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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole dans le cadre du débat sur la motion du portant sur le rôle du Canada en Libye.
Les Forces canadiennes aident à protéger la population civile en Libye contre la violence perpétrée par le régime Kadhafi. Notre intervention en Libye se fait dans le cadre d'une mission dirigée par l'OTAN autorisée par les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies. La Chambre des communes a donné son appui unanime à des sanctions et à une intervention militaire. Les conditions à l'origine de ces mesures existent toujours.
Le régime Kadhafi s'est toujours moqué des droits de la personne et a refusé de respecter ses propres obligations juridiques et humanitaires internationales. Il a décidé de faire la guerre à sa propre population, y compris en ayant recours à des actes de violence sexuelle et au viol comme une arme de guerre pour atteindre ses objectifs militaires. C'est pour cela que notre gouvernement conservateur est d'avis que le Canada doit poursuivre son rôle en Libye aux côtés de ses partenaires de l'OTAN pour la période de temps déterminée par l'alliance. Voilà pourquoi nous débattons de cette motion aujourd'hui.
Les dirigeants de l'OTAN ont dit qu'une prolongation de 90 jours est actuellement nécessaire pour amener un changement en Libye et nous sommes d'accord avec cette évaluation. Le Canada a travaillé étroitement avec ses partenaires internationaux et régionaux, comme les Nations Unies, la Ligue arabe, l'Union africaine et l'OTAN, et continuera de le faire, pour assurer la paix et la sécurité du peuple libyen.
En tant que ministre de la Condition féminine et députée d'une Chambre des communes élue librement, je veux parler des allégations sérieuses voulant que le régime Kadhafi ait recours au viol, à la menace de viol et à d'autres formes de violence sexuelle contre la population libyenne.
Étant donné le chaos qui règne dans l'Ouest de la Libye et le stigmate lié à la dénonciation du viol en Libye, il est difficile de savoir exactement ce qui se passe en ce moment, mais nous en apprenons de plus en plus chaque jour. L'enquête du procureur de la Cour pénale internationale a révélé le 8 juin qu'il y avait des éléments de preuve importants indiquant que Kadhafi utilise le viol comme une arme contre la population libyenne. Par conséquent, le procureur envisage d'ajouter le viol aux graves accusations qui pèsent contre Kadhafi et les membres de sa famille.
Nous avons tous entendu des rapports médiatiques sur le cas de Mme Imam al-Obeidi, qui a été enlevée et qui a par la suite été détenue, en mars, alors qu'elle tentait de dire à un groupe de journalistes étrangers qu'elle avait été torturée et victime de viols collectifs par 15 membres des forces de Kadhafi. Il faut faire enquête sur les allégations d'attaques comme celles dont Mme al-Obeidi a été victime. La torture et l'utilisation systématique du viol contre la population constituent non seulement de graves violations du droit international, mais sont également des pratiques révoltantes et inacceptables.
Je concentre le reste de mon intervention sur la situation générale des femmes et des jeunes filles.
L'expérience des femmes et des jeunes filles dans le cadre de conflits armés est souvent liée à leur situation dans la société. Or, nous savons que lorsque les femmes et les jeunes filles se portent bien, l'ensemble de la société en bénéficie. Par conséquent, le fait de les habiliter peut contribuer à la promotion de la paix et au progrès général.
Le recours à la violence sexuelle comme instrument de guerre ravage les sociétés comme peu d'armes peuvent le faire. Ce genre de violence dévaste des familles et des collectivités entières. C'est une pratique foncièrement mauvaise, immorale et répugnante. En pareil contexte, la violence sexuelle peut être considérée comme un crime de guerre ou comme un crime contre l'humanité.
En 1995, des représentants de pays du monde entier ont assisté à la quatrième conférence des Nations Unies sur les femmes à Beijing et ont convenu que « s’il est vrai que les communautés subissent tout entières les conséquences des conflits armés et du terrorisme, les femmes et les petites filles sont particulièrement touchées en raison de leur place dans la société et de leur sexe ».
Lorsque, dans un pays, les femmes et les jeunes filles sont déjà victimes de violence et de discrimination avant un conflit, la situation s'aggrave lorsqu'un conflit éclate effectivement. Voilà pourquoi notre gouvernement prend des mesures à cet égard. Aujourd'hui à Rome, la a annoncé, entre autres mesures, que le Canada aidera jusqu'à 50 000 femmes et jeunes filles en Libye qui, en raison de leur sexe, ont été victimes de violence ou risquent de l'être.
Nous devons nous employer à promouvoir l'égalité des sexes et faire en sorte qu'on reconnaisse que les conflits ont des répercussions différentes sur les femmes et sur les jeunes filles et qu'on se penche sur ce problème, en temps de guerre comme en temps de paix. Pour que cet objectif puisse être atteint, il est important d'inclure les femmes au processus de paix et de leur offrir la formation et le soutien dont elles ont besoin pour y participer de façon substantielle.
En octobre 2010, le Canada a dévoilé son plan d'action sur les femmes, la paix et la sécurité. Ce plan national nous aidera à concentrer nos efforts et à coordonner la mise en oeuvre de nos engagements et il renforcera l'efficacité de notre intervention pour assurer l'intégration systématique des préoccupations et des expériences des femmes et des jeunes filles dans des situations de conflit.
Le principe de l’égalité à tous les stades d’un conflit et en temps de paix est la clé du développement de pays stables établis sur la base des droits de la personne et de la primauté du droit.
Notre plan d’action national guidera le Canada dans l’élaboration de sa politique et dans la façon dont il recrute et entraîne les militaires et déploie ses troupes pour leur assurer les connaissances et les directives nécessaires pour pouvoir appliquer efficacement les politiques du Canada en campagne. Notre plan vise à orienter nos interventions à l’étranger de façon à encourager la participation des femmes et des filles, à promouvoir leurs droits et à leur assurer un accès égal à l’aide humanitaire et à l’aide au développement.
C’est lors de débats particuliers comme celui-ci qu’il est essentiel d’avoir un plan d’action national, et je lève mon chapeau au gouvernement pour sa position proactive sur cette question. Le Canada protège depuis longtemps les droits et le bien-être des femmes et des filles en situation de conflit. Le fait que nous veillons activement à appliquer les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité le montre bien. Nous avons aussi pris des mesures dans le cadre de programmes internationaux pour réprimer la violence sexuelle, appuyer la société civile et renforcer les mécanismes internationaux en matière de justice criminelle.
Le gouvernement comprend qu’il faut accomplir du travail dans différents domaines pour faire progresser les droits des femmes et faire reconnaître le droit à l’égalité pour les femmes dans le monde. C'est pourquoi nous sommes fiers que le soit à la tête des efforts internationaux pour améliorer la santé des mères et des enfants, et parfois leur sauver la vie, dans certains des pays les plus pauvres du monde. Pour ce faire, nous ciblons les principales causes de mortalité chez les mères et les enfants dans les pays vulnérables. Ces nouvelles initiatives favoriseront des approches globales et intégrées qui permettront d’assurer des services de santé bien nécessaires aux mères et aux enfants.
C’est dans cet esprit que j’ai piloté la récente initiative de tous les partis à la Chambre des communes, à la dernière législature, visant à obtenir une résolution des Nations Unies proclamant le 22 septembre Journée internationale des filles. Une résolution en ce sens ayant obtenu l’appui de tous les partis à la Chambre a été reconnue comme un élément clé pour l’avancement des filles dans le monde entier.
Les Canadiens comprennent que, quand les filles ont des bases solides dans la vie et qu’elles acquièrent des compétences valables dans de bonnes conditions de vie, elle peuvent vraiment s’épanouir et contribuer à bâtir un monde meilleur. La Journée internationale des filles suscitera de l’enthousiasme partout dans le monde en faveur de ces objectifs. Elle aidera à sensibiliser le monde aux défis particuliers des filles et à leur énorme potentiel.
Le thème du Canada, cette année, pour la Journée internationale de la femme, était « Les droits des filles comptent », parce que nous savons que quand les filles connaissent leurs droit, elles sont plus aptes à les exercer à leur avantage et à l’avantage de leur famille et de leur collectivité.
La promotion des droits de la personne et de l'égalité entre les hommes et les femmes, entre les garçons et les filles, continuera de représenter l'une des importantes priorités du Canada en matière de politique étrangère et de politique d'aide. Elle repose sur la conviction selon laquelle il est essentiel que les femmes et les jeunes filles jouissent de droits égaux pour la progression des droits de la personne et du développement démocratique en général, et selon laquelle on ne pourra prétendre à un développement durable et équitable tant que les femmes ne participeront pas au développement durable de leur société en tant que partenaires et décisionnaires de plein droit.
Par conséquent, le Canada n'a jamais cessé de promouvoir l'intégration de l'analyse comparative entre les sexes dans les travaux de toutes les tribunes internationales, notamment les organisations multilatérales comme les Nations Unies, l'OCDE, le Commonwealth, la Francophonie et l'OEA.
Le Canada a joué un rôle clé en ramenant à l'avant-plan des discussions internationales des questions comme la violence faite aux femmes, les droits des femmes en tant que droits de la personne, le recours aux appareils nationaux pour l'avancement des femmes et la participation des femmes aux processus décisionnels.
Nous avons condamné la lapidation des femmes en Afghanistan, nous nous sommes élevés contre la violence motivée par des questions d'honneur, et nous nous sommes opposés à toute forme de violence faite aux femmes et aux jeunes filles à l'échelle mondiale.
Le gouvernement est également déterminé à lutter contre la violence faite aux femmes et aux jeunes filles du Canada. Comme les députés le savent, dans le récent discours du Trône, nous nous sommes engagés à prendre des mesures pour nous attaquer à ce problème.
Aucun des devoirs du gouvernement n'est plus fondamental que celui d'assurer la sécurité personnelle de ses citoyens. Il prend cette responsabilité très au sérieux. Nous continuerons de protéger les membres les plus vulnérables de notre société et de nous employer à prévenir la criminalité. La violence faite aux femmes touche chacun de nous. Elle détruit les familles et affaiblit notre tissu social.
Je suis fière de faire partie d'un gouvernement qui s'engage à garantir que tous ses citoyens soient traités équitablement et avec respect, et à prendre d'autres mesures pour prévenir les actes de violence contre les femmes et les jeunes filles, tant au pays qu'ailleurs dans le monde.
Au cours de la dernière année, j'ai rencontré des femmes et des jeunes filles du monde entier. Elles m'ont parlé des difficultés qu'elles éprouvaient à accéder à l'instruction et à échapper à la faim, à la maladie et à la violence.
Nous devons demeurer vigilants et fermes pour faire en sorte que les femmes puissent jouir de la dignité et du respect auxquels elles ont droit en tant qu'êtres humains.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir participer aujourd'hui au débat sur cette motion importante.
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec un éminent parlementaire, le député de .
[Français]
J'aimerais commencer en remerciant les électeurs de Beauséjour, au Nouveau-Brunswick. C'est la première occasion que j'ai de prononcer un discours dans ce nouveau Parlement. C'est la cinquième fois que les électeurs de Beauséjour m'accordent leur confiance et, pour cette raison, je tenais absolument à les remercier et à exprimer ma volonté de les servir au meilleur de mes capacités pendant les quatre prochaines années.
Je peux indiquer aussi à la Chambre, comme l'ont fait mes collègues de et de , que nous allons appuyer la motion déposée par le gouvernement, amendée par le NPD et aussi par le sous-amendement de mon collègue de Toronto-Centre.
[Traduction]
Il est aussi important de noter que cette mission en Libye, à laquelle les Forces canadiennes participent activement, a été autorisée par les Nations Unies. Certains de mes collègues ont fait référence aux deux résolutions, 1970 et 1973, qui ont autorisé une intervention militaire visant à protéger les civils, à garantir que les personnes touchées par cette crise dévastatrice reçoivent de l'aide et à s'assurer que le régime du colonel Kadhafi n'est pas en mesure d'utiliser des avions ou des hélicoptères de combat, ou d'autres armes lourdes, pour attaquer la population civile non armée de la Libye.
[Français]
Les Nations Unies, en adoptant la résolution 1973, ont imposé une zone d'exclusion aérienne au-dessus du territoire libyen le 17 mars de cette année.
Le Parlement canadien, comme on le sait très bien, a approuvé la participation canadienne le 21 mars. Le Parlement canadien a approuvé de façon unanime la participation du Canada avant les dernières élections fédérales.
L'OTAN a décidé de prolonger — ou d'étendre, si vous voulez — la durée de la mission jusqu'au 22 septembre 2011.
[Traduction]
Il est également important d'indiquer l'appui de notre parti, et mon collègue de s'étendra plus longtemps sur ce sujet dans quelques minutes, pour les hommes et les femmes servant dans les Forces canadiennes qui, comme toujours, font un travail remarquable dans des conditions très difficiles.
Du point de vue de la politique étrangère, le député de a bien expliqué la position du Parti libéral selon laquelle nous devrions élargir le rôle du Canada non seulement en Libye, mais aussi dans les autres démocraties fragiles de la région.
