Que la Chambre s’ajourne maintenant.
-- Monsieur le Président, j'ai l'honneur de lancer ce débat d'urgence, qui porte sur la participation militaire du Canada en Irak. Je crois que c'est l'essence même de la démocratie de pouvoir débattre à la Chambre de ce sujet, qui revêt une certaine importance puisque nous parlons d'envoyer certains de nos soldats canadiens risquer leur vie.
Voici ce que le gouvernement nous a dit jusqu'à présent. Aujourd'hui, le a parlé du déploiement de 69 soldats. Je ne suis pas sûr s'il s'agit de forces spéciales ou si ce nombre englobe certains des militaires qui pilotent déjà nos avions Globemaster et Hercules là-bas. Quoiqu'il en soit, un certain nombre de forces spéciales se rendront dans le Nord de l'Irak, où se trouvent les Kurdes, et offriront des conseils stratégiques et tactiques aux forces peshmergas là-bas. Les forces spéciales seront clairement loin des zones de combat durant cette période et, après 30 jours, le Canada déterminera s'il veut continuer à jouer ce rôle. Je ne suis pas vraiment sûr du moment où cette période a commencé. C'est essentiellement ce que le gouvernement nous a dit.
Au comité, la semaine dernière, j'ai voulu obtenir l'assurance qu'il n'y aurait pas de mission de combat, autrement dit, que ces Canadiens n'iraient pas au front, n'accompagneraient pas les Peshmergas lors d'expéditions offensives, et ne participeraient pas à toute opération défensive si l'EIIL décidait de lancer une contre-offensive. On m'a assuré que le Canada ne participerait à aucune mission de combat.
J'ai également demandé si le gouvernement allait veiller à informer le Parlement s'il envisageait, à n'importe quel moment, de modifier la nature de l'intervention telle qu'elle a été définie jusqu'à présent. Le et le m'ont donné cette assurance.
Cela dit, de nombreuses questions subsistent. J'ai parlé des détails. Nous avons appris aujourd'hui que 69 militaires sont déployés. Nous ne savons pas exactement quand ils arriveront là-bas, ni à partir de quel moment on commencera le décompte des 30 jours.
J'aimerais dire aux Canadiens qu'il est particulièrement important que nous ayons une idée des délais en question. Il n'est pas question d'une opération de 30 jours. Selon ce qu'a dit le président Obama, il s'agira d'un effort de plusieurs années. Cela dépasse donc de loin les 30 jours prévus à l'origine, et je crois qu'il est important que les Canadiens comprennent que, pour affaiblir et éventuellement vaincre l'EIIS ou l'EIIL, il faudra beaucoup de temps. Il est donc tout à fait concevable que le rôle du Canada puisse changer. C'est pourquoi il est important que nous obtenions du gouvernement le plus d'information possible sur ce qui peut survenir, et sur la façon dont cette mission peut évoluer.
Nous savons tous qu'il faut vaincre l'EIIS sur le terrain. Il est acceptable que la coalition fournisse des armes modernes aux Irakiens et aux forces kurdes. Il est aussi tout à fait convenable de fournir des conseils stratégiques, comme le fera le Canada, ou de soutenir les efforts au moyen de frappes aériennes, comme le feront d'autres membres de la coalition. Toutefois, il faudra qu'on finisse par déloger et vaincre l'EIIS sur le terrain. C'est inévitable.
Actuellement, l'État islamique est fermement implanté dans une grande partie de l'Irak de même qu'en Syrie. S'il s'implante dans certains villages et certaines villes — Mossoul compte deux millions d'habitants, par exemple —, il est très important que nous soyons conscients qu'il faudra beaucoup de temps et des opérations de très grande envergure si nous voulons éviter tout dommage collatéral.
Il y a deux semaines, j'ai passé quelques jours en Irak et il était très clair — et toutes les parties sont d'accord sur ce point — que nous devons contribuer davantage à l'effort humanitaire, que nous devons poursuivre nos efforts diplomatiques et que nous devons continuer de nous occuper de la question des réfugiés irakiens. Toutefois, la question est la suivante: sur le plan militaire, outre notre rôle actuel qui consiste à fournir du transport aérien et outre le fait que nous fournirons des conseils stratégiques, étant donné que ce sera long, quelle est la probabilité que ce rôle soit modifié dans les prochains mois? Voilà pourquoi il est extrêmement important que le Canada examine soigneusement la question et que le Parlement soit informé au cas où il y aurait des changements.
Je m'excuse d'avoir omis de préciser que je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je tiens à remercier le de nous avoir permis, au porte-parole du NPD et à moi, d'être du voyage. Nous avons eu l'occasion de voir des choses que l'on ne voit pas lorsqu'on lit simplement des coupures de presse ou que l'on regarde la télévision. Nous avons vu certains des réfugiés qui se trouvent dans des camps dans le Nord de l'Irak. Les représentants des Nations Unies nous ont indiqué qu'ils planifiaient construire environ 8 à 10 camps et qu'ils avaient l'argent nécessaire, mais qu'ils avaient besoin de 25 camps. Ces responsables sont littéralement submergés par des centaines de milliers d'Irakiens qui ont fui le régime de terreur de l'État islamique et qui se regroupent maintenant dans le Nord de l'Irak. Nous avons rencontré des chrétiens chaldéens qui s'étaient regroupés autour de l'église chaldéenne à Erbil et qui ne voulaient même pas se rendre dans un camp de réfugiés. Cela démontre la gravité de la situation, car il n'existe aucun camp de réfugiés pour les accueillir. De toute évidence, nous devons en faire beaucoup plus sur le plan humanitaire.
Cela dit, qu'en est-il de l'aspect militaire? Pourquoi le Canada devrait-il s'en préoccuper? Comme certains Canadiens l'ont demandé, pourquoi intervenons-nous là-bas? La raison, c'est que cela nous concerne tous. Ce n'est pas seulement un problème irakien ou syrien. Il s'agit d'un problème lié à la sécurité collective du monde entier.
Selon les Affaires étrangères, environ 130 Canadiens se sont rendus dans cette région et certains en sont revenus après avoir été radicalisés. Ils sont actuellement au Canada, peut-être dans le but de recruter plus de soldats qui joindront les rangs de l'État islamique. Cette situation nous inquiète. Nous nous devons d'agir.
Voici la question qu'il faut se poser: quel sera le rôle militaire du Canada? Je vous le dis, cette situation ne se réglera pas en 30 jours; elle durera longtemps.
Nous devons y penser sérieusement. Nous devons suivre la situation très attentivement. Nous avons besoin que le gouvernement nous transmette les réponses aux questions, quand il les aura. Il faudra un certain temps pour déterminer la voie à suivre, étant donné la complexité des opérations militaires. Il serait impossible d'avoir toutes les réponses dès le début. Il faut travailler à la définition des rôles avec les Peshmergas kurdes. Il faut travailler avec les autres membres de la coalition. Cette opération complexe comprendra non seulement des activités terrestres, mais aussi des opérations aériennes. Nous comptons sur le gouvernement pour nous tenir informés et, plus important encore, pour nous signaler tout changement possible au rôle de nos militaires.
Nous devons intervenir davantage sur le plan humanitaire, nous en convenons tous. Le convient lui-même qu'il faut des résultats concrets à ce chapitre. Nous devons maintenir nos démarches diplomatiques, comme nous l'avons fait lorsque nous avons rencontré le président et le ministre des Affaires étrangères de l'Irak. Nous devons encourager ce pays à adopter une vision inclusive à l'égard des citoyens chiites, sunnites et kurdes, des minorités chrétiennes et d'autres minorités ethniques, afin que tous travaillent vers un objectif commun: faire disparaître l'État islamique.
Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, il faudra répondre à de nombreuses questions quant aux différents rôle que joueront les membres de la coalition. Nous n'avons pas encore les réponses à ces questions. Il faudra du temps avant de les obtenir; c'est un fait dont il faut être conscient.
Pour terminer, j'aimerais souligner que les Canadiens doivent se faire à l'idée que cette situation ne se réglera pas en 30 jours. Le Canada ne mettra pas fin à sa participation après cette période.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour participer au présent débat d'urgence. Je remercie mon collègue de de ses observations, lui qui connaît bien le dossier et qui, au nom des Canadiens, s'est rendu sur place pour constater de première main l'instabilité dans la région.
Le débat porte sur le rôle militaire du Canada pour aider le peuple irakien à se défendre contre le terrorisme de l'État islamique ou ISIS, terrorisme qui ravage actuellement leur pays. L'ISIS représente en effet une grave menace à la sécurité, non seulement en Irak et au Moyen-Orient, mais aussi bien au-delà de cette région. Malheureusement, on rapporte que des citoyens canadiens se seraient rendus en Syrie et en Irak pour joindre les rangs de l'ISIS, puis seraient revenus au Canada, potentiellement pour faire du recrutement.
Aujourd'hui, nous discutons de ce que nous avons appris plus tôt dans la journée, soit la décision du gouvernement d'envoyer un effectif de 69 militaires en Irak à titre consultatif. Cela s'ajoute à la mission de transport aérien axée sur l'acheminement d'aide humanitaire et de matériel militaire partout en Irak.
Les libéraux appuient l'envoi de ce nombre limité de membres des forces spéciales en Irak à titre consultatif et non pour prendre part au combat, et ce, pour la période fixée de 30 jours, tel qu'indiqué par le , afin de conseiller les chefs militaires irakiens en ce qui concerne la direction des opérations contre l'ISIS.
Comme nous le savons bien, l'Irak est très instable, ce qui est regrettable. Cette région est le berceau de la civilisation humaine. Le gouvernement irakien a perdu le contrôle de vastes régions du pays, et le groupe terroriste de l'EIIS a comme objectif de créer un État islamique dans la région. Les membres de ce groupe n'ont aucun scrupule à agresser et tuer des civils ainsi qu'à persécuter les minorités religieuses en employant des méthodes aussi horribles qu'inhumaines.
Le gouvernement nouvellement formé d'Irak, qui comprend des sunnites, des chiites et des Kurdes, doit faire preuve d'unité pour combattre ce brutal ennemi commun, mais, pour l'instant, il a besoin d'une aide internationale. Autant les Canadiens sont en colère à la vue des événements des dernières semaines, autant nous devons prendre un certain recul pour décider calmement et rationnellement de ce que nous ferons. C'est la raison pour laquelle les libéraux, à l'instigation du député de , ont demandé la tenue du présent débat d'urgence.
Le Canada a maintes fois répondu à l'appel au cours de son histoire. Nos forces armées se sont distinguées lors des deux guerres mondiales, de la guerre de Corée, en Bosnie, en Afghanistan et dans d'innombrables missions de maintien de la paix et d'aide humanitaire, un peu partout dans le monde. En outre, le Canada a décidé de ne pas envoyer de troupes dans certains conflits. Il y a treize ans, en 2003, le premier ministre du Canada de l'époque a refusé d'envoyer des troupes canadiennes prendre part à l'invasion de l'Irak. Le actuel a fait partie de ceux qui ont critiqué vertement cette décision, mais elle s'est avérée juste en fin de compte. En 2008, l'actuel a déclaré avoir changé d'avis; il considère désormais que la guerre en Irak a été une erreur.
Nous devons en conclure que le Parlement a le devoir de soupeser avec soin la question avant d'envoyer des hommes et des femmes de nos forces armées risquer leur vie. Nous devons nous laisser guider par les enseignements de l'histoire. Les interventions militaires doivent se faire dans l'intérêt de notre pays. La première responsabilité du gouvernement est de protéger le Canada et les Canadiens au pays et à l'étranger.
Le Canada a entrepris à certains moments de partager la responsabilité de la protection des populations à risque, dans d'autres régions du monde. Nous sommes réputés pour le travail que nous avons fait dans le passé afin de maîtriser des explosions de violence. Il est important de se rappeler que ces missions sont dangereuses et que des militaires canadiens y ont été blessés ou tués. Nous devons connaître tous les faits concernant la mission actuelle. Nous devons savoir quels sont les dangers et comment ils seront gérés.
C'est dans cette optique que nous devons considérer la situation où nous envisageons de placer les membres des Forces canadiennes qui participeraient à cette mission.
Quelle est la mission? Le affirme que les militaires canadiens agiront comme conseillers.
Qu'est-ce que cela signifie au juste? Quels sont les risques? À quoi nous mènera cette affectation initiale de 30 jours? C'est sur ces questions laissées sans réponse que porte l'actuel débat.
Il est essentiel que les Canadiens comprennent la nature précise de la mission proposée par le gouvernement. Nous nous attendons à ce que le gouvernement nous fasse part de détails, tels qu'une description précise des activités auxquelles nos militaires participeront et la durée attendue du déploiement. Quand commencera-t-il? À quoi nous sommes-nous engagés à l'heure actuelle? Il faut assurer aux Canadiens que nos troupes ne seront pas appelées à « fournir des conseils en combat rapproché » sur le terrain en plein combat durant ce déploiement.
Les Canadiens doivent connaître le spectre des opérations auxquelles participeront les forces armées, les mesures prises pour assurer leur sécurité et la façon dont la mission contribuera aux intérêts du Canada en matière de sécurité nationale. Mais surtout, comme mon collègue l'a souligné, le gouvernement doit consulter pleinement le Parlement s'il envisage de prolonger la mission actuelle, en changer la portée ou y ajouter d'autres éléments, risques ou responsabilités.
J'encourage le à tenir régulièrement des séances d'information avec les partis de l'opposition, afin que nous soyons tous bien informés au sujet de la mission et que nous ayons l'occasion d'offrir nos idées, afin d'en assurer le succès et de protéger nos troupes. Par ailleurs, nous encourageons vivement le gouvernement fédéral à augmenter l'assistance humanitaire apportée aux 1 million et plus de personnes devenues réfugiées en raison des activités de l'EIIS, et à continuer à faciliter l'installation de réfugiés irakiens ici au Canada. Je suis impatiente d'entendre les réponses du ministre de la Défense aux questions et demandes que je viens de mentionner.
De manière plus générale, les attentes à l'égard du rôle de nos forces militaires sont alimentées par la politique étrangère du Canada. Or, actuellement, notre politique étrangère n'est pas très cohérente, et je m'en désole. On manque d'initiative. On se contente de réagir alors qu'il faudrait plutôt planifier. Selon moi, la politique étrangère du gouvernement actuel consiste essentiellement à pratiquer une diplomatie tonitruante destinée à véhiculer la stratégie politique nationale et arrimée à des objectifs commerciaux. Voilà en quoi consiste la politique étrangère des conservateurs. Il en découle une série d'actions et de déclarations en réaction au contexte mondial ou aux crises à l'étranger, sans que les décisions et les actions s'appuient sur un cadre raisonné. C'est inadmissible. La vision incohérente du gouvernement par rapport à l'identité canadienne et au rôle de notre pays sur la scène mondiale entache notre crédibilité auprès de nos partenaires et ternit profondément l'image positive que nous nous étions durement forgée à l'étranger.
Au-delà de la politique étrangère, ce manque de cohérence caractérise également la stratégie de défense. En 2008, le gouvernement conservateur actuel a claironné sur tous les toits son engagement à assurer un financement stable et durable aux Forces armées canadiennes pour les 20 années à venir. Or, à peine deux ans plus tard, les conservateurs ont commencé à appliquer en catimini une série de gels, de coupes et de mesures de récupération. Aujourd'hui, l'armée de terre, la marine et l'armée de l'air doivent gratter les fonds de tiroir pour entraîner, équiper et soutenir leurs membres. Ces compressions budgétaires majeures ont été lourdes de conséquences pour les opérations et l'entretien, nuisant dangereusement à l'état de préparation des forces armées.
Actuellement, le budget de la Défense nationale est inférieur à ce qu'il était il y a sept ans alors que le gouvernement en avait promis l'augmentation stable. De surcroît, en pourcentage du PIB, il n'a jamais été aussi faible depuis que la Banque mondiale a commencé à tenir des statistiques à ce sujet, dans les années 1980. Il ne représente plus que 1 % du PIB, contre 1,3 % sous l'ancien gouvernement libéral, et il continue à baisser.
Lorsqu'on envisage de mettre nos soldats en danger, les parlementaires ont le devoir de poser les questions difficiles. Nous, libéraux, appuyons l'actuel déploiement de 69 conseillers militaires pour aider les Irakiens à faire échec à l'EIIS. Nous sommes fiers que le Canada soit depuis toujours réputé pour son civisme mondial, une réputation que nos forces armées ont largement contribué à nous façonner au fil des ans. Nous sommes immensément fiers de la qualité et du dévouement à toute épreuve des soldats des Forces armées canadiennes. Nous, parlementaires, avons le devoir de faire tout en notre pouvoir pour assurer leur sécurité et faire en sorte que leurs missions soient couronnées de succès.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole ce soir au nom de tous mes collègues ici présents, des Canadiens et du gouvernement, qui a bien l'intention de prendre les mesures nécessaires pour aider les Irakiens. Le gouvernement veut faire ce qu'il faut pour freiner, circonscrire et, si possible, éliminer le fléau du terrorisme qui fait des ravages dans cette région fière et dans le reste du monde. Voilà maintenant des décennies que le terrorisme issu des diverses doctrines extrémistes de l'Islam est considéré comme une grave menace à la paix et à la stabilité non seulement en Irak, mais dans de nombreux autres pays. Le monde mérite mieux. Il faut, pour une fois, que les nations collaborent, pas seulement le Canada et ses alliés: l'ensemble des partenaires du Moyen-Orient et du reste du monde doivent mettre la main à la pâte pour que plus jamais des terroristes ne fassent un coup d'État. C'est ce qui arrivé dans les années 1990 en Afghanistan, et, depuis quelques semaines, la même menace plane sur l'Irak.
J'ai été heureux d'entendre le député de appuyer les actions du gouvernement et la décision difficile de prendre part à la stratégie militaire mise en oeuvre sous la direction des États-Unis et à laquelle des dizaines de pays participent. Nous avons été quelque peu consternés d'entendre le discours partisan de la députée de . Cette dernière n'a pas dit grand-chose sur l'Irak; elle a plutôt lancé une série d'allégations et de comparaisons non fondées sur lesquelles je ne m'attarderai pas parce que nous débattons de questions trop importantes.
Pour répondre au député de , le fondement juridique de l'intervention est très clair. Nous avons été invités à nous rendre sur le terrain par le gouvernement irakien, par le gouvernement régional kurde et par la majorité des Irakiens, qui craignent cette menace autant que nous. La situation actuelle en Irak ressemble beaucoup à celle que connaissait l'Afghanistan en 2001 et en 2002, où les Forces armées canadiennes avaient été invitées et bien accueillies, et, à une plus grande échelle, à l'intervention de 2003, où nous avions dû faire face à des circonstances semblables.
Examinons brièvement les causes profondes du terrorisme qui nous trouble lorsqu'on regarde ce qui se passe à la télévision, qui suscite de vives inquiétudes chez les Irakiens et qui fait perdre des vies humaines. En Syrie, le terrorisme a tué presque 200 000 personnes au cours des trois dernières années. En Irak, les chiffres prennent des proportions énormes au cause de ce groupe terroriste absolument perfide.
Dans les années 1980, Al-Qaïda, qui a été fondé au Pakistan et qui a mené ses activités en Afghanistan, a mis en évidence cette idéologie. Oussama ben Laden et Abdullah Azzam, qui ne sont plus vivants aujourd'hui, ont été inspirés par les enseignements de Sayyid Qutb, membre des Frères musulmans dans les années 1960. Cet homme a défendu l'idée que les États n'étaient pas nécessaires pour que l'on puisse pratiquer sa vision tordue de l'Islam ou, au besoin, en imposer les préceptes au Pakistan, en Afghanistan et dans le monde arabe.
Avant qu'il ne soit trop tard, monsieur le Président, je dois vous dire que je partagerai mon temps de parole avec l'excellent député de , le secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères, dont les observations seront on ne peut plus pertinentes.
Nous savons qu'Al-Qaïda a presque scellé le sort d'un pays entier à cause des talibans, de leurs alliés et des groupes affiliés qui ont dirigé l'Afghanistan pendant cinq ans. L'idéologie d'Al-Qaïda a aussi prospéré pendant la guerre de Tchétchénie et d'autres conflits de moindre envergure qui se sont déroulés au Moyen-Orient au cours des 20 dernières années.
Puis, en Irak, en 2003, à la suite d'une invasion américaine, à la suite de la dissolution de l'État baassiste, à la suite de défaite de l'armée et de la police irakiennes, nous avons vu en Afghanistan une vague gigantesque de combattants terroristes endurcis — certains afghans, certains pakistanais et un grand nombre provenant de dizaines d'autres pays — se rendre littéralement en Irak pour combattre les États-Unis, les chiites et les modérés de toutes sortes. Ils y sont depuis, ancrés dans cet héritage, au point où, en Syrie, après 2011, après que les États-Unis eurent réussi à rétablir l'autorité gouvernementale dans la majeure partie de l'Irak, ils ont trouvé un autre État chancelant au bord de l'effondrement, y ont créé de nouveaux espaces pour s'entraîner, se constituer et s'établir pour poursuivre la lutte contre le président Assad, puis ont repris les combats de l'autre côté de la frontière, en Irak.
Nous nous retrouvons aujourd'hui avec deux grands pays, la Syrie et l'Irak, des pays menacés par la même organisation terroriste qui se bat maintenant à une échelle comme jamais auparavant. Je ne pense pas qu'il soit jamais arrivé en Afghanistan que 20 000 à 25 000 combattants étrangers aussi entraînés et armés soient déployés contre l'État afghan. Ils n'ont certainement jamais constitué une menace pour deux pays en même temps.
Nous sommes dans une situation très inquiétante, une situation qui menace grandement la paix et la sécurité internationales. Rappelons-nous la complicité de certains autres États qui a permis aux choses d'aller aussi loin. Il y aurait eu possibilité, l'année dernière, comme le savent très bien le secrétaire parlementaire et le , d'en faire plus en Syrie pour contrer ces menaces.
Or, Vladimir Poutine a décidé que ce n'était pas une bonne idée et qu'il valait mieux s'assurer que la souffrance du peuple syrien, et plus tard du peuple irakien, atteigne de nouveaux sommets et empêcher la communauté internationale de s'unir pour prendre des mesures décisives pour empêcher cette menace terroriste d'atteindre les proportions que nous voyons maintenant.
Plus qu'une organisation qui représente un danger pour nous, c'est une idéologie. Ces gens-là ne veulent pas seulement remplacer les gouvernements syriens et irakiens, ils veulent remplacer tous les gouvernement de l'Asie du Sud jusqu'à Al-Andalus dans la péninsule ibérique. C'est leur rêve, leur idéologie et notre cauchemar. Il est assorti d'une force terroriste, qui s'exerce non seulement avec des armes légères et des camions rapides, mais aussi par la volonté d'endoctriner des jeunes pour les convaincre de renoncer à leur vie pour prendre celles d'innocents civils dans des attentats-suicides.
Ces personnes utilisent des armes de destruction massive lorsqu'elles peuvent mettre le grappin dessus. Nous l'avons vu. Nous avons vu les efforts déployés par Al-Qaïda et par les groupes qui s'en inspirent pour tenter de se procurer des armes chimiques et des bombes sales. Heureusement, ils n'ont pas encore réussi à le faire.
Nous observons aussi cette idéologie du takfirisme, qui est complètement étrangère et contraire aux réelles valeurs de l'islam. Cette doctrine, adoptée par l'État islamique en Irak, préconise une vision sombre selon laquelle les musulmans ont le droit de tuer les autres musulmans qui ne partagent pas cette vision ou les non-musulmans. Il s'agit d'une décision arbitraire.
Nous avons vu les combattants de l'État islamique exercer ce « droit » à maintes reprises récemment lorsqu'ils se sont livrés à des exécutions, qu'ils ont assassiné des yézidis et des membres des minorités religieuses, et qu'ils ont massacré des populations dans l'ensemble de l'Irak.
