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Monsieur le Président, comme je l'ai mentionné il y a quelques jours, la Loi sur la réforme du Sénat limitera également le mandat des sénateurs. Elle limitera à neuf ans le nombre d'années que les sénateurs peuvent siéger à la Chambre haute. Cette exigence s'appliquera à tous les sénateurs nommés après que le projet de loi aura reçu la sanction royale. Elle s'appliquera également aux sénateurs actuellement en poste qui ont été nommés après le mois d'octobre 2008 et dont le mandat prendra fin neuf ans après la sanction royale.
Nous croyons qu'un mandat de neuf ans donne suffisamment de temps aux sénateurs pour acquérir l'expérience nécessaire afin de remplir leurs fonctions législatives et permet à la Chambre haute de se renouveler régulièrement. Par ailleurs, un mandat de neuf ans ne compromet en rien le rôle du Sénat, qui doit être un lieu de réflexion indépendante, sereine et attentive en matière d’examen législatif et d’étude des orientations politiques.
Contrairement aux dispositions relatives à la sélection, qui ne modifient pas la Constitution, les dispositions visant la limitation de la durée du mandat modifient la Constitution. Cependant, ce changement s'inscrit dans la compétence constitutionnelle exclusive du Parlement, conformément à l'article 44 de la Loi constitutionnelle de 1982.
J'aimerais maintenant aborder de façon plus détaillée certaines des préoccupations qui ont été soulevées quant à la constitutionnalité de ce projet de loi.
Je ne suis pas d'accord avec les observateurs qui prétendent que ce projet de loi représente un changement constitutionnel fondamental et qu'il nécessiterait donc l'approbation des provinces. Le gouvernement s'est bien assuré que son approche de la réforme du Sénat soit conforme à la compétence constitutionnelle du gouvernement fédéral. Je m'explique.
S'agissant des consultations concernant le Sénat, j'ai déjà fait remarquer que le processus ne nécessiterait pas de modification constitutionnelle, puisqu'il ne changerait pas le mode de sélection des sénateurs. Le projet de loi n'obligerait pas le à recommander le nom des personnes choisies dans le cadre du processus de consultation. Tout processus provincial ne serait que de nature consultative; il ne serait donc pas juridiquement contraignant. Le fait que ces processus seraient consultatifs est un aspect clé du projet de loi, surtout si l'on tient compte du fait que les consultations auprès des citoyens sont un élément fondamental de notre système démocratique. À bien des égards, ces processus consultatifs s'apparenteraient à des référendums ou à des plébiscites non exécutoires.
À ce propos, je signale que la majorité des provinces disposent de mesures législatives qui les habilitent à recueillir le point de vue des citoyens au moyen d'un référendum sur n'importe quelle question d'intérêt public. Je signale également que le consulte déjà des intervenants lorsqu'il formule des recommandations sur les nominations au Sénat; ce projet de loi n'y changerait rien. Il proposerait simplement une méthode qui permettrait au premier ministre de consulter la population canadienne sur les personnes qu'il conviendrait de choisir pour occuper un poste au Sénat.
En 2006, le Sénat a mis sur pied un comité spécial pour étudier la question de la réforme du Sénat. Le comité a entendu un certain nombre de constitutionnalistes émérites, dont Peter Hogg, Patrick Monahan et Stephen Scott. Dans son rapport, le comité a signalé que les professeurs Hogg, Monahan et Scott souscrivaient à l'opinion suivante: s'il est simplement question d’un processus servant à créer un bassin de personnes à partir duquel le pourra faire une sélection, « il n’y aura sans doute pas lieu de s’y opposer pour des motifs d’ordre constitutionnel ». Comme c'est l'approche retenue dans la loi sur la réforme du Sénat, je suis persuadée que les dispositions qu'il renferme sont constitutionnelles.
Pour ce qui est de la limitation de la durée des mandats des sénateurs, permettez-moi de souligner qu'une modification semblable a été adoptée en 1965 par le Parlement agissant seul. À cette époque, le Parlement a fait en sorte que les sénateurs cessent d'être nommés à vie, de telle sorte qu'ils soient obligés de prendre leur retraite à 75 ans.
La Constitution confère au Parlement du Canada le pouvoir de légiférer en ce qui a trait au Sénat. De plus, elle établit très clairement les types de modifications au Sénat qui nécessitent un certain degré de consentement de la part des provinces. Le projet de loi que nous présentons a été conçu très soigneusement pour veiller à ce que nous agissions dans les domaines où nous sommes habilités à légiférer.
Dans son étude de 2006, le comité sénatorial spécial a conclu que la constitutionnalité d'une limitation de la durée du mandat était suffisamment claire et qu'un renvoi à la Cour suprême du Canada n'était pas nécessaire. En fait, le comité a ajouté que la plupart de ses membres souscrivaient au principe du projet de loi, soit que « l'établissement d'un mandat de durée fixée améliorerait le Sénat du Canada. »
En terminant, je tiens à signaler que rien dans la Loi sur la réforme du Sénat ne modifierait fondamentalement le rôle ou les pouvoirs du Sénat. La Chambre des communes continuerait d'être habilitée à prendre un vote de confiance et le Sénat continuerait d'être principalement une chambre de second examen, offrant un apport inestimable durant l'étude des mesures législatives. Même si le programme que nous proposons met l'accent sur des réformes réalisables, cela ne signifie pas que les questions plus fondamentales, comme les pouvoirs du Sénat et la bonne représentation des provinces, sont sans importance.
Ce sont là des questions importantes dont il faut tenir compte et discuter; cependant, nous continuerons de nous concentrer sur notre approche progressive et d'espérer que sa mise en oeuvre réussie entraînera peut-être le désir d'améliorer davantage le rôle de la Chambre haute.
Les réformes proposées par la Loi sur la réforme du Sénat ne sont pas des modifications radicales; ce sont plutôt des modifications importantes qui offrent une solution de rechange au statu quo, qui n'est plus acceptable aux yeux des Canadiens. L'inaction n'est tout simplement pas une option.
Le gouvernement fait sa part pour s'assurer que nous pouvons améliorer et renforcer nos institutions dans l'intérêt des Canadiens. Nos réformes sont pratiques et réalisables, et nous espérons qu'elles jetteront les bases d'une réforme plus approfondie. Toutefois, pour instaurer ces changements, nous avons besoin de la collaboration des parlementaires. Jusqu'ici, le gouvernement a fait face à de la résistance dans ses efforts pour moderniser le Sénat, surtout de la part du Sénat lui-même.
J'espère que nous pourrons compter sur la collaboration de tous les parlementaires pour mettre en oeuvre ces réformes qui revêtent une importance pour tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, en ce beau matin, je suis heureux d'avoir l'occasion de commenter ce projet de loi sur la sélection des sénateurs et la modification de la Loi constitutionnelle de 1867.
Depuis longtemps, le Parlement se compose de deux Chambres; l'une étant élue, alors que l'autre ne l'est pas. Lorsqu'elles ont été créées, les provinces ont d'abord adopté le concept bicaméral, mais elles ont toutes abandonné la deuxième Chambre. L'histoire nous démontre que les législatures canadiennes peuvent très bien se passer d'une deuxième Chambre. Les législatures qui représentent les provinces de ce pays n'ont pas de Sénat actuellement, et elles fonctionnent très bien.
Que puis-je dire de l'expérience que j'ai vécue avec le Sénat de ce Parlement au cours des cinq dernières années? J'ai beaucoup de difficulté à trouver du positif dans le travail des quelque cent membres de l'autre Chambre. Je ne veux pas dire qu'ils ne sont pas de bons Canadiens, qu'ils ont de mauvaises habitudes de travail ou qu'ils n'ont pas les capacités intellectuelles nécessaires, mais plutôt qu'on ne donne tout simplement aucune suite à leurs rapports. Dernièrement, il y a eu du changement au Sénat; il s'est politisé beaucoup plus. Les sénateurs actuellement en place exercent une grande influence sur les politiques du gouvernement. Maintenant que le gouvernement est majoritaire, le Sénat exauce les souhaits de ce dernier en facilitant l'adoption des projets de loi du gouvernement ou en bloquant les projets de loi qui proviennent de l'opposition.
Je dirais que le projet de loi sur les changements climatiques est à l'origine des modifications qui se produisent. Ce projet de loi, qui avait été mis aux voix à la Chambre des communes et approuvé par les députés élus, a ensuite été balayé du revers de la main par le Sénat. Je crois que ce cas illustre clairement le problème que pose le Sénat. Ne rien faire à propos du Sénat, le laisser continuer d'être un assemblage de bonnes intentions où sont écrits des rapports qui ne seront jamais utilisés, c'est l'ancien modèle. Le nouveau modèle, c'est un Sénat qui met au pas les députés dont l'opinion ne correspond pas à celle qui prédomine au Sénat, que la majorité des sénateurs soient libéraux ou conservateurs. C'est ce qui se passe actuellement.
Bien sûr, les néo-démocrates sont depuis longtemps en faveur de l'abolition de cette institution. Un des points qui nous préoccupent beaucoup, c'est que le Sénat n'ajoute rien au processus démocratique. En fait, il nuit au processus démocratique. Il vient gruger les droits des députés élus et contrecarrer les directives clairement énoncées par la majorité des députés élus de la Chambre des communes. Et la situation, déjà mauvaise, va en empirant.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de participer à un débat sur la réforme du Sénat. Je veux contribuer à l'amélioration du processus démocratique qui nous sert à gouverner ce pays. Je veux aussi protéger les droits des Canadiens et préparer un bel avenir à notre pays. Je suis convaincu que nous partageons tous ces mêmes désirs. Mais ce que nous voyons ici ne m'apparaît pas contribuer favorablement au bon travail de cette institution.
Je ne peux rien faire d'autre que de continuer à soutenir notre position en faveur de l'abolition du Sénat et de chercher à faire approuver cette position par la population canadienne, parce que c'est le vrai processus démocratique.
Un référendum sur l'avenir du Sénat et l'ouverture du débat à l'ensemble des Canadiens est une merveilleuse idée. Nous appuyons cette idée. Lorsque le projet de loi échouera, ce qui sera probablement le cas, le gouvernement jugera peut-être que la chose à faire est de tenir un référendum. C'est un meilleur moyen pour déterminer quelle voie adopter. Les députés peuvent avoir l'assurance que la population peut exercer des choix. Elle peut examiner la situation et faire de bons choix.
L'orientation générale du Sénat a été abordée, mais le projet de loi doit modifier le Sénat pour nous donner je ne sais trop quoi. Je ne sais pas quelle serait la vision du gouvernement pour le Sénat après l'adoption du projet de loi, ce qui risque très peu de se produire, ou quelle devrait être cette vision.
Le se sert du Sénat pour exercer un contrôle sur le processus démocratique à la Chambre des communes. Le projet de loi ferait-il augmenter le recours du premier ministre au Sénat? Le Sénat deviendrait-il davantage un outil à la disposition des partis politiques une fois qu'ils forment le gouvernement? Les partis qui seraient chassés du pouvoir se serviraient-ils du Sénat pour contrecarrer la volonté démocratique de la Chambre des communes?
Dans quatre ans, après les prochaines élections, lorsque la population aura rejeté le gouvernement actuel, qui jouit d'une très forte majorité au Sénat, je peux imaginer que le Sénat rendrait très difficile tout changement d'orientation au Canada. Je ne veux pas de cela.
Je ne suis pas ici pour créer une situation où ceux qui ne sont pas au pouvoir peuvent étouffer les représentants démocratiquement élus des Canadiens. Cela ne m'intéresse pas. J'espère que mes vis-à-vis ne veulent pas qu'il en soit ainsi non plus. J'exhorte mes collègues, qui sont des Canadiens, à réfléchir à cela. Lorsque les Canadiens exercent un choix, ce choix doit être défendu à la Chambre des communes, et non au Sénat.
En quoi consistent les changements que l'on propose d'apporter au Sénat? On limiterait tous les sénateurs à un seul mandat de neuf ans. Il faudrait que les candidats soient affiliés à un parti politique pour que les citoyens puissent voter pour eux dans le cadre d'élections tenues dans leur province. Il faudrait qu'ils soient affiliés, par exemple, aux partis conservateur, libéral, néo-démocrate ou vert. Cependant, une fois élus, ils ne rempliraient qu'un seul mandat électoral.
Quel recours les électeurs mécontents auraient-ils contre les sénateurs? Les sénateurs seraient en poste pour une période de neuf ans. Ils relèveraient du gouvernement ou de l'opposition, selon le parti auquel ils sont affiliés. Qu'adviendrait-il du second examen objectif, de la délimitation attentive des travaux à la Chambre, des conseils qui lui sont offerts et de l'appui au processus démocratique? Quelle serait l'utilité de ce changement? Quelle en est la vision sous-jacente?
