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FEWO Rapport du Comité

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Opinion dissidente du NPD

FEWO, Étude sur le leadership économique et la prospérité des Canadiennes –

20 mars 2015

Les néo-démocrates pensent qu’il faut agir immédiatement pour remédier à l’absence de progrès dans la sécurité économique des femmes. Ils s’inquiètent de la détérioration rapide de l’égalité entre les sexes au Canada, qui s’est faite au détriment des femmes. En effet, il y a toujours plus de femmes que d’hommes vivant dans la pauvreté au pays, particulièrement des femmes autochtones, racialisées et vivant avec un handicap. Les niveaux d’emploi des femmes sont inférieurs à ceux des hommes, et la violence dont sont victimes les femmes est un fléau qui compromet leur stabilité socioéconomique.

Depuis une décénnie, les conservateurs de Stephen Harper abandonnent les femmes en ignorant leurs priorités. Ils ont réduit les services dont dépendent les femmes. Ils ont cessé de financer les services de défense des droits des femmes. Ils ont introduit des mesures fiscales qui selon les experts vont mener à une réduction de la participation des femmes au marché du travail. Et ils refusent d’ordonner la tenue d’une enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées au Canada.

Bien que les membres néo‑démocrates du Comité conviennent qu’il est important de saluer, de soutenir et de promouvoir la réussite des femmes dirigeantes, ils tiennent par-dessus tout à souligner le fait qu’il y a encore des obstacles systémiques empêchant de réduire les disparités et les inégalités de revenus entre les hommes et les femmes, et donc de renforcer le pouvoir d’action et d’accroître les choix et les possibilités des femmes.

Comme le dit le mémoire d’un témoin :

« Au cours des dernières décennies, le débat sur les facteurs qui font obstacle au leadership des femmes a évolué : après avoir traité des qualités qui feraient défaut à celles-ci en ce domaine, on s’est attardé à analyser les obstacles structurels et systémiques en jeu. En d’autres termes, on s’est interrogé sur les éléments inhérents aux postes de direction et aux structures organisationnelles susceptibles de multiplier les difficultés pour les femmes qui tentent d’y accéder. Un solide corpus de recherche confirme que la compétence et les qualités des femmes ne sont pas les principaux éléments responsables de l’écart entre les sexes en ce domaine. On évoque plutôt un éventail diversifié de facteurs, dont le désavantage économique (p. ex. lorsqu’un investissement financier est requis pour être admissible à un poste), les conventions idéologiques et le sexisme culturel, le soutien insuffisant en matière de perfectionnement professionnel, les obligations familiales, etc.[1] »

Beaucoup de témoins ont souligné le manque d’action et la diminution du rôle du gouvernement fédéral dans la lutte contre l’inégalité des sexes au Canada et l’insécurité économique à laquelle continuent de faire face beaucoup de Canadiennes.

Par ailleurs, bien qu’ils se soient réjouis d’avoir participé à cette étude, les néo‑démocrates considèrent que le rapport qui en a été fait n’est pas représentatif des témoignages recueillis. En effet, le rapport est exagérément favorable au gouvernement, alors que la plupart des témoignages et documents présentés étaient ouvertement critiques à l’égard du gouvernement. Les néo‑démocrates sont très déçus de constater que le rapport ne fait pas la synthèse des témoignages livrés; ne constitue pas – comme cela devrait pourtant être le cas – une avancée dans la quête d’une véritable égalité entre les hommes et les femmes; et ne reflète pas les recommandations formulées devant le Comité pendant l’étude.

Le Comité a reçu plus de 100 recommandations, dont beaucoup sur l’adoption de politiques de sens commun, comme l’application d’une stratégie nationale en matière d’habitation et la reconnaissance des titres de compétences étrangers, l’adoption de mesures pour combler l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes et réduire la pauvreté, et la promotion d’une vision fédérale en matière d’éducation postsecondaire. Quinze autres recommandations parlaient de la nécessité d’adopter une stratégie nationale sur les garderies. Même si les néo‑démocrates considèrent que l’application de telles recommandations est essentielle pour assurer la prospérité des Canadiennes, aucune d’entre elles ne figure dans le rapport. En outre, les néo‑démocrates dénoncent le fait qu’il n’y ait pas de proposition de plan stratégique à long terme. Les Canadiennes méritent bien mieux.

