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Monsieur le Président, on répondra aujourd'hui aux questions n
os 958, 961, 978, 996, 1001, 1002 et 1014.
Le Président: D'accord?
Des voix: D'accord.
[Texte]
Question no 958 -- M. Don Davies:
En ce qui concerne les dispositions de règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE) que prévoient les accords internationaux de commerce et d’investissement auxquels le Canada est partie: a) à combien de procédures de RDIE le Canada participe-t-il, (i) comme demandeur, (ii) comme défendeur; b) entre 1994 et 2014, combien le Canada a-t-il dépensé par an pour (i) faire valoir sa cause comme demandeur, (ii) faire valoir sa cause comme défendeur; c) combien de causes de RDIE le Canada a-t-il perdues comme défendeur et, entre 1994 et 2014, combien a-t-il dû payer par an aux demandeurs ayant obtenu gain de cause en précisant séparément les demandeurs et les sommes versées?
L'hon. Ed Fast (ministre du Commerce international, PCC):
Monsieur le Président, la priorité absolue du gouvernement est la création d’emplois et de débouchés économiques pour les travailleurs canadiens et leur famille.
Le règlement des différends entre investisseurs et États, le RDIE, est un élément central de la politique commerciale du Canada depuis plus d’une génération.
Les accords de commerce et d’investissement protègent les investisseurs canadiens à l’étranger, notamment contre la discrimination et l’expropriation sans indemnisation. Ils donnent aux entreprises canadiennes accès à un processus de règlement impartial des différends par l’intermédiaire d’un organisme international indépendant de règlement. Le RDIE permet aux investisseurs canadiens d’exercer des recours directs en cas de violation des obligations de protection de l’investissement.
Aucun accord de commerce et d’investissement du Canada n’empêche quelque ordre du gouvernement du Canada à mettre en œuvre des règlements dans l’intérêt public, ou n’exempte des entreprises étrangères présentes au Canada à respecter les lois et les règlements canadiens.
En réponse à la partie a)(i) de la question, le RDIE permet aux investisseurs canadiens d’intenter directement des recours contre des gouvernements étrangers. Ainsi, il n’est pas possible pour le Canada d’être un demandeur dans un différend entre investisseurs et États. Les investisseurs canadiens peuvent être des demandeurs à l’étranger, et certains l’ont déjà été.
Pour ce qui est de la partie a)(ii) de la question, le Canada a été défendeur dans le cadre de 22 différends entre investisseurs et États: de ce nombre, 12 sont terminés, 2 ont été soumis à l’arbitrage mais ont été retirés et 8 sont en cours. Le gouvernement du Canada est résolu à faire preuve de transparence en matière de RDIE et, par conséquent, publie des renseignements en ligne sur les différends en cours. Pour obtenir plus de détails, on peut consulter l’adresse suivante: http://www.international.gc.ca/trade-agreements-accords-commerciaux/topics-domaines/disp-diff/gov.aspx?lang=fra.
En ce qui a trait à la partie b)(i) de la question, le RDIE permet aux investisseurs canadiens d’intenter directement des recours contre des gouvernements étrangers. Ainsi, il n’est pas possible pour le Canada d’être un demandeur dans un différend entre investisseurs et États. Les investisseurs canadiens peuvent être des demandeurs à l’étranger, et certains l’ont déjà été.
En ce qui concerne la partie b)(ii) de la question, le Canada a dépensé, par année, environ 27 350 446,22 $ pour faire valoir sa cause comme défendeur. Dans trois différends, le tribunal a ordonné que 1 650 200,55 $ de ces dépenses soient remboursés au Canada. Cette somme n’est pas reflétée ici.
Pour ce qui est de la partie c) de la question, depuis 1994, le Canada a perdu trois différends entre investisseurs et États comme défendeur: S.D. Myers c. le Canada; Pope & Talbot c. le Canada; et Mobil & Murphy c. le Canada. Dans le cadre de ces différends, voici les sommes que le Canada a payées: dans le différend S.D. Myers c. le Canada, le Canada a payé 6 900 000 $, plus les intérêts pour les frais de justice et les dommages; dans le différend Pope & Talbot c. le Canada, le Canada a payé 581 766 $ américains, soit environ 600 000 $, plus les intérêts pour une partie des frais d’arbitrage et les dommages; enfin, à ce jour, aucun paiement n’a été versé à Mobil & Murphy.
Dans la mesure où les renseignements demandés sont protégés par le privilège relatif au litige, la Couronne fédérale invoque ce privilège et, dans le présent cas, a renoncé à ce privilège uniquement afin de révéler le montant global des frais de justice.
Question no 961 -- M. Don Davies:
En ce qui concerne les biens-fonds appartenant au gouvernement ou aux sociétés d’État: a) combien y en a-t-il en tout dans la municipalité de Vancouver, en en précisant (i) le nom, (ii) l’adresse, (iii) l’utilisation actuelle; b) combien y en a-t-il en tout dans la circonscription fédérale de Vancouver Kingsway, ventilés selon (i) le nom, (ii) l’adresse, (iii) l’utilisation actuelle?
L'hon. Tony Clement (président du Conseil du Trésor, PCC):
Monsieur le Président, le Répertoire des biens immobiliers fédéraux est le registre central et seule liste complète des biens immobiliers détenus par le gouvernement du Canada.
Ce répertoire peut être consulté en ligne à l’adresse suivante: http://www.tbs-sct.gc.ca/dfrp-rbif/introduction-fra.aspx.
Question no 978 -- M. Emmanuel Dubourg:
En ce qui concerne Postes Canada et le processus décrit sur leur page internet intitulée « Décision sur l’égalité salariale à Postes Canada » suite au jugement de la Cour Suprême du 17 novembre 2011 favorable à l’Alliance de la Fonction publique du Canada: combien d’employés ou d’anciens employés a) ont appliqué en ligne; b) ont confirmé leur adresse postale; c) se sont fait envoyer la trousse d’information; d) ont fourni les informations qui leur était demandées dans la trousse; e) se sont fait envoyer leur paiement; f) ne se sont pas encore fait envoyer leur paiement; g) ont un dossier actif qui ne s'est pas encore conclu par un paiement ou un refus de paiement?
L'hon. Lisa Raitt (ministre des Transports, PCC):
Monsieur le Président, en réponse à la question, Postes Canada a travaillé d'arrache-pied au dossier d'équité salariale pour assurer l'exactitude des données et traiter les paiements le plus rapidement possible.
Postes Canada a envoyé des paiements à près de 10 000 personnes désignées comme étant admissibles. Tous les employés et les anciens employés admissibles pour lesquels Postes Canada a été en mesure de trouver une adresse actuelle ont reçu leur paiement. Postes Canada collabore avec l'Agence du revenu du Canada pour trouver les autres personnes pour lesquelles les renseignements ne sont pas à jour afin de fermer tout dossier en attente.
Question no 996 -- Mme Lysane Blanchette-Lamothe:
En ce qui concerne le projet pilote de Citoyenneté et Immigration Canada pour les réfugiés LGBT: a) jusqu’à présent, combien de réfugiés ont été parrainés dans le cadre du projet; b) combien de ces réfugiés parrainés sont présents en sol canadien; c) quel montant a été dépensé du budget affecté par le gouvernement au projet pilote; d) combien de parrains ont participé au projet pilote; e) a-t-on effectué une évaluation du projet pilote?
L’hon. Chris Alexander (ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, PCC):
Monsieur le Président, en réponse à la partie a) de la question, à ce jour, 32 réfugiés ont été parrainés par l’intermédiaire du projet Rainbow Refugee Committee.
En ce qui concerne la partie b) de la question, 26 personnes parrainées dans le cadre de cette initiative sont arrivées au Canada.
Pour ce qui est de la partie c) de la question, le montant total alloué à ce projet pilote, soit 100 000$, a été dépensé.
En ce qui a trait à la partie d) de la question, cinq signataires d'entente de parrainage, des SEP, ont participé au projet pilote.
Enfin, pour ce qui est de la partie e) de la question, aucune évaluation du projet pilote n’a été effectuée à ce jour.
Question no 1001 -- L'hon. John McCallum:
En ce qui concerne les affectations bloquées permanentes: a) à quels ministères ou agences le Conseil du Trésor a-t-il ordonné de retenir de manière permanente les dépenses d’une ou de plusieurs initiatives spécifiques au cours des exercices (i) 2014-2015, (ii) 2015-2016, (iii) 2016-2017; b) quels sont les noms officiels de chacune de ces affectations bloquées au cours des exercices (i) 2014-2015, (ii) 2015-2016, (iii) 2016-2017; c) quel est le détail de chacune des initiatives ayant fait l’objet d’une affectation bloquée permanente au cours des exercices (i) 2014-2015, (ii) 2015-2016, (iii) 2016-2017; d) quel montant a été bloqué pour chacune des initiatives visées au cours des exercices (i) 2014-2015, (ii) 2015-2016, (iii) 2016-2017?
L'hon. Tony Clement (président du Conseil du Trésor, PCC):
Monsieur le Président, le Conseil du Trésor agit sur toutes les questions liées aux grandes orientations applicables à l’administration publique fédérale et la gestion financière. Aussi, le Conseil du Trésor effectue l’examen des plans et programmes des dépenses annuels ou à plus long terme et la fixation de leur ordre de priorité.
Pour ce qui est de la partie a) de la question, le Conseil du Trésor est un comité du Cabinet, et par conséquent, ses décisions constituent des confidences du Cabinet. Les pouvoirs du Conseil du Trésor sont définis dans la Loi sur la gestion des finances publiques et ne comprennent pas celui de prescrire aux ministères et organismes la retenue de façon permanente des dépenses à l’égard d’initiatives précises.
En ce qui concerne les parties b), c) et d) de la question, le volume III des Comptes publics publiera, pour chaque crédit ministériel, le montant total qui est resté bloqué à la fin de l’exercice, et à ce moment-là, toutes ces affectations bloquées et restantes seront considérées « permanentes ». Les documents seront accessibles à l’adresse suivante: http://www.tpsgc-pwgsc.gc.ca/recgen/cpc-pac/index-fra.html.
Question no 1002 -- L'hon. John McCallum:
En ce qui concerne les affectations bloquées: a) à quels ministères ou agences le Conseil du Trésor a-t-il directement demandé de retenir les dépenses pour une ou plusieurs initiatives en particulier à l’exercice (i) 2011-2012, (ii) 2012-2013, (iii) 2013-2014; b) quel est le nom officiel de chaque affectation bloquée à l’exercice (i) 2011-2012, (ii) 2012-2013, (iii) 2013-2014; c) quels sont les détails de chaque initiative visée par une affectation bloquée en permanence à l’exercice (i) 2011-2012, (ii) 2012-2013, (iii) 2013-2014; d) combien d’argent a été bloqué pour chacune de ces initiatives à l’exercice (i) 2011-2012, (ii) 2012-2013, (iii) 2013-2014?
L'hon. Tony Clement (président du Conseil du Trésor, PCC):
Monsieur le Président, le volume III des Comptes publics a publié, pour chaque crédit ministériel, le montant total qui est resté bloqué à la fin de l’exercice. À ce moment-là, toutes affectations bloquées et restantes sont considérées « permanentes » pour cette année.
Les liens vers les documents pertinents en ligne suivent.
Pour l’année 2011-2012, le lien est le suivant: http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/301/comptes_publics_can/html/2012/recgen/cpc-pac/2012/vol3/s10/bdgtr-ffcttn-fra.html.
Pour l’année 2012-2013, le lien est le suivant: http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/301/comptes_publics_can/html/2013/recgen/cpc-pac/2013/vol3/s10/dba-bda-fra.html.
Pour l’année 2013-2014, le lien est le suivant: http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/301/comptes_publics_can/html/2014/recgen/cpc-pac/2014/vol3/s10/dba-bda-fra.html.
Question no 1014 -- M. Robert Chisholm:
En ce qui concerne le Programme de remboursement des pertes immobilières administré par le Secrétariat du Conseil du Trésor (SCT): a) combien l’action en justice intentée par le major Marcus Brauer a-t-elle coûté au SCT en (i) frais d’avocat, (ii) frais de personnel; b) combien a coûté l’examen par des tiers de l’ordonnance du juge Richard Mosley sur le marché immobilier de Bon Accord; c) quel est le coût estimé au SCT pour le recours collectif relatif au remboursement des pertes immobilières?
L'hon. Tony Clement (président du Conseil du Trésor, PCC):
Monsieur le Président, en réponse à la partie a) de la question, l’action en justice intentée par le major Marcus Brauer a coûté au Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada 58 646,26 $ en frais d’avocats, ce qui inclut une somme de 25 376,04 $ correspondant aux frais d’avocats payés à M. Brauer et à ses débours, et une somme de 33 270,22 $ correspondant aux frais d’avocats du gouvernement fédéral. Il n’est pas possible de déterminer les frais de personnel attribuable spécifiquement à ce litige.
En ce qui a trait à la partie b) de la question, l’examen par des tiers du marché immobilier de Bon Accord, effectué par le juge Richard Mosley, a coûté 5 998,36 $.
Enfin, pour ce qui est de la partie c) de la question, la demande de recours collectif proposée relativement au remboursement des pertes immobilières dans l’affaire Dodsworth c. Sa Majesté la Reine est encore à un stade préliminaire devant la Cour fédérale.
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Monsieur le Président, si la réponse révisée à la question n
o 738, déposée initialement le 19 novembre 2014, et les questions n
os 938 à 942, 944 à 946, 962, 972, 974, 998, 999 et 1013 pouvaient être transformées en ordres de dépôt de documents, les documents seraient déposés immédiatement.
Le Président: D'accord?
Des voix: D'accord.
[Texte]
Question no 738 -- M. Dennis Bevington:
En ce qui concerne le soutien apporté par le gouvernement au développement et à l’utilisation de l’énergie renouvelable, pour chaque année de 2006 à 2014 inclusivment à combien se sont élevées les dépenses gouvernementales, ventilées par (i) province et territoire, (ii) ministère ou organisme, (iii) programme?
(Le document est déposé)
Question no 938 -- Mme Megan Leslie:
En ce qui concerne les efforts consentis par le gouvernement pour favoriser les exportations canadiennes dans le secteur de l’énergie du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2014: a) quel est le coût estimé des efforts consentis par le gouvernement et des initiatives gouvernementales visant à soutenir ou à accroître les exportations canadiennes dans le secteur de l’énergie (i) au Canada, (ii) dans chaque bureau diplomatique à l’étranger, (iii) dans les autres endroits visités par des représentants du gouvernement, des entrepreneurs désignés, des consultants ou d’autres personnes qui contribuent à soutenir ou à accroître les exportations canadiennes dans le secteur de l’énergie; b) pour les montants mentionnés en a), quel est le coût estimé, ventilé par type d’énergie directement visé, à savoir (i) les exportations directes de charbon, (ii) les exportations directes de pétrole (notamment bitume, condensat et autres produits pétroliers), (iii) les exportations directes de gaz naturel, (iv) l’exportation ou la construction d’infrastructures associées aux combustibles fossiles ou l’exportation d’énergie produite à partir de combustibles fossiles (ex: pipelines ou terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié), (v) l’exportation de technologies ou de services associés aux combustibles fossiles ou l’exportation d’énergie produite à partir de combustibles fossiles, (vi) l’exportation d’énergie produite à partir de sources renouvelables (notamment hydroélectricité, énergie solaire, énergie éolienne, énergie de la biomasse et énergie géothermique), (vii) l’exportation ou la construction d’infrastructures associées à l’énergie produite à partir de sources renouvelables (ex: lignes de transport de l’hydroélectricité), (viii) l’exportation de technologies ou de services associés à l’énergie produite à partir de sources renouvelables (ex: technologies de fabrication de modules solaires), (ix) l’exportation d’infrastructures, de technologies et de services associés à l’économie d’énergie et à l’efficacité énergétique (ex: réseaux intelligents ou génie de conception de procédés industriels plus efficaces), (x) les autres types de soutien à l’exportation dans le secteur de l’énergie qui n’entrent pas dans les catégories ci-dessus (ex: conseils ou activités d’ordre général liés à l’exportation d’énergie en appui à la construction de lignes de transport devant acheminer l’électricité produite à partir de sources multiples); c) pour les montants mentionnés en a), quel est le coût estimé ventilé par (i) endroit où les coûts ont été engagés, (ii) ministère ou organisme qui a engagé les coûts; d) quel est le coût estimé du temps consacré par des fonctionnaires à soutenir ou à accroître les exportations canadiennes dans le secteur de l’énergie, ventilé selon les activités suivantes, (i) planification de réunions et de séances d’information, (ii) suivi des enjeux, (iii) production de documents, (iv) coordination logistique, (v) planification des visites des délégations, (vi) formation, (vii) activités de recherche, (viii) discussions avec des représentants, (ix) participation à des activités de communications et production de documents de communication, (x) discussions avec des citoyens, (xi) réunions avec des acteurs, (xii) toute autre utilisation du temps des fonctionnaires ou des entrepreneurs; e) combien d’argent le gouvernement a-t-il consacré à l’achat de publicités pour soutenir ou accroître les exportations dans le secteur de l’énergie et combien de temps le personnel du gouvernement a-t-il consacré à la conception de ces publicités, ventilés par type de soutien aux exportations dans le secteur de l’énergie énuméré en b); f) quels services le gouvernement a-t-il retenus d’entrepreneurs, notamment les agences de publicité, les agences de relations avec le gouvernement, les sociétés d’avocats ou autres fournisseurs de services professionnels, pour soutenir ou accroître les exportations dans le secteur de l’énergie, ventilés par type de soutien aux exportations dans le secteur de l’énergie énuméré en b); g) quel est le coût de tous les frais d’accueil, notamment la nourriture, les services de traiteur, les boissons et la location de salles, visant à soutenir ou à accroître les exportations canadiennes dans le secteur de l’énergie, ventilé par type de soutien aux exportations dans le secteur de l’énergie énuméré en b); h) combien d’argent a été consacré au remboursement des frais de déplacement et d’hébergement (i) des employés non fonctionnaires, (ii) des fonctionnaires, chargés de soutenir ou d’accroître les exportations canadiennes dans le secteur de l’énergie, ventilés par type de soutien aux exportations dans le secteur de l’énergie énuméré en b); i) quel est le coût total estimé de tout autre effort consenti par le gouvernement pour favoriser les exportations canadiennes dans le secteur de l’énergie, ventilé par type de soutien aux exportations dans le secteur de l’énergie énuméré en b)?
(Le document est déposé)
Question no 939 -- M. Dany Morin:
En ce qui concerne la décision de Santé Canada de refuser l’homologation des substances antiparasitaires contenant de la citronnelle: a) quelles études portant sur la toxicité comparée entre les chasse-moustiques contenant du DEET et ceux contenant de la citronnelle Santé Canada dispose-t-il, et quelles sont les conclusions de ces études; b) au cours de son évaluation de l’innocuité de la citronnelle, quels groupes Santé Canada a-t-il consultés pour obtenir des avis scientifiques; c) Santé Canada a-t-il reçu des avis, études ou documents, sollicités ou non, de la part de groupes ou de scientifiques concernant l’innocuité ou la toxicité de la citronnelle utilisée dans des produits chasse-moustiques, et, le cas échéant, (i) de la part de quels groupes ou scientifiques, (ii) à quelle date ces documents ont-ils été reçus, (iii) quelles étaient les conclusions contenues dans ces documents; d) Santé Canada a-t-il évalué ou prévoit-il évaluer la possibilité de créer une nouvelle catégorie de produits distinguant les insecticides chimiques des insecticides naturels, permettant ainsi d’établir un processus distinct d’homologation pour les produits naturels?
(Le document est déposé)
Question no 940 -- M. François Lapointe:
En ce qui concerne Postes Canada et le renouvellement de son matériel pour les boîtes postales communautaires, à la suite de la réponse à la question Q-471 obtenue le 5 juin 2014: a) quelles sont les raisons ayant motivé la production d’un nouveau modèle de boites postales en 100 000 exemplaires entre 2014 et 2016; b) le modèle de boîtes postales qui sera construit par Florence Manufacturing est-il breveté ou licencié et, le cas échéant, (i) sous quelle juridiction, (ii) le brevet ou la licence ont-ils force de loi au Canada, (iii) une compagnie canadienne aurait-elle pu acquérir le brevet ou la licence pour produire le même modèle que celui produit par Florence Manufacturing; c) si le modèle n’est pas breveté ou licencié, (i) quelle réglementation interdit ou rend impossible l’acquisition du brevet ou de la licence par une compagnie canadienne, (ii) Postes Canada connait-il les entreprises disposant de la licence nécessaire à la production des boîtes postales et, le cas échéant, quelles sont-elles, (iii) quelles raisons ont motivé Postes Canada à limiter l’éligibilité à l’appel d’offres à des compagnies détenant le brevet ou la licence en question; d) Postes Canada a-t-il l’intention de retenir les mêmes critères de sélection lors de son prochain appel d’offres prévu en janvier 2015 pour la production à long terme des boites postales; e) quels sont les motifs ayant conduit Postes Canada à déterminer les nouveaux critères de sélection; f) une étude a-t-elle été effectuée pour déterminer les motivations mentionnées en e), incluant les prévisions d’augmentation du nombre de colis livrés, sinon, (i) quelles en sont les raisons, (ii) quels ont été les facteurs ayant conduit à la détermination des critères nécessitant la production des nouvelles boîtes postales; g) si la réponse en f) est positive, (i) quand cette étude a-t-elle été commandée, (ii) quand cette étude a-t-elle été achevée, (iii) quels en sont les détails; h) Postes Canada dispose-t-il d’une direction ou de ressources dédiées à la recherche et au développement; i) Postes Canada a-t-il tenté de développer un ou plusieurs prototypes répondants aux nouveaux critères de sélection avec ses partenaires canadiens et, le cas échéant, quels sont les détails liés à ces prototypes; j) si la réponse en i) est négative, quelles en sont les raisons; k) si les prototypes mentionnés en i) existent, (i) Postes Canada a-t-il participé financièrement à ces projets de développement, (ii) quels en sont les coûts, (iii) quels en sont les échéanciers de développement, (iv) ont-ils été évalués par Postes Canada, (v) quels sont le contenu et les conclusions de ces évaluations, (vi) des prototypes sont-ils installés et à l’essai sur le territoire?