Le ne serait pas tenu de nommer les candidats élus dans les provinces par l'entremise des partis enregistrés. Le pourrait toutefois nommer son propre candidat.
Rien n'a changé. Si le n'aimait pas un candidat donné, il pouvait l'ignorer pendant qu'il était au pouvoir. Si le mandat ne dépasse pas six ans et que le premier ministre perd les élections suivantes, le candidat élu par les citoyens d'une région donnée pourrait avoir la possibilité d'être nommé par le nouveau premier ministre. Pour autant que cela se fasse dans les quelques années qui suivent, ces candidats pourraient avoir cette chance. Sinon, on dit adieu au candidat choisi par les électeurs pour les représenter.
Si le Sénat doit représenter les régions et que le seul moyen de se faire élire au Sénat consiste à faire partie d'un parti politique enregistré et que même une fois élue, une personne doive se faire nommer par le premier ministre, je ne vois pas comment cela peut permettre aux sénateurs de mieux défendre les intérêts régionaux qu'une personne élue par la région pour représenter cette région. Je crois qu'avec le modèle proposé, le sénateur aurait une dette envers son parti politique et peu de loyauté envers la région qui, de toute manière, n'aurait plus l'occasion par la suite de voter pour ou contre lui.
Ce sont là certaines dispositions que les conservateurs ont proposées pour modifier le Sénat.
Devant quoi sommes-nous? Très peu de ce qui est proposé changera la situation actuelle. Cela ne changera rien au fait que le Sénat sert aujourd'hui à contrecarrer la volonté de la majorité à la Chambre des communes, ce qui s'est produit ces deux dernières années. Rien ne changera cela. Si le gouvernement ne réussit pas à se faire réélire dans quatre ans, il disposera toujours d'un pouvoir de nuisance au Sénat. Nous nous battrons contre cela avec énormément de difficulté lorsque nous formerons le nouveau gouvernement. Le Sénat deviendra un moyen d'empêcher les changements et un moyen de perpétuer les desseins d'un gouvernement même après sa défaite, ce qui est malheureux pour la démocratie canadienne. Le système ne fonctionnera pas.
Les conservateurs ont pesté contre les sénateurs libéraux pendant trois ans, jusqu'à ce qu'ils obtiennent la majorité au Sénat. Ils haïssaient les sénateurs libéraux. Ils ont déclaré qu'ils leur mettaient toujours des bâtons dans les roues et qu'ils leur compliquaient la tâche. Que proposent-ils de faire? Avec leur projet de loi, ils vont perpétuer le problème qu'ils avaient clairement reconnu lorsqu'ils sont arrivés au gouvernement.
Quelle est leur vision? Quelle est leur vision pour le Sénat du Canada? Ils devraient nous le dire.
Cependant, comme avec la plupart des projets de loi que les conservateurs ont présentés, ils ne proposent pas de vision. Ils ont peur. Ils ont peur de nous dire ce qu'ils pensent vraiment et ce qu'ils souhaitent vraiment pour le Canada, ce qui est regrettable parce que le Canada a besoin de leadership et de direction en ce moment. Les conservateurs doivent s'efforcer d'améliorer les choses.
Cependant, le seul moyen d'améliorer les choses, c'est d'être ouverts et compréhensifs. Sans cela, les choses ne marcheront pas.
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Monsieur le Président, je suis très heureux d'intervenir dans le débat sur le projet de loi .
Tout d'abord, j'aimerais dire que je partage certaines des opinions des députés d'en face à l'égard du Sénat parce que j'étais comme eux à une époque. Avant d'être élu à la Chambre en 2004, j'avais beaucoup de réticence à l'égard du Sénat sous sa forme actuelle. Honnêtement, je ne savais pas si le Sénat jouait un rôle utile. Je ne savais pas s'il devait continuer de faire partie de notre système démocratique ou s'il devait être aboli. C'est quand je suis arrivé à la Chambre que j'ai commencé à mieux comprendre le rôle du Sénat, ses activités et les avantages qu'il peut apporter aux Canadiens et à notre institution démocratique.
Je suis maintenant convaincu que le Sénat joue un rôle très important au sein du Parlement et qu'il mérite d'être réformé plutôt qu'aboli. C'est le but du projet de loi . Celui-ci nous permettrait de prendre des mesures préliminaires en vue de réformer cette institution et de la rendre plus démocratique et plus responsable dans la société d'aujourd'hui.
Espérons que le présent débat servira également à faire connaître aux Canadiens le rôle que joue réellement le Sénat et à préciser comment cette institution les représente.
On a appris aujourd'hui dans les nouvelles que le premier ministre Alward du Nouveau-Brunswick souhaite qu'il y ait des consultations démocratiques dans sa province sur les nominations au Sénat. Le premier ministre Alward estime que le Nouveau-Brunswick aura besoin d'une représentation régionale forte au Sénat si le Parlement augmente le nombre de sièges à la Chambre des communes.
Je crois que la plupart de mes collègues députés savent que la principale fonction du Sénat est d'assurer une représentation régionale au Parlement.
Je donne brièvement un exemple qui remonte à de nombreuses années et qui illustre que cette représentation régionale a vraiment joué un rôle important pour ma province, la Saskatchewan. Il y a 40 ou 50 ans, c'était un gouvernement libéral qui était au pouvoir. Malheureusement, aucun député ne représentait la Saskatchewan à la Chambre des communes. Par conséquent, la Saskatchewan n'avait aucune représentation au Parlement, du moins pas à la Chambre des communes.
Le premier ministre de l'époque a nommé un sénateur libéral de la Saskatchewan, en l'occurrence Hazen Argue, au Cabinet et lui a confié le portefeuille de l'Agriculture. Ainsi, la Saskatchewan était représentée. Voilà probablement l'exemple le plus évident et le plus pertinent pour montrer comment le Sénat et les sénateurs peuvent représenter leur région au Parlement.
Outre cette représentation régionale, j'ai vu à maintes occasions des sénateurs rendre des services fort utiles au Parlement et y jouer un rôle très important. Conformément à la pratique courante, les sénateurs examinent les projets de loi qui ont été adoptés à la Chambre des communes. Au terme d'un examen diligent, le Sénat a proposé à la Chambre, à l'égard de certains de ces projets de loi, des améliorations ou amendements qui ont effectivement renforcé les mesures législatives concernées.
Voilà une des raisons pour lesquelles le Sénat est appelé Chambre de second examen objectif. Le Sénat permet d'effectuer un second examen des mesures législatives présentées à la Chambre des communes.
Je pourrais donner de nombreux autres exemples montrant que le Sénat est une institution utile, mais je préfère me concentrer sur deux aspects du Sénat qui, à mon avis, devraient faire l'objet d'une réforme. Ces deux aspects sont liés aux objectifs du projet de loi .
Je n'apprendrai rien à personne en disant qu'à l'heure actuelle, les sénateurs sont nommés. Or, c'est le Gouverneur général qui les nomme. En effet, même si, dans l'esprit de bien des gens, les sénateurs sont nommés par le , rien n'est plus faux. Le donne son avis au Gouverneur général, qui prend ensuite la décision. Or, si autant de nominations au Sénat ont pu indigner les Canadiens au fil des ans, c'est — selon moi — parce qu'un grand nombre de sénateurs ont été nommés pour des motifs purement partisans.
Si telle ou telle personne a été un bon soldat, qu'elle a bien suivi les directives du parti politique au pouvoir, qu'elle ait travaillé à l'organisation de sa campagne en faisant du bénévolat ou amassé des fonds pour lui, on a souvent l'impression que, pour la récompenser dignement de tout ce travail partisan, on va la nommer au Sénat. Trop souvent, nous avons été témoins de nominations manifestement partisanes visant une personne dont la compétence, l'intégrité et l'indépendance soulevaient certaines questions — et avec raison.
Grâce au projet de loi , nous permettrons aux Canadiens de participer activement à la nomination des sénateurs chargés de représenter leur coin de pays. Qu'on me comprenne bien: il n'est absolument pas question d'élections sénatoriales, car il faudrait alors modifier la Constitution. Il n'est nullement question d'instaurer un système en vertu duquel les sénateurs seraient élus par les Canadiens et seraient automatiquement nommés au Sénat à l'issue de ce scrutin. Ce n'est pas du tout l'objet du projet de loi dont la Chambre est saisie aujourd'hui. Nous ne voulons pas rouvrir la Constitution. Nous ne cherchons pas à engager les provinces et les territoires dans d'éventuelles discussions constitutionnelles visant à moderniser la Constitution de telle sorte que les sénateurs seraient dorénavant élus directement par la population. Il s'agit plutôt de permettre aux Canadiens de partout au pays de se faire entendre et d'indiquer qui, à leur avis, les représenterait le mieux au Sénat.
Comment le ferions-nous? C’est très simple. Chaque province a la possibilité et les moyens d’établir un processus de consultation. Elle peut tenir cette consultation et appeler cela une élection, si elle le souhaite, pour permettre aux électeurs d’une région particulière ou de toute la province de se prononcer, ordinairement dans le cadre d’élections provinciales ou fédérales. Ensuite, les noms des personnes désignées au cours de cette consultation seraient transmis au , avec une recommandation proposant que les personnes en cause soient nommées au Sénat à la première occasion. Toutefois, il appartiendrait au et au Gouverneur général de procéder aux nominations officielles.
Autrement dit, les provinces seraient en mesure de tenir des consultations pour demander l’avis de leurs citoyens sur les personnes qu’ils souhaiteraient voir nommer au Sénat. Les noms seraient ensuite transmis au , qui aurait alors la possibilité soit de recommander les personnes désignées au Gouverneur général, soit de rejeter la proposition.
Soyons très clairs. Il serait très délicat pour n’importe quel premier ministre de ne pas tenir compte de l’avis des provinces sur les nominations au Sénat. Bien sûr, il pourrait faire abstraction de cet avis et nommer quelqu’un d’autre. Cela serait en son pouvoir, mais il le ferait à ses propres risques et périls s’il décidait de rejeter les résultats du processus de consultation établi par les provinces.
L’intérêt de cette formule, c’est qu’elle ne nécessite aucune modification constitutionnelle puisque, comme cela a toujours été le cas, le et le Gouverneur général garderaient la prérogative de nommer la personne de leur choix. C’est simplement que cette façon de procéder leur permettrait de demander aux provinces leur avis sur la ou les personnes à nommer.
C’est là une très importante première étape du processus de réforme démocratique du Sénat. Pourquoi? Si ce projet de loi est adopté, les provinces auraient pour la première fois la possibilité de consulter directement leurs citoyens et de participer directement au processus de nomination.
Nous avons entendu dire, à maintes et maintes reprises, que les Canadiens ne croient pas à l’utilité du Sénat parce que les sénateurs n’ont de comptes à rendre à personne et que les nominations se fondent sur des considérations partisanes et sur rien d’autre. Le processus de consultation que nous proposons dans cette mesure législative apporterait des éléments de responsabilité parce que les citoyens de chaque province participeraient directement à la nomination des sénateurs qui les représentent. La responsabilité est un facteur primordial dans une démocratie. Elle a une importance fondamentale lorsqu’il s’agit de déterminer quels sénateurs représentent chaque région.
Je ne crois pas que les Canadiens puissent hésiter à cet égard. En fait, la plupart des sondages que j’ai vus semblent indiquer que, d’un océan à l’autre, les Canadiens sont très en faveur d’un moyen qui leur permette de participer directement au processus de nomination des sénateurs. Je crois que, grâce à cette façon de procéder, les Canadiens appuieront les efforts du et du gouvernement visant la réforme du Sénat et l’établissement d’une forme de responsabilité dans ce domaine.
Je voudrais aborder quelques autres aspects importants du processus de consultation, mais je dois également signaler que la plupart des provinces sont prêtes à participer. La plupart d’entre elles ont modifié des mesures législatives ou ont légiféré pour rendre possible une certaine forme de consultation, ou bien elles se sont dites prêtes à envisager un régime semblable. La Saskatchewan a présenté une loi qui permettrait de tenir des consultations et l’Alberta a établi un processus de consultation il y a déjà un certain nombre d’années. Plusieurs autres provinces se sont dites disposées à mener des consultations auprès de leurs administrés, consultations qui prendraient la forme d’échanges et, au bout du compte, d’une sorte d’élection ou de référendum pour pouvoir communiquer au les noms d’un ou de plusieurs candidats au Sénat.
