propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
-- Monsieur le Président, j'appuie le projet de loi . Cette mesure législative désignerait le troisième samedi de mai comme étant la Journée nationale du violon traditionnel. On inciterait ainsi les gens à reconnaître et à célébrer la beauté et l’histoire de la musique de violon traditionnel et à rendre hommage au célèbre luthier Antonio Stradivari.
Je suis née dans une famille de cinq enfants dans une localité rurale du Nouveau-Brunswick appelée Escuminac. Comme dans bien d'autres régions de notre grand pays, à l'époque, nous n'avions pas la télévision ni tous les gadgets électroniques des temps modernes, et le violon traditionnel s'est donc imposé.
Les violoneux proviennent de tous les milieux et de toutes les régions du pays. De tout temps, les Européens ont transporté des violons sur leurs navires et dans leurs excursions sur notre territoire. Les premiers commerçants de fourrure français en emportaient avec eux. Il y en avait chez les Écossais et les hommes originaires des îles Orcades et Shetland qui étaient postés dans les régions glaciales de la baie d'Hudson. Les peuples autochtones faisaient du troc pour obtenir des violons, et ces derniers étaient considérés comme le bien le plus précieux dans des milliers de foyers.
De toute évidence, le violon était un instrument très apprécié, et ce, pour de nombreuses raisons. Il était compact, facile à réparer et à accorder, et il suscitait toujours la bonne humeur lorsqu'on en jouait. En fait, on pourrait dire que les gens se réunissaient pour entendre jouer du violon, et non l'inverse.
C'est la danse qui a rendu le violon si populaire. Partout au pays, les gens se réunissaient et dansaient chaque fois qu'ils en avaient l'occasion pour oublier un peu leur existence difficile et renforcer l'esprit communautaire. Les violoneux étaient tenus en haute estime dans leur collectivité, surtout lorsqu'ils étaient bons.
Au Canada, il existe différents styles de violon qui ont survécu principalement en raison de l'isolement des collectivités. Il y a le style Red River, popularisé par Andy De Jarlis; le style québécois de Joseph Allard, Joe Bouchard et « Pitou » Louis Boudreault; le style de la vallée de l'Outaouais, popularisé par Brian Hébert et Reg Hill; le style acadien d'Eloi LeBlanc; le style autochtone et métis; le style western swing des Prairies; ainsi que les styles originaires de diverses régions de l'Europe.
Le style le plus populaire est le style terre à terre popularisé par le regretté Don Messer. Don Messer est né à Tweedside, au Nouveau-Brunswick, et il a commencé à jouer du violon à cinq ans en apprenant des pièces d'influences irlandaise et écossaise. Lorsqu'il était jeune garçon, Messer donnait des concerts locaux. Par la suite, il s'est produit dans tout le Sud-Ouest du Nouveau-Brunswick.
Dans les années 1920, Messer a vécu trois ans à Boston, au Massachusetts, où il a reçu sa seule formation officielle en musique.
Il a quitté Saint John en 1939 et a déménagé à Charlottetown, à l'Île-du-Prince-Édouard, où il a travaillé comme directeur musical de la station CFCY. Il a formé un groupe musical, The Islanders, qui a commencé à participer régulièrement à des émissions de télévision sur les ondes de CBHT-TV, à Halifax, en Nouvelle-Écosse.
Le 7 août 1959, le réseau de télévision CBC lançait une série estivale intitulée The Don Messer Show. La série, qui s'est poursuivie à l'automne sous le titre Don Messer's Jubilee, était produite à Halifax. Dans les années 1960, le Don Messer's Jubilee était un incontournable pour un grand nombre d'entre nous le lundi soir.
Nous aimions tellement entendre le son des violons de Don Messer et d'Earl Mitton. L'émission rejoignait un public très large. On dit qu'elle était la deuxième en popularité au Canada durant cette décennie, après la Soirée du hockey.
Un autre violoneux au style terre à terre est Ned Landry, qui a appris seul à jouer du violon lorsqu'il était tout jeune. Ned Landry a gagné dans la catégorie ouverte du Canadian Open Old Time Fiddlers' Contest en 1956, 1957 et 1962.
Dans les années 1950, il a joué à la radio, sur les ondes de la station CFBC de Saint John. Dans les années 1960, il a été invité au Don Messer's Jubilee et à d'autres émissions télévisées. Ned Landry a reçu l'Ordre du Canada en 1991. Par la suite, il a aussi été intronisé au North American Fiddlers Hall of Fame et au Nova Scotia Country Music Hall of Fame.
Ivan Hicks, lui aussi un Néo-brunswickois bien connu, joue du violon traditionnel depuis plus de 60 ans. Lui et sa femme Vivian ont partagé leurs talents avec de nombreux élèves, tous âges confondus, et ont été une source d'inspiration pour d'innombrables autres personnes. Ivan participe activement à la promotion d'ateliers, auxquels il assiste lorsqu'il ne les anime pas. Il continue de jouer le rôle de juge dans des compétitions de violon traditionnel partout au Canada.
Il a reçu maints prix et honneurs, comme lorsqu'il a été intronisé au Temple de la renommée de la musique country du Nouveau-Brunswick avec sa femme Vivian, ainsi qu'au Temple de la renommée du violon traditionnel de l'Amérique du Nord.
J'assure aux députés que les habitants de Miramichi se réjouissent chaque fois qu'Ivan et Vivian Hicks leur rendent visite.
Il y a aussi, bien sûr, l'incontournable Matilda Murdoch, qui vient de Miramichi même. Son père lui a donné un violon lorsqu'elle avait huit ans, et plus tard cette même année, sa détermination l'a amenée à jouer sa première chanson. Depuis, elle est devenue un symbole parmi les violoneux d'Amérique du Nord.
Matilda a donc passé la majeure partie de ses 94 années à faire partie de la communauté culturelle de Miramichi et du Nouveau-Brunswick. Sa technique est admirée et étudiée par les violoneux de la région, de l'ensemble de l'Amérique du Nord et, plus récemment, d'Irlande.
L'artiste Don Messer est l'une des nombreuses personnes qui ont de l'admiration pour Matilda. Il l'a invitée à son émission populaire, le Don Messer Show, et il a enregistré plusieurs de ses chansons pour lui démontrer l'amour et le respect qu'il avait pour sa musique.
Notre collègue, le regretté Jim Flaherty, était lui aussi un grand admirateur de Matilda; il a visité Miramichi et a pu écouter sa musique dans sa maison ancestrale, à Loggieville.
Matilda s'est méritée une reconnaissance régionale, nationale et internationale pour ses talents en composition, en interprétation et en enseignement. Elle a été intronisée au Temple de la renommée du violon traditionnel de l'Amérique du Nord et au Temple de la renommée de la musique country du Nouveau-Brunswick.