C'est pourquoi nous sommes fiers des mesures que nous prenons. Nous sommes fiers d'avoir déployé des membres des Forces canadiennes pour donner des conseils et de l'aide. Nous sommes fiers de fournir des approvisionnements de secours, qui proviennent d'une réserve d'urgence que le Canada a eu la prévoyance de créer dans les Émirats arabes unis. Nous sommes fiers d'être déjà l'un des principaux contributeurs à l'aide humanitaire, d'avoir été sur le terrain, d'avoir été présents au Kurdistan avec notre et des députés de l'opposition pour constater par nous-mêmes la gravité de la situation et fournir des programmes de sécurité, ainsi que pour contribuer à la livraison de matériel militaire depuis l'Albanie et d'autres pays.
Nous avons comme objectif de prévenir et de décourager le terrorisme partout dans le monde, ainsi que d'empêcher les Canadiens d'être davantage impliqués qu'ils ne le sont déjà. C'est ce qu'ont fait la Loi sur la lutte contre le terrorisme et la nouvelle Loi sur la citoyenneté.
Notre intervention dans la région contribuera plus que tous nos efforts antérieurs à la création de la coalition, au renforcement des capacités et à l'émergence d'une volonté internationale visant à s'assurer que cette menace terroriste ne continue pas de croître et qu'elle finisse par être vaincue.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui et de me joindre à mon collègue, le , pour discuter de la situation au Moyen-Orient.
J'aimerais rappeler aux députés de l'opposition ainsi qu'aux gens qui nous écoutent aujourd'hui que mon estimé collègue a été l'ambassadeur du Canada en Afghanistan. Il s'y trouvait au moment même où ce pays était confronté à une grave crise déclenchée par le terrorisme. Il a servi le Canada avec distinction et il est donc très bien au fait de ce qui se passe dans cette région.
Soulignons que la crise à l'origine du débat de ce soir a commencé cet été. On nous a alors présenté des images choquantes d'exécutions perpétrées par l'EIIL et de civils irakiens déplacés en raison du conflit. Pour que nous puissions comprendre pourquoi nous en sommes arrivés à ce point, il convient d'expliquer certains aspects de l'histoire de l'Irak et de la structure sociale de ce pays.
L'Irak est un pays diversifié où plusieurs religions et minorités ethniques coexistent. Malheureusement, certaines d'entre elles sont maintenant rendues célèbres parce qu'elles sont ciblées par l'EIIL. Cela dit, les musulmans chiites, les musulmans sunnites ainsi que les Kurdes sont les trois principaux groupes que l'on trouve en Irak. Au cours des trois dernières décennies, chacun de ces groupes a vécu des expériences traumatisantes causées par des groupes terroristes brutaux, les milices et les gouvernements.
Jusqu'en 2003, l'Irak était gouverné par Saddam Hussein, qui jouissait de l'appui des sunnites. Nous savons tous que ce gouvernement a commis de graves violations des droits de la personne; c'est un fait établi. Des centaines de milliers d'Irakiens, plus particulièrement des chiites et des Kurdes, ont péri sous son règne. Après la période de transition qui a suivi la chute de Saddam, un gouvernement dirigé par les chiites a été élu en Irak en promettant d'être inclusif.
Cependant, ces promesses n'ont pas été tenues. Entre 2003 et 2013, la population sunnite est devenue de plus en plus marginalisée. Des lois dites de « débaasification », qui visaient à éliminer l'influence du parti de Saddam Hussein au sein du nouveau système politique irakien, ont empêché les sunnites d'obtenir des emplois dans le secteur public et ont fait d'eux des citoyens de deuxième classe. La loi antiterroriste de l'Irak a fait en sorte que les sunnites sont devenus des cibles faciles pour les arrestations arbitraires, et au printemps 2013, les forces irakiennes ont attaqué violemment des manifestants sunnites, tuant environ 50 personnes.
Parallèlement, les Kurdes du Nord ont développé leurs institutions et fait en sorte que leur région soit au coeur des investissements sûrs. Grâce à la zone de sécurité et à la zone d'exclusion aérienne établies par les États-Unis et leurs alliés dans le Nord de l'Irak, en 1991, le gouvernement régional du Kurdistan a été tenu relativement à l'abri des actes de violence qui ont touché le reste du pays. La constitution irakienne de 2005 a également conféré une très grande autonomie aux Kurdes, de même que près d'un cinquième du budget fédéral. Cependant, ces dispositions n'ont pas été entièrement mises en oeuvre par Bagdad, ce qui a suscité le mécontentement et incité ces gens à réclamer une plus grande autonomie.
Le gouvernement centralisé et autoritaire dirigé par la majorité chiite, la minorité sunnite mécontente, et le peuple kurde au nord, qui rêvait de plus en plus d'autonomie économique et politique: c'est dans ce contexte que la récente crise a éclaté.
La résurgence de l'EIIL en Irak s'est faite de façon graduelle. Le groupe terroriste surveillait de près les signes de vulnérabilité que je viens d'énoncer, et plus particulièrement la marginalisation des sunnites. Depuis 2010, soit après avoir été vaincu par les forces irakiennes et américaines qui étaient d'ailleurs appuyées par les milices sunnites, le groupe terroriste concentrait la majeure partie de ses activités en Syrie. Au cours de l'année 2013, l'EIIL a augmenté la fréquence des attaques et des bombardements en Irak; pendant cette seule année, environ 10 000 Irakiens sont morts en raison des violences. En janvier, l'EIIL a pris le contrôle de parties de la province irakienne d'Anbar, à l'Ouest du pays. Le groupe a notamment pris le contrôle des villes de Ramadi et de Falloujah, à moins de 100 kilomètres de Bagdad. À ce moment, le a évoqué publiquement l'inquiétude du Canada et a exhorté le gouvernement irakien à travailler en collaboration avec les différents groupes ethniques et religieux pour résoudre la crise.
La population d'Anbar est majoritairement sunnite. Certains de ses habitants, tellement désillusionnés par le travail du gouvernement Maliki, ont alors estimé que l'EIIL était une option viable, ou qu'ils pouvaient à tout le moins tolérer la présence du groupe sur leur territoire. Bon nombre d'entre eux ont maintenant changé d'avis. Même si le gouvernement Maliki était impopulaire parmi les sunnites, la majeure partie des habitants d'Anbar n'étaient pas favorables à l'occupation de l'EIIL. Comme quiconque le ferait en réponse à une oppression aussi brutale, ils ont tenté de fuir les violences de l'EIIL, ce qui explique la première vague de déplacement intérieur. Au total, près d'un demi-million de personnes d'Anbar ont été forcées de quitter leur maison entre janvier et mai cette année.
Malgré ces circonstances difficiles, des élections parlementaires ont pu avoir lieu à la fin avril. Le parti Dawa de l'ancien premier ministre al-Maliki a remporté les élections sans toutefois obtenir de majorité. Le taux de popularité de Maliki étant faible, les sunnites et les Kurdes étaient réticents à l'idée de former une coalition avec celui-ci.
En juin, l'EIIL a fait une avancée rapide vers le nord, avec le soutien, semble-t-il, de tribus sunnites. L'EIIL a capturé Mossoul, Tikrit, plusieurs autres villes et villages, ainsi que des infrastructures clés. Mossoul est la deuxième ville en importance de l'Irak et le fait d'en avoir pris le contrôle est une victoire importante pour l'EIIL, non seulement en raison du gain de territoire, mais aussi du pétrole et de l'argent saisis.
Par ailleurs, les Canadiens ont été choqués d'apprendre que certains des leurs étaient des combattants de l'EIIL en Irak.
Tout au long de l'été, l'EIIL a continué d'avancer vers le nord, vers le territoire contrôlé par les Kurdes. Des rapports sur la progression de l'EIIL faisaient état d'horribles cas de violation des droits de la personne. L'EIIL a lui-même envoyé des textos et des gazouillis sur ces actes dégoûtants, et il a publié des photos et des vidéos en ligne. Plusieurs centaines de membres de l'armée irakienne ont été exécutés et enterrés près de Tikrit. Près de Mossoul, l'EIIL a aussi exécuté environ 500 prisonniers et, comme nous le savons, deux journalistes américains et un travailleur humanitaire britannique ont été sauvagement décapités en guise de représailles contre les frappes aériennes américaines.
En juillet, le a vivement dénoncé la persécution religieuse menée par l'EIIL en Irak.
En effet, des yézédis et des chrétiens ont été kidnappés, violés et tués. Certains ont pu fuir pour se mettre en sécurité, mais en août plusieurs milliers de yézédis ont été coincés sur le mont Sinjar. C'était des familles qui n'avaient plus rien d'autre que les vêtements qu'elles portaient. C'est à ce moment-là que les États-Unis ont décidé d'intervenir en parachutant des vivres et en menant des frappes aériennes.
La crise humanitaire s'est aggravée en juin et en juillet. Au cours de ces deux mois, près d'un demi-million d'Irakiens ont été déplacés. La plupart d'entre eux ont cherché refuge dans la région du Kurdistan, en Irak. Leurs témoignages, dont certains ont été livrés au lorsqu'il s'est rendu en Irak il y a deux semaines, donnent froid dans le dos. Il faudra du temps à l'Irak et à la communauté internationale pour avoir un tableau complet des nombreux abus commis par l'EIIL pendant les mois d'été.
Durant cette période sombre, le Parlement irakien nouvellement élu s'est doté d'un président, Salim al-Jabouri, et d'un président d'État, Fouad Massoum, qui a nommé un premier ministre désigné, Haider al-Abadi. À chaque étape, le Canada a encouragé les dirigeants irakiens à poursuivre leur cheminement vers la formation d'un nouveau gouvernement inclusif. Nous avons fait cela parce que nous croyons fermement qu'il ne peut y avoir de paix durable en Irak sans un gouvernement inclusif.
Comme la majorité des groupes terroristes, l'EIIL exploite les divisions. C'est la marginalisation des sunnites sous le dernier gouvernement irakien qui a permis à l'EIIL de faire son récent retour en Irak. Par conséquent, il importe que le nouveau gouvernement ne répète pas les mêmes erreurs.
Heureusement, un nouveau gouvernement légitime et inclusif dirigé par Haider al-Abadi a été assermenté le 8 septembre. De concert avec nos alliés, nous sommes déterminés à fournir à ce gouvernement les outils dont il a besoin pour s'acquitter de sa tâche.
Le Canada est déjà l'un des principaux fournisseurs d'aide humanitaire. Nous continuerons d'appuyer les forces de sécurité irakiennes, y compris les Peshmergas kurdes, qui combattent l'EIIL. Notre aide comprend un soutien aérien et des conseils militaires. Une vaste coalition internationale est en train de se former contre l'EIIL, et de plus en plus de pays participent aux efforts aux côtés du Canada.
L'année dernière, nous avons adopté la Loi sur la lutte contre le terrorisme, qui a créé une infraction visant ceux qui quittent ou qui tentent de quitter le Canada en vue de commettre certaines infractions liées au terrorisme. Ces infractions sont passibles d'une peine pouvant aller jusqu'à 14 ans d'emprisonnement. Lorsqu'il était en Irak, le a annoncé un investissement de 5 millions de dollars destiné à des mesures visant à contenir les combattants étrangers qui affluent vers la Syrie et l'Irak. Nous travaillons avec des partenaires aux vues similaires pour remédier à ce problème, et ces efforts se poursuivront.
Le Canada est également déterminé à contrer le financement du terrorisme. L'EIIL, aussi appelé Al-Qaïda en Irak, est désigné comme une entité terroriste au Canada. Aux termes des lois canadiennes, nos institutions financières ont l'obligation de geler les actifs de l'EIIL et de divulguer tout renseignement sur ces actifs aux forces de l'ordre.
Enfin, nous continuerons de promouvoir la mise en place d'un gouvernement fédéral efficace, inclusif et représentatif à Bagdad grâce à nos programmes et mesures diplomatiques. Quand je parle d'un gouvernement inclusif, je parle non seulement de la composition du gouvernement, mais aussi des programmes et des mesures qu'il met en oeuvre.
:
Monsieur le Président, en 2004, le chef de l'opposition de l'époque, qui est aujourd'hui , s'était joint à pour réclamer une modification du Règlement de la Chambre des communes.
Ils ont convenu que tous les députés devraient pouvoir se prononcer sur la participation canadienne à un conflit armé.
En 2006, la plateforme du Parti conservateur comprenait l'engagement suivant:
Donnera au Parlement la responsabilité de superviser l'application de la politique étrangère du Canada et la participation des Forces armées canadiennes aux opérations à l'étranger.
Les députés remarqueront qu'il n'était pas écrit « à certaines opérations à l'étranger ». Aucune condition ni aucune exception n'est rattachée à cet engagement. Il n'est pas question de « missions de combat » peu ou pas définies.
En 2007, dans le discours du Trône, qui est la forme la plus solennelle d'adresse au Parlement, les conservateurs ont répété que le gouvernement avait clairement indiqué aux Canadiens et à nos alliés que:
[...] tout futur déploiement militaire devrait lui aussi recevoir l'appui de la majorité des députés.
Nous savons comment les parlementaires font entendre leur voix, et c'est par un vote tenu dans cette enceinte.
En 2009, le a déclaré sans équivoque que, dorénavant, le gouvernement s'engageait à:
[...] procéder à des déploiements militaires [...] uniquement avec l'aval du Parlement du Canada.
J'ai écouté avec grand intérêt le député de et, après lui, la députée libérale de exprimer leur appui inconditionnel à la décision du gouvernement. Toutefois, nous ne savons pas ce que ces troupes devront faire sur le terrain.
Évidemment, nous n'obtenons absolument aucune information en nous reportant aux audiences de la semaine dernière au comité. J'ai été estomaqué d'entendre le ministre parler d'armes de destruction massive. J'ai eu l'impression d'avoir voyagé dans le temps, lorsque les conservateurs cherchaient désespérément des façons d'expliquer cela.
Nous venons d'entendre le secrétaire parlementaire dire, avec beaucoup d'arrogance, qu'ils nous feront savoir quand les 30 jours seront écoulés. Autrement dit, ce sont eux qui déterminent le moment, les paramètres de la mission ne feront jamais l'objet d'une discussion à la Chambre, et les personnes qui ont été élues pour représenter les Canadiens n'auront pas le droit de voter. Le NPD n'accepte pas cela.
[Français]
Je suis extrêmement déçu que ni le ni le chef du Parti libéral s'expriment avec nous ce soir. C'est une question d'État, c'est une question de définition du genre de société dans laquelle nous acceptons de vivre. De notre côté, nous trouvons que leur absence en dit très long. C'est un débat d'urgence, un événement rare dans notre vie parlementaire. Ils auraient dû être ici. Ils auraient dû s'exprimer.
[Traduction]
Il est important de comprendre la menace; examinons la question objectivement. Les députés comprennent très bien la menace importante que pose l'État islamique en Irak et au Levant, l'EIIL, sur le plan de l'aide humanitaire et de la sécurité.
Les violences commises par l'EIIL sont répréhensibles. Elles comprennent des massacres, des violences sexuelles contre les femmes, des menaces de génocide à l'égard des minorités religieuses et ethniques, le déplacement par la force de civils et la destruction de lieux sacrés. Plus de 1,5 million de personnes sont déjà touchées par la crise humanitaire en Irak, qui remonte à bien avant la crise actuelle. Quelque 1,2 million de personnes ont été déplacées, et évidemment, la situation s'aggrave de jour en jour.
[Français]
Les Nations Unies ont déclaré qu'il s'agissait de ce qu'elles appellent l'état d'urgence maximale. La crise humanitaire et les menaces à la sécurité pourraient déborder le cadre des frontières de l'Irak et de la Syrie. Répondre aux menaces de l'EIIL implique une évaluation profonde et sérieuse de tous les faits sur le terrain et une compréhension claire du rôle que le Canada entend jouer. De la part du gouvernement: le néant, des phrases creuses sans signification.
C'est sur ce point que le gouvernement n'a pas été capable de répondre aux questions fondamentales des Canadiens et des représentants de la Chambre. Nous ne pouvons vaincre l'EIIL en étant flous et en manquant de transparence.
[Traduction]
On ne nous dit même pas combien de militaires sont déployés; après avoir parlé hier de plusieurs dizaines, on parle aujourd'hui de 69. J'écoutais le patiner cet après-midi sur l'une des tribunes, parler de logistique et d'aéronefs et du temps qu'il leur faut pour se rendre là-bas.
Nous ne le savons pas. Le gouvernement manque de transparence à l'égard des Canadiens.
[Français]
Plus important encore, personne ne nous a encore dit clairement ce que ces troupes vont faire pendant ce conflit. La seule réponse que nous avons, c'est que nos troupes conseilleront les combattants kurdes. Soit, mais le a dit au Parlement et au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international que nos troupes ne seront pas dans un rôle de combat et qu'il ne s'agissait pas d'une mission de combat. Il a même répété que nos troupes de combat ne fouleront pas le sol irakien. Il fallait le faire!
[Traduction]
Les militaires ne fouleront pas le sol de leurs bottes. Alors, soit ils portent des sandales, soit ils lévitent. Qu'en est-il?
[Français]
Il ne peut pas ou il ne veut pas répondre aux questions concernant le genre de conseils qu'une douzaine d'unités de forces d'opération spéciale donneront aux combattants kurdes. Étant donné l'histoire des Peshmergas, leur connaissance de la région et leur expérience accrue, de quels conseils ont-ils besoin de la part du Canada?
Si ces forces spéciales sont en train de donner des conseils, parce qu'ils sont en train d'aider des gens à viser leurs cibles au laser que quelqu'un d'autre va atteindre, s'agit-il d'un conseil? S'agit-il plutôt d'un jeu de mot, comme le député de l'a dit tout à l'heure en citant le premier ministre australien? En effet, ce dernier jouait sur les mots, car il ne serait pas directement impliqué dans une cause où il n'y aurait que lui. Est-ce à ce jeu qu'on est en train de se livrer?
Je n'en revenais pas, tout à l'heure, d'entendre la députée libérale de . Elle s'est levée et a dit ceci en anglais:
[Traduction]
« Nous devrions être pleinement mis au courant de la situation ».
[Français]
Cela suffit aux libéraux sur le plan international.
[Traduction]
« Nous devrions être pleinement mis au courant de la situation. »
[Français]
En tant que parlementaires, nous n'avons pas uniquement le droit d'être informés, nous devons aussi être consultés et nous avons le droit de voter.
[Traduction]
Le gouvernement prétend qu'il réévaluera la contribution du Canada dans 30 jours. On ne nous a pas donné les critères qu'il a appliqués. Après tout, cette première contribution a été faite à la demande des Américains, en fonction de leur évaluation. On peut supposer sans craindre de se tromper que le conflit ne sera pas terminé dans 30 jours. L'administration américaine et les conservateurs ont parlé d'une stratégie pluriannuelle. Il n'est pas étonnant que tant de Canadiens craignent profondément un changement d'orientation de la mission. C'est une pente dangereuse.
Il s'agit de graves questions stratégiques auxquelles il faut répondre. L'absence d'orientations claires n'est pas sans danger, surtout lorsque nous nous engageons dans une guerre dans une région marquée par des décennies de conflits. Si le gouvernement est incapable de répondre à des questions stratégiques de base sur son engagement militaire en Irak, comment les Canadiens pourront-ils savoir ce qu'il fait, et pourquoi croiraient-ils l'information qu'on leur donne? Selon ce que nous avons entendu ce soir, il est évident que le gouvernement ne sait pas ce qu'il fait.
Pourtant, il nous engage dans un conflit qui prendra de l'ampleur. C'est pourquoi il est essentiel que le gouvernement présente une motion claire précisant l'engagement du Canada en Irak. Selon moi, dans l'ordre des choses, cette responsabilité incombe au gouvernement, car j'ai aussi entendu le dire, ce soir, qu'il appartenait à l'opposition de faire en sorte que la question soit mise aux voix. Nous le pourrions dans le contexte d'une journée de l'opposition, mais ce soir, nous étions censés obtenir des renseignements précis et des réponses claires à nos questions, et on ne nous en a pas donnés. Les Canadiens n'en savent pas plus sur cette mission.
Après une décennie de guerre en Irak et en Afghanistan, les Canadiens s'attendent à ce que leurs dirigeants abordent la question des possibles engagements militaires avec prudence et transparence. Les Canadiens seront donc profondément déçus de voir que le et le chef libéral n'ont pas participé au débat d'urgence de ce soir.
Nous nous souvenons tous qu'en 2003, l'actuel , alors chef de l'opposition, souhaitait ardemment que le Canada participe aux opérations militaires américaines en Irak. Il a même publié, dans un journal américain, une lettre d'opinion dans laquelle il déplorait que le Canada s'oppose à cette guerre. Nous en gardons tous le souvenir. Le ministre espérait peut-être qu'une mention des armes de destruction massive lui donnerait des points bonis ce soir. En fait, je crois plutôt qu'il s'est mis, et qu'il a mis le gouvernement, dans l'embarras. Il est inquiétant de voir que le gouvernement semble incapable de démontrer, de manière cohérente, qu'il comprend les objectifs, la stratégie, les coûts et l'échéancier de la mission.
[Français]
Un tel flou de la part des libéraux a mené à près d'une décennie de dérives en Afghanistan. La Chambre doit se rappeler qu'au départ, l'intervention militaire canadienne en Afghanistan n'était censée être qu'un déploiement à court terme d'un petit groupe de militaires spécialisés. Cela devrait nous dire quelque chose.
Cette mission avait également été lancée dans un flou semblable, sans qu'un débat soit tenu à la Chambre des communes. C'est pourquoi l'actuel , qui était dans l'opposition, disait qu'il était insensé que le Parlement ne soit pas consulté. J'imagine, comme on dit, que that was then, this is now.
Une décennie plus tard, un autre gouvernement risque de répéter les erreurs du passé en engageant le Canada dans une mission militaire, en Irak cette fois-ci, sans avoir défini clairement le mandat des membres des Forces canadiennes ni avoir obtenu l'approbation du Parlement canadien.
[Traduction]
À l'époque du gouvernement libéral, un flou du même genre a mené à près de 10 ans de changements d'orientation à propos de la mission en Afghanistan. Je rappelle à la Chambre que la participation du Canada en Afghanistan a aussi commencé par le déploiement d'un petit groupe de soldats des forces d'opérations spéciales, supposément pour une courte période. Cette mission avait aussi commencé dans le secret, sans qu'il n'y ait ni débat ni vote à la Chambre des communes.
Nous voilà une décennie plus tard, avec un gouvernement différent, mais qui commet les mêmes erreurs. Les conservateurs n'ont aucune excuse, puisque ce sont eux qui ont clamé haut et fort qu'il fallait changer les règles, que les Canadiens devaient être informés, que le Parlement devait être consulté et pouvoir soumettre ces questions à un vote.
Il existe actuellement des besoins d'ordre humanitaire évidents. Quand il s'agit de besoins humanitaires sur le terrain, l'expertise du Canada est claire. Il n'y a aucun flou.
Notre porte-parole en matière d'affaires étrangères était en Irak il y a deux semaines. Des fonctionnaires de Bagdad et d'Erbil ont demandé aux parlementaires canadiens de contribuer aux efforts humanitaires. Fait intéressant, personne n'a demandé une participation militaire du Canada.
Les Nations Unies ont lancé un appel à l'aide pour répondre aux besoins des Irakiens déplacés à l'intérieur de leur pays, et nous avons exhorté le gouvernement à contribuer à ces efforts. L'hiver approche. Nous pouvons suivre l'exemple d'autres pays, dont la Norvège, qui ont envoyé d'énormes quantités de matériel.
[Français]
Nous avons pressé le gouvernement de contribuer à contrer la violence sexuelle. La représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles a signalé de très nombreux actes de violence, dont des actes de violence sexuelle contre des femmes, des filles et des garçons, membres des minorités irakiennes. Le Canada pourrait affecter des fonds pour répondre aux besoins spéciaux des victimes de ces violences sexuelles.