Je tiens à signaler aussi que le projet de loi donnerait à chacune des provinces la latitude nécessaire pour mener les consultations comme bon leur semble. En d’autres termes, il se pourrait qu’une province opte pour une élection uninominale à un tour, et le nom de la personne qui a reçu le plus grand nombre de voix serait communiqué au en vue d’une nomination au Sénat. Par contre, une autre province préférerait peut-être un mode de scrutin préférentiel s’il y a plusieurs sièges à combler au Sénat.
Il appartient aux provinces de décider comment elles veulent consulter leurs administrés. Elles ne seraient pas assujetties à des modalités immuables. Selon moi, c’est l’une des raisons qui ont amené la plupart des provinces à considérer d’un œil favorable nos tentatives de réforme du Sénat. C’est qu’elles participeraient directement à ces réformes démocratiques.
Le processus de nomination est l’un des éléments abordés dans le projet de loi : les provinces participeraient directement à la nomination des sénateurs. Toutefois, la deuxième partie du projet de loi est également d’une importance extrême. Il s’agit de la durée limitée du mandat des sénateurs.
J’ai dit au début de mon intervention que, lorsque j’ai été élu, j’avais des réserves au sujet du Sénat lui-même. L’une des mes réserves, en dehors du fait que les nominations sont dictées par des raisons strictement partisanes, était que les sénateurs pouvaient être nommés pour une période prolongée sans qu’il y ait quelque recours. Sauf s’il est accusé et reconnu coupable d’une infraction pénale, celui qui était nommé au Sénat pouvait y siéger pendant une période d’un maximum de 45 ans. Il était possible d’y être nommé à 30 ans et d’y rester jusqu’à 75 ans, l’âge de la retraite obligatoire. Pendant cette période, le sénateur pouvait rester en poste, sauf s’il contrevenait à la loi ou à la Constitution, sans que le gouvernement ni les électeurs puissent le destituer.
Je pense que nous nous souvenons tous d'une certaine histoire qui a fait grand bruit dans les journaux et autres médias canadiens il y a quelques années. La fiche de présence d'un sénateur nommé depuis plusieurs décennies était épouvantable. Celui-ci passait plus de temps au Mexique qu'au Sénat. Si je me souviens bien, pendant sa dernière année en fonction, ce sénateur a passé moins de cinq jours au Sénat. Autrement dit, il s'est présenté au travail moins de cinq jours pendant toute une année. En fin de compte, une fois que le public a pris connaissance de ce cas, le Sénat est intervenu, et le sénateur a fini par être obligé de démissionner.
Il reste que la Constitution ne prévoit aucun mécanisme pour réprimander un sénateur ou le forcer à démissionner s'il ne fait pas son travail, ce qui est inacceptable pour la plupart des Canadiens, selon moi. Je ne vois pas comment on peut justifier qu'une personne soit nommée à l'âge de 30 ans et qu'elle demeure sénateur jusqu'à l'âge de 75 ans, sans avoir à répondre de ses actes et sans qu'on ait de recours contre elle.
Tel que le propose ce projet de loi, nous voulons que les sénateurs soient nommés pour une période de neuf ans seulement, sans possibilité de renouvellement. Autrement dit, si une personne se présente lors d'une consultation provinciale et qu'elle est nommée sénateur, elle ne pourra pas se présenter de nouveau une fois son mandat de neuf ans terminé. Le seul cas où il y a une certaine souplesse est celui d'un sénateur qui devrait démissionner pour des raisons de santé, par exemple. En pareil cas, la personne pourrait se présenter de nouveau dans sa province, mais pourrait seulement être nommée pour la durée restante de la période de neuf ans. Autrement dit, que la période soit interrompue ou non, la limite absolue serait de neuf ans.
Pourquoi est-ce important? C'est très important parce que les sénateurs ainsi nommés seraient redevables aux gens de leur région, et non aux gens qui les nomment.
Actuellement, il y a des personnes qui ont été nommées pour des raisons partisanes. Envers qui se sentent-elles responsables? À qui va leur loyauté? La nature humaine étant ce qu'elle est, ces sénateurs sont probablement plus loyaux envers celui qui les a nommés qu'envers les gens qu'ils sont censés représenter.
Selon moi, si les sénateurs étaient nommés pour un mandat de neuf ans et que leur nomination faisait suite à des consultations tenues auprès des gens de leur région, ils feraient preuve de loyauté envers les personnes qui les auraient nommés. S'ils siégeaient au Sénat uniquement pour une période de neuf ans et qu'ils n'avaient aucune possibilité d'être nommés de nouveau, les sénateurs n'auraient pas à gagner la faveur du ou de qui que ce soit, puisqu'ils sauraient qu'au bout de neuf ans leur mandat serait terminé. Ces sénateurs seraient nommés pour une période déterminée et pour faire valoir les points de vue de leur région. C'est ainsi que le Sénat est censé fonctionner.
Je termine en disant que même si je crois que d'autres changements devraient être apportés au Sénat actuel, ces deux mesures, si mineures soient-elles, constitueraient un premier pas vers une réforme globale et nécessaire de cette institution. J'invite tous les députés à appuyer ces mesures, à appuyer le projet de loi et à montrer aux Canadiens que même si nous comprenons le rôle que le Sénat peut jouer, nous sommes conscients qu'une réforme de cette institution s'impose.
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Monsieur le Président, j'interviens dans le débat sur le projet de loi .
Je commencerai en soulignant tout le travail que le député d' a fait sur le Sénat et sur la réforme des institutions démocratiques ces dernières années. Il a expliqué très clairement nombre des bonnes raisons que nous avons de nous opposer au projet de loi.
Les députés qui ont pris la parole dans ce débat ont déclaré que nous avions une occasion de sensibiliser la population au Sénat et à certains problèmes qui se posent lorsque nous discutons du projet de loi. Par conséquent, je veux citer le résumé législatif du projet de loi , qui contient des éléments cruciaux que je tiens à mentionner.
Dans le contexte, on lit que le a comparu devant le Comité sénatorial spécial sur la réforme du Sénat en septembre 2006 et qu'il y a parlé du processus de réforme du Sénat par étapes. Ce processus inclut la limitation de la durée du mandat des sénateurs et une mesure législative pour établir un processus électoral consultatif national pour choisir les sénateurs.
On y lit également que le projet de loi contient une loi type qui définit un processus électoral que les provinces et les territoires pourraient adopter. C'est le mot « pourraient » qui accroche.
On y lit aussi que les provinces et les territoires pourraient choisir les candidats au Sénat et soumettre leur liste au , qui serait tenu de prendre ses candidatures en considération au moment de faire ses recommandations au Gouverneur général. Encore là, le mot « pourraient » est un point en litige.
Nous avons entendu la affirmer que les provinces appuient en général le projet. Nous savons que ce n'est tout simplement pas vrai. Les premiers ministres de l'Ontario et de la Nouvelle-Écosse ont réclamé ouvertement l'abolition du Sénat. La première ministre de la Colombie-Britannique a déclaré que le Sénat ne jouait plus un rôle utile au sein de la confédération. Le gouvernement du Manitoba a maintenu sa position en faveur de l'abolition du Sénat; cependant, si le projet de loi est adopté, il préparera un projet de loi pour y donner suite. Le Québec a déclaré que le projet de loi était anticonstitutionnel et qu'il s'adresserait aux tribunaux si le projet de loi était adopté sans consultation des provinces.
Le projet de loi est présenté comme étant le premier pas d'une grande réforme du Sénat, pourtant, les provinces peuvent y souscrire ou pas. Il semble qu'elles n'aient pas été consulté en profondeur.
On lit également ceci dans le résumé législatif:
Il convient de noter que le projet de loi n’oblige nullement les provinces et les territoires à établir un processus de sélection des candidats sénatoriaux modelé sur le cadre exposé dans l’annexe. Il leur donne la possibilité de proposer au premier ministre des personnes qualifiées qu’il lui faudra prendre en considération sans être pour autant tenu de les accepter. Le projet de loi propose en fait une solution de rechange facultative au processus de sélection actuel. Si une province ou un territoire décidait de ne rien faire, le premier ministre continuerait seul à choisir ses candidats sénatoriaux, comme à l’heure actuelle.
Il ressort du projet de loi plusieurs autres problèmes concernant cette réforme du Sénat qu'on nous présente comme extraordinaire. Tout d'abord, aux termes de cette mesure législative, le ne serait nullement obligé de tenir compte des noms des candidats sénatoriaux proposés par les provinces. Des députés ministériels ont prétendu que le premier ministre respecterait les listes, mais rien de tel n'est clairement stipulé dans la mesure législative.
La a déploré le caractère partisan du processus de nomination actuel. Or, le bilan du gouvernement conservateur à cet égard depuis les cinq dernières années est peu reluisant: il a nommé au Sénat des candidats conservateurs défaits aux élections et des pontes du parti. Pourtant, rien, dans la mesure législative, n'empêcherait le gouvernement de continuer à recommander des nominations partisanes si les provinces choisissaient de ne pas suivre le processus tel qu'il est proposé.
Les néo-démocrates sont favorables à l'abolition du Sénat. Il est difficile de voir comment la réforme du Sénat pourrait s'accomplir par l'entremise d'une mesure législative aussi boiteuse.
Il y a eu des propositions pour réformer le Sénat depuis 1887. Je vais retracer le contexte de certaines de ces propositions.
Lors de la première conférence interprovinciale de 1887, les premiers ministres provinciaux ont adopté une résolution proposant que la moitié des sénateurs soient nommés par le gouvernement fédéral et l’autre moitié, par les gouvernements provinciaux.
En 1972, un comité mixte spécial du Sénat et de la Chambre des communes a recommandé, dans un rapport, que les sénateurs continuent d’être nommés par le gouvernement fédéral, mais que la moitié d’entre eux soient nommés à partir d’une liste de candidats présentée par les gouvernements provinciaux et territoriaux.
En 1979, le Groupe de travail sur l’unité canadienne a recommandé l’abolition du Sénat et l’établissement d’un Conseil de la Fédération composé de délégations provinciales dirigées par une personne ayant rang de ministre ou par le premier ministre de la province.
En 1984, le Comité mixte spécial du Sénat et de la Chambre des communes sur la réforme du Sénat a recommandé que les sénateurs soient directement élus.
La Commission royale sur l’union économique et les perspectives de développement du Canada a recommandé que les sénateurs soient élus et que les élections aient lieu en même temps que celles de la Chambre des communes.
Enfin, en 1992, le Comité mixte spécial du Sénat et de la Chambre des communes sur le renouvellement du Canada a recommandé que les sénateurs soient directement élus dans le cadre d’un système de représentation proportionnelle. Plusieurs autres propositions avaient également été avancées au cours de cette période.
La réforme du Sénat n’est donc pas un nouveau sujet de conversation à la Chambre.
Le projet de loi dont nous sommes saisis est inspiré de certaines de ces recommandations touchant un processus électoral. Toutefois, un important travail a été fait. Par conséquent, il conviendrait de présenter les résultats de ce travail aux Canadiens pour savoir ce qu’ils souhaitent faire au sujet du Sénat. Veulent-ils qu’il soit aboli? Souhaitent-ils une réforme du Sénat? Veulent-ils que les sénateurs soient élus?Préfèrent-ils que le exerce beaucoup moins d’influence sur les nominations? Compte tenu du volume de travail déjà accompli et du fait qu’il n’a abouti à rien ou presque rien, il est peut-être temps d’examiner sérieusement la situation du Sénat. Il s’agit maintenant de savoir si le projet de loi à l’étude constitue la meilleure façon de procéder.
J’ai déjà dit qu’au chapitre de la réforme, rien ou presque rien n’a été fait depuis 1867. En fait, un changement est mentionné dans le résumé législatif. Il concerne le mandat des sénateurs. En 1965, l’Acte de l’Amérique du Nord britannique a été modifié pour fixer à 75 ans l’âge de la retraite pour les sénateurs. Avant ce changement, ceux-ci pouvaient siéger à vie. Malgré l’insatisfaction suscitée par le rendement de cette institution, aucun autre changement n’a été apporté depuis.
Nous avons entendu les discussions que soulève la modification de la Constitution. Le résumé législatif n’est pas clair quant à savoir si les changements proposés nécessitent une modification constitutionnelle. Il est important que les Canadiens soient au courant des deux points de vue qui existent à ce sujet.
Le constitutionnaliste bien connu Patrick Monahan, qui a été vice-président et doyen de l’Université York, croit que des élections dont les résultats ne seraient pas contraignants ne nécessiteraient pas une modification constitutionnelle. Il y a lieu de noter qu’il est possible d’apporter certains changements aux institutions fédérales sans modifier officiellement la Constitution. Tel serait le cas de la nomination des sénateurs sur la base d'élections aux résultats non contraignants.
