Que la Chambre convienne que le suicide n’est pas qu’une tragédie personnelle, mais qu’il constitue aussi un grave problème de santé publique et une priorité sur le plan politique; et que la Chambre exhorte le gouvernement de travailler de concert avec les provinces, les territoires, des représentants des Premières Nations, des Inuits et des Métis et d’autres intervenants afin de mettre sur pied et de financer une Stratégie nationale de prévention du suicide, qui ferait, entre autres, la promotion d’une démarche complète et axée sur la recherche pour se pencher sur cette terrible perte de vie humaine.
Madame la Présidente, je crois que tous les députés reconnaissent et comprennent que le suicide ne laisse personne indifférent: nous en avons tous été touchés d'une manière ou d'une autre, que ce soit en tant que proches ou en tant qu'amis. On se rend compte de plus en plus que ce problème ne peut plus être réduit simplement à une tragédie personnelle, chose qu'on ne nie absolument pas; cependant, il faut aussi considérer le suicide comme une question politique, en ce sens qu'il s'agit d'un problème dont la population doit prendre conscience. La bonne nouvelle, c'est que si nous nous en prenons conscience et que nous agissons, il y a des mesures que nous pouvons prendre pour réduire le nombre de personnes qui perdent la vie de cette façon tout à fait tragique.
Les statistiques dans le monde industrialisé sont, franchement, accablantes. Le taux de suicide au Canada est relativement élevé. Nous sommes le seul pays industrialisé qui ne dispose pas d'une stratégie nationale pour réduire le taux de suicide, pour sauver des vies de manière très significative.
Je crois que les Canadiens seraient surpris par certaines des statistiques. En fait, ces 30 dernières années, au moins 100 000 Canadiens se sont enlevé la vie, ce qui est un chiffre tout à fait alarmant.
Aujourd'hui, la présidente de l'Association des psychiatres du Canada nous a dit que l'année dernière, presque un million de personnes ont mis fin à leur vie partout dans le monde. En tant que sociétés, nous avons mis en place des procédures pour recueillir des chiffres et compiler des statistiques, mais il est important que nous, en tant que pays, prenions les mesures nécessaires pour changer les choses.
[Français]
Il est clair que si nous démontrons la détermination politique de faire quelque chose, nous pouvons arriver à des solutions. Il est important de noter que dans la province de Québec, il y a eu des discussions dépassant la partisanerie, et les gens ont noté que le nombre de jeunes qui s'enlevaient la vie était beaucoup trop élevé et que c'était complètement inacceptable. La province de Québec a donc décidé de faire quelque chose. Elle a insisté pour qu'on parle de la situation dans les écoles, pour qu'on discute et qu'on élimine les tabous, et pour qu'il n'y ait plus de sujets dont on ne puisse discuter.
On doit tout faire pour encourager les jeunes à parler de leur situation émotionnelle. Il est important de noter que dans la province de Québec, le taux de suicide a été réduit de façon spectaculaire chez les jeunes depuis 10 ans. Cependant, nous devons dire que, comme Canadiens, on n'a pas connu le même succès partout au pays et que, dans le domaine fédéral, on voit un niveau de suicide complètement inacceptable chez les vétérans, les anciens soldats et les Autochtones dans une société marquée par la compassion et la franchise.
[Traduction]
J'espère que nous pouvons tous nous entendre pour dire qu'une bonne société c'est, entre autres choses, un endroit où nous nous soucions les uns des autres. Que c'est tout simplement un endroit où nous nous soucions de ce qui nous arrive, de ce qui arrive à nos familles et de ce qui arrive à nos amis. Cependant, notre compassion ne doit pas se limiter à notre cour, mais s'étendre également à nos voisins. Notre compréhension de la situation à laquelle le Canada est confronté doit inclure le fait que beaucoup de Canadiens sont en proie à un grand désarroi. Aujourd'hui, jusqu'à dix personnes s'enlèveront la vie. Avec un peu d'imagination, nous pourrions tous voir qui sont ces personnes.
Je pense à une jeune fille vivant dans une réserve indienne. Elle a peut-être subi des sévices sexuels dans son enfance. Peut-être vit-elle dans une maison où 10, 12 ou 15 personnes partagent la même chambre. Elle va à l'école et là, sur son ordinateur, elle voit un monde différent du sien. Elle voit la richesse, elle voit des débouchés, elle voit un monde d'abondance. Elle regarde sa collectivité et voit l'opposé de tout cela. Elle se demande qu'est-ce qu'elle peut bien espérer.
Je pense à un jeune garçon qui découvre au début de l'adolescence qu'il est homosexuel. Il se rend compte que son identité sexuelle n'est pas celle de la majorité de ses compagnons de classe. Il se voit différent et recherche les moyens d'être une personne au même titre que le garçon ou la fille assis à côté de lui dans la classe. Parce qu'il est vu comme étant différent, il est victime d'intimidation. Un autre élève de sa classe commence peut-être à se moquer de lui sur Internet, à attirer l'attention sur lui.
Je pense aux jeunes adolescents qui sont perturbés pour toutes sortes de raisons biologiques et hormonales, par des transformations qui leur arrivent et par le monde déroutant où ils vivent et où ils doivent montrer qu'ils se sentent bien. Ils n'ont pas le droit de se sentir autrement que bien. Peut-être vivent-ils dans un foyer où il leur est difficile de dire qu'ils ne se sentent pas bien.
Je pense aux anciens combattants qui reviennent traumatisés des champs de bataille de l'Afghanistan où ils ne pouvaient jamais montrer la moindre faiblesse, qui ne peuvent jamais se montrer vulnérables. Lorsqu'ils reviennent, ils trouvent un monde où ils ne savent pas comment exprimer leur vulnérabilité. Ils ne savent pas comment affronter le monde où ils vivent maintenant, ce monde banal où la plupart d'entre nous vivent chaque jour.
Nous ne pouvons pas expliquer toutes les situations.
Par exemple, le nombre de personnes âgées qui s’enlèvent la vie est remarquablement élevé, peut-être pour des raisons qui tiennent à leur solitude ou à leur vulnérabilité, peut-être parce qu'elles constatent que leur vie active est terminée et qu’elles ne peuvent plus trouver de sens à leur vie, ou de raison de vivre.
Un Canadien sur cinq a des problèmes de santé mentale. Pourtant, c'est une question dont on discute rarement. Nous avons des campagnes de financement pour lutter contre le cancer du sein, le cancer de la prostate, les problèmes cardiaques et toutes les autres maladies physiques, et c'est très bien ainsi, mais il n’existe pas de campagne contre le suicide. Il n’arrive pas tellement souvent qu’une marche soit organisée au sujet de la schizophrénie. Nous ne parlons pas beaucoup de dépression. Nous laissons les gens souffrir en silence. Nous faisons comme si ce n’était pas un problème.
Nous avons fait des progrès. Les choses ne vont pas aussi mal qu’autrefois. Nous avons modifié la structure juridique. En tant que société, nous avons accepté l’homosexualité et appris à célébrer l’identité sexuelle. Le a prononcé un très beau discours à la Chambre concernant les Premières nations. C’était une déclaration de réconciliation. Nous avons pris certaines des mesures nécessaires pour créer un climat d’espoir, d’entraide et d’amour, mais les mesures concrètes tardent à venir.
La motion dont nous sommes saisis aujourd'hui nous invite à discuter de cette situation. Ayons une conversation franche et honnête, une discussion sur ce qui ne devrait pas se produire dans notre pays.
Les jeunes gais ne devraient pas être des souffre-douleur à l’école. Les écoles doivent apprendre comment aider les enfants à être fiers de qui ils sont, quelle que soit leur identité sexuelle. Nous devrions être fiers de qui nous sommes. C'est là tout le sens du mot dignité. Si nous constituons une société qui croit dans la dignité, la compassion et l’entraide, tous les enfants doivent être fiers de leur identité et de qui ils sont. Et ce sentiment doit demeurer bien après la fin de l’enfance.
J’ai discuté de la motion avec certains de mes collègues et j’ai décidé de la présenter à l’occasion d’une journée de l’opposition. J’espère qu’elle aura l’appui de l’ensemble de la Chambre et que nous aurons une discussion fructueuse aujourd'hui. J’espère que ce sera l’occasion pour la Chambre de se montrer telle qu’elle peut être quand nous voulons discuter d’enjeux importants. Nous sommes en retard sur la population. Les Canadiens ont une longueur d’avance sur nous à cet égard.
J'ai tenu une conférence de presse aujourd'hui en compagnie de Stephanie Richardson, dont la fille s'est suicidée l'an dernier dans des circonstances qui sont bien connues dans la région d'Ottawa et qui ont suscité des manifestations incroyables d'émotion, de compassion et de sympathie dans la collectivité. Cette famille a fait quelque chose de remarquable en cela qu'elle a transformé une terrible tragédie en une occasion de sensibiliser les gens aux réalités du suicide.
Le Parlement doit se pencher sur cette question. Le gouvernement fédéral gère un système de soins de santé qui se classe au cinquième rang en termes de taille au Canada. En vertu de la Constitution, le gouvernement fédéral est responsable des Autochtones, des anciens combattants et des forces armées. Le gouvernement peut faire figure de chef de file à ce titre, mais ce n'est pas le cas à l'heure actuelle. Certaines personnes me demandent « Que faisait votre parti lorsqu'il était au pouvoir? » Il n'a pas fait suffisamment. Personne ne peut affirmer d'un point de vue partisan: « Nous avons fait tout ce que nous pouvions. »
Certains de mes amis se sont suicidés, c'est donc en toute connaissance de cause que je fais part à la Chambre de la profonde perplexité que l'on ressent face à ce genre de drame. Qu'aurais-je pu faire, dire ou voir de plus?
On sait que certaines stratégies donnent des résultats, On sait que si on commence à parler du suicide, cela fait une différence. On sait également que si on commence à élaborer un réseau de soutien pour les gens et leur famille, que si on s'occupe des troubles de santé mentale sous-jacents ainsi que des problèmes sociaux et financiers, on arrivera à réduire le nombre de suicides. On sait enfin qu'il est possible de trouver une façon de s'attaquer à ce problème et qu'il s'agit d'une responsabilité qui nous incombe.
Je suis de ceux qui estiment qu'il revient au gouvernement fédéral de collaborer avec les provinces de façon coordonnée, sans dicter la marche à suivre, parce que sept des dix provinces ont déjà élaboré une stratégie à cet égard. Cependant, aucune ne reçoit un financement suffisant. Et aucune n'a encore bénéficié de cette discussion nationale qui doit avoir lieu.
J'ai présenté cette motion au nom du Parti libéral et avec l'appui de ma collègue de Vancouver. Toutefois, nous ne prétendons pas détenir le monopole de la vertu en ce qui concerne cette motion et nous ne prétendons pas non plus avoir là une idée révolutionnaire. Aucun député ne devrait croire que cette motion a été présentée à des fins partisanes, parce que ce n'est pas le cas.
Oui, il y aura des questions sur ce qui peut être fait, sur la façon dont on pourrait affecter suffisamment de fonds pour que la discussion ait lieu. Toutefois, nous savons également que certains sujets transcendent parfois la politique.
Je me suis souvent demandé souvent pourquoi les gouvernements ont tant de mal à considérer les troubles mentaux comme des maladies, exactement au même titre que les troubles physiques, mais je crois modestement avoir trouvé deux explications.
Premièrement, les maladies mentales sont encore considérées comme une tare ou un tabou. Notre époque n'est plus aussi sombre et ignorante que, par exemple, le Moyen Âge ou l'époque victorienne, mais il faut reconnaître qu'on ne perçoit pas ces maladies et qu'on n'en parle pas comme on devrait le faire. Il y a eu des changements, mais il reste encore beaucoup à faire.
Deuxièmement, les gens, et par le fait même les gouvernements, croient que les troubles mentaux ne sont pas des maladies au même titre que les troubles physiques, que ce sont des maladies, mais quelque peu différentes. Les gens ont l'impression qu'il n'y a pas grand-chose à faire et que c'est un problème difficile à régler.
Or, on ne tient pas compte d'un fait essentiel. D'énormes progrès ont été réalisés dans le domaine du traitement de la maladie mentale. Certaines maladies qui conduisaient inévitablement à l'internement à vie il y a à peine 50 ou 60 ans sont traitées aujourd'hui à l'aide de médicaments et de traitements très efficaces.
Nous tirons de l'arrière dans divers domaines: la recherche, le financement, l'aide apportée aux patients et le logement. Nous tirons aussi de l'arrière dans le domaine de l'intégration de tous ces services. Or, ce sont des choses qu'on peut régler. Il s'agit d'en avoir la volonté politique. Nous ne sommes pas impuissants devant ces maladies.
Il y a plus de 120 ans, le très célèbre sociologue français Émile Durkheim a publié un ouvrage intitulé Le suicide.
[Français]
Cet homme, qui est l'un des grands pionniers de la sociologie, a noté une chose importante. Il a remarqué qu'un événement comme le suicide reflétait un manque de solidarité au sein d'une société. Jusque-là, on considérait le suicide comme un acte personnel, pour lequel il n'y avait pas d'explication sociale. Mais Durkheim a dit qu'au contraire, on pouvait l'expliquer.
L'amour que chacun d'entre nous doit montrer à ses voisins est une marque permanente de notre compassion et de ce qu'est, à notre sens, d'être citoyen et de faire partie d'une bonne société.
[Traduction]
Une bonne société se caractérise par l'entraide et la solidarité. Il est question ici de l'obligation morale que nous avons envers autrui et de la façon dont, collectivement, en manquant à cette obligation dans nos actions, nous contribuons à nourrir le sentiment d'abandon et d'incompréhension qui est à l'origine de la décision que prend une personne de se suicider.
Les raisons qui poussent quelqu'un à s'enlever la vie ne sont pas toujours évidentes. D'ailleurs, ces raisons nous échappent toujours en grande partie. Nous avons tous des proches qui se sont enlevé la vie et nous ignorons encore ce qui les a poussés à commettre l'irréparable.
Par contre, nous savons que nous pouvons prendre certaines mesures pour empêcher la perte d'une vie humaine. Il y a de l'espoir. Il faut y aller « lentement, mais sûrement », comme disait ma grand-mère. Chaque jour, nous devons faire un pas en avant afin de réaliser les progrès nécessaires en tant que Canadiens et en tant que société. Nous devons franchir ce pas ensemble. Nous devons mieux comprendre le monde de colère, d'auto-destruction et de violence qui implose ou explose chez certaines personnes. Nous devons échanger nos connaissances à cet égard et nous attaquer aux causes du problème. Nous devons prendre les mesures qui s'imposent en tant que société pour sauver des vies.
Toutefois, pour y parvenir, nous devons nous doter d'une stratégie visant à empêcher les gens suicidaires de s'enlever la vie et à leur redonner le goût de mener une vie bien remplie, heureuse et productive. Voilà ce qu'est une société compatissante.
:
Madame la Présidente, je suis heureux de pouvoir prendre la parole devant la Chambre au sujet de l'importance que le gouvernement accorde à la santé mentale des Canadiens, et en particulier à la prévention du suicide.
Que faut-il dire à propos du suicide? Le suicide peut être prévenu. Beaucoup de gens qui font des tentatives de suicide souhaitent vivre, mais sont incapables de surmonter le chagrin ou la douleur affective et ne peuvent trouver aucune autre manière de gérer la situation qui leur est devenue insupportable.
La plupart des gens qui s'enlèvent la vie manifestent des signes avant-coureurs ou nous donnent des indices de leurs intentions. Partout au pays, des organismes communautaires aident les gens de leur milieu à reconnaître ces signes et à y réagir. Parmi les gens qui se suicident, quatre personnes sur cinq avaient fait au moins une tentative auparavant. Le suicide touche toutes les couches de la société, quels que soient l'âge, le milieu socio-économique et l'ethnie.
Selon les données de Statistique Canada pour 2007, le suicide est l'une des 10 premières causes de décès au Canada. Plus de 3 700 personnes en sont mortes cette année-là. Les hommes sont trois fois plus susceptibles de se suicider que les femmes, mais les femmes sont trois fois plus susceptibles de faire une tentative de suicide que les hommes. De plus, l'enquête réalisée par Statistique Canada montre que plus de 14 p. 100 des Canadiens ont déjà songé au suicide et que plus de 3 p. 100 des Canadiens ont déjà tenté de se suicider.