Nous avons demandé au gouvernement de veiller au respect du droit humanitaire international et de veiller à ce que les responsables de ces crimes de guerre soient jugés. Malgré les promesses du gouvernement, nous attendons toujours qu'il agisse en la matière. Nous devons continuer d'accorder une attention particulière à la crise des réfugiés syriens, qui a déjà eu de grandes répercussions en Jordanie et en Turquie, pays qui, eux, sont en train de faire leur part. Malheureusement, on ne peut pas dire la même chose du Canada sous ce gouvernement conservateur qui ne fait rien.
[Traduction]
Trop de questions restent sans réponse pour ce qui est de l'approche du gouvernement conservateur à propos de l'Irak. Il faut agir immédiatement sur le plan humanitaire. Quant au volet militaire, la prudence et la transparence sont de mise. Le débat de ce soir ne peut pas atteindre ces objectifs, puisque le gouvernement refuse toujours de présenter une motion qui décrirait clairement les objectifs, les paramètres et l'échéancier de la mission.
Le doit respecter la promesse qu'il a faite aux Canadiens: il doit soumettre ce déploiement militaire à un vote démocratique au Parlement.
[Français]
Trop de questions demeurent sans réponse en ce qui concerne l'approche de ce gouvernement par rapport au déploiement des troupes canadiennes en Irak. Le doit tenir les promesses qu'il a faites aux Canadiens et soumettre cette question à un vote à la Chambre. En l'absence d'un vrai débat, en l'absence de réelles informations, personne de responsable ne peut appuyer cette mission en Irak.
:
Monsieur le Président, je suis certaine que tous mes collègues à la Chambre s'entendent pour dire que la menace que présente la prise de contrôle de l'Irak par des régimes terroristes est très inquiétante. C'est très inquiétant pour le bien-être des Irakiens. C'est inquiétant pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient. C'est inquiétant pour la sécurité mondiale.
Le Canada ne saurait tolérer que l'État islamique en Irak établisse entre l'Irak et la Syrie un territoire autonome à partir duquel il mènerait ses opérations. Les raisons pour lesquelles c'est intolérable ont déjà été énoncées: le groupe pourrait faire circuler des armes et des extrémistes d'un pays à l'autre, opprimer de grandes populations de civils innocents et éroder encore davantage les conditions humanitaires déjà inquiétantes dans la région.
Le Canada et les Canadiens condamnent le plus vigoureusement possible les méthodes barbares employées par l'EIIL, comme le meurtre et le viol de femmes et d'enfants, le meurtre brutal de journalistes américains et d'un travailleur humanitaire britannique et l'odieux massacre de civils innocents au nord de l'Irak, notamment des membres de minorités religieuses.
Les préjudices qu'ont subis les populations locales sont bel et bien tragiques. Quelque 850 000 personnes en Irak ont été déplacées par la violence. Le nombre d'Irakiens qui ont dû quitter leur foyer depuis le début de l'année s'élève maintenant à 1,7 million, soit un des cas de déplacement intérieur les plus graves au monde. Les conflits armés dans le nord de l'Irak ont amené encore plus de gens à fuir, et la situation s'est détériorée encore davantage sur le plan humanitaire. Les conditions de vie sont effroyables pour un grand nombre d'habitants, qui ont besoin d'eau, de nourriture et d'abris. Ils ont également besoin de fournitures médicales.
Au début d'août, près de 200 000 personnes se sont rendues dans la région de l'Irak appelée le Kurdistan et dans d'autres régions frontalières contestées. Des milliers de personnes de plus ont fui en Syrie, pour revenir au Kurdistan par la suite. Ces gens ont tous besoin d'aide mais les efforts humanitaires sont freinés par la détérioration considérable des conditions de sécurité dans la région. Un nombre inconnu de civils demeurent pris dans les régions contestées, et leur accès aux services est limité. Ils vivent dans des endroits vulnérables, dans des écoles, des églises, des mosquées et des immeubles en construction.
L'arrivée de personnes déplacées à l'intérieur du territoire contribue davantage aux pressions exercées sur la structure déjà fragile des soins de santé. Beaucoup d'installations médicales sont totalement débordées et incapables de gérer un nombre de patients qui croît de jour en jour.
De plus, l'insécurité a rompu les axes de ravitaillement. La nourriture ne parvient donc plus aux gens qui ont faim. Tout aussi préoccupant, la prochaine récolte est en péril, car près du tiers du blé irakien est cultivé dans des régions où sévit le conflit. L'ombre de l'insécurité alimentaire plane donc de plus en plus.
Tout cela brosse un tableau saisissant qui suffit à convaincre n'importe quel pays bien intentionné de contribuer aux efforts humanitaires. Le Canada a été l'un des premiers à reconnaître son devoir d'offrir une aide: avant même que les Nations Unies qualifient la situation en Irak d'urgence de niveau 3, il avait déjà engagé des ressources aux fins de l'intervention humanitaire.
Le 10 août dernier, le a annoncé un train de mesures d'aide d'une valeur de 5 millions de dollars, appliqué par l'entremise de quatre partenaires humanitaires d'expérience qui oeuvrent depuis longtemps en Irak et dotés d'une excellente organisation là-bas. Développement et Paix, le Comité international de la Croix-Rouge, Aide à l'enfance — Canada et le Mercy Corps ont ainsi pu mettre notre aide au service des besoins humanitaires pressants des personnes qui doivent composer avec les désordres civils.
Le 29 août, le ministre a annoncé l'envoi de secours supplémentaires puisés à même la réserve nationale d'urgence du Canada aux personnes touchées par le conflit dans le Nord de l'Irak. La Croix-Rouge canadienne gère cette réserve d'articles conçus pour répondre aux besoins fondamentaux des populations en situation de crise, notamment des tentes, des couvertures, des ustensiles de cuisine, du matériel sanitaire et des jerrycans. Au début du mois de septembre, le ministre des Affaires étrangères a rencontré des représentants du gouvernement régional du Kurdistan pour discuter des efforts en vue de régler la crise humanitaire et de rétablir la sécurité dans la région. À cette occasion, il a annoncé 7 millions de dollars de plus en aide humanitaire.
Le Canada est profondément préoccupé par la situation qui sévit en Irak et aspire à ce que les Irakiens retrouvent une certaine stabilité. Ce ne sera pas facile, et cela ne se fera pas du jour au lendemain. Néanmoins, nous sommes convaincus que, avec l'appui de la communauté internationale, l'Irak et le monde entier sauront repousser la menace que représente l'EIIS, ce qui permettra, en Irak, de remplacer l'aide humanitaire par une aide au développement.
En juin dernier, le Canada a reconnu l'Irak en tant que partenaire du développement. Il est encore trop tôt pour dire en quoi consistera précisément le futur programme d'aide au développement en Irak et à combien s'élèvera son enveloppe budgétaire. Cependant, nous savons qu'il sera axé sur les priorités qui sont les nôtres dans tous les pays en développement: accroître la sécurité alimentaire, assurer un avenir prometteur aux enfants et aux jeunes, stimuler durablement l'économie et soutenir les pouvoirs publics.
Il y a de l’espoir pour l’Irak, son avenir et le bien-être futur de sa population. Le Canada prévoit jouer un rôle important dans cette progression grâce à son aide humanitaire et son éventuel programme de développement.
Le Canada s’engage à aider tous ceux touchés. Nous sommes actuellement l’un des principaux pays donateurs; nous avons fourni plus de 28 millions de dollars en aide humanitaire depuis le début de 2014. Les Canadiens ont raison d’être fiers de cette contribution. Le Canada continuera de collaborer étroitement avec ses alliés en vue de déterminer le meilleur moyen de continuer de voir aux besoins des civils irakiens, en particulier les minorités religieuses.
Monsieur le Président, je vous remercie d’avoir permis la tenue du débat ce soir. Les Canadiens doivent participer à une telle discussion, et je suis très reconnaissante d’avoir l’occasion de discuter de ces enjeux à la Chambre.
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Monsieur le Président, je tiens à remercier le député de d'avoir demandé la tenue du débat de ce soir, qui s'inscrit d'ailleurs dans les discussions qui se poursuivent entre les députés de l'opposition et les ministériels sur la situation en Irak.
Comme nous venons tout juste de l'entendre, il s'agit d'une crise humanitaire. Je suis heureux que le gouvernement du Canada ait déjà promis de verser plus de 28 millions de dollars en aide humanitaire. J'aimerais aussi rappeler aux députés que nous nous sommes également engagés à fournir 15 millions de dollars pour aider l'Irak à se protéger depuis le début de l'année, et nous assurons la livraison de fournitures militaires de première importance dans le Nord de l'Irak qui ont été données par nos alliées aux forces de sécurité irakiennes. En outre, comme il a été mentionné plus tôt aujourd'hui, le Canada a amorcé le déploiement de 69 conseillers militaires qui serviront dans le Nord du pays.
Nos conseillers militaires, en concertation avec les États-Unis et les membres de la coalition, fourniront des conseils stratégiques et tactiques aux forces de sécurité irakiennes, qui luttent contre l'impitoyable et cruel groupe terroriste connu sous le nom d'État islamique en Irak et au Levant, ou EIIL.
Je peux dire avec fierté que le gouvernement, grâce au déploiement des conseillers militaire et des Forces d'opérations spéciales du Canada, fait sa part et qu'il a franchi un pas important pour freiner l'avance dévastatrice de l'EIIL.
Jeudi dernier, j'ai participé à la réunion spéciale du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international qui portait justement sur le sujet dont nous débattons. La réunion a eu lieu il y a seulement une semaine, mais les événements se bousculent. L'EIIL a encore une fois fait preuve de brutalité la fin de semaine dernière lorsqu'il a tué de façon barbare le travailleur humanitaire britannique David Haines.
Il ne fait aucun doute que, si l'on ne fait rien pour contrer l'EIIL, sa férocité se répandra dans la région au point de devenir un problème de sécurité mondiale qui menacera la sécurité des Canadiens où qu'ils se trouvent dans le monde. Il faut arrêt l'EIIL.
Il y a deux semaines, lors du sommet de l'OTAN tenu au Pays de Galles, le a fait une déclaration concernant la réponse du Canada quant à la situation en Irak. Le a annoncé le déploiement de membres des Forces armées canadiennes en Irak. Plus précisément, ces derniers fourniront des conseils stratégiques et tactiques aux forces irakiennes afin d'assurer l'efficacité des opérations lancées contre ce groupe extrémiste.
Le Canada est un leader mondial dans les domaines de l'entraînement militaire, de la consolidation de la capacité et du mentorat dans les pays autres que les pays membres de l'OTAN. Les Forces armées canadiennes ont une grande expérience dans les régions antagonistes truffées d'insurrections armées. Je souligne encore une fois à quel point il est important de préciser que nos soldats en Irak agissent à titre de conseillers et ne participeront pas au combat. Ils ont été déployés pour une période de 30 jours, au terme de laquelle la situation sera réévaluée. Leur mission consiste à appuyer les forces de sécurité irakiennes dans le Nord, et ils bénéficient du plein consentement du gouvernement de l'Irak; en effet, comme tous les députés devraient le reconnaître, la stabilité à long terme de l'Irak est d'abord et avant tout la responsabilité de l'Irak.
Le Canada n'est pas le seul à offrir de l'aide au gouvernement irakien. Ces derniers jours, une coalition internationale dirigée par les États-Unis s'est réunie pour confronter la menace de l'EIIL. Les députés ont entendu la déclaration du président américain Obama la semaine dernière. Il y a annoncé la création d'une grande coalition dirigée par les États-Unis dont le but est d'affaiblir et de détruire l'EIIL.
Il a aussi énoncé une stratégie en quatre volets qui garantira le succès de la mission: premièrement, une campagne systématique de raids aériens visant des cibles militaires de l'EIIL; deuxièmement, un financement accru et un appui pratique aux forces de sécurité irakiennes qui luttent contre l'EIIL sur le terrain; troisièmement, le renforcement des efforts de lutte contre le terrorisme visant l'EIIL, notamment en éliminant ses sources de financement et en luttant contre la radicalisation; et quatrièmement, un accroissement de l'aide humanitaire dans la région pour aider les personnes déplacées par la menace de l'EIIL.
Bien évidemment, avant de faire parvenir de l'aide humanitaire aux personnes qui en ont le plus besoin, celles qui ont été persécutées, brutalisées et terrorisées par l'EIIL, il faut rétablir la sécurité dans la région.
Comme tout le monde peut le reconnaître, le rôle du Canada jusqu'à présent est essentiel au succès de la stratégie. Dans toutes ses collaborations militaires à l'étranger, le Canada se montre à la hauteur et demeure à l'écoute des besoins de nos partenaires. Notre aide sera essentielle. Nos soldats sont très éduqués et professionnels. Ils ont d'incroyables compétences techniques et ont fait leurs preuves dans les environnements les plus pénibles et dangereux du monde, dont l'Afghanistan, où ils ont travaillé étroitement avec leurs homologues américains et de l'OTAN pour lutter contre les insurgés et protéger les forces alliées durant l'opération Enduring Freedom.
Le haut niveau de connaissances techniques, de préparation et de maturité que nos forces d'opérations spéciales ont atteints à force de travail et d'entraînement leur confèrent les compétences techniques et diplomatiques dont elles ont besoin pour fournir de l'aide, des conseils et de la formation.
Le déploiement des Forces armées canadiennes représente une mesure immédiate et importante que le gouvernement prend pour inverser la progression dévastatrice de l'EIIL en Irak et en Syrie.
Outre le déploiement de conseillers militaires que j'ai déjà mentionné, je veux parler du système de livraison d'une importance cruciale que nous avons mis en place pour faciliter l'acheminement du matériel militaire aux forces de sécurité irakiennes. Comme cela a déjà été mentionné, des appareils C-130J Hercules et CC-177 Globemaster sont utilisés pour soutenir près de 100 membres de l'Aviation royale canadienne stationnés dans la région méditerranéenne. Ils sont déjà mobilisés et ont commencé à effectuer des vols le 28 août. Ils livrent du matériel militaire fourni par nos alliés, dont l'Albanie. Cette semaine, nous avons commencé à livrer du matériel fourni par la République tchèque.
Je peux confirmer qu'aujourd'hui l'Aviation royale canadienne a effectué 18 vols et livré plus de 850 000 livres de matériel militaire fourni par nos alliés, dont 1 000 casques, 6 600 gilets de protection et 1 760 gilets de protection balistique donnés par les Pays-Bas. Ils ont été acheminés jusque dans la région méditerranéenne par le Danemark, transportés par avion par le Canada et déchargés par les États-Unis et l'opération a été coordonnée par le Royaume-Uni. Cela donne un excellent exemple de l'étroite collaboration entre les alliés qui caractérise la réaction de la communauté internationale à la situation en Irak.
Encore une fois, même si ce n'est pas une mission de combat, cette mission n'est pas exempte de risques et, comme toujours, nos hommes et nos femmes en uniforme sont prêts à répondre à l'appel. Je pense que tous à la Chambre se joindront à moi et à tous les Canadiens pour les remercier d'être toujours prêts à défendre les valeurs et les intérêts canadiens dans le monde de plus en plus dangereux où nous vivons.
:
Monsieur le Président, je prends la parole ce soir pour participer au débat. Il est pour le moins malheureux que la question ne fasse pas l'objet d'une motion dont nous pourrions débattre pleinement pour ensuite la mettre aux voix. Notre chef a clairement expliqué pourquoi il devrait en être ainsi.
Non seulement notre parti souhaite que le Parlement ait voix au chapitre dans ce dossier — après tout, les parlementaires ont la responsabilité d'être au fait des activités des Forces canadiennes à l'étranger —, mais nous estimons également que le déploiement de nos militaires à l'étranger devrait faire l'objet d'un débat et d'un vote. Nous pensions que le était aussi de cet avis.
C'est ahurissant. Les conservateurs sont majoritaires et savent que, peu importe la motion qu'ils présentent, elle sera adoptée. Nous savons comment fonctionne le gouvernement conservateur: il ne s'agirait certainement pas d'un vote libre. Il est intéressant de voir que le gouvernement refuse d'être exhaustif et transparent.
Les conservateurs affirment qu'ils font preuve de transparence. Pourquoi alors ne présentent-ils pas une motion à la Chambre, devant tous les Canadiens, afin que nous débattions de ce à quoi nous nous engageons? Il est extrêmement important que nous procédions ainsi, comme nous l'indiquent les événements de l'histoire récente.
Non, nous ne sommes pas allés en Irak, mais à Kandahar, si; il s'agissait d'un compromis, c'est bien documenté. Nous n'étions pas préparés pour une mission à Kandahar, tout le monde en convient. Cette mission n'a pas fait l'objet d'un vote ni d'un débat, avec les résultats que nous connaissons.
Nous y voilà encore une fois. Nous demandons simplement au gouvernement de respecter son engagement selon lequel les missions des troupes à l'étranger doivent être définies.
Passons en revue ce que le gouvernement a fait cet été.
Au cours de l'été, le gouvernement nous a informés qu'il envisageait de fournir des avions de transport, pour aider notamment les yézidis, que l'EIIL avait isolés et dont les vies étaient en danger. Le gouvernement voulait leur apporter de l'assistance humanitaire. Le chef de notre parti a déclaré que nous étions tout à fait d'accord. Les choses ont changé par la suite, parce qu'il a été établi qu'une telle intervention n'était plus nécessaire et que la capacité de transport fournie servirait à d'autres fins.
Puis, il y a eu l'invitation à se rendre en Irak pour y faire une évaluation. Je suis allé à Bagdad avec mon collègue libéral et le . Nous y avons rencontré le président de l'Irak, le Président de l'assemblée législative et le ministre des Affaires étrangères. Nous sommes ensuite allés à Erbil, où j'étais déjà allé en 2007. Nous y avons rencontré le président du gouvernement régional.
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Nous avons appris que tous les représentants, qu'ils soient de Bagdad ou d'Erbil, le représentant des Nations Unies pour les réfugiés et notre ambassadeur, qui était à Amman, mais qui est responsable de l'Irak, ont demandé de l'aide humanitaire. Il y avait une crise et ils avaient besoin immédiatement de cette aide. Voilà précisément le message exprimé par notre évaluation.
Ô surprise, pendant que nous étions en Irak, le a annoncé au pays de Galles que le Canada s'engageait à envoyer des troupes. Selon les médias, un comité du Cabinet a décidé que nous enverrions des militaires. Il serait intéressant que le gouvernement nous dise qui faisait partie de ce comité. Quoi qu'il en soit, c'était très étonnant, autant pour moi que pour le , semble-t-il.
Voilà pourquoi il faut tenir ce débat, car on entend dire différentes choses. Certains disent que nous en enverrons des dizaines ou que nous en enverrons 100. Le a dit qu'il y avait 69 soldats des forces spéciales en Irak. Puis, on entend dire qu'il n'y en a pas vraiment 69 sur place, mais qu'ils s'apprêtent à être déployés et qu'ils prendront des armes en République tchèque et les transporteront sur les lieux. On entend aussi dire que des membres des forces spéciales fourniront des conseils et de l'assistance, quel que soit le sens de cette formule. Mon collègue de a fait des observations intéressantes sur la façon dont tout cela pourrait être interprété à partir de la mission australienne.
Voilà pourquoi il faut que la mission du Canada soit absolument claire. Et voilà pourquoi il faut une motion, un débat et un vote.
Mon collègue, qui m'a accompagné en Irak, a entendu la même chose que moi. Ce qui est le plus important, et ce que nous avons tous les deux entendu, c'est que les gens ont besoin d'aide humanitaire.
Si le gouvernement proposait d'envoyer des soldats là-bas pour construire des camps à l'intention des réfugiés, il obtiendrait probablement le soutien des députés de ce côté-ci de la Chambre, mais ce n'est pas ce qu'il propose. Il propose plutôt d'envoyer des forces d'opérations spéciales pour donner des conseils et de l'aide, sans que l'on sache exactement de quoi il est question.
On dirait bien que le député qui piaille par là-bas ne le sait même pas lui non plus. Il ne le dira certainement pas, c'est pourquoi nous, nous devons le mentionner. Pourquoi? Parce que des actes de violence horribles ont été commis récemment contre des Irakiens, plus particulièrement les yézidis, les chrétiens et les mandéens, des groupes minoritaires qui ont déjà tellement souffert. C'est la troisième fois que cela leur arrive. Ce n'est donc pas une nouveauté pour eux.
Les chrétiens ont été expulsés de Mossoul, tout comme les yézidis. Tout cela a commencé en 2006. Une deuxième vague d'expulsions a eu lieu en 2008, et une autre est en cours. Ce n'est donc rien de nouveau. Tout a commencé en 2003, à cause de l'invasion. Le réseau Al-Qaïda n'était pas présent en Irak avant 2003. Tout le monde sait cela. Tout est attribuable au vide causé par la division entre les sunnites et les chiites. Tout le monde le sait. Qui en fait les frais? Les minorités, que le gouvernement prétend appuyer et protéger. Ce ne sont que de belles paroles.
La semaine dernière, j'ai demandé au s'il accepterait d'accorder immédiatement de l'aide humanitaire aux réfugiés ainsi que d'aider les victimes de violence sexuelle et de protéger les minorités. Je ne veux aucunement manquer de respect envers l'ambassadeur Bennett, du Bureau de la liberté de religion, mais il n'est pas en mesure de protéger les minorités religieuses.
Les membres de minorités religieuses, plus particulièrement les chrétiens, nous ont dit qu'ils ne pouvaient pas retourner chez eux, qu'ils avaient besoin d'aide immédiatement et qu'ils ne voulaient pas quitter leur pays. Ils se sont montrés très clairs à ce sujet, comme mon collègue le sait sûrement. Ils avaient besoin de protection sur place. Pourquoi le gouvernement n'annonce-t-il pas ce soutien? Pourquoi ne l'avons-nous pas entendu exprimer vigoureusement son appui aux réfugiés qui sont laissés pour compte et qui, dans quelques mois, devront vivre dans le froid parce qu'ils n'ont nulle part où aller? En effet, toutes les écoles sont pleines. Les enfants ne peuvent pas aller à l'école à cause des réfugiés qui s'y trouvent.
À Dohuk, juste au nord de Mossoul, des gens vivent dans la rue. Ils sont privés des nécessités de subsistance. Ils n'ont pas de réseaux sanitaires ou d'aqueducs. Ils veulent que nous les aidions. C'est ce que nous devrions faire ici. Je croyais que nous allions procéder à une évaluation, puis aider immédiatement ces personnes. Au lieu de cela, nous avons un gouvernement qui ne peut pas nous dire ce que nous faisons dans une mission militaire. Mon Dieu, nous devrions fournir une aide humanitaire maintenant et faire notre part. C'est ce qu'ont fait d'autres pays. C'est le rôle du Canada. C'est ce qu'il devrait faire. Il devrait construire des camps de réfugiés, fournir un soutien en matière de santé, et veiller à ce que les victimes de viol obtiennent l'appui dont elles ont besoin, c'est-à-dire de l'aide psychosociale. C'est ce que nous devrions faire pour lutter contre ce problème.
Nous ne devons certainement pas répéter ce que les Américains ont fait par le passé et qui n'a pas fonctionné. Pendant que j'ai la parole, je dois absolument souligner le fait que, même si 10 pays dans la région appuient la coalition, qui n'a reçu aucun mandat de l'ONU et qui n'a même pas obtenu l'appui de l'OTAN, ce qui est très important, les pays arabes ne sont pas engagés à intervenir sur le terrain.