On ne dit pas toute la vérité lorsqu'on affirme que Matilda Murdoch a réussi. Des organisations et des musiciens du monde entier ont reconnu son talent. Matilda a aussi été honorée de l'Ordre du Nouveau-Brunswick et de l'Ordre du Canada.
Loggieville compte une autre violoneuse très accomplie, Samantha Robichaud, qui représente la nouvelle génération de violoneux. Âgée de moins de 30 ans, Samantha a déjà lancé sept albums très bien cotés qui lui ont valu de nombreux prix.
Notre province organise également un festival annuel à Plaster Rock. Il s'appelle Fiddles on the Tobique. Bien évidemment, ce festival tombe en pleine saison des têtes de violon.
Ce festival, qui a débuté il y a des années avec un seul violoneux, attire aujourd'hui des gens de partout dans le monde. C'est fort possiblement le seul festival de son genre au monde. Il combine deux anciennes traditions néo-brunswickoises: le violon et le canot. Imaginez la vue et le son d'une flottille de canots qui transportent sur la Tobique près de 200 musiciens jouant de vieux airs de violon traditionnel. Les visiteurs assistent à des concerts, à des improvisations collectives et à des danses et peuvent même participer à un camp sur l'apprentissage du violon traditionnel.
En général, la région de l’Atlantique a produit d’excellents violoneux.
Winston « Scotty » Fitzgerald, qui a vécu de 1914 à 1987, était un violoneux de renom de Cap-Breton. Il était un pionnier dans l'enregistrement de prestations musicales et a grandement influé sur le style et le répertoire des autres générations de violoneux.
Natalie MacMaster est une autre musicienne de Cap-Breton qui a remporté des prix. Elle a commencé sa carrière de violoneuse à 16 ans. Sa carrière musicale s'étend maintenant sur trois décennies; elle a 11 albums à son actif, a présenté des milliers de spectacles et a collaboré avec une multitude d'artistes de renommée mondiale.
Des musiciens de divers genres musicaux convoitent les talents de MacMaster. Elle a collaboré avec d'innombrables artistes, dont Yo-Yo Ma, qui a remporté un prix Grammy.
Avec ses racines cap-bretonnaises, son dévouement à son art et son amour de sa famille, Natalie est une force du domaine musical avec une longue et fructueuse carrière, qui continuera sans l'ombre d'un doute à réchauffer le coeur de ses amateurs pour des années à venir.
Al Cherny, un grand violoneux canadien, est né à Medicine Hat, en Alberta, de parents ukrainiens. Au Canadian Open Old Time Fiddlers' Contest, il a remporté la palme dans la catégorie « fantaisie » en 1959, 1960 et 1961 et dans la catégorie générale en 1960 et 1961.
Dès le début des années 1970, il s'est imposé comme musicien de studio chevronné, enregistrant aux côtés de Tommy Hunter et de Sylvia Tyson, entre autres. Il a sorti plus d'une dizaine d'albums studio. En 1978, il a reçu un prix RPM Big Country comme meilleur instrumentaliste country.
Il a aussi joué régulièrement à l'émission The Tommy Hunter Show jusqu'à sa mort en 1989. La même année, Cherny a été admis à titre posthume au Temple de la musique country canadienne.
Même si les violoneux dont je viens de parler sont des géants canadiens parmi tant d'autres, j'aimerais parler de mon expérience personnelle.
Durant notre enfance, nous avons eu la chance d'avoir un cousin qui vivait chez nous et que l'on surnommait avec affection « oncle Mike ». Il s'appelait Michael Jimmo, et il jouait du violon traditionnel tous les jours et ce, jusqu'à sa mort à l'âge de 93 ans. Très souvent, il était accompagné de notre oncle Ray Jimmo, et la fête était au rendez-vous. Nous avons grandi en écoutant d'autres violoneux de la région, comme Mont MacDonald et ses fils, Elmer et Joe.
Encore aujourd'hui, nous reconnaissons tous de grandes pièces de violon traditionnel comme Maple Sugar, St. Anne's Reel, Liberty Two-Step, Ontario Swing, Orange Blossom Special, et, bien sûr, plus récemment, Loggieville Two-Step.
Ma circonscription, Miramichi, a la chance de compter un grand groupe de musiciens, les Miramichi Fiddlers. On peut entendre ce groupe lors des festivals d'été de Miramichi, dont le festival irlandais, le festival de chansons folkloriques, qui existe depuis longtemps, et le festival du violon traditionnel.
Ce groupe se compose de 30 hommes et femmes remarquables. Outre les festivals, les membres de ce groupe jouent régulièrement lors d'activités de financement organisées dans la région de Miramichi. Ainsi, ils donnent de leur temps et mettent à profit leurs talents pour aider les autres.
Je n'ai mentionné qu'un petit nombre des violoneux canadiens. Nous savons tous qu'il y en a beaucoup d'autres. Ils ont tous contribué énormément à leurs collectivités partout au pays. Dans les années 1950 et 1960, on peut dire que, dans les régions rurales du Canada, le violon traditionnel était une forme de réseau social, car, à l'époque, toute la technologie qui existe maintenant était absente de nos vies.
Nous gardons de bons souvenirs des soirées de violoneux, car nous nous sommes amusés au son d'une excellente musique. Je suis persuadée que le violon traditionnel a permis de créer des liens au sein de notre famille musicale d'un bout à l'autre du pays. Ceux qui jouent de cet instrument méritent qu'on leur rende hommage à l'occasion d'une journée nationale du violon traditionnel.
Voici ce qu'a dit le père John Angus Rankin, un musicien du Cap-Breton:
La musique sort du coeur du violoneux; elle se répand sur les cordes de son instrument et vous touche droit au coeur.
:
Monsieur le Président, à la Chambre, on traite de bien des sujets qui sont souvent plus frappants, et j'ai eu à me prononcer sur un certain nombre d'entre eux, mais il me fait certainement bien plaisir de discuter de ce sujet.
Cela étant dit, je crois qu'on est heureux de le faire, mais on le fera rapidement, parce que plusieurs situations urgentes sont actuellement à l'ordre du jour.
Le projet de loi traite d'un instrument à cordes parfaitement iconique de notre musique et de notre culture. C'est pour cette raison qu'il est pertinent d'en parler. Il est à la fois distinctif de qui nous sommes et un élément unificateur des multiples cultures qui forment le pays, le « tout fédéral », dans le quel nous vivons.
C'est un raccordement transcontinental, voire transatlantique, parce que cet instrument nous lie également aux multiples autres cultures de violoneux, des peuples celtes aux peuples slaves, à leurs cultures traditionnelles et leurs avant-gardes respectifs qui ont emprunté à leur façon cet arc et ces cordes et qui lui ont donné des couleurs spécifiques.
