La Chambre reprend l'étude, interrompue le 2 juin 2014, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, l'examen du projet de loi , auquel se prêteront les parlementaires de la Chambre, s'inscrit dans un processus de codification des éléments de réprobation associés aux infractions sexuelles commises à l'égard d'enfants.
Quitte à être répétitif, je vais puiser dans l'empirique, soit dans mon expérience personnelle acquise au bureau d'aide juridique que j'ai rejoint en 2006, en tant que stagiaire. J'ai travaillé à ce bureau environ deux ans, à Sept-Îles. Comme j'étais le nouveau venu au sein du cabinet, je me retrouvais le plus souvent avec les dossiers jugés indésirables, si on me permet l'expression. C'était des dossiers d'envergure qui nous mettaient en contact avec une clientèle plus ou moins sympathique. Je faisais de la défense au criminel. Je traitais également de dossiers en santé mentale. J'ai complété 400 dossiers en 2007, puisqu'on avait des statistiques au bureau d'aide juridique. Le grand avantage, c'est qu'on avait des statistiques chaque mois, et que notre patron pouvait venir nous parler de notre performance. En 2007, j'avais donc 400 dossiers. Par la force des choses, j'ai terminé avec plusieurs dossiers impliquant des enfants, des victimes en bas âge pour la plupart. C'était une clientèle qui était plus ou moins sympathique aux yeux mêmes d'un juriste. On imagine donc à peine le genre d'accueil qu'on lui réserve dans un établissement carcéral.
À l'époque, il y avait déjà des restrictions. Il y avait un cadre bien rigide qui s'appliquait aux crimes contre la personne impliquant des victimes d'actes sexuels, des enfants dans ce cas-ci. Je me souviens du premier dossier de ce genre que j'ai traité. Il était impossible pour l'accusé de purger sa peine dans la collectivité. On appelait cela du sursis. Déjà en 2006 et en 2007, il y avait eu une codification, un changement au Code criminel qui empêchait d'imposer une sentence dans la collectivité. C'était donc déjà un durcissement des peines, puisqu'une restriction était appliquée.
Visiblement, après étude du projet de loi soumis à notre attention et de la trame historique qui y est associée, on voit qu'il y a eu un durcissement graduel des peines liées aux infractions sexuelles à l'égard d'enfants.
Le plus souvent, ces clients se retrouvaient au pénitencier, selon la gravité des infractions qui leur étaient reprochées. C'était une clientèle qui finissait invariablement sur la « protec ». Les gens qui sont bien au fait de l'actualité judiciaire au Québec connaissent ce terme. Il s'agit d'une clientèle qui doit être tenue à l'écart de la clientèle carcérale parce que, même à l'intérieur des murs, ils peuvent se faire agresser. Il y a des mots qui circulent parmi les autres détenus, et ce n'est vraiment pas une clientèle appréciée. Ces cas ne sont pas acceptés. On imagine donc un peu le caractère horrible que cela peut comporter aux yeux de la population canadienne en général. Bref, comme je l'indiquais c'est une clientèle particulière, et la charge de preuves était élevée. C'était également des dossiers particuliers. J'ai dû demander l'aide de mon maître de stage à l'époque, et de mon patron par la suite, pour ces dossiers, puisque la Couronne insistait, et qu'il y avait une attention accrue accordée à ce genre de dossiers.
Bien au fait du coup social et des stigmates associés à la perpétration des crimes à l'égard d'une clientèle vulnérable, il importe d'édicter des mesures coercitives répondant aux impératifs de protection de la jeunesse et des collectivités. Ces objectifs énoncés, il importe d'appliquer un filtre aux mesures proposées par ce gouvernement, afin d'éluder tout élément de détournement d'un enjeu identitaire aux fins de gains politiques ciblés.
Si cela n'avait jamais été porté à mon attention, je n'en ferais pas mention aujourd'hui. Toutefois, ce que l'histoire et ma présence ici au cours des trois dernières années m'ont enseigné, c'est que trop souvent des bastions identitaires et des enjeux hautement contestés sont repris, compte tenu de leur potentiel médiatique.
C'est dommage, mais les conservateurs ont une marque de commerce qui est « tough on crime ». Il y a même un copyright qui est apposé à cela. Ce genre de mesures, avec un durcissement des peines, vient plaire à un lobby qui jouit d'une oreille attentive de l'autre côté de la Chambre. C'est la raison pour laquelle, le plus souvent, ce genre d'enjeu et de débat est repris à titre d'élément propagandiste et d'élément purement électoraliste. Comme je l'indiquais tout à l'heure, cela a été porté à mon attention à plusieurs reprises.
Dans ce cas-ci, compte tenu de la particularité du sujet dans ce cas-ci, il faut d'abord et avant tout s'assurer que implantation de mesures qui se voudraient plus draconiennes er sévères envers les accusés ne l'est pas simplement dans un but purement électoraliste, puisqu'il s'agit des gens de terrain, et je vais revenir sur cette question.
En effet, ce sont les intervenants, les parajudiciaires, les procureurs de la Couronne et, par la force des choses, les juges également, qui se doivent d'appliquer ces règles et ces durcissements des règles sur le terrain.
De plus, ces mesures indues leur sont opposées sans qu'une enveloppe budgétaire y soit nécessairement associée. Or, au cours des dernières années, il y a eu une hausse de 6 % dans le domaine bien précis des agressions sexuelles contre des enfants. Non seulement les ressources, dont les intervenants de terrain ou les procureurs de la Couronne, mais également les travailleurs sociaux et les parajudiciaires devront composer avec une plus grande clientèle sans nécessairement que des fonds y soient rattachés.
Tout cela survient parce que certains ont considéré qu'il était nécessaire de faire du battage publicitaire autour de cela, et qu'on s'est d'abord et avant tout évertué à mettre en avant un durcissement des peines et des mesures codifiées qui, si on me permet l'expression, viennent simplement jeter de la poudre aux yeux.
Partant du constat lié à l'efficacité équivoque des mesures axées sur la répression des infractions sexuelles commises à l'égard d'enfants mises en avant depuis 2006, un examen portant sur le caractère d'applicabilité et sur l'emprise de ces mesures au quotidien des intervenants judiciaires se doit d'être amorcé en comité. Il doit y avoir un réel examen, afin de tenter d'éluder tout ce battage publicitaire et de véritablement considérer les conséquences sur le terrain, pour savoir ce que cela va comporter et quelle réalité est vécue par les intervenants.
À titre indicatif, je vais faire une revue du durcissement des peines et des contraintes depuis 2006.
Il est écrit ceci:
[Il est] interdit à quiconque de fournir du matériel sexuellement explicite à un enfant en vue de faciliter la perpétration d'une infraction d'ordre sexuel [...]
[Il est] interdit de conclure avec un tiers, au moyen d’un ordinateur ou par d’autres moyens [...], une entente pour commettre une infraction sexuelle contre un enfant;
On a renforcé le registre des délinquants sexuels; on a porté de 14 ans à 16 ans l'âge auquel une jeune personne peut légalement consentir à des activités sexuelles. Bref, laissons les détails. On note toutefois une tendance marquée pour le durcissement des règles et le renforcement de mesures coercitives.
Malgré le caractère ostensible des modifications précitées, lors de sa comparution au Comité permanent de la justice et des droits de la personne sur les budgets supplémentaires, le a dit que les infractions à caractère sexuel contre les enfants avaient augmenté de 6 % au cours des deux dernières années. C'est quand même pas mal au cours des dernières années!
Ce constat est à même de soulever nombre de questionnements portant sur l'emprise réelle, l'adéquation, l'applicabilité et l'efficacité probable des modifications proposées. Visiblement, on se dirige vers un mur, puisque le durcissement des règles, depuis 2006, a mené à ce constat.
Y a-t-il un lien? Ya-t-il corrélation? Je soumets la question. Cela mérite tout de même d'être examiné en comité. J'insiste sur ces questions aujourd'hui, afin qu'elles fassent l'objet d'un réel débat et que des experts et des gens sur le terrain soient entendus.
Encore une fois, ce sont les gens de terrain, soit les intervenants de première ligne, qui devront composer avec ces dossiers. Il leur appartient donc de se prononcer sur le caractère applicable des mesures projetées.
L'avis des experts s'étant prononcés sur la nécessité de contrer les abus sexuels à l'égard des enfants est à l'effet que nos collectivités ont besoin de plus de ressources humaines et financières, afin d'appliquer une approche autre que répressive. Il y a toujours une voie alternative. Quelquefois, il faut éviter de se mettre des oeillères.
À titre indicatif, et je terminerai là-dessus, les chiffres des cercles de soutien et de responsabilité sont impressionnants. Voici une mesure alternative. Selon une étude, le taux de récidive sexuelle est de 70 % inférieur chez ceux qui participent à un cercle de soutien et de responsabilité.
Selon une autre étude, ce genre de cercle permet de réduire le taux de récidive sexuelle de 83 %. Voilà des chiffres prometteurs, qui nous montrent qu'une autre approche peut être éclairée dans la situation qui nous préoccupe. Elle répondrait également aux fins de protection de la justice et des victimes.
Sur ce, je soumets le tout humblement.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi , la loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d'enfants. Toutefois, bien que j'appuie entièrement le projet de loi, je dois dire que je le fais avec tristesse, car, comme tous les députés, je préférerais que de telles mesures ne soient pas nécessaire. Or, malheureusement, elles le sont.
Nous avons déjà discuté des statistiques issues du Juristat qui décrivent le problème. Plus de 3 900 agressions sexuelles sur des enfants ont été signalées à la police en 2012, ce qui représente une hausse de 3 % par rapport à 2011, une hausse identique à celle observée entre 2010 et 2011. En octobre 2013, environ 33 000 délinquants sexuels figuraient au Registre national des délinquants sexuels, dont environ 22 000 ayant été reconnus coupable d'une infraction d'ordre sexuel à l'égard d'un enfant.
C'est très malheureux. C'est la seule forme de criminalité qui continue d'augmenter d'année en année au Canada.
Karyn Kennedy, la directrice générale du centre Boost pour les enfants, un organisme de Toronto qui fait un travail formidable pour aider les jeunes et les enfants qui sont victimes d'infractions d'ordre sexuel, m'a dit que le centre n'arrive pas à répondre à la demande. On s'attendait à ce qu'il traite environ 1 400 cas la première année, mais il a été saisi de près du double depuis son ouverture il y a un an.
C'est un problème endémique qui procède peut-être en partie de la disponibilité d'Internet et de la facilité d'attirer et d'abuser les enfants sur Internet. C'est, malheureusement, un crime haineux perpétré contre les personnes les plus vulnérables de notre société et nous devons tout mettre en oeuvre pour éradiquer ces actes criminels.
Ce projet de loi reflète les efforts continus du gouvernement pour protéger nos enfants contre l'exploitation sexuelle. Je concentrerai mes observations sur les dispositions du projet de loi visant à faire en sorte que les peines imposées pour des infractions sexuelles contre des enfants incitent à la dénonciation et sont suffisamment dissuasives.
Nous savons que les enfants sont beaucoup plus à risque d'être victimes de crimes sexuels que les adultes. Il est inquiétant de voir que la tendance est à la hausse. L'accès à Internet est l'un des facteurs qui alimentent cette tendance depuis quelques années, car, d'un simple clic de souris, il étend le rayon d'action des prédateurs sexuels au monde entier.
Dans le cadre de son étude du projet de loi , Loi sur la protection des Canadiens contre la cybercriminalité, le comité de la justice a entendu de nombreux témoignages sur l'utilisation d'Internet pour attirer, exploiter et intimider des enfants sur le plan sexuel. Les réformes proposées à notre Code criminel et les nouveaux pouvoirs d'enquête que nous confère ce projet de loi sont nécessaires pour protéger les enfants, tout comme les dispositions du projet de loi dont nous sommes saisis.
Le Centre canadien de protection de l'enfance est un organisme impressionnant qui reçoit depuis 2004 du soutien du gouvernement fédéral dans le cadre de la Stratégie nationale pour la protection des enfants contre l'exploitation sexuelle sur Internet. L'organisme s'occupe de programmes en vue d'accroître la sécurité personnelle des enfants et de réduire les risques qu'ils soient victimes d'exploitation sexuelle. Ces programmes comprennent de la sensibilisation et de la prévention, de la recherche, ainsi que la coordination des initiatives nationales en matière de protection des enfants avec le secteur privé, le gouvernement et les forces de l'ordre.
Il administre également le site Web cyberaide.ca, soit le service pancanadien de signalement d'enfants exploités sexuellement sur Internet, auquel on peut avoir recours en tout temps. Comme on peut le lire sur le site Web, entre septembre 2002 et juin 2010, cyberaide.ca a reçu 39 783 signalements. Dans 90 % des cas, il était question de pornographie juvénile. Ces chiffres dépeignent une situation terrifiante qui démontre clairement que nous devons en faire plus pour mettre un frein à l'exploitation sexuelle des enfants, y compris par les cyberprédateurs. Les modifications proposées dans le projet de loi nous aideraient à atteindre cet objectif en veillant à ce que les peines soient un moyen efficace de dénoncer toutes les formes d'exploitation sexuelle des enfants et aient un effet dissuasif.
Le projet de loi propose d'augmenter la peine minimale obligatoire pour 9 infractions existantes d’ordre sexuel contre des enfants et la peine maximale pour 16 infractions existantes d’ordre sexuel contre des enfants. Par exemple, la peine maximale prévue à l’article 171.1 du Code criminel, qui correspond à l'infraction qui consiste à rendre accessible à un enfant du matériel sexuellement explicite dans le but de faciliter son exploitation sexuelle, passerait de 2 ans d'emprisonnement sur déclaration de culpabilité par voie de mise en accusation à 14 ans d'emprisonnement. La peine minimale obligatoire ferait l'objet d'une augmentation correspondante; elle passerait de 90 jours à 6 mois d'emprisonnement.
Les infractions concernant la production de pornographie juvénile, soit le paragraphe 163.1(2), et la distribution de pornographie juvénile, soit le paragraphe 163.1(3) du Code criminel, qui sont actuellement des infractions mixtes, deviendraient des actes criminels. Les peines maximales passeraient de 10 à 14 ans.
Par ailleurs, le projet de loi fait passer de 10 à 14 ans les peines d'emprisonnement maximales prévues en cas de leurre sur Internet, aux termes de l'article 172.1 du Code, et en cas d'entente ou d'arrangement concernant une infraction d'ordre sexuel à l'égard d'un enfant au moyen de télécommunications, aux termes de l'article 172.2 du Code. Ce sont des crimes graves, et le projet de loi veillera à ce que leurs auteurs purgent des peines en conséquence.
Ces modifications visent à imposer des peines qui correspondent à la gravité de l'infraction, et le projet de loi va plus loin encore pour faire en sorte que cet objectif ne soit pas invalidé par des peines à rabais en cas de multiples infractions d’ordre sexuel contre des enfants.
Au fil des années, les tribunaux ont établi des règles pour aider les juges à déterminer si les peines doivent être purgées de façon concurrente ou consécutive. En règle générale, les infractions commises dans le cadre d'une même affaire ou d'un même événement doivent être purgées concurremment. Par exemple, un délinquant qui agresse sexuellement un enfant et qui crée un enregistrement permanent de l'agression sexuelle pour produire du matériel pornographique juvénile devrait, en théorie, se voir imposer deux peines concurrentes. Si le délinquant reçoit une seule condamnation pour plusieurs infractions n'ayant pas été commises dans le cadre d'une même affaire, ces peines seront normalement purgées de façon consécutive.
