propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je suis très heureux d'ouvrir le débat à la Chambre sur le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les musées afin de constituer le Musée canadien de l'histoire.
Ce projet de loi changera le nom et le mandat du Musée canadien des civilisations, une institution dont l’histoire remarquable est une source de fierté en soi. Ses origines remontent à 1856. À cette époque, il était connu sous le nom de Commission géologique du Canada. En 1968, le gouvernement a modifié son mandat, et le musée est devenu le Musée national de l’homme. En 1986, le musée a pris le nom de Musée canadien des civilisations et a emménagé dans son nouvel édifice au bord de la rivière des Outaouais.
Ce musée est le plus imposant des musées du Canada. Il est le plus grand par sa taille, avec plus d’un million de pieds carrés, et par le nombre de visiteurs qu’il accueille chaque année. Au cours des deux dernières années, il a reçu en moyenne 1,3 million de visiteurs par année. Le musée reçoit la part du lion du budget du gouvernement réservé aux musées, et c’est un des musées qui possède le plus haut niveau de revenus autonomes.
Bien que le Musée canadien des civilisations soit le plus connu de nos musées nationaux, il n’est pas le seul musée du Canada. En fait, nous comptons environ 2 500 musées dans les diverses collectivités du pays. Certains sont très importants, d’autres plutôt modestes, mais tous ces musées racontent l'histoire de notre pays. Ils la racontent de façons différentes et à des endroits différents. Et ils la racontent d'une manière qui est propre aux localités où ils se trouvent.
Par exemple, dans la petite municipalité de Midway, en Colombie-Britannique, il y a une vaste exposition sur l’internement des personnes d’origine japonaise durant la Seconde Guerre mondiale. Des Canadiens d’origine japonaise de la région ont rassemblé des documents pour créer une exposition sur le sort douloureux qu'a connu leur communauté, au sud de l’Okanagan, pendant la Seconde Guerre mondiale. On trouve d’innombrables expositions de ce genre dans les nombreux musées un peu partout au pays.
[Français]
Ce musée décrit notre histoire, c'est-à-dire l'histoire du Canada. Le Canada n'a pas de musée national qui relie tous les musées et dont la mission est de présenter le récit complet de notre histoire, de l'histoire du Canada.
[Traduction]
Géographiquement, le Canada est le deuxième plus grand pays au monde, mais il n’est qu’au 34e rang pour ce qui est de la population. Par conséquent, qu'est-ce qui nous unit en tant que Canadiens? Qu'est-ce qui nous unit en tant que peuple? Ce sont nos langues, notre culture, nos arts et notre capacité d'échanger nos récits et de comprendre notre histoire commune. Un musée consacré à notre histoire nous permettra de mettre l’accent sur les gens, les lieux et les réalisations qui rapprochent tous les Canadiens
[Français]
Nous entamons le compte à rebours vers le 150e anniversaire du Canada, qui aura lieu en 2017. La période qui précède les fêtes du 150e anniversaire nous offre une occasion sans précédent de célébrer notre histoire et les réalisations qui nous définissent en tant que Canadiens.
Nos récits sont riches, nombreux et méritent d'être racontés, qu'il s'agisse de l'arrivée de Samuel de Champlain sur nos rives ou du dernier tronçon qui a marqué la fin de la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique reliant notre pays d'un océan à l'autre.
[Traduction]
De Terry Fox, dont le Marathon de l’espoir incite encore aujourd’hui des millions de Canadiens à recueillir de l'argent et à lutter contre le cancer, jusqu’à Maurice « Rocket » Richard, en passant par James Naismith, l'inventeur du basket-ball, et nos brillants scientifiques, comme Frederick Banting et Charles Best: voilà quelques exemples de personnes, d’événements et de récits qui nous inspirent toujours et qu'il faut raconter sans cesse.
Le Canada a besoin d’une institution nationale qui racontera les récits du Canada et il le mérite. Le Canada a besoin d’une institution qui effectuera de la recherche de manière indépendante et qui explorera notre histoire. Le Canada a besoin d’une institution nationale qui célébrera nos réalisations et ce que nous avons accompli ensemble. Nos enfants doivent mieux connaître le passé du Canada. Voilà pourquoi le gouvernement a annoncé, l’an dernier, la création du Musée canadien de l’histoire.
Permettez-moi de vous lire le mandat que nous proposons dans le projet de loi et qui est au coeur du présent débat et du projet de loi à l'étude aujourd'hui. Le mandat du nouveau musée se lit comme suit:
Le Musée canadien de l’histoire a pour mission d’accroître la connaissance, la compréhension et le degré d’appréciation des Canadiens à l’égard d’événements, d’expériences, de personnes et d’objets qui incarnent l’histoire et l’identité canadiennes, qu’ils ont façonnées, ainsi que de les sensibiliser à l’histoire du monde et aux autres cultures.
Nous avons choisi de ne pas construire un nouveau musée national de a à z. C'est ce que nous sommes en train de faire à Winnipeg, avec le Musée canadien des droits de la personne. Nous avons également établi le Musée canadien de l'immigration du Quai 21, à Halifax, qui a été construit sur l'emplacement d'un musée existant.
Le nouveau Musée canadien de l'histoire prendra la place de l'actuel Musée canadien des civilisations.
[Français]
Nous avons choisi de profiter de la réputation et de la popularité de ce musée pour créer un musée qui mettra en valeur toutes les réalisations remarquables de notre pays.
Les États-Unis ont le musée Smithsonian et l'Allemagne a le Musée historique allemand.
[Traduction]
Permettez-moi d'expliquer les tenants et aboutissants importants de notre projet de transformation du musée.
Bientôt, le musée entreprendra la rénovation de plus de 50 000 pieds carrés d'espace public, soit près de la moitié de ses salles d'exposition permanente et temporaire. Parmi les parties du musée qui resteront intactes, il y a le très populaire Musée des enfants, la salle des Premiers Peuples et le cinéma Imax. Un investissement unique de 25 millions de dollars permettra au musée de réaliser cette transformation.
Je tiens à souligner que les derniers travaux de modernisation du Musée canadien des civilisations, situé à Gatineau, ont été réalisés il y a plus de 20 ans. En fait, dans la salle du Canada, où l'on retrace l'histoire du Canada, on ne parle pas des peuples autochtones. Ce musée doit être modernisé et amélioré et c'est ce que nous proposons de faire.
Le musée affectera également une partie de son budget interne à ce projet et lancera une campagne de financement visant à recueillir 5 millions de dollars. On m'a informé que la campagne de financement est déjà en bonne voie et qu'elle remporte du succès. Cette somme provient du budget actuel du ministère du Patrimoine canadien et n'entraîne aucune nouvelle dépense pour les contribuables. Elle permettra au Musée canadien des civilisations d'entamer la transformation qui se terminera en 2017, à temps pour les célébrations du 150e anniversaire du Canada.
La transformation représente plus qu'un changement de nom, de mandat et d'expositions. Nous voulons faire en sorte que cette grande institution nationale, que nous avons la chance de visiter à Ottawa, ait une portée nationale et unisse les Canadiens. Pour ce faire, nous établissons des partenariats entre le nouveau Musée canadien de l'histoire et des musées du Canada qui ont le même mandat, mais à l'échelle locale. Ces musées locaux pourront devenir des partenaires officiels de ce nouveau grand musée national.
En fait, nous avons déjà signé notre premier protocole d'entente avec le Royal B.C. Museum de Victoria. En tant que partenaires, ces musées locaux auront accès aux quelque 3,5 millions d'articles que contient à l'heure actuelle la collection du Musée canadien des civilisations, qui deviendra bientôt le Musée canadien de l'histoire. Environ 90 % des articles sont entreposés à l'heure actuelle, car il n'existe aucun réseau qui assure leur exposition dans les divers musées du pays pour partager notre histoire. C'est un important pas en avant. Nous pourrons ainsi raconter notre histoire et les récits du Canada à tous les Canadiens.
Je suis très heureux de dire que, depuis que nous avons annoncé ce projet, il a reçu l'appui général des Canadiens, y compris un grand nombre d'historiens et de membres d'associations d'histoire partout au pays. Soit dit en passant, ces derniers ne sont pas souvent d'accord avec le gouvernement, mais ils conviennent qu'il est nécessaire de créer une infrastructure nationale pour enseigner l'histoire du Canada.
Je suis heureux de pouvoir compter sur le soutien de Douglas Cardinal, architecte du Musée canadien des civilisations et Canadien réputé pour ses réalisations. En apprenant que nous avions l'intention de créer ce musée, il a déclaré ceci: « Je suis ravi de voir le musée continuer à évoluer et à se développer, et de constater que les gens estiment encore qu'il s'agit d'un monument national pouvant rayonner et servir tout le Canada. »
Ce projet a été salué par des historiens canadiens et a reçu leur appui. Parmi ceux-ci, mentionnons l'historien et auteur primé Michael Bliss, qui a déclaré qu'il est très excitant de penser que le plus important musée canadien se consacrera désormais à l'histoire du Canada et il a remercié le gouvernement d'avoir lancé ce projet.