Cet instrument et ses mélodies sont une marque de notre passé, un écho à la mémoire des Irlandais et des Écossais qui ont été de ceux qui ont abreuvé le Québec par ses racines. Moi-même d'origine irlandaise du côté de ma mère, une O'Donoughue, j'ai grandi en allant aux grandes fêtes de famille bilingue où le violon avait sa place.
[Traduction]
Il y a quatorze ans, ma cousine, April O'Donoughue, a fondé les Festival international Harmonies celtiques, qui a lieu dans les Cantons de l'Est et dont elle s'occupe encore. Ce festival perpétue les traditions des nombreuses collectivités de la régions qui ont des racines irlandaises et écossaises.
[Français]
C'est sans parler de la contribution culturelle de la Bretagne, elle aussi un pays celte. Le festival Harmonies celtiques est devenu un haut lieu estrien de sets carrés, de contredanses et de « câleux ». J'invite d'ailleurs tous ceux qui aimeraient découvrir ce festival à se rendre du côté de Cowansville, qui s'étend jusqu'à Waterloo, en passant par Knowlton et Austin, tout le week-end de l'Action de grâces, jusqu'à lundi. Il y a aussi la danse, le sens du rassemblement et un côté festif qui emporte très propre aux violoneux.
Ce projet de loi veut rendre hommage aux violoneux: des artisans, des luthiers, des musiciens, des mélodistes, des « fêteurs » et des bons vivants qui font vivre ces quatre cordes. Il reconnaît que le violon traditionnel est un art qui a joué un rôle important dans notre histoire culturelle et sociale, comme le disait notre collègue, et que cet art a été enrichi par des générations de nouveaux arrivants, venus avec leurs cultures, leurs styles et répertoires musicaux.
Le texte reconnaît aussi les efforts des violoneux, ces chaleureux violonistes, pour qu'une journée soit célébrée en l'honneur du violon traditionnel dans le monde, et je cite, pour « souligner la valeur, la beauté et l'histoire de la musique de violon traditionnel ». Ces gens ont eu le bon goût de proposer une date qui rendrait hommage au plus grand des luthiers, celui dont on connaît fort bien le nom: Antonio Stradivari.
Le but de la démarche est explicite: faire en sorte que l'importance historique et contemporaine du violon traditionnel, ainsi que son apport précieux à la culture canadienne, soient non seulement reconnus, mais mieux connus d'un auditoire plus large.
Je suis d'ailleurs convaincu qu'adopter ce projet de loi fera aussi plaisir aux Lanaudois et aux Lanaudoises, dont la région est un berceau du « trad » au Québec, une région où les clercs de Saint-Viateur ont laissé leur empreinte par l'enseignement de la musique et où vit toujours le plus vieil orchestre des jeunes au Québec. Cette région a vu émerger des grands noms de la musique du terroir du Québec, entre autres: Yves Lambert, La Bottine Souriante et le Rêve du Diable. C'est aussi le pied-à-terre du festival Mémoires et Racines.
On notera aussi le grand nombre de musiciens d'orchestre qui se reconnaissent chez eux à Joliette et dans sa région. D'ailleurs, André Brunet, violoneux professionnel et président du Camp de violon traditionnel québécois de Lanaudière, est ravi de l'idée de cet hommage au violon traditionnel.
Selon lui, c'est l'occasion de présenter un vibrant hommage à l'instrument propre à une culture, un peuple, une nation qui se définit au son d'un air, d'un reel ou d'un quadrille, permettant la fougue aux gigueux et soutenant l'harmonie des pas des danseurs.
Il dit que s'il existe un instrument aussi authentique que le sont nos émotions dans le tourbillon d'une veillée, il ne fait aucun doute que c'est le violon, partie intégrante de la danse qui nous mène, qui nous rassemble et qui fait vibrer nos cordes sensibles, parce que chacun de nous est un violoneux dans l'âme.
[Traduction]
De nombreux violoneux et fervents du violon traditionnel ont manifesté leur appui à cette initiative.
Graham Sheppard, vice-président de la Canadian Grand Masters Fiddling Association, a dit ceci:
« Au milieu des bouleversements qui nous entourent et des décisions difficiles que la Chambre doit prendre, il est agréable de participer à cet effort. »
« Au Canada, la Journée nationale du violon traditionnel sera un événement annuel qui sera cher aux milliers de violoneux et d'amateurs de violon traditionnel. De plus, elle nous encouragera à préserver et à faire connaître le violon traditionnel dans les régions que nous représentons et partout au Canada. »
Paul Lemelin est un habitué du concours Canadian Grand Masters. Il est aussi président du comité organisateur de la compétition de violon et de danse à claquettes de Chelmsford, en Ontario. Il a déclaré ceci:
« Ce projet de loi et son intention me touchent particulièrement. Il s'agit d'un hommage très émouvant aux nombreux adeptes qui ont tenté de redonner sa gloire d'antan au patrimoine musical du violon. Je suis président d'un organisme voué au violon et à la danse à claquettes qui organise la SEULE compétition de violon et de danse à claquettes dans le Nord de l'Ontario. Notre objectif principal consiste à préserver et promouvoir le patrimoine canadien de la musique et de la danse, particulièrement celui du violon et de la danse à claquettes. »
[Français]
J'ai parlé quelques fois de l'idée d'une diversité culturelle canadienne. Mon travail en tant que porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de patrimoine et de culture m'a amené à travailler en proximité avec les organismes et les individus qui défendent l'idée de la diversité culturelle sur le plan international, notamment dans le contexte de traités commerciaux, un dossier important pour la culture.
Autant on se rapproche des autres cultures — et c'est peut-être un thème de notre siècle —, autant on prend conscience de l'indiscutable nécessité d'être nous-mêmes et de faire foisonner et non diluer les différences et les points de résonnance des peuples, aussi petits soient-ils, ou encore, même s'ils sont oubliés par la mise en commun technologique de nos cultures.
La diversité des langues, des arts et des cultures, jusqu'à la diversité des gastronomies, cela n'a rien de superficiel. Ce n'est pas une recherche gratuite des oppositions. Ce n'est pas non plus qu'un grand principe qu'on a rédigé à l'UNESCO pour le délaisser par la suite.
Au contraire, cette diversité est fondamentale à la condition humaine, à son évolution, au progrès, et j'ajouterais au plaisir de vivre. Inversement, cette diversité, c'est ce qui nous permet d'être chez nous, et à chacun d'affirmer son identité pour mieux accueillir l'autre. Certains appelleront cela un protectionnisme. C'est un argument facile parce que c'est très à la mode. Toutefois, ce sont les mêmes qui recopieront des manuels d'économie l'idée que rien n'a une valeur, si ce n'est pas monnayable, échangeable ou quantifiable.
