(au nom du président du Conseil du Trésor)
propose:
Que le crédit 1, au montant de 58 169 816 $, sous la rubrique PARLEMENT — Sénat — Dépenses du Programme, du Budget principal des dépenses pour l'exercice se terminant le 31 mars 2014, soit agréé.
— Monsieur le Président, on débat de la réforme du Sénat à la Chambre des communes et dans les foyers canadiens pratiquement depuis que les Pères de la Confédération ont décidé de la façon dont le Canada serait gouverné. Nous tous ici présents, qui avons le privilège de siéger à la Chambre des communes, de représenter nos électeurs et de voter au sujet de mesures qui rendront notre pays plus fort, nous devrions songer à eux et les remercier. Je sais que certains ont dit que c'était impossible, que beaucoup ont dit que ça ne devrait pas être fait, mais ils ont été suffisamment nombreux à pouvoir voir au-delà des obstacles et à être prêts à établir des politiques audacieuses afin de créer le Canada.
Notre pays est encore jeune, mais si les Pères de la Confédération pouvaient nous voir en ce moment, ils seraient fiers. Ils verraient que leurs efforts audacieux contre le statu quo ont permis de créer une nation forte et stable qui fait l'envie du reste du monde et qui est un symbole de paix, de sécurité et de prospérité économique. Toutefois, ils verraient aussi un pays qui a changé depuis les débats à la lueur des chandelles auxquels prenaient part les premiers députés à la Chambre des communes. Les choses ont changé. Le Canada a changé. Notre Sénat, par contre, n'a pas changé.
Tout au long de notre histoire, il y a eu ceux qui voulaient réformer le Sénat et ceux qui souhaitaient maintenir le statu quo. Cela me désole de dire que les protecteurs du Sénat ont généralement remporté la mise. Je ne sais pas pourquoi, et je ne sais pas si les Canadiens le savent eux non plus. Lorsqu'on sait que la seule réforme du Sénat dans l'histoire de notre pays consiste à être passé de la nomination à vie à un mandat maximal de 45 ans, on est mieux en mesure d'apprécier les obstacles auxquels les partisans de la réforme du Sénat ont été confrontés. En ce qui me concerne, je n'en suis que plus déterminé à faire les premiers pas vers la réforme du Sénat. C'est la bonne chose à faire, et c'est ce que les Canadiens veulent que nous fassions.
Le statu quo au Sénat est inacceptable. Les Canadiens nous ont dit vouloir des changements au Sénat. Le gouvernement admet que le Sénat, tel qu'il est actuellement, doit soit changer, soit disparaître, comme ce fut le cas pour les Chambres hautes des provinces. Les Canadiens savent que le Parti conservateur est le seul à disposer d'un véritable plan permettant d'apporter ces changements, qui sont tellement nécessaires. La réforme du Sénat est un élément fondamental de notre parti. Elle en est indissociable. Le gouvernement croit depuis longtemps que le statu quo au Sénat est inacceptable et qu'il faut le modifier afin que le Sénat puisse atteindre son plein potentiel en tant qu'institution responsable et démocratique.
L'alternative, c'est le statu quo, soit la nomination de sénateurs pour de long mandat sans légitimité démocratique. Nous avons dit que la situation avait assez duré, et les Canadiens sont d'accord avec nous: le statu quo n'est plus envisageable. C'est le gouvernement conservateur qui a proposé que les sénateurs soient élus, que leur mandat soit limité à neuf ans et que des mesures soient prises pour rendre plus rigoureux le contrôle des dépenses. Ces mesures accroîtraient immédiatement l'efficacité et la légitimité de la Chambre haute. Le Sénat entrerait ainsi dans le XXIe siècle. Ces propositions modifieraient de façon substantielle les pouvoirs du Parlement et lui permettraient d'agir dès maintenant. Les nouvelles mesures feraient du Sénat une Chambre plus responsable, plus légitime et plus démocratique.
L'imposition de mandat à durée limitée irait de pair avec nos efforts visant à accroître la représentativité du gouvernement. Si les sénateurs étaient remplacés tous les neuf ans, nous n'aurions pas avec une assemblée représentative à l'image du Canada d'il y a 50 ans. Voilà les dernières mesures que nous avons présentées pour que nos institutions démocratiques servent mieux les intérêts des Canadiens.
Mais les libéraux et les néo-démocrates préféreraient remettre tout changement aux calendes grecques. Pendant 20 heures de débat échelonnées sur 7 jours, les députés de l'opposition nous ont expliqué les uns après les autres pourquoi il est impossible de réformer le Sénat. Or, les Canadiens ont donné un mandat clair au gouvernement: il faut réformer le Sénat. Et, d'ailleurs, il y a déjà des sénateurs élus qui siègent au Sénat et qui travaillent très fort pour y représenter leur province.
Tout ce que nous avons appris de ces sept jours de débat, c'est que les néo-démocrates et les libéraux sont prêts à tout pour maintenir le statu quo et pour bloquer la réforme que les Canadiens demandent.
Nous croyons qu'inciter les provinces à élire des sénateurs et limiter leur mandat à neuf ans sont des mesures raisonnables que le Parlement a le pouvoir de mettre en oeuvre. Nous avons un plan. Nous avons une mesure législative judicieuse. Nous avons l'appui des Canadiens.
Or, l'opposition officielle ne partage pas notre sentiment d'urgence et n'est pas d'avis que la réforme du Sénat est absolument nécessaire et tout à fait possible dès maintenant. Soyons clairs. Nos propositions de réformes sont raisonnables et réalisables, et elles mèneraient à d'autres réformes. Le a été clair. Il faut réformer le Sénat ou l'abolir.
Nous sommes déterminés à débattre du bien-fondé de la réforme du Sénat et de mesures législatives précises, mais le NPD et le Parti libéral, eux, s'entêtent à nous dire pourquoi ils sont d'avis que nos mesures sont anticonstitutionnelles. Ce n'est pas qu'ils aient eux-mêmes un plan. Ils n'ont jamais eu de plan, ni aujourd'hui, ni hier. Seul notre parti a un plan.
Afin de prouver notre engagement envers une réforme ou l'abolition du Sénat, nous avons sollicité l'opinion de la Cour suprême concernant les pouvoirs du Parlement à cet égard. Pour la première fois en une génération, nous avons demandé l'opinion de la Cour suprême sur ce qui est requis pour mener une réforme du Sénat, ou pour abolir celui-ci. Le but de ce renvoi à la Cour suprême est d'accélérer la réforme du Sénat et de jeter les bases des réformes futures. Une telle démarche indique clairement aux Canadiens que nous sommes prêts à aller de l'avant, et que nous avons confiance en la légitimité et en la solidité de nos réformes.
Les questions soumises à la Cour suprême reflètent la position du gouvernement, selon laquelle des changements importants peuvent être apportés au Sénat dans le cadre des pouvoirs du Parlement. Comme je l'ai déjà dit, le Sénat doit être soit réformé, soit aboli. Ce renvoi à la Cour suprême vise à obtenir des précisions juridiques concernant les procédures de modification constitutionnelle concernant la durée du mandat des sénateurs, la sélection démocratique des candidats au Sénat, les exigences en matière de valeur nette et de qualification foncière, et l'abolition du Sénat. Nous attendons avec impatience l'opinion de la Cour suprême sur ces importantes questions. Nous avons promis de réformer le Sénat et nous tiendrons parole.
En attendant que la Cour suprême rende son opinion, nous continuerons à proposer des mesures afin de renforcer la reddition de comptes des sénateurs envers les contribuables. Parmi ces mesures, pensons aux 11 nouvelles règles strictes en matière de reddition de comptes, régissant les déplacements et les dépenses du Sénat, que les sénateurs conservateurs ont présentées la semaine dernière. Ces nouvelles mesures énergiques auront pour effet d'améliorer la reddition de comptes et de prévenir les abus.
Nous avions promis d'améliorer les règles du Sénat concernant les déplacements et les dépenses, et nous avons tenu parole. Hier, la leader du gouvernement au Sénat a présenté une motion demandant au vérificateur général du Canada de procéder à une vérification complète des dépenses du Sénat. Voilà des mesures rigoureuses qui protégeront les contribuables; j'ai parlé de ces améliorations plus tôt aujourd'hui.
J'ai aussi parlé des protecteurs du Sénat, ceux qui sont en faveur du statu quo; ceux qui considèrent que la réforme du Sénat ne devrait pas ou ne peut pas se produire. Alors que nous avons fait progresser le dossier de la réforme du Sénat, avec des propositions importantes, un renvoi à la Cour suprême et des règles strictes en matière de reddition de comptes, le chef des libéraux et son parti remportent une fois de plus la palme pour la défense du statu quo au Sénat.
Les libéraux vont même jusqu'à demander que le Sénat demeure non élu et non responsable parce que c'est avantageux pour le Québec. Cela vient après 13 années d'inaction où le Parti libéral s'est opposé à toutes les tentatives de réforme du Sénat. Je devrais probablement dire qu'il en est ainsi depuis près de 100 ans, car trois générations successives de libéraux ont tiré avantage du Sénat, sous sa forme actuelle.
Je peux comprendre pourquoi les libéraux sont attirés par le statu quo, mais ils avaient certainement une autre option. Durant toutes leurs années au pouvoir, ils auraient pu prendre des mesures pour corriger les problèmes du Sénat. Ils auraient pu admettre que, sous sa forme actuelle, le Sénat n'était pas bon pour le Canada et sa population et s'attaquer à ce déficit démocratique. Ils auraient pu intervenir, mais ils ont choisi d'accepter les vieilles attitudes et de défendre les droits du Parti libéral. Il est temps que le Parti libéral arrête de protéger le statu quo et qu'il appuie nos efforts pour rendre la Chambre haute plus responsable, démocratique et représentative.
Le plan des conservateurs pour réformer le Sénat est clair et réel. Le gouvernement veut que des changements soient apportés au Sénat, alors que les libéraux semblent vouloir qu'il reste pareil. Tandis que les libéraux continuent à défendre vigoureusement le statu quo, les députés opportunistes du NPD ont montré, encore une fois, qu'aucun plan n'est trop risqué pour eux.
Alors que les conservateurs se concentrent d'abord et avant tout sur ce qui est important pour les Canadiens, à savoir la création d'emplois, la croissance et la prospérité à long terme, les néo-démocrates ont décidé de présenter une motion, qui n'est rien d'autre qu'un subterfuge, afin de priver le Sénat de financement.
Pour vraiment comprendre le raisonnement du NPD, je pense qu'il vaut la peine d'examiner les déclarations faites par le porte-parole du Conseil du Trésor, le député de pas plus tard qu'hier. Quand on lui a rappelé que la Constitution exigeait que le Sénat adopte des mesures législatives, il a répondu ceci:
Il n'y a rien qui empêche le Sénat de fonctionner sans argent. Ce n'est pas une affaire de constitutionnalité.
Entendre le NPD dire qu'il ne faut pas trop s'inquiéter de la Constitution est aussi inquiétant. Les Canadiens en apprennent chaque jour un peu plus sur la nature réelle des idées du NPD. Pour lui, la Chambre haute est pourrie à l'os, comme le député l'a dit en ratissant très large. Le député de est même prêt à mettre à pied les quelque 400 employés du Sénat, qui n'ont absolument rien à voir avec ce qui s'est passé récemment au Sénat.
Pour le NPD, il semble que la fin justifie toujours les moyens. Mieux encore, lorsque le journaliste a interpellé le député d'en face au sujet de son goût pour les solutions drastiques, le député a répondu que les employés et les sénateurs n'avaient qu'à faire un peu de bénévolat. Il demande aux employés du Sénat de travailler sans être payés. Demandez au député de quel genre de réaction une telle proposition suscite.
Le NPD sait que sa motion est un subterfuge et qu'elle ne fonctionnera pas. Les Canadiens sont bien assez intelligents pour comprendre que le NPD est mû par l'opportunisme. Ils devraient être troublés de voir que le NPD a choisi de débattre d'un subterfuge qu'il sait voué à l'échec au lieu de parler des enjeux importants comme la création d'emplois et la croissance économique. Mais nous ne devrions peut-être pas nous surprendre que le NPD ne veuille pas parler de son projet risqué de taxe.
Les priorités de notre gouvernement conservateur n'ont pas changé. L'économie demeure au premier rang. Notre gouvernement se concentre sur ce qui est important pour les Canadiens: les emplois, la croissance économique et la prospérité à long terme. Nous sommes fiers de notre bilan. Grâce au Plan d'action économique du Canada, notre gouvernement a permis la création nette de plus de 900 000 emplois depuis le creux de la récession mondiale. C'est le meilleur bilan de création d'emplois du G7.
Pendant ce temps, on peut voir où sont les priorités du NPD. Il aurait pu choisir de mettre à profit le temps dont il disposait aujourd'hui pour débattre des enjeux économiques auxquels les Canadiens continuent d'attacher de l'importance, comme l'indexation du Fonds de la taxe sur l'essence pour mieux financer l'aménagement des infrastructures créatrices d'emplois dans les municipalités un peu partout au pays, modifier le programme des travailleurs étrangers temporaires pour que les Canadiens se voient offrir en premier les emplois disponibles, élargir l'allégement fiscal au titre des services de soins à domicile, pour mieux répondre aux besoins des Canadiens dans ce domaine, faire disparaître les tarifs douaniers sur les importations des produits importants que sont les vêtements pour bébé et de certains équipements sportifs.
