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Monsieur le Président, je suis ravie de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi C-15, Loi remplaçant la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest afin de mettre en oeuvre certaines dispositions de l'Entente sur le transfert des responsabilités liées aux terres et aux ressources des Territoires du Nord-Ouest et modifiant ou abrogeant la Loi sur les terres territoriales, la Loi sur les eaux des Territoires du Nord-Ouest, la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie, d'autres lois et certains décrets et règlements.
Avant de parler du contenu du projet de loi, j'aimerais prendre une minute pour souligner comme est brillamment représenté par son député, qui est également porte-parole pour l'Arctique de l'Ouest. Il est difficile d'imaginer une personne qui consacre davantage de temps à représenter ses électeurs. Une telle passion pour le Nord émane de sa personne. C'est un parlementaire modèle pour bien des députés. Nous le félicitons du travail extraordinaire qu'il accomplit. Il est conscient que, même si nous sommes ici pour débattre, l'un de nos principaux rôles en tant que parlementaires est d'exprimer les préoccupations de nos électeurs et de défendre les intérêts de notre circonscription ici-même à la Chambre. Il est un ardent défenseur de la puissance et de la liberté du vrai Nord. J'ai remarqué que cela faisait les manchettes encore une fois, alors j'ai pensé employer l'expression ici.
Je prends la parole afin d'appuyer le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Je suis très fière du fait que notre porte-parole et le chef de l'opposition officielle, à savoir mon chef, se sont engagés, au nom du NPD, à appuyer le projet de loi. Nous croyons au transfert des responsabilités.
Je veux également féliciter les dirigeants des Territoires du Nord-Ouest, plus particulièrement le premier ministre, mais aussi ses prédécesseurs, du travail extraordinaire qu'ils ont fait afin de permettre au Nord de s'affranchir de ses entraves coloniales, pour ainsi dire, et de se diriger vers l'autonomie gouvernementale.
Les gens des Territoires du Nord-Ouest s'efforcent depuis des années d'obtenir des pouvoirs davantage comparables à ceux des provinces. Nous avons 10 provinces, en plus de nos territoires. J'ai eu le plaisir de visiter les Territoires du Nord-Ouest, mais c'était en été. Je peux honnêtement dire que ma visite là-bas a été formidable. J'ai rencontré des gens vraiment remarquables, qui étaient très amicaux et sociables. Cependant, les habitants des territoires ne bénéficient pas du même genre de droits que ceux des provinces. Ils se demandent pourquoi en 2000, en 2012, en 2011 ou en 2013, ils n'ont pas le droit à l'autonomie gouvernementale comme les résidants des provinces. Les territoires ne réclament pas plus que les provinces. Leurs réclamations ont été très raisonnables. Le projet de loi témoigne de tous les efforts qu'ils ont déployés pour défendre leurs intérêts.
Nous sommes loin du temps où nous pensions que nous savions toujours ce qui était bon pour les autres. En tout cas, je l'espère. Au fil des années, nous avons appris, entre autres, qu'il est absolument crucial de faire participer les gens qui sont gouvernés et les habitants d'une région à la prise de décisions.
C'est une étape à franchir. Je ne dis pas que le projet de loi accomplit tout ce qu'il faudrait. Je voudrais qu'il aille plus loin. Il n'est pas complet, mais c'est un pas dans la bonne direction. Voilà pourquoi nous l'appuyons.
Lorsque le projet de loi sera étudié par le comité, je sais que notre porte-parole nous fera profiter de sa connaissance très approfondie du dossier. Lorsque je lui en ai parlé hier, j'ai constaté qu'il avait déjà en tête des amendements pour améliorer le projet de loi et faire en sorte qu'il soit bon pour les Territoires du Nord-Ouest.
Que fait le projet de loi? Beaucoup de gens se posent la question: « Les Territoires du Nord-Ouest n'ont-ils pas déjà les mêmes droits que les provinces? » Les députés et les gens du Nord savent que la réponse est non.
Le projet de loi qui est soumis à la Chambre a pour effet de réécrire la Constitution des Territoires du Nord-Ouest. Voilà qui en dit long.
Contrairement aux pouvoirs des provinces, ceux des territoires leur sont conférés par la législation fédérale. Il y a certainement lieu de réfléchir à cette question un instant. Nous sommes en 2013, et les territoires de notre pays sont entièrement assujettis au gouvernement fédéral, pour ce qui est de leurs pouvoirs et de leurs droits. C'est un problème.
Néanmoins, il y a toujours un bon côté. Des pas ont été franchis au fil des ans, quoique minuscules, et certains pouvoirs ont déjà été transférés aux territoires, dans des domaines comme l'éducation, la santé, les transports et les ressources renouvelables, plus précisément les forêts et la faune. Ces pouvoirs ont tous été transférés au cours des années 1980.
Compte tenu des ressources limitées allouées au système d'éducation, aux services de santé et aux transports, dans les Territoires du Nord-Ouest, je suis vraiment impressionnée de voir le travail accompli là-bas. Jusqu'à ce jour, les Territoires du Nord-Ouest n'ont jamais collecté un sou de redevances issues de l'exploitation des ressources naturelles.
Comme nous le savons tous, les Territoires du Nord-Ouest sont riches. Il s'y trouve des richesses insoupçonnées. Mais l'administration publique de ces territoires tire les revenus nécessaires à son existence et à son fonctionnement des paiements de transfert fédéraux, dont elle dépend. C'est un soi problématique. Dépendre entièrement de l'argent transféré par un autre gouvernement dans la gestion d'un État, d'une province ou d'un territoire engendre des problèmes majeurs.
En 2013, les Territoires du Nord-Ouest et cinq des sept gouvernements autochtones du Nord-Ouest ont signé un accord pour que des pouvoirs leur soient accordés, dans le cadre du transfert des responsabilités. Le projet de loi qui nous est soumis aujourd'hui vise à mettre en oeuvre cet accord. Mais il comporte un certain nombre de problèmes.
Le gouvernement a tendance à combiner de nombreuses mesures dans un seul projet de loi qu'il tente ensuite de faire adopter à la hâte. Il essaie également de mettre l'opposition dans l'embarras en jumelant de bonnes mesures à d'autres moins bonnes. Ce projet de loi nous préoccupe vivement. Le porte-parole de notre parti dans ce dossier continuera de réclamer la division du projet de loi en deux parties.
La première partie du projet de loi est plutôt simple. Il s'agit de modifier la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest, qui sert pratiquement de constitution aux Territoires du Nord-Ouest, et par le fait même toutes les mesures qui s'y trouvent.
Cependant, la deuxième partie nous inquiète vivement, car elle modifie la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie. Elle élimine les offices régionaux des terres et des eaux qui ont été créés aux termes d'accords sur les revendications territoriales conclus avec les Premières Nations. Ils seraient désormais remplacés par un seul superoffice. Cela me préoccupe, car l'expérience m'a appris qu'on ne corrige pas une formule qui fonctionne.
La Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie fait partie des mesures qui fonctionnent très bien et dont on a vanté le succès. Avec le nouveau projet de loi, nous ne sommes pas tout à fait certains si ces négociations auraient toujours lieu dans un an, comme prévu, ou si cette entente relèverait du superoffice qui serait créé.
Cela peut sembler plutôt bénin aux yeux des députés. Bien sûr, davantage de pouvoirs sont conférés aux Territoires du Nord-Ouest, mais il faut prendre conscience que le ministre a en fait le droit d'exclure n'importe quelle candidature à l'office, ce qui devrait aussi nous préoccuper. Ce que nous disons, c'est que les Territoires du Nord-Ouest seront dotés de cet office, mais qu'ils ne seront pas consultés et n'auront pas de droit de veto ni quoi que ce soit. Le ministre s'arroge le droit de refuser toute candidature pour cet office, et ça, c'est très inquiétant.
Je ne devrais pourtant plus m'étonner. Le gouvernement ne cesse de conférer davantage de pouvoirs aux ministres, notamment dans des dossiers concernant l'environnement et les travailleurs. Je connais le dossier de l'immigration sur le bout des doigts et, là encore, de plus en plus de pouvoirs sont dévolus au ministre. Conséquence: ce dernier pourra apporter des changements sans jamais les soumettre à la Chambre ni à la surveillance du Parlement. Dans le cas présent, un office somme toute efficace n'aura plus vraiment de droits au titre de l'entente. Un superoffice sera nommé, où le ministre détiendra un droit de veto absolu.
De surcroît, le commissaire des Territoires du Nord-Ouest recevra des directives très précises, ce qui entraînera certains changements. En effet, son rôle se rapprochait de plus en plus de celui d'un lieutenant-gouverneur, d'un gouverneur général ou d'une autre fonction d'apparat, mais le projet de loi subordonnera le commissaire au gouvernement fédéral. Je cite l'article 4 du projet de loi :
Le commissaire exerce ses attributions conformément aux instructions écrites du gouverneur en conseil ou du ministre.
Alors que sa fonction devenait graduellement symbolique, le commissaire sera tout à coup contraint de faire les quatre volontés du gouverneur en conseil ou du ministre. Encore une fois, de plus en plus de pouvoirs seront réunis entre les mains du ministre, ce qui nous préoccupe vivement.
Le gouvernement ne devrait pas être surpris de constater que nous soulevons ces enjeux, car divers groupes des Territoires du Nord-Ouest ont déjà exprimé des préoccupations à cet égard. Il existait déjà plusieurs autres offices régionaux. Cette mesure législative entraînera également leur disparition. Donc, plusieurs offices régionaux seraient maintenant remplacés par un superoffice ne comptant que 11 membres, qui examineraient toutes les questions, quelles qu'elles soient. Je pense entre autres à la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie qui, comme je l'ai dit, fonctionne bien. Comme le gouvernement n'aime pas que les choses fonctionnent bien, il s'attaque aussi à cette loi.
Pour ce qui est de la nomination des membres de l'office, le projet de loi ne prévoit pas de consultations avec le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Or, si un mécanisme de consultation était prévu dans la mesure législative — je suis d'ailleurs convaincue que notre porte-parole tentera de faire corriger cette omission — , nous pourrions dire que les Territoires du Nord-Ouest ont eu l'occasion de faire entendre leur point de vue et qu'ils ont à tout le moins eu voix au chapitre. Pourquoi ne pourrait-on pas offrir un mécanisme de consultation aux Territoires du Nord-Ouest? Il s'agit d'amendements très simples qui pourraient corriger la situation.
Les Territoires du Nord-Ouest ont effectué des vérifications environnementales. Nous savons que les députés ministériels n'aiment pas vraiment les vérifications. Je ne peux pas leur en vouloir, car souvent, elles laissent à désirer. En effet, elles ne valident pas tous les propos que les conservateurs tiennent dans cette enceinte.
Nous nous trouvons maintenant dans une situation où toutes ces questions relèvent de ce superoffice, qui est contrôlé, bien entendu, par Ottawa.
Il faut qu'un seul gouvernement soit responsable de prendre les décisions. Cela devrait être le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, en consultation et en collaboration avec les Premières Nations — qui ont des droits sur les terres et sur les ressources des Territoires du Nord-Ouest —, avec les partenaires à part entière qu'il choisirait pour développer les territoires.