(Le document est déposé)
Question no 941 -- M. Paul Dewar:
En ce qui concerne les postes diplomatiques du ministère des Affaires étrangères, du commerce et du Développement: a) quel est le nombre total de postes diplomatiques à pourvoir; b) quels sont les postes vacants; c) depuis combien de temps les postes indiqués en b) sont-ils vacants; d) à quel stade du processus de recrutement et d’affectation se trouvent les postes indiqués en b); e) combien de temps a-t-il fallu, en moyenne, pour doter les postes diplomatiques au cours de chacune des cinq dernières années civiles; f) quel est le pourcentage de postes diplomatiques qui ont été dotés à partir du Service extérieur au cours de chacune des cinq dernières années; g) quel est le pourcentage de postes d’ambassadeur qui ont été dotés à partir du Service extérieur au cours de chacune des cinq dernières années; h) quel est le pourcentage de postes diplomatiques qui nécessitent l’approbation ministérielle?
(Le document est déposé)
Question no 942 -- Mme Ève Péclet:
En ce qui concerne les demandes d’examen des risques avant renvoi (ERAR) présentées par des personnes faisant l’objet d’une mesure de renvoi du Canada chaque année depuis 2011: a) combien de demandes d’ERAR ont été présentées; b) combien ont été approuvées; c) combien ont été rejetées; d) de celles qui ont été rejetées, combien l’ont été (i) parce qu'elles posaient un danger pour la population canadienne, (ii) parce qu'elles posaient un danger pour la sécurité du Canada, (iii) pour des raisons administratives, (iv) pour d'autres raisons; e) dans quels pays les personnes demandant un ERAR allaient-elles être retournées, que la demande ait été approuvée ou rejetée; f) combien de demandeurs d’ERAR (i) ont fait l’objet d’une ordonnance d’extradition, (ii) ont présenté une demande d’asile, (iii) ont vu leur ERAR rejeté, mais n’ont pas quitté le Canada; g) quels sont les titres des employés de Citoyenneté et Immigration Canada chargés de prendre les décisions relatives aux ERAR?
(Le document est déposé)
Question no 944 -- M. Charlie Angus:
En ce qui concerne les fonds gouvernementaux attribués dans la circonscription de Timmins—Baie James: a) quel est le total des montants attribués au cours de l’exercice 2013-2014, réparti par (i) ministère ou organisme, (ii) initiative, (iii) montant; b) quels projets de financement ont été approuvés dans le cadre de l’initiative FedNor de 2011 à 2014 inclusivement, et quelle était leur valeur?
(Le document est déposé)
Question no 945 -- Mme Elizabeth May:
En ce qui concerne l’élaboration des nouvelles dispositions sur la responsabilité dans le projet de loi C-46, Loi sur la sûreté des pipelines: a) quels sont les noms, postes, organisations ou affiliations de tous les intervenants consultés en prévision de la création de ce projet de loi; b) quelles sont les soumissions, propositions ou recommandations faites par les intervenants durant le processus de consultation avant la création de ce projet de loi; c) outre Ressources naturelles Canada, quels ont été les autres ministères impliqués ou consultés dans la création de ce projet de loi; d) quels sont les dates, heures et lieux des réunions ayant eu lieu avec les personnes ou organisations consultées avant la création de ce projet de loi; e) qui a proposé la limite d’un milliard de dollars comme responsabilité absolue; f) qui a proposé que cette mesure législative s’applique uniquement aux pipelines ayant la capacité de transporter au moins 250 000 barils de pétrole par jour; g) sur quelle preuve s’est-on basé pour déterminer qu’un milliard de dollars serait suffisant pour nettoyer un déversement?
(Le document est déposé)
Question no 946 -- M. Craig Scott:
En ce qui concerne ce que le gouvernement sait au sujet des activités de reddition, de détention et d’interrogation: a) le gouvernement était-il au courant de l’existence du programme de détention et d’interrogation (le programme) de la Central Intelligence Agency (la CIA) et, si oui, (i) depuis quand, (ii) qui possédait l'information, (iii) quelle était l'étendue de cette information; b) si la réponse en a) est oui, le gouvernement a-t-il envoyé des observateurs au sein du programme ou comme agents de liaison entre le programme et des ministères, des organismes ou des services de renseignement; c) le Canada a-t-il déjà compté parmi les « autres pays » dont le programme a « exigé le secret et la coopération », selon l’étude sur le programme de détention et d’interrogation de la CIA du Comité spécial des États-Unis sur le renseignement publiée en décembre 2014 (l’étude); d) le gouvernement était-il au courant de la participation de « psychologues à contrat » à la conception et à l’exécution des programmes de torture de la CIA comme le révèle l’étude et, si oui, sait-on s’il y avait parmi eux des Canadiens; e) le gouvernement était-il au courant de l’existence d’un lieu de détention et d’interrogation connu sous le nom de site COBALT (le site) et, si oui, (i) depuis quand, (ii) qui possédait l'information, (iii) quelle était l'étendue de cette information; f) le gouvernement a-t-il envoyé des employés ou des contractuels pour (i) observer ce qui se passait au site, (ii) transférer des personnes au site, (iii) aider au transfert de personnes au site, (iv) être informés du transfert au site de personnes qui avaient déjà été retenues ou détenues par des membres des Forces canadiennes; g) quand le programme a pris fin, le gouvernement savait-il qu’en Afghanistan, la Direction nationale de la sécurité prendrait le relais du programme en étroite collaboration avec la CIA; h) après l’invasion de l’Iraq par les forces des États-Unis et d’autres pays en 2003, des responsables canadiens ont-ils discuté avec des personnes employées par le Pentagone ou le Secrétaire d’État américain pour la Défense de l’éventualité qu’en Afghanistan, notamment dans la province de Kandahar, le personnel des Forces canadiennes et notamment des forces spéciales collabore avec le personnel des Forces américaines ou de la CIA à la capture de personnes et à leur transfert sous la garde de la CIA ou de la Direction nationale de la sécurité?
(Le document est déposé)
Question no 962 -- M. Dennis Bevington:
En ce qui concerne l’Initiative de serriculture dans le Nord et plus particulièrement l’appel d’intérêt pour obtenir du financement qui s’est terminé le 30 septembre 2014: a) quels sont le nom et l’adresse de tous ceux qui ont présenté une demande; b) quelles étaient chacune des conditions de l’appel d’intérêt; c) quels sont chacun des critères d’évaluation utilisés; d) quel est le titre ou le poste des évaluateurs des demandes?
(Le document est déposé)
Question no 972 -- L'hon. Judy Sgro:
En ce qui concerne chacun des contrats de moins de 10 000 $ adjugés par l’Agence spatiale canadienne depuis le 27 mars 2014: quel est a) le nom du fournisseur; b) le numéro de référence du contrat; c) la date du contrat; d) la description des services fournis; e) la date de livraison; f) le montant originel du contrat; g) le montant final du contrat s’il diffère du montant originel?
(Le document est déposé)
Question no 974 -- L'hon. Judy Sgro:
En ce qui concerne chacun des contrats de moins de 10 000 $ adjugés par Industrie Canada depuis le 30 mars 2014: quel est a) le nom du fournisseur; b) le numéro de référence du contrat; c) la date du contrat; d) la description des services fournis; e) la date de livraison; f) le montant originel du contrat; g) le montant final du contrat s’il diffère du montant originel?
(Le document est déposé)
Question no 998 -- Mme Lise St-Denis:
En ce qui concerne Statistique Canada: quels sont les détails relatifs à tous les tableaux ou ensembles de données personnalisés produits pour l’un ou l’autre des ministères, organismes, bureaux, sociétés d’État ou autre organe du gouvernement, ou à leur demande, depuis le 1er janvier 2010, ventilés par (i) la nature ou la description du tableau ou de l’ensemble de données personnalisés, (ii) la date d’une telle demande, (iii) la raison ou le but d’une telle demande, (iv) le ministère, l’organisme, le bureau, la société d’État ou autre organe du gouvernement ayant fait une telle demande?
(Le document est déposé)
Question no 999 -- Mme Lise St-Denis:
En ce qui concerne les contrats de moins de 10 000 $ adjugés par Bibliothèques et archives Canada depuis le 31 mars 2014: quel est a) le nom du fournisseur; b) le numéro de référence du contrat; c) la date du contrat; d) la description des services fournis; e) la date de livraison; f) le montant originel du contrat; g) le montant final du contrat, s’il diffère du montant originel?
(Le document est déposé)
Question no 1013 -- M. Nathan Cullen:
En ce qui concerne le Plan d’action sur le capital de risque depuis l’exercice 2012-2013 jusqu’à l’exercice courant: a) sur l’engagement consistant à investir 400 millions de dollars dans le Plan d’action sur le capital de risque sur 7 à 10 ans, à combien s’élève l’investissement; b) sur l’engagement consistant à investir 250 millions de dollars dans de nouveaux grands fonds de fonds nationaux dirigés par le secteur privé, (i) quels résultats ont été atteints, (ii) comment s’appellent les fonds, (iii) combien d’argent les fonds ont-ils reçu jusqu’à présent; c) sur l’engagement de 100 millions de dollars destinés à reconstituer le capital des fonds de capital de risque existants, combien a été investi dans chaque fonds; d) sur l’engagement consistant à faire un investissement total de 50 millions de dollars dans trois à cinq fonds à haut rendement, combien a été investi dans chaque fonds; e) quelles « ressources additionnelles » ont été investies pour continuer à développer un système de capital de risque robuste et une solide culture d’entrepreneuriat au Canada; f) combien d’entreprises ont demandé du financement; g) quel est le montant total des fonds alloués, ventilé par (i) exercice financier, (ii) circonscription électorale; h) combien d’entreprises ont vu leur demande de financement rejetée, ventilé par (i) exercice financier (ii) circonscription électorale; i) quel est le taux de succès des demandes de financement, ventilé par (i) exercice financier, (ii) circonscription électorale; j) quel est le montant total du financement, ventilé par catégorie de demande concernant (i) les technologies propres et l’efficacité énergétique, (ii) les technologies de l’information, (iii) les soins de santé; k) quel est le taux de succès des demandes, par catégorie de demande concernant (i) les technologies propres et l’efficacité énergétique (ii) les technologies de l’information, (iii) les soins de santé; l) quel est le montant moyen du financement accordé, ventilé par (i) exercice financier, (ii) circonscription électorale?
(Le document est déposé)
[Traduction]
:
Monsieur le Président, je demande que les autres questions restent au
Feuilleton.
Le Président: D'accord?
Des voix: D'accord.
La Chambre reprend l'étude de la motion portant que le projet de loi ,
Loi modifiant la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, la Loi sur le mariage civil, le Code criminel et d’autres lois en conséquence, soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
:
Je rappelle à tous les députés qu'à compter de maintenant, les discours dureront 10 minutes, et la période de questions et d'observations, 5 minutes.
La députée de Mississauga-Sud a la parole.
:
Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares. Entre autres, ce projet de loi condamne vivement les mariages précoces et forcés, qui constituent une atteinte déplorable aux droits de la personne et qui, malheureusement, visent des Canadiens et sont même parfois célébrés en sol canadien.
Un mariage forcé est un mariage où au moins l'une des parties n'a pas donné son consentement libre et éclairé. Cela dit, il existe une distinction très nette entre les mariages forcés et les mariages arrangés. Dans le cas d'un mariage arrangé, les deux parties donnent leur consentement.
Nombre d'études et de rapports sur les mariages forcés indiquent qu'il s'agit malheureusement d'une réalité au Canada. En effet, en août 2013, la South Asian Legal Clinic of Ontario a publié un rapport indiquant que les fournisseurs de services de première ligne de l'Ontario ont constaté 219 cas de mariage forcé entre 2010 et 2012. Dans 92 % des cas, la victime du mariage forcé était une femme, et dans 30 % des cas, elle était âgée de moins de 18 ans. Toutes les personnes forcées de se marier avaient subi de la violence.
Une étude menée en 2008 pour le compte de Justice Canada et dans le cadre de laquelle ont été interrogés des fournisseurs de services de Montréal et de Toronto confirme elle aussi qu'il y a des Canadiens qui sont forcés de se marier. L'étude en question conclut « [...] qu'il est du devoir du gouvernement de cerner le problème du mariage forcé et de protéger les personnes qui en sont menacées ou déjà victimes ».
Voici maintenant la conclusion à laquelle arrive une autre étude, menée aussi pour le compte de Justice Canada, mais en 2010 et à Edmonton, Calgary et Vancouver:
Nous appuyant sur les estimations des fournisseurs de services qui ont été interrogés dans le cadre de la présente étude, nous concluons que les mariages forcés ne sont pas un phénomène sporadique dans l’Ouest canadien. [...] la moitié des répondants ont dit que les mariages forcés « sont répandus », « sont fréquents » ou « deviennent courants ».
Les victimes de cette pratique déplorable — des jeunes femmes pour la plupart, mais aussi des hommes, parfois — sont forcées, habituellement par leurs parents ou leur famille, d'épouser quelqu'un contre leur gré. Certaines sont même forcées d'abandonner leurs études. Dans certains cas, elles se font dire qu'on les amène à l'étranger pour assister au mariage d'un membre de la parenté, pour découvrir à leur arrivée que c'est en réalité à leur propre mariage qu'elles sont conviées. Depuis 2009, les affaires consulaires du Canada ont reçu plus d'une centaine de demandes d'aide en lien avec un mariage forcé de la part de Canadiens qui se trouvaient à l'étranger.
Les études internationales montrent que les filles qui se marient à un âge précoce sont beaucoup plus exposées à des complications durant la grossesse et l'accouchement, et qu'on observe chez elles un taux de mortalité maternelle plus élevé. De plus, elles sont davantage susceptibles d'être victimes de violence à la maison et de devoir interrompre leurs études. Il est évident que les mariages précoces enfreignent les droits fondamentaux des filles et les empêchent de participer pleinement à la société.
À l'heure actuelle, le Canada n'exige pas, à l'échelle nationale, un âge minimal pour le mariage. Il n'y a qu'au Québec où l'âge minimum a été fixé à 16 ans, dans le cadre d'une loi fédérale. Ailleurs au Canada, l'âge minimum prévu par la common law peut varier d'aussi bas que 7 ans jusqu'à 14 ans bien que, en général, il soit fixé à 14 ans pour les garçons et à 12 ans pour les filles.
Le projet de loi fixerait à 16 ans l'âge minimal pour pouvoir se marier au Canada, âge en-deçà duquel il serait impossible de se marier, quelles que soient les circonstances. Fixer l'âge minimum de mariage au Canada à 16 ans serait conforme aux pratiques actuelles de pays aux vues similaires comme le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Les lois provinciales et territoriales imposeraient encore des exigences aux gens qui se marient entre l'âge de 16 ans et de 18 ou 19 ans, selon l'âge de la majorité de la province ou du territoire. Des exigences comme le consentement des parents ou l'ordonnance d'un tribunal seraient d'autres moyens qui pourraient être utilisés pour permettre à des mineurs matures, âgés de 16 à 18 ans, de se marier dans des circonstances exceptionnelles, par exemple lorsqu'ils ont un enfant ensemble et souhaitent se marier.
Toutefois, le consentement des parents au mariage d'un mineur pourrait ne pas être suffisant pour empêcher les mariages forcés parce que ce sont habituellement les parents qui forcent leurs enfants à se marier contre leur volonté. Par conséquent, le a entamé des discussions avec ses homologues provinciaux et territoriaux pour leur demander d'améliorer les lois qui relèvent de leur compétence constitutionnelle afin d'empêcher les mariages forcés en exigeant un consentement judiciaire pour tous les mariages dont l'un des conjoints est mineur.
L'automne dernier, la Chambre a débattu de ma motion d'initiative parlementaire, la motion M-505, pour demander que le gouvernement interdise le recours aux mariages par procuration, par téléphone, par télécopieur et par Internet pour pouvoir parrainer un conjoint. Ces mariages ne sont pas reconnus légalement lorsqu'ils ont lieu dans une province ou un territoire du Canada, mais sont actuellement reconnus par la loi canadienne sur l'immigration lorsqu'ils ont lieu à l'étranger, dans des pays où ils sont légaux. Malheureusement, ces pratiques peuvent être utilisées pour obliger des personnes à se marier contre leur gré.
Lorsque je parlais de ma motion à des gens de ma circonscription et de partout au Canada, je leur donnais l'exemple d'un jeune homme qui vit au Canada, qui est né et a grandi ici. Souvent, il a une cousine dans un pays où le mariage par procuration, par téléphone, par télécopieur ou par Internet est légal. La famille du jeune homme veut que les cousins, les tantes, les oncles et les parents puissent immigrer au Canada et deviennent des néo-Canadiens, ce qui est évidemment un objectif souhaitable et louable à avoir. De nombreuses personnes présentent une demande de statut au Canada.
Dans ce cas, la famille obligerait le fils à épouser quelqu'un qu'il n'a peut-être même jamais rencontré et qui vit à l'étranger en signant un document transmis par télécopieur ou en ouvrant une session Skype. Il arrive même que ce soit un membre de sa famille, comme une cousine. Après la célébration du mariage, la famille demande ensuite au jeune homme de parrainer sa nouvelle épouse afin qu'elle puisse présenter une demande de citoyenneté canadienne.
Bien franchement, c'était une échappatoire béante dans le règlement sur l'immigration qu'il fallait supprimer. Non seulement ma motion demandait que l'on supprime cette échappatoire, mais elle aurait également fait en sorte que ces gens ne soient pas forcés à se marier. Ce genre de comportement ne cadre tout simplement pas avec les valeurs canadiennes que sont l'ouverture et l'égalité des sexes. Les gens se marie avec une personne qui n'est même pas sur place. Nous voulons à tout le moins nous assurer que les fiancés se soient déjà rencontrés.
Que ce soit clair: le projet de loi porte sur les pratiques culturelles barbares. Ni lui, ni ma motion d'initiative parlementaire ne portent sur les mariages arrangés.
L'adoption de ma motion en décembre 2014 fut un grand jour à la Chambre des communes. J'ai hâte que le gouvernement modifie le règlement afférent à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés afin de protéger ces jeunes hommes et femmes. Je répète que c'était une lacune importante qu'il fallait à tout prix combler.
Parlant de mariages forcés, nous avons vu quelles conséquences tragiques ils ont sur les jeunes gens qui s'y opposent. Certains s'enfuient et se cachent. D'autres sont battus ou assassinés, car on croit à tort que leur refus de contracter un tel mariage ou d'y rester a terni l'honneur de la famille.
Le 2 janvier 2010, une jeune femme a été brutalement battue par son oncle et ses trois cousins à Calgary parce qu'elle a refusé de se marier avec un homme que son oncle avait choisi pour elle. Ils ont été reconnus coupables de voies de fait causant des lésions corporelles trois ans plus tard, en 2013.
Le 17 avril 2009, une jeune femme de 19 ans s'est enfuie de son domicile à Montréal. Elle était terrifiée parce que ses parents allaient la forcer à se marier contre son gré. Quelques mois plus tard, le 30 juin 2009, la même femme, ses deux jeunes soeurs et la première épouse de son père, avec laquelle il se trouvait dans un mariage polygame, ont été réunies sous le prétexte de vacances familiales. Leurs corps ont été retrouvés dans une voiture immergée dans les écluses de Kingston. Ce crime d'honneur barbare des jeunes soeurs Shafia et de leur belle-mère a créé une onde de choc au pays.
Ce projet de loi louable a pour objectif principal d'empêcher des tragédies de la sorte. Il prévoit des outils pour protéger les victimes éventuelles d'un mariage forcé ou précoce. Ainsi, un tribunal pourra ordonner des engagements de ne pas troubler l'ordre public, s'il a des motifs raisonnables de croire qu'une personne participera à un mariage précoce ou forcé ou emmènera un enfant à l'étranger en vue de le soumettre à un tel mariage. Je parlerai davantage des engagements à ne pas troubler l'ordre tout à l'heure.
Le gouvernement ne tolérera pas la violence conjugale, les meurtres prétendument motivés par l'honneur ou d'autres formes de violence fondée sur le sexe. Alors que l'opposition refuse de reconnaître le caractère barbare de ces pratiques, le gouvernement prend fermement position contre ces pratiques et dirige les efforts internationaux en vue de s'y attaquer. J'espère que tous les députés appuieront cette mesure législative importante.
:
Monsieur le Président, je m'inscris en faux contre ce que la députée vient de dire, à savoir que l'opposition ne trouve pas ces pratiques barbares. Ce n'est pas le cas. Ce que nous contestons, c'est que ces pratiques sont qualifiées de « culturelles ».
Voici mes questions à la députée: convient-elle que le mariage forcé et précoce et la violence faite aux femmes sont inacceptables, peu importe la culture? Si oui, à quoi bon ajouter le mot « culturelles » dans le titre du projet de loi? Ne devrions-nous pas l'enlever? Dans la négative, quelles cultures le Parti conservateur cherche-t-il à condamner au juste?