Jack Granatstein, qui, comme bon nombre de députés le savent, a écrit le classique intitulé Who Killed Canadian History? il y a quelques années, a déclaré ceci: « Cette mesure — la création du Musée canadien de l'histoire — est exactement ce qu'il fallait faire. Je suis ravi de voir le gouvernement et le musée aller de l'avant. »
Deborah Morrison, de la Société d’histoire nationale du Canada, a déclaré: « Le potentiel de ce musée à établir un réseau national pour mettre en valeur notre histoire est fascinant. Le moment est venu d’aller de l’avant. »
John McAvity, de l’Association des musées canadiens, a dit: « Rebaptiser le musée est essentiel. C’est une bonne nouvelle. Il donnera aux Canadiens un meilleur accès à leur patrimoine et à leur histoire. »
L’Institut Historica-Dominion a affirmé: « Nous accueillons la nouvelle de la création du Musée canadien de l’histoire avec enthousiasme. »
L’Association des musées de l’Ontario a dit: « Nous sommes heureux de ce projet qui permettra de renforcer les partenariats entre les musées de l'Ontario et du pays. »
Pour sa part, John English, ancien député libéral et biographe de Pierre Elliott Trudeau, a déclaré: « Mes félicitations pour ce projet du Musée canadien de l’histoire. »
Cela donnera un nouvel élan au musée.
[Français]
Marie Sénécal-Tremblay, de la Fédération canadienne des amis des musées, qui représente les bénévoles des petits musées partout au Canada, a déclaré qu'ils soutiennent ces changements à l'un des plus importants de nos musées nationaux.
[Traduction]
Je tiens aussi à signaler que je suis très heureux que ce projet de musée ait reçu l’appui des maires de Gatineau et d’Ottawa, Marc Bureau et Jim Watson. Les deux sont d'avis qu'il s'agit d'une initiative importante pour la Région de la capitale nationale.
Nous avons aussi reçu le soutien de nombreux historiens, dont Réal Bélanger, Charlotte Gray, Anne Trépanier, Norm Christie, Yves Frenette, Bob Plamondon, Richard Gwyn, Jane Fullerton, Suzanne Sauvage et Brian Lee Crowley. Ces gens, qui ne sont pas nécessairement des conservateurs, comprennent que, dans des cas comme celui-ci, il faut concerter nos efforts, mettre la partisanerie de côté et soutenir la création d'institutions qui cimentent notre pays.
Je pense que l'éditorial du Toronto Star à ce sujet était très éloquent:
Nous sommes heureux que [le gouvernement] transforme le Musée canadien des civilisations et établisse le Musée canadien de l’histoire. L’histoire du Canada mérite d’être célébrée dans ce nouveau musée. [...] Nous voulons rendre l’histoire vivante, nous assurer de ne jamais oublier notre passé et célébrer nos héros.
En conclusion, je dirai que je comprends qu'il s'agit d'un sujet qui a suscité un grand débat au pays. Toutefois, nous savons tous que l’histoire du Canada est loin d’être éteinte. Elle vit tout autour de nous. Elle doit simplement être racontée.
Sur les 13 provinces et territoires canadiens, seulement quatre exigent que les élèves réussissent un cours d'histoire s'ils veulent obtenir leur diplôme d'études secondaires. C'est une statistique désolante, mais véridique. Bien entendu, il s'agit d'une compétence provinciale, mais cela ne diminue en rien l'importance que le gouvernement et le Parlement fédéraux doivent accorder à l'histoire. Nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour discuter de l'histoire du Canada et renforcer son enseignement en appuyant nos musées, en édifiant un grand musée national, en jetant des ponts entre tous nos musées et en collaborant dans le cadre de ce projet.
Par le passé, il est arrivé que les parlementaires travaillent de concert. Lorsqu'un précédent gouvernement libéral a décidé de créer le Musée canadien de la guerre, des gens ont rejeté le projet, disant qu'il était porteur de discorde, que c'était du gaspillage d'argent et que le moment était mal choisi. Mais le gouvernement libéral avait une vision et était convaincu que c'était la chose à faire. Aujourd'hui, le Musée canadien de la guerre compte parmi les meilleurs musées du monde, à l'instar des Invalides, à Paris, et de l'Imperial War Museum de Londres. C'est l'un des grands musées du monde.
Nous exhortons le Parlement à répéter ce qu'il a fait quand il a appuyé à l'unanimité la création du Musée canadien pour les droits de la personne, à Winnipeg. Nous avions alors conjugué nos efforts afin d'appuyer ce qui sera une grande institution canadienne. Le Parlement a également voté à l'unanimité en faveur de la création du Musée canadien de l'immigration du Quai 21, à Halifax. Cette merveilleuse institution accomplit de grandes choses pour le Canada.
J'ai géré ce dossier de la manière la plus apolitique possible. J'ai tendu la main à mes collègues du NPD et du Parti libéral, je leur ai fourni le texte du projet de loi et j'ai essayé de collaborer avec eux pour faire en sorte que ce projet se concrétise et que ce musée devienne un élément constructif du tissu social canadien. Nous avons déjà travaillé de concert lorsqu'il était question d'institutions. Voici un projet positif pour notre pays. J'espère que mes collègues se joindront à nous afin qu'il se réalise.
Dans quelques années, le Canada fêtera son 150e anniversaire. Nous méritons une grande institution nationale qui enseigne l'histoire canadienne, rapproche les Canadiens et favorise l'unité et la force du Canada. Je vous prie d'appuyer ce projet de loi.
:
Monsieur le Président, ce soir, plusieurs députés ont effectivement noté la profonde conviction du à l'égard du projet de loi. Malheureusement, c'est strictement parce qu'on n'a pas confiance que le projet de loi ne peut pas être adopté.
Aujourd'hui, j'aimerais porter à l'attention de la Chambre des contradictions fondamentales. Ces contradictions sont le propre d'un gouvernement qui veut créer un musée canadien de l'histoire et qui dit s'intéresser à l'histoire du pays et vouloir la célébrer pour la rendre plus connue du public.
Je vais avancer un constat inquiétant: ce gouvernement est celui qui a causé le plus de tort à la connaissance et à la compréhension de l'histoire canadienne de même qu'au milieu de recherche au sujet de toute notre histoire. Il aurait intérêt à écouter les historiens, les archéologues, les archivistes, les anthropologues et les ethnologues, soit les spécialistes de notre histoire.
Ce soir, je ne tire pas ce constat d'un chapeau, et je ne l'invente par plaisir lyrique. C'est un constat que j'ai fait en écoutant les experts de notre histoire, c'est-à-dire ceux qui nous permettent d'en savoir plus sur notre histoire. Ces experts creusent dans notre passé pour mieux le comprendre et nous permettre d'en faire autant.
Ces professionnels, chercheurs et experts nous disent, à mes collègues et à moi, que jamais leur milieu ne s'est plus mal porté et que le « haut les mains » budgétaire d'une ampleur jamais vue, parallèlement à l'ingérence constante et louche du gouvernement fédéral dans leurs affaires, dans leur profession et dans leur domaine de recherche, ternit irrémédiablement le travail et la recherche qui nous aident à mieux comprendre notre histoire.
En fait, c'est une contradiction fondamentale que l'on retrouve dans toutes les actions du gouvernement. Ce dernier se félicite de la création d'un musée de l'histoire, soi-disant pour améliorer la connaissance de l'histoire. Par contre, il s'attaque simultanément à toutes les institutions fédérales qui préservent, protègent et valorisent notre histoire depuis plus d'un siècle.
Par exemple, Parcs Canada se charge de maintenir 167 sites historiques nationaux, des lieux à préserver qui marquent notre histoire. Cette institution s'occupe des sites du patrimoine mondial du Canada. Elle a bénéficié du travail d'experts archéologiques pour déterrer les artéfacts du passé, les identifier et en expliquer leur pertinence dans notre passé. D'ailleurs, j'ai le plaisir de dire qu'une archéologue se trouve parmi nous aujourd'hui; il s'agit de la députée d'.
Parcs Canada a aussi bénéficié de conservateurs, car il existe bien des conservateurs qui s'intéressent à l'histoire pour de vrai. Cependant, je ne parle pas des gens du gouvernement. À l'inverse, je parle des conservateurs qui font de la conservation. Je demande pardon aux gens de la traduction d'avoir fait ce jeu de mot qui n'est pas traduisible.
Les conservateurs ont choisi de mettre à la porte plus de 80 % des archéologues et des conservateurs qui s'occupaient de nos sites historiques et qui étaient responsables de la préservation des précieux artéfacts découverts. Aujourd'hui, il ne resterait plus qu'une dizaine d'archéologues au service de Parcs Canada, et ce, sur toute la superficie du Canada et pour tous les parcs nationaux. Une dizaine d'archéologues pour tous les sites historiques nationaux et pour les sites du patrimoine mondial. Je rappelle qu'un site du patrimoine mondial dispose d'un statut précaire qui peut être retiré par l'UNESCO à tout moment.
Ce soir, le gouvernement ose nous dire qu'il souhaite promouvoir l'histoire alors qu'il abandonne des sites historiques fragiles partout au pays. C'est ce même gouvernement qui propose d'enlever les artéfacts gardés précieusement dans les installations régionales de Parcs Canada. Par exemple, à Québec, on garde un large patrimoine matériel datant de la Nouvelle-France. Le gouvernement se propose d'arracher ce patrimoine de son terroir pour venir l'entreposer à Ottawa.
Voilà ce que fait le gouvernement qui veut prétendument valoriser l'histoire et mieux la faire connaître.