Étant donné que l'intervention n'a pas l'ampleur que nos amis américains souhaiteraient lui donner et que les habitants de la région touchée ne sont pas disposés à prendre les mesures que nous souhaitons les voir adopter, à l'exception des Kurdes, pourquoi alors devrions-nous envoyer là-bas des militaires pour participer à une mission mal définie? Pourtant, nous connaissons les besoins: un soutien apporté à l'aide humanitaire et la protection des minorités religieuses et des groupes minoritaires. Nous souhaitons tous prévenir ce genre de crime, mais nous devons le faire d'une manière qui aidera directement les victimes. Nous devrions faire cela immédiatement.
Cependant, nous ne rendons pas service à nos militaires en les envoyant à l'étranger pour participer à une mission mal définie et floue. Nous ne rendons pas service non plus aux Canadiens et nous nous détournons de notre objectif, qui est le soutien apporté à l'aide humanitaire.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de prendre part au débat de ce soir. Il s'agit d'un débat important, parce qu'il touche à un point crucial qui a été soulevé à de nombreuses reprises par notre parti, ainsi que par le en 2004, en 2005, en 2006 et après. Je veux parler du fait que, pour déployer des militaires canadiens à l'étranger, il faut un vote du Parlement et qu'il s'agit d'une décision que le Parlement a le droit de prendre.
Nous avons vu que ce n'est de toute évidence pas ainsi que l'entend le , et on dirait en plus qu'il a l'appui plein et entier des libéraux.
Je tiens à le rappeler, parce que nous nous apprêtons à nous lancer dans une mission à propos de laquelle de nombreuses questions demeurent. Il y a une semaine, mardi dernier pour être exact, le comité de la défense s'est réuni après que le gouvernement a annoncé son engagement. Engagement, je le rappelle au passage, qui a été pris sans que le gouvernement irakien n'en ait fait la demande. Autrement, pourquoi le aurait-il dit que le Canada va envoyer des troupes en Irak dès qu'il aura le consentement du gouvernement irakien? Quoi qu'en disent les députés d'en face, ce n'est donc pas à la demande du gouvernement irakien que l'on s'apprête à agir. Personne ne sait où cette mission va nous mener.
La semaine dernière, lorsque nous avons demandé ce qui allait se passer après 30 jours, on nous a répondu qu'on ne le savait pas, que la situation évoluait constamment et qu'on n'était pas certain de la tournure qu'elle prendrait. Lorsqu'on a demandé quels critères serviraient à déterminer ce que nous allions dorénavant faire, dans un sens ou dans l'autre, ou si les soldats seraient rapatriés, on nous a répondu qu'on ne le savait pas. Aucun critère n'a été indiqué, aucun chiffre n'a été donné.
Il a fallu attendre jusqu'à aujourd'hui pour obtenir un chiffre du , après qu'il a été mis dans une situation embarrassante parce qu'il n'a pas réussi à répondre à plusieurs reprises, à une simple question et après que le président des États-Unis a dit exactement combien de soldats de plus il envoyait, disant que 475 soldats allaient rejoindre les 1 200 qui sont déjà là-bas. Au moins les Américains ont dit ce qu'ils allaient faire, mais nous n'avons pas pu savoir quelles étaient les intentions de notre gouvernement.
Lorsque nous avons demandé pour quand le départ des soldats était prévu, on nous a répondu qu'on ne pouvait pas nous le dire, que, malheureusement, révéler les numéros des vols poserait un problème de sécurité. Les conservateurs ne pouvaient même pas dire exactement ce que les soldats allaient faire. Ils a fallu que le député de avance une hypothèse puis demande aux conservateurs de lui dire s'il avait raison ou était dans l'erreur. C'est la séance d'information la plus ridicule qui ait jamais été donné par un gouvernement à l'opposition. Un député de l'opposition a même dû faire une insinuation pour que le compte rendu montre qu'il y a une barrière inventée de toute pièce.
Nous avons entendu hier et ce soir du député de que cette mission durera des années et que les Canadiens devraient se faire à l'idée que ce sera une longue mission. Nous avons entendu des remarques semblables du .
Pourquoi alors tenir un débat ce soir? Est-ce pour vendre à la population canadienne l'idée que nous pourrions être là-bas pendant trois, quatre ou cinq ans et qu'après 30 jours, il y aurait autre chose, ce qu'on appelle « un changement d'orientation de la mission »? Le gouvernement ne veut même pas reconnaître que cela se fait.
Les gens qui me donnent leur point de vue disent tous qu'ils ne veulent pas être entraînés dans une guerre en Irak. Pourtant, aujourd'hui, seulement une semaine après l'annonce, par le président des États-Unis, de cette mission et de l'intention d'assembler une coalition, nous apprenons que les chefs d'état-major des États-Unis, qui sont l'équivalent de notre chef d'état-major de la défense, envisagent la possibilité d'envoyer des conseillers accompagner les troupes irakiennes dans leurs attaques contre l'EIIL.
Cela nous rappelle beaucoup la guerre du Vietnam, il y a longtemps. Le président Kennedy avait envoyé des « conseillers militaires » au Vietnam, ce qui avait débouché sur une guerre incroyablement longue et destructrice que les États-Unis ont fini par perdre en 1975. Nous avons déjà vécu ce phénomène du changement progressif d'orientation de la mission et nous entendons déjà dire que les conseillers pourraient prendre part aux combats.
On peut bien prétendre qu'ils sont là pour conseiller et aider, mais, comme certains l'ont déjà souligné, qu'entend-on exactement par là? Il s'agira de forces spéciales, et non de conseillers qui enseignent à des militaires comment accomplir certaines tâches. Il s'agira de forces spéciales, de troupes qui seront sur le terrain avec tout l'équipement que cela suppose.
Comme l'a souligné le colonel à la retraite Steve Day au cours de l'émission Question Period, l'autre jour, il est certain que ces soldats auront le droit de se défendre. Ils seront présents en tant que combattants.
Comme certains l'ont déjà souligné également, les troupes ne pourront pas se retrancher dans un camp, derrière des barbelés, loin des combats. Mon collègue le porte-parole du NPD en matière d'affaires étrangères et député d' ainsi que le député de se sont rendus sur place il y a deux semaines et se sont trouvés à distance de tir des forces de l'EIIL, qu'ils pouvaient apercevoir.
C'est une guerre asymétrique où les combattants ne sont pas séparés par des fils barbelés. Il n'y a pas de base bien protégée du genre de celle de Kandahar. C'est une guerre asymétrique que livrent les Peshmergas, une guerre qu'ils doivent livrer pour se défendre.
Notre débat de ce soir porte sur la participation canadienne. Il porte sur ce que nous comptons faire et sur le mandat que nous avons ou que nous n'avons pas pour le faire. Le gouvernement est très fort sur les beaux discours et très avare quand vient le temps de préciser les faits relativement au mandat et de préciser les objectifs. On nous dit qu'il s'agira d'une mission de 30 jours, une échéance qui n'a aucun sens. Je pense que tout le monde conviendra que très peu de choses peuvent être accomplies en 30 jours.
Nous voulons évaluer la situation. Qu'est-ce qui nous attend exactement? Nous voulons en être certains, étant donné que, selon le gouvernement et les libéraux, qui l'appuient, il y aura une suite.
Nous ignorons quelles sont les véritables intentions du gouvernement. Les discours que nous avons entendus ce soir, surtout celui du , ne nous ont pas du tout convaincus de ce qui se passe exactement. À quelle bataille participons-nous? Y participons-nous? S'attend-on à ce que nous participions à la bataille, comme l'a dit le député? La bataille à laquelle les gens de l'EIIL pensent participer a pour but de prendre le contrôle de tout le Moyen-Orient, de l'Espagne à l'Inde. Est-ce à cette bataille que le député pense que nous participons? Pense-t-il vraiment que l'Occident doit jouer à ce jeu et donner du prestige aux gestes posés par le groupe de l'EIIL?
Nous sommes entièrement d'accord avec la résolution 2170 du Conseil de sécurité. Adoptée à l'unanimité le 15 août, la résolution demande aux États membres de l'ONU d'agir pour éviter que des gens se joignent à ce groupe et d'adopter des mesures et des sanctions sévères et tout ce qui est prévu. Elle reconnaît les violations flagrantes, systématiques et généralisées des droits de la personne perpétrées par l'État islamique en Irak et au Levant. Il s'agit d'une déclaration complète qui décrie ces gestes.
Je tiens à préciser que nous condamnons sans réserve les gestes posés par ce groupe. Ce sont des activités criminelles de la pire espèce. Ce sont des violations des droits de la personne. Cette résolution demande aussi que les auteurs de ces crimes soient traduits en justice. Ce sont des atteintes criminelles aux droits internationaux de la personne.
Toutefois, ce n'est pas de cela que nous parlons maintenant. Nous parlons d'une mission militaire d'un genre différent et nous ignorons où elle nous mènera. Nous ignorons où elle pourrait mener les Forces canadiennes.
Nous ne sommes pas vraiment convaincus que le gouvernement actuel dit franchement ce qu'il fait. Nous n'avons pas foi, et les Canadiens non plus, dans les intentions véritables du gouvernement et nous ne savons pas où elles nous mèneront.
Je sais qu'il y a quelqu'un qui veut m'interrompre de l'autre côté. Je suis certain qu'il aura une chance de parler s'il le veut. Je sais qu'il a regretté des propos qu'il a tenus dans le passé et j'espère qu'il est maintenant disposé à se calmer et à écouter.
Malheureusement, les Canadiens craignent que le gouvernement s’engage dans une voie qui mènerait à une participation accrue des Forces canadiennes et du Canada en général à ce qui risque d’être une mission de longue haleine dans un pays où nous avons choisi de ne pas aller il y a 10 ans. Nous subissons les conséquences d’une mission entreprise il y a longtemps et laissée en plan depuis, mais sans que les problèmes ne soient réglés.
Il y a une crise, tout le monde s’entend. En Libye aussi, il y a une crise, mais nous n’irons pas résoudre une crise qui a vu le jour à la suite du changement d'orientation d'une ancienne mission, qui a laissé un pays en proie à la guerre civile et à la destruction, comme c’est aujourd’hui le cas.
Voilà ce qui nous préoccupe. Voilà pourquoi nous voulons que le gouvernement nous dise tout ce qu’il sait et qu’il organise un débat digne de ce nom. Et quand il aura joué cartes sur table, il faut qu’il demande à la Chambre de se prononcer. Voilà comment les choses doivent se passer.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de . Je suis honorée de prendre la parole à la Chambre au sujet de la situation en Irak. Je tiens à vous remercier, monsieur le Président, d'avoir accepté la demande de débat d'urgence à propos de cette grave situation afin que nous puissions discuter de l'intervention actuelle du gouvernement.
L'expansion de ce qu'on appelle l'État islamique en Irak et au Levant, ou l'EIIL, s'est accompagnée d'actes d'une brutalité ignoble contre les minorités religieuses de l'Irak. En août, nous avons été témoins de scènes atroces en voyant des dizaines de milliers d'hommes, femmes et enfants yézidis qui, menacés de torture, d'asservissement et de mort par l'EIIL, ont dû fuir vers les monts Sinjar.
La persécution des communautés chrétiennes de l'Irak n'a pas été moins brutale. Des centaines de milliers de chrétiens irakiens ont dû fuir leurs foyers lorsque l'avancée des militants islamistes leur a imposé ce choix déchirant: se soumettre à l'islam, prendre la fuite ou être tué.
Selon certaines estimations, nous assistons actuellement à un exode presque complet des chrétiens qui se trouvaient dans cette région. On y comptait plus d'un million de chrétiens avant 2003, dont plus de 600 000 se trouvaient à Bagdad et des dizaines de milliers à Mossoul et à Kirkuk, mais à la fin juillet, on estimait qu'il en restait maintenant moins de 400 000, et beaucoup d'autres ont fui le pays à la suite de la flambée de violence des six dernières semaines. Cet exode des chrétiens représente une immense perte pour l'Irak, la région et le monde entier.
La communauté chrétienne irakienne, vieille de 2 000 ans, a été fondée par les successeurs immédiats des apôtres. Elle a grandement contribué au patrimoine économique, intellectuel et culturel du Moyen-Orient. Plus important encore, le pluralisme découlant du voisinage entre ces communautés et leurs voisins musulmans est essentielle à la promotion de la tolérance, du respect et du pluralisme qui seront essentiels à une stabilité durable en Irak. Sans présence chrétienne et sans minorités religieuses, il deviendra beaucoup plus difficile de bâtir un pays démocratique fondé sur le respect de la primauté du droit.
Nous sommes conscients que les auteurs de ces actes violents adhèrent à une idéologie religieuse déformée motivée par la foi en un appel divin qui les invite à combattre les ennemis de l'islam. C'est un cancer qui s'étend. L'abominable idéologie de l'État islamique est aussi source de violence en Afrique de l'Est, au Nigeria, en Afghanistan, au Pakistan et partout au Moyen-Orient. Bien que le gouvernement canadien ait eu raison de demander aux Forces armées canadiennes d'aider nos amis et alliés à freiner l'avancement de l'État islamique sur le terrain, la force militaire ne pourra pas, à elle seule, éliminer de façon durable la menace que pose l'extrémisme islamique.
C'est pourquoi le gouvernement a aussi à coeur de promouvoir la liberté religieuse en Irak; c'est l'un des volets de notre intervention dans le cadre de cette crise. En plus de travailler, à court terme, à la protection des communautés religieuses qui ont fui la violence, nous savons qu'il faudra un gouvernement irakien stable, fondé d'abord sur la tolérance religieuse puis sur la liberté de religion, pour mettre vraiment fin à la spirale de violence, de persécution et de morts encouragée par les visions extrémistes des islamistes.
La majorité des musulmans, en Irak et partout ailleurs, déplore cette fausse interprétation de l'islam au nom de laquelle les actes de violence sont perpétrés. Les musulmans doivent toutefois reconnaître que l'extrémisme se développe dans un milieu sans respect ni tolérance pour la différence et la diversité religieuse. Il ne faut pas laisser s'installer en Irak les restrictions juridiques et sociales sur la liberté de religion, y compris les interdictions visant le blasphème et l'apostasie imposées ailleurs dans des pays à majorité musulmane. Non seulement elles portent atteinte aux droits des chrétiens et des autres minorités de pratiquer leur religion, mais elles découragent également les courants libéraux de l'islam, qui sont essentiels pour contrer à long terme l'influence des extrémistes.
C'est précisément pourquoi le gouvernement s'est engagé à faire de la liberté de religion une composante centrale de notre réponse à la situation en Irak.
Par le biais du Bureau de la liberté de religion, nous déploierons des efforts à court et à long terme pour promouvoir le dialogue interconfessionnel, encourager la compréhension et le respect entre les communautés religieuses irakiennes, et contribuer à l'élaboration d'un cadre social et politique permettant à tous les Irakiens d'exprimer leur foi librement et sans crainte. À cette fin, le Bureau de la liberté de religion, en collaboration avec des organismes partenaires, travaillera au cours des deux ou trois prochains mois à déterminer certaines initiatives en ce sens. Nous allons également faire appel à nos amis et alliés afin que l'on reconnaisse de plus en plus le rôle important que joue la liberté de religion pour établir une paix durable à long terme en Irak et, ultimement, pour mettre en échec la violence entretenue par les islamistes.
Notre ambassadeur de la liberté de religion, Andrew Bennett, mène aussi des activités de liaison avec la communauté religieuse canadienne-irakienne, y compris avec des membres de l’Église syriaque et de l'Église assyro-chaldéenne, des yézédis, des représentants de la communauté juive, ainsi que des dirigeants communautaires chiites et sunnites, pour déterminer la meilleure façon d'aider les communautés religieuses menacées en Irak et d'assurer la liberté et la tolérance à long terme. L'ambassadeur Bennett a également eu des discussions fructueuses avec un certain nombre d'organismes religieux d'aide, comme l’Association catholique d’aide à l’Orient et Aid to the Church in Need, pour examiner les possibilités d'un partenariat avec le Canada sur le terrain. En tant que société multiculturelle et multiconfessionnelle, le Canada est particulièrement bien placé pour promouvoir la coexistence pacifique des diverses collectivités ethniques et religieuses de l'Irak. Nous avons une riche et fière tradition de diversité, de respect et de tolérance, une tradition qui a contribué à l'instauration d'un climat de paix et de prospérité. Grâce à notre engagement en Irak, nous honorerons cette tradition en luttant contre la haine et la persécution, en défendant les valeurs du pluralisme et de la liberté religieuse et en soutenant les efforts des Irakiens pour assurer la stabilité de leur avenir.
En tant que députée de , où se trouve la BFC Petawawa, je suis fière de parler du Régiment d'opérations spéciales du Canada, ou ROSC, dont le quartier général se trouve à Petawawa. Le ROSC a été mis sur pied en 2006 et est le premier régiment canadien à avoir été créé depuis 1968, année de la création du Régiment aéroporté du Canada. Sur cette note, je dirais que la décision de démanteler le régiment aéroporté, qui était motivée par des considérations d'ordre politique, n'était pas judicieuse. Dans le monde agité où nous vivons actuellement, je sais que les Canadiens bénéficieraient de ces compétences.
Comme les Canadiens le savent, des membres du ROSC ont été déployés en Irak pour conseiller le gouvernement canadien à propos de la situation en Irak et de la menace posée par l’EIIL et lui fournir des renseignements à ce sujet. Au nom du gouvernement canadien, je veux remercier les familles des soldats de Petawawa qui s'occupent du foyer en attendant leur retour.
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Monsieur le Président, le Canada s'inquiète grandement de la récente recrudescence de la violence en Irak et de ses conséquences d'ordre humanitaire. Le Canada condamne certainement avec fermeté le fait que les civils et les minorités religieuses soient pris pour cibles. Nous nous inquiétons vivement des rumeurs selon lesquelles de possibles crimes de guerre et crimes contre l'humanité auraient été commis. Voilà pourquoi nous continuerons de demander à toutes les parties impliquées dans le conflit de respecter les droits humanitaires internationaux.
À la fin août, j'ai visité les villes d'Erbil et de Duhak en Irak; je faisais alors partie d'une équipe d'observation qui était parrainée par le révérend Majed El Shafie et l'organisme One Free World International. Nous avons rencontré des personnes déplacées qui vivaient dans des camps du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Leurs récits étaient poignants. Nous nous sommes assis sur le sol aux côtés de nos frères et soeurs. Leur sort est tragique. Il s'agit d'une tragédie sans nom qui ne saurait être excusée.
La situation humanitaire en Irak continue de se détériorer au fur et à mesure que les affrontements armés entre l'État islamique en Irak et au Levant, que nous connaissons sous le nom d'EIIL, et les forces gouvernementales font de plus en plus de déplacés. On estime que, depuis janvier, 1,7 million de personnes de partout dans le pays ont été déplacées, soit le tiers du plus grand nombre de personnes ayant jamais été déplacées. Les services de base, comme les soins de santé et les infrastructures d'approvisionnement en eau, sont perturbés, ce qui cause une grave crise humanitaire.
Les organisations humanitaires sont incapables de se rendre dans les régions contrôlées par l'EIIL à cause de l'intensité des combats qui s'y déroulent. La persécution des groupes minoritaires, notamment les chrétiens, les yézidis, les Shabaks et les turkmènes chiites, est une source constante d'inquiétude.
Les déplacements actuels près de la région kurde de l'Irak ne sont que les plus récents d'une série de déplacements à grande échelle qui ont lieu partout en Irak et qui ont commencé au début de l'année. On estime qu'au début de 2014 le conflit a entraîné le déplacement de 475 000 personnes dans la province d'Anbar. En juin, selon les estimations, 571 000 personnes ont été déplacées de Mossoul. En août, 662 000 personnes ont été déplacées de la région de Sinjar lorsque des dizaines de milliers de yézidis sont restés coincés dans des conditions humanitaires pénibles. Les autorités locales que j'ai rencontrées sont dépassées par l'ampleur et la vitesse des déplacements, y compris l'administration locale de Duhak, qui accueille maintenant plus de 400 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays.
Lors de ma rencontre avec les représentants locaux, à Duhak, nous avons parlé de leurs besoins. Je sais que le Canada continuera d'offrir son aide pour le logement et les besoins médicaux, particulièrement à l'approche de l'hiver.
Le 12 août, les Nations Unies ont défini la situation comme une urgence de niveau 3, soulignant ainsi la gravité de la crise. En conséquence, l'intervention humanitaire dans les régions accessibles a rapidement pris de l'ampleur et les initiatives humanitaires seront renforcées.
Environ 35 % des Irakiens déplacés à l'intérieur du pays vivent dans une situation précaire dans des écoles, des églises, des mosquées et des immeubles en construction. Le dernier jour où notre délégation se trouvait là-bas, nous avons rencontré le plus important groupe de personnes déplacées à l'intérieur du pays dans une école à moitié construite de Duhak. On s'inquiète du fait que les écoles devront être reconverties, manifestement, pour permettre aux enfants d'aller à l'école. Ces gens n'auront aucun endroit où aller.
Le Canada travaille activement avec ses partenaires pour satisfaire aux besoins des enfants et pour voir si nous pouvons en faire plus. Actuellement, nous faisons appel à des partenaires expérimentés, comme Aide à l'enfance et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, afin d'offrir aux enfants déplacés des milieux adaptés à leurs besoins et le soutien psychologique dont ils ont besoin. Nous estimons que les enfants ne devraient pas subir les conséquences des conflits entre adultes et que la formation scolaire continue des enfants doit être préservée, même en situation de conflit.
L'afflux de personnes déplacées à l'intérieur du pays exerce aussi une pression considérable sur les réseaux de santé et beaucoup d'établissements de santé sont dépassés par le grand nombre de cas à traiter. J'ai rencontré le directeur de la santé de Duhak, qui m'a fourni des explications à ce sujet.
En outre, la question de la sécurité alimentaire est une préoccupation croissante. Les voies d'approvisionnement habituelles ont été bloquées en raison du conflit et de l'insécurité. Dans les régions touchées par le conflit, la prochaine récolte est à risque; cela représente près du tiers de la production de blé de l'Irak. Si les problèmes ne sont pas réglés, des millions d'Irakiens pourraient être confrontés à des pénuries alimentaires plus tard cette année.
Pour le milieu humanitaire, l'un des principaux problèmes demeure la difficulté de se rendre dans les zones de conflit pour aider les gens qui ont vraiment besoin de notre aide. Le nombre effarant d'endroits différents où les gens ont cherché refuge ainsi que la mobilité des gens ajoutent un degré de complexité qui complique davantage la tâche des organismes humanitaires.
Le Canada peut compter sur des partenaires humanitaires d'expérience, comme les Nations Unies, des organismes humanitaires, la Croix-Rouge internationale, le Croissant-Rouge et diverses organisations non gouvernementales, pour acheminer de l'aide à qui en a besoin. Je le sais, je l'ai vu de mes propres yeux.
Aujourd'hui, le Canada a consenti plus de 28 millions de dollars en aide humanitaire à l'Irak. De ce total, 18,8 millions serviront à répondre aux besoins occasionnés par le conflit, et 9,6 millions serviront à répondre aux besoins des réfugiés syriens qui ont trouvé refuge en Irak après avoir fui le conflit dans leur propre pays. Nous mettons tout en oeuvre pour répondre au plus grand nombre de besoins possibles et pour n'oublier personne.
Les fonds versés par le Canada vont permettre de répondre aux besoins dans divers domaines: santé, logement, eau potable, hygiène, protection et alimentation. Nous allons par exemple envoyer des cliniques mobiles par l'entremise de Plan Canada, en plus d'acheminer des fournitures médicales au Comité international de la Croix-Rouge. La Croix-Rouge canadienne est en train de voir ce qui peut être fait de plus. Le 28 août, le premier de nos avions transportant de l'aide humanitaire est arrivé à destination, et il ne sera pas le dernier.
À l'heure actuelle, le Canada est le cinquième contributeur en importance aux efforts d'atténuation de la crise. Je crois important de signaler qu'il est aussi le cinquième contributeur en importance au Fonds central d'intervention d'urgence de l'ONU, auquel il a versé plus de 10,8 millions de dollars pour pallier à la crise en Irak.