:
Monsieur le Président, même si je pense que le député de comprend que ces pratiques sont bel et bien barbares et qu'il comprend aussi que le titre court du projet de loi mentionne que ce sont les pratiques qui sont barbares, et non les cultures, ce qui devrait être assez évident, je tiens à souligner — et non, je n'invente rien — que son chef, le chef du Parti libéral, qui est aussi député, a dit que l'adjectif « barbare » est trop fort pour qualifier ces pratiques. Il a bel et bien utilisé les mots « trop fort ».
Je ne sais pas si son chef tient encore le même discours ou s'il a changé d'avis, mais je pense que la majorité des députés conviendront qu'il s'agit bel et bien de pratiques barbares.
[Français]
:
Monsieur le Président, j'ai écouté avec attention le discours de ma collègue de l'autre côté. J'ai eu le plaisir de siéger avec elle au Comité permanent de la condition féminine.
De prime abord, je trouve le mot « barbare » très fort. Cela sous-entend de la xénophobie et un stéréotype.
Alors, selon ma collègue, pourquoi le gouvernement cible-t-il des minorités raciales en véhiculant des stéréotypes offensants, au lieu de mettre en place des mesures constructives pour prévenir la violence fondée sur le sexe partout où elle se produit ici, au Canada?
[Traduction]
:
Monsieur le Président, ce fut un honneur pour moi de siéger au comité de la condition féminine avec la députée d'en face. Nous avons souvent discuté de la violence faite aux femmes, de la violence fondée sur le sexe et des mesures que le gouvernement pourrait prendre pour lutter contre ces problèmes.
Tout d'abord, pour répondre la question, comme je l'ai clairement mentionné dans mon discours, le gouvernement ne tolérera pas en sol canadien les traditions culturelles qui privent certaines personnes de leurs droits fondamentaux.
La majorité des victimes sont des femmes. Je tiens à citer les propos d'une victime que j'ai eu l'honneur de rencontrer. Elle s'appelle Aruna Papp et elle a été victime d'une pratique barbare, en l'occurrence le mariage forcé. Voici ce qu'elle a déclaré au sujet du projet de loi:
Ayant été mariée à un conjoint violent depuis l'âge de 17 ans et pendant 18 ans, je peux affirmer qu'un mariage forcé est synonyme d'esclavage. Je félicite le gouvernement canadien des mesures audacieuses qu'il prend pour défendre des femmes qui ne peuvent obtenir de l'aide nulle part.
[Français]
:
Monsieur le Président, cela me fait toujours plaisir de prendre la parole quand il s'agit de défendre les droits et les libertés des femmes de notre pays. En tant que femme, en tant que mère et en tant que membre du Comité permanent de la condition féminine, je crois qu'aucune femme ne devrait subir de la violence fondée sur le sexe. Il ne s'agit pas là d'un problème culturel, mais plutôt sociétal.
C'est pourquoi je trouve le titre du projet de loi injurieux: « Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares ». Nous avons l'habitude des titres accrocheurs des conservateurs, qui aiment faire de leurs projets de loi les gros titres des journaux, mais nous atteignons ici un niveau de stéréotype raciste effarant. Sans même lire le texte du projet de loi, nous savons d'entrée de jeu qu'il cible des communautés précises qui agissent de manière « cruelle et sauvage », pour reprendre la définition du mot « barbare » dans le dictionnaire.
Toutes les formes de violence faite aux femmes peuvent être qualifiées de cruelles et de sauvages. Nous n'avons pas besoin de cibler une communauté précise pour s'attaquer à la violence. Le gouvernement conservateur veut encore une fois plaire à une base électorale sans se soucier des conséquences de ce qu'il propose.
Comme je l'ai dit, je suis membre du Comité permanent de la condition féminine, où nous avons entendu des témoins donner leur avis sur les dispositions de ce projet de loi à plusieurs reprises. J'aimerais m'appuyer sur ce qu'ils ont dit pour expliquer pourquoi ce projet de loi n'est pas la réponse adéquate au grave problème de la violence fondée sur le sexe.
Au chapitre de la polygamie, la partie 1 modifie la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés de sorte qu'un résident permanent ou un étranger soit interdit de territoire s'il pratique la polygamie au Canada. Le projet de loi prévoit l'expulsion du pays des personnes qui pratiquent la polygamie.
Ma première interrogation est la suivante: est-ce que des communautés dans l'Ouest canadien pratiquant la polygamie vont être concernées par ce projet de loi, ou bien le gouvernement conservateur souhaite-t-il cibler plutôt les populations immigrantes? Est-ce que le mot « barbare » s'applique à tous dans ce cas-ci, ou est-ce qu'il ne s'applique qu'aux communautés immigrantes?
Par ailleurs, l'argumentaire sur lequel se fonde le gouvernement conservateur pour défendre ce projet de loi m'interpelle également. Il nous dit que ce projet de loi permettra de protéger les femmes immigrantes. La polygamie devient un motif d'interdiction de séjour ou d'entrée sur le territoire pour les hommes et les femmes la pratiquant.
Alors, comment allons-nous protéger ces femmes si nous les expulsons? Où sont les dispositions qui doivent les protéger dans ce cas-là? Nous allons les renvoyer et nous en laver les mains en nous disant que le problème de la polygamie est réglé au Canada. Pourtant, je crois savoir que même le Comité permanent sénatorial des droits de la personne a présenté un rapport affirmant que des mesures complémentaires doivent être prises pour remédier au problème de la polygamie. À quoi servent ces recommandations?
Ce gouvernement conservateur ne prend même pas en compte les recommandations de ses propres sénateurs.
La partie 3 du projet de loi prévoit des modifications au Code criminel concernant le mariage forcé, afin de clarifier que le fait pour un célébrant de célébrer sciemment un mariage en violation du droit fédéral constitue une infraction. De plus, il érige en infraction le fait de célébrer un rite ou une cérémonie de mariage, d'y aider ou d'y participer, sachant que l'une des personnes qui se marient le fait contre son gré ou n'a pas atteint l'âge de 16 ans.
Il est évident que nous voulons tous la même chose à la Chambre: nous luttons contre le mariage forcé qui est une atteinte aux droits et libertés des femmes. Aucune femme ne devrait subir de violence fondée sur le sexe, ce qui comprend aussi le mariage forcé et le mariage précoce. Cependant, criminaliser le mariage forcé en en faisant une infraction distincte dans le Code criminel n'est pas la solution judicieuse. Je m'appuie pour dire cela sur l'organisme Metro Toronto Chinese and Southeast Asian Legal Clinic que nous avons reçu le mois passé, au Comité permanent de la condition féminine. L'organisme travaille dans le domaine de la violence contre les femmes et s'attaque aux mariages forcés. Je le souligne, car ce sont ces personnes que nous devons écouter et sur lesquelles nous devrions nous appuyer pour légiférer. Nous ne pouvons pas rédiger des projets de loi aussi importants que l'est le projet de loi sans prendre en compte les conseils des acteurs de terrain.
Les femmes contraintes à se marier ne veulent pas nécessairement se manifester, de peur de quitter leur famille ou de les exposer à des poursuites judiciaires. Encore une fois, en criminalisant le mariage forcé, ces mêmes femmes ne se tourneront plus vers les services d'aide ou judiciaires.
Ensuite, s'attaquer au problème du mariage forcé en modifiant la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés est délicat. Plusieurs témoins nous ont dit que les femmes ayant un statut d'immigration précaire et qui sont touchées par la violence, notamment par le mariage forcé, sont moins protégées que les femmes canadiennes ou résidentes. Le système est conçu de telle manière qu'elles peuvent être expulsées parce qu'elles sont victimes de violence, justement.
On ajoute à ce manque de protection, un manque d'information. Les femmes parrainées victimes de violence ne dénonceront pas leur parrain par peur d'être expulsées, car elles ne connaissent pas quelles seront les conséquences sur leur statut. Au lieu de les pointer du doigt, comme le fait ce projet de loi, nous devrions prévoir un processus qui transmet aux femmes les renseignements de base sur les règles en matière d'immigration. Plus les femmes seront informées sur leurs droits, plus elles seront à l'aise pour se dresser contre la violence qu'elles subissent.
Chaque fois que nous parlons de violence faite aux femmes, les organismes et les individus que nous avons entendus nous ont parlé de la nécessité d'avoir une stratégie nationale pour prévenir la violence faite aux femmes. Ils nous répètent pratiquement tous la même chose: l'éducation par la prévention doit être le point d'honneur dans notre lutte contre la violence faite aux femmes. Pour cela, il faut soutenir et financer adéquatement les initiatives des associations et des organismes. Ils ont des programmes ambitieux et prometteurs qui permettent, à long terme, d'endiguer la violence sous toutes ses formes, incluant la polygamie et le mariage forcé, dont nous parlons aujourd'hui.
Je conclurai en disant que les individus cherchent la protection et l'intégration. Malheureusement, ici, ils sont visés et pointés en tant que criminels.
L'étiquette « barbare » accollée au titre du projet de loi sectorise la violence faite aux femmes. Elle renforce la marginalisation et les stéréotypes. Or marginaliser, c'est isoler les personnes que nous devons protéger et faire sortir de ce cercle vicieux.
Je sais que le gouvernement conservateur a tendance à faire la sourde oreille quand nous tentons, de ce côté de la Chambre, d'apporter des modifications à ses projets de loi. Toutefois, j'invite le ministre à s'engager à mener des consultations sérieuses sur une grande échelle auprès des groupes communautaires et des spécialistes pour remédier effectivement au problème de la violence à caractère sexiste.
:
Monsieur le Président, j'ai beaucoup aimé le discours de ma chère collègue.
Au cours des dernières semaines, sinon des derniers mois, il me semble que la rhétorique du gouvernement et ce qui est acceptable dans la place publique concernant la marginalisation de communautés, n'a pas sa place dans un pays comme le Canada, que ce soit le qui parle d'une communauté comme étant anti-femmes ou ce projet de loi qui utilise le terme « barbares » — un terme qui a d'abord été utilisé par les Grecs pour dire « les étrangers ».
Ma collègue a-t-elle eu des échos de la part de communautés culturelles dans son comté et d'ailleurs, qui se sentent menacées et attaquées par ce gouvernement?
:
Monsieur le Président, je remercie mon collègue de sa question pertinente.
Je peux témoigner de ma propre expérience. Je suis issue d'une communauté qu'on appelle les minorités visibles invisibles. Toutefois, je suis visible. J'ai la chance d'être ici, à la Chambre, pour parler de ces problèmes et essayer de freiner la pente sur laquelle le gouvernement conservateur veut nous mener.
J'ai entendu des gens être très préoccupés par le fait que le parlait des valeurs canadiennes. La question suivante m'a été posée: « Madame Sellah, va-t-on se retrouver, au niveau fédéral, à la même question... »
:
La députée ne peut pas faire référence à son nom personnel.
:
Monsieur le Président, pardon.
En fait, on m'a demandé, à titre de députée de Saint-Bruno—Saint-Hubert, si je pensais qu'il y avait un parallèle avec la charte des valeurs québécoises déposée par les péquistes en 2013, lorsqu'on entend parler le des valeurs canadiennes.
Personnellement, je ne pouvais pas répondre à la question, parce que je n'imaginais pas qu'on se retrouverait dans des situations pareilles au Canada. On criminalise les gens, au lieu de les aider à s'intégrer, d'essayer d'aller parler aux gens sur le terrain, d'essayer d'avoir les motifs et les raisons ainsi que de prévenir et de sensibiliser. J'étais vraiment incapable de leur répondre, parce que je n'étais pas dans la tête du , malheureusement.
[Traduction]
:
Monsieur le Président, ma question porte sur la position du NPD sur le projet de loi . Je crois comprendre que le NPD va voter contre cette mesure législative. Nous avons exprimé nos préoccupations concernant le titre abrégé du projet de loi et proposerons donc un amendement à cet égard. Cependant, le projet de loi propose des mesures qui semblent utiles, par exemple celles portant sur la polygamie, les mariages forcés et précoces, ainsi que la violence familiale. On peut s'interroger quant à la véritable valeur de ces dispositions, mais il s'agit d'un pas en avant.
La députée ne trouve-t-elle pas que ce projet de loi a une certaine valeur?
[Français]
:
Monsieur le Président, je me demande de quelles valeurs mon collègue parle. J'ai déjà répondu que, pour nous, les valeurs canadiennes sont la liberté, la démocratie et le respect mutuel.
Le libellé de ce projet de loi est choquant pour certaines communautés qui se sentent ciblées. Alors, quand on parle de valeurs, il faut se demander pourquoi on cible certaines communautés. Malheureusement, j'ai l'impression que ces communautés se sentent pointées du doigt, que ce soit au niveau international, provincial ou fédéral. De plus, on va essayer de criminaliser les gens pour certaines pratiques, au lieu d'essayer de les sensibiliser, de les aider et de leur enseigner les valeurs canadiennes pour prévenir ces pratiques.
[Traduction]
:
Monsieur le Président, je suis toujours ravi de prendre part aux débats à la Chambre, en particulier au sujet de la mesure législative dont nous sommes saisis aujourd'hui, soit le projet de loi , Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares.
[Français]
J'ai le privilège d'être ministre du Multiculturalisme depuis plus de sept ans. Pendant mon mandat, j'ai également été ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration pendant presque cinq ans, lors desquelles nous avons fait des réformes importantes pour renforcer la grande tradition du Canada, une tradition d'esprit d'ouverture sur le monde, de pluralisme et d'unité dans notre diversité.
Je rappelle souvent que notre pays, selon l'historien de l'Université McGill Desmond Morton, a été fondé par les perdants de l'histoire. C'est très délicat de dire cela, mais il parle des Autochtones, des habitants de la Nouvelle-France, qui sont ressortis perdants des conquêtes, des loyalistes de l'Empire uni, les perdants de la Révolution américaine qui se sont établis au Canada anglais, ainsi que des loyalistes noirs qui étaient des esclaves libérés des États-Unis. Il s'agit aussi de plusieurs autres générations, comme les réfugiés juifs du début du XXe siècle, les réfugiés des régimes communistes, comme les Hongrois de 1956, les Tchèques de 1968 ou les Vietnamiens de 1979, ainsi que mes ancêtres, les Irlandais de la Grande Famine, et les Écossais, the Highland Clearances Scots.
[Traduction]
En quelque sorte, tous ces gens étaient les déshérités de l'histoire, y compris notre tout premier premier ministre, Sir John A. Macdonald. C'est pourquoi sont profondément enracinés dans notre ADN une culture, des habitudes et des réflexes politiques particuliers, tous partis confondus. Nous avons l'impression d'avoir une vocation spéciale à remplir au sein de la communauté internationale en tant que terre de liberté, qui respecte les différences culturelles et qui encourage les gens à célébrer ce qu'il y a de meilleur dans leur héritage culturel. Aujourd'hui, nous appelons cela le multiculturalisme ou, comme le disent certains, le pluralisme, un mot qui traduit peut-être mieux le respect qu'il faut témoigner à l'égard des croyances les plus profondes de nos concitoyens.
Évidemment, nous croyons aussi que la liberté de conscience et de religion fait partie de l'éventail des libertés fondamentales. Il n'est donc guère étonnant que cette liberté soit la première à être énumérée dans la Charte des droits et libertés. En effet, c'est à l'aulne de telles libertés que nous pouvons définir notre identité et nos plus profonds engagements en tant qu'êtres humains. Ces valeurs sont primordiales pour nous, en tant que Canadiens, mais nous en chérissons aussi d'autres.
En tant que pays, nous croyons également que la liberté de religion et de conscience, le respect de la diversité culturelle et nos valeurs démocratiques sont profondément enracinés dans notre croyance commune en la dignité inviolable de la personne humaine. Pour reprendre les paroles de l'ancien premier ministre John Diefenbaker, ces valeurs sont ancrées dans ce que nous considérons comme étant « le caractère sacré de la personne ». Certaines valeurs découlent de ce sentiment de dignité humaine.
Par exemple, nous croyons que l’égalité entre les hommes et les femmes est un principe qui va de soi dans notre société; nous croyons que certaines pratiques, qui sont enracinées dans une culture ou une tradition et qui visent à traiter la femme comme un bien plutôt qu’une personne, sont fondamentalement inacceptables et doivent être découragées et déclarées illégales, le cas échéant. Nous sommes d’avis que forcer des femmes, par exemple, ou même des hommes, des garçons et des filles à contracter un mariage de force est une violation fondamentale de leur intégrité et de leur dignité personnelles en tant qu’ êtres humains. Nous croyons que forcer des gens à adopter la pratique aberrante de la polygamie devrait être découragé et interdit dans nos lois.
Je ne crois pas que l’affirmation de tels principes absolus dans nos lois est contraire à l’esprit du pluralisme, qui est l’une de nos principales caractéristiques. Au contraire, les deux vont de pair. Je ne crois pas que notre multiculturalisme se veut du relativisme culturel. D’après moi, c’est une autre occasion de célébrer ce qu’il y a de meilleur dans notre héritage culturel, mais cela ne donne pas le droit d’importer au Canada des pratiques profondément antidémocratiques qui se fondent sur le refus de reconnaître l’égalité entre les hommes et les femmes, par exemple, ou la liberté de religion et de conscience, ou l’intégrité humaine.
Voilà pourquoi nous avons proposé le projet de loi , Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares. Je sais que le titre abrégé est provocateur et qu’il a suscité des débats à la Chambre. Pour être honnête, c’en était l’objectif. Mission accomplie.
[Français]
Ce qu'il fallait souligner, c'était que ces pratiques étaient inacceptables pour notre société.
C'est la raison pour laquelle, quand j'étais ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration il y a quelques années, j'ai publié le nouveau guide d'étude pour les demandeurs de statut de citoyenneté, qui s'appelle Découvrir le Canada: Les droits et responsabilités liés à la citoyenneté.
Soyons clairs: depuis longtemps, la Loi sur la citoyenneté prévoit trois obligations pour que les résidents permanents deviennent des citoyens canadiens. Premièrement, il faut vivre au Canada pendant une période de quatre ans; deuxièmement, il faut démontrer une compétence linguistique dans une de nos deux langues officielles; et troisièmement, il faut démontrer une connaissance du Canada: son histoire, ses institutions, ses symboles, etc.
Depuis les années 1970, un examen évalue aussi les connaissances du Canada des demandeurs de statut de citoyenneté.
Quand je suis devenu ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, en 2008, j'ai découvert que l'examen évaluant ces connaissances et le guide servant d'outil d'apprentissage et d'étude donnaient un aperçu très superficiel du Canada. Ils n'incluaient presque aucune histoire du Canada et presque aucune information sur nos attentes culturelles.
C'est la raison pour laquelle j'ai écrit dans le nouveau guide Découvrir le Canada: Les droits et responsabilités liés à la citoyenneté.
[Traduction]
Certes, le Canada prône la tolérance et la diversité, mais il condamne certaines « pratiques culturelles barbares », comme les soi-disant crimes d'honneur, la mutilation des organes génitaux féminins, les mariages forcés, la violence faite aux femmes et j'en passe. Les personnes qui s'adonnent à ces pratiques sont sévèrement punies en vertu des lois en vigueur dans notre pays.
Il était très important d'envoyer ce message, et l'utilisation du mot « barbare » était intentionnelle. Nous savions que cela allait attirer l'attention et c'est ce que nous voulions. C'était une occasion de sensibiliser les gens et d'affirmer haut et fort qu'il n'est pas question que ces pratiques soient acceptées au Canada au nom du multiculturalisme.
Le projet de loi dont nous sommes saisis nous permet d'atteindre notre objectif et de combler certaines lacunes qui, bien honnêtement, n'auraient ps dû se glisser dans la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, la Loi sur le mariage civil et le Code criminel.
[Français]
Par exemple, en tant que ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, j'ai appris que des familles issues d'un mariage polygame étaient entrées au Canada sans avoir déclaré cette relation polygame.
[Traduction]
Ces personnes n'ont pas déclaré qu'elles étaient dans une relation polygame, mais elles sont venues s'établir au Canada alors que leurs pratiques allaient à l'encontre de nos lois. Les modifications à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés permettront de colmater des brèches comme celles-là.
Dans le même ordre d'idées, les modifications à la Loi sur le mariage civil contenues dans le projet de loi permettraient de préciser l'exigence du consentement libre et éclairé au mariage ainsi que celle de la dissolution ou de l'annulation de tout mariage avant qu'un nouveau mariage puisse être contracté. Cette dernière vise à éliminer, encore une fois, la polygamie. En outre, le projet de loi érigerait en infraction le fait de ne pas dénoncer l'existence d'un mariage forcé ou d'y participer sciemment. Le Royaume-Uni et d'autres pays ont adopté des mesures semblables ainsi que d'autres amendements de cet ordre.
À mon avis, il s'agit d'un train de mesures raisonnables, sensées et plutôt simples. Les Canadiens s'attendent à ce que le gouvernement renforce notre tradition de pluralisme en établissant des limites raisonnables.
:
Monsieur le Président, il y a 36 ans, j'étais en Arabie saoudite. Je ne connaissais pas trop les pratiques culturelles du pays, et la première fois que j'ai entendu parler de mutilation sexuelle des femmes, j'ai été très troublé, comme le serait d'ailleurs n'importe qui. Bien entendu, à ce sujet, au Canada, nous avons des lois sévères qui protègent les femmes contre la violence, et ce, à juste titre.
Durant mon séjour là-bas, j'ai travaillé de près avec un certain nombre de personnes et j'ai fait connaissance avec leur famille. Dans leur culture, il était acceptable d'avoir une deuxième épouse. En fait, les hommes pouvaient avoir quatre épouses, mais la plupart en avaient deux.
