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Monsieur le Président, il est possible, je le crains, que les députés n'aient pas retenu les sages propos que j'ai tenus le 19 juin dernier. Comme il est réaliste de s'attendre à ce qu'ils aient oublié durant l'été la teneur de mon discours empreint de sagesse, je me permets d'y revenir brièvement. Je commenterai également les changements apportés au projet de loi depuis le dernier débat, qui portent grandement atteinte à son intégrité.
Lorsque j'ai commenté le projet de loi pour la première fois, j'ai soulevé trois préoccupations: la taille du parc, son intégrité écologique et la cohérence entre la gestion du parc et celle des baux agricoles sur ses terres. À ce moment, l'intégrité écologique du parc était ma principale préoccupation. Les députés savent peut-être que la disposition suivante est invoquée lors de la création de la plupart des parcs:
Dans les cinq ans suivant la création d’un parc, le ministre établit un plan directeur de celui-ci qui présente des vues à long terme sur l’écologie du parc et prévoit un ensemble d’objectifs et d’indicateurs [...]
Cette disposition brille par son absence dans le projet de loi à l'étude. On a plutôt inclus une norme inférieure en matière d'intégrité écologique, qui est énoncée ainsi:
Dans le cadre de la gestion du parc, le ministre prend en considération la protection des paysages culturels et des écosystèmes naturels du parc, la préservation des espèces sauvages indigènes de celui-ci et le maintien de la santé de ces écosystèmes.
C'est un engagement beaucoup moins fort.
Comme je l'ai dit le 19 juin, prendre ces aspects en considération ne constitue pas un plan. J'ai ensuite élaboré un scénario, qui d'une drôle de façon s'est réalisé. Dans le cadre de ce scénario, la s'adressait à la province de l'Ontario pour lui dire que le gouvernement fédéral voulait 1 000 ou 2 000 acres, ou peu importe quel est le chiffre, et la province répondait qu'elle voulait savoir comment le plan serait élaboré et de quelle façon le parc serait géré. La ministre de l'Environnement, qui est la ministre responsable, répondait en disant « Faites-moi confiance », ce qui ne suffit pas.
Tous les autres députés, y compris le , ne savent pas comment le parc serait géré.
J'ai ensuite dit que si j'étais le responsable de la province de l'Ontario, de la ville de Markham ou de la ville de Toronto, je poserais cette question plutôt fondamentale. Je dirais qu'il n'y aura pas de transfert sans plan. J'aimerais souligner que j'espère que le projet ne sera pas retardé pour cette raison. J'espère qu'il y a un plan et que l'intégrité écologique et culturelle du parc sera protégée. Toutefois, « faites-moi confiance » n'est pas exactement une réponse sensationnelle.
Je sais que la présidence reconnaît la grande sagesse dont je fais preuve dans ces dossiers, mais j'ignorais moi aussi que mes paroles seraient prémonitoires.
Les députés remarqueront que depuis mon intervention, la province de l'Ontario a fait marche arrière pour ce qui est du transfert de ses 22 kilomètres carrés, car elle veut un engagement envers un plan écologique qui est similaire ou qui va plus loin que celui qui existe actuellement pour le parc. Pour une raison ou une autre, le gouvernement n'a pas pris cet engagement et n'a proposé aucune mesure législative à cette fin. Par conséquent, la province de l'Ontario est confrontée a un dilemme parce qu'elle veut que ce parc soit une réussite. La ville de Markham, la ville de Toronto et, j'ose dire, presque tous les députés, ainsi que tous ceux qu'ils représentent, veulent que ce parc soit une réussite.
La province de l'Ontario est revenue à contrecoeur sur l'engagement qu'elle avait pris de céder quelque 22 kilomètres carrés de terrain qui relèvent de sa compétence. À l'heure actuelle, nous ignorons ce que les autres cédants feront pour permettre au gouvernement d'honorer l'engagement qu'il a pris de créer un parc de 58 kilomètres carrés.
Au moment où nous nous parlons, en ce mardi 2 octobre 2014, et où nous débattons du projet de loi, que nous appuyons tous d'une manière ou d'une autre, nous ne savons pas en quoi le parc consistera. En fait, nous en savons moins que nous en savions lorsque nous débattions du projet de loi le 19 juin.
En ce moment, le parc ressemble un peu à un morceau de gruyère, et j'ignore quelles parties du terrain la province de l'Ontario contrôle. Toutefois, je sais qu'elles sont importantes. Je dirais qu'elles représentent à peu près un tiers du parc envisagé. Je ne sais pas si cette décision a transformé le parc en une foule de petites parcelles de terre réparties sur l'ensemble des 58 kilomètres carrés, qui peuvent être reliées ou non entre elles. Nous avons peut-être perdu une importante superficie dans le milieu du parc, ou un grand nombre de petits terrains partout dans le parc.
Quoi qu'il en soit, cette façon de procéder ne semble pas appropriée. Loin de moi l'idée de prodiguer des conseils au gouvernement, mais j'aurais cru qu'avant de présenter le projet de loi, le gouvernement se serait assuré que la province de l'Ontario, la ville de Markham et la ville de Toronto, quelles que soit les administrations responsables des terrains à céder, signent l'engagement en matière d'intégrité écologique, qui a, en fait, été créé en janvier 2013, lorsque le gouvernement fédéral a signé un protocole d'entente avec la Province de l'Ontario exigeant que la politique de gestion du parc de la Rouge respecte ou excède la politique de gestion provinciale.
J'aurais pensé que ces détails auraient été réglés avant la présentation du projet de loi, mais ils ne l'ont pas été, et la province de l'Ontario est insatisfaite. Elle ne cédera pas ses terres tant que ses exigences n'auront pas été satisfaites. Par conséquent, la Chambre est présentement saisie d'une proposition de parc qui a un peu l'aspect du fromage suisse. Aucun d'entre nous ne sait exactement ce qui est proposé, et le gouvernement du Canada ne semble pas disposé à respecter ou excéder la politique provinciale.
Par conséquent, nous débattons dans le noir, parce que nous ignorons quand ce plan sera présenté. Nous ne savons pas ce qu'il contiendra. Nous ignorons ce qu'il ne contiendra pas. Nous ne savons pas non plus sur quoi repose le refus du gouvernement de respecter ou de dépasser les normes provinciales, et les conséquences de ce refus demeurent inconnues.
Quand j'ai lu que le gouvernement de l'Ontario avait l'intention de se soustraire à son engagement, j'ai franchement cru que le gouvernement fédéral allait retirer le projet de loi jusqu'à ce que tous les ordres de gouvernement s'entendent sur l'engagement relatif à l'intégrité écologique dans le projet de loi.
On ne peut pas dire que les répercussions de cette situation ne sont pas graves. Il s'agit d'un projet fantastique. C'est une occasion unique et il est très important de faire les choses comme il faut. Il est donc essentiel que tous les ordres de gouvernement s'entendent et règlent les problèmes particuliers qui sont liés au projet.
L'autoroute 401, la route Taunton et des lignes de transport d'électricité traversent le parc. Il s'agit d'un parc urbain. Les députés savent peut-être aussi que le bassin hydrographique de la rivière Rouge est l'un des plus détériorés de la région du Grand Toronto, et c'est pour cela qu'il est extrêmement important de mettre en place un plan de gestion écologique avant que les conservateurs n'invitent d'autres ordres de gouvernement à livrer tout simplement les terrains promis, puis perdent tout contrôle sur ces terrains.
Je vous remercie de votre attention, monsieur le Président. Je ne serai pas trop insulté si vous ne vous souveniez pas de ce que j'ai dit en juin dernier. J'espère que mes observations résument la situation telle que je la perçois et qu'elles expliquent en quoi ce projet de loi est très problématique pour bon nombre d'entre nous.
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Monsieur le Président, j'aimerais tout d'abord souligner que c'est aujourd'hui le premier jour de la foire de Markham, qui se déroulera du 2 au 5 octobre. C'est l'une des plus grandes foires agricoles de l'Ontario. Elle est organisée depuis 1844 dans ma communauté. Cette foire met en relief le rôle important que l'agriculture a joué dans le développement de ma communauté et de toute la région de York.
Ce qu'il y a de très spécial avec la foire de Markham, c'est l'importance que, chaque année, l'ensemble de la communauté y accorde. Tous les mois de novembre, j'ai l'occasion d'assister au banquet du président de la foire de Markham, où nous reconnaissons les efforts déployés par les bénévoles. Je suis toujours étonné de voir que tant de gens consacrent de leur temps bénévolement à la foire depuis 5, 10, 20, 25, 40, 45 et 50 ans. Des générations de familles se portent volontaires pour faire de cette foire annuelle un événement spécial pour l'ensemble de notre communauté.