Il arrive parfois qu'un délinquant se voit imposer une peine commune pour plusieurs crimes sexuels commis contre différents enfants, c'est-à-dire des crimes distincts. Il y a eu plusieurs cas d'agresseurs sexuels d'enfants qui ont fait plusieurs victimes et dont les crimes ont été dévoilés après de nombreuses années et jugés en même temps par les tribunaux. Ces agresseurs écopent parfois d'une sanction au rabais parce que les peines leur sont imposées concurremment et non consécutivement. À mon avis, en agissant ainsi dans le cas de multiples victimes, c'est comme si on niait que chaque victime compte, ce qui est regrettable.
Il arrive de plus en plus souvent, toutefois, que les tribunaux imposent des peines consécutives dans certains cas d'exploitation sexuelle d'enfants. Il s'agit par exemple de cas où le délinquant a agressé sexuellement l'enfant et tiré du matériel pornographique de cette agression, puis diffusé ces images dans le monde entier sur Internet.
Les peines consécutives que certains tribunaux ont déjà imposées permettent de tenir compte du fait que ces images, une fois diffusées, circuleront toujours sur Internet, et que les enfants figurant sur ces images seront encore victimes chaque fois que quelqu'un les regardera.
Le projet de loi officialisera donc cette pratique de plus en plus fréquente en obligeant les tribunaux jugeant un individu ayant à la fois agressé sexuellement un enfant et produit de la pornographie juvénile à lui imposer des peines consécutives.
Le projet de loi exigerait également que le tribunal qui détermine la peine envisage l'imposition de peines consécutives lorsqu'un délinquant est reconnu coupable d'infractions sexuelles à l'égard de plusieurs enfants. Autrement dit, les peines imposées pour infractions sexuelles à l'égard de plusieurs enfants sont purgées consécutivement, c'est-à-dire une à la suite de l'autre.
Ce sont là des mesures importantes et utiles qui feront en sorte que tous les agresseurs sexuels d'enfants rendent pleinement compte de leurs crimes. Le projet de loi traitera toutes les victimes avec dignité et sur un pied d'égalité. Il mettra fin à la pratique voulant accorder des rabais sur volume aux agresseurs sexuels qui s'en sont pris à de nombreux enfants.
Outre les modifications qu'il apporterait à la détermination de la peine, le projet de loi favoriserait également la sécurité publique lorsque le délinquant est mis en liberté dans la collectivité et qu'il fait l'objet d'une ordonnance d'interdiction en vertu de l'article 161; d'une ordonnance de probation en vertu de l'article 731; ou d'un engagement de ne pas troubler l'ordre public en vertu de l'article 810.1 du Code criminel.
Le tribunal qui détermine la peine doit envisager l'imposition d'une ordonnance d'interdiction à tout délinquant reconnu coupable d'agression sexuelle d'un enfant. En vertu de l'article 731, une ordonnance de probation peut être imposée à un délinquant condamné à une peine d'emprisonnement de moins de deux ans. Un engagement de ne pas troubler l'ordre public peut être imposé lorsqu'on a des motifs raisonnables de craindre que la personne risque de commettre une infraction sexuelle à l'égard d'un enfant, aux termes de l'article 810.1 du Code criminel.
De nombreux experts estiment que la plupart sinon la totalité des agresseurs sexuels d'enfants ne pourront jamais être réadaptés; dès qu'ils développent ce problème, cette propension, il n'y a aucun moyen d'être sûr qu'il ne se manifestera pas à nouveau. Malheureusement, certains membres de notre société doivent faire l'objet d'une ordonnance de probation en tout temps et leur nom doit figurer dans un registre des délinquants pour que les Canadiens puissent assurer la sécurité de leurs enfants.
De telles ordonnances permettent d'imposer des conditions limitant le contact du délinquant avec des enfants et l'utilisation d'Internet ou d'autres réseaux numériques dans le but de l'empêcher de commettre une infraction sexuelle contre des enfants.
Le Code criminel prévoit actuellement une peine maximale, sur déclaration de culpabilité par mise en accusation, de deux ans d'emprisonnement pour violation d'une ordonnance de surveillance. Comme ces ordonnances sont capitales pour protéger nos enfants des délinquants sexuels, y compris des récidivistes, le projet de loi propose d'alourdir la peine pour une violation de telles ordonnances et de la porter à quatre ans d'emprisonnement sur déclaration de culpabilité par mise en accusation.
Le projet de loi propose aussi d'imposer des peines uniformes infligées sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire pour la violation de telles ordonnances. Il y a malheureusement eu beaucoup de cas où, une fois libéré ou en liberté conditionnelle, un agresseur d'enfants a commis une deuxième, une troisième, voire une quatrième infraction. C'est un problème que nous tentons de régler avec des dispositions du projet de loi .
À l'heure actuelle, le non-respect d'un engagement de ne pas troubler l'ordre public ou d'une ordonnance d'interdiction est puni, sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, d'une amende maximale de 5 000 $ ou de six mois d'emprisonnement, ou des deux. Or, la violation d'une ordonnance de probation est punissable, sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, d'une amende maximale de 2 000 $ ou d'un emprisonnement de 18 mois, ou des deux.
Pour assurer l'harmonisation des peines pour violation de telles ordonnances de surveillance, le projet de loi prévoit que la peine maximale infligée sur déclaration de culpabilité par voie sommaire serait de 18 mois d'emprisonnement ou de 5 000 $, ou des deux.
Le dernier élément que dont j'aimerais parler est la modification proposée à la Loi sur la preuve au Canada. En vertu de cette loi, le conjoint d'une personne accusée de la plupart des infractions ne peut pas témoigner pour la poursuite ni témoigner contre la personne accusée. Il existe cependant des exceptions à cette règle dans le cas de la plupart des infractions sexuelles contre des enfants, mais malheureusement pas dans le cas des infractions relatives à la pornographie juvénile.
En effet, dans ces cas, le témoignage du conjoint de l'accusé peut être nécessaire pour prouver la culpabilité de ce dernier. C'est pour cette raison que les modifications proposées dans le présent projet de loi feraient en sorte que le conjoint soit habile et contraignable à témoigner pour la poursuite dans les affaires de pornographie juvénile.
Le projet de loi contient de nombreuses autres dispositions très importantes, à mon avis, dont j'aimerais parler à tous ceux qui écoutent. En effet, il établirait également une banque de données accessible au public concernant les agresseurs sexuels d'enfants présentant un risque élevé ayant fait l'objet d'un avis public dans une province ou un territoire. Cet outil contribuerait à assurer la sécurité de nos collectivités.
En outre, cette mesure législative permettrait l'échange de renseignements sur certains délinquants sexuels inscrits, entre les responsables du Registre national des délinquants sexuels et ceux de l'Agence des services frontaliers du Canada, afin de pouvoir aviser d'autres pays quand ces délinquants voyagent à l'étranger.
Enfin, le projet de loi obligerait les délinquants sexuels figurant dans la banque de données à fournir plus d'information concernant leurs voyages à l'étranger. Nous voulons protéger non seulement les enfants du Canada, mais aussi ceux du reste du monde. Malheureusement, il existe au Canada des individus qui n'hésitent pas à franchir nos frontières pour trouver des victimes ailleurs dans le monde. Le Canada a l'intention de s'acquitter de son obligation envers la communauté internationale de protéger les enfants du monde entier en veillant à ce que les délinquants sexuels à haut risque informent l'Agence des services frontaliers du Canada de leur intention de se rendre à l'étranger.
Compte tenu de la nature haineuse des crimes sexuels commis contre les enfants, en particulier l'exploitation sexuelle des enfants en ligne, nous devons tous, dans cette enceinte, appuyer les modifications législatives proposées dans le projet de loi. Il y a quelques instants, j'ai entendu avec joie mes collègues du NPD nous dire qu'ils allaient voter pour le renvoi du projet de loi au Comité permanent de la justice et des droits de la personne, afin que celui-ci l'étudie. J'ai hâte de collaborer avec eux au sein du comité pour que, dans le cadre de notre étude du projet de loi, nous nous assurions de répondre aux besoins des enfants que nous essayons de protéger au Canada.
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Monsieur le Président, je prends la parole pour appuyer le projet de loi , Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur la preuve au Canada et la Loi sur l’enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, édictant la Loi sur la banque de données concernant les délinquants sexuels à risque élevé (infractions sexuelles visant les enfants) et modifiant d’autres lois en conséquence. J'appuie le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture parce que je crois — et je suis certaine que les députés des deux côtés de la Chambre sont du même avis — que la protection de nos enfants devrait être une de nos principales priorités.
Le Parlement examine un large éventail de dossiers, mais, pour moi, rien n'a autant d'importance que la protection de nos enfants. En tant que mère et grand-mère et après avoir enseigné des dizaines d'années et travaillé avec des milliers d'enfants, je suis personnellement consciente de l'importance de la protection des enfants. Je suis convaincue que tous les députés conviennent que rien n'est plus répugnant ou plus tordu que les agressions sexuelles à l'endroit des enfants. Je crois que même ceux qui n'ont pas eu d'enfants diraient que ce genre d'activité criminelle est répugnante et tout à fait atroce.
Tout comme mon estimé collègue de Winnipeg qui est intervenu plus tôt, je me réjouis du ton du débat prenant place à la Chambre aujourd'hui, qui s'explique par notre désir de bien faire les choses. Je veux bien faire les choses. Je veux que chacun de nous fasse le nécessaire pour s'assurer que nous procédions de manière à protéger nos enfants.
Pour ce faire, j'implore mes collègues du gouvernement de ne pas mettre fin au débat, ce que nous avons vu à maintes reprises dans cette enceinte. Cet enjeu est trop important pour que le projet de loi soit étudié à la hâte. Les ministériels auraient pu présenter cette mesure il y a longtemps, mais il ne l'ont pas fait. Maintenant que nous en sommes saisis, faisons notre travail pour nous assurer que tout est mis en oeuvre pour protéger nos enfants.
J'implore mes collègues d'en face de laisser aux membres du comité le temps de convoquer des témoins, et pas seulement un ou deux. La semaine dernière, l'opposition officielle a eu le droit de convoquer un seul témoin pour parler de la mesure législative qui était alors à l'ordre du jour, et encore, nous n'avons eu que cinq minutes pour lui poser des questions. J'aimerais croire que tout le monde est sincère quand il est question de choses aussi importantes que la protection des enfants, notamment contre les agressions sexuelles. Cela étant dit, il va absolument falloir, une fois le projet de loi renvoyé au comité, que nous puissions avoir le temps non seulement d'entendre tous les témoins experts voulus, mais aussi de prendre les décisions appropriées, c'est-à-dire qui permettront d'améliorer le projet de loi.
Tous les députés raffolent des séances photo. Nous en organisons tous dans nos circonscriptions lorsque nous faisons une annonce, qu'il se tient un festival ou que nous prenons part à une cérémonie d'illumination du sapin de Noël, comme celle à laquelle je devrais assister bientôt, à Surrey. Voilà le genre de séances photo auxquelles il est tout à fait normal que nous participions. Par contre, quand il est question de protéger nos enfants contre les agressions sexuelles, je trouve douteux qu'un député se précipite pour se faire prendre en photo juste pour pouvoir dire qu'il a fait quelque chose.
Je ne fais pas partie du comité de la justice, mais notre porte-parole a toute ma confiance, tout comme les autres membres du comité. Je suis convaincue qu'ils vont chercher à étudier la question avec toute l'attention qu'elle mérite. Mais pour cela, ils vont avoir besoin de temps. Ils vont avoir besoin de temps pour discuter, pour entendre des témoins et pour délibérer. Ils vont avoir besoin de temps pour proposer des amendements réfléchis.
J'espère que mes collègues d'en face seront prêts à faire des concessions quant à ce projet de loi. J'espère qu'ils prendront sérieusement en considération les amendements proposés par le NPD. Je suis sûre qu'il y en aura beaucoup parce que ma collègue, la porte-parole néo-démocrate, est une avocate chevronnée qui a beaucoup d'expertise dans ce domaine et qui prend ce dossier très au sérieux. Je sais qu'elle fera d'excellentes suggestions.
Tandis que nous nous penchons sur la question épineuse, délicate et déchirante de l'exploitation sexuelle des enfants, je tiens à rappeler de nouveau l'importance de bien faire les choses afin de pouvoir réellement protéger nos enfants. C'est l'objectif que nous visons tous.
J'ai trois petits-enfants et, comme tous les autres grands-parents, je dirais que mes petits-enfants sont les plus beaux enfants du monde. Je pense que c'est quelque chose que les grands-parents ont le droit de répéter sans cesse. Quand j'observe mes petits-enfants, je compare leur enfance à celle de mes enfants. Ils ont accès à Internet. Ma fille est le genre de mère qui a mis en place toutes sortes de filtres et de mécanismes de contrôle afin de surveiller les sites que ses enfants fréquentent sur Internet, mais ce ne sont pas tous les parents qui ont le temps et les connaissances nécessaires pour en faire autant.
Répétons que nos enfants sont exposés à bien plus de choses qu'auparavant et que, même si les parents surveillent attentivement les activités de leurs enfants sur le Web, ceux qui veulent agresser des jeunes peuvent utiliser Internet d'une façon qui scandaliserait et surprendrait probablement même les députés qui s'y connaissent un peu plus dans ces domaines. Je suis parfois outrée par les fenêtres qui apparaissent lorsque je navigue sur le Web.
Il y a bien des choses qu'il faut faire pour protéger nos enfants. Le monde a changé. Je m'inquiète toujours de ce qui peut arriver à mes petits-enfants et aux autres jeunes. Certains prédateurs attendent seulement que les enfants qui vivent un moment difficile écrivent leurs états d'âme sur Facebook ou sur d'autres médias sociaux. Nous avons entendu parler de la cyberintimidation et de ses conséquences tragiques.
Revenons à la mesure législative. Je tiens à être très claire. Il ne fait aucun doute que tous les néo-démocrates de notre caucus ont une politique de tolérance zéro envers les infractions sexuelles commises contre les enfants. Nous respectons absolument les principes établis par la jurisprudence et les lois fondamentales, mais nous avons une politique de tolérance zéro envers les infractions sexuelles commises contre les enfants.
Je ne veux pas revenir sans cesse sur le sujet, mais nous devons parfois nous rafraîchir la mémoire. C'est le NPD qui a proposé d'accélérer l'adoption de certaines parties de l'ancien projet de loi C-10 qui portait sur des infractions sexuelles contre des enfants. Nous étions d'accord là-dessus. Nous étions disposés à scinder et à adopter ces parties du projet de loi, mais en vain.
Les députés néo-démocrates ont également présenté des projets de loi d'initiative parlementaire, que le gouvernement a fini par adopter, en vue de prévenir l'exploitation sexuelle des enfants et de rendre illégale l'utilisation d'un ordinateur pour commettre une infraction contre un enfant. C'était bien avant mon arrivée ici. Le projet de loi a été proposé par l'ancienne députée néo-démocrate Dawn Black, qui est maintenant à la retraite et s'est lancée dans une autre arène politique.
Comme je l'ai dit, notre but est de protéger les enfants. Nous savons également que, pour assurer leur protection, le fait d'avoir des lois en place ne suffit pas. Nous pouvons adopter toutes les lois que nous voulons, mais si nos collectivités ne disposent pas des ressources dont elles ont besoin, ces lois ne sont rien d'autre que des mots sur du papier.
Je viens de la ville de Surrey. Comme bon nombre d'entre nous en ont entendu parler, des événements tragiques et des meurtres sont survenus dans notre ville. Nous attendons toujours que le gouvernement fédéral honore l'engagement qu'il a pris d'augmenter les effectifs policiers.
