propose que le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les transports au Canada et la Loi sur la sécurité ferroviaire, soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
-- Monsieur le Président, je prends aujourd'hui la parole pour lancer le débat de deuxième lecture sur le projet de loi , Loi sur la sécurité et l'imputabilité en matière ferroviaire.
[Français]
Depuis mon arrivée à Transports Canada, la sécurité est ma priorité absolue.
[Traduction]
En tant que ministre, j'ai été témoin d'événements qui nous ont amenés à examiner le régime de sécurité ainsi que la façon dont les sociétés ferroviaires et les expéditeurs sont tenus responsables lorsque les choses tournent mal. Car oui, les choses peuvent mal tourner et il arrive qu'elles tournent mal.
Il ne fait aucun doute que l'événement le plus notable est l'explosion de wagons qui a eu lieu à Lac-Mégantic, au Québec, le 6 juillet 2013. Les députés n'oublieront jamais ce qui est arrivé ce jour-là: 47 personnes sont mortes. Cet accident nous a plus que jamais motivés à trouver de meilleures façons de protéger les Canadiens et nos collectivités et de transporter de façon plus sécuritaire les produits essentiels à l'économie canadienne.
[Français]
Nous sommes résolus à y arriver et nous avons pris des mesures décisives à cet effet.
[Traduction]
Dans les semaines qui ont suivi la tragédie, nous avons mis en œuvre des mesures visant à améliorer la sécurité. Ainsi, nous avons imposé des équipages minimums de deux personnes pour les locomotives qui tractent des wagons contenant des marchandises dangereuses et nous avons ralenti la vitesse de tous ces trains. Nous avons révisé les caractéristiques des wagons-citernes et avons immédiatement retiré de la circulation les wagons les moins résistants aux collisions. Nous avons renforcé la réglementation et augmenté la fréquence des inspections. Nous avons également pris des mesures pour le plus long terme. Nous avons travaillé avec les municipalités, les premiers intervenants, les sociétés de chemin de fer et les expéditeurs afin de renforcer la capacité d'intervention d’urgence dans tout le pays.
En août, le Bureau de la sécurité des transports a publié son rapport d’enquête final sur la tragédie de Lac-Mégantic, auquel nous avons donné suite. En octobre dernier, nous avons pris d’autres mesures, notamment une injonction ministérielle sur l’immobilisation du matériel roulant, la classification précise des marchandises dangereuses, et une meilleure formation de tous les cheminots.
Nous avons également amélioré l’efficacité des systèmes de gestion de la sécurité, et j’aurai l’occasion d’y revenir par la suite, mais ce que je tiens à dire pour l'instant, c’est que le gouvernement a mis en œuvre la totalité des recommandations faites par le Bureau de la sécurité des transports à la suite de la tragédie de Lac-Mégantic. Nous avons tiré les leçons de ce type d’accidents, et nous sommes fermement résolus à garantir une sécurité maximum.
Le projet de loi dont nous sommes saisis prévoit d’autres mesures visant à renforcer le régime de sécurité ferroviaire du Canada et à définir les responsabilités des sociétés de chemin de fer en cas d’accident. Ces mesures s’articulent sur trois grands axes. Le premier est la prévention. Les modifications proposées renforceraient le régime réglementaire afin de réduire les risques d’accidents ferroviaires. Le deuxième est la communication, afin d’assurer une réaction aussi efficace que possible. Le projet de loi imposerait en effet des échanges d’informations entre les sociétés de chemin de fer et les municipalités, afin d’améliorer l’efficacité des interventions en cas d’urgence. Le troisième est la responsabilité. Le projet de loi obligerait les sociétés de chemin de fer à contracter une assurance suffisante pour pouvoir payer des indemnisations. Il ferait en sorte que les expéditeurs de pétrole brut assument la responsabilité des produits qu’ils expédient par chemin de fer, en les obligeant à contribuer à un fonds d’indemnisation supplémentaire qui permettrait de couvrir les dommages en cas d'accident.
Le projet de loi dont nous sommes saisis modifierait deux lois: la Loi sur la sécurité ferroviaire et la Loi sur les transports au Canada. Dans leur ensemble, ces modifications représentent une nette amélioration de la sécurité ferroviaire générale au pays, surtout en ce qui concerne le transport de marchandises dangereuses. Elles s’inscrivent dans le sillage des recommandations du rapport du Bureau de la sécurité des transports découlant de la tragédie de Lac-Mégantic, et du rapport du vérificateur général de l’automne 2013. Nous remercions ces deux institutions de leur contribution.
Je vais commencer par vous parler de la prévention et des dispositions du projet de loi qui contribueraient à prévenir les accidents ferroviaires. La Loi sur la sécurité ferroviaire prévoit la mise en œuvre d’un cadre réglementaire concernant la sûreté, la sécurité et l’impact environnemental du transport ferroviaire. Cette loi stipule que les sociétés de chemin de fer sous réglementation fédérale sont responsables de la sécurité de leur infrastructure ferroviaire, de leur matériel roulant et de leurs opérations.
Transport Canada vérifie que les sociétés de chemin de fer se conforment aux dispositions de la loi et aux règles, règlements et normes techniques imposés par le ministère.
Transports Canada effectue également des vérifications et des inspections afin de s’assurer de la sécurité générale des services ferroviaires. Les Canadiens peuvent avoir l’assurance que Transports Canada n’hésitera pas à prendre des mesures appropriées en cas de problèmes liés à la sécurité. Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd’hui donne de nouveaux pouvoirs aux inspecteurs et au ministre des Transports pour faire précisément cela.
C’est ainsi qu’une nouvelle disposition du projet de loi donne au ministre des Transports le pouvoir d’ordonner à une société ferroviaire de prendre des mesures correctives, de cesser de faire certaines choses, de suivre telle ou telle procédure ou de suspendre le service. Autrement dit, le ministre pourra intervenir directement, en cas de problème lié à la sécurité.
Les inspecteurs de la sécurité ferroviaire de Transports Canada se voient déléguer le pouvoir d’émettre un avis ou un ordre à toute personne ou entité, y compris les sociétés ferroviaires, les responsables de la voirie et les municipalités, en ce qui concerne la sécurité ferroviaire. En élargissant les pouvoirs du ministre et des inspecteurs de la sécurité ferroviaire, nous renforçons la capacité de Transports Canada d’administrer la Loi sur la sécurité ferroviaire ainsi que les règlements, les règles et les normes techniques qui l’accompagnent. Ce sont là des outils très efficaces, qui permettront à Transports Canada de mieux encadrer les sociétés ferroviaires et de veiller à ce qu'elles respectent les normes établies par la loi.
J’aimerais toutefois souligner que certaines des mesures les plus importantes que prennent les sociétés ferroviaires pour renforcer la sûreté et la sécurité ne sont pas le résultat de la Loi sur la sécurité ferroviaire mais plutôt l’application de leurs propres systèmes de gestion de la sécurité, les SGS. Je tiens à le préciser. Un système de gestion de la sécurité n’est pas synonyme de déréglementation ou d’autoréglementation. C’est un protocole scientifique reconnu à l’échelle internationale, que les sociétés ferroviaires utilisent depuis 2001. Les SGS ne se substituent pas aux règles, aux règlements et aux inspections. Ils permettent de mettre en place un protocole de sécurité, qui intègre des règlements précis et des mesures proactives pour repérer les dangers et atténuer les risques.
Transports Canada impose certaines exigences réglementaires à ces systèmes de gestion de la sécurité, et le projet de loi dont nous sommes saisis renforce les contrôles exercés par le ministère. Selon les modifications proposées, si une société ferroviaire met en œuvre un système de gestion de la sécurité d’une façon qui risque de nuire à la sécurité ferroviaire, je peux, par arrêté, obliger cette société à prendre des mesures correctives. Ce contrôle supplémentaire incitera encore davantage les sociétés de chemin de fer à bien gérer les risques liés à l’exploitation d’un service ferroviaire.
J’aimerais attirer l’attention des députés sur les dispositions du projet de loi qui vont contribuer à raccourcir le délai de réaction en cas d'urgence, grâce à une meilleure communication et à une plus grande collaboration entre les sociétés ferroviaires et les municipalités qu’elles traversent. Le projet de loi donne à Transports Canada le nouveau pouvoir de réglementer les échanges d’information, de documents et de dossiers entre les parties externes, par exemple entre une société ferroviaire et une municipalité.
Le Canada s’est construit à partir des villes et des villages qui se sont développés le long des lignes de chemin de fer. Nous devons assurer la sécurité des habitants de ces villes et de ces villages. La collaboration entre les sociétés ferroviaires et les localités ne sera plus laissée à la discrétion des sociétés ferroviaires. L’échange d’information s’inscrira dans un dispositif réglementaire obligatoire. La Fédération canadienne des municipalités s’est fait le chantre d’une meilleure communication et d’une plus grande transparence entre les sociétés ferroviaires et les municipalités en matière de sécurité, et nous remercions ses membres de leur précieuse contribution.