Au début du débat d'aujourd'hui, le a reconnu officiellement, à juste titre, le Conseil national de transition libyen et l'a félicité pour son travail important à Benghazi, ainsi que pour ses tentatives de construire des institutions démocratiques et des institutions d'État qui seront accessibles aux Libyens en cas de changement de gouvernement.
Nous croyons que le Canada peut jouer un plus grand rôle. Nous appuyons certainement la décision du gouvernement de reconnaître cette institution représentant les Libyens. Nous sommes également encouragés par la décision du gouvernement d'augmenter l'aide humanitaire de 2 millions de dollars. C'est un bon début.
De notre point de vue, on ne peut pas mettre l'accent uniquement sur l'intervention militaire. Grâce à leur travail efficace, nos diplomates, nos organismes non gouvernementaux, nos organismes de développement et, bien entendu, l'Agence canadienne de développement international, peuvent jouer un rôle crucial pour ce qui est de protéger les habitants de ce grand pays qu'est la Libye. Leurs efforts peuvent également aider les Libyens à bâtir la capacité et les institutions nécessaires pour assurer les fondations d'une démocratie naissante, dotée d'institutions d'État durables dans une région du globe qui, malheureusement, a souvent été déchirée par des conflits armés à une époque où la démocratie aurait offert une solution tout à fait positive et progressiste à ces pays.
[Français]
Le ministre des Affaires étrangères a annoncé ce matin une aide accrue du Canada, soit l'augmentation de notre aide humanitaire de 2 millions de dollars, ainsi que la reconnaissance officielle du Libyan National Council en tant que représentant de la population libyenne. On l'applaudit pour cela. Pour nous, c'est un début important. Comme je l'ai dit, le Canada a une longue tradition pour ce qui est d'appuyer des démocraties qui lancent cet aspect de la vie civile d'un pays, ce qui est souvent difficile.
[Traduction]
Si quelqu'un doute que nous vivions dans un monde instable, les événements qui ont eu lieu au printemps dernier dans cette partie du monde, le Moyen-Orient — événements qu'on désigne maintenant sous le nom de printemps arabe — sont venus nous rappeler le rôle que la communauté internationale peut jouer.
Selon moi, la Chambre se mobilise aujourd'hui pour appuyer non seulement le travail des membres de nos forces armées, mais aussi les efforts déployés par les diplomates canadiens, les employés exceptionnels du ministère des Affaires étrangères et de l'Agence canadienne de développement international ainsi que les milliers d'autres personnes qui oeuvrent au sein d'organismes non gouvernementaux.
[Français]
Il y a aussi les experts en droit constitutionnel. Je pense aux difficultés que représente l'établissement d'un système fédéral dans des régions du monde qui n'ont connu presque rien d'autre que le conflit. Des politicologues et des professeurs de droit international ont contribué à bâtir un avenir démocratique dans plusieurs pays dans la région où se trouve la Libye — le Moyen-Orient. Le gouvernement devra continuer à démontrer une ouverture beaucoup plus grande à l'égard de ce genre d'action et ne pas simplement viser une contribution militaire, quoique importante et autorisée par les Nations Unies. Nous croyons qu'on peut offrir une plus grande contribution et d'une durée plus importante en appuyant ces instances.
[Traduction]
Je vais conclure en disant que le Parti libéral est très fier du rôle que le Canada a joué pour mettre sur pied des institutions démocratiques et pour aider et protéger les gens qui sont confrontés à de graves difficultés au chapitre des droits de la personne.
Je pense que nous avons tous été consternés quand nous avons vu, en février, des attaques sauvages et brutales du régime du colonel Kadhafi à l'endroit de civils non armés. Pendant ce temps, il y avait des manifestations pacifiques dans des pays comme la Tunisie, en Égypte et en Libye, des gens qui exprimaient leur désir de choisir leur propre avenir, d'élire les personnes qui gouverneront leur pays, de choisir ceux qui régiront leur pays dans le respect de la primauté du droit, des droits de la personne et des droits des femmes, qui sont très souvent brutalisées par ces régimes qui cherchaient à mettre fin à ces manifestations pacifiques. Quand nous avons été témoins de cette brutalité, je pense que tout le monde à la Chambre et au Canada a convenu, comme nous l'avons fait en mars, que nous devions jouer un rôle.
Nous avons commencé par jouer un rôle sur le plan militaire. Nous avons déployé le NCSM Charlottetown, du personnel des forces aériennes et des employés de soutien et, comme je l'ai dit au début de mon discours, nous avons fait de l'excellent travail. Je pense que personne ne remet en question notre contribution sur le plan militaire.
Toutefois, le temps est maintenant venu pour le gouvernement, pour la Chambre, et je l'espère, pour le Comité des affaires étrangères, d'examiner les mesures additionnelles qu'ils pourraient prendre, au chapitre de la gouvernance, du renforcement des capacités, de respect des droits des femmes, ainsi que pour veiller à ce que la Cour pénale internationale soit en mesure de traduire en justice les responsables de ces massacres. C'est une idée canadienne. Nous devrions continuer d'appuyer les institutions multilatérales comme celle-ci pour aider les Libyens dans leur cheminement vers la démocratie et la liberté.
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Monsieur le Président, je suis ravi de cette occasion de prendre la parole dans le cadre de cet important débat.
Un large consensus semble se dégager à la Chambre en ce qui concerne le prolongement de l’intervention des Forces canadiennes pour une durée de trois mois et demi. Je me félicite de constater que le gouvernement a réagi positivement aux amendements proposés par les néo-démocrates et les libéraux.
J’espère qu’à la fin de ces trois mois et demi la situation sur le terrain aura évolué et que les Libyens pourront enfin contempler une vie meilleure que celle qu’ils ont connue au cours des derniers mois. Espérons pour nous tous, mais en particulier pour les Libyens, que nous n’aurons pas à reprendre ce débat dans trois mois et demi pour parler d’une situation aussi grave en Libye.
Je tiens à noter que les Canadiens sont vraiment peu enclins à s’engager dans un autre conflit. Si je me fie au grand nombre de conversations tenues pendant la campagne électorale, il est très clair qu’ils ont le sentiment d’avoir fait leur part en Afghanistan et qu’ils ne veulent pas intervenir dans d’autres conflits. La vraie question qu’il faut se poser, c’est la suivante. Quelle est la stratégie de désengagement et quel est l’objectif ultime?
La question que je pose dans le cadre de mes commentaires, c’est celle-ci. Qu’arrivera-t-il maintenant? Je tiens à formuler cette question comme une critique plutôt que comme un jugement à l’égard du gouvernement. Une critique n’est pas nécessairement un jugement, mais la critique est fondée sur la doctrine de la responsabilité de protéger.
Il est plutôt facile de prendre part à ces missions. Il est beaucoup plus difficile de s’en retirer. Ironiquement, le succès remporté jusqu’ici par la mission nous amène à nous demander ce que nous allons faire maintenant. Une responsabilité de protéger judicieuse pourrait bien servir de feuille de route, plus que ce que nous avons entendu jusqu’à maintenant.
M. Kadhafi est pris au piège et, à moins d’un tour à la Houdini, ce sera la fin de son régime tyrannique. Qu’allons-nous faire maintenant? Quelles initiatives le gouvernement a-t-il prises ou compte-t-il prendre afin de rendre une certaine stabilité à la Libye? Le Canada sera-t-il mis à contribution pour régler les questions d’aide ou de gouvernance? Si oui, comment? Quel est notre niveau de contact avec le conseil de Benghazi? Qui pilote ces contacts? Quel objectif espérons-nous atteindre?
Jusqu'à maintenant, la mission militaire a été brillamment exécutée, et ses bons résultats ne sont pas étrangers au travail des hommes et des femmes qui nous honorent grandement en portant l'uniforme canadien. Ces résultats ne sont pas étrangers non plus au travail du lieutenant-général Bouchard, en tant que commandant de l'OTAN. Cependant, les Canadiens s'interrogent sur l'avenir de la mission, et l'amendement proposé par le député de est certainement utile à cet égard. J'espère que la Chambre l'appuiera.
La responsabilité de protéger tire son origine de l'expression « jamais plus ». Nous avons assisté, de notre vivant, à des génocides perpétrés contre des populations indigènes. Le Rwanda nous vient immédiatement à l'esprit de même que l'Holocauste en Allemagne. Nous avons vu ce qui s'est produit en Serbie. La communauté internationale s'est solidarisée et a dit « jamais plus ».
Au coeur de la responsabilité de la communauté internationale se trouve la nécessité d'agir rapidement et de manière décisive lorsque l'État manque clairement à son obligation de protéger sa population, ce qui était nettement le cas, compte tenu des faits observés sur le terrain, en Libye, lorsque nous avons décidé d'adopter la motion prévoyant notamment la zone d'interdiction de vol, l'embargo sur les armes, les sanctions ciblées et l'aide humanitaire. Ces sanctions peuvent toutes jouer un rôle très efficace à court terme. Cependant, puisque tous les conflits armés se terminent un jour ou l'autre, la vraie question consiste à se demander ce que nous allons faire après. Quelles mesures devront être prises?
J'ai été particulièrement frappé par un article de l'Association mondiale des fédéralistes mondiaux daté d'hier, qui définit des points dont le Parlement devrait tenir compte. Je pense qu'il serait utile d'en parler.
La première question est celle de l'ambiguïté des objectifs. Nous semblons nous éloigner de l'objectif de protection des civils et nous rapprocher plutôt de celui d'éliminer M. Kadhafi. Il y a alors détournement progressif du sens de la mission, qui porte en elle les germes de l'échec. Nous devons faire très attention à ce genre de problème.
Pour ce qui est d'une surveillance éventuelle, de toute évidence, l'OTAN est mieux placée pour se charger de l'opération militaire, mais il faut lui en donner le mandat et éventuellement la capacité de diriger une stratégie politique à multiples volets. Le Canada pourrait se révéler utile s'il le veut. D'ailleurs, il serait intéressant de savoir comment le gouvernement souhaite participer à une stratégie politique de ce genre.
Quant à la stratégie à la va-vite qu'on a retenue, les bombardements ne constituent pas un bon choix. On rêve en couleurs si on s'imagine que M. Kadhafi tombera sous une bombe ou qu'il épuisera ses ressources financières, militaires ou pétrolières. Le Canada devrait promouvoir une désescalade du conflit et faciliter la reconstruction une fois le conflit terminé.
Pour ce qui est de l'utilisation d'une force disproportionnée, à mon avis, l'OTAN a été très prudente dans son recours à la force et j'estime que, à ce jour, elle a scrupuleusement respecté la responsabilité de protéger et que son intervention est largement justifiée.
Le Parti libéral continue à appuyer la mise en oeuvre des résolutions 1970 et 1973. Toutefois, à l'instar de la plupart des Canadiens, nous voulons voir un plan clair qui tient compte des questions que nous avons soulevées. Ce plan doit comporter non seulement des objectifs militaires, mais également des objectifs diplomatiques, humanitaires et après-conflit.
La prolongation de la mission ne devrait pas être vue comme une carte blanche. Les parlementaires devraient avoir l'occasion de se pencher de nouveau sur la mission et de discuter des progrès réalisés.
Je tiens à féliciter tous mes collègues à la Chambre aujourd'hui. J'ai assisté à une bonne partie du débat et c'est un débat de très haute qualité qui est très civilisé. Dans une certaine mesure, le gouvernement devrait prendre note de la qualité du débat aujourd'hui dans ses efforts pour représenter les voeux des Canadiens.
Lorsque nous reviendrons sur cette mission en septembre, il serait utile d'avoir des points de référence pour évaluer notre contribution. Comme tout le monde ici, j'espère que nous n'aurons pas à reprendre cet exercice en septembre, mais il est plus que probable que nous aurons à nous pencher de nouveau sur cette mission.
Le premier point devrait être la protection des civils. Le Canada devrait s'efforcer d'adhérer étroitement à la résolution du Conseil de sécurité, qui charge l'OTAN de protéger les civils. C'est d'ailleurs pour cette raison que le Canada participe à cette mission et cela devrait demeurer l'objectif premier.
Deuxièmement, la mission devrait appuyer la diplomatie. La mission en Libye, il est à espérer, prendra fin plus tôt que plus tard et des mesures devraient être en place pour faciliter la transition vers la démocratie. Cela ne peut se faire avec des bombes et des embargos, mais plutôt au moyen d'un dialogue politique authentique.
Le troisième point, c'est l'aide humanitaire. Le conflit a créé une crise humanitaire en Libye et, si on ne fait rien, il ne fera que s'étendre. La coordination de l'aide alimentaire, des abris et des fournitures médicales devrait être une priorité dans ce pays déchiré par les conflits.
Quatrièmement, il faudrait envisager les opérations de paix au lendemain du conflit. Il devrait y avoir une discussion sur le rôle du Canada en Libye après le conflit et il faudrait établir un plan clair.
Cinquièmement, il y a la question des droits de la personne et de la responsabilité pénale internationale. Le Canada devrait fournir l'appui nécessaire pour permettre le respect des normes en matière de droits de la personne.
L'utilisation de ces points de référence aidera à créer une Libye plus stable et plus sûre une fois le conflit terminé.