L'une de mes principales préoccupations, c'est que je viens d'une municipalité dont les ressources financières pour les services de police sont déjà étirées au maximum, pas seulement pour lutter contre une augmentation des délits mineurs et des crimes liés à des troubles de santé mentale et aux drogues, mais aussi pour s'attaquer aux gangs, aux cartels de la drogue et aux problèmes de ce genre. Je crains que parfois, en tant que parlementaires, nous adoptions une loi parce que nous y croyons vraiment et pensons qu'elle est bonne, mais que nous affaiblissions notre propre législation en ne fournissant pas les ressources dont les collectivités ont besoin. J'espère que le gouvernement gardera cela à l'esprit dans ces démarches pour aller de l'avant avec ce projet de loi.
Quelqu'un m'a dit — je ne me souviens plus qui c'était — que, si les peines de prison plus sévères et plus longues et la peine de mort pouvaient mettre fin à la criminalité, le crime aurait presque entièrement disparu aux États-Unis. Nous savons bien que ce n'est pas le cas.
Il va certainement falloir que nous étudiions ce projet de loi attentivement, mais tâchons de nous y prendre de manière à atteindre notre objectif. Notre objectif, c'est la protection de nos enfants. Je n'ai pas eu le temps de lire le projet de loi en détail, mais si j'ai appris quelque chose, c'est que ce sont souvent les détails qui posent problème dans les projets de loi ministériels. C'est pourquoi nous devons inviter des experts à nous parler de l'efficacité des modifications proposées.
Je connais mes limites. Je ne suis pas avocate, c'est pourquoi je dois m'en remettre au comité de la justice, à notre porte-parole en la matière, qui est une avocate chevronnée, et aux experts qui sont appelés à comparaître devant le comité pour nous aider à adopter les meilleures mesures possibles. Voilà notre objectif, et voilà ce que nous devrions faire.
Comme d'autres collègues l'ont affirmé à la Chambre aujourd'hui, la criminalité dans son ensemble est à la baisse. Chaque fois que l'on répète ce fait à Surrey, les gens sont incrédules car cela ne cadre pas avec leurs expériences au quotidien. J'ai assisté à des assemblées municipales récemment où des gens se sont offusqués lorsqu'on a affirmé cela. Ils font beaucoup d'angoisse au sujet de leur sécurité.
Ce qui m'inquiète beaucoup, c'est que malgré les modifications apportées par le gouvernement depuis 2006 pour mieux protéger nos enfants — il y en a eu neuf, si je ne m'abuse — le a affirmé, au comité, que les infractions sexuelles à l'égard des enfants ont augmenté de 6 % dans les deux dernières années. C'est scandaleux. En tant que parent, j'ai beaucoup de mal à comprendre comment cela pourrait arriver. Et cela, malgré le programme de répression de la criminalité qui est en place depuis 2006.
Nous savons tous — et j'ai travaillé en tant que conseillère dans plusieurs dossiers différents — qu'en plus de sévir contre la criminalité, nous devons tenir compte des droits des victimes, les protéger et leur fournir les ressources dont elles ont besoin pour se remettre du tort qu'elles ont subi.
Je ne connais pas la situation ailleurs au pays, mais, dans ma province, la magnifique Colombie-Britannique, les services de protection de l'enfance sont plutôt déficients. En fait, c'est très déconcertant d'apprendre que le gouvernement a décidé de diminuer le nombre de postes de travailleurs sociaux et de sabrer dans les mesures de prévention.
Par conséquent, nous devons non seulement sévir contre la criminalité, mais aussi appuyer les victimes pour les aider à se réadapter après le crime. Elles ont subi un grave traumatisme, en particulier si elles ont été victimes d'une agression sexuelle. Pour bien des enfants, une ou deux séances de consultation ne sont pas suffisantes. C'est pourquoi j'espère vivement que des ressources soient mises à la disposition des jeunes enfants afin de favoriser leur réadaptation. Je ne dis pas que les victimes de ces actes, enfants ou adultes, peuvent toutes se remettre du préjudice qu'elles ont subi. Il serait très présomptueux de ma part d'affirmer cela. Toutefois, si les enfants ne bénéficient pas d'un soutien systématique et permanent, ils seront encore plus vulnérables. Il est donc absolument essentiel de mettre en place les ressources nécessaires pour appuyer les enfants.
Par ailleurs, si nous demandons à la GRC et aux autres services de police d'intensifier leurs activités de surveillance et d'assumer bien d'autres fonctions, nous devons aussi veiller à ce qu'ils disposent de toutes les ressources nécessaires à cet égard
Pour en revenir aux enfants, je tiens à dire que, chaque fois qu'un enfant est agressé sexuellement, c'est toute sa famille qui a besoin de soutien. En effet, tous les membres de la famille de la victime subissent un traumatisme, que ce soit les parents, les frères et soeurs ou les grands-parents. Nous devons en faire beaucoup plus pour leur venir en aide.
Nous devons également faire beaucoup plus pour protéger nos collectivités contre les récidivistes. Le meurtre tragique perpétré cette année dans ma circonscription a été commis par un récidiviste. Cet homme était en probation et il faisait l'objet d'une surveillance, mais malgré cela, une jeune femme dans la fleur de l'âge a tout de même été assassinée.
Nous devons voir ce qui donne de bons résultats. Je n'affirme pas que les députés de ce côté-ci de la Chambre ont la solution, mais plutôt que nous devons nous fier aux spécialistes, qui en savent beaucoup plus sur le sujet que les parlementaires. Nous devons étudier la façon dont nous traitons les contrevenants.
Le NPD a énergiquement appuyé les cercles de soutien et de responsabilité.
L'ancien ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, Steve Sullivan, a fait la déclaration suivante:
[...] le gouvernement fédéral a récemment annoncé qu'il supprimera le maigre financement de 650 000 $ alloué par le Service correctionnel du Canada à compter de l'automne. Le financement accordé par le Centre national de prévention du crime pour les centres de soutien et de responsabilité doit lui aussi prendre fin à ce moment. Ce programme coûte, au total, 2,2 millions de dollars par année.
Il a ajouté:
Comme la plupart des services offerts aux victimes dans la collectivité, il était peu coûteux. Dans le cadre de ce programme, 700 bénévoles de toutes les régions du pays rencontraient les contrevenants après leur libération, que ce soit pour les aider à trouver un emploi ou un endroit où habiter ou encore pour discuter avec eux en prenant un café. Ces bénévoles aidaient les contrevenants à reprendre une vie normale, sans faire de nouvelles victimes. Ils les responsabilisaient.
Ces services ont été réduits ou même totalement éliminés dans certaines régions.
En terminant, je tiens à souligner que nous appuyons le renvoi du projet de loi au comité. Je demande à mes collègues d'en face de nous donner le temps nécessaire pour étudier cette mesure législative comme il se doit au comité, d'être ouverts aux amendements ainsi qu'aux conseils des spécialistes et d'écouter ceux qui en savent plus que nous sur cette question pour que nous puissions avoir un bon projet de loi. Je les implore également de prévoir du financement en lien avec ce projet de loi afin que nous puissions constater ses effets.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole pour appuyer le projet de loi , Loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d'enfants, à l'étape de la deuxième lecture.
[Français]
Afin d'appuyer l'engagement du gouvernement du Canada de prendre la part des victimes d'actes criminels, le et le ont présenté un projet de loi pour mieux s'attaquer au problème des infractions sexuelles commises contre les enfants au Canada et à l'étranger.
[Traduction]
Le projet de loi s'inscrit dans les efforts concertés du gouvernement visant à protéger les enfants contre les gens qui pourraient abuser de leur vulnérabilité.
Pour mieux protéger les enfants contre les prédateurs sexuels, le gouvernement a notamment adopté en 2012 la Loi sur la sécurité des rues et des communautés. Afin que les peines imposées reflètent davantage la gravité des infractions, cette loi a assorti sept infractions contre les enfants de nouvelles peines minimales obligatoires. Elle a aussi accru les peines minimales obligatoires associées à neuf autres infractions relatives à l'agression sexuelle des enfants et prolongé les peines maximales d'emprisonnement associées à quatre infractions relatives à l'exploitation sexuelle des enfants.
Elle a également créé deux nouvelles infractions visant à interdire à quiconque de fournir des représentations sexuellement explicites à un enfant en vue de faciliter la perpétration d'une infraction d'ordre sexuel contre lui, ce qu'on trouve à l'article 171.1 du Code criminel, et à interdire à quiconque d'utiliser des moyens de télécommunication, y compris Internet, pour convenir avec un tiers de commettre une infraction d'ordre sexuel contre un enfant, ce qui est précisé à l'article 172.2.
Cette loi exige aussi que les juges envisagent d'interdire aux auteurs soupçonnés ou déclarés coupables d'infractions d'ordre sexuel contre des enfants d'avoir des contacts sans supervision avec un jeune âgé de moins de 16 ans ou d'utiliser Internet ou un autre réseau électronique sans supervision.
Le gouvernement a aussi adopté, en 2011, la Loi concernant la déclaration obligatoire de la pornographie juvénile sur Internet par les personnes qui fournissent des services Internet, qui oblige les fournisseurs de services Internet à communiquer l'information aux autorités lorsqu'on leur signale une adresse Internet où pourrait se trouver de la pornographie juvénile accessible au public.
En outre, la Loi protégeant les victimes des délinquants sexuels de 2011 oblige toute personne reconnue coupable d'une infraction d'ordre sexuel à l'étranger à se présenter à un service de police dans les sept jours suivant son arrivée au Canada, et la Loi sur la lutte contre les crimes violents de 2008 a doublé la durée de l'engagement de ne pas troubler l'ordre public ainsi que de l'ordonnance préventive pour les personnes reconnues coupables d'une infraction d'ordre sexuel à l'égard d'un enfant ou soupçonnées d'être à risque de commettre une telle infraction dans le futur, et a, bien entendu, porté à 16 ans l'âge du consentement à des activités sexuelles, qu'on appelle l'âge de protection.
Cette dernière modification est importante. Elle a aligné le Canada sur les autres pays aux vues similaires. Ainsi, un degré de protection supérieur est offert aux enfants au Canada car ils ne peuvent plus être ciblés par les pédophiles étrangers, pour qui le Canada était habituellement perçu comme un endroit sûr où s'adonner à des activités sexuelles avec un enfant de 14 ou 15 ans.
[Français]
Notre gouvernement a aussi pris des mesures plus générales pour aider les jeunes victimes d'actes criminels. Depuis 2010 notamment, plus de 10 millions de dollars ont été affectés à l'amélioration ou à la création de centres d'appui aux enfants, les CAE. Jusqu'à maintenant, on a financé des projets de CAE dans 20 villes et municipalités du Canada.
Des équipes de professionnels dans ces centres aident les jeunes victimes et les témoins à composer avec le choc qu'ils ont vécu et à s'y retrouver dans le système de justice pénale. En outre, on a lancé le site www.cybersécurité.gc.ca, un site Web du gouvernement du Canada, qui vise à sensibiliser le public à la sécurité en ligne. Le site présente aux parents des renseignements sur la façon de protéger leurs enfants contre des personnes qui vont en ligne pour exploiter les enfants, les manipuler ou en abuser.
On a adhéré à la Global Alliance against Child Sexual Abuse Online, en juin 2013. L'alliance mondiale vise à renforcer les efforts internationaux de lutte contre les cyberprédateurs et les images de violence faite aux enfants diffusées en ligne. L'alliance vise avant tout à identifier et aider les victimes, poursuivre les contrevenants, sensibiliser davantage le public et réduire la disponibilité de la pornographie juvénile en ligne.
Il y a également consultation avec le public et les parties prenantes afin de mieux comprendre les différentes opinions au sujet des droits qu'il faudra reconnaître et protéger par une charte fédérale des droits des victimes. Ces consultations jouent un rôle crucial pour déterminer la meilleure façon d'enchâsser les droits des victimes dans une seule loi fédérale.
Dans le contexte de l'engagement qu'a pris le gouvernement à l'égard des victimes des criminels, on a affecté plus de 120 millions de dollars depuis 2006 pour répondre aux besoins des victimes d'actes criminels dans le cadre des programmes et initiatives du ministère de la Justice.
[Traduction]
Ce n'est là qu'un échantillon des mesures que le gouvernement a prises en vue de renforcer la protection que le système de justice pénale procure aux enfants contre de tels crimes odieux, mais ces mesures constituent le fondement des réformes proposées dans le projet de loi . Je crois qu'il faut tenir compte du contexte que je viens de définir pour réellement comprendre l'importance de ces réformes.
D'abord et avant tout, les réformes du projet de loi en matière de détermination de la peine feraient en sorte que les personnes qui s'en prennent aux enfants reçoivent les peines qu'elles méritent.
[Français]
Au Canada, plus de 3 900 infractions d'ordre sexuel contre les enfants ont été signalées à la police en 2012, ce qui représente une augmentation de 6 % par rapport à 2010. Il faut absolument agir.
Ce projet de loi propose neuf nouvelles mesures qui reflètent l'engagement qu'a pris le gouvernement dans le discours du Trône de 2013 de refaire du Canada un pays où les contrevenants sont punis pour leurs actes, où les peines correspondent à la gravité des crimes commis et où les victimes les plus vulnérables, les enfants, sont mieux protégées.
Voici ces mesures: obliger les contrevenants déclarés coupables d'infractions d'ordre sexuel contre de multiples enfants, et qui reçoivent des peines distinctes, à les purger consécutivement, l'une après l'autre; obliger les contrevenants déclarés en même temps coupables d'infractions liées à la pornographie juvénile et d'infractions d'ordre sexuel contre les enfants, à purger leurs peines consécutivement; alourdir les peines d'emprisonnement minimales et maximales liées à certaines infractions d'ordre sexuel contre les enfants; alourdir les peines découlant d'une violation des conditions d'une ordonnance de surveillance; veiller à ce qu'un crime commis pendant une période de détention à domicile, de libération conditionnelle, de libération d'office ou de sortie autorisée sans surveillance, constitue une circonstance aggravante dans la détermination de la peine; veiller à ce que le conjoint puisse témoigner dans les cas de pornographie juvénile; obliger les délinquants sexuels enregistrés à fournir des renseignements sur leurs déplacements à l'étranger; permettre le partage d'information sur certains délinquants sexuels enregistrés entre les dirigeants responsables du Registre national des délinquants sexuels et de l'Agence des services frontaliers du Canada; et créer une base de données publique portant sur les auteurs d'agressions sexuelles commises contre les enfants, qui représentent un risque important et qui ont fait l'objet d'un avis public diffusé dans une administration provinciale ou territoriale, afin de garantir et de sauvegarder la sûreté de nos communautés.
[Traduction]
Le projet de loi propose d'augmenter les peines minimales obligatoires pour 9 infractions existantes d’ordre sexuel contre des enfants et les peines maximales pour 16 infractions existantes d’ordre sexuel contre des enfants. Les infractions concernent la vaste gamme de comportements commis par des agresseurs sexuels d'enfants.
Certains délinquants ont une conduite préalable à des contacts sexuels avec un enfant. Ce processus est souvent appelé la « préparation de l’enfant ». Par exemple, certains délinquants montrent du matériel sexuellement explicite à des enfants en vue de rendre normale aux yeux des enfants l'activité sexuelle à laquelle ils veulent se livrer. D'autres peuvent essayer de s’entendre avec un autre adulte qui a la charge d'un enfant en vue d'agresser sexuellement cet enfant. Enfin, certains peuvent directement communiquer avec un enfant par Internet en vue de préparer le terrain pour l’agresser sexuellement.
