HUMA Rapport du Comité
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CHAPITRE 6 – ENGAGEMENT ACCRU DES EMPLOYEURS DANS LE DÉVELOPPEMENT DES COMPÉTENCES ET LA FORMATIONA. La contribution des employeurs à l’élaboration des programmes de formationLors de son passage devant le Comité, l’hon. Jason Kenney a insisté sur l’importance d’une plus grande participation des employeurs à la formation et au développement des compétences. Le gouvernement essaie de passer en revue tous les programmes qui s'occupent de la formation professionnelle ou encore du développement des compétences afin de tirer un meilleur rendement de l'argent des contribuables et de fournir de meilleures perspectives en ce qui a trait aux vrais emplois. Certains principes nous semblent utiles, notamment une plus grande participation des employeurs à la formation et un investissement accru de leur part dans le développement des compétences et la formation professionnelle[134]. L’hon. Jason Kenney Il a aussi indiqué les raisons derrière ces principes : Je pense que vous voulez savoir pourquoi les forces du marché devraient être un des facteurs qui aident les gens à obtenir les compétences appropriées. D'abord, parce que ce sont les employeurs qui, par définition, créent des emplois et savent le niveau de compétence dont les employés auront besoin pour doter ces postes; ensuite, parce qu'on constate de meilleurs résultats sur le marché du travail dans les pays où la participation et les investissements de la part des employeurs sont plus élevés en matière de formation[135]. L’hon. Jason Kenney, Le fait que les employeurs soient ceux qui connaissent les besoins réels du marché du travail et qu’ils doivent aider à concevoir la formation dès le début a été soulevé par plusieurs témoins. […] les fonds futurs affectés aux EDMT devraient viser des programmes qui reposent sur une participation solide des employeurs afin de s'assurer que les fonds fédéraux consacrés à la formation donnent des résultats concrets. Selon nous, la participation active des employeurs et des groupes patronaux au processus permettra d'offrir une formation professionnelle plus ciblée et d'assurer une meilleure correspondance entre les talents et les tâches. […] […] il faut faire participer les employeurs dès le début, c'est-à-dire les amener à cerner les besoins de compétences de sorte que la formation y corresponde directement[136]. Sean Reid […] si nous tenons à ce que la formation corresponde aux emplois disponibles, nous devons amener les employeurs à participer au processus. Nous travaillons avec des collèges, tant privés que publics, et d'après ce que nous pouvons observer, certains des meilleurs programmes de formation sont ceux qui font participer les employeurs locaux en leur demandant d'indiquer ce qu'ils recherchent et de préciser les compétences qui font défaut chez les diplômés. Nous faisons la même chose à l'échelle fédérale[137]. Craig Martin Je pense que la participation des employeurs très tôt dans le processus donnerait l’assurance qu’il y a des emplois disponibles en aval, ce qui est absolument essentiel[138]. Kevin Lee Il est maintenant temps que les employeurs fournissent plus de renseignements aux universités, aux collèges et aux gouvernements provinciaux et territoriaux sur ce qu'ils exigent de leurs employés. Récemment, j'ai discuté avec un employeur et il m'a dit qu'il avait besoin d'ingénieurs ayant non seulement des compétences techniques et de bonnes capacités d'analyse, mais aussi de meilleures capacités d'écriture et de gestion des intervenants. Ce type d'information est inestimable[139]. Kim Allen B. La participation des employeurs à travers les forums de partenaires du marché du travailAfin de pouvoir bénéficier des connaissances que les employeurs ont des besoins du marché du travail pour concevoir des programmes de formation pertinents, l’une des solutions les plus souvent proposées a été la création de forums réunissant les divers partenaires du marché du travail. Suggérés comme moyen de renforcer l’imputabilité des EDMT, dont il a été question dans le chapitre 2 du présent rapport, ces forums ont aussi été décrits par plusieurs témoins comme un mécanisme prometteur pour favoriser une participation accrue des employeurs au développement des compétences et à la formation. Les témoins ont parlé de la nécessité de créer des forums provinciaux et