Pendant que nous mettons l'accent sur la croissance de l'économie canadienne et la création d'emplois, au beau milieu des difficultés économiques rencontrées à l'échelle mondiale, le NPD passe son temps à faire la promotion de sa taxe sur le carbone destructrice d'emplois et cherche à attiser les querelles constitutionnelles.
Les Canadiens savent pertinemment que, lorsque le NPD prétend vouloir abolir le Sénat, ce n'est qu'un subterfuge. Le NPD n'a jamais présenté de proposition sérieuse, et les Canadiens savent qu'il n'a nullement l'intention de le faire. Ils savent que le parti a une position irréaliste et qu'il l'échafaude au fur et à mesure.
Je suis étonné que le NPD ait choisi de débattre de son véritable bilan à l'égard du Sénat aujourd'hui. Voici les faits.
En 2008, le NPD a conclu une entente en vue de nommer ses propres sénateurs lorsqu'il a conspiré avec les libéraux et les bloquistes pour former une coalition.
Le chef de l'opposition s'était dit en faveur de l'abolition du Sénat, et pourtant, il a présenté un projet de loi visant à donner plus de pouvoirs au Sénat.
Le porte-parole du NPD en matière de réforme démocratique, le député de , a fourni une autre preuve du manque de sincérité de son parti lorsqu'il a déclaré que le NPD était ouvert à toute réforme raisonnable du Sénat.
Le 4 mars 2013, le NPD a présenté une motion demandant au gouvernement de consulter les provinces et les territoires au sujet des mesures nécessaires pour abolir le Sénat.
Il y a deux semaines, le NPD a lancé un site Web, annonçant qu'il amorcerait un échange sur l'abolition du Sénat avec les provinces, dont l'appui est requis par la Constitution.
En janvier de l'année dernière, le chef du NPD a déclaré que l'abolition du Sénat représenterait un profond changement constitutionnel et que son parti et le pays avaient d'autres priorités qu'un débat constitutionnel.
Le bilan du NPD en ce qui concerne la réforme du Sénat peut se résumer en quatre points.
Premièrement, il prétend vouloir abolir l'institution.
Deuxièmement, il reconnaît à maintes reprises qu'il n'a pas le soutien dont il a besoin aux termes de la Constitution pour abolir le Sénat.
Troisièmement, il s'oppose à tous les efforts déployés par le gouvernement afin d'assurer la responsabilité et la transparence d'un Sénat réformé.
Quatrièmement, il propose des motions qui tiennent du subterfuge, alors qu'il sait pertinemment qu'elles ne donneront rien.
Le NPD a maintes fois reconnu qu'il a besoin de l'appui des provinces et des territoires pour abolir le Sénat, mais il sait très bien qu'il n'a pas leur assentiment à cet égard.
Cela ne fait que deux semaines que le NPD a annoncé le lancement d'une vaste consultation auprès des Canadiens et des provinces. A-t-il déjà terminé cette consultation? N'a-t-il eu besoin que de deux semaines pour la mener à bien? Je me demande si les députés néo-démocrates ont même discuté avec des gens. Peut-être qu'ils ont abandonné cette consultation parce qu'ils n'obtenaient pas les réponses qu'ils souhaitaient entendre. On ne peut qu'émettre des hypothèses puisque cela a pris si peu de temps.
Peu importe la raison, c'est la preuve que le NPD manque tout simplement de sérieux lorsqu'il parle du Sénat. Qu'il soit question de consultations, de financement ou d'autres enjeux, ce parti n'est tout simplement pas sérieux.Voilà pourquoi il n'a jamais présenté de plan légitime de réforme du Sénat.
Il faut se poser une question simple. Le statu quo est-il acceptable?
De toute évidence, même s'il existe diverses solutions au problème, nous savons qu'il n'est pas dans l'intérêt des Canadiens de maintenir le statu quo. Le gouvernement croit qu'il faut procéder dès maintenant à une réforme du Sénat. Les Canadiens méritent mieux.
En terminant, je tiens à souligner que nous sommes le seul parti à proposer un réel plan de réforme du Sénat. Mes électeurs me disent qu'ils veulent du changement. Les Canadiens veulent du changement.
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Monsieur le Président, je vous remercie pour cette réflexion. Je voudrais rappeler à mon collègue la doctrine de l'estoppel, mais il pourra en chercher la signification plus tard.
Les manigances et l'inconduite des sénateurs est le moindre des problèmes au Sénat. Il n'y a rien de nouveau dans l'inconduite des sénateurs.
Je me rappelle une époque où des gars du Parti réformiste et de l'Alliance canadienne avaient fait venir un orchestre mariachi mexicain et une pile de chapeaux de paille et avaient organisé une danse traditionnelle mexicaine devant le Sénat pour protester contre le comportement d'un sénateur qui s'était établi sur une plage au Mexique et touchait son salaire de sénateur. C'était Randy White, Monte Solberg et l'actuel Rahim Jaffer. Ces gars-là étaient très amusants et ils avaient raison à l'époque.
Je me rappelle quand Deborah Grey a acheté 50 cochons en plastique et les a placés sur la pelouse devant le Sénat. On me reprendra si je me trompe, mais je crois que l'image qu'elle essayait d'évoquer était probablement celle de cochons qui se vautrent dans l'assiette au beurre. C'est peut-être une comparaison malveillante, mais c'était sa manière d'illustrer graphiquement les sentiments que ressentait le public canadien. Cela remonte à 15 ans. Il n'y a rien de nouveau dans ce type d'inconduite sénatoriale.
Cependant, le scandale des dépenses pâlit en comparaison de ce qui cloche vraiment au Sénat et c'est pourquoi le NPD, le CCF avant lui et le Independant Labour Party avant cela, lorsque J.S. Woodsworth a été élu en 1921, ont constamment réclamé l'abolition du Sénat. C'était le parti du peuple. Il est naturel que le parti du peuple soit contre le Sénat.
Comme je l'ai dit dans des interventions antérieures, l'une des principales raisons de la création du Sénat en 1867 était que la classe dominante s'est rendu compte qu'elle avait besoin de l'équivalent de la Chambre des lords. Nous n'avions pas d'aristocratie établie et il fallait donc en créer une pour s'assurer que la plèbe, que les travailleurs du Canada n'adoptent pas de projets de loi qui puissent empiéter sur leur capacité de se remplir les poches à même les ressources de notre grande nation, et ils ont utilisé à profusion leur droit de veto.
En cette époque lointaine, pas moins de 10 % de tous les projets de loi adoptés par la Chambre des communes étaient bloqués par un veto. Pas moins de 25 % d'entre eux étaient amendés en profondeur par l'autre endroit avant d'être adoptés. Le Sénat s'arrangeait pour vider de toute substance ou bloquer par un veto tout ce qui pouvait être perçu comme avantageux pour ces gens ordinaires, les représentants du peuple librement élus à la Chambre des communes. C'est pourquoi le Sénat avait été créé. Il ne fallait pas s'étonner que nous nous y opposions et que nous soyons contre. Croyez-moi, cette attitude et cette atmosphère persistent encore aujourd'hui.
Comme je n'ai rien à cacher, permettez-moi de préciser que, en tant que jeune parlementaire, je faisais partie d'un petit groupe de néo-démocrates qui était en faveur de la réforme du Sénat, plutôt que de son abolition. En 1992, j'ai participé à des assemblées constituantes sur l'accord de Charlottetown. En tant que menuisier et Canadien ordinaire, j'ai répondu à une lettre au Globe and Mail pour voir si j'étais intéressé à participer à de telles assemblées. Notre groupe comptait 160 Canadiens de tous les horizons. Nous avons visité six villes au cours d'une période de six mois et étudié de façon très approfondie la Constitution et le Sénat avec les plus éminents constitutionnalistes de l'époque. Pendant six mois, nous avons appris à connaître tous les détails complexes et toutes les nuances des affaires intergouvernementales, des pouvoirs du Sénat et de la Chambre, ainsi que de la configuration et des chances de réussite du Sénat.
À cette époque, je croyais qu'il était possible de réformer le Sénat et que celui-ci avait une certaine valeur. Je ne pensais pas que cette valeur était intrinsèque, mais plutôt qu'elle découlait du fait que, en 1993, mon parti — celui auquel j'étais profondément lié — avait perdu le statut de parti officiel. Nous ne comptions plus que neuf sièges.
Le Parti conservateur du Canada a alors encaissé la pire défaite de son histoire. Il a été réduit à deux sièges. Son caucus...
Une voix: Oh, oh!
M. Pat Martin: Monsieur le Président, je ne sais pas qui est en train de me dénigrer, mais cette personne est insolente et a aussi beaucoup de culot. Ce député pourrait bien le regretter d'ici la fin. Mais non, je ne dirais jamais cela.
Le Parti conservateur du Canada a été réduit à deux sièges, mais son caucus comptait 50 membres, dont 48 sénateurs. Si l'on tient compte des membres du personnel, des ressources et des possibilités de déplacements, c'est comme si le parti pouvait se fier à une centaine de salariés, disposant d'un effectif complet, pour rebâtir...
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Monsieur le Président, c'est le Parti progressiste-conservateur qui a été défait, passant de 202 à 2 sièges. Ce fut la pire défaite électorale de l'histoire canadienne.
Toutefois, le caucus est demeuré composé d'une cinquantaine de personnes, à cause de tous ces sénateurs qui en faisaient partie. Je pensais à cela et je me suis dit: « Mon gars, cela ne nous aurait pas nuit si nous avions eu une dizaine de sénateurs pour nous aider à traverser les années sombres lorsque nous n'avions que neuf sièges. »
Je vais vous en donner quelques-uns.
Monsieur le Président, il y a encore des remarques insolentes qui fusent derrière moi. Monsieur le Président, vous voudrez peut-être rappeler ces gens à l'ordre au cours de mon intervention. Si vous le faites pas, je le ferai moi-même.
J'avais l'esprit ouvert, en 2006, lorsque le a présenté les premières modifications visant à réformer le Sénat. J'étais présent au Sénat avec lui. Nous portions la même cravate ce jour-là, et je m'en souviens très bien.
J'étais curieux de voir s'il était possible de réformer le Sénat. Nous avions fait nos recherches. Nous savions que, depuis 1972, il y avait eu 28 tentatives sérieuses d'apporter des modifications constitutionnelles au Sénat et qu'elles avaient toutes échoué.
Pour ma part, ce , que je croyais dans une certaine mesure capable de changer le Sénat, nous a laissés tomber si brutalement que c'est à cause de lui si je me suis rallié à l'opinion qui prévaut au sein du parti auquel j'appartiens.
Le point tournant pour moi comportait deux volets.
Premièrement, le a décidé, dans un mouvement d'humeur, qu'à défaut de pouvoir agir à sa guise, il allait tirer profit de la situation. Comme je l'ai dit plus tôt, il est devenu le plus grand contrevenant de l'histoire du Canada pour ce qui est de remplir le Sénat de valets et de laquais du parti, de collecteurs de fonds et de candidats défaits. Il y a nommé le président du Parti conservateur, le directeur de campagne du Parti conservateur, le directeur des communications du Parti conservateur et le principal collecteur de fonds du Parti conservateur. Le centre de crise du Parti conservateur était dorénavant pleinement doté et financé par les contribuables canadiens, non seulement pour ce qui est des salaires, mais aussi des quatre personnes à leur emploi et des privilèges de déplacement pour s'adonner à temps plein à des activités partisanes à partir du Sénat.
Cette situation heurte la sensibilité de tous ceux qui se considèrent comme des démocrates. Elle ébranle la confiance des gens en nos institutions démocratiques. Il n'y a jamais eu d'abus aussi débridés du Sénat. Tout le centre de crise était maintenant gonflé à bloc.
Le ne s'est pas arrêté là. Il a nommé une cinquantaine de sénateurs. Il se moquait de ce qu'on pouvait penser. Il y a maintenant des collecteurs de fonds du parti qui s'adonnent à temps plein à des activités politiques purement partisanes, aux frais des contribuables. S'il y a une justification à l'existence du Sénat, celle-ci est depuis longtemps tombée dans l'oubli.
Les libéraux ne valent pas mieux. Tant le président que le coprésident de leur campagne nationale sont des sénateurs. Je ne vais pas les nommer. Le conservateur qui s'est présenté aux élections provinciales du Manitoba était un sénateur en fonction. Son salaire devrait être comparé aux limites de dépenses imposées aux députés fédéraux qui ont fait campagne.
Soyons réalistes. L'affaire Duffy n'est que la pointe de l'iceberg. C'est cet épisode qui a vraiment retenu l'attention du public. C'est le catalyseur qui nous a aidés à nous concentrer sur ce qui est vraiment répréhensible. Le prix de consolation de 90 000 $ ne visait pas à rendre justice au sénateur Duffy à cause de l'argent qu'il devait verser. C'était plutôt pour qu'il ne dise rien de l'ingérence politique des sénateurs dans les campagnes électorales, qui est un phénomène répandu dans tout le pays.