La dernière phrase est une citation directe de mon estimé collègue, le député de . Je n'aurais pas pu dire mieux. Il s'agit d'un objectif fort louable que cette entente devrait permettre d'atteindre, mais comme nous le savons, ce n'est pas le cas.
Des Premières Nations ont rédigé des lettres — j'ai en main une copie d'une d'entre elles — pour faire état de leurs préoccupations précises concernant la vallée du Mackenzie et d'autres parties du projet de loi. Nous avons lu ces lettres et y accordons beaucoup d'importance, car elles nous montrent que les communautés des Premières Nations perçoivent de véritables problèmes. Elles craignent vraiment que les modifications apportées à la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie aient pour effet d'accroître les pouvoirs du ministre et du Cabinet.
Nous avons de sérieuses réserves quant aux pouvoirs détenus par les ministres et à l'absence de contrôle du processus de nomination de l'office.
Que souhaitons-nous de ce côté-ci de la Chambre? Nous sommes fortement en faveur du transfert de plus de pouvoirs aux gouvernements territoriaux. Dans ce contexte, nous croyons que le projet de loi constitue un pas dans la bonne direction, mais il présente de graves lacunes que nous allons tenter d'exposer.
En vertu de l'entente, les Territoires du Nord-Ouest conserveront 50 % des revenus, ce qui est une bonne chose. Toutefois, ce n'est toujours pas le même niveau que s'il s'agissait d'une province. Comme je l'ai dit, il s'agit d'un pas dans la bonne direction et d'une énorme victoire pour les résidants et les dirigeants dévoués des Territoires du Nord-Ouest. Nous devons une fière chandelle à notre collègue, le député de . Les néo-démocrates sont d'avis que cette mesure constitue bel et bien un pas dans la bonne direction.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui pour participer au débat sur le projet de loi .
Je veux dire dès le départ que ma voix est un peu enrouée aujourd'hui. Le NPD a organisé une belle fête hier soir. Il y avait un groupe musical, beaucoup de monde et la fête s'est poursuivie jusqu'aux petites heures du matin. Je pense que nous nous sentons tous un peu fatigués ce matin, mais c'était un bon moment pour nous rassembler. Nous revoici à la Chambre aujourd'hui, prêts à débattre de tout ce qui nous sera soumis, et je suis donc très heureuse de parler de ce projet de loi.
Je tiens à féliciter ma collègue, la députée de , qui a pris la parole avant moi. Comme nous venons toutes les deux de la région métropolitaine de Vancouver, nous représentons des circonscriptions très urbaines. Nous sommes confrontées à des problèmes urbains liés au prix des logements, à la citoyenneté et à l'immigration, à la pauvreté, au transport, aux infrastructures et ainsi de suite. À part le fait que nous venons de la même région, nos circonscriptions ont beaucoup de points en commun.
Toutefois, je tiens à dire que même si nous représentons des régions urbaines, nous nous sentons solidaires des députés qui représentent des circonscriptions du Nord, notamment de notre collègue de , qui est le porte-parole principal sur le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui. Lorsque nous visitons d'autres circonscriptions et d'autres collectivités avec nos collègues, il est tout à fait fascinant d'en apprendre davantage sur les expériences, l'histoire, la culture et les conditions de vie de ces collectivités.
D'une part, il existe de très grandes différences, mais, d'autre part, il y a aussi des similitudes incroyables. Chaque fois que je me rends dans les Territoires du Nord-Ouest, à Yellowknife ou dans de petites localités, je suis toujours frappée de voir à quel point le paysage est différent de celui de ma circonscription, , qui est très densément peuplée et où habitent 120 000 personnes. On y trouve des secteurs comme Downtown Eastside et des secteurs historiques comme le quartier chinois et le quartier Gastown. Dans les Territoires du Nord-Ouest, des centaines et des milliers de kilomètres séparent des collectivités qui sont très autosuffisantes par obligation. Elles doivent composer avec les conditions très difficiles propres au Nord, mais quand je rencontre des gens et que je parle avec le député de , je constate que nos problèmes sont semblables.
Je sais, par exemple, qu'un des problèmes auxquels s'est attaqué farouchement mon collègue de est le coût de la vie dans les Territoires du Nord-Ouest, problème, à mon avis, qu'il est très pertinent de mentionner dans le contexte du projet de loi que nous débattons aujourd'hui.
Pour tout dire, il a produit un rapport de 53 pages, en novembre, il y a à peine un mois. Dans ce rapport, il explique, avec force analyse et faits, le problème de l'inégalité croissante des revenus dans les Territoires du Nord-Ouest. C'est un problème que je constate également dans ma circonscription. L'inégalité des revenus entre les bien nantis et les démunis ne cesse de s'accentuer.
Il indique que l'un des principaux facteurs du coût élevé de la vie dans les Territoires du Nord-Ouest est le prix élevé de la nourriture, surtout dans les petites localités.
Lorsque je suis allée à Yellowknife, j'étais très curieuse d'en savoir plus à ce sujet. Je suis donc allée au supermarché à Yellowknife vérifier le prix du lait, des oeufs, du fromage et des légumes et j'ai fait des comparaisons avec les prix pratiqués dans ma région, Vancouver-Est. J'ai été très surprise de constater que l'écart n'était pas si grand. Je me souviens d'avoir dit à mon collègue, le député de . « Les prix ne sont pas mal et on y trouve de tout. » Il m'a alors dit: « Attendez de vous retrouver dans de petites localités. Vous verrez un écart énorme. »
En fait, dans son rapport, il démontre qu'une famille de quatre à Yellowknife paierait environ 11 000 $ pour la nourriture, mais que le coût du même panier d'épicerie coûterait de 13 % à 210 % plus cher dans une plus petite collectivité plus au nord. Cela donne une idée juste de la situation des gens dans le Nord. Par exemple, le député de signale dans son rapport que le panier d'épicerie qui coûte 11 000 $ à Yellowknife coûterait plus de 21 000 $ à une famille vivant à Colville Lake.
Cela nous donne une idée des difficultés avec lesquelles sont aux prises tout particulièrement les gens qui ont un faible revenu. Certaines personnes gagnent beaucoup d’argent dans le secteur des ressources naturelles, mais d’autres ont du mal à joindre les deux bouts. Le député a fréquemment soulevé des questions à la Chambre, au nom de ses électeurs, concernant, par exemple, le programme Nutrition Nord Canada, en déplorant que le programme fait augmenter le prix des aliments, au lieu de le réduire. Il a souvent soulevé ces questions à la Chambre. Il y a deux ou trois semaines seulement, il a aussi parlé du nettoyage de la mine Giant à Yellowknife.
J’aimerais me faire l’écho de ma collègue de , qui a parlé du député de et de la vigueur avec laquelle il défend les intérêts du Nord et de ses électeurs. Nous étions tous très intéressés à savoir ce que le député pensait du projet de loi , le projet dont nous débattons aujourd’hui, lorsqu’il a pris la parole à ce sujet. Mes commentaires d’aujourd’hui s’appuient donc beaucoup sur l’expertise, l’expérience et les connaissances du député de Western Arctic, qui a été élu en 2006. Le député a été maire de Fort Smith, une petite collectivité des Territoires du Nord-Ouest, de 1988 à 1997; il est donc bien enraciné dans la communauté locale. Je l’ai vu à l’œuvre; je sais que les gens le connaissent bien et qu’ils s’adressent facilement à lui. Son opinion sur le projet de loi et sur ce qu’il nous inspire s’appuient sur des connaissances et une expérience immense, et nous devrions beaucoup nous y fier.
Comme mes collègues l’ont dit plus tôt, nous donnons bel et bien notre accord de principe au projet de loi. C’est d’ailleurs du principe du projet de loi dont nous discutons aujourd’hui, à l'étape de la deuxième lecture. Nous devons examiner le projet de loi et déterminer si les principes énoncés sont suffisants et permettent de passer à l’étape du renvoi devant un comité. Au NPD, l’opposition officielle, nous estimons que le projet de loi permet assurément de faire des progrès du fait que des pouvoirs du gouvernement fédéral sont dévolus au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Il y a donc lieu de donner notre accord de principe. Toutefois, lorsqu’il sera étudié par un comité, nous soulèverons de nombreux points à examiner.
Si nous examinons le projet de loi d’un point de vue historique, nous constatons qu’Ottawa a transféré des pouvoirs aux territoires au cours des dernières décennies, ce qui est très bien et très important. En fait, le dernier transfert important de pouvoirs aux Territoires du Nord-Ouest remonte à la fin des années 1980; cela ne fait donc pas bien longtemps que les pouvoirs dans les domaines de l’éducation, de la santé, du transport et des ressources renouvelables, comme la foresterie et la faune, ont été transférés.
Le processus actuel permettrait de transférer l’administration et le contrôle des terres publiques, des ressources et des droits relatifs aux eaux des Territoires du Nord-Ouest. Il s’agit évidemment d’une avancée importante parce que les Territoires du Nord-Ouest constituent une région très spéciale de notre pays. C’est une région fragile. C’est une région où les gens ont toujours été proches de la terre, où les gens ont toujours respecté la terre et l’environnement, conscients que les ressources doivent être extraites d’une manière durable pour protéger les générations futures. Le projet de loi dont nous discutons, le projet de loi , qui nous permettrait de faire avancer le processus de dévolution des pouvoirs relatifs aux ressources naturelles, constitue de toute évidence un tournant pour les gens des Territoires du Nord-Ouest, et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest y donne son aval.
Il est très intéressant d’observer que, tant que ces pouvoirs ne sont pas transférés, les Territoires du Nord-Ouest ne tirent aucun revenu de la mise en valeur de leurs ressources, et qu’en fait, ils dépendent encore des paiements de transfert fédéraux et des taxes pour leurs programmes et leurs services publics. Voilà une situation réellement dépassée. Nous devons prendre les mesures pour que les Territoires du Nord-Ouest et leur gouvernement, qui est dûment élu par les gens des territoires, contrôlent non seulement la santé, l’éducation, le transport et les ressources renouvelables, mais également les ressources naturelles.
Voilà ce que le projet de loi permet de faire. En vertu du projet de loi, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest garderait 50 % des revenus tirés de la mise en valeur des ressources sur les terres publiques jusqu’à hauteur d’un certain montant au-delà duquel les revenus reviendraient au gouvernement du Canada. Nous estimons que le projet de loi, à cet égard, ne va vraiment pas assez loin. Il n’y a pas transfert total des pouvoirs. Néanmoins, il s’agit d’une étape importante, fondée sur des consultations, et nous estimons que le projet de loi mérite notre appui.
C’est un accord complexe qui nécessitera la modification de 42 dispositions législatives. C’est beaucoup. En fait, ma collègue qui a parlé plutôt a souligné que le député de est d’avis et propose même que nous scindions le projet de loi, parce qu’il suscite des préoccupations au sujet de la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie. Certains éléments importants du projet de loi doivent faire l’objet d’un examen très critique par un comité. Il serait donc approprié de scinder le projet de loi.
Cela étant dit, nous connaissons très bien le mode de fonctionnement du gouvernement conservateur, qui aime tout mettre dans des projets de loi omnibus et présenter des rapports énormes dans lesquels personne ne peut se retrouver. C’est une manœuvre délibérée. Les conservateurs ne veulent pas de transparence; ils ne veulent pas que leurs projets de loi fassent l’objet d’un examen détaillé. Combien de fois les avons-nous vus recourir à l’attribution de temps lors de l'étude de projets de loi ?