Bien sûr, il y a un point de vue contraire. Selon certains, le processus électoral consultatif modifie le mode de sélection des sénateurs et nécessite donc une modification de la Loi constitutionnelle de 1867. Aux termes de l’alinéa 42(1)b) et de l’article 30 de cette loi, toute modification constitutionnelle nécessite l’accord d’au moins sept provinces représentant au moins 50 p. 100 de la population du Canada.
Ainsi, même si le gouvernement affirme qu’aucune modification constitutionnelle n’est nécessaire, les constitutionnalistes ne s'entendent pas à ce sujet. On peut donc se demander si tout cela ne donnera pas lieu à de longs conflits juridiques.
On a invoqué des arguments en faveur de la limitation de la durée du mandat des sénateurs. Voici ce que le résumé législatif dit à cet égard:
La limitation de la durée des mandats est susceptible d’accroître le pouvoir de nomination du premier ministre, ce qui saperait l’indépendance du Sénat et son rôle de lieu de réflexion indépendante, sereine et attentive ainsi que son rôle historique consistant à défendre les intérêts régionaux et provinciaux. Comme il a déjà été mentionné, les premiers ministres à la tête d’un gouvernement majoritaire élus pour deux mandats ou plus pourraient, pendant qu’ils sont au pouvoir, procéder à la nomination de tous les sénateurs ou presque, ce qui les rendrait maîtres du Sénat. Cette situation exacerberait également la partisanerie politique au Sénat, ce qui réduirait la capacité du Sénat d’examiner de façon indépendante et approfondie les mesures législatives proposées, et de représenter les régions et les provinces.
En ce qui a trait à ce projet de loi et aux nombreuses garanties que le gouvernement offre quant à la façon de résoudre certains problèmes, notamment la partisanerie, il reste encore beaucoup trop de questions à régler pour atténuer les préoccupations qui ont été soulevées.
Les néo-démocrates réclament entre autres un processus visant à faire participer les Canadiens aux discussions sur la réforme démocratique et la réforme du Sénat. Même si le 43e rapport du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre ne traite pas précisément de la réforme du Sénat, je vais citer un paragraphe qui met en relief l'importance de solliciter l'avis des Canadiens au sujet de réformes de cette envergure.
On y lit ceci:
Malgré différentes façons d’aborder cet examen, il est clair qu’aucune des modifications proposées ne peut être apportée sans l’engagement des citoyens. Une stratégie de consultation réussie assurera l’objectivité, la transparence et la responsabilité du processus. La participation des citoyens assure également une légitimité aux recommandations formulées. Le système électoral doit refléter les points de vue, priorités et valeurs des Canadiens et, pour ce faire, leur engagement est primordial.
Par conséquent, dans le cadre de nos discussions au sujet de la réforme du Sénat, nous devons absolument faire participer les Canadiens plutôt que de faire adopter à toute vapeur un projet de loi qui pourrait nuire au processus démocratique actuel. Les néo-démocrates ne cessent de réclamer une réforme démocratique. Nous croyons qu'un système de représentation proportionnelle devrait être en place à la Chambre. Il est important de retirer le projet de loi et d'inviter les Canadiens à participer aux discussions.
Les députés d’en face affirment constamment que, aux dernières élections, on leur a confié le mandat de réaliser ce genre de réforme. Selon moi, en tant que députés élus, nous avons le devoir d’étudier les mesures législatives qui nous sont présentées.
Nous devons aussi nous demander si les Canadiens sont en faveur de ces mesures législatives. Il est faux d’affirmer que le fait d’être élu signifie que les Canadiens sont favorables à toutes les facettes du programme législatif qu’un gouvernement choisit de présenter. Si c’était le cas, les partis devraient présenter leur programme législatif aux Canadiens durant la campagne électorale. Ce n’est pas ainsi qu’on procède, et ce ne serait pas réaliste d’agir ainsi.
Le 6 juillet 2011, Deborah Coyne a publié un article intitulé « La mauvaise voie à suivre pour une réforme du Sénat ». Je n’approuve pas nécessairement sa conception du problème et ce qu’elle dit de la réforme du Sénat, mais elle avance quelques arguments pertinents sur ce projet de loi particulier. Elle affirme:
[...] le gouvernement conservateur amène trompeusement les Canadiens à croire qu’il suffit, pour obtenir des résultats satisfaisants, de modifier légèrement la structure du Sénat, une institution qui n’a pas changé depuis le XIXe siècle, en fixant à neuf ans la durée du mandat et en créant la possibilité d’élire les sénateurs.
Elle poursuit ainsi:
La réforme du Sénat est un aspect trop important, dans le cadre d’un plan sérieux pour améliorer le fonctionnement de la démocratie canadienne, pour qu’on s’en remette uniquement à la procédure législative ou à des politiciens à courte vue. Les Canadiens doivent participer directement au débat sur cette question fondamentale et, à la fin du processus, être consultés dans le cadre d’un référendum national.
Comme le Sénat n’a pas la légitimité voulue sur le plan démocratique, nos dirigeants nationaux donnent de plus en plus de responsabilités aux premiers ministres provinciaux sur des questions d’intérêt national, dans le cadre de négociations fédérales-provinciales sur lesquelles ils n’ont pas de comptes à rendre. L’intérêt national devient trop souvent équivalent à la somme hétéroclite des intérêts disparates des gouvernements provinciaux. L’établissement de normes ou la prise de mesures minimales dépend alors d’une collaboration bien improbable des gouvernements provinciaux.
C’est la cause de l’insuffisance des mesures nationales en matière de changements climatiques, des politiques de plus en plus décousues sur le plan des soins de santé, de l’absence de stratégie nationale concernant l’énergie verte, de la détérioration de notre infrastructure nationale et de l'impasse en ce qui a trait à la réforme des pensions. Cette constante tendance à l’incohérence à l’échelle nationale non seulement nuit aux Canadiens mais réduit l’importance du Canada sur la scène internationale. Par exemple, on ne fait aucun cas de notre existence durant des discussions internationales sur les changements climatiques, et on juge qu’il ne vaut plus la peine de nous confier un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. En outre, récemment, en nous démarquant déplorablement à l’ONU par notre vote contre l’ajout de l’amiante à la liste de substances dangereuses, nous nous sommes nous-mêmes placés en marge de la société sur cette question, dévalorisant encore davantage l’opinion du Canada sur la scène internationale…
Pour amener les Canadiens à participer, nous devons leur confier le débat sur la réforme du Sénat, au lieu d’en faire un simple élément à l’ordre du jour du Parlement. Il faudrait confier à une commission non partisane, formée de Canadiens bien informés, la tâche de tenir des audiences aux quatre coins du pays et d’écouter les Canadiens, de leur expliquer quels sont les enjeux et de discuter des options possibles concernant cette réforme.
Les néo-démocrates aimeraient que l'abolition du Sénat passe par l'une de ces options de réforme.
Mme Coyne ajoute ceci:
Toute proposition de la commission devrait être présentée aux Canadiens dans le cadre d'un référendum national. La ratification ne devrait pas être uniquement laissée au soin des premiers ministres des provinces, car cela pourrait compromettre le progrès, nuire à l'intérêt national [...]
Elle conclut enfin en disant ceci:
[Le] premier ministre [...] a déclaré avec une certaine mauvaise foi que les résultats des élections du 2 mai ont en quelque sorte servi de référendum et que, lors de ce prétendu référendum, les Canadiens ont donné aux conservateurs un mandat clair pour procéder à la réforme du Sénat. Pendant les campagnes électorales ainsi qu'avant et après celles-ci, il faut toujours rappeler aux élus sur la scène nationale qu'ils gouvernent au nom des Canadiens. Dans notre démocratie parlementaire, il leur incombe d'inviter les Canadiens à participer à des débats fondamentaux; nos élus ne peuvent se soustraire à cette responsabilité parce que c'est plus commode pour eux.
Ces propos sont nettement plus éloquents que ceux que quiconque a tenus jusqu'ici à la Chambre pour souligner l'importance de faire participer les Canadiens au processus démocratique.
En conclusion, je cite un discours sur le Sénat du Canada, intitulé « Réflexions sur le second examen objectif », que Jack Layton a prononcé le 10 février 2011. Je me reporte à ce discours parce que M. Layton y a fait mention de nombreuses réformes démocratiques qui seraient nécessaires, notamment l'application de la Loi fédérale sur la responsabilité et la représentation proportionnelle. M. Layton a également parlé des conséquences que les récentes nominations au Sénat ont eues sur de très importantes mesures législatives au Canada. Voici un extrait de ce discours:
L’automne dernier, le Sénat, dominé par les conservateurs, a servi à bloquer un projet de loi qui ne convenait pas au premier ministre. La Loi sur la responsabilité en matière de changements climatiques était la seule loi fédérale sur cet enjeu. Elle a été adoptée deux fois en période de Parlement minoritaire. C-311 était une bonne législation, qui a reçu l’appui d’une majorité de députés. Une législation qui incarnait le chemin que les Canadiens voulaient emprunter. Mais le 16 novembre 2010, le Sénat a défait le projet de loi C-311 en deuxième lecture. Pas d’étude en comité. Pas d’audience de témoins. Le seul effort législatif du Canada pour combattre les changements climatiques est parti en fumée.
Évidemment, il est arrivé à d'autres occasions que le Sénat fasse abstraction de la volonté de la Chambre des communes. Voilà qui nous rappelle clairement que le Sénat exerce une influence que certains sont portés à qualifier de non démocratique, compte tenu du fait que les sénateurs sont nommés de façon partisane.
Plus avant, dans son discours, M. Layton a dit ceci:
Une vraie réforme politique, bien sûr, ne se limite pas au Sénat. Pour vraiment changer la manière dont on fait de la politique, on doit aussi réformer la Chambre élue. C’est à nous, dans un Parlement minoritaire, de s’assurer que notre système politique fonctionne pour les gens qu’on représente. Pour que les gens reprennent goût à la politique. [...] Mettons en œuvre les réformes électorales pour lesquelles le NPD milite depuis l’époque d’Ed Broadbent. Un système de représentation proportionnelle nous permettrait d’obtenir une Chambre des communes qui refléterait adéquatement les choix politiques des Canadiens. On pourrait ainsi rattraper les démocraties modernes de ce monde.
En conclusion, les néo-démocrates ne peuvent pas appuyer le projet de loi qui a été présenté. Tout d'abord, cette mesure législative est inefficace parce qu'elle pourrait être appliquée de manière élastique. Elle permettrait au premier ministre de continuer à faire des nominations partisanes, comme c'est le cas à l'heure actuelle. Elle ne permet pas aux Canadiens de participer à ce qui pourrait être une transformation majeure du fonctionnement du processus démocratique au Canada. Elle ne va assurément pas assez loin quant au genre de réforme électorale dont nous avons besoin à la Chambre. Lors des dernières élections, le vote de seulement 39 p. 100 des Canadiens a suffi pour élire un gouvernement majoritaire, ce qui ne correspond tout simplement pas la volonté de la majorité des Canadiens.
J'exhorte tous les députés à rejeter le projet de loi. Je presse le gouvernement d'enclencher un processus de consultation auprès des Canadiens. C'est d'une grande importance pour le processus démocratique.
:
Monsieur le Président, comme il s’agit de ma première intervention à la Chambre depuis les élections de mai, je tiens à profiter de l’occasion pour remercier tous les électeurs de la belle circonscription de Wetaskiwin, en Alberta, de m’avoir témoigné leur confiance pour un troisième mandat consécutif. Je m’engage envers eux à faire passer leurs intérêts avant toutes choses dans tout ce que je ferai, moi, leur député et leur humble et loyal serviteur.
Je profite également de l’occasion pour remercier tous les bénévoles qui ont travaillé d’arrache-pied pendant la dernière campagne électorale, soit au bureau, soit en faisant du porte à porte, soit en installant des panneaux sur le territoire de 15 000 kilomètres carrés que couvre la circonscription, de Rolly View jusqu’à Genasee, de Buck Creek à Strachan, d’Alhambra à Alix et partout ailleurs. C’est un travail énorme, c'est le moins qu'on puisse dire. Je suis fier de chacun d’eux, car non seulement ils ont exercé leur droit démocratique, mais ils ont aussi pris leur responsabilité tellement au sérieux qu’ils se sont engagés concrètement et ont participé plus intensément qu’en se contentant de voter.