Mon parti appuiera la résolution modifiée, mais je propose que la protection des civils, l'appui à la diplomatie, les droits de la personne et la responsabilité pénale internationale constituent les points de référence utilisés pour mesurer notre succès, et cette mission pourrait très bien s'avérer une mission réussie au titre de la responsabilité de protéger.
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Monsieur le Président, comme c'est la première fois que j'ai la parole depuis le début de la 41
e législature, j'aimerais prendre quelques instants pour remercier les gens extraordinaires d'Edmonton-Centre de m'avoir confié pour la troisième fois le rôle de député. Je ne les décevrai pas; nous ne les décevrons pas.
J'aimerais aussi remercier ma femme Judy, nos enfants, Jennifer et Robb, et notre gendre, Jeff, de leur amour et de leur soutien. Je remercie tout particulièrement notre petit-fils de 15 mois, Tyler, de s'être si bien comporté le soir des élections et d'avoir fait bien paraître son grand-père — autant que possible en tout cas.
Enfin, chacun d'entre nous doit sa présence au travail dévoué et acharné des bénévoles. J'ai eu la chance de compter sur un excellent groupe. Sans nos bénévoles, nous ne serions pas ici; je les remercie de tout coeur.
Avant de continuer, j'aimerais dire que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
C'est un plaisir pour moi de participer à cet important débat sur la contribution du Canada à la campagne de l'OTAN en Libye. Je pense que nous avons tous de quoi être fiers du fait que le Canada joue un rôle de premier plan dans la réponse internationale à la crise en Libye.
Le leadership que le Canada continue d'exercer sur la scène internationale est vraiment impressionnant. De plus en plus, nous nous démarquons comme un pays où il faut aller, un pays de plus en plus déterminé à défendre les droits de la personne et les valeurs démocratiques, un pays toujours plus déterminé à travailler de concert avec ses alliés et ses partenaires et un pays qui a la capacité d'agir.
Depuis trois mois, le Canada a apporté les contributions pangouvernementales nécessaires à l'exécution de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Nous aidons la communauté internationale à protéger les civils libyens menacés d'attaques par un régime brutal. Nous faisons appliquer avec efficacité l'embargo sur la livraison d'armes et la zone d'interdiction de vol en Libye.
Les Forces canadiennes sont une composante clé de l'engagement du Canada en Libye. L'opération Mobile est le dernier exemple de la capacité de notre armée de répondre rapidement et efficacement à des crises et à des événements partout dans le monde. Lorsque nous avons été appelés à réagir aux événements en Libye, les Forces canadiennes ont montré de manière impressionnante qu'elles étaient prêtes.
Une journée après que le eut fait appel à elle, notre marine a pu équiper, armer et déployer le NCSM Charlottetown en Méditerranée avec à son bord un CH-124 Sea King.
Notre Force aérienne a aussi fait preuve de professionnalisme à la suite de la décision du Canada de participer à l'application de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des nations Unies. Il n'a fallu que quelques heures aux hommes et aux femmes de la 3e Escadre de Bagotville pour préparer les avions de chasse extrêmement complexes que sont les CF-18 pour un déploiement outre-mer pour remplir une mission à près de 7 000 kilomètres de distance. Nos CF-18 apportent une capacité vitale aux efforts dirigés par l'OTAN en Libye, et cette capacité est nécessaire au succès de la mission de l'OTAN.
De plus, notre Force aérienne a aussi déployé deux CP-140 Aurora. Ces avions de patrouille effectuent des missions de surveillance et de reconnaissance capitales le long de la côte libyenne et fournissent une information précieuse à la coalition. Les forces aériennes ont aussi déployé un CC-150T Polaris et deux CC-130T Hercules dans le cadre de l'opération Mobile afin d'effectuer le ravitaillement en carburant. Ces aéronefs transportent des millions de litres de carburant pour les appareils canadiens et alliés.
Les opérations militaires du Canada en Libye démontrent une vérité durable, à savoir que les hommes et les femmes qui composent les Forces canadiennes sont dévoués, professionnels et toujours prêts à défendre le Canada et les intérêts canadiens.
Le gouvernement s'est donné comme priorité centrale de fournir à nos soldats, à nos marins et à notre personnel de l'air ce dont ils ont besoin pour offrir un excellent service. Pour que les Forces canadiennes soient en mesure d'agir rapidement et efficacement, elles doivent être bien équipées, et leurs membres doivent être bien entraînés et motivés en tout temps.
Les Canadiens s'attendent à ce que nos militaires soient en mesure de faire preuve d'une capacité unique. Ils s'attendent à ce que nos militaires soient prêts à intervenir dans des situations de crise, que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde, et qu'ils soient dotés du personnel, de l'équipement et de l'expertise nécessaires.
Voilà pourquoi le gouvernement du Canada a présenté, en 2008, la stratégie de défense Le Canada d'abord. Il s'agit d'un plan rigoureux pour moderniser notre force militaire et faire les investissements qui s'imposent dans la bonne gamme de capacités. C'est grâce à nos investissements dans cette stratégie que nous pouvons préserver le niveau de disponibilité opérationnelle des Forces canadiennes que nous avons été en mesure de constater dans notre réponse à la crise en Libye. C'est grâce à nos investissements dans les Forces canadiennes que nous pouvons assurer le déploiement rapide de nos ressources dans les régions qui en ont besoin, tant au pays qu'à l'étranger.
En continuant de mettre en oeuvre la stratégie de défense Le Canada d'abord, nous ferons en sorte que les Forces canadiennes puissent maintenir leur leadership à l'étranger, que le Canada demeure un allié fiable et que nous puissions continuer de nous acquitter de notre tâche lorsque surviennent des crises, comme nous sommes en train de le faire en Libye.
Nous avons déjà réalisé d'énormes progrès dans l'exécution de la stratégie de défense Le Canada d'abord, grâce à des investissements solides dans les quatre piliers sur lesquels reposent les capacités militaires: l'équipement, l'infrastructure, le personnel et la disponibilité opérationnelle.
Ces dernières années, le gouvernement a investi dans l'aménagement et le renouvellement des infrastructures de la Défense, notamment la construction de nouveaux hangars, de pistes, d'unités de logement et d'installations médicales qui sont tout à fait essentiels au bon fonctionnement d'une force militaire moderne. Nos militaires ont besoin d'installations adéquates pour la recherche, le développement, la formation et l'entretien du matériel.
Nous allons poursuivre ces investissements nécessaires tout en nous efforçant d'atteindre notre objectif de remplacer ou de remettre en état 50 p. 100 de l'infrastructure existante de la Défense sur une période de 20 ans. Cela représente beaucoup d'infrastructure.
En même temps, nous investissons également dans l'actif le plus important des Forces canadiennes: les gens. Nous sommes chanceux d'avoir des militaires professionnels et hautement dévoués. Nous exigeons beaucoup d'eux et nous avons la responsabilité de leur fournir l'appui nécessaire.
Nous avons pris de nombreuses nouvelles mesures pour améliorer les soins et l'appui pour les militaires actifs. Par exemple, cet hiver, le a annoncé le lancement de la troisième phase de l'Unité interarmées de soutien au personnel avec l'ouverture de cinq nouveaux centres intégrés de soutien au personnel. Ces centres fourniront un guichet de services unique pour les membres des Forces canadiennes malades ou blessés, les anciens membres, leur famille et les familles des militaires décédés.
L'automne dernier, le a aussi annoncé de nouvelles mesures destinées à répondre à certains besoins des membres des Forces canadiennes qui ont subi des blessures graves en Afghanistan. Ces mesures, dont le coût s'élève à 52,5 millions de dollars sur cinq ans, aideront à rendre hommage aux marins, soldats et aviateurs qui ont fait un si grand sacrifice pour leur pays, par la création du programme Une tradition de soins. Nous investissons également 140 millions de dollars dans un système d'information sur la santé qui aidera à améliorer les soins offerts aux militaires qui en ont besoin.
Fait important, le gouvernement donne également suite à son engagement de renouveler les équipements essentiels des Forces canadiennes. En juillet 2009, le gouvernement a annoncé l'achat de nouveaux véhicules de combat terrestre et la modernisation des véhicules existants pour l'armée. Le remplacement et la modernisation de ces véhicules sont essentiels pour maintenir la capacité des Forces canadiennes d'accomplir avec efficacité et succès les missions que nous leur confions.
Dans le cadre du renouvellement des capacités essentielles, nous profitons également des technologies nouvelles qui peuvent réduire encore davantage les risques courus par nos soldats en offrant à ces derniers un niveau de protection plus élevé. La modernisation des véhicules blindés légers III ainsi que l'acquisition de véhicules blindés tactiques de patrouille, de véhicules de combat rapproché et d'autres véhicules qui amélioreront la mobilité des forces se déroulent selon les prévisions.
Nous mettons en application une stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale dans le cadre de laquelle seront construits les navires de soutien interarmées et les navires de patrouille extracôtiers et de l'Arctique. Nous allons également lancer la phase de définition du projet de navire de combat de surface canadien qui vise à renouveler les bâtiments de surface de la marine en remplacement de nos destroyers et de nos frégates. Ces navires sont essentiels pour s'assurer que la marine puisse continuer de surveiller et de défendre les eaux canadiennes et d'apporter une contribution substantielle aux opérations navales internationales.
Nous déployons également des efforts considérables pour ce qui est du renouvellement des capacités aérospatiales des Forces canadiennes. L'an dernier, nous avons commencé à recevoir des appareils de la nouvelle flotte d'avions de transport Hercules CC-130J. Ces nouveaux appareils sont déjà un élément clé des opérations militaires au Canada et à l'étranger. Nous faisons également l'acquisition de 15 hélicoptères Chinook de modèle F; cet appareil constituera un atout essentiel pour l'ensemble des opérations des Forces canadiennes.
L'an dernier, nous avons pris livraison du dernier CF-18 mis à niveau, pour assurer la prolongation de la vie utile du chasseur jusqu'en 2020. Il était essentiel de moderniser les CF-18 pour que les Forces canadiennes puissent compter sur une flotte d'avions de combat modernes et interopérables.
Pour assurer la capacité de notre flotte d'avions de combat au-delà de 2020, nous ferons l'acquisition d'appareils de la prochaine génération, en l'occurrence des F-35 Lightning II. Cet achat assurera l'efficacité de l'Aviation canadienne dans le contexte de sécurité du XXIe siècle, bien au-delà de 2050. Le Canada doit disposer d'une flotte d'avions de combat pour défendre la souveraineté de son espace aérien, pour demeurer un partenaire fort et fiable à l'égard de la défense de l'Amérique du Nord dans le cadre du NORAD et pour assurer l'interopérabilité avec nos principaux alliés dans le cadre d'opérations internationales.
Les opérations actuellement menées en Libye montrent on ne peut plus clairement la nécessité de disposer d'une forte capacité de combat pour permettre aux Forces canadiennes de participer à des opérations avec nos alliés de l'OTAN et à nos militaires de continuer de faire figure de chefs de file sur la scène mondiale.
Les Forces canadiennes sont bien équipées et bien entraînées pour participer de façon substantielle aux opérations internationales comme celle qui est menée en Libye. Le gouvernement continuera de faire les investissements nécessaires dans les capacités militaires, conformément aux principes de la stratégie de défense Le Canada d'abord. Nous veillerons à ce que nos concitoyens en uniforme continuent à participer aux efforts de renforcement de la paix et de la sécurité sur la scène internationale comme l'opération menée en Libye en ce moment même.
La poursuite de notre participation aux opérations de l'OTAN illustrera notre leadership, notre engagement envers l'OTAN et notre fiabilité en tant qu'allié et partenaire. J'exhorte les parlementaires à soutenir la prolongation de l'opération Mobile des Forces canadiennes et je suis ravi de l'appui général exprimé aujourd'hui au Parlement à cet égard.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat cet après-midi et je salue tous les députés, quelle que soit leur allégeance, qui ont apporté leur contribution à ce débat sur cette très importante mission d'aide au peuple libyen.
Je commencerai par dire que le Canada est très préoccupé par la crise libyenne, surtout par la tragédie que vivent des centaines de milliers de personnes prisonnières du conflit ou obligées de se réfugier en Égypte, en Tunisie et dans les pays voisins.
Les images incroyables et les récits bouleversants que nous recevons de la Libye nous rappellent de façon brutale et douloureuse que notre contribution est indispensable. C'est essentiel pour aider la communauté internationale à essayer de rétablir un semblant de stabilité dans la poudrière que représente cette région du monde.
Le Canada est intervenu rapidement dès les premiers jours de la crise en débloquant jusqu'à 5 millions de dollars pour l'aide humanitaire en réponse aux besoins les plus urgents des populations affectées. Moins de trois semaines plus tard, le annonçait un engagement supplémentaire de 3,575 millions de dollars, ce qui portait la contribution de l'Agence canadienne de développement international à plus de 8 millions de dollars.
Voici la ventilation de ces fonds distribués par l'ACDI:
Le Programme alimentaire mondial a reçu 1,5 million de dollars pour apporter une aide alimentaire d'urgence aux populations déplacées et victimes des conflits en Libye, en Tunisie et en Égypte.
Le Comité international de la Croix-Rouge a reçu 1,35 million de dollars pour répondre aux besoins médicaux d'urgence en Libye et pour soutenir les secours que la Croix-Rouge apporte en Tunisie et en Égypte.
Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a reçu 1,25 million de dollars pour fournir une aide humanitaire sous forme d'abris, d'articles non alimentaires, d'eau et d'installations sanitaires aux personnes déplacées dans les pays voisins.
La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a reçu 250 000 $ pour apporter aux personnes qui ont fui en Tunisie et en Égypte une aide humanitaire sous forme de nourriture, d'articles non alimentaires et de soutien médical.
Notre propre Société canadienne de la Croix-Rouge a reçu 75 000 $ pour assurer le transport de fournitures humanitaires stockées à Dubaï et en Tunisie.
L'Organisation internationale pour les migrations a reçu 3,575 millions de dollars pour aider au rapatriement des migrants que le conflit en Libye a forcés à fuir dans les pays voisins et pour les aider à retourner dans leur pays d'origine.
En outre, le Groupe de travail sur la stabilisation et la reconstruction a affecté plus de 600 000 $ à l'achat de matériel de sécurité essentiel pour renforcer la sécurité du personnel humanitaire de l'ONU.
Ces contributions ont été vitales, d'autant plus qu'on a récemment fait état d'agissements inquiétants. Le viol et la violence sexuelle seraient en effet utilisés comme armes de guerre contre la population civile en Libye.
Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a instauré une commission d'enquête internationale, qui étudie tous les cas présumés de violation du droit international en matière de droits de la personne en Libye. Bien que la commission n'ait pas encore terminé son enquête, elle a récemment signalé qu'elle avait recueilli suffisamment de renseignements justifiant la tenue d'une enquête plus approfondie visant à mesurer la portée de ces crimes terribles et, notamment, à déterminer si les forces de commandement de l'un ou l'autre camp ont encouragé leur perpétration.
En étroite collaboration avec leurs partenaires libyens et leurs partenaires tunisiens situés près de la frontière libyenne, les organismes des Nations Unies s'emploient à aider les victimes de ces crimes ignobles. À la frontière tunisienne, le groupe d'organisations distribue des trousses de soins pour les victimes de viol aux installations de santé et aux fournisseurs de services. Il forme le personnel médical à gérer cliniquement les cas de viol et les questions éthiques liées au traitement et à la déclaration de ces cas. De plus, il offre aux survivantes du soutien psychologique et il sensibilise les collectivités à la problématique du viol.
Nous prenons au sérieux les allégations de viol et de violence sexuelle. Nous faisons notre possible pour soutenir les efforts de nos partenaires visant à soigner les victimes de mauvais traitements. En fait, pas plus tard qu'aujourd'hui, la a annoncé le versement de 2 millions de dollars supplémentaires afin d'aider les personnes touchées par les combats en Libye.
L'ACDI a versé 1,75 million de dollars à la Croix-Rouge internationale et 250 000 $ au Fonds des Nations Unies pour la population. Ces sommes aideront le Fonds des Nations Unies à protéger les femmes et les jeunes filles contre le viol et la violence sexuelle. De plus, elles permettront de donner des soins cruciaux aux survivantes de ces gestes ignobles.
Ce nouveau financement fait passer l'aide humanitaire globale du Canada en Libye à 10,6 millions de dollars.
Les fonds humanitaires versés par l'ACDI, en soutenant des organismes comme le Haut Commissariat des Nations Unies et le Comité international de la Croix-Rouge, leur permettent de répondre, au besoin, à des aspects précis de la crise et, notamment, à aider les victimes de la violence fondée sur le sexe.
[Français]
La situation en Libye est, au mieux, volatile. Des milliers de personnes ont encore besoin d'assistance au sein et au-delà des frontières libyennes. Elles ont désespérément besoin de nourriture, d'eau, d'assainissement, de services de protection et de fournitures médicales. Elles ont besoin de notre aide. C'est pourquoi nous sommes fiers d'appuyer nos partenaires humanitaires au sein de l'organisation des Nations Unies et de la Croix-Rouge. Pour fournir une aide efficace, les acteurs humanitaires doivent avoir accès à toutes les personnes touchées par la crise. C'est pourquoi le Canada a appelé toutes les parties impliquées dans le conflit libyen à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.
[Traduction]
Alors que le conflit persiste, le Canada doit continuer de jouer un rôle de soutien en matière de secours humanitaires. C'est primordial. Nous continuons de collaborer étroitement avec nos partenaires internationaux, notamment les Nations Unies, pour observer de près la situation humanitaire en constante évolution et fournir une expertise et une assistance afin d'alléger les souffrances des victimes de cette crise.
Le Canada doit apporter son aide. Nous travaillons de concert avec nos partenaires internationaux pour mettre fin à cette situation épouvantable. Compte tenu de la teneur du débat aujourd'hui, je suis ravi de voir que tous les partis semblent favorables au prolongement de la mission canadienne en Libye.
Au cours du débat d'aujourd'hui, nous avons entendu dire que le Canada est engagé dans une intervention gouvernementale visant à mettre fin à la crise en Libye. À mon avis, les Canadiens peuvent être très fiers de l'intervention de notre gouvernement dès le début de la crise, de la vitesse avec laquelle notre pays a réagi rapidement pour faciliter l'évacuation vers Malte des ressortissants étrangers pris dans le conflit ainsi que de la vitesse avec laquelle les Forces armées canadiennes ont été déployées dans le cadre d'une intervention internationale parrainée par les Nations Unies, dès que la communauté internationale, alarmée, a commencé à être témoin de l'utilisation de la force contre des civils libyens.
Le député d' a très éloquemment souligné que les militaires des Forces canadiennes basés à Bagotville ont pu équiper et préparer les CF-18 en seulement trois jours pour qu'ils soient prêts à participer à la mission internationale et qu'ils soient déployés. À ces six appareils s'est ajouté un septième CF-18. Je suis impressionné par cette célérité et je suis certain que de nombreux Canadiens le sont également.
Je suis grandement impressionné par nos militaires. De nombreux députés auront l'occasion de prendre part, au cours de l'été, à des programmes de familiarisation avec les fonctions de député. J'ai eu le privilège, en septembre dernier, de monter à bord du NCSM Calgary, à Esquimalt. Actuellement, son navire jumeau, le NCSM Charlottetown participe à la mission en Libye.
J'ai été ébahi en regardant travailler les 225 membres d'équipage à bord. J'ai pu voir leur concentration, leur discipline, leurs connaissances et l'esprit de coopération entre les équipes pour accomplir des tâches que personne n'est capable de faire seul. L'importance de la formation du personnel est évidente lorsqu'on voit le NCSM Charlottetown à l'oeuvre dans la région, où il doit interagir avec 18 autres navires de l'OTAN qui se trouvent au large des côtes. Les militaires canadiens ont participé au déminage du port de Misrata et à la protection de la côte et du peuple libyen en empêchant les livraisons d'armes destinées au régime de Kadhafi.
Nous sommes très fiers du rôle joué par notre force aérienne et par notre personnel militaire en général. Je pense que tous les Canadiens devraient être contents de l'effort du Canada pour changer les vies des Libyens. Nous espérons tous que cette crise sera résolue rapidement de manière à ce que, dans quelques mois, nous n'ayons pas à prendre des décisions difficiles pour la suite des choses.
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Monsieur le Président, je tiens à vous aviser que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue le député de .
L'opération militaire en Libye est en quelque sorte un point culminant dans l'évolution des Nations Unies et du droit international, évolution à laquelle, je suis fier de le dire, le Canada a participé à plusieurs reprises et à plusieurs niveaux.
Comme on le sait, c'est la première fois que la responsabilité de protéger a été invoquée et exécutée sous l'égide du Conseil de sécurité des Nations Unies. Deux autres pays, la Russie et la France, ont invoqué ce principe, mais en tant que pays individuels et sans l'appui d'autres nations.
Comme je l'ai dit, c'est une première, et comme je l'ai mentionné, le Canada a participé à l'évolution vers la responsabilité de protéger. Nous nous devons d'en être fiers.
C'est dans les médias que nous avons entendu parler, au tout début, des gestes inacceptables, violents et cruels que le colonel Kadhafi posait contre son peuple, mais c'est également à la suite du travail de la Cour pénale internationale, plus particulièrement du travail acharné et assidu de son procureur en chef, que nous en avons appris davantage sur ce qui se passe sur le terrain et que nous avons pu justifier davantage notre intervention militaire en Libye.
[Traduction]
C'est grâce à la Cour pénale internationale et à son procureur en chef, Luis Moreno-Ocampo, que nous avons pu recueillir des preuves détaillées, parfois fournies par des groupes de défense des droits de la personne, des crimes du colonel Kadhafi contre son peuple. En fait, pour bien illustrer mes propos, j'aimerais lire un extrait d'une conférence de presse donnée par M. Moreno-Ocampo à La Haye. Voici ce qu'il disait des forces du colonel Kadhafi:
Ses forces ont attaqué des civils libyens chez eux et dans des lieux publics, ont tiré des balles sur des manifestants, ont utilisé des armes lourdes contre des participants à des funérailles et placé des francs-tireurs pour tirer sur ceux qui quittaient la mosquée après les prières.
Je m'éloigne un moment du sujet pour parler de la Cour pénale internationale, du rôle que le Canada a joué dans sa création et, plus précisément, du rôle que le gouvernement libéral et un ancien ministre libéral des Affaires étrangères, le bien connu Lloyd Axworthy, ont joué relativement à la Cour pénale internationale, car le travail qu'elle fait touche de très près à la mission dont il est aujourd'hui question.
Comme les députés le savent sans doute, le Canada a directement contribué à la mise sur pied de la CPI. Il présidait à l'époque une coalition d'États appelée le « Groupe de pays d'optique commune », lequel a fait pression sur la communauté internationale pour que le Statut de Rome soit adopté.
Il a également contribué au fonds des Nations Unies qui a permis aux pays en voie de développement de prendre part aux négociations relatives à l'établissement de la Cour pénale internationale.
J'ajouterais que c'est un diplomate de haut rang, Philippe Kirsch, qui a été choisi — par acclamation, quand même — pour présider le comité plénier de la conférence diplomatique qui a eu lieu à Rome en juin et en juillet 1998.
Comme je le disais, le ministre Axworthy a beaucoup fait pour que la communauté internationale donne son appui à la cour.
Je reviens un instant en arrière pour préciser que M. Kirsch a participé activement à la rédaction de la proposition globale finale de la Cour pénale internationale.
Le Canada, alors dirigé par un gouvernement libéral, a été le 14e pays à signer le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
Le 29 juin 2000, le Canada adoptait la Loi sur les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre, devenant ainsi le premier pays du monde à adopter une vaste mesure législative visant à donner suite au Statut de Rome.
Enfin, le 7 juillet 2000, le Canada ratifiait le Statut de Rome.
La Cour pénale internationale a beaucoup contribué à faire progresser la situation en Libye, et le Canada a collaboré de près avec la cour.
Ce qui m'amène à la responsabilité de protéger. Là encore, l'ancien ministre Lloyd Axworthy a joué un rôle capital, puisant dans les connaissances et les leçons que nous avons apprises comme pays, notamment au Rwanda.
Comme les députés le savent, le ministre Axworthy a créé la Commission internationale de l'intervention et de la souveraineté des États. Ce groupe international des Nations Unies a reçu le mandat d'étudier cette question et de déterminer comment nous pourrions nous détacher du principe à l'origine des Nations Unies, organisation qui a été fondée dans le contexte de la guerre froide. Ce principe consistait à respecter en tout temps la souveraineté des États afin de ne pas provoquer de guerre. Or, dans le contexte international postérieur à la guerre froide, ces considérations ne revêtent plus la même importance. En outre, dans un tel contexte, bon nombre de conflits sont en fait des guerres civiles, ou alors, il s'agit de conflits dans le cadre desquels les gouvernements se retournent contre leurs citoyens, comme l'a fait le gouvernement du colonel Kadhafi.
Si Lloyd Axworthy a lancé cette initiative internationale, c'est qu'il était d'avis que le monde civilisé ne peut pas permettre à des dictateurs de massacrer leur peuple. Le seul problème consistait à faire accepter cette idée par plus qu'une poignée de pays occidentaux.
En 2005, l'Union africaine a intégré le concept de la responsabilité de protéger à sa charte. À partir de ce moment, cette idée a commencé à faire son chemin, et en 2006, le Conseil de sécurité de l'ONU a convenu d'intégrer ce concept au droit international.
Mon argument principal est que la mission en Libye est surtout, si je peux dire, une extrapolation du rôle qu'a joué le Canada au sein de la communauté internationale et du leadership qu'il a démontré.
Nous devons faire preuve de prudence lorsqu'il est question de la responsabilité de protéger, car celle-ci est encore perçue avec méfiance par de nombreux pays moins développés qui ont été colonisés. Ces pays perçoivent la responsabilité de protéger comme un prétexte pouvant être utilisé par certains pays qui souhaiteraient intervenir dans des circonstances non justifiées afin de servir leur propre intérêt. Des groupes s'affrontant dans le cadre d'une guerre civile pourraient également y avoir recours; par exemple, un seigneur de guerre sans scrupules pourrait provoquer une crise afin de profiter d'une intervention extérieure.