Nous débattons aujourd’hui de ce projet de loi, un document très important pour les gens des Territoires du Nord-Ouest, mais les autres partis ne participent pas à la discussion. Je trouve cela tout à fait incroyable. Le NPD poursuit le débat parce que les néo-démocrates estiment que c’est important. Nous croyons que le projet de loi doit être débattu en public et que certaines questions doivent être traitées en public, avant que le texte soit renvoyé à un comité. Voilà pourquoi nous sommes ici. C’est notre travail principal, débattre des mesures législatives à la Chambre des Communes pour les examiner et pour demander des comptes au gouvernement. Le projet de loi modifierait 42 mesures législatives. Il y a peut-être eu des consultations et le gouvernement estime peut-être que le projet a déjà fait l’objet d’un examen adéquat, mais la Chambre des Communes est élue pour faire preuve de diligence raisonnable. C’est précisément ce que nous faisons ici aujourd’hui.
Voici l'une de nos plus grandes réserves: l'entente sur le transfert de responsabilité remplacerait la structure actuelle des offices régionaux des terres et des eaux qui ont été créés dans le cadre des accords définitifs sur les revendications territoriales. Ce très important processus a été mené il y a déjà un certain nombre d'années. Or, la nouvelle entente de transfert de responsabilités ferait table rase de cette initiative et elle regrouperait les offices régionaux des terres et des eaux en un seul office. Cette mesure devrait en soi être source de préoccupation, car, grâce à ces offices régionaux, les représentants locaux pouvaient défendre les intérêts des diverses régions de cet immense territoire. Un office unique pourrait avoir de la difficulté à étudier tous ces enjeux. Le député de a soulevé ce problème, et le comité devrait examiner la question.
Les modifications conféreraient aussi au ministre fédéral le pouvoir exclusif d'approuver l'utilisation des terres et des eaux dans les Territoires du Nord-Ouest, ce qui contournerait les pouvoirs transférés au gouvernement de ce territoire lors du transfert de responsabilités. C'est quelque peu contradictoire. Le gouvernement veut transférer des pouvoirs, mais le ministre fédéral sera encore chargé d'approuver l'utilisation des terres et des eaux. Manifestement, il y a encore beaucoup à faire.
Nous espérons que, lors de l'étude du projet de loi en comité, lorsque NPD présentera des amendements, ce dernier daignera en tenir compte.
J'aimerais prendre quelques minutes pour en parler. Je siège au Comité de la santé et, par conséquent, je suis bien placée pour savoir que le gouvernement a systématiquement rejeté les amendements que nous avons proposés afin d'apporter des modifications, et non pas à des fins politiques, dans le cadre de l'étude des projets de loi qui nous étaient soumis, notamment de projets de loi d'initiative parlementaire assez simples. Je le répète, il ressort de mes discussions avec mes collègues que tous les comités sont logés à la même enseigne. Les conservateurs sont très arrogants quand ils s'y mettent. Quel que soit l'amendement proposé, ils le rejettent.
Ce projet de loi donne des pouvoirs très étendus aux générations futures en permettant au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest de gouverner au nom de la population. Puisque ce projet de loi modifie 42 mesures législatives distinctes, les témoignages entendus et les amendements proposés à l'étape de l'étude au comité joueront un rôle particulièrement important.
J'espère vraiment que mes collègues d'en face examineront les amendements proposés au comité en gardant à l'esprit que l'objectif consiste à bonifier le projet de loi. Plusieurs personnes, plus particulièrement les membres des Premières Nations, ont exprimé des inquiétudes. J'espère que le processus parlementaire, le processus démocratique et l'étude au comité — où nous entendrons des témoins et des experts — permettront de répondre à certaines préoccupations.
J'espère que les conservateurs étudieront les amendements de bonne foi et que l'histoire ne se répétera pas. En rejetant systématiquement les amendements proposés, ils bafouent le processus parlementaire.
Le projet de loi a déjà été débattu dans les Territoires du Nord-Ouest et plusieurs personnes appuient le transfert des responsabilités. J'aimerais citer Robert Alexie, président du conseil tribal des Gwich’ins. Voici ce qu'il a déclaré:
Nous n'avons pas à craindre le transfert des responsabilités. C'est un nouveau départ [...]
J'aimerais également citer le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, Robert McLeod:
Cette assemblée a une vision d'un territoire fort, prospère et durable. Le transfert des responsabilités est la voie de notre avenir. Pour libérer le potentiel économique qui créera des débouchés pour tous les habitants, nous devons assumer les responsabilités liées à nos terres et à nos ressources.
Le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest a fait cette déclaration en juin de cette année lorsque l'Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest a approuvé l'entente.
Le président de la chambre de commerce a affirmé qu'il s'agissait d'une entente historique qui confère aux Territoires du Nord-Ouest le pouvoir tant attendu et mérité de gérer et de contrôler les terres publiques.
Il faudrait entendre encore d'autres personnes à qui cette entente inspire des préoccupations. À titre d'exemple, voici comment Jake Heron, membre de la nation métisse, a commenté le processus de consultation:
C'est très frustrant: vous êtes à la table des négociations et vous pensez participer au processus, mais vous découvrez que personne ne prend vos intérêts au sérieux.
Il est évident que certaines préoccupations ont été exprimées pendant le processus de négociation. Voici ce qu'a déclaré M. Bromley, député à l'assemblée législative des Territoires du-Nord-Ouest:
Le gouvernement fédéral propose de fusionner les conseils régionaux des terres et des eaux en un seul grand conseil, une proposition inutile, alarmante, voire contraire à la constitution. [...] Un conseil unique ne permettrait pas de régler le véritable problème, c'est-à-dire l'absence de mise en oeuvre.
Comme on le voit, il existe certaines préoccupations.
Pendant le temps qu'il me reste, j'aimerais souligner que le NPD appuie le principe du projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Nous sommes résolus à travailler de bonne foi pendant l'examen en comité et à écouter les commentaires des habitants des Territoires-du-Nord-Ouest et des experts qui ont participé au processus. Nous tenons à ce que cette entente soit bien conçue, afin qu'elle puisse convenir aux habitants des Territoires-du-Nord-Ouest pendant de nombreuses générations, répondre à leurs préoccupations et leur procurer de l'autonomie, une valeur chère aux néo-démocrates.
En effet, qu'il s'agisse du Québec, des Territoires-du-Nord-Ouest ou des Premières Nations, nous croyons que les peuples ont le droit de prendre leurs propres décisions. C'est le but fondamental de ce projet de loi, et c'est pourquoi nous l'appuierons. Nous travaillerons avec acharnement afin qu'il réponde aux attentes.
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Monsieur le Président, j'ai le grand plaisir de me lever aujourd'hui pour parler du projet de loi . J'indique tout de suite que je vais partager le temps dont je dispose avec le député de .
[Traduction]
J'aimerais commencer par féliciter le député de , qui a fait un excellent travail sur ce dossier et qui se dépense sans compter pour ses électeurs. J'aimerais signaler, surtout, le projet de loi qu'il a fait déposer à la Chambre et dont l'objectif est d'augmenter le pouvoir d'emprunt des Territoires du Nord-Ouest. Il ne ménage aucun effort, ici à la Chambre, pour défendre les intérêts de ses électeurs, pour faire en sorte que les Territoires du Nord-Ouest se développent de façon durable et pour permettre à ses électeurs de mieux participer à la vie démocratique de leur territoire.
Le projet de loi remplace la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest afin de mettre en œuvre certaines dispositions de l'Entente sur le transfert des responsabilités liées aux terres et aux ressources des Territoires du Nord-Ouest, et modifie ou abroge la Loi sur les terres territoriales, la Loi sur les eaux des Territoires du Nord-Ouest, la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie, d'autres lois et certains décrets et règlements. Le titre abrégé est « loi sur le transfert de responsabilités ». La longueur du titre est un indicateur de la longueur du projet de loi lui-même, puisque c'est un projet de loi omnibus de 240 pages. Pour préparer mon discours, j'ai eu besoin d'un grand nombre de tasses de café, car, comme j'aurai l'occasion de le redire plus tard, c’est devenu une habitude, avec le gouvernement actuel, de présenter des projets de loi omnibus à la Chambre.
J'aimerais également féliciter Robert McLeod, premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, pour sa contribution à ce dossier.
Avant d'entrer dans le détail, j'aimerais dire quelques mots au sujet de la forme du projet de loi et du processus qui été suivi. Comme je l'ai dit, c'est un projet de loi omnibus de 240 pages. Dans ce cas-ci, le gouvernement conservateur a amalgamé des questions peu controversées, sur lesquelles les partis de l'opposition sont à peu près d'accord, comme le transfert des responsabilités, avec des questions plus controversées, comme la création d'une autorité administrative panterritoriale pour des projets industriels relevant de la partie 4 du projet de loi.
Malheureusement, plutôt que de séparer les différentes parties du projet de loi afin d'obtenir l'appui des partis de l'opposition, le gouvernement a préféré les amalgamer dans un même projet de loi. C'est ce qui s'est déjà produit avec d'autres projets de loi. C'est devenu une habitude avec le gouvernement conservateur, qui fait preuve d’une grande indifférence à l'égard de la démocratie au Parlement. C'est ce qui s'est passé avec le projet de loi , sur la cyberintimidation, qui vise à protéger les Canadiens contre des actes criminels en ligne et qui a été présenté par le ministre de la Justice la semaine dernière.
Le projet de loi prévoit jusqu'à cinq ans de prison pour les personnes qui publient des images intimes d'autres personnes sans leur permission expresse, et il donne aussi à la police des pouvoirs élargis pour faire enquête sur des allégations de cyberintimidation. C'est une chose sur laquelle les partis de l'opposition pourraient s'entendre, surtout après tous ces cas de cyberintimidation chez les adolescents dont nous avons entendu parler au Canada, dont certains ont eu des conséquences tragiques.
Mais le projet de loi contient des mesures qui n'ont rien à voir avec la cyberintimidation. Il prévoit en effet des mesures sur le terrorisme, le crime organisé et la propagande haineuse. Il donne à la police une plus grande marge de manœuvre pour avoir accès aux communications en ligne, et il prévoit des peines d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à deux ans pour l'utilisation clandestine du câble et de la télévision par satellite. On voit mal quel est le lien direct de ces mesures avec la cyberintimidation. Encore une fois, les conservateurs nous imposent des choses que l'opposition, malheureusement, ne peut pas accepter sans réserve.
Je vais maintenant parler du projet de loi . Comme nous le savons, ce projet de loi comprend quatre parties. La première édicte la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest afin de mettre en œuvre certaines dispositions de l'Entente sur le transfert des responsabilités liées aux terres et aux ressources des Territoires du Nord-Ouest, et elle modifie ou abroge d'autres lois et certains décrets et règlements. La Loi sur les Territoires Nord-Ouest est essentiellement la loi organique des Territoires. La partie 1 prévoit le transfert des pouvoirs de réglementation des pipelines de gaz et de pétrole du gouvernement fédéral au gouvernement territorial, tant que ces pipelines se trouvent sur le continent.