[Traduction]
Les conservateurs disent que l'histoire les intéresse, mais ce qu'ils disent n'intéresse pas les Canadiens. Ils veulent savoir ce que fait le gouvernement. Les conservateurs aiment dire qu'ils s'intéressent à l'histoire, mais en réalité, ils continuent de détruire toutes les institutions publiques fédérales qui sont chargées de préserver notre histoire. Ils ont détruit non seulement Parcs Canada, qui a la responsabilité de protéger les 167 lieux historiques nationaux et les sites canadiens faisant partie du patrimoine mondial, mais également Bibliothèque et Archives Canada — nous le savons, et nous en avons entendu beaucoup à ce sujet la semaine dernière —, une institution qui, depuis 140 ans, préserve les documents des archives et de la bibliothèque nationales.
Le travail des experts de Bibliothèque et Archives Canada, archivistes, bibliothécaires professionnels et autres, est admiré dans le monde entier. Il y a quelques années, Bibliothèque et Archives Canada offrait un environnement stimulant pour la recherche en histoire canadienne. Certains d'entre nous se souviendront que, il y a seulement quelques années, on présentait toujours des expositions sur l'histoire canadienne accessibles au public au rez-de-chaussée de l'immeuble de Bibliothèque et Archives Canada.
Qui a fermé ces salles d'exposition? Ce sont les conservateurs.
Qui a imposé des compressions de plusieurs millions de dollars dans le domaine de la recherche et de la préservation de l'histoire canadienne? Ce sont les conservateurs.
Qui a mis à pied des centaines d'archivistes, de bibliothécaires, d'experts en numérisation, d'historiens et de professionnels à l'emploi de Bibliothèque et Archives Canada? C'est encore eux.
Qui a détruit des programmes comme le Programme national de développement des archives, qui aidait les petites collectivités de l'ensemble du pays à créer leurs propres archives locales, et qui permettait à Bibliothèque et Archives Canada de remplir une partie essentielle de son mandat? Ce sont eux.
[Français]
Qui a presque complètement arrêté les acquisitions de documents historiques et d'artefacts, faisant passer le budget des acquisitions à Bibliothèque et Archives Canada de 1 million de dollars à 12 000 $ par année? On a permis que des manuscrits irremplaçables, des témoins de notre histoire, nous filent entre les mains, se fassent racheter par des maisons d'encan et des requins spéculateurs et se fassent exporter vers des entrepôts glauques aux États-Unis. Qui est responsable de cette perte, de ce drainage culturel inestimable? Qui d'autres qu'eux, nos conservateurs?
Que personne n'ose nous dire, après ce carnage, que les conservateurs s'intéressent à l'histoire. Foutaise! Au contraire, la contradiction est claire et limpide. Ce qui intéresse les conservateurs, ce n'est pas du tout l'histoire du Canada, ce n'est pas du tout le travail derrière la recherche ardue et difficile que cela exige de s'expliquer notre histoire. Ce qui les intéresse, c'est le spectaculaire, le superficiel, c'est la vitrine avec les John Diefenbaker en cire, c'est le plaisir de pouvoir couper un ruban, c'est le tapis rouge un peu cheap avec du mousseux qu'on peut échapper dessus. Voilà ce qu'ils appellent soutenir et préserver l'histoire: du clinquant. C'est bien malheureux pour ceux qui en savent quelque chose, de l'histoire!
Je veux m'attarder quelques instants aux changements précis qui sont contenus dans le projet de loi . Le Musée canadien des civilisations est une institution qui existe, sous une forme ou une autre, depuis près de 150 ans. Ses collections existaient avant même la Confédération. Il bénéficie d'un mandat qui, depuis 30 ans, lui a permis de s'émanciper, de devenir réellement autant une institution reconnue mondialement qu'un moteur important pour la région de l'Outaouais, où il fournit d'ailleurs énormément d'emplois et attire un nombre important de visiteurs.
J'insiste pour lire les termes employés pour le mandat actuel du Musée canadien des civilisations. Cela vaut la peine de rappeler cette mission, qui a fait le succès du musée depuis des années.
Le Musée canadien des civilisations a pour mission d'accroître, dans l'ensemble du Canada et à l'étranger, l'intérêt, le respect et la compréhension critique de même que la connaissance et le degré d'appréciation par tous à l'égard des réalisations culturelles [j'insiste sur les réalisations culturelles] et des comportements de l'humanité, par la constitution, l'entretien et le développement aux fins de la recherche et pour la postérité, d'une collection d'objets à valeur historique ou culturelle principalement axée sur le Canada ainsi que par la présentation de ces réalisations et comportements, et des enseignements et de la compréhension qu'ils génèrent.
Le gouvernement conservateur, jamais enclin à intervenir quand c'est nécessaire mais toujours prêt à s'ingérer là où ce n'est pas du tout souhaitable, veut scraper cette formule — si je peux me permettre cette expression — et la remplacer par la mission suivante:
[...] accroître la connaissance, la compréhension et le degré d’appréciation des Canadiens à l’égard d’évènements, d’expériences, de personnes et d’objets qui incarnent l’histoire et l’identité canadiennes, qu’ils ont façonnées, ainsi que de les sensibiliser à l’histoire du monde et aux autres cultures.
Quelle différence remarque-t-on entre ces deux missions? D'abord, les mots « compréhension critique » — en anglais « critical understanding » — ont été éliminés. On reconnaît ici l'allergie du gouvernement au mot « critique »; quelle horreur! On constate que le musée n'aura plus du tout le mandat de partager avec le reste du monde le trésor, le savoir qu'il contient. Les mots oeuvrer « dans l'ensemble du Canada et à l'étranger » ont disparu. Désormais, le musée ne s'intéressera plus qu'au marché local.
Je devine que l'industrie touristique de l'Outaouais trouvera à redire là-dessus. Finies les réalisations culturelles et le comportement de l'humanité. Cela, c'était l'objet du musée, mais il semble que l'humanité ne nous intéresse plus. Le gouvernement veut que le musée traite précisément de l'histoire et de l'identité canadiennes, formule passablement réductrice.
Voici surtout ce qui nous alarme profondément: c'est l'élimination dans la mission du musée de l'obligation d'entretenir des collections et de faire de la recherche. Il faut rappeler ici que le Musée canadien des civilisations était, avant toute chose, un lieu de collections et de chercheurs. C'est une institution publique qui remonte à 1856. C'était d'abord un lieu où la Commission géologique du Canada pouvait présenter ses collections. C'est devenu un espace d'anthropologues, d'ethnologues, de géographes et de linguistes. En somme, la recherche et les collections, c'est toute l'histoire du musée.
Quand le gouvernement se permet de changer l'orientation du Musée canadien des civilisations sur un coup de tête, c'est plus de 150 ans de collections et de tradition de recherches qu'il met de côté. C'est la concrétisation de la contradiction fondamentale qui habite un gouvernement qui dit s'intéresser à l'histoire, mais qui, du même coup, écrase le travail d'experts que l'histoire elle-même exige.
À l'heure actuelle, au Musée canadien des civilisations, à Gatineau, plus de la moitié des ressources sont déjà affectées à l'histoire canadienne. C'est pourquoi nous nous interrogeons sur les intentions réelles du gouvernement. Ce n'est pas un chèque de 25 millions de dollars qui va nous émouvoir. Le gouvernement envoie au musée un chèque unique, utilisable une fois seulement, tout en le chargeant de casser et de reconstruire des expositions telles que la merveilleuse salle du Canada, dont la construction a pris 20 ans. C'est un projet de rénovation aux proportions énormes.
C'est pire lorsqu'on sait que 1 million de dollars ont déjà été engagés. Les seuls coûts administratifs du changement exigeront 500 000 $, ils ont déjà sapés pour 400 000 $ de tables rondes et de Post-it, sans compter le matériel promotionnel pour le nouveau musée, qu'on se permet de distribuer, malgré que le Parlement commence à peine à étudier le projet de loi.
La réalité est que le musée est contraint de licencier des employés tellement cette charge est lourde et les ressources limitées. Le musée supprimait 14 postes il y a deux semaines pour des raisons budgétaires. Cela risque de n'être que la pointe de l'iceberg, maintenant que le gouvernement cherche à réorienter le musée pour l'éloigner de ses obligations de recherche et de maintien des collections.
En réalité, le but de cette ingérence dans la réorientation du musée, c'est de s'improviser en muséologue. C'est que le gouvernement, peut-être malgré lui, prend partie dans les débats qui animent les milieux académique et universitaire sur l'histoire. C'est que le gouvernement, un peu naïvement d'ailleurs, s'immisce dans un débat académique en voulant renier l'approche de l'histoire sociale et matérielle par laquelle le Musée canadien des civilisations se démarque, particulièrement au moyen de sa présentation étonnante et spectaculaire de l'histoire du Canada par des expositions que le gouvernement propose aujourd'hui de démonter.
Le gouvernement propose une narration monolithique de notre histoire, linéaire, basée sur les récits de héros, de personnalités, de biographies, de monarques, de colonisateurs, de missionnaires, de dates et de monuments. Cette approche marginalise les histoires et les expériences des individus et des groupes qui ont, anonymement mais fondamentalement, construit l'histoire de notre pays.
Cette approche marginalise les phénomènes qui composent et sous-tendent l'histoire, des phénomènes qui ne se résument pas en une date ou une tête d'affiche ni dans un musée exposant seulement des héros et des champs de bataille. Cela donne l'impression que ce n'est pas un musée d'histoire que le gouvernement cherche à créer, mais plutôt un musée de cire.