Pendant que je suis sur ce sujet, si les députés ici croient vraiment que Nigel Wright a remis à Mike Duffy un montant de 90 000 $ payé à même son argent après impôt, ils sont vraiment naïfs. Quiconque a une once de bon sens sait que l'argent sera pris dans le Fonds conservateur, dont Nigel Wright a été directeur durant sept ans, l'autre directeur étant le sénateur Irving Gerstein.
C'en était trop pour moi. J'en avais ras-le-bol. Je pense qu'il est juste et approprié — on pourrait peut-être parler de justice immanente — que l'hypocrisie monumentale du à l'égard du Sénat soit revenu le hanter d'une telle façon.
C'est la première chose qui m'a dégoûté à jamais du Sénat.
La deuxième chose, c'est l'ingérence politique directe du Sénat non élu et non démocratique dans le travail et l'activité de la Chambre élue. Ainsi, la Chambre des communes, qui est élue et représentative de la population, n'a pu adopter qu'une seule mesure législative sur les changements climatiques au cours des 39e, 40e et 41e législatures.
Les deux années de négociations, et de pressions exercées par l'ancien chef du NPD, Jack Layton, ont finalement permis à ce projet de loi de recevoir l'appui de tous les partis et d'être adopté à la Chambre des communes. Il s'est retrouvé au Sénat, mais les sénateurs y ont opposé leur veto et l'ont rejeté sans en discuter ne serait-ce qu'une heure et sans entendre ne serait-ce qu'un seul témoin au comité. À la grande honte des Canadiens, le Canada n'a pas de politique nationale sur les changements climatiques.
Pire encore, et, selon moi, ce qui dépasse la mesure, c'est que les sénateurs ont opposé leur veto, unilatéralement et arbitrairement, à un autre projet de loi, celui sur les médicaments contre le VIH-sida pour venir en aide à l'Afrique. Quelle décision honorable! Les sénateurs n'avaient pas le droit de s'opposer unilatéralement et arbitrairement à la volonté des députés démocratiquement élus. Personne ne les a élus et ne leur a confié le mandat de légiférer. Personne ne leur a légitimement permis de saper la démocratie et de servir de marionnettes pour le Cabinet du premier ministre. Le Sénat est la Chambre de second examen objectif, mais il n'est le lieu d'aucun examen. Alors, pour ce qui est de l'objectivité, on repassera!
Dans le même ordre d'idées, on constate que de plus en plus de mesures législatives viennent du Sénat. Comme je le dis souvent, j'en suis à mon sixième mandat. Depuis que je suis ici, j'en ai vu passer, des projets de loi. Auparavant, il était rare que la Chambre des communes soit saisie d'un projet de loi portant le numéro S-10, S-11, S-12 ou S-13. Le Sénat en produit maintenant à la pelle. La moitié des projets de loi que nous examinons viennent de l'autre endroit. Les mesures législatives sont proposées en bloc dans des projets de loi omnibus. On en regroupe ensemble 60 ou 70 dans un seul projet de loi qu'on ne pourra examiner qu'en quelques heures et pour lequel on entendra seulement le témoignage de quelques personnes au comité. Toutes les mesures qui comptent viennent du Sénat. Comme je l'ai dit, personne n'a élu les sénateurs et ne leur a confié le pouvoir ou le mandat de légiférer. C'est choquant pour quiconque se considère démocrate.
Quand les sénateurs n'accouchent pas de projets de loi, ils parcourent le monde comme une bande de quasi-diplomates globe-trotteurs. Ils ne lèvent jamais le nez sur un voyage aux frais de la princesse. Ces voyages sont toujours pleins de sénateurs. Nous n'en avons pas les moyens. Nous sommes fauchés. Au cas où les gens l'auraient oublié, c'est 58 millions de dollars que nous devons emprunter pour pomper encore de l'argent là-bas. L'huissier du bâton noir va très bientôt frapper à la porte et demander son dû, et ces types vont se traîner consciencieusement jusque là-bas et faire le nécessaire pour garder leur machine politique bien graissée — on pourrait parler d'avantage concurrentiel injuste — par le contribuable canadien. Les gens ne peuvent-ils pas voir ce qui cloche là-dedans? Il y a de quoi devenir fou.
Il y a une chose qui me dérange vraiment au sujet des sénateurs et c'est qu'ils peuvent siéger à des conseils d'administration. Le Sénat du Canada est en soit un gros conflit d'intérêts institutionnalisé. Prenons un exemple. Le sénateur conservateur Trevor Eyton est président et chef de la direction de l'une des plus grosses sociétés au Canada, Brascan, qui a été rebaptisée Brookfield Asset Management. Il se trouve qu'elle possède Royal LePage. Heureuse coïncidence, elle obtient toujours le contrat de services de réinstallation de l'armée et de la GRC. C'est un contrat de plusieurs milliards de dollars.
Le vérificateur général a examiné la situation et a dit que la soumission avait été truquée pour que le contrat soit donné à Royal LePage. Il y avait de quoi choquer n'importe qui. Puis, le tribunal s'est penché là-dessus et a confirmé que la soumission avait été truquée; il a donc accordé 40 millions de dollars en dommages-intérêts au soumissionnaire le plus bas qui aurait dû décrocher le contrat, Envoy. Puis, par quelque heureuse coïncidence, pour la troisième fois, en 2009, le Cabinet s'en est mêlé directement et a veillé à ce que Royal LePage, la société même dont ce type était chef de la direction et dont il présidait encore le conseil d'administration alors qu'il siégeait au Sénat —pensons-y, il a des options d'achat d'actions dans cette compagnie — obtienne encore le contrat. Il y a de quoi heurter les susceptibilités.
À défaut d'autres motifs pour lui refuser tout financement, il y a ce conflit d'intérêts inhérent qui découle de ce que j'appelle le conflit institutionnalisé qu'est le Sénat du Canada.
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Monsieur le Président, je suis ravi de prendre à nouveau la parole pour participer au débat sur la motion à l'étude, qui rejoint de près la motion au sujet de laquelle je me suis exprimé un peu plus tôt.
J'ai plusieurs points à soulever. Le principal, c'est que ça n'a aucun sens, parce que ça paralyserait le gouvernement du Canada et de nombreux gouvernements provinciaux. Dans la Constitution canadienne, il est prévu que les lois du Canada doivent être adoptées par les deux Chambres du Parlement. Cela signifie que nous ne pourrions pas mettre aux voix les projets de loi portant attribution de crédits, comme ceux sur lesquels nous nous prononcerons plus tard ce soir, qui fournissent les fonds pour l'exercice qui vient, puisque le Sénat ne les approuverait pas.
Si tout l'argent du Sénat était retiré, le Sénat ne pourrait pas approuver le projet de loi. À compter du 1er avril l'an prochain, le gouvernement du Canada serait privé d'argent. Il ne serait pas privé d'argent pour les programmes législatifs, mais le serait pour l'ensemble de la fonction publique. Par exemple, nous n'aurions pas d'Agence du revenu du Canada, parce que personne ne pourrait y être employé. Que fait l'Agence du revenu du Canada? Elle perçoit non seulement l'impôt fédéral, mais aussi l'impôt des provinces, sauf le Québec. Elle perçoit l'impôt sur le revenu des particuliers, l'impôt des sociétés et la TVH pour les provinces qui l'ont adoptée. Non seulement le gouvernement fédéral n'aurait plus d'argent à compter du 1er avril, mais neuf provinces seraient privées d'une part importante de leur revenu en conséquence de cette décision.
Donc, le gouvernement du Canada en entier serait paralysé. Il faut songer à cela. Souhaitons-nous apprendre ce qui se passe par l'entremise de Radio-Canada? Radio-Canada bénéficie de subventions énormes. Elle ne pourrait donc plus poursuivre ses activités. Nous n'aurions plus d'inspection des aliments ni une foule de services dont dépendent les Canadiens. Nous n'aurions même pas d'assurance-emploi, de Sécurité de la vieillesse ou d'autres prestations du genre. Les fonds seraient là, puisqu'il s'agit de programmes législatifs, mais il ne resterait plus personne pour les gérer parce qu'il n'y aurait plus de fonction publique.
Si des étrangers voulaient aider le Canada, qui serait alors un État sans gouvernement, ils ne pourraient pas aller à nos ambassades, parce que nous n'en aurions pas. Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international serait complètement fermé.
Je ne suis pas certain que le NPD ait étudié sérieusement la façon dont le gouvernement fonctionne. Ce n'est pas un parti qui prône l'absence de gouvernement. C'est un parti qui préconise plutôt un gouvernement omniprésent. Pourtant, sa proposition aurait pour effet d'éliminer le gouvernement.
[Français]
Pour ces raisons, je pense que ce n'est pas un bon message. Ce n'est pas une bonne idée de faire quelque chose qui éliminerait le gouvernement fédéral et une grande partie des gouvernements provinciaux.
[Traduction]
Pour ces seules raisons, nous n'allons certainement pas appuyer cette idée absurde.
J'aimerais mentionner aussi certaines autres choses. À mon avis, une telle proposition dénote un manque de respect à l'égard de la Cour suprême. Celle-ci est en train d'examiner un renvoi que lui a soumis le gouvernement et qui s'imposait depuis longtemps. Il y a au moins un an que nous en avons fait la recommandation et ce n'est que récemment que le gouvernement l'a présenté, ce qui nous fait perdre beaucoup de temps. S'il l'avait fait il y a un an, la Cour suprême aurait probablement déjà rendu sa décision et nous pourrions en finir. C'est un manque flagrant de respect envers la Cour suprême.
Nous devons obéir à la Constitution. La loi dit que le Sénat et la Chambre des communes doivent tous deux donner leur approbation. Il ne s'agit pas simplement d'une loi fédérale, mais bien d'une loi constitutionnelle. Il faudrait le consentement d'au moins sept provinces et du gouvernement fédéral pour qu'elle soit modifiée. Avant de prendre des mesures concrètes, nous devons entendre ce que la Cour suprême a à dire.
C'est également très irrespectueux à l'endroit des provinces. Au moins sept d'entre elles — 10 dans certains cas — doivent donner leur approbation pour que des changements constitutionnels aient lieu au Sénat. Le NPD ne respecte pas les droits des provinces quand il présente une motion visant à priver le Sénat de financement en pensant que c'est ce qu'il faut faire. Le Sénat est censé représenter les intérêts des provinces, et ces dernières jouent un rôle primordial dans la détermination de la composition du Sénat et des règles qui le régissent.
Il est vraiment insensé de présenter une motion qui manque autant de respect à la Cour suprême et aux provinces.
Voici le troisième problème: le gouvernement tire parti de cette motion parce que le débat porte sur le Sénat, et le gouvernement s'en accommode très bien. En fait, le gouvernement aime bien ce type de débat, il n'y voit aucun problème. Ce dont le gouvernement ne veut pas débattre, c'est du rôle du et de son cabinet dans le versement de 90 000 $ que Nigel Wright a fait au sénateur Duffy. Une motion sur cette affaire, dans laquelle ont aurait pu demander la production de documents visant ce transfert de fonds, aurait été bien plus intéressante pour les partis de l'opposition qu'un débat inoffensif sur le Sénat. Un débat sur le Sénat ne sera vraiment utile que lorsque la Cour suprême aura précisé ce que nous pouvons faire. Or, la Cour suprême n'est pas près de se prononcer sur la question.
Enfin, on a affirmé, à tort, que les libéraux étaient pour le statu quo dans le dossier du Sénat. Ce ne saurait être plus faux. J'aimerais exposer ce que le porte-parole en matière de réforme démocratique et ancien chef du Parti libéral, le député de , pense de la réforme du Sénat.
Tout d'abord, il faut reconnaître que la répartition des sièges du Sénat est très déséquilibrée. L'Alberta et la Colombie-Britannique en ont chacune six, et le Nouveau-Brunswick en a dix. Les provinces fondatrices, le Québec, l'Ontario et celles des maritimes, sont donc grandement avantagées par la répartition des sièges comparativement à l'Alberta et à la Colombie-Britannique. Un Sénat élu aurait plus de pouvoir. Il pourrait même un jour avoir autant de pouvoir que la Chambre des communes. Si c'était le cas, la Colombie-Britannique et l'Alberta seraient grandement désavantagées. Je ne sais donc pas à quoi pense le , lui qui veut faire élire les sénateurs sans rouvrir la Constitution et sans discuter de la répartition des sièges. Le premier ministre vient de l'Alberta. Il nuirait donc à sa propre province, car la proportion de sénateurs albertains au Sénat ne correspond pas du tout à la proportion d'Albertains au Canada.
Mon collègue a affirmé que la première chose qu'il faudrait faire pour avoir un Sénat élu serait de tenir des négociations concernant la répartition des sièges du Sénat, afin qu'elle soit plus équitable et plus représentative de la population d'aujourd'hui. Si on arrive à accomplir une telle chose, alors il devient possible, constitutionnellement, d'avoir un Sénat élu. Il a aussi signalé qu'un certain partage des intérêts serait nécessaire, de façon à ce que les activités de la Chambre des communes et du Sénat soient complémentaires, sans quoi on risque fort de se retrouver dans une impasse. On constate, aux États-Unis et en Italie, je crois, que la Chambres des représentants et le Sénat ne s'entendent pas et qu'ils sont dans une impasse. Il faut éviter cela.