Nous devons protéger la réputation du Canada en tant que pays pacifique et non impérialiste. Pour ce faire, nous devons faire preuve de prudence lorsque nous participons à des missions de ce type. La réputation du Canada est excellente, et il nous a fallu de nombreuses années pour la bâtir.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de participer à ce débat. Comme d'autres députés, je profiterai de l'occasion, puisque c'est la première fois que j'interviens officiellement dans ce débat, pour remercier les électeurs de Bonavista—Gander—Grand Falls—Windsor de m'avoir choisi pour les représenter lors des quatre ou cinq prochaines années. C'est un honneur.
Je parlerai d'abord du sous-amendement proposé par le Parti libéral, qui se lit comme suit:
Que l'amendement soit modifié par adjonction, après les mots « peuple libyen », des mots suivants:
que le gouvernement canadien noue le dialogue avec le Conseil national libyen (CNL) basé à Benghazi comme entité politique légitime et représentante du peuple libyen libre; qu’il fournisse au CNL des conseils et de l’aide en matière de gouvernance, y compris sur les droits des femmes;
et par adjonction, après le mot « poursuivre », des mots suivants:
qu’il veille à ce que les citoyens canadiens, les résidents permanents ou les visiteurs au Canada ne soient soumis à aucune menace ou intimidation de la part de représentants du régime Kadhafi.
Mon collègue a parlé des nombreuses occasions où nous sommes intervenus dans un tel conflit et de nos efforts diplomatiques au cours des 10 ou 15 dernières années. Nous étions certes motivés par les bonnes raisons, qu'elles soient philosophiques ou fondées sur notre responsabilité de protéger le peuple — comme l'a mentionné mon collègue. Bien sûr, il nous incombe de défendre les valeurs, la sécurité et le bien-être de ces peuples, quelle que soit la situation dans laquelle ils se trouvent et où qu'ils habitent, que ce soit au Moyen-Orient, dans les régions d'Europe orientale ou en Asie-Pacifique.
J'aimerais m'arrêter sur la situation en Libye. Au cours des derniers mois, nous avons assisté au printemps arabe et au renversement de plusieurs gouvernements. Dans certains pays, la transition — même s'il y a eu de la violence — s'est déroulée plus pacifiquement qu'en Syrie, par exemple, où les gens s'exilent en masse, ou qu'en Libye, dont il est question aujourd'hui.
En Tunisie et en Égypte, par exemple, même s'il y a eu de la violence, la transition s'est nettement mieux déroulée qu'en Libye. En effet, le dictateur libyen, au pouvoir dans ce pays depuis la fin des années 1960 — qui, ironiquement, a pris le pouvoir de manière pacifique —, se fait maintenant montrer la porte de force par la communauté internationale, ou du moins c'est l'objectif visé.
J'ai lu un article dans le magazine The Economist il y a plusieurs semaines, lequel explique la situation des citoyens ordinaires sur le terrain. Voici un extrait:
Les forces du colonel Kadhafi commencent à manquer de carburant. Les résidants de la capitale assiégée, Tripoli, manquent de tout, y compris de nourriture. Les rebelles de l'Est, basés à Benghazi, parviennent à combler leurs besoins de base, et sont de mieux en mieux organisés sur le plan diplomatique, politique et militaire. Même si le régime du colonel Kadhafi parvient encore à tenir le coup, le temps ne joue pas en sa faveur. Il est possible qu'il implose.
Nous ne sommes pas encore rendus à ce scénario, mais, comme je l'ai dit, cet article remonte à quelques semaines et nous nous retrouvons encore dans la même situation. Toutefois, nous nous retrouvons dans le sillage de la résolution 1973 des Nations Unies concernant les zones d'exclusion aérienne et, évidemment, de la résolution 1970 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui traite de la participation stratégique des forces dans le monde. Dans ce cas particulier, il s'agit d'un langage très ferme de la part de l'ONU, encouragée par des pays comme la Grande-Bretagne. Les forces britanniques ont joué un rôle de chef de file dans ce domaine dans de nombreux cas et, par conséquent, nous examinons ce que nous estimons être notre capacité d'être à la hauteur face à la situation des gens en Libye et, également, aux droits fondamentaux de la personne qui sont bafoués de la manière la plus basse et la plus vile par un dictateur que nous connaissons sous le nom de Mouammar Kadhafi.
Je suis très honoré que nous ayons l'occasion de débattre de cette question à la Chambre. Jusqu'ici, nous avons eu un excellent débat civilisé, une illustration de ce pourquoi nous nous battons dans un pays comme la Libye, pour qu'un jour, le peuple libyen puisse parvenir à faire ce que nous faisons ici aujourd'hui, avoir un débat et voir de l'information communiquée à la Chambre à l'intention de la population canadienne. En soi, cela illustre le modèle que nous nous efforçons d'atteindre.
Bien que nos forces soient engagées dans des opérations dangereuses, comme le bombardement stratégique et les activités du NCSM Charlottetown, il s'agit là d'actions jugées nécessaires par un gouvernement qui croit que nous avons la responsabilité de protéger. Dans ce cas particulier, c'est ce qui motive la politique. Nous voulons protéger les gens, en particulier les femmes et les enfants, et leur capacité de jouir de la paix et de la sécurité.
On se souviendra des efforts internationaux actuellement déployés en Libye, en vertu des résolutions 1970 et 1973, comme de la mise en application de résolutions nécessaires par la communauté internationale, sous le commandement du lieutenant-général Bouchard.
J'ai eu l'honneur de rencontrer le général Bouchard il y a cinq ou six ans à Winnipeg. C'est un homme qui porte une lourde responsabilité sur ses épaules en étant à la tête des forces dirigées par l'OTAN. C'est effectivement un Canadien.
Nous avons demandé la mise en application de la zone d'exclusion aérienne et nous appuyons la mission militaire en Libye; toutefois, cela devrait être accompagné d'efforts de sensibilisation diplomatiques et politiques. J'ai dit plus tôt que la Chambre constitue un modèle que des pays cherchent à implanter; bon nombre sont parvenus à le concrétiser, mais d'autres non.
Nous devons contribuer à développer leur capacité d’atteindre un niveau de discours politique pacifique qui assure la sécurité et le bien-être de tous leurs citoyens, et non pas seulement d’une certaine élite. De cette façon, comme dans notre pays, on prendra soin des plus vulnérables de la société, et les institutions seraient là pour y veiller. C'est ce que nous cherchons à obtenir. Espérons que les mesures prises par l’ONU et la mission menée par l’OTAN et par nos courageux militaires atteindront leurs objectifs beaucoup plus vite qu’on pourrait l’imaginer.
Nous devons protéger la population civile de la Libye. Le Parlement doit pouvoir se prononcer à cet égard, comme pour toutes les opérations de combat d’ailleurs, et je suis heureux que nous soyons appelés à le faire aujourd'hui. Nous avons eu un débat très courtois, et c'est un honneur pour moi d’y prendre part.
Nous sommes favorables au maintien de l’aide humanitaire pour les habitants de la Libye par l’intermédiaire d’organismes comme l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui a fait un travail formidable ces derniers temps et qui continuera à accomplir le même bon travail. Nous participons activement à cette opération dans un contexte régi par les Nations Unies, et nous croyons beaucoup à ce type d’intervention. Je suis heureux d’entendre aujourd'hui que tout le monde à la Chambre est du même avis.
La Croix-Rouge internationale est une immense source d’espoir pour une multitude de gens, comme on a pu le constater à maintes reprises partout dans le monde. Elle est aussi une immense source d’inspiration pour nous, qui n’avons pas nécessairement besoin de son aide, et pour beaucoup de pays ravagés par des catastrophes naturelles comme Haïti. Une telle catastrophe s’est produite dans ma circonscription, l’an dernier, et la Croix-Rouge est venue prêter son aide, ainsi que les Forces canadiennes.
Dans le cas qui nous occupe, nous devrions faire tout ce que nous pouvons à la Chambre pour assurer l’aide nécessaire à l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés et à la Croix-Rouge internationale, puisqu’elles font un travail fantastique.
Pour le Canada, la façon d’aborder la situation en Libye devrait s’appuyer sur le développement de la diplomatie. Nous réussissons tellement bien à favoriser le développement de démocraties, depuis au moins 30 ans, soit depuis l’époque de Lester Pearson. Nous désirons ardemment agir en catalyseur pour favoriser l’épanouissement de ce qui est bon dans une société, autrement dit pour bâtir des démocraties appuyées sur une infrastructure de politiques sociales comme l’assurance-maladie. Nous désirons l’établissement de soins de santé universels pour le bien des plus vulnérables.
Mais cet objectif dépasse la portée de cette mission particulière, de ces trois mois et demi dont nous débattons et que nous devons examiner. Je suis heureux d’avoir entendu les députés parler abondamment du fait que cette mission suppose des efforts humanitaires allant au-delà du délai établi aux fins du débat.
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Monsieur le Président, permettez-moi tout d'abord de vous informer que je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Étant donné que c'est mon premier discours à la Chambre, j'aimerais remercier, comme c'est l'usage, les gens de ma circonscription de m'avoir choisi à titre de député. J'aimerais remercier, bien entendu, mes proches, ma famille, ma mère et mon père, ma conjointe, Chloé, et toute mon équipe électorale.
En tant que porte-parole du Bloc québécois en matière d'affaires étrangères et de défense, il me fait plaisir de m'exprimer à la Chambre dans le cadre de ce débat fort important.
Le 21 mars dernier, notre formation politique donnait son accord à cette mission pour des raisons très précises.
Je tiens, d'entrée de jeu, à souligner qu'à nouveau aujourd'hui, le Bloc québécois appuiera cette mission. Toutefois, nous croyons que le Canada doit conserver une grande prudence quant à l'opérationnalisation du terrain de celle-ci.
En fait, le Bloc québécois s'en remet à certains principes pour appuyer cette mission militaire en Libye qui se fait au péril, je tiens à le souligner, de la vie de femmes et d'hommes ayant choisi le métier de militaire afin de servir les valeurs et les intérêts de leur pays, et qui le font avec courage et responsabilité.
Voici les principes auxquels nous souscrivons et qui doivent continuer de guider le Canada et les autres pays membres de l'ONU qui participent à cette intervention dans le cadre de ce soutien militaire à cette population civile persécutée: tout d'abord, la nature multilatérale de l'intervention militaire, concertée et dirigée par le Conseil de sécurité et par les Nations Unis; ensuite, les moyens précis et stratégiques encadrés par les résolutions 1970 et 1973, appuyées de façon légitime par une décision de la Chambre des communes; et la finalité de l'intervention militaire, qui est la protection de la vie des civils libyens.
Il est important de mentionner que l'engagement de la communauté internationale en Libye est un exemple, à notre avis, de l'application de la doctrine de la responsabilité de protéger.
La doctrine de la responsabilité de protéger repose sur trois piliers: la responsabilité première des États de protéger leur propre population du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l'humanité; la responsabilité de la communauté internationale d'aider un État à tenir ses obligations de protection; et enfin, dans le cas qui nous concerne de façon plus particulière, la responsabilité de la communauté internationale de passer à une action opportune et décisive en conformité avec la Charte des Nations Unies dans les cas où un État faillirait manifestement à sa tâche de protéger sa population d'un ou plus des quatre crimes majeurs.
Dans cet esprit démocratique, notre formation politique juge utile de rappeler à la Chambre et au gouvernement que la reconduction de la mission canadienne en Libye, en harmonie avec les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies, nécessite la plus haute prudence politique et militaire.
Nous sommes d'avis que cette mission et son cadre opérationnel devront, au terme de ce prolongement de trois mois et demi, faire l'objet d'un débat beaucoup plus complet. Le débat devra, entre autres, permettre l'évaluation des actions sur le terrain, des coûts financiers de la mission et des résultats en lien avec les objectifs visés.
Par conséquent, le Bloc québécois rappelle à la Chambre que la souveraineté du Parlement garantit la souveraineté de l'ensemble des citoyens et des citoyennes par l'intermédiaire des représentants qu'ils ont désignés. C'est pourquoi la Loi sur la défense nationale prévoit que le Parlement soit appelé à siéger pour débattre de tout déploiement militaire à l'étranger, ce que nous devrons faire au-delà de cette durée de trois mois et demi, le cas échéant.
Le succès d'une stratégie d'intervention efficace dans ce dossier doit nécessairement reposer sur la combinaison entre des interventions militaires limitées, c'est-à-dire celles qui devraient être essentielles à la protection des civils en conformité avec la résolution des Nations Unies, et de la promotion d'une désescalade du conflit menant à un cessez-le-feu et à un dialogue politique authentique.
Nous soutenons que le Canada doit continuer de condamner absolument l'usage immoral de la force et des abus de pouvoir attribués au régime Kadhafi contre les simples citoyens et citoyennes libyens, notamment, comme le souligne la motion débattue en ce moment, la pratique intolérable et inhumaine du viol comme outil de guerre, qui transforme les corps humains en machine guerrière et qui anéantit la plus élémentaire intégrité humaine.