En tant que néo-démocrates, nous proposons respectueusement au gouvernement de cesser de s'improviser en muséologue au Musée canadien des civilisations.
Comme les archivistes ont suggéré maintes fois au sulfureux et désastreux administrateur de Bibliothèque et Archives Canada, Daniel Caron, de cesser de s'improviser expert de la numérisation des archives — ce qu'il a fait dans nombre de conférences internationales alors qu'il n'était ni archiviste ni bibliothécaire —, nous demandons au gouvernement de cesser de chercher à faire le travail que les experts en la matière savent faire et feront mieux que lui.
[Traduction]
Les gouvernements ne devraient pas décider de ce qui se trouve dans nos musées. Ce principe semble assez évident. Apparemment, il y a quelques libertaires dans les rangs du gouvernement, mais ils se sont faits plutôt discrets en dépit des dépenses insouciantes du gouvernement. Cependant, ils seront peut-être d'accord avec moi pour dire que déterminer le contenu des musées est une tâche qui devrait être confiée à des experts et à des professionnels: des historiens, des archivistes, des ethnologues et des conservateurs, ainsi que des anthropologues et des gens qui mènent des recherches et qui travaillent fort pour nous aider à comprendre notre histoire. À titre de législateurs, le gouvernement et nous-mêmes n'avons aucun rôle à jouer dans le choix du contenu ou de l'orientation d'un musée national financé par l'État.
Je me fie à ce que le a dit lorsqu'il a annoncé au Comité du patrimoine canadien qu'il planifiait lui-même l'établissement de ce musée depuis mai 2011. Nous savons que ce ministre visite régulièrement le Musée des civilisations et le Musée canadien de la guerre. Manifestement, l'idée ne vient pas des ethnologues du Musée des civilisations. À l'évidence, aucun des conservateurs n'a soudainement décidé que le chandail de hockey de Maurice Richard manquait à ce musée. Il est clair que ce qui est arrivé, c'est que des instances supérieures ont décidé de s'amuser avec notre plus important musée national.
[Français]
C'est l'histoire d'un projet qui s'est fait tout à fait à l'envers. Plutôt que d'écouter les experts, les muséologues, les historiens et les professionnels, qui sont nombreux au Musée canadien des civilisations et ailleurs au Canada, plutôt que de consulter d'abord et d'agir ensuite, le gouvernement a choisi de faire les choses à sa manière et de faire le constat ensuite.
Selon les dires mêmes du ministre, dès mai 2011, il réfléchissait à un projet de réfection du Musée canadien de l'histoire. À l'écouter, on aurait pu croire qu'il construisait des modèles réduits du musée dans son sous-sol à l'insu de tous, peut-être même à l'insu du musée lui-même.
Et ce n'est qu'après avoir sondé les milieux que le musée a procédé à une consultation partout au Canada. Rappelons d'ailleurs que cela s'est fait dans des salles à moitié vides ou dans des centres commerciaux, entre le Wal-Mart et la quincaillerie, où des « magasineurs » étaient invités à poser des Post-it de couleur sur les images de Pierre-Elliott Trudeau ou de Roberta Bondar.
Ce ne sont pas des blagues. C'est vrai. On a demandé au ministre qui il avait consulté. Quel groupe d'intérêt, quelle association professionnelle et, surtout, quelle Première Nation et quelle délégation de Métis et d'Inuits avaient été consultés par lui ou le musée? La réponse du ministre n'en était pas une. À cette question, il nous a répondu qu'ils avaient procédé à des consultations, mais nous n'avons pas pu savoir qui ils avaient consulté. On n'a pas de réponse.
Ce manque de transparence s'est passé de ce côté-ci de la rivière, ici même, au Parlement.
Nous avons passé des mois au Comité permanent du patrimoine canadien à entendre parler du 150e anniversaire du Canada. Comment se fait-il qu'il n'a jamais été fait mention de ce projet de musée, alors qu'il était dans les cartes et en voie de préparation et alors qu'il nous est aujourd'hui présenté comme un projet pour fêter le 150e anniversaire de la Confédération?
L'opposition officielle demande au gouvernement de laisser les experts décider du contenu et de l'orientation du Musée canadien des civilisations, d'écouter et de consulter la population, ainsi que d'inviter et d'écouter les représentants de nombreuses professions dont le travail est d'enquêter et d'approfondir notre connaissance de l'histoire.
Nous observons aussi la mise en relief de cette volonté troublante, néfaste et douteuse d'un gouvernement qui cherche à intervenir, à s'ingérer obliquement dans l'histoire canadienne et à réécrire notre histoire.
Les conservateurs peuvent trouver efficace et avantageux, sur le plan électoral, d'effacer partout les traces des Casques bleus et de les remplacer par des Laura Secord qui courent dans les bois, mais ils n'ont pas le mandat de jouer avec l'histoire. Aucun parti n'a le mandat de réinterpréter et de manipuler l'histoire.
Nous demandons que notre histoire ne soit pas qu'une question de commémoration officielle choisie par le gouvernement, mais qu'elle soit un regard sur notre passé qui nous appartient à tous, qu'il s'agisse du reflet d'un parcours complexe et aux multiples facettes ou de l'histoire des Loyalistes noirs, des syndicalistes à Winnipeg au début du XXe siècle, des créateurs et des pionniers de l'Office national du film, de la Loi sur les mesures de guerre ou de la déportation des Acadiens.
Nous refusons cette volonté troublante, néfaste et douteuse d'un gouvernement qui cherche à intervenir et à s'ingérer encore une fois. Nous refusons l'ingérence du gouvernement dans l'histoire. C'est exactement ce que des centaines de milliers de Canadiens nous ont dit au cours des dernières semaines. En voyant le carnage qui se passait à Parcs Canada, à Bibliothèque et Archives Canada et, maintenant, au Musée canadien des civilisations, des milliers de citoyens ont signé et continuent de signer une pétition en ligne pour dire qu'ils en ont assez de l'ingérence et de la manipulation de l'histoire.
Nous demandons que le financement soit rétabli et que l'ingérence cesse dans les organismes fédéraux qui s'occupent de préserver et de protéger notre histoire. Ils le faisaient bien avant que les conservateurs ne s'intéressent à la question.
Ce soir, nous demandons aux conservateurs de faire la démonstration de leur intérêt pour l'histoire. Qu'ils fassent la preuve de leur passion pour le passé en cessant de brimer le travail des historiens et des experts de métiers divers qui contribuent à notre compréhension de l'histoire, et en cessant surtout de torpiller les institutions publiques qui valorisent et qui préservent notre histoire.
Je souhaite conclure en déposant l'amendement suivant:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit: la Chambre refuse de donner deuxième lecture au projet de loi C-49, Loi modifiant la Loi sur les musées afin de constituer le Musée canadien de l'histoire et apportant des modifications corrélatives à d'autres lois parce qu'il:
a) représente l'ingérence du gouvernement dans l'histoire canadienne et ses attaques contre la recherche et les institutions fédérales qui préservent et valorisent l'histoire, telles que Bibliothèque et Archives Canada et Parcs Canada;
b) transforme la mission du Musée canadien des civilisations, le musée le plus populaire au Canada, afin de donner un rôle secondaire aux expositions temporaires sur les cultures du monde alors que ce sont justement ces expositions qui en ont fait une force d'attraction touristique, économique et un moteur d'emploi pour la région de la capitale nationale;
c) élimine de la mission du Musée canadien des civilisations la recherche et le développement des collections, alors que le musée est un haut lieu de recherche à réputation internationale;
d) met de l'avant une orientation monolithique de l'histoire qui risque d'exclure l'expérience des femmes, des francophones, des Premières Nations, Inuits et Métis, ainsi que celle des groupes marginalisés;
e) a été élaboré dans le plus grand secret et en l'absence de consultations substantielles avec les experts, les Premières Nations, les Inuits, les Métis, les Canadiens et les acteurs clés de la région;
f) s'attaque à une formule gagnante aux frais des contribuables canadiens;
g) ne propose aucune mesure pour renforcer l'autonomie du musée et ouvre ainsi la porte à une potentielle ingérence du ministre et du gouvernement dans la détermination du contenu des expositions du musée alors que cela devrait être laissé aux experts.
J'en profite pour dire que cet amendement est appuyé par la députée d'.
:
Monsieur le Président, je tiens à remercier le député de la circonscription de pour son intervention courtoise.
Je disais donc que mon collègue de Stratford, qui a été président du Comité du patrimoine canadien pendant un bon bout de temps, a parlé avec éloquence des musées et de leur raison d'être. Je suis content qu'il soit à la Chambre ce soir, car il me semble qu'il a souvent dit que les musées sont importants pour faire connaître l'histoire — qu'il s'agisse de Stratford, de Bunyan's Cove, de Gander, de Vancouver ou d'Ottawa —, ce qui se rapporte directement à ce dont il est question aujourd'hui. Voilà de loin l'aspect le plus important de notre discussion sur l'histoire.
Notre histoire est le miroir de notre identité canadienne. Le ministre, le porte-parole de l'opposition officielle et moi-même intervenons souvent à la Chambre pour parler du contexte dans lequel s'inscrira ce musée.
Je respecte au plus haut point le Musée canadien des civilisations et ce qu'il a accompli au fil des ans. Comme le député l'a dit tout à l'heure, le Musée canadien des civilisations était auparavant le Musée de l'homme. Il faut nous poser une question importante: faut-il passer à l'étape suivante et renommer ce musée le Musée canadien de l'histoire à l'occasion du 150e anniversaire du Canada, en 2017?