territoriaux, ainsi qu’un forum pancanadien des partenaires du marché du travail. Nous recommandons de créer des forums permanents des partenaires fédéraux-provinciaux-territoriaux du marché du travail et de charger ces forums de rassembler les intervenants — à savoir les employeurs, les syndicats, le gouvernement et les établissements d'enseignement — afin qu'ils orientent et guident le programme d'EDMT et une éventuelle stratégie canadienne de l'emploi de façon à ce qu'ils améliorent les compétences de nos travailleurs et la qualité des emplois qu'ils occupent[140]. Cammie Peirce Nous recommandons que le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires établissent un réseau de forums de partenaires du marché du travail ou de conseils de développement de la main-d’œuvre, semblables au modèle québécois ou à ceux que l'on trouve aux États-Unis, dans lesquels une structure de gouvernance multipartite surveillerait l'élaboration et la prestation de programmes adaptés aux besoins de l'industrie et de la collectivité. Toute la formation et le perfectionnement des compétences se feraient dans l'optique du développement de la main-d’œuvre et seraient intégrés dans les initiatives locales dans le cadre d'une stratégie pancanadienne relative au marché du travail, ce qui inciterait les employeurs à investir dans la formation de leurs employés actuels et potentiels. Le développement stratégique de la main-d’œuvre combine le développement économique et le développement social et mène à une plus grande prospérité pour les employeurs, les travailleurs et leurs collectivités[141]. Karen Lior Le Congrès du travail du Canada a aussi mentionné l’importance de forums des partenaires du marché du travail pour la mobilisation des employeurs, mais aussi des syndicats, divers ordres de gouvernements et organismes communautaires. Sa représentante a insisté sur l’importance pour toutes les parties prenantes de se rencontrer régulièrement pour discuter des besoins en matière de main-d’œuvre[142]. RECOMMANDATION 14 Le Comité recommande que les nouvelles ententes sur le développement du marché du travail conclues avec les provinces et territoires exigent la participation régulière des employeurs à la programmation des EDMT afin qu’ils y contribuent davantage et qu’ils partagent leurs connaissances des besoins réels du marché du travail. C. Les pratiques exemplaires déjà en marche dans les provincesSelon EDSC, « un peu moins de la moitié des provinces et des territoires ont un système, un mécanisme en place qui leur permet de solliciter la participation des employeurs dès le début, et de déterminer à quoi il vaut mieux consacrer les fonds[143] », entre autres la Colombie-Britannique dont le système est considéré comme une pratique exemplaire pour la participation des employeurs à l’étape de la planification[144]. Or, l’exemple le plus souvent rapporté comme pratique exemplaire de la participation des employeurs est la Commission des partenaires du marché du travail du Québec et ses comités sectoriels de main-d’œuvre. […] le Québec […] a un système plutôt unique pour mobiliser employeurs et travailleurs. La province encourage les partenaires à travailler ensemble pour établir à un haut niveau dans quels secteurs se situent les demandes, où il faudrait amener un soutien, quel type de formation est nécessaire et à qui elle s'adresse. Tout cela se fait au sein de la Commission des partenariats du marché du travail[145]. Frank Vermaeten Le représentant de la Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d'œuvre a donné une explication de ce modèle lors de son témoignage : Le Québec compte, depuis plus de 15 ans, une structure unique au Canada, soit la Commission des partenaires du marché du travail. Cette instance de concertation regroupe des représentants des employeurs, de la main-d’œuvre, du milieu de l'enseignement, des organismes communautaires et d'organismes gouvernementaux. Elle joue un rôle déterminant et concret dans l'orientation et la mise en œuvre des services publics d'emploi sur le marché du travail[146]. Il est établi que les entreprises qui ne contribuent pas assez en formation de la main-d’œuvre vont contribuer à un fonds qui va être utilisé pour financer des mesures. On sait que dans les petites et moyennes entreprises, il est particulièrement difficile pour les employés d'avoir accès à de la formation. On essaie de