Comme je l'ai dit, il s'agit d'une foire agricole. Il y a tout ce que nous pouvons nous attendre de voir à une foire agricole: concours de labours, de porcs, de poulets et de meilleure tarte aux pommes faite maison. Il y a des sculptures de savons et, évidemment, des attractions et toutes sortes d'activités qui montre l'importance de l'agriculture pour notre communauté.
Aujourd'hui, alors que les membres de la communauté donnent le coup d'envoi à une autre foire annuelle de Markham, je tiens à les féliciter et leur souhaite du succès.
Il y a eu bien des opinions divergentes au sujet de la création du parc. En fait, je retire mes paroles. Je ne pense pas qu'on soit en désaccord en ce qui a trait à la création du parc urbain national de la Rouge. Je pense que là où l'on ne s'entend pas, c'est sur la forme que prendrait le parc.
Comme les députés de et de l'ont souligné, bien des gens s'efforcent depuis de nombreuses années de créer un parc national dans la vallée de la Rouge. C'est un projet dont on parle depuis très longtemps.
Il est important de revenir au moment où tout a commencé et de savoir comment nous en sommes arrivés là. Le gouvernement a pu prendre possession d'une bonne partie des terres dans cette région lorsque le gouvernement Trudeau a exproprié plus de 18 000 acres de terres en 1972 pour la création de nouveaux aéroports éventuels et d'un deuxième aéroport pour Toronto. À l'époque, les agriculteurs de la région ont été chassés de leur terres. Certains ont pu les relouer sur une base annuelle, mais bon nombre d'entre eux ont été expropriés. Voilà ce qu'ont vécu bon nombre d'agriculteurs dans la région depuis 1972.
Passons à 1994, lorsque l'idée du parc de la Rouge a commencé à prendre forme. Comme cela a déjà été mentionné, c’est véritablement Pauline Browes, qui était ministre d’État pour l’Environnement, dans le gouvernement Campbell, et secrétaire parlementaire dans le gouvernement Mulroney, qui a lancé le projet. Il avait alors été décidé de réserver une somme de 10 millions de dollars pour aider à créer, à gérer et à préserver une partie du patrimoine naturel du parc de la Rouge. Voilà qui a mis davantage en lumière l’importance du patrimoine naturel de ce parc.
Cet appui a amené les gouvernements provinciaux à reconnaître l’importance du parc. Tout au long des années 1990 et au début des années 2000, le gouvernement de Mike Harris a transféré des milliers d’acres de terre pour permettre la gestion du parc. Parallèlement, des plans ont été élaborés pour faire une meilleure gestion de la Rouge afin de préserver et de protéger le patrimoine du secteur, qui a pris une valeur nationale.
Au fil des discussions, une réflexion s’est amorcée sur les mesures à prendre pour protéger le parc. Comme cela a été mentionné, le parc de la Rouge s’étend sur deux régions, soit celle de Toronto et celle de York.
Pour ceux qui ne connaissent pas le secteur, je précise que, dans la partie du parc qui se trouve dans la région de Toronto, il y a une grande avenue appelée Steeles. Au sud de l’avenue Steeles, le parc de la Rouge recèle un patrimoine naturel parmi les plus extraordinaires de l’Ontario, ou du Canada. Le site est absolument spectaculaire. Personne, je crois, ne pourrait remettre cela en question.
Au nord de l’avenue Steeles toutefois, le secteur devient plus agricole. La grande majorité des terres situées au nord de la route 7, qui seraient intégrées au parc de la Rouge, sont des terres agricoles cultivées depuis des centaines d’années. Ce n’est pas une pratique nouvelle. Ces terres sont cultivées depuis des centaines d’années. En fait, j’inviterais tous mes collègues à regarder une émission appelée The Curse of the Axe. Cette émission présente le peuple wendat qui était installé dans ce secteur il y a environ 500 ans. On a découvert que les Wendats avaient cultivé ces mêmes terres. L’étendue de leurs activités d’agriculture a complètement changé la perception que nous avions de nos Premières nations et du rôle qu’elles ont joué en agriculture et en commerce dans la région. J’inviterais tous mes collègues à regarder cette émission. On y parlera encore du long passé agricole de ces terres.
Donc, au nord de la route 7, c’est agricole. Au sud, comme l’a si bien dit le député de , se trouvent la route 401, un corridor hydroélectrique, le jardin zoologique de Toronto et, en bordure du jardin, un site d’enfouissement. Toutefois, il y a dans ce secteur des endroits d’une beauté extraordinaire que le gouvernement de l’Ontario, la Toronto and Region Conservation Authority et l’ancienne Alliance du parc de la Rouge ont travaillé à préserver pendant un certain nombre d’années. Nous avons collaboré avec des partenaires du secteur privé. Dans l’ensemble, nous avons fait du très bon travail.
Cependant, lorsque l'idée d'un parc urbain national a commencé à poindre et lorsque nous avons appris que certains terrains de l’aéroport étaient excédentaires, le débat a changé quelque peu. Comme d’autres l’ont mentionné, nous savions que nous pouvions faire quelque chose de très spécial. Nous pouvions non seulement assurer la protection du patrimoine naturel de la vallée de la Rouge, mais également récupérer les terres déclarées excédentaires à des fins aéroportuaires et les intégrer au parc de la Rouge dans le but de les protéger pendant longtemps.
De l’avis des responsables de l’Ontario Farmland Trust, un organisme à but non lucratif qui milite pour la préservation des terres agricoles, le nouveau parc national de la Rouge constitue une des occasions les plus novatrices de notre génération pour protéger les terres agricoles, le patrimoine agricole et la production locale de nourriture.
Si je ne m’abuse, ces terres représentent seulement un pour cent et il s’agit de terres de toute première qualité. Nous avons perdu tant de terres agricoles dans cette région au profit du développement économique. Au sud de l’avenue Steeles dans le parc, l’agriculture a presque entièrement disparu. J'estime que nous devons faire absolument tout ce que nous pouvons pour préserver et sauvegarder les terres agricoles de toute première qualité qui se trouvent dans la partie nord du futur parc et pour permettre à nos agriculteurs de continuer à cultiver leurs terres, en recourant aux meilleures pratiques, et ce, pendant encore très longtemps.
On reproche parfois à nos agriculteurs de ne pas bien traiter la terre. Cela est faux, selon moi. Ces terres sont cultivées depuis des centaines d’années et nos agriculteurs sont parmi ceux qui en ont assuré la meilleure protection. La proposition présentée par le ministre permettrait de céder enfin des baux à long terme aux agriculteurs. N’oubliez pas que ces gens disposent actuellement de baux annuels. Il est donc très difficile, sinon impossible, pour eux d’investir dans les terres qu’ils cultivent depuis des années. Ils ne peuvent investir comme la plupart des agriculteurs voudraient le faire. Ils sont réduits à pratiquer un certain genre d’agriculture parce qu’ils ont des baux annuels. Cette situation les désavantage depuis très longtemps.
Cette mesure législative nous permet de faire d’une pierre deux coups: protéger le patrimoine naturel du parc et mettre fin à un traitement injuste pour les agriculteurs de cette région.
Voilà pourquoi le projet m’enthousiasme beaucoup. À l’évidence, le processus a suscité beaucoup de débats. Le député de et moi n’avons pas toujours vu les choses exactement de la même façon. Nous en avons beaucoup débattu. Lorsque la proposition de créer ce parc m’a tout d’abord été présentée, en qualité de député d’Oak Ridges—Markham, je m’y suis vivement opposé parce que les agriculteurs de ma circonscription allaient être désavantagés s’ils allaient encore être traités comme auparavant par la direction du parc de la Rouge.
Il existe un plan de gestion du parc de la Rouge qui remonte à 2001. Il appelle notamment la création d'un corridor de 600 mètres qui, concrètement, supprimerait au minimum 1 700 acres de terres agricoles de classe 1. À mes yeux et à ceux des agriculteurs et des électeurs de ma circonscription, c'est tout à fait inacceptable. Nous pouvons faire en sorte de collaborer avec les agriculteurs, qui n'ont rien contre l'idée de protéger intégralement l'écosystème. Ils veulent travailler main dans la main avec l'État dans ce but. Je cite maintenant une lettre que la fédération de l'agriculture de la région d'York, qui représente les agriculteurs des environs, a adressée à Brad Duguid, le ministre provincial qui a fait savoir que le gouvernement de l'Ontario refusait de céder les terres:
La fédération de l'agriculture de la région d'York représente 700 exploitations agricoles de la région d'York et de Toronto, y compris sur le territoire du parc urbain national de la Rouge [...] à l'issue d'échanges avec des intervenants et des groupes de résidants des environs, vous avez décidé de ne pas recommander la cession de terres par la Province. Or, vous n'avez consulté ni la fédération de l'agriculture de la région d'York, ni les agriculteurs du parc, ni les gens qui habitent sur le territoire du parc. Nous vous exhortons à ne pas empêcher la cession des terres provinciales à Parcs Canada.