Il faut tenir compte de différents aspects. Premièrement, ce musée devrait-il créer des liens avec le reste du pays? Tout à fait. Il devrait faire siennes les valeurs qui caractérisent de nombreux endroits comme Stratford, le territoire du Yukon et toutes les petites villes du Québec.
[Français]
Les villes du Québec aussi. C'est très important pour tout le Canada. Ce n'est pas que pour une région de ce pays, c'est pour toutes les régions. C'est pour Terre-Neuve-et-Labrador et c'est aussi pour la Colombie-Britannique.
M. James Lunney: L'île de Vancouver.
M. Scott Simms: L'île de Vancouver. Je m'excuse.
[Traduction]
J'aimerais mentionner à mes collègues que, ce que nous avons entendu jusqu'ici pendant le débat et deux discours de fond, c'est qu'en tant que Canadiens, nous voulons illustrer l'histoire de notre pays d'une manière qui va au-delà de la narration. Nous avons tous applaudi, en 1980, quand Terry Fox a entrepris de traverser le Canada à la course. Il s'est rendu jusqu'à Thunder Bay. Tous les Canadiens avaient les larmes aux yeux quand ils ont vu Terry Fox, étendu sur une civière dans le Nord de l'Ontario, pleurer à chaudes larmes parce qu'il savait qu'il ne pourrait pas continuer. En fait, les Canadiens ont tous continué la course pour lui, du Nord de l'Ontario jusqu'en Colombie-Britannique.
Nous pouvons aussi être fiers de tout ce qui distingue notre pays, qu'il s'agisse des médailles d'or remportées aux Olympiques ou d'autres faits saillants qui ont marqué l'histoire du Canada, comme la guerre de 1812, que nous avons commémorée récemment. Ces célébrations nous ont rappelé beaucoup d'éléments que nous devrions examiner davantage.
Il y a une difficulté, toutefois: le débat revient toujours sur la pertinence de dépenser 35 millions de dollars pour ces célébrations. Cet argent a déjà été dépensé, c'est un fait accompli. Je ne sais pas si la somme dépensée était appropriée, mais l'événement méritait certainement d'être souligné. Il y a plusieurs facettes au débat sur l'histoire du Canada, ses faits saillants et ses monuments.
Pensons au gros orignal en bois de Goobies, à Terre-Neuve-et-Labrador, ou au cinq sous géant de Sudbury: il s'agit de symboles canadiens. Nous devons tenir compte de toutes les facettes du Canada, tant à l'échelle nationale que régionale.
L'une des expositions les plus populaires dans ma circonscription est présentée dans un musée de Botwood, à Terre-Neuve-et-Labrador. L'exposition est intitulée Snowmobile. On peut y voir de vieilles motoneiges datant des années 1960 et 1970. Je signale en passant que la plupart d'entre elles ont été fabriquées par Bombardier, une entreprise québécoise. Lorsque les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador regardent une vieille motoneige, ils y voient un emblème du Canada, et ce n'est pas seulement parce que leurs grands-parents ont conduit ces véhicules, il s'agit d'un symbole canadien. Ces motoneiges font partie de cette exposition parce que le conservateur du musée a estimé qu'elles méritaient d'être exposées.
Voilà ce sur quoi porte le débat, et je demande à mes collègues de collaborer dans cet important dossier. C'est la personne qui est responsable de l'exposition qui doit décider ce qui mérite d'être exposé parce qu'elle sait mieux que nous ce qui témoigne de l'histoire du Canada.
Qu'est-ce qu'un conservateur? Il ne s'agit pas seulement d'un titre ronflant que l'on donne à toute personne titulaire d'un diplôme d'un certain établissement d'enseignement. Le conservateur connaît l'histoire de notre pays et, plus important encore, il sait comment la présenter. Si nous disons à la nouvelle génération que le Musée canadiens des civilisations est un musée d’histoire nationale, comme il y en a ailleurs, notamment aux États-Unis et en Allemagne, nous devons alors nous assurer que les conservateurs et les experts savent exactement ce qui y sera présenté.
Au fond, je demande au gouvernement si c'est bien le cas. Avons-nous créé un musée complètement nouveau? Le ministre nous a expliqué, avec éloquence, comment l'histoire de notre pays doit être racontée. Par conséquent, faut-il demander aux hommes et aux femmes dont le travail est de se consacrer à l'histoire si c'est de cette façon que l'histoire doit être présentée?
Il n'est pas uniquement question de l'histoire de ce qui s'appelait autrefois le Dominion de Terre-Neuve. C'est vrai. Nous avions notre propre monnaie à Terre-Neuve-et-Labrador. Nous avons une encyclopédie. Nous avons même notre propre dictionnaire, bon sang, et il est intéressant à lire.
Ce que je veux dire, c'est que toutes les régions du pays présentent leur histoire de la façon qui leur convient le mieux. Je suis donc heureux d'apprendre que le Musée canadien de l’histoire établira un partenariat avec des musées de partout au pays afin d'organiser des expositions historiques. J'espère que le ministre est sincère quand il affirme que nous créerons un véritable partenariat. Il a parlé d'indemnisation. J'espère sincèrement, et je crois que ce qu'il me dit est vrai, que l'indemnisation dont il parle permettrait aux plus petits musées de participer à l'effort de narration dans lequel le Musée canadien de l’histoire est sur le point de se lancer.
Comment célébrons-nous les 150 ans d'un pays qui se classe au deuxième rang dans le monde pour ce qui est de la superficie? Le Canada couvre plusieurs millions d'hectares carrés, et il raconte son histoire d'une façon qui lui est toute particulière.
J'aime beaucoup CBC/Radio-Canada parce qu'elle raconte l'histoire de notre pays.
J'adore apprendre que certains des plus grandes orgues au monde situées dans certaines des plus magnifiques églises au monde ont été construites au Québec. Comment est-ce possible? C'est possible dans un pays comme le nôtre, mais il ne faut pas en parler uniquement au Québec. Il faut en parler partout au pays. Les habitants de la plus petite collectivité de Colombie-Britannique sont tout aussi fiers que ceux de la plus petite collectivité de Terre-Neuve-et-Labrador de la riche histoire du Québec, de l'héritage de la Nouvelle-France, où on est parvenu à construire certaines des plus belles églises et des plus grandes orgues au monde. Comment présenter tout cela? On présente cela lorsque, en tant que société, nous avons d'un océan à l'autre la même attitude et la même opinion qui nous indiquent que cela vaut la peine de le faire.
Certaines choses me chicotent. Une motion présentée au Comité du patrimoine visait l'étude des événements historiques de ce pays. Je suis d'accord. Pourquoi ne le ferait-on pas? Toutefois, la motion était prescriptive à l'excès.
Si on demandait aux députés ce qu'ils considèrent comme l'événement historique le plus marquant au pays, un événement qui définit ce qu'est le Canada, certains diraient qu'il s'agit de la guerre de 1812, d'autres de la série de hockey de 1972, et d'autres encore du moment où Terry Fox a décidé de mettre un terme à sa course et où nous avons décidé de la poursuivre pour lui.
Voilà. Nous nous définissons dans tous nos événements historiques, et nous nous fions aux experts dans le domaine. J'espère sincèrement que ce que le ministre nous a dit ce soir deviendra bientôt réalité. J'espère sincèrement qu'il sera disposé à amender cette mesure législative afin d'inclure un examen. Comment les institutions de ce pays, et certainement de cette ville, comment les institutions nationales, qu'il s'agisse du Musée canadien de la guerre ou du Musée canadien des civilisations, qui s'appelle encore ainsi, conduiront-elles leurs affaires dans quelques années? Ce sont des sociétés d'État. Elles ont été créées par le gouvernement, mais elles doivent mener leurs activités de façon indépendante.
Le député a raison de dire que nous devons faire preuve d'indépendance. Je suis désolé si on nous perçoit comme des sceptiques, mais pourquoi pas? Pourquoi ne faut-il pas être sceptique? Nous voulons être indépendants du gouvernement du moment. Peu m'importe de quelle couleur il est ou quel parti il représente, il faut le faire. Nous demandons au gouvernement de nous prouver que le musée est indépendant.
J'ai constaté avec quelle sincérité le ministre s'est exprimé. Je le connais depuis un certain temps et j'espère qu'il a raison quand il dit souhaiter que cette institution conserve l'indépendance qu'elle a toujours eue, et peut-être même qu'elle soit plus indépendante qu'avant.
Il a énuméré plusieurs experts et plusieurs institutions qui approuvent ce projet. Comme le député l'a dit, il y a aussi des institutions qui n'aiment pas ce qui se passe.
Je dirai cependant ceci. Je suis fier que nous débattions de la question de façon honnête et sérieuse, comme l'a fait le député de Stratford en tant que président du Comité du patrimoine canadien. Il a parlé avec beaucoup d'éloquence, non de la position de son parti concernant les musées, mais des musées eux-mêmes, et moins de celui qui raconte l'histoire que de l'histoire elle-même. C'est ce que nous devrions toujours faire dorénavant. Ce n'est pas sans raison que le Canada, qui fait partie du G8 et du G20, exerce une grande influence.