La partie 2 modifie la Loi sur les terres territoriales; la partie 3 modifie la Loi sur les eaux des Territoires du Nord-Ouest, et la partie 4 modifie la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie. Comme l'ont déjà dit certains de mes collègues du NPD, c'est la partie la plus controversée, sans doute, et c'est là qu'on remplace plusieurs offices administratifs régionaux par un seul office de 11 membres.
Ceux qui suivent nos délibérations, chez eux et dans ma province du Québec, seront peut-être intéressés de savoir que les Territoires du Nord-Ouest ont en fait des responsabilités similaires à celles des provinces. C'est en effet à la fin des années 1980 que les responsabilités relatives aux services de santé, à l'administration de la justice et à la gestion des forêts ont été transférées au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Ce gouvernement a également des pouvoirs en matière d'éducation, de services sociaux, d'administration des routes et des aéroports, qui sont des sphères de compétence provinciales.
C'est un processus qui, dans l'histoire des Territoires du Nord-Ouest, se poursuit depuis la Commission Carruthers, en 1966. Cette commission a d'ailleurs présidé au déménagement de la capitale des Territoires du Nord-Ouest à Yellowknife, ce qui a amené un certain nombre de bureaucrates dans cette ville. Ce processus s'est poursuivi dans les années 1990, avec la tenue d'un grand nombre de rencontres constitutionnelles dans la région. Tout cela pour dire que le débat se poursuit depuis des décennies.
Le NPD est favorable au transfert des responsabilités. C'est en fait la partie du projet de loi que nous appuyons. Comme je l'ai dit, les habitants des Territoires du Nord-Ouest réclament depuis des décennies des pouvoirs semblables à ceux des provinces. Je suis d'accord pour que certaines responsabilités fédérales soient transférées aux Territoires du Nord-Ouest, car ce territoire est mieux placé pour déterminer comment ses ressources devraient être utilisées, et pour en assumer l'autorité ultime. Je félicite le premier ministre, Bob McLeod, de sa précieuse contribution.
Le projet de loi contient toutefois un grand nombre de dispositions controversées, et nous espérons que les ministériels prêteront une oreille attentive aux propositions que nous ferons en comité pour le modifier, afin de répondre aux attentes des habitants du Nord et afin de dissiper certaines inquiétudes, suite à la décision des conservateurs d'amalgamer au projet de loi des modifications à la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie. Le comité jouera un rôle crucial pour ce projet de loi, et les conservateurs feraient bien d’en profiter en acceptant de faire comparaître des spécialistes et des parties prenantes qui nous permettront de modifier le projet de loi afin qu'il suscite le plus vaste consensus possible parmi les parties concernées.
Pour le moment, ce qui nous préoccupe, c'est que jusqu'ici, le gouvernement s'est montré incapable d'accepter des amendements à des projets de loi en comité. Dans un cas notoire, les conservateurs ont rejeté un amendement de l'opposition, alors qu’il s’agissait de corriger une faute grammaticale dans le projet de loi. Ils s'y sont carrément opposés, tout simplement parce que l'amendement venait de l'opposition. Par la suite, ils ont dû présenter eux-mêmes un amendement pour corriger la petite faute grammaticale qui se trouvait dans le projet de loi.
Il serait normal que les députés ministériels écoutent les députés de l'opposition ainsi que les témoins, plutôt que de rejeter toute contribution de la part de ceux qui veulent apporter des changements constructifs à la loi.
La partie 4 du projet de loi, qui prévoit la création d'un office panterritorial pour les projets industriels, soulève la controverse. J'aimerais répéter ce qu'a dit mon collègue de dans son discours à la Chambre, au sujet des préoccupations que soulève cette partie du projet de loi: « Le projet de loi ne prévoit pas de consultations auprès du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest ». Nous voyons bien que le gouvernement conservateur essaye de nous imposer son programme, sans permettre au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest d'avoir son mot à dire.
Je terminerai en soulignant combien il est important de tenir compte de la réalité particulière des Territoires du Nord-Ouest lorsqu'on examine le projet de loi, c'est à-dire la présence d'un grand nombre de peuples autochtones dans ce territoire. Comme l'ont indiqué mes collègues, l'un des principaux problèmes qui se posent dans le dossier de l'utilisation des terres et de l'eau, c'est l'absence de progrès dans le dossier des revendications territoriales des Autochtones.
C'est une question que nous pourrions aborder au comité. Je suis prête à appuyer le principe du projet de loi, car j'approuve le transfert de pouvoirs supplémentaires aux Territoires du Nord-Ouest, mais j'ai des réserves importantes en ce qui concerne certaines dispositions du projet de loi. J'espère que le gouvernement acceptera nos amendements à l'étape de l'étude en comité.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole pour appuyer le projet de loi , Loi sur le transfert de responsabilités aux Territoires du Nord-Ouest.
Je crois que le titre abrégé ne donne pas une bonne idée de l’objet réel de cette mesure législative. Il s’agit en fait d’un projet de loi remplaçant la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest afin de mettre en œuvre certaines dispositions de l’Entente sur le transfert des responsabilités liées aux terres et aux ressources des Territoires du Nord-Ouest et modifiant ou abrogeant la Loi sur les terres territoriales, la Loi sur les eaux des Territoires du Nord-Ouest, la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie, d’autres lois et certains décrets et règlements.
Le projet de loi a beaucoup de ramifications, et je crois qu’il est important, dans le cadre du débat que nous avons à la Chambre aujourd’hui et que nous aurons plus tard au comité, d’examiner soigneusement toutes ses répercussions.
Comme mon collègue de l’a dit plus tôt, il est vraiment important d’adopter un projet de loi bien pensé, surtout pour les habitants des Territoires du Nord-Ouest qui s'efforcent depuis des dizaines d’années d'obtenir des pouvoirs semblables à ceux des provinces. C’est la raison pour laquelle beaucoup de mes collègues ont dit aujourd’hui que le NPD appuie le projet de loi et le transfert aux Territoires du Nord-Ouest de certaines des responsabilités fédérales dans le Nord. En vérité, qui connaît le mieux le territoire et la région? Ce sont les habitants des Territoires du Nord-Ouest. Ce sont eux qui devraient décider de l’utilisation de leurs ressources et qui devraient, en définitive, être investis de tous les pouvoirs.
Cela suscite un certain nombre de questions auxquelles nous, néo-démocrates, cherchons des réponses aujourd’hui ou au comité.
Premièrement, compte tenu du fait que beaucoup des Premières Nations des Territoires du Nord-Ouest s’opposent à la modification de la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie, pourquoi les conservateurs font-ils abstraction de ces préoccupations et veulent-ils absolument créer un super-office?
Voilà le genre de questions auxquelles il faut absolument répondre. Si nous n’avons pas une réponse aujourd’hui, il faudra poser la question au comité.
Comme l’ont dit plus tôt nos collègues conservateurs, un tel super-office serait créé à des fins d’efficacité. Nous croyons qu’un organisme de ce genre n’est pas nécessairement efficace si on ne tient pas compte de la volonté, des besoins, des attentes et des demandes de tous les citoyens des Territoires du Nord-Ouest. Nous savons déjà que beaucoup de groupes des Premières Nations des Territoires s’inquiètent à ce sujet.
J’espère que, grâce à ce débat et aux travaux du comité après la deuxième lecture, nous pourrons obtenir des réponses.
Il y a une autre question: compte tenu du remaniement massif que représente le projet de loi, pourquoi les conservateurs se sont-ils réservé le contrôle des nominations à l’Office d’examen des répercussions environnementales et le rôle principal dans l’approbation des permis?
Dès le départ, j’ai parlé de l’importance du transfert de responsabilités et de l’importance qu’il y a à laisser aux citoyens et au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest le contrôle de leurs ressources, de leurs terres et de leur territoire. Toutefois, en présentant le projet de loi , le gouvernement dit: « Nous pouvons vous en donner un peu, mais toutes ces attributions vont maintenant revenir au ministre. »
Je crois qu’il faudra obtenir une réponse à cette question pour être sûrs que les choses seront faites de la bonne façon.
Comme je viens de la grande circonscription de Sudbury, collectivité du nord de l’Ontario dont l'économie repose sur les ressources naturelles, c’est pour moi un sujet qui revient souvent sur le tapis. Pourquoi n’avons-nous pas plus de contrôle sur les ressources extraites de notre sous-sol à Sudbury? C’est un sujet que beaucoup de nos conseillers municipaux abordent avec les responsables provinciaux et que la province elle-même aborde avec le gouvernement fédéral. Nous devons nous pencher sur la question et veiller à ce que le débat se poursuive.
Cela nous amène à nous poser la question suivante : n’est-il pas prématuré de changer l’Office d’examen des répercussions environnementales et de créer un super-office unique en éliminant les offices régionaux des terres et des eaux avant le règlement des revendications territoriales actuellement en négociation dans les Territoires du Nord-Ouest?
Encore une fois, il faudra obtenir des réponses à ces questions. Nous espérons que ce débat permettra de le faire.
Examinons un peu l’historique de l’affaire. Les négociations entre les Territoires du Nord-Ouest et le gouvernement du Canada ont abouti en mars 2013, et l’Assemblée législative a approuvé l’entente finale le 5 juin 2013. Plusieurs organisations des Premières Nations, des Métis et des Inuits ont pris part à la signature de l’entente finale sur le transfert de responsabilités le 25 juin. En vertu de l’entente, les citoyens des Territoires du Nord-Ouest auront leur mot à dire dans les décisions concernant la gestion des terres publiques, des eaux et des ressources naturelles, le développement économique et la protection de l’environnement.
Si cela nous vient du gouvernement et des citoyens des Territoires du Nord-Ouest, il nous incombe, comme parlementaires fédéraux, de travailler ensemble pour leur permettre de participer davantage à la gestion des terres et des ressources minérales et au développement économique. C’est pour cette raison que nous avons certaines préoccupations, de ce côté-ci de la Chambre. Nous nous inquiétons parce que des supers-offices seront chargés de prendre les décisions et que le ministre aura le dernier mot au sujet de la nomination des membres de ces offices. Nous ne pouvons pas laisser le pouvoir à une seule personne quand il s’agit d’une région aussi vaste où vivent tant de personnes.
Parmi les autres questions qu’il importe de mentionner, il y a le fait que les résultats des consultations publiques sur l’entente proposée concernant le transfert de responsabilités aux Territoires du Nord-Ouest se fondaient sur une quarantaine de réunions tenues dans toutes les régions des Territoires en avril et mai de cette année. Un tel nombre de réunions est extraordinaire quand on pense à la mesure dans laquelle le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a fait participer ses citoyens.
Malheureusement, le présent gouvernement n’a que trop souvent laissé tomber les consultations avec le public et les parties prenantes. Aux réunions des comités, nous soulevons des questions et nous écoutons le témoignage des intervenants et des citoyens. Ils nous disent comment mieux faire les choses et comment améliorer le projet de loi dans le respect des lois du pays. Malheureusement, les députés du gouvernement n’écoutent pas les idées qui sont présentées. Le gouvernement propose lui-même des amendements qui sont adoptés. Lorsque, après avoir écouté le témoignage des intéressés et avoir consacré des heures à des études et à des recherches, nous proposons de ce côté-ci des amendements, ils sont transmis à des fonctionnaires qui les rabaissent et les déprécient pour ensuite, les rejeter.
