux conservateurs un message simple qui se résume à ceci: Quand vont-ils mettre en pratique ce qu'ils avaient l'habitude de prêcher?
Voyons maintenant ce qui s'est passé en 2006. Juste avant de prendre le pouvoir, les conservateurs ont déclaré que dans l'intérêt de Terre-Neuve-et-Labrador, pour que la province soit le principal bénéficiaire de ses propres ressources, ils adopteraient la ligne des 200 milles marins au large des côtes. Le gouvernement fédéral serait propriétaire des espèces à l'intérieur de cette zone et en assurerait la gestion. Tout ce qui se trouverait au-delà de cette ligne relèverait du domaine international, et il faudrait passer par les instances internationales pour résoudre les problèmes. Cependant, les conservateurs ont déclaré qu'ils allaient supprimer cette ligne et la repousser unilatéralement 200 milles plus loin. Qu'ont-ils fait en réalité?
Pour reprendre les mots de mon collègue d'Avalon: « Rien. Rien du tout. » Rien n'a été fait.
Voici ce qui s'est produit. Les conservateurs ont dit aux autres acteurs de la communauté internationale qu'ils avaient une entente de gestion axée sur la conservation. Peut-on imaginer une telle chose? Ils étaient censés repousser la limite. Non seulement ils ont rompu cette promesse, non seulement ils ont fait marche arrière, mais ils ont prétendu le contraire. Voilà le pire. Non contents de nous faire miroiter une possibilité qui n'allait pas se concrétiser, ils ont cru que nous étions assez stupides pour les croire. Ils pensaient que nous croyions qu'ils avaient agi. C'est le Cirque du Soleil de la politique. Toutes ces acrobaties et cette comédie, ce n'est même pas drôle. Les conservateurs étaient censés repousser unilatéralement la limite plus loin de la côte. lls n'ont rien fait. Nada.
Pour revenir à ce projet de loi omnibus, ils ont dit que tout ce que nous voulions accomplir pour le pays allait se retrouver là-dedans. Une seule petite pilule à avaler. Aucune mesure n'a été débattue. Étant donné que la plupart des députés débitent les notes d'allocution préparées pour eux, on peut comprendre ce qu'ils essaient de faire avec les projets de loi omnibus, car ils répètent les mêmes choses. Tout ce qui ne va pas avec les gens d'en face est résumé dans des notes d'allocution qui portent sur des mesures que le gouvernement n'était même pas censé prendre, des mesures qui n'ont jamais été annoncées. Combien de fois un ministériel lit-il exactement le même discours qu'un autre?
Il existe une théorie selon laquelle si on convainc 100 singes de faire la même chose, le reste de la société en viendra à penser que ces singes ont raison. L'analogie est parfaite: si on répète des propos suffisamment longtemps, quelqu'un pourrait en arriver à les croire. Le problème, c'est que les conservateurs s'imaginent que les autres vont y croire. Dire que c'est un raisonnement risible serait un gros euphémisme. Quand font-ils ce qu'ils prêchaient? C'est le noeud du problème. C'est pour cela que nous avons mis la citation dans la motion.
Je vous demande encore un peu de patience. Voici ma citation préférée. Le 25 mars 1994, le a critiqué un projet de loi omnibus, en laissant entendre que son contenu était tellement hétéroclite que, pour se prononcer par un seul vote, les députés devraient transiger avec leurs principes. Je félicite le Parti conservateur du Canada. Il a entièrement renié ses principes à cet égard, pourtant, il fait comme si ce n'était pas le cas. Quand passera-t-il de la parole aux actes? Voilà le but ultime.
Je demanderais humblement à la Chambre ce qu'il y a de mal à scinder un projet de loi? Les spécialistes, les personnes qui étudient les textes de loi, ont dit qu'il faudrait scinder le projet de loi pour examiner ses mesures isolément, et, plus précisément, que les mesures environnementales du projet de loi omnibus méritent de faire l'objet d'un débat et d'être examinées par un comité distinct. Lorsque le gouvernement conservateur est arrivé au pouvoir, il a créé un sous-comité uniquement sur l'environnement. Puis, tout de go, il a amalgamé la question de l'environnement à tous les autres dossiers en cours.
Je vais vous en apprendre une bonne. Les conservateurs vont se pencher sur les pensions des députés; ils devraient le faire. Toutefois, peut-être envisageront-ils aussi un dégel de nos salaires. Que de désagréments en perspective. Qu'ils gèlent les salaires. C'est exact, qu'ils les gèlent et qu'ils envisagent de nous faire cotiser davantage. S'ils en avaient le courage, ils retireraient cette mesure du projet de loi et annonceraient le gel de nos salaires et l'examen des pensions des députés. Ainsi, ils pourraient dire que nous aussi, comme tous les autres Canadiens à l'heure actuelle, nous aurons à faire des sacrifices. Toutefois, les députés d'arrière-ban ne souhaitent pas cela.