Je ne peux pas imaginer qu'une personne, peu importe son allégeance politique, puisse accepter la pratique du mariage forcé. L'idée de forcer quelqu'un à se marier nous paraît choquante. Toutefois, nous sommes aux prises avec une situation, et le ministre en a lui-même parlé tout à l'heure: des gens veulent venir au Canada et, la seule façon d'y arriver, c'est d'éluder le fait qu'ils ont une deuxième épouse. Quand j'étais en Arabie saoudite, la seconde épouse était désignée comme une soeur. Je pense que c'est la même chose dans certaines cultures polygames aux États-Unis. Maintenant, nous faisons face à un problème: un nombre assez important de gens, me semble-t-il, vivent dans notre pays avec ces épouses. Cela signifie-t-il que nous devrons les forcer à retourner dans leur pays? Les gens qui viennent ici ne recherchent pas la tolérance, mais l'acceptation. Est-il possible d'améliorer les choses à cet égard?
:
Monsieur le Président, de l'avis du gouvernement et du mien, la polygamie n'a pas sa place au Canada, car, fondamentalement, la polygamie implique de traiter la femme comme un bien plutôt que comme une personne. Les sociétés et les cultures polygames ne reposent pas sur le libre arbitre et la dignité de la femme. Nous estimons qu'il ne faut absolument pas tolérer ce genre de relation.
Habituellement, ce qui se produit, c'est qu'un homme vient s'installer au Canada avec son épouse, divorce au Canada une fois qu'ils ont tous les deux obtenu la résidence permanente, puis parraine une deuxième épouse à des fins d'immigration et refait peut-être la même chose avec une troisième épouse. Il peut aussi, par exemple, déclarer sur les formulaires qu'une de ses épouses est sa soeur ou quelque chose du genre, frauduleusement. En soi, c'est de la fraude.
Avec notre humilité et notre politesse typiquement canadiennes, nous disons que nous sommes désolés, mais que lorsque quelqu'un ment afin de s'installer au Canada et ment sur la nature de sa relation, ses fausses déclarations ont des conséquences. Quiconque ment ainsi devrait perdre le privilège de résider au Canada. C'est déjà dans la loi et c'est selon moi la position qu'il faut défendre.
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Monsieur le Président, je remercie le d'avoir fait valoir sa position. De toute évidence, il a un bilan très positif auprès de la mosaïque multinationale et multiculturelle du Canada et il a du respect pour la diversité religieuse. Loin de moi l'idée de lui prêter indûment des intentions, mais j'ai l'impression qu'il est un peu mal à l'aise avec le titre court du projet de loi. Si ce n'est pas le cas, alors il a tort. Le titre, « Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares » laisse supposer des changements beaucoup plus radicaux que la simple criminalisation de bon nombre de pratiques déjà illégales. La polygamie est illégale au Canada. Mentir dans le but de se faire naturaliser est illégal. C'est de la fraude. La plupart des mesures que renferme le projet de loi sont déjà prévues dans une multitude d'autres lois en vigueur au Canada.
Je ne m'oppose pas au fond du projet de loi. C'est une bonne chose d'établir clairement que la polygamie est illégale au Canada et de s'assurer que les jeunes ne sont pas entraînés dans un autre pays pour être victimes d'un polygame ou y être mariés de force. J'espère toutefois que le ministre me pardonnera de dire qu'il est très révoltant qu'autant de mesures législatives ne soient rien d'autre qu'un coup de publicité. Le titre du projet de loi nous le montre bien. J'invite donc le ministre à s'adresser à ses collègues du Cabinet et à veiller à ce que le titre du projet de loi corresponde à ce qu'est réellement celui-ci, à savoir un projet de loi qui vise à faire en sorte que la polygamie demeure illégale au Canada.
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Monsieur le Président, les pratiques barbares ne se résument pas à la polygamie; elles s'étendent aussi aux mariages forcés — à ceux qui les célèbrent, qui y contribuent ou qui y participent — et à la mutilation des organes génitaux féminins. Oui, « barbares » est un mot fort qui porte un jugement, mais il est parfois nécessaire de le faire. Les mesures législatives doivent parfois servir à instruire.
Disons-le carrément: lorsque je suis devenu ministre du Multiculturalisme, il y a huit ans, j'aurais probablement frémi, pour des raisons politiques, en entendant le nom du projet de loi. J'ai toutefois été très exposé à l'énorme diversité culturelle et religieuse du Canada et j'ai travaillé en étroite collaboration avec des gens de tous les horizons, qui m'ont enseigné une chose au fil des ans. Ils m'ont fait comprendre que la grande majorité des néo-Canadiens sont fermement convaincus qu'il y a certaines balises d'intégration que tous doivent respecter au Canada. Les immigrants ont le devoir de s'intégrer, et certaines pratiques découlant de coutumes et de traditions n'ont pas leur place au Canada.
Ce sont ces néo-Canadiens qui m'ont donné l'inspiration, la confiance, de parler franchement et de ne pas m'encombrer de rectitude politique sur ces questions. Ce sont ces néo-Canadiens qui m'ont demandé pourquoi nous tolérions ces choses au Canada, eux qui ont fui leur pays pour y échapper. Ils ont dit: « Ne tolérez pas la mutilation des organes génitaux féminins, les mariages forcés ou la polygamie. Mettez-y fin. Nous voyons cela dans notre propre communauté. » Ce sont des femmes victimes de mariages forcés, y compris ici, au Canada, qui ont le plus motivé ce projet de loi.
Je veux en attribuer le mérite à la qui, durant son mandat comme ministre de la Condition féminine, a entendu le même message de femmes, comme Aruna Papp et tant d'autres, qui nous ont dit: « Prenez des mesures fermes. Utilisez des mots forts. Condamnez ces pratiques. Comblez le vide juridique. » Ce projet de loi est dédié à toutes ces femmes, qui ne pouvaient se faire entendre.
:
Monsieur le Président, je prends avec plaisir la parole au sujet du projet de loi. J'aimerais dire, d'entrée de jeu, que nous nous y opposons. Mes collègues d'en face peuvent bien attiser la peur et l'intolérance en allant jusqu'à dire que nous sommes en faveur des mariages forcés et de la polygamie, je crois que les Canadiens verront clair dans cette pratique disgracieuse et comprendront nos objections pour ce qu'elles ont de sensé et d'humain.
Je vais parler du côté humain de cette question. Par les temps qui courent, utiliser le mot « culturelles » crée injustement l'image d'un « autre », d'« eux » et de « ceux qui ne sont pas nous ». Quand, de surcroît, on va jusqu'à ajouter le mot « barbares » au mot « culturelles », nous remontons directement à l'époque du colonialisme, à une époque où on qualifiait les autres de sauvages, de barbares.
Tout gouvernement a l'obligation de se montrer responsable du type de mesures législatives qu'il présente et, non seulement, du type de mesures législatives, mais aussi de la manière dont il les présente, dont il communique ce qui les a motivées et rendues nécessaires. Il est impardonnable de qualifier, directement ou indirectement, n'importe quelle culture de barbare.
Il peut y avoir, et c'est d'ailleurs le cas, des individus qui, seuls ou en groupes déclarés, posent des gestes violents et méprisables, des gestes barbares, mais attribuer de tels gestes, les gestes de certains seulement, à l'ensemble d'une culture peut poser des risques en soi. On le voit chaque jour dans les médias, alors que l'ensemble des membres de certaines communautés culturelles sont mis dans le même panier qu'une poignée d'entre eux. C'est faire preuve d'arrogance, de cette même arrogance qui a alimenté des attitudes d'une époque qui devrait être révolue depuis longtemps.
Voulons-nous créer au Canada un refuge pour les femmes et les filles qui, autrement, risqueraient de subir un mariage forcé ou polygame, voire même certains de ces autres gestes disgracieux et méprisables comme la mutilation génitale? Oui, nous voulons pouvoir protéger ces femmes et ces filles contre de tels gestes. Devrions-nous le faire en menaçant tous et chacun d'emprisonnement, y compris les victimes? Je ne crois pas.
Le Canada possède des lois qui interdisent de tels mariages et de tels gestes, et pourtant ces lois sont très rarement appliquées. Il faut se demander pourquoi. Tout comme nous devions modifier nos lois en matière de violence familiale et sexuelle afin que les victimes se sentent mieux protégées en se manifestant, nous devons faire de même à l'intention des victimes de mariages forcés, de polygamie et d'autres gestes barbares. Nous devons protéger les victimes et les victimes potentielles de toutes les cultures, y compris la nôtre, qui pourraient se retrouver dans ces situations inacceptables.
Ces derniers temps, il s'est instauré un climat de peur et de discorde qui a été créé et exploité par les personnes et les institutions qui devraient plutôt s'affairer à unifier notre nation.
Le projet de loi et son titre abrégé, Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares, ne fait rien d'autre qu'aggraver les peurs, le manque de vision et l'étroitesse d'esprit de quelques individus et remet en question ce que signifie vraiment être un Canadien.
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Monsieur le Président, la question que je pose au député est essentiellement la même que celle que j'ai adressée à un autre député de son caucus à propos de ce projet de loi.
Nous savons tous que le titre abrégé du projet de loi soulève de sérieuses questions. Nous sommes en grande partie d'accord avec bon nombre des observations formulées par les députés à ce sujet.
Ma question porte plus précisément sur le contenu de la mesure législative. Même s'il améliore la situation de façon minime, tout au plus, c'est un pas — bien que modeste — dans la bonne direction pour lutter contre la polygamie, les mariages forcés, les mariages précoces et, dans une certaine mesure, la violence familiale. Ce n'est pas une grande amélioration, mais cet aspect de la mesure législative semble avoir une certaine valeur.
Le député estime-t-il que des parties du projet de loi représentent un quelconque un intérêt? J'ajouterais que je partage ses inquiétudes en ce qui concerne le titre abrégé.
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Monsieur le Président, ce qui me dérange, c'est que, comme le l'a mentionné, des lois existent déjà pour lutter contre la polygamie. La députée de l'a dit elle aussi. La polygamie est déjà illégale au Canada, tout comme le mariage forcé.
Les nombreux problèmes que le projet de loi vise à régler font déjà l'objet de mesures. Par conséquent, il me semble que nous devrions déterminer pourquoi ces mesures ne sont pas davantage mises en application, puis trouver les lacunes qui empêchent de combattre directement ces pratiques.
Je le répète, il est injuste et dangereux de désigner une culture comme étant la seule à adopter ces pratiques.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de pouvoir parler aujourd'hui du projet de loi , Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares. Il est formidable de voir les députés s'intéresser en si grand nombre à ce projet de loi.
L'une des raisons pour lesquelles je me suis lancée en politique était d'avoir la possibilité de m'attaquer à des sujets comme celui-là. Je voulais fournir aux femmes les outils dont elles ont besoin pour revendiquer l'égalité et la liberté et, plus que tout, mettre un terme à la violence. Depuis son élection en 2006, fort du leadership de notre et des valeurs de pluralisme, de tolérance et de respect qui sont les nôtres, le gouvernement conservateur, et lui seul, s'est imposé comme l'un des plus insistants et des plus déterminés du monde en ce qui a trait à la promotion de collectivités et de milieux sécuritaires pour les femmes. C'est nous qui avons pris les mesures les plus rigoureuses de toute l'histoire du pays pour protéger les femmes vulnérables.
Nous avons fait passer l'âge du consentement sexuel de 14 à 16 ans pour protéger les jeunes, y compris les filles, de l'exploitation sexuelle par des prédateurs adultes, et nous avons renforcé les dispositions relatives à l'engagement de ne pas troubler l'ordre public pour ceux qui aurait déjà été trouvés coupables d’une infraction d’ordre sexuel à l’égard d'un enfant. Cela peut sembler bien modeste, mais nous avons aussi amélioré l'offre de moyens destinés à faciliter les témoignages pour les victimes adultes vulnérables et les témoins — dont les femmes — qui ont subi des sévices et qui doivent passer à travers le processus judiciaire. Ayant déjà travaillé comme bénévole dans un refuge pour femmes avant d'entrer en politique, je peux affirmer sans hésiter que ces mesures sont extrêmement utiles pour les victimes et les femmes exposées à la violence.
La traite des personnes est un crime haineux qui menace les femmes et les filles, surtout les femmes et les filles autochtones, qui n'ont parfois que 12 ans. Notre gouvernement a modifié le Code criminel en y ajoutant des infractions particulières pour interdire la traite des personnes à des fins d'exploitation — dont l'exploitation sexuelle forcée ou le travail forcé —, la perception d'un avantage pécuniaire ou matériel pour la traite des personnes, et la rétention ou la destruction de pièces d'identité de voyageur dans le but de faciliter la traite proprement dite.
Toutes ces mesures ont été conçues pour protéger les femmes vulnérables des prédateurs, permettre la poursuite des trafiquants, et prévenir la perpétration de crimes graves et la violation des droits de la personne. C'est aussi pour ces raisons que notre gouvernement a appuyé la création d'une peine minimale obligatoire d’emprisonnement de cinq ans pour la traite d'une personne de moins de 18 ans.
Les libéraux peuvent bien parler de leur appui aux femmes autochtones, il reste que c'est le gouvernement actuel, sous la direction du , qui, après 100 ans, a fait le nécessaire pour protéger les droits aux biens matrimoniaux des femmes autochtones, de manière à ce qu'elles aient des recours pour assurer une division équitable des biens du foyer familial lorsqu'il y a rupture d'une relation. De plus, c'est le gouvernement actuel qui a garanti aux gens vivant dans les réserves la même protection que les autres Canadiens en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne, de telle sorte que les femmes autochtones bénéficient des mêmes garanties juridiques et de la même aide que toutes les autres femmes canadiennes.
Voilà certaines mesures importantes prises par le gouvernement pour que les femmes autochtones bénéficient de l'égalité sur le plan juridique. Mais le gouvernement s'emploie également à améliorer le sort d'autres groupes de femmes vulnérables dont les droits sont bafoués au Canada. C'est pourquoi nous présentons le projet de loi , Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares. Nous disons ainsi clairement que les pratiques culturelles préjudiciables ou violentes sont inacceptables au Canada. Qu'il s'agisse de la violence contre les femmes, de la mutilation des organes génitaux féminins, des mariages précoces et forcés, de la polygamie ou, bien entendu, des prétendus crimes d'honneur, ces pratiques sont incompatibles avec les valeurs canadiennes et ne seront pas tolérées dans notre pays.
Le projet de loi s'ajoute au bilan déjà solide de notre gouvernement en matière de mesures très vigoureuses pour assurer l'égalité et la sécurité des femmes et des filles de partout au Canada, notamment le renforcement de nos lois pour prévenir l'exercice des traditions culturelles préjudiciables et pour lutter contre elles, lorsque des personnes, en particulier les femmes, subissent des violations de leurs droits. Je suis particulièrement fière de voir que le gouvernement ne cédera pas devant les appels à la rectitude politique et au relativisme culturel en faisant comme si ces problèmes et celui de la violence motivée supposément par l'honneur n'existaient pas. Ces actes haineux sont des violations extrêmes et brutales des valeurs qui nous sont chères, et il est honteux de voir que certaines personnes favorisent de tels comportements.
Il vaut la peine de répéter, lorsqu'on parle de cette question, que toutes les formes de violence sont entièrement interdites par le Code criminel, quelle qu'en soit la raison.
Le projet de loi modifierait le Code criminel afin de limiter la défense de provocation de manière à ce que la culture ne puisse jamais servir d'excuse pour le meurtre ou la violence lorsque l'acte de violence est attribuable à un geste licite de la part de la victime qui a fait en sorte qu'une autre personne s'est sentie enragée, déshonorée, insultée, humiliée ou honteuse.
À l'heure actuelle, la défense de provocation peut être invoquée par une personne qui a des valeurs que je qualifierais de tordues lorsqu'on l'accuse d'avoir commis un crime aussi grave qu'un meurtre. L'accusé soutient avoir agi sous le coup de l'émotion causée par un acte répréhensible ou une insulte de la part de la victime qui lui a fait perdre son sang-froid. Si la défense fonctionne, même si l'accusé est reconnu coupable du meurtre, il peut être déclaré coupable d'homicide involontaire, ce qui n'est pas passible d'une peine minimale obligatoire, à moins qu'une arme à feu ait été utilisée. En revanche, la condamnation pour meurtre entraîne une peine minimale obligatoire d'emprisonnement à perpétuité, avec un minimum de 10 ans d'emprisonnement avant l'admissibilité à la libération conditionnelle.
Au Canada, la défense de provocation a été invoquée pour plusieurs meurtres prétendument motivés par l'honneur. Elle a été invoquée au motif que la victime a commis un acte répréhensible ou offensant en adoptant un comportement particulier, que ce soit en choisissant elle-même son époux ou la personne qu'elle fréquente, ou même en faisant d'autres choix personnels comme le choix des vêtements qu'elle porte, sans la permission d'un proche, qui est habituellement son père, mais parfois sa mère ou un membre de la famille élargie.
Dans la communauté culturelle à laquelle appartient la famille, cet acte prétendument répréhensible ou offensant semble autoriser l'accusé à commettre un acte de violence, voire un meurtre, en réponse à ce qui est perçu comme une atteinte à l'honneur ou à la réputation. La défense a été invoquée dans des cas où une épouse a été victime d'homicide à cause d'un comportement licite de sa part, y compris dans des cas où la victime a simplement tenté de mettre fin à la relation ou dit quelque chose que le meurtrier a jugé offensant, ainsi que dans des cas d'infidélité avérée ou soupçonnée.
Les Canadiens ont entendu parler de certains cas très médiatisés, mais les articles qu'ils ont lu dans l'Ottawa Citizen ou d'autres journaux ne parlaient peut-être pas du caractère insidieux de cette oppression. Les Canadiens seraient horrifiés de savoir que certains cherchent à justifier un meurtre en disant que le meurtrier se sentait insulté, embarrassé, honteux ou humilié, ou qu'il était en proie à une autre réaction émotive fondée sur la notion d'honneur. De toute évidence, il est inacceptable qu'une personne commette un meurtre parce que les gestes et les décisions d'une autre personne ont échappé à son contrôle.
Je crois que nous convenons tous, au Canada, que les hommes et les femmes sont égaux devant la loi, et que le droit de chacun de prendre ses propres décisions est un fondement de notre démocratie. Personne ne devrait être opprimé ou attaqué violemment parce que ses choix tout à fait légaux ne font pas le bonheur de son conjoint, de ses parents, de ses frères ou d'autres membres de sa collectivité. C'est pourquoi le projet de loi propose de limiter la défense de provocation afin qu'elle ne puisse plus servir quand une personne en tue intentionnellement une autre qui s'est conduite conformément à la loi.
Ce sont généralement des femmes et des jeunes filles qui sont victimes des pratiques préjudiciables que ce projet de loi vise à éliminer, soit la violence sexiste, le mariage précoce ou forcé, la polygamie et les crimes d'honneur. Ces terribles abus des droits de la personne n'ont pas leur place dans la société canadienne.
Le gouvernement conservateur a été clair sur ce point dès le départ. L'ouverture et la générosité canadiennes n'englobent pas pareilles pratiques culturelles barbares, et nous transmettons un message très clair, tant aux personnes au Canada qu'à celles qui souhaitent venir s'y établir. Ce message, c'est que nous ne tolérerons pas les traditions culturelles qui privent les individus, en particulier les femmes et les filles, de leurs droits fondamentaux. La préservation et la promotion des droits de la personne, notre profond respect pour les libertés fondamentales et notre engagement inconditionnel à l'égard de la dignité universelle de toutes les personnes sont au coeur même de notre identité canadienne.
J'espère que les députés se joindront à moi pour appuyer le projet de loi , qui signale à la société canadienne — surtout, aux femmes et aux filles de partout au Canada — et au reste du monde qu'il est primordial d'assurer l'égalité et la sécurité de toutes les femmes et les filles dans les collectivités canadiennes.
[Français]
:
Monsieur le Président, j'ai écouté avec attention le discours de mon honorable collègue.
J'avoue que si je la rejoins sur un bon nombre de points, ma plus grande réserve quant au projet de loi se trouve souvent dans le discours qui l'entoure, dans sa présentation et dans son titre même, où il est question de « pratiques culturelles barbares ». Tout au long des présentations, on laisse sous-entendre que le Code criminel ne prévoit pas déjà bon nombre de ces situations.
Ma collègue a parlé abondamment, entre autres, de la limite de défense de provocation dans le but manifeste d'interdire les crimes d'honneur. Or les tribunaux ont déjà déterminé que le concept d'honneur culturellement orienté ne représente pas une défense de provocation valable en vertu du Code criminel.
Il y a tous les moyens que prévoit déjà le Code criminel pour lutter contre ces pratiques et il y a ce que le projet de loi va ajouter, mais il y a aussi tout ce que le projet de loi ne comble pas. Par exemple, comment faisons-nous pour assurer aux femmes et aux jeunes filles, qui sont souvent les premières victimes, la connaissance à leur arrivée en sol canadien des droits qui leur sont garantis par le Code criminel?
Pourrions-nous avoir une approche de ce projet de loi qui lance un peu moins de feux d'artifices et qui soit un peu plus axée sur la promotion des droits réels que les dames doivent connaître pour être en mesure de s'en prévaloir?
[Traduction]
:
Monsieur le Président, premièrement, le député sait pertinemment que lorsque les immigrants arrivent au Canada, ils sont informés de leurs droits. Il est très clairement énoncé dans notre guide de la citoyenneté que les pratiques culturelles traditionnelles nuisibles — dont la mutilation génitale féminine et les crimes d'honneur — ne sont pas tolérées chez nous et que les Canadiens et les Canadiennes sont égaux devant la loi.
J'ai assisté à des cérémonies de citoyenneté, comme nombre de mes collègues j'en suis sûre, et c'est exactement ce que disent aux immigrants les juges de la citoyenneté. Les immigrants sont informés de leurs droits.