Je souligne que toutes ces formes de contact sont expressément interdites en vertu des articles 171.1 à 172.2 du Code criminel. Grâce au projet de loi , nous nous assurerions que les peines liées à ces comportements sont proportionnelles à la gravité de l'infraction commise. Les peines minimales obligatoires applicables seraient augmentées, et une peine maximale de 14 ans d’emprisonnement par voie de mise en accusation pourrait être imposée dans le cas de toutes ces infractions préparatoires d'ordre sexuel contre des enfants.
Le Code criminel interdit également les contacts sexuels entre un adulte et un enfant aux termes des articles 151 à 153, qui portent sur les infractions sexuelles à l'égard d'un enfant, et des articles 271 à 273, qui concernent les infractions sexuelles générales. Les peines maximales pour les infractions sexuelles à l'égard d'un enfant ainsi que celles pour les infractions sexuelles générales, aux termes de l'article 271, lorsque la victime est âgée de moins de 16 ans, passeraient de 18 mois à 2 ans moins un jour sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire et de 10 à 14 ans sur déclaration de culpabilité par mise en accusation. Dans le cas d'une agression sexuelle armée, lorsque la victime est âgée de moins de 16 ans, la peine maximale passerait de 14 ans à l'emprisonnement à perpétuité.
Par ailleurs, le projet de loi renforcerait les dispositions sur la pornographie juvénile, qui figurent à l'article 163.1 et qui interdisent à quiconque de produire, de distribuer ou d'avoir en sa possession de la pornographie juvénile ou d'y accéder. Premièrement, le projet de loi ferait en sorte que l'infraction liée à la production et à la distribution de la pornographie juvénile donne obligatoirement lieu à une procédure de mise en accusation et qu'elle soit assortie d'une peine maximale de 14 ans, au lieu de 10, afin de tenir compte du caractère odieux de ces crimes. Le projet de loi ferait également passer de 90 jours à 6 mois les peines minimales obligatoires afférentes à la possession de pornographie juvénile ou à l'accès à de la pornographie juvénile sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire et de 6 mois à 1 an sur déclaration de culpabilité par mise en accusation. De plus, il alourdirait les peines maximales pour ces infractions, en les faisant passer de 18 mois à 2 ans moins un jour sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire et de 5 à 10 ans sur déclaration de culpabilité par mise en accusation.
Toutefois, le projet de loi ne s'arrête pas là.
Le projet de loi augmenterait aussi les peines pour non-respect d'ordonnance de surveillance. De telles ordonnances peuvent être imposées pour empêcher que d'autres infractions soient commises. Il est donc d'une importance capitale que les peines pour non-respect de telles ordonnances soient dissuasives.
Par conséquent, le projet de loi garantirait que quiconque est reconnu coupable de non-respect d'une ordonnance de probation, d'un engagement de ne pas troubler l'ordre public ou d'une ordonnance d'interdiction s'exposerait à une peine maximale de 18 mois, sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, plutôt qu'à une peine de six mois, comme c'est le cas en ce moment, et de quatre ans d'emprisonnement, sur déclaration de culpabilité par mise en accusation, plutôt qu'à la peine actuelle de deux ans.
J'ai prêté une attention particulière aux changements proposés dans le projet de loi pour augmenter les peines pour les infractions sexuelles contre des enfants. Cependant, le projet de loi propose aussi d'autres changements importants aux peines infligées aux délinquants qui ont agressé plusieurs enfants ou qui ont commis une infraction liée à la pornographie juvénile et ont eu des contacts sexuels avec des enfants. Ainsi, ces délinquants devront purger consécutivement toutes les peines infligées en même temps plutôt que de les purger simultanément. Cela signifie la fin des peines à rabais.
Le projet de loi garantirait aussi que le fait pour un délinquant de commettre une infraction alors qu'il fait l'objet d'une ordonnance de sursis — autrement dit, alors qu'il purge une peine dans la collectivité ou qu’il bénéficie d’une libération conditionnelle ou d’office — est considéré comme un facteur aggravant pour la détermination de la peine.
Ensemble, tous ces changements apportés aux peines contribueraient à renforcer l'écheveau complexe que forment les dispositions législatives pénales visant à protéger les enfants.
En résumé, ces réformes lanceraient le message suivant: le Canada ne tolérera pas que des infractions sexuelles soient commises contre des enfants. Nous devons faire tout en notre pouvoir pour prévenir ces crimes, protéger les enfants et tenir les délinquants responsables de leurs actes.
Je suis également heureux que ce projet de loi propose des réformes importantes qui garantiraient l'habilité à témoigner du conjoint de l'accusé dans les poursuites relatives à la pornographie juvénile; favoriseraient la communication entre le Canada et d'autres pays de renseignements concernant des Canadiens qui se rendent à l'étranger pour commettre des agressions sexuelles contre des enfants; et renseigneraient le public sur les délinquants à risque élevé qui pourraient récidiver contre nos enfants.
Je me permets de citer les propos de Sharon Rosenfeldt, présidente de l'organisme Victims of Violence, qui a dit ceci:
Nous devons protéger ceux qui sont vulnérables et nous assurer qu’ils ont les outils pour obtenir de l’aide, cicatriser leurs blessures et passer à autre chose — surtout nos enfants. À Victims of Violence, nous saluons l’initiative du gouvernement fédéral visant à renforcer les lois concernant l’exploitation sexuelle pour s’assurer que les enfants sont protégés contre la violence et l’exploitation sexuelles, que les victimes ont une voix et que nos communautés sont plus sécuritaires.
Je ne doute pas un instant que le projet de loi est une mesure législative essentielle qui protégerait nos enfants et nos collectivités et assurerait leur sécurité. Par conséquent, j'invite tous les députés à appuyer, comme moi, le projet de loi .
[Français]
Les victimes, surtout les enfants, ont besoin de notre soutien.
J'invite les députés de tous les partis à se joindre à moi pour appuyer ce projet de loi.
:
Monsieur le Président, je remercie le , avec qui j'ai bien du plaisir à travailler en comité. Nous y aurons certainement des discussions intéressantes sur le projet de loi .
En effet, il est vrai que c'est beau sur papier. Toutefois, étant avocat lui aussi, le député sait comme moi qu'entre le papier, nos articles, le Code criminel et la réalité, il y a parfois une montagne.
En effet, la réalité rattrape les conservateurs. Je veux croire qu'il y a un bon fondement derrière ce durcissement des lois. Cependant, cela n'augmentera pas le nombre de policiers pour s'occuper des dossiers, ni le nombre d'agents de probation pour surveiller les criminels ni le nombre de procureurs de la Couronne pour traiter les dossiers, et c'est probablement là que le bât blesse. On peut durcir les peines et dire qu'une personne est passible de 14 ans de prison, mais cela ne veut pas dire que la cour arrivera à cette conclusion.
Par ailleurs, dans la réalité, les procureurs de la Couronne, et il le sait comme moi, doivent composer avec une centaine de dossiers et de procureurs de la défense qui se dirigent vers lui pour lui dire que leur accusé plaidera coupable à telle ou telle accusation. C'est ce qui fait que la justice donne parfois l'impression d'être difficilement rendue.
Parfois, la situation s'embourbe parce que les dossiers sont tellement nombreux que cela exige du temps. Or on ne sent pas cette réalité dans le projet de loi .
J'aimerais que le gouvernement s'attaque précisément à la différence qui existe entre ce qui est écrit sur papier et les ressources qu'on met à la disposition de tous les intervenants. Il y a encore un manque incroyable de juges en Ontario, au Québec, en Alberta et dans plusieurs provinces. Le gouvernement traîne les pieds.
Une expression anglaise dit « justice delayed is justice denied ». On aura beau créer toutes les belles lois qu'on voudra, cela ne réglera pas le problème d'accès à la justice et de fermeture rapide des dossiers pour que les victimes puissent se remettre de tous ces événements. Je ne vois rien dans le projet de loi qui accélère quoi que ce soit.
Va-t-on mettre en avant une solution plus globale à la situation problématique de la justice criminelle au Canada?
:
Monsieur le Président, je suis très contente de me lever aujourd'hui pour discuter du projet de loi , car cela me permet aussi de discuter de façon plus générale de notre système de justice et de l'approche que les conservateurs ont prise depuis 2006, lorsqu'ils ont été élus pour la première fois au gouvernement avec le actuel à leur tête.
Je me demande par quoi je devrais commencer. En effet, on vient d'avoir une discussion sur les peines minimales obligatoires, sur comment on fait pour rendre nos rues et nos communautés plus sécuritaires, et sur comment on fait pour s'occuper des problèmes auxquels nos communautés font face. Je tiens à souligner que les politiques conservatrices sont loin de ce qu'on a connu au Canada, historiquement parlant. On est en train de faire un virage de 180 degrés. C'est un virage de plus que 180 degrés, je dirais même de 360 degrés, sauf que cela nous ramènerait à la même place, donc je vais dire 180 degrés.
Le projet de loi est un exemple parfait de l'approche conservatrice en matière de justice criminelle. Je vais prendre l'exemple du Québec, puisque ma circonscription La Pointe-de-l'Île est située sur l'île de Montréal, au Québec. Nous avons une longue et profonde tradition, soit celle de travailler de concert avec les victimes, et selon des principes de réinsertion et de réhabilitation qui ont guidé nos politiques en matière de justice criminelle. Pour les conservateurs, ce sont malheureusement des principes qui n'existent pas, des valeurs qu'ils ne chérissent peut-être pas. On se fait ici l'avocat du diable. Est-ce qu'un côté a plus raison que l'autre? Je ne crois pas que le débat devrait chercher à savoir qui a raison ou qui a tort, mais plutôt ce qui fonctionne sur le terrain. Je vais parler de cela dans mon discours.
Il n'est pas question ici de l'ajout de peines minimales obligatoires, mais comme mon collègue le en a parlé, cela me permet d'aborder le sujet. L'ajout de ces peines enlève non seulement le pouvoir discrétionnaire des juges, mais rend aussi complètement inefficace le système que nous chérissons, ce système basé sur la réhabilitation plutôt que sur la répression. C'est une chose sur laquelle on peut peut-être débattre. Certains experts vont dire que cela fonctionne, d'autres diront que cela ne fonctionne pas. Lorsqu'on parle d'un système de répression, les statistiques sur lesquelles on peut vraiment se fier sont celles des États-Unis. Un des systèmes les plus répressifs au monde, on le sait, est celui des États-Unis.
J'ai fait des recherches sur Internet. J'ai y ai trouvé des articles et des discours faits dans des législatures américaines, soit dans des États extrêmement conservateurs, républicains, comme le Texas, la Caroline du Sud et l'Ohio. Ces États ont adopté le genre de politiques que les conservateurs essaient de nous faire gober. En effet, les conservateurs essaient d'obliger les Canadiens à faire fi des valeurs et des principes fondamentaux qu'on a tant défendus en faveur d'un genre de vision un peu biblique — le parlait de la Bible — du système de justice. Je vais lire quelques phrases prononcées par des gouverneurs considérés comme étant de l'extrême droite aux États-Unis.
[Traduction]
Voici ce que dit un article:
Des conservateurs de l'État qui sévit le plus contre la criminalité, le Texas, disent que la stratégie de lutte contre le crime du gouvernement Harper ne fonctionnera pas.
Un juge a déclaré ce qui suit:
« Vous allez dépenser des milliards pour emprisonner des gens », a dit le juge John Creuzot de la cour de comté du comté de Dallas. « Et à un moment donné, la population dira "C'est assez!", et vous finirez par les libérer [sans leur donner le moindre soutien]. »
L'article se poursuit.
Le représentant Jerry Madden, un républicain conservateur a la tête du Texas House Committee on Corrections, ajoute que « la construction de prisons coûte très cher, et si vous les construisez, je vous assure qu'il y aura des gens pour les remplir. Comprenez-vous? Car c'est là qu'on les enverra. »
Il faisait allusion au peuple américain.
Ces commentaires correspondent à ceux d'une coalition d'experts de Washington, dans le District de Columbia, qui a critiqué la mesure législative omnibus de lutte contre le crime du gouvernement Harper, le projet de loi ...
:
Monsieur le Président, je vous présente mes sincères excuses. Je parle du projet de loi omnibus de lutte contre la criminalité du gouvernement conservateur, le projet de loi .
Le directeur général du Justice Policy Institute, qui est établi à Washington, a dit ceci:
Les gouverneurs républicains et les législateurs d'États comme le Texas, la Caroline du Sud et l'Ohio sont en train d'éliminer les peines minimales obligatoires et d'encourager une surveillance efficace dans la collectivité ainsi que le financement des programmes de traitement de la toxicomanie parce qu'ils savent que cela contribuera à la sécurité publique et coûtera moins cher aux contribuables...
[Français]
Lorsque les conservateurs nous parleront des faits sur le terrain, on devrait écouter attentivement les Américains qui ont déjà utilisé ce genre de politique, politique qui, malheureusement, n'a pas fonctionné. Parlant de statistiques aux États-Unis, un avocat qui dirige un groupe de défense des droits des Américains et des consommateurs dit ce qui suit:
[Traduction]
Au cours des dernières années, nous avons connu au Texas une diminution de plus de 10 % de notre taux d'incarcération et, surtout, de notre taux de criminalité.
[Français]
Selon cet avocat, depuis que l'État du Texas a adopté une politique de réhabilitation, son taux de criminalité a diminué de façon draconienne.
Selon lui, et selon le FBI d'ailleurs, le taux de criminalité du Texas a diminué de 12,8 % entre 2005 et 2010. Il applaudit donc au système de justice criminelle du Canada, et il implore les conservateurs et le gouvernement de ne pas tomber dans le cercle vicieux de la répression, qui n'a pas fonctionné aux États-Unis.
Plusieurs États, dont la Floride, la Caroline du Nord, l'Ohio et le Texas, essaient actuellement d'imiter le système canadien dans le but de diminuer leur taux de criminalité. Je tenais à faire cette petite parenthèse.
Des experts ont vécu dans un système de peine minimale obligatoire, ils l'ont essayé et ils nous disent maintenant, à nous Canadiens, qu'il ne fonctionne pas. Ils nous demandent de ne pas faire comme eux, parce que nos coûts augmenteront et que la sécurité de nos communautés sera moindre. Ils nous demandent donc de continuer à nous servir de notre système, car ils ont commencé à l'adopter et il fonctionne.
Comme mes collègues l'ont mentionné, notamment notre porte-parole en matière de justice, l'honorable députée de , nous allons appuyer le projet de loi .
Ici, tout le monde s'entend pour dire que les crimes de nature sexuelle envers les enfants sont horribles, et je comprends que nous devons sévir.
Par contre, comme l'honorable députée de l'a mentionné dans son discours, le ministre nous a dit en comité que le taux de ce genre d'infraction avait augmenté de 6 % depuis que son parti avait adopté les peines minimales en matière d'infraction sexuelle envers les enfants. Nous nous trouvons devant un dilemme. L'instauration ou l'augmentation de peines minimales obligatoires fonctionnent-elles vraiment?
Selon les statistiques que le ministre nous a présentées en comité, il s'agit effectivement d'une augmentation de 6 %. Je ne tire pas de conclusion, car nous n'avons pas encore assez d'informations pour nous pencher sur la réelle efficacité de ce genre de peines. Il serait toutefois intéressant que le ministre revienne en comité pour nous présenter les études qui ont été menées et expliquer les conclusions tirées de l'application de ces nouvelles peines minimales.