Cependant, la culture a une valeur précisément parce qu'elle n'est aucune de ces choses. Par contre, elle dure dans le temps et elle garantit une richesse non pas accumulée, mais vécue.
Le violon traditionnel est aussi profondément évocateur pour les peuples autochtones, et particulièrement pour les peuples métis. Ils font vivre une forme de violon traditionnel dont certaines sonorités font écho aux traditions écossaises, atlantiques ou québécoises par exemple, mais qui brille par ses innovations, sa phraséologie et son équilibre propre à la culture autochtone et métisse, et par ses traditions mélodiques et surtout rythmiques qui rappellent ces époques anciennes.
S'il faut faire de cette journée du violon traditionnel une réalité, c'est pour célébrer les traditions que ces violoneux ont composées autant qu'ils ont transmises. Ce sont des traditions qui continuent de vivre dans la communauté des plaines. Le Festival du voyageur au Manitoba, qui se passe en hiver pendant dix jours à Saint-Boniface, est depuis 45 ans un témoin tout en neige et en glace de la résonnance chaleureuse de ce patrimoine musical.
Ça, c'est du patrimoine vivant!
Toutefois, dans deux ans et deux mois, on aura une bonne occasion de faire vivre au plus grand nombre ce patrimoine, car on sera appelé à souligner le 150e anniversaire de la Confédération du Québec et de l'Ontario avec le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Ce sera le moment de commémorer, de faire un bilan sur ces 150 ans d'association, de prendre note du chemin parcouru, tout en réfléchissant au chemin à parcourir à l'avenir.
Plutôt que de se lancer dans une surenchère pyrotechnique, ce sera aussi une occasion d'investir dans le patrimoine, dans la culture, dans une nouvelle vague de médiation culturelle et dans la diffusion pour tous du travail de nos artistes.
On est à deux ans et deux mois de cet anniversaire. C'est important de le noter parce que jusqu'à présent, on n'a vraiment pas vu grand-chose de la part du gouvernement. Ainsi, cela fait un peu triste de voir qu'il faut quelqu'un du Sénat pour proposer ce genre d'idée symbolique et pour nous faire avancer vers 2017.
Parlant de bonnes idées, la sénatrice qui a proposé ce projet de loi, la sénatrice de l'île-du-Prince-Édouard, a eu la bonne idée de rester à l'Île-du-Prince-Édouard. C'est une excellente idée.
C'est très bizarre de constater le manque d'initiative des conservateurs concernant le programme pour 2017. Jusqu'à présent, on s'est fait offrir une autre campagne de pubs à la télé — oui, une autre campagne — de vagues propositions de commémorations militaires, un gros sondage en ligne, une série de logos qui ont beaucoup fait rire pour les mauvaises raisons.
Contrastons cette approche broche à foin avec les préparatifs effectués pour 1967: une décennie d'organisation et de conjugaison avec les premiers ministres du Québec et des autres provinces. Oui, ils discutaient! Sept ans avant l'événement, sous Diefenbaker, on travaillait déjà sur les festivités et sur les infrastructures qui seraient légués par le centenaire de la Confédération.
Sous le gouvernement actuel, rien de tel, de toute évidence. Il n'y a absolument rien. Pourtant, je pourrais nommer des municipalités et des organismes qui rêvent de bénéficier de legs qu'on aurait pu pondre pour cet événement et surtout pour les générations à venir.
La , dont le rôle serait normalement de guider les événements de 2017, a préféré passer les dernières semaines à imposer ses opinions au CRTC qui était en plein chantier dans le cadre de son étude sur l'avenir de la télévision au Canada. Y a-t-il un autre mot que pathétique?
En 2017, ce serait l'occasion pour la ministre d'inaugurer une véritable année du patrimoine, un point de convergence et une époque d'ébullition des arts, des artisans et des cultures que comptent ce pays. Célébrer les violoneux, corde sensible et fil conducteur de nos cultures, aurait pu en faire partie.
Plus largement, on est en droit d'espérer de notre ministre du Patrimoine qu'elle propose un cadre, un échéancier, ou mieux encore, un comité indépendant qui guiderait les commémorations de 2017. C'est d'ailleurs une recommandation du Comité permanent du patrimoine canadien, une parmi d'autres recommandations fort intéressantes, dont le gouvernement a tôt fait de se débarrasser.
C'est malgré tout rassurant de constater l'intérêt des conservateurs pour cette initiative. Je tiens à dire que si le Canada s'est doté d'un ministère du Patrimoine canadien, il doit certainement être en mesure de reconnaître un apport majeur à sa culture et à son patrimoine. C'est pourquoi le NPD ne s'opposera pas à ce projet de loi si petit soit-il, car en culture, ce sont de petites nuances qui font de grandes différences.
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Monsieur le Président, il y a 30 minutes, nous avions un débat sur le Moyen-Orient et sur ce qui se passe en Iraq. Il est quelque peu intéressant de constater que nous sommes passés de ce débat à un autre sur le violon traditionnel, qui nous occupe depuis une heure à peu près, selon l’humeur de la Chambre.
Je ne veux rien enlever au projet de loi . Il ne fait aucun doute que le projet de loi S-218 est important, mais la situation est un peu ironique, étant donné que nous nous prononcerons sur la motion du gouvernement sur l’engagement de personnel militaire pour mener des frappes aériennes. Je ne perds pas de vue toutefois que nous parlons actuellement d’instituer une journée nationale du violon traditionnel.
Cela étant dit, étant donné que les trois partis politiques semblent appuyer le projet de loi , nous pourrions expédier ce débat et reprendre celui sur l’Iraq. Toutefois, avant de conclure, j’aimerais dire certaines choses sur le projet de loi S-218.
Comme cela a été indiqué, le projet de loi émane du Sénat. Un membre du Sénat a formulé l’idée, considérée comme étant positive par les libéraux, de désigner le troisième samedi de mai journée nationale du violon traditionnel. Nous reconnaissons l’importance du projet de loi parce que nous croyons qu’il permet de réaffirmer le sérieux que nous accordons à la protection du patrimoine et de la diversité du Canada en faisant mieux connaître la valeur du violon traditionnel, le rôle qu’il a joué et qu’il continue de jouer et qu’il jouera encore dans toutes les régions du Canada. Nous sommes unanimes à reconnaître cela sans hésitation, à la lumière des commentaires formulés au cours des 30 dernières minutes.
Force est de reconnaître que le violon traditionnel est un instrument agréable à écouter. Je n’en ai jamais joué personnellement mais j’ai souvent entendu des gens en jouer et je peux dire que c’est un instrument absolument charmant en raison de toutes les émotions qu’il peut traduire, et ce, de nombreuses façons. Il témoigne en outre de la diversité et de la culture des régions. En effet, les Français, les Inuits, les Métis, les Premières nations, les Ukrainiens, les Écossais, les Irlandais et les Acadiens ont des façons différentes d’en jouer.