C'est une question compliquée. Il s'agit d'une façon de faire parmi d'autres, que mon collègue et moi-même jugeons prometteuse. Il ne faut pas, cependant, en sous-estimer la difficulté, comme l'histoire nous l'a enseigné. Au moins, il s'agit d'une réforme qui est fondée sur des principes contrairement à celle qui a été proposée aujourd'hui, et qui consiste à couper les vivres au Sénat, ce qui aura pour effet de paralyser non seulement le Sénat, mais aussi tout le gouvernement du Canada, ainsi que les gouvernements provinciaux.
[Français]
En conclusion, mon argument principal est que cette approche du NPD n'a pas de sens, parce que le NPD est un parti qui aime avoir un gouvernement. On ne veut donc pas éliminer le gouvernement si on aime le gouvernement, mais l'effet de leur proposition apporterait exactement cela, soit l'élimination du gouvernement fédéral ainsi que de plusieurs gouvernements provinciaux.
Ce n'est pas correct sur le plan de la Constitution ni selon la Cour suprême. Ce n'est donc pas du tout une bonne approche.
[Traduction]
Nous avons ici la preuve que le NPD n'est certainement pas prêt à gouverner. Je suis d'avis que la décision la plus raisonnable pour les députés néo-démocrates les plus sensés seraient de voter contre leur propre motion farfelue.
:
Monsieur le Président, je suis ravi de pouvoir participer au débat, ce soir. Comme vous le savez peut-être, j'aime bien parler du Sénat et je suis content de pouvoir vous faire part, encore une fois, de mes réflexions.
Il y a plusieurs choses que je veux dire au sujet de la motion présentée par le NPD. La première — on en a beaucoup parlé à la Chambre aujourd'hui —, c'est qu'en discutant de cette question, nous n'utilisons peut-être pas judicieusement le temps dont nous disposons à la Chambre. Les gens que je rencontre à St. Thomas, à Aylmer ou ailleurs dans ma circonscription du Sud de l'Ontario en doutent fort. Ils me demandent pourquoi nous passons des heures à discuter de motions comme celle-là plutôt que de parler des budgets ou de mesures qui favorisent la création d'emplois et qui préservent les emplois existants. Selon eux, il faudrait employer plus efficacement notre temps à travailler dans leur intérêt. Je suis d'accord avec eux. Mes électeurs sont très sages et savent bien choisir leur député. Je suis très reconnaissant aux personnes sensées de ma circonscription qui renouvellent mon mandat à la Chambre pour défendre leurs intérêts.
Nous devrions être en train de discuter d'emplois et d'économie. Ces sujets reviennent souvent dans mes discussions avec mes électeurs. Ils me demandent ce que nous faisons, à Ottawa, pour contribuer à la création d'emplois et à la prospérité. Ils ne me posent pas de questions au sujet du Sénat, car il ne change pas grand-chose dans leur vie. S'il est question du Sénat dans les discussions, c'est généralement parce que c'est moi qui en parle. Cela m'arrive parce que le Sénat a parfois des incidences sur mon travail en tant que président du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, où il est question du Sénat. Mais c'est généralement la seule raison pour laquelle on parle du Sénat dans ma circonscription. Les véritables questions portent sur les emplois et l'économie.
Le gouvernement et le ont prouvé qu'ils peuvent être polyvalents, qu'ils peuvent faire plusieurs choses à la fois. Ce débat en est un exemple. Nous discutons d'un sujet qui ne nous semble pas très utile, car ce qui compte, aux yeux des Canadiens de ma circonscription et d'ailleurs au pays, c'est l'économie, la création d'emplois, le maintien des emplois existants et une plus grande prospérité pour ceux que nous représentons.
Comme nous débattons d'une motion portant sur le Budget principal des dépenses, la principale affectation de crédits pour le gouvernement, nous avons le devoir de discuter de questions financières et de la façon dont elles sont liées au rendement du gouvernement et de l'économie en général. Je dis cela pour établir une distinction entre notre plan économique, qui est d'une importance capitale, et ce subterfuge des néo-démocrates qui, d'après mes électeurs, ne devrait pas figurer très haut sur notre liste de priorités.
Parlons de ce qui importe dans les foyers. Nous avons le taux d'imposition le plus bas du G7 pour les nouveaux investissements des entreprises. Cela faisait partie de nos objectifs, et nous l'avons atteint. Ce taux aide à créer et à maintenir des emplois dans ma circonscription. Grâce à nous, la famille moyenne de quatre personnes épargne maintenant plus de 3 100 $ par année en impôts et taxes. Cela inclut deux baisses de la TPS et de nombreux autres allégements fiscaux. Cela aide les familles de ma circonscription.
Nous avons aussi instauré d'autres mesures d'allégement fiscal. Je pense par exemple au régime enregistré d'épargne-invalidité, à la prestation fiscale pour le revenu gagné, au fractionnement du revenu de pension pour les aînés et aux comptes d'épargne libres d'impôt, que possèdent déjà huit millions de Canadiens. Toutes ces initiatives aident les familles de ma circonscription. Elles leur sont chères.
Depuis 2006, nous avons signé des accords de libre-échange avec neuf pays et nous sommes en négociation avec 60 autres, dont l’Union européenne et des pays de la région Asie-Pacifique. Les autres domaines importants du point de vue des emplois et de la croissance sont l’innovation, la recherche-développement et la formation de capital, qui sont essentielles pour encourager l’investissement commercial, créer des emplois de grande qualité et donner à notre pays les moyens de réussir à l’avenir. Nous avons pris de nombreuses mesures dans ce dossier et avons obtenu des résultats positifs qui le prouvent.
En matière d’infrastructures, d’éducation postsecondaire et de formation professionnelle, nous avons également pris des mesures positives pour aider les Canadiens et notre économie. La semaine dernière, Statistique Canada a annoncé que notre économie avait enregistré une croissance de 2,5 % au premier trimestre de 2013. C’est la plus forte croissance trimestrielle en près de deux ans. De plus, Statistique Canada a révisé à la hausse le taux de croissance économique du quatrième trimestre de 2012, le faisant passer de 0,6 à 0,9 %. C’est le septième trimestre consécutif de croissance positive et une autre preuve du fait que notre économie et notre gouvernement sont engagés dans la bonne voie.
Ce sont de bons résultats. Ils témoignent du fait que notre insistance sur les emplois, la croissance économique et la prospérité à long terme donnent des résultats pour les Canadiens.
Depuis le plus profond de la récession mondiale, plus de 900 000 nouveaux emplois ont été créés, net, au Canada. Plus de 90 % d’entre eux sont à temps plein et près des trois quarts sont dans le secteur privé. Ce sont les meilleures réalisations de l’ensemble du G7 au chapitre de la croissance des emplois. Chez moi, les électeurs se réjouissent des bonnes nouvelles économiques de ce genre. Elles leur montrent que nous avons un bon plan économique, contrairement aux partis de l’opposition, qui n’en ont pas.
Cela me ramène au NPD et au Sénat. Comme la motion sur le Budget des dépenses dont nous sommes saisis parle du Sénat, je vais me forcer à en parler. C’est de la simple politesse de ma part. Après tout, nous sommes encore ici à 20 heures.
Toutefois, quand on aborde la question de la réforme du Sénat, on ne peut pas parler du NPD parce qu’il n’a aucun plan. Heureusement, notre gouvernement en a un. Nous avons clairement dit depuis des années que nous sommes en premier lieu favorables à la réforme. Nous sommes disposés à envisager plusieurs options, mais celle que nous préférons d’abord et avant tout, c’est la réforme.
Depuis des années, notre parti et notre gouvernement appuient l’idée d’un mandat sénatorial à durée déterminée. Le lui-même a comparu devant un comité spécial du Sénat pour parler du projet de loi sur la réforme de la Chambre haute, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. Nous avons aussi invariablement soutenu les provinces qui ont mis en place des processus démocratiques destinés à présenter des candidats pour les nominations au Sénat. L’Alberta ayant formulé des recommandations à ce sujet, le a nommé les personnes recommandées. C’est une chose dont nous pouvons être fiers. J’espère que d’autres provinces emboîteront le pas et laisseront leur population recommander les sénateurs à nommer dans le cadre d’un processus démocratique.
Voilà notre plan. Nous avons été clairs et cohérents. Le a également dit clairement que nous appuyons la réforme du Sénat, mais que si elle n’est pas possible, le Sénat devrait être aboli. Toutefois, notre côté de la Chambre respecte la Constitution et nos institutions, indépendamment de leurs lacunes ou de celles de leurs membres. Nous respectons aussi nos partenaires provinciaux.
Le gouvernement reconnaît que l’abolition du Sénat serait un travail difficile. Il faudrait la coopération de l’ensemble du pays. Étant donné notre Constitution, aussi vénérable soit-elle, on ne voit pas très clairement comment les Canadiens peuvent s’y prendre pour l’abolir. Le gouvernement a donc fait la chose raisonnable qui s’impose, et mes électeurs doivent être d’accord. Il a demandé à la Cour suprême du Canada son opinion sur la façon d’abolir le Sénat.
Voyons le contenu du renvoi à la Cour suprême. La première chose que nous lui avons demandée est simple: qu’en est-il de la limitation du mandat? Quel mandat serait acceptable pour les sénateurs, pour peu que leur mandat soit limité? Le Parlement peut-il à lui seul limiter le mandat des sénateurs? Dans quelle mesure pourrions-nous le limiter? Y a-t-il un moment où le Parlement peut agir seul? Dans un projet de loi, nous avons proposé neuf ans, mais nous avons demandé à la Cour suprême son avis sur un certain nombre de mandats de durée différente. Ce sont des questions raisonnables, et j’espère que la cour les élucidera. Ce à quoi le NPD s’oppose, je le rappelle.
J’embrouille peut-être les enjeux, cependant. Par le passé, la date du départ à la retraite a été modifiée. Alors que les sénateurs étaient nommés à vie, le départ à la retraite a été fixé à 75 ans. À cet égard, nous verrons probablement plus clair, et je suis d’accord. Je crois que, dans la dernière étude que j’ai lue au comité, on disait que la durée moyenne du mandat d’un sénateur à la chambre se situait entre neuf et dix ans. C’est ainsi que nous en sommes venus à proposer neuf ans. C’est la moyenne actuelle pour les sénateurs. Nous sommes donc en bonne voie.
Le point suivant, c’est le choix démocratique du Sénat, des candidats au Sénat.
Le gouvernement a proposé quelques modalités différentes de consultations démocratiques pour recommander des candidats au Sénat. Nous avons donc posé ces questions à la Cour suprême. Nous lui avons demandé si nous pouvions demander aux provinces de déterminer elles-mêmes qui elles voudraient avoir comme sénateurs. Si cela se faisait, ces personnes seraient nommées au Sénat par le , comme nous avons déjà montré que cela pouvait se faire dans le cas de l’Alberta.
Comme je l’ai dit, l’Alberta a déjà choisi de s’engager dans cette voie. Il y a maintenant des sénateurs qui ont été élus par les Albertains et qui représentent leur province au Sénat. Ils ont été nommés par le . Ce processus est prévu dans notre dernier projet de loi. Nous demandons à la Cour suprême son avis à ce sujet. Nous lui avons aussi demandé son avis sur un processus national que nous avons proposé par le passé.
Nous avons aussi demandé d’autres opinions à la Cour suprême, notamment sur les biens nets que les sénateurs doivent posséder.
Les exigences de la Constitution à cet égard sont d’une autre époque. Les Pères de la Confédération ont élaboré la Constitution en 1867. C’était il y a longtemps. C’est un document qui dure depuis fort longtemps, mais il suscite beaucoup de questions.
Je crois que très tard mercredi dernier il a été question d’une époque, dans les années 1800, à peu près à l’époque où la Constitution a été rédigée, et on a raconté une histoire à propos d’un éléphant frappé par un train à St. Thomas. On m’a demandé de rappeler cela. C’est fait. J’ai parlé de nouveau de l’éléphant frappé à St. Thomas dans les années 1800.
Nous devrions envisager de revoir ces règles d’une autre époque. Mes électeurs seraient d’accord.
La dernière série de questions porte sur le sujet de notre débat d’aujourd’hui, l’abolition du Sénat.
Nous demandons l’opinion de la Cour suprême sur ce sujet même, et notre approche témoigne du sérieux du gouvernement. Voilà qui montre à quel point l’opposition manque de profondeur à cet égard. Le gouvernement a posé des questions précises à la Cour suprême parce que la Constitution est précise.
Modifier la Constitution n’est pas une mince affaire, et nous devons faire preuve de prudence pour obtenir les réponses dont nous avons besoin, mais je ne décèle pas beaucoup de prudence dans la motion néo-démocrate d’aujourd’hui. Le parti d’en face sait qu’on a demandé ses opinions à la Cour suprême sur ces questions, et pourtant, que propose-t-il dans sa motion? Passons toute une journée à discuter d’un moyen détourné de vandaliser nos institutions, de contourner la Constitution et usons d’un subterfuge pour avoir un certain retentissement dans les médias.