Bien que ce soit parmi les hommes âgés que le taux de suicide est traditionnellement le plus élevé, on voit de plus en plus de suicide parmi les jeunes. Dans le monde, c'est l'une des cinq premières causes de décès parmi les jeunes âgés de 15 à 34 ans. Au Canada, en 2005, le taux de suicide était la deuxième cause de décès parmi les personnes âgées de 15 à 34 ans, derrière les accidents et les blessures involontaires.
Nous sommes tout à fait conscients du taux de suicide plus élevé parmi certaines populations, notamment les jeunes Autochtones et Inuits habitant dans le Nord du Canada. C'est pourquoi le gouvernement investit dans des programmes pour lutter contre cet important problème, comme la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones.
Trop de familles canadiennes sont en proie à l'angoisse de perdre un être cher en raison d'un suicide. La perte d'un être cher en raison d'un suicide a également des conséquences sur le plan social. Le suicide et les tentatives de suicide ont des conséquences importantes sur les personnes, les familles et l'ensemble de nos collectivités. En outre, il y a des similitudes entre les maladies mentales et le suicide, puisque de nombreux risques et facteurs de protection associés au suicide sont également associés aux maladies mentales. Ces deux problèmes sont stigmatisés, ce qui tend à nuire aux discussions ouvertes et aux efforts de prévention.
Le suicide est causé par un certain nombre de facteurs médicaux et sociaux, y compris les troubles mentaux, la violence familiale et l'isolement social. Ces facteurs augmentent la probabilité d'une santé mentale précaire pouvant entraîner des comportements suicidaires. Parce que le suicide a de nombreux visages et qu'il peut toucher la société de diverses manières, tous les secteurs doivent tenter de le prévenir, y compris les gouvernements, les organisations non gouvernementales, le milieu universitaire et le secteur privé.
Il y a beaucoup d'ordres de gouvernement qui s'occupent de diverses manières de la prévention du suicide. Plusieurs organisations fédérales, y compris Santé Canada, l'Agence de la santé publique du Canada , les Instituts de recherche en santé du Canada , le ministère des Anciens Combattants, Affaires autochtones et Développement du Nord Canada et les Forces canadiennes, s'emploient à régler les problèmes de suicide et de santé mentale.
Les provinces et les territoires, quant à eux, mettent en place des programmes et des services de santé qui répondent aux besoins de leurs citoyens. Nous devons travailler ensemble pour promouvoir une bonne santé mentale, intervenir rapidement et prévenir les facteurs de risque associés aux problèmes de santé mentale, qui mènent souvent au suicide et à des tentatives de suicide.
Je suis très fier que le gouvernement fasse preuve de leadership dans ce dossier et qu'il encourage les partenariats avec de multiples intervenants. Par exemple, en septembre 2010, la , en collaboration avec ses homologues provinciaux et territoriaux, a appuyé une déclaration sur la prévention du suicide et la promotion de la santé mentale. En appuyant cette déclaration, les différents gouvernements ont reconnu que, pour qu'une personne jouisse d'une santé et d'un bien-être optimaux toute sa vie, elle doit d'abord être en bonne santé mentale. En plus de cette déclaration, le travail du Réseau de santé publique fédéral, provincial et territorial met l'accent sur la promotion de la santé mentale et la prévention des maladies mentales.
Dans le domaine de la santé, l'une des réalisations du gouvernement dont je suis particulièrement fier, c'est la mise sur pied de la Commission de la santé mentale du Canada. Pour remplir son mandat, il est essentiel que la commission collabore avec les gouvernements, les universités, les entreprises et d'autres organismes pour mobiliser leur leadership et leurs efforts.
La commission travaille actuellement à l'élaboration d'une stratégie nationale en matière de santé mentale. Elle devrait comporter un volet sur la prévention du suicide dans le cadre d'une approche exhaustive en matière de promotion de la santé mentale et de prévention des maladies mentales au pays.
Le gouvernement du Canada offre également du financement à la commission pour lutter contre les préjugés associés à la maladie mentale par l'entremise de la campagne Changer les mentalités. Cette initiative a pour but de sensibiliser la population au moyen de l'initiative de premiers soins en santé mentale.
Dans le cadre de cette initiative, on croit qu'il est essentiel de traiter les problèmes physiques urgents rapidement, mais qu'il est tout aussi important de ne pas négliger les troubles de santé mentale urgents. Les premiers soins en santé mentale désignent l'aide offerte à une personne aux prises avec un problème de santé mentale ou en situation de crise.
Depuis plus de quatre ans, le programme a permis d'enseigner aux Canadiens comment réagir dans des situations d'urgence liée à la santé mentale, leur permettant ainsi de mieux gérer l'apparition ou le développement de problèmes de santé mentale potentiels chez eux, ou encore chez un membre de leur famille, un ami ou un collègue.
À ce jour, plus de 42 000 personnes au Canada ont reçu une formation à cet égard. Le programme est offert à toute personne qui souhaite apprendre les premiers soins en santé mentale, ce qui comprend des employés tels que des gestionnaires de ressources humaines, des enseignants, des conseillers, des travailleurs des transports publics, des infirmières et des policiers.
L'initiative n'enseigne pas aux gens à devenir thérapeutes, mais leur apprend comment reconnaître les signes et les symptômes liés aux problèmes de santé mentale, prodiguer les premiers soins et aiguiller la personne vers l'aide professionnelle appropriée.
Le programme propose également un cours d'instructeur de base pour outiller ceux qui souhaitent donner des formations de premiers soins en santé mentale. Un cours d'instructeur est précisément conçu pour les personnes qui travaillent directement auprès des jeunes. Le programme, qui a vu le jour en Australie, compte maintenant 505 instructeurs au Canada et est offert dans 17 pays.
Je suis ravi d'avoir l'occasion aujourd'hui de souligner quelques-uns des importants programmes et projets qui sont en cours au pays et qui améliorent vraiment la vie des Canadiens. Plusieurs provinces et territoires, tels que le Nunavut, la Colombie-Britannique, l'Alberta et le Nouveau-Brunswick, ont établi des stratégies en vue de promouvoir la santé mentale et de prévenir la maladie mentale et le suicide.
La stratégie de prévention du suicide du Nunavut énonce les plans et une orientation commune pour les efforts de prévention du suicide des collectivités, des organisations et des gouvernements au Nunavut. Illustrant la nécessité et l'importance d'une action concertée, la stratégie est le résultat d'un partenariat entre le gouvernement du Nunavut et Nunavut Tunngavik Inc., Embrace Life Council et la Gendarmerie royale du Canada.
Un autre exemple important est le programme provincial de prévention du suicide du Nouveau-Brunswick. Le programme Se brancher à la vie est une stratégie qui coordonne les activités de prévention du suicide et les services d'intervention dans la province. L'action communautaire, l'éducation permanente et la collaboration inter-agences sont les objectifs principaux de ce programme.
La stratégie de prévention du suicide de l'Alberta est un plan décennal qui englobe des mesures visant tant la population en général que des groupes prioritaires identifiés.
En Colombie-Britannique, la prévention du suicide constitue un volet important du plan décennal de la province en vue de s'attaquer aux problèmes de santé mentale et de toxicomanie.
Outre les initiatives provinciales et territoriales, le gouvernement reconnaît également l'importante contribution d'organisations civiles comme le Centre de prévention du suicide. Ce centre fournit aux professionnels, aux dispensateurs de soins et aux membres de la collectivité des ressources et de la formation, notamment des ateliers et des cours en ligne.
En outre, l'Association canadienne pour la prévention du suicide facilite l'échange d'information, encourage l'élaboration de politiques et appuie l'excellence en matière de recherche et de services. L'Association canadienne pour la prévention du suicide tient présentement une conférence nationale de trois jours.
Une vaste gamme d'organisations communautaires offre aussi son appui aux familles et aux particuliers qui affrontent le suicide et des problèmes de santé mentale. En particulier, l'Association canadienne pour la santé mentale est un réseau national assorti de chapitres provinciaux et locaux qui assure la sensibilisation du public et fournit un appui local aux personnes atteintes de troubles mentaux. Son mandat consiste à élaborer une stratégie en matière de santé mentale; ce faisant, elle offre la possibilité de multiplier les facteurs de protection et de diminuer les facteurs de risque du suicide.
Grâce à ce genre d'initiative, on croit pouvoir favoriser une bonne santé mentale et, possiblement, prévenir l'apparition de maladies et de problèmes mentaux, pour ainsi réduire le nombre de suicides.
La Commission de la santé mentale du Canada collabore avec des intervenants et des partenaires clés comme l'Association canadienne pour la prévention du suicide afin de lutter contre le suicide. Son intervention vise surtout des populations cibles qui affichent des niveaux élevés de dépression, d'anxiété, d'abus d'alcool ou d'autres drogues et de suicides. La commission accorde aussi une attention particulière au suicide chez les jeunes et les aînés. Sensible aux répercussions du suicide dans les familles et dans les collectivités, elle travaille de concert avec les familles et les fournisseurs de soins.
La commission, dont les membres mettent présentement au point leur stratégie, vise à réduire le nombre de suicides en améliorant la formation en matière de prévention du suicide pour les intervenants de première ligne, comme les enseignants, les policiers et les médecins de famille, et en abaissant le taux de mortalité des personnes vivant avec des problèmes de santé mentale.
Grâce au financement du gouvernement, la Commission de la santé mentale du Canada a établi un centre d’échange de connaissances afin de fournir à tous les secteurs, aux intervenants et à la population l’information nécessaire pour promouvoir la santé mentale et s’attaquer aux facteurs de risque qui sont à l’origine des problèmes de santé mentale, comme le suicide. En collaboration avec l’Association canadienne pour la prévention du suicide, la commission s'affaire à améliorer son efficacité dans divers secteurs, comme l’établissement de pratiques communautaires, en plus d’élaborer des outils et des ressources à l’intention des professionnels de la santé, y compris le personnel d’intervention en cas de crise, de trouver des moyens surmonter les difficultés et les obstacles et d’offrir aux professionnels de la santé un lieu où ils peuvent s’appuyer mutuellement.
La Commission de la santé mentale du Canada reconnaît que le suicide est une tragédie qui laisse de profondes cicatrices dans les familles et dans les collectivités.
De nombreux facteurs de risque sont communs. Plus de 90 % des Canadiens qui se suicident ont éprouvé des problèmes de santé mentale.
À un niveau plus fondamental, le gouvernement recueille également des données sur le suicide par l’entremise de Statistique Canada. Nous les utilisons pour analyser et diffuser de l’information sur la mortalité et la morbidité et pour établir des statistiques sur la santé mentale en général.
Le gouvernement finance en outre, en collaboration avec les provinces et les territoires, l’Institut canadien d’information sur la santé, qui produit des rapports sur la santé mentale et les questions se rapportant au suicide.
Le gouvernement, par l’entremise des Instituts de recherche en santé du Canada, est heureux d’appuyer le travail du Groupe McGill d’études sur le suicide, parallèlement aux autres activités de recherche soutenues par le gouvernement. Cette équipe pluridisciplinaire fait œuvre de pionnière et contribue directement à la compréhension du suicide et des facteurs de risque connexes.
Le suicide est également une question d’intérêt mondial, et le gouvernement surveille ce qui se passe sur la scène internationale pour repérer les réussites susceptibles d’encourager et d’inspirer les intervenants canadiens au pays. L’Écosse nous offre un exemple particulièrement utile. Dans ce coin du globe, le programme Choose Life a été mis sur pied en partenariat avec divers organismes nationaux et locaux. Il s'agit d'un cadre qui met l’accent sur la formation et le perfectionnement des compétences tout en faisant mieux connaître les pratiques de prévention du suicide qui donnent de bons résultats. Au Canada, le gouvernement fédéral assume un rôle similaire en matière de recherche et d’enrichissement des connaissances ainsi que d’investissement dans les Instituts de recherche ne santé du Canada et Statistique Canada.
Le gouvernement croit que la promotion de la santé mentale et la prévention des problèmes de santé et des maladies sont essentielles à la prévention du suicide. Nous sommes en outre conscients de la nécessité de continuer à partager les connaissances et l’information et à travailler en collaboration pour vraiment améliorer la santé mentale des Canadiens et contribuer à prévenir le suicide.
Il s’agit d’un important dialogue, d’une importante question, qui nous touche tous et dans lequel nous pouvons tous jouer un rôle très important.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je suis très heureuse de participer au débat d'aujourd'hui sur la motion très importante dont nous sommes saisis. Je remercie le député de de l'avoir présentée. Les néo-démocrates appuient sans réserve cette motion et ils sont heureux de voir aujourd'hui un débat réfléchi à la Chambre des communes. On ne peut pas dire que c'est toujours le cas. Il s'agit d'une question cruciale, et je sais que de nombreux députés participeront au débat.
J'ai écouté très attentivement les observations du et, bien que je lui sois reconnaissante d'avoir expliqué à la Chambre les mesures prises par le gouvernement du Canada, je crains que cette information ne soit pas suffisante. Le débat d'aujourd'hui, me semble-t-il, est une occasion, particulièrement pour le gouvernement du Canada, de réfléchir non seulement aux mesures qui ont été prises, mais aussi à celles qui n'ont pas été prises.
Je n'ai rien entendu de tout cela dans l'intervention du secrétaire parlementaire, ce qui est décevant parce qu'aujourd'hui tous les partis représentés à la Chambre sont disposés à tenir ce genre de débat. Nous voulons que le gouvernement nous dise là où, selon lui, il n'en fait pas assez et qu'il demande l'appui de la Chambre pour prendre les mesures qui s'imposent.
Selon toute vraisemblance, nous tenons ce débat parce que le gouvernement du Canada et tous les autres partis sont convaincus qu'il y a une crise. Le député de a fait valoir que ce n'est pas seulement l'affaire du gouvernement, mais de tous les partis. On n'en a pas fait assez dans ce dossier. Je voulais commencer en disant cela parce que j'espère que d'autres députés ministériels prendront part au débat de manière plus réfléchie pour expliquer ce que le gouvernement du Canada pense qu'il devra faire mieux.
J'aimerais maintenant attirer l'attention des députés sur les facteurs de risque sous-jacents. De nombreuses études ont été réalisées sur la prévalence du suicide chez des groupes à risque élevé. On a évoqué durant le débat d'aujourd'hui les jeunes Autochtones qui habitent dans de petites collectivités éloignées dans le Nord, mais il y a d'autres groupes démographiques qui sont à risque, comme la communauté des GLBT, les anciens combattants et les personnes âgées. Il y a de nombreuses études à ce sujet.
J’ai l’impression que nous ne portons pas une attention suffisante à certains des facteurs de risque sous-jacents. Le fait est que le suicide est évitable si on comprend ce qui se passe sur le plan personnel, dans le cas d’une personne qui souffre peut-être de dépression ou de maladie mentale ou qui a subi un traumatisme d’une forme ou d’une autre ou vécu des circonstances tragiques. Il y a aussi l’aspect plus vaste des conditions sociétales, socio-économiques et sociales auxquelles les gens sont soumis.
Nous l’avons vu à maintes reprises dans notre pays. Il arrive souvent, lorsqu’on écoute la télé, qu’on entende des histoires vraiment tragiques concernant une série de suicides dans une petite collectivité. Cela nous amène certainement à penser aux conditions sociales liées à la pauvreté, à l’isolement, au manque d’occasions de s’instruire, au surpeuplement des logements et à l’absence des éléments nécessaires pour vivre dans la dignité. Il y a évidemment des évaluations à faire et des facteurs de risque à considérer.
Il ne faut pas oublier non plus les tabous. Dans le cas des jeunes homosexuels et bisexuels, nous savons qu’ils risquent beaucoup plus que les jeunes hétérosexuels de tenter de se suicider: 28 p. 100 contre 4 p. 100, d’après le Centre d’intervention et de prévention du suicide de la Colombie-Britannique. Ces statistiques sont très alarmantes.
La motion parle de l’établissement d’une stratégie et d’un fonds. Nous devons comprendre certains des facteurs de risque qui entrent en jeu dans notre pays.