Le point le plus important, cependant, est que c'est le gouvernement actuel qui a investi dans des programmes pour sensibiliser les jeunes filles membres de la communauté sud-asiatique — communauté dans laquelle nous savons que des crimes d'honneur sont commis —, afin qu'elles demandent de l'aide si elles se sentent le moindrement opprimées. Nous finançons aussi des refuges multilingues pour que les filles qui ont du mal à comprendre l'anglais disposent des ressources dont elles ont besoin. Nous offrons aussi de la formation partout au pays dans les refuges pour femmes qui n'étaient pas normalement confrontés à d'autres pratiques culturelles et ethniques afin que leur personnel puisse comprendre les difficultés que vivent certaines de ces jeunes filles.
Il est de notre devoir, non seulement de protéger ces jeunes femmes, mais aussi d'envoyer un message clair et sans équivoque: les pratiques culturelles barbares et néfastes ne seront jamais tolérées en sol canadien. Nous allons empêcher quiconque d'invoquer ce prétexte pour se défendre.
:
Monsieur le Président, j'aimerais parler du titre abrégé du projet de loi. Disons que la présence du mot « culturelles » est pour le moins discutable. Le Parti libéral a proposé de le supprimer du titre abrégé. La violence conjugale à l'endroit des femmes existe sous différentes formes dans toutes les sociétés; il n'y a donc aucune raison de dire qu'il s'agit d'une pratique « culturelle ». Comme tous les autres qui se sont opposés à ce choix de mots, je me suis buté à une fin de non-recevoir. J'aimerais que la députée me dise ce qu'elle en pense.
Ma question porte en fait sur la première partie de son intervention. Elle a comme qui dirait porté aux nues le gouvernement pour la manière dont il s'y prend pour mettre fin à la violence contre les femmes et les jeunes filles. J'aimerais faire le lien avec les quelque 1 200 femmes et jeunes filles autochtones qui ont été tuées brutalement ou qui sont portées disparues. Tout le monde, des municipalités aux chefs de police en passant par les premiers ministres des provinces et les deux partis de l'opposition, réclame une commission d'enquête publique. Tout le monde sauf le . Tout le monde s'entend pour dire que nous avons besoin d'une commission d'enquête. Si le gouvernement et la ministre maintiennent qu'ils ne se tournent pas les pouces dans ce dossier, pourquoi refusent-ils de mettre sur pied une commission d'enquête publique?
Peut-être, dans le temps qui lui restera, la ministre pourra-t-elle nous dire ce qu'elle pense de l'utilisation du mot « culturelles ».
:
Monsieur le Président, comme je l'ai mentionné durant mon allocution, je suis contente que le gouvernement fasse fi de la rectitude politique dans ce dossier. Les jeunes filles que j'ai rencontrées, notamment celles de la communauté sud-asiatique, m'ont dit combien sont dommageables ces pratiques exercées dans leur propre culture.
Il ne s'agit pas de pratiques religieuses, mais bien culturelles. Ce sont des traditions néfastes, qui sont courantes dans le pays d'origine et qui ont été importées au Canada. Il nous faut travailler avec les jeunes femmes concernées et les groupes de leur communauté culturelle qui cherchent à résoudre ces problèmes très importants.
Il n'y a aucun doute que ces pratiques ont cours et qu'elles sont issues non pas de la religion, mais bien de la culture. Elles sont dommageables. Ceux qui font partie de cette culture et les groupes d'aide aux femmes avec qui j'ai travaillé le reconnaissent eux-mêmes sans ambages.
Nous devrions donc appeler les choses par leur nom. Il faut faire face au problème et aider les femmes concernées, qui qualifient ces pratiques de la même façon que nous: barbares et néfastes. Elles déploient de très grands efforts pour éradiquer ces pratiques de leur milieu. Nous ne pouvons faire montre d'ambivalence ou d'ambiguïté devant la situation. Il faut être clair et appeler les choses par leur nom. Il s'agit de pratiques culturelles barbares qui sont néfastes et parfois même fatales pour les femmes et les filles. Le gouvernement n'usera pas de faux-fuyants dans ce dossier.
[Français]
:
À l'ordre. Conformément à l'article 38 du Règlement, je dois faire connaître à la Chambre les questions qu'elle abordera lors de l'ajournement ce soir, à savoir: l'honorable députée de , Les affaires autochtones; et l'honorable député de , Le logement.
[Traduction]
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour discuter de cet important projet de loi.
Je suis un peu déçu. Je m'attendais à ce que le projet de loi reçoive un appui enthousiaste et unanime. L'opposition officielle se plaint du libellé, qu'il veut modifier aujourd'hui. Ce qui me préoccupe, c'est qu'elle ne semble pas s'inquiéter autant des problèmes que du titre. L'opposition doit se concentrer à nouveau sur ces problèmes.
Les libéraux ont au moins été cohérents aujourd'hui, mais c'est une position très étrange à adopter. Le député d'en face semble répéter sans cesse que l'aspect culturel n'est pas en cause dans l'existence de ces pratiques. Je ne comprends pas pourquoi les députés adoptent cette position. Nous savons tous que nous avons des défis universels. Le député parle de violence conjugale et de ce genre de problèmes. C'est un défi universel, mais nous discutons de problèmes très précis.
Je suis heureux de parler du projet de loi , Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares. Dans le discours du Trône prononcé en octobre 2013, le a promis de faire en sorte que le mariage précoce ou forcé et d'autres pratiques culturelles préjudiciables, comme le mariage polygame et la violence soi-disant fondée sur l'honneur, ne se produisent pas au Canada. Le projet de loi modifierait, de diverses façons, la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, la Loi sur le mariage civil et le Code criminel, et il s'attaquerait à ces pratiques.
Par exemple, le projet de loi prévoirait de nouvelles infractions dans le Code criminel pour la participation à un mariage précoce ou forcé, notamment le fait de faire passer à l'étranger un mineur dans le but de lui faire contracter un tel mariage, ainsi qu'un engagement de ne pas troubler l'ordre public qui pourrait être utilisé pour prévenir ce genre de mariages et les préjudices qui y sont associés.
Aujourd'hui, j'aimerais revenir un instant sur ce dont le ministre a parlé, c'est-à-dire la modification proposée au Code criminel qui restreindrait le recours à la défense de provocation.
Au Sénat, durant les délibérations du comité, il semble y avoir eu beaucoup de malentendus sur le bien-fondé de la loi actuelle. Nous avons de bonnes raisons de proposer une réforme de cette loi, et j'espère que nous pourrons donner des éclaircissements à ce sujet cet après-midi.
À l'heure actuelle, la défense fondée sur la provocation s'applique seulement aux accusations de meurtre; parfois appelée la défense de l'« accès de colère ». Elle peut seulement être invoquée lorsque le meurtre a été démontré. C'est ce qu'on appelle une défense partielle; en effet, son acceptation ne débouche pas sur un acquittement complet, mais bien sur le changement du verdict de meurtre en homicide involontaire coupable.
La défense fondée sur la provocation s'applique lorsqu'un meurtre a été commis en réponse à un acte répréhensible ou à une insulte si grave de la part de la victime qu'elle « suffise à priver une personne ordinaire du pouvoir de se maîtriser, » ou lorsque l'accusé a agi sous l'impulsion du moment, « avant d'avoir eu le temps de reprendre son sang-froid. »
Bien que la défense de provocation soit seulement partielle, elle présente deux avantages considérables à ceux qui l'invoquent avec succès. Premièrement, une déclaration de culpabilité pour homicide involontaire coupable plutôt que pour meurtre donne une très grande marge de manoeuvre au juge responsable du prononcé de la peine. Une déclaration de culpabilité pour meurtre au deuxième degré entraîne une peine obligatoire d'emprisonnement à vie et une stricte inadmissibilité à la libération conditionnelle. Cependant, une déclaration de culpabilité pour homicide involontaire coupable n'est assortie d'aucune peine minimale obligatoire à moins que le crime ait été commis avec une arme à feu, auquel cas elle entraîne une peine minimale de quatre ans. Dans toutes les autres circonstances, le meurtre involontaire coupable n'est assorti d'aucune peine minimale.
À l'étape de la détermination de la peine, après un plaidoyer de provocation frucutueux, le comportement provocant ou la provocation de la victime devient à nouveau une circonstance atténuante qui peut réduire la peine. Comme les députés peuvent le constater, la défense de la provocation présente un avantage substantiel au moment de la détermination de la peine.
Un autre avantage de cette défense, si elle est acceptée par le juge, c'est qu'elle permet à un meurtrier d'éviter les préjugés associés à l'étiquette de meurtrier. C'est cet aspect que nous, en tant que législateurs, devons garder à l'esprit en étudiant cette disposition. Aux termes de la loi, certains meurtres sont moins répréhensibles que d'autres et, en fait, la loi dit qu'un meurtre n'est pas toujours un meurtre.
Aux termes des dispositions actuelles de la loi, inscrites dans le Code criminel depuis 1892, il suffit que la victime commette un acte répréhensible ou lance une insulte pour qu'il y ait provocation. Si la victime avait le droit de faire ce qu'elle a fait, il n'y a pas provocation, mais cette exclusion est très restrictive. Elle s'applique aux mesures légalement et expressément autorisées, comme l'exécution d'un mandat par les policiers.
La provocation est actuellement prise en considération lorsque le comportement de la victime était légitime. La défense est souvent invoquée si la provocation présumée était une insulte verbale ou un geste offensant. La modification proposée vise à faire en sorte que la provocation pourrait être invoquée uniquement si le comportement de la victime se traduisait par une infraction punissable d'au moins cinq années d'emprisonnement.
Cette défense pourrait donc être invoqué dans les cas où une personne en a tué une autre dans un accès de colère provoqué par une infraction criminelle, qu'il s'agisse d'une agression, de menaces verbales, de harcèlement, d'un vol ou d'une fraude mettant en cause des biens valant plus de 5 000 $ ou d'extorsion, entre autres. Dans la majorité des cas où la provocation est invoquée, il s'agit précisément d'allégations concernant ce type d’actes criminels.
La mesure législative prévoit que certains comportements ne seraient désormais plus considérés comme de la provocation, comme les insultes verbales ou encore les autres types de comportements qui demeurent légitimes malgré le fait qu'ils peuvent être offensants. Même si une insulte peut être très désagréable ou blessante, dans les cas où la conduite de la personne demeure légitime, il ne devrait pas être possible de se servir de cette insulte pour justifier un meurtre ou minimiser ce geste.
Dans le cadre des débats à l'autre endroit, certains ont laissé entendre que la réforme proposée va trop loin et limite beaucoup trop les moyens de défense. Cela dit, il est raisonnable de s'attendre à ce que les Canadiens réagissent autrement aux insultes et aux gestes offensants autrement qu'en tuant la personne.
La réforme proposée vise deux objectifs principaux. Tout d'abord, elle vise à empêcher le recours à ce moyen de défense lorsqu'il sera question de meurtres d'honneur. Nous savons que des jeunes filles et des femmes ont été tuées parce qu'elles ont refusé d'obéir à leurs parents. Le conflit était peut-être attribuable aux fréquentations, au partenaire choisi pour le mariage ou encore à la façon de s'habiller. Dans notre pays, les jeunes gens sont libres de faire leurs propres choix. En fait, il s'agit de l'une des libertés fondamentales de toutes les personnes qui habitent au Canada.
Tout cela n'est pas purement théorique. À ce jour, ce moyen de défense a été invoqué dans au moins trois procès pour meurtre, et on peut considérer qu'il s'agissait de meurtres d'honneur. Heureusement, dans les trois cas, ce moyen de défense n'a pas été accepté. Certains ont fait valoir que c'est la preuve que les lois sont très efficaces et qu'il n'est pas nécessaire de les modifier. À notre avis, cette façon de voir les choses est excessivement optimiste. En effet, un appel a été interjeté dans les trois cas sur des points de droit complexes et la preuve, notamment la façon dont la défense doit ou ne doit pas inclure des preuves liées à la culture de l'accusé.
Ces questions n'ont pas été réglées de façon définitive par les tribunaux. Même si, dans quelques cas, il a été question de l'égalité des sexes, aucune décision n'a établi, du point de vue juridique, que ce moyen de défense est exclu dans le cas des meurtres d'honneur. Il peut donc être invoqué par toute personne accusée et reconnue coupable de meurtre.
Si une adolescente ne veut pas se marier avec la personne choisie pour elle par ses parents, que ses parents croient que son refus de réaliser leur souhait est une insulte envers leur patrimoine culturel, leur communauté et leurs croyances et que l’un des deux parents ou les deux tuent l’enfant en réaction à cette situation, une telle défense pourrait en fait être utilisée. Nous ne croyons pas que c’est approprié qu’une telle défense puisse tenir la route.
Le deuxième objectif de notre projet de réforme est de moderniser la défense en ce qui concerne la violence faite aux femmes dans l’ensemble. Cela ne peut plus être mis de l’avant pour excuser le meurtre d’un conjoint découlant de la réaction violente d’un individu, alors que la victime avait une conduite respectueuse des lois.
La défense de provocation est utilisée depuis longtemps et parfois acceptée pour excuser les meurtres conjugaux au Canada. Fait encore plus troublant, cela survient souvent lors de l’éclatement d’un mariage. Ces cas ne sont pas passés inaperçus. Comme une universitaire l’a noté dans son examen des cas de défense de provocation lors de meurtres d’honneur:
Même s’il est vrai que l’égalité des sexes est, sur le plan rhétorique, une valeur canadienne fondamentale et que la violence faite aux femmes n’est pas acceptée et n’est pas encouragée dans la société canadienne, le recours à la défense de provocation devant les tribunaux criminels n’est certes pas un bel exemple de ces valeurs.
Les juges et les jurys canadiens ont accepté cette défense lorsque des hommes ont tué leur conjointe, leur ancienne conjointe ou le nouveau partenaire de leur ancienne conjointe en réaction à d’autres formes de comportements respectueux des lois comme des insultes verbales, des questions sur la paternité, le refus de parler en privé après avoir mis fin à une relation et l’infidélité réelle ou perçue.
Ces situations sont assez similaires aux crimes d'honneur: des femmes sont tuées parce que leur mari ou leurs proches ont réagi violemment et n'ont pas réussi à les contrôler. Il y a des régions où certaines personnes considèrent encore que les femmes et les filles sont la propriété de leur mari ou de leurs proches. La réalisation de leurs aspirations et de leurs désirs est soumise à la volonté d'autres personnes qui croient savoir ce qui est bien pour elles.
Dans le cas des crimes d'honneur, c'est toute une famille ou une collectivité qui éprouve du déshonneur et de la honte; dans le cas des meurtres conjugaux, une seule personne éprouve ces sentiments.
Personne ne devrait pouvoir invoquer la défense de provocation pour justifier des gestes violents commis à l'endroit de quelqu'un d'autre. Notre projet de loi traite de cette question et élimine cette excuse. J'exhorte tous les députés à travailler avec nous et à appuyer cet important projet de loi.
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Monsieur le Président, de l'aveu même du député, il y a eu trois dossiers de cette nature, mais dans ces trois cas la défense de provocation a été rejetée par les tribunaux. En fait, à ce que je sache, justice a été rendue dans ces trois dossiers.
Pourquoi les conservateurs veulent-ils changer la loi? N'y a-t-il pas un certain degré de redondance?
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Monsieur le Président, j'ai expliqué dans mon intervention que des points de droit très complexes ont été invoqués dans ces trois dossiers. Cette défense est toujours autorisée et nous croyons qu'elle devrait être éliminée de la loi. Nous sommes parvenus à un compromis raisonnable en limitant la liste des infractions qui justifient le recours à la défense de provocation, mais nous ne croyons absolument pas que le fait d'insulter quelqu'un, de lui faire une remarque ou de lui désobéir soit assez grave pour que quiconque puisse s'en servir comme excuse pour tuer un membre de sa famille ou un proche.
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Monsieur le Président, dans ses commentaires, le député a défendu les mots figurant dans le titre abrégé, lequel, selon nous, constitue l'une des pierres d'achoppement de ce projet de loi. Plus particulièrement, il a défendu le recours au mot « culturelles ».
Je vais lui poser la question aussi directement que possible. Quelles sont les cultures visées? Pourrait-il en nommer une? Sinon, dans quel but a-t-on utilisé le mot « culturelles » dans le titre du projet de loi?
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Monsieur le Président, si le député avait écouté ce qui a été dit plus tôt, il aurait entendu l'un des ministres souligner que certaines coutumes et traditions culturelles anciennes ne correspondent pas aux valeurs canadiennes. Nous avons parlé de certaines de ces choses aujourd'hui.
Nous conviendrons tous que le Parlement n'appuiera jamais certaines pratiques comme le mariage précoce ou forcé, les meurtres d'honneur et la mutilation génitale. Nous croyons que ces pratiques sont incompatibles avec les valeurs canadiennes. Elles découlent de certaines coutumes et traditions et ne sont pas acceptables au Canada. Les gens doivent comprendre cela. À leur arrivée au pays, les jeunes femmes doivent bénéficier du soutien et des services dont elles ont besoin pour bien comprendre cette réalité.
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Monsieur le Président, je tiens à remercier mon collègue d'avoir précisé le principe dont se servent aujourd'hui les tribunaux pour les affaires où on invoque la provocation comme moyen de défense. Je lui suis également très reconnaissant d'avoir expliqué le relativisme du terme « culturelles ». Ce terme est utilisé comme moyen de défense et nous nous attaquons à un problème, comme le député l'a mentionné.
J'aimerais connaître l'avis du député sur une question qui n'a pas été soulevée — du moins, pas dans les dernières interventions. Il y a quelques années, nous avons passé beaucoup de temps à débattre de l'âge du consentement, et nous avons fini par le faire passer de 14 à 16 ans. Je pense que de nombreux Canadiens seraient surpris d'apprendre qu'il n'y a pas d'âge minimum pour se marier au Canada. Le député pourrait-il dire un mot sur cet aspect du projet de loi?
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Monsieur le Président, le projet de loi traite de quelques aspects du mariage, comme le mariage précoce et forcé et l'âge du consentement à des activités sexuelles dans une telle situation. L'idée que de jeunes femmes viennent ici ou qu'elles sont envoyées à l'étranger en vue d'un mariage forcé — voilà des questions sur lesquelles nous pouvons nous entendre à la Chambre. Nous pouvons unir nos efforts et parler d'un âge minimum limite pour se marier. Nous devons parler des conditions dans lesquelles des jeunes pourraient se marier à l'étranger ou ici, dans notre pays.
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Monsieur le Président, comme les autres députés de ce côté-ci, je m'oppose au projet de loi .
Je dois aussi exprimer mon opposition, comme je le fais chaque fois qu'il est question d'un projet de loi commençant par la lettre « S », puisqu'il s'agit de mesures législatives qui nous viennent de l'autre endroit. Nous sommes élus pour représenter les Canadiens. Les sénateurs, eux, ne le sont pas. Dans les démocraties bien établies, tous les projets de loi devraient provenir, comme il se doit, de la Chambre des communes. Le gouvernement, qui a déjà prôné la réforme de la démocratie parlementaire canadienne, nous sert maintenant ce tour de passe-passe à répétition. En tant que défenseur de la démocratie, je m'y oppose, tout comme la plupart des gens de ma circonscription. Le projet de loi provient du Sénat, et je tiens à exprimer mon opposition à cette fâcheuse habitude, qui viole la démocratie parlementaire.
J'aimerais aussi parler brièvement d'une autre question de procédure. Cette fois-ci, il est question d'un nombre: 91. C'est en effet la 91e fois que le gouvernement a recours à la clôture. Lorsque les ministériels faisaient partie de l'opposition, ils s'opposaient tous fermement — on s'en souvient — à la clôture et à l'attribution de temps. Chose certaine, Preston Manning s'y opposait.
Aujourd'hui, le leader du gouvernement à la Chambre a accompli son devoir envers le gouvernement en abusant du pouvoir de clore le débat. C'est curieux, car certains députés — nous venons d'ailleurs d'en écouter un — sont d'anciens réformistes. À l'époque, ils faisaient valoir l'importance de débattre et ils dénonçaient les bâillons répétés du gouvernement de Jean Chrétien. Ils ont complètement changé leur fusil d'épaule.
Les conservateurs ont maintenant présenté le projet de loi , qui nous arrive du Sénat; c'est là un premier coup dur pour la perspective de réformer de quelque façon que ce soit le régime parlementaire canadien. Ensuite, ils ont invoqué l'attribution de temps pour la 91e fois au cours de cette législature. C'est inédit, sans précédent. Ces chiffres et ces lettres symbolisent tout ce qui cloche avec le gouvernement. Les conservateurs ont renié leurs idéaux. J'ignore s'ils renoueront un jour avec eux, mais on comprend bien ce que cela signifie sur le plan des principes.
Le titre du projet de loi est intéressant, car nous débattons également d'une autre mesure législative de première importance, le projet de loi . Pour reprendre les mots qu'utilisent les conservateurs, c'est un projet de loi destiné à combattre le terrorisme. En fait, le vrai titre du projet de loi commence par les mots « Loi édictant la Loi sur la communication d'information ayant trait à la sécurité du Canada ». L'objectif consiste en fait à élargir les pouvoirs du SCRS et à échanger de l'information, sauf que les conservateurs veulent donner l'impression que la loi aura un effet sur le terrorisme.