Je sais à quel point le festival Folklorama qui a lieu dans ma ville Winnipeg est merveilleux. Chaque été, pendant deux semaines, Winnipeg accueille le monde dans des pavillons. Ce sont deux semaines d’enrichissement sur les plans de la culture et du patrimoine. Ce ne sont pas seulement les habitants de Winnipeg mais des gens de toutes les parties du monde qui participent à Folklorama. Toutes les activités portent sur le patrimoine et la musique est l’un des principaux centres d’intérêt. En fait, certains groupes se servent du violon traditionnel pour exprimer leur culture et faire connaître leur patrimoine.
J’ai eu la chance d’écouter du bon violon traditionnel et de giguer. J'encourage tous ceux qui n'en ont jamais fait l'expérience à vraiment assister à un concours de violon traditionnel et de gigue. C’est vraiment sensationnel à voir.
Certaines personnes qui ont joué du violon traditionnel ont fait remarquer qu’un certain fossé semble s’être creusé entre les générations avec les années, mais le violon traditionnel est de retour. En effet, de plus en plus de jeunes adoptent cet instrument particulier avec fierté et veulent en faire un usage de plus en plus grand. C’est encourageant.
C'est ce qu'a fait remarquer Patti Lamoureux. Je ne crois pas qu'elle ait un lien de parenté avec moi, même si elle vient de la région de Winnipeg. Cette championne locale du violon traditionnel est membre du temple de la renommée de la Manitoba Fiddle Association. Elle a souligné à quel point il était important que nous transmettions cet art à nos jeunes.
De nos jours, il y a toutes sortes d'écoles où le violon traditionnel est enseigné. Ce n'était pas le cas il y a cinq, six ou sept ans. De plus en plus de jeunes adoptent cet instrument. Nous voyons cela d'un très bon oeil.
Je n'ai pas l'intention de m'attarder sur cette mesure législative. Je crois que les orateurs précédents ont longuement parlé de la valeur patrimoniale et de l'importance de cet instrument. Comme je l'ai dit, c'est un instrument merveilleux qui, je crois, continuera à prendre de l'importance, comme il l'a fait au cours des dernières années.
J'ai hâte d'assister à des concerts de violon traditionnel, surtout lors d'événements spéciaux à Winnipeg-Nord, mais aussi ailleurs. Les jeunes s'intéressent de plus en plus à des activités comme la gigue qui, à mon avis, ne serait pas la même sans le violon traditionnel. Le violon traditionnel a beaucoup d'attrait, et il semble y avoir un intérêt renouvelé à son égard.
C'est pourquoi je crois que le fait de désigner le troisième samedi de mai « Journée nationale du violon traditionnel » encouragera encore plus de personnes à s'adonner à cette activité. Un tel geste permettra surtout de reconnaître l'importance du rôle du violon traditionnel dans notre très riche histoire et culture.
Pour conclure cette brève intervention, je suis fermement convaincu que ce projet de loi sera adopté puisqu'il semble bénéficier de l'appui de tous les partis. Étant donné le temps limité dont nous disposons pour le débat sur l'Irak et l'EIIL et compte tenu du fait que la sonnerie d'appel pour le vote se fera entendre à 20 heures, j'espère que nous serons en mesure de reprendre ce débat le plus rapidement possible.
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Monsieur le Président, je prends aussi la parole au sujet du projet de loi , Loi instituant la Journée nationale du violon traditionnel. Je veux remercier ma collègue, la députée de , qui a parrainé le projet de loi à la Chambre.
Le violon fait partie du tissu culturel de notre pays depuis l'époque des voyageurs. Des gens de cultures très diverses sont venus au Canada, ont partagé leurs façons de jouer du violon et ont donné leurs propres interprétations de la musique de violon traditionnel. Aujourd'hui, le violon est utilisé couramment dans la plupart des styles de musique, qu'il s'agisse du folk, du new age, du country, du bluegrass ou du jazz. Le violon semble même connaître un regain de popularité, puisque cet instrument est utilisé par des artistes et des groupes populaires dans les studios d'enregistrement, les salles de spectacle, les arénas et les festivals d'un bout à l'autre du pays.
De nos jours, que ce soit en famille ou dans le cadre de leçons, d'ateliers, de concours ou de concerts, le violon occupe une place de choix auprès de toutes les générations. Des festivals ont lieu dans des villes et villages canadiens et, peu importe que ces événements soient axés sur les arts, la musique ou les traditions culturelles, il n'est pas rare de voir un violoneux perpétuer la tradition canadienne.
En fait, un bon nombre de festivals au Canada réunissent des violoneux et leur public afin de célébrer le violon et les traditions culturelles qui s'y rattachent. Plusieurs de ces festivals bénéficient de l'appui d'initiatives telles que le Fonds du Canada pour la présentation des arts, et le programme Développement des communautés par le biais des arts et du patrimoine. Ces initiatives appuient de nombreux festivals et artistes canadiens en fournissant des fonds aux organisations pour célébrer leur collectivité, leur passé et leur présent, et aussi pour veiller à ce que les Canadiens profitent des arts de la scène et des talents artistiques.
Par exemple, les organisateurs du Festival La Grande Rencontre, qui ont célébré l'été dernier la 22e édition de cet événement, sont fiers de créer un environnement qui permet aux auditoires de redécouvrir la richesse de la musique en plein coeur de Montréal. Le festival propose un programme de quatre jours qui inclut une multitude de concerts, d'activités de danse, d'ateliers et de cours de violon, entre autres choses. Un tel éventail d'activités offert aux amateurs de musique permet de réunir des artistes et des musiciens qui divertissent des auditoires de tous âges. Des violoneux de toutes les régions du Canada et des États-Unis sont heureux de participer à La Grande Rencontre.
Il faut aussi mentionner le festival hivernal de Winnipeg, c'est-à-dire le Festival du Voyageur, qui souligne l'héritage francophone du Manitoba depuis 1970. Durant 10 jours en février, les organisateurs mettent en valeur la richesse historique et culturelle du Manitoba dans le contexte de l'époque des voyageurs. Pendant le festival, les visiteurs peuvent se rendre à l'Auberge du violon, où le violon est au coeur des célébrations et où l'on fait revivre la joie de vivre des voyageurs. Avec des soupers faits maison, une grande piste de danse et une ambiance chaleureuse, l'Auberge se transforme en un immense lieu de fête où se retrouvent parents et amis, en compagnie de violoneux. Aujourd'hui, après 44 années de célébrations, le Festival du Voyageur continue de grandir, puisqu'il est passé d'un événement de quatre jours à un festival de 10 jours dans toute la province, qui attire plus de 95 000 visiteurs. Le festival offre un baume au milieu de l'hiver froid de Winnipeg en célébrant l'époque des voyageurs et la joie de vivre des francophones du Manitoba.