Outre la prévention et des communications efficaces pour améliorer la capacité d'intervention, le troisième pilier du projet de loi fait intervenir la responsabilité. J’entends par cela qu’il faut voir à ce que ceux qui exploitent le réseau ferroviaire et qui y font circuler des produits qui présentent un risque élevé aient les moyens financiers requis pour indemniser les victimes et nettoyer les lieux si un accident survient. L’enjeu ne découle pas seulement de tragédies comme celle survenue à Lac-Mégantic; je reviendrai toutefois à ce sujet dans un instant.
Les municipalités sont plus souvent appelées à intervenir pour des incidents moins graves, comme des incendies pouvant résulter des activités ferroviaires. Actuellement, ce sont souvent les provinces ou les municipalités et, au bout du compte, leurs contribuables qui absorbent ces coûts. Toutefois, en vertu du présent projet de loi, si une province ou une municipalité estimait qu’un incendie a été causé par des activités ferroviaires, elle pourrait demander un remboursement des frais engagés à l’Office des transports du Canada. L’office serait habilité à déterminer si l’incendie a bel et bien été causé par des activités ferroviaires et à évaluer les frais requis pour éteindre l’incendie; il aurait également le pouvoir d’exiger que la société ferroviaire rembourse la province ou la municipalité pour ces frais.
Cette modification et les autres dont j’ai parlé aujourd’hui s’appliquent à la Loi sur la sécurité ferroviaire destinée à favoriser l’exploitation au Canada d’un réseau ferroviaire sûr, efficace et écoresponsable. Les modifications doteraient Transports Canada de pouvoirs accrus et d'une plus grande capacité de surveillance des activités ferroviaires. Elles favoriseraient également de meilleures communications entre les sociétés ferroviaires et les municipalités, qui pourraient ainsi mieux se préparer à réagir aux situations d’urgence. Enfin, elles aideraient à rendre les sociétés ferroviaires responsables des frais engagés pour les incendies causés par leurs opérations.
Toutefois, une autre importante question de responsabilité n’est devenue que trop évidente dans la foulée de la tragédie de Lac-Mégantic: le coût de la catastrophe en perte de vies humaines a été incalculable. Il n’y a pas de mots pour le dire. Il y a eu aussi des coûts calculables, soit les frais engagés pour éteindre l’incendie, enlever les débris, nettoyer les lieux et réparer les dégâts environnementaux. Il y a naturellement les coûts à assumer pour reconstruire une collectivité et indemniser les personnes dont la vie a été véritablement bouleversée par la tragédie. Personne ne veut prévoir une telle catastrophe, mais toute compagnie responsable doit se préparer à ce genre d’éventualité en se dotant d’une assurance suffisante pour couvrir les frais engagés le cas échéant.
En vertu de la Loi sur les transports au Canada, les sociétés ferroviaires régies par le gouvernement fédéral doivent posséder une assurance, mais la tragédie de Lac-Mégantic a démontré que les mesures actuelles ne sont tout simplement pas suffisantes. Le projet de loi prévoit des seuils précis d’assurance à acquérir, selon le type et le volume de produits dangereux transportés par les sociétés ferroviaires. Ces exigences entreraient en vigueur 12 mois après la sanction royale du projet de loi, ce qui laisserait au marché des assurances le temps nécessaire pour s’adapter et aux sociétés ferroviaires suffisamment de temps pour obtenir les assurances nécessaires, qui sont habituellement achetées au moyen d’une police annuelle.
Des quantités importantes de marchandises dangereuses circulent sur les chemins de fer de catégorie 1, et les sociétés ferroviaires seront tenues de souscrire une assurance d'une valeur de 1 milliard de dollars. Les députés seront rassurés d'apprendre que le CN et le CP détiennent habituellement des assurances ayant une valeur supérieure à 1 milliard de dollars. Par ailleurs, les sociétés ferroviaires qui transportent peu de marchandises dangereuses, voire aucune, seront tenues de contracter une assurance de 25 millions de dollars. Les lignes ferroviaires sur courtes distances qui transportent de grandes quantités de marchandises dangereuses devront au départ détenir une assurance de 50 millions ou de 125 millions de dollars. Un an plus tard, la valeur de ces assurances passera à 100 millions et à 250 millions de dollars, respectivement. Cette période permettra aux lignes ferroviaires sur courtes distances de s'adapter aux nouvelles exigences. L'office pourra s'informer pour déterminer si les compagnies de chemin de fer souscrivent des assurances au montant prescrit et devra révoquer ou suspendre le certificat d'aptitude d'une société qui ne se conforme pas aux exigences.
L'office pourra aussi faire respecter les exigences en matière d'assurance en imposant des sanctions administratives pécuniaires pouvant aller jusqu'à 100 000 $, et ce n'est pas tout. Malheureusement, il est toujours possible que survienne une tragédie entraînant des dommages que ne pourrait pas entièrement couvrir l'assurance d'une société ferroviaire. Par conséquent, les expéditeurs de pétrole brut devront aussi partager la responsabilité liée au transport de leurs marchandises dangereuses. C'est pourquoi le projet de loi prévoit également la création d'un fonds complémentaire, qui serait financé au moyen de prélèvements effectués auprès des expéditeurs de pétrole brut, à raison de 1,65 $ la tonne de pétrole brut transportée. Si les dégâts causés lors d'un accident catastrophique mettant en cause du pétrole brut excèdent les limites de l'assurance contractée par la société ferroviaire, on utilisera le fonds pour assumer le reste des coûts, plutôt que de demander aux contribuables de payer la note.
Le projet de loi est conforme au principe du pollueur-payeur et propose une approche semblable à celle qui prévaut dans le secteur du transport maritime, c'est-à-dire que l'ensemble des entreprises du secteur assume les coûts liés à un accident.
Les transporteurs de pétrole de brut sont aussi visés par les modifications dont nous sommes saisis aujourd'hui, mais Transports Canada examine la possibilité d'étendre la portée de ce régime de façon à ce qu'il s'applique aussi aux industries qui expédient d'autres produits dangereux. De cette manière, les transporteurs ferroviaires et les entreprises qui expédient des produits dangereux se partageraient la responsabilité. Les victimes et les contribuables seraient donc protégés et n'auraient pas à assumer les coûts découlant d'accidents ferroviaires.
Nous voulons que les collectivités, les citoyens et les contribuables soient protégés si un accident devait se produire. Le pollueur devra payer pour nettoyer les dégâts et verser des indemnités. Nous souhaitons que le secteur ferroviaire demeure concurrentiel et nous appuyons le secteur des ressources, qui fournit des emplois aux Canadiens. Cependant, lorsqu'il est question de la sécurité du réseau de transport, les collectivités et les citoyens passeront toujours en premier.
Les mesures contenues dans ce projet de loi s'ajoutent à celles que le gouvernement a déjà prises afin d'accroître la sécurité ferroviaire. Je signale qu'un projet de loi d'initiative parlementaire visant à modifier la Loi sur la sécurité ferroviaire a aussi été présenté, et j'aimerais féliciter notre collègue, la députée de . Son projet de loi d'initiative parlementaire — le projet de loi — a pour objectif de mieux protéger les personnes et les biens dans le contexte de l'exploitation ferroviaire.
Le gouvernement appuie le projet de loi, et j'assure aux députés que nous avons coordonné en conséquence les modifications que propose celui dont nous sommes saisis de manière à ce que les deux mesures législatives soient harmonisées lorsqu'elles recevront la sanction royale, comme le veut la coutume, afin que leurs effets sur la Loi sur la sécurité ferroviaire soient homogènes et cohérents.
Les exploitants ferroviaires et Transports Canada ont appliqué de nombreuses mesures dans le but d'améliorer la sécurité ferroviaire, ce qui a permis de réduire le nombre d'accidents au cours des dernières années. Cependant, de plus en plus de matières dangereuses et d'autres marchandises sont transportées par train et cette tendance s'accentuera. Il faut une surveillance appropriée pour réduire le nombre d'accidents. Pour que les interventions gagnent en efficacité, il faut une meilleure communication entre les sociétés ferroviaires et les administrations municipales. Le régime de responsabilité et d'indemnisation en cas d'accident doit par ailleurs être resserré.
Le projet de loi traite de tous ces sujets. Il apporte des changements majeurs aux régimes de sécurité ferroviaire, de responsabilité et d'indemnisation. Dans le dernier discours du Trône, le gouvernement s'est engagé à tirer des leçons de la tragédie de Lac-Mégantic de manière à ce que les expéditeurs et les sociétés ferroviaires assument la responsabilité de la sécurité ferroviaire.
[Français]
Grâce à ce projet de loi, nous respectons notre engagement.
[Traduction]
Notre régime de sécurité des transports est fiable, mais il n'est pas parfait. Resserrer les régimes relatifs à la sécurité, à la responsabilité et à l'indemnisation accroîtra bien sûr la confiance des Canadiens à l'égard de l'industrie ferroviaire, mais leur montrera surtout que leur sécurité demeure la priorité absolue de Transports Canada.
Dans le contexte du cadre législatif existant, nous avons mis en oeuvre de nombreuses initiatives pour améliorer la sécurité ferroviaire par l'intermédiaire de directives, d'arrêts et de règlements.
[Français]
Ce projet de loi nous permettra de prendre d'autres mesures.
[Traduction]
J'espère que les députés reconnaîtront eux aussi l'urgence de la situation et qu'ils appuieront, comme moi, ce projet de loi absolument capital.
:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir de me lever pour parler du projet de loi . C'est un projet de loi du gouvernement, qui modifie la Loi sur les transports au Canada et la Loi sur la sécurité ferroviaire. Il s'agit en fait d'une réaction à ce qui est arrivé à Lac-Mégantic.
D'entrée de jeu, je vais dire que j'appuie les amendements apportés par le gouvernement, car ils vont dans la bonne direction. Par contre, nous nous demandons pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour faire cela. Pourquoi a-t-il fallu une tragédie comme celle de Lac-Mégantic pour régler certains problèmes?
Avant de parler plus précisément du projet de loi, j'aimerais rappeler le contexte. En 2013, on a eu une tragédie qui a bouleversé le Canada tout entier et qui a touché particulièrement la population de Lac-Mégantic. On sait que 47 personnes sont décédées. Malheureusement, on ne peut rien changer à ce sujet. Par contre, le NPD dit depuis le début qu'il faut apprendre de ses erreurs. Qu'est-ce qui est arrivé? Pourquoi a-t-on appliqué aussi longtemps ce système d'autorégulation et d'auto-inspection, mis en place par les libéraux et maintenu par les conservateurs?
Comme nous le sait, le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités a fait une étude sur le transport de matières dangereuses. Au NPD, nous avons émis une opinion complémentaire. Nous trouvions que les recommandations allaient encore une fois dans la bonne direction, mais pas assez loin. Par ailleurs, il n'y a eu aucune recommandation de la part du Parti libéral.
Il fallait savoir pourquoi la tragédie de Lac-Mégantic était survenue. Après une étude qui a duré de novembre 2013 jusqu'à maintenant, car le rapport a été soumis à la Chambre il n'y a pas si longtemps, plusieurs questions demeuraient encore sans réponse. C'est pour cela qu'une des recommandations du NPD préconisait une enquête publique pour jeter vraiment la lumière sur ce qui était arrivé. Nous avons l'appui des citoyens de Lac-Mégantic et, dernièrement, celui du conseil municipal de la Ville de Lac-Mégantic, par rapport à ces démarches.
Il reste encore beaucoup de questions auxquelles on n'a pas répondu. Par exemple, on se demande comment il se fait que le gouvernement a accepté que la compagnie MMA ait un seul conducteur, étant donné sa très mauvaise culture par rapport à la sécurité. Pourquoi a-t-on accepté de lui donner une exemption? Je rappelle que, partout au Canada, seulement deux compagnies étaient exemptées de suivre le règlement qui imposait deux conducteurs. Pourquoi le gouvernement a-t-il accepté qu'il y ait un seul conducteur, surtout dans le cas de MMA, une compagnie qui a un passé troublant, comme on le sait?
D'autres questions ont aussi été soulevées. Comment se fait-il que le gouvernement n'a toujours pas assumé sa part de responsabilité, malgré l'enquête du Bureau de la sécurité des transports et le blâme que ce bureau lui a adressé? C'est assez rare qu'on voit le Bureau de la sécurité des transports être aussi sévère envers un gouvernement. J'ai parlé à des citoyens de Lac-Mégantic, et je peux dire qu'il y a encore une frustration et un manque d'information. On trouve que justice n'a pas encore été rendue. On ne comprend pas pourquoi le gouvernement s'entête et refuse d'avoir une enquête publique indépendante pour aller vraiment au fond des choses.
Pour revenir au projet de loi, Lac-Mégantic nous a fait réaliser une autre chose. Après la tragédie, on a constaté que la compagnie MMA avait 25 millions de dollars en assurance responsabilité. Ce montant ne couvre même pas une partie des 400 millions de dollars, sinon plus, que le nettoyage et la reconstruction ont coûté jusqu'à aujourd'hui. Comment se fait-il qu'une compagnie a une assurance de seulement 25 millions de dollars? Une des réponses que le gouvernement a données à cela dans le cadre de ce projet de loi, et la raison pour laquelle on appuie cette démarche, c'est d'exiger que les compagnies ferroviaires augmentent leur assurance responsabilité ou qu'on leur impose au moins un minimum à cet égard. Comme je l'ai dit, c'est un pas dans la bonne direction. Cependant, si on examine plus en détail le tableau mis en avant, on voit qu'on impose un minimum de 25 millions de dollars pour les plus petites compagnies ferroviaires qui transportent moins de produits dangereux.
Toutefois, il s'agit du même montant qui était prévu pour la MMA. D'un autre côté, on veut fixer le niveau de couverture minimale d'assurance responsabilité des grandes compagnies à 1 milliard de dollars. On y inclut le CN et le CP, par exemple, étant des compagnies de catégorie 1 qui, elles, transitent beaucoup de matières dangereuses. Sans aller dans les détails du projet de loi, on y prévoit plusieurs niveaux minimaux d'assurance responsabilité, en fonction du type de produit dangereux transporté par la compagnie, allant jusqu'à un maximum de 1 milliard de dollars.
Pourquoi ces niveaux sont-ils fixés en fonction de la quantité de produits dangereux qui transitent à longueur d'année? À Lac-Mégantic, il ne s'agissait que d'une petite compagnie ferroviaire qui transportait une quantité assez élevée de matières dangereuses à ce moment-là. Pourtant, les coûts associés à ce désastre ont dépassé amplement les limites prévues par ce projet de loi, surtout en ce qui concerne les petites compagnies.
Encore une fois, nous ne donnons pas un chèque en blanc au gouvernement. Nous savons qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction, mais nous voulons des réponses à ces questions.
Par ailleurs, ce projet de loi prévoit un fonds d'urgence financé par les expéditeurs pour couvrir les dommages causés par une catastrophe impliquant du pétrole brut.
[Traduction]
Tout à l'heure, j'ai posé une question à la ministre concernant le fonds d'urgence, et elle a répondu qu'il serait plafonné à 250 millions de dollars. J'aimerais savoir pourquoi.
Comme je le disais aussi, l'accident survenu à Lac-Mégantic va coûter plus de 400 millions de dollars. J'aimerais aussi savoir pourquoi fixer un plafond, si on croit tellement aux vertus du principe du pollueur-payeur? Doit-on comprendre que l'on puisera dans le fonds d'urgence lorsque la compagnie de chemin de fer concernée ne sera pas suffisamment assurée? Or, si ce fonds est plafonné à 250 millions de dollars, qui d'autre va assumer la facture de nettoyage et de reconstruction? Les contribuables évidemment, par l'entremise du gouvernement.
C'est exactement ce qui se passe en ce moment. C'est ce qui s'est passé à Lac-Mégantic. Nous ne comprenons tout simplement pas pourquoi imposer un plafond, et surtout un plafond de 250 millions de dollars. Voila une autre question que nous ne manquerons pas de poser à la ministre, et probablement aussi aux fonctionnaires de Transports Canada.
J'ai posé une autre question à la ministre. Nous devrons sans doute convenir que nous ne sommes pas d'accord sur la réponse. La ministre soutient que le nombre d'inspecteurs de la sécurité ferroviaire a été augmenté à un nombre suffisant. J'ai déjà dit à la Chambre et au comité qu'un seul inspecteur additionnel avait été embauché. Ce n'est pas moi qui le dis, mais bien Transports Canada, en réponse à une question que j'ai posée.
Nous connaissons les répercussions environnementales qu'ont eues les déraillements à Lac-Mégantic et dans le Nord de l'Ontario. Mon collègue de Timmins a mentionné le déraillement de Gogama et son impact sur l'environnement. Si le gouvernement ne peut faire mieux que d'embaucher un seul inspecteur de la sécurité ferroviaire, il y a un problème, d'autant plus que le rapport préliminaire du Bureau de la sécurité des transports, le BST, signale des problèmes sur le plan des infrastructures.
Le gouvernement soutient qu'il ne permet pas l'auto-inspection et que le système de gestion de la sécurité est suffisant. Selon le NPD, bien que le système de gestion de la sécurité mis sur pied par les libéraux nous emmène dans la bonne direction, c'est la manière dont il est mis en application qui est cruciale. Or, nous constatons que le gouvernement ne fait que transférer toutes les responsabilités aux compagnies de chemin de fer.
Cela ne fait aucun doute, car lorsqu'on le leur demande, les sociétés ferroviaires nous disent qu'elles sont responsables des inspections.
Pour sa part, Transports Canada se contente de confirmer l'existence d'un système de gestion de la sécurité. Une fois de plus, le vérificateur général et le BST ont tous deux dit que son application et son exécution laissent à désirer.
Certains se demandent si Transports Canada a suffisamment de ressources. Les chiffres de 2010 nous apprennent que le budget de la Direction générale de la sécurité ferroviaire, l'organe à qui il incombe de surveiller l'application et l'exécution des mesures de sécurité ferroviaire, a diminué de 20 %. Les gestes sont plus éloquents que les paroles: le gouvernement sabre dans la Direction générale de la sécurité ferroviaire, l'entité même qui est responsable de l'application des mesures de sécurité.
Chaque fois que nous débattons de la sécurité ferroviaire, nous revenons à la question du manque de surveillance. Cela fait longtemps que le BST signale ce problème, à l'instar de l'opposition officielle. À la lumière de sa décision de comprimer le budget de la Direction générale de la sécurité ferroviaire, il y a lieu de se demander ce que compte faire le gouvernement pour assurer une surveillance adéquate.