financer particulièrement des mesures qui vont viser ces catégories de travailleurs. […] […] ce n'est pas facile d'être un entrepreneur. Si, en plus, on leur dit qu'il faut qu'il s'occupe de la formation de la main-d’œuvre, c'est souvent trop pour eux. En somme, le fonds de formation de la main-d’œuvre est là pour fournir une aide qui est souvent nécessaire[147]. Frédéric Lalande Un représentant de l’industrie a affirmé que le modèle québécois était très apprécié par les employeurs : Au Québec, une loi exige que les employeurs, dont la masse salariale est de 1 million de dollars ou plus, investissent dans la formation un montant représentant 1% de leur masse salariale. Plusieurs de nos membres, qui doivent respecter cette exigence, utilisent ce fonds. Si l'argent n'est pas utilisé, il est envoyé à un organisme qui a ensuite la responsabilité de l'acheminer là où le besoin existe. Cela peut être dans une autre industrie. Certains groupes assument cette fonction. Au Québec, il y a les comités sectoriels de main-d'œuvre. […] La flexibilité fait la force de cette formule. Il peut arriver que, pour une année donnée, on n'ait pas besoin de formation parce qu'il n'y a pas eu de nouvelle technologie, mais que deux ans plus tard, on ait besoin de formation supplémentaire. On aurait avantage à appliquer ce modèle à l'échelle du pays. Il fonctionne très bien pour le Québec. Je peux vous dire qu'il profite beaucoup à notre industrie depuis qu'il est en vigueur[148]. Marc Brazeau RECOMMANDATION 15 Le Comité recommande qu’Emploi et Développement social Canada encourage les provinces et territoires à étudier les modèles de concertation des employeurs déjà en place dans les autres provinces et territoires. D. Modèle d’implication des employeurs provenant de l’internationalÀ l’extérieur du Canada, l’hon. Jason Kenney a indiqué que l’Allemagne se démarque particulièrement par son modèle de participation des employeurs à la formation. […] on constate de meilleurs résultats sur le marché du travail dans les pays où la participation et les investissements de la part des employeurs sont plus élevés en matière de formation. C'est le cas en Allemagne, où j'ai récemment mené une mission d'étude[149]. L’hon. Jason Kenney Il a décrit le modèle allemand au Comité : Leur conception de l'apprentissage est beaucoup plus vaste que la nôtre. Nous avons environ 150 métiers faisant l'objet d'un apprentissage. En Allemagne, il y en a environ 350. Cela comprend des secteurs comme la vente au détail et les banques, en plus des métiers de la construction. Plus de 60 % des jeunes Allemands, à partir de l'âge de 16 ans environ, participent à ces programmes d'apprentissage qui se déroulent en général chez l'employeur pendant environ trois jours et demi par semaine, alors qu'ils suivent une formation professionnelle dans une école pendant une journée et demie. La théorie qu'ils apprennent au collège est parfaitement intégrée à l'expérience qu'ils obtiennent en milieu de travail, et ils reçoivent une modeste allocation. Ces programmes d'apprentissage durent en moyenne trois ans, ce qui veut dire que la plupart des jeunes Allemands obtiennent un certificat vers l'âge de 19 ans. Ils ont déjà un employeur. Plus de 90 % d'entre eux travaillent dans le domaine pour lequel ils ont été formés et ils ne sont pas endettés[150]. L’hon. Jason Kenney Le ministre Kenney a expliqué que pour en arriver à un tel système, les employeurs doivent ressentir un sentiment de responsabilité envers la formation et participer intensément au système d’éducation. Dans le système allemand, ce sont eux qui sont responsables d’entretenir l'équipement, de rémunérer les formateurs et de verser de modestes salaires aux apprentis. « En fait, les employeurs allemands investissent collectivement l'équivalent de 47 milliards de dollars par année seulement pour les programmes d'apprentissage », a dit l’hon. Jason Kenney[151]. Des représentants de l’industrie ayant participé à la mission exploratoire avec le ministre Kenney ont eux aussi louangé le système allemand, s’en inspirant pour recommander des changements au Canada par rapport à la participation des entreprises à la formation : Cela m'a vraiment ouvert les yeux de voir le système d'éducation allemand et la contribution des employeurs allemands au système d'éducation, le lien entre les deux. Les employeurs canadiens ne peuvent pas vraiment