À mon avis, nous n'avons pas encore assez d'informations pour savoir quel genre de politique nous devrions mettre en oeuvre. De plus, les Américains qui ont utilisé un système de peines minimales obligatoires demandent aux Canadiens de ne pas faire la même erreur qu'ils ont commise.
J'ai bien hâte de pouvoir discuter de ce projet de loi avec le ministre et les experts, afin de voir exactement ce que nous devons faire pour empêcher que des crimes de nature sexuelle contre nos enfants soient commis.
Par ailleurs, le gouvernement fédéral a annoncé qu'il allait abolir le programme du Service correctionnel du Canada, une économie d'environ 650 000 $. On s'entend qu'il n'y a pas de quoi se « pitcher » sur les murs. C'est une goutte d'eau dans les milliards de dollars qui sont injectés dans le système judiciaire chaque année. De plus, il a été prouvé que le programme fonctionnait et qu'il a diminué le taux de récidive jusqu'à 70 %.
Je comprends que les criminels doivent répondre de leurs actes. C'est un principe fondamental. Toutefois, les victimes dans nos communautés ne vont pas en prison. Ils ont besoin de se sentir soutenus par des programmes du gouvernement. Or on veut abolir le programme qui rendait nos communautés plus sécuritaires, comme les gens en ont témoigné.
On ne peut pas adopter un programme comme celui des conservateurs, qui consiste à mettre des gens en prison et à évacuer tout le reste de la question. Qu'est-ce qu'on fera quand ces gens-là seront libérés? Est-ce qu'on les laissera simplement à eux-mêmes?
L'honorable députée de nous racontait l'histoire d'un individu qui avait été libéré de prison dans son comté, qui avait été laissé à lui-même et qui avait été arrêté de nouveau par la police. Que fait-on avec ces gens-là? Ils ont besoin qu'on les soutienne, non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour la sécurité de leur communauté et de nos enfants. C'est faux de dire qu'en emprisonnant des gens, on va sauver nos enfants. On va peut-être les sauver pour une certaine période de temps, mais les enfants grandissent, fêtent leur anniversaire chaque année et restent dans la communauté.
Alors, que fait-on pour les protéger non seulement pendant cinq ans, mais pendant 10, 15, 20 ans? Je rappelle qu'en vertu de la Convention relative aux droits de l'enfant, un enfant est un enfant jusqu'à 18 ans. On peut mettre quelqu'un en prison pour cinq ou sept ans, mais un enfant est un enfant jusqu'à 18 ans. Ainsi, il a droit à la protection de son gouvernement jusqu'à ce qu'il ait 18 ans. Il devient ensuite un adulte. Un adulte a droit aussi a la protection de son gouvernement, mais on parle présentement des infractions de nature sexuelle envers des mineurs. Pourquoi donc supprimer des programmes qui fonctionnent?
D'autre part, j'aimerais soulever le problème du registre. On donne au ministre le pouvoir discrétionnaire d'adopter des réglementations afin de déterminer ce qu'est un délinquant à haut risque. On sait très bien que les pouvoirs discrétionnaires donnés aux ministres sans organe de surveillance ne sont jamais de bons pouvoirs, car il peut y avoir des abus. Cela pose un problème: quelles sont ces réglementations, comment le ministre va-t-il les adopter, et est-ce qu'il va devoir rendre compte aux parlementaires?
Ici, on ne parle pas seulement d'un registre; il s'agit aussi de permettre aux parlementaires de bien faire leur travail. Si le ministre se donne des pouvoirs discrétionnaires sans aucune transparence, moi, j'y mets un bémol.
Il importe également de se demander si le ministre a consulté les provinces. Même si le Parlement peut légiférer en matière de droit criminel et amender le Code criminel, le fardeau de l'application de ce dernier et de la justice criminelle revient souvent aux provinces.
Le ministre a-t-il consulté les provinces? Le ministre comprend-il ce que les provinces seront obligées d'adopter ou de défaire? Les provinces vont devoir s'y adapter. Alors, que va faire le ministre pour consulter les provinces, mais aussi pour les soutenir afin de diminuer le taux d'infraction de nature sexuelle envers les enfants?
On est en train de légiférer, ici, en ce moment, mais ce sont les provinces qui vont encore en subir les contrecoups. Encore une fois, le gouvernement évacue sa responsabilité envers les provinces. On parle souvent de prisons remplies. Ma collègue de Gatineau vient de poser une question au secrétaire parlementaire. On manque d'avocats, de procureurs de la Couronne et de juges en matière criminelle.
Le système de justice criminelle est un tout. Ce ne sont pas seulement des infractions et des peines. Ce sont des avocats, des travailleurs sociaux, de l'aide aux victimes et des juges. C'est un système qui doit être cohérent, et si on ne fait pas en sorte que ce système soit cohérent, on a raté le bateau ou on a manqué le train, comme on dit.
J'aimerais aborder un autre problème. Encore une fois, ma collègue de Gatineau, en posant une question au ministre sur les ressources de la GRC, a justement pu découvrir que la GRC avait beaucoup de problèmes quant à la mise à jour des casiers judiciaires. Plusieurs personnes sont souvent outrées parce qu'un criminel va être remis en liberté après plusieurs infractions. Or, parce qu'il y a des problèmes de mise à jour des casiers judiciaires, les antécédents judiciaires ne sont pas mis à jour continuellement. Comment les procureurs de la Couronne, les avocats ou les juges sont-ils censés faire leur travail si la GRC n'a pas de ressources suffisantes?
Comment va-t-on mettre en oeuvre un registre des prédateurs si la GRC n'est même pas capable d'inscrire les infractions au casier judiciaire des gens qui les ont commises? C'est incohérent. Les policiers, les avocats et les juges ne pourront pas faire leur travail.
J'espère qu'on adoptera le meilleur projet de loi pour protéger nos enfants et pour faire en sorte que, une bonne fois pour toutes, les gens sachent qu'ils peuvent compter sur leur gouvernement pour mettre fin aux infractions de nature sexuelle envers les enfants et protéger leur communauté.
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Monsieur le Président, c'est un véritable honneur pour moi de participer au débat sur le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture.
Je vais partager mon temps de parole avec l'infatigable , que je tiens d'ailleurs à remercier pour le travail qu'elle fait dans ce dossier. Elle a un très grand coeur. Je la connais depuis quelques années déjà, et c'est l'une des personnes les plus empathique je que connaisse. Elle a déjà été policière, alors je peux seulement imaginer tout le soin et l'ardeur qu'elle mettait à faire son travail.
Je tiens en outre à remercier les porte-parole néo-démocrate et libéral de s'être engagés à appuyer la Charte des droits des victimes et le projet de loi , car ils prouvent ainsi qu'ils ont à coeur de protéger les victimes d'agressions sexuelles. La Chambre a le devoir, quand on lui soumet des mesures législatives aussi importantes, de parler ainsi d'une seule voix. Je trouve que c'est très encourageant, pour moi comme pour les Canadiens
Le projet de loi n'est qu'une des nombreuses initiatives concrètes sur lesquelles mise le gouvernement pour combattre les diverses formes d'exploitation sexuelle des enfants. Il fera en sorte que les peines associées aux infractions sexuelles contre les enfants reflètent la gravité et la nature répréhensible de ces crimes.
Le projet de loi nous aidera à atteindre cet objectif notamment en faisant en sorte que les individus qui ont commis des infractions sexuelles contre plusieurs enfants ne reçoivent pas de peines à rabais. Pour bien saisir les modifications proposées, il faut comprendre comment les tribunaux déterminent la peine dans les affaires portant sur de multiples infractions.
Le paragraphe 718.3(4) du Code criminel établit les principes généraux quant à la façon dont les peines imposées dans de telles affaires doivent être purgées. Il prévoit que les peines doivent être concurrentes — soit purgées en même temps —, ou consécutives. Malheureusement, cette disposition est composée d'un amalgame de dispositions légales, dont la plupart datent du premier Code criminel du Canada. Le libellé même du paragraphe est difficile à lire.
Cette disposition est donc d'une utilité limitée pour les tribunaux lors de la détermination de la peine. Le projet de loi clarifierait le paragraphe. Lorsque les tribunaux doivent déterminer la peine d'un délinquant qui a commis plusieurs infractions, ils ont le pouvoir discrétionnaire d'ordonner que les peines soient purgées les unes après les autres, soit de façon consécutive, ou en même temps, soit de façon concurrente.
Au fil des ans, les tribunaux canadiens ont développé l'approche suivante: ils ordonnent d'ordinaire que les peines soient purgées consécutivement, à moins que les infractions soient basées sur les mêmes faits, et ils imposent alors d'habitude des peines concurrentes.
Au moment d'évaluer si les infractions ont été commises lors d'un même événement, les tribunaux examineront, par exemple, s'il existe un lien véritable ou temporel entre les infractions ou s'il y a un rapport logique entre elles.
Ce n'est toutefois pas une règle absolue. Les tribunaux reconnaissent que dans certains cas, les peines infligées pour des infractions commises dans le cadre d'un même événement ou d'une série d'événements devraient être purgées consécutivement.
Cette approche est notamment adoptée dans les cas où un délinquant essaie d'échapper à la police après avoir commis une infraction telle qu'un vol à main armée. La règle générale, c'est qu'en pareille situation, les peines infligées pour ces infractions soient purgées concurremment. Toutefois, les tribunaux imposent généralement des peines consécutives pour reconnaître la nature répréhensible d'une telle infraction.
Les tribunaux suivront généralement le même principe dans les cas où un délinquant en liberté provisoire, également connue sous le nom de mise en liberté sous caution, commet une autre infraction, c'est-à-dire lorsqu'un délinquant purge une peine pour une infraction, est libéré sous caution et récidive.
Les tribunaux s'entendent généralement pour dire qu'une peine pour une infraction commise lorsque le délinquant est libéré sous caution devrait être purgée consécutivement à la peine pour l'infraction pour laquelle il a été initialement mis en liberté provisoire. Autrement, ils lanceraient le message qu'il n'y aurait aucune conséquence pour le délinquant qui commet une infraction alors qu'il est en liberté sous caution.
Le projet de loi propose de codifier cette approche en matière de détermination de la peine en ordonnant aux tribunaux d'envisager l'imposition de peines de prison consécutives, surtout lorsque les infractions ne découlent pas d'un seul agissement.
Il convient également de signaler que le principe de totalité qui figure à l'alinéa 718.2c) du Code criminel consiste en l'obligation d’éviter l’excès de nature ou de durée dans l’infliction de peines consécutives.
Dans de telles circonstances, ce principe donne aux tribunaux le pouvoir discrétionnaire d'imposer des peines concurrentes lorsque l'imposition de peines consécutives n'est pas justifié. Malgré la grande marge de manoeuvre dont jouissent les tribunaux relativement à la décision d'imposer des peines concurrentes ou consécutives, le Code criminel oblige les tribunaux à imposer des peines consécutives pour certaines infractions particulièrement graves, nommément la possession d'explosifs par une organisation criminelle; l'usage d'une arme à feu lors de la perpétration d'une infraction; les infractions liées au terrorisme, sauf quand une peine de prison à perpétuité est imposée; et les infractions liées aux organisations criminelles.
Comme je l'ai affirmé dans mon introduction, le but principal du projet de loi est de veiller à ce que les gens qui commettent des infractions sexuelles contre des enfants purgent une peine qui reflète la gravité et la nature répréhensible de leurs crimes. Outre les peines minimales obligatoires plus sévères et les peines maximales plus sévères pour certaines infractions sexuelles à l'égard d'enfants, le projet de loi propose d'ajouter les peines imposées pour de multiples infractions sexuelles à l'égard d'enfants à la liste des peines consécutives obligatoires pour veiller à ce que la peine imposée soit appropriée.
Les modifications proposées feraient également en sorte que le tribunal ordonne que les peines imposées concernant des infractions liées à la pornographie juvénile soient purgées consécutivement aux peines imposées pour des contacts sexuels avec un enfant. Penons l'exemple d'un délinquant qui est reconnu coupable, en même temps, d'avoir consulté et produit de la pornographie juvénile et d'avoir agressé sexuellement une personne de moins de 16 ans. La modification proposée ferait en sorte que les peines relatives à la pornographie juvénile et à l'agression sexuelle soient purgées consécutivement.
Cette approche vise à reconnaître en partie la pratique des tribunaux qui consiste à imposer des peines qui rendent vraiment compte du caractère odieux des infractions sexuelles contre des enfants et particulièrement de la pornographie juvénile, en particulier lorsque ce matériel est distribué sur Internet, parce que cela le rend accessible de manière permanente partout dans le monde.
Les modifications proposées visent également des cas où il y a plusieurs victimes; elles feraient en sorte que les peines imposées, en même temps, concernant des infractions liées à l'exploitation sexuelle d'un enfant soient purgées consécutivement aux peines concernant des infractions liées à l'exploitation sexuelle d'un autre enfant. À bien des égards, les modifications proposées assureront une plus grande uniformité et certitude en ce qui concerne la détermination des peines à l'avenir, en particulier lorsqu'il est question de l'exploitation sexuelle d'un enfant.
Le projet de loi propose une approche qui témoigne clairement de l'engagement du gouvernement à s'assurer que les peines liées à des infractions sexuelles contre un enfant reflètent la gravité de ces infractions et qu'elles font en sorte que tous les agresseurs sexuels d'enfants répondent des gestes qu'ils ont commis, soit l'exploitation et l'agression sexuelles d’un enfant. Les modifications proposées mettront notamment fin aux peines à rabais pour les auteurs d’infractions sexuelles multiples contre un enfant et veilleront à ce que le tribunal tienne compte de chaque victime au moment de déterminer les peines imposées aux délinquants.
J’invite mes collègues députés à unanimement appuyer le projet de loi, et ce, sans réserve. Je crois que cela s’en vient, et j'attends ce vote avec impatience.
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Monsieur le Président, je suis ravie d'intervenir au sujet du projet de loi .
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je tiens à faire une mise au point. Je sais que ces questions très difficiles tiennent à coeur à de nombreux députés. Lorsque j'ai posé une question un peu plus tôt à la députée de , celle-ci a dit des choses désagréables à mon sujet et s'est même demandé si je méritais de faire partie du gouvernement.
Je compte près de 19 années d'expérience dans le milieu policier. J'ai bien l'intention de retourner travailler dans ce secteur un jour. J'ai passé quatre ans et demi au sein de l'unité de lutte contre la violence faite aux enfants. J'ai assisté à beaucoup trop d'autopsies pratiquées sur des enfants. J'ai vu que certains de ces enfants — ceux qui ont survécu — devraient vivre avec d'horribles blessures le reste de leur existence. J'ai travaillé sur chacun des projets de loi en matière de criminalité et de justice présentés par le gouvernement conservateur et je suis fière de dire que les mesures qu'ils contiennent auront pour effet de continuer de protéger les Canadiens.
J'estime que ce sont les électeurs de ma circonscription qui peuvent décider si j'ai ma place au gouvernement, tout comme ce sont les électeurs de sa circonscription qui peuvent le faire dans son cas. Lorsque la jeune députée s'est rendue compte que ce qu'elle venait de dire était inapproprié, elle m'a présenté des excuses. Or, j'estime qu'on peut mesurer la force de caractère d'une personne lorsqu'elle est capable de retirer officiellement des paroles qu'elle a exprimées publiquement. Je l'ai donc mise au défi de se rétracter, pour que les électeurs de ma circonscription sachent que ce qu'elle a dit était désobligeant et que ses paroles ont dépassé ses pensées, mais elle a refusé.