Lorsqu’on pense au Canada, on s’imagine que c’est un pays incroyablement riche, doté d’innombrables possibilités, de ressources extraordinaires, de grandes villes, de magnifiques paysages, et pourtant on a ces statistiques très alarmantes. Nous devons nous demander pourquoi nous avons une société dans laquelle l’écart se creuse entre ceux qui connaissent une réussite extraordinaire et ceux qui traînent de l’arrière et vivent dans la pauvreté. J’espère que nous pourrons, dans le cadre du débat d’aujourd’hui, porter une attention particulière à certaines de ces questions.
Ma collègue d' a récemment déposé le projet de loi . C’est une excellente mesure législative. Le gouvernement serait bien avisé, s'il appuie la motion à l’étude, d'examiner le projet de loi et de s’inspirer des idées qu’il contient. Le projet de loi explique clairement les raisons pour lesquelles il est nécessaire d’avoir accès à des services de santé mentale et de désintoxication et d’atténuer les tabous liés au recours à ces services ainsi qu’aux services connexes de prévention du suicide.
Le projet de loi parle aussi de la nécessité d’établir des lignes directrices nationales sur les pratiques exemplaires de prévention du suicide et de travailler avec les collectivités pour concevoir des politiques et des programmes culturellement adaptés. C’est là un facteur très important. Il n’y a pas une approche unique à adopter dans tous les cas. Il faut comprendre ce qui se passe dans chaque collectivité, que ce soit sur le plan géographique ou démographique, pour comprendre les facteurs de risque de nature culturelle et les enjeux particuliers de chaque cas. Le projet de loi aborde en outre la question de la coordination des efforts des professionnels et des organisations partout dans le pays pour échanger de l’information et des résultats de recherche et il mentionne l'appui à accorder à nos professionnels de la santé et aux groupes de défense d’intérêts qui aident les personnes courant le risque de se suicider.
Il y a deux jours, pendant que je voyageais à bord d’un train de Via Rail, j’ai eu la surprise, en parcourant une revue, de constater qu'elle contenait un grand article sur le suicide. L’article parlait surtout des risques de suicide parmi les étudiants, et particulièrement ceux qui vivent dans un environnement où la recherche de l’excellence crée beaucoup d’anxiété et parfois de la dépression. L’article mentionnait le nombre de suicides à l’Université Queen’s. Or, je devais justement m’y rendre pour prononcer un discours dans le cadre d’une conférence sur les droits de la personne.
J'ai trouvé vraiment étonnant qu'une revue à bord d'un train de Via Rail publie un article de fond sur le suicide, en particulier chez un segment de notre société que nous croyons bien portant. Les étudiants sont remplis de motivation et de confiance et réussissent bien; ils forment l'élite et l'avenir de notre société. Or, j'ai été stupéfaite de lire des témoignages d'étudiants sur les événements qui se sont passés dans un seul établissement d'éducation postsecondaire. J'ai trouvé bouleversant de voir à quel point la tragédie qu'est le suicide est traumatisante et a des répercussions à long terme, et j'ai été choquée par le nombre de suicides qui ont eu lieu dans cette université. Je ne pointe pas du doigt l'Université Queen's, car je sais qu'une telle chose se produit ailleurs aussi, mais il se trouve que l'article portait sur cette université. J'ai été vraiment stupéfaite.
Voilà qui nous montre à tous que le suicide est étroitement lié à la santé mentale et au bien-être. Les statistiques qu'on nous présente, soit qu'il se commet dix suicides chaque jour, sont alarmantes et pour le moins troublantes.
Nous les députés néo-démocrates, qui formons l'opposition officielle, considérons ce problème comme une priorité nationale. Nous sommes ravis que la députée d' ait présenté un projet de loi d'initiative parlementaire sur le suicide. Il s'agit d'un projet de loi très complet qui établit le cadre des mesures nécessaires pour mettre en place une stratégie nationale.
Je vais conclure en m'adressant de nouveau au gouvernement du Canada. J'invite aujourd'hui tous les députés à participer au débat et à se concentrer sur les solutions plutôt qu'à se limiter à parler du problème.
Laissons les ministériels réfléchir à leur inaction. Pourquoi tant de communautés autochtones vivent-elles dans des conditions dignes du tiers monde? Pourquoi le taux de suicide est-il si élevé dans les petites localités du Nord? Pourquoi le suicide touche-t-il particulièrement les jeunes ainsi que les gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres? Nous devons en parler afin d'élaborer une stratégie nationale qui soit adéquate.
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Madame la Présidente, je voudrais remercier ma collègue de d'avoir bien voulu partager son temps de parole avec moi. Je tiens aussi à dire que le NPD va appuyer la motion des libéraux concernant la stratégie nationale de prévention du suicide, étant donné que c'est un problème très urgent auquel il faut s'attaquer.
Cette stratégie nationale de prévention est plus que nécessaire car elle permet de sauver des vies. Mais pour cela, il faut travailler ensemble et offrir l'aide dont toutes les personnes souffrantes ont besoin. Pour s'assurer que toutes les communautés du Canada reçoivent les soins et l'attention requis, il faut agir de façon coordonnée. Au cours des 20 dernières années, notre société a pris conscience du phénomène complexe qu'est le suicide. Nous savons maintenant que les personnes à risque se sentent habituellement isolées et vivent d'énormes souffrances. Nous connaissons mieux les causes médicales, sociales et économiques du suicide.
Dans les années 1980 et 1990, des programmes ont vu le jour dans différentes provinces et ils ont donné des résultats tangibles. En 1998, le Québec s'est doté d'une stratégie provinciale en matière de prévention du suicide assortie d'un financement spécifique. Les centres d'aide collaborent et forment un réseau provincial. Il existe aussi une ligne d'urgence provinciale ainsi qu'un service d'écoute téléphonique dédié exclusivement aux jeunes, qui s'appelle Jeunesse, J'écoute. Il y a maintenant des formations en prévention du suicide pour les professionnels de la santé, et le gouvernement provincial finance la recherche dans ce domaine. Les centres jeunesse, les CLSC, les ONG et d'autres partenaires travaillent maintenant en synergie pour offrir aux personnes à risque l'aide nécessaire et assurer un suivi par la suite.
Avant d'adopter cette stratégie, le taux de suicide au Québec était l'un des plus élevés chez les nations industrialisées. Le taux de suicide est passé de 18 p. 100 en 1981 à 14 p. 100 en 2009. Il s'agit d'une nette amélioration, même si d'énormes progrès restent à accomplir. Ces données démontrent qu'une stratégie efficace, impliquant tous les acteurs du milieu, peut porter fruit.
Malheureusement, plusieurs communautés isolées au pays n'ont toujours pas accès à ces programmes. C'est pourquoi il est important de miser sur les initiatives locales et provinciales et concevoir une stratégie nationale pour s'assurer que personne n'est oublié. Bien que le suicide soit un geste individuel, il faut le voir comme un phénomène de santé publique. La qualité de vie, le réseau social et les soins mis à sa disposition peuvent avoir un impact positif sur une personne en détresse, si ces ressources lui sont accessibles, évidemment.
Lorsqu'elle n'a pas d'aide, la personne souffrante est isolée et laissée seule avec ses pensées suicidaires. Alors, le danger est grand que cette personne passe à l'acte. La violence familiale, la consommation de drogue et d'alcool peuvent aggraver l'état d'une personne en détresse. Des événements comme la difficulté à se loger, une peine d'amour, un échec, un rejet, des problèmes financiers ou n'importe quel événement stressant générateur d'anxiété ou de tristesse peuvent déclencher des idées suicidaires. C'est alors que la goutte fait déborder le vase.
Certains groupes sont plus particulièrement touchés par le suicide. Les personnes souffrant de problèmes de santé mentale, les personnes itinérantes, les aînés ou les jeunes, par exemple, sont plus à risque. Dans le cas des personnes itinérantes, leur détresse est amplifiée par des conditions de vie misérables vécues au quotidien. Ces personnes sont souvent exclues des services de santé de base en raison de leur situation sociale précaire et du fait qu'elles n'ont pas d'adresse. L'itinérance est un phénomène encore méconnu et les personnes qui vivent cette réalité sont souvent traitées avec mépris. C'est pourquoi toute initiative pour venir en aide à ces personnes doit être saluée.
J'aimerais d'ailleurs souligner que le 21 octobre prochain, plusieurs vigiles à la belle étoile auront lieu partout au Québec, dont une à Salaberry-de-Valleyfield, dans mon comté. Cette Nuit des sans-abri est organisée par l'organisme PACT de rue. Il s'agit d'événements qui peuvent nous aider à comprendre la réalité et la détresse, ainsi que les besoins et les droits des personnes itinérantes, ce qu'on oublie souvent.
D'autres groupes sont aussi considérés comme plus fragiles aux pensées suicidaires, dont celui des jeunes Autochtones. On en a d'ailleurs parlé à plusieurs reprises aujourd'hui. La communauté d'Akwesasne, située dans mon comté, sait bien de quoi je parle. Au cours des 18 derniers mois, quatre jeunes se sont enlevé la vie. Pour une communauté de 15 000 personnes, ces pertes de vies humaines sont tragiques. Les jeunes de cette communauté mohawk sont souvent aux prises avec des problèmes de drogue et d'alcool. Certains d'entre eux volent des médicaments d'ordonnance ou se font recruter par des gangs criminels pour transporter sur eux des drogues destinées à la vente au marché noir.
Dans la communauté d'Akwesasne, il y a des services de santé mentale, mais ce ne sont pas tous les jeunes qui acceptent de se faire aider. Les autorités de la réserve rappellent l'importance de fournir des soins adaptés à la réalité de ces jeunes et aimeraient qu'on mette une ligne téléphonique d'aide à la disposition des jeunes Autochtones, ce qui n'est pas le cas présentement.
De plus, le centre de traitement pour adolescents d'Akwesasne, qui s'occupe d'adolescents aux prises avec des problèmes de dépendance, attend toujours un financement du gouvernement fédéral pour permettre aux intervenants de continuer leur travail auprès des jeunes. Il est donc primordial que ces adolescents reçoivent une aide qui respecte leur identité culturelle et spirituelle. En général, ces jeunes courent plus de risques d'avoir des idées suicidaires. Le suicide est la principale cause de mortalité chez les jeunes âgés de 10 à 24 ans. En effet, l'adolescence est une période critique qui implique des changements importants. Les jeunes construisent leur identité personnelle et leur estime de soi. Ils vivent la pression des pairs et celle de la réussite scolaire. Enfin, ils sont parfois victimes d'intimidation dans la cour d'école ou de violence familiale.
Les troubles de santé mentale se manifestent souvent à l'adolescence. Le rôle des psychologues, des psychoéducateurs, des travailleurs sociaux, des travailleurs de rue, des professeurs, et j'en passe, est crucial pour identifier les signes avant-coureurs. Ces éducateurs et professionnels de la santé doivent être formés et soutenus financièrement pour savoir comment agir et réagir devant la détresse de ces jeunes.
Il faut aussi s'attaquer à la stigmatisation des jeunes qui ont des idées et des comportements suicidaires. Il existe encore de trop nombreux tabous, et les gens n'osent pas parler de leur mal-être. Il n'est pas évident pour eux de consulter les professionnels en santé mentale et de s'afficher comme une personne ayant besoin d'aide puisque les préjugés sont encore tenaces à ce sujet. Pourtant, il faut encourager ces jeunes à consulter les personnes adéquates. Cette démarche démontre qu'ils cherchent à s'en sortir et qu'ils veulent rétablir un équilibre dans leur vie. C'est justement ce qu'il faut favoriser. Il faut donc que l'aide soit disponible quand les gens en ont besoin.
Le projet de loi de ma collègue de se penche d'ailleurs sur plusieurs aspects du suicide, dont la prévention. Le projet de loi vise à mieux former les professionnels dans le domaine, à contribuer à une meilleure couverture médiatique, à permettre également de soutenir la recherche pour prévenir le suicide et à mieux cerner les groupes à risque. Le projet de loi favorise la collaboration avec les organismes communautaires et les intervenants des premières nations ayant déjà développé une expertise sur le sujet. Il encourage la participation des communautés, des provinces et des Villes pour faire front commun dans la prévention du suicide. Il reconnaît aussi l'importance de changer les mentalités, de briser les tabous et de pouvoir parler ouvertement du suicide.
De plus, pour toutes ces raisons, des pays comme l'Australie, le Royaume-Uni, la Suède, la Norvège et les États-Unis se sont tous dotés d'une stratégie nationale. Le Canada est un des seuls pays industrialisés qui n'ait pas encore une telle stratégie. Pourtant, le temps presse. Chaque jour, comme on l'a répété à plusieurs reprises, 10 personnes au pays s'enlèvent la vie. Chaque année, 3 500 personnes choisissent de mettre fin à leurs jours. Il faut agir. Une stratégie nationale nous permettra de mettre la compassion, l'aide et l'écoute à l'avant-plan et de venir en aide à ceux qui souffrent partout au pays.
Sur cette question primordiale, les élus de la Chambre doivent être unis et adopter la motion déposée par les libéraux.
Nous avons la responsabilité de nous attaquer à ce problème. Nous avons aussi les moyens d'agir pour aider les gens en détresse. Reste maintenant au gouvernement de montrer sa volonté politique de s'impliquer positivement et concrètement dans l'élaboration et l'application de cette stratégie nationale de prévention du suicide si cruciale et si urgente. Nous avons le choix de bâtir une société plus positive et plus juste, faisons-le!
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec la députée d’.
La motion à l’étude aujourd’hui situe le problème du suicide non seulement comme un drame personnel mais aussi comme un grave problème de santé publique. C’est de ce dernier aspect que nous souhaitons parler. Il n’y a sans doute aucun député qui nie l’importance du suicide. Personne n’ira dire que ce n’est pas un problème réel dont il faut s’occuper. Nous sommes tous d’accord.
Ce que nous essayons de dire, c’est que ce problème appelle une initiative semblable à celle qui a été retenue lorsque nous avons examiné le partenariat canadien pour la lutte contre le cancer. Elle consistait à encourager et à financer les soins au Canada et à en soutenir la coordination.
Le cancer est une maladie du corps, mais peut-être le gouvernement fédéral pourrait-il proposer ici une structure de soutien et de coordination. Comme le problème du suicide touche tous les groupes d’âge, tous les groupes ethniques, les deux sexes et tous les milieux socioéconomiques, il est au premier plan des préoccupations. Comme il s’agit de la troisième cause de décès chez les hommes adultes au Canada, il faut voir dans le suicide un problème de santé publique urgent et grave qui nécessite un leadership fédéral si nous voulons agir de façon cohérente.
Ce qu’il y a de particulier, à propos du suicide, c’est qu’il a été trop longtemps relégué dans l’ombre. Tout le monde a peur d’en parler. C’est qu’on croit que si on en parle, on encourage les autres à se suicider. Tout le monde parle de la contagion du suicide, du suicide par imitation, mais nous savons fort bien, à propos des idées suicidaires, qu’il n’est pas rare que l’idée de suicide nous traverse l’esprit à un moment ou l’autre.
En fait, 42 p. 100 des adultes disent que l’idée du suicide leur a traversé l’esprit au cours des cinq derniers jours. Nous savons que nous y pensons. Mais quelles sont les causes multiples qui ont une influence sur la question et sur lesquelles nous devons nous interroger?
Beaucoup de provinces, mais pas toutes, ont des stratégies de lutte contre le suicide. Le problème, c’est la fragmentation des efforts dans tout le pays. Tout dépend du poids que chaque province accorde au dossier, mais si nous pouvons nous attaquer au cancer, qui est une maladie du corps, envisager une stratégie pancanadienne pour cette maladie et financer cette stratégie au niveau fédéral, nous devons pouvoir parler du fait qu’il faut s’attaquer au suicide de la même manière.
Comme médecin, je déplore que nous sachions trop peu de choses sur le suicide. J’ai des patients qui se sont suicidés et d’autres qui ont tenté de le faire. Je me sens parfois impuissante, car je n’ai pas pu déceler les signes et les symptômes précoces qui auraient dû me sauter aux yeux. Nous savons que bien des gens qui se suicident ou qui tentent de se suicider sont apparemment des gens qui réussissent bien et qui sont joyeux. On ne se doute de rien.
Nous avons beaucoup de travail à faire. Grâce à une stratégie canadienne, nous pourrions examiner la question de la recherche. Il y a tant de facteurs qui contribuent au suicide.