jouer de rôle dans le système d'éducation canadien. Sauf dans les écoles polytechniques et quelques collèges et universités, les employeurs ne font vraiment pas partie du système d'éducation. En Allemagne, les employeurs participent directement à l'éducation dès l'école secondaire[152]. Mathew Wilson Un témoin issu du milieu collégial partageait le même avis : J'ai eu l'occasion de prendre part à la mission en Europe pour étudier la formation axée sur les compétences. […] Elle s'est avérée une expérience révélatrice qui a montré comment les employeurs en Allemagne et au Royaume-Uni sont indissociables de la formation. […] Nous recommandons fortement au gouvernement fédéral d'entamer un dialogue avec les provinces sur la manière d'ouvrir l'apprentissage à d'autres groupes d'enseignement. Trop souvent, on interdit à nos collèges de carrière d'offrir des programmes de formation en apprentissage, particulièrement dans le domaine des métiers. Il s'agit d'une décision provinciale[153]. Serge Buy RECOMMANDATION 16 Le Comité recommande que le gouvernement fédéral poursuive le dialogue avec les provinces et territoires sur les façons de créer des programmes d’apprentissage dans plus de domaines de formation et d’inciter les jeunes à y participer. E. Initiatives d’employeurs canadiens en cours et défis à surmonterLa commissaire représentant les employeurs à la Commission de l’assurance-emploi du Canada a tenu à souligner l’apport déjà important des employeurs à la formation des Canadiens : Je tiens ici à souligner que la contribution des employeurs aux programmes de formation et autres prévus aux termes de la partie II de la Loi sur l'assurance-emploi s'élève à environ 1,2 milliard de dollars, une somme à laquelle s'ajoutent les 0,8 milliard de dollars provenant des employés, et que le total des deux constitue ce que l'on désigne comme étant le plus important investissement du gouvernement du Canada dans le marché du travail. Malheureusement, au lieu d'être salués de régler le gros de la note des programmes de développement du marché du travail prévus aux termes de la partie II de la Loi sur l'assurance-emploi, les employeurs essuient les critiques des décideurs et d'autres intervenants qui insinuent que les employeurs canadiens n'en font pas assez en matière de formation comparativement aux employeurs d'ailleurs. À ce sujet, il est important de souligner que les résultats des études de comparaison sur les efforts en matière de formation dépendent énormément de ce qui y est inclus — quels types de formation — et des façons de mesurer. Évidemment, la formation sur le tas qui se fait dans les petites et moyennes entreprises à l'échelle du pays n'est pas prise en compte, bien qu'il s'agisse d'une très importante contribution[154]. Judith Andrew D’autres intervenants ont également souligné l’importance de prendre en compte la « formation sur le tas » offerte par les employeurs : Notre troisième recommandation au comité est de faire en sorte que les ententes de programmes reconnaissent la valeur de la formation sur le tas. En effet, les programmes subventionnés par les provinces sont trop souvent axés sur de la formation formelle prodiguée par une tierce partie et perdent de vue ce que l'entreprise investit dans l'exercice — ce qui est particulièrement vrai en restauration — en matière de formation sur le tas, c'est-à-dire quand les directeurs et les superviseurs travaillent individuellement avec les nouveaux, lesquels en sont souvent à leur tout premier emploi[155]. Joyce Reynolds Nous voudrions que le financement associé aux EDMT tienne compte de la formation informelle en cours d'emploi que les PME du pays donnent à leurs employés. Les employeurs contribuent déjà à la formation et au perfectionnement de leurs effectifs, et il est temps que le financement gouvernemental en tienne compte[156]. Monique Moreau Certaines initiatives de formation déjà mises en place par des employeurs ont également suscité la discussion. Par exemple, la British Columbia Construction Association a décrit son modèle de formation, basé sur un jumelage des chômeurs à des possibilités d’emploi : Nous avons une équipe […] constituée de 57 travailleurs de terrain dans 14 collectivités de la province. […] Ces travailleurs sur le terrain font quelque 6 000 contacts annuels auprès des employeurs, et ces contacts ont pour objet de déterminer où se trouvent les