J'ai également demandé à la ministre combien de sociétés ferroviaires avaient fait l'objet de sanctions ces dernières années.
[Français]
La réponse de Transports Canada est zéro. Les pénalités imposées aux compagnies ferroviaires ont été de zéro dollar, alors que nous savons que certaines compagnies ferroviaires ne respectent ni les lois ni la réglementation, et qu'elles tournent les coins ronds.
Actuellement, non seulement le gouvernement fait des compressions dans le budget alloué à ceux qui s'occupent de l'inspection et de l'application des lois, mais de plus, les pénalités qu'il impose aux compagnies ferroviaires sont de zéro dollar. Il n'y a donc pas d'application proprement dite de la loi.
Plus loin dans le projet de loi , certaines mesures sont mises en avant pour donner plus d'autorité au ministre et aux inspecteurs. Sur cette question, nous appuyons les amendements proposés.
Effectivement, lorsque nous savons qu'une compagnie ferroviaire contrevient aux règlements ou qu'elle présente des problèmes sur le plan de la sécurité, c'est important que le gouvernement agisse.
Encore une fois, nous déplorons le manque de transparence de tout cela. Ce n'est pas pour rien que nous avons demandé une enquête publique sur la tragédie de Lac-Mégantic et sur le transport de matières dangereuses. En effet, encore une fois, nous n'avons pas toutes les réponses auxquelles nous nous attendons et auxquelles la population s'attend.
Pour ce qui est du manque de transparence, nous n'avons pas à chercher très loin, nous n'avons qu'à observer le gouvernement. Effectivement, l'ancien ministre disait que, si les municipalités voulaient de l'information sur les produits dangereux qui circulaient sur leur territoire, elles devaient faire une demande d'accès à l'information.
Je dois reconnaître que, depuis, la ministre actuelle est allée de l'avant. Toutefois, cela démontre tout de même la réticence de ce gouvernement à partager l'information et à collaborer avec les municipalités.
D'ailleurs, la collaboration avec les municipalités n'est pas encore entière. Je me demande comment les municipalités vont faire pour payer la formation des premiers répondants et s'assurer qu'elles auront toute l'information relative à cette formation et les ressources nécessaires pour intervenir en cas d'urgence.
Malheureusement, ce que j'ai entendu sur le terrain, où j'ai rencontré plusieurs conseillers municipaux et maires, ne m'a pas rassuré. Je me suis promené partout au Québec pour être à l'écoute de la population et, malheureusement, on sent encore un manque de collaboration et de partage d'informations.
Je vais en donner un exemple concret. Depuis les événements de Lac-Mégantic, le Bureau de la sécurité des transports a demandé aux compagnies ferroviaires de donner leur évaluation de risque.
Nous savons que les compagnies doivent évaluer les risques, par exemple lorsqu'elles traversent une zone densément peuplée ou qu'elles transportent tel ou tel genre de produits, selon la quantité. Aux États-Unis, ces évaluations sont publiques et elles peuvent être consultées. Au Canada, le gouvernement n'a pas pris les mesures nécessaires pour que la population, et surtout les groupes touchés, comme les municipalités, aient accès à ces évaluations.
En comité, nous avons demandé par exemple pourquoi tel risque a été pris, quelles évaluations de risque ont été faites et si Transport Canada les a reçues. On nous a répondu que les évaluations de risque avaient été faites. Transport Canada a répondu que toute cette information n'est pas rendue publique. Nous ne pouvons pas avoir la réponse à notre question. Au NPD, nous croyons que le gouvernement doit être beaucoup plus transparent.
Malheureusement, il faut des désastres comme l'accident de Lac-Mégantic et ceux du Nord de l'Ontario pour se rendre vraiment compte de la situation. C'est choquant de voir ce qui se passe, par exemple sur le plan des déraillements de train et des conséquences sur l'environnement. À l'heure actuelle, le gouvernement continue à manquer de transparence.
Je dois reconnaître que ce projet de loi et d'autres projets de loi ont été des pas dans la bonne direction. Toutefois, certains enjeux pas encore été réglés. Je mentionne le cas des wagons, soit les wagons mis en utilisation après l'accident de Lac-Mégantic, malgré le fait que le Bureau de la sécurité des transports du Canada demandait au gouvernement de rendre les wagons plus sécuritaires depuis 20 ans. À l'époque, on parlait des wagons DOT-111, ou de catégorie 111. Le terme DOT-111 est celui qui est utilisé aux États-Unis.
L'année dernière, le gouvernement a introduit de nouveaux standards. C'était sa réponse aux inquiétudes de la population. Il a dit qu'il faudrait trois ans avant que tous les wagons circulant partout au Canada soient conformes aux nouveaux standards. Malheureusement, avec l'incident de Gogama et le rapport du Bureau de la sécurité des transports par la suite, nous avons constaté que les wagons CPC-1232 ne sont pas adéquats, malgré tout. Les nouveaux wagons DOT-111, que la ministre citait comme le nouveau standard, ne sont pas appropriés. Ils réagissent de la même façon que les anciens wagons DOT-111. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est le Bureau de la sécurité des transport lui-même. Les inquiétudes persistent donc.
La ministre a dit que de nouveaux standards allaient être mis en place. J'ai demandé pourquoi il fallait autant de temps pour leur mise en place.
[Traduction]
La ministre a répondu que les négociations avec les États-Unis prenaient du temps. En ce qui concerne la sécurité des Canadiens, nous savons toutefois que ces normes ne suffisent pas. Il faudra encore 10 ans avant que les normes promises soient instaurées. C'est donc dire que des wagons-citernes non sécuritaires continueront, pendant encore 10 ans, de traverser nos villes et de longer des écoles. De nombreux Canadiens de partout au pays m'ont dit combien cela les inquiétait.
Bien qu'il s'agisse de pas dans la bonne direction, il faut encore renforcer la réglementation et l'application de la loi. La principale préoccupation touche le manque de supervision. Le gouvernement a déclaré qu'il faisait des progrès dans ce domaine, mais on sait que le budget de la Direction générale de la sécurité ferroviaire a été coupé de 20 % depuis 2010 et qu'un seul inspecteur a été ajouté, deux décisions qui en disent long. Le gouvernement doit poser plus de gestes concrets et faire de la sécurité des Canadiens une réelle priorité.
:
Monsieur le Président, la sécurité ferroviaire est primordiale dans la circonscription que je représente. En effet, la circulation ferroviaire au nord et au sud de ma circonscription est l’une des plus intenses au Canada.
Le sud de ma circonscription, qui était une zone industrielle, est maintenant habité par des milliers de gens, et des milliers d’autres s’y installeront au cours des prochaines années. Or, un vaste réseau ferroviaire s’y trouve. Les trains de VIA Rail et les trains régionaux de GO Transit y circulent en empruntant le corridor qui les mènent au centre-ville de Toronto. Au nord, deux voies ferrées longent la rue Dupont jusqu’au centre-ville de Toronto. Les trains qui arrivaient à Toronto en provenance de Lac-Mégantic empruntaient l’une de ces voies. C’est également sur ces voies ferrées qu’ont passé les trains de Mississauga qui, il y a 30 ou 40 ans, ont déraillé et causé les plus grandes évacuations de civils dans l’histoire du Canada.
Lorsque j’étais conseiller municipal, nous étions constamment aux prises avec les problèmes que causaient ces voies ferrées, qu’il s’agisse de règlements de zonage ou de la vitesse à laquelle allaient les trains que nous voulions modérer ou encore du contrôle que nous voulions exercer sur les produits dangereux qui y circulaient.
Les trains impliqués dans la demi-douzaine de déraillements survenus en Ontario, deux à Gogama et les autres, ont traversé certaines des parties du Canada les plus densément peuplées. Dans un cas, nous savons que cela n’était qu’une question de temps avant que la roue endommagée casse, fende en éclats et cause un déraillement. Comme je l’ai dit, cela aurait pu arriver en plein centre-ville de Toronto. Je ne veux pas dire que cela n’aurait pas été une tragédie ailleurs, mais les coûts, les effets sur la population et l’étendue des dégâts auraient pu être gigantesques.
Nous suivons la situation de très près dans les quartiers voisins et plusieurs choses nous viennent à l’esprit. L’une d’elles, c’est la notion de zonage.
La semaine dernière, à une séance de comité, nous avons entendu un député conservateur dire qu’il faudrait essayer de créer des zones stériles de 300 mètres de chaque côté des voies ferrées partout au pays pour protéger les populations. Cela est absurde, étant donné qu’une telle mesure aurait empêché la construction du SkyDome et de la tour du CN et qu’elle aurait même empêché le réaménagement de l’hôtel Royal York. Le coût de la stérilisation de tous ces terrains s’élèverait à des billions de dollars. Voilà ce qui arrive lorsque quelqu’un improvise dans un comité. Que cela puisse arriver au Cabinet actuellement fait peur.
Le zonage prévoit l'installation de glissières de sécurité. Toutefois, il a été mis en place il y a plusieurs années, à une époque où les trains étaient plus petits et où ils transportaient beaucoup moins de produits chimiques volatils dans cette région du pays.
