propose que le projet de loi C-44, Loi modifiant la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité et d'autres lois, soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je me lève à la Chambre aujourd'hui pour amorcer le débat à l'étape de la deuxième lecture sur le projet de loi C-44, Loi sur la protection du Canada contre les terroristes. J'espère que notre gouvernement pourra compter sur l'appui des partis de l'opposition pour faire en sorte que ce projet de loi aille en comité.
J'aimerais d'abord remercier mes collègues de toutes les formations politiques qui, ce matin, se sont rendus à notre Monument commémoratif de guerre, en particulier mon collègue ici présent, le député de et ministre des Anciens Combattants, pour y déposer une couronne de fleurs en hommage aux deux militaires qui ont perdu la vie au cours des dernières semaines.
Tous mes collègues s'en souviennent, puisque le 22 octobre, nous avons tous été témoins de ces événements qui, d'une manière ou d'une autre, nous ont perturbés. Je voudrais donc joindre ma voix à celles de mes collègues de tous les partis qui se sont rendus au monument national ce matin pour offrir nos meilleures pensées et nos prières aux familles de l'adjudant Patrice Vincent et du caporal Nathan Cirillo.
J'ai eu le privilège, samedi dernier, à Longueuil, d'assister aux funérailles de l'adjudant Patrice Vincent. Sa soeur jumelle nous a livré un message d'espoir et de paix, mais elle nous a aussi demandé de faire en sorte que le décès de son frère ne soit pas en vain. Aujourd'hui, en tant que parlementaires, nous avons l'occasion d'entamer un débat sur un projet de loi qui vise à assurer une meilleure protection de notre pays.
[Traduction]
Avant d'en venir au fond de mon intervention d'aujourd'hui sur cette mesure législative importante, je voudrais parler de l'horrible attentat terroriste qui a eu lieu à quelques pas de l'endroit où nous nous trouvons aujourd'hui et m'assurer que nous nous entendons tous sur ce qui s'est passé. Pour que les choses soient bien claires, il est important que nous nous entendions sur les événements qui ont eu lieu récemment. C'est pour cela que je veux attirer l'attention des députés sur le Code criminel, qui définit le terrorisme comme un acte violent et intentionnel destiné à intimider le public pour des motifs politiques ou religieux.
[Français]
Selon la définition du Code criminel, un acte de terrorisme est un acte de violence symbolique à des fins politiques, idéologiques ou religieuses qui vise à intimider le public.
Les deux cas dont nous avons été témoins, soit l'attaque contre l'adjudant Patrice Vincent à Saint-Jean-sur-Richelieu et celle contre le caporal Nathan Cirillo, sont des actes qui correspondent à la définition d'un acte de terrorisme.
C'est la raison pour laquelle, hier, le président François Hollande a dit que ces actes étaient des actes d'inspiration terroriste. C'est la raison pour laquelle le secrétaire d'État américain, John Kerry, a dit que lorsqu'un individu s'attaque à un militaire non armé qui garde la Tombe du Soldat inconnu et s'introduit ensuite dans l'enceinte du Parlement avec une arme chargée, c'est aussi un acte de terrorisme. C'est également la définition du Code criminel.
J'espère que tous les partis reconnaîtront que ces actes sont des actes de terrorisme. On doit appeler un chat un chat. C'est ainsi que nous pourrons trouver des solutions ensemble pour faire face aux défis auxquels nous sommes appelés à répondre.
Évidemment, ces attaques terroristes perpétrées ici ont aussi des répercussions à l'échelle internationale. L'État islamiste constitue non seulement une menace pour les Canadiens, mais aussi une menace à l'étranger pour des populations qui sont brutalement réprimées et dont les droits humains fondamentaux sont brimés.
C'est pour cette raison que nous participons à la coalition qui mène actuellement des frappes aériennes contre cette entité terroriste et que nous appuyons les forces de sécurité en Irak dans leur lutte contre ce fléau terroriste.
Toutefois, nous devons également agir sur le plan intérieur, au Canada, pour protéger les Canadiens contre des personnes qui voudraient s'attaquer à nous, à nos valeurs ou à des victimes innocentes.
C'est aussi la raison pour laquelle nous nous efforçons avec détermination à renforcer les outils dont disposent la police et notre Service canadien du renseignement de sécurité dans le domaine de la surveillance, de la détention et de l'arrestation. La Loi sur la protection du Canada contre les terroristes, le projet de loi C-44 dont nous entamons le débat aujourd'hui, est notre première étape en ce sens.
[Traduction]
Nous avons pris des mesures il y a longtemps. Nous allons fermement vers l'avant, car nous affrontons une grave menace terroriste qu'il faut contrer au moyen de mesures efficaces.
Le gouvernement a déjà pris les mesures qui s'imposent pour protéger les Canadiens contre la menace que représentent les terroristes.
[Français]
La réponse de notre gouvernement est fondée sur la stratégie antiterroriste du Canada. Cette stratégie comporte quatre piliers. Le premier, très important, est la prévention. Il est important de faire en sorte que l'on véhicule et que l'on partage des valeurs canadiennes avec toutes les personnes, tous les Canadiens et les Canadiennes. C'est la raison pour laquelle nous investissons dans plusieurs mesures de prévention avec les services policiers, les groupes communautaires et même le gouvernement. Mes prédécesseurs et moi-même sommes engagés envers les communautés ethniques et culturelles, notamment à l'échelle de la table ronde transculturelle. Ce premier pilier est détecté. Ensuite, il faut prévenir, empêcher et détecter les individus qui peuvent représenter une menace, les empêcher d'agir et, finalement, réagir à cette menace, si besoin est.
Un autre phénomène existe maintenant, soit celui des voyageurs extrémistes et de ceux qui reviennent. Cela constitue une source de préoccupation. C'est la raison pour laquelle, en plus du projet de loi déposé aujourd'hui, nous avons l'intention de présenter d'autres mesures.
[Traduction]
Que le gouvernement ait eu recours à des mesures législatives, des politiques ou des investissements, il a posé des gestes concrets pour donner aux forces de l'ordre et aux organismes responsables de la sécurité nationale les outils dont ils ont besoin pour assurer notre sécurité.
Nous avons doté les forces de l'ordre de nouveaux outils en criminalisant le fait de participer à des activités terroristes à l'étranger. Nous avons permis aux autorités de retirer la citoyenneté canadienne à ceux qui prenaient part à de telles activités.
Nous avons augmenté d'un tiers le financement accordé à chacun des organismes responsables de la sécurité nationale, comme la GRC et le SCRS.
[Français]
Nous avons mis en place la loi pour combattre le terrorisme. Nous sommes prêts à révoquer la citoyenneté des individus qui possèdent la double citoyenneté et qui sont reconnus coupables d'actes de terrorisme. Nous sommes également prêts à révoquer les passeports de personnes qui voudraient aller semer la violence à l'extérieur de notre pays. Depuis 2006, nous avons également augmenté les budgets de plus d'un tiers, tant pour la Gendarmerie royale du Canada que pour le Service canadien du renseignement de sécurité.
[Traduction]
En pratique, cela signifie que le SCRS dispose de 191 millions de dollars de plus que sous le gouvernement libéral précédent.
[Français]
Les dispositions législatives antiterroristes du Canada ont été essayées, testées et accueillies par les plus hauts tribunaux.
[Traduction]
Non seulement les forces de l'ordre réagissent bien à la loi que nous avons mise en vigueur, mais les tribunaux font de même en imposant de lourdes peines à ceux qui sont reconnus coupables d'activités terroristes.
[Français]
Par exemple, le Canada a connu du succès dans les poursuites criminelles relativement à des infractions liées à des activités terroristes telles que les cas de Mohammad Momin Khawaja, alias Namouh, et 11 membres du soi-disant groupe des 18 de Toronto, le fameux Toronto 18.
En juillet dernier, Mohamed Hersi est devenu le premier Canadien à être condamné pour avoir tenté de voyager à l'étranger dans le but de se joindre à un groupe terroriste.
[Traduction]
Nous avons déposé et mis en oeuvre la Loi sur la lutte contre le terrorisme. Cette loi prévoit de nouvelles infractions criminelles importantes. Par exemple, il est devenu illégal de quitter le Canada pour commettre à l'étranger certaines infractions liées au terrorisme ou de tenter de le faire. En juillet dernier, la GRC a, pour la première fois, porté des accusations en vertu de la loi, à l'endroit d'une personne ayant quitté le Canada pour prendre part à des activités terroristes. Le projet de loi fonctionne. Nous devons prendre des mesures pour protéger les Canadiens contre les terroristes.
Ce qui est le plus choquant et le plus malheureux, c'est qu'à l'époque, cette mesure législative pleine de bon sens n'a pas été appuyée par l'opposition officielle. Espérons que cette fois-ci nous pourrons compter sur son appui et que nous pourrons faire avancer le projet de loi.
[Français]
Le régime de la liste des groupes terroristes du gouvernement joue aussi un rôle clé dans la lutte contre le financement terroriste, et en vertu du Code criminel, il entraîne des conséquences graves permettant de saisir, de bloquer ou de confisquer les biens d'une entité qui y figure.
Hier encore, on a vu qu'une autre entité terroriste a été reconnue. Cela veut donc dire qu'il est tout à fait illégal au Canada, en vertu du Code criminel, d'appuyer, de vouloir financer cette entité ou de s'y s'associer. Toutes les activités de cette entité sont interdites sur notre territoire.
Par exemple, également en avril, nous y avons inscrit IRFAN-Canada, un organisme à but non lucratif qui a transféré environ 14,6 millions de dollars en ressources au Hamas, une entité terroriste qui se retrouve sur la liste canadienne.
Ces mesures aident à interrompre le flot de ressources vers ces entités, y compris les fonds, les armes et les nouvelles recrues. Nous employons aussi divers mécanismes afin de priver les terroristes des moyens et des occasions de mener à bien leurs activités. Ces mécanismes comprennent le Groupe de gestion des déplacements à haut risque, dirigé par la GRC, qui est particulièrement occupée ces temps-ci, ainsi que la révocation et la suspension du passeport des voyageurs qui souhaitent s'adonner à des activités terroristes à l'extérieur du pays.
La prévention de l'extrémisme violent est un élément clé de notre approche. Je veux faire part du travail important accompli à ce sujet. La prévention de l'extrémisme violent est au coeur de notre stratégie. En ce moment, je voudrais saluer l'Association canadienne des chefs de police qui a identifié le radicalisme et la radicalisation comme un sujet de préoccupation, et qui a l'intention de se pencher là-dessus au cours de ses prochaines rencontres et de la prochaine année.
Notre approche, « Réagir à l'extrémisme violent », est contenue dans un document intitulé Rapport public de 2014 sur la menace terroriste pour le Canada. Elle repose sur trois thèmes interdépendants: renforcer les capacités des collectivités, donc, la prévention; renforcer également les capacités des organismes d'application de la loi, et c'est ce que ce projet de loi vise à faire en clarifiant les pouvoirs du Service canadien du renseignement de sécurité; et élaborer des programmes visant à mettre fin à la radicalisation menant à la violence en intervenant de façon précoce. Il faut rappeler que le terrorisme est la priorité de notre sécurité nationale.
L'initiative des coordonnateurs d'information sur la menace terroriste, qui relève de la Gendarmerie royale du Canada, offre une formation essentielle visant à sensibiliser au terrorisme les policiers sur le terrain et d'autres premiers intervenants. Nous avons donc déjà en place des ressources, des allocations budgétaires et des mesures pour faire face à cette menace terroriste, mais nous devons nous adapter à cette menace changeante qui évolue.
[Traduction]
Pour revenir au projet de loi dont nous sommes saisis, le projet de loi sur la protection du Canada contre les terroristes, il contient plusieurs éléments distincts qui visent un objectif commun, c'est-à-dire protéger les Canadiens et assurer leur sécurité. Il vise également à modifier la Loi renforçant la citoyenneté canadienne, qui a reçu la sanction royale en juin.
Il n'y a rien de nouveau dans cette partie, mais j'aimerais seulement dire que la loi a apporté des modifications importantes à la Loi sur la citoyenneté afin de permettre au de révoquer la citoyenneté canadienne d'une personne ayant une double citoyenneté si elle est déclarée coupable de terrorisme, de trahison ou d'espionnage. Cette personne ne pourrait plus jamais obtenir la citoyenneté canadienne. Cette loi a déjà reçu la sanction royale, mais comme le savent les députés, les dispositions d'un nouveau projet de loi peuvent entrer en vigueur à différents moments.
Les événements survenus récemment dans différentes régions du monde ont souligné l'importance de combattre le terrorisme dès maintenant. Par conséquent, nous proposons de modifier la afin que les dispositions sur la révocation de la citoyenneté canadienne entrent en vigueur plus tôt que prévu. Ce n'est rien de nouveau, mais on permettrait ainsi aux forces de l'ordre d'appliquer ces dispositions plus rapidement.
Parmi les dispositions qui entreraient en vigueur, notons que l'on étendrait la liste des motifs de révocation de la citoyenneté canadienne et que le processus décisionnel serait simplifié. Nous sommes convaincus que la citoyenneté canadienne est sacrée. Le passeport canadien a une grande valeur, quel que soit le pays où on voyage. Il faut y accorder une certaine valeur. Nous ne devrions pas accorder un passeport canadien à quelqu'un qui veut nous décapiter parce que nous ne sommes pas d'accord avec lui.
[Français]
Le passeport canadien est respecté partout dans le monde. En tant que parlementaires, nous n'accepterons pas que des individus avec des intentions criminelles se servent du passeport canadien pour commettre des actes de terrorisme.
Passons maintenant au coeur de ce projet de loi, qui apportera des modifications essentielles à la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité.
Depuis la présentation de la Loi sur le SCRS il y a plus de 30 ans, les menaces à la sécurité du Canada sont devenues de plus en plus complexes, comme nous pouvons le constater par la nature mondiale du terrorisme et la mobilité des voyageurs terroristes.
[Traduction]
Nous savons que des Canadiens ont joint des groupes terroristes à l'étranger. Selon le directeur du SCRS, Michel Coulombe, plus de 140 personnes ayant des liens avec le Canada sont soupçonnées de participer à des activités liées au terrorisme à l'étranger. Il est plus que jamais essentiel que le SCRS ait les outils dont il a besoin pour enquêter sur les menaces à la sécurité du Canada, et que son rôle et ses fonctions soient clairement définis dans les lois canadiennes. Le projet de loi dont nous sommes saisis propose plusieurs modifications ciblées afin d'aider le SCRS à s'acquitter de son mandat lorsqu'il enquête sur les menaces à la sécurité du Canada.
[Français]
D'abord, il viendra confirmer, clarifier et renforcer le pouvoir du Service canadien du renseignement de sécurité de mener des enquêtes à l'extérieur du Canada, en confirmant que le SCRS a un pouvoir clair, autorisé par la loi, de mener des enquêtes à l'étranger liées à la sécurité du Canada et des évaluations de sécurité.
Deuxièmement, il conférera à la Cour fédérale le pouvoir de prendre en compte seulement la loi canadienne pertinente au moment de livrer des mandats visant à autoriser le SCRS à entreprendre certaines activités pour enquêter sur une menace à la sécurité du Canada.
Essentiellement, il vient clarifier les autorités du Service canadien du renseignement de sécurité, et dans un deuxième temps, il vient protéger les témoins, parce que tout échange de renseignements repose sur le lien de confiance établi entre une source humaine et les services de renseignement.