Lorsque j'étais sur le terrain, nous avons eu l'occasion de rencontrer notre ambassadeur en Irak et en Jordanie, Bruno Saccomani, et je lui ai demandé ce que nous faisions là. Ce qu'il nous a appris était incroyable. Le Canada est un véritable chef de file. Nous avons fait preuve d'une grande initiative et offert un énorme soutien. Nos gens sur le terrain là-bas sont bien déterminés à s'assurer que le Canada assume pleinement son rôle pour offrir de l'aide humanitaire et d'autres formes d'aide aux gouvernements kurde et irakien.
En tant que député, cette visite en Irak où j'ai rencontré des victimes des attaques de l'EIIL m'a profondément bouleversé. Je ne l'oublierai jamais. Des pères, des mères, des enfants, des grands-pères, des grands-mères et des amis membres d'une communauté dont des amis et des voisins ont été assassinés lors de ces attaques ont fui pour tenter de reconstruire leur vie.
Ce fut une expérience des plus émouvantes. Je tiens à remercier les membres de l'organisation One Free World International d'avoir pris le temps de nous inviter, deux de mes collègues de la Chambre et moi, à se joindre à eux pour rencontrer ces gens et leur faire part de l'appui du Canada. Puisse Dieu continuer de bénir tous ces gens. Prions tous pour eux, pour la paix et pour des jours meilleurs.
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Monsieur le Président, il y a une chose qu'on peut certainement faire pour l'Irak et que les Irakiens veulent qu'on fasse pour eux. Il s'agit de leur apporter une aide humanitaire pour alléger une situation insoutenable sur le terrain et pour aider les personnes déplacées à l'intérieur du pays.
Des milliers de familles ont dû quitter la zone de combat. Plus de 1,5 million de personnes sont affectées, incluant 1,2 million de personnes déplacées. On donne souvent ces chiffres quand on parle de catastrophes dans différents endroits, mais j'essaie de me l'imaginer ainsi: 1,5 million de personnes, cela équivaut à la population de la ville de Montréal ou à deux fois celle de notre merveilleuse capitale fédérale. Il faut s'imaginer le nombre de personnes qui, dans leur être profond, sont touchées par cette catastrophe, et essayer de voir un peu plus loin que les simples chiffres.
Ces personnes ont un urgent besoin d'aide humanitaire. Les conditions actuelles sont très difficiles. Ces personnes se sont déplacées dans des chaleurs épouvantables de 40 degrés, et maintenant l'hiver arrive. Les gens ont souvent tendance à penser que dans ces régions, l'hiver doit être plutôt doux, mais au contraire, l'hiver peut y être très rude.
La situation est tellement difficile que les Nations Unies ont décrété que c'était un état d'urgence de niveau trois, ce qu'il n'y a pas souvent. C'est rare qu'il y en a plusieurs à la fois, et malheureusement, en ce moment, il y en a quatre: la Syrie, la République centrafricaine, le Soudan du Sud et l'Irak.
Ces 1,2 million de personnes ont besoin de tout: de la nourriture, de l'eau, des abris, des médicaments et des soins. Elles ont nulle part où aller, puisque les pays voisins sont déjà débordés par le grand nombre de réfugiés syriens. Même en Syrie, il y a beaucoup de réfugiés syriens.
J'ai oublié de mentionner que je vais partager mon temps de parole avec le député d'.
Ces gens ont nulle part où aller. Ils ne peuvent qu'être déplacés dans un pays qui vit déjà de grandes difficultés. De toute façon, ces gens veulent rester dans leur pays, ils ne veulent pas avoir à le quitter, et comme je l'ai mentionné, il n'y a pas d'issue pour eux. Ils ont donc besoin d'aide, notamment de camps de réfugiés.
Mon collègue d', porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires étrangères, est allé en Irak. À son retour, il m'a raconté que les gens à qui il avait parlé ne demandait rien d'autre que de l'aide et des camps. J'ai trouvé cela fascinant.
Ces gens ont aussi besoin de protection. Plusieurs sont membres de minorités chrétiennes ou autres qui font l'objet de persécutions et de meurtres. L'État islamique en Irak et au Levant se conduit de façon complètement barbare. Au-delà des meurtres, il y a un phénomène préoccupant et malheureusement trop fréquent dans ce type de situation, soit l'utilisation du viol comme arme de guerre et la violence sexuelle contre les femmes, les filles et les jeunes garçons, notamment de minorités religieuses.
Pour ces gens, la peur — j'oserais même dire la terreur — règne, de même que la faim et possiblement le froid, puisque l'hiver arrive, en plus de l'inquiétude, qui doit être terrible, face à l'avenir.
J'apprécie que le Canada ait donné des fonds. Il a donné 28 millions de dollars, dont près de 19 millions de dollars pour faire face à cette situation particulière. En outre, l'argent fourni par le Canada contribuera aussi, par exemple, à accorder de l'aide psychologique, notamment aux victimes de violence sexuelle. Toutefois, il faut faire plus. Le problème avec ce genre de situation, c'est qu'on ne peut pas dire qu'on a donné et que cela s'arrête là. La crise et ce que vivent les gens, cela ne s'arrête pas. On ne peut pas donner une fois et penser que c'est fini.
En fait, les besoins demeurent absolument immenses. Le 5 septembre, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a diffusé la déclaration suivante:
Le [Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés] a besoin de toute urgence de davantage de soutien financier pour pouvoir répondre aux besoins des personnes déracinées et des communautés d'accueil à travers l'Iraq. Dans le cadre de l'effort de l'ONU pour l'aide humanitaire, le HCR va bientôt lancer un appel de fonds d'un montant de 315 millions de dollars visant à répondre aux besoins des personnes déplacées en Iraq. L'accent sera mis sur la fourniture d'une aide vitale en termes de services en matière de protection et d'assistance pour répondre aux besoins essentiels les plus urgents des déplacés iraquiens, y compris la préparation aux conditions hivernales.
On revient au thème de l'hiver. J'aimerais ajouter une petite note parce que je vois que dans l'aide accordée par le Canada, une petite partie du montant ira à la préparation ou à la fourniture de matériel pour faire face à l'hiver. C'est toutefois très peu. Il faut faire plus maintenant. On a eu des rapports de diverses organisations en Syrie; elles avaient fait des demandes afin d'avoir du matériel pour faire face à l'hiver. Ils ont fait leur demande à la fin de l'été et ils ont reçu une réponse au printemps, donc trop tard évidemment. J'espère que dans le présent cas, on pourra procéder plus rapidement.
En fait, le Canada a accueilli favorablement les demandes du NPD en vue d'appuyer les réfugiés, de lutter contre la violence sexuelle et d'assurer le respect du droit humanitaire international. Nous nous attendons donc à ce que le Canada prenne d'autres engagements à ces égards dans les prochains jours.
Je pense qu'il y a un consensus pour demander constamment qu'on en fasse plus. C'est vrai que la situation actuelle n'est pas facile. Je parlais de la République centrafricaine, du Soudan du Sud, de l'Ebola dans l'Ouest de l'Afrique, de la situation en Ukraine et en Syrie, ainsi que des suites des derniers conflits au Moyen-Orient. Toutefois, c'est notre devoir moral d'être là. En outre, la participation du Canada à l'aide humanitaire, qui a été notre marque de commerce pendant des années, contribuerait peut-être à améliorer notre image sur la scène internationale, image qui a malheureusement été beaucoup ternie ces dernières années.
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Monsieur le Président, ce soir, j'ai l'honneur de me lever et j'ai le privilège de suivre la députée du NPD de dont j'estime toujours la contribution à la Chambre et au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, parce que son expérience en tant que diplomate partout dans le monde a beaucoup de poids. On apprécie l'avoir à nos côtés, et c'est un honneur de la suivre ce soir dans ce débat fort important.
Je profite également de l'occasion pour remercier le député de de cette initiative et d'avoir proposer un débat d'urgence sur la réponse du Canada à la situation en Irak. On convient tous de l'urgence de se saisir de la situation.
C'est toujours un honneur de se lever à la Chambre afin de discuter d'une situation qui requiert toute notre attention. On n'a pas souvent l'occasion de discuter de situation non seulement urgente, mais aussi critique. C'est d'ailleurs pourquoi on a donné ce titre au débat de ce soir.
Cette situation qui sévit en Irak doit absolument nous interpeller profondément en tant qu'élus, certes, mais également en tant que pays. La violence utilisée par l'État islamique en Irak est, nous en convenons tous, des plus ignobles et des plus choquantes. Elle est totalement répréhensible. Je pense qu'on ne l'a pas suffisamment répété. Par conséquent, nous avons déterminé presque à l'unanimité que le Canada doit avoir un rôle par rapport à certains aspects de cette situation.
Si on me permet de faire un aparté sur le rôle du Canada dans le monde, j'ajouterai que j'ai participé à des processus au niveau international pendant 23 ans. J'ai participé à des négociations multilatérales pendant 23 ans pour négocier des déclarations particulières. Il fut une époque où le Canada avait une réputation enviable, partout sur la planète, auprès d'autres pays. Je dirais même que c'était une situation très enviable. Je peux affirmer que, lors de ces débats et de ces négociations multilatérales qui se passaient aux Nations-Unies, quand le Canada prenait position sur un point litigieux, les autres pays l'écoutaient. Notre rôle est donc de définir notre politique étrangère. Nous avons perdu, depuis quelques années, ce rôle important que nous jouions.
La députée de a dit tout à l'heure que notre réputation minait notre rôle sur la scène internationale, ou quelque chose de ce genre. J'ai noté rapidement ce qu'elle disait. Je pense que c'est pire que cela, parce que cela mine surtout notre crédibilité quand on assume un leadership au niveau international, cela mine notre crédibilité et cela mine par-dessus tout notre influence sur le plan international. Comment peut-on avoir une influence sur les autres lors d'une situation critique si on n'a plus de crédibilité et qu'on a perdu cette réputation que nous avions? Il est malheureux qu'on soit rendu à ce point, mais c'est là nous en sommes.
Les mêmes défis reviennent dans toutes les situations similaires que nous avons vues sur la planète depuis presque toujours. Ce sont des défis complexes et compliqués, tant sur le plan politique que sur le plan humanitaire, comme vient de le souligner ma collègue de , et j'ajouterais à cela sur le plan des droits humains. En effet, on fait également face à des questions de droits humains en Irak aujourd'hui.
Ceux qui ont écouté le débat jusqu'à maintenant ont la preuve que ce sont des défis sur le plan politique en raison des positions exprimées de part et d'autre. Certains cherchent des réponses avant qu'on intervienne sur le plan militaire, ce qui est totalement louable. Quiconque prend une position raisonnable dans ce cas doit savoir dans quoi il s'embarque. On n'a pas toutes les réponses. J'ai été élu à la Chambre pour prendre des décisions éclairées et informées. C'est ce que j'ai toujours fait dans ma vie dans les postes et les rôles que j'ai assumés. Quand je négociais des ententes, mon peuple exigeait toujours des réponses éclairées et informées avant la prise de décision, afin de pouvoir agir en conséquence. On n'a pas cette possibilité à l'heure actuelle. Il y a déjà un problème sur le plan politique.
Certains cherchent des réponses, tandis que d'autres veulent aller de l'avant sans fournir ces réponses pourtant fondamentales et essentielles. Leurs alliés à la Chambre disent qu'ils n'ont pas toutes les réponses, mais qu'ils vont aller de l'avant quand même. Le chef de l'opposition a dit tout à l'heure que le NPD n'accepte pas d'agir de cette façon. Nous ne pouvons pas aller de l'avant avec certains aspects de la proposition sans être informés de façon éclairée; c'est extrêmement important.
Malgré les 28 millions de dollars déjà alloués — on félicite la secrétaire parlementaire pour cela —, les besoins demeurent constants à plusieurs égards. Par exemple, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a dit:
[avoir] besoin de toute urgence de davantage de soutien financier pour pouvoir répondre aux besoins des personnes déracinées et des communautés d'accueil à travers l'Iraq. Dans le cadre de l'effort de l'ONU pour l'aide humanitaire, le HCR va bientôt lancer un appel de fonds d'un montant de 315 millions de dollars visant à répondre aux besoins des personnes déplacées en Iraq. L'accent sera mis sur la fourniture d'une aide vitale en termes de services en matière de protection et d'assistance pour répondre aux besoins essentiels les plus urgents des déplacés iraquiens, y compris la préparation aux conditions hivernales.
Il faut saluer ce qui a déjà été accordé par notre gouvernement, mais encore faut-il réévaluer la situation et répondre aux besoins exprimés par l'Organisation des Nations Unies.
Je vais revenir brièvement sur le rôle que doit exercer le Parlement dans cette situation et dans la proposition gouvernementale à l'heure actuelle. Le rôle du Parlement demeure fondamental. Nous sommes des élus et nous sommes ici pour prendre des décisions. Ces décisions doivent être éclairées et informées. Plus encore, le Parlement doit assumer un rôle décisionnel dans le cas d'interventions et de déploiements militaires à l'étranger. Semble-t-il qu'on n'aura pas cette occasion. On nous dit de ne pas nous inquiéter et que tout va s'arranger. On ne peut pas accepter une telle proposition.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député d'.
Je suis ravi de prendre la parole au sujet de cette situation urgente qui touche le monde entier, c'est-à-dire la crise humanitaire complexe qui sévit en Irak. Je suis particulièrement honoré de parler à la Chambre de la façon dont le Canada collabore avec ses partenaires étrangers afin de s'attaquer directement à ce problème complexe.
Notre intervention en Irak comprend un ensemble de mesures visant à répondre aux divers problèmes liés au conflit en ce qui concerne la sécurité, les besoins humanitaires, les droits de la personne et la politique.
Pendant mon intervention, j'aimerais parler de la façon dont le gouvernement aborde ces nombreuses facettes du conflit en Irak en tirant parti de tous les moyens dont il dispose sur les plans de l'intervention militaire, du développement, de la sécurité civile et de la diplomatie.
Le , les ministres responsables des Affaires étrangères, de la Défense et du Développement, ainsi que d'autres participants au débat d'aujourd'hui ont déjà clairement indiqué par leurs paroles et leurs actes à quel point la situation en Irak est un dossier prioritaire pour le gouvernement.
La violence et l'idéologie haineuse propagées par ce qu'on appelle l'État islamique en Irak et au Levant, ou l'EIIL, menacent la stabilité de la région ainsi que la sécurité de nos amis et alliés, y compris la Jordanie et Israël.
L'espace que contrôlent ces insurgés peut aussi devenir un refuge pour des groupes et des individus susceptibles de causer du tort au Canada et à ses alliés. En même temps, ces groupes rendent la vie extrêmement misérable aux personnes qui vivent sous leur joug. C'est particulièrement vrai dans le cas des femmes, des enfants et des membres des groupes religieux minoritaires.
Par conséquent, le défi à relever est effectivement colossal. Il faut rétablir la capacité, l'autorité, la faculté d'inclusion et la légitimité de l'État irakien. Les victimes d'actes de violence doivent être protégées et ramenées chez elles.
Les droits de la personne et la primauté du droit doivent être défendus et, au bout du compte, ils doivent prévaloir. Il faut aussi assurer la sécurité des Canadiens, que ce soit dans la région touchée ou ici même, au pays.
La crise en Irak inquiète le monde entier. C'est pourquoi de nombreux pays, dont plusieurs des alliés du Canada au sein de l'OTAN, se mobilisent dans le cadre d'un effort collectif visant à soutenir le peuple irakien.
Hier, notre collègue, le a participé à une rencontre à Paris avec 20 autres dirigeants mondiaux dans le but de collaborer pour enrayer les actes odieux commis par l'EIIL.
Voici ce qu'a déclaré notre ministre pour expliquer la décision du Canada de se joindre à cette coalition:
Aucun pays ne peut à lui seul régler ce problème. Nous devons travailler ensemble et mettre en œuvre les forces et les capacités de chacun de nous. Nous devons nous solidariser pour éliminer cette menace.
Les partenaires du Canada au sein de cette coalition sont tout aussi dévoués à cette cause collective. En marge du sommet de l'OTAN tenu au pays de Galles, 10 pays se sont réunis pour examiner la stratégie internationale exhaustive visant à contrer la menace de l'EIIL. Convoquée et présidée par les États-Unis et le Royaume-Uni, cette rencontre comptait aussi des représentants de l'Australie, du Canada, du Danemark, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, de la Pologne et de la Turquie.
Les participants ont discuté d'un éventail d'options dans le but de faire échec à l'EIIL et ils ont convenu de se rencontrer au cours des prochaines semaines pour coordonner les mesures en cours destinées à appuyer les forces de sécurité dans ce combat. L'OTAN a également accepté de coordonner l'effort des alliés pour assurer la prestation efficiente de l'aide humanitaire et de l'aide apportée aux forces de sécurité.
En outre, plusieurs pays et partenaires ayant des affinités avec le Canada fournissent de l'aide sous différentes formes. Ainsi, le Royaume-Uni et l'Australie participent au transport des armes et des munitions destinées aux forces de sécurité irakiennes, tandis que l'Albanie a fait don à l'Irak d'une réserve importante d'armes excédentaires, dont plusieurs ont été transportées en Irak à bord d'avions de la Gendarmerie royale du Canada.
Depuis plus d'un mois, les États-Unis mènent des frappes aériennes contre l'EIIL et ses positions. Ils ont aussi dépêché environ 1 600 militaires pour conseiller les forces irakiennes dans leur lutte contre l'organisation terroriste.
En plus de fournir un soutien militaire direct, les autorités américaines coordonnent les efforts en vue de renforcer l'appui à l'égard d'une coalition mondiale.
Fait à noter, le 7 septembre, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe se sont engagés — au grand plaisir de tous — à prendre toutes les mesures nécessaires, y compris endiguer l'afflux de combattants étrangers, pour lutter, aux côtés de la communauté internationale et de l'Irak, contre l'État islamique en Irak et au Levant et les divers autres groupes militants. Le Canada se réjouit tout particulièrement que ses partenaires arabes clés de la région se soient engagés à participer plus activement à la lutte contre la menace que représente l'EIIL.
En ce qui le concerne, le Canada a pris des mesures proportionnelles à l'ampleur de la crise. Certaines de ces mesures, y compris le déploiement d'un important contingent de conseillers militaires et l'acheminement d'une quantité non négligeable d'aide humanitaire, sont abordées plus en détail par d'autres aujourd'hui. Mais au-delà de ces mesures, qui visent à répondre aux besoins les plus criants en matière de sécurité et d'aide humanitaire, le Canada continue de miser sur diverses initiatives visant à aider les Irakiens à faire un jour la transition vers le rétablissement à long terme et une paix durable.
Jusqu'ici, le Canada s'est engagé à verser plus de 64 millions de dollars pour venir en aide à l'Irak. Le a annoncé que le pays allait consacrer 15 millions de dollars uniquement aux nouveaux programmes de sécurité. Cette somme non négligeable servira à renforcer les capacités des forces de sécurité irakiennes en leur fournissant de l'aide non meurtrière, dont des véhicules, des ordinateurs, des radios et de l'équipement de protection, comme des casques et des gilets pare-balles. Le Canada va aussi utiliser cet argent pour faciliter les efforts régionaux visant à empêcher les combattants étrangers de pénétrer en Irak ou en Syrie.
Pour que l'Irak acquière une stabilité à long terme, il faudra que ses diverses communautés apprennent à partager un espace commun dans les sphères sociale et politique de leur pays, un espace où les droits de la personne, le pluralisme et la primauté du droit prévalent. Le Canada prône déjà le dialogue au-delà des clivages sectaires entre les grands leaders de l'Irak de manière à favoriser la réconciliation et à juguler la violence. En parallèle, il collabore avec les institutions politiques locales pour les rendre plus représentatives, par exemple en comblant le fossé qui sépare les élus de la population kurde.
Le Canada prône systématiquement un Irak inclusif, démocratique, représentatif et fédéral. Il entend par conséquent soutenir les projets axés sur la liberté de religion de manière à aider les communautés religieuses irakiennes qui sont victimes de persécution. Si cela peut permettre à l'État irakien et au gouvernement régional du Kurdistan de régler leurs différends, le Canada s'est aussi dit prêt à leur faire connaître ses pratiques exemplaires et à leur transmettre les leçons tirées de son modèle fédéral.
Au-delà de la dynamique de sécurité politique qui sous-tend la crise, le Canada tient à faire sa juste part pour le rétablissement et le développement de l'Irak à long terme. Le gouvernement cherche à définir rapidement un cadre global applicable aux programmes canadiens de développement pour l'Irak au cours des cinq prochaines années afin de jeter les fondements économiques et sociaux qui sont essentiels à la prospérité et à la stabilité futures des Irakiens.
Dans l'immédiat, le Canada financera bientôt un train de mesures destinées à aider les régions du Nord de l'Irak qui prennent en charge de vastes populations de personnes déplacées. Nous collaborerons avec les administrations locales qui, compte tenu de l'augmentation de la demande, ont ainsi du mal à maintenir des services de base tels que l'éducation, l'alimentation en eau et la gestion des déchets.
Par leur ampleur et leur portée, les difficultés que vit actuellement l'Irak paraissent insurmontables. Il faudra rien de moins qu'une concertation internationale pour contrer la menace que posent l'EIIL et le clivage sectaire de l'Irak, qui va en s'aggravant. Nos alliés assument leur part du fardeau. Grâce à un train complet de mesures exploitant tous les outils dont nous disposons en matière de développement, de diplomatie et de sécurité, nous faisons de même, non seulement parce que nous voulons le bien des Irakiens, mais aussi parce que c'est notre devoir envers les Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole dans le cadre de ce débat important, même si cela risque de décevoir mon collègue, le député d'.
Comme nous l'avons entendu aujourd'hui et lors de la réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, qui a eu lieu la semaine dernière, le Canada ne s'est pas seulement engagé à accorder 28 millions de dollars en aide humanitaire et 15 millions de dollars en aide à la sécurité en Irak depuis le début de 2014 ou encore à livrer du matériel militaire essentiel donné par nos alliés aux forces de sécurité irakiennes. Il a également entrepris le déploiement de dizaines de conseillers militaires, 69 pour être exact. Ces conseillers militaires travaillent de concert avec l'armée américaine pour offrir des conseils stratégiques et tactiques aux forces de sécurité irakiennes qui luttent contre le groupe terroriste appelé État islamique en Irak et en Syrie, ou EIIS.
J'aimerais citer un article paru dans le Globe and Mail, qui a été rédigé par un spécialiste du domaine, le colonel à la retraite George Petrolekas. Voici ce qu'il a déclaré:
[L'État islamique] est le groupe jihadiste le plus barbare que le monde ait connu à ce jour. Il se réjouit publiquement de sa brutalité et tue sans pitié tous ceux qui s'opposent à lui. Le danger, c'est que [l'État islamique] se trouve maintenant à un tournant. Ainsi, ce groupe, qui commettait surtout des actes terroristes et de révolte, montre maintenant qu'il est en train de devenir une force conventionnelle et un pouvoir d'État adoptant diverses tactiques visant à conquérir des territoires et à gouverner des gens.
À l'heure actuelle, [l'État islamique] applique sa propre forme de gouvernance brutale dans bon nombre de villes qu'il contrôle; il se comporte comme s'il était un État, progresse comme s'il était une armée et peut compter sur des revenus. En exécutant des otages vêtus d'habits de prisonniers orange, l'État islamique veut lancer un message qui va au-delà des messages lancés auparavant par les autres tueries visant à semer la terreur: l'État islamique ne cherche pas à déstabiliser un État, il veut être un État.
Si cela se concrétise, il sera tout simplement impossible de limiter le champ d'action de [l'État islamique]. Si nous ne parvenons pas à détruire [l'État islamique], il pourrait fort bien faire éclater une région déjà instable et entraîner éventuellement dans son sillage l'Iran, la Jordanie, le Liban et l'ensemble du Moyen-Orient, en redessinant les frontières sur son passage.