C'est frustrant pour mes électeurs. Nous pourrions manifester du respect à l'endroit de la Cour suprême du Canada et des Canadiens mais, au lieu d'employer notre temps à parler de questions importantes comme les emplois et l'économie, nous parlons d'un sujet qui, selon les néo-démocrates, consolidera leur position politique. Ce n'est qu'un simple subterfuge leur permettant de vanter leur plan complètement insensé. Je trouve que c'est étrange, et que c'est un gaspillage de notre temps et de notre énergie.
Voilà ce que veulent vraiment les néo-démocrates lorsqu'ils parlent du Sénat à la Chambre. Ils veulent seulement s'entendre parler. Ils ont parlé en long et en large de notre plus récent projet de loi sur la réforme du Sénat. Environ 40 de leurs députés sont intervenus à propos de cette mesure, et tous ont répété constamment les mêmes choses.
En tant que président du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, qui a largement fait les frais de l'obstruction exercée à l'égard de la réforme du Sénat, je peux dire à la Chambre qu'il s'agit là d'une tentative d'obstruction. Je sais reconnaître ce genre de stratégie. Les néo-démocrates ne débattent de rien du tout. Ils ne font que détourner les travaux de la Chambre pour qu'on ne puisse pas aller de l'avant avec la réforme du Sénat. Ils ferment l'enclave, comme on dit dans le domaine du hockey.
Lorsque j'étais encore capable de jouer au hockey, j'étais un défenseur qui restait dans la zone défensive. Je vois le député de ...
Maintenant, vous ne faites que rester chez vous.
Biens des partisans criaient la même chose.
Les gens ne s'en doutent peut-être pas à cause de mon apparence, mais au hockey, je dépassais rarement le centre de la patinoire. Mon entraîneur pensait que j'étais bien meilleur défenseur que marqueur. Je sais donc reconnaître des joueurs qui retardent le jeu. Je sais reconnaître des joueurs qui ne passent pas à l'offensive. Je crois que le parti d'en face a fait bien plus que de se contenter de rester sur la défensive.
Cela fait déjà plus de 18 heures que nous débattons de la mesure législative portant sur la réforme du Sénat, et le NPD ne cesse de nous rebattre les oreilles à ce sujet. Ce temps pourrait être consacré à l'étude de la mesure législative au comité ou à des débats portant sur d'autres enjeux importants ici, à la Chambre, comme l'économie et l'emploi.
Malgré ce qu'ils disent, c'est de l'obstruction. Nous avons dénoué l'impasse en demandant à la Cour suprême de se pencher sur cet enjeu ainsi que sur d'autres questions importantes. Nous attendons son opinion. Je suis très intéressé à la connaître.
Comme je l'ai déjà mentionné, le a été clair: le Sénat doit être réformé ou aboli. Nous attendons l'opinion de la Cour suprême. Nous en prendrons connaissance lorsqu'elle nous sera communiquée, et nous interviendrons en fonction de cette opinion, comme nous avons promis de le faire. Nous procéderons à la réforme du Sénat si c'est possible, sinon, nous ferons en sorte de l'abolir.
En renvoyant cette question à la Cour suprême, nous voulions, d'une part, accélérer le processus de réforme du Sénat et, d'autre part, jeter les bases d'une réforme plus approfondie du Sénat. C'est exactement ce qui se produira. La Cour suprême nous fournira des précisions sur les mesures qui doivent être prises pour aller de l'avant dans ce dossier, et ensuite, nous interviendrons.
Entretemps, nous continuerons de présenter des mesures destinés à renforcer la responsabilité des sénateurs envers les contribuables. Nous ferons ce qui peut être fait.
La semaine dernière, le Sénat a adopté 11 nouvelles règles strictes sur la responsabilité, qui portent sur les déplacements et les dépenses. Ces règles ont été proposées par les sénateurs conservateurs. Je crois que les Canadiens seront d'avis qu'elles sont raisonnables.
Ainsi, il n'est plus question, dans le Règlement administratif du Sénat, du fait qu'un sénateur est réputé avoir agi honorablement en ce qui concerne les dépenses.
Quant à la terminologie relative aux résidences, elle a été précisée et uniformisée pour les besoins des demandes de remboursement.
En outre, les sénateurs qui demandent le remboursement de leurs frais de déplacement sont tenus d'indiquer l'objectif précis de chaque déplacement, et ils doivent aussi tenir un registre de leurs déplacements routiers pour toutes les réclamations des coûts du kilométrage.
Les sénateurs sont aussi tenus de produire des reçus lorsqu’ils demandent le remboursement de frais de taxi, et ils ne peuvent réclamer les indemnités quotidiennes au titre des frais de subsistance que pour les jours où le Sénat siège et les jours où ils assistent à des réunions des comités sénatoriaux, jusqu'à concurrence de 20 jours additionnels pour l'exécution des travaux liés au Sénat.
Le système des 64 points est également modifié. Désormais, les sénateurs ne peuvent pas faire plus de 12 voyages autres que ceux entre leur résidence provinciale et Ottawa. En outre, seul leur conjoint ou partenaire peut être nommé à titre de voyageur désigné, et l'administration du Sénat est tenue de présenter au Comité de la régie interne des rapports mensuels sur les habitudes de déplacement.
:
Monsieur le Président, j'aurais dû dire que l'autre endroit a parfois un discours trompeur et n'exerce pas toujours un contrôle approprié.
Le NPD a toujours réclamé l'abolition du Sénat, tout comme la Fédération du commonwealth coopératif avant lui et le Independant Labour Party avant cela. Nous réclamons l'abolition de cet organe non élu, qui ne rend aucun compte et qu'on appelle le Sénat.
Pas plus tard que la semaine dernière, je parlais avec Mme Martin, une mère monoparentale qui habite dans ma circonscription. Elle cumule deux emplois, mais peine tout de même à joindre les deux bouts. Sa situation n'est malheureusement pas unique. D'un bout à l'autre du pays, la conjoncture économique est difficile pour les Canadiens. Que fait le gouvernement pour aider la population? Que fait-il pour diminuer le taux de chômage? Que fait le gouvernement pour que Mme Martin passe moins de temps à s'inquiéter de la façon dont elle paiera ses factures et plus de temps à la maison, avec ses enfants?
Au lieu de régler ces problèmes, le et le gouvernement conservateur signent un chèque de 58 millions de dollars à des sénateurs non élus qui ne rendent pas de comptes, et qui ne travaillent en moyenne que 71 jours par année. C'est insensé. Le gouvernement n'a pas les moyens d'accorder des prestations d'assurance-emploi suffisantes aux honnêtes Canadiens qui en ont besoin. Toutefois, il a les moyens d'offrir aux sénateurs un bon salaire et une bonne pension.
À l'instar de son prédécesseur libéral, le gouvernement conservateur préfère protéger ses collecteurs de fonds, ses valets et ses candidats défaits qui siègent au Sénat plutôt que de protéger les milliers de Canadiens qui doivent chaque jour surmonter leur lot de difficultés.
Dans sa forme la plus pure, le Sénat est un lieu où les sénateurs devraient se rassembler pour défendre les gens qu'ils représentent. Mais comme nous pouvons le constater, la Chambre haute a perdu de vue cette noble cause. Serait-ce parce que les sénateurs ne sont pas élus et n'ont pas de comptes à rendre aux personnes qu'ils représentent? Serait-ce parce qu'ils ne sont pas nommés en raison des services qu'ils ont rendus à la société, mais plutôt pour récompenser leur travail partisan dans les coulisses?
Assez, c'est assez. Le peuple canadien a besoin d'être au premier rang des priorités du gouvernement, qui doit cesser de siphonner de l'argent pour l'envoyer au Sénat non élu qui n'a de comptes à rendre à personne.
Un sondage Ipsos réalisé dernièrement nous apprend que 43 % des Canadiens sont d'accord avec le NPD pour dire que le Sénat devrait être aboli, que 45 % d'entre eux pensent que le Sénat devrait être à tout le moins réformé et qu'une petite proportion de 13 % des Canadiens pensent, comme le chef du Parti libéral, qu'il faut s'en tenir à ce que les conservateurs ont fait jusqu'ici, c'est-à-dire maintenir le statu quo et ne rien changer.
Mais ce ne sont pas seulement les simples citoyens canadiens et le NPD qui veulent que le Sénat soit aboli. Les premiers ministres de la Colombie-Britannique, de la Nouvelle-Écosse, du Manitoba et de la Saskatchewan croient tous que le Sénat est une institution archaïque et antidémocratique, source de gaspillage d'argent, qui n'a pas sa place dans la structure de l'État canadien. Toutes les provinces du Canada se sont débarrassées de leur Chambre haute et n'ont jamais regretté cette décision par la suite.
Les Canadiens s'attendent à mieux que cela de la part de leur gouvernement et méritent mieux. Le temps des largesses pour les sénateurs grassement rémunérés est révolu. Fermons le robinet et commençons à utiliser l'argent des contribuables pour leur rendre la vie meilleure et plus abordable.
[Français]
Ce ne sont pas seulement les Canadiens qui savent que quelque chose ne tourne pas rond au Sénat. Le avait promis pendant sa campagne électorale, en 2005, de réformer le Sénat afin qu'il soit égal, élu et efficace. Si c'était à refaire, il ajouterait probablement « éthique » à la liste. Il a oublié le quatrième e.
Pendant leurs sept années au pouvoir, les conservateurs ont proposé différents projets de loi qui n'ont jamais abouti ni figuré au haut de la liste des priorités. Pire encore, alors que le avait lui-même promis de ne pas nommer des sénateurs, il en a nommé 59 depuis son élection, établissant un nouveau record dans l'histoire du Canada.
Non seulement ils n'ont pas tenu leurs promesses, mais le premier ministre et les conservateurs ont perpétué la tradition des libéraux en se servant du Sénat comme d'une machine à récompenses pour les fidèles du parti.
On peut penser à la nomination de candidats déchus, comme Josée Verner ou Larry Smith, ou encore à la nomination des amis du Parti conservateur, comme Irving Gerstein, Judith Seidman, Donald Plett ou David Braley. Ce dernier, avant sa nomination au Sénat, a fait des dons au Parti conservateur et au totalisant 86 000 $.
Le NPD dénonce ces pratiques depuis toujours. Nous étions contre cette institution archaïque et antidémocratique à l'époque des libéraux, qui agissaient de la même manière que le font les conservateurs présentement.
Ce n'est pas étonnant que le soit contre l'abolition du Sénat. On n'a qu'à penser à tous les sénateurs libéraux qui profitent de cette institution: David Smith, James Cowan, Fernand Robichaud et Grant Mitchell, tous des amis du parti. Tous ont profité de l'argent des Canadiens pour aller tranquillement faire campagne avec de l'argent public, alors qu'ils sont justement censés travailler afin qu'on utilise mieux l'argent des contribuables.
D'ailleurs, lorsqu'il s'agit de mieux utiliser l'argent des contribuables, 23 maires et mairesses de ma région sont peu rémunérés, alors qu'ils travaillent d'arrache-pied: Géraldine Quesnel, Marc Roy, Marie-Claude Nichols, Guy Pilon, Robert Grimaudo, Yvan Cardinal, Michael Elliott, Manon Trudel, Robert Sauvé, Maryse Sauvé, Marc-André Léger, Réal Boisvert, Jean-Pierre Daoust, Réal Brazeau, Patrick Bousez, Nicole Loiselle, Jean-Yves Poirier, Yvon Bériault, Gaëtane Legault, Patricia Domingos, Aline Guillotte, Jean Lalonde et Claude Pilon.
Personnellement, j'aimerais mieux voir ces millions de dollars donnés aux élus qui font leur travail correctement et qui travaillent d'arrache-pied pour représenter ma région, plutôt qu'aux sénateurs qui ne font rien.
:
Monsieur le Président, le débat de ce soir ne porte pas sur quelques pommes pourries dans un panier, il porte sur le copinage et la partisanerie. En réalité, le panier au grand complet est pourri et il est temps d'y voir.
La population canadienne a perdu confiance envers le Sénat, qui n'est ni démocratique, ni responsable. La population canadienne s'attend à ce que la Chambre des communes fasse preuve de leadership.
Cette motion vise à imposer la réforme et à régler la situation une fois pour toutes, ce qui est bien plus important que de ne chercher que quelques pommes pourries. Évidemment, les pommes ne sont pas toutes pourries. Certains sénateurs sont des citoyens d'exception qui, au cours de leur carrière, ont grandement contribué à l'essor de notre pays. C'est indiscutable. Il est également indiscutable qu'on trouve, à la Chambre rouge, de nombreux sénateurs qui travaillent fort et qui ne cherchent qu'à bien servir le pays. Ceux-là n'ont rien fait de mal.
Même si tous les sénateurs étaient comme eux, et s'ils n'avaient aucun collègue qui soit ami-ami avec les conservateurs ou les libéraux, il serait tout de même inacceptable qu'ils se servent des fonds publics pour faire les quatre volontés de leurs patrons. Même si tous les sénateurs travaillaient fort, nous devrions nous battre pour interrompre le financement du Sénat et exiger sa réforme.
Cette motion ne porte pas sur ces petits copains des chefs de parti qui abusent du poste où ils ont été nommés. Elle porte sur l'institution qui a été dégradée et corrompue par ses dirigeants politiques. Les premiers ministres, qu'ils aient été libéraux ou conservateurs, l'ont remplie de leurs petits copains pour qu'ils servent leurs propres intérêts. Par des nominations partisanes et par l'appui accordé au Sénat, ils ont sapé la démocratie. La seule façon de mettre un terme à cette dégradation et ce détournement des fonds publics, c'est d'interrompre le financement du Sénat.