Un peu plus à l'ouest, à Saskatoon, se tient le John Arcand Fiddle Fest. Cet événement, qui en est à sa 17e année, sensibilise la collectivité à la culture métisse. Le Fiddle Fest organise des ateliers et des présentations sur le violon. C'est une vitrine qui fait connaître les jeunes et découvrir de nouveaux talents, tout en ayant comme objectif de promouvoir et de préserver les traditions métisses liées à la danse et à la musique de violon. Le Fiddle Fest, dont les ateliers durent deux jours complets, donne aux festivaliers l'occasion de développer leur créativité au contact des grands violoneux du monde. La popularité de cet événement auprès des Canadiens de tous âges est indéniable.
De nombreux autres festivals au Canada célèbrent le violon traditionnel, tels que le festival du violon de Rollo Bay, à l'Île-du-Prince-Édouard, et le festival du violon des Maritimes, en Nouvelle-Écosse, qui en est cette année à sa 64e édition.
Cette année se tiendra également le 25e championnat canadien des grands maîtres violoneux, dont le mandat est de faire connaître et de préserver le violon canadien et ses traditions ainsi que de reconnaître les violoneux extrêmement talentueux du Canada. Chaque année, à la fin août, une trentaine de violoneux sont invités à Ottawa pour prendre part au championnat et se disputer le titre de grand maître violoneux.
L'Association canadienne des grands maîtres violoneux fait valoir le violon traditionnel, assure une représentation complète des styles de violon canadien, et embrasse la diversité régionale du violon canadien. Les violoneux se disputent le titre de grand maître par une prestation de leur talent devant les juges et les spectateurs, ce qui fait chaque année du championnat un événement très attendu par les maîtres violoneux.
Un ancien citoyen de ma circonscription, Alexander George, a joué en Nouvelle-Écosse, à Ottawa, et dans ma collectivité, St. Catharines. À 13 ans, il est le plus jeune membre du Niagara Old Tyme Fiddle Club. Il a participé à l'atelier des grands maîtres cette année. Voici ce qu'il avait à dire au sujet du violon traditionnel: « La musique de violoneux est amusante et les musiciens ont beaucoup de plaisir à la communiquer. Jouer du violon dans la cuisine ou autour d'un feu de camp est une activité sociale qui fait en sorte que les gens ne peuvent faire autrement que d'avoir du plaisir. »
Je suis heureux que nous puissions soutenir de jeunes artistes comme Alex en leur donnant l'occasion de développer leur art et de suivre les traces d'Abbie Andrews, de St. Catharines, qui, avec son groupe, les Canadian Ranch Boys, a été un pionnier de la musique country au Canada.
À l'évidence, le projet de loi est important ne serait-ce que pour appuyer le championnat canadien des grands maîtres violoneux qui contribue à la préservation des traditions et qui offre des possibilités aux jeunes musiciens comme Alexander.
Je dois mentionner que chaque année, en mai, la ville de St. Catharines organise le Folk Arts Festival, le plus ancien festival d'arts populaires au Canada. Nous pouvons alors nous entretenir avec différents groupes et différents violoneux et ainsi comprendre la culture non seulement de notre pays, mais également de la région du Niagara. On y retrouve une grande diversité de violoneux représentant les différentes régions du Canada.
J'aimerais ajouter que le Canada a perdu une légende du violon traditionnel. Buddy MacMaster, un violoneux réputé du Cap-Breton, est décédé en août dernier. On a dit souvent de M. MacMaster, qui était membre de l'Ordre du Canada, qu'il a fait connaître sur la scène internationale le violon traditionnel du Cap-Breton.
Tôt dans sa vie, alors qu'il était chef de gare pour la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, M. MacMaster faisait souvent le quart de nuit à une gare de triage à l'extérieur de Truro. Pendant les moments calmes de la nuit, M. MacMaster jouait souvent du violon. Le régulateur de trains et les autres chefs de gare des Maritimes l'appelaient simplement pour l'entendre jouer.
M. MacMaster était généreux et refusait rarement une occasion de jouer. Il a enseigné son art à de nombreuses générations de violoneux, qui venaient de partout dans le monde pour apprendre de lui. Bien que nous ayons perdu une légende canadienne du violon traditionnel, sa mémoire se perpétue grâce aux violoneux avec lesquels il a partagé ses connaissances.
Afin de reconnaître le rôle du violon traditionnel dans notre patrimoine et la contribution de violoneux exceptionnels, comme Abbie Andrews et Buddy MacMaster, qui partagent leurs traditions musicales avec des Canadiens dans l'ensemble du pays, nous devons proclamer le troisième samedi du mois de mai la Journée nationale du violon traditionnel au Canada.
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Monsieur le Président, je suis fier de prendre la parole au nom des habitants de Timmins—Baie James. Bien sûr, je ne peux pas commencer sans parler du passé incroyable de la Baie-James où des violoneux cris perpétuent, depuis les années 1600, une incroyable culture du violon et de la danse.
Je dois dire d'entrée de jeu que j'ai un violon dans mon placard. Il me hante. Je ne sais pas en jouer. Le doigté sol-ré-la-mi est probablement le doigté le plus facile du monde, mais la capacité d'utiliser l'archet avec la main droite, c'est la différence entre la beauté et l'art, et l'activité criminelle. J'ai essayé la main droite, mais je n'y suis pas arrivé. J'aimerais toutefois parler de ce projet de loi.
Je dois également dire d'entrée de jeu que j'ai entendu des violoneux incroyables partout au pays et que j'ai eu le grand honneur de jouer dans le groupe appelé Grievous Angels aux côtés d'un violoneux incroyable, Peter Jellard, maître du violon acadien, québécois et traditionnel irlandais.
Personnellement, j'aime le violon du Cap-Breton. Mes ancêtres étaient des mineurs du Cap-Breton qui ont dû s'exiler. Ils ont dû suivre le travail. Buddy MacMaster, un violoneux renommé du Cap-Breton, vivait également à Timmins. Il est né à Timmins, car les Cap-Bretonnais ont dû aller travailler dans le Nord. C'était le Fort McMurray des années 1920 et 1930.