Il nous incombe, comme parlementaires, de produire des mesures législatives et des lois bien pensées pour que nous n’ayons pas à le faire plus d’une fois. Nous ne devrions apporter des modifications que dans des cas exceptionnels. Il ne faudrait pas que ce soit la norme. Toutefois, nous pouvons constater à l’heure actuelle que les modifications se succèdent constamment parce qu’il arrive trop souvent, hélas, que le présent gouvernement présente non pas les meilleures mesures législatives possibles, mais des projets de loi axés sur différentes considérations politiques.
Nous avons en ce moment la possibilité, tant au cours de ce débat qu’au comité, de nous assurer que la population des Territoires du Nord-Ouest aura son mot à dire, pourra exercer des pouvoirs et sera en mesure de s’occuper de ses collectivités, de ses familles et de ses citoyens. C’est un vaste territoire. Le député de parle souvent des gens extraordinaires de sa circonscription et du travail qu’il fait pour eux. Je suis très fier de collaborer avec lui dans plusieurs dossiers touchant les petites entreprises, le tourisme et les consommateurs.
Ceci dit, j’attends avec intérêt l’occasion de poursuivre, au cours de la période de questions et observations, cette conversation concernant l’importance du projet de loi et du transfert de responsabilités aux Territoires du Nord-Ouest.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je remercie le député de du travail qu’il a consacré au projet de loi . Je n’ai jamais eu l’occasion de me rendre dans le Nord, mais, après avoir discuté avec lui, j’ai l’impression d’y être allé. Il a une connaissance intime de cette région du Canada, et il nous régale d’anecdotes qui nous donnent l’impression d’être allés là-bas, si nous n’avons pas eu ce plaisir. C’est ce qui rend les Parlements essentiels. Ils rassemblent des représentants de diverses régions pour discuter des points communs et des intérêts, mais aussi des divergences de vues.
Un Parlement qui fonctionne bien est essentiel à un pays qui fonctionne bien. Parfois je souhaiterais que le Parlement fonctionne un peu mieux. La Chambre est saisie d’un certain nombre de mesures, soit des motions, soit des projets de loi d’initiative parlementaire, que j’incite tous les députés à examiner, car nous devons faire en sorte que notre assemblée fonctionne un peu mieux.
Je suis heureux de dire que nous appuyons le projet de loi C-15 à l’étape de la deuxième lecture. Nous sommes favorables au transfert de pouvoirs aux Territoires du Nord-Ouest, qui réclament ce changement depuis longtemps. Je me réjouis de constater que nous faisons maintenant au moins un bout de chemin pour régler la question. Néanmoins, le projet de loi nous inspire des réserves, comme mes collègues l’ont dit dans leurs interventions. Nous avons hâte d’en discuter à l’étape du comité.
Mes collègues ont participé aujourd’hui à une discussion costaude sur les détails du projet de loi, mais il aurait été agréable d’avoir plus d’observations et d’interventions de la part d’autres partis, car nous sommes ici pour mettre en commun des points de vue et délibérer. Peut-être quelques-unes des questions des députés d’en face nous aideront-elles à faire avancer le travail aujourd’hui.
Pendant ces quelques brèves minutes, je voudrais faire deux choses. D’abord, continuer à traiter de ce dont mon collègue de a parlé, c’est-à-dire l’idée de transfert des responsabilités et sa signification. En des termes normatifs, qu’essayons-nous d’accomplir au moyen de ce transfert? Quels sont ses thèmes? Que faudrait-il considérer pour savoir si le transfert est un échec ou une réussite? Deuxièmement, si j’en ai le temps, je parlerai aussi du Yukon, à qui des pouvoirs ont été transférés il y a des dizaines d’années. Il y a des enseignements à tirer de l’expérience du Yukon pour les appliquer peut-être aux Territoires du Nord-Ouest.
Monsieur le Président, si vous avez du temps libre vendredi soir, je vous conseille un article. Il s’intitule « Assessing Devolution in the Canadian North: A Case Study of the Yukon Territory » et il est signé par Alcantara, Cameron et Kennedy. Il a paru dans la publication universitaire Arctic, volume 65, no 3, de septembre 2002. Les auteurs présentent une excellente étude de cas. Ils ont fait de nombreuses entrevues au Yukon pour poser des questions essentielles et voir dans quelle mesure le Yukon a réussi le transfert de pouvoirs. Je vous conseille cette lecture, à vous, monsieur le Président, et à tous les députés. Il arrive que la tour d’ivoire soit utile. Dans ce cas-ci, elle permet de dégager une bonne perspective.
Qu’est-ce que le transfert des pouvoirs? Tous les pays ont des constitutions, et les constitutions disent qui a le pouvoir de répartir les ressources et de faire les règles. Elles partagent le pouvoir à l’intérieur du pays. Si nous faisions disparaître la constitution et disions simplement qu’une population habite sur un certain territoire, comment arrêterions-nous les règles qui précisent l’exercice du pouvoir de décision?
À certains égards, ce transfert est une réaction à notre actuelle situation constitutionnelle. Les provinces et le gouvernement fédéral sont établis dans la Constitution. Aux termes des articles 91 et 92, ils obtiennent des pouvoirs de la reine du Canada pour appliquer des lois et répartir les ressources au Canada.
À certains points de vue, les territoires ne sont pas très différents des municipalités. Cela vexe parfois des gens. Je dirai donc clairement que, du point de vue constitutionnel, les provinces sont reconnues. Elles confient des pouvoirs aux municipalités. De la même façon, le gouvernement fédéral, le gouvernement national, est reconnu. Il confie des pouvoirs aux territoires. Il y a cependant de vraies différences entre les territoires et les municipalités, et c’est normal. Par leur nature, les territoires ressemblent beaucoup plus à des provinces. Par exemple, comme on le voit dans le projet de loi à l’étude, ils ont davantage de contrôle sur les ressources. Ainsi, ils ont droit à un partage par moitié des recettes provenant de l’exploitation des ressources, alors que les municipalités ont beaucoup moins de pouvoir.
Toutefois, par nature, les territoires et les municipalités sont semblables parce qu’ils ne sont pas maîtres de leur destin. Alors qu’une province a certains pouvoirs constitutionnels qui lui permettent de faire ses choix sans ingérence du gouvernement fédéral, les territoires n’ont pas ce luxe.
Lorsque le gouvernement fédéral décide des pouvoirs qui seront cédés aux territoires ou lorsque les provinces décident des pouvoirs confiés aux municipalités, il faut s’assurer que la population locale reçoit ces pouvoirs et les ressources voulues pour agir au niveau local.
Comme mon collègue de l’a fait observer, le transfert des responsabilités est un grand thème dans le monde entier, et plus spécialement au Royaume-Uni, depuis des décennies. Quand j'habitais au Royaume-Uni, de 1997 jusqu’aux environs de 2002, j’ai eu l’occasion de voir les nouveaux travaillistes à l’œuvre lorsqu’ils ont décidé de mettre en avant un programme très radical de transfert des responsabilités. Nous avons eu par exemple l’Accord du Vendredi saint, qui a été signé et a cédé certains pouvoirs à l’Irlande du Nord. Des pouvoirs considérables ont également été cédés aux Assemblées législatives de l’Écosse et du pays de Galles, ainsi qu’à la ville de Londres, qui est désormais traitée sur certains plans bien plus comme une province que comme une ville.
Il y a eu beaucoup de négociation pour déterminer à qui et où on allait accorder quels pouvoirs. Le pouvoir d’apporter des changements appartient toujours à la reine et au Parlement britannique, mais les organes locaux sont devenus beaucoup plus autonomes et indépendants. Universellement, dans tout le Royaume-Uni, c’est une bonne chose. Au niveau local, les gens ont beaucoup plus de contrôle sur leur propre vie, par l’entremise de leur assemblée législative.
Le transfert des responsabilités demeure une idée populaire, et c’est normal, puisque, en général, c'est une bonne chose. Pourquoi transférer les pouvoirs? Quelles sont les raisons normatives pour lesquelles nous pouvons confier des pouvoirs à un ordre inférieur ou à un gouvernement qui est plus proche de la population?
L’un des premiers arguments, c’est l’augmentation de l’efficacité. Cela s’est dit de l’autre côté de la Chambre. C’est une thèse qu’on retrouve dans les ouvrages universitaires. Si, par exemple, il n’y avait pas de gouvernement territorial dans les Territoires du Nord-Ouest, toutes les décisions à prendre dans le Nord se prendraient à Ottawa même. Nous discuterions de ce qui est le mieux pour les habitants du Nord, qui n’auraient que quelques représentants à la Chambre, et la vaste majorité de ceux qui n’habitent pas dans le Nord prendraient les décisions pour cette région.
Voilà pourquoi il est essentiel qu’il y ait dans le Nord une assemblée législative dotées de pouvoirs distincts. Ainsi, les habitants du Nord peuvent prendre des décisions qui les touchent dans leur propre vie. Dans quelle mesure ces décisions peuvent-elles être prises par le gouvernement fédéral ou celui des Territoires du Nord-Ouest, voilà qui est au centre de nos échanges, en ce qui concerne tant la loi à l’étude que d’autres lois futures qui céderont de nouveaux pouvoirs.
La thèse veut que les autorités infranationales, dans ce cas-ci les gouvernements territoriaux, soient plus en prise sur les connaissances locales et le contexte, ce qui leur est utile pour prendre des décisions. Si les Territoires du Nord-Ouest n’avaient pas leur gouvernement, et si on me demandait constamment, à quelques jours d’intervalle, de prendre des décisions pour les habitants du Nord, je me sentirais mal préparé à le faire, parce que je ne suis jamais allé là-bas.
Voilà pourquoi il est magnifique qu’il y ait là-bas une assemblée législative qui fonctionne bien. Le transfert des responsabilités permettra une plus grande efficacité dans les instances gouvernementales. L’efficacité est donc une première raison.
La deuxième raison, et elle est plus importante, c’est que ce transfert favorise la réceptivité du gouvernement. La population locale peut exiger des comptes de ses représentants. Plus les politiques locaux, plus les gouvernements locaux auront de pouvoir, plus les gens s’intéresseront à la chose publique et participeront à leur propre gouvernance.
Je vais terminer par un mot sur la participation aux élections, par exemple dans les Territoires du Nord-Ouest. À la fin des années 1990, elle était d’environ 70 %. Dans les années 2000, elle se situait à 60 % à peu près. Les habitants du Nord participent déjà beaucoup à leur propre gouvernance. Selon moi, le transfert de responsabilités ne fera qu’intensifier l’intérêt pour la gouvernance dans les Territoires du Nord-Ouest. Pour cette seule raison, le transfert de nouveaux pouvoirs est une excellente idée.
Je souhaiterais toutefois que le gouvernement participe davantage au débat sur cette mesure. J’espère qu’il encouragera les discussions et incitera des témoins à se présenter, pour que nous fassions les choses correctement du premier coup. Il a fallu beaucoup de temps avant d'en arriver à la présentation de cette mesure. Nous ne voulons pas attendre encore 20 ou 30 ans pour revenir à la charge. Faisons les choses correctement tout de suite.