Comme l'ont dit les députés conservateurs et libéraux, l'abolition du Sénat nécessite un changement constitutionnel. Néanmoins, on peut faire le ménage en attendant. C'est le sens même de cette motion.
Interrompre le financement du Sénat est une chose que nous pouvons faire à la Chambre des communes pour mettre un terme aux abus et pour imposer la réforme. Nous, qui avons été démocratiquement élus, nous avons l'occasion de faire bouger les choses en interrompant le financement du Sénat. Nous avons l'occasion de faire bouger les choses, de façon que la Chambre puisse tenir ses délibérations et que tout le pays puisse voir des institutions démocratiques à l'oeuvre.
Nous en avons l'occasion. Et surtout, tous ceux d'entre nous qui croient à la démocratie ont la responsabilité de défendre les principes démocratiques et les principes de bonne gouvernance. C'est de démocratie, de transparence, de responsabilité et de bonne gouvernance qu'il est question ici.
Tous les députés doivent reconnaître que le Sénat n'est pas démocratique. Il n'a pas été transparent. Il n'est clairement pas responsable. Ce n'est pas la faute des sénateurs pris individuellement. Le problème tient à l'institution elle-même, qui est devenue rien d'autre qu'une créature du gouvernement en place.
Le actuel a passé le début de sa carrière politique à dénoncer cette institution pétrie de favoritisme. Il a passé sa carrière à réclamer haut et fort une réforme et un Sénat triple E: égal, efficace, élu. Vous vous en rappelez, monsieur le Président? Il a fait campagne là-dessus quand il était chef du Parti réformiste.
Il a maintenant l'occasion d'agir. Quelle est la position du là-dessus? L'actuel premier ministre a protesté énergiquement quand les anciens premiers ministres Mulroney et Chrétien et Martin ont paqueté le Sénat en y faisant des nominations partisanes. Il réclamait à grands cris une réforme. Il a réclamé une réforme pendant des années et il a fait campagne là-dessus, jusqu'à ce qu'il soit enfin en mesure de faire quelque chose à ce sujet. Or qu'a-t-il fait? Il a commencé à bourrer le Sénat de nominations partisanes, de façon flagrante et cynique, pour y écraser la majorité libérale.
En conséquence, une excellente mesure législative qui aurait permis d'envoyer des médicaments abordables à des enfants en Afrique a été torpillée. Un projet de loi traitant des changements climatiques a été mis de côté.
Pendant qu'il paquetait ainsi le Sénat, il affirmait avec le plus grand cynisme qu'il faisait des nominations pour faciliter la réforme du Sénat, alors même qu'il bourrait cette institution en y nommant plus de sénateurs que jamais, tous payés à même le Trésor, ce qui était clairement un abus des deniers publics.
Au lieu de réformer le Sénat, il a ébranlé la démocratie. Il ne s'est pas contenté de nommer des amis du parti et des personnalités médiatiques et des gens célèbres. Il a nommé des candidats conservateurs battus aux élections à la Chambre des communes. Il a nommé des candidats qui avaient été battus dans leur propre circonscription. Ils avaient été rejetés par les électeurs. Ils n'avaient pas réussi à se faire élire. Le actuel, celui-là même qui réclamait depuis longtemps une réforme démocratique, dont l'ancien parti s'appelait le Parti réformiste, a fait toutes ces nominations partisanes cyniques et non démocratiques.
L'une de ces nominations était particulièrement cynique et non démocratiques — carrément antidémocratiques, en fait —, puisqu'il a nommé au Cabinet un candidat défait. C'est quelqu'un qui avait été rejeté par l'électorat, qui n'avait pas réussi à se faire élire. Ce sénateur nommé de manière non démocratique est devenu ministre. Ce n'était pas démocratique. C'était un affront à la démocratie. En fait, c'était un affront à la Chambre des communes.
Avec cette nomination, non seulement le a avili le Sénat davantage, mais aussi la Chambre des Communes et la démocratie.
À qui ont servi ces nominations partisanes? Certainement pas aux Canadiens, qui n'ont pas eu leur mot à dire dans cette affaire. Elles ont servi au premier ministre et au Parti conservateur.
Afin d'obtenir leur nomination, les deux sénateurs qui font l'objet d'un examen pour avoir abusé des fonds publics et trahi la confiance du public ont travaillé très fort, non pas pour le peuple canadien, mais bien pour le Parti conservateur.
Cette institution est le prolongement des machines électorales des partis conservateur et libéral. Il n'y a rien de juste là-dedans.
Pourquoi les rapports de dépenses électorales ne faisaient-ils pas état des 92 millions de dollars dépensés pour les activités du Sénat? Nous savons pertinemment que les sénateurs s'affairaient à recueillir des fonds et qu'ils faisaient campagne.
Je suis convaincue que, si le était toujours dans l'opposition et que les pommes pourries du jour étaient toutes libérales, il réclamerait une réforme du Sénat à grands cris. Il aurait dirigé l'offensive avec cette motion. Il aurait cherché à mettre un terme à ce gaspillage.
Au lieu de cela, le a empiré les choses et a garni encore plus l'assiette au beurre. Il n'a pas rendu de comptes. Dès qu'il a eu l'occasion de modeler le Sénat à ses propres fins, il a laissé tombé ses grands principes et ses projets de Sénat triple E.
Il a oublié qu'on nous a élus pour servir la confiance du public et non pour en abuser. Il a miné la démocratie. Tous les députés démocratiquement élus ont la responsabilité de faire cesser ces abus, d'imposer une réforme, pour mettre fin à la politique de l'assiette au beurre. Faisons un grand ménage, débarrassons-nous des pommes pourries et votons pour cette motion du NPD afin d'arrêter de financer le Sénat.
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Monsieur le Président, je prends la parole au sujet du crédit 1, qui porte sur le financement des opérations du Sénat. Nous devrions voir combien il en coûte pour faire fonctionner le Sénat. Le Sénat du Canada coûte approximativement 90 millions de dollars par année. Toutefois, prenons un peu de recul afin de mettre les choses en perspective. Voyons combien il en coûte annuellement pour faire fonctionner la Chambre des communes. La Chambre des communes coûte au moins trois fois plus cher. En fait, chaque année, la Chambre coûte près de quatre fois ce montant, soit environ 350 millions de dollars. Si l'on se sert de la logique qu'un grand nombre ont utilisée au cours du débat pour dire que le Sénat du Canada coûte trop cher, il y aurait peut-être lieu d'abolir la Chambre des communes.
De toute évidence, c'est un argument banal et insensé que la majorité des Canadiens jugeraient absurde.
Le Sénat suscite de vives controverses et de longs débats. C'est pour cette raison que nous discutons du crédit 1 et qu'auparavant nous étions saisis d'une motion visant à abolir cette institution. C'est un fait qu'un certain nombre de parlementaires font présentement l'objet d'une enquête. Nous devrions attendre la conclusion de ces processus. Nous, comme l'ensemble des Canadiens, devrions croire en l'application régulière de la loi et en la primauté du droit.
Si l'on constate que des parlementaires, ici ou à l'autre endroit, ont fait des dépenses inappropriées, ceux-ci devraient être tenus de rendre des comptes et de rembourser ces dépenses. Toutefois, ne laissons pas quatre enquêtes visant quatre sénateurs ternir la réputation du reste des 101 sénateurs. Ce serait injuste, surtout que ceux-ci ne peuvent pas être ici pour se défendre. C'est pour cette raison que je défends le travail qu'ils accomplissent.
J'aimerais énumérer les quatre raisons pour lesquelles je crois que nous devrions assurer le financement du Sénat et que le Sénat devrait exister.
Le Sénat sert en quelque sorte de système de freins et de contrepoids au règne de la majorité à la Chambre. Les Communes représentent la population canadienne. En fait, nous augmentons le nombre de circonscriptions fédérales parce que la population canadienne augmente. La Chambre reflète la règle de la majorité, et c'est pourquoi il y a des élections, que les députés représentent leurs électeurs, et que la majorité règne à la Chambre des communes. C'est aussi pourquoi il faut une Chambre haute, qui agit comme un système de freins et de contrepoids à la majorité qui règne à la Chambre.
Voyons voir si le Sénat est vraiment une institution archaïque qui n'est pas le reflet de la population canadienne. En réalité, si on examine les statistiques, le Sénat représente mieux le nouveau Canada que la Chambre des communes. Selon les plus récentes données de Statistique Canada, 20 % des Canadiens appartiennent à une minorité visible, alors que c'est le cas pour moins de 10 % des députés à la Chambre des communes. Il y a davantage de représentants des minorités visibles au Sénat du Canada qu'à la Chambre des communes. Par conséquent, le Sénat est plus représentatif de la composition du pays pour ce qui est des minorités visibles.
Jetons un coup d'oeil sur le nombre de femmes. Il est clair que les femmes comptent pour la moitié de la population canadienne, mais seulement 25 % des députés à la Chambre sont des femmes. Au Sénat, 38 % des sénateurs sont des femmes. Là encore, le Sénat est plus représentatif de la composition du pays.
Le Sénat et ceux qui le composent ne sont pas aussi archaïques que ce que bien des députés voudraient nous le faire croire. En réalité, il reflète mieux le pays et ce qu'il deviendra au cours des prochaines décennies, alors que le Canada deviendra encore plus diversifié et pluraliste. C'est pourquoi le Sénat est utile. Il sert de contrepoids à la majorité à la Chambre, où les minorités sont sous-représentées, et fait en sorte que les voix minoritaires des femmes et des minorités visibles sont entendues au Parlement et à Ottawa.
Le Sénat est important pour une autre raison. C'est la Chambre de second examen objectif. Il est utile...
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Monsieur le Président, le Sénat sert de Chambre de second examen objectif des mesures législatives. Je veux seulement mentionner trois mesures législatives qui, au fil des ans, ont été adoptées par la Chambre, mais qui ont été rejetées, modifiées ou étudiées par le Sénat.
Par exemple, mettons de côté les opinions personnelles sur la question difficile de l'avortement et examinons le cheminement du projet de loi à l'époque du gouvernement de M. Mulroney. Il a été rejeté par le Sénat. Ce projet de loi aurait restreint l'accès à l'avortement au Canada et le Sénat l'a rejeté. S'il n'en avait pas été ainsi, il y aurait aujourd'hui des restrictions à l'avortement au Canada. Par conséquent, je demande aux députés d'en face, qui ont des convictions fermes à cet égard, s'il pensent que le Sénat a joué un rôle utile dans ce dossier.
Plus récemment, après les dernières élections, le gouvernement a présenté, conformément à sa promesse électorale, le projet de loi , la Loi sur la sécurité des rues et des communautés. Le projet de loi a rapidement été approuvé par la Chambre des communes, puis il a été renvoyé au Sénat. Tout à coup, les ministériels et les sénateurs se sont rendus compte que ce projet de loi comportait des problèmes relativement à la sécurité nationale. Par conséquent, le Sénat a présenté un amendement qui a forcé le retour du projet de loi à la Chambre. L'amendement a été adopté par la Chambre, puis la mesure législative a reçu la sanction royale. Cette lacune, cette faille du projet de loi, a été corrigée par le Sénat du Canada.
Encore plus récemment, comme je l'ai mentionné précédemment, le projet de loi n'a pas fait l'objet d'un vote par appel nominal à la Chambre et un seul témoin a comparu devant le comité, c'est-à-dire le parrain du projet de loi. Cette mesure n'a pas été examinée de façon assez rigoureuse et diligente. Le Sénat fait actuellement son travail dans ce dossier.
Ce ne sont que trois exemples de l'important travail que le Sénat a accompli au fil des ans en tant que Chambre de second examen objectif des mesures législatives.
Il y a une troisième raison pour laquelle le Sénat est utile. Je parle de son rôle en tant qu'organisme d'enquête, de recherche et de délibérations. Si on remonte dans l'histoire du Sénat aux années 1960 et 1970, on se rend compte que les études menées par le Sénat en matière de politique sociale sont devenues essentielles à l'élaboration du filet de sécurité sociale au Canada. Qu'il s'agisse du Régime de pensions du Canada, de la Loi canadienne sur la santé ou des politiques axées sur les transferts sociaux aux provinces en matière de soins de santé, d'éducation et de recherche et développement au postsecondaire, toutes ces initiatives ont été influencées par le travail réalisé par le Sénat au fil des ans. Plus récemment, le travail effectué par le Sénat dans le domaine de la santé mentale a influencé les décisions prises par le gouvernement et par la Chambre des communes à l'égard des lois, des politiques et du financement liés aux problèmes de santé mentale. Le Sénat fait la même chose que les commissions royales, les enquêtes publiques et les groupes de travail externes, mais il le fait à moindre coût, bien plus rapidement et dans de meilleurs délais.
Il y a encore une autre raison pour laquelle le Sénat est utile. C'est la même raison qui explique pourquoi plus de 50 États dans le monde ont un assemblée législative bicamérale: le Sénat sert de contre-poids non seulement au pouvoir de la majorité à la Chambre basse, c'est-à-dire la Chambre des communes, mais aussi au pouvoir exécutif.