Le Canada doit aussi continuer de promouvoir la reconnaissance de la souveraineté de la population libyenne dans la conduite de son destin politique. À cet effet, les récents développements de l'actualité témoignent de la volonté du procureur de la Cour pénale internationale que l'arrestation du colonel Kadhafi soit effectuée par ses concitoyens.
Le Canada et l'OTAN devraient appuyer plus ouvertement les initiatives diplomatiques visant à parvenir au plus tôt à un cessez-le-feu et à engager un véritable dialogue soutenant plus particulièrement les efforts de l'envoyé spécial des Nations Unies, Abdul Ilah Mohamed Al-Khatib.
Nous tenons aussi à saluer la décision du procureur de la Cour pénale internationale d'enquêter sur ce qui s'apparente à des crimes commis contre l'humanité en Libye. Le Bloc québécois tient aussi à témoigner de sa préoccupation et de sa solidarité envers les Québécois et les Canadiens d'origine libyenne, dont l'inquiétude dure depuis plusieurs semaines et ne peut que s'aggraver en ce moment.
L'appui que le Bloc québécois accorde au gouvernement pour la prolongation de la mission militaire du Canada dans le conflit libyen repose donc sur les principes de respect de la vie humaine, de respect des droits et libertés humains et de souveraineté politique du peuple libyen en quête de libertés civiles et d'une existence meilleure, et ce, non sans souffrance.
Il va sans dire qu'il ne s'agit pas d'une intervention militaire visant à retirer au peuple libyen son droit de se diriger souverainement par un envahissement ou par un démembrement du pays. Bien au contraire, cette mission vise à protéger la vie de citoyens résolus à changer leur situation politique, coûte que coûte.
L'enchaînement des événements violents en Libye montre que l'adoption des résolutions 1970 et 1973 par le Conseil de sécurité des Nations Unies était nécessaire. Par conséquent, notre formation politique appuie les mesures prises par le Canada pour mettre en oeuvre la résolution 1970 qui, en essence, autorisait les États membres à saisir et à disposer du matériel militaire libyen; à imposer un embargo sur la vente d'armes en Libye; à imposer des sanctions contre des individus en gelant leurs avoirs; à faciliter et à appuyer le retour des ONG et des agences humanitaires sur le territoire libyen; à créer un comité de surveillance quant à la situation en Libye; et à coopérer avec la Cour pénale internationale dans sa volonté de traduire en justice les membres du régime Kadhafi accusés de crimes contre l'humanité.
Le Bloc québécois appuie également le gouvernement dans les mesures mises en oeuvre afin d'appliquer la résolution 1973, notamment celles qui concernent le renforcement du gel des avoirs prévu dans la résolution 1970.
Sous plusieurs aspects fondamentaux de cette mission militaire humanitaire, notre groupe parlementaire offre son appui au gouvernement du Canada. Nous devrons cependant émettre nos réserves concernant la gestion de cette opération et les coûts financiers qu'elle a engendrés jusqu'à présent, et les coûts qu'elle engendrera au cours des prochains mois.
Nous demandons au gouvernement de faire preuve d'une plus grande rigueur dans ses calculs, afin de présenter au Parlement le détail de ses estimations de coûts pour l'exercice de cette campagne militaire. Les estimations des spécialistes en matière de défense, qui se sont exprimés dans les médias nationaux ces derniers jours, vont tout à fait à l'encontre des prévisions du ministère de la Défense nationale. Ces spécialistes affirment que le gouvernement est beaucoup trop souple dans le calcul des coûts de cette opération militaire. En réalité, jusqu'à combien ces coûts pourraient-ils s'élever? Présentement, nous l'ignorons.
Je remercie les députés de la Chambre de leur attention. Qu'on soit assurés que le Bloc québécois est toujours bien là, bien qu'en formation plus réduite, avec une détermination et une rigueur dans ses analyses, pour la défense de la démocratie et des droits humains.
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Monsieur le Président, c’est pour moi un honneur de prendre la parole aujourd’hui à la Chambre pour parler de la responsabilité de protéger la vie des civils en Libye et du rôle du Canada à cet égard. La résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies nous a conféré ce mandat.
Je tiens à préciser que, si j’avais été à la Chambre quand elle a voté pour la première fois pour soutenir la mission, j’aurais voté avec tous les membres présents et j’aurais dit que le Canada a effectivement ce rôle à jouer.
Les représentants élus n’ont pas d’obligation ou de responsabilité morale plus importante que celle de décider s’ils doivent envoyer leurs concitoyens dans une zone de guerre au risque de leur vie et de la vie des autres pour défendre une cause pour laquelle il a été établi qu’une action militaire s’impose. En ce sens, le Parti vert reconnaît qu’une guerre peut être juste, même si notre parti, non seulement au Canada, mais dans le monde entier, souscrit au principe fondamental de la poursuite de la non-violence et de la paix.
Dans ce contexte, la responsabilité de protéger, qui est la norme internationale acceptée en matière de droits humains depuis 2005, représente un nouveau niveau de responsabilité morale. Tout comme nous aurions pu dire, il y a bien des années que, si quelqu’un bat ses enfants, cela ne nous regarde pas ou que si un homme bat sa femme, ce n’est pas de nos affaires et nous n’avons pas à nous en mêler, il existe maintenant une exception au principe de la souveraineté nationale qui nous permet d’intervenir. Nous pouvons maintenant aller chez les gens parce que nous reconnaissons qu’un tort est causé, que des vies innocentes sont en danger et que nous avons le droit d’intervenir au nom de la responsabilité de protéger.
Pourquoi alors ai-je bien peur de devoir voter contre cette motion? Nous avons assisté à un changement d’orientation de la mission, car l’objectif devient un changement de régime en Libye au lieu de la responsabilité de protéger.
Pour atteindre les objectifs de la résolution 1973 des Nations Unies, nous devrions principalement viser un cessez-le-feu, des solutions négociées et la diplomatie. Néanmoins, quand l’Union africaine a présenté une proposition par l’entremise du président Zuma, d’Afrique du Sud, son plan de paix a été rejeté. Il présentait peut-être d’autres défauts, mais la seule proposition de paix qui ait été acceptée par le gouvernement Kadhafi a été rejetée par les principaux partenaires de l’OTAN, parce que nous avons déclaré tout à coup que la destitution du colonel Kadhafi était la condition préalable à tout cessez-le-feu.
Je dois également bien préciser une chose. Je désire vivement la destitution du Colonel Kadhafi, mais pas par des moyens militaires dans ce qui semble être une guerre civile dans laquelle le Canada a pris parti. Nous avons effectivement besoin d’un cessez-le-feu immédiat. Il faut protéger la vie humaine.
Néanmoins, une bonne partie de ce que j’ai entendu les députés déclarer ici au cours de la journée pourrait également s’appliquer à d’autres gouvernements dans des pays où nous ne sommes pas intervenus. Nous ne pouvons pas dire: « Comme nous ne sommes pas intervenus en Syrie, nous ne devrions pas continuer de le faire en Libye ». Nous ne pouvons pas dire: « Nous avons rejeté les appels des Nations Unies pour l’envoi de casques bleus de façon à faire cesser le viol systématique des femmes dans la République démocratique du Congo, alors nous ne devons pas continuer en Libye ». Ce n’est pas ce que je dis.
Je dis que d’autres gouvernements ont tourné leurs armes contre leur propre peuple, que ce soit au Myanmar ou comme je préfère l’appeler, en Birmanie, ou encore en Syrie ou ailleurs dans le monde, y compris dans la République démocratique du Congo où nous ne sommes pas intervenus.
Par conséquent, lorsque nous décidons d’intervenir, nous ne devons pas perdre notre mission de vue. Cette mission consiste à protéger les civils.
À cet égard, mon expérience se limite à ce qu’a connu ma génération. Je ne peux parler que de la façon dont mon père m’a élevée. Ayant grandi à Londres sous le blitz, mon père nous a appris une chose que nous devrions tous, à mon avis, garder à l’esprit lorsque nous décidons de partir en guerre. Comme il aimait nous le dire pendant que les bombes pleuvaient sur le Nord-Vietnam, il n’y a pas de meilleur moyen de renforcer la détermination d’une population civile que de la soumettre à des bombardements aériens. Rien ne se compare à ces bombardements quand il s’agit d’enraciner la haine que les gens éprouvent contre ceux qui font tomber les bombes.
Nous devons nous rendre compte que les dommages collatéraux vont au-delà de la vie des innocents qui succombent inévitablement aux bombardements aériens. Les dommages collatéraux touchent profondément nos propres âmes et compromettent notre légitimité. Même s’ils sont inévitables en temps de guerre, les dommages collatéraux doivent être évités par tous les moyens lorsque notre mission est de protéger les vies innocentes et que nous ne sommes pas nous-mêmes en guerre.
Pour ces raisons et pour bien d’autres, je dois me désolidariser des bons et nobles objectifs qui, je m’en rends bien compte, animent les députés de tous les bords. Je reconnais que les partis de l’opposition ont proposé des amendements qui reviennent essentiellement à consentir à la motion du gouvernement, tout en émettant certaines réserves.
Dans mon cas, au nom du Parti vert et de mes électeurs de , je dois dire non, mais je crois que nous avons un rôle à jouer à titre de gardiens de la paix. Je souhaite ardemment que notre pays reprenne son rôle de maintien de la paix, rôle qui l’a fait connaître favorablement partout dans le monde. Au sein de l’OTAN, nous devons être le pays qui s’oppose aux bombardements aériens et préfère les remplacer par des diplomates. Travaillons de concert avec des collègues qui ont des chances d’influencer le gouvernement illégitime de M. Kadhafi. Collaborons avec nos partenaires de l’Union africaine, de la Ligue arabe et des Nations Unies. Soyons le pays qui s’oppose au maintien d’une mission sans stratégie de sortie.
Cela étant dit et avec un profond respect pour tous les députés de ce côté-ci de la Chambre, je veux remercier tous mes collègues pour les bonnes intentions et les nobles motifs qui les amènent à appuyer la poursuite de la mission en Libye. Ils devront cependant se passer de mon vote.
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Monsieur le Président, j’ai le plaisir de prendre la parole pour faire mon premier discours de la 41
e législature.
Je désire remercier les électeurs de de m’avoir réélu pour la cinquième fois et j’adresse un grand merci à tous les bénévoles qui ont travaillé à ma campagne électorale dans le cadre des élections du 2 mai et des élections précédentes. Je suis toujours sidéré de voir que les bénévoles sont prêts à venir travailler de longues heures et donner beaucoup d’argent pour soutenir ma candidature. J’accepte leur soutien avec beaucoup d’humilité.
Je remercie particulièrement mon épouse avec qui je suis marié depuis près de 42 ans, mes trois enfants et leurs conjoints pour tout l’appui qu’ils m’ont donné depuis que je suis ici à la Chambre, mais je tiens à mentionner l’inspiration que m’apportent mes quatre petits enfants. Cette inspiration nous amène à jouer le rôle que nous devons jouer ici aujourd’hui et qui consiste à bâtir un monde meilleur, pour eux et pour les enfants et petits-enfants de toute la planète.
Je ne sais pas si cela a été dit assez clairement au cours du débat jusqu’ici, et je voudrais donc parler un peu de la réalité de ce dont nous parlons ici aujourd’hui au cours de ce débat et dans cette motion historique. C’est une étape mineure, mais elle reflète un mouvement en faveur d’une évolution du droit international et des relations internationales.
Le Canada a toutes les raisons d’être fier du travail accompli, surtout depuis la Seconde Guerre mondiale, dans l'établissement de normes internationales des droits de la personne. La Déclaration des droits de l’homme a, en fait, été rédigée par un Canadien. Le travail que nous avons réalisé en faisant du maintien de la paix une méthodologie pour réduire et, dans certains cas, éliminer la guerre est maintenant suivi d’une étape dans laquelle le Canada a joué un rôle important aux Nations Unies et qui consiste à développer le principe de la responsabilité de protéger.
Il s’agit d’un principe fondamental et il est assez intéressant de voir qu’il nous a fallu aussi longtemps pour l’adopter. Je me souviens d’avoir étudié le droit international à la Faculté de droit. À l’époque, mon professeur disait qu’en moyenne il s’écoulait au moins 100 ans, peut-être même 200 ans avant qu’un nouveau principe ne soit adopté et appliqué en droit international.
En réalité, depuis la Seconde Guerre mondiale, ce délai a raccourci et, dans une perspective historique, nous agissons plus rapidement pour rétablir l’ordre lorsque règnent le chaos et la violence, lorsqu’il y a la guerre et lorsque des actes d’inhumanité sont commis contre nos concitoyens. La responsabilité de protéger est une de ces nouvelles étapes, tout comme l’a été la création de la Cour pénale internationale.
La motion d’aujourd’hui pose, en fait, la question de savoir quand la communauté internationale a la responsabilité d’intervenir et de dire à un pays souverain, car bien entendu la Libye en est un pour le moment, qu’il n’a pas le droit d’écraser les manifestations pacifiques, les droits démocratiques d’assemblée ou la liberté de parole en recourant à la violence. La communauté internationale, et plus particulièrement les Nations Unies, diraient qu’un pays souverain n’a pas le droit de tuer ses citoyens; il n’a pas le droit de commettre des crimes de guerre; il n’a pas le droit de commettre des crimes contre l’humanité.