Je suis outrée qu'une jeune femme élue pour aider ses concitoyens s'en prenne à d'autres députés pendant un débat sur un projet de loi qui nous enflamme tous. Je tenais à le dire, parce que je voulais lui donner l'occasion de s'excuser pour prouver sa sincérité.
Je reviens maintenant au projet de loi, que bien des députés appuient, en fait, y compris des néo-démocrates, des libéraux et certains députés indépendants. Je tiens d'ailleurs à les en remercier sincèrement, car c'est probablement l'un des plus importants projets de loi dont nous avons été saisis depuis que je suis députée.
Depuis son élection en 2006, le gouvernement a toujours dit clairement que l'une de ses grandes priorités étaient la lutte contre la criminalité. Nous savons tous que les Canadiens respectueux de la loi sont en droit de s'attendre à vivre dans un pays où ils se sentent en sécurité dans leur maison et dans leur collectivité. Les Canadiens veulent savoir que leurs enfants sont protégés contre les délinquants sexuels, que ce soit sur Internet ou dans leurs rues et leur quartier.
Bien que les Canadiens respectueux de la loi croient, comme moi, à l'importance de la réadaptation des délinquants, ils estiment aussi que les peines devraient être proportionnelles aux crimes commis. Le gouvernement aussi, et c'est ce qui a orienté les mesures énergiques que nous avons prises depuis 2006.
Depuis, le gouvernement a mis de l'avant plusieurs mesures importantes pour protéger les personnes vulnérables et obliger les délinquants à répondre de leurs actes. Nous avons mis en place des dispositions plus strictes pour la détermination des peines et les cautionnements, notamment, dans les cas de crimes graves commis avec une arme à feu. Nous avons renforcé le régime de détermination des peines et la surveillance des délinquants dangereux à risque élevé. Nous avons fait en sorte que les meurtres en lien avec le crime organisé soient traités automatiquement comme des meurtres au premier degré. Nous avons imposé des peines d'emprisonnement obligatoires dans les cas de fusillade depuis une voiture ou d'utilisation irresponsable d'une arme à feu. Nous avons également rallongé les périodes précédant l'admissibilité à une libération conditionnelle pour les auteurs de plusieurs meurtres. Nous avons aboli la disposition de la dernière chance, qui permettait aux meurtriers d'obtenir une libération conditionnelle anticipée. Nous avons mis fin au calcul en double du temps passé en détention présentencielle. Nous avons mis fin à la pratique consistant à accorder la libération conditionnelle anticipée aux criminels en col blanc et à d'autres délinquants non violents. Nous avons aussi éliminé la possibilité, pour les agresseurs d'enfants, d'obtenir un pardon.
Nous n'avons pas ménagé les efforts non plus aux chapitres de la prévention des crimes et de l'aide aux victimes. Par exemple, nous avons créé l'Ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, qui a pour mandat de fournir de l'information sur les droits des victimes et sur les services qui leur sont offerts, de recueillir les plaintes et de sensibiliser les décideurs et le système de justice aux préoccupations des victimes. Nous avons créé le Fonds de lutte contre les activités des gangs de jeunes, qui soutient des programmes locaux efficaces visant à aider les jeunes à risque à éviter de se retrouver mêlés aux gangs et à des activités criminelles.
Le gouvernement a présenté une mesure législative sur les comportements criminels en ligne, y compris la cyberintimidation. Même si elle vise à protéger tous les Canadiens, ce sont surtout nos jeunes qui deviennent la proie de ce type de crimes en ligne.
Ce ne sont là que quelques exemples de ce que le gouvernement a fait pour le bien de tous les Canadiens respectueux de la loi. Toutefois, nous savons que nous pourrions faire encore plus, surtout pour protéger les plus vulnérables, nos enfants. C'est ce que vise précisément le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Avant de parler plus longuement de la mesure législative proposée, je vais faire un bref historique du Registre national des délinquants sexuels. La Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels qui est entrée en vigueur en 2004 a permis la création d'une banque de données sur les délinquants sexuels reconnus coupables partout au Canada. Cette banque de données contient des renseignements comme la description physique, le nom, l'adresse et le lieu de travail des délinquants. Elle est gérée par la Gendarmerie royale du Canada et utilisée par les policiers de tout le Canada pour prévenir les crimes à caractère sexuel et mener des enquêtes sur ceux-ci. Je me souviens très bien l'avoir utilisée quand j'étais policière. Le registre est une initiative commune avec les provinces et les territoires et les corps policiers de tout le pays y ont accès. C'est la condamnation d'un délinquant à un éventail d'infractions à caractère sexuel qui détermine son inscription à ce registre, pas le danger qu'il représente.
En 2010, le gouvernement a présenté d'importantes réformes législatives visant à renforcer le Registre national des délinquants sexuels et la banque de données génétiques, et ce, dans le but de mieux protéger nos enfants et nos collectivités contre les délinquants sexuels. Parmi ces réformes, on comptait notamment des modifications à la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, au Code criminel, à la Loi sur le transfèrement international des délinquants et à la Loi sur la défense nationale.
Ces modifications ont permis l'inscription automatique des délinquants sexuels reconnus au Registre national des délinquants sexuels et le prélèvement obligatoire de leur ADN, de même que l'élargissement du registre pour inclure son utilisation à des fins de prévention des crimes sexuels, et non seulement à des fins d'enquête. À cet égard, les policiers ont obtenu accès à la base de données pour la consultation, la communication et la comparaison des renseignements, ainsi que la vérification du respect des règles. On a aussi inclus les numéros de plaque d'immatriculation, et on inscrit désormais les délinquants sexuels condamnés à l'étranger. Des modifications connexes ont également été apportées afin que les réformes s'appliquent aux individus reconnus coupables d'infractions sexuelles par le système de justice militaire.
Ces modifications, entrées en vigueur l'année suivante, ont reçu l'appui généralisé des familles des victimes, de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels et du Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes.
En octobre 2013, environ 36 000 délinquants sexuels étaient inscrits au registre. Malheureusement, 24 000 de ces individus ont été reconnus coupables d'une infraction sexuelle contre un enfant. Voilà pourquoi je suis heureuse de parler des modifications législatives qui visent à protéger les personnes les plus vulnérables de notre société des personnes les plus odieuses.
Quand je pense au projet de loi , je me rappelle les nombreuses enquêtes auxquelles j'ai participé. Si seulement nous avions eu accès à cet outil puissant qu'est le registre modifié des délinquants sexuels lorsque je travaillais à l'unité de lutte contre la violence faite aux enfants, nous aurions peut-être pu prévenir certains de ces crimes. Je suis ravie et fière de faire partie d'un gouvernement qui a jugé sage de permettre aux policiers d'utiliser ce registre de manière préventive.
Je voudrais parler aux députés de quelques-uns des dossiers dont je me suis occupée et pour lesquels le projet de loi aurait été utile.
Dans un cas, il y avait 28 victimes âgées de 12 à 17 ans. Il s'agissait principalement de garçons qui avaient été agressés sexuellement et forcés à se prostituer durant des années. Bien qu'ils se soient soumis aux procédures judiciaires et qu'ils aient témoigné, ces garçons n'ont jamais sentis que justice avait été rendue, car les délinquants ont été condamnés à des peines si légères que les jeunes se sont sentis trahis.
En prévoyant des peines appropriées et consécutives pour les crimes commis, de sorte que l'intérêt de chaque enfant soit pris en considération et que chaque enfant compte autant que les autres, nous redonnerions aux victimes la confiance qui leur fait défaut, comme les députés du NPD le disent. Je sais que nos victimes auraient ainsi l'assurance qu'il y a bel et bien de l'espoir et que leur travail au sein du système de justice pénale pour prévenir des crimes semblables contre d'autres personnes sera bonifié, respecté et apprécié.
Je suis la voix des nombreux policiers du pays qui seront heureux de ces changements. Je suis même la voix des délinquants, qui ne sont pas capables de se résoudre à obtenir l'aide dont ils ont besoin lorsqu'ils se trouvent hors des établissements pouvant leur offrir les programmes nécessaires pour prévenir la récidive. Je suis la voix des mères dont les enfants ont été victimes de ces crimes. Je suis la voix de mes enfants, qui ont vu leur mère grandement ébranlée par beaucoup de crimes du genre.
J'espère que tous les députés seront fidèles à leurs engagements et adopteront à l'unanimité ce projet de loi très important.
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Monsieur le Président, c'est un honneur et un privilège de parler du projet de loi , Loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d'enfants. Je remercie tout particulièrement la ministre de ses observations de tout à l'heure sur l'importance des peines minimales, parce que, même s'il s'agit d'un seul enfant, il est crucial de protéger cet enfant d'un criminel qui est en prison.
Le projet de loi témoigne de l'importance qu'accorde le gouvernement à protéger les enfants des formes d'exploitation les plus horribles. Le gouvernement et tous les députés sont déterminés à faire en sorte que ceux qui commettent ces crimes horribles soient tenus responsables de leurs actes et qu'ils soient punis en conséquence, et tout particulièrement à tenir les criminels loin de leurs victimes afin qu'ils ne puissent pas récidiver.
Les amendements proposés comprendraient l'augmentation des peines minimales obligatoires. Voilà pourquoi je crois que cette question constitue une priorité au Parlement aujourd'hui et pourquoi nous avons continué de parler des peines et de leur importance pour tenir les prédateurs loin des enfants et des victimes. Prévoir des peines minimales et des peines maximales pour certaines infractions sexuelles à l'égard des enfants montre que l'on reconnaît la gravité de ces infractions et de leur incidence sur les enfants.
Je constate que les amendements proposés au projet de loi s'appuient sur les réformes découlant de la Loi sur la sécurité des rues et des communautés, car ils font en sorte que toutes les infractions sexuelles contre des enfants qui peuvent faire l'objet de poursuites par procédure sommaire sont punissables par une peine d'emprisonnement maximale de deux ans moins un jour. Je crois que c'est très bien.
Le projet de loi vise directement et dénonce la pornographie juvénile et fait en sorte que les infractions les plus graves s'y rattachant soient traitées plus sévèrement. Je tiens à en parler parce que le projet de loi prévoit que les infractions liées à la production et la distribution de pornographie juvénile ne seraient plus des infractions mixtes donnant lieu uniquement à un emprisonnement maximal de deux ans moins un jour si la personne visée fait l'objet d'une poursuite par procédure sommaire. Il importe de noter qu'aux termes du projet de loi , qui devrait être adopté dans les plus brefs délais, la production et la distribution de pornographie juvénile seraient considérés strictement comme des actes criminels et seraient passibles d'une peine minimale obligatoire de 1 an d'emprisonnement ou d'une peine maximale de 14 ans d'emprisonnement.
J'aimerais prendre quelques instants pour parler d'un jeune homme très brave, un enfant de 10 ans, qui m'a écrit une lettre de 4 pages pour me dire qu'il a une dépendance à la pornographie. Je me rappelle que, lorsque j'en ai parlé dans le cadre d'une entrevue avec le National Post, certains lecteurs ont dit: « Ah, Mme Unetelle n'a pas du tout d'enfant comme celui que l'on décrit. »
En fait, des gens de partout au pays m'ont envoyé des lettres et des courriels à ce sujet, mais l'histoire de cet enfant m'a vraiment frappée parce que, quand ses parents ont lu la section des commentaires du National Post, cela les a mis très en colère, et ils ont appelé le journal. Ils sont montés dans leur fourgonnette avec leurs enfants et quelques voisins, et ils se sont rendus jusqu'ici, à la Colline du Parlement, pour frapper à ma porte et parler avec moi. Ils m'ont dit qu'il s'agissait d'un grave problème qui ne touchait pas seulement leur enfant, mais aussi d'autres enfants d'âge scolaire partout au pays. Ils ont ajouté que les lois canadiennes sur la pornographie juvénile et sur ses effets étaient très faibles parce que, dans le monde réel, lorsque des trafiquants d'enfants ciblent des victimes, ils les exposent souvent à la pornographie pour que les enfants croient que c'est une chose normale. C'est ce qu'ils leur apprennent.
Je songe également à un autre cas, celui d'une jeune fille qui est venue me voir et à qui j'ai remis un prix pour sa bravoure il y a environ quatre semaines. Son grand-père, qui était pédophile, lui faisait regarder de la pornographie, quand ses parents étaient au travail. Il était à la maison parce qu'il s'occupait d'elle. C'est tellement troublant. Il a fini par vendre les services sexuels de sa propre petite-fille et il a gagné beaucoup d'argent de cette façon. Des années plus tard, des malheurs terribles ont frappé cette jeune fille parce que sa vie avait été complètement bouleversée.
Il est question ici de Canadiens de la classe moyenne, non de toxicomanes. On ne parle pas de sans-abri, mais bien de gens de la classe moyenne du Canada.
Ce projet de loi est important parce qu'il dénonce la pornographie juvénile. Les enfants sont les citoyens les plus vulnérables au pays. Ce sont les petites victimes qui gardent le silence, surtout si ces actes d'exploitation sont commis par un proche ou une personne qu'ils sont censés respecter et aimer. On enregistre de plus en plus de cas de pornographie juvénile au Canada.
Le projet de loi érigerait la pornographie juvénile en infraction criminelle passible de peines minimales obligatoires. S'il en était autrement, de nombreux prédateurs, dans la quiétude de leurs tanières et foyers, utiliseraient la pornographie juvénile de la manière la plus abjecte qui soit. Les peines sont un instrument à notre disposition pour sévir contre les comportements illégaux des prédateurs et les torts qu'ils causent aux victimes. Dans le cas de la pornographie juvénile, les enfants sont d'innocentes victimes d'un crime horrible.
Aucun député ne veut que l'on s'en prenne aux enfants. Ce sont des victimes silencieuses. Dans le monde adulte, nous devons mettre en place des mesures que les adultes comprennent, car ce sont surtout des adultes qui exploitent sexuellement les enfants, et ce projet de loi est un pas dans la bonne direction. Toutefois, les peines ne sont pas les seuls outils à notre disposition.
Trop souvent, une peine qui devrait être exemplaire ne l'est plus vraiment, car le contrevenant obtient en quelque sorte un rabais sur le nombre de crimes commis. Cette situation me frustre. On regroupe plusieurs infractions et on impose une seule peine au contrevenant pour l'ensemble de ces infractions. Je sais qu'un contrevenant s'en est déjà pris à 47 enfants. À ce moment-là, il y a de nombreuses années, on lui a imposé une seule peine, et ce, même si chacun de ces 47 enfants avait subi des torts. Deux d'entre eux ont fini par se suicider. Je ne sais pas combien sont devenus alcooliques ou toxicomanes, mais depuis, j'ai appris que plusieurs d'entre eux ont participé à des programmes de lutte contre la toxicomanie. D'autres ont suivi une thérapie et vont mieux depuis.
Lorsque nous, parlementaires, discutons de ce que nous devons faire, nous ne devons pas perdre de vue que l'important, ce n'est pas le contexte politique, ni ce que chaque parti pense de la situation. Nous sommes censés nous occuper des personnes les plus vulnérables de la société. Dans le cas présent, il s'agit des enfants de notre pays.
Parfois, les tribunaux ordonneront que les peines imposées pour les infractions visant plusieurs victimes soient purgées concurremment. Cela arrive aussi lorsqu'un contrevenant a commis plusieurs infractions visant la même victime. C'est pour cette raison que j'appuie les propositions figurant dans ce projet de loi, qui visent à préciser les règles générales relatives à l'imposition de peines consécutives et concurrentes. J'appuie également la proposition visant plus particulièrement les contrevenants qui ont commis plusieurs infractions sexuelles contre des enfants sur une longue période. Ces contrevenants s'en tirent à bon compte depuis trop longtemps. C'est presque devenu la norme dans certains cas. Cela fait presque partie de la réalité. Au Canada, il ne peut pas en être ainsi. Au Canada, nous voulons mettre un terme à cette pratique.