Compte tenu des limites de vitesse et de la taille des trains, on peut bien construire un mur de protection de 30 mètres, le renforcer avec des moyens techniques, éloigner les zones résidentielles et désigner les zones immédiates comme étant industrielles. Toutefois, lorsque l'on triple ou quadruple la longueur des trains, augmente leur vitesse et reclasse les substances volatiles afin de pouvoir justement augmenter la vitesse des trains, un mur de protection de 30 mètres ne sert qu'à contenir une explosion, laquelle serait extrêmement violente et se produirait à proximité d'un secteur urbain densément peuplé. Nous savons ce qui se passe en cas d'explosion de produits chimiques volatils: en fait, l'endiguement fait augmenter la volatilité des produits, et les dégâts sont considérables. Par conséquent, il est essentiel de prendre les mesures qui s'imposent.
Ma question à l'intention de la est pertinente, puisque la même ligne de chemin de fer traverse le centre-ville de Toronto, où elle franchit des passages à niveau. À un endroit particulier, près de l'embranchement de la rue Dupont, il y a une école publique juste à côté d'un passage à niveau. Dieu nous en préserve, si un autobus scolaire restait coincé sur la voie ferrée à cause d'un bouchon de circulation ou d'une autre raison, il pourrait être percuté par un train de marchandises.
J'aimerais que la nous dise quel genre de financement le gouvernement fédéral est prêt à accorder afin de modifier ces passages à niveau.
La réponse: 10 millions de dollars par année. Pourtant, cette somme ne couvre même pas un huitième de ce qu'il en coûterait pour changer ces passages à niveau en voies de contournement sous-terraine — ce qui est considéré comme une norme au centre-ville de Toronto. Aussi bien dire qu'on n'y consacre pas d'argent, puisqu'il y a environ 5 000 passages à niveau jugés dangereux à l'échelle du pays. L'ensemble du pays ne consacre que 10 millions de dollars à la modification et à la modernisation de nos capacités ferroviaires alors que les trains qui circulent sur nos chemins de fer sont de plus en plus nombreux et les convois, de plus en plus longs. Il faut faire quelque chose.
De leur côté, les sociétés de chemin de fer ne font rien pour renforcer la sécurité le long du corridor ferroviaire. Il y a quelques semaines, l'un des présidents a dit à la Chambre de commerce, à Montréal, que le terrorisme était maintenant une source d'inquiétude. Si ces produits chimiques volatils qui passent par Lac-Mégantic et Mississauga traversent aussi Toronto, il serait normal de s'attendre à ce que le corridor ferroviaire soit sûr.
À titre exemple, près d'un magasin d'alcool du centre-ville de Toronto, il y a un endroit où la clôture a été si souvent détruite que la société de chemin de fer ne se donne même plus la peine de la réinstaller. On peut voir, d'après les traces laissées dans la neige et dans le sol, que de nombreuses personnes ont traversé le chemin de fer. C'est extrêmement dangereux.
Les municipalités veulent connaître la vitesse réelle des trains, les limites de vitesse qui devraient être respectées dans les secteurs à forte densité urbaine, et les données sur la volatilité des produits et sur la taille et le poids des convois pour déterminer si les limites de vitesse ont du bon sens, mais on leur dit qu'elles ne peuvent pas avoir accès à ces renseignements.
Elles y ont accès une fois que le mal est fait. Les sociétés dévoilent ces renseignements après coup. Cependant, quand une situation d'urgence se produit, il faut les appeler pendant que les secours se dirigent sur les lieux. On tente de construire des corridors ferroviaires afin d'atténuer les risques liés à la volatilité des produits, mais les détails sur la volatilité sont considérés comme des renseignements commerciaux de nature exclusive et les municipalités n'y ont donc pas accès.
La a tort d'affirmer que la Fédération canadienne des municipalités est satisfaite du projet de loi et des mesures proposées, car l'organisme veut de plus amples renseignements. Le problème, entre autres, c'est que, contrairement aux services des incendies comme celui de Toronto, la plupart de ceux qui sont à proximité des corridors ferroviaires un peu partout au pays font appel à des pompiers volontaires qui n'ont ni la formation ni l'équipement nécessaires lorsqu'ils accourent sur les lieux, sans compter qu'ils ne reçoivent aucune notification préalable et n'ont pas de moyen d'obtenir une telle notification.
La notification préalable et la coopération avec la Fédération canadienne des municipalités sont absentes du projet de loi. Elles doivent y figurer.
Par ailleurs, nous savons tous que la surveillance est quasi inexistante. Lorsque nous demandons à connaître la vitesse des trains, on nous regarde sans comprendre. Il faudrait presque poster des policiers munis de cinémomètres près des voies ferrées pour déterminer si les trains respectent les règles et règlements pertinents. Il faut changer les choses. L'affichage et, au sein de l'industrie, la connaissance des limites de vitesse doivent devenir la norme. La question de la vitesse doit cesser d'être traitée comme un secret ferroviaire qui remonte bien avant l'adoption de bon nombre de règlements municipaux applicables au dossier dont nous débattons.
On sait aussi que les véritables moyens d'améliorer la sécurité dépassent le cadre du présent débat. Parmi les solutions, mentionnons des trains plus courts, une plus stricte réglementation des produits chimiques transportés par ces trains, peut-être l'obligation de transporter le diesel et les produits chimiques très volatiles dans les nouveaux wagons améliorés et, tant que ces mesures ne sont pas prises, l'application de limites de vitesse beaucoup moindres. Il y a toutes sortes de solutions qui peuvent être envisagées.
Chaque solution qui se fait au détriment des sociétés ferroviaires accentue la nécessité de construire un nouveau pipeline. Lors de l'élection partielle au terme de laquelle j'ai été élu, les néo-démocrates se disaient contre la construction de tout pipeline au Canada, y compris l'oléoduc Énergie Est. Ils voulaient que tout soit transporté par train. Les électeurs de ma circonscription se sont vite rendu compte que, si rien n'est transporté par train, tout finit par être transporté par pipeline, et vice versa. Les ressources doivent être transportées soit par pipeline, soit par train.
Il faut prendre une décision dans un sens ou dans l'autre. On ne peut pas s'opposer aux deux moyens de transport. Les produits chimiques et le pétrole doivent être acheminés vers les marchés, et on doit mieux les gérer. Il faut prendre une décision qui repose sur des données probantes et qui respecte les normes et la réglementation en matière de sécurité.
Transiter tous les produits par Toronto par train, sans faire respecter les règles de sécurité, sans entretenir les voies ferrées, sans surveiller les vitesses, sans faire les inspections de sécurité qui s'imposent et sans donner aux municipalités l'argent nécessaire pour ériger les infrastructures requises ne peut mener qu'à la catastrophe. Nous avons vu des incidents tragiques dans de petites localités. Si nous ne faisons rien, c'est une question de temps, malheureusement, avant que cela arrive dans une grande collectivité. Il faut changer les choses et nous y mettre sans tarder.
Bien que ce projet de loi représente un petit pas en avant — et nous l'appuierons — il faut faire beaucoup plus. C'est le thème d'une campagne que les résidants de la circonscription que je représente ont entamée.
Par ailleurs, l'idée de détourner des trains de marchandises et de fret vers des voies d'évitement pendant que les trains de voyageurs passent à grande vitesse semble être une bonne politique pour transporter les usagers d'une ville ou d'une région à l'autre. Le problème est que ces gros trains ne se déplacent pas très rapidement lorsqu'ils doivent emprunter les voies d'évitement.
Le fait de passer des voies rapides aux voies d'évitement crée de l'instabilité et des risques. Si une marchandise volatile est constamment agitée par le déplacement d'une voie à l'autre pour permettre le passage rapide de trains de passagers, les risques possibles sont augmentés et amplifiés. Je pense que c'est à cela que nous voulons en venir quand nous parlons aux députés du NPD, qui souhaitent accorder la priorité au transport de passagers et non au transport de marchandises.
Il faut prendre les mesures qui s'imposent pour le transport de marchandises. La véritable solution ne consiste pas à accorder la priorité à l'un au détriment de l'autre. La véritable solution, c'est de construire plus de voies ferrées. C'est ce que demandent Unifor et le Parti libéral. La solution, c'est d'investir dans les infrastructures, pas de composer avec le contexte actuel et d'espérer que la décision prise n'aboutira pas à une catastrophe.
Il faut prendre des mesures fermes et comprendre que ces marchandises et ces produits chimiques doivent traverser des zones urbaines densément peuplées. Dans certains cas, il faut choisir entre un pipeline et le transport ferroviaire. On doit aussi choisir d'accorder la priorité au transport de marchandises au détriment du transport de passagers pour garantir la sécurité. Si nous faisons tout cela correctement, si nous faisons participer les collectivités et les municipalités, et si nous accordons un financement suffisant aux municipalités, nous pouvons finir par avoir un système de transport efficace, sécuritaire, moderne et dont les activités de surveillance visent à contrôler les marchandises et non la peur.
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Monsieur le Président, j'ai le privilège de prendre la parole au sujet du projet de loi , la Loi sur la sécurité et l'imputabilité en matière ferroviaire, qui renforcerait davantage notre système de sécurité ferroviaire et veillerait à ce que des sommes suffisantes soient prévues pour réparer les préjudices. Le gouvernement prend très au sérieux la sécurité des Canadiens.
