propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, j'ai le grand plaisir de prendre la parole au sujet du projet de loi .
Les syndicats, qui représentent les travailleurs et défendent leurs droits, jouent un rôle utile dans la société canadienne.
[Français]
Quatre millions trois cent mille Canadiens sont actuellement membres d'un syndicat, et des millions d'autres l'ont été durant leur carrière professionnelle.
[Traduction]
Des milliers de Canadiens de ma circonscription, , en Colombie-Britannique, versent des cotisations aux organisations ouvrières. En raison du rôle que jouent les syndicats dans la vie de bien des Canadiens, le régime fiscal fédéral soutient leurs activités en leur accordant des avantages. Il leur accorde notamment le statut d'organisme exonéré d'impôt et permet la déduction fiscale complète des cotisations des travailleurs.
J'aimerais donner un aperçu des sommes que représente la déductibilité des cotisations. En n'imposant pas les cotisations syndicales et professionnelles, le gouvernement fédéral renonce chaque année à 795 millions de dollars. La majeure partie de cette somme, soit probablement de 400 à 500 millions de dollars, est réclamée par les syndiqués. C'est un avantage public important. Selon moi, il n'est que juste que la population sache comment ces fonds sont dépensés. Mon projet de loi obligerait donc les organisations ouvrières à divulguer leurs états financiers.
[Français]
Cette mesure va dans le même sens que la transparence accrue que nous avons exigée des ministères, des organismes publics et des réserves autochtones. Elle va dans le même sens que la déclaration publique exigée de la part d'autres institutions de la société canadienne qui profitent d'un soutien public substantiel.
[Traduction]
Par exemple, les organismes de bienfaisance canadiens sont obligés de rendre publics leurs états financiers depuis 1977. Ces derniers sont faciles à trouver sur le site Web de l'Agence du revenu du Canada.
J'ai fondé les exigences de mon projet de loi relatives à la publication des renseignements financiers des organisations ouvrières sur des dispositions similaires qui se trouvent depuis longtemps dans la Loi de l'impôt sur le revenu et qui visent les organismes de bienfaisance. Si le projet de loi est adopté, la population aura les moyens d'évaluer l'efficacité, l'intégrité financière et la santé de tout syndicat. C'est une chose que veulent les Canadiens. Selon un sondage réalisé par la firme Nanos le jour de la fête du Travail l'an dernier, 83 p. 100 des Canadiens et 86 p. 100 des travailleurs syndiqués souhaitent que les syndicats rendent publics leurs états financiers.
J'aimerais prendre quelques minutes pour parcourir les diverses dispositions du projet de loi.
L'article 1 constitue le coeur du projet de loi et on peut dire qu'il comporte trois parties.
Premièrement, il y a trois nouvelles définitions qui précisent des termes déjà utilisés ou proposés dans le projet de loi. Ce sont « organisation ouvrière », « activités de relations de travail » et « fiducie de syndicat ».
Deuxièmement, vient la plus longue partie du projet de loi, qui porte sur les états des revenus et des dépenses que les organisations ouvrières doivent soumettre annuellement au .
[Français]
J'ai reçu de nombreux avis sur les déclarations qui illustreraient le mieux la façon dont les syndicats font profiter leurs membres de leurs avantages publics. Il est clair que la liste de déclarations est fort longue. Cela reflète la nature financière souvent complexe des organisations syndicales et la grande variété d'activités qu'elles entreprennent pour représenter et servir leurs membres.
[Traduction]
Parmi ces activités, on compte notamment l'organisation, les négociations collectives, l'éducation et la formation, les conférences, les activités politiques et le lobbying. Les états exigés comprendraient aussi les versements effectués au bénéfice des administrateurs et du personnel. Comme l'a récemment fait remarquer Jim Stanford, économiste auprès des Travailleurs et travailleuses canadiens de l'automobile, les TCA publient déjà ces renseignements. Je pense que la publication de renseignements aussi détaillés accroîtrait la confiance des Canadiens qui pourraient voir que la subvention publique accordée aux organisations ouvrières est justifiée.
Troisièmement, le paragraphe 1(4) exige que le ministre communique au public les renseignements soumis, notamment en les publiant sur le site Web de l'Agence du revenu du Canada.
Conformément à l'article 3, la loi entrera en vigueur six mois après avoir reçu la sanction royale.
Il a été intéressant d'avoir les réactions de divers intervenants, dont des dirigeants syndicaux, depuis l'annonce de ce projet loi l'automne dernier. Il y a d'abord l'observation présentée par Lerona Lewis, présidente de l'Association des étudiantes et étudiants diplômés employés de McGill, qui représente plus de 3 000 employés. Elle indique que son syndicat publie déjà ses états financiers: « Vous pouvez vous rendre en ligne et voir quelles ont été les dépenses, quand elles ont été faites et ainsi de suite. » Elle ajoute que la transparence est une valeur à laquelle le syndicat souscrit de toute façon.
Le président du Congrès du travail du Canada, M. Ken Georgetti, voit les choses différemment. Soit, il se dit en faveur de la divulgation publique et de la transparence, et déclare qu'il fournira volontiers ses états financiers et ses bilans au député de South-Surrey—White Rock —Cloverdale ainsi qu'à tous ceux qui le demanderont. Cependant, M. Georgetti poursuit en qualifiant mon projet de loi d'« injuste et inéquitable », parce qu'il obligerait son organisation à fournir plus d'information que ce qu'on exige d'autres institutions.