Je vais tenter de démystifier les règles actuelles qui figurent dans le Code criminel, de même que les nouvelles règles proposées, d'une façon pratique et concrète.
Les peines consécutives sont purgées l'une après l'autre par le contrevenant. Quant aux peines concurrentes, elles sont purgées en même temps; dans ce cas, le contrevenant purge la peine la plus longue. À l'heure actuelle, le Code criminel prévoit que les peines consécutives sont imposées pour les infractions suivantes: possession d'explosifs par une organisation criminelle, utilisation d'une arme à feu pour commettre une infraction, infractions liées au terrorisme et infractions commises par une organisation criminelle.
Voilà ce qui est actuellement prévu au Code criminel. Pour certaines autres infractions, le Code criminel laisse aux tribunaux le pouvoir discrétionnaire d'imposer des peines consécutives. Il ne précise toutefois pas quand il serait préférable d'imposer pareilles peines; il prévoit seulement qu'il faut éviter l'excès de nature ou de durée.
Au fil des ans, les tribunaux canadiens ont développé l'approche générale suivante: ils ordonnent d'ordinaire que les peines soient purgées consécutivement, à moins que les infractions soient basées sur les mêmes faits, auquel cas, ils imposent alors des peines concurrentes. Au titre de la règle dite des mêmes faits, connue sous le nom de critère de la même opération, il faut qu'il y ait un lien étroit entre les infractions commises pour justifier l'imposition de peines concurrentes. Il en va ainsi parce que c’est au comportement criminel du délinquant, y compris au fait qu’il ait pu commettre plusieurs infractions, qu’on peut déterminer son caractère moralement répréhensible.
C'est le tribunal qui détermine, au regard des faits, si les infractions sont basées sur les mêmes faits. Dans certaines affaires, la nature des infractions exige l'imposition de peines consécutives. Par exemple, les tribunaux ordonneront d'ordinaire que la peine infligée pour s'être enfui d'un agent de la paix soit purgée consécutivement à toute autre infraction basée sur les mêmes faits. Soulignons d'ailleurs que les tribunaux reprennent fréquemment ce libellé. Dans le même ordre d'idées, les tribunaux ordonneront souvent que la peine imposée pour une infraction commise pendant que l'individu était en liberté sous caution soit purgée de façon consécutive à toute peine infligée pour d'autres infractions.
Les modifications proposées visent à clarifier les règles prévues au Code criminel et à codifier les principes développés par les tribunaux dont je viens tout juste de parler. Par exemple, le projet de loi prévoit que les tribunaux seraient tenus d'envisager d'imposer des peines consécutives lorsque le délinquant, dans une même affaire, est déclaré coupable de multiples infractions qui ne sont pas basées sur les mêmes faits, notamment les infractions commises pendant que le défendeur était en liberté sous caution ou qu'il fuyait un agent de la paix.
Le projet de loi clarifierait aussi le Code criminel en obligeant les tribunaux à envisager d'imposer des peines consécutives lorsque le délinquant est déclaré coupable d'une seule infraction, mais qu'il est déjà en train de purger une peine de prison pour une autre infraction.
Ce qu'on constate dans la réalité, c'est que les parents et les familles sont parfois frustrés et consternés par le fonctionnement et le manque de clarté du système judiciaire. Ce qui est merveilleux avec le projet de loi , c'est qu'il clarifie beaucoup de choses qui n'étaient pas claires auparavant.
Les modifications clarifieraient également la durée de l'emprisonnement, notamment dans le cas d'une amende impayée ou quelque chose du genre, mais elles clarifieraient également d'autres procédures judiciaires que les tribunaux sont régulièrement appelés à exécuter.
Somme toute, quand on regarde le projet de loi , on constate une dénonciation claire des crimes sexuels contre les enfants. Ce projet de loi ferait en sorte que chaque victime compte dans le processus de détermination de la peine. Rien n'est plus plus préjudiciable pour l'enfant qui a été agressé sexuellement que de ne pas reconnaître la douleur, l'agonie et l'injustice qu'il a vécues. La pornographie et autres comportements du genre sur Internet sont endémiques au pays, et jusqu'à maintenant, tout le monde dit que c'est malheureux et déplorable, mais que ça fait partie de la vie. Le gouvernement va plus loin que cela et tente de faire en sorte que chaque enfant, chaque personne soit reconnu et que la peine soit proportionnelle au crime.
Le gouvernement fait également autre chose qui est très important. J'en ai parlé tout à l'heure dans une question que j'ai posée. De nombreuses femmes sont venues me parler récemment de l'exploitation sexuelle qu'elles ont vécue. Elles n'en ont jamais parlé. Elles n'ont jamais rien dit à personne.
Il n'y pas si longtemps, la famille d'une grand-mère de 84 ans m'a demandé de venir à l'hôpital pour lui parler car elle voulait me dire qu'elle avait été victime de la traite. Elle voulait me raconter ce qui lui était arrivé et me dire que cela ne semblait pas intéresser personne. Elle voulait me dire qu'elle était heureuse que les gens commençaient à en parler, et voulait raconter son histoire avant de mourir.
Il y a quatre semaines, à l'occasion d'un grand événement sur la traite des personnes, une autre grand-mère, celle-ci âgée de 64 ans, m'a dit que, lorsqu'elle était enfant, le meilleur ami de son père l'a agressée sexuellement à maintes reprises. Elle a dit qu'elle en avait parlé à son père, qui était convaincu qu'elle mentait car il s'agissait d'un ami de la famille. Ses parents ne l'ont jamais amenée chez le médecin. L'homme en question, qui était un partenaire financier de son père, n'a jamais été examiné. Elle a dit que cela a été une source de tristesse et de colère dans sa vie. Nous avons longuement parlé du fait qu'aujourd'hui, au Canada, on reconnaît les infractions à l'égard des enfants.
Voilà les victimes silencieuses de ces crimes. Le projet de loi tire sa valeur du fait qu'il donne une voix à ces victimes silencieuses et leur permet de surmonter leurs peurs.
Il y a quelque temps, à Montréal, une victime de la traite des personnes a témoigné au deuxième procès contre ses bourreaux. On lui a depuis fait quitter Montréal, mais ses bourreaux se trouvent devant les tribunaux. L'une des choses qu'elle m'a dites, c'est que tout le monde semblait indifférent lorsque, âgée de quinze ans et demi, elle a rencontré son petit ami et que ce dernier l'a séparée de ses parents puis l'a illégalement amenée des États-Unis au Canada. Elle m'a dit que tout le monde semblait indifférent. La relation entre la jeune fille et sa mère s'était tellement détériorée qu'elle l'a quittée sur ces paroles: « Je quitte cette maison et je ne te reverrai plus jamais ». Elle les a prononcées après que sa mère eut perdu patience parce que c'était la énième fois qu'elle rentrait à la maison aux petites heures du matin, empestant l'alcool.
C'était une infraction commise par un homme adulte contre un enfant. C'était un petit ami qui voulait la séparer de ses parents, et il l'a fait. Pendant plus de sept ans, elle a été exploitée au Canada. Elle recevait, en moyenne, 40 hommes par nuit et gagnait de l'argent pour son passeur.
Elle a posé un geste délibéré pour s'en sortir. Elle pensait qu'elle allait mourir, raison pour laquelle elle a volé des articles dans un magasin afin que le gardien de sécurité la remarque et elle a été arrêtée. J'aimerais saluer Dominic Monchamp, le chef de la brigade des moeurs de Montréal, qui a écouté son histoire. Il l'a sauvée et a fait de nombreuses choses pour l'aider.
Je suis fière d'appuyer le projet de loi et je suis fière que les députés d'en face l'appuient également.
Il est temps d'arrêter les longs discours, d'écouter les Canadiens et les victimes, et de renvoyer le projet de loi au comité.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec l'excellent député de .
Pour une première intervention à la Chambre sur un projet de loi, cet automne, il y a des sujets qui sont plus sensibles et qui touchent intrinsèquement les individus que nous sommes, et ce, toutes allégeances politiques confondues. Il y a souvent de la collégialité, mais j'ai entendu certains tons de discussion regrettables, il y a quelques instants, quelques heures ou quelques minutes à peine. Cependant, cela démontre surtout que ce sont des sujets sensibles et que c'est facile d'interpréter de façon inappropriée des propos qui sont lancés ainsi. J'ai des amis dans tous les partis et on réussit à échanger et à accepter nos différences et nos opinions. C'est ainsi que le débat doit toujours se dérouler à la Chambre.
Je vais d'abord aborder des aspects techniques, et aussi démontrer certains aspects collatéraux et sociaux afférents à ce projet de loi. Je n'ai pas les compétences de certains de mes collègues pour discuter en long et en large des aspects juridiques du projet de loi et je n'aurai pas la prétention de faire la démonstration qu'ils font, mais je veux surtout parler de l'aspect social et des répercussions qu'ont souvent des sujets comme la délinquance et surtout les agressions envers les mineurs. Je vais quand même parler de l'aspect technique.
Le projet de loi qui est devant nous modifiera le Code criminel afin d'augmenter les peines minimales obligatoires et les peines maximales prévues pour certaines infractions sexuelles commises contre des enfants. Il augmentera les peines maximales prévues pour la violation d'une ordonnance d'interdiction, d'une ordonnance de probation ou d'un engagement de ne pas troubler l'ordre public. Il précisera et codifiera les règles relatives à l'imposition de peines consécutives et concurrentes. Il exigera que les tribunaux imposent dans certains cas des peines consécutives aux délinquants ayant commis des infractions sexuelles contre des enfants. Le projet de loi prévoit que le tribunal qui inflige une peine à tout délinquant tiendra compte des éléments de preuves établissant le fait que l'infraction en cause a été perpétrée alors que celui-ci faisait déjà l'objet d'une ordonnance ou qu'il bénéficiait d'une libération conditionnelle.
Le projet de loi modifiera aussi la Loi sur la preuve au Canada afin de veiller à ce que les conjoints des personnes accusées soient des témoins habiles à témoigner et contraignables pour le poursuivant dans les affaires en matière de pornographie juvénile. J'insiste sur le fait que c'est difficile de faire témoigner des proches dans certains milieux. On obtient rarement le consentement nécessaire. Je me demande donc comment on pourra mettre en place une mécanique quelconque afin de mettre en oeuvre cette modification.
Le projet de loi modifiera aussi la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels en vue d'accroître les obligations de ceux-ci lorsqu'ils voyagent à l'étranger. Il édicte une Loi sur la banque de données concernant les délinquants sexuels à risque élevé qui porte création d'une banque de données accessible au public. Cette banque contient des renseignements, préalablement rendus accessibles au public par un service de police ou toute autre autorité publique sur des personnes qui sont déclarées coupables d'infractions sexuelles visant les enfants et présentant un risque élevé de commettre des crimes de nature sexuelle.
Par le passé, on a vu des histoires où les gens de quartiers se mobilisaient pour rendre leur propre justice. C'est donc un peu aberrant, mais c'est parfois dû à un manque de ressources ou à un manque de solutions à certains problèmes. On verra aussi comment ce sera appliqué.
Bien sûr, le projet de loi modifiera d'autres lois en conséquence. On l'a vu avec les conservateurs, ce sont tout le temps des projets de loi quasi omnibus.
Comme je le disais, le titre court du projet de loi, Loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d'enfants, ne simplifie en rien un sujet aussi sensible, et surtout le processus dans lequel ce projet de loi est engagé.
On a vu aussi récemment que les conservateurs édictaient des projets de loi, mettaient en oeuvre diverses dispositions, mais n'y allouaient pas de ressources. Conséquemment, ce sont les provinces et les territoires qui sont tributaires des effets collatéraux et des conséquences financières. Les budgets ne suivent pas les mesures des conservateurs. C'est déplorable. Comme je l'ai dit, les répercussions sociales des mesures comme celles-là sont importantes si on n'alloue pas de budget à la réinsertion sociale des délinquants et surtout aux victimes. Sans être expert, je dirais que certains des délinquants sont récupérables et que d'autres le sont moins. Toutefois, comme je l'ai dit, je ne suis pas un expert en la matière.
Ce projet de loi prévoit neuf mesures importantes. Il s'agit d'obliger les contrevenants qui sont déclarés coupables d'infractions d'ordre sexuel et qui reçoivent des peines distinctes à les purger consécutivement, et d'obliger les contrevenants déclarés coupables d'infractions liées à la pornographie juvénile et d'infractions d'ordre sexuel à purger leurs peines consécutivement.
On va aussi alourdir les peines d'emprisonnement minimales et maximales liées à certaines infractions d'ordre sexuel contre les enfants. On a souvent entendu dire que des gens écrivaient sur des blogues ou sur les médias sociaux qu'un tel venait d'être reconnu coupable d'agression, que la peine était insuffisante ou que la peine était injuste. On retrouve ensuite le délinquant à nouveau dans la rue, dans le même quartier. J'espère que les dispositions prévues dans cette loi feront en sorte que des situations malheureuses ne se reproduisent pas. Il y a souvent les effets collatéraux dans la mise en application d'un projet de loi. Il y a, par conséquent, des répercussions dans la société et dans les communautés.
Il s'agit aussi de veiller à ce qu'un crime commis pendant une période de détention à domicile, de libération conditionnelle, de libération d'office ou de sortie autorisée sans surveillance constitue une circonstance grave dans la détermination de la peine.
On dit aussi qu'il faut veiller à ce que le conjoint puisse témoigner. J'ai dit tout à l'heure que cela était souvent extrêmement difficile, que ce soit dans le cas de pornographie juvénile ou d'actes dont les conjoints, les conjointes, les enfants, les parent ou les amis ont été témoins. Tout dépend du milieu de vie.
Depuis quelques années, le gouvernement conservateur détruit le tissu social. On a parlé, récemment, des banques alimentaires. Certaines régions sont laissées à elles-mêmes. Quand on détruit le tissu social et qu'on laisse les gens à eux-mêmes sans espoir, toutes sortes de choses qui peuvent se perpétrer dans notre société. Des choses graves peuvent se produire, et les gens ne savent pas comment réagir.
Rappelons le principe, quant à la détermination de la peine, énoncé à l'article 718 de la partie XXIII du Code criminel. Il s'agit de dénoncer un comportement illégal, de dissuader les délinquants qui comptent commettre des infractions, d'isoler les délinquants du reste de la société au besoin en augmentant les peines, mais entre autres — et je vais mettre l'accent là-dessus — de favoriser la réinsertion sociale des délinquants. On en a parlé précédemment, certains députés ont fait des interventions la-dessus. Il faut favoriser la réinsertion sociale des délinquants. Quand on durcit les lois dans un pays comme le nôtre, ou dans tout autre pays industrialisé et moderne car on a cité tout à l'heure des exemples ailleurs dans le monde, il est important de penser aux répercussions. On doit porter attention non pas à la forme mais au fond du problème. Or quel est le fond du problème? C'est l'isolement, la drogue, l'alcool, la pornographie juvénile qui est devenue tellement facile avec les médias sociaux aujourd'hui, et l'éclatement de la famille, car avec la détérioration du tissu social, les deux parents sont obligés de travailler. Parfois, ils doivent occuper deux emplois. On laisse donc les enfants à la maison. Ensuite, on a facilement accès à tout ce qu'on veut sur Internet.