emplois. […] c'est-à-dire que nous jumelons les travailleurs avec des possibilités d'emploi et qu'ensuite nous leur fournissons suffisamment de formation pour faire en sorte qu'ils soient davantage aptes au travail ou pour qu'ils puissent décrocher un poste. […] Un des résultats que nous avons obtenus l'année dernière est qu'environ 2 800 Britanno-Colombiens ont pu être jumelés à des emplois dans l'industrie de la construction[157]. Manley McLachlan […] nous disposons d'un modèle axé sur la demande plutôt que sur l'offre. Il s'agit d'une distinction très importante. Nous avons pour mantra — auquel adhèrent tous nos travailleurs sur le terrain — de ne pas amorcer la formation avant qu'une offre d'emploi ne soit faite. […] Nous nous déplaçons, nous rencontrons les employeurs, nous discutons de leurs besoins. Une fois ces besoins identifiés, nous retournons chercher les chômeurs. Nous savons où ils se trouvent[158]. Paul Mitchell Le représentant de l’Association nationale des collèges de carrières a fourni un exemple d’entreprise s’étant alliée à un institut d’enseignement pour créer un programme de formation : La société qui exploite la mine de nickel à Voisey's Bay a demandé à un de nos membres de l'Académie Canada de fournir de la formation aux communautés autochtones locales. Elle avait besoin de main-d’œuvre et ne pouvait en trouver dotée des compétences nécessaires. La formation a été offerte au sein de la communauté par Académie Canada. Leurs résultats ont monté en flèche; le taux de réussite des participants est passé de 7 % à 76 %. L'employeur était satisfait et les dirigeants de la communauté étaient extrêmement satisfaits. Tous y ont trouvé leur compte[159]. Serge Buy L’Association des industries de l'automobile du Canada a cité en exemple l’une de ses entreprises membres pour son implication dans la formation : À titre d'exemple, il existe une entreprise à Vernon en Colombie-Britannique, soit Kal Tire. Elle regroupe 250 magasins dans l'Ouest et en Ontario. Son modèle et sa façon d'opérer font en sorte qu'elle veut employer des jeunes et les former pour qu'ils développent une possible carrière dans ce domaine et n'obtiennent pas seulement qu'un emploi. […] L'entreprise investit dans la formation de ses employés. Elle a un centre de formation à Vernon et est en train de former ces jeunes et d'investir dans leur carrière. C'est la raison pour laquelle je crois qu'il existe aujourd'hui des exemples dans l'entreprise privée qui pourraient nous inspirer. […] Je crois que nous devons promouvoir ces modèles et en faire des histoires à succès[160]. Marc Brazeau Cependant, des obstacles entravent la participation de certains employeurs à la formation. Notamment, un manque de connaissance des programmes de la part des employeurs peut nuire aux opportunités de formation : En général, les entreprises connaissent très peu les programmes financés dans le cadre des EDMT ou les programmes de formation provinciaux et territoriaux, ou n'en profitent pas beaucoup — à moins que ce soit à leur insu, ce que je suspecte. Par exemple, elles ne sauront pas où leurs apprentis pourront se prévaloir du soutien à l'apprentissage offert aux termes de la partie II de la loi[161]. Judith Andrew L'un des plus importants défis entourant le recours aux EDMT actuelles demeure la sensibilisation. Beaucoup d'employeurs ne connaissent pas les programmes ou les critères d'admissibilité. Le processus de demande peut aussi être difficile et restrictif[162]. Robert Pitt D’autre part, la nécessité pour une entreprise de demeurer concurrentielle et de remporter des appels d’offres alors qu’elle forme un débutant est un défi : À mon avis, les employeurs cherchent à peser le pour et le contre. Ils veulent remporter les appels d'offres, rester concurrentiels et accomplir les travaux, mais ils estiment aussi qu'ils doivent recruter des jeunes et leur permettre de gagner de l'expérience[163]. Kim Allen Également, les ratios de formation imposés par certaines provinces rendent la complétion d’apprentissages compliquée dans certaines entreprises : En Ontario et dans l'Est, les ratios de formation, qui sont régis par la province, empêchent les petites et moyennes entreprises de former les travailleurs de façon à répondre à leurs besoins. S'il faut trois électriciens d'expérience pour en former un en entreprise, c'est assez compliqué[164]. Judith Andrew La crainte de « perdre son investissement » si la recrue passe à une autre entreprise après sa formation inquièterait aussi les employeurs : Les employeurs veulent réellement mettre les jeunes ingénieurs au travail pour qu'ils acquièrent de l'expérience, mais certains d'entre eux craignent la mobilité des ingénieurs, qui passent assez souvent d'une entreprise à l'autre. Les employeurs investissent dans les jeunes, qui seront embauchés par d'autres entreprises, etc.