Peut-être M. Georgetti a-t-il raison: il est sans doute temps d'étudier et de revoir au besoin les exigences en matière de divulgation pour d'autres institutions qui reçoivent du financement de la part du public. Le Comité des finances est d'ailleurs en train d'étudier la possibilité d'accroître le niveau de transparence qu'on exigerait de la part des organismes de bienfaisance. Toutefois, c'est des syndicats que ce projet de loi traite ici; ceux-ci n'ont jamais eu l'obligation de rendre des comptes au public, contrairement aux organismes de bienfaisance, qui le font depuis 35 ans.
En outre, M. Georgetti argue que ce projet de loi pourrait s'avérer coûteux pour les syndicats. Je ne suis pas d'accord avec lui, et ce, pour trois raisons. D'abord, les syndicats remettent déjà à l'Agence du revenu du Canada des déclarations fiscales détaillées qui contiennent une grande partie des données exigées par le projet de loi. M. Georgetti s'est dit d'accord sur ce point. Ensuite, le projet de loi n'exigerait pas d'états financiers vérifiés. La production des données exigées n'entraînerait donc pas de dépenses externes additionnelles pour les syndicats, car ceux-ci pourraient compter sur leur propre personnel à la comptabilité ou aux finances. Enfin, grâce aux programmes de comptabilité et à la transmission électronique des déclarations, le respect des exigences prévues dans ce projet de loi entraînera des coûts beaucoup moins élevés que ceux qu'auraient dû assumer les syndicats des générations précédentes.
[Français]
De même, le coût de la production de documents pourra être minime pour le gouvernement une fois que seront établis le système de production électronique, la base des données et le site Web.
[Traduction]
Les députés n'ont pas à me croire sur parole. Nous disposons d'un chien de garde indépendant et compétent, le directeur parlementaire du budget, qui est chargé d'étudier les projets de loi d'initiative parlementaire et de formuler des observations au sujet de leurs coûts estimatifs. Selon moi, l'analyse du directeur parlementaire du budget confirmera que le projet de loi n'entraînera aucune dépense majeure pour l'État.
D'autres Canadiens ont aussi eu des commentaires intéressants à ce sujet. Un des chroniqueurs du Windsor Star — une ville prosyndicalisme — appuie le projet de loi en déplorant seulement qu'il ne soit pas rétroactif, car il aimerait savoir à quoi ont été consacrées les cotisations syndicales qu'il a payées au fil des ans. Voici par ailleurs ce qu'a déclaré David Climenhaga, directeur des communications du Syndicat de la fonction publique de l'Alberta:
Beaucoup publient intégralement leurs états financiers vérifiés, même s'ils n'y sont pas tenus par la loi, et les distribuent à 100 p. 100 de leurs membres. Tout le monde peut évidemment avoir accès à cette information. Une ouverture aussi franche ne semble pas du tout leur causer de tort.
M. Climenhaga propose d'imposer la même transparence aux groupes de réflexion et aux entreprises qui bénéficient d'allégements fiscaux ou qui touchent des subventions.
Bien sûr, la coutume veut que le député qui dépose un projet de loi d'initiative parlementaire ait le privilège de le présenter et d'en parler avant quiconque. Malheureusement, comme tous ici le savent, le député de m'a coupé l'herbe sous le pied et a lancé le débat avant l'heure réservée à cet effet sous prétexte d'un recours au Règlement. Malgré les commentaires positifs de dirigeants syndicaux, de syndiqués et d'autres personnes que je viens de mentionner, le leader parlementaire du NPD a dit l'automne dernier, lors du débat sur mon projet de loi précédent, qu'il était très troublé à l'idée que les organisations syndicales soient tenues de rendre des comptes. Il a soutenu que le projet de loi était une question d'idéologie. J'aimerais lui demander si l'obligation faite aux organismes de bienfaisance, en 1977, il y a 35 ans déjà, de publier leurs états financiers était aussi une question d'idéologie.
S'il y a une idéologie, elle est fondée sur le principe que les organismes qui bénéficient d'avantages publics devraient rendre compte de la façon dont elles les utilisent. Le député croit-il que les organismes de bienfaisance ne devraient plus être tenus de divulguer publiquement leurs dépenses? Qu'en est-il des ministères, des sociétés d'État ou même des députés? Logiquement, où va nous mener l'opposition que suscite ce projet de loi? Comme je l'ai dit plus tôt, je crois que la divulgation permettra de donner aux Canadiens l'assurance que les centaines de millions de dollars d'avantages publics qui sont chaque année accordés aux syndicats sont dépensés de façon judicieuse. Le NPD ne pense-t-il pas que la divulgation permettrait de prouver que cet argent est bien dépensé?
En outre, le député s'est plaint parce qu'il croît que la divulgation engendrera des coûts supplémentaires pour les syndicats. Comme je l'ai mentionné, si les syndicats ont recours à des logiciels d'impôt et à la transmission électronique des données, les coûts seront assez minimes. Ce ne sera pas la première fois que les syndicats devront fournir des renseignements. En effet, ils produisent déjà une déclaration de revenus chaque année. La plupart des renseignements que nous proposons de recueillir en vertu du projet de loi doivent déjà être fournis. La différence, bien sûr, c'est que ces renseignements seraient rendus publics. Cependant, cette différence ne devrait pas engendrer de coûts pour les syndicats.
Le député s'est dit préoccupé par le fait qu'il pourrait être coûteux, pour les petites sections locales qui ne comptent que quelques dizaines de membres, de fournir ces renseignements. Encore une fois, ce ne sera pas le cas. Par définition, les petites sections locales ne dépensent pas beaucoup, et elles n'auront probablement pas dépensé un sou dans plusieurs catégories mentionnées dans le projet de loi. Je ne vois pas en quoi il pourrait être difficile d'indiquer zéro sur plusieurs pages d'un formulaire électronique. À mon avis, l'expérience des organismes de bienfaisance au cours des 35 dernières années est instructive. Ils n'ont pas été paralysés par ce processus, même si, contrairement aux syndicats, ils sont souvent dirigés par des bénévoles. Le processus n'a pas engendré de coûts élevés pour ces organismes, et il en ira de même pour les syndicats.