Dans ma circonscription, Brandon—Souris, la sécurité ferroviaire est une question importante, puisque la plupart des municipalités sont traversées en plein coeur par un chemin de fer. De plus, les voies ferrées passent sur les terres de beaucoup d'agriculteurs et d'autres propriétaires fonciers. Pas plus tard qu'il y a deux semaines environ, un train a déraillé au nord-est de Brandon. Heureusement, il y a eu peu de dégâts et personne n'a été blessé, mais cet accident nous rappelle pourquoi nous devons mettre en oeuvre les mesures contenues dans le projet de loi .
Permettez-moi en premier lieu de souligner que le gouvernement oeuvre avec les populations locales pour veiller à ce que des dispositifs d'intervention d'urgence adéquats soient mis sur pied et que, compte tenu des mesures contenues dans le projet de loi , les sommes nécessaires seraient prévues pour réparer les éventuels préjudices, peu importe l'endroit au pays.
Je voudrais en profiter pour saluer les premiers intervenants du pays, qui jouent un rôle crucial lorsqu'un accident se produit. Nous attachons tous une grande importance au travail des premiers intervenants du Canada, et le gouvernement collabore avec eux relativement au transport des matières dangereuses et aux interventions d'urgence. Transports Canada veille à ce que des mesures soient prévues pour intervenir rapidement dans l'éventualité d'un accident où des marchandises dangereuses sont présentes. Cette collaboration fait en sorte notamment que les municipalités et les premiers intervenants disposent rapidement des outils et de l'information nécessaires. Le ministère fournit aux planificateurs des urgences et aux premiers intervenants l'information nécessaire pour qu'ils puissent évaluer les risques à l'échelle locale, planifier les urgences éventuelles et prévoir la formation nécessaire.
Le 20 novembre 2013, la a publié l'ordre préventif no 32 sous l'autorité de la Loi sur le transport des marchandises dangereuses. Le but de cet ordre: faire en sorte que les municipalités disposent de meilleurs renseignements aux fins de la planification et des secours d'urgence. L'ordre exige que les transporteurs ferroviaires communiquent au responsable municipal de la planification des mesures d'urgence un sommaire annuel décrivant la nature et la quantité de matières dangereuses transportées par voie ferrée au sein de la municipalité. Si ces données changent de façon notable, les transporteurs doivent en informer la municipalité dès que possible. Ces données permettent aux planificateurs des mesures d'urgence et aux intervenants de première ligne d'améliorer l'évaluation des risques, la planification des mesures d'urgence et la formation. Les élus municipaux et les planificateurs de mesures d'urgence utilisent déjà ces données pour se préparer à intervenir en cas d'accident mettant en cause des marchandises dangereuses.
La question des intervention en cas d'urgence retient l'attention tant des municipalités que de la population. Je tiens à souligner que la plupart des chargements de marchandises dangereuses arrivent sans encombre à leur destination finale. Malheureusement, un accident peut toujours arriver. Dans le but d'éviter les graves conséquences que peuvent avoir ces accidents et d'accélérer le travail de récupération, le gouvernement appuie les municipalités et les intervenants de première ligne en cas d'urgence.
Le 23 avril 2014, le gouvernement a annoncé la création du Groupe de travail sur les interventions d'urgence, qui réunit des représentants municipaux, des intervenants de première ligne, des sociétés ferroviaires, des expéditeurs et des organismes d'intervention. Dans le but d'accroître la capacité d'intervention en cas d'urgence, le groupe de travail mène des recherches, évalue le programme de Plans d'intervention d'urgence et recommande des améliorations. En fait, certaines de ses recommandations ont déjà été mises en oeuvre. Mentionnons que le groupe de travail compte notamment des représentants des sociétés ferroviaires, des fabricants de substances chimiques et des gens de l'Association des pompiers autochtones du Canada. L'Association canadienne des chefs de pompiers participe aussi à ces travaux.
Ces gens se réunissent tous les mois depuis juillet 2014, et des sous-groupes ont même été créés pour se pencher sur certains sujets plus pointus, et la formation des premiers intervenants est l'un d'eux. Le gouvernement facilite ces discussions, qui permettent aux compagnies de chemin de fer et aux expéditeurs de joindre leurs forces à celles des premiers intervenants afin de recenser le matériel pédagogique existant, de déceler les lacunes et de trouver des solutions de manière à mieux soutenir les premiers intervenants lorsque survient un accident ferroviaire de grande ampleur impliquant des liquides inflammables.
Le Groupe de travail sur les interventions d'urgence poursuit son étude sur les liquides inflammables et leur transport par rail au Canada. Il fera ensuite état de ses recommandations dans son rapport final, dont le gouvernement prendra connaissance avec plaisir l'été prochain.
Certaines matières dangereuses requérant une expertise et de l'équipement spécial en cas d'intervention doivent faire l'objet d'un plan d'intervention d'urgence. On y précise ce que l'industrie doit faire pour aider les premiers intervenants en cas d'accident mettant en cause des matières dangereuses.
Le gouvernement a renforcé le régime encadrant les plans d'intervention d'urgence. Ainsi, les expéditeurs ferroviaires doivent se doter d'un de ces plans dès qu'au moins un wagon contient des liquides hautement inflammables, comme du pétrole brut, de l'essence, du diesel, du carburant aviation ou de l'éthanol. Grâce à ces plans, les premiers répondants peuvent désormais compter sur de l'aide professionnelle.
Quiconque envisage de transporter ou d'importer des marchandises dangereuses est tenu de soumettre un plan d'intervention d'urgence à Transports Canada avant que le transport ne puisse s'effectuer. Le plan est ensuite examiné par le ministère, qui l'approuve s'il le juge approprié advenant un accident mettant en cause des marchandises dangereuses exigeant une intervention d'urgence. Le plan d'intervention d'urgence aide les municipalités et les services d'urgence locaux, en fournissant 24 heures sur 24, sur le lieu de l'accident, l'accès à des experts techniques et à du personnel adéquatement équipé et spécialement formé en intervention d'urgence .
Les députés savent peut-être que Transports Canada dirige le Centre canadien d’urgence transport, un service national qui aide le personnel d’intervention d’urgence à s’occuper des urgences liées aux marchandises dangereuses 24 heures par jour, sept jours par semaine. Les employés du centre sont des scientifiques bilingues spécialisés en intervention d’urgence qui ont acquis une expertise en interprétation des renseignements techniques et qui dispensent des conseils en matière d’intervention d’urgence aux premiers intervenants. Le centre répond annuellement à environ 25 000 appels téléphoniques concernant la sécurité et les scientifiques répondent immédiatement aux appels d'urgence.
Par le truchement de ce centre, Transports Canada publie un guide sur les mesures d'urgence pour aider les pompiers. Ce guide est offert gratuitement aux premiers intervenants et il est disponible en ligne. Près de 100 000 exemplaires papier de la plus récente version du guide, celle de 2012, ont été remis à tous les services d'incendie, de police et d'ambulance du Canada, pour chacun de leurs véhicules.
La prochaine édition du Guide des mesures d'urgence, qui sera publiée en 2016, fournira de l'information sur le programme canadien des Plans d'intervention d'urgence et ses applications. C'est le groupe de travail qui étudie les changements à apporter à ce programme qui a recommandé l'inclusion de cette information.
La tragédie de Lac-Mégantic a révélé la nécessité de renforcer le régime canadien de responsabilité et d'indemnisation visant le transport ferroviaire. Dans ce cas-ci, la société Montreal, Maine and Atlantic Railway avait souscrit une assurance de seulement 25 millions de dollars, un montant nettement insuffisant pour couvrir tous les dommages découlant de cet accident catastrophique. C'est pourquoi, dans le discours du Trône de 2013, le gouvernement s'est engagé à exiger que les expéditeurs et les compagnies de chemin de fer souscrivent des assurances additionnelles afin d'être tenus responsables.
En janvier 2014, la a lancé un examen du régime de responsabilité et d'indemnisation s'appliquant au transport ferroviaire. Le principal objectif de cet examen était de renforcer le régime et de s'assurer que suffisamment de fonds seraient disponibles pour indemniser les victimes potentielles et assainir l'environnement après un accident.
Le projet de loi ne fait pas qu'accroître les exigences en matière d'assurance. Il prévoirait aussi une source de fonds supplémentaires pour les accidents catastrophiques, préciserait la responsabilité de la compagnie de chemin de fer et mettrait en oeuvre des mesures d'exécution plus strictes.