Les Instituts de recherche en santé du Canada font un certain travail. Ils disent qu’il y aurait une composante génétique. Il se peut très bien que nous devions faire des études à partir du génome. Il peut exister des composantes génétiques.
Il peut y avoir une maladie mentale sous-jacente, un handicap caché, qu’il soit mental ou autre, et les gens ont l’impression qu’ils ne sont pas normaux. Ils éprouvent de la difficulté à l’école. Ils sont peut-être dyslexiques ou ils souffrent d’un trouble d’apprentissage. Ils ont peur. Ils ne veulent pas en parler. Ils ont toujours le sentiment de ne pas être naturels, de ne pas être normaux.
Au Canada, les taux de suicide élevés se manifestent chez les jeunes Autochtones, où ils sont cinq fois plus élevés que la norme, et chez les jeunes Inuits, où ils sont sept fois supérieurs à la moyenne. Nous constatons aussi qu’ils sont cinq fois supérieurs dans la communauté des LGBT, en particulier chez les jeunes LGBT.
Nous savons que la question du suicide comporte un volet psychologique. C’est l’idée que si une personne est différente, elle doit avoir honte de cette différence. Parfois, c’est le désespoir de la situation auquel viennent s’ajouter des gestes d’intimidation. Nous savons qu’il y a 350 000 épisodes d’intimidation par mois dans notre pays, et dans certains cas ils peuvent conduire au suicide.
Nous savons que le suicide est un acte impulsif. Nous savons, par exemple, qu’il est possible d’avoir des pensées suicidaires pour des raisons biologiques, sociales ou psychologiques qui sont à l’origine des tentatives de suicide, mais parfois c’est un geste impulsif. Soixante-dix pour cent des Canadiens qui ont songé au suicide ou qui ont fait une tentative de suicide affirment avoir tenté de se suicider une heure après un événement déclencheur. Environ 25 p. 100 ont déclaré que dans les cinq minutes suivant l’événement déclencheur, ils ont tenté de se suicider.
Je crois que la difficulté vient de ce que nous ne considérons pas la maladie mentale comme un problème important. S’il ne s’agit pas de schizophrénie ni de troubles bipolaires, on a tendance à penser que la maladie mentale est une question de volonté personnelle. Il est mal vu d’avoir de la difficulté à faire face à la réalité ou d’avoir des problèmes psychologiques. Le terme « psychologique » lui-même est péjoratif. Il laisse entendre que la personne est moins capable qu’une autre de faire face à une situation, et nous savons que c’est faux.
Comme je l’ai dit précédemment, nous savons que des facteurs biologiques, sociaux et psychologiques entrent en jeu. Si quelqu’un, un ami par exemple, vous disait que lorsqu’il court il ressent une douleur à la poitrine, du côté gauche, nous lui conseillerions de consulter un médecin, parce que c’est peut-être un symptôme de maladie cardiaque. Pourtant, quand quelqu’un nous dit qu’il ne peut pas faire face à la réalité ou lorsque nous voyons qu’il souffre de problèmes mentaux ou psychologiques, nous pensons qu’il vaut mieux faire comme si de rien n’était et que cette personne a moins de volonté que nous ou est moins capable que nous de régler ses problèmes. Nous savons pourtant que cela est faux.
Si quelqu’un se présentait à l’urgence à la suite d’une tentative de suicide, le responsable du triage le ferait examiner immédiatement, comme s’il s’agissait de douleurs à la poitrine. La différence, c’est que si l’électrocardiogramme du patient qui éprouve des douleurs à la poitrine révélait des signes précoces d’infarcissement dans le muscle cardiaque, ce patient serait immédiatement admis à l’hôpital. Un lit lui serait attribué et un suivi serait assuré. Le suivi se ferait de façon continue, et le patient subirait de multiples tests.
Toutefois, si une personne est hospitalisée après avoir tenté de se suicider, on se contentera de lui laver l'estomac ou de prendre toutes les mesures nécessaires pour la garder en vie. Il n'y a pas de lits de traitement pour ces personnes, ou il y en très peu. Il n'y a aucun endroit où on peut les envoyer. Il n'y a pas d'aiguillage. Nous n'avons pas assez de professionnels de la santé. Les psychologues ne sont pas couverts en vertu de la Loi canadienne sur la santé, bien qu'ils jouent un rôle essentiel dans la prévention du suicide.
Quand nous nous penchons sur le problème du suicide, nous devons tenter de déterminer la façon de lier tous ces éléments ensemble. C'est pour cette raison que nous avons besoin du leadership du gouvernement fédéral.
Par exemple, nous devons examiner l'éducation et la formation des intervenants de première ligne. Dans les cas de suicide chez les jeunes, nous devons déterminer qui un jeune pourrait rencontrer, par exemple un entraîneur ou un conseiller scolaire. Beaucoup de personnes n'ont pas reçu la formation nécessaire pour reconnaître les signes et les symptômes avant-coureurs du suicide.
Toutefois, nous savons que si quelqu'un dans une école se suicide, il est important d'aider les survivants à surmonter leur tristesse et d'aller leur parler. Un professionnel doit parler aux jeunes de l'école afin d'empêcher qu'il y ait d'autres suicides parmi les amis et les camarades de classe de la personne décédée. Nous savons que le risque de suicide est plus élevé chez certaines personnes, pas parce que ces personnes sont moins bien équipées pour surmonter les traumatismes, mais parce qu'elles sont plus à risque pour des raisons biologiques ou sociologiques, entre autres, ou parce qu'elles estiment que c'est la meilleure solution.
Ce sont des choses dont nous devons parler. Nous devons parler de la nécessité de fournir des services de counselling dans les écoles, de trouver des moyens de régler ce problème dans les écoles et d'apprendre aux médecins de famille et aux infirmières de la santé publiqueà reconnaître les signes et les symptômes avant-coureurs.
Par exemple, Mme Richardson a parlé aujourd'hui du suicide de sa fille il y a un an. C'est un parfait exemple.
Sa fille était une athlète brillante, qui réussissait bien à l'école et qui semblait joyeuse. Ce que sa mère a dit aujourd'hui lors de la conférence de presse est très révélateur. Elle a dit: « Je veux que nous parlions du suicide tous les jours chez nous, à la table de cuisine, dans les centres commerciaux, partout. » Ce que je...
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui à la mémoire de parents et d’amis perdus en raison d’un suicide. Je veux manifester mon appui à ceux qui ont subi une telle perte, et rappeler à ceux qui souffrent qu’il y a de l’espoir, et qu’on peut trouver de l’aide et de la compassion au sein de la collectivité.
Je prends aussi la parole pour demander au gouvernement de créer une stratégie nationale de prévention du suicide. Nos enfants, nos parents et nos proches, nos amis et collègues, nos clients et patients, nos voisins, et les gens de tous les milieux socio-économiques, de toutes les cultures, de tout âge et des deux sexes ne peuvent plus attendre.
Près d’un million de personnes se suicident chaque année dans le monde. Le taux de mortalité mondial dû au suicide est de 16 pour 100 000, ce qui signifie qu’un suicide survient environ toutes les 40 secondes et que 3 000 personnes se suicident chaque jour. Pour chaque personne qui réussit son suicide, il y en a peut-être une vingtaine qui tentent de mettre fin à leurs jours. Depuis 45 ans, le taux de suicide a augmenté de 60 p. 100 à l’échelle mondiale.
Aucun segment de la société canadienne n’est à l’abri de ce fléau. Le suicide nous touche tous et demeure l’un des problèmes de santé publique les plus graves au Canada, puisque le taux de mortalité attribuable au suicide est de 15 pour 100 000 au Canada. Dans les trois dernières décennies, plus de 100 000 Canadiens se sont suicidés. Chaque année au Canada, près de 4 000 personnes se suicident.
Les taux sont même encore plus élevés dans certains groupes. Par exemple, le taux de suicide chez les Inuits du Nord du Canada s'élève entre 60 et 75 pour 100 000 personnes. Les taux de suicide chez les jeunes Inuits sont extrêmement élevés et atteignent jusqu'à 28 fois la moyenne nationale chez les hommes de 15 à 24 ans. D'autres groupes connaissant un taux accru de suicide incluent les jeunes, les personnes âgées, les détenus des établissements correctionnels, les malades mentaux et ceux qui ont déjà fait une tentative de suicide.
Malheureusement, lorsque quelqu'un se suicide, la douleur ne s'arrête pas. Elle est tout simplement transférée sur la famille, les amis et la collectivité. Les personnes endeuillées par un suicide ont besoin de compassion, de soutien et de compréhension pour minimiser les répercussions du suicide.
Depuis beaucoup trop longtemps, le débat sur le suicide s'entoure de secret, de honte et de tabous. Il faut mettre fin au secret. Il faut briser le silence, s'élever contre les traumatismes et travailler activement à la prévention du suicide.
Le suicide est un problème complexe qui met en branle des facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et spirituels. Les facteurs de risque spécifiques incluent les troubles mentaux comme l'alcoolisme, la dépression, les troubles de la personnalité, la schizophrénie et les maladies comme le cancer, les infections au VIH et les troubles neurologiques.
Nous savons que les personnes qui risquent de se suicider connaissent une douleur psychologique intense. Elles veulent et ont besoin d'aide pour atténuer la douleur afin de pouvoir vivre des vies enrichissantes. Nous devons faire en sorte que ces personnes obtiennent l'aide dont elles ont besoin.
Je veux mentionner le sort de beaucoup d'anciens combattants qui éprouvent de la difficulté lorsqu'ils reviennent à la maison avec un trouble de stress post-traumatique et qui, dans certains cas, se battent pour rester en vie.
Avant d'aller plus loin, je tiens à remercier tous nos anciens combattants, les anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée, ceux des Forces canadiennes et des forces de réserve. Je les remercie. Je sais que tous les députés et tout le Canada les remercie. Il n'y a pas de cérémonie commémorative, de louanges ou d'hommages qui peuvent être à la hauteur de leur service et de leur immense sacrifice.
Le ministère des Anciens Combattants signale que le nombre d'anciens combattants qui éprouvent une forme ou une autre de stress opérationnel comme le trouble de stress post-traumatique, a triplé au cours des cinq dernières années. Selon les données obtenues par des demandes d'accès à l'information, le taux de suicide chez les soldats canadiens pourrait bien avoir doublé entre 2006 et 2007, pour atteindre le triple du taux de suicide dans la population en général.
J'ai eu l'immense privilège de travailler avec des anciens combattants de partout au pays et d'entendre leurs histoires. J'ai appris, entre autres, qu'un ancien combattant avait vécu dans les bois pendant 10 ans. Un dimanche après-midi, j'ai reçu une lettre de suicide d'un ancien combattant et j'ai alors communiqué avec les secours et on l'a retrouvé perdu en pleine tempête de neige parce qu'il ne pouvait pas consulter de psychiatre avant trois mois, même s'il avait reçu le diagnostic de TSPT plusieurs années auparavant. J'ai déjà été sans nouvelles d'un autre ancien combattant et j'ai dû attendre plusieurs semaines qu'il émerge de l'obscurité de son sous-sol. J'ai aussi reçu une note d'un ancien combattant en détresse parce qu'un jeune ami avait été retrouvé sans vie en bordure de la route et un autre, mort dans son sous-sol. Les deux avaient tout simplement cessé de vivre. Ils avaient renoncé à s'alimenter et à prendre leurs médicaments.
Je vais simplement vous citer quelques déclarations de nos remarquables héros canadiens qui illustrent leur désespoir: « Nous souffrons tous et nous avons besoin d'aide. Il n'y a pas que les hommes que nous perdons outre-mer, mais aussi ceux que nous perdons à cause du suicide. Ils auraient aussi bien pu mourir à l'étranger. Nous avons tous songé au suicide. Ces pensées s'insinuent constamment dans nos esprits. Quand j'envisage de mettre fin à mes jours, j'en éprouve du soulagement. S'enlever la vie signifie mettre fin à la souffrance et cesser de devoir continuellement chasser ces pensées. Nous nous demandons comment nous pouvons quitter nos proches et améliorer ainsi leur sort. Tout le monde se portera mieux sans nous. »
Voici les propos d'un médecin que certains anciens combattants qualifient d'ange gardien: « Ce dont nous avons absolument besoin pour ces anciens combattants, c'est de pouvoir les aiguiller vers un établissement près de chez eux où ils pourront recevoir des soins continus. Les anciens combattants et leurs familles souffrent. De nombreuses épouses ont communiqué avec moi et ne veulent vraiment pas rester avec leurs maris. Elles ont peur d'eux et pour eux. »
Il est grand temps d'appuyer sans réserve nos soldats blessés, particulièrement ceux qui souffrent du TSPT et de traumatismes cérébraux, qui ont incité un trop grand nombre d'anciens combattants à se suicider. Il faut s'efforcer d'investir généreusement, de mettre fin aux stigmates associés au TSPT et aux traumatismes cérébraux, d'améliorer les services d'aide et de prévention du suicide, de recruter et de former un plus grand nombre de conseillers en santé mentale, et de traiter un plus grand nombre d'anciens combattants que dans le passé. Chaque ancien combattant doit avoir la certitude que son pays est prêt à l'aider, et c'est ce qu'il convient de faire d'un point de vue moral.
Il existe des stratégies et des méthodes d'intervention efficaces afin de prévenir le suicide. Celles-ci incluent la prévention et le traitement appropriés des problèmes liés à l'alcool, à la dépression et à la toxicomanie. On peut restreindre l'accès aux méthodes de suicide les plus courantes telles que l'utilisation d'armes à feu ou de produits comme les pesticides. Il faut aussi assurer un suivi auprès des personnes qui ont déjà tenté de se suicider. Cela dit, il est essentiel d'adopter des approches multisectorielles qui englobent tant le secteur de la santé que d'autres comme l'éducation, la justice, le travail, la police, la politique et les médias.
Un bon nombre de pays ont élaboré des stratégies nationales afin de réduire la fréquence du suicide, souvent en faisant appel aux compétences et au leadership d'experts canadiens. Nous devons nous demander pourquoi le Canada agit aussi lentement dans cet urgent dossier de santé publique. Il faut corriger la situation une fois pour toutes.
Le Canada a besoin d'une stratégie nationale de prévention du suicide, c'est-à-dire d'un ensemble d'activités coordonnées visant à réduire d'un chiffre précis le nombre de suicides durant une période donnée. La stratégie devrait se fonder sur la recherche, être ciblée et faire l'objet d'une évaluation. Ses objectifs précis pourraient inclure la réduction du risque chez les groupes particulièrement vulnérables, la promotion du bien-être mental au sein de la population générale, la réduction de la disponibilité des méthodes de suicide et de leur létalité, l'amélioration du signalement des comportements suicidaires dans les médias, la promotion de la recherche sur le suicide et sur sa prévention, ainsi que l'amélioration des techniques de surveillance.
En terminant, chaque suicide est une tragédie individuelle et une perte irrévocable pour la société. Le suicide a un effet dévastateur chez les familles et les survivants, tant du point de vue économique que psychologique et spirituel. C'est pour toutes ces raisons que le gouvernement doit faire de la prévention du suicide une priorité de la santé. Aucun autre ancien combattant ne devrait avoir à dire dans l'avenir: « Je suis un militaire de la deuxième génération. Mon fils ne va jamais porter l'uniforme. Je perds le sommeil. Les députés devraient eux aussi perdre le sommeil. Le TSPT a détruit toute ma vie. La mort plane au-dessus de ma tête à tous les jours. »
Nous, Canadiens, devons mettre fin au silence. Nous devons apaiser la souffrance et empêcher que d'autres vivent une telle perte de qualité de vie.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps avec l'extraordinaire député de .
Le suicide est une tragédie qui frappe beaucoup trop de familles canadiennes. C'est une des principales causes de décès dans le monde. Chaque année, plusieurs milliers de Canadiens se suicident. Selon l'Organisation mondiale de la santé, le taux de suicide au Canada est de 15 personnes sur 100 000. Bien que ce taux varie selon l'âge, le sexe et l'appartenance ethnique au Canada, les hommes y semblent le plus à risque.
Par ailleurs, le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes de 10 à 24 ans, selon l'Association des psychiatres du Canada.
Les tragédies qui ont frappé certains anciens membres de la Ligue nationale de hockey cet été ont mis en évidence la fréquence du problème, la fréquence de ce défi.