Nous venons tout juste d'entreprendre le débat sur cette mesure législative. Certains ont déjà pris position. J'invite ceux qui ont déjà manifesté leur opposition à l'égard de ce projet de loi à tenir compte des faits suivants. Le projet de loi n'obligera pas les syndicats à dépenser leur argent d'une certaine manière et il ne les restreindra d'aucune façon. Il n'imposera pas de lourd fardeau aux syndicats et n'engendrera pas de dépenses importantes pour eux. Les syndicats ont déjà mis en place un système comptable digne de ce nom. De nombreux syndicats divulguent déjà publiquement ces renseignements financiers, que ce soit à leurs membres ou à d'autres parties intéressées. Enfin, tous les syndicats fournissent déjà la majeure partie de ces renseignements à l'Agence du revenu du Canada dans leur déclaration de revenus.
[Français]
Tout ce que fait le projet de loi, c'est exiger que l'information présentée soit rendue publique. Encore une fois, le public veut savoir comment est utilisé l'avantage public accordé aux syndicats.
[Traduction]
Je crois qu'il est légitime d'exiger ce genre de transparence. Le grand public et les députés peuvent en apprendra plus sur le projet de loi en consultant le site Web que j'ai mis en place sur ce sujet. Vous le trouverez au www.c377.ca.
J'invite tous les députés de cette Chambre à examiner les mérites de ce projet de loi et à voir à ce qu'il puisse être examiné de plus près au comité.
:
Monsieur le Président, malgré les protestations du député de , il ne fait absolument aucun doute qu'il s'agit d'une attaque en règle contre le mouvement syndical au pays. Il s'agit aussi manifestement d'une attaque indirecte contre un certain nombre d'autres droits que possèdent les citoyens et résidants canadiens, à savoir: le droit d'association; le droit, bien franchement, à la vie privée; et le droit à la liberté d'expression, qui s'inscrit dans le cadre du droit d'association. Le projet de loi porte atteinte à tous ces droits et, dans certains cas, je dirais même qu'il les bafoue complètement.
Il est totalement faux de prétendre à la Chambre, comme vient de le faire le député de , que tout cela ne concerne que la reddition de comptes et la transparence et que l'idéologie n'y est pour rien.
Penchons-nous un instant sur le contexte de ce projet de loi. Les républicains de Bush ont fait la même chose aux États-Unis. Cependant, ils n'ont pas osé aller aussi loin que ce qui est proposé dans cette mesure législative. J'ai deux citations portant sur l'idéologie, la stratégie et la tactique qui sous-tendent cette proposition. La première est de Newt Gingrich, un des chefs de file de la droite idéologique américaine. Il a déclaré que la divulgation obligatoire de renseignements détaillés sur les activités syndicales militantes permettrait « d'affaiblir nos adversaires et d'encourager nos alliés ».
Un autre tenant de la droite américaine, Grover Norquist, a déclaré ce qui suit:
Chaque dollar dépensé [par les syndicats] pour des activités de divulgation et de reddition de comptes est un dollar qui ne peut pas être dépensé pour d'autres activités syndicales.
Ce concept découle d'un point de vue idéologique et, dans le cas du Canada, il est prôné par les grandes sociétés et les multinationales. C'est le même groupe qui appuie le projet de loi et qui souhaite le voir être adopté. Cela n'a rien à voir avec la reddition de comptes et la transparence. Selon moi, il est évident que le gouvernement fait preuve d'une très grande hypocrisie à cet égard. Il s'agit d'une attaque contre le mouvement syndical au pays.
Dans une certaine mesure, le projet de loi est calqué sur la loi fédérale en vigueur aux États-Unis. Toutefois, il va beaucoup plus loin. Par exemple, aux États-Unis, la loi ne vise que les syndicats nationaux et l'association nationale des syndicats. Au Canada, le projet de loi englobe toutes les organisations syndicales, même les fiducies qu'elles ont créées dans les domaines de la santé et de la sécurité ainsi que de l'environnement, et un certain nombre d'activités qu'elles mènent au moyen de fonds fiduciaires. Le projet de loi vise chacune de ces organisations, y compris les petites sections syndicales locales, dont plusieurs se trouvent dans ma circonscription, et qui comptent un comité de direction se composant de quatre ou cinq personnes, mais aucun employé à temps plein.
Le député est à tout le moins malhonnête envers la Chambre lorsqu'il laisse entendre que le projet de loi n'exige pas grand-chose de plus des syndicats que la déclaration qu'ils sont déjà tenus de produire. C'est absolument faux.
Je le répète, la mesure qui avait été présentée aux États-Unis est loin d'être aussi exigeante que celle-ci. Néanmoins, les syndicats américains ont constaté qu'il leur fallait affecter deux personnes pendant presque la moitié de l'année à la préparation des déclarations additionnelles qu'elle les obligeait à présenter.
Je ne saurais être beaucoup plus clair en ce qui concerne les conséquences qu'aurait ce projet de loi, pas plus que certains mouvements ouvriers ne sauraient l'être, car le projet de loi qui nous est soumis permettrait d'exiger par voie législative plus de renseignements de la part des syndicats. Bien sûr, nous n'avons pas vu ces règlements et ne les verrions pas avant un bon moment. Il demeure tout de même que la mesure augmentera considérablement la quantité d'information à fournir dans les rapports exigés.