C'est parce que nous le méritons. C'est parce que notre histoire nous rend dignes d'avoir une place à chacune des grandes tables de ce monde, de cette planète. Ce n'est pas grâce à nous qui sommes ici aujourd'hui. Chacun des 308 députés de la Chambre tient sur les épaules des gens qui l'ont porté à cette institution. La Chambre des communes elle-même est un monument historique. Nous sommes parvenus ici portés par d'autres, quel que soit notre parti.
Je viens d'une circonscription qui, pendant 27 ans, a été représentée par un homme nommé George Baker, actuellement sénateur. Beaucoup d'autres députés peuvent dire qu'ils succèdent à d'anciens députés qui ont parlé des mêmes sujets que ceux dont nous débattons aujourd'hui. Oui, c'est la question du jour, mais chaque question d'actualité dont la Chambre est saisie découle de faits qui se sont produits la veille. Nous avons réussi à bâtir l'une des plus grandes démocraties au monde grâce à cela.
Je ne dis pas que nous devrions créer un musée à part entière ici même. Dieu sait comme j'aimerais insérer ici une blague à propos du Sénat, mais je m'abstiendrai — mes collègues me pardonneront je l'espère —, compte tenu que c'est un sujet chaud ces jours-ci.
Toutefois, je dirai ceci. Menons rondement ce débat afin de créer une institution valable. Voyons les choses en face. Si nous faisons de cet éventuel musée le Musée canadien de l'histoire, et non le Musée de l'histoire du Canada, c'est un bijou que nous offrirons au monde. Il ne s'agit pas d'un simple changement de marque. Il s'agit d'offrir au monde un bijou que les touristes verront. Je pense que, si des gens, disons de l'Asie ou de l'Europe, venaient ici, plutôt que de dire « Je veux voir le Musée des civilisations », ils pourraient tout aussi bien dire « Je veux voir le Musée canadien de l'histoire ».
Maintenant, je dis cela, mais seulement à condition que cette institution conserve son indépendance. Nous avons beaucoup à célébrer à l'occasion de notre 150e anniversaire.
Je terminerai par ceci. En 1949, mon grand-père a fait campagne pour l'indépendance de Terre-Neuve-et-Labrador. Eh oui. Il a dit « non » au Canada. Il est décédé. Au moment où je prends la parole aujourd'hui à la Chambre, je me demande ce qu'il dirait aujourd'hui. Il n'était pas chaud à l'idée de faire partie du Canada. Cependant, je veux lui prouver que Terre-Neuve-et-Labrador a trouvé sa place.
Est-ce que le Canada trouvera sa place dans ce qui sera le Musée canadien de l'histoire? Je pose la question aux députés.
:
Monsieur le Président, le député de et moi ne sommes pas toujours d'accord, mais nous avons toujours entretenu de bonnes relations au comité. Nos différends ont toujours été empreints de cordialité.
Je suis ravi de prendre la parole au sujet de cette mesure législative, mais j'aimerais tout d'abord souligner le travail extraordinaire du . Je siège à la Chambre depuis 2008 seulement, mais j'ai eu l'occasion d'étudier la politique et notre système. Je peux affirmer, sans l'ombre d'un doute, qu'il est le meilleur ministre du Patrimoine canadien que notre pays ait connu et je vais expliquer pourquoi.
Le ministre comprend, à l'instar des ministres précédents — y compris les anciens ministres conservateurs —, l'importance des arts et de la culture, d'une part pour aider les gens aux quatre coins de la planète à comprendre à quel point notre pays est merveilleux, et d'autre part pour assurer la croissance économique du pays, créer des emplois et stimuler l'activité économique.
Par conséquent, même lorsque notre pays traversait l'un des pires ralentissements économiques mondiaux, le gouvernement a fait des investissements historiques dans les arts et la culture. Alors que les autres pays du G7 réduisaient leur financement, le gouvernement, sous la direction du ministre, a porté le financement du Conseil des arts du Canada à un niveau inégalé. Nous avons investi plus de 140 millions de dollars dans nos musées nationaux et nous l'avons fait pour plusieurs raisons. Il est important que les Canadiens aient accès à leur histoire et qu'ils soient fiers des institutions qui ont le mandat de raconter l'histoire du Canada. Voilà pourquoi nous avons fait ces investissements importants.
Plusieurs députés, des deux partis officiels, ont parlé de la motion présentée au comité. Je veux en parler brièvement, car c'est pertinent. Ils ont dit que la motion est trop normative. En fait, la motion dit que nous devrions parler du Canada et de son histoire avant et après la Confédération. Elle dit que nous devrions parler du XXe siècle et des jalons importants de l'histoire canadienne. Elle faisait référence à certaines batailles importantes de la Première et de la Seconde Guerres mondiales.
Pourquoi devrions-nous en parler? D'abord, parce qu'on s'apprête à souligner l'anniversaire de plusieurs batailles importantes dans l'histoire canadienne. Deuxièmement, il y a encore des gens au pays qui peuvent nous raconter ce qu'ils ont eux-mêmes vécu lors de ces batailles. C'est une occasion de réunir ces personnes devant le comité avant qu'il soit trop tard, d'écouter leur histoire, et de la célébrer. Il ne s'agit pas d'y mettre un point final. Si les députés lisaient toute la motion, et s'ils faisaient honneur à la Chambre, ils parleraient de la motion en entier. Je suis certain que nous pourrons collaborer.
Nous voulons notamment parler des gens, des lieux et des événements qui ont contribué à bâtir le pays. Ce sont parfois des aspects positifs que nous voulons célébrer et commémorer. Il y a évidemment d'autres aspects qui sont négatifs, mais dont il faut quand même se souvenir. Nous avons parlé de l'internement des Canadiens d'origine japonaise. Nous ne sommes peut-être pas fiers de ce chapitre de notre histoire, mais nous devons nous en souvenir. Voilà ce dont nous parlons au comité.
Nous avons entendu bien des gens dire à quel point il est important d'aller de l'avant avec ce projet. De nombreux historiens nous ont dit à quel point ils sont heureux que nous ayons proposé cette initiative. Ces dernières années, et en particulier à l'approche du 150e anniversaire du Canada, les Canadiens affichent une fierté renouvelée à l'égard de leur pays, de leur province et de leur région. Ils nous ont souvent dit qu'ils n'ont aucun moyen de communiquer cette fierté de façon concrète dans l'ensemble du pays.
J'aimerais raconter à la Chambre une chose qui s'est passée dans ma circonscription. En fait, environ 200 mètres de chez moi, avant qu'un chantier ne soit érigé dans la ville, on a fait une découverte qui a complètement changé ce qu'on pensait des Premières Nations. Le documentaire Le mystère de la hache indienne présente d'ailleurs cette découverte. À 200 mètres de chez moi, on a découvert un village wendat.
Pourquoi cette découverte est-elle importante? Parce que ce village comptait 70 maisons longues. Ce n'était pas un petit village de 10 ou 12 maisons comme on le croyait au début, mais bien une ville. Des milliers de gens y vivaient, ce qui a complètement changé ce qu'on croyait savoir sur les gens qui vivaient dans cette région.
Les archéologues ont découvert que les champs de maïs nécessaires pour répondre aux besoins d'une ville de cette taille devaient, à eux seuls, couvrir tout le territoire de la ville de Toronto. Ils ont aussi découvert que les gens qui y habitaient faisaient du commerce avec d'autres nations, ce qui a également changé notre façon de concevoir les relations qui existaient entre les Premières Nations à cette époque. Cette découverte bouleverse complètement nos connaissances sur la nation wendate.
Il n'y a plus de grande communauté wendate en Ontario. Elles sont maintenant au Québec. Quoi qu'il en soit, des ambassadeurs de la nation wendate sont venus dans ma localité, Stouffville, et ils nous ont dit à quel point cette découverte était importante pour leur peuple. Selon eux, il est important que les autres Canadiens et les gens de l'Amérique du Nord comprennent ce que leur peuple faisait et les techniques qu'il employait. Il faut qu'ils sachent à quel point ce peuple était avancé. Ils étaient très fiers de cette découverte.
L'équipe qui a dirigé les fouilles est souvent venue dans ma ville et le film Le mystère de la hache indienne y a été présenté. Des centaines de gens de ma ville sont venus en apprendre un peu plus sur le patrimoine local dont nous n'avions aucune idée. Ma ville a fait les manchettes en Amérique du Nord. À Stouffville, à 200 mètres de chez moi, on a fait cette découverte extraordinaire. Il faut maintenant faire en sorte que tous les Canadiens comprennent de quoi il s'agit pour qu'ils revoient les connaissances qu'ils avaient des Wendats. Il faut également leur expliquer à quel point cette découverte est importante et emballante.
Le ministre a repris les propos de Douglas Cardinal dans ses observations. Celui-ci a dit:
Je suis ravi de voir le musée continuer à évoluer et à se développer, et de constater que les gens estiment encore qu'il s'agit d'un monument national pouvant rayonner et servir tout le Canada.
C'est un point important, car, à une certaine époque, le musée portait le nom de Musée de l'homme. J'imagine que cela ne posait alors aucun problème. Or, les choses ont évolué. Comme le souligne le député d', il fut un temps où, dans notre pays, les femmes n'étaient même pas considérées comme des personnes. Les choses évoluent, et c'est tant mieux.