Je suis rentré à Ottawa hier soir de chez moi, à Lacombe, en Alberta, après le week-end. Absent de chez moi depuis une quinzaine de jours, j’étais tellement heureux, à la descente d’avion, jeudi soir, de retrouver l’air frais et vif de l’Alberta. J’ai été immédiatement enveloppé par l’odeur de la poussière de blé et d’orge. La moisson bat toujours son plein. Cela me rappelle mon enfance, dans une exploitation agricole du centre de l’Alberta, et les personnes inspirantes au milieu de qui j’ai grandi.
Je me suis souvenu aussi d’une période où j’étais un peu plus jeune qu’aujourd’hui, car je suis encore assez jeune, du moins j’aime à le penser. Je me suis souvenu de l’époque où l’un des champs ne servait pas qu’à cultiver des céréales en Alberta. C’était un champ qu’on pouvait distinguer clairement du haut des airs lorsqu’on atterrissait à Calgary. Il y a une vingtaine d’années voire plus, on pouvait voir, tracés dans ce champ les trois E du Sénat de la formule des trois E. C’était au plus fort du mouvement albertain en faveur de l’élection des sénateurs. Ce champ appartenait alors, et appartient peut-être encore aujourd’hui, à Bert Brown, maintenant sénateur. Je ne peux penser à un meilleur usage qu’on pourrait faire d’un champ, en dehors de la culture du blé ou de l’orge.
Voilà le point central de mon intervention d’aujourd’hui. Comme Albertain et comme Canadien, je suis fier que le Parlement agisse en vue de réformer et d’améliorer notre démocratie. Ce n’est qu’une modification modeste dans la mise en œuvre d'une telle réforme, mais un bond en avant dans la démarche visant à rendre nos institutions démocratiques plus responsables envers ceux qu’elles représentent.
Dans le discours du Trône de 2011, le gouvernement a réaffirmé sa volonté de faire de la réforme du Sénat une priorité et de présenter de nouveau ce projet de loi, d’encourager les provinces et les territoires qui ne l’ont pas encore fait à élire des candidats au Sénat, et de limiter la durée du mandat des sénateurs.
Fidèle à l’engagement pris dans le discours du Trône, le gouvernement a présenté au printemps dernier, le 21 juin 2011, la Loi sur la réforme du Sénat qui est aujourd’hui à l’étude.
Il y a eu des critiques. Les réformes ne seraient pas assez audacieuses et ne respecteraient pas les principes du Sénat selon la proposition des trois E, par exemple. Les réformes constitueraient un changement majeur dans la structure du Sénat. Il faudrait renvoyer ces réformes à la Cour suprême du Canada. Ou bien les modifications risquent d’être inconstitutionnelles ou elles ne feraient pas évoluer le Sénat dans le bon sens, à long terme. Rien de tout cela n’est vrai, à mon avis.
Ces réformes sont conformes à l'approche progressive du gouvernement et relèvent entièrement de la compétence du Parlement. Bien que le projet de loi encourage les provinces et les territoires à élire leurs candidats au Sénat, il ne modifie pas la façon dont les sénateurs sont choisis. Qui plus est, il n'impose aucune restriction au ou au gouverneur dans le cadre de la nomination des sénateurs.
Notre gouvernement compte procéder à la réforme du Sénat étape par étape afin d'éviter les approches plus catégoriques qui ont tendance à alimenter la confrontation et qui ont échoué par le passé.
Un des aspects importants de la mesure, quand celle-ci sera mise en oeuvre, est que notre gouvernement sera entièrement disposé à envisager d'autres propositions intéressantes. Si quelqu'un à une meilleure idée, je suis tout ouïe.
Le gouvernement a encouragé les provinces et les territoires à mettre en oeuvre un processus démocratique de sélection des candidats au Sénat. La Loi sur la réforme du Sénat établirait un cadre volontaire dont les provinces pourraient s'inspirer pour mettre en oeuvre un processus démocratique qui permettrait aux électeurs de nommer des candidats pour représenter leurs intérêts, leur province et leur région au Sénat.
La loi est assortie d'un annexe inspirée de la loi albertaine sur la sélection des sénateurs qui servirait de base aux provinces pour se doter d'un processus démocratique. Je répète que l'Alberta a déjà établi un processus démocratique de sélection des sénateurs qui a récemment donné lieu à la nomination du sénateur Bert Brown, en 2007.
Cependant, il serait toujours exigé du qu'il choisisse les nouveaux sénateurs ou recommande leur nomination à partir d'une liste de candidats élus. L'Edmonton Journal est le premier à s'être opposé à nos réformes; il a publié une lettre d'opinion rédigée par le député de ainsi qu'un éditorial qui les commente en termes négatifs. Par ailleurs, notre ancien premier ministre Don Getty estime que les réformes ne vont pas assez loin et ne permettront pas de démocratiser le Sénat.
Malgré ces critiques, qui sont surtout fondées sur des hypothèses, il y a un élément qui ressort, et c'est le fait que le statu quo n'est plus acceptable. Tous sont d'accord pour dire qu'il faut réformer le Sénat. Mais, pour le moment, nous ne nous entendons pas forcément sur la façon de procéder.
De façon générale, les réformes que nous proposons sont considérées comme des réformes équilibrées, modérées et raisonnables. Nous n'allons pas jusqu'à suggérer que le Sénat devrait être aboli. Je ne pense pas que les conservateurs voudraient détruire cette institution avant même d'avoir essayé de l'améliorer. Cependant, les députés du Nouveau Parti démocratique, et plus précisément le député d', se sont exprimés haut et fort à ce sujet.
Nous prenons des mesures pour changer les choses, ce qui doit être fait, tout le monde s'entend là-dessus. Nous devons rendre cette institution plus démocratique et accroître sa responsabilité, et nous ne pouvons plus nous contenter de maintenir le statu quo. Le gouvernement s'est vu confier un mandat clair par les Canadiens, qui veulent que l'on réforme le Sénat et souhaitent que nous donnions suite aux engagements que nous avons pris à cet égard. Nous avons dit très clairement, non seulement pendant la dernière campagne électorale, mais aussi au cours de toutes les campagnes électorales auxquelles j'ai participé en tant que candidat conservateur, que nous allions proposer une réforme démocratique du Sénat.
L'efficacité et la légitimité du Sénat souffrent du fait que les sénateurs ne reçoivent pas de mandat des Canadiens par voie démocratique et que la durée de leur mandat peut atteindre 45 ans. Il y a presque six ans que je suis ici, et je suis membre de l'exécutif de l'Association parlementaire canadienne de l'OTAN. Je suis membre de l'exécutif de l'Union interparlementaire, laquelle est composée de représentants de 144 pays, qui discutent des mesures à prendre pour améliorer leur processus parlementaire et démocratique. Je suis toujours surpris de constater que des parlementaires provenant de pays comme le Mexique, l'Indonésie, la Pologne, et même l'Australie, sont sidérés d'apprendre que les sénateurs du Canada ne sont pas élus.
La Loi sur la réforme du Sénat changerait ça. Par ailleurs, elle modifierait la durée du mandat des sénateurs à la Chambre haute. Ainsi, nous avons établi la durée du mandat précisément pour qu'elle soit assez longue pour assurer le maintien des caractéristiques essentielles du Sénat, qui doit être un lieu de réflexion indépendante, sereine et attentive, tout en permettant que la composition du Sénat soit renouvelée régulièrement. Limiter la durée du mandat des sénateurs relève de la compétence constitutionnelle exclusive du Parlement, conformément à l'article 44 de la Loi constitutionnelle de 1982. Il s'agit d'une mesure semblable à une modification adoptée par le gouvernement Pearson en 1965, modification qui a également limité la durée du mandat des sénateurs.
Le a clairement indiqué que le gouvernement est disposé à faire preuve de souplesse à l'égard des amendements concernant la durée du mandat des sénateurs, tant que ceux-ci ne contreviennent pas au principe du projet de loi. En proposant un mandat d'une durée de neuf ans, le gouvernement a déjà montré sa souplesse en ce qui concerne les détails du projet de loi. Toutefois, nous n'accepterions pas un mandat plus long parce que cela irait à l'encontre de l'objet du projet de loi, qui est de favoriser l'apport régulier et permanent de nouvelles idées et perspectives.
Comme le l'a indiqué lors de sa comparution devant le Comité sénatorial spécial sur la réforme du Sénat, la grande majorité des Canadiens estime qu'il n'est tout simplement plus acceptable de nos jours que des sénateurs soient nommés pour 15, 30, voire 45 ans.
Nombre d'éminents experts en matière constitutionnelle ainsi que les membres du Comité sénatorial spécial sur la réforme du Sénat souscrivent à notre position, mais cela n'est pas ce que l'opposition voudrait que faire croire aux Canadiens.
Le ministre chargé du dossier a rencontré les porte-parole de l'opposition à la Chambre pour discuter des grandes lignes de la réforme du Sénat. L'ancien chef néo-démocrate et le député d' ont toujours maintenu une position ferme en faveur de l'abolition du Sénat, leur but ultime. Ils ont publiquement indiqué que certaines réformes sont préférables à aucune réforme, mais je m'attends néanmoins à ce que le NPD s'oppose à ce projet de loi.
Le porte-parole libéral, en l'occurrence le député de , connaît à fond le dossier et il a exprimé des préoccupations précises qui ont toutes été examinées sur la scène publique. Les libéraux craignent qu'il n'y ait aucun mécanisme de règlement des différends entre les deux Chambres. Ils soutiennent également qu'il y aura de nombreux problèmes liés à d'autres outils conventionnels et constitutionnels nécessaires pour mettre en oeuvre les changements apportés dans le cadre de la réforme du Sénat. Les libéraux s'opposent à une réforme progressive et soutiennent qu'il faut consulter les provinces et renvoyer cette mesure législative à la Cour suprême du Canada avant d'en poursuivre l'étude. Les libéraux qui acceptent l'idée de limiter la durée du mandat des sénateurs préconisent et préfèrent néanmoins des mandats plus longs que ceux que propose le gouvernement.
Nous nous attendons à ce que les sénateurs libéraux s'opposent à ce projet de loi, qu'ils fassent de l'obstruction et qu'ils incitent leurs collègues conservateurs à exprimer des réserves et à s'y opposer publiquement. Par surcroît, nous prévoyons que les libéraux favoriseront une réforme globale du Sénat, mais qu'ils s'opposeront à une réforme progressive découlant d'une mesure législative comme celle-ci.
L'opposition pose des questions sur les répercussions de ces réformes sur la représentation au Sénat. Or, dans le cadre du processus de nomination actuel, rien ne garantit que les groupes minoritaires soient convenablement représentés au Sénat. Le gouvernement espère que des candidats de sexe féminin et des candidats appartenant à des minorités participeront pleinement au processus de sélection.
Les partis politiques provinciaux pourraient jouer un rôle dans la nomination de candidats potentiels au Sénat, comme ils le font déjà dans le processus de nomination des députés. Le gouvernement espère que les partis encourageront la participation de groupes qui ont toujours été sous-représentés dans nos institutions politiques.
La prérogative du de recommander des personnes compétentes en vue de leur nomination au Sénat ne serait pas touchée par le processus de consultation qui pourrait être mis en oeuvre. Si le premier ministre jugeait nécessaire de prendre des mesures pour rétablir un certain équilibre dans la représentation des femmes ou des groupes minoritaires au Sénat, il pourrait continuer d'exercer ce pouvoir.
J'aimerais maintenant vous entretenir des effets de la réforme du Sénat dans la province que je représente, l'Alberta. Toutefois, permettez-moi d'abord de parler d'une chose très intéressante qui s'est produite en Alberta le week-end dernier.
Je tiens à féliciter Alison Redford, la première ministre désignée et nouvelle chef du Parti progressiste-conservateur de l'Alberta. Elle deviendra bientôt l'une des trois femmes à la tête de provinces canadiennes. Je la félicite et lui offre toute mon aide alors qu'elle s'apprête à prendre la direction du gouvernement provincial de l'Alberta.
Je remercie également le premier ministre sortant, Ed Stelmach, et sa femme, Marie, des dizaines d'années de service qu'ils ont consacrées aux Albertains. Je leur transmets tous mes meilleurs voeux alors qu'ils entameront un nouveau chapitre de leur vie à la suite des prochaines élections provinciales.
L'Alberta a une longueur d'avance depuis déjà longtemps. Nous avons adopté la loi sur la sélection des sénateurs en 1989, laquelle permet aux électeurs de choisir des candidats au Sénat dans le cadre d'un processus démocratique. En vertu de cette loi, le gouvernement de l'Alberta soumet des noms de candidats élus au gouvernement fédéral. La loi n'oblige pas le premier ministre ou le gouverneur général à nommer les personnes choisies dans le cadre du processus.