Je discerne ici un autre procédé. Je me suis trouvé en Russie alors que Poutine était encore à la tête du gouvernement. Il avait élaboré une stratégie qui obligeait de nombreux groupes de défense des droits de la personne et de nombreux ONG à produire des tas de rapports. C'était phénoménal. Je félicite le député de Surrey de ne pas être allé tout à fait aussi loin. Quoi qu'il en soit, la stratégie mise au point par Poutine avait manifestement pour but de porter un coup aux groupes de défense des droits de la personne, vu la quantité de renseignements qu'ils avaient à fournir.
Le projet de loi s'inspire dans une certaine mesure de l'initiative russe, qui a eu pour effet de détruire bon nombre de groupes qu'elle visait. Certains fonctionne maintenant dans la clandestinité parce qu'ils n'arrivaient pas à produire tous ces rapports.
Nous avons donc deux modèles, celui de l'aile droite républicaine, aux États-Unis, et celui de M. Poutine, en Russie. Dans les deux cas, on s'attaque clairement à des groupes spécifiques: le mouvement syndicaliste aux États-Unis et, en Russie, le mouvement pour les droits de la personne et les ONG.
J'aimerais souligner qu'il est clair, comme le montre notamment le sondage mentionné par le député, que les renseignements sont disponibles, mais que le public canadien et les syndiqués n'en sont pas conscients. De plus, d'après l'Institut Fraser, l'analyse de la loi américaine montre que les renseignements requis sont exhaustifs et très complexes. J'aimerais souligner, encore une fois, que le projet de loi à l'étude aurait pour effet de doubler, sinon plus, la quantité d'information que les syndicats canadiens devront fournir.
Quand il a examiné la loi américaine et son effet sur les États-Unis, en septembre 2006, l'Institut Fraser a indiqué qu'étant donné la multitude de renseignements disponibles:
Une personne moyenne doit y mettre beaucoup de temps et d'efforts si elle souhaite obtenir un portrait réaliste du rendement financier d'un syndicat.
Par conséquent, bien que la loi américaine entraîne une divulgation importante de renseignements, elle le fait d'une manière qui n'aide pas les citoyens ordinaires intéressés à analyser et à comprendre les données.
Quand le mouvement syndical a procédé à l'analyse, ce qui s'est produit, et qui était le but visé dès le départ, c'est que les grandes entreprises ont voulu en apprendre davantage sur les activités qu'entreprennent les syndicats quand ils organisent la main-d'oeuvre ou le processus de négociation d'une convention collective. Les entreprises ont obtenu ces renseignements et les ont beaucoup utilisés. Il s'agissait de données privées qui n'avaient jamais été divulguées par le passé, et elles s'en sont servi, parfois très efficacement, pour agir contre le mouvement syndical.
Le projet de loi va encore plus loin au chapitre des activités d'organisation. Il exige même que les syndicats divulguent les dépenses liées aux avocats qu'ils embauchent. Cette partie du projet de loi sera jugée invalide par un tribunal très rapidement. Aucune cour canadienne n'acceptera que ces dispositions demeurent. Le projet de loi n'atteint tout simplement pas l'objectif mentionné par le député, en raison de la grande complexité et de la grande quantité de détails que les syndicats devront fournir. C'est ce que les États-Unis ont pu constater, et nous aurons une expérience encore plus négative si nous suivons la même voie.
Toutefois, les gens dont c'est le souhait le plus cher et qui appuient ce projet de loi, soit les grandes sociétés et la droite au Canada, pourraient le faire, car ils ont les ressources nécessaires pour utiliser ces données efficacement afin de contrecarrer des campagnes de syndicalisation et d'autres activités syndicales. Voilà l'objectif du projet de loi. C'est un mécanisme qui s'est avéré fort efficace aux États-Unis pour en arriver à ces fins, et ce sera encore bien pire ici. Voilà l'objectif poursuivi par ce projet de loi.
Il importe aussi de se rendre compte que les Canadiens comprennent que les syndiqués ont accès aux renseignements dans le cadre des rapports actuels, soit en raison de la législation provinciale, soit en raison des statuts du syndicat. Je le répète, le projet de loi nous pose problème parce qu'il empiète probablement sur les compétences provinciales, ce qui signifiera vraisemblablement qu'il sera aussi invalidé en partie. Sept des dix provinces exigent que ces renseignements soient communiqués aux syndiqués. Tous les statuts de syndicat que je connais exigent aussi que les états financiers consolidés soient communiqués à tous les membres du syndicat.
Je conclurai en faisant valoir un dernier point concernant les coûts; je crois qu'à cet égard, le député est de mauvaise foi avec la Chambre. Ce dossier entraînerait une forte hausse du nombre de formalités administratives. Si le gouvernement décide de mettre en oeuvre cette mesure, nous avons évalué qu'il faudra embaucher au moins une centaine de personnes. Il faudra aussi créer un tout nouveau système pour analyser les données. Cela nous coûtera des dizaines, voire des centaines, de millions de dollars annuellement.
Si le gouvernement ne met pas la mesure en oeuvre, les renseignements seront tout simplement disponibles et les grandes sociétés pourront les utiliser contre les syndicats. Voilà de quoi il s'agit. D'une façon ou d'un autre, le projet de loi permettra au député d'arriver à ses fins, soit de donner à ses « alliés », comme le dit Newt Gingrich, des renseignements pour combattre leurs ennemis.
:
Monsieur le Président, le gouvernement a mis de l'avant ce problème en présentant un projet de loi d'initiative parlementaire proposé par le député de , parce qu'il croit que c'est un problème important auquel il faut s'attaquer.
J'ai déjà remis en question les priorités du gouvernement auparavant. Je peux honnêtement affirmer que je n'ai reçu ni courriel, ni lettre au sujet de ce problème en particulier. Durant plus d'un an, personne ne m'a indiqué que c'est le genre de projet de loi que nous devons proposer. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement, par l'entremise du député, accorde une telle importance à ce problème, alors que les organisations ouvrières sont aux prises avec beaucoup d'autres problèmes, dont certains ont été créés par le gouvernement. Cela démontre un manque de crédibilité.