La communauté agricole du parc urbain national de la Rouge se compose de familles qui cultivent et prennent soin de ces terres [...] depuis 200 ans. L'avenir des fermes du parc urbain national de la Rouge est incertain depuis l'expropriation de leurs exploitants, dans les années 1970. Le parc urbain national de la Rouge englobe des terres agricoles de classe 1, celles qui conviennent le mieux à la production agricole. Moins de 1 % des terres agricoles au pays sont de classe 1. Les agriculteurs du parc ont déjà cédé 1 000 acres de terres arables sur le territoire du parc urbain national de la Rouge pour des projets de reforestation.
La lettre se poursuit:
Nous appuyons le processus de consultation que Parcs Canada a lancé auprès d'une centaine de groupes d'intervenants et de milliers de particuliers en vue d'élaborer la version préliminaire de son plan de gestion du parc urbain national de la Rouge.
Un peu plus loin:
Nous estimons que Parcs Canada améliorera l'intégrité écologique du parc urbain national de la Rouge tout en réservant les terres agricoles à la production alimentaire.
Je cite maintenant une autre lettre adressée à M. Duguid. Elle émane cette fois du groupe communautaire de Cedar Grove, une localité exceptionnelle aux racines très profondes située dans ma circonscription. Voici ce qu'on y lit:
Au nom du Cedar Community Club, nous vous écrivons en réponse à votre lettre du 2 septembre [...] qui présente votre décision de retirer votre recommandation d'appuyer le transfert de terres au parc urbain national de la Rouge [...] Nous avons été outrés d'apprendre votre décision, et nous sommes fortement en désaccord [...] Compte tenu de la promesse du futur parc urbain national de la Rouge, les agriculteurs et les résidents de Cedar Grove et des collectivités environnantes espéraient une certaine stabilité.
L'auteur de la lettre remercie ensuite le ministre de ce qu'il a fait pour créer le parc urbain national de la Rouge.
J'aimerais discuter de ce qui s'est récemment passé du côté de la province de l'Ontario.
Nous collaborons évidemment avec l'Ontario depuis des années. Depuis l'annonce qui a été faite lors des dernières élections générales, en 2011, annonce qui a été reprise dans le discours du Trône, nous collaborons étroitement avec la province en vue de créer le parc urbain national de la Rouge de manière non seulement à respecter l’intégrité écologique et à promouvoir le patrimoine national, mais aussi à protéger les agriculteurs et à leur donner la stabilité qu'ils recherchent depuis 1972.
Je crois que c'était un secret de polichinelle que nous étions près d'un accord. Nous avions une entente signée avec l'Ontario dont nous aurions probablement fait l'annonce, n'eût été le déclenchement des élections générales provinciales. Après les élections, la situation a changé, à notre insu à tous. Je lisais le Toronto Star et j'ai vu une lettre du ministre libéral Duguid qui expliquait les réserves des libéraux. Le gouvernement libéral ne transférerait plus les terres, parce qu'il avait des inquiétudes en ce qui concerne l'intégrité écologique.
La province n'en avait jamais fait mention avant. Elle avait signé un accord avec nous. Le transfert devait avoir lieu. Nous devions aller de l'avant avec un plan de gestion qui convenait à la province et aux intervenants de la région. Puis, cela nous tombe dessus. Comme par hasard, le tout a été mis sur la glace jusqu'en novembre 2015, soit après les prochaines élections générales fédérales. C'est vraiment honteux.
Il ne faut pas oublier que ce sont les mêmes libéraux provinciaux qui ont auparavant demandé non pas l'intégrité écologique, mais de l'argent pour les terrains qu'ils allaient transférer. Ils voulaient les vendre. Par conséquent, quand ils ont demandé 120 millions de dollars si je me souviens bien, ils n'étaient aucunement préoccupés par ce qu'ils voyaient alors. Leur seul souci, c'était que les terrains qu'ils possédaient soient rachetés. « Donnez-nous une centaine de millions de dollars et nous vous transférerons les terrains, pas de problème. »
Des gens comme Alan Wells, le dernier président de l'Alliance du parc de la Rouge, ont souligné que cela n'avait jamais été fait comme cela avant. Les gouvernements ont transféré les terrains au parc de la rivière Rouge pour un tout petit montant, pour 1 $, je crois. Le gouvernement provincial avait déjà fait cela. Le gouvernement provincial de Mike Harris a transféré des terres à la Toronto and Region Conservation Authority pour les gérer. Cela a été mentionné à la ministre, mais ils avaient besoin d'obtenir leur 100 millions de dollars.
Je voudrais vraiment rappeler les conséquences potentielles de la proposition des libéraux provinciaux. Dans sa lettre à la , le ministre provincial a évoqué ce dont que le député de et la députée de ont parlé. Il est intéressant de noter que le député de , la députée de , le député de , et peut-être quelqu'un d'autre, je n'en suis pas sûr, ont présenté des pétitions à la Chambre pour soutenir le cadre de 1994, disant que ce parc ne pouvait pas survivre sans le cadre de 1994. Cependant, comme je l'ai dit plus tôt, le cadre de 1994 allait retirer de la production quelque 1 700 acres de terres agricoles de classe 1. Cela signifiait l'expulsion d'agriculteurs et probablement la fermeture de la ferme de Whittamore, l'une de nos fermes les plus prospères de la région.
C’est un euphémisme que de dire que les agriculteurs ne font pas confiance au gouvernement libéral de la province à ce sujet, car ils ont déjà vu cela avant. Dans le parc commémoratif Bob Hunter, 600 acres de terres agricoles de catégorie 1 ont été enlevées aux agriculteurs. Les gens qui y avaient vécu là pendant 33 ans ont été expulsés. Des arbres ont été plantés sur ces terres agricoles de catégorie 1. Des millions de dollars y ont été investis, sans aucune consultation. Cela a été fait et imposé à ces agriculteurs. C’est pourquoi les agriculteurs ne font pas confiance au gouvernement provincial. Bien franchement, les gouvernements fédéraux n’ont jamais entrepris un processus de consultation comme celui que nous avons mis en place à ce sujet, et cela vaut pour tous les gouvernements. Les gouvernements conservateurs et libéraux n’ont jamais fait par le passé ce que nous faisons aujourd’hui.
Je suis d’avis que la partie sud de cet écosystème extraordinaire doit être protégée, et c’est ce que notre loi prévoit, mais je ne suis pas d’accord avec le fait de sacrifier des milliers d’acres de terres agricoles de catégorie 1 pour créer un parc urbain national de la Rouge.
J’espère que les députés vont travailler avec nous pour créer un parc dont nous pourrons tous être fiers et donner aux millions de personnes qui vivent dans cette région accès à un trésor dont nous pourrons nous vanter, car nous aurons contribué à le créer.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet de ce projet de loi, qui vise ma propre ville, Scarborough.
Comme le secrétaire parlementaire l'a mentionné, nous avons tous raison de nous réjouir des possibilités et des perspectives que ce parc urbain national offrira. Il s'agit d'un nouveau type de parc qui marque le début d'une ère nouvelle. Étant donné que 80 % des Canadiens vivent maintenant en milieu urbain, il doit y avoir des parcs urbains nationaux. Il s'agit bel et bien d'un banc d'essai, qui servira de référence pour tous les nouveaux projets. Il est donc extrêmement important de bien faire les choses dès le début.
Le député a parlé des manoeuvres politiques du gouvernement provincial, qui ont retardé la décision jusqu'en novembre 2015. C'était une promesse électorale des conservateurs en 2011. Il en était question dans le discours du Trône, mais il a tout de même fallu trois ans pour en arriver où nous en sommes aujourd'hui.
Comme dans bien d'autres dossiers, y compris les accords commerciaux, les conservateurs ont annoncé que la mission était accomplie avant même d'avoir mis en place tous leurs pions, avant même d'avoir obtenu ces terres de la province.