En Alberta, il s'est tenu des élections sénatoriales en 1989, en 1998 et en 2004. Deux sénateurs ont été nommés à la suite de ces élections: Stan Waters, en 1990, par le premier ministre Brian Mulroney, et Bert Brown, en 2007, par le actuel.
En Alberta, les candidats sénatoriaux peuvent se présenter à titre d'indépendants ou à titre de candidats d'un parti politique provincial enregistré. Récemment, les progressistes-conservateurs de l'Alberta ont nommé des candidats dans chacun de ces processus de sélection. Le Parti libéral de l'Alberta n'a pas de candidats, et il n'en avait pas ni dans le processus de 1998 ni dans celui de 2004. Le Nouveau Parti démocratique de l'Alberta, qui s'est prononcé en faveur de l'abolition du Sénat, n'a pas encore soutenu de candidature pour un processus de sélection.
Durant les processus antérieurs, des candidats ont également été nommés sous la bannière de partis provinciaux formés spécifiquement pour contester les élections sénatoriales. Par exemple, le Parti réformiste de l'Alberta a appuyé des candidats aux processus de sélection de 1989 et 1998, mais pas à celui de 2004. Stan Waters, un candidat du Parti réformiste de l'Alberta en 1989, a siégé à titre de sénateur réformiste après avoir été nommé en 1990.
Dans d'autres cas, des candidats se sont présentés sous la bannière de partis provinciaux qui n'ont pas d'équivalents fédéraux. En 2004, trois candidats se sont présentés sous le Parti allianciste de l'Alberta. Ce parti a été rebaptisé Wildrose Alliance lorsqu'il a fusionné avec le Parti Wildrose en 2008. La chef de la Wildrose Alliance, Danielle Smith, a signalé l'intention du parti de présenter une brochette complète de candidats au prochain processus de sélection sénatoriale et a fait remarquer que les sélections constituent une des façons les plus équitables de représenter des dossiers régionaux.
D'après les estimations de la Canada West Foundation, le taux de participation au processus de 1998 se chiffrait, en tout, à environ 30 p. 100. En moyenne, le taux de participation au processus de sélection sénatoriale était inférieur d'environ 10 p. 100 à celui des élections municipales.
En 2004, l'Alberta a tenu son processus de sélection sénatoriale parallèlement aux élections générales provinciales. Avant cela, en 1998 et en 1989, ces processus se faisaient en même temps que les élections municipales générales.
Le taux de participation au processus de sélection sénatoriale de 2004 frôlait 44,2 p. 100. Toutefois, lorsqu'on tient compte des bulletins de vote rejetés et détériorés, ce taux passe à 35 p. 100. En comparaison, le taux de participation aux élections générales provinciales de 2004 était un peu plus de 44 p. 100.
Je sais ce que pensent certains Canadiens habitant dans les régions rurales du pays. Si les personnes nommées sénateurs sont choisies pour représenter une province au complet, les candidats des centres urbains n'auront-ils pas l'avantage sur ceux des régions rurales?
Permettez-moi de dissiper tout malentendu à ce sujet. Notre projet de loi améliore la méthode de consultation actuelle pour nommer les sénateurs. Présentement, il n'y a aucune garantie que toutes les régions d'une province soient bien représentées. Cependant, le projet de loi vise à permettre aux provinces de se doter du mode de consultation qui répond le mieux aux besoins de leur population. Il reviendra à chaque province de choisir un mécanisme qui garantit une représentation adéquate de toute sa population.
Le rôle du Sénat et des sénateurs individuellement ne changera pas si ce projet de loi est adopté. Les sénateurs continueront de remplir une fonction importante dans l'étude des projets de loi, et leur statut demeurera le même, peu importe qu'ils aient été nommés directement ou choisis dans le cadre d'une consultation populaire.
Le type de système électoral employé pour sélectionner les sénateurs n'aura aucune incidence sur leur statut. Nous espérons qu'au fil du temps, à mesure qu'un nombre de plus en plus grand de sénateurs auront été nommés avec un mécanisme de consultation, le Sénat gagnera en légitimité démocratique, ce qui pourrait, à long terme, constituer le fondement de changements futurs.
Le projet de loi ne prévoit pas le financement des mécanismes de consultation provinciaux ou territoriaux. Notre gouvernement pense que ces mécanismes devraient être financés par les provinces et les territoires. Par exemple, l'Alberta a tenu trois consultations, et le gouvernement du Canada n'y a jamais contribué financièrement. L'Alberta estime que le coût de sa dernière consultation, en 2004, a été de 1,6 million de dollars.
Nous préférons changer le Sénat, plutôt que l'abolir, comme le voudraient certains députés de l'opposition. Voilà pourquoi nous avons rapidement présenté de nouveau un projet de loi de modification du Sénat. Nous voulons que le Sénat reflète mieux les valeurs du Canada et des Canadiens au XXIe siècle.
Pour ce qui est de l'égalité, l'un des trois « e », davantage de sièges doivent revenir à l'Ouest. Les points de vue varient au pays sur ce qu'il doit advenir du Sénat. On peut débattre de toutes les questions relatives au Sénat, mais la plus importante est celle du statu quo. La situation actuelle n'est tout simplement plus acceptable pour le public canadien.
Voilà pourquoi nous voulons apporter des changements raisonnables au Sénat, changements qui se situent dans les limites des pouvoirs constitutionnels du Parlement. Le gouvernement fédéral doit prendre en compte les mécanismes qui ont bien fonctionné pour nos collègues des provinces.
L'Alberta souhaite fermement que le Sénat soit élu et que des changements lui soient apportés. Qui plus est, l'Alberta a prouvé que des mécanismes démocratiques pouvaient être utilisés. Elle a tenu les premières élections il y a plus de 20 ans.
Notre parti encourage toutes les provinces à suivre l'exemple de l'Alberta et à commencer à élire leurs représentants au Sénat.
:
Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole après le discours fort pertinent du député de . Mon collègue a fait preuve d'une grande éloquence en défendant la notion de démocratie et en proposant d'actualiser nos institutions démocratiques et d'y apporter des changements raisonnables.
Notre parti a toujours dit que l'économie et la création d'emplois sont les priorités absolues. Ce sont les priorités du gouvernement conservateur. C'est pour cette raison que nous avons lancé la deuxième étape du Plan d'action économique du Canada. C'est aussi pour cette raison que nous avions présenté la stratégie « Avantage Canada » en 2007 et que nous avions commencé à travailler sur un cadre et une structure qui allaient guider le Canada non seulement en période de prospérité, mais aussi de difficulté. Notre plan a donné de bons résultats, mais nous allons continuer à nous efforcer de rendre le Parlement plus efficace. Nous allons continuer de travailler afin de rendre nos rues et nos collectivités plus sûres, et nous allons continuer de chercher par tous les moyens à faire du Canada un pays encore meilleur.
C'est un honneur pour moi de représenter la ville électrique, Peterborough, en Ontario, ainsi que ses merveilleux résidants, qui travaillent très fort. En fait, monsieur le Président, vous représentez la circonscription voisine de la mienne. Notre région est l'une des plus belles du pays. Monsieur le Président, votre circonscription porte le nom de la région des Kawartha Lakes, mais la plus grande partie de celle-ci se trouve dans ma cour. Cela dit, nous n'allons pas nous chicaner à ce sujet. L'important c'est que nous sommes privilégiés de représenter une magnifique région du Canada.
Lorsque je discute avec les gens de ma circonscription, ceux-ci comprennent que des changements doivent être apportés au Sénat, que cette institution doit faire l'objet d'une réforme, et que nous devons travailler sans relâche afin d'améliorer notre système démocratique. Une chose est claire. Si nous remontons à 1867 et à la fondation du pays, nous constatons que le Sénat a été structuré d'une certaine façon. Toutefois, le pays a changé depuis. Nous sommes devenus une démocratie plus mûre. Nous avons vécu un bon nombre de réformes. Nous avons vu le Canada mûrir. En fait, notre pays continue d'évoluer, de devenir plus fort et même plus uni. Selon moi, le patriotisme dans notre pays — c'est-à-dire notre identité symbolisée par l'unifolié — n'a jamais été aussi net, aussi passionné et aussi fort qu'aujourd'hui.
Le 2 mai dernier, nous avons reçu un mandat de la population, qui a élu un gouvernement conservateur fort, stable et, comme l'a précisé avec raison le député de , majoritaire. Durant la campagne électorale, nous avons exposé on ne peut plus clairement notre intention de continuer à défendre une réforme du Sénat.
Les néo-démocrates ont adopté une position pour le moins déroutante en ce qui concerne le Sénat. Ils se sont prononcés en faveur de l'abolition du Sénat. Or, ils ne peuvent agir seuls. Ils savent très bien qu'ils doivent avoir l'aval des provinces. Il se trouve que le Québec, notamment, a exprimé certaines réserves à cet égard. Je me demande ce que les néo-démocrates obtiennent comme réaction du gouvernement et de la population du Québec lorsqu'ils proposent d'abolir le Sénat. Je me pose la question, car, à nous, ils réclament une réforme du Sénat, pas son abolition.
Le gouvernement a exposé clairement sa volonté de réformer le Sénat. Nous l'avons promis et tenons notre promesse.
Nous croyons que le Sénat joue un rôle important dans notre régime parlementaire. Il se penche sur les lois. Il sert à représenter les intérêts des régions et des minorités. Il fournit aux députés des recommandations réfléchies qui s'appuient sur des recherches. Des sénateurs possédant de l'expérience et de l'expertise dans un plus large éventail de domaines peuvent être mis à contribution afin de régler les grands dossiers avec lesquels notre pays doit composer.
Une députée a fait valoir qu'il est discriminatoire qu'on ne puisse siéger au Sénat avant d'avoir atteint l'âge de 30 ans. Je ne trouve pas cela discriminatoire compte tenu du rôle que joue le Sénat. J'avais 35 ans lorsque j'ai été élu pour la première fois, ce qui m'avait semblé être assez jeune, mais je pouvais mettre à profit l'expérience assez vaste que j'avais du monde des affaires, des organismes caritatifs et, ayant grandi sur une ferme, de l'agriculture. Je pouvais mettre à contribution mon expérience de vie.
Selon moi, plus les députés sont jeunes, et indépendamment de leur intelligence et de leurs bonnes intentions, c'est l'expérience de vie qu'ils apportent avec eux au Parlement — que ce soit à la Chambre des communes ou au Sénat — qui leur permet d'être vraiment représentatifs d'un large éventail de personnes et de mieux saisir l'impact des décisions prises au Parlement.
Malheureusement, les contributions du Sénat sont occultées par le fait que les sénateurs sont choisis et nommés sans avoir reçu par voie démocratique un mandat de la part des Canadiens. Leur efficacité et leur légitimité souffrent du fait qu'ils n'ont pas obtenu de mandat par voie démocratique et qu'ils peuvent servir durant une période pouvant atteindre 45 ans.
Comme je l'ai dit, le Sénat fait du bon travail. L'un des rapports les plus déterminants et les plus importants présentés par le Sénat depuis longtemps est le document intitulé « De l'ombre à la lumière ». Ce rapport est l'oeuvre des sénateurs Keon et Kirby, deux Canadiens exceptionnels qui ont travaillé très fort pour présenter leur étude sur la santé et la maladie mentales. Notre gouvernement a donné suite au rapport. Nous avons élaboré une stratégie canadienne en matière de santé mentale afin d'acquérir et de structurer la capacité requise dans ce secteur au pays. Voilà le genre de travaux utiles et de rapports bien étayés qui émanent du Sénat. Cette institution joue donc un rôle important.
Hélas, une grande partie de ce travail est occultée par le fait que le Sénat fonctionne encore comme en 1867. Nous sommes d'avis que la situation actuelle n'est pas acceptable dans une démocratie moderne et représentative, et les Canadiens pensent comme nous, du moins ceux de Peterborough.
Le gouvernement juge depuis longtemps que le statu quo est inacceptable et que les choses doivent changer au Sénat afin que celui-ci puisse développer pleinement son potentiel en tant qu'institution démocratique et devenir une Chambre plus légitime au Parlement. L'autre option est le statu quo. Or, les Canadiens sont d'accord avec nous pour la rejeter.
Avec son , le gouvernement donne suite aux préoccupations des Canadiens qui ont dit clairement que le statu quo n'est tout simplement pas acceptable. Si nous voulons lancer le processus qui aboutira à une réforme, il faut faire ce que nous pouvons en vertu des pouvoirs du Parlement.