[165]. Kim Allen En guise de solutions à certaines des difficultés vécues par les entreprises, certains témoins ont émis des suggestions : Que peut faire le gouvernement pour aider [les petites entreprises] à continuer de former et d'embaucher des gens? Nous avons posé la question à nos membres, et ils ont répondu dans une très forte proportion que l'instauration de crédits d'impôt à la formation, l'allègement du fardeau fiscal et l'exonération des cotisations d'assurance-emploi durant la période de formation s'avéreraient fort utiles[166]. Monique Moreau Un fardeau administratif allégé des programmes de formation a aussi été demandé, puisque les petites et moyennes entreprises n’ont souvent pas les ressources nécessaires, par exemple un département de ressources humaines, pour gérer des exigences complexes[167]. De plus, une sensibilisation des employeurs à l’existence des programmes a été identifiée comme nécessaire afin d’améliorer leur participation à ceux-ci. RECOMMANDATION 17 Le Comité recommande que le gouvernement fédéral continue d’effectuer de la sensibilisation quant aux programmes et activités de formation offerts dans le cadre des ententes sur le développement du marché du travail, particulièrement auprès des employeurs. Selon des témoins, pour certaines professions, un programme de subvention pour le stage et les premières années d’emploi pourrait être bénéfique : Les employeurs sont favorables à tout type de programme qui les aiderait à ne pas subir de désavantage concurrentiel. […] je pense qu'il serait profitable de compter sur un programme de subventions pour aider les employeurs durant le stage et les deux premières années[168]. Kim Allen Certains intervenants ont fait la promotion d’une approche de formation qui impliquerait de façon plus directe les employeurs : La majorité des employeurs est plutôt d'avis que le fait de soutenir directement l'action commerciale par le biais d'incitatifs fiscaux […] ou un programme d'exemption de base pour l'assurance-emploi […], ou un crédit à la formation ferait plus pour les aider que de les envoyer dans des programmes gouvernementaux de formation financés par les EDMT[169]. […] Je crois que la solution est d'engager les employeurs plus directement. […] Le modèle le plus efficace est celui où les employeurs entreprennent d'embaucher quelqu'un et de le former pour répondre à leurs besoins[170]. Judith Andrew Un modèle de cette implication plus directe des employeurs dans la formation qui a été soulevé par les témoins est le défunt programme À la source, en vigueur dans les années 1990. Ce programme a été salué par le représentant des Manufacturiers et exportateurs du Canada, affirmant qu’il s'agissait d'une bonne utilisation des fonds, qui tenait compte des besoins des employeurs et donnait des résultats économiques tangibles : En vertu de ce programme, on plaçait des prestataires de l'assurance-emploi chez des fabricants, pendant une période pouvant aller jusqu'à 26 semaines, afin qu'ils puissent acquérir les compétences nécessaires et recevoir des formations utiles, notamment sur la santé et la sécurité au travail, la production ou la gestion environnementale. Les prestataires continuaient de toucher leurs prestations d'AE, mais au moins, ils obtenaient une expérience de travail en même temps. Les entreprises ont donc eu la possibilité de voir les employés à l'œuvre, dont bon nombre ont été embauchés à la fin du projet. […] C'est sûrement le genre de programme que nous aimerions dorénavant voir se multiplier[171]. Mathew Wilson Le Congrès du travail du Canada est lui aussi en faveur d’une participation accrue des employeurs à la formation. Il émet toutefois une mise en garde quant à une approche conçue de façon à répondre aux besoins particuliers de chaque entreprise : Les programmes de formation doivent mettre en adéquation les compétences et les emplois, mais les travailleurs veulent plus que de simples