Le seul aspect positif de ces tragédies effroyables, c'est qu'elles mettent en évidence la nécessité critique de se pencher sur les problèmes de santé mentale.
Notre , qui vient du Nord, connaît particulièrement bien cette réalité tragique chez les Premières nations et les communautés inuites. Le taux de suicide chez les jeunes des Premières nations au Canada est environ cinq à sept fois plus élevé que chez les non-Autochtones. Dans les régions inuites, le taux de suicide est 11 fois supérieur à la moyenne canadienne.
De nombreux facteurs contribuent au suicide, mais la maladie mentale est l'un des principaux. Selon l'Association canadienne pour la santé mentale, près de 6 millions de Canadiens, c'est-à-dire un sur cinq, risquent d'être affectés par une maladie mentale au cours de leur vie. C'est pourquoi notre gouvernement a pris des mesures concrètes pour améliorer la santé et le bien-être mentaux des Canadiens. Nous prenons au sérieux les problèmes de santé mentale. Nous tenons à souligner deux grands événements concernant la santé mentale qui auront lieu ce mois-ci. Au Canada, c'est la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales. Le 10 octobre est la Journée mondiale de la santé mentale. Ce sont des occasions de sensibiliser la population aux maladies mentales et à l'importance d'une bonne santé mentale.
Des recherches montrent que plus de 90 p. 100 des victimes de suicide souffrent d'une maladie mentale ou d'un problème de toxicomanie. En outre, une bonne partie des facteurs de risque et de protection qui influent sur la maladie mentale peuvent aussi influer sur le risque de suicide. Selon une récente étude du Centre de toxicomanie et de santé mentale, la maladie mentale entraîne plus de pertes de journées de travail que toute autre affection chronique, et coûte chaque année à l'économie canadienne 51 milliards de dollars en perte de productivité.
La santé et le bien-être mentaux contribuent à notre qualité de vie. La bonne santé mentale se traduit par une meilleure santé physique, un plus grand succès dans les études, une participation accrue à l'économie et des relations sociales épanouies. Conscient de l'importance de la santé mentale dans notre vie quotidienne, notre gouvernement a créé en 2007 la Commission de la santé mentale du Canada, un organisme indépendant du gouvernement. C'est le centre national des questions de santé mentale. Le gouvernement a investi 130 millions de dollars sur 10 ans dans cette commission pour faire avancer les recherches sur la santé mentale.
La commission est chargée de piloter la mise au point de la première stratégie nationale de santé mentale du Canada. Quand elle sera publiée, en 2012, elle donnera aux Canadiens, à la communauté de la santé mentale et aux autorités les moyens de s'unir pour faire progresser la santé mentale.
En publiant, en 2009, un document intitulé « Vers le rétablissement et le bien-être: Cadre pour une stratégie en matière de santé mentale au Canada », la commission a marqué l'aboutissement de la première phase de l'élaboration de cette stratégie. Ce document présente une vision comportant les grands objectifs de la transformation des systèmes de santé mentale au Canada. C'est devenu une importante base de référence pour la stratégie et la pratique en matière de santé mentale au pays.
La Commission de la santé mentale du Canada met la touche finale à la toute première stratégie de santé mentale qui traduira la vision et les objectifs de ce cadre en un plan stratégique. Il est prévu que cette stratégie, façonnée grâce à l'apport de milliers de personnes et de centaines d'organisations ayant une foule de points de vue et d'expériences, intégrera des éléments de prévention du suicide. On s'attend à ce qu'elle apporte une contribution importante au milieu de la santé mentale.
Autre initiative importante, la Commission de la santé mentale du Canada a reçu le mandat de s'attaquer aux préjugés associés à la maladie mentale. Ces préjugés constituent un obstacle majeur qui empêche les gens d'aller chercher de l'aide. De nombreux Canadiens souffrant de malade mentale affirment que la stigmatisation dont ils sont souvent victimes est souvent pire que la maladie elle-même. La maladie mentale touche des personnes de tous les âges et de tous les horizons. Elle peut prendre de nombreuses formes, dont la dépression, l'anxiété et schizophrénie.
La Commission de la santé mentale du Canada vient de donner le coup d'envoi à la plus grande campagne systématique de l'histoire du Canada, Changer les mentalités, dans le but d'éliminer la stigmatisation associée à la maladie mentale. Son objectif est de changer les mentalités et les comportements des Canadiens envers ceux et celles qui ont un problème de santé mentale. Dans le cadre de cette initiative, la commission travaille avec divers partenaires partout au Canada en vue de recenser et d'évaluer les programmes de lutte contre les préjugés. Les efforts pour diminuer la stigmatisation liée à la maladie mentale visent présentement les fournisseurs de soins, les médias, la population active, ainsi que les jeunes et les enfants. L'initiative Changer les mentalités sert de catalyseur, en ce sens qu'elle mobilise les efforts de tous pour faire une véritable différence dans la lutte aux préjugés.
Pour s'assurer que toute l'information sur les maladies mentales soit accessible à la population et à ceux qui oeuvrent en santé mentale, la commission met sur pied un centre d'échange des connaissances. Cette initiative offre aux Canadiens de nouvelles façons d'accéder à l'information, de partager le savoir et d'échanger des idées au sujet de la santé mentale. Tous les Canadiens auront accès à des informations, à des idées et aux pratiques exemplaires ayant trait à la maladie mentale. En outre, cette initiative augmentera les possibilités de partage du savoir dans l'ensemble du réseau canadien de santé mentale.
Le gouvernement a également pris d'autres mesures pour s'attaquer aux problèmes de troubles mentaux dont souffrent les sans-abri. La maladie mentale et l'itinérance sont de plus en plus reliées, et il est nécessaire de faire davantage de recherche dans ce domaine.
Encore la semaine dernière, à Barrie, j'ai eu une conversation avec Mme Nicole Black, une infirmière communautaire qui travaille au David Busby Street Centre, à Barrie. Elle me disait à quel point l'itinérance est répandue et que c'est tout un défi que d'essayer de s'attaquer à ce phénomène. Il est heureux que le gouvernement reconnaisse l'importance d'agir dans ce domaine. Voilà pourquoi, en 2008, il a versé à la Commission de la santé mentale du Canada 110 millions de dollars sur cinq ans pour mener des recherches sur la maladie mentale et l'itinérance. Cela englobe l'initiative At Home/Chez soi, le plus vaste projet de recherche du genre dans le monde.
Ce projet se déroule présentement dans cinq villes canadiennes: Vancouver, Winnipeg, Toronto, Montréal et Moncton. Il s'articule autour du modèle « Priorité au Logement ». Cela signifie qu'une fois qu'une personne a un toit, elle peut mieux se concentrer sur la résolution de ses problèmes personnels. L'approche novatrice de ce projet est susceptible de faire du Canada un chef de file pour ce qui est des services offerts aux personnes itinérantes atteintes de maladie mentale.
En créant et en soutenant la Commission de la santé mentale du Canada, le gouvernement reconnaît le lien entre le suicide et la maladie mentale et se montre résolu à participer à la recherche d'une solution à ce grave problème.
À Barrie, lors de ma visite aux bureaux de l’Association canadienne pour la santé mentale, rue Bradford, et au département de la santé mentale de l’Hôpital Royal Victoria, où travaillent certains des meilleurs médecins de la région dans le domaine de la santé mentale, on m'a dit clairement que c’est une préoccupation croissante pour les Canadiens et que le gouvernement fédéral doit faire ce qu’il peut pour aider. Je suis si fier que le gouvernement fédéral, sous la direction du , en ait fait une priorité.
Je suis heureux d’être à la Chambre aujourd’hui pour parler de cette importante question.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir traiter de cette très importante motion.
Le suicide a un énorme impact, et les facteurs contributifs du suicide sont complexes et importants.
Nous savons que les personnes qui souffrent de maladie mentale, celles qui ont été victimes de violence ou qui viennent de familles qui ont connu le suicide sont elles-mêmes prédisposées au suicide. Les Canadiens atteints de dépression, par exemple, sont plus à risque. Nous savons également que le risque de suicide peut être accentué par les événements de la vie, notamment les pertes importantes, les démêlés avec la justice ou le rejet par la société. L’effet cumulatif des facteurs biologiques, sociaux et économiques, par exemple la discrimination, la violence familiale et les perspectives économiques limitées, contribue au risque de maladie mentale et, par conséquent, de comportements suicidaires.
Nous comprenons maintenant beaucoup mieux les facteurs qui influent sur la maladie mentale et le suicide, mais il nous faudrait aussi mieux cerner les interventions les plus efficaces, tant pour combattre les facteurs de risques que pour définir des traitements.
Pour mieux servir les Canadiens, nous devons nous montrer innovateurs et élaborer des interventions cliniques et sociales et des mesures de santé publique plus efficaces. Comme il en a le mandat, le gouvernement fédéral fait preuve de leadership et favorise la production de connaissances de ce type grâce au financement de la recherche et au renforcement des capacités communautaires pour aborder de façon plus créatrice les problèmes complexes liés au suicide.
Notre gouvernement investit des sommes considérables dans la recherche par l’entremise des Instituts de recherche en santé du Canada. On me dit que depuis 2006 les IRSC ont investi plus de 234 millions de dollars dans la recherche sur la santé mentale et les toxicomanies et plus de 20 millions de dollars dans la recherche sur le suicide. Les IRSC appuient la recherche sur la santé de la population pour améliorer la santé mentale et alléger le fardeau que constituent les troubles connexes.
Ces travaux de recherche nous aideront à déterminer le lien entre dépression et angoisse et l’influence de ces problèmes de santé mentale sur les comportements suicidaires. Les IRSC soutiennent également la recherche sur la santé pour améliorer la santé des membres des Premières nations, des Inuits et des Métis. À cette fin, ils mettent l’accent sur le respect de la collectivité, les priorités de recherche ainsi que les connaissances, les valeurs et les cultures autochtones.
Le suicide a durement touché les collectivités autochtones du Canada. C’est la première cause de décès chez les jeunes Autochtones. Les IRSC considèrent donc la prévention du suicide dans les collectivités autochtones comme une priorité de recherche. Les IRSC ont notamment investi dans l’initiative de prévention ciblée du suicide chez les peuples autochtones et dans le réseau d’appui des jeunes des collectivités autochtones, un projet de recherche communautaire destiné à prévenir le suicide chez les jeunes.
Ce réseau de recherche a pour but d’approfondir les connaissances en sciences sociales et en santé dans les collectivités autochtones et de faciliter les échanges entre les collectivités au sujet de leurs expériences de lutte contre le suicide chez les jeunes Autochtones.
Le gouvernement octroie aussi des fonds à la Commission de la santé mentale du Canada pour promouvoir la recherche et l’innovation dans le domaine de la santé mentale et de la prévention du suicide. Un investissement de 110 millions de dollars sur cinq ans, par exemple, appuie les essais de nouveaux programmes pour lutter contre l’itinérance chez les personnes atteintes de maladie mentale. La commission travaille en outre à la création d’un centre de connaissances pour communiquer des données aux intervenants de tout le pays et les informer des innovations dans le domaine de la santé mentale.
Le gouvernement a par ailleurs investi 65 millions de dollars sur cinq ans dans une stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones pour faire connaître les facteurs de protection et réduire les facteurs de risque de suicide chez les jeunes Autochtones. Cette initiative contribue également à la production de connaissances et à la définition de pratiques exemplaires en matière de prévention du suicide. Le budget de 2010 allouait 75 millions de dollars pour le renouvellement de cette stratégie.
Le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs, qui est financé par le gouvernement, élabore actuellement des lignes directrices cliniques pour les soins primaires et la prévention, y compris des tests de dépistage de la dépression.
De plus, le portail des pratiques exemplaires de l’Agence de la santé publique du Canada donne aux spécialistes de la santé publique de l’information sur la prévention des maladies chroniques et la promotion de la santé. On y décrit des pratiques exemplaires pour la prévention des maladies mentales.
La prévention du suicide commence par la constitution, chez les enfants et les jeunes, d’une bonne santé mentale et d’une solide résilience. Le gouvernement injecte donc des fonds pour renforcer la capacité des collectivités canadiennes de concevoir et d’implanter des approches innovatrices pour atteindre cet objectif.
Le gouvernement a consacré 27 millions de dollars aux neuf grandes initiatives de promotion de la santé mentale dans plus d’une cinquantaine de collectivités un peu partout au Canada, dans toutes les provinces et tous les territoires. Ces interventions visent à améliorer la santé mentale des enfants, des jeunes et des familles. Le but visé est d’appliquer et de mettre à l’essai différents programmes dans diverses populations.
Ces initiatives ciblent les personnes qui présentent les plus grands risques de problèmes mentaux et fournissent un soutien local aux habitants des localités rurales, de celles du Nord et des collectivités autochtones.
Ainsi, une trentaine de collectivités autochtones profiteront de ces programmes, qui produiront également des connaissances appréciables sur les interventions les plus efficaces, dont bénéficieront à leur tour d’autres collectivités autochtones dans l’ensemble du Canada.
L’une de ces initiatives est le projet de promotion de la santé mentale des jeunes Autochtones. Elle s’adresse aux enfants de 10 à 14 ans et à leurs parents. Il suit une approche adaptée à la culture et renforce les interactions dans la famille en enseignant les compétences parentales, les aptitudes sociales et des mécanismes d’adaptation.
Voici un autre exemple important: le financement du Réseau de recherche sur la santé dans l’Arctique. Cela aidera à répondre aux besoins en matière de santé mentale des enfants, des jeunes et des familles du Nunavut. Ce programme mobilisera des jeunes de 13 à 19 ans pour sensibiliser l’opinion à la question de la santé mentale chez les jeunes dans un maximum de sept collectivités. Il sera appliqué avec le concours de professionnels de la santé, de décideurs, de familles et de membres de la collectivité.
L’Agence de la santé publique du Canada finance également des initiatives qui portent sur les facteurs de risque de problèmes de santé mentale et de suicide. Nous savons que l’intimidation, les relations violentes et la toxicomanie sont chez les enfants et les jeunes des problèmes qui peuvent avoir des conséquences préjudiciables à long terme.
Par exemple, le programme WITS sera implanté dans plusieurs collectivités de quatre provinces, soit la Colombie-Britannique, l’Alberta, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick. Il s’adresse aux enfants, aux familles, à la police locale et à d’autres partenaires de la lutte contre l’intimidation.
De plus, le financement du Centre de toxicomanie et de santé mentale permettra d’implanter un programme de lutte contre la violence et de création de relations constructives chez les adolescents de sept districts scolaires et de plus de 40 écoles dans trois provinces et un territoire: Alberta, Saskatchewan, Ontario et Territoires du Nord-Ouest.
Le soutien des familles vulnérables est indispensable à un bon avenir sur le plan de la santé mentale et du mieux-être. Nous injectons donc des fonds dans une autre initiative au Manitoba qui s’inspire d’un modèle reconnu mondialement pour améliorer l’évolution des familles à risque vers une meilleure santé mentale.
Ce programme comprend des services de visites aux familles qui ont des enfants, depuis le stade prénatal jusqu’à cinq ans, et qui vivent dans des conditions qui présentent des risques. Le programme, axé sur la famille, met l’accent sur le rôle constructif des parents et une meilleure interaction entre parents et enfants, un meilleur développement de la santé de l’enfant et le recours aux ressources locales.
De plus, le financement que le gouvernement accorde au programme Socially and Emotionally Aware Kids permet à celui-ci de se déployer dans trois provinces. Ce programme vise à renforcer la résilience, l’estime de soi, et la capacité d’adaptation chez les enfants de 5 à 12 ans, autant de facteurs de protection contre une santé mentale médiocre et les risques de comportement suicidaire.
Les premiers résultats montrent une diminution des problèmes de comportement et une amélioration marquée des relations sociales, une capacité de concentration pour résoudre les problèmes et une plus grande conscience affective. Ce sont justement les éléments nécessaires à des jeunes en bonne santé et productifs.
Le gouvernement continuera de collaborer avec ses partenaires de tout le Canada pour accumuler de nouvelles connaissances, communiquer les résultats des recherches et appuyer l’innovation pour s’attaquer au problème du suicide, qui a des effets dévastateurs sur les familles et les collectivités.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat d'aujourd'hui. Je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Il y aura 11 ans le mois prochain que je siège à la Chambre. Au cours de cette période, j'ai eu l'occasion de participer à de nombreux débats importants, mais aucun n'était aussi pertinent et plus important que celui d'aujourd'hui.