Nous avons modifié le mandat du Musée de l'homme, qui est devenu le Musée des civilisations. Nous nous sommes réunis et nous avons décidé de mieux faire, et c'est ce que nous avons fait. Le Musée canadien des civilisations a vu le jour. Les Canadiens ont été emballés. Le musée a rempli son mandat de façon spectaculaire, mais, maintenant, les Canadiens pourront tout autant s'emballer pour le nouveau musée de l'histoire, et ce, pour diverses raisons.
La collection du Musée des civilisations comporte plus de trois millions d'artefacts en entreposage que les Canadiens ne peuvent pas admirer. C'est une tragédie, surtout compte tenu des investissements majeurs effectués par les musées canadiens.
Dans ma circonscription, par exemple, la Ville de Markham consacre des sommes considérables à son musée. Les résidants de la ville savent qu'il faut absolument préserver l'histoire et la culture de leur région. Des investissements considérables ont été faits. L'équipe du musée est enchantée à l'idée d'un musée national d'histoire auquel elle pourra prêter ses collections pour ainsi permettre aux Canadiens de prendre la mesure du rôle névralgique qu'a joué Markham dans l'expansion du Grand Toronto.
À Stouffville, où j'habite, 40 000 résidants ont injecté des millions de dollars dans notre musée. Ils avaient de nombreuses raisons de le faire, mais la principale, c'est qu'ils avaient conscience qu'il s'agissait d'un investissement judicieux pour notre milieu. Ils savaient que les gens s'intéressent à l'histoire de notre coin de pays, alors ils ont investi encore plus d'argent dans le musée. Ils l'ont aussi fait parce que les visiteurs affluaient en si grand nombre qu'il était devenu nécessaire d'agrandir les installations pour en accueillir davantage.
L'an dernier, dans ma circonscription, des célébrations ont marqué ce qu'on a appelé l'accord du droit de cité aux Governor General's Horse Guards, un régiment dont l'histoire est, en partie, liée à l'essor de notre collectivité.
Même à ce sujet, il n'y avait pas de consensus. Ainsi, certains membres de la collectivité étaient d'avis que cette célébration ne devrait pas avoir lieu, étant donné que la municipalité avait été fondée par des mennonites, qui ne cautionnaient pas nécessairement des interventions comme la guerre de 1812. Cela a donné lieu à des débats très animés, mais au bout du compte, nous avons fini par organiser la cérémonie qu'on a appelée Freedom of the Town, et des milliers de gens de notre collectivité se sont réunis pour souligner la contribution de cette unité historique.
Cependant, cela ne signifie pas que les gens qui étaient en désaccord avaient tort. Ils étaient en désaccord et ils ont exprimé leur point de vue. Je n'étais pas nécessairement d'accord avec eux, mais ils ont fait valoir leur point de vue. Cela montre à quel point l'histoire peut se révéler intéressante lorsque nous la présentons aux Canadiens de manière à ce qu'ils puissent en discuter et échanger des idées sur le sujet. Ils peuvent ensuite en parler dans leur milieu.
Pensons aux répercussions que cela pourrait avoir dans les collectivités de l'ensemble du pays, qui auraient la possibilité de voir, dans leur propre municipalité, d'importants artefacts. Pensons aux répercussions que cela pourrait avoir sur un musée local, au nombre de visiteurs qu'il pourrait accueillir. Les gens seraient encore plus intéressés à en apprendre davantage sur leur collectivité et les événements qui ont contribué à bâtir ce pays.
En fin de compte, il va sans dire que nous aurons toujours des désaccords ici. Nous appartenons à différents partis. Nous avons tous des idées différentes sur différentes choses. Je sais très bien que, même si nous avons des idées différentes, que nous défendons tous griffes et ongles, nous sommes tous fiers d'être Canadiens. Nous voulons tous que notre pays prospère et réussisse mieux. Nous voulons aussi que les gens du monde entier sachent ce qui a fait la grandeur de notre pays. Ce musée nous aidera à le faire. C'est l'une des raisons pour lesquelles je suis si fier et enthousiasmé par ce projet.
Nous avons aussi parlé un peu, dans certaines interventions, de l'intervalle qui nous sépare du 150e anniversaire du Canada et des raisons qui font que le cent-cinquantenaire est si important, comme l'a fait remarquer le .
C'est un moment si important pour le Canada. Ce sera l'occasion d'afficher toutes les grandes choses que le Canada a faites. Tant de gens sont venus nous dire au comité que le 100e anniversaire du Canada en faisait partie. Tout le monde a beaucoup parlé du centenaire du Canada. Je trouve très dommage de n'avoir pas pu assister à quelques-unes des fêtes organisées pour le souligner, parce que je n'étais pas encore né.
Nous voulons que le 150e anniversaire du Canada soit tout aussi remarquable. Nous voulons vraiment aider tous les Canadiens à comprendre pourquoi ils devraient être fiers de leur pays.
J'ai eu l'occasion de visiter le Yukon avec l'extraordinaire député de , et il m'a amené voir le musée de sa région. C'était ma première visite dans le Nord canadien. Tous les Canadiens devraient savoir avec quelle fierté mon collègue m'a fait visiter sa communauté et m'a montré certains de ses lieux importants. Pourtant, pas tous les Canadiens peuvent se rendre dans le Nord.
Quand j'ai regardé les trésors entreposés dans ce musée et que j'ai entendu le ministre dire que le nouveau Musée canadien de l’histoire permettrait de rendre ces collections accessibles afin que nous puissions être fiers de ce que nous avions accompli, j'ai pensé que c'était une excellente possibilité.
Là-haut, ici, il y a quelques artéfacts sur l'expédition de Franklin. Nous avons vu à quel point la était fière que quelque chose si important pour sa communauté n'était pas seulement exposé à l'extérieur des bureaux du , mais exposé et célébré dans d'autres parties du monde, comme la Norvège. J'ai eu l'occasion de rencontrer l'ambassadrice du Royaume de Norvège au Canada et de parler de l'importance de cette initiative, ainsi que de la façon dont les Norvégiens célébraient la ville de la et continuaient à vouloir établir des liens avec celle-ci. Ce sont des choses que nous devons célébrer et que les Canadiens doivent savoir.
Comme bien des parlementaires sans doute, j'ai eu l'occasion de visiter le Musée du Quai 21. Mes parents sont arrivés au Canada par le Quai 21. Je trouve désolant et fort triste que ni l'un ni l'autre de mes parents n'ait été vivant pour assister à mon élection. C'était véritablement extraordinaire de retourner au Quai 21, là où mes parents sont arrivés au Canada, de voir leur nom sur la liste des passagers du bateau qui les a transportés jusqu'ici, de me tenir debout sur le quai et de voir l'endroit exact où ils ont débarqués. Ce fut un moment privilégié, mais pas seulement pour moi. D'autres personnes visitaient le Musée du Quai 21. Il était facile de savoir qui reviendrait. Je pouvais les voir regarder tout autour. Je voyais sur leur visage qu'ils étaient fiers d'être ici et d'être Canadiens.
Il faut souligner ces choses et les faire comprendre aux autres Canadiens. Voilà pourquoi je suis fier quand j'apprends que l'Institut Historica-Dominion recueille les témoignages d'anciens combattants afin de les rendre accessibles. Cet institut communique aussi avec des personnes qui sont arrivées au Canada par le Quai 21 afin de consigner le récit de ce qu'elles ont vécu à leur arrivée au Canada.
Mes parents venaient d'Italie. Ma mère m'a toujours dit que pendant les 10 premières années qui ont suivi son arrivée elle était déprimée par la rigueur de l'hiver, et qu'elle appréhendait son retour tout l'été. Pour elle, l'adaptation a été brutale. Mon père était un fier Italien, mais aussi un fier Canadien. Il ne comprenait rien au hockey, mais il suivait ce sport avec enthousiasme, car il savait que cela faisait partie des moeurs canadiennes. Il n'arrivait pas à comprendre quoi que ce soit aux parties. Il tentait toujours de faire des liens avec le soccer. Il était néanmoins extrêmement fier de son nouveau pays.
Parfois, il faut aller ailleurs pour réaliser à quel point nous sommes chanceux et à quel point notre pays est spécial. C'est en retournant dans le village d'origine de mes parents à l'âge de 14 ans — un endroit pourtant magnifique — que je me suis rendu compte de la chance que j'avais d'habiter au Canada. Cette visite m'a aussi sensibilisé à quelque chose, même à une si grande distance de chez moi. Les nombreux Italiens qui ont immigré au Canada n'en savaient pas assez au sujet de leur nouveau pays. Nous avons tous entendu parler de touristes qui sont venus au Canada en juillet avec des skis sur le toit de leur voiture parce qu'ils pensaient qu'il neigerait. Nous pourrions faire un meilleur travail.
Il est tout à fait normal que les députés ne soient pas d'accord au sujet de l'histoire. C'est bien. Nous pouvons diverger d'opinions là-dessus. C'est l'essence même de l'histoire. Il ne nous appartient pas de rédiger les livres d'histoire. Ce n'est pas ce que nous faisons. Notre travail consiste à être présents à la Chambre, à débattre des enjeux et à faire en sorte que les Canadiens aient accès à l'histoire. C'est ce que fera le nouveau Musée canadien de l'histoire et c'est pour cela que je suis très enthousiaste.