Il est important de protéger ces sources tout en balisant cette protection de disposition légale, afin de faire en sorte qu'il soit possible de relever cette protection dans certaines situations.
Enfin, je suis heureux de déposer ce projet de loi important devant les parlementaires. Bien sûr, il me fera plaisir de suivre les débats avec attention, parce qu'il s'agit d'un projet de loi important et équilibré.
J'espère que nous pourrons envoyer ce projet de loi en comité afin de le faire avancer, et en faire une loi qui pourra protéger les citoyens de notre pays contre cette menace que constitue le terrorisme. Cette menace évolue et elle est malheureusement réelle.
:
Monsieur le Président, comme c'est peut-être la dernière occasion que j'aurai de m'adresser à la Chambre avant le jour du Souvenir, je tiens à dire à quel point il est important pour moi d'assister aux services qui auront lieu ce jour-là. Je sais qu'il en va de même pour tous les députés. Nous nous attendons d'ailleurs à ce qu'un nombre record de Canadiens se joignent à nous cette année.
Hélas, il nous faut cette année ajouter deux noms à la liste des héros canadiens qui ont donné leur vie au service de leur pays, celui du caporal Nathan Cirillo et celui de l'adjudant Patrice Vincent. Je tiens une nouvelle fois à transmettre mes condoléances aux familles éplorées. Je sais que, le jour du Souvenir, le Canada leur fera honneur en leur montrant à quel point nous apprécions le sacrifice qu'elles ont fait pour nous.
Aujourd'hui, je vais parler du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité et d'autres lois. Dans la foulée des deux attentats qui ont secoué St-Jean-sur-Richelieu et Ottawa il y a à peine deux semaines, la sécurité nationale est tout en haut dans la liste des priorités de la population, pour ne pas dire de nos priorités à nous tous. Il est vrai que la propagation des idées extrémistes et la radicalisation de certains Canadiens, que ce soit par idéologie ou par conviction religieuse, avaient déjà de quoi nous inquiéter.
La position des néo-démocrates est ferme, mais nous ne devons pas précipiter notre jugement sans connaître tous les détails entourant les événements récents. Nous soutenons également qu'il ne faut pas laisser la peur pervertir qui nous sommes en tant que nation et corrompre nos valeurs. Nous devons veiller à ne pas tomber dans le piège qui consiste à chercher des solutions à tout prix, à ne pas renoncer à notre liberté au nom de la sécurité. Les néo-démocrates savent qu'il incombe au gouvernement à la fois de protéger nos libertés et d'assurer notre sécurité publique. Il n'y a pas de contradiction entre les deux. Nous croyons que les Canadiens ne s'attendent à rien de moins de la part de leur gouvernement.
Nous savons que le projet de loi était en préparation des mois avant les événements du 22 octobre. D'ailleurs, si l'on en examine le contenu, on constate facilement qu'il n'y a aucun lien évident avec les événements survenus à Ottawa et à Saint-Jean-sur-Richelieu, du moins si l'on se fie à ce qu'on en sait jusqu'à présent.
En fait, le projet de loi C-44 semble être une solution législative aux difficultés que deux décisions judiciaires ont créées pour le Service canadien du renseignement de sécurité, la première étant la décision rendue en 2007 par la Cour suprême du Canada dans l'affaire R. c. Hape, l'autre étant la décision rendue l'année suivante par la Cour fédérale dans l'affaire Loi sur le service canadien du renseignement de sécurité (Re), 2008.
Bref, il semble que ces deux décisions aient compliqué la tâche du SCRS au moment de coopérer et d'échanger des renseignements avec les services d'espionnage de ses alliés, les membres de ce qu'on appelle le Groupe des cinq, qui est composé des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada. L'élément central de ces deux affaires était de savoir si le SCRS pouvait utiliser des mandats obtenus au Canada pour mener des missions de surveillance à l'étranger, à l'aide de méthodes qui auraient nécessité l'autorisation d'un juge si elles avaient été employées au Canada.
En établissant un cadre clair pour le travail de surveillance effectué à l'étranger et en permettant expressément aux tribunaux d'émettre des mandats autorisant ce genre d'activités dans le projet de loi , le gouvernement soutient que le SCRS serait plus apte à protéger la sécurité nationale. Cela pourrait effectivement être le cas. Nous sommes sans aucun doute disposés à examiner soigneusement cette mesure en comité.
Cette question est au coeur du projet de loi , et il se peut fort bien que le SCRS ait besoin de ces nouveaux pouvoirs accrus ou clarifiés, peu importe comment nous voulons les appeler. Les néo-démocrates sont donc disposés à renvoyer cette mesure législative au comité étant donné que ces pouvoirs pourraient être importants pour assurer la sécurité nationale.
Les détails revêtent toutefois beaucoup d'importance dans ce genre de projets de loi. Nous poserons donc des questions difficiles pour savoir ce que le gouvernement propose d'accomplir avec cette mesure, pour déterminer si l'élargissement des pouvoirs du SCRS aiderait vraiment à assurer la sécurité des Canadiens et pour savoir de comment ce serait possible.
Comme nous le disons, s'il importe de protéger la sécurité publique et la sécurité nationale, il importe aussi de protéger les libertés civiles. Le projet de loi ne contient aucune mesure destinée à améliorer la reddition de comptes, parallèlement à l'augmentation des pouvoirs du SCRS. Je reviendrai à la question de la reddition de comptes dans un instant.
Je m'interromps ici pour parler des autres dispositions incluses dans le projet de loi , en plus de celle qui précise le mandat international du SCRS et son pouvoir de surveillance à l'étranger.
Le troisième élément du projet de loi est la protection générale de l'identité des sources humaines du SCRS. Dans ce cas également, nous aurons de sérieuses questions à poser sur cette disposition, lors de l'étude du projet de loi par le comité. Actuellement, les juges peuvent décider au cas par cas que l'identité d'un informateur du SCRS doit être protégée. Il incombe au gouvernement de démontrer pourquoi une identité doit être protégée. Le projet de loi aurait pour effet d'inverser le fardeau de la preuve. On présumerait au départ que l'identité des informateurs du SCRS doit toujours être protégée.
Pourtant, dans le texte du projet de loi lui-même, on admet que cette disposition pourrait être problématique lorsque de l'information fournie par le SCRS fait partie de la preuve servant à porter des accusations à l'égard d'actes criminels. Il est à juste titre contraire aux principes de notre système de justice pénale d'avoir recours à des témoins ou des preuves anonymes dont la validité ne peut pas être contestée au cours d'un procès.
Le projet de loi créerait une exception en matière de droit pénal, puisqu'il permettrait de divulguer l'identité d'une source si la défense peut démontrer que cela est nécessaire pour prouver l'innocence d'un accusé. Cela ajoute une importante possibilité de complication dans le cadre de telles affaires criminelles, puisqu'un processus distinct devrait être mené en Cour fédérale. Les députés de ce côté-ci de la Chambre sont inquiets: cette disposition pourrait avoir un effet pervers. En effet, il pourrait être plus difficile de déclarer coupables d'actes criminels les personnes qui menacent la sécurité nationale.
Le projet de loi ne prévoit cependant aucune exemption en ce qui concerne la disposition générale relative à la protection de l'identité des sources du SCRS pour les affaires liées à l'immigration et au statut de réfugié. En fait, le projet de loi fait référence à l'utilisation d'avocats spéciaux lorsque l'identité des sources du SCRS pourrait avoir une incidence sur le règlement d'une affaire.
La quatrième disposition du projet de loi n'a rien à voir avec le SCRS — on pourrait donc dire que le projet de loi C-44 est, en quelque sorte, un mini projet de loi omnibus. Cette disposition vise à devancer l'entrée en vigueur de certaines parties de la loi sur la citoyenneté, qui a été adoptée l'an dernier. Elle vise la révocation de la citoyenneté canadienne des gens ayant une double nationalité qui ont été reconnus coupables de terrorisme ou d'autres infractions graves. Les néo-démocrates s'opposaient à cette mesure lorsqu'elle a été adoptée et continuent de s'y opposer, puisqu'elle crée deux catégories différentes de citoyens canadiens.
Dans le contexte actuel, le projet de loi suscite des questions qu'il faut se poser et qui dépassent peut-être un peu les limites du débat législatif. Il faut se demander si les lois sont toujours la meilleure solution aux problèmes et si, comme le gouvernement semble parfois le croire, elles sont vraiment la seule et unique solution possible.
Il faut se demander s'il n'y aurait pas d'autres moyens de lutter contre la violence commise par des Canadiens en territoire canadien. La question la plus importante est probablement celle-ci: comment réagir à la radicalisation des jeunes ici même, au Canada, qu'il s'agisse du jeune Canadien qui a tué trois agents de la GRC au Nouveau-Brunswick ou de ceux qui cherchent à rejoindre les rangs d'un mouvement religieux ou idéologique à l'étranger? Beaucoup de bonnes mesures communautaires ont été prises, et il faut venir en aide aux collectivités touchées et mettre en oeuvre avec elles des mesures de prévention et des stratégies d'intervention précoce.
Il faut aussi se demander si le gouvernement fédéral consacre suffisamment de ressources aux mesures de protection de la sécurité nationale. Les témoignages entendus au Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense lors des séances tenues deux lundis de suite en octobre ne laissent planer aucun doute.
Le 20 octobre, le directeur adjoint des opérations du Service canadien du renseignement de sécurité a dit au Sénat que le SCRS était obligé d'établir des priorités lorsqu'il fallait surveiller les extrémistes qui reviennent à l'étranger ou qui sont interdits de voyage. Le directeur adjoint a dit que le SCRS n'a pas les ressources nécessaires pour surveiller l'ensemble des 80 ou 90 individus qui figurent sur cette liste dont la composition varie de temps à autre. Selon lui, il faut considérer cette lacune comme un risque à la sécurité publique.
À peine une semaine plus tard, le commissaire Paulson a dit au même comité sénatorial que, après les attaques survenues en octobre, il a été obligé de transférer 300 agents du Groupe du crime organisé et du Groupe de la criminalité financière à l'équipe intégrée de la sécurité nationale qui comptait 170 membres auparavant. Cette équipe est aux premières lignes de la lutte contre les menaces à la sécurité nationale. On a ainsi affaibli un aspect important de la lutte contre la criminalité pour renforcer la lutte contre les menaces à la sécurité nationale. On peut certainement en déduire que la GRC ne dispose pas des ressources nécessaires à l'heure actuelle.
Est-il vraiment judicieux que le gouvernement demande au commissaire de la GRC de choisir entre la protection de la sécurité nationale et la poursuite de la lutte contre le crime organisé? Bien que le ministre ait encore essayé ce matin de brouiller les cartes en parlant d'investissements qui semblent parfois remonter à Mathusalem, le bilan des conservateurs dans ce dossier est clair.
En 2012, les conservateurs ont clairement indiqué à la page 314 de leur Plan d'action économique qu'ils avaient l'intention de faire des compressions de 688 millions de dollars sur trois ans, soit jusqu'en 2014-2015, dans le portefeuille de la sécurité publique, et ils l'ont fait. Le budget du Service canadien du renseignement de sécurité subit des compressions de 24,5 millions de dollars par année à partir de 2012; son budget a été réduit d'environ 5 % en 2012. Peu importe quel était le niveau de financement en 2006 ou en 2007, il s'agit d'une diminution par rapport à 2012.
On a retranché 143 millions de dollars à l'Agence des services frontaliers du Canada, soit près de 10 % de son budget. Entre autres choses, 100 postes d'agents du renseignement de l'agence ont été abolis. Or, ce sont eux qui sont chargés de repérer les gens qui essaient de traverser illégalement la frontière et qui représentent une menace potentielle à la sécurité nationale. Pensons aussi aux compressions de 195 millions de dollars qui ont été imposées à la GRC depuis 2012.
Selon les Comptes publics de 2014 qui ont été déposés, il semble que, afin d'avoir un plus grand surplus sur papier, les conservateurs ont fait pression sur chacun de ces organismes pour que ces derniers n'utilisent pas la totalité de ces budgets réduits.
Je veux maintenant revenir à l'importance de la surveillance pour nos organismes de sécurité nationale.
Nous savons tous ici reconnaître de bons modèles de reddition de comptes lorsque nous en voyons, et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Citons notamment les mandataires indépendants du Parlement qui ont des compétences particulières et font rapport directement au Parlement et non pas seulement au ministre du jour. Je parle ici des mandataires du Parlement tels que le vérificateur général ou le commissaire à la protection de la vie privée, dont les rapports, qui peuvent faire l'objet de débat au Parlement, mettent en relief ce que le gouvernement a fait ou n'a pas fait et l'obligent à rendre des comptes.
Je trouve étrange que l'ASFC n'ait pas d'organe de surveillance, et ce malgré quatre recommandations précises pour en créer un. Je songe notamment à la recommandation de 2003 du vérificateur général, à celle formulée dans le rapport de la commission O'Connor de 2006, à celle de 2008 du Conseil canadien pour les réfugiés et aux récentes demandes pour améliorer la reddition de comptes présentées en 2014 par le Conseil canadien pour les réfugiés et la B.C. Civil Liberties Association, à la suite du décès de Lucia Vega Jimenez pendant qu'elle était en détention à Vancouver.
Le gouvernement s'empressera de répondre que le SCRS fait déjà l'objet d'une surveillance adéquate par l'entremise du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, qui existe depuis 30 ans. Il ne faut toutefois pas oublier que ce même gouvernement a réduit considérablement la reddition de comptes au SCRS en éliminant le poste d'inspecteur général, le chien de garde interne qui faisait directement rapport au ministre chaque année sur le bilan du SCRS quant à son respect des lois. Cette fonction importante a été transférée au CSARS, une entité à temps partiel composé de non-spécialistes, mais avec un budget d'environ 1 million de dollars en moins, ce que les conservateurs se sont empressés d'inscrire comme étant des « économies ».
Le CSARS assume déjà des responsabilités très importantes. Il enquête notamment sur les plaintes du public concernant la façon dont le SCRS approuve ou révoque des cotes de sécurité, ce qui a une incidence sur l'emploi des gens, il s'occupe des plaintes du public à propos de l'échange de renseignements entre le SCRS et des gouvernements étrangers, et nous savons qu'il y a eu des cas où des Canadiens ont été victimes de mauvais traitements à l'étranger à cause de ces échanges de renseignements. Il fournit également de l'information au SCRS dans les causes liées à l'immigration et au statut de réfugié.
Les responsabilités de l'inspecteur général se sont ajoutées aux fonctions que le CSARS assumait déjà, sans que toutes les ressources lui soient transférées. Enfin, je répète qu'il s'agit d'un comité à temps partiel composé de non-spécialistes.
Outre les faiblesses structurelles du CSARS qui, comme je l'ai mentionné, est composé de non-spécialistes qui travaillent à temps partiel, on se demande si les conservateurs le prennent au sérieux. Le président du comité occupe son poste à titre temporaire et deux de ses cinq sièges sont vacants depuis des mois. Alors que la nomination des membres du CSARS se faisait jadis au terme d'un processus de consultation sérieux auquel participait des membres de l'opposition, la situation s'est détériorée au point où le comité a déjà été présidé par Arthur Porter, ancien bailleur de fonds conservateur nommé par favoritisme. Signalons que M. Porter est actuellement en prison au Panama, accusé de fraude.