Ma collègue d' a posé une question fort pertinente lorsqu'elle a demandé si nous pourrions prendre une pause jusqu'à ce que nous sachions à quoi ressemblera ce parc. Compte tenu de toutes les incertitudes, lorsque le projet de loi aura franchi l'étape de la deuxième lecture, que le comité l'aura examiné et qu'il reviendra à la Chambre pour la troisième lecture, je ne vois pas comment certains députés pourraient voter en faveur de la création d'un parc alors qu'ils n'en connaissent même pas les limites, sans que cette question soit d'abord réglée avec le gouvernement provincial.
Le moment sera venu de poursuivre l'étude du projet de loi lorsqu'on aura remédié à toutes les préoccupations qui ont été soulevées et qu'on aura conclu une entente.
Il est intéressant d'entendre les conservateurs accuser les autres de se livrer à des manoeuvres politiques, étant donné qu'ils font de même.
On ne cesse d'entendre parler du gouvernement Trudeau qui, dans les années 1970, a exproprié des terres appartenant à des agriculteurs, ce qui a causé énormément de torts à ces derniers. Après Trudeau, il y a eu Joe Clark, puis ensuite Turner, qui a été suivi de Mulroney, qui a lui-même été remplacé par Chrétien, qui a cédé sa place à Paul Martin. Cela fait maintenant huit ans que le gouvernement conservateur est au pouvoir, et aucun député ministériel n'a pris de mesures concrètes pour remédier aux torts qui ont été causés à ces agriculteurs, il y a 40 ans. Aucun d'entre eux n'a pris le temps de s'attaquer à cette question et de veiller à ce que ces terres puissent être cultivées.
Le député a affirmé à tort que la majeure partie des terres sur les terrains de l'aéroport de Pickering étaient actuellement exploitées par des agriculteurs. Je lui recommanderais d'aller faire un tour dans le coin, car la plupart de ces terres sont en jachère. Un grand nombre des maisons sont en train de s'écrouler parce que le gouvernement n'a pas assumé ses responsabilités et ne les a pas gardées en bon état. Il ne s'en occupe pas.
Il devrait parler à l'organisme Land Over Landings et aller faire une promenade en voiture avec ses membres. Ils ne font pas peur.
Je sais que le gouvernement aime exploiter les antagonismes. Si vous n'êtes pas de son bord, vous êtes automatiquement perçu comme un ennemi.
Lorsque le député d' a présenté le projet de loi et que j'ai posé des questions au sujet des préoccupations des Amis du bassin de la rivière Rouge, qui estiment que les mesures de protection seraient inférieures à ce qu'elles sont maintenant, il a balayé la question, alléguant que les Amis du bassin de la rivière Rouge n'était qu'un groupe marginal.
Rien ne sera jamais réalisé dans le parc de la Rouge sans l'adhésion des Amis du bassin de la rivière Rouge. Ils sont sur le terrain depuis toujours. Ils sont attachés au parc et l'entretiennent bénévolement depuis 40 ans. Ils ne permettront pas qu'il soit morcelé. Ils ne sont pas marginaux. Ils s'investissent dans ce parc depuis des générations. Il est aussi d'une importance capitale d'obtenir leur adhésion au projet.
Ils se sont adressés au gouvernement provincial parce qu'ils ont constaté que personne au fédéral ne voulait les écouter. J'aurais souhaité que le gouvernement provincial souligne ce point avant les dernières élections provinciales. Le moment aurait été bien choisi pour prendre position dans ce dossier et cela aurait forcé les chefs de tous les partis à se prononcer sur cette question et aurait mis à l'avant-plan une question très importante pour Scarborough.
Je pense que cela aurait été vraiment bon pour le débat et pour s'assurer que le parc qui sera créé sera le parc que nous voulons et dont nous avons besoin.
Je connais bien ce parc pour y être allé enfant avec ma grand-mère. Probablement que peu de députés le savent, mais, les cinq premières années de ma vie active, de 15 à 20 ans, j'ai travaillé dans une garderie. Je travaillais pour la garderie Not Your Average Daycare à Scarborough. Elle a plusieurs établissements dans Scarborough.
Le programme de cette garderie était vraiment innovateur. Pendant l'été, tous les groupes d'enfants d'âge scolaire des différents établissements étaient rassemblés dans un endroit central et on organisait essentiellement un camp d'été. Les familles de la grande majorité des enfants qui fréquentaient la garderie n'avaient pas du tout les moyens financiers d'envoyer leurs enfants dans un camp pour qu'ils puissent vivre cette expérience dans la nature. En regroupant tous les groupes d'âge scolaire, nous étions en mesure de leur offrir un camp d'été. Nous demeurions en ville et le camp se trouvait dans une école, mais nous pouvions emmener les enfants à divers endroits pour qu'ils puissent vivre certaines expériences.
L'une des sorties les plus importantes avait lieu dans le parc de la Rouge. La vue est magnifique lorsqu'on arrive au parc, parce qu'on voit le mariage des paysages ruraux et urbains, du parc et de la ville. L'entrée du parc longe la voie ferrée du CN, puis il y a une plage, la merveilleuse plage de la Rouge. Il y a le lac, la plage, puis la voie ferrée, et bien sûr les innombrables sons qui les accompagnent.
De l'autre côté se trouvent les superbes terres humides et un étang, qui sont tout simplement spectaculaires. Les gens qui se promènent en canot peuvent fermer les yeux et se croire dans le parc Algonquin ou à des centaines de kilomètres de la ville. Ils peuvent pagayer en amont ou en aval de la rivière Rouge. Les adeptes du canot connaissent le bruit des rapides et des chutes et ils doivent être attentifs pour ne pas tomber sur les unes ou sur les autres. Sur la rivière Rouge, il n'y a ni l'une ni l'autre, mais ils entendent le bruit, très semblable, des voitures qui circulent lorsqu'ils approchent des viaducs de l'autoroute et des routes. Le bruit des véhicules ressemble à celui de l'eau qui court. Les pagayeurs peuvent d'ailleurs fusionner les deux cadres.
Ce projet présente des défis particuliers, parce qu'il y a peu de parcs nationaux qui doivent composer avec une infrastructure urbaine, c'est-à-dire avec des égouts, des routes ou un réseau électrique. Je pense que le parc de la Rouge serait le parc qui bénéficie du meilleur accès cellulaire imaginable, ce qui constitue un défi pour ceux qui veulent profiter de la nature, mais qui présente aussi des possibilités et de nouveaux moyens de sensibiliser la population. Je me réjouis que Parcs Canada soit en train d'élaborer un programme d'interprétation basé sur une application de téléphone cellulaire, qui offrirait aux gens une visite autoguidée du parc de la Rouge. C'est un des moyens qui permettraient d'exploiter la technologie de façon à rehausser l'expérience dans le parc.
J'ai moi-même passé beaucoup de temps dans ce coin quand j'étais enfant, et j'aime également, lorsque c'est possible, emprunter le train pour voyager entre Toronto et Ottawa. Bien sûr, j'utilisais le réseau Go Transit pour visiter des amis et des membres de ma famille établis partout dans l'Est de Toronto.
L'un des sites les plus spectaculaires que j'aie vus à Toronto est cet étang qui gèle en hiver — mon collègue, le député de , a patiné sur celui-ci — et qui déclenche, tout d'un coup, l'obsession nationale du Canada. On installe des filets de hockey et on joue des parties de hockey improvisées sur l'étang, dans les limites de la ville de Toronto. C'est une expérience unique en son genre que de jouer au hockey sur un étang de Toronto, en hiver. Ce n'est pas une expérience qu'on s'attendrait d'avoir, mais ce n'est qu'une des facettes uniques du parc qui en font un lieu polyvalent, utilisé à longueur d'année.
En hiver, des excursions en raquettes ont lieu et, la seule fois que j'ai tenté cette expérience, je n'ai pas eu beaucoup de succès, non pas en raison des raquettes ou de mes chutes, bien que je sois tombé à de nombreuses reprises, mais plutôt en raison d'un des obstacles du parc. À l'époque, je ne possédais pas de véhicule. Ma partenaire et moi avions l'intention d'emprunter les transports en commun pour y aller, un dimanche. Le métro n'ouvre pas avant 9 heures le dimanche et les autobus mettent beaucoup de temps à atteindre le parc, même depuis l'Est de Toronto, et je ne parle même pas du centre-ville ou de l'Ouest de Toronto. Depuis l'Est de Toronto, le voyage pour atteindre le parc de la Rouge peut prendre deux heures en transport en commun.
L'accès au parc en transport en commun est un autre problème qui devra être réglé, car l'une des principales caractéristiques du parc est le fait qu'il est censé être accessible par transport en commun. Ces temps-ci, le dossier des transports en commun de Toronto est un véritable gâchis, et on aurait pu espérer qu'au moins dans le cadre des élections municipales, un grand nombre d'excellentes idées seraient présentées pour régler ces problèmes.