Le projet de loi appelle à plus de transparence et de reddition de comptes. Jour après jour, les députés de l'opposition exigent que le gouvernement soit plus responsable et transparent. Il est très difficile d'amener le gouvernement à faire preuve d'honnêteté et de transparence dans beaucoup de dossiers, qu'il s'agisse de certains problèmes liés aux réunions du G8 et du G20 qui se sont tenues à Muskoka ou d'un tour d'hélicoptère effectué par le . Dans un nombre incroyable de dossiers, nous avons tenté d'obtenir plus de transparence et d'ouverture de la part du gouvernement.
Le député ferait mieux de discuter avec les collègues de son caucus, en particulier ceux du Cabinet, notamment au sujet de l'importance de favoriser la transparence et la reddition de comptes dans le secteur public.
Le dossier des organisations ouvrières est important. Au cours des années, j'ai souvent eu l'occasion de rencontrer les membres de diverses organisations syndicales ainsi que des ouvriers ordinaires, que je souhaite représenter le mieux possible. Au cours de la dernière année, j'ai rencontré des travailleurs extrêmement déçus du gouvernement.
Lorsque le gouvernement présente une telle mesure législative par l'entremise d'un projet de loi d’initiative parlementaire en réclamant une plus grande reddition de comptes, il nous suffit de repenser à ce qui est arrivé l’année dernière avec Postes Canada. Les facteurs et autres employés de Postes Canada ont le sentiment d’avoir été trahis par le gouvernement et que celui-ci avait un parti pris pour la société d’État. Les députés se rappelleront peut-être qu’en janvier 2011 le gouvernement du Canada a mis en vigueur une réduction qui avait déjà été convenue entre la société et le syndicat.
Dans le mouvement syndical, nombreux sont ceux qui pensent que le gouvernement a des intentions cachées en ce qui a trait aux négociations syndicales au Canada.
Je me demande si le député de est conscient du caractère délicat de ce qu'il propose avec cette mesure. La législation du travail doit être abordée avec circonspection. Nous devons agir en collaboration avec les dirigeants syndicaux et consulter les travailleurs. Nous avons aussi l’obligation de collaborer avec la partie patronale.
À la fin des années 1980 et au début des années 1990, il y a eu un grand débat à l’Assemblée législative du Manitoba au sujet d'une mesure législative sur l'arbitrage des propositions finales. Le NPD l’avait présentée quelques années auparavant, en avait vanté les mérites et disait que c’était la voie de l’avenir des négociations syndicales. Sitôt arrivé au pouvoir, Gary Filmon s’en est débarrassé. Je me rappelle avoir siégé jusqu’à 2 heures du matin à des réunions de comité, écoutant une multitude de citoyens qui partageaient les réserves du comité à ce sujet. Nous avons entendu des personnes aux opinions diamétralement opposées.
Des engagements ont été pris et rompus et cela a fait du tort à certains parce que, à l’époque, nous avions deux partis politiques désireux de politiser ce qui était une question très importante. Nous avons proposé un amendement qui aurait permis le maintien de l’article sur les propositions finales. Toutefois, comme le gouvernement était minoritaire, conservateurs et néo-démocrates ont voté contre notre amendement, qui aurait permis de conserver les dispositions sur l’arbitrage des propositions finales.
La présentation de mesures qui touchent nos syndicats donne souvent lieu à un débat politisé, et c’est bien ainsi, parce que nous voulons des lois justes et raisonnables. Nous connaissons mieux les besoins réels des travailleurs lorsque nous parlons à certains d’entre eux et que nous rencontrons les chefs syndicaux.
J'ai fait référence à Postes Canada. J'ai discuté avec les employés de cette société. Au cours de la dernière année, le gouvernement a aussi laissé tomber Air Canada. Le syndicat essaie de protéger les emplois. Je ne suis pas complètement objectif. Ma province natale, le Manitoba, a été touchée par les suppressions d'emplois d'Air Canada. Nous croyons qu'Air Canada était tenue, en vertu de la loi, de maintenir certains emplois à Winnipeg. Elle a toutefois enfreint la loi et le gouvernement l'a laissée faire trois fois plutôt qu'une, ce qui a entraîné d'énormes pertes d'emplois dans la ville de Winnipeg.
Lorsque nous sommes témoins de violations de ce genre, que nous soyons employés de Postes Canada ou d'Air Canada, et que le gouvernement présente une loi sur le travail, nous pouvons comprendre pourquoi règnent de tels sentiments d'insécurité.
Les travailleurs moyens se préoccupent avant tout de savoir s'ils pourront gagner et conserver un revenu raisonnable pour subvenir aux besoins de leur famille et maintenir leur train de vie. Ils craignent pour leur pension, surtout depuis que le gouvernement a annoncé qu'il fera passer de 65 à 67 ans l'âge de la retraite. J'imagine que cette question fera l'objet d'un débat enflammé. Je compte en faire un enjeu.
Je crois que les syndicats ont la responsabilité, non pas d'appuyer un parti politique, mais de s'assurer que les travailleurs, les citoyens du Canada, sont au courant de certains de ces changements qui auront une incidence profonde sur les négociations collectives futures, entre autres choses. Nous croyons que la vaste majorité des travailleurs ne veulent pas que l'âge de la retraite soit augmenté à 67 ans.
Les syndicats devront compenser en réaction à cette politique du gouvernement. Ils devront notamment tenir des négociations. S'ils veulent faire paraître une publicité ou mener une campagne quelconque, le gouvernement voudra en être informé et voudra savoir ce qu'il en coûtera. Où cela s'arrête-t-il?