Même compte tenu de ses limitations actuelles, le CSARS a tenté d'attirer l'attention du Parlement et du sur la question de la responsabilité du SCRS. Dans son rapport annuel de 2012-2013, le CSARS fait état de problèmes graves au SCRS en matière de reddition de comptes. Il parle notamment de retards importants dans la communication de renseignements par le SCRS qui ont nui à ses enquêtes. Le comité a même affirmé que le SCRS a manqué de franchise dans ses réponses aux questions qui lui posaient l'organisme de surveillance.
La plus grave préoccupation soulevée dans le rapport annuel de 2012-2013 concerne l'armement d'agents du SCRS qui sont exposés au danger à l'étranger.
Nous savons que des agents armés du SCRS ont été déployés en Afghanistan. De 2002 à 2007, ces agents étaient formés par les Forces canadiennes, et les unités de protection rapprochée des forces spéciales les protégeaient dans les opérations les plus dangereuses. De plus, le MAECI accordait une accréditation diplomatique à ces agents armés du SCRS afin de leur éviter d'avoir à rendre des comptes aux autorités locales.
Après 2007, le SCRS a mis en oeuvre son propre programme des armes à feu assorti de ses propres politiques, d'un programme de formation et d'équipes armées d'appui aux opérations. En 2010, le CSARS a exprimé des inquiétudes au sujet du recours accru aux agents armés du SCRS ailleurs qu'en Afghanistan, affirmant qu'on devrait seulement y avoir recours après avoir consulté le ministre de la Sécurité publique et obtenu son autorisation.
Le CSARS a soulevé des préoccupations importantes au sujet de la responsabilité des membres du personnel du SCRS qui pourraient porter une arme, en vertu du droit pénal et civil en vigueur dans un pays étranger. Il s'est également interrogé sur la façon dont le régime juridique canadien traiterait le cas d'un membre du personnel du SCRS qui serait reconnu coupable de négligence dans l'utilisation d'une arme à feu. Évidemment, le CSARS a aussi soulevé des préoccupations quant aux possibilités de violation du droit international, ainsi que de la souveraineté et des lois d'États étrangers.
Je sais que, parfois, il est nécessaire que les agents du SCRS soient munis d'une arme. Toutefois, le CSARS a demandé qu'une justification écrite soit transmise au ministre pour expliquer le pouvoir juridique qui permet à un membre du personnel du SCRS de porter une arme ailleurs qu'en Afghanistan. En 2012-2013, le CSARS a trouvé inacceptable qu'il n'y ait aucune trace de réunions ou de discussions entre le directeur du SCRS et le ministre sur cette question.
Alors que le projet de loi tente d'éclaircir le pouvoir du SCRS de mener des activités à l'étranger, la question concernant les agents du SCRS qui portent une arme à l'étranger est cruciale, tant sur le plan des politiques qu'au chapitre de la responsabilité.
Le rapport dit clairement que le CSARS s'attend à ce que le SCRS:
[...] explique en détail la façon dont l’autorisation du port d’arme pour certains de ses employés est compatible avec le cadre stratégique du SCRS, qui est ancré sur le principe d’activités légales et autorisées, nécessaires, proportionnelles, et sur l’utilisation efficace des ressources publiques.
Cet extrait montre la pertinence de l'argument que je fais valoir au sujet de la nécessité d'accroître la responsabilité en cas d'élargissement des pouvoirs du SCRS.
Le projet de loi est la première occasion offerte à la Chambre des communes de déterminer si, dans la conjoncture actuelle, une nouvelle mesure législative sur la sécurité nationale est conforme aux valeurs canadiennes. Pour ce faire, il faudrait que le projet de loi vise simultanément à assurer la sécurité publique et à protéger les libertés civiles. Il ne s'agit pas de tenter de trouver un nouvel équilibre dans le cadre duquel nous serions prêts à abandonner une partie de nos libertés en faveur de la sécurité, ce qui, malheureusement, semble être la position des conservateurs et des libéraux à l'égard de cette question importante. Les Canadiens s'attendent plutôt à ce que nous assumions une responsabilité plus difficile, soit protéger tant les libertés et que la sécurité, alors que des extrémistes de toutes sortes s'en prennent à l'essence même de notre société libre et ouverte.
La tendance à considérer que le gouvernement n'a d'autres outils que de légiférer est également malheureuse. Comme le dit le vieil adage, quand on a seulement un marteau, tous les problèmes ont l'air d'un clou. Les néo-démocrates continueront d'exhorter le gouvernement conservateur à prendre du recul. Nous exhorterons le gouvernement à prendre le temps d'examiner les outils dont il dispose déjà pour voir s'ils sont utilisés efficacement. Nous l'exhorterons à abandonner sa rhétorique astucieuse consistant à vanter une augmentation imaginaire de 30 % des budgets de sécurité publique. Nous l'exhorterons à s'interroger sérieusement sur les conséquences des compressions budgétaires dans le domaine de la sécurité nationale pendant trois années consécutives. Nous demanderons au gouvernement d'entreprendre un dialogue avec les Canadiens de partout au pays sur les moyens pouvant être pris pour réagir à ces nouveaux dangers qui menacent la sécurité nationale, à part légiférer.
Mais surtout, nous demandons au gouvernement de déterminer ce que nous pouvons faire ensemble, au Canada, pour répondre au besoin de protéger à la fois la sécurité publique et les libertés civiles.
J'ai hâte de prendre part aux débats au sein du comité, mais, comme je l'ai dit, nous avons beaucoup de questions sérieuses à poser au gouvernement et nous espérons qu'on nous accordera le temps nécessaire pour faire entendre les témoins experts dont le comité a besoin pour aller au fond des choses dans ce débat, car il s'agit de questions importantes pour la sécurité nationale au Canada.
Nous constatons que le comité de la sécurité publique a la fâcheuse tendance de limiter le nombre de témoins entendus, de limiter le débat et de limiter la discussion sur les amendements nécessaires. Nous poserons des questions difficiles sur la reddition de comptes, thème de mon intervention d'aujourd'hui. Nous croyons que, s'il faut étendre les pouvoirs d'organismes comme le SCRS, nous devons parallèlement mettre en oeuvre des mesures de reddition de comptes pour protéger les libertés civiles.
Comme il ne reste plus beaucoup de temps, je voudrais remercier le ministre d'avoir organisé une séance d'information pour l'opposition sur ce projet de loi. Ce fut passablement utile, mais je déplore qu'aucune séance du genre ne nous ait été offerte auparavant, semble-t-il. J'espère que le gouvernement inaugure ainsi une nouvelle ère de coopération sur les projets de loi, car nous n'avons pas droit à l'erreur. La sécurité nationale et les libertés civiles sont au coeur de notre identité de Canadiens.
Je le répète, les néo-démocrates prient le gouvernement d'envisager très sérieusement de ne pas demander aux Canadiens d'abandonner certaines libertés civiles pour renforcer la sécurité, mais de plutôt trouver des moyens de protéger en même temps les libertés civiles et la sécurité publique, de manière à préserver le caractère du pays que nous chérissons tant.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité et d’autres lois. Le gouvernement se devait vraiment de présenter cette mesure à la suite des deux décisions défavorables rendues par les tribunaux au sujet des activités du SCRS.
Pour commencer, j'aimerais revenir brièvement sur le dernier échange. J'aimerais m'adresser directement au ministre. Comme ce projet de loi met en cause l'équilibre entre la sécurité nationale et les libertés civiles, ce qui soulève des inquiétudes, j'ose espérer que le ministre encouragera vivement le comité, d'une part, à inviter une gamme complète de témoins au lieu de se contenter d'une liste partisane comme en proposent parfois les conservateurs, et, d'autre part, à tenir une audience approfondie, en bonne et due forme, afin que le comité puisse bien travailler et nous renvoyer le meilleur projet de loi possible. J'appuie le point que mes collègues viennent de soulever.
Certaines dispositions du projet de loi soulèvent des questions importantes sur lesquelles le comité devra se pencher. Nous prévoyons attirer l'attention du comité sur ces préoccupations en temps et lieu.
Le Parti libéral appuiera le renvoi du projet de loi au comité. J'espère toutefois que le comité pourra vraiment faire son travail, inviter les experts nécessaires et trouver un juste équilibre, de façon à produire le meilleur projet de loi possible.
Nous devons examiner non seulement ce projet de loi, mais aussi la relation du SCRS avec la GRC, le Centre de la sécurité des télécommunications Canada, l'Agence des services frontaliers du Canada et les alliés avec lesquels nous travaillons à l'étranger.
J'aimerais soulever trois points à propos de cet enjeu et de ce projet de loi. Le premier porte sur les outils. Le ministre dit que ce projet de loi fournit plus d'outils, mais il n'en prévoit pas beaucoup.
Le deuxième point porte sur les ressources financières, humaines et technologiques dont le SCRS a besoin pour faire son travail.
Finalement, le troisième point porte sur la nécessité d'une surveillance adéquate, qui ne se limite pas au SCRS. Actuellement, la surveillance ne se produit qu'après coup. Cependant, il faut vraiment assurer la surveillance parlementaire de tous les organismes de sécurité nationale au Canada. Je reviendrai sur ce point dans un instant.
Avant d'examiner les dispositions particulières du projet de loi , il nous faut signaler nos préoccupations relativement à la réponse gouvernementale à la menace terroriste qui pèse sur le Canada et que nous observons au sein même de notre pays. Je poserais d'abord une question directe au gouvernement. Pourquoi les dispositions existantes du Code criminel, dont certaines ont été présentées par le gouvernement dans la Loi sur la lutte contre le terrorisme, n'ont-elles pas été utilisées?
Le 27 octobre, le a admis, à la Chambre, que la réponse de son bureau et du gouvernement à la menace posée par les terroristes issus de notre pays n'était pas tout à fait ce qu'elle devrait être. À ce moment-là, le ministre avait dit qu'il fallait « cesser de prendre à la légère les graves menaces qui pèsent sur nous. »
Pourtant, le gouvernement n'agit toujours pas. J'estime qu'il possède les outils nécessaires pour répondre à cette menace. En fait, l'article 83.181 du Code criminel prévoit toutes sortes de pouvoirs à l'égard de « quiconque quitte ou tente de quitter le Canada » pour participer aux activités d'un groupe terroriste à l'extérieur de notre pays.
Il y a quatre différents articles. Des peines maximales de 10 à 14 ans peuvent être infligées, en fonction de la gravité de l'acte commis.
La semaine dernière, le a déclaré publiquement que les lois en vigueur visant à lutter contre les menaces terroristes sont des mesures rigoureuses qui offrent aux policiers les outils nécessaires pour intervenir dans de telles situations. Le ministre a parlé précisément des articles 83.3 et 810 du Code criminel, qui permettent aux autorités de détenir certaines personnes conformément aux dispositions d'une ordonnance de bonne conduite et d'imposer un engagement assorti de conditions. En d'autres mots, il est possible de prendre des mesures pour empêcher certaines personnes d'agir. J'aimerais que le ministre me dise pourquoi on n'a pas eu recours à ces dispositions.
À ce jour, le n'a toujours pas fourni de précisions au sujet d'une déclaration qu'il a faite devant le comité de la sécurité publique, le 8 octobre, au sujet de 80 personnes qui sont revenues au Canada après être allées à l'étranger pour participer à des activités de nature terroriste. Voici ce qu'il a déclaré:
Soyons clairs: les individus qui représentent une menace à notre sécurité territoriale violent la loi canadienne [...]. Ces individus dangereux, dont certains ont les compétences nécessaires pour commettre des actes de terrorisme et la volonté de le faire, représentent un danger grave pour les honnêtes Canadiens.
Le ministre a également confirmé ce qui suit au comité:
[...] le fait de quitter ou de tenter de quitter le Canada pour commettre des activités terroristes est dorénavant criminel.
Le ministre a bien raison sur ces points. Le Code criminel nous donne le pouvoir d'agir. Je vais donc répéter ma question: pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas agi s'il disposait déjà de ces pouvoirs? La mesure législative à l'étude n'aurait pas modifié ces pouvoirs, elle aurait simplement confirmer dans la loi ce que le SCRS fait déjà.
J'aimerais donc savoir pourquoi l'article 83.181, qui prévoit que « quiconque quitte ou tente de quitter le Canada » dans le but de commettre un acte terroriste à l'étranger, n'est pas appliqué. Il n'a certainement pas été appliqué dans le cas de la personne qui a tué un membre des Forces armées canadiennes au Québec, plus tôt ce mois-ci. Les renseignements d'ordre public dont nous disposons montrent que le passeport de cet homme avait été révoqué parce qu'il avait tenté de se rendre en Syrie ou en Irak pour se joindre à une organisation figurant dans la liste des entités terroristes.
Selon le témoignage que le commissaire de la GRC a fait devant le comité sénatorial de la sécurité nationale le 27 octobre, les autorités savaient que cette personne comptait se servir de son passeport pour se rendre en Syrie ou en Irak et participer au djihad. Le commissaire a toutefois confirmé que les preuves dont disposaient les autorités étaient suffisantes pour révoquer son passeport, mais pas pour porter des accusations. Je pose une question au ministre à laquelle il pourra peut-être répondre au comité: le projet de loi dont nous sommes saisis corrigera-t-il cette faille? Ce n'est pas ce que je constate dans le projet de loi, mais j'aimerais que le ministre et son personnel soient prêts à répondre à cette question. Le projet de loi permettra-t-il de corriger la faille que le commissaire de la GRC semble avoir relevée? Nous n'en savons rien, car le ministre n'a pas encore donné de détails.
Les ministériels ont dit beaucoup de choses sur les dispositions de la Loi sur la lutte contre le terrorisme, qui est entrée en vigueur en 2013. Selon la , cette loi a permis de porter des accusations contre une personne. Dans le témoignage qu'il a fait le 8 octobre devant le comité de la sécurité publique, le ministre a confirmé que la Loi sur la lutte contre le terrorisme avait permis de porter des accusations contre une seule personne.
Cependant, ce que et le ministre et la secrétaire parlementaire se sont gardés de mentionner aux Canadiens, c'est que l'unique accusé avait quitté le Canada six mois avant que les accusations soient portées et qu'on ignore toujours où il se trouve.
Si ces dispositions du Code criminel n'ont pas été appliquées, se pourrait-il que ce soit parce que les services canadiens de sécurité et du renseignement n'ont pas les ressources pour le faire? Cette question a été soulevée dans un discours précédent. À quoi bon édicter des sanctions juridiques si les services de sécurité ne peuvent pas les appliquer? Si la non-application des dispositions découle des compressions draconiennes que le gouvernement actuel impose aux organismes, les privant ainsi de ressources essentielles, à qui revient la faute de cet échec sur le plan de la sécurité?
Je dirais que, depuis deux ans, le gouvernement est, à bien des égards, habité par une obsession, comme en témoignent bon nombre des mesures qu'il a prises. Les principes de saine gouvernance exigent qu'il fournisse des services et des ressources financières, qu'il assure la sécurité de la population et, oui, qu'il définisse des priorités. Or, une partie du problème, c'est que le gouvernement actuel s'acharne envers et contre tout à dégager le plus fort excédent possible de manière à pouvoir lancer des bonbons électoraux. Prive-t-il ainsi le SCRS et la GRC des fonds qui leur sont nécessaires pour remplir leurs fonctions? Je l'ignore sincèrement, mais j'en ai bien l'impression. Un bon gouvernement ne cherche pas aveuglément à dégager un excédent en vue de faire des cadeaux pendant la campagne électorale : il se concentre sur les besoins des Canadiens et les services qu'il leur offre. À mon avis, le gouvernement faillit à la tâche.