Je suis d'accord avec le colonel Petrolekas.
Dante a dit que les endroits les plus sombres de l’Enfer sont réservés aux indécis qui restent neutres en temps de crise morale. Je crois que nous sommes bel et bien en période de crise morale.
J'aimerais prendre quelques instants pour parler des compétences et de l'expérience particulières qu'apportent les Forces armées canadiennes dans ce contexte difficile. Quand le Canada collabore à des interventions militaires à l'étranger, il demeure toujours à l'écoute des besoins de ses alliés sur le terrain. Ces besoins peuvent changer rapidement, comme on le sait. Avec l'évolution des technologies, des réalités socioéconomiques et des courants géopolitiques, les menaces se sont diversifiées. Parmi ces menaces figurent maintenant des problèmes de vaste portée tels que le crime organisé et le terrorisme transnationaux.
Pour faire face à ces menaces émergentes, le Canada tire parti de la grande variété de compétences et de ressources qu'offrent les Forces armées canadiennes. Il offre des formations ciblées et personnalisées et du mentorat et renforce les capacités dans les domaines où les besoins se font sentir. Parmi ces domaines, mentionnons les opérations spéciales, plus précisément les mesures antiterroristes.
Depuis 2008, le Commandement des Forces d'opérations spéciales du Canada, CANSOFCOM, a étendu ses activités internationales de formation. À ce jour, il a donné de la formation sur divers aspects des opérations antiterroristes à plus de 1 300 militaires en Jamaïque, au Niger, au Kenya, au Mali et en Afghanistan. Les formations portent notamment sur le renseignement, la planification, la formation des employés, le commandement, les communications, les techniques de combat et le soutien médical.
Une bonne partie de ces collaborations sont liées au Programme d'aide au renforcement des capacités antiterroristes, financé par le ministères des Affaires internationales, du Commerce et du Développement. Cette initiative pangouvernementale fait suite à une demande du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui a invité les États à se soutenir mutuellement dans la lutte contre le terrorisme au moyen de formation, de financement, de matériel et d'aide juridique.
Nos agents des forces spéciales ont démontré tout ce qu'ils peuvent contribuer aux efforts antiterroristes, tant à l'échelle pangouvernementale qu'internationale. Ce sont des soldats professionnels très scolarisés. Ils ont des compétences techniques incroyables et ont fait leurs preuves dans des milieux parmi les plus rigoureux et les plus dangereux de la planète, notamment en Afghanistan, où ils ont collaboré de près avec leurs homologues américains afin de combattre les insurgés et de protéger les alliés pendant l'opération Enduring Freedom. Ils ont aussi agi comme formateurs et mentors auprès des forces spéciales de l'armée nationale afghane.
Leur plus grand atout est toutefois leur capacité d'adaptation. Ils maîtrisent à la perfection les compétences essentielles. Formés et équipés pour travailler en petites équipes et s'adapter rapidement à l'évolution des besoins, sans grande chaîne logistique, ils peuvent mieux que quiconque aller dans les milieux très instables et mal connus et y utiliser leurs compétences pour obtenir des résultats, dans les plus brefs délais.
Nos forces d'opérations spéciales ont acquis un niveau élevé d'expertise, de préparation et de maturité grâce à leur travail et à leur formation; ces gens disposent donc des compétences techniques et diplomatiques dont ils ont besoin pour soutenir, conseiller et former les nouvelles armées qui s'établissent dans le monde entier. Leurs efforts portent déjà fruit. Ainsi, en 2009, une unité antiterroriste de la Jamaïque, qui avait été formée par le Régiment d'opérations spéciales du Canada, a réussi à mettre fin au détournement d'un avion où se trouvaient près de 200 Canadiens. L'unité a réussi à désarmer le criminel sans qu'aucun coup de feu ne soit tiré.
Le Canada est un chef de file mondial en ce qui concerne la formation militaire, le renforcement des capacités et le mentorat offerts en dehors de la communauté de l'OTAN, dans le domaine de la lutte antiterroriste, mais aussi dans bien d'autres. Depuis 50 ans, notre programme d'instruction et de coopération militaire, le PICM, a contribué à la formation de milliers de candidats de pays non membres de l'OTAN. Le programme de base, offert au Canada et à l'étranger, comprend de la formation touchant les langues, les opérations de paix et le perfectionnement professionnel et des cours d'état-major couvrant une vaste gamme de domaines tels que les communications, le leadership, l'éthique et les procédures de combat. Les cours sont destinés aux futurs dirigeants des forces armées de demain. Un financement est prévu pour toutes les régions du monde; environ 22 % est destiné au Moyen-Orient et à l'Afrique. L'an dernier seulement, plus de 1 400 candidats provenant de 62 pays membres ont été formés dans le cadre de ce programme.
Comme je suis coprésident de la Commission permanente mixte de défense canado-américaine, je connais très bien l'excellent travail que le Canada a accompli en matière de renforcement des capacités auprès de petits pays alliés partout dans le monde. En plus du PICM, différentes entités au sein du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes fournissent de la formation et du soutien au développement des capacités à l'étranger, à la demande des pays partenaires et selon leurs propres champs d'expertise, comme la neutralisation de dispositifs explosifs de circonstance ou la navigation maritime.
La formation qu'offrent les Forces canadiennes à d'autres forces armées, de même que le soutien au développement des capacités et le mentorat servent trois grands objectifs intimement liés au mandat de la Défense nationale, qui consiste à protéger le Canada et sa population tout en contribuant à la sécurité et à la paix dans le monde.
Premièrement, la coopération en matière de formation favorise une meilleure interopérabilité avec les pays partenaires et une capacité accrue chez ceux-ci. Par exemple, notre formation sur les opérations de paix a permis d'augmenter le nombre de troupes qualifiées à la disposition des Nations unies et autres organismes multilatéraux.
Deuxièmement, travailler étroitement avec les forces militaires étrangères contribue à étendre et solidifier les relations bilatérales du Canada en matière de défense, en augmentant la compréhension mutuelle et la bonne volonté, et en jetant les bases d'une collaboration possible. En fait, les pays ayant participé au PICM du Canada se sont montrés plus enclins à coopérer et à offrir aux Forces armées canadiennes l'accès à leur pays et à leurs forces militaires. La coopération fructueuse avec les pays des Caraïbes dans les domaines de la criminalité transnationale et de la lutte contre le trafic de drogues en est un bon exemple.
Enfin, le renforcement des capacités à l'étranger permet de faire la promotion des valeurs canadiennes en matière de démocratie, comme la primauté du droit, la protection des droits de la personne et la surveillance civile des forces armées, dans des régions du globe où ces principes pourraient toujours être menacés.
Malgré nos succès évidents en matière de formation et de renforcement des capacités à l'étranger à ce jour, on continue de se demander quelle expérience pertinente le Canada peut apporter à cette région du monde et à ce conflit armé en particulier. Les Forces armées canadiennes ont une expérience considérable en régions hostiles où sévit l'insurrection armée. L'Afghanistan, bien sûr, est un exemple éloquent. Durant plus de 12 ans, 40 000 membres des Forces armées canadiennes ont travaillé avec des partenaires étrangers pour créer des conditions favorables à la paix et à la sécurité dans ce pays en extirpant les insurgés et en formant les forces de sécurité nationales afghanes. J'ai eu le privilège de passer un peu de temps avec nos forces en Afghanistan, y compris nos forces d'opérations spéciales, à plusieurs occasions. Leur professionnalisme était manifeste, et j'ai été sans cesse impressionné de leur engagement envers leur mission au nom des Canadiens. J'ai été particulièrement impressionné par le travail extrêmement difficile et grandement méconnu des nos forces spéciales et je suis parti en me disant que je suis bien heureux qu'elles soient dans notre camp.
Cela dit, nos militaires ont également participé à des missions de stabilisation, d'observation et de renforcement des capacités en Irak, au Koweït, au Soudan ainsi que dans le plateau du Golan et d'autres régions du Maghreb et du Moyen-Orient. Ils ont participé à des opérations multinationales pour lutter contre le trafic illicite et le terrorisme dans la mer Méditerranée et la mer d'Oman, tout en aidant à protéger les civils en Libye lors de la récente crise. Partout au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les Forces armées canadiennes travaillent en étroite collaboration avec alliés et partenaires dans des coalitions internationales telles que celle appuyant actuellement les forces irakiennes dans leur lutte contre l'EIIS, coalitions qui nécessitent un haut degré d'interopérabilité et de collaboration, tant entre forces militaires qu'entre organisations militaires et civiles. Cette expérience permettra à nos conseillers militaires d'encadrer adéquatement les forces de sécurité irakiennes, qui, dans certains cas, ne sont pas préparées à une guerre moderne de pleine envergure et ne sont pas habituées à collaborer avec des forces conventionnelles.
Que les Canadiens n'en doutent point, nos effectifs militaires déployés en Irak ont énormément à offrir. Ils seront en mesure d'apporter une contribution positive, et leur déploiement représente une mesure immédiate et importante prise par le gouvernement en vue de repousser la progression dévastatrice de l'EIIS, qui a déjà causé la mort de milliers de victimes innocentes et forcé le déplacement de millions d'autres. Leur travail important aidera à contrecarrer la menace que pose ce groupe terroriste expansionniste pour la sécurité régionale et mondiale, et assurera ainsi la sécurité du Canada et de tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis très fière de joindre ma voix à celles de mes collègues dans le débat très important que nous avons à la Chambre ce soir concernant la réponse du Canada face à la situation qui sévit actuellement en Irak.
Avant de débuter, j'aimerais préciser que je vais partager mon temps de parole avec mon honorable collègue d'.
Ce soir, le débat à la Chambre est de la plus haute importance parce que la situation actuelle vécue par la population irakienne est franchement intolérable. Cela a été mentionné par des membres de tous les partis à la Chambre ce soir. L'organisation terroriste de l'État islamique de l'Irak et du Levant a commis des actes de violence absolument révoltants. On parle de massacres de populations civiles. Des civils ont été ciblés directement par les frappes des extrémistes. On parle d'actes de violence sexuelle contre des femmes, des enfants et des membres de communautés minoritaires en Irak. On parle de plusieurs milliers de citoyens irakiens qui ont dû fuir leur demeure devant l'escalade de la violence qui sévit actuellement dans leur pays.
Chacun d'entre nous à la Chambre s'entend sur un fait: l'EIIL représente une menace humanitaire et sécuritaire et les actes commis actuellement en Irak risquent de déstabiliser la région. L'intensité et la nature des actes de violence portent directement atteinte aux droits de la personne et aux libertés de religion, de croyance et d'association. En outre, les besoins en aide humanitaire sont criants en Irak. C'est d'ailleurs la demande qui a été faite par le gouvernement irakien au Canada. La première chose dont ce pays a besoin actuellement, c'est d'avoir rapidement de l'aide humanitaire pour les milliers et les millions de civils qui ont été déplacés et qui ont besoin d'aide matérielle ou autre dès maintenant.
Tous les partis s'entendent sur ces éléments. Là où on diverge, et c'est le coeur du débat de ce soir, c'est sur la décision unilatérale du gouvernement conservateur de déployer des troupes canadiennes en Irak, sans aucune consultation avec le Parlement, sans même qu'aucun vote ne soit soumis à la Chambre. J'entendais des gens dire que notre parti avait une toute une journée de l'opposition pour discuter de cet enjeu et forcer la tenue d'un vote au Parlement. Au-delà de cela, une responsabilité de la part du gouvernement a été totalement négligée ici. C'est son obligation de consulter les députés de tous les partis. Chacun de nous représente des citoyens concernés par la situation actuelle en Irak. Ils se demandent quel sera le rôle attribué aux troupes canadiennes qui seront sur place. Les gens se rappellent encore ce qui s'est passé en Afghanistan. C'est très frais dans leur mémoire.
Je représente la circonscription de Portneuf—Jacques-Cartier où on retrouve la base militaire de Valcartier. Un très grand nombre de soldats de cette base ont été déployés en Afghanistan. Certains ne sont pas revenus, d'autres sont revenus avec des blessures physiques ou mentales qui perdurent encore aujourd'hui. Les militaires et leur famille veulent des détails. Ils veulent savoir dans quoi le gouvernement veut les embarquer et l'endroit pour faire ce débat, c'est ici, à la Chambre des communes et non derrière des portes closes, avec un cabinet ministériel restreint. On dit avoir fourni de l'information au qui aurait dû informer ses députés. Ce n'est pas cela un débat, ce n'est pas cela consulter le Parlement, c'est simplement avoir de l'information de seconde main. Le gouvernement nous dit bien ce qu'il veut nous dire et ensuite, il s'attend à ce que l'information soit partagée entre les députés, et qu'on doit se considérer consultés. Personnellement, ce n'est pas du tout pour faire ce genre de travail que les citoyens de Portneuf—Jacques-Cartier m'ont envoyée à la Chambre des communes.
La décision unilatérale prise par le gouvernement encore une fois est un nouveau bris des principes démocratiques qui sont le fondement de notre pays. J'entendais les conservateurs parler de l'importance d'envoyer les troupes canadiennes diffuser les valeurs canadiennes partout dans le monde. Le gouvernement conservateur qu'on a actuellement n'est même pas capable de vivre ces valeurs canadiennes au quotidien. Alors jour après jour, on assiste à de multiples abus des principes démocratiques censés être le fondement de notre société. Personnellement, je trouve un peu hypocrite d'entendre les conservateurs dire qu'on va envoyer nos soldats diffuser les principes et les valeurs canadiennes, alors qu'eux-mêmes ne sont même pas en mesure de les respecter.
Ce n'est pas la première fois que le brise sa promesse de consulter le Parlement avant d'envoyer des soldats canadiens à l'étranger. Au moment où les conservateurs étaient encore en campagne électorale, en 2005-2006, le premier ministre avait fait campagne sur la promesse de demander le consentement du Parlement avant de déployer des troupes canadiennes. C'est écrit noir sur blanc dans le programme électoral du Parti conservateur de l'époque. C'est une promesse électorale, alors on se dit que c'était simplement du vent.
Lorsqu'il a été élu en août 2009, le a aussi déclaré sans équivoque que son gouvernement exigerait désormais que les déploiements militaires soient appuyés par le Parlement du Canada. Or c'est au moins la deuxième fois qu'il agit autrement.
Dans le cadre de la mission en Libye, on a vu que le gouvernement rompait cette promesse, et maintenant, devant la mission en Irak, on oublie simplement cette promesse. Le gouvernement se dit que l'enjeu est plus important, qu'il est majoritaire et qu'il n'a pas besoin de consulter les autres députés.
À mon avis, c'est un affront direct à la démocratie. En tant qu'élue, est-ce dans les journaux que je dois apprendre que le gouvernement a décidé d'envoyer des troupes en Irak, et possiblement certains de mes concitoyens dans ma circonscription? Je n'ai aucun détail, ni sur le lieu d'où proviendront les militaires ni sur ce que sera leur rôle.
Le 9 septembre dernier, une réunion spéciale du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international s'est tenue dans le but d'avoir certains éclaircissements. Quelle surprise! Encore une fois, le a été incapable de répondre aux questions des députés de l'opposition.
Heureusement, le était présent et il a pu répondre à certaines questions. Cependant, le était totalement perdu. Il n'avait aucune information et n'a pas pu remplir son rôle au sein de ce comité et informer les députés.
Techniquement, le débat de ce soir devait aussi avoir pour but de fournir plus de détails aux députés sur la mission en cours en Irak. Par contre, une fois de plus, on a eu droit à beaucoup de rhétorique et d'obscurantisme de la part du gouvernement, mais à aucune réponse. Nous avons plusieurs questions, mais ne savons toujours pas combien de troupes seront déployées au total. Pour le moment, on nous dit qu'il y en a 69. Les chiffres sont un peu vagues. On n'a aucune idée concrète.
Que feront-ils exactement afin de conseiller et d'aider les forces kurdes? On n'en a toujours aucune idée. Quel est le mandat et l'objectif de cette mission pour le Canada? On n'en a toujours aucune idée.
Malheureusement, on passe complètement à côté du but qu'on essayait d'atteindre dans le débat de ce soir, parce qu'on est toujours dans la même situation. On entend les jeunes parler de grands principes, de valeurs canadiennes et du rôle consultatif que pourraient avoir nos troupes. Toutefois, au-delà de cela, je n'ai toujours aucune information concrète qui m'aiderait à prendre position en tant que députée, alors que c'est ce qu'on demande au NPD.
J'entendais des gens des différents côtés de la Chambre demander aux députés du NPD quelle serait leur position à cet égard. Premièrement, on a besoin d'avoir des détails; on a besoin de savoir en quoi consiste la mission et quels sont les objectifs à atteindre. Il y a énormément de questions auxquelles répondre, et pour le moment, nous avons toujours beaucoup trop peu d'informations.
En plus, on nous dit que dans 30 jours, le gouvernement conservateur se donnera le droit de réévaluer la mission et de déterminer quelle sera la marche à suivre par la suite, encore une fois, sans vouloir impliquer le Parlement ni les députés.
Un peu plus tôt, j'ai trouvé le propos de mon collègue conservateur de particulièrement intéressant. Il nous disait à quel point il trouvait important d'arriver à un consensus à la Chambre et d'avoir une position commune de tous les partis. J'aimerais vraiment savoir comment on peut y arriver si les députés de l'opposition ne sont aucunement impliqués dans les débats.
Comment mon collègue de pense-t-il pouvoir en arriver à un consensus et à une décision commune à la Chambre quand on élimine totalement l'apport des députés de l'opposition en les mettant devant le fait accompli et en leur disant qu'il revient à leur chef de les informer des décisions que le gouvernement avait prises? Cela n'a absolument aucun sens.
Personnellement, je n'ai pas abdiqué mes responsabilités de députée. Les concitoyens de ma circonscription, , s'attendent à ce que je participe au débat et à ce que je représente tant les civils que les soldats qui demeurent dans ma circonscription, car ils peuvent être directement impliqués dans cette mission. Pourtant, personne n'a plus de détail. On n'a rien.
On doit se rappeler le retour de nos soldats d'Afghanistan avant de nous engager potentiellement dans une mission qui pourrait s'éterniser et pour laquelle on a très peu de détail. J'entendais certains de mes collègues parler de mission creep. Nous sommes confrontés à cette situation actuellement.
Je trouve déplorable qu'aucun vote ne se tienne au Parlement. Ce n'est pas la responsabilité de l'opposition de consacrer une journée de l'opposition à un tel dossier. Le gouvernement avait promis de consulter le Parlement avant de faire un déploiement militaire, et on se retrouve devant une promesse rompue.
La responsabilité et les torts ne sont pas du côté de l'opposition, mais du côté du gouvernement conservateur.
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Monsieur le Président, c'est avec beaucoup de fierté que je prends la parole ce soir. Je regrette toutefois qu'il s'agisse d'un débat d'urgence, qui ne sera donc pas suivi d'un vote.
Quand des députés d'en face ont déclaré que nous avions gaspillé notre journée de l'opposition puisque nous l'avions consacrée à un sujet sans importance à leurs yeux, j'ai été heureux de faire valoir l'importance d'un salaire minimum fédéral pour les quelque 100 000 Canadiens qui vont travailler chaque jour mais ne gagnent pas assez pour assurer la subsistance de leur famille.
Comme la circonscription que je représente compte un grand nombre de militaires, je sais que les Forces armées canadiennes sont prêtes à intervenir dès qu'on le leur demande, même dans les situations les plus difficiles. En tant que députés élus, nous avons pour responsabilité d'établir des orientations claires lorsque nous envoyons des militaires canadiens en mission, afin qu'ils sachent ce qu'on attendra d'eux sur le terrain.
Tout comme mes collègues du NPD, il n'y a pas que ce débat qui me préoccupe, même si un député a déclaré qu'un débat à la Chambre des communes n'avait aucune importance. Le flou qui entoure la nature de cette mission et ses objectifs me préoccupent aussi.
Les députés d'en face ont exprimé beaucoup de bonnes idées. Peut-être faudrait-il confronter l'État islamique, ont-ils dit. Peut-être faudrait-il protéger les minorités. Peut-être faudrait-il ferait ceci ou cela. Mais que demandons-nous aux forces canadiennes d'accomplir, au juste? Nous croyons que le gouvernement devra fournir une réponse claire à cette question avant le départ des troupes.
Je m'inquiète aussi du changement possible de l'orientation de la mission, c'est-à-dire qu'un engagement mène à d'autres activités très différentes. C'est mon expérience personnelle en Afghanistan, en 2002, qui m'amène à me préoccuper du manque de direction, du manque de clarté et des changements d'orientation possibles. J'aimerais en parler brièvement, car je crois que ce précédent important éclairera la situation actuelle.
En 2002, j'ai travaillé pendant quatre mois avec Amnistie internationale en tant qu'observateur et enquêteur sur le respect des droits de la personne, entre les deux premières missions canadiennes en Afghanistan. Je tiens à préciser qu'aucun des commentaires que je ferai ici ne devrait être interprété comme une critique de la participation canadienne en Afghanistan ou de la façon dont les forces canadiennes se sont acquittées de leurs responsabilités.
J'aimerais simplement souligner qu'au début, notre mission en Afghanistan était axée sur la lutte contre le terrorisme dans la foulée des attentats du 11 septembre. Elle s'est ensuite transformée en une autre mission, axée sur le renforcement de la démocratie et de l'infrastructure, avant de devenir une mission hybride combinant des volets de combat et de reconstruction, pour s'orienter enfin sur la formation et la reconstruction.
Cette mission qui, au départ, avait un objectif clair et devait être de très faible envergure, a beaucoup évolué par la suite, car notre participation a finalement duré plus de 10 ans. Il est utile de revenir sur ces changements, qui doivent en quelque sorte servir d'avertissement, plus particulièrement au moment où les conservateurs sont sur le point de s'engager à envoyer des soldats canadiens en Irak.
Aujourd'hui, le a confirmé l'envoi de 69 militaires des forces spéciales en Irak, à la demande des États-Unis, ce qui nous permet d'établir un parallèle inquiétant. En effet, en décembre 2001, un autre premier ministre, qui représentait un autre parti, a envoyé 40 membres des forces spéciales de la FOI 2 en Afghanistan, à la demande des États-Unis, sans tenir de vote ou de débat au Parlement. Cette mission a soudainement pris de l'ampleur quelques semaines plus tard, lorsque 750 militaires du Princess Patricia's Canadian Light Infantry sont arrivés à Kandahar.
Par la suite, en mai 2002, le gouvernement libéral a annoncé que le retrait des troupes canadiennes aurait lieu en août 2002. Ces troupes ont quitté les lieux à peu près au même moment où je suis arrivé en Afghanistan. La portée de la mission des forces spéciales, qui devait être très restreinte, avait déjà été élargie et était devenue une importante mission de combat à laquelle on a mis fin. Tout cela s'est passé en quelques mois.
Dans le cadre de mon travail, j'ai eu la chance de voyager partout en Afghanistan. Étant donné qu'Amnistie internationale n'a pas recours à des gardes du corps armés, nous étions très près des gens et de ce qui se passait sur le terrain. J'ai évidemment constaté que la communauté internationale devait offrir de l'aide pour reconstruire la société civile, les institutions gouvernementales ainsi que l'infrastructure matérielle de l'Afghanistan après la chute des talibans.
En février 2003, lorsque je suis revenu au Canada, j'ai moi aussi appuyé la participation du Canada à une mission de la FIAS axée sur la reconstruction. Au départ, le Canada a envoyé 1 000 soldats au début de 2003, et 1 800 soldats de plus en juillet. Cette mission, appelée opération Athena, devait durer deux ans et avait pour objectif de fournir de l'aide pour la reconstruction des infrastructures de la société civile et le rétablissement du processus démocratique. Nous avions un objectif clair, mais différent de celui des premières missions en Afghanistan.