Je prie instamment le gouvernement d’écouter, au moins, les points de vue de ce côté-ci de la Chambre pendant la suite de l’étude du projet de loi.
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Monsieur le Président, j'aimerais tout d'abord remercier le député de pour tout le travail qu'il accomplit à la Chambre et, en particulier, pour les efforts qu'il a déployés à l'égard du projet de loi. Il représente un vaste territoire et le fait superbement. Sa prestation dépasse même ce que j'attendrais d'un député. Il consacre énormément d'énergie à son travail, et il m'inspire la plus grande admiration. Il sait attirer notre attention sur la question de la souveraineté dans l'Arctique et le faire d'une manière tout à fait conforme à l'esprit nordique. Vous comprendrez dans un instant ce que j'entends par là.
Il n'est pas facile de présenter une véritable perspective nordique à la Chambre puisque, à l'exception des trois sièges occupés par des députés du Nord, tous les autres députés viennent du Sud du pays. Il revient donc aux trois députés du Nord, dont celui de , de défendre les priorités du Nord canadien. Je félicite le député, qui s'y emploie avec ardeur et ténacité.
Je viens moi-même du Sud du Canada. D'entrée de jeu, je dois donc reconnaître que je connais mal le Nord canadien. D'après ce que je comprends, les gens du Nord ont une philosophie particulière; ils voient les personnes et les lieux d'une manière que les gens du Sud ont du mal à saisir. Et pourtant, nous voici encore une fois à la Chambre à prendre des décisions pour le Nord, alors que la majorité des députés viennent du Sud.
Je m'appuierai sur des experts dans mon discours puisque, comme je l'ai mentionné, ma connaissance du Nord est limitée. Je ne suis jamais allé dans les Territoires du Nord-Ouest. J'ai acquis quelques connaissances dans des livres, et je m'appuierai aussi sur des experts pour explorer certains concepts associés au transfert des responsabilités. J'aimerais tout d'abord aborder la question de la souveraineté dans l'Arctique. Le NPD souhaite que les Territoires du Nord-Ouest jouissent de pouvoirs souverains accrus. Certains de mes collègues ont parlé de pouvoirs semblables à ceux des provinces, mais je préfère l'expression « pouvoirs souverains accrus ». De toute évidence, il faut savoir ce que les gens du Nord pensent de la souveraineté dans l'Arctique.
J'aimerais citer John Ralston Saul, qui a dit:
Le débat sur la souveraineté s'est, en majeure partie, déroulé selon l'optique traditionnelle de l'empire occidental: Nous avons une frontière éloignée qu'il faut défendre. Cette frontière est la nôtre, pas celle des autres, peu importe qui sont les autres. C'est uniquement dans ce contexte que les gens du Nord sont mentionnés, comme s'ils existaient seulement pour servir la souveraineté canadienne. Cela n'a guère de bon sens. Le bien-être et la réussite des habitants du Nord constituent une fin en soi. Ces gens n'ont pas besoin d'être les garants de notre souveraineté — même s'ils le sont en réalité — pour avoir droit au bien-être et à la réussite. Ils y ont droit au même titre que tous les autres citoyens du Canada.
Quelques-uns de mes collègues ont parlé d'égalité. En ce qui concerne le transfert de responsabilités, de quoi est-il question ici aujourd'hui? J'ai particulièrement aimé l'article d'Anthony Speca paru dans Options politiques. Je vous en cite un extrait:
Le transfert de responsabilités signifie, d'abord et avant tout, que ce sont les législateurs élus des territoires, et non les ministres du Sud lointain, qui prennent les décisions concernant l'utilisation et l'exploitation des terres et des ressources en fonction des intérêts locaux. Il signifie également — et c'est peut-être tout aussi important — que les territoires conservent une part des revenus considérables générés par ces terres et ces ressources.
Notre exploration de ces idées sur le transfert de responsabilités et la souveraineté de l'Arctique doit nous amener à parler de ce que Speca mentionne dans son article, c'est-à-dire les ressources. Comment allons-nous les traiter dans le cadre de cette entente? Je cite encore une fois John Ralston Saul, qui déclare:
[...] nous vivons dans un pays nordique. Les deux tiers de notre pays se trouvent dans ce qu'on appelle normalement le Nord. Le tiers de notre produit intérieur brut vient des trois territoires et des parties nordiques également isolées de nos provinces. Et c'est ce tiers qui fait que notre pays est riche, et non pas pauvre.
Le tiers de notre PIB provient du Nord et est largement généré par l'exploitation des ressources naturelles dont ces territoires regorgent.
La question que nous devrions nous poser concernant le projet de loi est la suivante: nous intéressons-nous davantage à la prospérité pour le Sud ou souhaitons-nous la prospérité pour les gens du Nord? C'est une question essentielle que nous devrions nous poser dans cette enceinte au sujet du projet de loi . Que les députés ministériels et les députés libéraux ne prennent pas la parole à ce sujet me paraît troublant, car il s'agit d'une question très importante qui mérite d'être posée.
Trois ententes de transfert de responsabilités sont en cours d'exécution. Il s'agit des ententes avec le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut.
Dans son article, M. Speca parle de l'accord entre le Groenland et le Danemark. Je voudrais informer la Chambre aussi brièvement que possible de ce que dit M. Speca au sujet de l'accord entre le Groenland et le Danemark.
Voici ce qu'il écrit:
Grâce à son accession à l'autonomie gouvernementale au sein du royaume du Danemark, le Groenland est devenu maître non seulement de ses abondants gisements terrestres — or, plomb, zinc, fer, terres rares, rubis, et ainsi de suite —, mais également de son pétrole et de son gaz extracôtiers, dont les études géologiques faites par les États-Unis estiment les réserves à l'équivalent de 40 à 50 milliards de barils de pétrole [...]
Il parle de toutes les ressources que possède le Groenland.
M. Speca est d'avis que, grâce à l'accord avec le Danemark, le Groenland a connu une croissance époustouflante. En 2002, les redevances issues de l'exploitation des ressources étaient à peu près nulles. En 2010, elles avaient déjà atteint 600 millions de dollars. Cet accord permet au Groenland d'espérer bénéficier de substantiels revenus au cours des prochaines années.
M. Speca dit encore que, si le Danemark n'avait pas remis au Groenland cette source potentielle de richesses, les redevances auraient été versées dans les coffres de l'État danois. Les deux parties ont adopté une perspective à long terme ayant pour but la prospérité et le progrès pour les Groenlandais, de telle sorte qu'en plus des pouvoirs associés à l'autonomie gouvernementale, ils puissent disposer de leurs propres revenus et ne pas dépendre autant du Danemark.
Selon M. Speca, l'entente que l'on veut mettre en vigueur avec le projet de loi n'est pas aussi avantageuse pour les Territoires du Nord-Ouest que ne l'a été pour le Groenland son entente avec le Danemark. Nous pourrions prendre l'accord entre ces deux pays comme modèle, dans une perspective internationale, de manière à mieux garantir la prospérité des Territoires du Nord-Ouest.
Voici la question que je me pose. Cette entente donne-t-elle aux Territoires du Nord-Ouest les capacités financières à long terme nécessaires à l'élaboration de solutions et de services créés par et pour les gens du Nord, au lieu de faire ce qu'on a malheureusement fait trop souvent, c'est-à-dire exporter dans le Nord des solutions peu novatrices élaborées dans le Sud? Le Canada doit moderniser sa politique concernant le Nord en se fondant sur celles élaborées dans d'autres nations du cercle polaire.
Pour conclure, je vais citer de nouveau John Ralston Saul:
Lorsqu'on voit le Sud imposer son architecture, ses réseaux d'électricité, ses méthodes d'éducation ou ses réseaux d'approvisionnement en aliments, on commence à se rendre compte à quel point il demeure difficile pour les nouveaux leaders de l'Arctique de miser sur une approche nordique. Il arrive très souvent que, pour résoudre immédiatement des difficultés ponctuelles, le Sud impose des idées peu novatrices qui créent des problèmes généralisés.
M. Speca a aussi dit ceci:
[...] la négociation concernant les revenus liés à l'exploitation des ressources est une démarche à la fois politique et financière. Après quatre ans de travaux politiques préparatoires réalisés par une commission mixte sur l'autonomie gouvernementale du Groenland, le Danemark et le Groenland ont décidé conjointement d'adopter une approche à long terme permettant au Groenland de devenir un État postcolonial indépendant exerçant une pleine souveraineté sur ses terres, ses ressources et les revenus qui en découlent.
Le NPD appuiera ce projet de loi à cette étape de l'étude, mais il continuera de veiller à ce que le projet de loi réponde aux attentes des gens du Nord, et d'aborder ces questions au comité.
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Monsieur le Président, il est important que, dès le départ, nous reconnaissions l'effort incroyable des nombreuses personnes qui se sont engagées et ont participé à un projet louable qui nous a permis de tenir ce débat aujourd'hui. Je pense à des gens comme le premier ministre Bob McLeod et son groupe de députés à l'Assemblée législative de Yellowknife, aux nombreux membres des Premières Nations, Inuits, Métis et autres, et à différents intervenants, qui ont tout intérêt à ce que de bonnes décisions politiques soient prises.
Je veux d'abord saluer leurs efforts et leur détermination à nous donner un Canada plus fort et plus solide.
Lorsque je repense à mes jeunes années, il y a plusieurs années, à l'école secondaire, j'étais fier quand nous déroulions la carte du Canada. Son territoire est immense. Je pense qu'il arrive deuxième dans le monde pour sa superficie. La Russie, je crois, est le seul pays dont la superficie dépasse celle du Canada. Nous avons tous nos raisons d'être fiers. Je viens du Manitoba et j'en suis très fier. J'aime ma ville. Je suis un nationaliste convaincu. Je suis d'abord et avant tout un Canadien.
Toutefois, lorsque nous regardons la carte, nous voyons le vaste territoire au nord. À l'époque, les Territoires du Nord-Ouest avaient l'air assez différent. Il y a eu des changements, même depuis l'époque où je fréquentais l'école secondaire.
Au bout du compte, je suis conscient, comme je l'étais aussi à l'école secondaire, qu'il y a une vaste et belle partie du Canada qui offre d'immenses possibilités pour l'avenir, non seulement aux habitants des Territoires du Nord-Ouest, mais à tous les Canadiens.
De nos jours, nous voyageons davantage, ce qui fait que nous nous connaissons et apprécions toutes les régions de notre pays, que ce soient les prairies en Saskatchewan, au Manitoba et dans une partie de l'Alberta, les montagnes en Colombie-Britannique, le bouclier dans le Nord de l'Ontario, les magnifiques falaises et l'océan Atlantique dans l'Est, ou encore le vaste territoire nordique, qui a tant à offrir.
Nous découvrons qu'un nombre croissant de Canadiens veulent visiter le Nord, et pour une bonne raison.
Ils sont notamment attirés par la beauté de la nature, les caribous, les ours polaires, les pygargues à tête blanche et l'extraordinaire pêche qu'on y pratique. Quand j'étais dans l'armée, pendant nos voyages en Hercules, nous parlions souvent de l'omble chevalier et des efforts que faisaient les autorités pour le réintroduire. Je me suis même rendu à Yellowknife, une fois. Quel temps magnifique il faisait. Le vol s'est très bien passé, même si le bruit peut être quelque peu fatigant à l'arrière d'un Hercules. Mais au moins, il y avait des hublots, ce qui fait que nous avons pu admirer le paysage dans toute sa splendeur. Mais il n'y a pas que la nature qui compte, même s'il est vrai qu'elle compte pour beaucoup.