Il y a une autre question au-delà du projet de loi auquel le gouvernement doit donner suite et qui n'exige l'adoption d'aucune mesure législative. Il suffit que le fasse son travail. Le plus récent rapport annuel du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, le seul organisme de surveillance pour le SCRS, fait état d'un certain nombre de préoccupations troublantes. Le commissaire de la GRC a dit au comité sénatorial de la sécurité nationale, le 27 octobre dernier, qu'il y avait maintenant 93 individus désignés comme étant des voyageurs présentant un risque élevé. Le directeur du SCRS a informé le comité de la sécurité publique le 8 octobre que 80 individus sont revenus au Canada après avoir participé à des activités terroristes à l'étranger et que le SCRS sait où ces individus se trouvent.
Le commissaire Paulson a dit ce qui suit devant un comité quant à la capacité de la GRC d'accomplir son travail:
[...] nous réaffectons les fonds et le personnel nécessaires d'autres secteurs prioritaires pour lutter contre cette menace. Au cours des derniers mois et de la dernière semaine, plus de 300 ressources supplémentaires d'autres secteurs des services policiers fédéraux, dont ceux chargés d'enquêter sur le crime organisé et le crime financier, ont été transférées afin d'accroître la capacité des équipes intégrées de la sécurité nationale.
J'en conclus que la GRC est à court de ressources.
Le directeur adjoint du SCRS a déclaré ce qui suit au même comité le 20 octobre dernier:
[...] nous respectons le budget qui nous est attribué. Nous devons établir des priorités.
Je serais déraisonnable si je disais que nous parons à toute éventualité. Nous faisons ce que nous pouvons avec le budget que nous avons [...].
On constate manifestement des préoccupations liées au financement.
Il y a un autre problème auquel le ministre peut également remédier. Il s'agit du mandat opérationnel du SCRS. À la page 18 du rapport annuel 2013-2014 du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, intitulé « Lever le voile du secret: Trente ans de reddition de comptes en matière de renseignement de sécurité », on peut lire ce qui suit:
Compte tenu du fait que les équipes de surveillance sont disséminées dans tout le pays, mais que leurs fonctions sont identiques, le CSARS s’attendait à une excellente communication entre tous ces professionnels. Au lieu de cela, il a constaté que, dans la plupart des cas, les équipes régionales menaient leurs activités complètement indépendamment des autres, et ne communiquaient que de façon sporadique avec leurs homologues à l’Administration centrale du Service.
Cela est inquiétant. S'il n'y a pas de communication adéquate entre les différentes régions de même qu'entre les régions et l'administration centrale au sein du SCRS, il y a un sérieux problème. Voilà un problème que le ministre peut régler.
Le rapport que je viens de mentionner indique également à la page 21 — et je suis convaincu que le ministre sait cela — que, en ce qui a trait aux activités du SCRS:
[...] le ministre de la Sécurité publique n’était pas toujours systématiquement informé de ces activités, et qu'il n’était pas tenu au courant de manière continue.
Voilà donc deux problèmes que le ministre peut régler sans projet de loi. Il doit simplement veiller à ce que le ministère fasse son travail.
Le gouvernement a inséré dans le projet de loi les dispositions de promulgation du projet de loi , dont le ministre a parlé tout à l'heure. Le projet de loi C-24 révoquerait la citoyenneté des personnes ayant une double nationalité. Cela nous préoccupe. Le ministre a dit dans ses observations que cela a été inclus afin d'en accélérer l'entrée en vigueur. Comme je l'ai dit dans une question que j'ai posée plus tôt au ministre, inscrire une mesure dans une loi ne suffit pas; encore faut-il qu'elle puisse résister à une contestation judiciaire. Or, certains d'entre nous craignons que cet article risque d'être invalidé par les tribunaux.
Si le gouvernement, la GRC, le SCRS et d'autres organismes consacrent beaucoup de temps à la révocation de la citoyenneté des citoyens ayant la double nationalité, il faut que ce temps soit utilisé à bon escient. J'ai demandé au ministre de fournir un avis juridique au comité montrant que la disposition respecte effectivement la Charte.
Dans une précédente question que j'ai posée au ministre, j'ai attiré l'attention sur le libellé plutôt catégorique de ce projet de loi. Voici ce qu'on peut lire au paragraphe 8(2):
Sans égard à toute autre règle de droit, notamment le droit de tout État étranger, le juge peut autoriser l'exercice à l'extérieur du Canada des activités autorisées par le mandat décerné [...] pour permettre au Service de faire enquête sur des menaces envers la sécurité du Canada.
Au fond, cette disposition permettrait de décerner un mandat permettant aux agents d'enfreindre la loi à l'étranger. Nous avons fait une vérification approfondie du libellé et aucun de nos homologues du Groupe des cinq n'utilise un libellé similaire. Je demande au ministre pourquoi nous, contrairement à d'autres pays, avons besoin de ce libellé. J'espère qu'il pourra donner cette réponse au comité.
Une partie importante du projet de loi porte sur la protection de nos sources et de nos informateurs à l'étranger. Au comité, nous aimerions obtenir de l'information plus détaillée à ce sujet et savoir comment cette protection serait assurée. J'attends avec impatience que le gouvernement fournisse cette information au comité.
Je vais passer au dernier point que je veux soulever. Tout d'abord, j'ai dit que je parlerais des outils, des ressources et de la surveillance. L'une des principales lacunes de ce projet de loi est le fait que le gouvernement, contrairement à nos homologues du Groupe des cinq, n'a pas présenté de mesures législatives connexes pour l'exercice d'une surveillance parlementaire appropriée de tous les organismes de sécurité nationale du Canada.
Ma collègue, la députée de , a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi . C'est une option que le gouvernement pourrait envisager. J'ai également présenté un projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , qu'il pourrait envisager.
Pour établir un équilibre entre la sécurité nationale, les libertés civiles et les droits et libertés de chaque Canadien, le gouvernement devrait accompagner le projet de loi d'une autre mesure législative prévoyant cette surveillance parlementaire. D'une part, cette mesure offrirait l'assurance que les organismes font leur travail. D'autre part, elle garantirait qu'ils ne vont pas trop loin et qu'ils ne violent pas les libertés civiles des Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui sur ce projet de loi très important, opportun et corrélatif qui aidera la Chambre et le gouvernement à s'acquitter de leur plus grand devoir envers les Canadiens, soit d'assurer leur sécurité et de les protéger contre les menaces qui, comme nous le savons, sont bien réelles.
La fournit à nos organismes de sécurité les outils essentiels dont ils ont besoin pour assurer la sécurité des Canadiens. Jusqu'ici dans le débat, nous nous réjouissons de voir que les partis d'en face commencent à reconnaître que ces outils sont nécessaires, qu'ils font partie de nos mesures nationales de lutte contre la menace terroriste et qu'il était temps d'agir pour veiller à ce que les organismes sur lesquels nous comptons pour accomplir ce devoir au nom du gouvernement, de nos institutions démocratiques, aient ces outils à leur disposition pour entreprendre les activités requises afin d'assurer la sécurité du pays et des Canadiens.
Avant de faire mes observations sur la teneur du projet de loi, je tiens à rappeler encore une fois pourquoi ces mesures, qui ont été envisagées bien avant les attaques survenues le mois dernier, sont doublement justifiées et pertinentes compte tenu de ce qui s'est passé au Monument commémoratif de guerre du Canada et au Hall d'honneur, à quelques pas d'ici.
Ces événements nous rappellent que l'EIIL et d'autres groupes terroristes représentent une menace bien réelle pour les Canadiens. C'est pour cette raison que nous prenons part aux frappes aériennes contre l'EIIL menées cette semaine. C'est aussi pour cela que nous appuyons les forces de sécurité irakiennes dans leur lutte contre ce fléau qu'est le terrorisme. Toutes ces mesures permettent de s'assurer que le Canada et les Canadiens sont en sécurité. Elles démontrent également que nous collaborons avec les alliés et les partenaires de l'OTAN et de la région afin d'éviter que cette menace, qui a fait des victimes surtout en Irak et en Syrie, ne prenne de l'ampleur dans les régions déjà touchées ou qu'elle atteigne notre population.
Voilà également pourquoi nous nous efforçons, avec beaucoup de détermination, de renforcer l'efficacité des outils de surveillance, de détention et d'arrestation qui sont déjà à la disposition des services policiers et du milieu du renseignement. Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui constitue la première étape de ce travail. Le a été clair à la suite des événements, et les députés de ce côté-ci de la Chambre le sont tout autant: nous ne réagirons pas de manière excessive. Nous ne nous laisserons pas intimider par l'EIIL ou par tout autre groupe, mais il ne faut pas oublier que les Canadiens nous demandent de ne pas prendre à la légère cette menace qui est bien réelle.
Selon la définition fournie à l'article 83 du Code criminel, on considère comme activité terroriste un acte qui est commis au nom d’un but de nature politique, religieuse ou idéologique, en vue d’intimider la population, et qui cause intentionnellement des blessures graves à une personne ou la mort de celle-ci, par l’usage de la violence, ou qui perturbe des services, des installations ou des systèmes essentiels.
À la lumière de cette définition, nous pouvons tous convenir, je crois, que le Canada a été victime d'attaques terroristes la semaine dernière, à la fin octobre. Ce point de vue a été confirmé par Bob Paulson, commissaire de la GRC, immédiatement après les événements. Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a abondé dans le même sens lors de son passage au Canada peu après les attaques. Il a alors déclaré ceci: « toute personne qui, munie d'une arme chargée, attaque avec préméditation une personne en uniforme avant d'entrer délibérément dans un Parlement commet, de toute évidence, un acte terroriste ».
Bien qu'un autre visiteur important ait confirmé ce point de vue hier, le chef du NPD continue malheureusement de voir les choses d'un autre oeil.
[Français]
Le président de la République française, pour sa part, n'avait pas de doute quant à la nature terroriste des attaques d'il y a deux semaines. Nous appuyons son point de vue à cet égard et nous sommes reconnaissants de la solidarité de la France, de nos autres alliés européens et américains et de dizaines d'autres pays qui constataient le contenu terroriste des actes survenus ici, à Ottawa, il y a deux semaines.
[Traduction]
J'aimerais citer un éditorial publié récemment dans le Toronto Star à propos de la position du chef du NPD. En voici un extrait:
La plupart des gens comprennent instinctivement la portée des événements de la semaine dernière et les risques qui planent sur le Canada. Mais le chef du NPD, Tom Mulcair, ne veut pas l'admettre, même à l'heure actuelle, et préfère établir une distinction absurde et prétentieuse entre l'attaque meurtrière survenue à Ottawa et des actes terroristes, ce qui démontre un énorme manque de jugement de sa part et soulève des doutes quant à sa capacité de diriger le pays un jour.
Voilà une déclaration très puissante, publiée dans un journal que je cite rarement à la Chambre. Elle se passe de commentaires.
La Loi sur le SCRS contient des éléments ambigus qui empêchent les organismes de sécurité nationale d'enquêter sur des menaces à la sécurité du Canada. Le projet de loi réglerait ces problèmes. En effet, il confirmerait que le SCRS a le pouvoir de mener enquête à l'extérieur du Canada et que la Cour fédérale peut décerner des mandats autorisant le SCRS à enquêter sur des sujets à l'extérieur du pays. Il donnerait aussi à la Cour fédérale le pouvoir de ne tenir compte que des lois canadiennes pertinentes lorsqu'elle décerne des mandats pour le SCRS, et créerait des mécanismes qui protégeraient automatiquement l'identité des employés du SCRS pouvant participer à des opérations clandestines.
Le projet de loi apporterait également des modifications d'ordre administratif qui permettraient au gouvernement de devancer la mise en oeuvre des nouvelles dispositions sur la révocation de la citoyenneté prévues par la Loi renforçant la citoyenneté canadienne, l'ancien projet de loi , qui a reçu la sanction royale plus tôt cette année, le 19 juin. Même s'il est important de s'assurer que les dispositions sur la révocation de la citoyenneté entrent en vigueur le plus rapidement possible, l'essence de la mesure législative, sa principale raison d'être, concerne nos organismes de sécurité nationale.
Je rappelle à la Chambre que le projet de loi permettrait d'atteindre trois objectifs. Il fallait d'abord préciser que le SCRS peut, pour plus de certitude, exercer ses fonctions à l'intérieur ou à l'extérieur du Canada. C'est ce qu'il fait depuis sa création, mais, comme nous le savons tous, il a été incapable, surtout depuis quelques mois, d'exercer pleinement ses fonctions à l'étranger de la façon dont il le faudrait pour remplir sa mission qui consiste à contrer les menaces qui pèsent sur le Canada, particulièrement la menace du terrorisme.
Le projet de loi permettrait également de préciser que les tribunaux peuvent décerner des mandats autorisant certaines activités d'enquête menées à l'intérieur ou à l'extérieur du Canada et que, à cette fin, ils ne sont pas forcément tenus de respecter les lois d'un autre pays. Autrement dit, ces mandats seraient en tous points conformes à la loi canadienne, à la Charte des droits et libertés et à tous les aspects de notre système judiciaire, mais ils ne tiendraient pas nécessairement compte des lois d'un autre pays.
Deuxièmement, le projet de loi créerait une interdiction légale de communication de l'identité d'une source humaine ou d'une information qui permettrait de découvrir l'identité des personnes qui fournissent des renseignements au SCRS en retour d'une promesse d'anonymat. Autrement dit, nous devons nous assurer que les personnes en mesure de fournir les renseignements les plus délicats et urgents pourront le faire en toute sécurité et que leur identité sera protégée par notre système judiciaire.
Troisièmement, la Loi sur le SCRS érige en infraction le fait de communiquer l'identité d'employés du SCRS qui participent ou ont participé à des activités opérationnelles cachées. Le projet de loi étendrait cette protection aux employés du SCRS qui pourraient vraisemblablement participer à de telles activités, ce qui permettrait de protéger également l'identité des personnes recrutées et formées pour ces activités ou qui y sont réaffectées.
Comme la Chambre le comprend sans doute maintenant, toutes ces modifications sont essentielles à la protection de la sécurité nationale. Elles empêcheront des individus de voyager à des fins terroristes, compte tenu surtout des événements qui ont eu lieu récemment dans le monde. Notre gouvernement, comme des dizaines d'autres dans le monde, est toujours confronté au problème des combattants étrangers, des individus provenant du Canada, de pays européens partenaires, des États-Unis et du Moyen-Orient même, qui se rendent en Irak, en Syrie, en Somalie ou au Pakistan, pays encore reconnu, malheureusement, comme un lieu d'entraînement pour les groupes extrémistes sunnites, pour participer à des activités terroristes.
Ces individus représentent souvent une menace directe pour les pays où ils exercent leurs activités. Tous les pays confrontés à des actes de violence terroriste à grande échelle, comme l'Irak et la Syrie, mais aussi le Pakistan, la Somalie, la Libye, de nombreux pays du Maghreb et même d'Afrique subsaharienne, entrent dans cette catégorie. Ils sont eux aussi menacés par les activités d'entraînement, de recrutement et de financement des terroristes sur leur territoire, et par les combattants étrangers qui franchissent leurs frontières pour participer à ces efforts et à ce combat.