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Monsieur le Président, je ne peux pas dire que c'est vraiment un plaisir de me lever à la Chambre aujourd'hui pour parler de ce projet de loi. Ce n'est pas un plaisir de parler de choses aussi sérieuses et malheureuses que l'est ce sujet. Reste que parfois, en tant que parlementaires, on est obligés d'aborder des sujets difficiles. Il est clair qu'en tant que père, c'est un sujet très difficile pour moi. Je ne peux pas imaginer l'impact psychologique que de tels actes ont sur les enfants; ils créent des séquelles qui durent toute leur vie. On a vu, en particulier dans les communautés autochtones, que ces séquelles sont liées aux mauvais traitements subis dans les écoles résidentielles. La recherche a bien documenté le fait que notre capacité à vivre dans le monde en tant qu'adultes découle directement de la façon dont on a été traité comme enfant et de la présence ou non de cas de mauvais traitements de toutes sortes.
C'est aujourd'hui la Journée internationale des droits de l'enfant. Quand on examine les statistiques, il est clair que, partout dans le monde, les choses ne vont pas bien pour les enfants. L'autre jour, je regardais un reportage sur l'esclavage et le travail forcé des enfants. C'est malheureusement un phénomène qu'on retrouve toujours dans le monde, particulièrement dans des pays comme l'Inde et la Chine où les enfants sont victimes de mauvais traitements physiques, enchaînés à des lieux de travail et utilisés comme esclaves sexuels. C'est un fléau. Les Nations Unies reconnaissent cela comme étant un grand défi à relever. C'est un défi qu'il faut affronter.
Quand je siégeais au Comité permanent du commerce international, j'ai tenté lors des réunions de faire en sorte que la question de la protection des enfants dans le monde soit considérée dans le cadre des échanges commerciaux, et de souligner l'importance de faire en sorte qu'il y ait réciprocité en matière de la défense des droits dans ce contexte. Il ne faudrait, par exemple, utiliser des produits faits par des enfants dans des conditions de travail forcé.
En tant que société, on doit se poser plusieurs questions sur la façon dont on traite les plus faibles d'entre nous. Je pense, et la majorité de mes collègues seront sans doute d'accord, qu'on peut juger une société à partir de la façon dont elle traite ses personnes les plus vulnérables. Je ne peux pas penser à un groupe plus vulnérable que les enfants. On met souvent l'accent sur le fait que ce sont les parents qui élèvent les enfants, et c'est tout à fait vrai. Je le fais moi-même. Toutefois, il faut reconnaître que la société en général a une responsabilité envers chaque enfant. Il importe que le contexte socioéconomique favorise l'essor et l'épanouissement de toutes les âmes qui viennent dans ce monde.
Je félicite le gouvernement d'avoir voulu parler de la question des abus sexuels contre les enfants et de vouloir légiférer. De toute évidence, je ne suis pas du tout en désaccord avec le principe voulant qu'il faut examiner et évaluer nos lois. Il faut aussi les faire évoluer quand on constate qu'elles ne protègent pas nos enfants. Là où on pourrait peut-être être en désaccord, c'est sur la façon de le faire, quand le faire et quelles sortes de ressources il faut pour le faire.
Je tiens à prévenir les interprètes, pour qu'ils puissent continuer à faire leur bon travail, que je vais changer de langue et m'exprimer en anglais.
[Traduction]
Je signale que, en 2012, dans le cadre de la Stratégie fédérale d'aide aux victimes, les conservateurs ont annoncé qu'ils allaient consacrer 251 000 $, sur deux ans, à des programmes visant à protéger les enfants. Le budget de 2012 prévoyait 7 millions de dollars, sur cinq ans, pour financer de nouveaux centres d'appui aux enfants ou améliorer ceux qui existaient déjà, et un financement limité pour les organismes de services aux victimes. Le gouvernement devrait cependant affecter des ressources au registre de la GRC et prévoir des budgets pour l'aide aux victimes.
Les études montrent que les cercles de soutien et de responsabilité réduisent de manière impressionnante le taux de récidive. Par exemple, une étude mentionne une réduction de 70 % des récidives de crimes sexuels chez ceux qui participaient à un cercle de soutien et de responsabilité par rapport à ceux qui n'y participaient pas. Une autre étude parle d'une réduction de 83 %. Ce sont des chiffres élevés. Il est donc évident que c'est un outil que le gouvernement devrait privilégier et auquel il devrait consacrer des ressources.
Ce qui est vraiment grave, c'est que, même si nous voulons réduire le nombre de cas d'abus, malheureusement, au cours des deux dernières années, il a augmenté. Les études pourraient nous aider à comprendre pourquoi il y a eu une augmentation de 6 %. Est-ce parce que les cas sont mieux documentés ou sont-ils plus fréquents? Cela se passe-t-il surtout sur Internet? Quoi qu'il en soit, l'approche du gouvernement conservateur ne semble pas avoir vraiment d'effet sur ces chiffres.
Par conséquent, en bons législateurs, nous devons nous demander pourquoi. Autrement dit, nous devons poursuivre les recherches et nous fier aux chercheurs et aux scientifiques qui comprennent ce problème, l'ayant examiné sous toutes ses coutures, et qui peuvent venir nous faire part de certaines approches pour que nous adoptions les bonnes stratégies.
Au lieu d'instaurer de nouvelles peines obligatoires minimales ou maximales, le ne fait qu'augmenter leur durée. Je n'en comprends pas trop la raison ni la logique, et j'ignore en quoi cela découragerait les auteurs de ces crimes terribles.
Je me demande aussi pourquoi le gouvernement a attendu huit ans avant de présenter des dispositions pour obliger les tribunaux à imposer, dans certains cas, des peines consécutives aux délinquants ayant commis des infractions d'ordre sexuel à l'égard d'enfants. Et cela, en dépit du fait que les cas cités, par exemple, lors des conférences de presse du gouvernement, remontent plus loin que 2006, avant l'arrivée au pouvoir des conservateurs. Pourquoi une telle hésitation? Il serait intéressant de savoir pourquoi il a fallu attendre si longtemps. C'est là une autre question pertinente.
Étant donné que la GRC a déjà du mal à mettre à jour le registre des condamnations antérieures, faute de ressources, pourquoi le gouvernement croit-il qu'elle sera en mesure d'accomplir plus de travail sans ressources supplémentaires? Comme c'est le cas pour d'autres problèmes et types de crimes, il faut forcément des ressources supplémentaires pour faire plus dans ce dossier en particulier. Le gouvernement ne semble pas prendre d'engagement à cet égard.
Il ne fait aucun doute que nos collectivités ont besoin de plus de ressources pour lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants. Je me demande donc si le gouvernement débloquera de nouveaux fonds pour appuyer des mesures concrètes.
Somme toute, il est évident que nous appuierons ce projet de loi afin qu'il soit renvoyé au comité. C'est une discussion difficile, mais cruciale pour notre pays. J'espère que le processus sera suivi avec rigueur, du début à la fin, de sorte que nous puissions entendre le témoignage de spécialistes qui savent comment réduire les cas d'agression et de quelles ressources nous avons réellement besoin pour nous attaquer à ce grave problème.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre part au débat parce qu'il est d'une extrême importance pour nous tous. Le député qui vient de prendre la parole vient d'ailleurs de le dire, et je suis d'accord avec lui, quoique nos points de vue divergent dans d'autres domaines, je crois bien.
Aujourd'hui, je vais me concentrer sur la responsabilité des délinquants, qui est un élément clé du projet de loi , Loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d'enfants. Le gouvernement actuel s'est toujours employé à améliorer notre système de justice pénale de manière à faire davantage porter la responsabilité des actes commis par les délinquants aux délinquants eux-mêmes. La majorité d'entre eux retourneront vivre dans la société après leur incarcération. C'est pourquoi le système correctionnel est outillé pour leur fournir les traitements et l'aide dont ils ont besoin, selon le cas, pour qu'ils puissent se réadapter et réussir leur réinsertion sociale.
Le Service correctionnel du Canada a un ensemble complet de programmes destinés à guider les délinquants vers le droit chemin et à éliminer chez eux les pulsions qui entraînent des comportements criminels. Il offre notamment des programmes pour résoudre les problèmes de toxicomanie, de comportement violent, de délinquance sexuelle et de santé mentale. En fin de compte, c'est au délinquant qu'incombe la responsabilité de réussir sa réadaptation et sa réinsertion sociale.
Le gouvernement a effectué un certain nombre de changements pour répondre aux inquiétudes des victimes. En 2012, il a notamment fait adopter la Loi sur la sécurité des rues et des communautés, qui contenait des mesures mettant l'accent sur la responsabilité des délinquants. Il est désormais inscrit dans la loi que chaque délinquant doit avoir un plan correctionnel. Nous avons créé un environnement dans lequel la responsabilité du délinquant devient primordiale.
Il est désormais clair qu'à partir du moment où un délinquant entre dans le système correctionnel fédéral, il doit suivre un plan correctionnel bien défini comprenant des attentes sur le plan comportemental ainsi que des objectifs de participation aux programmes et de conformité aux obligations imposées par la justice, notamment le dédommagement des victimes ou le versement d'une pension alimentaire. Le plan correctionnel est établi en collaboration avec le délinquant, afin qu'il prenne activement part à sa réadaptation.
Avant de poursuivre, je voudrais informer la Chambre que je vais partager le temps qui m'est accordé avec le député d'.
Nous avons en outre modernisé le système disciplinaire actuel. Nous avons défini de nouvelles infractions disciplinaires concernant les cas de comportement irrespectueux ou d'intimidation envers le personnel ou les détenus. Une fois que le délinquant est sorti de l'établissement carcéral, on s'attend à ce qu'il reste dans le droit chemin.
Désormais, les agents de la paix peuvent arrêter un délinquant sans mandat s'ils jugent que celui-ci a manqué aux conditions de sa remise en liberté. Dans un tel cas, il y a automatiquement suspension de la libération conditionnelle ou d'office du délinquant qui est condamné à une nouvelle peine d'emprisonnement. Récemment, nous avons pris des mesures supplémentaires pour faciliter la réadaptation des délinquants en soutenant les modifications proposées à la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition relativement aux plaintes vexatoires. Le processus qui est maintenant en place favorise la responsabilisation des délinquants en incitant les détenus à utiliser des moyens appropriés pour résoudre les problèmes au lieu d'encombrer le système des plaintes et des griefs avec des plaintes futiles.
Nous avons présenté la Loi concernant l'éradication des drogues dans les prisons, qui modifierait la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition afin d'accorder des outils législatifs supplémentaires à la Commission des libérations conditionnelles du Canada pour qu'elle puisse refuser la libération conditionnelle aux demandeurs qui échouent aux tests de dépistage des drogues. Il est crucial de tenir compte du comportement des délinquants pendant leur incarcération.
De plus, nous avons présenté de nouveau le projet de loi sur la responsabilisation des délinquants qui, s'il est adopté, obligera les délinquants à rembourser toutes leurs dettes à la société avant d'être en mesure de recevoir une quelconque indemnité résultant de poursuites contre la Couronne. Il est aussi important de préciser que les délinquants doivent continuer de répondre à leurs propres besoins et de faire de bons choix après avoir été remis en liberté.
C'est justement pour cela que le système de libération conditionnelle est conçu: il est fondé sur les freins et contrepoids et la surveillance des délinquants, en fonction de leur antécédents criminels et du risque qu'ils présentent pour la société. Bien que nous ayons pris des mesures pour renforcer le système de mise en liberté sous condition, certaines lacunes demeurent. Il crucial, surtout quand on songe aux risques que courent nos enfants, de veiller à ce qu'un agresseur sexuel d'enfants ne puisse pas trouver dans la loi une échappatoire lui donnant l'occasion de commettre un autre crime dévastateur.
Cela m'amène à parler de la mesure législative à l'étude.
Le Registre national des délinquants sexuels est l'un des principaux outils dont nous disposons pour nous assurer que les policiers savent où se trouvent les personnes reconnues coupables d'infractions sexuelles et qu'ils possèdent d'autres renseignements à leur sujet. Le registre, qui est administré par la GRC et qui peut être consulté par tous les services de police du Canada, contient des renseignements cruciaux sur les délinquants sexuels, comme leur nom, leur adresse, leur lieu de travail, leur description et toute période d'au moins sept jours pendant laquelle ils s'absentent de leur domicile.
Plusieurs modifications à la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels sont entrées en vigueur en 2011 afin de garantir que le registre serait un outil d'application de la loi à caractère préventif qui répertorierait les noms de tous les délinquants sexuels inscrits.
Bien que la loi soit un important outil d'assistance policière, elle comporte des lacunes qui doivent être comblées. En particulier, les règles ayant trait aux avis de déplacement doivent être resserrées lorsqu'il est question de voyages à l'étranger entrepris par des délinquants sexuels qui ont agressé des enfants.
Comme nous l'avons entendu, le projet de loi accomplira cela de plusieurs manières. Il exigera que les délinquants reconnus coupables d'infractions sexuelles contre des enfants rendent compte de tous leurs voyages à l'étranger, quelle que soit leur durée, et communiquent les dates exactes de leurs déplacements et l'endroit où ils planifient de résider pendant leur séjour. Tous les autres délinquants sexuels inscrits seront tenus de rendre compte de toutes les adresses ou de tous les lieux où ils prévoient résider, ainsi que des dates de départ et de retour pour tout voyage d'au moins sept jours au Canada ou à l'étranger.
Le projet de loi permettra à l'Agence des services frontaliers du Canada d'échanger des renseignements avec les responsables du Registre national des délinquants sexuels. Par conséquent, une mesure de protection supplémentaire sera prise à la frontière afin de garantir que les délinquants suivent les procédures de notification et satisfont aux exigences relatives à l'inscription. En outre, le projet de loi pourrait contribuer à rendre possibles les enquêtes sur les crimes de nature sexuelle.
Le projet de loi créera aussi une nouvelle loi distincte qui permettra d'établir une base de données nationale à laquelle le grand public aura accès. La base de données contiendra des renseignements sur les délinquants reconnus coupables d'infractions sexuelles contre des enfants qui ont fait l'objet d'une notification du public dans une province ou un territoire.
Il propose également plusieurs modifications au Code criminel qui permettraient d'augmenter les peines pour les agresseurs sexuels d'enfants et — ce qui se rapporte particulièrement à notre volonté d'augmenter la responsabilité des délinquants — qui garantiraient que les crimes perpétrés alors que le délinquant bénéficiait d'une libération conditionnelle, d'une permission de sortir sans escorte, d'une libération d'office ou qu'il faisait l'objet d'une ordonnance de sursis seraient considérés comme des facteurs aggravants dans la détermination de la peine à imposer pour un nouveau crime.
Somme toute, ces mesures proposées créeraient un système beaucoup plus solide, qui augmenterait la responsabilité des délinquants sexuels reconnus coupables; un système dans lequel les délinquants sauraient qu'on signalerait aux agents des services frontaliers que des délinquants sexuels à risque élevé voyagent à l'étranger; un système dans lequel les délinquants sexuels à risque élevé sauraient que tous les avis publics diffusés à leur sujet dans une province seraient accessibles au grand public partout au pays.
Toutes ces mesures serviraient à rappeler aux délinquants l'importance de respecter toutes les conditions et de prendre les bonnes décisions afin de demeurer dans la collectivité.
Elles ajouteraient aussi un filet de sécurité additionnel pour les citoyens qui s'inquiètent que des délinquants sexuels inscrits au registre vivent et travaillent dans leur collectivité et voyagent au pays et à l'étranger.
Je suis fier de soutenir ces efforts et je demande à tous les députés de la Chambre d'appuyer l'adoption rapide du projet de loi.