Lorsque nous examinons cette motion aujourd’hui, nous reconnaissons qu’effectivement, nous allons participer à une action militaire avec un certain nombre d’alliés. Cela s’accompagne, encore une fois, de la responsabilité de ne pas s’arrêter à une intervention militaire, car nous savons que son utilité est limitée.
Nous avons été forcés d’agir ainsi en raison de l’intention exprimée par M. Kadhafi de massacrer ceux qui s’opposaient à lui, ce qu’il est de toute évidence capable de faire, et des mesures qu’il avait commencé à prendre pour atteindre cet objectif. Cependant, cela ne suffit pas.
Dans ces circonstances, nous ne pouvons nous contenter de dire que nous continuerons ainsi indéfiniment. Les dirigeants de l’insurrection en Libye, de concert avec le peuple libyen, devront au bout du compte régler le problème par leurs propres moyens. Le mieux que nous puissions faire en attendant, c’est d’empêcher M. Kadhafi de massacrer son peuple. Du point de vue du NPD, c’est tout ce qu’implique cette motion.
Le reste de la motion est tout aussi important que la partie qui donne un mandat d’intervention militaire canadienne. Il s’agit de la nécessité de faire en sorte que l’enquête entreprise par la Cour pénale internationale sur les membres de ce régime puisse compter sur les ressources nécessaires s'il y a en fait des preuves suffisantes pour démontrer qu'il y a eu des cas de violation du droit international et surtout que des crimes contre l’humanité ont été commis. En tant que pays, de concert avec nos alliés, nous devons faire en sorte que l’enquête soit menée de façon appropriée et, s’il y a des preuves suffisantes, que des poursuites soient entamées. Cela fait partie de l’évolution de la situation que nous traversons actuellement.
Si je me fie à ce que je connais des activités criminelles, nous n’arriverons à mettre fin aux génocides, au nettoyage ethnique, aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité que lorsque les auteurs de ces formes de violence sauront qu’ils ne pourront s’en tirer aussi facilement, qu’ils seront pris et que, grâce à des enquêtes appropriées et à des preuves suffisantes, ils seront poursuivis, condamnés et se verront imposer une peine appropriée par la justice. Si nous n’arrivons pas à implanter cette mentalité dans le monde entier, il y aura d’autres Rwanda.
L’aide humanitaire que nous avons proposé d’ajouter à la motion, proposition que le gouvernement et les libéraux ont accepté d’appuyer, ce dont nous leur sommes reconnaissants, est absolument nécessaire. Notre position est claire. Il s'agit d’aide à court terme. Dans l’ensemble, la Libye est un pays riche. Par comparaison, la situation économique de l’Égypte et de la Tunisie sont bien pires. À mesure que la situation évoluera et qu’il y aura un gouvernement stable au pouvoir, celui-ci sera tout à fait capable de satisfaire les besoins de la population. Cependant, en attendant, notre aide humanitaire est absolument nécessaire.
En ce qui concerne notre appui à cette résolution, il est clair que l'ONU, en vertu de la résolution 1973, demande bel et bien aux États membres des Nations Unies de prendre part à une action militaire, mais elle exige également des initiatives diplomatiques pour obtenir un cessez-le-feu pour mettre fin à la violence des deux côtés, de façon à ce que cessent les massacres.
Le Canada doit participer plus activement à ces mesures. J'attire l'attention des députés sur les efforts que la Turquie et la Norvège déploient pour tenter de résoudre ce conflit de manière pacifique. Nous devrions certainement leur venir en aide en multipliant nos activités diplomatiques à cet égard.
Je m'en voudrais de ne pas mentionner le rôle qu'ont joué certaines collectivités de la circonscription de Windsor-Essex. Le deuxième week-end suivant le début de l'insurrection et de la violence en Libye, elles ont organisé un rassemblement et collecté des fonds. En quelques jours seulement, 400 000 $ ont été recueillis, non seulement dans la région de Windsor, mais également dans d'autres parties du Canada. Cet effort a été mené avant tout par la communauté médicale. Un grand nombre d'expatriés libyens, qui ont maintenant adopté la citoyenneté canadienne, pratiquent la médecine au Canada. La collecte de fonds a été dirigée en grande partie par eux.
J'ai rencontré l'un de ces médecins il y a quelques semaines, avant que la Chambre reprenne ses travaux. Il revenait de Libye. Il m'a dit qu'ils avaient envoyé là-bas du personnel médical canadien, surtout des expatriés libyens, dans le cadre d'une rotation de deux semaines et que, dans bien des cas, le personnel fournissait des soins médicaux spécialisés qui étaient absolument indispensables.
En outre, ils ont collecté, uniquement auprès de la communauté canadienne, des fonds supplémentaires qui, selon son estimation, s'élevaient à au moins plusieurs millions de dollars. Ils expédiaient de la nourriture et des médicaments en particulier à Benghazi, et s'apprêtaient à en envoyer aussi à Misrata.
Tous ces efforts avaient été déployés par la communauté canadienne, tant les soins médicaux que les aliments et les médicaments. Il reprochait au gouvernement de ne pas en faire davantage pour apporter une aide humanitaire.
J'applaudis l'annonce que le gouvernement a faite aujourd'hui concernant le surcroît d'argent qu'il compte accorder à cette cause, mais ce n'est pas suffisant. Les besoins de la partie orientale de la Libye sont particulièrement importants, et nous devons accroître l'aide que nous offrons en faisant appel aux ONG du monde entier.
En fait, j'ai discuté avec le groupe à un moment donné. Il y avait un souper de financement un soir. Nous nous demandions s'il y aurait une intervention militaire. Lorsque j'ai quitté la scène, j'ai été entouré par des membres de la communauté. Ils ont dit clairement et catégoriquement que, malgré la violence qui se déroulait dans leur pays, ils n'accepteraient pas qu'il soit occupé par quelqu'un d'autre.
C'est une des raisons pour lesquelles les députés du NPD ont tellement insisté pour que cette motion soit amendée, de sorte qu'il soit très clair que ce mandat ne permettrait pas que des troupes terrestres foulent le sol libyen. « Pas de bottes sur le terrain » est un euphémisme qu'on entend ces temps-ci, mais c'est aussi une condition absolue pour la population libyenne.
Il est arrivé trop souvent dans son histoire que son territoire soit occupé, à son grand dam, et elle n'est pas prête à tolérer que cela se répète.
J'ai écouté le débat de façon sporadique aujourd'hui. Il a été intéressant. En ce qui concerne le rôle que nous devrions jouer, la nécessité absolue, c'est que le Canada fasse extrêmement attention de ne pas dicter quelle sera l'issue de cette situation en termes d'édification de la démocratie là-bas. Cela doit être fait par les Libyens eux-mêmes.
Encore une fois, nous avons rédigé très clairement les amendements que nous proposons à cette motion, et qui ont été acceptés par le gouvernement, à savoir qu'il doit s'agir d'une transition dirigée par le peuple libyen. Elle ne peut être dictée par le Canada ou par la communauté internationale.
Nous pouvons leur offrir de l'aide, s'ils en ont besoin et s'ils en font la demande. Nous devrions être là pour les aider, que ce soit pour fournir de l'aide humanitaire ou pour construire la démocratie. Il pourrait s'agir d'une démocratie qui n'est pas semblable à la nôtre et certainement différente de la nôtre. Nous devons avoir l'esprit assez ouvert pour quand même fournir un soutien s'ils en font la demande, de manière qu'ils puissent bâtir leur démocratie comme ils jugent bon de le faire.
Encore une fois, j'ai été un peu préoccupé par certaines observations faites aujourd'hui au sujet de notre rôle à cet égard. Je pense que nous devons être suffisamment braves et courageux pour nous retirer. À bien des égards, il s'agit d'un mouvement d'indépendance en Libye, dirigé par le peuple, des jeunes gens dans bien des cas, qui sont bien déterminés de faire les choses à leur manière.
Nous n'avons absolument pas le droit de leur imposer le genre de gouvernement qui sera créé. Nous ne pouvons que leur apporter du soutien. Cela est vrai pour tous les autres pays qui veulent de l'aide. Nous n'imposons pas le résultat.
Je voudrais faire une dernière observation, puis j'aurais deux amendements à proposer.
Je reviens à la question de l'intervention militaire et au fait que d'autres pays auraient également besoin d'aide. Nous ne pouvons invoquer cet argument comme prétexte pour ne rien faire. Comme je l'ai dit dans mes observations liminaires, nous faisons actuellement un tout petit pas pour appliquer le principe de la responsabilité de protéger. En tant que membres des Nations Unies, nous avons la responsabilité d'appuyer cet organisme lorsqu'il adopte une résolution comme la résolution 1973.
Nous ne disposons pas de ressources suffisantes pour intervenir dans tous les pays qui auraient besoin d'aide. Toutefois, nous pouvons, par exemple, dire aux autres pays que nous sommes en train d'intervenir en Libye et que, si nous en avions les moyens, nous interviendrions également ailleurs, mais toujours sous l'égide des Nations Unies. Nous voulons que le reste du monde se joigne à nous. Notre petit pas pourrait devenir un grand pas si le reste du monde nous accompagnait. En attendant, nous pouvons donner l'exemple. Si nous agissons en chefs de file et parvenons à convaincre le reste du monde de nous imiter, nos petits-enfants ou peut-être nos arrière-petits-enfants, ne verront jamais un génocide au cours de leur existence.
Tel qu'elle est libellée actuellement, la motion comporte quelques problèmes. Je pense que la Chambre consentira à adopter ce que je m'apprête à proposer. Dans la version anglaise de la motion originale, le gouvernement a indiqué qu'il souhaitait « another extension », c'est-à-dire qu'il voulait prolonger encore une fois l'intervention des Forces canadiennes. La position du NPD est que l'intervention ne sera prolongée qu'une seule fois. Je donnerai dans un instant la formulation exacte que je propose.
Le sous-amendement libéral parlait du Conseil national libyen au lieu du Conseil national de transition. Bien que ce titre soit parfois employé, le nom officiel est le Conseil national de transition, et c'est ainsi qu'on le nomme dans le monde. Par conséquent, je demande le consentement unanime de la Chambre et je propose:
Que la motion du gouvernement soit modifiée en substituant dans la version anglaise les mots « another extension » par les mots « an extension » et, dans le sous-amendement, en substituant les mots « Conseil national libyen (CNL) » par les mots « Conseil national de transition (CNT) ».
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Madame la Présidente, c'est un débat important aujourd'hui non seulement dans les propos, mais également dans la profondeur du débat. Ce qui est tout aussi important dans cette motion et les amendements, c'est le mot « solidarité ». Aujourd'hui, c'est une journée importante. On ne doit pas oublier les horreurs de l'Holocauste. On a la responsabilité, comme citoyens du monde, de s'assurer qu'il n'y ait plus de telles horreurs. Il faut combattre les dictateurs. Le Canada a toujours pris position, quand il devait intervenir. Nous respectons la souveraineté des États, mais il arrive un temps où on doit protéger les civils et intervenir.
Chaque fois que je vois des choses comme celles qui se passent en Libye — j'ai posé une question là-dessus ce matin —, je pense au général Dallaire et à tout ce qui s'est passé au Rwanda. On ne veut pas que l'histoire soit un éternel recommencement. Nous avons donc une responsabilité comme parlementaires, comme pays, comme État, d'intervenir pour être solidaires du peuple libyen qui souffre présentement.
On pourrait parler de ce qui se passe en Syrie, au Moyen-Orient, ou ailleurs en Afrique et dans d'autres pays. Chaque cas est unique, mais le principe de base est le même. J'ai été fier de servir comme ministre au sein du Parti libéral, et j'ai pu être des deux côtés de la Chambre. Chaque fois, le Canada doit répondre présent pour protéger les civils. C'est pour cette raison qu'on était d'accord sur la participation du Canada à la mission en Afghanistan dès le début. C'est pour cette raison qu'on soutient aujourd'hui cette motion, mais ce n'est pas à n'importe quel prix. Il faut être précis, et c'est pour cette raison qu'on appuie les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Chaque fois que ce genre de débat a eu lieu à la Chambre, le Parti libéral, comme gouvernement ou comme opposition officielle comme aujourd'hui, a toujours répondu présent. Peu importe notre chef, on a toujours été là pour tenter de protéger les citoyens. C'est important pour nous que la base de cette motion soit de protéger les civils d'une menace imminente et d'imposer une zone d'interdiction de vol.
On n'est pas en faveur de l'envoi des militaires sur le terrain. On a déjà établi la mission de façon aérienne. On apporte un soutien. On est membre de l'OTAN et de l'ONU. Si le Canada avait gagné un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies, il aurait peut-être pu jouer un rôle davantage prépondérant. Aujourd'hui, comme parlementaires, nous avons tous le devoir de démontrer avec civisme à quel point nous devons jouer un rôle prépondérant et participer activement à cette mission.
Ce qui se passe en Libye n'est pas rien. C'est aussi parce qu'il s'est passé quelque chose notamment dans le Maghreb, au Moyen-Orient. Il y a eu la Révolution de jasmin, ce printemps. On a vu nos frères et soeurs tunisiens prendre leur destinée en main et jouer un rôle important pour combattre les dictateurs. On a vu exactement la même chose en Égypte.