Le projet de loi mettrait à jour la Loi sur le SCRS afin d'améliorer substantiellement le fonctionnement du milieu canadien du renseignement ainsi que ses enquêtes sur les menaces à la sécurité nationale. Il préciserait ses fonctions d'enquête aux termes des articles 12 et 15 de la loi, autant au Canada qu'à l'étranger.
Il ne faut pas oublier que l'article 12 autorise déjà le SCRS à mener des enquêtes sur les menaces à la sécurité du Canada, et que le terrorisme est toujours en tête de liste de ces menaces.
L'article 15 porte sur les évaluations de sécurité qu'effectue le SCRS pour des ministères comme le mien afin que nous puissions prendre des décisions responsables concernant la délivrance de visas et empêcher des combattants étrangers, des dirigeants d'organisations terroristes et tous ceux qui ont participé à des actes de terrorisme ou commis des atrocités à l'étranger de venir au Canada à titre de visiteur ou de résident permanent.
Le projet de loi préciserait également le fait que les tribunaux peuvent émettre des mandats pour des activités d'enquête au Canada comme à l'étranger sans égard aux lois étrangères.
D'abord et avant tout, les dispositions centrales du projet de loi sont celles qui répondent à la principale priorité du gouvernement en matière de sécurité, soit la condamnation de personnes qui participent à des activités terroristes. C'est la solution au phénomène du terrorisme international. Il faut lutter contre ces gens et ces groupes, comme nous le faisons en Irak, mais il faut également les traduire en justice non seulement au Canada mais aussi dans les États où ces crimes sont commis.
Comme le savent les députés, en mai 2014, la Cour suprême du Canada a confirmé la constitutionnalité du processus des certificats de sécurité dans sa décision dans l'affaire Mohamed Harkat. Cette décision nous aide à comprendre que nous pouvons recueillir des preuves de manière à ce que celles-ci puissent être présentées au tribunal sans risquer de compromettre des opérations.
Cependant, dans cette même décision, la Cour suprême a déterminé que, contrairement aux informateurs de la police, l'identité des sources du SCRS n'est pas obligatoirement protégée. Il va sans dire que le SCRS compte beaucoup sur l'information que lui donnent ses sources. En l'absence d'assurance que leur identité demeurera protégée, il se peut que les sources humaines cessent de coopérer avec le SCRS et avec le Canada, ce qui nous obligerait à mener nos opérations aveuglément et nous exposerait à des menaces qu'il serait de notre devoir de combattre.
En réponse à ce problème, le projet de loi interdirait la communication de l’identité d’une source humaine ou d’une information qui permettrait de découvrir l'identité des personnes qui fournissent des renseignements au SCRS en retour d'une promesse d'anonymat.
Comme c'est le cas de toutes nos lois, cette mesure législative permettrait de continuer à respecter les valeurs canadiennes à l'égard des droits individuels et de la règle de droit. Toutes les activités d'enquête du SCRS doivent être menées dans le respect des pouvoirs qui lui sont accordés aux termes de la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité, de la Charte canadienne des droits et libertés, des directives ministérielles et de la politique interne.
Lorsque la nature des menaces commande des mesures d'enquête plus intrusives, le service doit obtenir l'autorisation des tribunaux pour chacune de ces activités. Le SCRS fait également l'objet d'un examen détaillé par le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, qui a accès à tous les renseignements que possède le service.
Les libéraux et d'autres personnes ont demandé une surveillance accrue ou un examen approfondi de la part des comités parlementaires. Cependant, il ne s'agit pas aujourd'hui de déterminer si le SCRS remplit son mandat conformément à la loi. Rien ne montre que ce ne soit pas le cas. Selon nous, et selon les tiers indépendants qui évaluent le rendement, le processus de supervision fonctionne bien. Il s'agit plutôt d'établir si la loi accorde au SCRS les pouvoirs dont il a besoin pour s'acquitter de son mandat, c'est-à-dire nous protéger contre les menaces à la sécurité nationale, y compris le terrorisme.
De plus, le projet de loi accélérerait la mise en oeuvre des dispositions législatives permettant de révoquer la citoyenneté canadienne d'une personne ayant une double citoyenneté si elle participe à des activités terroristes ou à des combats contre les Forces armées canadiennes.
En tant que ministre de l'Immigration, je suis frappé par le contraste entre l'approche que les partis de l'opposition préconisaient dans ce dossier en avril et en mai derniers, alors que nous débattions du projet de loi , et l'approche qu'ils affichent aujourd'hui. Cette nouvelle approche semble beaucoup plus ouverte à l'idée que la citoyenneté canadienne représente l'allégeance envers nos institutions ainsi que la volonté de respecter les lois canadiennes et de remplir ses obligations en tant que citoyen canadien, ce qui est incompatible avec la commission de gestes violents pour assassiner des gens ou les blesser au nom d'une idéologie ou d'un programme politique axé sur l'intimidation de toute une population. C'est pourquoi nous avons proposé ces mesures afin de révoquer la citoyenneté canadienne en cas d'actes déloyaux flagrants. Nous sommes ravis de voir que cette idée est de plus en plus acceptée dans les rangs de l'opposition.
Les dispositions proposées accorderaient aussi à la Cour fédérale le pouvoir de révoquer la citoyenneté canadienne des individus qui ont une double citoyenneté et qui sont membres d'une force armée ou d'une organisation armée engagée dans un conflit armé contre le Canada. Nous pouvons donner l'EIIS comme exemple à l'heure actuelle. Il s'agit tant d'un groupe terroriste que d'un groupe armé engagé dans un conflit avec nos forces qui combattent en ce moment même en Irak.
Ces dispositions harmoniseraient nos pratiques à celles de pays comparables aux nôtres, y compris l'Australie, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et la vaste majorité de nos alliés de l'OTAN. Ainsi, la citoyenneté de gens qui ont une double nationalité pourrait être révoquée si des conditions très strictes sont remplies, notamment s'ils sont déclarés coupables de terrorisme, de haute trahison ou d'espionnage ou s'ils prennent les armes contre le Canada.
Ces mesures témoignent de notre engagement à assurer la sécurité des Canadiens et à défendre les intérêts et les valeurs du Canada. En outre, elles donnent davantage de valeur à la citoyenneté canadienne.
Les modifications visant la révocation de la citoyenneté canadienne sont d'ordre purement administratif. L'application de ces mesures se fera à coût nul, puisque le processus de révocation est plus efficace et moins coûteux que la solution de rechange.
Nous ajoutons des motifs de révocation de la citoyenneté — pensons aux gens qui ont une double citoyenneté et qui commettent des actes de terrorisme, de trahison ou d'espionnage —, mais voilà déjà bien longtemps que nous disposons du pouvoir d'empêcher de devenir citoyens les terroristes, les criminels, ceux qui porteraient atteinte à notre pays et ceux qui prônent la violence. La Chambre a d'ailleurs appuyé cette mesure. En fait, si un tel individu obtenait la citoyenneté sans déclarer son appartenance à un groupe terroriste et que nous l'apprenions, nous pourrions révoquer sa citoyenneté pour fausse déclaration.
Nous souhaitons simplement ajouter le pouvoir de révoquer la citoyenneté d'une personne reconnue coupable de s'être livrée à des activités terroristes, et les exigences en matière de preuve concernant pareilles activités sont d'ailleurs beaucoup plus élevées. Toutes ces mesures forment un ensemble très cohérent, et, combinées, elles feront du Canada un pays plus sûr.
Enfin, je tiens à parler de la surveillance des organismes de sécurité nationale. Le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, le CSARS, examine de façon rigoureuse et approfondie les activités du Service canadien du renseignement de sécurité, le SCRS. Le rapport annuel de cette année, qui vient tout juste d'être rendu public, témoigne une fois de plus du niveau d'accès accordé au comité; ce dernier peut se pencher sur toutes les facettes des activités du SCRS. Le CSARS joue un rôle clé: il assure la reddition de comptes entière et publique de nos organismes de sécurité nationale. Le SCRS examine actuellement les dernières recommandations qui lui ont été formulées et il mettra en oeuvre celles qui assureront la sécurité du Canada, et ce, dans le respect des droits et de la vie privée des Canadiens.
Je constate que mon temps de parole touche à sa fin. Je souhaite présenter aux députés des points importants à considérer avant de voter sur cet important projet de loi.
Premièrement, le Canada brille tel un flambleau de liberté et de possibilité dans un monde turbulent et incertain, où la violence n'a cessé d'augmenter ces dernières années, surtout au Moyen-Orient, en raison notamment de l'escalade du conflit en Irak. Pour cette raison, ceux qui méprisent la liberté et la démocratie et qui rejettent la modernité, notre mode de vie et l'idée même de la prospérité que nous avons mis tant d'efforts à bâtir chez nous, ces gens-là, dis-je, veulent causer du tort aux Canadiens et semer le chaos au Canada.
Tout comme les 40 000 Canadiens qui ont servi en Afghanistan, je suis en mesure d'affirmer aux députés et aux Canadiens que les menaces sont bien réelles. Les acteurs en place contrôlaient l'Afghanistan avant la chute des talibans et leur présence actuelle en Irak et en Syrie demeure bien réelle et dangereuse.
La menace du terrorisme intérieur n'a pas atteint un tel sommet depuis longtemps. Les trous de projectiles dans le Hall d'honneur sont un grave rappel de son existence. Étant donné cette réalité, il est important de prendre aussitôt que possible les mesures prévues dans le projet de loi à l'étude.
Deuxièmement, il ne faut pas oublier que, tout en refusant de demeurer passifs devant la menace terroriste, nous protégerons les droits individuels et la primauté du droit, conformément aux valeurs qui sont les nôtres.
Notre liberté et notre engagement à l'égard de la primauté du droit ne constituent pas des options mutuellement exclusives; nous n'avons pas à choisir entre les deux. En tant que Canadiens, nous choisissons d'être libres et de défendre la liberté dans le monde en accordant, chez nous, une importance capitale au principe de la suprématie du droit. Les mesures à l'étude contribueront à préserver cet état de choses.
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Monsieur le Président, je me sens privilégiée de me lever à la Chambre aujourd'hui pour parler du projet de loi C-44, présenté par le gouvernement conservateur.
J'aimerais d'abord dire que je serai honorée de participer aux cérémonies du jour du Souvenir qui auront lieu à Laval en fin de semaine et qui seront organisées conjointement par la Ville de Laval, les cadets et le Service de police de Laval. Il sera extrêmement important pour tous les parlementaires d'être présents dans nos communautés au cours des prochains jours pour les cérémonies du jour du Souvenir.
Comme chaque année, je serai aussi présente le 11 novembre à la résidence Le Patrimoine pour une cérémonie toujours très touchante en l'honneur de nos anciens combattants. Nous avons de la chance, car plusieurs de nos anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale vivent dans cette résidence. Cela rend cette cérémonie encore plus touchante, et je suis honorée d'en faire partie.
La semaine dernière, j'ai participé à la cérémonie du Service correctionnel du Canada, qui s'est tenue à Laval, pour rendre hommage aux agents correctionnels qui sont morts dans l'exercice de leurs fonctions. Cette cérémonie est toujours très émotive, car les familles sont présentes et certains agents correctionnels, qu'ils aient connu ou non leurs collègues morts dans l'exercice de leurs fonctions, font aussi honneur à Service correctionnel Canada en démontrant toute leur sympathie et leur dévouement envers leurs défunts collègues.
Si je mentionne les événements du jour du Souvenir, c'est parce que dans le contexte des événements survenus le 20 octobre dernier à Saint-Jean-sur-Richelieu et le 22 octobre ici, au Parlement, lesquels ont touché tous mes collègues, peu importe leur parti, nous avons pu sentir un certain sentiment de coopération entre les différents partis.
C'est dans cette ambiance de coopération que l'opposition officielle a décidé, entre autres, d'appuyer le projet de loi C-44, afin d'en faire une étude plus approfondie en comité. Je reviendrai sur les détails du projet de loi C-44 et sur les raisons pour lesquelles nous voulons l'étudier en comité. Il est important de tenir un débat non seulement ici, à la Chambre, mais aussi en comité, pour s'assurer d'en ressortir avec la meilleure loi possible, d'où l'importance de la coopération entre les différents partis.
Les événements du 20 octobre et du 22 octobre derniers ont touché les Canadiennes et les Canadiens au plus profond de leur coeur. Nous, les parlementaires, l'avons vécu directement sur le terrain, mais nous avons senti que tout le monde au pays étaient derrière nous. Quand les événements à Saint-Jean-sur-Richelieu sont survenus le 20 octobre, nous avons aussi senti que la population étaient derrière nos Forces armées canadiennes.
Ici, je n'aurai jamais assez de mots pour exprimer toute ma reconnaissance et mes sentiments par rapport au travail incroyable que les constables et la GRC ont fait.
Je pense entre autres à Kevin Vickers et à toute son équipe de constables sur place à la Chambre des communes qui s'occupent de notre sécurité tous les jours.
Je pense aussi au constable Alain Gervais qui, dans un geste héroïque, mais aussi parce que c'était tout simplement son travail, a protégé la salle de caucus du NPD en bloquant les portes par lui-même. Nous avons eu la chance qu'il ne lui arrive rien, malgré qu'une balle se dirigeant directement vers lui ait été bloquée par la deuxième porte. Nous ne pourrons jamais assez remercier Alain Gervais de s'être tenu debout pour assurer notre sécurité.
J'ai aussi une pensée spéciale pour le constable Son, qui se trouvait à la porte d'entrée du Parlement et qui a fait gagner des secondes importantes à ses autres collègues en retenant l'arme de chasse que possédait l'individu qui est entré au Parlement. Il s'est fait malheureusement tirer dans le pied, mais il a donné la chance aux agents de la GRC et au personnel sur la Colline du Parlement de réagir, et ces derniers l'ont fait de façon incroyable.
C'est dans ce contexte que nous étudions maintenant le projet de loi C-44. Toutefois, il est important de mentionner que ce projet de loi n'est pas une réponse aux événements survenus il y a de cela deux semaines. Néanmoins, nous ne pouvons faire autrement que de penser à de tels événements quand nous étudions un tel projet de loi. Ce n'est pas une nouvelle loi, ce sont des changements aux lois déjà existantes.
La plupart des sujets abordés dans le projet de loi C-44 concernant particulièrement le Service canadien du renseignement de sécurité. On devait en discuter la journée des événements du 22 octobre, et cela a donc été repoussé.
J'aimerais mentionner quelques éléments du projet de loi C-44. En gros, il apporte trois modifications importantes relatives au Service canadien du renseignement de sécurité et il est important de les mentionner ici. Premièrement, cela clarifie l'autorisation légale du SCRS de mener des opérations de renseignement de sécurité à l'étranger afin de contrer les menaces envers la sécurité du Canada. Deuxièmement, cela confirme la compétence de la Cour fédérale pour décerner des mandats dont la portée s'étendrait à l'extérieur du Canada. Troisièmement, il procure aussi une protection de l'identité aux sources humaines qui fournissent des renseignements au SCRS dans les procédures judiciaires.
Je dois mentionner d'emblée que nous avons eu une séance d'information sur le projet de loi C-44. Je dois en remercier le et la secrétaire parlementaire qui était présente à cette séance. C'était extrêmement enrichissant et vraiment très important pour nous d'avoir plus de détails sur ce projet de loi. J'espère que cette tradition se poursuivra dans l'avenir parce que, pour que les parlementaires puissent bien faire notre travail, il est primordial d'être bien informés par leurs homologues, peu importe le parti. Nous l'avons donc beaucoup apprécié.