J'aimerais citer sir Clifford Sifton, un ancien ministre canadien qui, à l'aube du XXe siècle, a contribué à ouvrir l'Ouest canadien aux vagues d'immigration qui ont colonisé les vastes Prairies pour créer la puissance énergétique et agricole que nous connaissons aujourd'hui. Voilà ce que dit Clifford Sifton dans son ouvrage intitulé The New Era in Canada, publié en 1917:
Aucun pays ne devrait être gouverné par une législature monocamériste [...] Il faut bien se rappeler que, dans notre système, le pouvoir du conseil des ministres tend à s'accroître aux dépens de celui de la Chambre des communes [...] Le Sénat n'est pas tant un frein pour la Chambre des communes que pour le conseil des ministres, et il est indubitable que son influence à cet égard est salutaire.
Le contre-poids que la Chambre haute exerce sur le pouvoir exécutif, et qui suscite un intérêt grandissant chez bien des Canadiens depuis 30 ou 40 ans, est une fonction utile. En fait, les institutions nord-américaines modernes sont fondées sur la doctrine de Montesquieu selon laquelle la division des pouvoirs est la meilleure façon pour une société d'atteindre ses objectifs, et le meilleur moyen de créer une société juste et équitable.
En soi, il s'agit d'un principe tout ce qu'il y a de plus simple. Il fallait mettre fin aux aberrations qu'étaient les régimes où les rois et les dictateurs avaient tous les droits et détenaient tous les pouvoirs, et adopter plutôt un régime dans lequel plusieurs instances se partagent les pouvoirs. D'un régime où les pouvoirs étaient concentrés en un seul endroit, par exemple dans les mains du Cabinet du premier ministre, du Cabinet des ministres ou de l'exécutif, il fallait passer à un régime où les pouvoirs seraient répartis entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire.
Dans les régimes bicaméraux, le Sénat sert précisément cet objectif de division des pouvoirs, ou de diffusion des pouvoirs, puisqu'il empêche qu'ils ne soient concentrés à un seul endroit. C'est un système de freins et contrepoids. Voilà pourquoi, comme je le disais plus tôt, on trouve 50 États de par le monde qui ont une assemblée législative bicamérale.
Nous venons de voir que le Sénat fait oeuvre utile; parlons maintenant du côté pratique et des enjeux politiques liés à l'abolition du Sénat. En réalité, si le Canada existe aujourd'hui, c'est en partie au Sénat qu'on le doit. C'est parce qu'il était prévu dans l'entente que les colonies, c'est-à-dire les provinces d'avant la Confédération, ont accepté de se joindre à la fédération.
En fait, quand on lit les Débats de l'époque de la Confédération, on voit tout de suite que la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et le Québec n'auraient jamais accepté de se joindre à la fédération si le Sénat n'avait pas été là. Ces anciennes colonies avaient clairement fait savoir qu'elles s'inquiétaient de voir la population du Canada-Ouest, c'est-à-dire l'Ontario d'aujourd'hui, croître aussi rapidement. Elles craignaient de ne plus faire le poids devant l'Ontario. Voilà pourquoi elles souhaitaient que la Chambre haute soit là pour voir à leurs intérêts ainsi que ceux des régions, des populations moins importantes ou des communautés linguistiques, en se faisant par exemple le porte-étendard des francophones de partout au pays.
Aujourd'hui, bon nombre de provinces, d'assemblées législatives et d'assemblées nationales s'élèveraient contre l'abolition du Sénat, car elles auraient l'impression qu'elles auraient plus de mal à se faire entendre, ici, dans la capitale nationale.
Pour des raisons politiques et pratiques, l'abolition du Sénat n'est pas pour demain. Ce n'est pas un dossier que nous pourrions facilement rouvrir sans tenir compte des autres demandes qui ont été faites durant les négociations des accords du lac Meech et de Charlottetown, ces débats très conflictuels qui ont eu lieu à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Il y a beaucoup d'autres facteurs à prendre en compte. Si on tenait une conférence des premiers ministres entre le Dominion et les provinces pour parler de l'abolition du Sénat et déterminer si, pour ce faire, il faudrait obtenir l'appui de sept provinces représentant 50 % de la population ou plutôt le consentement unanime des 11 assemblées législatives du Canada, le fait est qu'on ouvrirait une boîte de Pandore que personne à la Chambre ne souhaite ouvrir.
Tout particulièrement, je me demande ce que les députés québécois des deux côtés de la Chambre s'attendraient à ce que la province du Québec exige, au chapitre de la reconnaissance du Québec en tant que société distincte ou de la nation québécoise. Pensent-ils notamment que les provinces exigeraient un droit de véto sur toute modification de la Constitution? À quoi s'attendraient-ils, étant donné que, aux termes de l'accord original du lac Meech, les provinces auraient eu compétence exclusive en matière d'immigration et le gouvernement fédéral aurait renoncé à tout contrôle sur les personnes qui sont autorisées à s'installer au Canada et à obtenir la citoyenneté?
Une telle question rouvrirait également le débat sur le pouvoir de nommer des juges à la Cour suprême du Canada. Ceux qui réclament l'abolition du Sénat rouvriraient toutes ces questions-là et d'autres encore. En conséquence, pour des raisons pratiques, l'abolition du Sénat n'est pas un objectif réaliste, et ce n'est pas un objectif que j'appuie. Je précise également que ce n'est pas un objectif qu'on peut atteindre par des moyens détournés.
La Constitution du Canada, telle que rédigée, ainsi que les diverses interprétations qu'en a faite la Cour suprême, est l'instrument juridique fondamental de notre pays; il faut respecter la Constitution. Il faut respecter la façon de la modifier. Nous devrions attendre que la Cour suprême tranche dans l'affaire que lui a renvoyée le gouvernement.
Monsieur le Président, même si crois en un Parlement bicaméral, même si je crois qu'il nous faut une Chambre basse et une Chambre haute pour les raisons que je viens d'expliquer, je crois aussi que le Sénat doit être réformé. Nous devons limiter la durée des mandats. Je suggère à mes collègues parlementaires que nous ayons des mandats se limitant à la durée des législatures. Par conséquent, plutôt que de fixer la durée à huit ou neuf ans, nous devrions l'aligner sur durée de la législature. Lorsque le Parlement est dissous pour la tenue d'élections générales, les sénateurs devraient briguer les suffrages. Nous pourrions adopter un système dans lequel les sénateurs devraient se présenter de nouveau à des élections après deux ou trois législatures, mais je crois fermement qu'il nous faut un système dans lequel il y aura une limite à la durée du mandat des sénateurs. J'espère que la Cour suprême nous guidera à cet égard.
Je crois aussi que nous devons tenir des consultations populaires ou des élections pour choisir les sénateurs. C'est extrêmement important. Ainsi, nous pourrons garantir aux citoyens canadiens que la Chambre haute rend des comptes.
Nous devons le faire de façon réfléchie. Nous ne pouvons pas procéder à l'aveuglette. Si nous agissons trop rapidement et sans réfléchir, il y aura des conséquences imprévues. Si, en fonction de la décision de la cour, nous décidons de limiter la durée du mandat des sénateurs et de tenir des élections pour les choisir, nous devons également renforcer la Chambre des communes.
En Ontario, la province d'où je viens, nous avons 24 sénateurs. Contrairement au Québec, où les sénateurs ne représentent pas de division particulière, si 24 sénateurs se présentent à des élections provinciales en Ontario, il pourrait y avoir 6 millions ou plus de personnes qui votent pour un candidat sénatorial. Dans une telle situation, il n'est pas inconcevable qu'un seul candidat se fasse élire en récoltant 4 millions, 5 millions ou encore plus de voix, éclipsant ainsi le nombre d'électeurs que les députés de cette Chambre représentent. Par conséquent, les sénateurs qui auraient récolté entre 3 et 4 millions de voix pourraient dire à la Chambre des communes ce qu'elle devrait faire à l'égard de certaines mesures législatives. Nous devrons donc songer à renforcer la Chambre des communes afin de nous assurer que l'augmentation des pouvoirs du Sénat, attribuable à la limitation de la durée du mandat et aux élections des sénateurs, se traduise aussi par une augmentation de ceux de la Chambre. Cela permettrait de garantir que l'assemblée du peuple qui est représentée actuellement par 308 députés continue à être le principal centre du pouvoir dans la capitale nationale.
Pour toutes ces raisons, je crois que le Sénat est utile. Je pense que les députés devraient voter contre son abolition. Même si le Sénat n'est pas parfait, et que ceux qui ont commis des erreurs devraient être tenus responsables, nous devons veiller à ce que nos institutions demeures fortes afin de permettre au Canada de relever les défis à venir.
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Monsieur le Président, en commençant, je dois vous dire que je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Ce soir, nous discutons d'une motion, d'un avis d'opposition à un crédit. Dans le fond, c'est le rôle de la Chambre que de décider quel genre de crédit on donne à gauche et à droite. Or, évidemment, tout le monde a compris qu'il y a une question et trois réponses. Avons-nous besoin d'une Chambre haute? Évidemment, certains seront partisans du statu quo, certains diront qu'il faut des réformes et d'autres diront qu'il faut abolir le Sénat.
Le Sénat, tel qu'on le connaît aujourd'hui, constitue un compromis historique datant de la création de ce pays en tant que tel. En fait, c'est une espèce d'hybride entre la Chambre des lords britannique et le Sénat américain, en ce qui a trait aux valeurs et à ce qu'on voulait réellement y faire faire. D'ailleurs, cela a été l'objet d'un grand débat lors de la Conférence de Charlottetown et de celle de Québec en 1864. Voici ce que l'on disait à l'époque:
Les sénateurs sont nommés par la gouverneure générale sur recommandation du premier ministre. Ils représentent les régions et les provinces en vue d'assurer un équilibre en regard de la représentation à la Chambre des communes. Les régions moins peuplées ont une voix plus forte au Sénat, de sorte que les intérêts des régions et des minorités soient bien représentés.
Est-ce réellement le cas? Cela a-t-il déjà été le cas une seule journée? J'en doute.
À l'époque, seuls les mieux nantis pouvaient être membres du Sénat. Il y avait deux conditions principales. On doit se reporter à cette époque, au XIXe siècle. Il fallait avoir plus de 30 ans et avoir une propriété de 4 000 $, ce qui représentait une somme énorme à l'époque.
Immédiatement, les différents gouvernements, toutes couleurs confondues, ont vu un avantage partisan dans la nomination des sénateurs et les problèmes ont commencé. On disait que c'était supposé être une Chambre des sages, une Chambre de réflexion. Est-ce que cela l'a déjà été? Pas assez souvent à notre goût, parce que si cela fonctionnait vraiment bien, c'est sûr que nous ne nous y opposerions pas. Malheureusement, l'histoire nous dit qu'année après année, décennie après décennie, il y a des problèmes avec cette Chambre-là.
En fait, qu'on me permette de citer George Brown qui avait déclaré à l'époque que le Sénat était la clé de la fédération,
[...] l'essence même de notre pacte. Nos amis du Bas-Canada ont accepté de nous donner une représentation en fonction de la population à la Chambre basse à la condition expresse d'obtenir l'égalité à la Chambre haute. Nous n'aurions pas pu avancer d'un pas si nous avions rejeté cette condition.
C'est sûr que, à l'époque, c'était un élément fondateur du pays et les intentions étaient nobles. Cependant, la réalité nous a vite rattrapés. Ai-je vraiment besoin de parler des sénateurs Harb, Brazeau, Wallin ou Duffy? Je n'ai plus besoin d'en parler ici, car tout le monde sait de quoi il retourne.
En fait, au début de mon discours, je disais qu'il y avait trois possibilités, l'une d'elles étant le statu quo. Évidemment, il est inacceptable, mais certains y croient encore. Pour toutes sortes de raisons, ils essaient de nous faire peur, mais tout ce qu'ils voudraient, dans le fond, c'est retourner à ce que c'était et nommer des gens qui vont faire leur affaire. La deuxième possibilité, c'est la réforme. Y croyez-vous, monsieur le Président? Savez-vous en quelle année a eu lieu la première tentative de réforme du Sénat? C'était en 1874. Cela fera bientôt 140 ans qu'on parle de réforme du Sénat. S'est-il passé quelque chose depuis ce temps? Pas vraiment.
Plus récemment, il y a eu plusieurs projets au cours des années 1980 et 1990. On peut parler du Comité Molgat-Cosgrove de 1984, de la Commission Macdonald de 1985 ou encore du Comité Beaudoin-Dobbie de 1992. Cela a-t-il donné quelque chose? En fait, de ce côté-ci de la Chambre, nous croyons que la seule solution possible, compte tenu de l'histoire entourant le Sénat, c'est évidemment son abolition.
Par contre, ce n'est pas ce dont nous parlons ce soir. Je rappelle que le Sénat a deux types de budget. Même si nous adoptions notre motion ce soir, le Sénat aurait encore un budget de 32 millions de dollars, en vertu des lois adoptées par ce Parlement. Nous avons tendance à oublier cela.
Avons-nous besoin d'un système bicaméral? Il y a longtemps que les provinces ont décidé que ce n'était pas nécessaire. Il n'y a pas jamais eu d'apocalypse, comme certains le prétendent.