Je félicite mon chef, le député de , d'avoir présenté cette motion, qui traite d'un sujet que les gens escamotent, évitent ou n'abordent pas en profondeur en raison de son impact énorme. Si une seule personne qui participe au débat d'aujourd'hui, qui siège ici, ou qui suit nos délibérations à la télévision n'a pas été touchée par un suicide — qu'il s'agisse d'un membre de la famille, d'un ami ou d'un proche —, cette personne est bien chanceuse.
Nous avons entendu plusieurs histoires, parfois très personnelles, racontées par de gens qui ont connu une personne qui s'est enlevée la vie. C'est une expérience bouleversante et déroutante. À titre de législateurs, nous devons faire notre possible pour réduire le nombre de suicides et sauver des vies. C'est précisément l'objectif du débat d'aujourd'hui, et je suis heureux que nous soyons saisis de cette question.
En venant ici ce matin, j'ai croisé deux bons amis à moi, Francis Leblanc, l'ancien député de Cap-Breton Highlands-Canso, et Stephen Hogg. Nous avons échangé quelques mots et ils se sont informés du programme à la Chambre aujourd'hui. Lorsque je leur ai parlé du sujet de la motion qui allait être débattue, ils ont tous les deux été très surpris. Évidemment, Francis est conscient de l'importance de ce dossier. Quant à Stephen, il avait peine à s'exprimer. Il a dit que ce dossier lui tenait vraiment à coeur parce que son père s'était suicidé. Je lui ai demandé s'il y avait eu des signes avant-coureurs et il m'a répondu que oui, évidemment, et qu'avec le recul il pouvait maintenant les reconnaître. Il a dit que tout est devenu clair lorsque sa famille a fait une rétrospective des événements qui ont précédé la fin. Les membres de la famille ont été marqués par l'angoisse et la torture que leur père a dû vivre. Ils ne comprenaient pas comment il avait pu se procurer l'arme à feu non enregistrée dont il s'était servi. La planification du suicide a certainement été une période émotivement et mentalement très difficile pour cet homme.
En plus de ce qu'on m'a raconté ce matin lorsque je m'en venais, nous avons entendu plusieurs témoignages aujourd'hui. Le jeune ami de mon fils, un sportif et un athlète accompli, s'est enlevé la vie. Il venait d'une famille solide et compréhensive, faisait des études et semblait avoir beaucoup de bon amis. Un jour, on nous a appelés pour nous dire qu'il s'était suicidé. Lorsqu'un de nos proches s'enlève la vie, son geste a des répercussions sur nous tous. Il est très facile de jeter le discrédit sur les personnes qui s'enlèvent la vie. Leur geste nous laisse perplexes, à la recherche de réponses.
Les Canadiens sont de grands amateurs de hockey. Nous croyons que les personnes qui pratiquent notre sport national sont presque invincibles. Ce sont des êtres imposants et costauds dont nous pensons qu'ils doivent être pas mal solides pour jouer dans la Ligue nationale de hockey. Nous croyons qu'ils sont solides sur les plans physique, mental et émotionnel, ce qu'ils doivent être pour jouer à ce niveau. C'est la réalité.
Toutefois, au cours des derniers mois, le milieu du hockey et l'ensemble des Canadiens ont été ébranlés d'apprendre que trois athlètes professionnels très connus se sont enlevé la vie, à savoir Derek Boogaard, des Wild du Minnesota, Rick Rypien, un ancien joueur des Canuck, et récemment Wade Belak, un ancien joueur des Maple Leafs de Toronto. Les gens qui ont suivi la carrière de ces trois joueurs savent qu'ils avaient quelque chose en commun: ils avaient un rôle très physique dans la LNH. C'étaient des durs à cuire qui devaient se battre et défendre leurs coéquipiers. S'il fallait changer le rythme du jeu, c'est eux qui s'en occupaient. Tous les trois aimaient le jeu rude et n'hésitaient certainement pas à prendre part aux bagarres. Je crois que Belak avait participé à 145 bagarres au cours de sa carrière dans la LNH.
Par conséquent, on a automatiquement établi un lien entre ces éléments et on s'est demandé si la LNH en faisait suffisamment pour s'attaquer au problème des bagarres au hockey. On s'est uniquement concentré sur les bagarres. On est carrément passé à côté du problème en se limitant à un seul point commun entre ces joueurs, en l'occurrence le fait qu'ils étaient tous trois des bagarreurs. Or, il est ressorti par la suite qu'ils souffraient tous les trois de dépression.
Qu'en est-il d'un gars comme Belak? J'ai en main un témoignage que Michael Landsberg, l'animateur de l'émission Off the Record, a publié après le décès de Belak, et dont je ferai lecture plus tard. Quand on voyait Belak à la télévision ou ailleurs, on se trouvait devant un beau grand costaud qui aurait tout aussi bien pu être agriculteur. Il avait une magnifique épouse et deux enfants, il aimait la vie, il vivait dans l'abondance. Comme il avait apparemment tout ce dont on peut rêver, force est de se demander pourquoi cela lui est arrivé à lui. Cependant, au lendemain du drame, on se rend compte qu'il avait un ennemi et que cet ennemi était la dépression.
Je ne me suis pas rendu compte que mon temps de parole était passé si rapidement, mais je tiens à lire les propos de M. Landsberg au sujet de la dépression. Il en souffrait lui aussi. Il a dit ceci:
On ne peut pas voir la dépression. Ni les biopsies, ni les analyses sanguines, ni les rayons X ne décèlent la dépression [...] La dépression est une maladie. Ce n'est ni un problème, ni une dépendance, même si elle peut en donner l'impression [...] Il faut commencer par accepter la dépression comme une maladie grave qui peut parfois être mortelle.
Je trouve ce témoignage très émouvant.
Aaran Sands, un journaliste qui a suivi des histoires de crime pendant de nombreuses années, a lui aussi écrit un article au sujet du décès de Belak. Il a parlé du caractère honteux qu'on attribue à la dépression et aux troubles mentaux et des préjugés cruels que la société nourrit à l'égard des maladies mentales. Il a dit ceci:
Le fait de demander de l'aide pour faire face à ma maladie équivalait ni plus ni moins à un suicide sur le plan professionnel et social pour moi -- ce fut une expérience extrêmement douloureuse, pire que tous les cauchemars que j'ai jamais faits.
J'ose espérer que les choses changeront pour le mieux. Cependant, tant que les gens n'aborderont pas les troubles mentaux sous un angle différent, les suicides continueront, non seulement chez les étoiles du sport, mais également dans toutes les couches de la société.
La raison d'être de la motion d'aujourd'hui, la raison pour laquelle nous attirons l'attention de la Chambre sur cette question, est la nécessité de tenir un débat ouvert sur ce que le Canada peut faire et sur les questions que le gouvernement devrait se poser à l'égard de ce problème. Il est vrai que le gouvernement agit et prend des mesures concrètes, mais fait-il tout ce qu'il peut? Y a-t-il une meilleure façon d'offrir des services? Y a-t-il une meilleure façon de communiquer l'information? Que peut-on faire? Le Canada fait-il tout ce qu'il peut à l'égard de ce problème?
Voilà l'objet du débat d'aujourd'hui. J'espère que l'ensemble des députés verront le mérite de cet exercice et qu'ils y participeront et, enfin, qu'ils appuieront cette motion.
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Monsieur le Président, je suis très honorée de participer au débat d'aujourd'hui. Il est très important que la Chambre presse le gouvernement de collaborer avec les provinces, les territoires et les représentants des Premières nations, des Inuits, des Métis et d'autres intervenants, afin d'élaborer et de financer une stratégie nationale de prévention du suicide axée, entre autres, sur le recours à une action globale fondée sur des données probantes pour prévenir cette terrible cause de décès.
[Traduction]
Depuis que notre chef a suggéré ce sujet mercredi dernier, nous avons passé la semaine à réfléchir, à ressasser une foule de souvenirs et de regrets et à nous demander anxieusement ce que nous allions dire aujourd'hui. Je lui ai dit ce matin qu’il y a des histoires qui ne peuvent pas être racontées parce que ce serait trop pénible.
L’impuissance qu’un ami ou un médecin de famille peut ressentir est incommensurable. Les questions comme: « Qu’est-ce que j’aurais pu faire? Ai-je fait tout ce que j’aurais pu? » reviennent sans cesse, faisant ressortir le fait qu’il y a bien souvent moyen de prévenir ce malheur. On se demande aussi ce qu’on peut faire en tant que société, que famille ou que collectivité pour que cette tragédie évitable soit aussi rare que possible.
Je me rappelle le jour où j’ai dû aller à la morgue. Quand j'ai ouvert le tiroir, j'ai reconnu une de mes patientes qui avait sauté de son balcon. Elle avait été sans-abri et, quand sa mère biologique l’a retrouvée, elle s’est sentie indigne.
Je me rappelle la PDG d’un organisme voué aux arts qui se rendait à l’AGA pour expliquer aux membres que leur organisme était à court d’argent et qu’il pourrait devoir fermer. Elle s'est jetée devant le métro.
Je me rappelle une de mes meilleures amies, une éminente avocate chez Blake, Cassels. J’avais passé tout l’été à tenter de discuter avec elle et de lui donner le goût de vivre. Avocate de renom, bon emploi, bons amis, elle disait que des sirènes l’appelaient et l’invitaient à aller voir ce qu’il y avait de l’autre côté. Un jour, elle n’a pu résister à leur appel. Elle s’est pendue dans son sous-sol.
Le suicide fait souvent suite à une dépression, à la perte d’un emploi ou à une rupture. Il arrive aussi que la personne qui se suicide ait des problèmes avec la loi et craigne que son entourage le découvre. Quoi qu’il en soit, à la base, on trouve cet horrible diagnostic de dépression. Le désespoir, l’impression de ne pas pouvoir faire face aux événements ou le sentiment qu’on ne vaut rien est presque toujours injustifié par rapport aux faits. C'est parce qu'ils sont incapables de surmonter ces impressions, et parce que nous, leurs proches et amis, sommes incapables de leur faire voir ce qu’il en est, ou de réagir correctement aux changements qui surviennent véritablement dans leur cerveau, que certains ne réussissent pas à traverser cette période.
Nous savons que des soldats et des anciens combattants souffrent du trouble de stress post-traumatique. Au Comité de la santé, nous avons entendu la veuve d’un officier de la GRC à qui l’on avait dit qu’il était guéri de sa dépression. On lui a redonné son arme et il s’est tué l’après-midi même.
Ce n'est pas facile. Comme le député de l'a mentionné, la dépression afflige même nos joueurs de hockey les plus révérés. J'ai accroché dans mon bureau le chandail de Jordin Tootoo, quand il jouait pour les Wheat Kings de Brandon. Je me rappelle à quel point nous étions emballés à la perspective qu'il soit le premier Inuit à jouer dans la LNH.
Son frère, Terence, avait joué dans les ligues professionnelles. Peu de temps après que Jordin a été repêché, son frère s'est enlevé la vie parce qu'il avait été arrêté pour conduite en état d'ébriété. Même dans sa lettre d'adieu, il a écrit: « Jordin, va jusqu'au bout. Prends soin des nôtres. Tu es l'homme de la famille. Terence. » Même dans son ultime lettre, il y avait de l'espoir, dans un certain sens, mais nous n'avons pas pu faire ce qui devait être fait.
Dans un article publié dans La Presse, notre chef a dit ce qui suit:
[Français]
Aujourd'hui, 10 Canadiens s'enlèveront la vie, un taux trois fois plus élevé que celui des États-Unis, grandement attribuable au nombre important de suicides chez les Canadiens autochtones.
[Traduction]
Je ne cesse de penser à une présentation que j'ai faite, intitulée « Ce que j'aurais pu faire ». À la première diapositive figurait une citation d'un jeune de la Commission royale sur les peuples autochtones. Il a dit qu'il était coincé entre deux cultures et n'avait l'impression d'appartenir à aucune des deux.
Il est étonnant de constater que les statistiques sur le suicide chez les Autochtones sont si élevées. Le taux de suicide chez les Inuits est 11 fois plus élevé que chez les autres groupes à risque du Canada.
Je me rappelle Bill Mussell, de la Native Mental Health Association, qui m'a expliqué l'importance d'une solide appartenance culturelle, car elle favorise l'estime de soi et la résilience et aide à surmonter les difficultés. Certains perdent le moral. Dans un article paru dans la publication du CAMH, Bill Mussell a dit que « La Commission royale sur les peuples autochtones et le comité sénatorial ont fait un travail remarquable », mais il a aussi ajouté:
Selon la Commission royale sur les peuples autochtones, la santé est le résultat d'un mode de vie actif, productif et sain, où la personne a une assez bonne prise sur les forces agissant dans sa vie quotidienne, a les moyens de nourrir son corps et son esprit, en harmonie avec ses voisins et avec elle-même, et entretient de l'espoir pour l'avenir de ses enfants et de sa patrie [...]
La colonisation a entraîné des changements qui ont attaqué, miné et dévalué la vision du monde des Autochtones, tout en altérant radicalement leurs conditions de vie [...] La colonisation a apporté des changements néfastes, extrêmes et rapides au mode de vie autochtone, tout en niant l'utilité des instruments employés traditionnellement par les Premières nations pour gérer le changement.
Nous disposons de données nous permettant de savoir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Nous demandons à la Chambre d'adopter une stratégie audacieuse prévoyant le financement de ce qui fonctionne et n'accordant pas d'argent aux mesures qui nous donnent bonne conscience, mais qui n'engendrent aucun résultat.
Le travail incroyable de Michael Chandler à l'Université de la Colombie-Britannique nous montre que le taux de suicide baisse grâce à l'autonomie gouvernementale relativement aux revendications territoriales, aux systèmes d'éducation communautaires, aux soins de santé, aux services de police et d'incendie, aux installations culturelles, au retour aux cérémonies, à la participation des femmes au sein des pouvoirs publics et aux services de protection de l'enfance. Chaque collectivité ayant pu se prendre en main dans ces domaines a vu son taux de suicide parmi les jeunes baisser pratiquement jusqu'à zéro. Voici un extrait de la conclusion de son article dans Horizons:
Ce vaste programme de recherche aboutit, dans son ensemble, à deux conclusions principales. Premièrement, les observations générales au sujet du taux de suicide dans l'ensemble du monde autochtone sont, au mieux, des fictions actuarielles qui occultent les différences importantes de taux entre les collectivités. Deuxièmement, la pérennité des collectivités et celle des personnes sont intimement liées, de telle sorte que les collectivités autochtones qui adoptent des mesures efficaces pour protéger leur patrimoine culturel et qui s'efforcent de prendre leur destin en main obtiennent des résultats bien meilleurs quand vient le temps de réduire le risque de suicide parmi leurs jeunes.
Nous voulons une véritable stratégie, ce qui signifie qu'elle doit préciser les objectifs, les moyens et l'échéancier. Nous voulons que la stratégie repose sur les données disponibles et qu'elle soit financée adéquatement. Par conséquent, on doit pouvoir se servir des résultats de la recherche et du savoir en général, de manière à en tirer des politiques judicieuses, une volonté politique ainsi que des programmes et des pratiques efficaces. Il faut effectuer constamment des travaux de recherche appliquée nous orientant vers les meilleures pratiques. Puis, nous devons avoir le cran de mettre tout cela en oeuvre.
Dans les grands objectifs canadiens relatifs à la santé que les ministres de la Santé ont approuvés à l'automne 2005, la rubrique appartenance et engagement est très importante, mais il reste encore au gouvernement à établir des indicateurs et des objectifs concrets.
Chaque personne devrait vivre dans la dignité, jouir d'un sentiment d'appartenance, et apporter sa contribution au sein d'une famille qui offre son soutien, de relations d'amitiés et d'une collectivité diversifiée. Nous devons continuer notre apprentissage tout au long de notre vie, grâce à l'éducation formelle et informelle et aux relations avec les autres et le lieu où l'on vit. Nous devons participer à la prise de décisions qui jouent sur notre santé et notre bien-être sur le plan individuel et collectif, et nous devons influencer ces décisions. Comme Nellie Cournoyea l'a dit en 1975 dans À nous la parole, le paternalisme a complètement échoué.