Pour ce qui est du projet de loi dont nous sommes actuellement saisis, c'est le contraire. Les conservateurs font une déclaration politique en disant dans le titre que, d'une manière ou d'une autre, ils s'attaquent à la barbarie, comme si c'était présentement un problème dans la vie courante au Canada. Tout est dans l'évocation et la personne qui l'a le mieux formulé est le , lorsqu'il a dit qu'ils ont choisi ce titre parce qu'ils veulent sensibiliser les gens. C'est assez intéressant. Je n'ai jamais entendu le gouvernement dire qu'il se servait des titres des projets de loi pour faire de la sensibilisation. Je sais qu'il s'en sert souvent pour provoquer et il l'a certainement déjà fait pour diviser, mais le fait qu'il utilise le terme « barbares » pour faire de la sensibilisation est plutôt fascinant. Je n'ai pas vraiment compris la leçon du ministre si ce n'est que les conservateurs veulent faire savoir aux gens qu'il se passe des choses barbares dans notre monde et qu'ils vont les enrayer. En examinant le projet de loi, et en lisant les témoignages, on voit qu'il n'est pas du tout à la hauteur.
Ce genre de titre percutant nuit au problème, qui est peut-être grave, soulevé par les conservateurs. En effet, il est important de se pencher sur tout mauvais traitement infligé à des personnes, sur la violation de leurs droits et sur l'utilisation impropre et abusive de l'institution du mariage. Si le problème est réel, il faut s'en occuper, mais utiliser des termes ou des propos excessifs porte atteinte au problème sur lequel on doit se concentrer.
Il existe effectivement des cas de polygamie au Canada. Il y a des cas de mutilation des organes génitaux féminins et de violation des droits des enfants. Aujourd'hui, au comité des affaires étrangères, nous avons parlé de la protection des enfants et de ce que nous pouvions faire pour contribuer à protéger les enfants à l'étranger.
Quand on commence à utiliser des termes pour leur pouvoir d'évocation ou, comme le pense le , pour sensibiliser les gens — comme s'il allait sensibiliser le reste du Canada à cette question, c'est intéressant —, on compromet ce que l'on a l'intention de faire. C'est ici que j'aimerais en venir à l'essentiel du projet de loi et à ce qu'il est censé faire.
Nous venons d'entendre la réponse du secrétaire parlementaire à une excellente question, toute simple, du député de , qui lui a demandé s'il pouvait donner des exemples de cas — on pense aux trois affaires récentes — pour lesquels le projet de loi aurait facilité les choses. Il faut reconnaître que le secrétaire parlementaire a parlé d'affaires qui ont été jugées dans les paramètres de la loi existante. La question qui se pose est donc la suivante: à quoi sert ce projet de loi?
Je pense que tous les députés sont préoccupés par les abus contre notre système d'immigration, par les tentatives de marier des gens de force ou par la polygamie. Il faut s'occuper de ces problèmes, mais je tiens à expliquer aux gens pourquoi les néo-démocrates s'opposent à ce projet de loi dans le contexte actuel du droit pénal.
Monsieur le Président, comme vous avez pratiqué et enseigné le droit, je sais que vous allez aimer ce qui suit. Le droit pénal offre déjà des dispositions — lesquelles, dans la majorité des cas, ne sont pas pertinentes — en ce qui a trait à ce qui se passe avant et après un mariage forcé, ainsi qu'en ce qui concerne le voyage avec une personne d'âge mineur dans le but de la marier de force et la profération de menaces. Ce dernier élément est couvert au paragraphe 264.1(1) du Code criminel. En ce qui concerne les voies de fait causant des lésions corporelles, les agressions armées et les voies de faits graves, il faut se référer aux articles 265 à 268.
Un autre aspect de ce projet de loi dont le gouvernement défend la nécessité concerne l'agression sexuelle causant des lésions corporelles, l'agression sexuelle armée et l'agression sexuelle grave. Ces formes d'intimidation sont couvertes aux articles 271 à 273 du Code criminel. L'enlèvement, élément qui est, en l'occurrence, pertinent, est couvert à l'article 279. La séquestration, acte auquel le gouvernement affirme qu'il est nécessaire de s'attaquer, est couverte au paragraphe 279(2). L'enlèvement d’une jeune personne est couvert aux articles 280 à 283. L'obtention d'un mariage feint — qui, essentiellement, consiste à forcer quelqu'un à s'engager dans un mariage qui n'en est pas un — est couverte à l'article 292 du Code criminel.
Le fait de faire passer un enfant à l’étranger avec l’intention qu’y soit commis un acte qui, s’il était commis au Canada, constituerait une infraction est visé à l'article 273.3. Qu'en est-il de l'extorsion? Il en est question à l'article 346 du Code criminel. J'ai d'autres exemples, mais je ne vais pas tous les énumérer car je n'ai pas suffisamment de temps. Je tiens toutefois à souligner que le Code criminel traite de la violence conjugale, des mauvais traitements infligés à un enfant et de l'abus de confiance ou de pouvoir. Les facteurs aggravants sont énumérés à l'article 718.2.
Pourquoi donc, alors, sommes-nous saisis de ce projet de loi, et que devons-nous faire? On peut faire valoir qu'il faut accroître les ressources pour venir en aide aux victimes potentielles, que c'est ce sur quoi il faut se concentrer. Ce n'est pas ce qui se passe, car le gouvernement réduit les budgets dans ces domaines.
En conclusion, je dirai qu'il est intéressant que les conservateurs se penchent sur ce dossier, mais au début du mois, j'ai participé, devant des bureaux du ministère de l'Immigration, à une manifestation composée de parties intéressées légitimes qui voulaient que leur mariage soit reconnu. Ces gens doivent attendre deux ans à cause de l'inaction du gouvernement. J'aimerais que le gouvernement se penche sur cette question.
Qu'en est-il des demandeurs légitimes qui attendent ici, qui ont présenté leur demande de parrainage à partir du Canada, et qui doivent renoncer à leur famille, payer pour leurs propres soins de santé, etc.? Pendant que les conservateurs se penchent sur cette question, j'espère qu'ils s'occupent des demandeurs légitimes, dont le mariage est légitime, qui sont reconnus légitimement, et dont ils ne tiennent pas compte. J'espère que les conservateurs s'occuperont de ces gens, qui ne peuvent faire bénéficier le Canada de leurs talents, qui mettent de côté leurs plans de fonder une famille, etc.
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Monsieur le Président, je remercie mon collègue de l'opposition officielle pour son discours. Au cours des trois ou quatre premières minutes, il n'a pas parlé du fond de la question, mais bien des travaux de la Chambre, alors j'ai une question à lui poser relativement à ce qu'il a dit sur les travaux au cours de son discours.
Nous en sommes au deuxième jour. Des députés ont pris la parole sur cette question au cours de la séance précédente. Une motion d'attribution de temps a été adoptée. Il reste une autre journée de débat sur ce projet de loi, qui est à l'étape de la deuxième lecture, ce qui signifie qu'une fois cette étape franchie, la Chambre le renverra au comité. Puis, la Chambre en reprendra l'étude à l'étape de la troisième lecture. Avant le renvoi au comité, l'opposition officielle pourra prononcer 20 discours. Nous allons entendre 20 discours du Nouveau Parti démocratique sur ce projet de loi.
J'ai passé la journée dans cette enceinte. J'y suis depuis que le débat sur ce projet de loi a commencé. Je n'ai rien entendu de nouveau de la part du NPD, sur le sujet. Dans chaque discours, les mêmes objections sont soulevées, et c'est compréhensible. Cependant, ne serait-il pas temps, comme on s'y attendrait normalement, même parmi les gens d'Ottawa, que le Parlement finisse par se prononcer? Il y a eu beaucoup de discussions. Nous savons quels sont les enjeux. Le comité en discutera, puis nous verrons ce qu'il aura entendu à ce sujet lorsque le projet de loi reviendra à la Chambre. C'est ainsi que l'étude des projets de loi se fait. C'est une méthode appropriée. L'attribution de temps convient parfaitement à l'étude d'un projet de loi de cette taille.
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Monsieur le Président, je n'avais pas l'intention de faire fâcher le député ainsi. Je soulignais simplement le fait que le gouvernement renonce complètement aux principes de la réforme démocratique lorsqu'il choisit de présenter des projets de loi au Sénat et qu'il a recours à l'attribution de temps 91 fois pour limiter les débats.
Je tiens à prévenir le député qu'il se trompe lorsqu'il dit que nous répétons trop souvent les mêmes arguments. En fait, chaque personne décide librement des arguments qu'elle fera valoir. J'ai soulevé de nouveaux arguments dans mon discours. J'ai parlé des personnes mariées en bonne et due forme que le gouvernement laisse tomber et qui attendent que l'État traite leur dossier. En tous cas, il est intéressant d'entendre ce genre de propos de la part d'un parti qui, chaque jour, ne fait que répéter les mêmes litanies préfabriquées. Je le laisse méditer à ce sujet.
En matière de démocratie, il n'y a rien de mieux que le débat, et on ne devrait lui assortir aucune limite de temps. Certainement pas à 91 reprises. Ce n'est pas ainsi que la Chambre devrait travailler.
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Monsieur le Président, j'aimerais reposer une question que j'ai déjà posée à d'autres. Nous avons dit avoir de sérieuses réserves au sujet du projet de loi . Nous souhaiterions en fait qu'on supprime le mot « culturelles » du titre abrégé. Je crois comprendre que le NPD partage nos réserves.
Cela étant dit, je dois dire que le projet de loi contient aussi des choses intéressantes, notamment en ce qui concerne la polygamie, les mariages forcés ou précoces et, dans une certaine mesure, la violence familiale. On est encore loin d'une révolution en règle, mais il s'agit néanmoins d'un petit pas dans la bonne direction, et j'insiste sur le « petit ». C'est vrai que certaines dispositions sont intéressantes. Le député croit-il lui aussi que le projet de loi a un peu de bon, hormis son titre abrégé?
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Que c'est intéressant, monsieur le Président! Quand il a été question du projet de loi , le NPD, contrairement au Parti libéral, a clairement annoncé ses couleurs. Il s'oppose au projet de loi C-51. Nous avons fait ce choix pour plein de raisons, notamment à cause du manque de surveillance, mais aussi parce que nous tenions à prendre position. Nous ne sommes pas du genre à prétendre que nous réparerons les pots cassés une fois au pouvoir. C'est plutôt arrogant, comme attitude, et ce n'est pas la première fois que le Parti libéral la fait sienne. Il vient un temps où il faut prendre position. Je sais que ça ne vient pas naturellement au Parti libéral, mais c'est son devoir.
Nous avons aussi annoncé nos couleurs au sujet du projet de loi . Nous nous y opposerons à l'étape de la deuxième lecture. Je viens d'expliquer pourquoi. La polygamie est illégale, si c'est ce qui inquiète le député. Je sais que c'est difficile pour lui, parce que les libéraux affirment ne pas aimer le projet de loi , mais ça ne les empêchera pas de proposer des amendements, qu'ils savent être voués à la trappe, puis de voter en faveur du texte. Si quelqu'un y comprend quelque chose, chapeau!
Encore une fois, le Parti libéral se cherche des échappatoires, des moyens de justifier son raisonnement. Personne n'est dupe. Voilà pourquoi je suis fier d'être membre de mon parti. Quand nous prenons position, nous nous en tenons à notre position, parce qu'elle correspond à nos valeurs.
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Monsieur le Président, je suis reconnaissante de pouvoir prendre la parole au sujet du projet de loi .
Le gouvernement a démontré à plusieurs reprises sa détermination à rendre les collectivités plus sécuritaires pour tous les Canadiens, notamment en prenant des mesures pour prévenir et combattre la violence envers les femmes et les jeunes filles.
Comme le l'a expliqué devant le comité du Sénat, tous les actes de violence commis contre les femmes et les jeunes filles sont effectivement barbares. Le gouvernement conservateur a pris et continuera de prendre des mesures pour lutter contre les diverses formes de violence envers les femmes et les jeunes filles.
Les faits tendent à démontrer de plus en plus qu'il y a des Canadiens qui sont mariés de force. Le gouvernement a pris des mesures à l'étranger pour aider les gens, y compris des enfants canadiens qui sont amenés à l'étranger pour être mariés de force.
Bien que les mariages forcés puissent toucher les hommes et les jeunes garçons, il s'agit surtout d'une forme de violence fondée sur le sexe, ciblant les femmes et les jeunes filles. Il est évident qu'il faut en faire davantage pour lutter contre ces pratiques inacceptables qui peuvent aller à l'encontre des droits de la personne, causer des préjudices aux victimes et empêcher les femmes de contribuer pleinement à notre société libre et démocratique. Ces formes de violence fondée sur le sexe sont ciblées par le projet de loi .
La Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares propose des dispositions législatives importantes qui protégeraient les personnes qui ont été mariées sans leur consentement ou risqueraient de subir ce sort. Cette mesure vise aussi à éliminer d'autres pratiques préjudiciables comme la polygamie et les crimes d'honneur, qui touchent principalement les femmes et les jeunes filles.
En résumé, le projet de loi propose de modifier la Loi sur le mariage civil pour fixer à 16 ans l'âge minimum absolu pour se marier. Il précise aussi que le mariage requiert le consentement libre et éclairé des deux époux et que nul ne peut contracter un nouveau mariage avant la dissolution de tout mariage antérieur.
Par ailleurs, le projet de loi modifierait le Code criminel. Ainsi, le fait de participer activement à un mariage précoce ou forcé et de faire sortir un enfant du Canada dans ce but constituerait une infraction criminelle.
Ce projet de loi ajouterait également au Code criminel un nouvel engagement de ne pas troubler l'ordre public, dont les tribunaux pourraient se servir pour empêcher qu'un mariage précoce ou forcé soit célébré au Canada ou qu'un enfant soit amené à l'extérieur du Canada pour y être marié de force.
Un autre changement important que le projet de loi propose d'apporter au Code criminel est de limiter la défense de provocation pour qu'elle ne puisse pas être invoquée dans les cas de crimes soi-disant d'honneur et dans nombre d'homicides conjugaux où la présumée provocation consiste souvent en des insultes verbales ou autres. Notre gouvernement ne permettra pas à une personne d'en blesser ou d'en tuer une autre sous prétexte qu'on l'a provoquée.
Enfin, le projet de loi propose d'apporter d'importantes modifications à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, qui préciseraient que les résidents permanents ou les ressortissants étrangers ne peuvent être admis au Canada s'ils pratiquent la polygamie ou comptent le faire en terre canadienne. Ces dispositions viennent s'ajouter à celles qui interdisent déjà cette pratique chez nous.
J'aimerais maintenant me concentrer sur les modifications proposées au Code criminel qui aideraient à prévenir les cas de personnes mariées de force au Canada ou emmenées à l'étranger à cette fin.
Dans certains débats et reportages concernant le projet de loi , il semble y avoir un certain nombre d'idées fausses concernant les dispositions du projet de loi qui portent sur le mariage forcé. J'aimerais en parler.
La première idée fausse est que le projet de loi interdirait aux personnes forcées de se marier d'immigrer au Canada. Je serai très claire: la seule réforme relative à l'immigration proposée dans le projet de loi à l'étude se rapporte à l'instauration d'une nouvelle interdiction de territoire aux polygames. Pour ce qui est du mariage forcé, le projet de loi propose de codifier l'exigence de consentement libre et éclairé prévue dans la Loi sur le mariage civil et d'instaurer des nouvelles mesures dans le Code criminel pour prévenir les mariages forcés et imposer des sanctions à ceux qui nuiraient aux autres en les forçant à se marier.
La deuxième idée fausse dont je veux parler concerne la portée de l'infraction proposée en ce qui a trait à la participation à la cérémonie d'un mariage forcé. Le projet de loi ne criminaliserait pas la présence passive d'un parent ou d'un membre de la communauté à la cérémonie. Le droit criminel canadien ne tient pas responsables les personnes qui sont témoins d'un méfait et qui n'arrivent pas à l'empêcher. Une personne qui est tout simplement présente sur les lieux, sans faciliter activement et directement la tenue de la cérémonie du mariage, ne ferait pas l'objet de poursuites.
Selon la loi, pour être reconnu responsable, il faudrait avoir participé activement à la cérémonie, c'est-à-dire avoir agi à titre de témoin signataire, conduit contre son gré la mariée à la cérémonie ou l'avoir retenue pour l'empêcher de fuir, par exemple. Par ailleurs, en plus d'être un participant actif, il faut avoir connaissance que l'un des deux membres du couple se marie contre sa volonté. De simples soupçons concernant la nature forcée du mariage ne suffiraient pas pour attribuer une responsabilité criminelle.
Troisième mythe que je veux dissiper: le fait que les victimes des mariages forcés se verraient obligées d'exposer les membres de leur famille à des accusations criminelles. Le gouvernement a entendu le témoignage de victimes qui ne veulent pas être soumises à un mariage forcé, mais qui ne veulent pas non plus que leur famille fasse l'objet de poursuites. C'est pour cette raison que le projet de loi a été conçu précisément pour donner aux victimes les moyens d'empêcher un mariage forcé de se produire, par le biais d'un processus qui ne comporte pas de poursuites criminelles.
Ce dernier correspond à un engagement de ne pas troubler l'ordre public qui est nouveau et ciblé. Un engagement de ne pas troubler l’ordre public est une ordonnance judiciaire préventive prévue au Code criminel. Une personne assujettie à une telle ordonnance n'a pas commis de crime et n'aura pas de dossier criminel à moins qu'elle ne la respecte pas. Ainsi, le projet de loi permettrait à une victime potentielle d'obtenir la protection nécessaire pour empêcher la tenue du mariage forcé sans avoir à criminaliser des membres de sa famille. L'engagement de ne pas troubler l’ordre public n'oblige pas un enfant à présenter sa demande en cour, puisque la demande est habituellement présentée par un agent de police au nom de la victime potentielle.
Finalement, j'aimerais dissiper un dernier mythe sur les dispositions du projet de loi relatives au mariage forcé. Certains prétendent que ces dispositions sont inutiles puisque les dispositions criminelles en vigueur permettent déjà de sévir contre les personnes qui forcent quelqu'un à se marier contre son gré. Même s'il est vrai qu'une grande partie des comportements utilisés pour forcer une personne à se marier sont déjà couverts par une ou plusieurs des infractions criminelles actuelles, comme les voies de fait ou la séquestration, le projet de loi comblerait une lacune dans la loi en empêchant expressément les mariages forcés.
Par exemple, à l'heure actuelle, les intervenants de la protection de l'enfance ne sont souvent pas en mesure d'empêcher qu'un enfant soit amené à l'extérieur du Canada pour y être marié de force parce que le mariage en soi n'est pas considéré comme une infraction criminelle en vertu de la loi. Le projet de loi érigerait en infraction le fait de célébrer un mariage forcé ou d'assister à un mariage forcé où l'on s'attend à ce que des infractions sexuelles soient commises, car un tel comportement enfreint les droits fondamentaux d'une personne de choisir si elle veut se marier et avec qui. Par conséquent, toute tentative visant à forcer une personne à se marier contre son gré ou à amener un enfant à l'extérieur du Canada pour lui faire contracter un mariage forcé serait considérée comme un motif suffisant pour l'imposition d'un engagement de ne pas troubler l'ordre public. Cela permettrait de sauver des vies, de jeunes enfants, et d'empêcher qu'ils soient traumatisés. Une victime, c'est une victime de trop. Rien ne peut justifier le statu quo, et il est inacceptable d'ignorer ce problème.
Sous la direction de notre remarquable , le gouvernement a comme priorité de mettre fin à l'exploitation des Canadiens, et plus particulièrement des femmes et des enfants, qui sont les membres les plus vulnérables de notre société. Le projet de loi propose des mesures législatives de bonne foi et importantes qui visent à éliminer et à prévenir des formes précises de violence faite aux femmes nécessitant une intervention rapide. Il est tout simplement inacceptable que des femmes ou des filles soient victimes, au Canada, d'actes de violence et de mauvais traitements qui surviennent habituellement dans les mariages forcés.
J'exhorte tous les députés à appuyer ce projet de loi à la Chambre des communes.
:
Monsieur le Président, ma question à la députée porte sur le terme « culturelles » dans le titre abrégé. Mon collègue et moi avons remis en question sa nécessité. Le gouvernement semble dire que c'est la bonne chose à faire car il ne veut pas être politiquement correct. Il veut se montrer audacieux.
Je me demande si la députée sera audacieuse. Si elle croit que c'est une question de culture, peut-elle fournir une liste des pays où cette définition culturelle s'applique, d'après elle? Peut-elle énumérer certains de ces pays aujourd'hui?
:
Monsieur le Président, le Canada a été très audacieux dans ses efforts pour s'attaquer au problème des mariages précoces et forcés. C'est notre ancien ministre des Affaires étrangères et le qui ont inscrit le mariage précoce et forcé à l'ordre du jour des réunions de l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2013.
Je suis allée dans des pays où j'ai vu des filles de 12 ans avec un bébé sur la hanche. Je leur ai demandé si c'était leur petit frère. Elles m'ont répondu: « Non, c'est mon bébé. »
J'ai parlé à des médecins dans d'autres pays qui m'ont dit que des jeunes filles se présentent à l'hôpital à un stade très avancé de l'accouchement. Elles ont perdu énormément de sang. Leur état de santé est si précaire que les médecins ne peuvent pas leur sauver la vie.
Le gouvernement est audacieux dans ses tentatives pour intégrer la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants à l'initiative des objectifs du millénaire pour le développement. Il dépense l'argent des contribuables pour sauver la vie de mères et de bébés partout dans le monde.
Pourquoi ne protégerions-nous pas les filles et les femmes ici même au Canada?
[Français]
:
Monsieur le Président, comme je l'ai déjà dit, ce projet de loi n'est qu'un autre exemple de la tendance des conservateurs à présenter des mesures sensationnalistes qui, dans les faits, ne permettent pas d'atteindre les objectifs fixés ou qui ont des conséquences négatives pour les femmes et les enfants.