Malheureusement, deux candidats, John Tory et Doug Ford, proposent un projet de transport en commun qui s'arrêtent au centre-ville de Scarborough et ne prévoient rien pour l'Est de Scarborough. Ils sont loin de proposer une solution de transport en commun pour améliorer l'accès au parc de la Rouge.
Olivia Chow est la seule candidate qui propose un plan pour améliorer le transport en commun dans l'Est de Scarborough, et c'est la seule à avoir toujours utilisé le transport en commun. Elle n'a jamais possédé de voiture. Chaque fois qu'elle se rend dans l'Est de Toronto, elle utilise le transport en commun. L'ayant moi-même utilisé durant des années, je sais combien temps dure le trajet.
Pour ce qui est de l'accès au parc, la question du transport en commun présente des difficultés, ainsi que des possibilités, exceptionnelles.
D'autres questions ont été soulevées.
Outre les raisons politiques, je suis convaincu que la décision de la province de retarder le transfert de ces terres s'appuie en partie sur les modifications que le gouvernement conservateur a apportées aux lois environnementales, notamment la Loi sur la protection des eaux navigables, qui ont affaibli les protections environnementales.
La rivière Rouge faisait partie des cours d'eau protégés, mais ce n'est plus le cas. Certaines infrastructures municipales traversent le parc à divers endroits. On y trouve aussi un oléoduc, la canalisation 9B. Il y a quelques années, l'érosion a touché certaines sections de la canalisation. Il a fallu trois jours pour obtenir l'accès à la canalisation. Cela signifie que, si un déversement se produisait et qu'il fallait attendre des jours avant qu'on puisse commencer à résoudre le problème, il faut des protections environnementales plus strictes, quitte à poser des valves d'arrêt de chaque côté de la rivière.
Si la rivière Rouge faisait encore partie des cours d'eau navigables protégés, on exigerait l'installation de valves d'arrêt au moment de l'inversion du flux. Cette canalisation a été construite il y a 40 ans, et aucune mesure de protection supplémentaire n'est mise en place. On a donné l'autorisation d'inverser le flux du pétrole, et d'en accroître le débit, ce qui pose problème lorsque la canalisation est vieille.
Tout projet qui pourrait éventuellement être mis en oeuvre, y compris le projet d'oléoduc Énergie Est, devrait faire l'objet de protections et de mesures strictes afin qu'on puisse atténuer le plus possible les risques liés aux oléoducs qui traversent des zones écosensibles essentielles comme la rivière Rouge.
C'est un fait qu'il est impossible d'éliminer tous les risques associés à une situation, mais nous pouvons en faire beaucoup pour prévenir les problèmes plutôt que de se contenter de réparer les pots cassés. C'est malheureusement la situation dans laquelle nous nous retrouvons avec les modifications apportées par le gouvernement fédéral à la Loi sur la protection des eaux navigables. Davantage d'efforts seront déployés pour nettoyer les dégâts que pour les prévenir.
Différentes espèces de poisson vivent dans la rivière, et il y a dans le parc des oiseaux migrateurs et des espèces en péril. La forêt carolinienne rare est véritablement unique dans le Sud de l'Ontario. La vallée de la rivière Rouge est un des seuls endroits au Canada où on trouve ce genre de forêt.
Il est extrêmement important que nous fassions tout notre possible pour bien faire les choses. Nous devons établir une structure adéquate et mettre en place les protections nécessaires pour nous assurer que le parc est préservé pour les générations à venir. Il est important d'établir des normes élevées pouvant également être appliquées pour les nouveaux parcs urbains nationaux et municipaux qui seraient ensuite créés.
Les députés d'en face sont nombreux à oublier que le gouvernement fédéral doit faire preuve de leadership. Il devrait devancer les provinces et les municipalités en matière de protection environnementale afin que son approche se répercute sur les autres ordres de gouvernement. Ce n'est pas le cas, et c'est ce que nous constatons de façon générale chez les conservateurs.
Les conservateurs se sont opposés au salaire minimum de 15 $, qui aurait envoyé un message clair en faveur de la lutte contre l'inégalité dans notre pays. Ils s'y sont opposés parce qu'ils ne pensaient pas que cela profiterait à beaucoup de personnes, ou plutôt parce que cela n'aurait pas été particulièrement profitable à leurs partisans.
J'aimerais attirer de nouveau l'attention sur le fait que, lorsque le député d' a présenté le projet de loi, il a qualifié les Amis du bassin de la rivière Rouge de groupe carrément nuisible et de radicaux, comme le font si souvent les gens d'en face. Ils en subissent maintenant les conséquences, car ils ont à présent un défenseur au sein du gouvernement provincial.
Les conservateurs souhaitent rejeter le blâme sur M. Trudeau. Il faudrait plutôt blâmer tous les gouvernements libéraux et conservateurs qui, pendant les 40 dernières années, n'ont pas su répondre aux préoccupations des agriculteurs de la région.
Mon collègue de , notre porte-parole en matière d'agriculture, et moi-même avons visité les terrains de l'aéroport de Pickering l'an dernier. Notre objectif: découvrir comment ces terrains pourraient être utilisés. C'est un immense espace vert. Ce sont aussi des terres agricoles de catégorie A qui devraient servir à l'agriculture. Depuis qu'elles ont été retirées aux agriculteurs, la plupart de ces terres sont restées en friche.
Comme je l'ai dit, il ne reste qu'une ferme familiale, celle des Tapscott, qui s'y sont installés il y a des années après avoir quitté Scarborough. Ils n'ont pas modernisé leur matériel ni leurs pratiques depuis 40 ans, puisqu'ils pourraient perdre ces terres à tout moment. Leur exploitation n'est donc pas aussi efficace ou écologique qu'elle pourrait l'être. Une succession de gouvernements libéraux et conservateurs n'ont rien fait pour régler le problème ou, du moins, pour leur permettre de signer un bail de 10 ou 15 ans, grâce auquel ils pourraient investir dans les terres qui assurent la subsistance de leur famille depuis des générations. Nous souhaitons qu'on se penche également sur cette question.
Devant toute cette consternation, nous nous demandons si la création du parc se concrétisera un jour. D'après la province, la législation en vigueur offre une meilleure protection que ne le ferait la création d'un parc par le gouvernement fédéral. Peut-être faudrait-il que le gouvernement fédéral discute de ces préoccupations avec le gouvernement provincial. Pour notre part, nous soulèverons ces questions à la Chambre et en comité, mais c'est au gouvernement conservateur d'agir. Cette responsabilité lui revient.
Le gouvernement va de l'avant sans s'être entendu avec le principal intervenant de la province, celui qui contrôle une vaste partie du territoire prévu pour le parc. Il est tout à fait incroyable que le gouvernement fonce ainsi à tête baissée sans s'être entendu avec la province. Le secrétaire parlementaire a déclaré qu'il existait une entente, qu'il existait un protocole d'entente. La province est maintenant d'avis que le gouvernement ne respecte pas les critères établis et que les mesures de protection proposées seraient inférieures à celles qui existent actuellement.
Le gouvernement dira bien sûr qu'elles sont supérieures. Pourquoi ne prend-il pas le temps d'expliquer aux Canadiens en quoi sa proposition serait supérieure à la situation actuelle? Il se doit d'en discuter avec le gouvernement provincial.
Je ne comprends pas pourquoi il semble toujours si difficile pour le gouvernement de discuter avec les provinces, que ce soit au sujet des soins de santé, de l'environnement, des parcs ou de quoi que ce soit d'autre. Le gouvernement semble simplement aimer passer outre le reste du monde et croire que le chef a toujours raison. Les conservateurs mettront leur projet en oeuvre et tout le monde devra leur faire confiance.
Comme l'a dit l'un de mes collègues, il n'est pas suffisant de dire « faites-nous confiance ». Ce n'est un baromètre pour aucun gouvernement transparent et responsable dans notre pays. Je dirais même que le futur gouvernement néo-démocrate devra avoir de l'opposition et des porte-paroles efficaces et devra permettre l'expression de tous les points de vue. Il devra veiller à concilier les diverses opinions parce que c'est qu'on élabore les mesures législatives.
En l'occurrence, cela ferait un meilleur parc. Écouter tous les points de vue et tenir compte du plus grand nombre de préoccupations humainement possible ferait en sorte que le parc respecte les meilleurs normes environnementales. Cela ferait en sorte que l'exploitation agricole demeure autorisée, mais qu'elle s'effectue de la manière la plus écologique possible, en utilisant le moins possible de phosphates et de pesticides et le maximum de produits biologiques qui soient disponibles.