Nous devons collaborer avec les collectivités autochtones, les Premières nations, les Inuits et les Métis afin d'élaborer un véritable plan qui s'attaquera réellement à ce fléau national.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec la députée de .
C'est avec beaucoup de compassion que j'évoque aujourd'hui les nombreuses familles canadiennes qui ont connu l'angoisse liée au suicide d'un être cher, car je fais partie de ces familles. J'ai un frère qui s'est suicidé il y a 23 ans.
Je vais me concentrer particulièrement sur les gens des trois territoires du nord du Canada et montrer pourquoi notre gouvernement travaille de concert avec les territoires et les groupes communautaires à trouver de meilleurs moyens de promouvoir la santé mentale chez les Canadiens.
Nous travaillons beaucoup à améliorer la santé des Canadiens autochtones, notamment par le biais des recherches de l'Institut de la santé des Autochtones, dans le cadre des Instituts de recherche en santé du Canada. Par ailleurs, le budget de 2010 prévoyait 285 millions de dollars sur deux ans pour le renouvellement des programmes de santé des Autochtones, ce qui comprenait notamment le financement de la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones.
Malheureusement, les Autochtones des communautés septentrionales du Canada n'ont pas le même niveau relativement élevé de santé et de vie que bien des Canadiens au sud. Les indices de santé dans les territoires, et particulièrement au Nunavut, sont parmi les pires du Canada, et la prévalence des maladies chroniques et infectieuses et des problèmes de santé mentale et du suicide y est en hausse.
Chez les Autochtones des territoires, surtout des Inuits, l'espérance de vie des est inférieure à celle du reste de la population canadienne, et le taux de mortalité infantile y est plus élevé. Outre ces problèmes de santé, de nombreuses communautés territoriales sont aussi confrontées à des réalités socio-économiques telles que la pauvreté et des taux de chômage plus élevés dans la population autochtone.
Le pourcentage par habitant des survivants des pensionnats indiens est plus élevé dans les territoires que partout ailleurs au Canada, et cette expérience a eu sur les familles et les individus des séquelles immédiates et durables qu'on commence seulement à comprendre.
C'est cette population jeune, l'avenir du nord du Canada, qui est particulièrement préoccupante. Le taux de suicide dans les Premières nations est 4,3 fois plus élevé que la moyenne nationale, et en milieu inuit, 11 fois plus. Contrairement à ce qui se passe dans la population non autochtone, c'est parmi les jeunes que le taux de suicide est le plus élevé chez les Autochtones. En fait, les blessures et le suicide sont les principales causes de décès des jeunes Autochtones.
Le taux de suicide des hommes de 15 à 24 ans au Nunavut est 28 fois plus élevé que la moyenne nationale. Notre gouvernement reconnaît que les taux de suicide élevés dans le Nord, notamment chez les jeunes Inuits, sont extrêmement préoccupants. C'est pourquoi il prend des mesures pour faire reculer le suicide chez les jeunes Autochtones.
L’année dernière, le gouvernement a présenté un budget qui prévoyait un investissement de près de 1 milliard de dollars pour les Autochtones. Dans ce budget, 285 millions de dollars sont alloués aux programmes de santé pour les Autochtones, y compris au maintien, jusqu’en 2015, de la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones.
Désireux d’appuyer les solutions locales pour promouvoir la résilience, l’attachement à la vie et la création de milieux positifs, le gouvernement finance la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones.
Les principaux résultats de ces investissements sont la création au Nunavut d’une ligne d’écoute pour les jeunes qui sont suicidaires, une formation en techniques de prévention du suicide dispensée aux leaders au service des jeunes et à d’autres leaders communautaires dans les trois territoires, ainsi que des activités culturelles et des activités menées sur le territoire, des activités de préparation à la vie quotidienne de même que des activités récréatives et sportives pour promouvoir l’estime et une image positive de soi.
D’autres activités visent à mieux faire connaître les facteurs de risque du suicide, à montrer à un large éventail de membres de la collectivité des techniques de prévention et à fournir des services de counselling aux jeunes.
En outre, le projet « Inuusuvit, notre façon de vivre » est un projet jeunesse réalisé en partenariat avec la compagnie Canon. Grâce à ce projet, de jeunes Inuits apprennent, avec l’aide de mentors, à se servir des nouvelles technologies, comme les appareils photos et les ordinateurs, pour explorer et faire connaître les questions de santé mentale et pour acquérir des connaissances sur les traditions et les pratiques inuites et les mettre en pratique.
Ce projet contribue à la santé mentale des jeunes en les rapprochant de leur culture tout en leur permettant d’acquérir des compétences fort utiles en leadership et en communication et en accroissant leur participation à la vie collective.
Le gouvernement du Nunavut, Nunavut Tunngavik Inc., l’Embrace Life Council et la Gendarmerie royale du Canada ont uni leurs forces dans le cadre de huit engagements essentiels pour améliorer les mesures de prévention du suicide dans les territoires. Ces engagements prévoient de la formation et des ressources communautaires pour les jeunes, une meilleure coordination des services de santé mentale et de la recherche pour mieux comprendre le problème du suicide au Nunavut.
Dans le cadre du Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens, Santé Canada offre un soutien mental et émotionnel aux anciens pensionnaires admissibles et à leur famille. Ces services sont offerts à toutes les collectivités du Nord et mettent à contribution des travailleurs autochtones en santé mentale, des aînés et des événements axés sur la culture, de même que des consultations données par des professionnels.
Comme il peut être difficile de revivre ces expériences, cette année, le gouvernement verse 8 millions de dollars à des organismes autochtones du Nord pour qu’ils puissent fournir un soutien culturel et émotionnel aux anciens pensionnaires et à leur famille. Une partie du processus de guérison est dirigé par la Commission de vérité et de réconciliation, qui, le printemps et l’été derniers, s’est rendue dans 19 collectivités dans le cadre de sa tournée du Nord, qui s’est terminée par un événement national à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, au début de juillet.
Plus de 2 500 personnes ont participé l'événement organisé à Inuvik, qui a donné lieu à 3 200 interactions avec l'équipe de soutien en santé.
Cette initiative, de grande envergure et chargées d'émotions, a rassemblé d'anciens étudiants des localités du Nord qui soit se sont rendus à Inuvik, soit ont assisté aux événements dans leur localité. Bon nombre d'entre eux parlaient de leur histoire pour la toute première fois. Nous continuerons de soutenir les anciens pensionnaires, leurs familles et ceux qui nous livrent leur témoignage pour la première fois. Le gouvernement collabore avec ses partenaires régionaux et nationaux afin de veiller à ce que tous les anciens pensionnaires et leurs familles connaissent les services qui leur sont offerts par l'entremise du Programme de soutien en santé - résolution des questions des pensionnats indiens.
Bien que la prestation des services de santé directement dans les territoires, notamment les services de soins en santé mentale, ne relève pas du ministère fédéral de la Santé, ce dernier collabore avec les gouvernements territoriaux et d'autres partenaires dans le dossier de la santé et appuie de nombreuses activités de promotion de la santé qui contribuent à améliorer, directement ou indirectement, la santé mentale des habitants du Nord. Cette année, le gouvernement alloue 15 millions de dollars au gouvernement du Nunavut, 12 millions de dollars au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et 1,9 million de dollars aux communautés des Premières nations du Yukon afin de soutenir diverses activités de promotion de la santé.
Le gouvernement s'est engagé à aider les communautés autochtones à s'attaquer à leurs problèmes de santé mentale et de dépendance et il prend ce rôle très au sérieux. Le Programme national de lutte contre l'abus de l'alcool et des drogues chez les Autochtones offre des services de prévention et d'intervention de même que des services de postcure qui tiennent compte des différences culturelles. Par exemple, à Yellowknife, un programme traditionnel reposant sur des sueries, des cercles de partage et des conseils d'aînés a été élaboré afin d'aider les gens qui y participent à commencer une nouvelle vie ou à continuer de mener une vie saine et bien remplie.
Pour terminer, la richesse la plus précieuse du Nord réside dans les gens qui y vivent et y travaillent. Le gouvernement est fier de travailler de concert avec les territoires pour apporter des améliorations concrètes aux soins de santé offerts aux familles du Nord. Comme nous pouvons le constater, le gouvernement est déterminé à veiller à ce que les populations du Nord vivent dans des localités sûres, saines et prospères.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour exposer les mesures concrètes prises par le gouvernement pour aider les collectivités et les familles autochtones à faire face au problème tragique du suicide chez les jeunes. C'est un problème important dont nous avons discuté et qui touche une corde sensible chez tous les députés, tous partis confondus.
Les populations autochtones au Canada doivent relever de nombreux défis uniques. C'est pourquoi le gouvernement n'adopte pas une approche universelle et qu'il finance divers programmes et services adaptés à leurs besoins.
Les députés savent très bien que bon nombre de membres des Premières nations ainsi que leurs familles et leurs collectivités doivent relever d'importants défis sociaux et économiques, faire face à des problèmes de santé et — c'est probablement le plus tragique — composer avec le suicide de leurs enfants et jeunes.
L'état de santé des Autochtones demeure nettement moins bon que celui des autres Canadiens. Par exemple, chez les Autochtones, le taux d'incidence des maladies cardiaques et du diabète est considérablement plus élevé que dans la population non-autochtone. Récemment, nous avons appris que le taux d'incidence de la tuberculose chez les Inuits est 186 fois supérieur à celui des Canadiens non autochtones.
Le plus troublant, c'est probablement le taux de suicide chez les Autochtones. C'est l'un des plus élevés au monde. Le taux de suicide chez les Premières nations est 4,3 fois plus élevé que la moyenne nationale. Dans les régions inuites, le taux est plus de 11 fois supérieur. C'est significatif.
Chez les Autochtones — contrairement à la population non-autochtone —, le taux de suicide est plus élevé chez les jeunes que chez les adultes. Les blessures et le suicide sont les principales causes de mortalité chez les jeunes Autochtones. Il est urgent de veiller au bien-être de ce groupe démographique, car les jeunes Autochtones de moins de 20 ans comptent pour plus de 40 p. 100 de la population autochtone et ce chiffre ne cesse d'augmenter. La santé future des collectivités autochtones dépend littéralement de la santé de ces jeunes. Aider les jeunes Autochtones et prévenir le suicide chez les jeunes Autochtones est une priorité et doit le rester.
Le gouvernement prend des mesures pour lutter contre le suicide chez les jeunes Autochtones. L'année dernière, le a déposé, à la Chambre, un budget qui prévoyait près de un milliard de dollars en investissements pour les Autochtones, dont 285 millions de dollars pour les programmes de santé autochtone et 75 millions pour poursuivre la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones jusqu'en 2015.
Le but de cette stratégie est de veiller à ce que les familles et les collectivités autochtones aient accès à des mesures de soutien essentielles, afin de prévenir et combattre le plus tragique des problèmes.
La stratégie a été élaborée en étroit partenariat avec les Premières nations et les Inuits. Elle se fonde sur un examen des méthodes éprouvées de prévention du suicide de partout dans le monde. Santé Canada a travaillé avec les Premières nations et les organismes inuits nationaux et régionaux, bien sûr, mais également avec de jeunes Autochtones pour s'assurer que cet important investissement était adapté et permettait de bien cibler ceux qui en avaient le plus besoin.
La stratégie incorpore les meilleurs éléments de preuve disponibles sur la prévention du suicide chez les jeunes.
L'expérience et les travaux de recherche montrent que les services culturellement adaptés sont importants pour donner de bons résultats dans les collectivités autochtones et inuites, dans les familles autochtones et inuites et chez leurs membres. La recherche montre également une forte corrélation entre l'identité culturelle et la prévention du suicide chez les jeunes.
La stratégie tient compte du fait que ce qui a le plus d'effet sur la prévention du suicide chez les jeunes, ce sont les programmes gérés par la collectivité et élaborés en tenant compte des besoins et des atouts uniques des personnes — et elles ont beaucoup d'atouts.
La Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes autochtones met l'accent sur l'acquisition d'habiletés d'adaptation et d'aptitudes à la vie quotidienne et sur d'autres facteurs connus susceptibles de protéger les jeunes contre le suicide, notamment un soutien familial et social, des liens culturels, un leadership jeune, l'engagement des jeunes et le rendement scolaire.
La stratégie comporte quatre grands axes.
Tout d'abord, elle met l'accent sur la prévention primaire. Il s'agit d'activités qui améliorent la santé mentale globale au sein de la collectivité. Les activités visent à sensibiliser les familles et les collectivités au risque de suicide et aux facteurs de protection.
Deuxièmement, la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes autochtones soutient les collectivités des Premières nations et inuites les plus exposées au suicide.
On sait que les activités communautaires ont les plus grandes répercussions sur les jeunes et sur la prévention du suicide chez les jeunes. Les preuves indiquent que ces activités produisent des solutions à plus long terme qui permettent aux collectivités à risque de connaître une meilleure santé mentale et un plus grand bien-être. Sur la base de ces preuves, la stratégie soutient plus de 150 projets de prévention locaux qui visent les jeunes présentant un risque élevé de suicide.
Les résultats de ces projets sont positifs. Par exemple, un projet de voyage en canoë donne des résultats remarquables dans plusieurs collectivités côtières de la Colombie-Britannique. Ce projet, qui réunit des jeunes et des aînés, fait participer toute la collectivité à des activités traditionnelles tout en permettant d'acquérir des aptitudes à la vie quotidienne et une résilience, qui sont cruciales. Les participants ont dit que ce projet avait changé leur vie.
Troisièmement, la stratégie soutient les collectivités en renforçant la capacité de faire face aux crises liées à un suicide. Dans bien des cas, cela inclut un partenariat avec les provinces, les territoires et d'autres intervenants afin de répondre aux besoins de la collectivité.
La quatrième composante de la stratégie est l'acquisition de nouvelles connaissances. Cela inclut du travail avec les collectivités et les chercheurs afin de concevoir des moyens efficaces de prévention du suicide chez les jeunes. Parmi les partenaires, mentionnons les Instituts de recherche en santé du Canada, l'Université de Victoria et l'Université McGill. Certains travaux de recherche ouvrent de nouvelles avenues et produisent une information utile à de nombreux programmes canadiens.
Dans le cadre de toutes ces activités, les responsables de la stratégie collaborent de près avec des organisations autochtones nationales, dont l'Assemblée des Premières nations et l'Inuit Tapiriit Kanatami.
Je suis heureuse de signaler que la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones donne des résultats positifs mesurables. Les collectivités indiquent que les jeunes qui participent aux projets de prévention du suicide ont des sentiments d'espoir et d'optimisme accrus; ils sont aussi plus fiers et plus disciplinés et ont plus confiance en eux.
Nous savons que les personnes qui souffrent de maladie mentale sont souvent stigmatisées et qu'elles sont parfois très réticentes à parler du suicide. Il est encourageant de constater que la stratégie a fait augmenter le nombre de membres des Premières nations et des collectivités inuites qui sont disposés à discuter du problème du suicide.
Ce n'est pas tout. Les projets financés par l'entremise de la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones permettent d'améliorer l'assiduité et le rendement des jeunes à l'école, favorisent la création de milieux communautaires sûrs et positifs et amènent les jeunes à prendre conscience de leurs aptitudes et du fait qu'ils peuvent contribuer à la société.
La stratégie a également permis d'améliorer l'efficacité des travailleurs des services communautaires en santé mentale. Par exemple, la formation en matière de prévention du suicide financée dans le cadre de la stratégie a aidé les travailleurs communautaires à avoir plus confiance en leurs moyens quand ils interviennent dans les situations de crise; ils ont moins souvent le sentiment d'être impuissants.
Grâce à cette stratégie, les travailleurs de première ligne sont mieux outillés pour détecter les personnes suicidaires, pour prévenir le suicide et pour intervenir en cas de crise. À la suite de la formation, 84 p. 100 des travailleurs ont déclaré qu'ils étaient plus attentifs aux signes avant-coureurs du suicide.
Outre la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones, le gouvernement continue d'investir dans des programmes qui existent depuis longtemps et qui sont essentiels au bien-être et à la santé à long terme des membres de Premières nations et des Inuits. Grâce au succès de ces initiatives, le Canada est considéré par beaucoup d'observateurs comme étant un chef de file dans le domaine des programmes novateurs et éprouvés à l'intention des Autochtones.