Lors de cette séance d'information, lorsqu'on nous a parlé de la clarification qui entourait le Service canadien du renseignement de sécurité lorsqu'il allait faire des opérations à l'étranger, on nous a toujours mentionné que cela allait quand même être soumis aux lois canadiennes actuelles ainsi qu'à la Charte canadienne des droits et libertés. Il était très important de souligner ce point.
Je dois dire que j'ai encore beaucoup de questions au sujet du SCRS et c'est pour cela que j'ai très hâte qu'on reçoive des experts de la sécurité publique en comité parlementaire pour discuter de ce cas en particulier. Cependant, il y a d'autres modifications, soi-disant mineures, à la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité. Elles permettraient, entre autres, de protéger l'identité des employés du SCRS susceptibles de mener des activités secrètes à l'avenir. Par exemple, on mentionne les futurs agents sous couverture. À l'heure actuelle, seule l'identité des employés qui mènent ou qui ont déjà mené des activités secrètes est protégée.
On nous donne un exemple. On parle des futurs agents sous couverture, mais on mentionne particulièrement des employés qui seraient susceptibles de mener des activités secrètes à l'avenir. C'est peut-être sur ce point que j'ai beaucoup de questions car la définition est vraiment très large. Qu'entend-on exactement par cela? Est-ce qu'on entend tout simplement des gens qui sont en formation pour devenir des agents sous couverture? Parle-t-on d'une personne qui, dans un ou deux ans, selon les hautes instances du SCRS, sera peut-être un candidat pour devenir un agent sous couverture? Est-ce que cela inclut seulement cela? Est-ce que cela pourrait s'appliquer à qui on voudra au SCRS? J'ai hâte qu'on ait plus d'éclaircissement là-dessus parce que je crois que c'est un point assez important qu'on néglige un peu trop.
Toutefois, il est très important que les personnes qui mènent des activités sous couverture soient protégées, et j'aimerais qu'on y fasse attention. Je pense qu'aucun parti dans cette Chambre n'est contre cette notion. C'est donc important de le mentionner.
Il y a une autre surprise dans ce projet de loi, c'est que cela a beau être un projet de loi de seulement cinq ou six pages — j'espère ne pas me tromper —, malheureusement cela reste quand même un projet de loi omnibus. Bien sûr, la majorité des choses sur lesquelles on légifère dans le projet de loi C-44 concernent le Service canadien du renseignement de sécurité, mais il y a quand même un petit point qui modifie la Loi sur la citoyenneté en accélérant les échéanciers relatifs à la révocation de la citoyenneté canadienne dans le cas des individus ayant une double citoyenneté et qui sont liés à des activités terroristes et à d'autres délits graves, comme le prévoyait le projet de loi qui a reçu la sanction royale le 19 juin 2014.
Je ne comprends pas vraiment pourquoi cela se retrouve dans ce projet de loi. On a tenté d'avoir plus de renseignements durant la séance d'information, mais on a malheureusement été incapables de savoir exactement quel était le lien entre le Service canadien du renseignement de sécurité et le projet de loi , qui a été adopté. J'espère qu'on aura une réponse du gouvernement pour nous expliquer pourquoi il veut inclure cette disposition dans le projet de loi C-44. J'aimerais aussi que le projet de loi se retrouve en comité parlementaire, et que des experts nous disent ce que l'inclusion de cette disposition dans le projet de loi C-44 apportera au SCRS.
J'ai écouté les propos du . Je suis d'accord avec lui sur plusieurs points, mais pas avec la façon dont on devrait faire les choses. Il a parlé de radicalisation à l'intérieur du Canada, et c'est un point très important. En tant que parlementaires, on doit s'assurer non seulement d'avoir les bons outils en place, mais aussi d'avoir les effectifs nécessaires pour contrer la radicalisation au Canada. On le demande depuis plusieurs mois de ce côté-ci de la Chambre. Je vois aujourd'hui une ouverture à cet égard de la part du gouvernement. Je suis très satisfaite d'avoir entendu cela.
Dans ses propos, le ministre mentionnait, entre autres, qu'il valait mieux prévenir la menace et y réagir. Encore une fois, cela s'inscrit très bien dans les efforts pour s'attaquer à la radicalisation à l'intérieur du pays. J'ai hâte de voir ce qu'il va proposer à ce sujet, car il a parlé d'apporter d'autres mesures. Quelles seront ces autres mesures? Il y a encore beaucoup de questionnement à ce sujet. On nous a beaucoup parlé d'outils pour contrer la radicalisation ou encore pour combattre le terrorisme, mais qu'est-ce que cela veut dire exactement? Est-ce que la GRC et le SCRS, par exemple, ou encore l'Agence des services frontaliers du Canada, ont besoin de nouveaux outils ou de nouveaux effectifs?
Cela m'amène à un point peut-être plus sensible pour mes collègues. En effet, on semble ne pas vraiment s'entendre sur certains points concernant le budget, et je tiens à le mentionner à la Chambre pendant mon discours. Un des points concerne les compressions actuelles à Sécurité publique Canada, et qui affectent, entre autres, l'Agence des services frontaliers du Canada, le Service canadien du renseignement de sécurité et la Gendarmerie royale du Canada. Cela nous préoccupe aujourd'hui, car cela touche beaucoup de choses, notamment Service correctionnel Canada et des enveloppes budgétaires allouées à nos services de police au Québec, par exemple, pour l'escouade Éclipse dont le mandat est de combattre les gangs de rue. Toutefois, c'est vraiment un autre sujet, et je vais me concentrer surtout sur les compressions concernant les trois premiers cas que j'ai mentionnés.
Pourquoi est-ce important? Parce que ces compressions ont touché des postes très concrets. Seulement en ce qui a trait à l'Agence des services frontaliers du Canada, des compressions d'environ 143 millions de dollars ont été annoncées en 2012. Malheureusement, quand il y a des compressions de cette ampleur, il faut éliminer des postes quelque part. On peut bien sûr réorganiser les effectifs, mais à un moment donné il n'y a plus de marge de manoeuvre et il faut agir quelque part.
L'Agence des services frontaliers du Canada a malheureusement dû éliminer une centaine de postes. Il est très important de souligner que cette centaine de postes était dans le service du renseignement de l'agence. Ces employés transféraient de l'information importante à nos différents alliés à l'échelle internationale, entre autres en ce qui concerne les déplacements à l'étranger, notamment ceux de personnes qui auraient été radicalisées. Ce sont des postes clés. On parle de radicalisation et les ministres du gouvernement conservateur parlent d'éviter que les gens aillent combattre à l'étranger et de révoquer les passeports. Si on n'a pas de personnes en place pour utiliser ces outils, comme l'auraient fait les personnes dans cette centaine de postes malheureusement abolis, c'est extrêmement grave. Il va falloir agir en ce sens. Si on parle de rétablir ces postes, je serai plus que contente d'entendre le gouvernement conservateur à ce sujet
On a amputé le budget de la GRC d'environ 200 millions de dollars, ou plus précisément de 195,2 millions de dollars.
Pour ce qui est du Service canadien du renseignement de sécurité, le SCRS, on a des coupures d'environ 25 millions de dollars, mais on a aussi aboli le poste d'inspecteur général, qui était très important pour voir ce qui se passait. On parle souvent de sécurité par rapport aux libertés civiles. Toutefois, on a aboli ce poste au sein du SCRS. C'est extrêmement triste.
Aussi, à l'Agence des services frontaliers, on a malheureusement éliminé 19 équipes de chiens détecteurs, qui reniflent pour savoir s'il y a des armes ou de la drogue à nos frontières, par exemple. Dix-neuf de ces postes ont donc été éliminés. C'est extrêmement important.
Sur la Colline du Parlement, on a vu les escouades canines venir lors des événements du 22 octobre. Toute suite après la GRC et les constables, elles ont été parmi les premiers à arriver. On a mis l'escouade canine en place. Si on retranche 19 postes de l'escouade canine à notre Agence des services frontaliers, cela ne peut pas signifier autre chose que des répercussions sur les services qu'on offre et sur notre sécurité publique et nationale. C'est un point extrêmement important.
Une autre chose m'a vraiment interpellée, et je tiens absolument à la mentionner aujourd'hui à la Chambre. Il y a eu un rapport du ministère de la Sécurité publique sur ce qu'on appelle les plans et priorités de 2013-2014 annonçant qu'il y aurait des compressions, notamment au sein de la sécurité publique. J'aimerais en citer une partie en anglais, si on me le permet.
[Traduction]
Le ministère a lui-même indiqué, notamment, le risque suivant:
L’infrastructure du Centre des opérations du gouvernement (COG) pourrait être incapable de soutenir une intervention coordonnée s’il se produit un événement de grande envergure ou plusieurs événements d’importance touchant l’intérêt national.
[Français]
C'est extrêmement grave, et selon ce rapport, c'est directement lié aux compressions dans la sécurité publique et nationale. J'espère que le gouvernement conservateur prendra le temps de lire ce rapport. C'est assez accablant de voir qu'on lie directement les compressions dans la sécurité publique à quelque chose qui pourrait mettre en danger notre sécurité nationale et au fait qu'on ne serait probablement pas capable de répondre à des attaques multiples ou à une grosse attaque généralisée dans notre pays. Je crois qu'on doit se pencher là-dessus.
J'aimerais mentionner quelques autres petites choses. Comme je l'ai souligné au début de mon discours, on part de la prémisse qu'on veut travailler avec tous les partis de la Chambre pour s'assurer d'avoir les meilleures lois. De plus, on veut s'assurer que le travail en comité se fera de façon adéquate et nécessaire. Je comprends que ces lois doivent être mises en place et qu'on ne peut pas attendre éternellement. Toutefois, on doit absolument avoir l'avis des experts en ce qui a trait au projet de loi qui nous est présenté, parce qu'il y a encore beaucoup de questions sans réponse. Vu que ce sont des changements à quelques lois, les gens qui vont utiliser cette loi doivent nous dire quelle portée ces changements auront sur leur travail.
J'espère aussi sincèrement qu'au Comité permanent de la sécurité publique et nationale, on va pouvoir garder une ambiance de coopération entre les différents partis. Quand il s'agit de sécurité nationale, comme c'est le cas ici, il n'y a pas de place pour la partisanerie. Ce sera extrêmement important de coopérer et de faire notre travail le plus adéquatement possible en comité.
Je peux assurer à la Chambre que je serai heureuse de travailler avec tous les partis présents au Comité permanent de la sécurité publique et nationale pour avoir les meilleures lois possibles devant nous. Cela a toujours été le cas, mais je vais encore le faire avec le plus de sérieux possible en ce qui a trait au projet de loi C-44.
Dans le but de travailler tous ensemble, j'espère sincèrement qu'il n'y aura pas de motion d'allocation de temps de la part du gouvernement conservateur lors de l'étude de ce projet de loi. Je tenais à le mentionner.
En terminant, il est important de souligner qu'on a encore plusieurs questions sans réponse. On cherche une coopération entre les différents partis afin de s'assurer d'avoir les meilleures lois possible. On appuie ce projet de loi en deuxième lecture, mais il y a encore beaucoup de zones grises.
En terminant, je dois mentionner qu'il est très important de garder un équilibre entre sécurité et libertés civiles.
Cela dit, j'aurais encore beaucoup de choses à dire là-dessus.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député d'.
C'est un grand privilège pour moi de pouvoir parler aujourd'hui du projet de loi , Loi sur la protection du Canada contre les terroristes. Comme nous l'avons entendu au fil du débat, il va modifier la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité, en plus d'apporter une série de modifications de forme à la Loi renforçant la citoyenneté canadienne. Personnellement, je vais surtout m'intéresser à la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité et aux raisons pour lesquelles nous devons absolument fournir à cet organisme essentiel les outils dont il a besoin pour mener des enquêtes à l'extérieur du Canada sur les menaces pesant contre le Canada lui-même.
Commençons d'abord par la menace terroriste mondiale, ses conséquences pour nous, ici, de même que les mesures que prend le Canada pour contrer cette menace. Un peu partout dans le monde, divers groupes extrémistes qui n'ont aucun respect pour la vie des innocents se sont mis à commettre des attentats terroristes et des meurtres. En fait, comme nous en avons tous été témoins dernièrement, le Canada lui-même a été victime de deux attentats terroristes en moins d'une semaine. À cause du terrorisme islamiste radical, nous avons perdu deux soldats d'exception, le caporal Nathan Cirillo et l'adjudant Patrice Vincent, qui a été porté à son dernier repos en fin de semaine dernière.
Les terroristes tuent sans distinction, y compris parmi la population qu'ils prétendent représenter. Beaucoup de choses ont été faites depuis une dizaine d'années, et plus particulièrement depuis le 11 septembre 2001, pour mettre fin aux activités terroristes. Le Canada est un chef de file dans le domaine du contre-terrorisme. Des citoyens et des organismes de la société civile représentant toutes sortes de confessions et de croyances religieuses ont décidé d'aider le gouvernement à prévenir le terrorisme en renforçant leurs collectivités et en les rendant plus résilientes.
Toutes ces mesures sont résumées par les quatre volets de la Stratégie antiterroriste du Canada: empêcher, déceler, priver et intervenir. Cette stratégie va nous être extrêmement utile pour la suite des choses, alors que les Forces armées canadiennes viennent de s'engager dans une campagne visant à atténuer et à réduire à néant la menace que pose l'EIIL pour la civilisation occidentale. Et qu'on ne se leurre pas: il s'agit bel et bien d'une menace contre la civilisation occidentale.
En fait, nos organismes de sécurité ont plusieurs groupes à l'oeil depuis plusieurs années — je songe par exemple à Al-Qaïda ou à l'EIIL — et ils ont fait le nécessaire pour contrecarrer et prévenir les actes violents et extrémistes. Pour cela, nous devons nous doter d'une approche globale. En même temps que nous nous joignons aux frappes aériennes de nos alliés, nous prenons aussi des mesures pour isoler l'EIIL et le priver, lui et ses partenaires, des ressources dont il a besoin, comme de l'argent et des recrues. Je m'explique.
Comme nous le savons, pour assurer leur subsistance, les terroristes ont besoin, entre autres, d'argent, de couverture médiatique, d'armes et d'explosifs. Nous voulons nous assurer d'enlever à tous les groupes qui pourraient venir en aide aux organisations terroristes les moyens de le faire. Pour éliminer les groupes terroristes, il est essentiel de les empêcher d'utiliser le système financier mondial pour commettre leurs actes. Par conséquent, certaines dispositions du Code criminel peuvent être invoquées pour geler les actifs des groupes qui soutiennent les actes terroristes et entraver leurs activités.
Une mention dans le Code criminel est une façon publique de désigner une personne ou un groupe lié au terrorisme. Cela a d'importantes conséquences. Une fois qu'une personne ou un groupe y est mentionné, ses actifs sont gelés et peuvent faire l'objet d'une saisie, d'un blocage ou d'une confiscation. De plus, tous les Canadiens, au pays ou à l'étranger, qui participent ou contribuent sciemment, d'une façon directe ou indirecte, à toute activité qui favorise celles d'une entité désignée comme terroriste commettent une infraction.