Les gens ont de bonnes raisons d'être inquiets. Je tiens à dire au député et au gouvernement que, si d'aventure cette mesure législative est renvoyée à un comité, nous espérons que le gouvernement sera ouvert à l'idée de convoquer de nombreux représentants syndicaux.
:
Monsieur le Président, je suis très fière d'être, depuis 20 ans, membre du syndicat de la police de Winnipeg , et j'appuie de tout coeur le projet de loi parce qu'il est juste et transparent.
Je félicite le député de pour les efforts qu'il a consacrés à son projet de loi. Depuis son élection en 2004, mon collègue s'est révélé un député d'une grande efficacité et un excellent représentant pour ses électeurs. Il a aussi fondé le caucus mixte parlementaire des circonscriptions frontalières, qui compte des députés de tous les partis, ce qui en fait en quelque sorte un spécialiste des questions frontalières.
Il est clair que ce projet de loi a fait l'objet d'une recherche poussée, qu'il est très bien étayé et qu'il obtient déjà un très grand nombre d'appuis. Je reviendrai un peu plus tard sur les commentaires d'appui que j'ai reçus.
[Français]
J'aimerais d'abord présenter rapidement un résumé du projet de loi. Le projet de loi exigera la divulgation publique des finances des organisations syndicales. Ces dernières seront tenues de produire des renseignements financiers normalisés qui seront ensuite publiés sur le site Web de l'Agence de revenu du Canada.
Cette exigence sera semblable à celle qui s'applique actuellement aux organismes de bienfaisance. Les membres des organisations syndicales ainsi que le grand public seront alors en mesure d'évaluer l'efficacité, l'intégrité financière et la santé de tout syndicat.
J'encourage tous les Canadiens à visiter le site Web www.c377.ca qu'a créé le député de afin d'informer les citoyens au sujet de ce projet de loi. Les Canadiens peuvent aussi télécharger la pétition, la signer et la transmettre à leurs voisins pour témoigner leur appui au projet de loi .
[Traduction]
Nous reconnaissons tous que les syndicats jouent un rôle clé dans la société canadienne vu le soutien qu'ils offrent aux travailleurs en matière de santé et sécurité et parce qu'ils veillent à ce que leurs membres soient convenablement rémunérés. Cependant, force est aussi d'admettre que le gouvernement aide grandement les syndicats qui, du fait de leur statut, sont exonérés d'impôt. Nombreux sont les gens qui ont avancé qu'en raison de l'appui financier que le gouvernement offre aux syndicats, les Canadiens sont en droit de leur demander des comptes.
Comme nous le savons, le gouvernement conservateur est un fervent partisan d'une reddition de compte rigoureuse. Il a présenté la Loi fédérale sur la responsabilité et d'autres mesures législatives afin d'augmenter la transparence des organismes gouvernementaux et des sociétés d'État.
[Français]
Le projet de loi vise à soumettre les organisations syndicales à l'obligation d'informer le public afin de permettre à leurs membres et à tous les Canadiens de mieux évaluer l'efficacité, l'intégrité financière et la santé des organisations syndicales. À cet égard, il convient de souligner de nouveau que les organismes de bienfaisance profitant d'un statut d'exonération fiscale comparable sont soumis à des exigences de déclaration et de divulgation publiques semblables depuis des décennies.
Alors que ce projet de loi suivra le processus législatif, le Comité permanent des finances aura l'occasion de l'étudier plus en détail afin de s'assurer qu'il atteint ses objectifs de la manière la plus efficace et efficiente possible. En ce sens, le Comité permanent des finances entendra de nombreux groupes aux points de vue divers. En fait, de nombreux Canadiens se sont déjà exprimés au sujet de ce projet de loi.
[Traduction]
Il est important de communiquer ces opinions intéressantes et bien informées à la Chambre et à tous les Canadiens. En effet, le projet de loi jouit d'un appui bien au-delà des lignes partisanes, notamment auprès des universitaires, des travailleurs, des entreprises et des Canadiens ordinaires.
Même un ancien ministre libéral a manifesté son appui pour le projet de loi . J'aimerais que les Canadiens entendent ce qu'un ministre du gouvernement libéral de Paul Martin a dit à propos de la mesure législative. Jean Lapierre, ancien député libéral et ministre du Québec, a dit ceci à l'émission Power Play de la CTV:
Bien franchement, ici au Québec, nous avons déjà abordé la question du manque de transparence de beaucoup de syndicats. J'appuie le projet de loi parce que je pense que toute organisation se doit d'être transparente. Souvent, les syndicats fonctionnent comme des clubs privés. Je pense également que tout le monde devrait s'efforcer d'être plus transparent et je pense que l'initiative jouit de l'appui des membres et du grand public, parce qu'il n'y a aucune raison de garder secrets ses états financiers quand on bénéficie de toutes sortes de crédits d'impôt et d'autres avantages. C'est pourquoi je pense qu'une telle mesure s'impose depuis longtemps.
Voici ce que Louis Fortin, spécialiste accrédité en ressources humaines et chercheur associé auprès de l'Institut économique de Montréal, a dit à propos du projet de loi:
Le projet de loi permettra aux employés syndiqués de mieux comprendre comment leurs cotisations syndicales sont gérées et dépensées. Ils ont déjà le droit de demander à leur représentant de leur présenter les [états financiers], mais cette initiative leur permettra d'y accéder plus facilement et de façon anonyme.