Un constitutionnaliste anglais, Walter Bagehot, a fait remarquer un jour, à propos du régime parlementaire britannique, que si nous avions une Chambre des communes idéale, il est certain que nous n'aurions pas besoin d'une Chambre haute. Je crois qu'il faudrait réfléchir à la façon dont nous travaillons ensemble pour le bien de ce pays.
La motion est-elle anticonstitutionnelle? Certains l'ont suggéré. Je ferais remarquer à mes collègues que l'un des privilèges de cette Chambre est d'adopter un budget. Une partie du budget du Sénat est attribuée par la Chambre des communes. C'est donc notre prérogative de déposer des motions de ce genre.
Comme je le disais tout à l'heure, une partie du budget de la Chambre haute est statutaire. Je rappelle encore une fois qu'il s'agit de 32 millions de dollars, ce qui n'est pas des pinottes.
Le problème actuel est que le nomme des gens et qu'il s'en lave les mains par la suite. Il y a un problème d'imputabilité majeur. On ne peut pas nommer des gens, à gauche et à droite, n'importe qui, et quand ils font des choses, dire qu'on n'est pas responsable et que ces gens rembourseront. Cela ne fonctionne pas de cette manière.
En fait, le gouvernement conservateur a réussi à faire pire que ses prédécesseurs libéraux en matière de partisanerie politique à la Chambre haute. Voilà pourquoi nous avons ce débat ce soir. La situation va de mal en pis. Plus le temps passe, moins les gens voient la pertinence de cette institution. À quoi sert-elle?
Je ne voudrais évidemment pas qu'on mette tous les sénateurs dans le même panier. Il n'est ni mon intention ni celle des membres de ce côté-ci de la Chambre de dire que tout le monde triche. Ce n'est pas notre objectif. L'idée est de dire que cela ne fonctionne pas. On essaie d'apporter des changements depuis longtemps. Il y a toujours des problèmes. Ça n'aboutit jamais. Finalement, c'est le statu quo, ce que tout le monde à la Chambre considère, je l'espère, inacceptable. J'espère que personne à la Chambre ne croit encore au statu quo, sinon on a un problème.
En conclusion, j'aimerais citer quelqu'un que les gens connaissent ici, Michael Fortier, un ancien sénateur conservateur. Le 2 mars 2013, il a dit:
J'étais très naïf à l'époque. Je croyais que ce serait un endroit différent de ce que j'ai vu. [En fait, il partageait la vision idyllique du Sénat à l'époque.] J'ai trouvé le Sénat extrêmement partisan des deux côtés, y compris le mien. Je trouvais cela très agaçant parce que ces gens tentaient de jouer le rôle d'un député et ils ne le sont pas.
Si j'avais à choisir aujourd'hui, je dirais que je suis probablement plus prêt que jamais de vouloir fermer cette place. Je n'en vois plus l'utilité.
De plus en plus de Canadiens considèrent que cette Chambre n'a pas sa place, non pas parce qu'elle n'a pas un rôle bien défini, mais parce qu'elle ne joue pas du tout son rôle tel qu'elle le devrait. Cette Chambre a été manipulée tout au long de l'histoire à des fins strictement partisanes.
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Monsieur le Président, je suis contente de participer au débat de ce soir sur cette importante motion d'adoption.
Mes collègues, bon nombre de Canadiens et moi-même croyons que le montant de 58 169 816 $ qui figure au poste des dépenses de programme consacré au Sénat, soit le crédit 1 du Budget principal des dépenses, ne devrait plus être alloué au Sénat.
Le pays est en pleine crise démocratique, et les Canadiens s'entendent pour dire qu'un Sénat non élu et non responsable n'a plus sa place.
Les origines du Sénat remontent à la Confédération. Les membres de la Chambre rouge ont été chargés d'examiner les mesures législatives adoptées par la Chambre des communes. On voulait ainsi que les minorités, les provinces et les régions soient représentées dans le processus législatif fédéral.
Comme le député de l'a clairement expliqué plus tôt, à l'époque où le Sénat a été créé, ces minorités étaient en fait constituées de la classe des nantis du pays. Ces derniers craignaient que les intérêts des riches Canadiens ne soient pas bien défendus par les représentants élus de la Chambre des communes et ils voulaient que des gens soient nommés pour représenter leurs intérêts.
On souhaitait aussi que cette institution soit moins partisane. Ce ne fut par contre jamais le cas, car les sénateurs votent selon la ligne de parti plutôt qu'en fonction des intérêts des régions qu'ils sont censés représenter.
Au cours des derniers mois, on a appris des choses au sujet de certains sénateurs libéraux et conservateurs qui soulèvent beaucoup de questions sur l'utilisation des fonds publics qu'on leur alloue. Les Canadiens se posent des questions au sujet de Mike Duffy et de ses 90 000 $. Heureusement, le pose les bonnes questions, et les Canadiens veulent que le gouvernement réponde avec franchise.
Les Canadiens méritent de connaître les détails entourant le prêt de 90 000 $ consenti par l'ancien chef de cabinet du premier ministre, Nigel Wright, à M. Duffy, pour rembourser les allocations de logement que ce dernier a réclamées, mais auxquelles il n'avait pas droit. Même si la résidence de M. Duffy était manifestement en Ontario, il a déclaré qu'elle était à l'Île-du-Prince-Édouard, où il est propriétaire d'un chalet. Le prêt de 90 000 $ accordé à M. Duffy lui a permis de rembourser les Canadiens, et il ne collabore plus avec les vérificateurs. M. Duffy a quitté le caucus conservateur et, le 19 mai, Nigel Wright a démissionné à cause de ce qu'il a fait. La commissaire à l'éthique se penche actuellement sur la transaction entre M. Wright et le sénateur Duffy, afin de déterminer s'il y a eu violation de la Loi sur les conflits d'intérêts. La GRC fait, elle aussi, enquête sur les dépenses de Mike Duffy.
Mme Pamela Wallin est également mise en cause. Elle est censée représenter la Saskatchewan, mais elle habite principalement à Toronto. Depuis 2010, la sénatrice Wallin a réclamé 300 000 $ en frais de déplacement sans rapport avec sa province d'origine. De plus, elle a été vue à de nombreuses activités de collecte de fonds des conservateurs. Elle a quitté le caucus conservateur et a décidé de siéger comme sénatrice indépendante à partir du 17 mai dernier.
Le cas de M. Patrick Brazeau est encore plus embarrassant. Il s'est trouvé au milieu de nombreuses controverses concernant notamment ses absences à répétition au Sénat, les allocations de logement dont il aurait abusé et des accusations d'agression sexuelle. En 2012, M. Patrick Brazeau a déclaré que sa résidence principale était à Maniwaki, au Québec, ce qui lui a permis de recevoir une allocation de logement pour une résidence secondaire dans la région de la capitale nationale. Cependant, nous avons tous appris, grâce aux reportages diffusés dans les médias, que la résidence de Maniwaki est en fait le domicile du père de Patrick Brazeau. Le 9 mai, compte tenu du résultat de la vérification effectuée par Deloitte, le Comité sénatorial de la régie interne a produit un rapport dans lequel il ordonne à Patrick Brazeau de rembourser 48 000 $ en indemnités injustifiables. Le sénateur Brazeau a démissionné du caucus conservateur. Une tendance se dégage de tout cela.
Mais ce ne sont pas seulement les membres du caucus conservateur qui abusent de leurs privilèges. C'est le cas aussi des sénateurs libéraux.
Ce ne sont là que certains des abus de pouvoir dont nous avons été informés jusqu'à maintenant. Nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve. Il faut certainement que soit effectuée une vérification indépendante des règles relatives aux résidences, des allocations de logement et des frais de déplacement pour déterminer si certains sénateurs abusent des deniers publics, mais en fin de compte, ce qu'il nous faut, c'est abolir une institution qui n'est plus au service des Canadiens.
Dans tout autre lieu de travail au Canada, un tel comportement et un tel manque de responsabilité et d'obligation redditionnelle entraîneraient la prise de mesures disciplinaires et mettraient fort probablement fin à la relation d'emploi, mais ici, les sénateurs quittent le caucus tout en conservant tous leurs autres privilèges.
Il est scandaleux que les conservateurs accordent la présomption d'innocence aux sénateurs, mais jugent les chômeurs coupables par défaut. Il est clair que le Sénat est incapable de corriger ses propres problèmes.
Le Sénat a demandé à la société Deloitte d'examiner les dépenses des ex-sénateurs conservateurs Mike Duffy, Pamela Wallin et Patrick Brazeau ainsi que du sénateur libéral Mac Harb; l'entreprise n'a pas encore terminé cette vérification.
La leader du gouvernement au Sénat a affirmé que le document serait rendu public, mais nous savons que rien ne garantit que c'est ce qui se passera. En outre, le Comité sénatorial de la régie interne a supprimé des paragraphes de son rapport critiquant Mike Duffy parce que celui-ci a remboursé la somme due. Il est clair qu'il faut mettre fin à tout financement de cette institution.
Lors de la campagne électorale de 2005, l'actuel a promis de réformer le Sénat et d'en faire un Sénat triple E, c'est-à-dire élu, efficace et à représentation égale. Il a présenté plusieurs projets de loi sur la réforme du Sénat au nom de ce prétendu engagement de son gouvernement à apporter du changement, mais ces projets de loi sont restés lettre morte. Ils ne se sont jamais rendus à la tête de la liste des priorités. Le premier ministre est allé encore plus loin: il a rompu sa promesse de ne pas nommer de sénateurs. En fait, il en a nommé 59, ce qui est énorme.
Le Sénat est une institution fondamentalement non démocratique, utilisée tant par les libéraux que par les conservateurs pour remercier leurs amis, leurs candidats défaits et leurs donateurs. Ils ne sont pas nommés en fonction du mérite, mais plutôt en guise de remerciement pour les loyaux services qu'ils ont rendus au parti au pouvoir. La prétendue réforme du Sénat annoncée par le premier ministre est sans contredit un échec sur toute la ligne. Comme les libéraux, les conservateurs font tout simplement partie du problème.
Ce n'est que le 1er février dernier que le a renvoyé cette question à la Cour suprême du Canada. La cour donnera son avis juridique sur les processus à suivre en vertu de la Constitution pour limiter la durée du mandat des sénateurs, pour élire les sénateurs, pour éliminer l'obligation voulant que les sénateurs aient une résidence dans la province qu'ils représentent et, évidemment, pour abolir le Sénat. La Cour suprême du Canada pourrait prendre des années avant de faire connaître sa décision. Toutefois, les Canadiens souhaitent et méritent que des mesures soient prises immédiatement.
Alors que les conservateurs et les libéraux défendent le statu quo et leurs sénateurs, le NPD est fier de défendre les intérêts des Canadiens et l'argent de leurs impôts.
Le Sénat est désuet et fondamentalement non démocratique. Nous avons des sénateurs qui abusent des deniers publics. En outre, cette Chambre est censée faire un second examen objectif. En fait, elle fonctionne selon les lignes de parti, en plus de bloquer à plusieurs reprises des projets de loi qui ont été adoptés à la Chambre des communes, notamment le projet de loi du NPD qui aurait fait en sorte que le Canada assume ses responsabilités et passe à l'action dans la lutte contre les changements climatiques. Il a été adopté à la Chambre des communes, mais le Sénat l'a torpillé.
Des premiers ministres provinciaux, notamment Brad Wall de la Saskatchewan, et beaucoup de Canadiens d'un bout à l'autre du pays sont d'accord avec nous. Il en coûte 92,5 millions de dollars par année pour financer le Sénat, plus de 90 millions de dollars par année pour payer les salaires et les déplacements des organisateurs politiques et des gens chargés d'amasser des fonds pour les libéraux et les conservateurs. C'est scandaleux. Le Sénat est une institution archaïque. Les sénateurs sont nommés et certains d'entre eux, comme nous le savons, abusent de leurs privilèges et ne représentent ni les intérêts ni les valeurs des Canadiens.
Je sais que, dans ma circonscription de Scarborough—Rouge River, cette somme représente beaucoup d'argent qui pourrait être utilisé à bien meilleur escient, mais il faudra les impôts annuels de plus de 8 000 familles ordinaires pour payer la facture du Sénat. Le sénateur Duffy va toucher encore 1,3 million de dollars en salaires, tandis que Patrick Brazeau va recevoir 7 millions de dollars d'ici la fin de son mandat.
Il y a beaucoup de gens dans Scarborough—Rouge River qui ont peine à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Il y aurait beaucoup mieux à faire avec l'argent de nos contribuables. Le taux de chômage des jeunes dans le Grand Toronto est le double de la moyenne nationale. Où voit-on une véritable stratégie de création d'emplois? Les Canadiens d'un bout à l'autre du pays ont besoin de logements abordables. Des investissements dans le logement, voilà ce que les Canadiens veulent. Dans ma circonscription, il faut investir davantage dans l'infrastructure en décrépitude et dans le transport en commun. On pourrait aller loin avec ces 90 millions de dollars si on les investissait dans le transport en commun à Scarborough.
Ni les conservateurs ni les libéraux ne prennent cette question au sérieux.
D'une part, nous avons la soi-disant réforme des conservateurs qui ne va nulle part, et d'autre part les libéraux appuient le statu quo. Heureusement...