compétences propres à l'entreprise. Ils veulent une formation générale qui permet d'acquérir un large éventail de compétences, y compris de meilleures connaissances et une mise à niveau de leurs compétences essentielles. Ils veulent également se faire décerner un titre ou un certificat pour que leurs compétences soient reconnues dans le marché du travail au sens large[172]. […] Il faut dire très clairement aux employeurs que cette formation ne vise pas à garder les employés dans le même lieu de travail. Les gens veulent acquérir des compétences qui peuvent servir ailleurs également[173]. Barbara Byers RECOMMANDATION 18 Le Comité recommande qu’Emploi et Développement social Canada évalue la possibilité d’impliquer les employeurs plus directement dans la prestation de la formation, notamment en envisageant un programme de stage en milieu de travail durant la période de prestation de revenu d’assurance-emploi et/ou par le biais d’incitatifs fiscaux ou financiers aux entreprises qui offriraient des formations sur le terrain qui respecteraient certains critères à définir. L’un de ces critères pourrait être la transférabilité des compétences et connaissances apprises d’une entreprise à une autre. En somme, les témoignages entendus par le Comité suggèrent qu’une participation accrue des employeurs en matière de formation de la main-d’œuvre permettrait d’offrir aux prestataires d’AE des formations plus susceptibles de les aider à obtenir des emplois disponibles sur le marché du travail canadien, car ce sont les employeurs qui créent des emplois et connaissent les compétences nécessaires pour les occuper. Certains témoins ont indiqué que de récents efforts du gouvernement fédéral à ce chapitre, notamment la création de la subvention canadienne pour l’emploi, vont dans cette direction. RECOMMANDATION 19 Le Comité recommande au gouvernement de continuer à réduire les cotisations à l’assurance-emploi afin de favoriser la création d’un plus grand nombre d’emplois, la croissance et la prospérité à long terme. [134] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 1er mai 2014, 0950. [135] Ibid., 1005. [136] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 3 juin 2014, 0905. [137] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 3 juin 2014, 0910. [138] Ibid. [139] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 29 mai 2014, 0950. [140] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 15 mai 2014, 1000. [141] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 12 juin 2014, 0920. [142] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 13 mai 2014, 0905 et 0915. [143] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 1er mai 2014, 1010. [144] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 6 mai 2014, 0910-0915. [145] Ibid., 0910. [146] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 13 mai 2014, 1005. [147] Ibid., 1030. [148] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 29 mai 2014, 0925. [149] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 1er mai 2014, 1005. [150] Ibid., 1020. [151] Ibid. [152] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 27 mai 2014, 0920. [153] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 6 mai 2014, 0950-0955. [154] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 12 juin 2014, 0930. [155] Ibid., 0940. [156] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 15 mai 2014, 0950. [157] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 6 mai 2014,1000. [158] Ibid., 1000. [159] Ibid., 0950-0955. [160] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 29 mai 2014, 0930. [161] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 12 juin 2014, 0930. [162] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 29 mai 2014, 0855. [163] Ibid., 1010. [164] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 12 juin 2014, 0955. [165] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 29 mai 2014, 1010. [166] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 15 mai 2014, 0950. [167] Ibid. [168] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 29 mai 2014, 1010. [169] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 12 juin 2014, 0930. [170] Ibid., 1000. [171] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 27 mai 2014, 0850 et 0910. [172] HUMA, Témoignages, 2e session, 41e législature, 13 mai 2014, 0845. [173] Ibid., 0905. |