Cette mission a pris fin en décembre 2005. Personne ne peut prétendre qu'elle a permis d'accomplir beaucoup de choses. En fait, elle a seulement permis de donner le coup d'envoi au rétablissement du processus démocratique ainsi qu'à la reconstruction de l'infrastructure de la société civile requise pour que la démocratie puisse se développer.
Lorsque les Canadiens se sont rendu compte que le gouvernement envisageait de prolonger de nouveau la mission, le chef du NDP de l'époque, Jack Layton, et le chef de l'opposition, le actuel, ont demandé d'une même voix la tenue d'un débat et d'un vote avant que le Canada s'engage à poursuivre d'une façon ou d'une autre la mission en Afghanistan. Bien entendu, en février 2006, sans débat ni mise aux voix, le gouvernement libéral s'est engagé à envoyer des troupes canadiennes pour une nouvelle mission, cette fois-ci dans Sud de l'Afghanistan, à Kandahar, une région où la situation était très complexe, et ce, pour une période de deux ans, encore une fois. Nous devions alors participer, au sein du Commandement régional du Sud, à la guerre que les États-Unis livraient aux talibans et aux terroristes. Il ne s'agissait pas d'une mission de l'ONU, ni même, à l'époque, d'une mission de l'OTAN. Les Américains nous avaient simplement demandé de l'aide. Un général canadien a même dirigé le Commandement régional du Sud, et ce n'est qu'en juillet de cette année-là que la mission de la Force internationale d'assistance à la sécurité, qui était menée par l'OTAN, a pris le contrôle des opérations dans le Sud de l'Afghanistan.
La mission est alors devenue une mission hybride: nous combattions le terrorisme tout en participant aux efforts de reconstruction. Bien des organisations de la société civile en Afghanistan et des organismes d'aide internationale ont vivement critiqué notre stratégie. Ils étaient d'avis que l'on mettait ainsi en danger les travailleurs humanitaires ainsi que les membres de la société civile en Afghanistan parce que l'on créait un lien entre la reconstruction et la lutte contre le terrorisme. S'il y avait eu quelque débat public que ce soit avant que le Canada ne s'engage à nouveau à envoyer des troupes, ces problèmes auraient été soulevés et je pense que nous aurions pu les régler. Il est certain que nous aurions alors au moins eu la possibilité de soulever ces problèmes et de les régler.
Pour terminer la comparaison entre la situation actuelle et la mission en Afghanistan, soulignons que Canada a par la suite joué un rôle de combat jusqu'en 2010, puis celui de conseiller de 2010 à 2014 dans le cadre d'une mission sans combat, et ce, jusqu'à ce qu'on abaisse le drapeau le 12 mars 2014. Une décennie s'était écoulée depuis l'arrivée d'un petit groupe des forces spéciales canadiennes en Afghanistan, et 158 Canadiens avait perdu la vie pendant cette période. Plus de 2 000 Canadiens ont été grièvement blessés et de nombreux autres ont souffert de trouble de stress post-traumatique. Un diplomate, trois travailleurs humanitaires et un journaliste ont également perdu la vie. Le directeur parlementaire du budget a estimé que la mission, en date de la fin 2011 seulement, avait coûté 18,5 milliards de dollars.
Si je soulève ces questions ce soir, c'est parce que notre engagement en Afghanistan a commencé exactement de la même manière qu'il commence aujourd'hui en Irak, et je me demande si nous n'avons pas appris qu'il faut réfléchir très attentivement à la situation avant de nous lancer dans une mission nébuleuse dans un conflit qui va sûrement durer au moins encore 10 ans. Je ne soulève pas ces questions pour dire que le Canada n'aurait pas dû aller en Afghanistan ou pour évaluer le bien-fondé d'une stratégie ou d'une autre qui y a été employée. Je m'en remets aux historiens pour cela. Je soulève ces questions simplement pour démontrer où nous pouvons nous retrouver lorsque nous prenons des engagements peu réfléchis dans des missions aux objectifs peu clairs et aussi pour nous rappeler que les démarches que prend le gouvernement sont des plus sérieuses.
Je suis honnêtement déçu que le Parlement n'ait pas son mot à dire et que la mission ne soit pas mise aux voix à la Chambre. Je suis déçu, étant donné les engagements pris par le lorsqu'il était chef de l'opposition, pas une ou deux fois mais bien à maintes reprises, que pas un seul soldat ne serait envoyé à l'étranger sans d'abord qu'il y ait un débat et un vote au Parlement. Il a dit que le Parlement aurait son mot à dire. Dans une démocratie, on ne devrait jamais dire, comme l'ont affirmé certains députés d'en face, qu'un débat et qu'un vote au Parlement sont sans importance.
Je suis également déçu par la position qu'ont prise les libéraux ce soir. Lorsqu'ils ont pris l'initiative de demander la tenue d'un débat d'urgence ce soir, je pensais qu'ils avaient révisé leur position depuis qu'ils étaient au gouvernement. Je pensais qu'ils se joindraient à nous pour exiger que le gouvernement nous donne un énoncé de mission clair, suivi d'un vote à la Chambre, mais je crains que leur position ce soir ne soit semblable à celle qu'ils ont prise à l'égard des accords commerciaux: ils s'empressent d'appuyer le gouvernement, se contentant de recevoir des détails plus tard.
La seule demande précise qu'ont faite les libéraux ce soir a été d'être tenus au courant de toute modification future de la mission. En tant que parlementaire et représentant de ma circonscription, j'estime que nos responsabilités et nos droits sont beaucoup trop importants pour nous contenter de simplement être mis au courant de ce que fait le gouvernement. Je sais que cela cadre bien avec la conception qu'a le gouvernement du rôle d'un gouvernement majoritaire, mais n'oublions pas le discours très percutant qu'a prononcé le à propos du mépris avec lequel on traite la Chambre à l'heure actuelle.
En conclusion, comme le député d' nous l'a rappelé, les membres de la mission d'évaluation, à savoir le , le député d'Ottawa-Centre et le député de , ont reçu une demande claire d'aide humanitaire, et non d'aide militaire.
Comme il a déjà été dit, nous savons que ce que les combattants de l’EIIS ont fait est diabolique. Personne ici n'excuse leurs gestes.
En terminant, j'aimerais dire que je ne peux pas appuyer l'envoi de forces canadiennes en Irak dans le cadre d'une mission mal définie, et je ne peux pas comprendre pourquoi les conservateurs ont choisi cette mission au lieu de fournir l'aide humanitaire dont la population a désespérément besoin.
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Monsieur le Président, je suis non pas ravi, mais ému d'intervenir dans ce dossier en raison des liens personnels que j'entretiens de longue date avec de nombreuses minorités irakiennes qui sont actuellement aux prises avec ce qu'on ne peut selon moi que qualifier de génocide de la part de cet épouvantable fléau, ce mal qui ronge l'Irak et la Syrie, le soi-disant État islamique en Irak et au Levant.
Je m'étonne de constater que le débat révèle une véritable fixation des députés sur le processus, mais qu'il y a très peu été question de la nature du mal qui ronge le Moyen-Orient et que le monde civilisé tente de contrer, un mal qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de civils innocents.
J'explique ce que je veux dire, car, dans ce cynique monde postmoderne où règne le subjectivisme moral, le fait d'employer un terme moralement signifiant et sans demi-teinte tel que « mal » peut être jugé contraire à la rectitude politique. Pas plus tard qu'hier, un député a d'ailleurs laissé entendre que les individus qui décapitent des civils innocents ont une douceur et une lumière intérieures que nous sommes tout simplement incapables de percevoir.
Or, lorsque le mal se manifeste comme en ce moment par une vague de terreur et de violence provoquée par cette organisation qui allie une pseudo-théologie apocalyptique, laquelle est en fait une distorsion plutôt extrême de la théologie islamique axée sur un djihad armé, à une tentative politique de rétablir un califat, il importe de s'exprimer en termes simples. Essentiellement, l'EIIL entend, littéralement à la pointe de l'épée, imposer à d'innocentes personnes une idéologie politico-religieuse du VIIIe siècle.
En mars 2013, je me suis rendu à Bagdad à l'occasion de l'avènement du nouveau patriarche de l'Église catholique chaldéenne, la principale dénomination chrétienne d'Irak. L'antique peuple araméen chrétien est présent en Mésopotamie depuis plus de 1 800 ans. En jargon politique moderne, il est ce qu'on appelle un peuple indigène. Il vivait en Irak bien longtemps avant que l'Islam s'y propage. J'ai été le premier ministre canadien en 34 ans à aller là-bas.
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis allé à Bagdad au nom des Canadiens, afin d'exprimer notre solidarité avec la minorité chrétienne d'Irak et les autres confessions minoritaires dont j'ai rencontré les dirigeants. J'étais présent à l'avènement de Sa Béatitude l'archevêque Louis Sako.
Le mois dernier, alors que j'étais au Moyen-Orient, je me suis entretenu au téléphone avec le patriarche Sako. Il venait d'arriver à Bagdad après être allé à Erbil, où il était allé accueillir les personnes déplacées fuyant les monstres de l'État islamique qui venaient de les chasser de leur demeures antiques à Mossoul et à Karakosh, en bordure des plaines de Ninive, leurs terres ancestrales.
Nous avons tous entendu parler du fait que, lorsque les membres de Daesh, aussi appelé l'État islamique, sont arrivés à Mossoul, ils ont lancé une fatwa contre tous les infidèles, c'est-à-dire les non-croyants, pour leur dire qu'ils avaient trois jours pour se convertir à l'islam, sans quoi ils seraient exécutés ou deviendraient des dhimmis, c'est-à-dire essentiellement des esclaves.
Il m'a dit que tous les chrétiens de Mossoul se sont donc hâtés de fuir la ville. Il était très troublé, je dois dire, que même des voisins de longue date de ces familles, près de qui elles vivaient depuis des générations, ont révélé à Daesh où étaient les familles chrétiennes. Il a dit que ces familles ont fui et que, pendant leur fuite de Mossoul, les prétendus soldats de Daesh ont confisqué tous leurs effets personnels, leurs bijoux, leurs valises, leurs voitures et même leurs chaussures pour qu'ils aient à traverser à pieds nus le désert des plaines de Ninive.
Le patriarche Sako m'a dit que ce n'était pas tout. En effet, certains chrétiens âgés, infirmes et sans famille, qui étaient confinés à leur lit d'hôpital, n'ont pas pu quitter la ville. Je présume que les médias n'ont pas parlé de ce fait. Le patriarche m'a dit que les membres de Daesh sont allés dans ces hôpitaux et ils ont dit à ces chrétiens âgés et infirmes qu'ils devaient se convertir, sans quoi ils seraient décapités dans leur lit d'hôpital. Voilà l'étendue de l'abomination dont il est question ce soir.
Je donne un autre exemple. Adeba Shaker est une jeune yézédie de 14 ans qui vit dans la même région de l'Irak. Elle a raconté que des militants sont arrivés dans son village et ont séparé les femmes âgées du reste du groupe. Ils ont ensuite pris les enfants. Les jeunes femmes et les filles allaient connaître un sort terrible. Certaines ont été violées par le commandant, qui avait le privilège de leur faire perdre leur virginité, avant d'être laissées entre les mains des combattants. Après avoir été victimes d'un viol collectif, les filles d'âge prépubertaire ont été vendues au plus offrant. Selon de nombreux rapports, des femmes et des jeunes filles ont été vendues aux enchères pour aussi peu que 10 $. D'autres, comme Adeba Shaker, allaient être mariées à des militants.
En ce moment même, des centaines, sinon des milliers de jeunes filles risquent d'être victimes de tels viols collectifs en Irak. Des enfants ont été décapités. Des milliers de personnes ont été massacrées uniquement en raison de leur croyance religieuse, qu'il s'agisse de chiites, de yézédis, de soufis, de chrétiens ou d'autres.
Notre institution et un grand nombre de députés ici parlent en termes édifiants de la responsabilité de protéger, notion que nous avons fait reconnaître par les Nations Unies. À mon avis, pour que la responsabilité de protéger ait un sens, pour que notre obligation morale de défendre la dignité humaine ait un sens, il faut agir dans ce cas-ci.
Je suis fier que le Canada ait agi. Nous l'avons fait en accordant une aide humanitaire importante de 28 millions de dollars, en versant 15 millions de dollars pour soutenir l'opération Impact, en fournissant des aéronefs de transport lourd pour apporter des armes de la Yougoslavie et d'ailleurs en Europe aux régions kurdes de l'Irak, afin que la milice peshmerga puisse défendre les Kurdes mais aussi d'autres minorités pour qu'elles ne subissent pas le sort qu'ont connu ces chrétiens infirmes dans leurs lits d'hôpital à Mossoul, ou ces jeunes filles de la communauté yézédie.
Oui, le Canada a aussi décidé de dispenser une formation et des conseils logistiques aux forces kurdes, à l'invitation du gouvernement souverain de l'Irak et de l'autorité régionale kurde, afin de leur faire part de l'expérience que nous avons acquise et de leur fournir des conseils qui les aideront à protéger d'innocents civils contre un tel sort.
Je suis fier de dire que, en 2009, à titre de ministre de l'Immigration, j'ai lancé le plus important programme canadien de réinstallation des réfugiés depuis l'initiative qui visait les réfugiés de la mer indochinois et vietnamiens, en 1979. Ce programme s'applique aux réfugiés irakiens qui ont fui le même genre de violence et de terrorisme sectaire au cours des dernières années.
Je suis heureux de mentionner à la Chambre que nous avons accueilli et protégé environ 18 200 réfugiés irakiens et que nous allons continuer à en protéger d'autres. Compte tenu de notre soutien logistique pratique, de notre aide humanitaire, de notre programme de réinstallation des réfugiés, de la visite du et de notre appui politique, je suis heureux de dire que le Canada fait ce qu'il peut, dans les limites de ses moyens et de ses compétences, pour protéger ces personnes et pour donner une dimension concrète à cette notion qu'est la responsabilité de protéger.
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Monsieur le Président, le débat de ce soir suscite beaucoup de sentiments très forts dans tous les partis, et je félicite le pour ses observations.
Le a dit à plusieurs reprises que l'État islamique en Irak et au Levant constituait une menace à l'échelle mondiale. Si le Canada et les États-Unis voient l'EIIL comme un danger, il n'est pas difficile d'imaginer comment les pays de la région le perçoivent. L'EIIL ne cache pas ses visées expansionnistes. Pour les voisins de l'Irak et pour les amis du Canada dans la région, l'EIIL ne présente pas seulement un danger à long terme. C'est aussi un danger immédiat et très direct. Après s'être rendu sur la ligne de front avec des peshmergas kurdes, le peut témoigner de ce qu'on ressent lorsqu'on se trouve à distance de tir des terroristes de l'EIIL.
On ne sera pas étonné d'apprendre que les avancées récentes de l'EIIL en Irak ont amené beaucoup de pays de la région à réviser leurs priorités. La lutte contre violence extrême de l'EIIL a fait en sorte que l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie, la Turquie, l'Égypte et Israël, entre autres, font désormais front commun. Comme le Canada, ces États considèrent le terrorisme comme le plus grand danger dans la région. Ils entendent par là autant les groupes extrémistes sunnites comme l'EIIL que le terrorisme parrainé par le régime iranien et ses mandataires, notamment le Hezbollah.
Actuellement, l'emprise de l'EIIL s'étend sur un territoire considérable en Syrie et en Irak. L'EIIL déplace des combattants, de l'équipement et des armes entre les deux pays sans égard à la frontière qui les sépare. Dans les deux pays, il joue un rôle déstabilisateur et il a engendré des drames humains sans précédent.
Toutefois, la situation en Syrie est très différente de celle qui existe en Irak. À Bagdad se trouve un gouvernement avec lequel le Canada et ses alliés peuvent collaborer, un gouvernement qui cherche à protéger sa population, et non à la massacrer. Le gouvernement irakien a demandé l'aide de la communauté internationale pour vaincre l'EIIL. Si les forces de sécurité irakiennes, appuyées par une coalition internationale, arrivent à stopper l'avancée de l'EIIL ou à le faire reculer, en Irak, l'EIIL continuera probablement de menacer les autres États de la région depuis ses bases en Syrie. Le Canada se réjouit de l'intensification des efforts des États-Unis pour détruire et amoindrir les capacités de l'EIIL dans la région.
L'Irak a aussi une frontière avec l'Iran, le principal État commanditaire du terrorisme. L'Iran est l'un des responsables de cette crise à l'origine. Il appuie le régime meurtrier d'Assad, se mêle constamment des affaires des autres dans la région, arme des militants chiites et finance la terreur, toutes choses qui ne contribuent pas exactement à la stabilité et la sécurité dans la région.
Malgré ce qu'on appelle l'opération de charme menée par les dirigeants de l'Iran au cours de la dernière année, l'intervention de l'Iran dans les affaires de l'Irak n'en demeure pas moins douteuse. Les politiques de l'Iran sur l'Irak continuent d'être élaborées au quartier général de la force Al-Qods des Gardiens de la révolution islamique iranienne. La force Al-Qods est désignée comme une entité terroriste responsable de quelques-unes des attaques terroristes les plus meurtrières commises au cours de la dernière décennie. Cette force, qui fait partie des Gardiens de la révolution islamique iranienne, ne peut que compromettre les efforts de paix et de stabilité en Irak et dans la région. Elle arme les milices chiites en Irak, ce qui nuit aux tentatives du nouveau gouvernement d'obtenir la confiance de la population sunnite. Tandis que le gouvernement de l'Irak tente de rassembler les citoyens, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique, l'Iran sème la discorde et la violence chez les Irakiens. L'Iran sème les germes d'un conflit à long terme qui risque de provoquer des tensions sectaires dans l'ensemble de la région.
Heureusement, d'autres pays dans la région ont décidé de jouer un rôle constructif et très important. Les pays du Golfe ont vivement condamné et rejeté les actes terroristes ignobles de l'EIIL.
La semaine dernière, l'Arabie saoudite a organisé à Djedda une rencontre à laquelle ont participé 10 ministres d'autres pays arabes ainsi que le secrétaire d'État américain John Kerry. Au terme de la rencontre, le groupe a convenu de former une coalition afin de contrer la présence de l'EIIL en Irak et en Syrie. Le groupe a indiqué que cette participation consisterait notamment à contribuer, au besoin, aux nombreux aspects d'une campagne militaire coordonnée contre l'EIIL.
De plus, au début du mois, la Ligue arabe s'est réunie et a convenu d'employer tous les moyens nécessaires pour contrer l'EIIL. Comme nous, nos amis du Golfe et de la région reconnaissent qu'il faudra que plusieurs pays unissent leurs efforts pour contrer l'EIIL et ses actes terroristes ignobles.
Les pays du Golfe ont également offert une aide généreuse pour aider à gérer la crise humanitaire causée par l'EIIL. Par exemple, l'Arabie saoudite a consenti plus de 500 millions de dollars pour apporter de l'aide humanitaire en Irak.
La plus haute autorité religieuse en Arabie saoudite, le Grand Mufti, a condamné sans équivoque l'EIIL et al-Qaïda, qu'il a décrits comme les principaux ennemis de l'Islam. Le mois dernier, il a également donné 100 millions de dollars au Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, ou UNCCT, afin de contribuer aux efforts de lutte contre le terrorisme.
Autre partenaire très proche touché par la campagne de l'EIIL: la Turquie, qui est un modèle de stabilité dans une région en plein morcellement. L'EIIL menace véritablement la sécurité de notre allié. En outre, l'Irak est le second marché d'exportation en importance de la Turquie; les conséquences économiques de la crise sont donc graves. La Turquie a aussi fermement condamné le régime Assad en Syrie et a généreusement accueilli des millions de réfugiés syriens, à l'instar de la Jordanie et d'autres pays de la région.
En tant qu'allié membre de l'OTAN, le Canada compte bien continuer à coopérer avec la Turquie afin de réagir aux menaces à notre paix collective, y compris celles que représente l'EIIL.
Les actes violents perpétrés par l'EIIL ont eu des répercussions tragiques dans la région. Les atrocités commises contre d'innocents civils en Syrie et en Irak, y compris le recours au viol comme arme de guerre, ont poussé des minorités ethniques et religieuses à quitter une région qu'elles occupaient depuis des millénaires. Et l'EIIL n'entend pas s'arrêter là. Il a fait de la région un pôle d'attraction pour les terroristes et souhaite étendre son soi-disant État au-delà de l'Irak et de la Syrie, jusqu'en Jordanie et au Liban.
Une telle expansion aurait non seulement des conséquences désastreuses sur le plan humanitaire, mais elle déstabiliserait aussi le paysage sectaire, ethnique et politique du Moyen-Orient, ce qui aurait des effets difficiles à imaginer. C'est pourquoi nous devons intervenir avec nos alliés et les pays amis de la région afin de contrer l'EIIL et d'appuyer un gouvernement fédéral efficace, inclusif et représentatif à Bagdad, qui gouvernera l'ensemble des Irakiens et préservera le tissu de cette région, qui est riche et vieux de plusieurs siècles.
Enfin, nous allons continuer à réclamer un gouvernement fédéral efficace, inclusif et représentatif à Bagdad au moyen de nos programmes et de nos mesures diplomatiques.
Plusieurs membres de la coalition internationale qui se forme contre l'EIIL étaient présents hier à la conférence de Paris sur la paix et la sécurité en Irak, y compris 10 pays de la région. Les participants se sont engagés à soutenir le gouvernement irakien par tous les moyens nécessaires, y compris l'aide militaire qui s'impose.
Alors que nous bâtissons cette coalition, il ne faut pas oublier que certains pays de la région concernée, comme l'Iran et la Syrie, ont des visées différentes. Même s'ils prétendent actuellement être du bon côté de l'histoire, ces régimes ne cherchent qu'à remplacer une forme de violence par une autre tout aussi cruelle. Ils ne peuvent faire partie de la solution, car ils sont en grande partie responsables du problème.
Le Canada s'engage à collaborer avec les pays qui rejettent toute forme de terreur.
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Monsieur le Président, je prends la parole ce soir pour me joindre à cet important débat sur le rôle militaire du Canada en Irak.
Nous nous lançons dans cette discussion au moment où nos militaires sont déployés pour combattre l'EIIS, l'État islamique, qui a pris le contrôle de vastes territoires en Irak et en Syrie. Ce groupe terrorise et tue des civils, cible les musulmans chiites et diverses minorités, dont les kurdes, les chrétiens et les yézidis, et est l'auteur d'une flopée de crimes internationaux, que ce soit du nettoyage ethnique, des actes de génocide, le pillage de sites anciens et protégés, l'exécution de journalistes de manière révoltante et des décapitations filmées et mises en ligne pour que le monde entier puisse en être témoin.
[Français]
Évidemment, nous sommes tous dégoûtés et enragés par ce barbarisme. Il faut arrêter l'État islamique, et le Canada devrait effectivement se joindre à nos alliés pour ce faire. Il est encourageant de voir que plusieurs pays ont déclaré leur engagement et ont engagé des ressources afin de défaire l'État islamique et d'aider à ramener la paix et la stabilité en Irak et au Moyen-Orient. Je suis sûr que nous offrirons tout notre appui et notre reconnaissance à ceux et celles qui participeront à cette mission internationale importante.
[Traduction]
Comme on l'a mentionné à plusieurs reprises ce soir, j'espère que le gouvernement fournira plus de renseignements au sujet du rôle des militaires en Irak, dont le calendrier des déploiements.
Dans le cadre de cette étude et de ce débat sur le rôle du Canada dans la lutte contre l'EIIS, il est essentiel que nous prenions le temps de passer en revue notre rôle en Irak de façon globale, en fait dans une optique internationale. L'EIIS est vraiment un symptôme d'un mal plus profond. Même si nous vainquions l'EIIS demain, les djihadistes radicaux dans le monde continueraient de présenter une menace. Par conséquent, nous devons prendre en considération comment l'EIIS a vu le jour, reconnaître la nature des menaces multiples qu'il pose et comprendre le contexte mondial de la menace terroriste islamique et l'idéologie radicale sous-jacente dont l'EIIS n'est qu'une des manifestations, comme je l'ai déjà dit.