Jasmin Guénette, vice-président de l'Institut économique de Montréal, a ajouté que le projet de loi est « une bonne chose pour les Québécois, dont 94,6 p. 100 sont favorables à la divulgation détaillée de l'information financière des syndicats, selon un récent sondage effectué par Nanos. »
Niels Veldhuis et Amela Karabegovic, deux économistes de l'Institut Fraser, qui viendront certainement témoigner au Comité des finances, ont beaucoup écrit au sujet des questions soulevées dans ce projet de loi. Ils ont rédigé un article détaillé à ce sujet en regard de la page éditoriale, dans le National Post, l'automne dernier, et ont soulevé quelques points très intéressants. Permettez-moi de citer un long extrait de l'article en question, dans lequel ils expliquent pourquoi ce projet de loi est si important, plus particulièrement pour les travailleurs canadiens:
La publication de renseignements divulgués publiquement concernant la capacité financière des syndicats permet aux travailleurs de mieux évaluer la situation financière, les activités et le rendement de leurs représentants. La divulgation publique de renseignements financiers permet aux travailleurs et aux parties intéressées d'établir si les dépenses engagées par le syndicat sont appropriées et rentables. En outre, la transparence accrue qui découle de la divulgation publique est également essentielle pour la reddition de comptes, et cela incite les dirigeants syndicaux à gérer correctement les cotisations syndicales.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, même les syndicats se sont prononcés en faveur de ce projet de loi. Je suis syndiquée — et très fière de l'être — et j'appuie ce projet de loi sans réserves. Permettez-moi de rapporter, à la Chambre et aux Canadiens, ce que certains syndicats canadiens ont déclaré publiquement au sujet du projet de loi . Voici, par exemple, ce qu'a déclaré Lerona Lewis, présidente du plus grand syndicat de l'Université McGill, l'Association des étudiantes et des étudiants diplômés employés de McGill, qui représente plus de 3 000 membres: « Vous pouvez aller en ligne et voir, entre autres, les montants dépensés et quand les dépenses ont été faites. Quoi qu'il en soit, nous croyons à la transparence. »
Même des journalistes sont en faveur de cette mesure législative. Voici que qu'a écrit Chris Vander Doelen, chroniqueur au Windsor Star, au sujet de ce projet de loi:
[Les dispositions du projet de loi C-377] obligeraient les syndicats à déclarer toutes leurs recettes et dépenses. Ensuite, l'Agence du revenu du Canada publierait les données en ligne, à l'instar des données des organismes de bienfaisance. À mon avis, c'est équitable, puisqu'il s'agit de mon argent, que les syndicats ne paient actuellement pas d'impôts et qu'il s'agit, annuellement, de centaines de millions de dollars de recettes perdues que le gouvernement pourrait, disons, allouer aux soins de santé.
[Français]
Il est évident que le député de compte sur le soutien de beaucoup de Canadiens à l'égard de son travail pour accroître la transparence et la responsabilisation. J'attends avec impatience la suite des travaux de notre Comité permanent des finances sur cette proposition.
[Traduction]
Je le répète, je suis fière d'être membre du syndicat de la Winnipeg Police Association. J'appuie ce projet de loi, parce qu'il favorise l'équité et la transparence. Les députés d'en face qui s'opposent à la transparence et à l'équité devraient expliquer pourquoi ils siègent à la Chambre des communes. En effet, il incombe à la Chambre de veiller à faire respecter les règles d'équité et de transparence, afin que tous les Canadiens en profitent.
:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole sur le projet de loi du député de . En commençant, je n'ai pas le choix de dire quelques mots sur la du Parti conservateur, qui a dit être une fière syndicaliste et vouloir qu'il y ait de la transparence. Elle devrait être aussi une fière conservatrice. Pourquoi, la semaine dernière, a-t-elle refusé de dévoiler les salaires des employés du Bureau du premier ministre? La députée de se dit transparente et aimer son organisation syndicale des policiers. Les policiers du Canada voulaient avoir un registre des armes à feu, et la même députée a voté contre. Quelle
joke de la part de cette députée, de la secrétaire parlementaire du ministre des Finances.
On peut voir que ce n'est pas un projet de loi du député de la Colombie-Britannique. Ce n'est pas un projet de loi du député de . C'est un projet de loi du gouvernement. Ça avait été la même chose avec le projet de loi sur le registre des armes à feu qui avait été présenté par un député. Ce ne sont pas des projets de loi de députés. C'est la manière du gouvernement fédéral, des conservateurs, de passer par la porte d'en arrière, plutôt que de passer par la porte d'en avant.
Regardons la justice. Si le député qui a déposé le projet de loi croit vraiment à la transparence, si la députée de qui vient de parler croit vraiment à la transparence, pourquoi, dans son discours, n'a-t-elle jamais dit que des organisations comme l'Institut Fraser ne seraient pas assujetties à ce projet de loi? Pourquoi ne mentionne-t-on pas que les pétrolières ne sont pas assujetties à ce projet de loi, lesquelles reçoivent de l'argent des contribuables? En parlant de transparence et de justice, pourquoi ne parle-t-on pas des banques qui ont reçu des baisses d'impôt alors qu'elles ont fait 20 milliards de dollars de profits l'année passée et que les présidents de ces banques se sont versés des bonus de 11 milliards de dollars? Et le gouvernement conservateur continue à leur donner des baisses d'impôt. Puisqu'ils parlent de transparence, pourquoi ne demandent-ils pas à ces gens d'être transparents?
Je cite le projet de loi: « l'état des déboursés relatifs aux activités de relations de travail, ». On parle d'un syndicat qui est là pour défendre les travailleurs. Parlant de transparence, il y a sept provinces qui disent qu'en vertu du code du travail, les syndicats doivent se rapporter à leurs membres, et non au grand public. Tous les petits détails des activités d'un syndicat ne regardent pas le grand public, pas plus que les détails quotidiens des dépenses des banques ou des pétrolières ne sont les affaires du grand public.