Faisons de cette région un modèle exemplaire de coexistence des milieux agricole et urbain que nous pourrons montrer aux autres. Nous serons appelés à recourir à ce modèle de plus en plus à l'avenir, car le Canada s'urbanise et la demande en aliments produits localement s'accroisse. Il est important, pour protéger l'avenir de notre planète, de faire en sorte que plus d'aliments soient produits et élaborés localement de manière à minimiser les répercussions environnementales négatives.
Nous voyons beaucoup d'éléments problématiques dans le projet de loi. Je serai donc ravi que mes collègues du comité de l'environnement l'étudient de plus près. J'espère que, pour une fois, le gouvernement fera preuve d'un peu de souplesse pour que nous puissions parvenir au résultat que nous souhaitons tous, soit la création d'un parc urbain national dans la vallée de la Rouge.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de participer au débat sur le projet de loi C-40 visant à créer un nouveau parc urbain national dans la région métropolitaine de Toronto.
J’aimerais tout d’abord reconnaître les efforts de tous ceux qui ont travaillé inlassablement sur ce projet depuis plus de deux décennies. Des dizaines de milliers de Canadiens du Grand Toronto et de la région du Golden Horseshoe ont participé à cette initiative.
Comme l’ont dit des députés des deux côtés de la Chambre, tout a commencé il y a près de 25 ans lorsque le développement urbain de la région métropolitaine s’est étendu aux terres agricoles et aux espaces ouverts environnants. À l’époque, de nombreux citoyens inquiets ont décidé d’intervenir, de militer, de présenter des pétitions et d’exhorter les autorités municipales, provinciales et fédérales à préserver cet important élément de la biodiversité canadienne.
Oui, tout a commencé avec l’intervention de ces citoyens dans les années 1980, qui a mené à l’adoption par la Chambre dans les années 1990 de la motion proposée par la ministre Pauline Browes. Des personnes telles que le conseiller municipal torontois Glenn De Baeremaeker ont poursuivi le mouvement.
Plus récemment, dans les années 1990, des efforts ont été déployés par l’Alliance du parc de la Rouge, que dirigeait M. Alan Wells, ancien directeur municipal de la région d'York. L’ancien premier ministre provincial McGuinty avait nommé M. Wells à la tête de l’alliance. J’ai eu l’honneur d’y siéger récemment avec un certain nombre d’intervenants municipaux et provinciaux. Nous avions réalisé un très important travail sous la direction de M. Wells. Le ministre Flaherty m’avait nommé à l’alliance en juin 2008, et j’y ai travaillé pendant près de cinq ans.
Lors de ma nomination à l’Alliance du parc de la Rouge, je ne savais rien de ce joyau de la région d'York, qui constitue aujourd’hui la ville de Markham et la ville de Toronto. Comme député du secteur ouest de la région métropolitaine de Toronto, je n’étais même pas au courant de l’existence de ce trésor écologique, en dépit du fait que je vivais à Toronto depuis 15 ans. Comme Torontois, je ne connaissais pas l’existence de ce coin du secteur est de la ville. Après ma nomination à l’Alliance du parc de la Rouge, je me suis rapidement familiarisé avec la région, et j’ai pris conscience de la valeur de cette précieuse partie du Grand Toronto.
L’Alliance du parc de la Rouge et ses membres ont consacré une période d’environ 18 mois à examiner l’avenir du parc. Le parc et la région devaient affronter de nombreux problèmes, et notamment un système de gouvernance très complexe qui manquait d’un fondement juridique assez solide pour influencer les résultats, ainsi que la multiplicité des intervenants qui avaient tous des intérêts différents. Nous avions donc décidé de proposer un nouveau modèle de gouvernance.
C’est ainsi que l’Alliance du parc de la Rouge a passé un an et demi à consulter des dizaines et des dizaines d’intervenants sur l’avenir du parc. Cet effort a abouti à un rapport que l’alliance a adopté au début de 2010 — à l’unanimité, je dois le préciser — et qui recommandait la création d’un parc urbain national dans le bassin hydrographique de la Rouge. C’est la genèse du projet de loi que nous examinons aujourd’hui.
La mesure législative dont nous sommes saisis découle de vastes consultations. J’aimerais parler en particulier de deux séries de consultations afin de donner une idée du nombre de personnes en cause et de l’étendue du processus.
La première série de consultations a été organisée entre 2008 et 2010 par l’alliance elle-même. L’Alliance du parc de la Rouge se composait de représentants du gouvernement du Canada, de la province d’Ontario, de toutes les municipalités du secteur, de la ville de Toronto, de la région d'York, de la ville de Markham — comme elle s’appelait alors — de la région de Durham, de Pickering et d’Ajax ainsi que d’intervenants tels que l’Office de protection de la nature de Toronto et de la région, et de groupes environnementaux comme Save the Rouge. Tous ces gens étaient représentés à l’alliance. Lorsque nous avons procédé à l’analyse de 18 mois qui a abouti au rapport, nous avons tenu de vastes consultations, non seulement avec les intervenants, mais aussi avec de nombreuses autres personnes de la région.
Nous avons consulté des organisations telles que la Fiducie de régénération du secteur riverain, des groupes environnementaux tels que la Fondation David Suzuki et la Société pour la nature et les parcs du Canada. Nous avons tenu des dizaines de réunions avec des dizaines d’intervenants. Ces consultations ont permis de produire le rapport de l’Alliance du parc de la Rouge, qui a recommandé au début de 2010 de créer un parc urbain national.
Après l’adoption unanime du rapport, un certain nombre d’entre nous ont réussi à convaincre le ministre Flaherty et le ministre de l’Environnement d’alors, l’actuel député de , de l’importance de cette initiative et de la nécessité pour le gouvernement du Canada de l’appuyer et d’y donner suite.
Par suite de ces efforts, le Cabinet a examiné en 2011 un mémoire fondé sur la proposition de l’Alliance du parc de la Rouge, et a décidé que le gouvernement du Canada appuierait la création d’un parc urbain national. Au cours de l’automne 2011, après l’approbation du Cabinet, le ministre et le Bureau du Conseil privé ont ordonné à Parcs Canada d’entreprendre des consultations publiques — c’était la seconde série — sur la création du nouveau parc. Ces consultations ont été encore plus étendues et plus approfondies que celles qu’avait organisées l’Alliance du parc de la Rouge.
Parcs Canada a entendu l’opinion de 11 000 Canadiens sur l’avenir du parc, consulté 150 groupes d’intervenants, dont des députés comme celui de , que j’ai eu le plaisir d’inviter personnellement à une consultation tenue par Parcs Canada au campus de Scarborough de l’Université de Toronto à l’automne de 2011. Les consultations ont mené à un projet de plan de gestion, sur lequel Parcs Canada travaille depuis lors, et au projet de loi dont nous débattons aujourd’hui.
Le projet de loi résulte non seulement du processus de consultation vaste et détaillé qui a été tenu mais également du travail de milliers de citoyens ordinaires, de Canadiens ordinaires qui se soucient profondément de l’environnement dans lequel ils vivent. En conséquence, le projet de loi constitue le rêve sur papier de milliers et de milliers de gens qui habitent dans la grande région du Golden Horseshoe.
Il importe d’observer que le projet de loi n’est pas un simple morceau de papier. Le ministre Flaherty, lorsqu’il vivait, a mis 144 millions de dollars dans le cadre financier afin d’assurer la survie du parc pendant les 10 premières années de son existence. L’argent a été budgétisé. En effet, le budget prévoit de l’argent réel et des ressources réelles, soit 144 millions de dollars, pour la création et le soutien de ce parc, ainsi que 7,6 millions de dollars par année qui serviront à assurer la survie du parc après les 10 premières années. Voilà donc de l’argent réel qui mènerait à un résultat tangible: la création de ce parc urbain national.
J’exhorte les députés à donner leur appui au parc en raison des ressources qui seront alors consenties, mais aussi pour deux très importantes raisons.
La première, c’est l’accessibilité.
Le parc se situera dans la grande région de Toronto, et des millions de Canadiens y auront donc accès. Telle n’est pas la situation de la plupart des autres parcs nationaux. En effet, la plupart de nos parcs ne sont pas accessibles à des millions de Canadiens, et cela est tout particulièrement le cas pour les Canadiens qui vivent dans les basses-terres du Saint-Laurent. Ils ne sont pas accessibles géographiquement parce qu’ils sont situés dans des endroits isolés du pays, comme c'est le cas du parc national Auyuittuq sur l’île de Baffin, le parc national de Jasper, où je ne suis jamais allé, situé dans les Rocheuses albertaines, le parc national Pacific Rim sur l’île de Vancouver ou encore le parc national du Gros-Morne, à Terre-Neuve-et-Labrador. Ces parcs sont souvent loin, et s’y rendre coûte cher.