Le gouvernement est d'avis qu'une réforme du Sénat s'impose maintenant. Nous sommes résolus à adopter une approche pratique et raisonnable qui, selon nous, va contribuer à rétablir l'efficacité et la légitimité du Sénat. Les Canadiens ne veulent pas d'une longue lutte constitutionnelle comme nous en avons connue dans le passé, surtout que, comme je l'ai mentionné au début de mon discours, le Parlement doit se concentrer sur la santé de l'économie canadienne et sur la création d'emplois. Cela ne signifie pas que le Parlement ne devrait pas agir, mais une longue querelle constitutionnelle ne servirait pas nos intérêts, ni ceux des provinces et des Canadiens. Elle empêcherait le gouvernement de porter toute son attention sur les volets importants.
Obtenir l'appui nécessaire des provinces pour des réformes fondamentales particulières est un processus complexe et long dont la réussite n'est pas assurée. Voilà pourquoi nous allons de l'avant avec le projet de loi sur la réforme du Sénat.
En présentant ce projet de loi, le gouvernement prend des mesures immédiates et concrètes pour respecter son engagement envers les Canadiens d'accroître l'efficacité et la légitimité de la Chambre haute et de collaborer avec les provinces et les territoires.
Le projet de loi prévoit un cadre pour les provinces et les territoires désirant établir un processus de consultation démocratique pour permettre aux Canadiens d'avoir droit de parole dans le choix de leurs représentants au Sénat.
J'ai souvent dit qu'il était vraiment honteux que de nombreux Canadiens soient capables de nommer leur député, d'autres députés, des ministres et des porte-paroles de l'opposition, mais incapables de nommer les sénateurs qui représentent leur province ou toute autre province. Cela montre une lacune fondamentale dans le système actuel. Les sénateurs sont censés représenter les régions, y compris Nickel Belt, par exemple.
Le député qui réclame l'abolition pendant que je parle devrait savoir que les gens de Nickel Belt peuvent être représentés au Sénat; ils peuvent avoir leur mot à dire sur qui les représente au Sénat. Il s'agit d'une représentation régionale importante pour le Nord de l'Ontario. La population du Nord me répète constamment qu'elle a l'impression d'être sous-représentée à l'échelon provincial. La représentation régionale au Sénat peut donner une voix aux gens, et ces derniers devraient avoir leur mot à dire sur qui les représente dans cette enceinte.
Nous encourageons depuis le début les provinces et les territoires à adopter un processus démocratique pour la sélection des candidats au Sénat. Le projet de loi sur la réforme du Sénat explique clairement les paramètres de notre approche souple.
Le projet de loi oblige le à envisager les candidats élus au terme des processus de sélection démocratique lorsqu'il fait ses recommandations. Il n'impose aucune contrainte au premier ministre ou au Gouverneur général et il ne modifie pas la méthode de sélection des sénateurs.
Le projet de loi est également assorti d'un cadre volontaire dont les provinces et les territoires pourront s'inspirer pour mettre sur pied un processus de sélection démocratique, fondé sur la loi albertaine sur la sélection des sénateurs, qui permettra aux électeurs d'exprimer leurs préférences en ce qui a trait aux personnes à nommer au Sénat.
Ce cadre a été inclus dans la loi afin d'aider les provinces et les territoires à élaborer leur propre loi. Il s'agit d'un travail de collaboration. Les provinces et les territoires peuvent adapter le cadre de manière à répondre à leurs besoins et à leurs circonstances particulières. La flexibilité offerte encouragera les provinces à mettre sur pied un processus de consultation démocratique pour que le choix des sénateurs reflète davantage les voeux de leurs habitants.
L'approche que nous proposons a déjà porté fruit. En 2007, le a recommandé la nomination au Sénat de Bert Brown. Le sénateur avait été choisi par l'électorat albertain en 2004 et, si je puis me le permettre, a été dédaigné par le gouvernement libéral qui a surveillé le processus de sélection à Ottawa. Nous remercions le sénateur Brown des efforts infatigables qu'il a déployés en vue de réformer le Sénat de l'intérieur et de l'extérieur.
L'Alberta n'est pas la seule province, cependant, à avoir pris des mesures pour faciliter la réforme. En 2009, la Saskatchewan a adopté sa loi sur l'élection des candidats au Sénat. En Colombie-Britannique, le secrétaire parlementaire du premier ministre a présenté une mesure semblable. Pas plus tard que samedi dernier, le 1er octobre, M. Alward, premier ministre du Nouveau-Brunswick, a annoncé l'appui de son gouvernement à l'égard de notre approche. Nous attendons avec impatience que le Nouveau-Brunswick prenne des mesures en vue de réformer le Sénat.
Le mouvement commence à prendre de l'ampleur. Les provinces relèvent le défi qui consiste à améliorer notre démocratie. C'est palpitant. Nous encourageons nos collègues dans toutes les assemblées législatives provinciales et territoriales à nous accorder leur soutien et à présenter des initiatives semblables.
En plus d'encourager la mise en oeuvre du processus de sélection démocratique des candidats au Sénat, la loi limiterait également la durée du mandat des sénateurs, qui peut s'étendre sur plusieurs décennies en vertu des règles actuelles. En effet, actuellement, un sénateur pourrait siéger aussi longtemps que 45 ans. Les sondages indiquent systématiquement que plus de 70 p. 100 des Canadiens sont favorables à l'idée de limiter la durée du mandat des sénateurs. Certains sénateurs ne partagent pas leur avis, cependant. J'ai entendu des sénateurs qui viennent d'avoir 75 ans après avoir été en poste pendant plusieurs décennies affirmer qu'il n'y aucune raison légitime pour eux d'avoir à quitter leur poste.
Mais je soutiens qu'il y a une raison légitime. J'espère que chacun des députés de la Chambre sait qu'il ne suffit pas d'être élu et de faire acte de présence. Il faut contribuer. Il faut apporter des idées nouvelles. Il faut que de nouvelles personnes aient la chance d'apporter de nouvelles idées. Il faut que plus de gens aient l'occasion de contribuer à bâtir notre merveilleux pays. C'est une des raisons pour lesquelles il est si important de limiter la durée des mandats.
La limite de neuf ans s'appliquerait aussi aux sénateurs nommés après octobre 2008, qui garderaient leur qualité de sénateur pendant neuf ans à partir de la date de la sanction royale. La Loi sur la réforme du Sénat conserverait l'âge obligatoire de la retraite pour les sénateurs. En 1965, le Parlement a déterminé que les sénateurs devaient prendre leur retraite à 75 ans, alors qu'ils étaient nommés à vie avant cette date. Cela montre que le Parlement a le droit d'adopter de telles lois. En 2007, le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles a recommandé de maintenir le départ à la retraite obligatoire à l'âge de 75 ans quand il a examiné un projet de loi sur la durée du mandat des sénateurs.
Des membres de l'opposition soutiennent que le projet de loi exige une modification fondamentale de la Constitution et doit donc être appuyé par les provinces. Je crois qu'ils ont complètement tort, et beaucoup d'autres le pensent aussi, y compris les provinces qui souscrivent à ce projet de loi et mettent en place un processus d'élection des sénateurs.
La Constitution indique clairement quels genres de modifications du Sénat exigent le consentement des provinces. Le gouvernement a agi avec rigueur; il s'est assuré que la portée de la réforme proposée relève bien de la compétence constitutionnelle du Parlement.
Après avoir écouté les discours et les questions des députés de l'opposition, je dois dire qu'ils passent à côté de l'essentiel. Notre but, c'est de commencer le processus de réforme. Nous voulons être aussi constructifs que possible tout en faisant progresser les choses.
L'approche du gouvernement, contrairement à celle des autres partis, constitue clairement une solution pratique et raisonnable susceptible de vraiment donner des résultats positifs pour l'ensemble des Canadiens.
En fait, les partis de l'opposition ont présenté des arguments essentiellement en faveur du statu quo. Voilà ce qui est tellement malhonnête dans leur approche. Ils savent pertinemment que le fait de proposer autre chose que le projet de loi revient ni plus ni moins à prôner le statu quo. C'est faire en sorte que le Sénat demeure tel qu'il était en 1867. Les propositions de l'opposition ne mèneraient nulle part et ne déboucheraient sur aucune réforme. C'est inacceptable pour les Canadiens.
Comme je l'ai dit précédemment, le NPD souhaiterait abolir le Sénat. Or, les Canadiens n'appuient pas un changement si radical. Cette proposition ne trouve pas un large consensus auprès des provinces. J'invite encore une fois les députés du Québec à se rendre à l'Assemblée nationale à Québec pour mesurer l'intérêt que suscite une telle position.
Quant au Parti libéral, il propose un processus, mais il ne vise pas de résultats. C'est typique des libéraux.
On pourrait peut-être organiser un sommet. Après le sommet, il pourrait y avoir des tables rondes. Ensuite, on pourrait mener des consultations téléphoniques. Après quoi, on pourrait peut-être effectuer une campagne par courrier, et peut-être qu'un jour, dans une décennie ou deux, le Parti libéral serait prêt à passer à l'action, mais nous n'en sommes pas certains.
Les libéraux n'appuient pas la réforme du Sénat. Voilà tout. L'inaction des libéraux au cours des 13 années où ils ont été au pouvoir illustre bien leur opposition au changement dans ce dossier. Ils l'ont d'ailleurs exprimé clairement. Ils suggèrent de rouvrir la Constitution et d'amorcer un processus qui, nous le savons fort bien, déboucherait sur un conflit long et acrimonieux sans pour autant donner lieu à des réformes au Sénat.
On a vu comment le Parti libéral réagit lorsqu'on rouvre la Constitution. Il est tout simplement réfractaire au changement. Lorsque nous avons voulu faire adhérer le Québec à la Constitution, par exemple, lorsque l'ancien premier ministre Mulroney a entrepris des réformes constitutionnelles, on sait que le Parti libéral s'y est opposé. Qui plus est, le Parti libéral s'est employé à semer la zizanie dans cette Chambre qui aurait, à mon avis et de l'avis de bien des gens, mis un terme au débat sur le Canada, un pays qui s'étend d'un océan à l'autre.
L'approche des libéraux n'accomplira absolument rien et nous enlisera dans un bourbier constitutionnel alors que le gouvernement conservateur, le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique devraient plutôt se concentrer sur l'économie et la création d'emplois.
Pour terminer, le gouvernement est déterminé à apporter des réformes au Sénat afin que celui-ci puisse mieux refléter les valeurs des vaillants Canadiens de l'ensemble du pays.
Mes électeurs me disent qu'ils veulent des changements. Je crois que le moment est venu d'apporter des changements au Sénat. Dans la Loi sur la réforme du Sénat, le gouvernement présente des changements modestes, mais importants et réalisables. Ces changements amélioreraient le Sénat en augmentant sa légitimité aux yeux des Canadiens.
Tous les députés ont la possibilité de faire quelque chose de tout à fait remarquable et de fondamental pour notre processus démocratique. Ils ont la possibilité de faire entrer le Sénat, même si ce n'est que partiellement, dans le XXIe siècle afin d'entamer le processus de réforme.
Il suffit de regarder ce qui se produit lorsqu'on fait régner la démocratie au sein du système parlementaire ou des régimes gouvernementaux de pays. Cette démocratie devient communicative. Les citoyens en réclament plus et veulent même pouvoir participer davantage au processus politique.
Tous les députés ont la possibilité de faire quelque chose de remarquable, d'offrir à leurs électeurs quelque chose qu'ils n'ont jamais eu auparavant: avoir leur mot à dire dans le choix des personnes qui les représentent.
Les députés peuvent-ils concevoir qu'au XXIe siècle, nous ayons au Canada un organe politique structuré de telle manière que les citoyens que nous représentons tous n'aient pas voix au chapitre dans le choix de leurs représentants?
Faisons quelque chose qui marquera l'histoire. Appuyons ce projet de loi. Allons de l'avant. Réformons le Sénat. Faisons du Canada un pays meilleur et plus fort qu'il ne l'est actuellement.
Telle est la tâche que je confie à tous les députés.
:
Monsieur le Président, puisqu'il s'agit de ma première intervention à la Chambre des communes au cours de la 41
e législature, j'aimerais remercier les gens de Nickel Belt qui m'ont réélu. Je suis reconnaissant aux gens de Foleyet, dans l'ouest, à Garden Village, dans l'est, et de Killarney, au sud, jusqu'à Capreol et River Valley, dans le nord, de m'avoir réélu à la Chambre.