Je me plais à croire que tous les partis politiques se soucient réellement de ce qui se passe dans le Nord. Quand on pense à la beauté des Territoires du Nord-Ouest, on pense évidemment au parc national Tuktut Nogait, qui a mis de longues années à voir le jour. Pour toutes sortes de raisons, il n'a longtemps été qu'un parc en devenir. Même si nous ne pouvions pas dire qu'il s'agissait d'un parc en bonne et due forme, nous savions que tout ce territoire recevrait un jour la désignation de parc national. C'est Pierre Elliott Trudeau, en 1971, qui en a fait un parc à part entière.
Mais le processus n'a véritablement abouti que sous Jean Chrétien, au milieu des années 1990. Paul Martin, quant à lui, a pris part aux négociations avec les Premières Nations sur l'avenir du parc. Personne ne niera que le Nord est synonyme de beauté et qu'il mérite que l'on en parle et qu'on s'en vante. Nous devrions être fiers des Territoires du Nord-Ouest et de ce qu'ils ont à offrir à tous les Canadiens.
Il faut aussi que nous leur fournissions les outils dont ils ont besoin pour faire bien des choses que nous ne remarquons même plus tellement elles nous semblent naturelles. Ça me rappelle quand j'étais encore au secondaire. Je savais qu'il s'agissait d'un territoire, mais je supposais que son fonctionnement était le même que celui d'une province.
La différence est pourtant de taille. Les provinces ont droit, de par la Constitution, à une série de pouvoirs sur lesquels ils ont l'entier contrôle. C'est loin d'être la même chose pour les territoires. Dans leur cas, les pouvoirs ont évolué — petit à petit, il est vrai, mais c'est le genre de chose qui ne doit pas se faire à la hâte.
Le projet de loi dont la Chambre est actuellement saisie nous aidera à atteindre cet objectif. Il y a des choses que nos tenons pour acquises. Je fais souvent allusion au fait que j'ai été député provincial pendant un certain nombre d'années. Nous nous occupions de prestation des soins de santé — qui sont de compétence provinciale — et d'éducation publique — qui relève aussi des provinces. Ce sont des responsabilités dont les provinces ont la gestion depuis de nombreuses années, mais ce n'est que depuis peu que les Territoires du Nord-Ouest assument la responsabilité, en tout ou en partie, de ces domaines d'activités.
Comme cela s'est déjà fait par le passé, nous assistons aujourd'hui à un transfert de pouvoirs aux Territoires du Nord-Ouest. Selon nous, c'est une bonne chose. Nous avons pu compter sur des personnes exceptionnelles, comme Larry Bagnell, que je n'ai pas eu la chance de connaître pendant bien longtemps. D'après ce que m'en ont dit d'autres membres du caucus, il a grandement contribué à sensibiliser les gens à ce qui se passait.
Nous avons également une formidable porte-parole, la députée de Labrador, qui est une ardente défenseure du Nord et du développement de cette région. Le projet de loi confirme que les choses commencent à bouger. L'accent y est mis sur le développement du Nord, de même que sur les ressources naturelles et sur la façon de gérer les recettes qu'elles généreront.
Il s'agit de questions très importantes. Comme quelqu'un l'a souligné un peu plus tôt, ce sont des acquis que possèdent les provinces depuis de nombreuses années, en fait pratiquement depuis la Confédération. Il est donc normal que l'on veuille permettre aux territoires d'en bénéficier eux aussi.
Lorsque la porte-parole du Parti libéral a parlé du projet de loi, elle a clairement indiqué que nous souhaitions que celui-ci passe à l'étape de l'étude en comité. Nous croyons que cette mesure législative va apporter des changements positifs. Elle représente un pas dans la bonne direction. Ce qui me fait dire ça, c'est le transfert par le fédéral de pouvoirs relatifs aux ressources naturelles. Il y a longtemps que cela aurait dû se faire. La concentration des pouvoirs à l'échelle locale aura vraisemblablement pour effet de stimuler le développement.
Il importe d'ailleurs de reconnaître qu'il s'agira de développement durable. Il en sera ainsi parce que la population locale — les gens qui vivent là-bas, aux Territoires du Nord-Ouest — participera davantage. Ces gens connaissent très bien leur environnement et, de toute évidence, ils s'en soucient beaucoup.
Je me réjouis de constater que l'entente semble prévoir le partage des recettes générées. Je crois savoir que le montant réel, en dollars, est fondé sur un pourcentage. Cela dit, deux questions doivent être soulevées.
Parlons d'abord des redevances ou du pourcentage des recettes provenant des ressources. Cela représentera une somme importante. En effet, il est question de dizaines de millions de dollars que les Territoires du Nord-Ouest pourront conserver. C'est une bonne nouvelle, et ce, pour de nombreuses raisons.
Il est tout aussi important de reconnaître que le Canada continuera de verser les paiements de transfert. Ceux-ci jouent un rôle essentiel, car ils permettent d'assurer l'égalité entre les Canadiens, quel que soit l'endroit où ils habitent au pays. C'est pour cette raison qu'il importe peu qu'une personne habite un territoire ou une province de notre vaste pays; les paiements de transfert jouent un rôle essentiel. À mon avis, du point de vue du développement social, ils sont d'une importance capitale. Je me réjouis que des observations aient été formulées quant au fait qu'Ottawa continuera de transférer de l'argent.
Nous devons entre autres discuter davantage de revenus découlant des ressources naturelles et de leur exportation. Tant le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest que le gouvernement du Canada ont des intérêts en jeu. Nous voulons entendre différents points de vue et idées à ce sujet, et c'est entre autres pour cette raison que j'ai posé certaines questions à mes collègues du Nouveau Parti démocratique. Ce sera une question délicate, et il sera intéressant de savoir, aujourd'hui et dans l'avenir, quelle sera la part ou le pourcentage des recettes que le Nord conservera par comparaison à la part qui reviendra à Ottawa. Il est important que nous le sachions.
Je voudrais souligner, deuxièmement, que la mesure législative proposée nous amènerait à réformer le processus d'examen lié à l'exploitation des ressources.
J'ai écouté les questions et les observations et j'ai eu l'occasion de me renseigner un peu sur la question, mais il ne faut pas oublier qu'un certain nombre de Premières Nations sont également parties à l'accord. D'après ce que je comprends, il reste encore un certain nombre de questions à régler avec elles. Même si nous voulons nous assurer que le gouvernement mène les consultations nécessaires pour parvenir à un consensus, nous devrons attendre de voir ce qui ressortira à l'étape de l'étude en comité sur cet aspect.
Pour ma part, je fais preuve d'ouverture d'esprit à l'égard de la proposition du gouvernement de fusionner les offices régionaux chargés de l'aménagement du territoire en un seul, une proposition qui soulève de vives inquiétudes.
Ce n'est pas la première fois que l'on fusionne des offices. Le débat fut houleux au Manitoba lorsqu'il s'est agi de regrouper les divisions scolaires. On croyait que la mise en place d'un seul grand conseil provincial serait dans l'intérêt de tous les Manitobains, mais l'idée a suscité des réactions très émotives et de vives protestations. Néanmoins, le gouvernement néo-démocrate a finalement jugé qu'il fallait aller de l'avant. Nous devrons attendre de voir ce qui se passera dans ce dossier.
Dès lors que l'on empêche la population de s'exprimer ou qu'on limite sa possibilité de le faire, on suscite des craintes. Nous voulons que les conservateurs nous expliquent pourquoi, selon eux, la mise en place d'un seul office serait dans l'intérêt des Territoires du Nord-Ouest et qu'ils nous disent dans quelle mesure leur proposition bénéficie d'un consensus qui nous permettrait d'y être favorables.
Un dernier commentaire: le projet de loi contient des modifications à la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie. Elles sont assez importantes, car l'exploitation des ressources et les offices régionaux des terres et des eaux auraient pu être incorporés dans la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie. On pourrait faire valoir qu'il aurait été préférable de présenter deux projets de loi distincts. Comme on l'a signalé, il serait bien que les ministériels expliquent le projet de loi et fournissent des précisions sur cette question. À première vue, on peut facilement dire qu'il aurait été préférable d'avoir, à tout le moins, deux projets de loi distincts, puisque le projet de loi dont nous sommes saisis aura des répercussions sur 35 ou 40 autres mesures législatives, ce qui est déjà considérable.
Je vais conclure en déclarant sans détour que je suis un inconditionnel des Territoires du Nord-Ouest. Ils me rappellent Churchill, une ville de ma province. Pour moi, le Nord est synonyme de possibilités fantastiques. Et je ne parle pas seulement de l'économie, mais aussi du tourisme car je suis conscient qu'il existe un lien entre les deux. Bon nombre de Canadiens apprécient vraiment les Territoires du Nord-Ouest et leur contribution à collectivité canadienne.
Je ne suis pas en train de suggérer qu'il est possible pour VIA Rail d'offrir dès aujourd'hui Yellowknife comme destination. Toutefois, je suis certain que si l'occasion se présentait à l'avenir, beaucoup plus de Canadiens visiteraient Yellowknife et les nombreuses localités des Territoires du Nord-Ouest et des environs. Bref, il s'agit d'un endroit magnifique.
Nous sommes impatients de voir le projet de loi adopté. Nous félicitons les nombreux intervenants qui ont participé à sa présentation. Nous espérons que le gouvernement fournira davantage de réponses aux questions précises qui lui sont posées. Nous prévoyons que les députés ministériels seront disposés à entendre des propositions d'amendements à l'étape de l'étude en comité, afin d'améliorer le projet de loi et faire fond sur le consensus établi avec l'Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest, qui siège dans un magnifique édifice.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec mon collègue de .
C'est un honneur pour moi de prendre la parole à cette étape de la deuxième lecture du projet de loi , Loi remplaçant la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest afin de mettre en oeuvre certaines dispositions de l'Entente sur le transfert des responsabilités liées aux terres et aux ressources des Territoires du Nord-Ouest et modifiant ou abrogeant la Loi sur les terres territoriales, la Loi sur les eaux des Territoires du Nord-Ouest, la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie, d'autres lois et certains décrets et règlements. Je dis que c'est un honneur parce que les habitants des Territoires du Nord-Ouest réclament ce transfert depuis des années.
L'an dernier, j'ai eu le plaisir de rencontrer le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, Robert McLeod, car il est venu dans ma province, le Manitoba, à l'occasion du festival Manitoahbee, qui est un festival de musique autochtone où se produisent des musiciens extraordinaires des Territoires du Nord-Ouest. J'ai donc entendu parler des efforts que M. McLeod a déployés, avec son équipe, pour obtenir ce transfert de responsabilités.
J'aimerais également remercier mon collègue et ami, le député des Territoires du Nord-Ouest, qui s'est dépensé sans compter pour faire avancer cette initiative. C'est un porte-parole éloquent et un ardent défenseur des questions qui intéressent les habitants des Territoires du Nord-Ouest.