Pourquoi ne parle-t-on pas des organisations professionnelles et des associations d'avocats du Canada? C'est le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes qui a tenu ce Parlement en haleine pendant 58 heures pour légiférer en vue de forcer les travailleurs de Postes Canada à retourner au travail. Le député n'a pas dit que son projet de loi va imposer des pénalités aux syndicats. La dit qu'elle est fière d'être une syndicaliste. Pourtant, ce projet de loi va imposer 1 000 $ de pénalité par jour aux syndicats qui n'auront pas fait rapport de leurs finances.
Aucune loi du Canada n'impose de pénalité aussi lourde à une organisation. La députée de a l'audace de dire à la Chambre qu'elle est une fière syndicaliste, qu'elle est près des syndicats de policiers, qu'elle a du respect pour eux. Pourtant, elle veut imposer 1 000 $ de pénalité par jour au syndicat et enlever l'argent aux travailleurs qui leur sert à négocier avec les compagnies.
Elle veut que les syndicats rendent publics tous leurs états financiers au profit des compagnies avec lesquelles ils négocient, c'est à dire la Banque Royale, la Banque de Montréal, la Toronto Dominion toutes les autres banques et les pétrolières.
On veut qu'ils rendent publics leurs états financiers. Voyons donc!
Le député aurait pu prendre le temps d'inclure dans son projet de loi d'autres organisations qui auraient pu faire partie du même projet de loi. Ça fait 15 ans que je suis à la Chambre des communes, je sais comment un projet de loi peut se faire. On aurait pu inclure les organisations syndicales et les grands entrepreneurs, on n'aurait pu inclure tout le monde, mais ce n'est pas ça que les conservateurs ont choisi de faire. Ils ont choisi d'attaquer les représentants des travailleurs et des travailleuses.
Si le député n'avait pas voulu attaquer les travailleurs et les travailleuses, il aurait dit qu'il croyait à la transparence et que comme il y avait 7 provinces où, selon le Code canadien du travail, les syndicats envoyaient déjà leurs états financiers à leurs membres, on allait étendre cela à tout le Canada. Mais ce n'est pas ce qu'il fait. Il demande que les syndicats exposent leurs états financiers à tout le monde. Or qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire les donner à leurs adversaires, les donner aux employeurs, les donner aux pétrolières et les donner aux grosses compagnies comme Caterpillar.
Combien d'argent des contribuables Caterpillar a-t-elle reçu du gouvernement du Canada? Le député est-il sensible à ça? Aujourd'hui, Caterpillar ferme ses portes, s'en va et met les travailleurs à la porte. Où est-il, le député, dans ce cas-ci? Où sont les conservateurs dans ce cas-ci, puisque c'est le qui est allé à London, Ontario, et a serré la main à l'employeur? Je le vois descendre de sa locomotive, je le vois en descendre chaque fois à la télévision. Et l'argent des contribuables? Où est la transparence après qu'ils aient eu l'argent des contribuables? Aujourd'hui, on ferme les portes et on met les travailleurs à la rue. C'est la même chose avec Papiers White Birch au Québec. On ferme ses portes parce qu'on ne veut pas donner aux travailleurs leur fonds de pension.
Qui crucifie aujourd'hui les travailleurs et les travailleuses, les hommes et les femmes de notre pays? Ce sont ces grosses entreprises qui, quand ça ne va pas comme elles le veulent, ferment leurs portes et mettent les travailleurs à la rue. Pourquoi ce gouvernement ne s'est-il pas attaqué au gros bobo? Il devait dire à ces gens qu'ils avaient des comptes à rendre parce qu'ils avaient reçu des réductions d'impôts de la part du gouvernement. Si ce gouvernement veut être si transparent, pourquoi les employés du Bureau du premier ministre ne nous disent-ils pas leur salaire? Pourquoi n'est-on pas capable de savoir combien ils sont payés? La grande transparence des conservateurs, je n'y crois pas. Mon oeil! Mon oeil! C'est seulement une attaque du mouvement ouvrier, comme le gouvernement l'a fait aux postiers et aux travailleurs d'Air Canada.
Je suis sûr et certain que les travailleurs et travailleuses, et même tous les citoyens, vont comprendre le jeu des conservateurs.
Les gens ont travaillé fort pour gagner des fonds de pension, des salaires, des conditions de travail, le droit à la santé et à la sécurité au travail. Ce n'est pas ce que veut le gouvernement conservateur. Il veut leur enlever le petit peu que les travailleurs et travailleuses ont obtenu au Canada. C'est ce que ce député est en train de faire avec son projet de loi. Ce n'est pas de la transparence. S'il avait voulu parler de transparence, il aurait dit à ces organisations de rendre des comptes à leurs membres, mais il sait qu'elles le font déjà.
Que cherche ce gouvernement? Sa seule envie est de les détruire. Je n'ai pas honte de me lever et de défendre les travailleurs et travailleuses et l'organisation qui travaille pour eux contre l'abus et l'esclavage au travail. Des gens du Nouveau-Brunswick s'en vont dans l'Ouest, et trois jours après, l'employeur leur dit de reprendre l'avion et de retourner chez eux, et il les laisse dans les tentes. Est-ce de la justice sociale, de la justice pour les travailleurs et travailleuses? Non! C'est honteux d'avoir un projet de loi comme celui-ci. Je vais me battre contre. J'ai des raisons de croire que le gouvernement conservateur va le faire adopter, de la même façon qu'il a détruit le registre des armes à feu qui était là pour la sécurité des Canadiens et Canadiennes.
Un jour, les Canadiens et Canadiennes vont avoir la chance de voter, et je souhaite qu'ils mettent les conservateurs à la porte une fois pour toutes et pour longtemps.