Nous savons que certains groupes terroristes incitent certains Occidentaux à soutenir leur cause. Afin d'atteindre ces personnes et de les protéger contre ces tactiques, nous travaillons étroitement avec diverses communautés, notamment par l'entremise de la Table ronde transculturelle sur la sécurité. Nous collaborons avec des dirigeants et des communautés de l'ensemble du pays afin de contribuer à entamer avec les Canadiens un dialogue à long terme concernant la sécurité nationale et à contrer, en particulier, l'extrémisme violent.
Grâce à la table ronde, nous nous sommes portés à la rencontre de centaines de chefs culturels et religieux respectés qui prennent le pouls de leur communauté. Ces chefs ont joué un rôle essentiel en aidant les forces de l'ordre et les organismes de sécurité à contrer les menaces, à déterminer les meilleurs moyens de joindre les personnes dont le comportement pourrait avoir tendance à être violent et à les éloigner des voies de la radicalisation menant à la violence. Cependant, l'évolution rapide de la technologie, la facilité de communication et la mobilité des voyageurs terroristes ont créé de nouveaux défis complexes que le Canada et tous nos alliés doivent relever pour assurer la sécurité de leurs citoyens respectifs.
Au Canada comme dans d'autres pays, malgré tous les efforts déployés, un nombre réduit mais néanmoins significatif de personnes ont quitté le pays pour se joindre à des groupes terroristes au Moyen-Orient. Empêcher ces nouvelles recrues de rejoindre l'EIIL signifie également recourir aux lois canadiennes pour sévir contre ces soi-disant voyageurs extrémistes. Nous avons présenté la Loi sur la lutte contre le terrorisme pour ériger en infraction le fait de quitter le Canada pour participer à des actes terroristes. Des lois sont en place pour révoquer le passeport des Canadiens qui vont à l'étranger pour se joindre à des groupes terroristes.
Le et le ont tous les deux clairement indiqué que le gouvernement continuera de trouver des moyens d'aider nos organismes de sécurité nationale à surveiller les activités des terroristes au pays et à l'étranger et à enquêter sur ces activités. Il y a notamment le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui, qui vise à modifier la Loi sur le SCRS pour que nous soyons mieux en mesure de fournir au SCRS les outils dont il a besoin pour enquêter sur les menaces à la sécurité du Canada, peu importe où elles sont détectées, et pour protéger les Canadiens.
Il est important de souligner que la Loi sur le SCRS a été créée il y a trois décennies. C'était à l'époque des téléphones à cadran, lorsque la menace de la guerre froide planait sur nous. Il faut moderniser cette loi pour confirmer le pouvoir du SCRS d'enquêter sur les extrémistes canadiens et d'autres menaces à l'étranger. C'est la raison pour laquelle j'exhorte la Chambre à appuyer le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui.
La confirmerait que le SCRS a le pouvoir de mener des activités en dehors du pays lorsqu'il enquête sur des menaces à la sécurité nationale ou dans le cadre d'évaluations de la sécurité, et que la Cour fédérale a le pouvoir d'émettre des mandats pour autoriser le SCRS à mener des activités à l'étranger en faisant fi des lois des autres États. Cette nouvelle mesure législative renforcerait également le pouvoir légal du SCRS d'enquêter sur des menaces à l'étranger et de s'assurer que les juges n'auraient qu'à s'en remettre aux lois canadiennes pertinentes, à la Charte des droits et libertés et à la Loi sur le SCRS pour émettre un mandat, et pas aux lois étrangères.
Le gouvernement protège clairement le Canada contre le terrorisme de plusieurs façons, mais nous devons d'abord et avant tout nous assurer d'avoir les bons outils en place pour que notre service du renseignement de sécurité puisse assurer cette protection. Il n'y a pas de temps à perdre. Nous devons modifier la Loi sur le SCRS et permettre à cet organisme essentiel de poursuivre son travail. J'exhorte les députés à se joindre à moi pour appuyer le projet de loi.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , Loi sur la protection du Canada contre les terroristes. C'est une mesure nécessaire qui arrive à point nommé.
Comme le savent les députés, la Chambre des communes a récemment appuyé la décision du gouvernement de se joindre à l'alliance et de frapper au coeur même de Daech, que l'on appelle plus communément l'EIIL ou l'EIIS. Le gouvernement emploie toutefois beaucoup d'autres moyens pour lutter contre le terrorisme au Canada et à l'étranger.
Le projet de loi contient deux éléments distincts ayant un objectif commun: la protection des intérêts canadiens contre la menace du terrorisme.
Tout d'abord, il prévoit des modifications à la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité, qui est vieille de 30 ans. Depuis ce temps, les analyses, les examens et le travail de renseignement du SCRS ont aidé à protéger notre pays contre un large éventail de menaces. Il est ainsi devenu un des principaux acteurs du système de sécurité nationale du Canada et un membre respecté de la communauté internationale du renseignement.
La nature de ces menaces a toutefois considérablement évolué depuis les années 1980. Le « Rapport public de 2014 sur la menace terroriste pour le Canada » indique clairement que nous ne pouvons jamais tenir notre sécurité pour acquise. En 2013 seulement, plus de 9 700 incidents terroristes ont été signalés dans 93 pays. Plus de la moitié de ces attentats ont eu lieu en Irak, au Pakistan et en Afghanistan.
Cela dit, les Canadiens ne devraient pas penser que leur pays est à l'abri du fléau du terrorisme. En fait, comme nous le savons trop bien, il s'est produit tout près d'ici un horrible attentat terroriste, qui a été perpétré par un extrémiste violent et qui a coûté la vie à un jeune membre des Forces armées canadiennes. Cet acte de lâcheté avait été précédé, deux jours plus tôt, par un autre attentat insensé de la part d'un extrémiste radicalisé, qui a aussi coûté la vie à un membre des Forces armées canadiennes.
Le projet de loi à l'étude aujourd'hui vise à freiner une tendance inquiétante, soit le fait que des Canadiens se rendent à l'étranger pour participer à des activités terroristes. Ces voyageurs extrémistes présentent une menace non seulement pour les citoyens innocents de pays étrangers, mais aussi pour les citoyens canadiens, car, après avoir survécu à leurs aventures à l'étranger, ces individus reviennent ici souvent munis de nouveaux outils pour commettre des actes de violence et pour propager la haine au Canada.
La lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent nécessite des efforts concertés de la part de nombreux intervenants à bien des niveaux. Une des façons de prévenir l'extrémisme violent, c'est de favoriser la bonne entente et la confiance entre les forces de l'ordre et les collectivités canadiennes. Une autre façon, c'est d'améliorer nos méthodes de collecte de renseignement. C'est d'ailleurs pourquoi nous proposons des changements à la loi sur le SCRS.
La Loi sur la protection du Canada contre les terroristes comprend une mesure qui vise à confirmer tout particulièrement que le Service canadien du renseignement de sécurité a le pouvoir de mener des enquêtes à l'extérieur du Canada concernant des menaces à la sécurité du Canada et des évaluations de sécurité.
Une autre mesure clé contenue dans la loi vise à clarifier le pouvoir de la Cour fédérale en ce qui concerne la délivrance de mandats autorisant le SCRS à mener certaines activités par intrusion à l'extérieur du Canada. Pour que le SCRS puisse enquêter adéquatement sur des menaces à l'extérieur du Canada, nous proposons de modifier la loi de telle sorte qu'il suffira à la Cour fédérale de tenir compte des lois pertinentes canadiennes, notamment la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité et la Charte canadienne des droits et libertés, au moment d'établir si un mandat est nécessaire.
Une troisième mesure importante prévue dans le projet de loi vise à protéger l'identité des sources humaines. Comme le savent les députés, l'identité des informateurs de police est protégée par la common law. Cependant, bien qu'il s'agisse d'une pratique établie depuis longtemps dans le contexte de l'application de la loi, la Cour suprême du Canada a jugé récemment que la protection accordée aux informateurs de police ne s'applique pas aux sources humaines du SCRS. Par ailleurs, la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité ne contient aucune disposition visant à protéger les personnes qui fournissent des renseignements d'importance vitale au sujet d'une menace à la sécurité nationale du Canada. Le projet de loi inclurait une protection pour les sources humaines du SCRS dans le cadre de procédures judiciaires. Cette protection serait conforme au droit canadien.
La protection ne pourrait être contestée que pour deux motifs: si la protection ne s'applique pas à la personne ou à l'information visée, ou si l'information est nécessaire dans le cadre d'un procès en matière criminelle pour démontrer l'innocence de l'accusé.
Bien qu'il soit primordial pour le Service canadien du renseignement de sécurité de protéger ses sources humaines, il est tout aussi important pour le service de protéger ses employés. La loi actuelle protège l'identité des employés du SCRS qui participent ou qui ont participé à des opérations secrètes. Elle ne protège pas toutefois les employés qui suivent un entraînement en vue de participer à des opérations secrètes. Il s'agit d'une petite lacune qui est néanmoins importante et qui doit être corrigée. Le projet de loi dont nous sommes saisis vise à protéger l'identité de tous les employés du SCRS qui ont participé, qui participent ou qui pourraient participer à des opérations secrètes.
Je vais maintenant parler de la seconde partie de la mesure législative proposée, qui a trait à la citoyenneté canadienne.
La révocation de la citoyenneté constitue un outil important pour protéger la valeur de la citoyenneté canadienne, ainsi que l'intégrité du programme de citoyenneté.
Les modifications de forme qui sont proposées permettraient à notre gouvernement de procéder à une mise en oeuvre plus rapide des nouvelles dispositions de révocation de la citoyenneté contenues dans la Loi renforçant la citoyenneté canadienne, qui a reçu la sanction royale le 19 juin 2014.
Des dispositions de la Loi renforçant la citoyenneté canadienne sont déjà en vigueur. Et, si l'on se fie à la formule employée dans les dispositions sur l'entrée en vigueur de la loi, la majorité des dispositions restantes doivent entrer en vigueur en même temps.
Grâce à ces modifications de forme, nous serons capables de mettre en oeuvre les mesures nécessaires pour protéger notre pays et garantir la sécurité des Canadiens. Nous pourrons plus rapidement appliquer les dispositions sur la révocation de la citoyenneté, qui ajoutent de nouveaux motifs de révocation de la citoyenneté canadienne et rationalisent la mécanique de prise de décision relativement aux révocations.
Les nouvelles dispositions autoriseraient le à recommander au Conseil du Trésor la révocation de la citoyenneté canadienne des personnes possédant la double citoyenneté qui ont été déclarées coupables de terrorisme, de haute trahison, de trahison ou d'espionnage, selon la peine infligée.
Les nouvelles dispositions accorderaient en outre à la Cour fédérale le pouvoir de révoquer la citoyenneté canadienne d'une personne ayant la double citoyenneté qui a été membre d'une force armée d'un pays ou d'un groupe armé organisé qui étaient engagés dans un conflit armé avec le Canada.
Les dispositions sur la révocation mettent en évidence la volonté du gouvernement de protéger la sécurité des Canadiens et de promouvoir les intérêts et les valeurs canadiens. Elles valorisent en outre la citoyenneté canadienne.
De plus, ces modifications de forme accéléreraient la mise en oeuvre d'autres dispositions complémentaires, y compris celles concernant la répudiation, le rétablissement, les interdictions, les organismes de réglementation, les modifications à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés et la délégation de pouvoirs au .
En appliquant ces dispositions plus tôt, on pourrait mieux protéger les Canadiens et assurer leur sécurité.
Les dispositions comprises dans ce projet de loi sont essentielles pour la sécurité des Canadiens. Nous devons agir rapidement pour renforcer le programme de citoyenneté et mieux définir la capacité du SCRS à mener des enquêtes à l'extérieur du Canada, et le pouvoir de la Cour fédérale de donner des mandats au SCRS afin d'entreprendre certaines activités intrusives à l'extérieur du Canada.
Il est urgent de mettre un terme à cette approche dépassée qui consiste à sous-estimer la menace terroriste.
Les difficultés auxquelles nous devons faire face comportent également d'autres aspects. Nous savons tous qu'une minorité d'extrémistes violents au sein d'un groupe religieux ou d'un autre groupe ne devrait pas nous amener à adopter une approche discriminatoire contre la majorité.
Nous devons trouver des façons de travailler ensemble pour prévenir la radicalisation, pour la tuer dans l'oeuf lorsque c'est possible, et pour la combattre fermement et rapidement lorsque c'est nécessaire.
J'aimerais parler de la Phoenix Multi-Faith Society for Harmony, un organisme sans but lucratif fondé à Edmonton qui se consacre à la promotion de la collaboration interconfessionnelle.
Son objectif est de créer un forum propice au dialogue et à la discussion afin de faciliter la compréhension et le respect de toutes les confessions; favoriser le maintien d'une coexistence pacifique et de relations positives, grâce à la communication ouverte, au dialogue interconfessionnel, à l'éducation et à la participation dans nos collectivités et mener à bien des initiatives pour lutter contre les stéréotypes négatifs, la haine, les partis pris et les préjugés.
La société Phoenix est un excellent exemple d'initiative communautaire, mais, malgré tous ses efforts, elle ne parviendra pas à mettre un terme à la radicalisation.
Je crois que la majorité des membres des divers groupes religieux ou autres sont pacifiques et respectent la loi. Je crois également que, à moins que la majorité ne prenne des mesures pour contrôler la minorité violente dans ses rangs et collabore activement avec les autorités responsables de notre sécurité, nous continuerons à être exposés à des menaces graves venant de l'intérieur.
Il existe de nombreux exemples de majorités pacifiques qui ont été entraînées dans des actes extrêmement violents sur la scène internationale par des dirigeants illuminés ayant des intentions meurtrières et illégitimes.
Le Canada a un coeur et une âme. Notre liberté et notre démocratie sont le coeur du Canada, et c'est la Chambre qui représente le mieux notre coeur.
Il y a à peu près une semaine et demie, notre coeur a été attaqué et blessé, mais il n'a pas été tué. En fait, notre coeur continuera de battre plus fort que jamais.
Le Canada a une âme. Cette dernière est incarnée par ceux qui font le sacrifice ultime pour nos libertés, pour protéger la démocratie et la liberté qui nous tiennent tant à coeur. Ce sont les militaires et nos anciens combattants — commémorés par le Monument commémoratif de guerre du Canada et la Tombe du Soldat inconnu — qui représentent le mieux notre âme.
Il y a une semaine et demie, notre âme a également été blessée. Nos âmes survivront, plus fortes que jamais.
Il est dans l'intérêt de tous les Canadiens d'être solidaires, de garder le coeur et l'âme du Canada bien vivants. Voilà pourquoi je demande à tous les députés de se joindre à moi pour appuyer la Loi sur la protection du Canada contre les terroristes, le premier pas pour garder notre pays fort, glorieux et libre.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureuse de participer au débat d'aujourd'hui sur le projet de loi . Je crois comprendre que ce projet de loi figurait déjà au Feuilleton et que le gouvernement se préparait à le présenter, et c'est ce qu'il fait maintenant après les récents événements à la Chambre et l'autre tragédie qui s'est produite au Québec.
Le projet de loi apporte trois changements de fonds au Service canadien du renseignement de sécurité. Il clarifie l’autorisation légale du SCRS de mener des opérations de renseignement de sécurité à l’étranger afin de contrer les menaces envers la sécurité du Canada. Cette question avait créé quelques difficultés pour le SCRS devant les tribunaux. C'est pourquoi il réclame maintenant des éclaircissements et des changements à cet égard.