Il ne s'agit pas simplement des 25 millions de dollars qui seront investis pour moderniser le musée, ce qui, comme l'a dit le ministre, est nécessaire après plusieurs années. Des expositions doivent être changées. Il ne s'agit pas simplement de cet investissement de 25 millions de dollars. Il ne s'agit pas non plus des 142 millions de dollars que nous avons déjà investis dans les arts, la culture et les musées. Il s'agit de permettre aux Canadiens d'avoir accès aux choses, aux personnes, aux lieux et aux événements qui ont aidé à faire du Canada le pays qui offre à ses citoyens la meilleure qualité de vie au monde. Peu importe nos sentiments à l'égard des politiques de nos adversaires, nous pouvons tous nous entendre là-dessus. Nous pouvons certainement tous convenir que les gens partout dans le monde — pas seulement les Canadiens —, méritent de comprendre ce qui a fait du Canada un pays aussi remarquable.
:
Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi .
Ce projet de loi s'attaque à une institution qui me tient particulièrement à coeur, le Musée canadien des civilisations, situé dans ma circonscription, Hull—Aylmer.
Je suis une de ces personnes qui a la chance de demeurer dans la région de la capitale nationale, dans Hull—Aylmer, qui voit le musée tous les jours, qui a représenté les travailleurs et les travailleuses de ce beau musée, qui l'a visité de façon régulière et qui l'a vraiment apprécié. Je suis extrêmement peinée de voir ce qui arrive présentement.
Ce musée fait partie de l'histoire et de l'identité de notre région, au même titre que le parc de la Gatineau, par exemple, que je cherche également à sauver. Je veux m'assurer que le gouvernement le protège entièrement dans le cadre d'une loi. Il s'agit d'une véritable institution respectée et appréciée par mes concitoyens, et en général.
Le Musée canadien des civilisations, dans sa forme actuelle, est le musée le plus populaire au Canada. Tout le monde le dit et l'admet. Quel gâchis le gouvernement veut en faire!
Notre musée est une force d'attraction touristique, économique et d'emploi pour l'Outaouais. Ses expositions temporaires sur la culture du monde, comme sur le vaudou haïtien et l'Égypte ancienne, sont centrales au succès populaire que connaît notre musée, que ce soit au Canada ou à l'échelle internationale. Quelle éducation et quel héritage voulons-nous laisser à nos enfants?
Au fil des ans, le musée a fait ses preuves. Les gens de Hull—Aylmer sont heureux d'avoir un musée de classe mondiale dans leur circonscription.
Or dans le projet de loi , le gouvernement s'attaque à cette formule qui a fait le succès du musée. Il veut recentrer et repositionner le musée sur l'histoire canadienne et marginaliser les expositions temporaires auxquelles je faisais référence plus tôt.
Cette volonté du gouvernement de mettre l'accent sur l'histoire canadienne laisse à penser aux gens que le musée ne consacre pas toute l'attention nécessaire à notre histoire, ce qui est faux. La grande majorité des ressources du musée est déjà affectée aux expositions sur l'histoire canadienne.
La salle du Canada, par exemple, est déjà la plus visitée du musée et elle contient l'une des expositions canadiennes les plus acclamées au pays. Il a fallu des années et des millions de dollars pour aménager cette salle et il semble maintenant qu'elle fera l'objet d'une transformation.
J'ai beaucoup de difficulté à comprendre pourquoi ce gouvernement s'attaque à une formule gagnante. Ce qui a fait la renommée du musée est justement cet heureux mélange entre l'histoire canadienne et les expositions sur les autres civilisations.
Depuis sa création, le musée a toujours fait une large place à l'histoire canadienne. Il a toujours été ouvert sur le monde et ses cultures, comme le sont les Canadiens. Pourquoi changer cela?
Le collègue précédent parlait du Yukon. Oui, j'ai visité le Yukon. Il parlait de la fierté des gens du Yukon. Oui, j'ai rencontré des travailleurs qui s'occupaient de notre héritage et de notre patrimoine. À cause des compressions du gouvernement fédéral, tout cet héritage a été entreposé dans des hangars mal aérés, sans chauffage, et il est en train de se détériorer. Est-ce l'héritage qu'on veut laisser à nos enfants, à la population et au monde?
Le gouvernement a fait valoir que les changements qu'il voulait apporter au musée allaient contribuer positivement aux célébrations du 150e anniversaire de la Confédération. Qu'on utilise le musée pour faire rayonner le 150e, personne n'a de problème avec cela. Toutefois, utiliser le 150e anniversaire comme prétexte pour modifier le mandat et l'orientation du musée le plus populaire du Canada, cela m'inquiète, surtout quand on sait que ce gouvernement a dépensé des dizaines de millions de dollars pour tenter de réécrire notre histoire commune et faire en sorte qu'elle soit plus conforme aux valeurs conservatrices.
Les changements proposés sont d'autant plus incompréhensibles qu'ils n'ont été demandés par personne. Dans la région, personne n'a été consulté avant que le ministre n'annonce ses intentions.
C'est devenu une habitude pour ce gouvernement d'agir unilatéralement. C'est très regrettable pour les Canadiens et les Canadiennes, et c'est très regrettable pour la démocratie parlementaire.
Les consultations publiques qui ont été organisées l'ont été non pas pour savoir si les gens voulaient qu'on change le mandat de notre musée, mais bien pour savoir ce que les gens voulaient voir exposer dans ce nouveau musée. C'est ce qu'on appelle, en bon québécois, mettre la charrue devant les boeufs. Il ne faut donc pas s'étonner que le projet de loi ait été décrié.
Au NPD, nous ne sommes pas les seuls à s'inquiéter des risques de dérive que pose le projet de loi . Au mois de novembre dernier, l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université, qui représente 60 000 professeurs universitaires, s'est publiquement inquiétée de voir le musée être instrumentalisé politiquement et publiquement.
Le directeur général de l'association a dit ce qui suit:
[...] cette initiative s'insère dans une tendance qui consiste à redéfinir l'histoire à des fins politiques. [...] le gouvernement se sert de nouveau de l'histoire pour imposer son idéologie politique [...] Il s'agit d'une utilisation parfaitement inappropriée de nos institutions culturelles nationales qui devraient être soustraites à toute propagande politique [...]
Cette crainte exprimée par l'ACPPU, plusieurs de mes concitoyens me l'ont aussi exprimée. J'ai reçu énormément de courriels, de lettres et de commentaires au sujet du projet de loi . Une écrasante majorité de mes concitoyens s'opposent au projet du gouvernement, et compte tenu que le musée se trouve dans leur circonscription, il me semble que ce gouvernement devrait accorder de l'importance à leur opposition.
Je vais donner un exemple concret du genre de courriel que j'ai reçu. L'un de mes concitoyens, M. Alexandre Pirsch, me dit d'abord se sentir concerné par le projet de loi et me demande de porter sa voix au Parlement. Il rappelle qu'il est un membre familial du musée depuis quatre ans et qu'il ne se reconnaît pas dans les changements que souhaite apporter ce gouvernement au musée. Il dit avoir appris avec consternation que le gouvernement canadien voulait changer le mandat et le nom d'un musée auquel il tient tant. Il écrit même avoir pensé ne pas renouveler son abonnement familial.
Des courriels comme celui-là, j'en ai reçu plusieurs.
L'un des problèmes posés par le projet de loi concerne le mandat proposé qui prescrit non seulement l'orientation générale du musée, mais l'approche historique qu'il doit adopter. Normalement, la décision concernant le type d'approche adoptée dans un musée est laissée aux professionnels de la muséologie et aux historiens, justement pour éviter qu'il y ait interférence politique.
L'approche prescrite par le projet de loi , qui est basée sur les événements, les expériences, les personnes et les objets est réductrice. Elle ne laisse pas de place à la mise en valeur de processus importants de notre histoire commune, comme les rapports hommes-femmes, la colonisation et les Premières Nations et les changements environnementaux, par exemple.
Au mois d'avril dernier, j'ai posé une question au ministre au sujet des pertes d'emplois syndiqués au musée et de l'argent qui a été dépensé pour le changement de vocation du musée, avant même que le projet de loi soit adopté. Dans sa réponse, le ministre nous avait reproché de ne pas appuyer ce qu'il a décrit comme un investissement en culture.
Cet « investissement en culture » dont parlait le ministre, ce sont les 25 millions de dollars qui seront consacrés à la mise en oeuvre du projet de loi . Je tiens à dire une chose là-dessus. S'il y a bien un gouvernement dans l'histoire de notre pays qui ne peut pas se vanter d'être le champion de la culture, c'est bien l'actuel gouvernement conservateur. Ce gouvernement a coupé à tour de bras dans la culture depuis son arrivée au pouvoir.
Il faut savoir que ces 25 millions de dollars proviendront du budget du ministère du Patrimoine canadien qui a déjà été amputé par les compressions imposées par ce gouvernement.
En plus, le ministre refuse de confirmer de quel fonds exactement proviennent ces 25 millions de dollars et quels programmes souffriront de cette réallocation de fonds.
En ce qui concerne les conservateurs et la culture, une étude réalisé par la Conférence canadienne des arts indique que le financement du ministère du Patrimoine canadien et des agences culturelles a été amputé de 200 millions de dollars, ce qui représente 6,1 % du budget fédéral de 2012. C'est beaucoup d'argent.
En 2011, on évaluait déjà la réduction des investissements dans la culture à 177 millions de dollars, soit 4,5 %. Alors qu'on ne vienne pas me dire que ce gouvernement investit dans la culture. Ce n'est tout simplement pas vrai.
À ce stade:
Je propose, appuyée par la députée de Gatineau, que la Chambre s'ajourne maintenant.