La première mesure prise dans le projet de loi C-52 pour assurer la couverture des coûts de l'accident est la mise en oeuvre d'exigences obligatoires en matière d'assurance que les compagnies de chemin de fer doivent respecter et qui correspondent aux risques associés aux activités ferroviaires. L'Office des transports du Canada classerait chaque compagnie de chemin de fer dans l'un des quatre niveaux d'assurance en fonction du type et du volume de marchandises dangereuses qu'elle transporte. Les compagnies transportant peu ou pas de marchandises dangereuses seraient tenues de contracter une assurance d'au moins 25 millions de dollars, tandis que les chemins de fer de catégorie 1 transportant des quantités importantes de marchandises dangereuses seraient tenues de souscrire une assurance d'une valeur minimale de 1 milliard de dollars. Les lignes ferroviaires sur courtes distances sur lesquelles on transporte une quantité modérée de marchandises dangereuses devraient au départ détenir une assurance de 50 millions ou de 125 millions de dollars, là aussi en fonction du type et du volume de marchandises dangereuses transportées. Un an plus tard, la valeur de ces assurances passerait à 100 millions et à 250 millions de dollars, respectivement. Les sociétés ferroviaires devraient informer l'office de tout changement dans leurs activités qui pourrait avoir une incidence sur leur assurance.
Fait important, l'office pourrait s'assurer que les compagnies de chemin de fer se sont conformées aux nouvelles exigences. Il pourrait s'informer, de la manière qu'il juge nécessaire, pour déterminer si les compagnies de chemin de fer souscrivent des assurances au montant prescrit et devrait révoquer ou suspendre le certificat d'aptitude d'une société qui ne se conforme pas aux exigences.
En plus de tout cela, le projet de loi permettrait à l'office d'imposer des sanctions administratives pécuniaires à toute société ferroviaire qui ne se conforme pas aux exigences des niveaux d'assurance ou qui ne signale pas un changement dans ses activités qui pourrait avoir une incidence sur son assurance. Ces sanctions peuvent atteindre 100 000 $ par infraction.
Grâce à l'établissement de niveaux d'assurance minimaux obligatoires fondés sur les risques et au renforcement des mécanismes d'exécution, le projet de loi C-52 tiendrait les compagnies de chemin de fer responsables lorsque les choses tournent mal et veillerait à ce que des ressources suffisantes soient prévues pour couvrir la vaste majorité des accidents ferroviaires potentiels.
Que se passerait-il en cas d'accident ferroviaire catastrophique comme celui survenu à Lac-Mégantic? Le transport de pétrole brut par chemin de fer est en pleine expansion et, comme nous le savons bien, les accidents découlant de cette activité peuvent avoir des conséquences dangereuses. Il est important de renforcer le régime de responsabilité et d'indemnisation afin de pouvoir couvrir les coûts connexes.
À cet égard, le projet de loi mettrait en place un régime à deux niveaux semblable à celui qui s'applique aux pétroliers. Ce régime établirait clairement la responsabilité partagée entre les sociétés ferroviaires et les expéditeurs ainsi qu'une nouvelle source d'indemnisation. Sous ce régime à deux niveaux, les sociétés ferroviaires seraient automatiquement tenues responsables jusqu'à leur niveau minimal d'assurance responsabilité. Autrement dit, il ne serait plus nécessaire de prouver qu'il y a eu faute ou négligence.
Lorsqu'un déversement de pétrole brut cause des dégâts dont le coût est supérieur au niveau minimal d'assurance responsabilité, une caisse d'indemnisation supplémentaire viendrait couvrir la différence. Cette caisse serait constituée au moyen d'une contribution de 1,65 $ par tonne perçue auprès des expéditeurs de pétrole brut. Les sociétés ferroviaires la prélèveraient et remettraient l'argent au gouvernement, qui le verserait dans un compte spécial du Trésor public. À la demande du ministre des Transports, elles cesseraient de prélever la contribution lorsque la caisse atteint la somme cible de 250 millions de dollars et recommenceraient à la prélever, au besoin. La caisse serait gérée par un administrateur nommé par le gouverneur en conseil. C'est à lui qu'il incomberait de recevoir les demandes en recouvrement de créance et de verser les sommes offertes à titre d'indemnisation.
Dans le cas improbable où les dommages causés par un accident dépasseraient le montant dans la caisse financée par les expéditeurs, le reste de la facture serait couverte à même le Trésor. Toute somme imputée au Trésor serait remboursée à l'aide de la caisse financée par les expéditeurs. Le pourrait également temporairement exiger un prélèvement spécial visant les compagnies de chemin de fer de compétence fédérale afin de rembourser le Trésor plus rapidement.
Ce nouveau régime pour les déversements de pétrole brut couvre tous les dommages aux gens, à la propriété et à l'environnement. Il couvre aussi les coûts engagés par l'État pour son intervention à la suite de l'accident et toute perte de valeur de non-usage des ressources publiques. Au début, la caisse ne couvrirait que les coûts liés aux déversements de pétrole brut, mais le projet de loi est suffisamment souple pour permettre l'ajout par règlement d'autres marchandises dangereuses.
Bien entendu, la nouvelle caisse d'indemnisation financée par les expéditeurs ne pourrait fonctionner sans moyens pour assurer le respect des règlements. Des sanctions administratives pécuniaires pouvant atteindre 100 000 $ par infraction sont prévues pour que les compagnies de chemin de fer respectent leurs obligations de percevoir des contributions, de tenir les dossiers les concernant et de verser des fonds au gouvernement.
Les obligations de transporteur public des compagnies de chemin de fer seront tributaires du paiement des contributions. Autrement dit, un expéditeur de pétrole brut sera obligé de payer une contribution pour obtenir des services de transport ferroviaire.
En imposant des niveaux d'assurance aux chemins de fer, en prévoyant des niveaux additionnels d’indemnisation et en instaurant des mécanismes robustes pour assurer la conformité, le projet de loi assurera des ressources suffisantes pour indemniser les victimes et assainir l'environnement en cas d'accident ferroviaire, peu importe l'ampleur.
J'invite tous les députés à voter pour le projet de loi et son renvoi immédiat au comité.
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Monsieur le Président, je suis heureux d’avoir l’occasion de prendre la parole au sujet du projet de loi .
La sécurité ferroviaire est un dossier extrêmement important pour le Nouveau Parti démocratique. Ces dernières années, il y a eu un grand nombre de déraillements au Canada, ce qui a suscité beaucoup d’attention et beaucoup d’inquiétude dans la population canadienne. Cette inquiétude a atteint son paroxysme avec l’horrible tragédie du déraillement de Lac-Mégantic, qui a fait 47 victimes. Il faut toujours garder à l’esprit, quand on discute de sécurité ferroviaire ici, à la Chambre, que lorsque de tels accidents se produisent, il y a des pertes qui sont irréparables. Je veux parler des pertes de vies humaines et des dégâts causés à l’environnement, qui sont, eux aussi, souvent irréversibles.
Depuis l’horrible tragédie de Lac-Mégantic, les conservateurs ont promis à maintes reprises de combler les lacunes du système de sécurité ferroviaire, en augmentant la fréquence des inspections et en renforçant les mesures visant à assurer la conformité des opérations ferroviaires. Ils n’ont toujours pas tenu leur promesse, et ce projet de loi n’est qu’un petit pas dans cette direction.
Nous avons connu récemment trois déraillements de trains en l’espace d’un mois. C’est donc un problème prioritaire qui préoccupe beaucoup de Canadiens, pas seulement ceux qui habitent à proximité des lieux où les trains ont déraillé, mais aussi tous ceux qui ont des proches installés non loin de lignes de chemin de fer. C’est un problème dont le gouvernement n’arrive pas à se dépatouiller depuis qu’il est arrivé au pouvoir, c’est-à-dire depuis bientôt 10 ans.
Jusqu’à présent, la plupart de ces déraillements se sont produits dans des zones rurales, à l’exception de la tragédie de Lac-Mégantic. À titre de porte-parole pour les affaires urbaines, j’aimerais attirer l’attention des députés sur les coûts économiques, humains et environnementaux que ce type d’accident pourrait avoir s’il se produisait dans une grande ville canadienne. Il est important de souligner que ce projet de loi ne prévoit guère d’indemnisation si le déraillement se produit en zone urbaine, alors que, dans bien des cas, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui habitent à un jet de pierre d’un lieu de déraillement potentiel.
La position du NPD vis-à-vis du projet de loi s’appuie sur un certain nombre de principes, au nombre desquels il y a celui du pollueur-payeur et celui du renforcement de la responsabilité des sociétés ferroviaires. Ce dernier, le renforcement de la responsabilité des sociétés ferroviaires, on attend depuis longtemps sa mise en œuvre. Dans le cas de Lac-Mégantic, ce sont les contribuables qui vont devoir payer des centaines de millions de dollars en coûts de nettoyage et de reconstruction. C'est sans parler, bien sûr, des vies humaines qui ont été perdues et qui n'ont pas de prix.
Le deuxième principe veut que la responsabilité première du gouvernement consiste à protéger le public. Le NPD est d’avis que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter qu’une autre tragédie semblable à celle de Lac-Mégantic, au Québec, ne se produise. C’est bien beau de fixer une indemnisation pour ce genre d’accident, mais cela ne renforce pas la prévention, qui est pourtant le volet le plus important.
Le troisième principe, c'est que nous avons besoin non seulement de lois plus sévères, mais d’une application plus rigoureuse de ces lois et de leurs règlements. Il faut imposer des amendes à ceux qui les enfreignent. Il est évident pour nous, et ce l’est aussi pour les spécialistes comme le Bureau de la sécurité des transports, que le gouvernement a vraiment des problèmes en ce qui concerne les contrôles, les inspections et les vérifications.
Voilà donc les trois principes dont je vais m’inspirer pour faire la critique du projet de loi.