Mon grand-père était un Cap-Bretonnais traditionnel. Il possédait un violon et un piano. Si nous voulions de la musique, il jouait de l'un ou l'autre ou des deux. Le samedi soir, il y avait des ceilidhs, des bals folkloriques. Mon grand-père était un puriste. Il n'aimait pas les disques. Mes tantes et ma mère voulaient écouter du rock and roll et Elvis Presley. Pour convaincre mon grand-père d'accepter un tourne-disque à la maison, elles ont rapporté des disques de violon du Cap-Breton. Nous avons donc grandi en écoutant les disques de Winston « Scotty » Fitzgerald, de John Allan Cameron et toutes les musiques traditionnelles celtiques de notre voisinage, dans la petite maison de mineur dans le quartier de Moneta à Timmins. Les voisins italiens et francophones venaient chez nous les samedis soirs et nous organisions un ceilidh traditionnel du Cap-Breton qui se terminait aux petites heures du matin.
Étant donné que je ne savais pas jouer du violon, j'ai compris très tôt que je pourrais veiller plus tard si je savais chanter. Si je connaissais les chansons, je pouvais veiller toute la nuit. Dès que j'avais épuisé mon répertoire, ils s'en rendaient compte et m'envoyaient au lit. Je n'étais peut-être pas un très bon chanteur, mais je connaissais toutes les paroles.
Je voudrais parler des particularités uniques du violon en tant qu'instrument. J'ai joué de la musique un peu partout au Canada. J'ai tiré des enseignements des concerts que j'ai donnés tantôt très loin dans l'Arctique, tantôt dans des bars de motards du Sud de l'Ontario, de la côte Est jusqu'aux Rocheuses. Les gens réagissent différemment selon qu'ils entendent jouer du violon ou un d'autre instrument.
Je voudrais raconter aux députés une ou deux petites histoires. J'étais de passage à Grande rivière de la Baleine, dans le Nord de la région de la baie James, au Québec, au début des années 1990, pour y jouer avec mon orchestre. Il n'y avait là-bas qu'un seul endroit pour manger. Le restaurant se trouvait dans une baraque quonset gérée par Hydro-Québec. C'était le seul endroit pour manger à 600 kilomètres à la ronde. En apercevant nos têtes carrées et notre air débraillé, les gens ont refusé de nous servir. Il aurait été peine perdue de nous chicaner avec eux, car ils faisaient la loi dans leur établissement comme ils l'entendaient. Le restaurant leur appartenait et ils ne voulaient pas nous servir. Alors, au lieu de nous chicaner, nous nous sommes assis, et notre violoniste a commencé à jouer La Bastringue. Nos hôtes sont immédiatement revenus de l'arrière-boutique. Ils ont appelé leurs amis se trouvant dans les autres bâtiments et ils nous ont dit que nous pouvions manger là toute la journée, aussi longtemps que nous voulions. En fait, ils ne voulaient même pas que nous partions donner notre concert le soir. Et cette anecdote n'est pas une exception.
J'ai joué à de nombreux endroits, alors que nous étions beaucoup plus jeunes. Nous sommes allés jouer littéralement dans des bars de motards professionnels où les gens étaient très hostiles. Nous commencions toujours par jouer un air de violon, et nous étions ainsi immédiatement acceptés comme des membres de la famille. Le violon crée une ambiance familière, mais beaucoup de Canadiens n'arrivent toutefois pas à situer précisément le lieu qu'il évoque. Ce peut être le lieu d'origine de leur famille ou un village imaginaire, où ils savent qu'ils seront toujours bien accueillis. Mais il est fascinant de voir que ce village imaginaire peut être n'importe où, en Acadie, à Jonquière, à Poste-de-la-Baleine, dans la vallée de l'Outaouais, au Cap-Breton, dans le Nord de l'Ontario ou le long de la rivière Rouge, dans l'Ouest canadien. Peu importe. Nous nous y sentons chez nous.
Je n'invente rien. Je sais. J'en ai fait l'expérience en tant que chanteur. Il faut vraiment être fantastique pour transcender les cultures. Supposons un saxophoniste. Certains aiment le saxophone, et d'autres pas. Tout le monde joue de la guitare. Du piano aussi. Mais le violon a un son particulier qui réveille en nous un sentiment d'appartenance, même lorsqu'on ne connaît pas la pièce jouée. Que le violoneux soit du Québec, de l'Acadie ou de l'Ouest, il suscite immédiatement l'impression que c'est de la musique de chez nous.
Pourquoi le violon traditionnel vient-il autant nous chercher? Il est l'instrument du peuple parce qu'il est simple. Il est transportable. Il est très facile d'apprendre la multitude de gigues et de reels complexes qui se jouent en sol-ré-la-mi. C'est un instrument intuitif. De plus, il n'a pas besoin d'amplificateur. Dans un bal de village, sans autre accompagnement ni équipement, on l'entend très bien malgré la foule.
Il y a un nombre incroyable de jeunes violoneux. Ce n'est pas du tout un art en voie de disparition. Il y a des talents incroyables d'un bout à l'autre du pays. Cependant, ce qui tend à disparaître, quoique pas complètement, c'est l'auditoire, car le violon traditionnel n'est pas conçu pour l'écoute, mais pour la danse. Les strathspeys, les reels et les gigues comportent des séquences de figures définies; les danseurs n'ont donc pas besoin de meneur de danse puisqu'ils connaissent déjà la chorégraphie.
En danse folklorique, on constate entre le violon traditionnel et les danseurs une interaction très particulière qui n'existe pas lorsque les gens ne sont là que pour écouter. Par leurs mouvements de pieds, les danseurs battent la cadence. C'est le cas en gigue irlandaise à claquettes. Les pieds battent la cadence et la transmettent tout naturellement au violon traditionnel. C'est un élément parmi beaucoup d'autres.
Autre élément intéressant: parce que le violon traditionnel n'est pas un instrument à barrette, il y a une proximité entre les tonalités. Les virtuoses du violon traditionnel donnent ainsi une couleur incroyablement chaude à la musique. C'est comme la section des cors d'un grand orchestre populaire. Lorsque le musicien est très bon, la proximité des tonalités donne de la chaleur à la musique; lorsque ce n'est pas le cas, cependant, c'est comme entendre des ongles grafigner un tableau. Pensons à la représentation classique de l'enfant qui apprend le violon. C'est pénible. Or, c'est la chaleur et la fragilité qu'évoque l'instrument qui permettent au son de porter et de créer un lien particulier avec les gens.
L'identité canadienne c'est comme un village intérieur. Peu importe qu'on ait déménagé, qu'on soit passé à autre chose, qu'on porte un pantalon hip-hop ou qu'on n'y ait jamais repensé, le son du violon traditionnel réveille un souvenir culturel qui nous ramène toujours au grand village qu'est le Canada.
C'est très important de rendre hommage à tout cela, car le violon traditionnel a traversé des vagues successives de reconnaissance et de désintérêt au fur et à mesure que d'autres formes musicales ont gagné en popularité.