Pourquoi le gouvernement conservateur insiste-t-il pour criminaliser les parents et les époux, alors que les femmes et les filles ont indiqué très clairement et à maintes reprises qu'elles ne souhaitent pas que ces problèmes soient réglés de cette manière, car ce n'est pas la bonne façon de le faire?
[Traduction]
:
Monsieur le Président, en juillet dernier, j'ai eu le grand privilège d'assister au Sommet sur les filles organisé à Londres, en Angleterre, par le premier ministre David Cameron. J'ai eu le privilège d'y assister en compagnie de notre ministre des Affaires étrangères et d'écouter de nombreuses présentations de femmes venant de toutes sortes de pays du monde qui voulaient soulever et mettre à l'ordre du jour des assemblées internationales les questions des mariages forcés, des mariages précoces et des mutilations génitales féminines. Elles s'opposent à de telles pratiques dans leur pays. Elles veulent que le monde s'y attaque.
J'étais fière de pouvoir assister au sommet et de participer aux discussions et au dialogue sur les mesures que prend le Canada, tout d'abord pour protéger les filles et les femmes dans notre pays, et ensuite pour faire en sorte que ces questions soient abordées et discutées aux assemblées internationales. Ce n'est pas tout le monde qui est à l'aise de parler de ces questions, mais il est important qu'on en parle, car c'est ainsi qu'on pourra sauver des mamans, des filles et des bébés dans le monde entier.
C'est notre souhait. C'est ce qu'accomplit l'argent des contribuables canadiens à l'étranger. Pourquoi ne voudrions-nous pas sauver la vie des filles dans notre propre pays?
:
Monsieur le Président, j'aimerais parler de conséquences imprévues. Lorsque nous étudions le projet de loi, nous pensons aux conséquences prévues, mais j'aimerais parler des conséquences imprévues.
L'intention est importante. Le titre abrégé du projet de loi est Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares. C'est offensant, très offensant, mais je ne vais pas m'étendre sur le sujet. Ce projet de loi est xénophobe, il politise le problème de la violence fondée sur le sexe et il renforce les préjugés et les stéréotypes que nous associons à certains groupes culturels.
Toutefois, en ce qui concerne l'intention du projet de loi, je dirais qu'il vise à interdire certains actes, comme le mariage forcé et la polygamie. Certains de ces objectifs sont peut-être louables, mais il faut lire le projet de loi et déterminer s'il permettrait de les atteindre. C'est peut-être le cas, mais il faut également, et c'est tout aussi important, répertorier les conséquences imprévues. Nous ne voulons pas obtenir des résultats imprévus. Le projet de loi aurait beaucoup de conséquences imprévues qui victimiseraient ou victimiseraient une deuxième fois les femmes, en particulier, et les enfants.
Parmi les conséquences imprévues, pensons à la criminalisation des victimes de la polygamie. Criminaliser ces personnes pourrait entraîner l'interdiction de territoire de leurs enfants. Est-ce notre intention? Avons-nous l'intention de criminaliser les victimes? Le projet de loi risque de briser des familles. Il rendrait des femmes doublement victimes. Le projet engendrerait de telles conséquences, aussi imprévues soient-elles.
Imaginez-vous qu'on vous oblige à vous marier. On parle d'une femme qui n'a aucun contrôle sur sa vie, d'une femme qui est victime des pressions de sa famille et de sa communauté, qui est sous la férule de sa famille et de sa communauté. Si notre intention est de mettre un terme à cette pratique, si notre intention est d'aider cette femme, alors comment s'y prendre? Il faudrait intervenir au moyen de politiques logiques et sensées. Quelle politique permettrait de mettre un terme à une telle pratique? Pour que les victimes se manifestent, il faudrait leur faciliter la tâche autant que possible. Il faudrait éliminer tous les obstacles qui obligent les femmes à protéger leur secret pour éviter que ce genre de pratique se perpétue dans la clandestinité. Il faudrait faciliter la tâche autant que possible à chaque victime et à ses proches de manière à les inciter à dénoncer la situation aux autorités.
Pour élaborer une intervention stratégique raisonnable et sensée, nous devrions tendre la main à certaines communautés et les sensibiliser à la question des mariages forcés. Nous devrions aussi communiquer avec les fournisseurs de service et les fonctionnaires qui pourraient être appelés à prévenir les mariages forcés. Voilà ce en quoi consisterait une intervention stratégique raisonnable. Il faut faciliter la tâche des fonctionnaires et aider les dirigeants des communautés à faire bouger les choses. Les femmes doivent savoir qu'elles auront accès à des mesures de soutien si elles dénoncent la situation et que nous les aiderons. Personne ne veut envenimer la situation de ces femmes, mais c'est ce que ferait ce projet de loi en raison de ses nombreuses conséquences imprévues.
Aucune disposition du projet de loi ne permet aux femmes qui ont le statut de résident permanent conditionnel de rester au Canada si leur partenaire polygame est expulsé. Pourquoi choisiraient-elles de dénoncer leur partenaire dans ces conditions? Pourquoi parleraient-elles de la situation si cela signifie qu'elles seront expulsées? L'UNICEF a dit qu'au titre de ce projet de loi, des sanctions pénales pourraient être infligées aux mineurs qui célèbrent un mariage forcé, qui y assistent ou qui participent à l'organisation d'un tel événement. C'est insensé: ils auraient un dossier criminel pour cette raison.
Comme certaines de ces sanctions sont criminelles, les femmes et les enfants n'oseront pas signaler ce qui se passe dans leur vie. Pour quelle raison le feraient-ils? Leurs parents, leur époux, leurs proches ou les membres de leur communauté pourraient avoir un dossier criminel s'ils parlent. Comment trouveront-ils le courage de dénoncer qui que ce soit s'ils savent que la personne fera face à des accusations? Ils devraient avoir la possibilité de dénoncer certains agissements pour se sortir d'une situation difficile, si c'est ce dont ils ont besoin. Toutefois, le projet de loi ne comporte aucune des mesures de soutien que nous réclamons. Il n'éliminerait pas ces pratiques, il pousserait seulement les gens à s'y adonner dans la clandestinité.
Imaginons une femme que l'on force à se marier. Elle vit sous l'emprise de sa famille ou de son mari. Elle est sans voix. Elle veut partir, mais, si elle le fait, elle sera expulsée du pays. J'ai peine à imaginer qu'on puisse être devant un tel dilemme. Est-ce que je choisirais de subir la violence et de continuer de vivre cette situation?
La secrétaire parlementaire a parlé tout à l'heure de ses voyages dans le monde et des conditions terribles dans d'autres pays, des situations épouvantables pour les femmes. Est-ce que nous souhaitons renvoyer ces femmes vivres dans ces conditions? C'est le risque qu'elles courront si elles décident de ne plus se taire. Leurs parents pourraient se retrouver avec un casier judiciaire. Quelle femme osera parler?
Si nous cherchons à déterminer quelle politique rationnelle et raisonnable nous devrions adopter pour résoudre ce problème, il serait sans doute logique de jeter un coup d'oeil à ce que font d'autres pays. Comme les députés le savent probablement, le Danemark a déjà essayé la méthode qui nous est proposée maintenant. Nous devrions tirer les leçons de l'expérience acquise là-bas en nous renseignant sur ce qui s'y passe.
En 2008, le Danemark a décidé que forcer une personne à se marier serait désormais considéré comme un crime, mais, six ans après, personne n'avait encore été inculpé en vertu de cette nouvelle disposition juridique. Voilà qui en dit long.
Encore mieux, nous avons entendu le témoignage de la directrice de l'organisation nationale des refuges pour femmes. Elle pense que la loi n'a aucunement permis de protéger les jeunes femmes contre le mariage forcé. Qui plus est, elle estime que la loi a peut-être eu l'effet inverse de celui escompté en incitant à la clandestinité.
Une politique raisonnable consiste à faire savoir clairement aux femmes que nous allons les aider et les appuyer, au lieu de leur dire que des personnes seront accusées au criminel et qu'elles seront expulsées du pays.
Nous pouvons aussi examiner ce qui se fait dans d'autres pays. Je sais que certains de mes collègues ont parlé de la situation au Royaume-Uni. Si nous entendons modifier la loi, nous devons également disposer de mécanismes de soutien.
Nous avons entendu des témoignages. Des experts nous ont dit que la voie législative doit s'accompagner d'un financement accru pour les organisations féminines qui se trouvent sur le terrain afin de fournir des services aux victimes isolées et stigmatisées. Elles les aident ainsi à s'y retrouver dans les méandres du système de justice pénale et du système de justice civile et à avoir accès à des logements sûrs et à l'assistance sociale. Toutes ces choses sont nécessaires pour que nous puissions apporter des changements à la loi.
Malheureusement, le projet de loi fait encore une fois ressortir une tendance chez les conservateurs. Ceux-ci veulent désespérément pouvoir dire qu'ils luttent contre la criminalité et qu'ils défendent les victimes. Ils adorent cette rengaine. Ils l'aiment tellement qu'ils ne cherchent pas à savoir si leurs mesures législatives ne rendent pas la vie plus difficile aux victimes.
De quelle tendance je veux parler? En 2012, nous avons été saisis de nouvelles mesures visant à sévir contre les mariages frauduleux. Ces mesures obligeaient notamment le conjoint parrainé à vivre avec le parrain pendant deux ans, sans quoi il pourrait être menacé d'expulsion et faire l'objet d'accusations au criminel. Je me souviens de ce débat. Le NPD disait que cette disposition rendait les femmes vulnérables aux mauvais traitements. Pourquoi les femmes voudraient-elles dénoncer leur mari lorsque la loi les oblige à rester avec lui pendant deux ans, à défaut de quoi elles perdraient leur statut de résidentes permanentes? Pourquoi se manifesteraient-elles?
Nous avons été saisis de projets de loi d'initiative parlementaire sur les mariages par télécopieur ou par procuration. Il ne s'agit pas de mariages forcés. Les personnes ayant recours à cette forme de transmission sont essentiellement des réfugiés. En éliminant ce recours, on nuit à la réunification des familles. C'est une conséquence indésirable. Il faut bien réfléchir aux conséquences des projets de loi de ce genre pour éviter qu'ils accablent davantage les victimes.
Le , l'ancien ministre de la Citoyenneté et du Multiculturalisme, a dit qu'il faut parfois agir en adoptant une loi.
Pendant la période de questions et de réponses, j'aurai peut-être l'occasion d'énumérer des dispositions déjà en vigueur. Le Code criminel est complet et ses dispositions n'ont pas les effets indésirables que nous relevons. Il s'attaque à la source du problème.
En mon âme et conscience, je ne peux absolument pas appuyer le projet de loi.
:
Monsieur le Président, j'ai posé à plusieurs députés une question sur l'utilité de la mesure législative. La dernière personne à qui je l'ai posée est le député d' et il semble s'en être offusqué et a mis en doute les principes du Parti libéral. Je demanderais à la députée de réfléchir à la réponse de son collègue.
À maintes reprises, le Nouveau Parti démocratique a voté en faveur du renvoi au comité d'une mesure législative, pour qu'elle soit amendée. Le Nouveau Parti démocratique propose souvent des amendements au comité, même s'ils sont tous rejetés, mais, quand le projet de loi arrive à l'étape de la troisième lecture, il vote quand même en sa faveur.
Le seul parti qui a une approche cohérente relativement aux mesures législatives, du moins du côté de l'opposition, est le Parti libéral. Le comportement discutable est peut-être celui du Nouveau Parti démocratique.
La députée pourrait-elle expliquer pourquoi le député d' croit que le NPD n'a jamais voté pour une mesure dont ses députés n'appuyaient pas le renvoi au comité ou qu'ils n'avaient pas appuyée à l'étape de la deuxième lecture, ou pourrait-elle répondre à la question que j'ai posée à d'autres de ses collègues? Voit-elle quoi que ce soit d'utile dans le contenu de la mesure législative? Je ne parle pas de son titre.
:
Monsieur le Président, il y a une différence entre se prononcer en faveur d'un parc et tenter de faire adopter des amendements par le comité, d'une part, et les droits de la personne, d'autre part. Il y a une différence entre l'Île-de-Sable, et les droits fondamentaux et la revictimisation des femmes.
Je ne prendrai pas la parole à la Chambre pour appuyer un projet de loi qui revictimise les femmes. Ce qu'il faut, c'est nous porter à la défense de ces femmes et leur offrir du soutien. Ce qu'il faut, ce n'est pas voter en faveur de ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture en espérant pouvoir y apporter un amendement plus tard.
Ce projet de loi comporte des lacunes fondamentales, et il est impossible de le comparer à d'autres mesures législatives dont nous avons appuyé le renvoi à un comité.
[Français]
:
Monsieur le Président, j'ai bien écouté le discours de ma collègue d'.
Elle a mentionné le cas particulier du Danemark, et je l'en remercie. Effectivement, à partir du moment où on met en place une disposition criminelle qui est trop exagérée, la conséquence est que cela produit le contraire. En effet, on ne peut plus implanter une décision ou une loi.
Les conservateurs nous ont habitués à la même chose, précédemment, que ce soit avec le projet de loi , qui criminalise le fait de posséder plus de six plants de marijuana, ou avec le projet de loi , qui criminalise le fait d'acheter des services sexuels. La conséquence de ces lois, c'est que plus on les rend sévères sur le plan criminel, moins il est possible de les mettre en oeuvre, et donc, moins les policiers vont les mettre en application.
Ma collègue peut-elle parler davantage du fait que criminaliser encore plus un aspect que nous condamnons, c'est-à-dire le mariage forcé, va faire en sorte que les femmes n'essaieront pas de sortir de cette situation parce que les conséquences seraient trop dramatiques?
[Traduction]
:
Monsieur le Président, je remercie le député de sa question. L'exemple du Danemark est excellent parce que, en six ans, aucune accusation n'a été portée.
Au Canada, nous avons un Code criminel. Il contient des articles en vertus desquels des gens ont été accusés pour avoir proféré des menaces, commis des voies de fait causant des lésions corporelles et commis une agression sexuelle. Des accusations ont été portées aux termes de ces dispositions. Ces dispositions existent déjà et elles fonctionnent.
Si nous voulons vraiment faire cesser les pratiques comme le mariage forcé, pratique à laquelle le NPD voudrait mettre fin entièrement, examinons les résultats à atteindre. Nous devrions nous assurer que les femmes puissent dénoncer la situation qu'elles vivent, qu'elles soient en sécurité, et qu'elles ne soient pas criminalisées, revictimisées ou déportées parce qu'elles se sont manifestées. À mon avis, il ne faut pas avoir de coeur pour penser que ce projet de loi va régler le problème des mariages forcés au Canada.
:
Monsieur le Président, en août 2013, la South Asian Legal Clinic of Ontario a publié un rapport sur les mariages forcés. On y signalait 219 cas de mariages forcés entre 2010 et 2012 en Ontario seulement. Toutes ces femmes ont subi une forme de violence. La plupart étaient jeunes et de cultures et religions diverses. De plus, la majorité des victimes n'avaient aucune idée de leurs droits en cas de mariage forcé. Ces victimes avaient souvent été forcées à se marier par un membre de leur famille, généralement leurs propres parents.
Je suis père d'une fille de 14 ans, que vous connaissez, et ces chiffres expliquent pourquoi je prends la parole aujourd'hui en faveur de la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares. Ce projet de loi est conforme à une variété de mesures prises par le gouvernement conservateur afin d'aider les victimes de ces horribles situations.
Ce projet de loi modifierait la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, le Code criminel et la Loi sur le mariage civil afin de mieux protéger les Canadiens contre certaines pratiques violentes dirigées contre les femmes et les jeunes filles. Je vais appuyer ce projet de loi et j'exhorte mes collègues à faire de même. Le gouvernement prend des mesures pour renforcer nos lois afin qu'aucune femme ou jeune fille au Canada ne devienne victime d'un mariage précoce ou forcé.
En plus d'avoir fait carrière dans le domaine du droit international, je suis un ardent défenseur des droits de la personne, et j'ai pris la parole à la Chambre, dans ma circonscription, West Vancouver—Sunshine Coast—Sea to Sky Country, et à l'étranger afin d'exhorter les gens à lutter contre l'oppression. J'ai également eu le privilège de servir des collectivités de l'ensemble du pays lorsque j'étais président de la Food for the Hungry International Federation. J'ai également collaboré avec d'autres intervenants pour créer la Canadian Constitution Foundation, qui, encore aujourd'hui, se porte à la défense des droits constitutionnels des Canadiens. En tant que député, j'ai défendu les droits des Canadiens incarcérés à l'étranger. En octobre dernier, je me suis joins au député de pour demander publiquement au gouvernement de l'Iran d'épargner la vie de trois prisonniers iraniens condamnés à mort. Je suis également allé au Pakistan et en Irak pour participer à des missions de défense des droits de la personne menées par One Free World International.
Que ce soit à titre d'avocats, de députés ou de concitoyens, ceux qui, comme nous, ont voix au chapitre ont la responsabilité de prendre la parole au nom de ceux qui en sont incapables. Nous devons soutenir les victimes de pratiques barbares comme celles visées par ce projet de loi. Mes électeurs soutiennent les droits de la personne, et je suis là pour les appuyer.
J'aimerais revenir sur une idée erronée qu'on a pu entendre à propos de la Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares. Selon les détracteurs de cette mesure, le Canada n'a pas besoin d'une loi qui fixerait un âge minimum pour se marier. En effet, le projet de loi propose de porter à 16 ans l'âge minimum pour se marier au Canada, sans exception. Mais il faut savoir qu'à l'heure actuelle, la législation fédérale qui fixe l'âge minimum du mariage à 16 ans ne s'applique qu'au Québec. Cela peut paraître incroyable, mais aucune législation fédérale ne s'applique au reste du pays. La règle qui prévaut vient donc d'une règle de common law encore plus vieille que la Confédération. En vertu de cette règle, les filles peuvent se marier à 12 ans et les garçons, à 14 ans. En portant l'âge minimum du mariage à 16 ans pour tous les habitants du Canada, on adopterait une nouvelle norme nationale qui a déjà trop tardé, une norme qui protégerait davantage les enfants, puisqu'il n'y aurait aucun mariage avant l'âge de 16 ans.
Pendant le débat, certains ont demandé pourquoi le gouvernement souhaitait réduire l'âge minimum du mariage à 16 ans. Ils croyaient que les lois provinciales exigeaient que les époux soient plus âgés et aient, par exemple, 18 ou 19 ans.
Cette mauvaise compréhension de la loi vient probablement du fait que la Constitution donne compétence à la fois au fédéral et aux provinces en matière de mariage. Le gouvernement fédéral et les assemblées législatives provinciales sont responsables d'aspects différents mais complémentaires du mariage.
D'après la Constitution, seul le Parlement canadien peut fixer l'âge minimum du mariage pour l'ensemble du pays. Pour leur part, les provinces peuvent décider à quel âge un jeune devient adulte; les adultes peuvent ensuite consentir à leur propre mariage sans se plier à d'autres exigences. L'âge de la majorité est actuellement de 18 ou de 19 ans, selon la province. Pour qu'un jeune qui a l'âge minimum pour se marier mais n'est pas encore majeur puisse se marier, les lois provinciales exigent le consentement des parents. Quand les jeunes ont à peine l'âge minimum pour se marier, la loi provinciale peut aussi exiger que le mariage soit approuvé par un tribunal ou prévoir qu'un mariage ne sera possible que si le jeune couple attend un enfant.
Comme on le voit, les lois fédérales et provinciales sont complémentaires, puisque le fédéral détermine l'âge minimal auquel une personne peut se marier, tandis que les provinces déterminent les exigences à remplir pour pouvoir se marier à partir du moment où un enfant devient un adulte et peut donner lui-même son consentement.
Ces pouvoirs constitutionnels étant complémentaires, les provinces ne peuvent pas adopter de lois fixant l'âge minimal auquel une personne peut se marier. Le projet de loi dont la Chambre est présentement saisie ferait passer cet âge à 16 ans pour l'ensemble des personnes vivant au Canada. Les provinces et les territoires, quant à eux, continueront de déterminer les exigences auxquelles doivent se conformer les jeunes suffisamment matures qui souhaitent se marier et qui ont au moins 16 ans, mais qui n'ont pas encore l'âge de la majorité dans leur province ou leur territoire.
L'âge minimal auquel une personne vivant au Canada peut se marier s'appliquerait aussi aux mariages contractés ou enregistrés à l'étranger. Autrement dit, le projet de loi protégerait les enfants canadiens de moins de 16 ans que l'on fait sortir du pays pour se marier ou qui se marient par téléphone ou par procuration dans un autre pays alors qu'ils sont encore physiquement au Canada.
Le projet de loi à l'étude protégera les enfants, et il mérite d'avoir l'appui unanime de la Chambre.
Nous ne devons pas perdre de vue les puissants aspects positifs et égalitaires qui vont de pair avec le respect que vouent les Canadiens aux autres cultures en général. Le Canada accepte et accueille des gens de différents horizons, toutes religions, races et origines ethniques confondues. Le multiculturalisme à la canadienne part du principe que tous les citoyens sont égaux et qu'ils peuvent tous conserver leur identité, être fiers de leurs ancêtres et cultiver un fort sentiment d'appartenance. Je demeure convaincu que l'acceptation donne aux Canadiens un sentiment de sécurité et de confiance qui les pousse à s'ouvrir aux autres cultures et à les embrasser.
L'expérience canadienne nous apprend que le multiculturalisme favorise la compréhension interculturelle. Or, cette compréhension et cette acceptation ne s'étendent pas aux pratiques culturelles préjudiciables qui laissent des victimes dans leur sillage. Le gouvernement conservateur prend fermement position contre les pratiques préjudiciables que constituent les mariages précoces et forcés. Nous avons d'ailleurs pris la tête des efforts internationaux visant à mettre fin à ces pratiques, qui violent les droits fondamentaux de la personne.