Le projet de loi confirme aussi la compétence de la Cour fédérale de décerner des mandats dont la portée s’étend à l’extérieur du Canada. Il protège l'identité des sources humaines de renseignement du SCRS dans les procédures judiciaires. Il modifie également le calendrier d'application des changements à la Loi sur la citoyenneté relativement à la révocation de la citoyenneté canadienne des personnes ayant une double citoyenneté qui ont participé à des actes terroristes ou d'autres délits graves. Le projet de loi modifiant la Loi sur la citoyenneté a été adopté en juin dernier.
Je me joins à tous mes collègues, ainsi qu'à tous les Canadiens, pour rendre hommage au caporal Nathan Cirillo et à l'adjudant Patrice Vincent. Nous nous sommes joints à bon nombre de nos collègues aujourd'hui au cénotaphe d'Ottawa où nous avons déposé des couronnes. Le ministre des Anciens Combattants s'y trouvait lui aussi. C'était un moment très émouvant. Je pense que le jour du Souvenir, qui aura lieu dans quelques jours à peine, sera un événement émouvant pour notre pays. Mon père et mon grand-père se sont battus durant la Première Guerre et la Seconde Guerre mondiales. Je sais à quel point ces expériences sont émouvantes et pénibles pour tous les Canadiens, et comment elles les touchent profondément.
Les actes de violence qui ont été commis dans notre pays il y a quelques semaines ont certainement touché le coeur des Canadiens, et nous devons les prendre très au sérieux. Je crois que c'est ce que nous ferons.
Un très grand nombre d'électeurs de ma circonscription ont communiqué avec mon bureau pour nous demander, à nous tous parlementaires, d'éviter les réactions excessives et de réagir plutôt de façon modérée et réfléchie aux événements qui sont survenus, des événements certes terribles et terrifiants. J'espère que nous saurons tous suivre leurs conseils, car nous savons qu'il importe de protéger à la fois la sécurité publique et les libertés civiles. Il ne s'agit pas d'un exercice d'équilibre, qui exigerait qu'on réduise l'un des aspects pour pouvoir augmenter l'autre. De ce côté-ci de la Chambre, nous sommes convaincus qu'il n'est pas nécessaire de sacrifier l'un pour l'autre. Nous pouvons assurer la sécurité des Canadiens tout en protégeant la liberté, la tolérance et la démocratie inclusive, nos valeurs communes. C'est ce qui nous amène tous à la Chambre: nous tenons à la démocratie.
Nous devons réexaminer nos lois à la lumière des événements tragiques des deux dernières semaines. Nous devons nous assurer que les lois et les mesures de sécurité répondent aux besoins du pays tout en protégeant les libertés civiles. Ce travail doit être mené de façon responsable et fondé sur un examen minutieux des données disponibles. Nous n'avons pas encore accès à toutes les données, bien sûr, puisque les enquêtes se poursuivent.
Les détails de cette mesure législative ont une grande importance. Nous appuierons le renvoi du projet de loi au comité, car nous souhaitons qu'il soit soumis à un examen exhaustif, rigoureux et approfondi.
J'aimerais maintenant aborder la question d'une meilleure surveillance civile du SCRS. Nous sommes déçus que cet élément ne figure pas dans le projet de loi.
J'ai eu l'immense privilège de siéger au comité des finances en 2012, et nous avons débattu de la surveillance du SCRS dans le cadre de l'un des nombreux projets de loi d'exécution du budget. Les députés se demandent peut-être, avec raison, pourquoi le comité des finances débattait de la surveillance du SCRS. Nous en avons discuté à cause d'une mesure qui figurait dans le projet de loi d'exécution du budget de 2012. Cette mesure prévoyait l'abolition du poste d'inspecteur général, poste dont la plupart des Canadiens n'avaient probablement jamais entendu parler ou n'avaient qu'une idée très vague.
Nous avons eu le grand privilège d'avoir comme témoin l'une des principales personnes responsables de la création du poste, M. Paul Kennedy. M. Kennedy compte plus de 20 ans de service dans la fonction publique. Il a conseillé des ministres. Pendant de nombreuses années, il a été le sous-ministre adjoint principal du ministère de la Sécurité publique responsable de la sécurité nationale. Il a travaillé comme avocat général principal du SCRS pendant cinq ans et comme président de la Commission des plaintes du public contre la GRC pendant quatre ans. Il a été avocat général principal du ministère de la Justice chargé de la coordination de tous les avis juridiques entre les organismes de renseignement. Je suis certaine que les députés conviendront qu'il était éminemment qualifié pour parler du SCRS et conseiller le comité.
J'aimerais rapporter à la Chambre certains faits qu'il nous a présentés. Des représentants ministériels nous avaient dit que l'élimination du poste d'inspecteur général représenterait une économie de 1 million de dollars pour le Trésor et qu'il s'agissait d'une bonne mesure d'optimisation des ressources. Ils nous ont dit que le CSARS serait en mesure de prendre le relais et d'assumer les responsabilités en matière de surveillance.
M. Kennedy a dit au comité que nous économiserions 1 million de dollars sur le budget de 7 milliards de dollars du ministère de la Sécurité publique mais que, éventuellement, il en coûterait au gouvernement, et donc aux Canadiens, beaucoup plus cher en cas de problème — et il y aurait inévitablement des problèmes, selon lui. Par exemple, il a dit que l'enquête concernant l'arrestation illégale, l'incarcération et la torture de M. Arar a coûté 30 millions de dollars, dont 10 millions en indemnisation versée par le gouvernement. Cela a coûté extrêmement cher, et c'est sans compter toutes les heures que les fonctionnaires ont consacrées à cette enquête.
Un autre exemple était l'enquête en cours relativement au cas de Robert Dziekanski, à l'aéroport de Vancouver. Il y a eu de nombreuses autres enquêtes.
M. Kennedy a fait remarquer que si nous envisagions de consolider les responsabilités de ce poste de surveillance et du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, alors il nous faudrait transférer du personnel, des dossiers et des fonds. Or, rien de cela n'a été fait. En dépit des nombreux rapports d'enquête recommandant une surveillance et des ressources accrues, cela n'a tout simplement pas été fait.
Il s'agit de la responsabilité directe du . C'est lui l'ultime responsable. En l'absence d'un inspecteur général, qui peut surveiller les espions, rien ne garantit aux Canadiens que l'intérêt public est protégé.
Nous avons besoin de ce poste. Nous avons besoin d'une surveillance accrue. Les parlementaires qui siègent au comité doivent y voir.
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Monsieur le Président, comme toujours, c'est un grand honneur pour moi de prendre la parole à la Chambre au nom des gens de Timmins—Baie James, qui m'ont fait confiance pour les représenter.
Je suis très heureux d'intervenir au sujet du projet de loi . C'est la première fois que je participe au débat depuis l'attaque brutale qui a eu lieu au cénotaphe et sur la Colline du Parlement. J'aimerais commencer par parler un peu de ce que j'ai éprouvé en cette terrible journée.
D'abord, j'ai certainement éprouvé un sentiment de soulagement lorsque j'ai appris que nous étions en sécurité. Puis, j'ai ressenti de la gratitude envers les incroyables agents de sécurité qui ont littéralement mis leur vie en danger pour assurer notre protection. J'ai aussi éprouvé un immense sentiment de fierté — et je ne parle pas d'une fierté tapageuse, mais plutôt d'une fierté sobre — lorsque j'ai vu les Canadiens autour de moi s'entraider et vaquer à leurs occupations quotidiennes, sans la moindre crainte. Cela m'a rappelé que, peu importe nos différences, il règne au Canada un sens de la communauté inébranlable.
La dernière chose que j'ai ressentie ce jour-là, c'était de la colère brute: j'étais vraiment en colère de voir que la maison du peuple avait été profanée par la violence. Cette colère, je l'ai ressentie lorsque je me suis rendu au cénotaphe très tôt le matin, vers 5 heures, et que j'ai vu le ruban entourant le lieu du crime. J'étais très fâché de savoir qu'un tel symbole de l'identité canadienne nous avait été arraché et que c'était devenu, du coup, un lieu de crime à la suite d'une violence insensée et odieuse. J'ai été envahi par la colère.
Lorsque nous réfléchissons à la façon de traiter ce genre de violence, il nous incombe de mettre de côté ces sentiments de colère, de fierté, de soulagement, et de prendre du recul pour nous demander ce que les Canadiens attendent de nous afin qu'ils soient en sécurité. Nous faisons face à certaines questions très complexes que nous sommes maintenant appelés à régler.
Le projet de loi n'est pas une réponse à ce qui s'est passé la semaine dernière. Il s'agit d'un projet de loi qui est inscrit au Feuilleton depuis un certain temps, et il est important de l'étudier sous cet angle. Certains éléments précis devront être examinés en profondeur. Voilà pourquoi nous voulons que le projet de loi soit renvoyé au comité.
Il y a le rôle du SCRS en ce qui touche à l'espionnage et à la surveillance d'éventuels auteurs d'attentat qui se trouvent à l'étranger. Nous constatons que certaines personnes radicalisées quittent le pays. C'est une question qui concerne la Chambre, et nous devons nous y intéresser.
Nous savons que le SCRS a été reconnu coupable d'avoir violé des ordonnances judiciaires ainsi que les lois canadiennes à maintes occasions. L'arrêt Hape de 2007 en faisait état. En 2008, le juge Blanchard a déterminé que l'article 12 de la Loi sur le SCRS ne contenait aucune disposition sur les activités extraterritoriales secrètes de collecte de renseignements. En 2013, le juge Mosley a établi qu'il était contraire à la loi de demander des mandats pour effectuer des activités de surveillance à l'étranger. Il faut donc que le projet de loi permette au SCRS d'effectuer ses activités légalement.
Pour mettre les choses en contexte, dans le but ultime de protéger les Canadiens, nous devrions seulement adopter les dispositions législatives que nous serons en mesure d'appliquer compte tenu des ressources à notre disposition.
Il y a également la question de la surveillance. Lorsqu'on débat de lois qui mettront plus d'outils à la disposition des agents de police, il faut s'assurer que ces outils seront utilisés à bon escient et n'ouvriront pas la voie à toutes sortes d'interventions sans mandat dans la vie des Canadiens ordinaires.
Sur le plan de la surveillance, le gouvernement a un problème fondamental d'encadrement. Il a peut-être l'impression que le SCRS a besoin de nouveaux outils et qu'il doit être sur le front pour lutter contre le terrorisme dans le monde, mais les mécanismes d'encadrement sont pathétiques.
Le a nommé Arthur Porter, un criminel notoire dans le monde entier qui croupit dans une prison panaméenne, au comité qui encadre le SCRS. Il me semble que les Canadiens qui ont été témoins des attaques de la semaine dernière ne seraient pas à l'aise de savoir que l'homme qui était censé veiller à ce que notre organisme d'espionnage respecte la loi et dispose des outils qu'il lui faut croupit actuellement dans une prison panaméenne à la suite d'accusations et d'allégations en tous genres.
C'est un ancien ministre fédéral, Chuck Strahl, qui a pris sa relève. Or, nous avons appris par la suite qu'il faisait du lobbyisme pour Enbridge alors même que le SCRS aurait espionné les activistes anti-Enbridge. Il a un problème de crédibilité.
Maher Arar, par contre, a été expulsé à tort dans un autre pays, où il a été torturé. Il était innocent. Parmi les recommandations du rapport Arar figure celle de mieux encadrer les dispositions qui sont à l'origine de cette situation. C'est essentiel si on veut éviter qu'une autre affaire Maher Arar survienne, que d'autres innocents qui ont eu le tort de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment, soient expulsés parce que certains ont l'impression qu'il n'est pas nécessaire de respecter l'état de droit. L'état de droit est pourtant un concept essentiel. C'est lui qui nous distingue des bandits qui veulent s'en prendre à notre nation.
Sur le plan des ressources, le gouvernement entend sabrer son budget global de sécurité à hauteur 687,9 millions de dollars au cours des prochaines années, dont 180 millions de dollars pour la sécurité des frontières. Le gouvernement affirme vouloir intensifier la répression pour mieux nous protéger, mais, du même souffle, il limite les ressources consacrées à cette protection. Sa crédibilité en prend manifestement pour son rhume.
Le commissaire à la protection de la vie privée vient de rendre une décision à propos de la GRC et des dispositions relatives à l'accès aux données sans mandat. La GRC n'est même pas en mesure de retracer la manière dont elle a recueilli des renseignements et les circonstances dans lesquelles elle l'a fait.
Devons-nous examiner des règles qui pourraient nous fournir des outils plus utiles pour contrer des menaces potentielles? Nous devrions certainement avoir une discussion là-dessus. Toutefois, il n'est certainement pas justifié que, toutes les 72 secondes, une agence gouvernementale demande des renseignements personnels sur des Canadiens à une entreprise de télécommunications.
Le fait est que, contrairement à ce que le et d'autres personnes nous ont dit la semaine dernière, les assassins de l'adjudant Vincent et du caporal Cirillo n'étaient pas des individus en provenance de l'étranger. Il s'agissait d'hommes nés et ayant grandi au Canada. Le premier ministre a déclaré que nos alliés internationaux se joindraient à nous pour arrêter les hommes qui ont brutalement assassiné le caporal Cirillo. Où étaient donc nos alliés internationaux quand Zehaf-Bibeau est entré dans un restaurant McDonald muni d'un bâton dans le but de se faire arrêter?
De toute évidence, les grands discours ne correspondent pas à la réalité. La réalité, c'est que nous ne parlons pas de ce qui se passe lorsque des gens passent entre les mailles du filet et deviennent de plus en plus marginalisés. Souvenons-nous de l'assassin qui s'était emparé d'un chasse-neige et de l'individu qui avait décapité un passager à bord d'un autocar. Au Canada, il y a des individus qui, dans des périodes d'instabilité mentale, commettent des crimes abominables et brutaux. Dans le cas de Zehaf-Bibeau, heureusement que la GRC a pu saisir son passeport et, ainsi, empêcher qu'il se rende à l'étranger. Toutefois, cet individu ne figurait pas sur sa liste de terroristes potentiels, car il était considéré comme étant mentalement instable. Nous devons comprendre que, en réaction aux crimes brutaux qui ont été commis, nous devons adopter des dispositions qui visent à nous protéger.
La mesure la plus raisonnable, c'est de renvoyer le projet de loi au comité pour qu'il puisse déterminer les dispositions dont le SCRS a besoin pour s'attaquer à la radicalisation de certaines personnes sur la scène internationale et éviter notamment que des gens se rendent par exemple en Syrie ou en Irak pour prendre part à des actes meurtriers. Quelles dispositions respecteraient le droit canadien? Quels mécanismes de surveillance veilleront à ce que le SCRS n'outrepasse pas son mandat au Canada? Que fera la Chambre des communes pour éviter que des Canadiens, qui sont nés et qui ont grandi ici, en viennent à adopter une idéologie sectaire et meurtrière en raison de leur instabilité mentale, de la toxicomanie et d'une vie ruinée qui les a menés à la rue?
Certaines personnes sont peut-être dans cette situation, qu'elles se considèrent ou non comme des radicaux. Quelles dispositions allons-nous adopter pour protéger la population?
Il faut qu'il y ait un long débat à la Chambre sur cette question. Toutefois, il faut que ce débat serve à établir ce qui fonctionne, les ressources dont nous disposons et les mesures qui nous permettront de respecter nos valeurs générales: la primauté du droit, l'ouverture, la démocratie et le courage de notre société.