Les néo‑démocrates savent que quand les femmes réussissent, c’est tout le Canada qui en profite; le Canada ne peut prospérer sans elles. Autrement dit, comme l’a expliqué la professeure Kathleen Lahey, « l’égalité des sexes est une stratégie économique fondamentale pour atteindre la prospérité[2]». De plus, « [l]e problème à aborder aujourd’hui est la façon dont les politiques économiques et sociales entravent les aspirations que les femmes poursuivent dans leur vie. C’est ainsi que nous avons devant nous ce tableau troublant de la détérioration de l’égalité des sexes au Canada[3]».

PAR CONSÉQUENT, LES NÉO‑DÉMOCRATES PROPOSENT LES RECOMMANDATIONS SUIVANTES :

  • Que le gouvernement du Canada adopte une mesure législative proactive sur l’équité salariale applicable à tous les travailleurs sous réglementation fédérale, en se fondant sur les recommandations du rapport de 2004 du Groupe de travail sur l’équité salariale, et qu’il abroge la Loi sur l’équité dans la rémunération du secteur public.
  • Que le gouvernement du Canada travaille avec les provinces, les territoires et les collectivités autochtones dans le but de créer un programme universel d’éducation de la petite enfance et de garde d’enfants appliquant des normes communes d’abordabilité, de disponibilité et de qualité, et qui ne coûte pas plus de 15 dollars par jour et par enfant.
  • Que le gouvernement du Canada, de concert avec les provinces, les territoires, les collectivités autochtones, les municipalités, les partenaires communautaires et d’autres intervenants, garantissent aux Canadiens une offre de logements sécuritaires, adéquats, accessibles et abordables qui tienne compte des besoins particuliers des femmes.
  • Que le gouvernement du Canada réinstaure le salaire fédéral minimum de 12$/heure.
  • Que Condition féminine Canada finance des organismes défendant les droits des femmes et faisant de la recherche indépendante, dans le but de faire la promotion de l’égalité pour les femmes et les filles au Canada.
  • Que le gouvernement du Canada établisse, en collaboration avec les provinces, les territoires, les Premières Nations, les Métis, les Inuits et leurs représentants, et autres groupes d'intêret, un plan d’action national coordonné contre la violence faite aux femmes qui comprendrait : a) des initiatives pour traiter les facteurs socioéconomiques qui contribuent à la violence faite aux femmes; b) des politiques pour prévenir la violence faite aux femmes et des politiques pour traiter les victimes de violence; c) des repères pour mesurer les progrès reposant sur les données recueillies, au fil des ans, sur les niveaux de violence faite aux femmes; d) des recherches indépendantes sur de nouvelles questions concernant la violence faite aux femmes; e) une enquête publique nationale sur les femmes et les jeunes filles autochtones disparues et assassinées; f) des stratégies qui tiennent compte des besoins précis et des vulnérabilités des différentes communautés et qui portent une attention particulière aux femmes autochtones, aux femmes handicapées, aux femmes issues de groupes minoritaires et aux jeunes femmes; g) la participation d’organismes communautaires et d’autres organismes de la société civile, ainsi que le soutien de ces organismes pour qu’ils puissent participer à la mise en œuvre du plan d’action national; h) des ressources humaines et financières spécialement destinées à l’exécution du programme prévu dans le plan.
  • Que le gouvernement du Canada adopte un plan et une vision à long terme pour atteindre l’égalité entre les sexes au Canada, notamment en supprimant les obstacles et en rétablissant le recensement à long terme pour avoir accès à des données indispensables et faire les travaux de recherche nécessaires.
  • Que le gouvernement du Canada annule son projet de fractionnement du revenu

[1]             Mémoire de l’Alliance de la Fonction publique du Canada au Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes Leadership économique et prospérité des Canadiennes 14 mai 2014, p.2

[2]             Prof. Kathleen A. Lahey (Professor, Faculty of Law, Queen's University), presentation to the Standing Committee on the Status of Women, EVIDENCE, Monday, May 12, 2014

[3]             Prof. Kathleen A. Lahey (Professor, Faculty of Law, Queen's University), presentation to the Standing Committee on the Status of Women, EVIDENCE, Monday, May 12, 2014