J'espère que tous mes collègues appuieront cet important projet de loi.
[Français]
:
Monsieur le Président, j'ai écouté le discours de mon collègue, qui s'est surtout concentré sur la question des mariages précoces et des mariages forcés de personnes trop jeunes.
Il rappelle qu'en effet, c'est uniquement dans le cadre provincial du Québec qu'une limite d'âge de consentement est imposée pour se marier. Cela n'existe pas dans les autres provinces parce que c'est le common law qui s'applique dans ces cas-là.
Étant donné que le common law fait partie de l'héritage britannique, comment mon collègue arrive-t-il à expliquer que le titre abrégé de cette loi soit la pour mettre fin à des pratiques barbares?
Est-il en train de nous expliquer que l'héritage du common law du système britannique est une pratique barbare, car c'est exactement ce nous voyons? Quelle est l'intention derrière l'utilisation des mots « pratiques barbares » pour une mesure législative issue du common law britannique?
:
Monsieur le Président, je pense que la question posée par le député de est très sincère et intéressante. Sa question nous ramène dans le contexte de l'histoire et de la culture.
Toutefois, les choses ont beaucoup changé. Dans la culture actuelle d'ici, il est vraiment barbare d'obliger une jeune femme à se marier avec quelqu'un. La plupart des gens ici sont d'accord avec cela, et c'est pourquoi mes collègues et moi espérons que les néo-démocrates appuieront ce projet de loi.
[Traduction]
:
Monsieur le Président, le projet de loi s'attaque à la polygamie, aux mariages forcés, aux mariages précoces et, dans une certaine mesure, à la violence conjugale. Comme je l'ai déjà indiqué, c'est un pas modeste dans la bonne direction. C'est l'opinion que le Parti libéral a de cette mesure législative, et il appuiera son renvoi au comité.
Toutefois, bon nombre de personnes ont exprimé des réserves quant au titre du projet de loi. Un membre du caucus conservateur semble avoir insinué que ce titre est censé être provocateur pour des raisons éducatives. Le député croit-il que le gouvernement devrait utiliser des titres provocateurs qui pourraient détourner l'attention du contenu de la mesure législative? Croit-il que ce titre abrégé est acceptable parce qu'il pourrait être utilisé comme un outil éducatif? Que pense-t-il de tout cela?
:
Monsieur le Président, ce qui importe, c'est ce que nous faisons pour avancer la cause des personnes dont les droits sont ignorés et bafoués. Il y a des jeunes qui sont forcés à se marier, des jeunes qui ont l'âge de ma fille et des enfants des députés. C'est vraiment une pratique barbare.
Il est important que nous communiquions ce que nous faisons grâce aux titres de nos mesures législatives. Il est certainement crucial pour nous de défendre les gens qui n'ont pas de voix et de les aider à se faire entendre. C'est ce que nous devons faire en tant que parlementaires, et c'est ce que le projet de loi propose. C'est pourquoi je suis heureux de savoir que le caucus libéral l'appuiera.
:
Monsieur le Président, c'est avec grand plaisir et beaucoup de fierté que j'interviens aujourd'hui en faveur du projet de loi , la Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares.
Je suis député depuis maintenant près de quatre ans et je représente la magnifique circonscription de York-Centre. C'est là que je suis né, là où j'ai grandi, et c'est là où j'élève aujourd'hui ma famille. C'est probablement l'une des circonscriptions canadiennes les plus ethnoculturelles.
Elle compte le plus grand nombre de russophones au Canada. On y trouve l'une des plus importantes populations de Philippins, de Vietnamiens, d'hispaniques et de juifs. De plus, pratiquement toutes les origines ethniques imaginables y sont représentées. C'est merveilleux, et c'est ce qui fait du Canada un si grand pays. York-Centre n'est qu'un microcosme du grand pays qu'est le Canada.
Nous sommes un pays d'immigrants. Nous venons tous d'ailleurs, et nous nous installons ici, car le Canada est un pays d'espoir et de possibilités, pour nous, mais surtout pour nos enfants. Les gens s'installent au Canada pour fuir le racisme et la persécution. Ils veulent tous une vie meilleure, non seulement pour eux, mais aussi pour leurs enfants, afin que ceux-ci puissent réaliser tous les rêves, désirs et idéaux pouvant animer un être humain.
J'interviens aujourd'hui au sujet de la grande diversité ethnoculturelle de ce grand pays qu'est le Canada. Nous sommes le pays des diasporas. C'est un privilège, en tant que représentant de la circonscription de York-Centre, de pouvoir assister à un différent événement ethnoculturel tous les soirs. J'assiste parfois à deux, trois, voire, quatre événements par soir.
Tous ces groupes ethniques sont distincts. Ils célèbrent des choses différentes et propres à leur culture. Ce faisant, ils se comportent toutefois de manière on ne peut plus canadienne. En effet, ils célèbrent leurs origines, mais ce dont ils sont le plus fiers et ce qui les unit, c'est le fait d'être Canadien. Ils sont fiers des valeurs canadiennes que sont la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit. Ils s'enorgueillissent de cela. Il suffit que je prononce le mot « Canada », j'obtiens immanquablement une ovation debout, parce que tout le monde souhaite célébrer le fait d'être Canadien. Ils savent combien il fait bon vivre dans ce merveilleux pays qui est le nôtre et ils se souviennent de ce qu'ils ont laissé derrière eux. Oui, ils célèbrent leur culture et leurs différences, mais, au bout du compte, c'est d'être Canadien dont ils tirent le plus de fierté.
Voilà pourquoi il est si important que le projet de loi soit adopté. Nous n'accueillerons pas au pays des gens qui se prêtent à des pratiques barbares et contraires à nos valeurs. Certains disent que le titre du projet de loi est provocateur. C'est vrai et c'est intentionnel: nous voulons bel et bien qualifier ces gestes de barbares.
Nous nous distinguons du chef du Parti libéral qui, il y a quelques années, avait un problème avec le mot « barbare ». Citoyenneté et Immigration Canada avait publié un guide à l'intention des néo-Canadiens dans lequel il a utilisé le mot « barbare » en référence à certains actes, comme la mutilation des organes génitaux féminins et les mariages forcés des jeunes femmes. Ces actes ont été qualifiés de barbares et le chef libéral s'est servi de son compte Twitter pour dénoncer l'utilisation du mot « barbare ». Il a dit que ce mot ne tient pas compte des sensibilités culturelles, qu'il existe différentes cultures incompatibles avec les valeurs canadiennes, que nous devons néanmoins les respecter, que nous devons respecter ces actes barbares. Il a pris ombrage de ce mot. Toutefois, lorsque le chef libéral a dû affronter de nombreux Canadiens qui se sont opposés à son objection d'utiliser le mot « barbare », il a dit qu'il s'était peut-être enfargé dans ses propos.
Il a dit, et c'est la meilleure, que le gouvernement devrait utiliser des mots qui « tentent de viser la neutralité responsable ». Notre rôle n'est pas d'être neutres, mais de promouvoir les valeurs canadiennes qui font la fierté des Canadiens. Comme je l'ai dit plus tôt, nous sommes fiers de nos valeurs canadiennes et nous défendons la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit, parce que nous sommes fiers de notre pays et que nous n'accepterons pas que des gens viennent ici et commettent des actes barbares.
L'opposition dit que le projet de loi favorise la clandestinité de ces actes. Ils se font déjà dans la clandestinité. Une femme ne peut pas aller à l'hôpital et demander de se faire mutiler ses parties génitales. Nous, en tant que pays, prenons position. Nous, en tant que gouvernement, disons que c'est inacceptable. Oui, la mesure législative a un but éducatif et pédagogique, parce que nous devons envoyer un message clair à ceux qui osent penser que ces pratiques barbares sont acceptables dans notre grand pays, le Canada, car ils se fourvoient royalement.
Je m'attendrais à ce que le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique ne fassent pas preuve d'un relativisme moral qui amène à penser que le bien et le mal n'existent pas, que tous doivent avoir voix au chapitre, et que rien n'est tout blanc ou tout noir. Non, il existe des droits, des impératifs et des réalités admissibles et inadmissibles. Or, les pratiques barbares comme la mutilation des organes génitaux féminins, les mariages forcés et les crimes d'honneur sont inadmissibles. Nous nous opposons à ces pratiques, tout comme les Canadiens. Nous savons ce que veulent les Canadiens.
Les Canadiens nous ont envoyés ici pour faire un travail. Nous prenons ce travail très au sérieux. Nous sommes honorés d'avoir cette responsabilité. Nous avons la responsabilité de protéger notre pays au nom des Canadiens.
Nous envoyons nos forces armées dans le Nord de l'Irak pour combattre l'EIIL. Que fait l'EIIL? Nous avons vu des gens être brûlés vifs par l'EIIL. Nous savons que ce groupe arrache des jeunes filles à leur ville pour les utiliser comme esclaves sexuelles ou les vendre comme esclaves. L'EIIL décapite hommes, femmes et enfants. Nous avons envoyé nos forces armées là-bas pour prendre part à une coalition visant à combattre cette conduite répréhensible et à lutter contre ces brutes et ces barbares. Nous ne voulons pas de cela au Canada.
Les Canadiens se sont exprimés. Ils ont clairement dit que nous n'accepterons jamais ces gestes barbares. Nous ne les avons pas acceptés par le passé, nous ne les acceptons pas à l'heure actuelle et nous ne les accepterons pas non plus à l'avenir. Nous ne les accepterons jamais, et nous maintenons une position ferme à cet égard. En présentant cette mesure législative, le gouvernement montre qu'il tient compte du point de vue et des croyances des Canadiens.
[Français]
:
Monsieur le Président, il y a effectivement beaucoup d'ignorance et de manque de compréhension dans le discours de mon collègue, entre autres lorsqu'il parle des actions de l'armée canadienne en Irak. Il ne parle malheureusement pas de la situation et du chaos qui ont été créés en Irak par l'intervention américaine. Il ne parle pas non plus du fait que les interventions qui ont été faites en Libye, par exemple, ont déstabilisé encore plus ce pays, ce qui fait que la Libye est complètement hors de contrôle. L'Irak est un pays hors de contrôle.
Avant d'expliquer qu'une simple intervention est capable de rétablir la paix et l'ordre dans un pays, il faudrait d'abord qu'il examine l'histoire et l'historique qui a mené à cette situation. C'est un commentaire sur sa méconnaissance des problèmes du Moyen-Orient. Toutefois, étant moi-même issu de l'immigration, je peux parler un peu de ce qu'il dit.
J'aimerais qu'il nous explique comment il pense que le fait de criminaliser davantage des aspects que nous voulons limiter va réaliser cet objectif dans la pratique. En fait, nous le voyons, c'est toujours le contraire qui a lieu.
[Traduction]
:
Monsieur le Président, le fait de dénigrer un autre député et de l'insulter est l'exemple même de l'ignorance. Je trouve ces propos très offensants. Je pensais que le député valait mieux que cela, mais de toute évidence, je me trompais.
Pour répondre à sa question, il m'apparaît évident qu'il n'est même pas en mesure de suivre le débat. Il ne sait pas que nous parlons du projet de loi , la Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares. Il s'est écarté du sujet et a parlé de ce qui se passe au Moyen-Orient.
Je pense que le NPD, qui semble vouloir se lancer dans cette forme de relativisme, jugerait acceptable que le projet de loi ait pour titre Loi sur la tolérance face aux pratiques culturelles barbares. Je suis convaincu que cela rendrait les néo-démocrates heureux.
[Français]
:
Monsieur le Président, je ne parlerai pas du projet de loi, puisque nous avons dit que nous allions voter en sa faveur.
Toutefois, je voudrais parler de son titre. Quand j'étudiais la littérature à l'université et qu'il était question de la rédaction des textes et du choix des titres, j'ai appris qu'un titre devait toujours correspondre au texte qui suivait.
Ici, on n'a pas un pamphlet d'un journal jaune, on a un projet de loi, et c'est sérieux. Imaginons cela dans 10 ans. Un projet de loi ne doit pas être teinté d'émotivité. Il doit être neutre et imposer certaines règles sur certaines choses.
Je trouve donc ce titre beaucoup trop émotif et provocateur. Je vais voter pour ce projet de loi, mais en comité, je choisirais un titre un peu plus neutre qui ne porte pas forcément de jugement sur le projet de loi lui-même.
[Traduction]
:
Monsieur le Président, c'est tout à fait caractéristique du Parti libéral, cela fait de nombreuses décennies que les députés libéraux agissent de la sorte. Ils n'appuient pas le projet de loi , mais ils vont voter en faveur de celui-ci. Cette attitude remonte à l'époque où Mackenzie King disait: « la conscription si nécessaire, mais pas nécessairement la conscription ».
Encore une fois, les libéraux prennent la parole pour dire qu'ils vont appuyer le projet de loi, mais qu'ils ont un peu de difficulté avec le titre.
On ne parle pas d'un travail universitaire ou d'une dissertation. Nous sommes au Parlement du Canada, nous représentons les Canadiens qui nous ont élus afin que nous défendions les valeurs canadiennes. Nous sommes ici pour représenter ces gens.
La population nous a dit qu'elle n'accepterait pas les pratiques barbares comme la mutilation d'organes génitaux féminins, les mariages forcés, les agressions sexuelles, et nous avons rédigé un projet de loi à partir de cette volonté. Je demande aux députés de l'opposition, tant du NPD que du Parti libéral, de nous emboîter le pas, de nous appuyer et de respecter les voeux et la volonté de la population canadienne.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur d'intervenir au sujet de ce projet de loi. Je suis heureux d'avoir l'occasion aujourd'hui de parler en faveur du projet de loi , Loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares.
Dans le discours du Trône prononcé en octobre 2013, le gouvernement a promis de faire en sorte que le mariage précoce ou forcé et d'autres pratiques culturelles préjudiciables, comme le mariage polygame et la violence soi-disant fondée sur l'honneur, ne se produisent pas au Canada.
J'ajouterais que le mariage polygame, une tradition culturelle de l'Asie de l'Est, est un souvenir encore vivant dans ma mémoire. En effet, je me rappelle que mes grands-parents avaient eu un mariage polygame, ce qui était conforme aux normes sociales de l'époque. Au bout de deux générations, cette situation a toutefois changé. Nous pouvons donc changer les pratiques de ce genre.
Le projet de loi fait suite à cette promesse. Le projet de loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares montre que l'esprit d'ouverture et de générosité du Canada n'englobe pas le mariage précoce ou forcé, la polygamie et d'autres types de pratiques culturelles barbares.
Le Canada ne tolère aucune forme de violence à l'endroit des femmes ou des jeunes filles, y compris la violence conjugale, la violence soi-disant fondée sur l'honneur ou d'autres types de violence fondée principalement sur le sexe. Les personnes reconnues coupables de ces crimes sont sévèrement punies en vertu des lois pénales du Canada.
Le projet de loi fixerait un âge national minimum de 16 ans pour le mariage de manière à protéger les membres les plus vulnérables de la société, c'est-à-dire les enfants, d'un mariage précoce. Actuellement, la loi fédérale fixe à 16 ans l'âge minimal pour le mariage à l'égard du Québec seulement; ailleurs au Canada, où la common law s'applique, l'interprétation courante veut que l'âge minimal soit de 14 ans pour les garçons et de 12 ans pour les filles, mais qu'il puisse être aussi bas que 7 ans. Le projet de loi porterait donc l'âge minimal pour le mariage à 16 ans d'un bout à l'autre du Canada.
La mesure modifierait également la Loi sur le mariage civil de manière à codifier deux exigences légales existantes pour qu'un mariage soit valide: le consentement libre et éclairé au mariage et la dissolution ou l'annulation de tout mariage antérieur avant qu'un nouveau mariage puisse être contracté. Actuellement, seul le Québec a légiféré en la matière. Le consentement est véritablement le critère absolument essentiel pour qu'un mariage soit légitime.
Cette modification indiquerait clairement qu'aucun Canadien ne doit être forcé de se marier contre son gré et s'ajoute à des modifications au Code criminel dont je parlerai sous peu.
L'obligation de rompre tout mariage antérieur avant d'en contracter un nouveau est conforme à l'article 2 de la Loi sur le mariage civil et à l'interdiction de la bigamie et de la polygamie qui figure depuis longtemps dans le Code criminel.
Toujours à propos de la polygamie, le projet de loi apporterait deux modifications à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés de façon à préciser que les résidents permanents et les ressortissants étrangers qui pratiquent la polygamie au Canada seraient interdits de territoire. À l'heure actuelle, les non-citoyens peuvent être expulsés seulement s'ils sont déclarés coupables de pratiquer la polygamie ou s'ils ont fait de fausses déclarations.
Afin d'éradiquer cette pratique en territoire canadien, le projet de loi interdirait aux résidents temporaires ou permanents de pratiquer la polygamie au Canada et permettrait d'expulser les non-citoyens qui pratiquent la polygamie au Canada sans qu'ils aient nécessairement été reconnus coupables d'une infraction prévue au Code criminel ou sans qu'ils aient fait de fausses déclarations.
Le projet de loi apporterait aussi plusieurs modifications au Code criminel qui permettraient d'éviter aux Canadiens d'être victimes de mariages précoces ou forcés. Les modifications proposées comblent un vide juridique en créant des infractions associées à la participation active à la cérémonie même du mariage forcé ou précoce.
Le projet de loi créerait deux nouvelles infractions qui étendraient la responsabilité criminelle à quiconque célèbre une cérémonie de mariage, y aide ou y participe sachant que l’une des personnes qui se marient a moins de 16 ans ou le fait contre son gré. Ces infractions s'appliqueraient ainsi aux célébrants et aux personnes, comme les membres de la famille, qui participent à la cérémonie en sachant qu'il s'agit d'un mariage forcé ou que l'une des deux personnes qui se marient a moins de 16 ans. Toutefois, pour être passible de poursuites, une personne doit avoir contribué activement au mariage forcé ou précoce.
Les infractions proposées reflètent les préjudices sociaux résultant de l'assentiment public face à ces pratiques nuisibles. Selon des études, la grande majorité des victimes d'un mariage forcé vivent de la violence maritale. Pareillement, les filles qui se marient jeunes risquent davantage de connaître des complications lors de la grossesse ou de l'accouchement, comme en témoigne le taux de mortalité maternelle plus élevé chez elles, sans compter qu'elles vivent souvent de la violence conjugale et interrompent leurs études.
Les mariages précoces violent les droits les plus fondamentaux des filles et les empêchent de participer pleinement à la société.
Ces deux nouvelles infractions seraient passibles d'un emprisonnement maximal de cinq ans. Le projet de loi propose aussi d'ériger en infraction le fait de faire passer à l’étranger un enfant dans l’intention de le marier, sachant que l’enfant se marie contre son gré ou n'a pas l'âge légal pour se marier. Le présent gouvernement a connaissance de cas troublants d'enfants canadiens emmenés à l'étranger pour un mariage forcé ou précoce.
Les responsables de la protection de la jeunesse qui croient que l'enfant pourrait être emmené à l'étranger pour un mariage forcé ou précoce n'ont pas actuellement les outils juridiques nécessaires pour intervenir ou empêcher que l'enfant soit sorti du Canada. Le projet de loi changerait cela en ajoutant les nouvelles infractions liées à un mariage forcé ou précoce à la liste des infractions dans les dispositions érigeant en infraction le fait de faire passer un enfant à l'étranger.
Je suis certain que les modifications proposées contribueraient à empêcher qu'on sorte des enfants du pays à des fins aussi préjudiciables, ou seraient un facteur dissuasif, et puniraient efficacement ceux qui enfreindraient ainsi la loi.
Qui plus est, le projet de loi contient des mesures préventives visant à protéger les Canadiens vulnérables et les résidents d'un mariage précoce ou forcé.
Le projet de loi propose aussi l'imposition d'engagements à ne pas troubler l'ordre public en cas de mariage forcé ou précoce, afin d'offrir une protection aux victimes potentielles. Aux termes de la nouvelle disposition sur l'engagement à ne pas troubler l'ordre public, une ordonnance interdirait expressément aux personnes visées de prendre des arrangements ou de conclure des accords relativement au mariage forcé ou précoce des victimes; exigerait que les personnes visées remettent les passeports qui sont en leur possession; interdirait aux personnes visées de quitter le pays ou d'emmener un enfant à l'étranger; et exigerait qu'elles participent à un programme d'aide en matière de violence familiale.
Enfin, en ce qui concerne la violence prétendument motivée par l'honneur, il vaut la peine de répéter que toutes les formes de violence, quel que soit leur motif, sont totalement interdites par le droit pénal. Il n'est pas nécessaire de créer des infractions particulières liées à la violence fondée sur l'honneur.
Au Canada, dans plusieurs affaires de meurtre prétendument motivés par l'honneur, la provocation a été invoquée comme moyen de défense. Ainsi, le fait que la victime ait choisi elle-même son mari ou pris d'autre décisions personnelles la concernant, sans l'approbation de sa famille ou de son mari, équivalait à un acte répréhensible ou à une insulte qui, compte tenu de la communauté culturelle dont les personnes concernées faisaient partie, aurait incité l'accusé à tuer la victime parce qu'il sentait que sa réputation ou son honneur avait été entaché. À ce jour, au Canada, les avocats de la défense n'ont pas réussi à faire valoir cet argument dans ces affaires, mais il demeure possible de soulever cet argument dans de futures affaires similaires.
Le Canada ne tolérera pas que le mariage précoce ou forcé et d'autres pratiques préjudiciables aient cours sur son territoire.
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Comme il est 18 heures, la Chambre passe maintenant à l'étude des initiatives parlementaires inscrites au
Feuilleton d'aujourd'hui.