Leur décision de me réélire s'explique en partie par l'excellent travail de mon personnel dans la région de Nickel Belt. J'aimerais remercier en particulier Carmen McMurray qui travaille à Nickel Belt et Val Caron, Ghislaine Millette qui oeuvre à Val Caron, ainsi que Mona Noël et Don Pitre qu'on retrouve à Sturgeon Falls. Je les remercie de leur excellent travail.
Ma réélection s'explique aussi par le fait que les gens de Nickel Belt se préoccupent surtout du chômage, des soins de santé, de l'éducation et de la situation de leurs parents et de leurs grands-parents. La réforme du Sénat les laissent plutôt froids. La population se préoccupe des questions qui la touchent, ce qui n'est assurément pas le cas de la réforme du Sénat.
Je suis heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui pour parler de principes importants, soit la réforme démocratique et la reddition de comptes.
Je sais que les citoyens de la circonscription de Nickel Belt veulent un système électoral où les gens ont l'impression que leur vote a de l'importance. Ils veulent reprendre confiance envers le gouvernement, sentir que celui-ci les représente vraiment et avoir l'impression qu'ils ont un choix important à faire.
Il y cinq ans, le était chef de l'opposition. Il a reconnu qu'il était inadmissible d'avoir un Sénat non élu. Il a dit que c'était injuste et antidémocratique et que la nomination des sénateurs était une relique du XIXe siècle. Lorsqu'il était chef de l'opposition, il n'appréciait pas du tout que le premier ministre ait pratiquement carte blanche pour le choix des sénateurs et il a promis que. s'il devenait premier ministre, il ne nommerait personne au Sénat. Malheureusement, voilà une autre promesse rompue. Plutôt que de régler le problème du Sénat, le gouvernement conservateur l'a empiré.
Regardons les faits. Le détient maintenant le record du plus grand nombre de sénateurs nommés en une seule journée. Il a nommé des fidèles du parti, des doreurs d'image, des collecteurs de fonds et des initiés, y compris l'ancien président du Parti conservateur, l'ancien directeur de la campagne nationale des conservateurs, ainsi que plusieurs candidats conservateurs défaits aux élections. Comme si cela ne suffisait pas, l'architecte des manoeuvres de transfert de fonds par les conservateurs — le fameux stratagème du in and out — siège au Sénat. Des sénateurs conservateurs dont nous n'avons nul besoin consacrent leur temps à rejeter des lois adoptées par les représentants élus de la Chambre des communes. Ils gaspillent aussi l'argent des contribuables en voyageant d'un bout à l'autre du pays afin de ramasser des fonds pour le Parti conservateur du Canada. Et les conservateurs prétendent vouloir changer les choses. En fait, ils agissent exactement comme le gouvernement libéral qui les a précédés.
L'automne dernier, nous avons été témoins d'un spectacle honteux lorsque le Sénat à majorité conservatrice a été utilisé pour bloquer des mesures législatives qui ne plaisaient pas au . La , qui avait été présentée par mon collègue du Nord de l'Ontario, le député de , a été adoptée deux fois à la Chambre lorsque le gouvernement était minoritaire. Les députés élus par les Canadiens ont voté en faveur de cette mesure. La majorité d'entre eux l'ont appuyée deux fois. Malheureusement, le 16 novembre 2010, la majorité conservatrice au Sénat a rejeté le projet de loi C-311 à l'étape de la deuxième lecture. Il n'y a eu ni débat au Sénat, ni témoin. La mesure a été rejetée par les amis non élus du premier ministre.
Malheureusement, le projet de loi du gouvernement qui porte sur le Sénat ne propose pas de véritable réforme démocratique, ni d'engagements en matière de responsabilité. Nous, néo-démocrates, prônons une vraie réforme démocratique. Nous demandons l'abolition du Sénat. Les Canadiens en ont assez. Le Sénat doit cesser d'exister. La majorité des Canadiens n'en souffriraient pas. Un récent sondage révèle que seulement 18 p. 100 d'entre eux approuvent les mesures prises par cette institution. Malheureusement, les sénateurs actuels agissent trop souvent de façon partisane. Ils travaillent pour leur parti, tout en étant rémunérés à même le Trésor public. Un deuxième examen objectif ne peut être fait par des gens qui ont été nommés, et non pas élus, et qui ont des conflits d'intérêt aussi évidents.
Il y a également du gaspillage d'argent dans le Sénat non élu. Les Canadiens paient de plus en plus pour une institution discréditée qui fait de moins en moins de travail. Cette situation existe alors que les Canadiens attendent une reprise économique qui tarde à venir et que le gouvernement conservateur envisage d'effectuer des coupes qui vont se chiffrer à des milliards de dollars. Le Sénat coûte environ 19 millions de dollars par année aux Canadiens. Pendant que les gens ordinaires se cherchent un emploi, qu'ils essaient de joindre les deux bouts lorsque leurs prestations d'assurance-emploi prennent fin, et qu'ils doivent se débrouiller avec des pensions qui ne leur permettent même pas de subvenir à leurs besoins essentiels, les sénateurs touchent 132 000 $ par année pour trois jours de travail par semaine. En outre, leurs frais de voyage et autres dépenses se chiffrent annuellement à 859 000 $. Nous parlons ici d'une institution qui ne joue aucun rôle pertinent dans la vie de la majorité des Canadiens.
Il me vient à l'esprit beaucoup de choses auxquelles les gens attachent de l'importance, par exemple la création d'emplois qui permettent de subvenir aux besoins d'une famille, l'amélioration du système de santé public et la construction d'un avenir décent pour nos enfants. J'imagine que personne n'a comme priorité d'enrichir les proches de son parti. Je le répète, les néo-démocrates veulent voir le Sénat aboli. C'est la position du Nouveau Parti démocratique et de ses prédécesseurs depuis 1930, et nous ne sommes pas les seuls à penser ainsi.
[Français]
Le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, ainsi que le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Darrell Dexter, ont publiquement demandé l'abolition du Sénat. La première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, a déclaré que le Sénat n'était plus utile au sein de notre Confédération. Le Manitoba maintient également sa position en faveur de l'abolition du Sénat. Le Québec a qualifié ce projet de loi d'inconstitutionnel. Le gouvernement provincial a affirmé qu'il ferait appel devant la cour si ce projet de loi était adopté sans consultation préalable avec les provinces.
[Traduction]
Nous savons qu'on n'arrivera à aucune réforme réelle et démocratique si on se contente de modifier un peu la façon dont les sénateurs sont nommés ou choisis par les provinces. Il faudrait mettre en place un vote équitable et une représentation proportionnelle qui respecte les droits de tous les électeurs. Nous demandons au gouvernement de tenir un référendum afin de demander aux citoyens canadiens s'ils sont d'accord pour qu'on abolisse le Sénat.
Aujourd'hui, je demande au de commencer par poser deux gestes modestes mais essentiels. Premièrement, je demande au premier ministre d'arrêter de nommer au Sénat des candidats défaits et des proches du parti. Je lui demande d'entamer un véritable dialogue avec les Canadiens en prenant un engagement ferme à ce sujet.
Deuxièmement, je demande au de collaborer avec moi et de voir à ce qu'on interdise aux sénateurs de participer au financement des partis politiques. On ne peut espérer un second examen objectif de la part de personnes nommées, non élues, placées dans une telle situation de conflit d'intérêts. Cette situation compromet le système démocratique et n'est pas équitable envers les Canadiens.
Après toutes ces années, les néo-démocrates demeurent convaincus qu'il faut abolir la Chambre haute, comme l'ont déjà fait d'autres démocraties modernes et les provinces canadiennes, et continuer de demander un référendum national qui permettra aux Canadiens de nous confier un mandat clair quant à la voie à suivre.
Les néo-démocrates veulent que les Canadiens aient à nouveau des sentiments positifs au sujet du gouvernement, qu'ils le voient comme l'incarnation de leurs capacités collectives et qu'ils aient l'impression d'y avoir une voix. Que les députés élus, et seuls les députés élus, parlent au nom des Canadiens.
Deuxièmement, cessons de gaspiller de l'argent dans des éléments antidémocratiques de notre pays qui n'apportent rien aux Canadiens.
Je veux aborder des éléments clés de la réforme du Sénat proposée. Tous les Sénats provinciaux ont été abolis avant 1960 et les provinces ont continué de fonctionner efficacement. La preuve est faite pour ceux, dans l'opposition, qui croient ne pas pouvoir travailler sans Sénat. Les provinces se sont débarrassées de tous les Sénats en 1968 et elles fonctionnent encore.
Le soutien public en faveur d'un référendum sur le Sénat s'accroît. Un sondage Angus Reid effectué en juillet 2011 a montré que 71 p. 100 des Canadiens était favorables à la tenue d'un référendum sur l'avenir du Sénat et 36 p. 100 des Canadiens étaient en faveur de l'abolition du Sénat, comparativement à 25 p. 100 l'année précédente.
Si nous voulons vraiment entendre ce que les Canadiens ont à dire au sujet du Sénat, nous devrions peut-être tenir un référendum et les laisser nous dire ce qu'ils veulent. Avec le sondage Angus Reid, nous savons ce que les Canadiens veulent: ils veulent l'abolition du Sénat.
Les conservateurs ont déclaré qu'ils ne voulaient pas faire disparaître l'autre endroit, mais plutôt le reconstruire. Ils nous accusent de vouloir détruire l'autre endroit. Il y a eu 13 tentatives de réforme du Sénat depuis le début du XXe siècle. Treize fois, des Canadiens ont voulu remodeler le Sénat et chaque fois, ils ont échoué. Nous n'accomplirons rien cette fois-ci non plus.
Le gouvernement est allé dans tous les sens avec son projet de réforme du Sénat. Dans un projet de loi antérieur, les conservateurs réclamaient un processus électoral réglementé par le gouvernement fédéral alors que dans un autre, ils voulaient fixer les mandats à huit ans.
Les conservateurs n'ont pas sérieusement consulté les provinces pour savoir si elles appuyaient le contenu du projet de loi. Lorsque le projet de loi a été présenté, en juin 2011, des sénateurs conservateurs, mêmes ceux que le avait nommés, se sont élevés contre tout plan visant à limiter le mandat des sénateurs.
Les sénateurs n'auront pas plus de comptes à rendre aux Canadiens puisqu'ils ne pourront faire qu'un seul mandat. Ils n'auront jamais à devoir rendre compte à la population des promesses qu'ils ont faites pour se faire élire ni des décisions qu'ils ont prises au cours des neuf années de leur mandat et ils obtiendront une pension en quittant le Sénat.
L'attitude la plus sûre et la plus conservatrice, dans le sens général du terme, envers le Sénat, consiste à l'abolir. Nous savons comment la Chambre des communes fonctionne, mais nous n'avons pas la moindre idée de la manière donc fonctionnerait un Sénat élu.
Le a qualifié le Sénat de vestige du XIXe siècle. En 2006, la plateforme du Parti conservateur disait ce qui suit:
Les conservateurs [...] pensent que le Sénat actuel doit être soit réformé, soit aboli. Au XXIe siècle, un Sénat non élu ne devrait pas pouvoir bloquer la volonté de la Chambre élue.
C'est exactement ce qui est advenu du projet de loi C-311.
Le gouvernement s'est servi du Sénat comme repaire de protégés pour y nommer des agents et des solliciteurs de fonds du parti qui utilisent les deniers publics pour faire campagne en faveur des conservateurs. Nous en sommes actuellement témoins avec les élections provinciales qui se déroulent au pays. Nous voyons des sénateurs qui se déplacent d'une province à l'autre et d'une circonscription à l'autre pour faire campagne pour les conservateurs aux frais des contribuables.
Le s'est servi du Sénat, entité antidémocratique qui n'a pas de comptes à rendre, pour rejeter deux projets de loi qui avaient été adoptés à la Chambre des communes. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il a torpillé le projet de loi C-311 et, au printemps dernier, le projet de loi visant à faire parvenir des médicaments génériques en Afrique.
Nous avons le sénateur Bert Brown, de l'Alberta, dont le nom a été mentionné très souvent par les députés conservateurs aujourd'hui, qui le font passer comme le Dieu de l'Alberta. Le sénateur Brown a clairement énoncé son opinion dans la lettre datée du 15 juin qu'il a adressée au Sénat:
[...] nous devons être loyaux d'abord à l'homme qui nous a conduit jusqu'ici, qui a voulu la réforme du Sénat depuis son entrée sur la scène politique [...]
Cette loyauté ne va pas à leurs régions ni à leurs électeurs.
Quelle honte qu'un sénateur nommé tienne un tel discours. Il n'est pas là pour représenter les régions ni ses électeurs. Qui alors représente-t-il si ce n'est pas les Canadiens? C'est honteux.