Ma famille se reconnaissait beaucoup dans la culture du Cap-Breton, mais, lorsque j'étais jeune, on avait l'impression que cette culture tendait à disparaître. Puis, dans les années 1990, on a constaté l'émergence du mouvement néo-celtique, et de nombreux jeunes s'en sont fait les porte-étendards. Au Québec, la musique traditionnelle, toujours vigoureuse, est encore enracinée dans les chansons traditionnelles, les chansons à répondre, mais le violon traditionnel y a aussi un rôle important. S'il n'y avait pas de violoneux, il manquerait quelque chose d'essentiel. Aujourd'hui, on entend même du violon traditionnel dans les clubs.
Comme je l'ai dit, il ne s'agit pas de faire ombrage aux violonistes. Les violonistes et les violoneux jouent du même instrument, mais ceux qui l'apprennent à la maison se considèrent comme des violoneux. Toutefois, le violon traditionnel s'inscrit dans la culture et la musique traditionnelles, celles des reels, des strathspeys, des gigues et, pour ce qui est du Cap-Breton, des magnifiques airs lents qui font partie intégrante de la culture des gens. Cette musique n'a pas besoin d'amplificateurs. Elle n'a pas besoin d'une étiquette de disques. En fait, elle n'a besoin de rien d'autre qu'un musicien habile et une personne pour danser.
Je suis très fier de parler ce soir du rôle du violon traditionnel et de son importance. Que tous les jeunes qui font partis de groupes de musique me croient sur parole: si jamais ils ont des ennuis, mais qu'il y a un bon violoneux avec eux, ils se tireront toujours d'affaire. Il devrait y avoir un bon violoneux parmi eux pour les moments où ils auront besoin d'essence ou de nourriture. Si leur violoneux n'est pas bon, je ne peux pas leur garantir, par contre, qu'ils réussiront à parcourir le Canada.
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Monsieur le Président, je suis ravie d'avoir l'occasion de prendre la parole sur le projet de loi, que je suis très heureuse d'appuyer.
Je joue du violon traditionnel — je ne suis peut-être pas très douée, mais j'ai du plaisir à en jouer. C'est un très bel instrument, que mes parents ont eu la générosité de m'offrir il y a plusieurs années. Mon but est de rendre justice à la richesse sonore de cet instrument un jour.
J'ai obtenu mon diplôme en piano, mais le violon a toujours été mon coup de coeur. Que j'écoute un concerto de Tchaïkovsky ou de Mendelssohn, des strathspreys, des gigues ou les lamentations de la musique celtique d'aujourd'hui, j'ai une passion profonde pour le violon traditionnel et le violon, qui ont le don de venir chercher nos émotions viscérales.
Nous avons vécu de magnifiques expériences culturelles au Canada. Nous avons visité l'Île-du-Prince-Édouard où, dans le même village, on peut entendre de la musique irlandaise ou écossaise dans un cèilidh, puis de la musique acadienne, jouée avec le même instrument dans une fête familiale, avec ses airs rythmés et les merveilleuses émotions qu'elle évoque.
Lorsque je suis allée à Terre-Neuve, j'ai apporté mon violon traditionnel avec moi. J'ai participé à une tournée de concerts à Terre-Neuve à l'été de 2008 et j'ai eu l'occasion de me rendre sur la rue George, où les gens s'assoient en cercle et jouent de leur instrument. Il y a un va-et-vient de différents musiciens tout au long de la soirée, mais il y a beaucoup de violoneux.
Lorsque j'étais au Cap-Breton, j'ai eu l'occasion de suivre quelques cours de violon traditionnel au Celtic College. J'ai pu jouer d'autres airs que l'on joue au Cap-Breton. Il y a tellement de magnifiques mélodies que l'on peut jouer avec cet instrument.
J'ai une fille qui a décidé d'apprendre le violon traditionnel. Elle adore la musique de l'Europe de l'Est et c'est ce qu'elle joue, plutôt que de la musique celtique.
Ce que je veux vraiment faire ce soir, c'est rendre hommage aux formidables professeurs de musique que nous avons ici au Canada. Nous avons également des musiciens exceptionnels. Je pense à des gens comme Natalie MacMaster, qui vient de la côte Est et dont le nom n'a pas été mentionné ici ce soir. Elle est l'une des personnes qui, dans les années 1990, a ranimé l'amour du violon traditionnel.
Lors d'un séjour à l'Île-du-Prince-Édouard, j'ai visité l'école de cornemuse Summerside et j'ai passé du temps avec l'homme qui fabriquait les violons traditionnels pour la famille Rankin, un autre groupe issu de Cap-Breton qui a valu au Canada une position remarquable dans le monde de la musique celtique. Ce groupe a produit des pièces de violon traditionnel fabuleuses.
Toutefois, je veux vraiment rendre hommage à ceux qui enseignent aux jeunes l'art du violon traditionnel, car, très souvent, ils ne reçoivent pas la reconnaissance qu'ils méritent.
Certains professeurs commencent avec de très jeunes élèves et leur apprennent le doigté, comme disait mon collègue de . La maîtrise du doigté sol-ré-la-mi semble si simple sur un violon traditionnel, mais il requiert de la précision dans le positionnement des doigts. Ce sont ces professeurs qui prennent patiemment le temps de montrer tout d'abord aux jeunes le fonctionnement de l'instrument. Ensuite, ils les initient à la richesse de la musique avec laquelle ils peuvent s'exprimer dans diverses cultures.
J'aimerais rendre hommage, ce soir, à plusieurs personnes dans ma vie.
Il y a Phil Howes, un professeur de Markham avec qui j'ai étudié. Phil est lui-même un musicien remarquable. Il fait régulièrement fonction de juge à des compétitions de violon traditionnel partout au Canada. Il a enregistré plusieurs CD avec son épouse et je les recommande à tous mes collègues en quête de bonne musique. Phil est un violoneux remarquable et c'est un pur plaisir de l'écouter.
J'aimerais aussi rendre hommage à Bob et Ginny Arbuckle, des électeurs de ma circonscription, Newmarket—Aurora. Bob est aussi un violoneux remarquable et un homme qui a consacré sa vie à enseigner la musique à des jeunes. Malheureusement, Ginny est décédée, mais nous avons passé d'innombrable soirées ensemble. Bob apportait son violon traditionnel, je sortais le mien et Ginny jouait du piano et nous jouions beaucoup de merveilleuse musique celtique.
J'aimerais remercier les gens qui sont devenus professeurs, dont un grand nombre sont eux-mêmes des musiciens remarquables. Ils ont consacré leur vie à la vie des autres pour qu'ils puissent aussi apprendre à jouer du violon traditionnel et à tant apprécier l'expérience culturelle que nous avons à offrir dans notre grand pays.