Cependant, je ne crois pas qu'on doive avoir une stratégie à la carte. En ce qui me concerne, le Canada ne doit jamais dicter sa politique étrangère au moyen d'une opération militaire. Le volet militaire est nécessaire et important, car c'est le bras armé de notre démocratie, mais les politiques doivent être déterminées par les affaires étrangères. C'est pour cette raison qu'on a toujours été critiques, de façon constructive, concernant certains aspects de la mission en Afghanistan. Il faut s'assurer qu'en ce qui concerne la Libye, ce n'est pas un menu à la carte. Il faut avoir une stratégie diplomatique et humanitaire, afin que le peuple libyen prenne lui-même en main sa destinée. Nous avons une responsabilité à l'échelle internationale de soutenir, avec les autres pays, le peuple et les civils qui souffrent présentement.
C'est pour cette raison qu'on est tout à fait d'accord avec cela. Dès le début, on a parlé en ce sens. On a réclamé l'instauration d'une interdiction de vol depuis le début des violences.
Je pense qu'il faut aller beaucoup plus loin. Je suis d'accord avec mes collègues qui ont dit qu'il faut, évidemment, que ce soit le peuple libyen qui puisse prendre ses destinées en mains. Nous devons être là pour appuyer la gouvernance, pour donner les outils afin que les Libyens puissent eux-mêmes établir leur démocratie. On ne doit pas faire preuve d'ethnocentrisme. Il ne faut pas leur imposer nos valeurs et notre façon de faire. Il y a des valeurs universelles de démocratie et des valeurs universelles sur le plan humanitaire. On a toujours dit qu'on ne doit pas donner du poisson aux gens, mais qu'on doit leur apprendre à pêcher. On doit leur donner les outils nécessaires entre les mains. Cela va coûter de l'argent. Il faut nécessairement que le gouvernement, dans sa stratégie, ne dise pas qu'il va envoyer des avions et que ce sera seulement une action militaire. Il va falloir s'assurer qu'on donne des outils de développement à ces gens, qu'on leur donne des outils pour qu'ils puissent par la suite assumer leur propre transition.
C'est cela notre rôle, notre façon de faire, notre façon de voir comme Canadiens. Peu importe les gouvernements, la seule façon, à mon avis, de donner une chance pour que cela puisse réussir, c'est d'être là dans le cadre d'une politique d'accompagnement. On n'est pas là pour remplacer. On est là pour accompagner. Si on veut accompagner le peuple libyen, la première chose à faire est de soutenir ces missions militaires et de jouer un rôle. J'ai un peu de difficulté à dire que dans trois mois et demi, on va se retirer. On ne sait pas ce qui va arriver dans trois mois et demi. Espérons pour le mieux pendant cette période, mais c'est sûr que ce qui est important, c'est qu'au Parlement on puisse éventuellement avoir à nouveau ce débat si, au bout de trois mois et demi, il y a encore des problèmes. Je pense qu'il faut faire preuve de réalisme.
Ce n'est pas du peacemaking, c'est du peacekeeping. On pourra toujours éventuellement interprété le chapitre 7 ou le chapitre 8 sur les missions humanitaires, mais on ne veut pas revivre ce qui s'est passé au Rwanda. On veut aussi se donner une chance.
Sur le plan diplomatique, il y a une réalité géopolitique parce que ce n'est pas seulement la Libye. Il y a des frontières à côté. On a la Tunisie et l'Égypte, et ces pays sont aussi en pleine ébullition. Là aussi, il y a une réalité et un apprentissage. Là aussi, le peuple se prend en mains et il y a une nouvelle réalité parce que les dictateurs vont être jugés ou ont été arrêtés.
C'est pour cette raison qu'il faut s'assurer que, dans chaque mission, il puisse y avoir avant tout — c'est un tout —, les trois D: la diplomatie, la défense et le développement. Nous en avons toujours parlé. C'est en ce sens qu'on doit orienter notre mission pour assurer que cela peut fonctionner.
Le Canada a un rôle à jouer. Le Canada, de façon réaliste, a ses capacités. On a toujours été très fort parce que je me rappelle qu'on a fait des gestes concrets, non seulement en Afghanistan. Il y en a eu en Haïti. Il y a plusieurs pays auxquels on a contribué. Le Canada a un rôle à jouer dans la gouvernance, dans l'assistance, dans l'accompagnement au niveau de la gouvernance, au niveau des outils de développement pour la démocratie, mais il faut aussi jouer un rôle important au niveau du Tribunal pénal international. On ne peut pas non plus laisser ces crimes impunis. Il faut donc s'assurer que Kadhafi paie éventuellement pour ses fautes.
J'entends des gens parler de changement de régime versus la simple protection des civils. À un moment donné, la ligne est mince. Ce qui est important, c'est d'arrêter les horreurs qui ont cours là-bas. Ce qui est totalement dégueulasse et inacceptable, c'est qu'on utilise le viol comme une arme de guerre comme au Congo. On disait que Kadhafi donnait même du Viagra à ses troupes. C'est totalement inacceptable. Il faut s'assurer de faire en sorte que ces gestes ne restent pas impunis.
On va avoir un rôle à jouer dans la transition. On va avoir un rôle à assumer sur le plan du Tribunal international. Je vois mon collègue, un de nos plus grands ex-ministres de la Justice, qui a joué un rôle prépondérant dans l'instauration même du Tribunal pénal international.
Il faut s'assurer, durant la transition, si on veut donner une chance à ce peuple, de pouvoir combattre les impunités. Il faut vraiment qu'on puisse jouer un rôle à cet égard.
Il est clair pour nous que nous allons travailler de façon constructive en collaboration avec l'ensemble des parlementaires pour pouvoir jouer pleinement notre rôle.
[Traduction]
Je suppose que nous n'avons pas vu tout ce qui se passe sur le terrain. Il y a beaucoup de choses qui se produisent là-bas. J'espère que nous mettrons la partisanerie de côté et que nous assumerons notre rôle de citoyens du monde. Nous ne pouvons pas laisser les dictateurs en faire à leur guise sans assumer nos propres responsabilités.
Nous vivons dans un village planétaire. Il n'y a plus de limites ou de frontières. Nous avons un rôle à jouer. Comme je l'ai dit, le Canada se fonde sur les trois D: la diplomatie, la défense et le développement. Nous ne pouvons pas en sélectionner seulement un. Si nous agissions ainsi, la population ne serait pas de notre côté.
Nous devons envoyer un message clair. J'étais très heureux d'entendre mes collègues de l'opposition officielle dire que nous sommes en Libye pour protéger les civils. C'est notre rôle. Que le Canada soit membre du Conseil de sécurité ou non, il a un rôle à jouer.
[Français]
C'était les quelques mots que je voulais dire au nom de mes concitoyens de la circonscription de Bourassa. Je voulais donner mon opinion sur une situation qui, malheureusement, se répète dans plusieurs pays. Évidemment, on va les traiter une à la fois. Il est important de dire à quel point le Parti libéral du Canada est solidaire — le mot « solidaire » est important ici — de l'ensemble des parlementaires pour qu'on puisse protéger les citoyens afin que des dictateurs comme Kadhafi ne puissent plus être dans cette position.
Évidemment, la réalité diplomatique est telle qu'on ne comprend pas toujours comment les choses peuvent se passer sur le terrain, mais l'objectif premier est de s'assurer qu'on peut protéger les civils, protéger les gens là-bas et avoir un monde meilleur. C'est notre responsabilité, dans notre démocratie canadienne, de jouer ce rôle. Je remercie le gouvernement et l'ensemble des parlementaires d'avoir joué ce rôle, aujourd'hui. C'est un débat important pour le Canada.
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Madame la Présidente, je tiens à remercier tous mes collègues qui ont consacré une bonne partie de la journée à un débat que nous avions, selon moi, le devoir absolu de tenir à titre de parlementaires.
Dès que la participation du Canada à une guerre est envisagée, la chose responsable à faire pour le gouvernement est de consulter la population canadienne pour lui demander la permission d'agir en son nom.
Aujourd'hui, nous avons été témoins à la Chambre de la concrétisation de l'engagement du . En effet, celui-ci a déclaré très clairement, au cours de la récente campagne électorale et depuis le début de son mandat de premier ministre, qu'il continuerait d'agir au nom des Canadiens, mais seulement avec la permission de la Chambre des communes lorsqu'il s'agit d'un engagement dans des zones de combat ou de conflit. Je me sens donc privilégié de participer à ce dialogue entre les députés de tous les partis représentés à la Chambre.
Aujourd’hui, j’ai eu l’occasion d’aller au service commémoratif de l’Holocauste au Musée de la guerre, ici à Ottawa. J’ai entendu des représentants de bien des partis à la Chambre. Le thème commun à tous les discours des chefs de parti et des divers représentants de chacun des partis, c'est que nous devons agir pour aider les plus vulnérables quand ils en ont besoin. Le chef du Parti vert du Canada a même fait allusion au fait que nous avions manqué à notre devoir envers le peuple juif en nous joignant si tard à la lutte.
S’il y a une chose dont nous ne voudrions jamais nous sentir coupables, en tant que Canadiens, c'est bien d’arriver trop tard pour aider les plus vulnérables de notre monde. En pensant au peuple libyen aujourd'hui, et surtout aux femmes et aux enfants, je ne peux pas imaginer de population plus vulnérable. Nous, Canadiens, avons une chance de nous porter à son secours.
Le Canada est d’abord allé en Libye pour protéger la population civile qui se faisait attaquer par son propre gouvernement. Nous participons à une intervention en collaboration avec nos partenaires de l’OTAN et sous l’égide du Conseil de sécurité des Nations Unies, en vertu des résolutions 1970 et 1973.
La Chambre a admis unanimement que nous devons imposer des sanctions. Nous les avons imposées, et tous les partis étaient d’accord. En tant que représentants de la Chambre des communes, nous avons aussi approuvé une intervention militaire en Libye.
Je pense qu’il importe de nous rappeler pourquoi nous l’avons fait. Nous avons vu l’horrible réalité, le fait que l’armée libyenne attaque les plus vulnérables du pays. Il s’agit d’un gouvernement qui s’en prend à son propre peuple.
Chaque fois que cela s’est produit dans l’histoire, nous savions qu’il y aurait peu de chances et peu d’occasions, pour les civils, de se tirer indemnes d’un tel conflit ou d’être en mesure de profiter de leur liberté à la fin des hostilités. C'est pourquoi il est tellement important que nous soyons ici aujourd'hui pour dire que nous poursuivons cette mission et que nous réaliserons ses objectifs, qui consistent à protéger les plus vulnérables.
Depuis le début du conflit, nous avons entendu des allégations d’actes de violence sexuelle commis par le régime de Kadhafi contre les plus vulnérables en Libye. Ce régime s’en prend aux femmes et aux enfants, et il utilise le viol comme arme de guerre.
Dans l’histoire du monde, chaque fois que nous avons vu un régime utiliser cette arme, nous avons compris que les conséquences néfastes du conflit ne disparaîtraient pas à court terme, qu’elles dureraient très longtemps.
Nous entendons parler de ce qui se passe là-bas, et nous pouvons à peine le croire. Je suis moi-même père de deux jeunes filles et je ne sais pas ce que je ferais à quiconque violerait brutalement mes filles ou ma femme. Nous savons qu'à l'heure actuelle, dans certains cas, les pères et les maris sont emmenés de force et massacrés. Dans d'autres cas, ils ne peuvent qu'assister, impuissants, à ces actes barbares, sans être en mesure de protéger leurs enfants ou leur femme.
C'est pour cette raison qu'en tant que Canadiens, il est de notre devoir d'intervenir pour mettre fin à de tels actes, de nous rendre sur place pour libérer ces gens et faire tout en notre pouvoir pour les aider, d'autant plus que nous en avons la capacité et que nous disposons des outils et des ressources nécessaires pour le faire.
Le a agi rapidement en ce qui concerne la situation en Libye. Dès le départ, il a exercé des pressions pour que des mesures rapides et décisives soient prises, non seulement par le Canada, mais aussi par d'autres pays de la communauté internationale. En réalité, si nous n'avions pas agi aussi rapidement, la situation aurait dégénéré. Comme nous avons exhorté la communauté internationale à intervenir rapidement et que nous nous sommes rendus sur place, nous devons maintenant poursuivre notre intervention, laquelle a reçu l'appui de la Chambre.
Dans les faits, la plupart des problèmes qui nous ont incités à intervenir demeurent. Le régime Kadhafi est encore au pouvoir et continue de massacrer le peuple, ce qui démontre qu'il est de notre devoir de continuer de défendre les personnes les plus vulnérables de la Libye.
Que devons-nous faire? Nous devons poursuivre l'intervention militaire à laquelle nous participons déjà, comme le savent les députés, mais nous devons aussi continuer d'intervenir en ce qui concerne l'aspect diplomatique et l'aspect humanitaire. Nos ministres ont fait mention de la contribution du gouvernement à l'aspect humanitaire, qui est tout aussi important.