Depuis 1999, les gouvernements libéraux et conservateurs qui se sont succédé ont laissé les sociétés ferroviaires s’autoréglementer et inspecter elles-mêmes leur matériel roulant et leurs voies ferrées. Ce n’est manifestement pas la bonne approche pour assurer la sécurité des Canadiens.
Depuis 2013 et depuis la tragédie de Lac-Mégantic, Transports Canada n’a ajouté qu’un inspecteur de la sécurité ferroviaire à son effectif, lequel est passé de 116 en 2013 à 117 en 2015. Par conséquent, ce qu’il faudrait avant tout, c’est que le gouvernement alloue à Transports Canada les ressources nécessaires pour qu’il puisse recruter suffisamment d’inspecteurs et de vérificateurs pour effectuer la surveillance dont il a la responsabilité. Au lieu de réduire de 20 % le budget du directeur de la sécurité ferroviaire, le gouvernement ferait mieux d’augmenter ce budget, afin de préserver la sécurité des Canadiens.
Le projet de loi présenté par la ministre règle certains des problèmes liés à la responsabilité des sociétés ferroviaires en matière de sécurité, vu leur regrettable bilan en matière de déraillements. Il propose plusieurs remèdes nécessaires, mais ces remèdes ne sont qu’un début. Comme je l’ai dit, le projet de loi ne règle pas la question la plus urgente, qui est la prévention de ces accidents.
Nous avons besoin non seulement de lois plus sévères, mais d’une application plus rigoureuse de ces lois et de leurs règlements. Il faut imposer des amendes à ceux qui les enfreignent. Il est évident pour nous et pour les spécialistes que, en ce qui concerne les amendes, les contrôles, les inspections et les vérifications, le gouvernement refuse de prendre les mesures qu’il faut pour redorer le blason du Canada en matière de sécurité ferroviaire.
Le projet de loi propose essentiellement trois choses. Il impose une assurance minimum aux sociétés ferroviaires qui transportent des marchandises dangereuses. Il crée un fonds de secours aux victimes de catastrophes, qui est financé par les expéditeurs de pétrole brut et qui sert à indemniser les victimes de déraillements, les provinces et les municipalités. Il donne également plus de pouvoirs au ministre, au Cabinet et aux inspecteurs de la sécurité ferroviaire.
À mon avis, les mesures proposées montrent que le gouvernement, en voulant rattraper son retard, cherche plutôt à assumer les coûts des déraillements ferroviaires plutôt qu’à assurer la sécurité du public. Le projet de loi prévoit en effet l’indemnisation des victimes de déraillements après coup, comme si les accidents et les déraillements étaient inévitables.
Les préoccupations que j’expose aujourd’hui sont aussi celles de Safe Rail Communities, une initiative lancée par des habitants de Toronto. Ces gens-là se posent des questions sur le montant de l’indemnisation, et sur le fait que la plupart des modifications proposées dans le projet de loi sont rétrospectives et rétroactives. Autrement dit, ce sont des mesures après coup. Or, il faudrait, comme le préconise la Safe Rail Communities, que le gouvernement prévoie davantage de mesures de prévention.
Néanmoins, les changements proposés demeurent nécessaires et ils reçoivent bel et bien l’appui de notre caucus.
Pour ce qui est des assurances, il n’y a actuellement pas de seuil minimum pour les sociétés ferroviaires réglementées par le gouvernement fédéral. Toutefois, l’Office des transports du Canada a le mandat d’examiner la couverture d’assurance des sociétés prises individuellement pour veiller à ce qu’elle soit adéquate.
Le projet de loi prévoit une couverture minimale allant de 25 millions de dollars, pour les sociétés ferroviaires qui transportent des quantités minimales de produits dangereux, jusqu’à un maximum de 1 milliard de dollars pour celles qui transportent des quantités plus importantes. Les sociétés ferroviaires seraient responsables des pertes, des dommages, des coûts et des dépenses résultant d’un accident de chemin de fer qui mettrait en cause du pétrole brut ou d’autres produits désignés, jusqu’au niveau minimal de leur couverture d’assurance-responsabilité. À la lumière du coût des déraillements, ces mesures apparaissent justifiées, au minimum.
Après la catastrophe de Lac-Mégantic, par exemple, la Montreal, Maine and Atlantic Railway a épuisé sa couverture d’assurance de 25 millions de dollars et déclaré faillite, mais les dommages payés par les contribuables se sont élevés à des centaines de millions de dollars. Le gouvernement du Québec estime que le coût total de l’accident sera de plus de 400 millions de dollars.
Le projet de loi prévoit, comme deuxième mesure, un fonds commun de secours pour les victimes de catastrophes, auquel on pourrait recourir lorsque la couverture minimale est insuffisante. Ainsi, les sociétés ferroviaires qui transportent du pétrole brut paieraient un droit, commençant à 1,65 $ la tonne à partir du 31 mars 2016. Cela donne 0,23 $ par baril de pétrole. Le fonds, plafonné à 250 millions de dollars, couvrirait les frais dépassant la couverture d’assurance des compagnies mêlées à un accident.
Avec les 200 000 barils de pétrole transportés chaque jour, Transports Canada estime qu’une contribution annuelle de 17 millions de dollars pourrait ainsi être perçue et ajoutée aux recettes générales. Voilà certes une mesure positive, mais certains craignent qu’elle soit insuffisante si une autre catastrophe importante survenait, surtout en milieu urbain. Il faudrait que la mesure soit en place pendant presque 15 ans avant que ces 250 millions de dollars soient accumulés. La catastrophe de Lac-Mégantic ayant coûté environ 400 millions de dollars, il est très facile de constater qu’un déraillement dans une zone urbaine pourrait presque inévitablement dépasser les 250 millions de dollars du fonds de secours.
En ce qui concerne les pouvoirs accrus accordés au ministre, au Cabinet et aux inspecteurs chargés de la sécurité ferroviaire, nous constatons que le projet de loi aurait pour effet de mettre en oeuvre quelques changements. Par exemple, le projet de loi prévoit que les inspecteurs chargés de la sécurité ferroviaire seraient autorisés à ordonner à une personne ou une entreprise de prendre les mesures qu'ils jugent nécessaires pour atténuer un risque menaçant la sûreté ou la sécurité du transport ferroviaire. Ces modifications juridiques autoriseraient le ministre à ordonner à une entreprise de prendre les mesures correctrices nécessaires s'il considère que le système de gestion de la sécurité de cette entreprise compromet la sécurité ferroviaire. Ce sont manifestement d'importantes mesures.
Tandis que le gouvernement a la responsabilité de veiller à ce que des tragédies comme celle de Lac-Mégantic ne se reproduisent plus jamais, nous devons aussi nous assurer que la couverture d'assurance des chemins de fer est suffisante pour payer tous les coûts en cas de catastrophe, particulièrement dans le cas d'une catastrophe en milieu urbain, comme on l'a déjà indiqué. Cela dit, les sommes prévues sont nettement insuffisantes. Le gouvernement devrait prévoir des sommes encore plus importantes, et nous croyons qu'il serait capable de le faire.
Le gouvernement a la responsabilité de veiller à ce qu'aucune catastrophe du genre n'ait plus jamais lieu, que des sommes suffisantes soient prévues pour payer tous les coûts et que le principe du pollueur-payeur s'applique à la totalité des coûts environnementaux et des coûts de nettoyage des accidents ferroviaires. Ces coûts devraient être entièrement à la charge de l'industrie, comme le veut le principe du pollueur-payeur, plutôt que d'être refilés aux contribuables, comme ce fut le cas au Québec. Une fois que les entreprises seront tenues pleinement responsables de leurs actes, de la sécurité du public et du transport des marchandises dont elles sont responsables, nous croyons qu'elles prendront plus au sérieux la question de la sécurité.
Cependant, nous craignons que les garanties financières prévues dans ce projet de loi ne suffisent pas. Elles devraient être calculées selon le danger auquel le public est exposé, et non uniquement selon le type et la quantité des marchandises transportées. Bien que le projet de loi établisse un fonds commun de secours en cas de catastrophe qui prendrait la relève dans les cas où les garanties minimales contenues dans les polices d'assurance seraient insuffisantes, nous voulons aussi nous assurer que la somme d'argent est suffisante pour couvrir tous les coûts des catastrophes, y compris ceux que les compagnies ferroviaires pourraient avoir à assumer en raison de leur responsabilité illimitée en cas de négligence de leur part.
Pour que la population soit bien protégée contre d'éventuels risques, nous voulons que le gouvernement adopte le projet de loi avant les prochaines élections. Nous craignons que le gouvernement n'en fasse pas une priorité. Il tente de se rattraper, mais, à voir son piètre bilan en matière de sécurité ferroviaire, il y a longtemps qu'un projet de loi comme celui-là aurait dû être adopté. Nous restons donc plongés dans l'incertitude. Il y a un manque de transparence, et les localités situées près des voies ferrées continuent d'être exposées à de terribles dangers et à d'éventuelles tragédies.
Si les conservateurs prennent vraiment le projet de loi et les mesures qu'il prévoit au sérieux, qu'ils agissent rapidement. Nous, néo-démocrates, sommes prêts à collaborer avec le gouvernement...