Le parc de la Rouge se trouve dans la cour de 8,5 millions de Canadiens vivant dans la grande région du Golden Horseshoe.
Ce parc est non seulement accessible géographiquement à ces millions de Canadiens, dont bon nombre sont de nouveaux Canadiens qui n’ont pas encore eu le privilège de connaître les grands espaces du Canada, il est également accessible sur le plan économique, contrairement à plusieurs des parcs nationaux.
Pour se rendre au parc national Nahanni et faire une randonnée en canot d’une ou deux semaines, cela peut coûter plus de 6 000 $ à 7 000 $ par canoéiste. C’est bien au-delà des moyens de nombreux Canadiens. Pour remonter la rivière Weasel dans le parc national Auyuittuq, cela peut coûter plus de 7 000 $ à 8 000 $ juste pour s’y rendre, faire la randonnée et revenir. Encore là, de nombreux Canadiens sont loin d’en avoir les moyens.
Ce parc, cependant, ce parc urbain national de la vallée de la Rouge sera accessible tout simplement par une station de métro, un jeton TTC de 3 $ ou une simple balade en voiture vers cette partie du pays. L'accessibilité de ce parc fera en sorte que des millions de nouveaux Canadiens pourront en profiter. Il les initiera à notre grand trésor, notre immense patrimoine national, nos grands espaces.
Il permettra également de créer un parc qui aura de 10 à 15 fois la taille du Central Park à Manhattan, un parc dont la dimension dépasse de loin celle du parc Stanley à Vancouver. C’est vraiment une occasion pour nous de présenter notre réseau des parcs nationaux à des millions de Canadiens, en particulier aux nouveaux Canadiens, dont beaucoup vivent dans la région élargie du Golden Horseshoe.
Il y a une deuxième raison pour laquelle les députés des deux côtés de la Chambre devraient appuyer la création de ce parc, et c’est l’écologie. Il y a une raison écologique de soutenir ce parc. Parcs Canada, en vertu d’une loi fédérale, a le mandat de protéger chaque zone importante de la biosphère canadienne sur le plan écologique. C’est le mandat de Parcs Canada.
Les gouvernements, présent et passés, l’ont fait dans une large mesure. Nous avons protégé la forêt tropicale de la réserve de parc national Pacific Rim dans la partie occidentale de l’île de Vancouver. Nous avons protégé la côte de l'Atlantique et les grandes montagnes du Canada atlantique dans le parc national du Gros-Morne à Terre-Neuve.
Nous avons protégé la plupart des zones des Prairies et de la forêt boréale. Nous avons protégé certaines zones des Rocheuses, comme les parcs nationaux de Jasper et de Banff. Nous avons protégé des aires marines, comme le parc marin national Fathom Five dans la baie Georgienne. Nous avons protégé une bonne part de la biodiversité unique du Canada.
Cependant, la seule région du pays où nous n’avons pas protégé une partie importante de notre biodiversité se situe dans la région de la forêt carolinienne, dans une zone forestière de feuillus de l’Est. Il s’agit de la zone forestière qui se trouve au sud d’une ligne tracée entre Stratford, en Ontario, et Toronto. Je dirais que c’est l’un des espaces écologiques les plus précieux de ce pays pour une raison simple: c’est la biosphère la plus dense du pays.
Elle contient le plus grand nombre d’espèces de flore et de faune. On trouve plus d’espèces de flore et de faune par kilomètre carré dans la zone forestière de feuillus de l’Est que dans tout autre kilomètre carré de n'importe quelle autre zone de la biodiversité canadienne. Cependant, en tant que gouvernement, il nous reste une bonne partie de cela à protéger.
C’est pourquoi la loi est très importante. Nous allons pour la première fois protéger des milliers d’acres de cette précieuse biodiversité dans cette partie du Canada.
Quand nous avons présenté ce rapport de l'Alliance du parc de la Rouge, quand le Cabinet délibérait sur ce qu'il fallait faire pour protéger ces milliers d'acres de biodiversité, nous avons eu un problème.
Le problème était le suivant: la région du bassin hydrographique de la rivière Rouge est envahie par la civilisation moderne. L'autoroute 401 traverse ce secteur. Des égouts de la région de York rejoignent ceux de York-Durham, passent à Pickering et à Ajax, puis aboutissent aux usines de traitement des eaux situées sur les rives du lac Ontario. Il y a aussi des lignes de transport d'électricité, des centaines de kilomètres de routes pavées et non pavées, ainsi que des terres agricoles. La région englobe plusieurs autres choses qu'on ne retrouve normalement pas dans notre réseau de parcs nationaux.
De toute évidence, le gouvernement ne peut pas déplacer l'autoroute 401, ni la route à péage, c'est-à-dire la 407, qui passent dans ce secteur de la Rouge. Il ne peut enlever ni les lignes électriques, ni les égouts. Il ne peut rien faire du genre et il doit reconnaître que cette région est différente d'endroits tels que les parcs nationaux de Banff, de Jasper, du Gros-Morne ou de Pacific Rim.
Deux options s'offraient au gouvernement. L'une consistait à rendre moins rigoureuse la norme relative au caractère sauvage des parcs nationaux, tandis que l'autre était de créer un second type de parc national. Le gouvernement a agi sagement en optant pour cette dernière solution, puisque le fait de rendre la norme relative au caractère sauvage des parcs nationaux moins rigoureuse compromettrait l'intégrité écologique future des parcs nationaux.
Adopter une autre norme nous permet en quelque sorte d'ériger un mur autour du concept de parc urbain national, de façon à ne pas affaiblir la norme relative au caractère sauvage des parcs nationaux.
Nous avons présenté un projet de loi qui crée un précédent, c'est-à-dire un parc urbain national qui satisfait quand même à une norme très stricte. En fait, cette norme est plus sévère que celle qui s'applique aux parcs provinciaux en Ontario. Elle est semblable à la norme provinciale en ce sens qu'elle reconnaît les utilisations déjà existantes comme l'agriculture et les autoroutes 401 et 407. Elle tient compte de la nécessité de combattre des phénomènes comme les feux de forêt et les inondations, ce qui n'est pas le cas dans les parcs nationaux. La norme tient aussi compte du fait que les lignes électriques et les égouts doivent absolument traverser la région et que l'agriculture y est pratiquée. Toutefois, cette norme est différente de la norme provinciale qui vise les parcs parce qu'elle est plus rigoureuse.
J'adore le réseau de parcs provinciaux de l'Ontario. Chaque été, je fais du canot dans nos beaux parcs provinciaux, que ce soit l'aller-retour de Canoe Lake à Brent, dans le parc Algonquin, sur de beaux lacs comme OSA, dans le parc de Killarney, de la baie Georgienne à la Baie Fine. J'ai aussi pagayé sur la rivière Missinaibi, qui est une zone provinciale protégée, jusqu'à Moosonee.
Bref, j'adore le réseau de parcs provinciaux, mais la province de l'Ontario permet maintenant l'exploitation forestière dans le joyau de ce réseau, c'est-à-dire le parc Algonquin. Il y a de l'exploitation forestière dans le parc provincial Algonquin et cette activité est régie par une autorité provinciale. La province autorise aussi la chasse et la pêche. Je le sais parce que j'ai pêché dans le parc Algonquin et j'ai attrapé un achigan à petite bouche. Les normes de la province de l'Ontario qui régissent les parcs provinciaux permettent l'extraction de ressources par le biais d'activités telles que la chasse, la pêche et l'exploitation minière et forestière.
La mesure législative et le projet de plan de gestion du gouvernement ne permettent pas ce genre d'activités. Aucune activité d'extraction des ressources telle que l'exploitation minière ou forestière ne serait tolérée dans le parc urbain national de la Rouge. De même, il serait interdit de prendre des espèces de la faune et de la flore, de chasser, ou d'enlever des fossiles ou d'autres éléments du patrimoine national.
En outre, pour la première fois, la mesure législative proposée et le budget connexe feraient en sorte que des employés à temps plein de Parcs Canada soient sur place 365 jours par année pour faire respecter la norme relative au parc urbain national. Les agents responsables à longueur d'année de l'application de la loi dans le parc de la Rouge empêcheraient les déversements illégaux, la chasse et d'autres problèmes de longue date dans le secteur du parc.