Par exemple, le Programme national de lutte contre l'abus de solvants chez les jeunes est reconnu à l'échelle internationale comme un programme de traitement interdisciplinaire efficace et holistique pour les jeunes.
Le Programme national de lutte contre l'abus de l'alcool et des drogues chez les Autochtones est un autre programme qui connaît beaucoup de succès dans de nombreuses collectivités autochtones. C'est un excellent exemple d'un programme axé sur la collectivité et établi par celle-ci. Il permet aussi d'intégrer les approches communautaires, culturelles et holistiques dans les programmes de prévention et de traitement. Compte tenu des points forts de ce programme, et dans le cadre de la Stratégie nationale antidrogue, nous investirons 30,5 millions de dollars dans les services de lutte contre la toxicomanie destinés aux membres des Premières nations et aux Inuits.
Santé Canada travaille en étroite collaboration avec la Fondation autochtone nationale de partenariat pour la lutte contre les dépendances et de nombreuses autres fondations pour lutter contre ce problème grave.
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Monsieur le Président, je partagerai le temps dont je dispose avec le député de .
Quand j'étais en secondaire V au Collège Jean-de-Brébeuf, j'étais l'entraîneur d'une équipe de Génies en herbe de secondaire IV. Certains étaient de jeunes « bolles » mais pas vraiment des nerds dans le sens classique du mot, pas plus que n'importe quel autre « brébeuvien ». C'était des jeunes adolescents bien ajustés, assez vifs d'esprit, gentils et bien. J'ai travaillé avec eux toute l'année. Un an plus tard, un de ces jeunes, plein de vie et de potentiel, était mort. Il s'était suicidé. Pour moi, c'était un premier contact avec cette triste réalité. Je me souviens encore à ce jour de ma réaction, de mon questionnement, de mon état de choc et de ma confusion. Pourquoi? Je me suis demandé ce que je n'avais pas vu, ce qu'on n'avait pas vu, ce que ses amis, ses pairs, ses professeurs, sa famille même n'avaient pas vu. Et surtout, qu'aurait-on pu faire, qu'aurais-je pu lui dire, comment aurais-je pu l'encourager puisqu'il avait ces problèmes? On ne le savait pas et il n'en parlait pas.
Aujourd'hui, nous nous retrouvons dans un endroit où nous pouvons faire quelque chose, où nous pouvons agir pour contrer toutes ces tragédies qui arrivent à des familles et des individus chaque année. C'est pour cela que je suis si fier de notre motion demandant une stratégie nationale sur le suicide, car malgré nos expériences individuelles, le suicide n'est pas qu'une tragédie personnelle, mais bien un problème important de santé publique et une priorité qui doit faire partie de nos discussions politiques.
En tant que porte-parole en matière de la jeunesse, des études postsecondaires et du sport amateur, je me sens particulièrement interpellé par ce sujet. Au Canada, près de 4 000 personnes par année meurent en se suicidant. Parmi ces personnes, nous retrouvons des jeunes de 15 à 24 ans. Dans cette tranche d'âge, le suicide est la deuxième cause de décès, et plus de 20 p. 100 y sont attribuables. Ces chiffres augmentent considérablement lorsque nous nous concentrons sur les groupes de jeunes les plus vulnérables. Cette tranche d'âge représente beaucoup notre population étudiante. En effet, en 2009, un sondage de six campus en Ontario indiquait que plus de la moitié des étudiants se sentaient désespérés; un sur trois était en dépression et ne pouvait plus fonctionner; et presque 10 p. 100 d'entre eux avaient pensé au suicide au cours des 12 derniers mois. Le suicide nous affecte tous, et ce n'est pas qu'une question de santé. C'est une question sociale, tant dans ses sources que dans ses solutions.
La maladie mentale, les mauvais traitements, la perte à un jeune âge d'un être cher, les antécédents familiaux de suicide et les relations difficiles avec les pairs, tous ces facteurs peuvent rendre une personne vulnérable devant le suicide.
Sur le plan financier, on sait que chaque dollar investi en soins de la santé mentale et de traitements de dépendance fait épargner de 7 $ à 30 $ à notre système de santé et à notre productivité sociale. En effet, bien qu'il n'y ait aucune statistique canadienne sur les coûts directs et indirects du suicide, une série de rapports estime que pour les suicides et les tentatives de suicide, les coûts se situent autour de 15 milliards de dollars par année. C'est très cher, mais sur le plan humain, ce l'est encore plus, particulièrement sur les plans émotif et psychologique pour les amis et les familles des victimes de suicide.
Le problème, c'est que nous en souffrons plus au Canada que dans les autres pays industrialisés. Nous avons le troisième taux en importance parmi ces pays. Encore pire, chez nos jeunes gais, lesbiennes, bisexuels, transgenres, transsexuels et intersexués, nous pouvons observer un taux de suicide de plus de sept fois plus élevé que dans la communauté hétérosexuelle.
C'est pour cela que je soutiens tant les groupes comme Gay Line qui donnent des conseils mais surtout qui écoutent nos jeunes. Ils sont un excellent outil de prévention du suicide. C'est aussi pourquoi plusieurs d'entre nous ont participé à la campagne « It Gets Better » pour démontrer à nos jeunes que même s'ils se sentent différents, ils sont partie intégrante et essentielle de notre société et de nos vies. Cependant, il faut que nous en fassions plus.
La situation est grave aussi chez nos premières nations. Au cours des dernières décennies, le nombre de jeunes Autochtones qui se sont enlevé la vie n'a cessé d'augmenter.
C'est à un point tel qu'aujourd'hui, le taux de suicide est sept fois plus élevé chez les jeunes Autochtones que chez les non-Autochtones.
En juillet 2001, le chef national de l'Assemblée des Premières Nations et l'ex-ministre de la Santé Allan Rock ont établi ensemble un comité consultatif sur la prévention du suicide. Ils lui ont donné le mandat d'étudier les données existantes sur la question et de formuler une série de recommandations pragmatiques pouvant être prises afin de couper court à la vague de suicides qui sévit chez les jeunes des Premières nations aux quatre coins du Canada.
Dans ses recommandations, le rapport suggère que Santé Canada lance et soutienne la création d'une stratégie nationale complète sur la santé mentale des Premières nations — notamment le mandat, les politiques et les programmes — qui intégrerait des perspectives holistiques dans le but de faire face au suicide, aux troubles mentaux et aux autres graves problèmes mentaux, physiques, affectifs et spirituels qui affectent les collectivités des Premières nations. Mais il faut que nous en fassions plus.
Santé Canada nous informe que le rôle du gouvernement du Canada est d'aider les Canadiens à maintenir et à améliorer leur santé mentale, notamment à prévenir les comportements suicidaires. Dans les domaines de sa compétence: il élabore et diffuse les connaissances sur la promotion de la santé mentale et la prévention de la maladie mentale; il assure un leadership et une gouvernance; il met sur pied des campagnes de marketing social; il surveille les tendances en matière de santé de la population.
En 2007, le gouvernement fédéral a fourni le financement nécessaire à l'établissement et au soutien de la Commission de la santé mentale du Canada, chargée de diriger l'élaboration d'une stratégie nationale relative à la santé mentale. Et c'est bien, c'est très bien que le gouvernement du Canada observe et donne de l'information, et je suis très heureux qu'il ait décidé d'investir dans la Commission de la santé mentale du Canada. C'est un grand pas dans la bonne direction, mais il faut que nous en fassions plus.
J'ai souvent l'occasion de me lever dans cette Chambre pour parler des valeurs et des politiques de mon père. J'ai aussi eu l'occasion de me lever pour dire à quel point je suis fier de mon grand-père, qui a été militaire et qui a servi à la Chambre des communes en même temps, Je suis vraiment très content et très fier aussi de pouvoir me lever aujourd'hui pour parler de ma mère. Cette femme, entre autres, est une des seules femmes au Canada à avoir eu un père, un mari et un fils élus à la Chambre des communes. Ma mère a souffert toute sa vie de dépression et de bipolarité. Elle a vécu des moments extrêmement difficiles et nous, en tant que membres de sa famille qui l'aimons tant, avons aussi vécu avec elle ces moments difficiles. Toutefois, avec de l'aide, avec de l'appui, avec beaucoup d'amour, elle a su passer au travers et maintenant, elle fait un travail extraordinaire dans tout le pays, d'abord pour « déstigmatiser » les maladies mentales, ensuite pour rappeler aux gens et aux gouvernements qu'on peut faire beaucoup pour prévenir, guérir et même vivre une vie très productive, malgré des difficultés liées à la santé mentale.
Ne nous trompons pas, le suicide est largement lié aux victimes qui souffrent de maladies mentales. En fait, chez plus de 90 p. 100 des victimes de suicide, on a diagnostiqué une forme de maladie mentale. En effet, un rapport sur le suicide et la prévention de Santé Canada démontre que presque toutes les personnes qui se tuent souffrent d'une forme de maladie mentale, comme une dépression profonde, la schizophrénie, un trouble de personnalité limite ou un trouble bipolaire. Ce sont souvent aussi des toxicomanes ou des alcooliques. En prenant des mesures claires et concrètes, nous pouvons les aider.
Alors, puisque nous le pouvons, nous nous devons d'agir. Nous avons besoin d'une stratégie nationale sur le suicide qui saura rejoindre les gens qui en ont besoin dans toutes les sphères de notre société. Nous nous devons de mettre nos efforts dans l'amélioration de la vie de nos citoyens. C'est ce que nous croyons profondément de ce côté de la Chambre, et nous espérons que le gouvernement agira en conséquence.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de participer à ce débat sur la motion proposée par notre chef, le député de .
Permettez-moi de lire de nouveau la motion:
Que la Chambre convienne que le suicide n'est pas qu'une tragédie personnelle, mais qu'il constitue aussi un grave problème de santé publique et une priorité sur le plan politique; et que la Chambre exhorte le gouvernement de travailler de concert avec les provinces, les territoires, des représentants des Premières Nations, des Inuits et des Métis et d'autres intervenants afin de mettre sur pied et de financer une Stratégie nationale de prévention du suicide, qui ferait, entre autres, la promotion d'une démarche complète et axée sur la recherche pour se pencher sur cette terrible perte de vie humaine.
[Traduction]
Nous allons passer la journée à parler de la prévention du suicide, mais le défi consistera à continuer d'en parler demain, après-demain et après. Pourquoi? Parce que le suicide est une chose terrible. Il met fin à la vie. C'est permanent. C'est triste. C'est un acte définitif qui traumatise les familles et les collectivités. Cela oblige chacun de nous à réfléchir à ce que nous pouvons faire en tant que législateurs, en tant que parlementaires, pour élaborer des programmes et des stratégies afin de prévenir ces tragédies. Nous devons tous faire notre part pour éliminer le tabou associé aux problèmes de santé mentale, à la dépression et au suicide.
Les études montrent que le suicide a souvent un lien avec la maladie mentale et les troubles de l'humeur. Chez les jeunes, il est souvent lié au stress, à l'anxiété et à l'intimidation. La consommation abusive d'alcool et d'autres drogues est aussi souvent associée au suicide, de même que la perte d'un parent ou d'un fournisseur d'un soin au cours de la petite enfance, la fin ou la rupture d'une relation et la pauvreté. Le fait qu'un pays aussi riche que le Canada se trouve dans une situation où beaucoup trop souvent des gens s'enlèvent la vie à cause de problèmes financiers entache la réputation de notre pays. Le suicide résulte parfois d'agressions physiques, sexuelles et psychologiques, de l'isolement et de la solitude.
Bon nombre d'entre nous ont vécu la douleur de perdre un être cher, que ce soit à cause d'un accident, d'une maladie terrible comme le cancer, ou le décès d'un parent ou d'un grand-parent âgé. Nous avons tous fait l'expérience de ces pertes. Toutefois, il est profondément affligeant d'entendre parler d'une personne qui, convaincue qu'elle n'a pas d'avenir, souffre de dépression, ou qui, peut-être simplement pour mettre fin à sa souffrance, décide de se donner la mort.
Cela me rappelle un incident qui s'est produit il y a deux semaines à peine, et dont mes collègues auront aussi entendu parler. C'est l'histoire d'un beau jeune homme qui avait un bel avenir devant lui. Un jeune homme bourré de talents. Ses parents ont dit de lui qu'il était le garçon le plus affectueux du monde. Il s'est tué à l'âge de 14 ans, alors qu'il avait toute la vie devant lui. Nous avons appris plus tard la cause de cette terrible tragédie: il était victime d'intimidation constante à cause de son orientation sexuelle.
Intellectuellement et émotivement, cela nous force à nous arrêter et à réfléchir au fait qu'à notre époque, des jeunes estiment que la seule option qui s'offre à eux pour échapper à leurs agresseurs et à leurs souffrances est de s'enlever la vie. Et ce n'est là qu'un exemple.
Le Canada vient au troisième rang des pays industrialisés pour ce qui est du taux de suicide chez les jeunes. Le suicide est la première cause de décès chez les hommes de 25 à 29 ans et de 40 à 44 ans, de même que chez les femmes au début de la trentaine. Le taux de suicide chez les jeunes homosexuels, lesbiennes, bisexuels, transgenres, transsexuels, intersexués et bispirituels est sept fois plus élevé que les jeunes hétérosexuels. Il est impératif que nous tous, qui sommes ici à la Chambre, dénoncions l'homophobie sous toutes ses formes au Canada. C'est tout simplement inacceptable.
J'aimerais prendre quelques instants pour revenir à l'auteur de cette motion, le député de et chef du Parti libéral du Canada.
Ceux, fort nombreux, qui souffrent en silence sont souvent habités par la honte et par l'idée que leurs sentiments ne sont pas normaux. Selon une perception répandue, être chef signifie être toujours fort, faire preuve de courage et ne jamais manifester de faiblesse ou de vulnérabilité. On entend souvent dire qu'un chef, c'est quelqu'un qui doit avoir des talents et des compétences manifestes, être un excellent communicateur, un orateur consommé, et la liste est longue.
Nous conviendrons tous que le député de possède toutes ces qualités, mais son véritable point fort, c'est sa franchise au sujet de la dépression dans sa propre vie et sa volonté d'en parler sur la place publique. En parlant publiquement de la dépression, du fait d'être vulnérable, pour conférer une dimension humaine à ce que des millions de Canadiens ont ressenti et ressentent toujours, lui et d'autres ont donné un visage humain à ce problème et ont peut-être fait sentir à ces gens qu'ils ne sont pas seuls et qu'il est possible de se sortir de la spirale de la douleur et de la tristesse. Une fois de plus, on doit confronter le tabou de la maladie mentale, et le débat d'aujourd'hui est un bon début.
Il ne s'agit pas d'une motion controversée, et je m'attends à ce que les députés de toutes les allégeances l'appuient. Ce n'est pas une question partisane, mais bien une question humaine qui touche bon nombre d'entre nous.
J'aimerais m'attarder un peu sur les anciens combattants et l'importante crise en santé mentale dont ils sont victimes. En janvier 2011, le ministère de la Défense nationale et le ministère des Anciens Combattants ont publié une étude intitulée « Enquête sur la transition à la vie civile: Rapport sur les vétérans de la Force régulière ».
Voici quelques faits. Le taux de suicide chez les membres des forces armées est presque trois fois supérieur à celui de la population générale. Parmi l'ensemble des hommes enrôlés dans la force régulière après 1972 et libérés avant 2007, un total de 2 620 sont décédés. De ce chiffre, plus de 500 sont morts par suicide. Cela représente plus du quart d'entre eux. Ce sont des statistiques alarmantes.
Ici, au Canada, il est possible de prévenir le suicide. On peut faire plus afin de fournir l'aide et les ressources nécessaires pour combattre ce problème. On peut travailler avec les provinces et les collectivités pour offrir des programmes et des services. Trop souvent, nos services de santé sont fragmentés, déconnectés, sans aucune uniformité ni vision nationale. On peut et on doit faire mieux. À tout le moins, on devrait faire plus pour les gens qui relèvent directement du gouvernement fédéral: les anciens combattants et les collectivités des Premières nations.
Aujourd'hui, c'est une journée importante pour moi, en tant que nouveau député. Ce sont des questions comme celle-ci et l'occasion de parler ouvertement de la santé mentale et du suicide qui font que je suis fier de siéger à la Chambre.