Par exemple, au printemps 2011 dans la ville syrienne de Daraa, l'incident où 20 jeunes Syriens ont peint des graffitis pour exprimer leur désir de liberté et de réforme est ce que l'on connaît maintenant comme étant une révolution pour la paix et la dignité.
Lorsqu’ils ont été arrêtés et torturés, des milliers de manifestants ont pris d’assaut les rues en guise de protestation; ils scandaient « Non violent, non violent ». En réponse, le régime du président Bachar al-Assad a ouvert le feu sur les manifestants. S’en sont suivis des tirs d’artillerie et des charges de blindés sur les quartiers civils environnants; le viol, la torture et le meurtre des habitants; le bombardement d’écoles et d’hôpitaux; et l’utilisation d’armes à sous-munitions, d’armes thermobariques et d’armes chimiques contre les populations civiles.
À l’époque, ceux d’entre nous qui disaient qu’il fallait invoquer le principe de la responsabilité de protéger, à savoir non seulement d’intervenir — ce ne sont pas nécessairement des actions militaires —, mais aussi notamment d’étendre et de durcir les sanctions globales, d’établir des quartiers humanitaires et des zones de protection pour les civils, de demander des comptes aux dirigeants syriens pour leurs crimes en vertu du droit international et de fournir des armes défensives à l’opposition modérée à l’époque.
Malheureusement, ceux d’entre nous qui avaient recommandé une telle intervention protectrice se sont fait dire que toute intervention entraînerait plus de violence sectaire, une possible guerre civile, la djihadisation du conflit, et ainsi de suite.
Malheureusement, le résultat de tout cela a été la djihadisation et les débuts de l’EIIS, mais ce n’est pas parce que nous sommes intervenus, mais bien parce que nous ne l’avons pas fait. En laissant le conflit syrien dégénérer et en n’apportant pas notre soutien à l’époque à ce qui était en fait une manifestation pacifique, nous avons permis à l’EIIS non seulement de s’enraciner, mais aussi de prendre des forces et de s’étendre.
Il y a trois ans, le monde n’a pas pris les mesures humanitaires de protection nécessaires en Syrie. Nous devons maintenant envoyer des militaires pour combattre un violent groupe de terroristes djihadistes qui a crû en partie en raison de notre propre inaction et qui a traversé les frontières de la Syrie. De plus, l’EIIS menace non seulement l’Irak et la Syrie, mais aussi l’ensemble du Moyen-Orient, la stabilité du Moyen-Orient et bien entendu la communauté internationale.
Évidemment, il a violemment pris le contrôle des territoires syrien et irakien en menaçant et en brutalisant les populations civiles sur son chemin, mais il a également constitué une force déstabilisatrice au Moyen-Orient dans son ensemble, en particulier dans les pays limitrophes de la Syrie et de l'Irak. Non seulement des pays comme la Jordanie et le Liban continuent de devoir gérer un flot de réfugiés issus des conflits voisins, mais ils ont, sur leur territoire, des éléments dont on a pu constater les liens avec l'EIIS.
Le New York Times nous apprend que des boutiques au Liban vendent des attirails de l'EIIS et que des drapeaux de l'EIIS flottent dans les rues de la ville libanaise de Tripoli, près de la frontière avec la Syrie. Des manifestations d'appui à l'EIIS ont eu lieu en Jordanie. Par conséquent, comme cela semble être le cas actuellement, la lutte contre l'EIIS doit aussi englober l'aide et les contributions des pays musulmans du Moyen-Orient pour que l'idéologie et la présence physique de l'EIIS ne se répandent pas.
De plus, l'EIIS constitue un danger également en raison des combattants étrangers qu'il a attirés. Selon certaines estimations, ils seraient jusqu'à 12 000. Ses effectifs ont augmenté, et on croit qu'ils sont désormais trois fois plus importants que ce qu'ils étaient au départ. On les évalue à 30 000 personnes. Beaucoup de combattants étrangers de l'EIIS viennent des pays occidentaux, y compris du Canada. Il est troublant d'apprendre qu'un jeune Canadien de Calgary ou de Timmins puisse se faire engloutir par l'idéologie haineuse de l'EIIS et se joindre à la campagne meurtrière de ce groupe.
En outre, la possibilité que certains de ces combattants reviennent un jour au Canada et cherchent à y mettre en pratique leur idéologie pernicieuse ne peut pas être écartée. Heureusement, le Conseil canadien des imams a pris, à l'instar d'autres personnalités influentes de la communauté musulmane du Canada, l'initiative importante de condamner ce qu'il qualifie de « distorsions intransigeantes, fanatiques et dogmatiques » et réclame une « discussion sérieuse pour mettre en oeuvre des stratégies préventives et pour trouver des solutions à ce péril de plus en plus menaçant dans notre pays ». De tels efforts doivent effectivement constituer un volet important de notre campagne anti-EIIS, parallèlement aux mesures de nature militaire dont nous discutons ce soir.
Ainsi, l'EIIS menace l'Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l'Arabie saoudite, le Moyen-Orient dans son ensemble ainsi que la communauté internationale en général. À l'occasion, il a même réussi à recruter des Canadiens pour qu'ils se joignent à sa cause, comme je l'ai mentionné. Ces dangers appellent une réponse d'une ampleur proportionnelle, sur le plan militaire comme sur les autres. Le Canada doit jouer son rôle, et le peuple canadien devrait savoir quelle contribution nous nous engageons à faire.
Cependant, même si nous réussissions à vaincre l'EIIS, comme je l'ai indiqué, le terrorisme islamique continuera de présenter un danger à l'échelle mondiale. Nous devons envisager l'EIIS et nos efforts pour le combattre dans une perspective élargie et saisir les similitudes entre lui et les autres groupes djihadistes. Nous devons comprendre que l'EIIS est l'un des visages d'un mouvement terroriste plus vaste.
Par exemple, je suis revenu récemment d'un congrès international organisé par l'International Institute for Counter-Terrorism au Interdisciplinary Center, près d'Herzliya. Parmi les conférenciers et les participants se trouvaient des Irakiens chrétiens et yézidis, des membres modérés de l'opposition syrienne et de nombreux experts internationaux en matière de terrorisme et de contre-terrorisme. Un des sujets qui est revenu souvent lors du congrès était que nous sommes aux prises non seulement avec un groupe islamiste radical meurtrier et son idéologie, en l'occurrence l'EIIS, mais avec un réseau international d'idéologies islamiques radicales et terroristes. Au Moyen-Orient seulement, en plus de l'EIIS, il y a d'autres groupes sunnites radicaux, dont Al-Qaïda, Jabhat al-Nosra en Syrie, le Hamas et le Djihad islamique à Gaza, et les groupes chiites radicaux tels que le Hezbollah au Liban, de même que le principal État soutenant le terrorisme, l'Iran, qui notamment forme, appuie et finance à la fois des groupes extrémistes radicaux sunnites et chiites; le Hezbollah et le Hamas, par exemple.
En Afrique, des groupes tels que Boko Haram au Nigeria et Al-Chabaab en Somalie sont tout aussi violents et dangereux. D'ailleurs, probablement plus d'une quarantaine de groupes terroristes islamiques radicaux non étatiques sont actifs dans une vingtaine de pays. Comme l'a récemment déclaré le premier ministre britannique David Cameron, ces groupes adhèrent à « une idéologie empoisonnée et extrémiste contre laquelle je crois que nous lutterons encore pendant des années, voire probablement des décennies ».
D'ailleurs, un autre sujet récurrent au congrès était la nécessité non seulement de combattre militairement les groupes terroristes, mais de lutter contre cette idéologie empoisonnée qui sous-tend et nourrit leurs objectifs totalitaires. Par conséquent, cette lutte doit se faire non seulement dans les zones de conflit telles que l'Irak et la Syrie, mais également ici, chez-nous, là où cela s'impose, où nos jeunes risquent d'être ciblés pour le recrutement. À cette fin, comme je l'ai indiqué, il est essentiel de travailler en coopération et de concert avec les communautés musulmanes occidentales et leurs dirigeants.
Une autre façon importante de lutter contre cette forme de terrorisme, c'est d'éliminer ses sources de financement. Outre l'Iran, la Turquie et le Qatar sont devenus des commanditaires importants du terrorisme, notamment par l'entremise de groupes comme l'EIIS et le Hamas. Par conséquent, des mesures diplomatiques et financières pourraient être adoptées concurremment avec des manoeuvres militaires pour assécher les sources de soutien financier des groupes terroristes.
Une des meilleures façons de lutter contre le terrorisme, c'est peut-être de veiller à ce qu'il ne soit pas efficace ni récompensé, validé ou légitimé, alors que des groupes qui n'ont pas recours à des tactiques terroristes, comme les Tibétains, n'attirent pas notre attention et ne jouissent pas de notre soutien. Chaque fois qu'on paie une rançon, qu'on échange des prisonniers, qu'on tente de faire une équivalence sur le plan moral ou de légitimer et qu'on accorde inutilement une concession à un groupe terroriste, on encourage la perpétration d'autres actes terroristes.
Par exemple, quand on laisse entendre que le Hamas devrait être traité comme un simple parti politique ou comme l'équivalent moral d'une démocratie qui lutte contre celui-ci, on fait preuve d'indulgence, ce qui ne fait qu'encourager la perpétration d'autres actes de terrorisme. Ainsi, si nous souhaitons combattre le Hamas en tant que groupe terroriste, nous devrions adopter ce que j'ai déjà appelé la stratégie en « six D », qui serait efficace à l'égard d'autres groupes terroristes.
La première étape est la démilitarisation. La deuxième, c'est le désarmement des milices terroristes, y compris le Hamas et le Djihad islamique. La troisième étape consiste à démanteler l'infrastructure terroriste. La quatrième, c'est la destruction des sources de financement. La cinquième étape consiste à débarrasser l'entité de son idéologie. Enfin, la sixième étape, le développement — en d'autres mots, une réponse réciproque à ces formes de démilitarisation et de démantèlement de l'infrastructure terroriste — constitue un programme massif de reconstruction, de secours et de développement.
Parallèlement, nous devons veiller à ce que les groupes qui refusent d'avoir recours à des tactiques terroristes retiennent notre attention et bénéficient de notre soutien. Par exemple, alors que, partout dans le monde, des parlementaires se demandent quelle stratégie adopter face à l'EIIS, que cette question recevra certainement beaucoup d'attention lors de la prochaine assemblée générale des Nations Unies et qu'elle devrait faire l'objet d'un débat d'urgence au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, comme, à l'instar d'autres personnes, je l'ai proposé récemment, on aurait beaucoup de mal à trouver un débat parlementaire sur le sort du peuple tibétain. Pourtant, les Tibétains sont victimes de répression depuis des décennies, et s'ils décidaient de faire preuve de violence, ce serait dans le but de s'immoler plutôt que de s'en prendre à des civils chinois.
Tout cela pour dire que la lutte contre le terrorisme et l'islamisme extrémiste est un enjeu complexe qui comporte de multiples facettes. Des Canadiens vont en Irak pour contribuer à combattre l'EIIS, alors soutenons-les, ayons accès à toute l'information sur la nature et à la portée de leur mission et n'oublions pas que la lutte contre l'EIIS n'est qu'une simple bataille dans une grande guerre nécessitant une intervention aussi bien militaire qu'économique, diplomatique et humanitaire.
Pour conclure sur ce point, il faut tout d'abord exposer au grand jour l'ampleur dramatique des menaces et la portée critique des massacres commis par l'EIIS et d'autres groupes terroristes qui se revendiquent d'un islamisme extrémiste. Ainsi, un sondage révèle que 61 % des électeurs étatsuniens sont d'avis que l'intervention militaire de leur pays contre l'EIIS va dans le sens de leurs intérêts nationaux alors que 13 % pensent le contraire. Or, lorsqu'on leur a posé une question, l'an dernier, sur l'intervention des États-Unis lorsque la Syrie a utilisé des armes chimiques, seulement 21 % des répondants estimaient que cela allait dans le sens des intérêts de leur pays et 33 %, que ce n'était pas le cas. Je crois que le fait d'avoir publicisé les actes de barbarie de l'EIIS, y compris ceux qui relevaient de la mise en scène, a contribué à mobiliser l'opinion publique. Nous devons absolument exposer au grand jour non seulement l'ampleur dramatique des menaces, mais aussi la portée critique des massacres qui sont en cause.
Ensuite, nous devons exposer au grand jour les idéologies extrémistes et meurtrières que prônent l'EIIS et les autres groupes terroristes tels qu'Al-Qaïda, Al-Nosra ou le Djihad islamique, qui représentent un danger évident et imminent, comme je l'ai dit, pour la stabilité non seulement du Moyen-Orient, mais aussi de l'Europe, de l'Amérique du Nord et ainsi de suite.
En outre, nous devons exposer au grand jour l'antisémitisme génocidaire de ces groupes. Ce n'est pas un terme que j'emploie souvent où à la légère, mais il n'y en a pas d'autre pour décrire la convergence toxique de la promotion du pire des crimes, c'est-à-dire le génocide — le simple fait de prononcer ce mot devrait nous faire frémir. La propagation d'actes terroristes et la poursuite de l'objectif génocidaire et des idéologies extrémistes haineuses sont ancrées dans la plus persistante des haines extrémistes, soit l'antisémitisme.
Quatrièmement, nous avons besoin des États-Unis et de nos alliés pour rendre plus efficaces les mesures visant par exemple à couper les vivres à l’État islamique et, plus particulièrement, à empêcher ce dernier de vendre le pétrole en sa possession, de recevoir des dons de la région du golfe Persique et de se livrer à ses manoeuvres d’extorsion. D’après les responsables, le succès de leur stratégie dépendra beaucoup de l’ardeur que mettront les alliés du Moyen-Orient, comme la Turquie, le Qatar et le Koweït, à empêcher l’argent et les combattants de venir alimenter la machine de guerre de l’État islamique.
Comme les ventes de pétrole brut et raffiné constituent la principale source de revenus de l’État islamique, il faut donc que nous empêchions ces ventes de se faire et que nous mettions des bâtons dans les roues de quiconque cherche à aider financièrement l’État islamique. Nous devons également — et je vais conclure là-dessus — faire en sorte que le terrorisme ne soit jamais récompensé, couper court au recrutement de Canadiens ou d'autres étrangers — comme nous avons commencé à le faire ici même en sollicitant la participation et le concours des communautés musulmanes — et nous doter d’un programme et d’une politique sur la protection contre les djihadistes qui reviennent au pays pour commettre des actes de terrorisme. Comme je l’ai mentionné, seule une approche globale prévoyant des mesures de nature militaire, diplomatique, politique, économique, humanitaire et informative nous permettra d’atteindre cet objectif.
Nous devons aussi comprendre que le terrorisme constitue une atteinte à la sécurité fondamentale d’une démocratie, qu’elle soit canadienne, européenne ou autre, et que la lutte contre le terrorisme vise simplement à assurer la protection humaine et l’intégrité démocratique ainsi qu’à protéger la vie de chacun des citoyens. Il en est de même au Moyen-Orient: la lutte contre le terrorisme va servir à protéger les citoyens des pays de la région qui sont le plus directement menacés par ces groupes djihadistes radicaux, dont l’EIIS est l’incarnation la plus frappante, mais qui n’est pas la seule.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends part au débat en cette fin de soirée. Je sais qu'il s'est déjà dit beaucoup de choses à propos de notre sujet de ce soir, la crise en Irak. Mon intervention sera probablement brève, mais j'espère mettre en lumière quelques facettes de notre intervention humanitaire dans ce pays et peut-être ajouter des observations qui serviront à la fois de survol et de conclusion. Je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole.
Je partagerai mon temps de parole avec la .
Le 5 septembre, le a annoncé que quelques membres des Forces armées canadiennes seraient déployés dans le nord de l'Irak; il s'agira de conseillers et de techniciens qui participeront à une mission sans combat. Cette initiative s'inscrit dans la foulée des gestes qu'a posés le Canada, depuis janvier dernier, dans le but de protéger les citoyens irakiens contre les persécutions brutales menées par l'État islamique en Irak et au Levant, appelé aussi EIIL ou EIIS.
Nous avons pu voir comment la violence armée avait forcé un grand nombre de personnes à fuir leur foyer et leur communauté en plus de bouleverser l'ensemble du pays. Nous avons été témoins du progrès brutal des forces de l'État islamique. Nous avons vu des images à la télévision: exécution massive de soldats irakiens désarmés, viols, pillages, obligation de se convertir sous peine de mort, décès brutal par décapitation d'otages américains et britanniques. Tous les Canadiens sont au courant du carnage auquel se livre la force connue sous le nom d'État islamique.
À ce jour, plus de 10 000 personnes ont été tuées en Irak. Selon les estimations, 1,7 million de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays, sans compter tous ceux qui vivent sous la menace. Les survivants — enfants, aînés, hommes et femmes — vivent dans des conditions déplorables. Des milliers de personnes ont trouvé refuge dans des écoles, des églises, des mosquées et des immeubles en cours de construction. Certaines sont coincées dans un territoire contesté, sans eau, sans nourriture, et sans soins médicaux; elles sont extrêmement vulnérables à de futures attaques armées. Dans les régions qui ont accueilli beaucoup de personnes déplacées, les hôpitaux et les cliniques subissent des pressions extrêmes.
À la suite des affrontements récents dans la région kurde de l'Irak, certains craignent que la situation se dégrade encore. Rappelons qu'au cours des dernières années, l'arrivée de quelque 215 000 réfugiés syriens a soumis les services essentiels de la région à une demande extrêmement élevée; ces réfugiés se sont mis à l'abri dans les régions kurdes.
Les Canadiens comprennent les actions que nous avons entreprises. Notre réaction à la crise reflète nos valeurs et le fait que nous savons qu'un pays comme le nôtre ne peut demeurer inactif alors que souffrent des millions de civils irakiens.
Depuis le début de 2014, le Canada a versé plus de 28 millions de dollars pour l'assistance humanitaire en Irak; 19 millions de dollars ont été débloqués en réponse aux récents désordres civils et près de 10 millions ont été versés pour répondre aux besoins des réfugiés syriens en Irak. Ces contributions font de nous l'un des plus importants donateurs dans cette crise. En fait, je crois que nous nous classons actuellement cinquièmes parmi les plus grands donateurs.
Ces fonds ont sauvé des vies. De la nourriture et de l'eau potable sont apportées aux gens déplacés qui en ont besoin. Des fournitures, des tentes et des articles répondant aux besoins humanitaires fondamentaux sont acheminés sur place. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés construit des camps qui servent d'abri aux personnes déplacées. Des mesures sont prises pour les protéger de la violence. Surtout, des soins de santé et des fournitures médicales sont fournis afin de répondre aux besoins pressants des peuples déplacés.
Le Canada a fourni du secours par l'intermédiaire de quatre organismes, qu'on a déjà mentionnés ce soir: la Croix-Rouge canadienne, Aide à l'enfance, Développement et Paix, ainsi que le Mercy Corps. Par exemple, la Croix-Rouge a été approvisionnée par le truchement de l'entrepôt canadien de la Cité humanitaire internationale à Dubaï, dont beaucoup de Canadiens n'ont sans doute pas entendu parler. Il s'agit d'un centre logistique pour l'aide humanitaire qui rassemble neuf organismes des Nations Unies et plus de 40 organismes non gouvernementaux et dont le mandat est de fournir de l'assistance en temps de crise et de l'aide au développement à long terme.
Les fournitures sont livrées et distribuées par la Croix-Rouge et Aide à l'enfance, et elles sauvent des vies. Des nécessaires de cuisine permettent de nourrir ceux qui ont faim. Les tentes fournissent un abri temporaire et un endroit pour se reposer. Des trousses d'hygiène et des moustiquaires préviennent la propagation des maladies.
Grâce à toutes ces mesures sur le plan humanitaire, le Canada montre sa solidarité envers les Irakiens.
Il est important de reconnaître que, depuis le début de 2014, 20 millions de dollars ont été investis en Irak. Avant l'offensive de l’EIIS, l'Irak avait été ajouté à notre liste de pays visés par des projets de développement. Il était considéré comme un nouveau partenaire, ainsi qu'un bénéficiaire d'investissements et de programmes canadiens. À l'époque, nous tentions de reconstruire les écoles et les infrastructures éducatives. Toutefois, tous nos efforts visant à favoriser un retour à la normalité et à améliorer la situation des citoyens traumatisés, et surtout des enfants irakiens, à favoriser l'éducation et à assurer la sécurité, sont maintenant menacés par l'invasion de l’EIIS.
J'ai eu le privilège de visiter la Jordanie plus tôt cette année. J'ai été témoin d'une grande tragédie humaine: des centaines de milliers de Syriens déplacés cherchant refuge dans les camps. J'ai vu les énormes efforts déployés par les soldats jordaniens à un poste frontalier et la compassion dont ils faisaient preuve. Ils aidaient des hommes, des femmes et des enfants qui transportaient les biens qu'ils pouvaient apporter avec eux de l'autre côté de la frontière, dans l'espoir de trouver un endroit où ils seraient en sécurité.
Avec l'aide du Canada, les Jordaniens accomplissent un travail héroïque. Ils ont manifesté leur soutien. Nous leur avons fourni des ambulances. Je sais que ces soldats jordaniens ont remercié le Canada de son aide et nous ont remerciés d'être venus à la frontière pour observer ce qu'ils faisaient afin d'aider les intervenants de première ligne. Cependant, il ne faut pas se leurrer. Comme le député de l'a mentionné plus tôt, la Jordanie est également dans la mire de l’EIIS, tout comme d'autres pays dans la région. L’EIIS a pour objectif de déstabiliser toute la région afin de pouvoir agrandir son territoire.
L'Occident ne peut se permettre de faire fi de la menace posée par l’EIIS ou de la prendre à la légère. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés en nous disant que la crise se passe ailleurs et qu'elle ne nous touche donc pas. L’EIIS commet des actes d'une brutalité excessive, des actes diaboliques. C'est un groupe qui est motivé par des convictions religieuses, mais qui ne se laisse arrêter par aucune contrainte morale et qui n'a aucun respect pour la dignité ou la vie humaine. Nous devons l'attaquer de front en nous servant de notre sagesse collective et des ressources des nations. Nous ne pouvons pas tourner le dos aux communautés religieuses et culturelles qui sont menacées de conversion, d'exploitation ou de destruction.
Les yézidis ont été chassés de leurs villages. Les hommes ont été séparés de leurs familles et assassinés, les femmes et les filles ont été violées, mariées de force à des combattants de l'EIIS ou vendues comme esclaves sexuelles. Des communautés chrétiennes qui ont survécu pendant 2 000 ans sont également ainsi décimées par l'EIIS.
Ce soir, nous avons énoncé l'aide qu'apporte le Canada en fournissant ce dont nous disposons, notamment des avions de transport militaires, nos appareils Globemaster C-17, qui transportent des mégatonnes de matériel provenant de nos alliés dans bien des cas, comme de l'équipement militaire non destiné au combat, des casques, des gilets de protection balistique, des tentes et des fournitures de secours pour les personnes en péril. Nous envoyons également des conseillers militaires pour aider les combattants dans le Nord, au Kurdistan, à organiser et à exécuter efficacement les opérations visant à faire reculer l'EIIS et à protéger les civils qui se sont réfugiés dans la région.
De concert avec nos partenaires de la famille des nations civilisées, nous devons trouver un moyen de contenir cette flambée de terrorisme. Que Dieu nous accorde collectivement la sagesse, la capacité stratégique, le courage et la détermination voulus pour contenir et vaincre ce fléau.