En terminant, j'exhorte vivement les députés à appuyer le projet de loi. Celui-ci n'est peut-être pas parfait, mais c'est une très bonne mesure qui assurera un héritage durable aux millions de Canadiens qui vivent dans cette région.
Lorsque je traverse le parc Algonquin, je songe souvent aux gens et aux leaders qui, à la fin du XIXe siècle, ont eu la sagesse et la clairvoyance de tenir tête aux parties intéressées, aux magnats de l'exploitation forestière à Ottawa, et d'insister sur la nécessité de préserver cette forêt de transition entre la forêt boréale et les forêts du Sud dans le parc Algonquin. Je pense souvent à ces leaders qui, il y a plus d'un siècle, ont eu la clairvoyance de créer ce parc. À ce jour, plusieurs générations de Canadiens ont pu profiter d'aires telles que le parc Algonquin.
La mesure législative proposée a été conçue dans le même esprit. Nos enfants et nos petits-enfants en profiteraient, et c'est pourquoi j'exhorte tous les députés à l'appuyer à l'étape de la deuxième lecture.
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Monsieur le Président, avant même de commencer, je mentionne que je vais partager mon temps de parole avec une personne dont l'identité reste à déterminer.
Avant d'entamer mon discours, je voudrais parler de la discussion qui est en cours. J'ai écouté tous les discours d'aujourd'hui, et il y a eu d'excellentes interventions. Je voudrais mentionner que j'ai rencontré plusieurs groupes environnementalistes qui m'ont parlé du problème de l'intégrité écologique dans le parc de la Rouge. Ils m'ont dit qu'il serait très important de conserver le concept d'intégrité écologique et de faire des exceptions qui permettraient d'adapter le parc national aux réalités urbaines. Cela permettrait de conserver des standards très élevés.
J'aimerais revenir sur l'importance des parcs et de la nature au Canada. Le merveilleux Rapport Planète Vivante 2014 du WWF contient un proverbe vraiment important et qui va vraiment nous mettre dans le contexte: « Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ». C'est vraiment important. C'est un concept qu'il faut intégrer à nos actions et à notre développement durable. L'avenir de mes enfants et de mes petits-enfants est une des raisons pour lesquelles je suis entré en politique. Puis, le rapport indique:
Et pourtant [...] nous n’agissons pas en gardiens de notre seule et unique planète. [...] la façon dont nous satisfaisons nos besoins actuels compromet la capacité des générations futures à subvenir [à la] leur[s].
Il faut comprendre que si tout le monde consommait comme les Canadiens le font présentement, il faudrait plus de trois planètes pour satisfaire à nos besoins. On est en train d'hypothéquer la génération future, ce qui n'est vraiment pas une bonne chose. C'est bien expliqué dans ce rapport.
J'ai souvent rencontré les gens de la Société pour la nature et les parcs du Canada. Ils ont mentionné des choses très importantes quant à l'importance des parcs au Canada.
Selon une étude du gouvernement fédéral effectuée en 2011, les parcs nationaux du Canada appuient 33 000 emplois à travers le pays, fournissant une base économique stable à long terme aux collectivités rurales et éloignées. L'étude a également révélé que chaque dollar fédéral investi consacré aux parcs nationaux génère plus de 6 $ dans le PIB national. Les parcs sont donc vraiment importants pour notre économie.
Cela nous amène au fameux parc de la Rouge. Plusieurs de mes collègues ont mentionné leur inquiétude quant à la capacité du gouvernement fédéral d'assurer l'intégrité écologique et la santé de ce parc et de la nature. La nature dans ce coin de notre pays est d'ailleurs très importante.
Je voudrais revenir à un rapport du commissaire à l'environnement et au développement durable et à un rapport de la Société de la nature et des parcs du Canada qui affirmait que le fédéral a fait des grandes compressions en 2012, ce qui fait qu'on a seulement un tiers des capacités scientifiques. Si on n'a qu'un tiers des capacités scientifiques, on réussira difficilement à répondre aux besoins. D'ailleurs, selon le rapport du commissaire à l'environnement et au développement durable, « L'intégrité écologique est une caractéristique des écosystèmes sains ».
Cela est donc vraiment important et figure dans la Loi sur les parcs nationaux. Si on veut faire du parc de la Rouge un parc national, il doit y avoir la notion d'intégrité écologique. C'est dans la loi.
Le rapport du commissaire, qui date d'automne 2013, dit:
[...] en vertu des lois et des politiques qui régissent l’Agence, « la préservation ou le rétablissement de l’intégrité écologique par la protection des ressources naturelles et des processus écologiques sont la priorité du ministre pour tous les aspects de la gestion des parcs ».
C'est dans la loi. Dans la gestion des parcs nationaux, la priorité est la préservation et le rétablissement de l'intégrité écologique.
Cela doit être la priorité dans ce parc urbain national de la Rouge. On peut s'adapter par la suite, en faisant des exceptions pour un parc urbain, au besoin. Cependant, il faut quand même garder le principe de base de l'intégrité écologique.
Je siège au Comité permanent de l'environnement et du développement durable, et plusieurs de mes collègues conservateurs ont dit qu'ils ne toucheraient jamais à l'intégrité écologique des parcs nationaux. Or si c'est le cas, il ne faut pas commencer à le faire ici. Il faut plutôt en faire la priorité et ajouter des modalités pour s'adapter par la suite. Je suis très inquiet de la capacité du gouvernement fédéral en matière d'intégrité écologique, parce que le rapport du commissaire affirme:
Nous avons constaté que les fonds affectés à la conservation des ressources patrimoniales avaient diminué de 15 % au cours de l'exercice 2012-2013, comparativement à la moyenne des six exercices précédents, et que d'autres réductions étaient prévues [par la suite...] La taille de l'effectif prévu pour la conservation des ressources patrimoniales a diminué de 23 % [...] Plus précisément, le personnel à vocation scientifique [ceux qui s'occupent de l'intégrité écologique] a été réduit de 33 % au cours de cette période, 60 des 179 postes ayant été éliminés.
Par ailleurs, le gouvernement fédéral a tout ce qu'il faut pour s'occuper de l'intégrité écologique du parc urbain national de la Rouge. Pour cette raison, nous sommes totalement en désaccord. Nous sommes vraiment inquiet vis-à-vis de cette possibilité.
Au sujet du parc urbain national de la Rouge, il est écrit dans le projet de loi que le ministre n'est tenu que de prendre en considération la santé des écosystèmes et de la faune. Il ne doit pas rétablir la santé des écosystèmes, mais simplement la prendre en considération. Ce n'est pas sérieux! On ne peut pas simplement prendre cela en considération; il faut appliquer des règles strictes.
Pour conclure, nous allons appuyer ce projet de loi, car il est essentiel d'aller de l'avant à l'égard du parc urbain national de la Rouge. Cela fait longtemps que des gens y travaillent, et c'est vraiment important. Comme je siège au Comité permanent de l'environnement et du développement durable, je vais m'assurer que ce projet de loi soit modifié pour que l'intégrité écologique en devienne la priorité.
Je trouve vraiment dommage que les conservateurs aient commencé à blâmer le gouvernement libéral de l'Ontario pour la mauvaise utilisation future de ce parc. Au contraire, ils devraient tendre la main au gouvernement de l'Ontario et aux gouvernements provinciaux. Les conservateurs ont l'habitude de vouloir jouer les matamores avec les gouvernements provinciaux en leur disant que c'est comme cela et que ce n'est rien d'autre. Ils devraient plutôt s'asseoir et négocier avec eux.
Je trouve dommage qu'un gouvernement provincial ait subi des attaques à la Chambre, alors que le gouvernement conservateur devrait plutôt travailler en collaboration avec les gouvernements provinciaux et avec les groupes de défense de la rivière Rouge. Cela me désole vraiment de voir cela. C'est pourquoi il sera d'ailleurs beaucoup plus difficile de travailler avec le gouvernement de l'Ontario, étant donné les attaques subies ici.
Un gouvernement NPD fournira tout le soutien nécessaire en vue d'assurer la conservation de ce parc afin de préserver sa biodiversité, en plus d'aider les collectivités environnantes à exploiter tout le potentiel économique et touristique qu'offrent nos parcs nationaux.
Pour nous, il est sûr et certain que la création des parcs sera une de nos priorités lorsque nous serons au pouvoir en 2015. À ce moment-là, nous nous assurerons, comme le demande la plupart des groupes environnementalistes, que l'intégrité écologique soit la priorité. Bien sûr, il pourra y avoir des exceptions dans le cas d'un parc urbain, comme celui du parc urbain national de la Rouge.