Je connais bien le dossier, non seulement à titre de députée mais aussi sur un plan personnel. Je sais combien ce transfert de responsabilités est important, non seulement pour une question d’amour-propre, mais aussi parce que c'est la reconnaissance de l'autonomie et du respect qu'on doit aux habitants du Nord. Si je dis ça, c'est parce que je suis née dans le Nord, à Thompson, que j'y ai grandi et que j'y habite encore, puisque je représente la circonscription de Churchill, dans le Nord du Manitoba. Je suis donc très sensible à ce que vivent tant d'habitants du Nord, qui se sentent souvent marginalisés, à la fois ouvertement et insidieusement, de bien des façons.
Permettez-moi de vous en donner quelques exemples. Premièrement, comme n’importe quel autre Canadien, nous, les habitants du Nord, attachons une grande importance à des services comme les services de santé. Mais dans le Nord, il est malheureusement souvent plus difficile d’avoir accès à des soins médicaux de base, surtout quand on compare notre situation à celle des habitants des villes. Nous avons moins de médecins; quant aux infirmières, c’est plus difficile de faire venir les mêmes personnes. Beaucoup de gens vont et viennent; ils s’installent pendant quelque temps, et puis ils repartent. Il est donc impossible de nouer des liens avec les gens qui vous soignent, au moment où vous en avez le plus besoin. Pour ce qui est des infrastructures médicales, les difficultés sont énormes. C’est vrai que dans les communautés du Nord qui relèvent de la province, on fait des efforts pour investir dans ce type d’infrastructures, et ce, de façon équitable. Mais il suffit de rouler quelques minutes en voiture pour se rendre compte que, plus loin, dans une communauté autochtone, qui relève du fédéral, la situation est tout à fait différente, et on comprend pourquoi les Premières Nations du Nord, en particulier, sont lésées par leur emplacement géographique et souffrent de racisme systémique.
Dans le domaine des services de santé, par exemple, les habitants du Nord doivent, à certains égards, faire face à plus de difficultés que les Canadiens du Sud. Il leur est difficile d’avoir accès à des services de santé. Il leur est difficile d’obtenir les fonds pour mettre en place l’infrastructure nécessaire. Quand on habite dans le nord du Canada — et tous ceux qui y sont allés l’ont constaté —, ça prend du temps pour se rendre d’un endroit à l’autre. Les communautés sont éloignées les unes des autres, et les populations sont éparses.
Toutefois, cela ne signifie pas que les gens n'ont pas à se déplacer. Ils doivent se déplacer régulièrement pour obtenir des soins de santé ou pour poursuivre leurs études. En fait, dans un bon nombre de collectivités que je représente, les jeunes doivent déménager dans des centres urbains pour poursuivre leurs études après la neuvième ou la dixième année. Les gens doivent se déplacer pour poursuivre des études postsecondaires, acquérir une formation ou rendre visite à leur famille. Ils doivent aussi se déplacer pour acheter des produits de première nécessité, comme par exemple des aliments et des produits auxquels ils n'ont pas accès ou qui sont trop chers dans leur collectivité. Par conséquent, les infrastructures qui relient ces collectivités jouent un rôle très important.
Je dirais que le plus grand écart qui existe dans le cas des habitants du Nord est lié au fait que les infrastructures dans le Nord canadien sont souvent moins bonnes que celles qu'on trouve dans le Sud. Les routes sont en gravier ou en mauvais état, mais il y a aussi le fait qu'un bon nombre de localités du Nord n'ont même pas de routes à proprement parler. Malheureusement, la constante dans tout ce dossier est l'inaction du gouvernement fédéral, voire la négligence dont celui-ci fait preuve pour ce qui est de créer des partenariats avec la province et les Premières Nations.
Ce qui est paradoxal, c'est qu'une très grande partie de notre richesse provient du Nord du Canada. Elle provient des collectivités que je représente et des territoires, à savoir le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon. En fait, cette richesse provient de tout le Nord du Canada grâce à l'exploitation minière, hydroélectrique, forestière. Ces ressources engendrent des revenus importants pour le gouvernement et les entreprises. Elles créent des emplois dans nos collectivités, mais souvent d'une façon temporaire ou sans qu'une formation soit prévue pour permettre aux gens d'avoir des emplois stables et à long terme, d'acquérir de l'expérience, d'améliorer leurs compétences et de pouvoir travailler à d'autres endroits. Malheureusement, il arrive souvent que cette richesse ne soit pas partagée avec les collectivités qui aident à la générer.
Je pourrais fournir moult exemples dans ma région, dans le Nord, où cette réalité est évidente. L'exemple le plus frappant est peut-être le fait qu'un grand nombre de Premières Nations vivent encore dans des conditions qui ressemblent à celles du tiers monde, même si elles sont à proximité de riches gisements miniers ou pétroliers. Les sociétés font des profits énormes avec ces gisements. Pourtant, rien ne prévoit que les Premières Nations à qui appartient le territoire sur lequel ces sociétés exercent leur activité doivent être incluses dans le processus, pour ce qui est tant des revenus que des avantages à long terme.
Cela m'amène à souligner que les gens du Nord sont les mieux placés pour parler de leur expérience. Ils savent qu'il faut corriger la situation qu'appuie le gouvernement fédéral et en vertu de laquelle les décisions sont prises à Ottawa et la richesse se retrouve souvent à Ottawa plutôt que dans les collectivités du Nord. Nous avons l'occasion de corriger cette situation, mais, malheureusement, ce n'est pas ce qui est fait à l'heure actuelle. Nous sommes en train de débattre de ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Les néo-démocrates l'appuieront à cette étape. Toutefois, nous avons dit très clairement que nous devons examiner les lacunes, plus particulièrement dans la façon dont le gouvernement fédéral continue malheureusement d'avoir une attitude paternaliste. Certains pourraient même être tentés de parler de « colonialisme », car c'est ce que ressentent très vivement les gens du Nord depuis quelques années.
Les néo-démocrates souhaitent faire en sorte que cette approche en matière de transfert des responsabilités — ce que souhaitent tant de gens dans les territoires — ne soit pas descendante, car elle sous-entend que le gouvernement fédéral ne croit pas que les gens des Territoires du Nord-Ouest peuvent se gouverner eux-mêmes ou prendre les décisions judicieuses qui s'appliquent à leur situation. Nous croyons que le gouvernement fédéral, qui a travaillé sérieusement sur ce dossier, doit maintenant passer à l'étape finale, c'est-à-dire faire en sorte que l'entente sur le transfert des responsabilités soit la plus avantageuse possible pour les gens des Territoires du Nord-Ouest. Il faut que cette entente tienne compte du fait qu'il appartient aux résidants, aux Premières Nations et au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest de prendre les décisions qui s'imposent pour améliorer leur sort et notre bien-être à tous.
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Monsieur le Président, le projet de loi est un des premiers projet de loi du gouvernement visant à revoir l'ensemble de notre approche sur la question du Grand Nord. Il est particulièrement important, parce que le Grand Nord est voué à devenir un des poumons économiques du pays, s'il ne l'est pas déjà.
Tout est à faire en ce qui a trait à l'infrastructure et au soutien à la population locale. Il nous faudra revoir l'ensemble des questions qui touche la population vivant sur ce territoire.
C'est bien normal pour cette population de vouloir que le développement économique des endroits où elle vit soit fait à son avantage avant tout, que ce soit sur le plan économique, environnemental, social ou structurel.
Le Canada devra faire d'énormes investissements en ce qui concerne la sécurité aérienne. Ces territoires sont tellement vastes que tout doit se faire par avion. Le transport aérien devient donc une donnée incontournable, et il sera essentiel d'en discuter à un moment donné.
Rappelons-nous que la circonscription de a les mêmes dimensions que l'Europe de l'Ouest.
Quand le député de veut visiter ses communautés, il ne peut le faire autrement que par avion. En outre, il ne peut pas espérer rencontrer les gens de toutes les communautés dans une même journée ni même dans une semaine. Il y a trop de petits villages isolés. Il doit trop souvent se déplacer.
La cartographie marine n'a pas été faite. On parle souvent du passage du Nord-Ouest, mais il est important de souligner qu'à titre de pays souverain, le Canada n'a pas encore cartographié son littoral arctique. Cela pose problème par rapport à la question de la souveraineté territoriale, particulièrement celle qui est contestée.
Rappelons-nous que le Danemark et les États-Unis contestent le droit de passage du Canada sur ses propres eaux. La Russie, les États-Unis et le Danemark ont élevé des contestations frontalières à propos de la zone d'économie exploitable des 200 milles marins. Ce sont des éléments sur lesquels le gouvernement devra se pencher.
Le projet de loi traite spécifiquement du transfert de certains pouvoirs du gouvernement fédéral au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest.
Le NPD salue et approuve ce premier geste qui est important. Nous espérons qu'il ne sera pas le dernier. Il vise à permettre à ces populations de se prendre en main. C'est bien normal. Les élus locaux, élus par la population, sont les mieux à même de comprendre les problèmes et les difficultés spécifiques liées au logement, à l'infrastructure, à l'accès à l'eau potable, aux institutions d'enseignement et à la préservation de leur culture. Tout cela est quand même assez important. En ce sens, il est vrai que nous appuyons ce premier geste.
Nous espérons bien sûr pouvoir présenter des amendements. Nous espérons être écoutés par l'ensemble des membres du comité, pour que les recommandations soient acceptées selon leur mérite, et non pas en fonction d'une ligne de parti qui fait trop souvent en sorte qu'on oublie d'être à l'écoute des gens qui témoignent devant le comité.
Les Territoires du Nord-Ouest sont les mieux placés pour savoir comment leurs ressources devraient être utilisées et ils devraient être l'autorité finale sur le mode d'exploitation.
Ces gens devront se poser les questions suivantes: doit-on vider une mine en 10 ans ou l'exploiter de façon plus graduelle sur une période de 50 ans, pour permettre à la communauté locale de mieux en profiter?
Quel sera le traitement des déchets produits par l'exploitation de ces ressources naturelles? Ces questions les intéressent particulièrement. Ils ne veulent pas avoir un petit gain immédiat pour recevoir un énorme déficit environnemental, générationnel et financier plus tard.
Je crois sincèrement que, si tous les élus de ce Parlement se retrouvaient dans leur province à expliquer ce projet de loi, ce dernier ne passerait pas. On n'accepterait pas que nos provinces respectives soient limitées comme ce projet de loi l'implique.
Je rappelle que le transfert des autorités et des revenus découlant de l'exploitation des territoires a une limitation majeure. Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest conservera jusqu'à un maximum de 50 % des revenus provenant du développement des ressources des terres publiques, et le gouvernement du Canada conservera le reste. D'une part, on dit qu'ils n'ont droit qu'à 50 % des retombées, et d'autre part, qu'ils pourront recevoir un niveau maximum déterminé.
J'aimerais savoir lequel d'entre nous accepterait que le gouvernement de sa province reçoive une pareille limitation. Je peux garantir que la réponse de la Colombie-Britannique jusqu'à Terre-Neuve serait un non catégorique. C'est probablement l'élément le plus discutable. Heureusement, ce n'est qu'une première loi. Dans cinq ans, elle sera accompagnée d'autres lois ainsi que d'une révision de l'ensemble de notre approche dans le Grand Nord vis-à-vis les communautés des Premières Nations.
J'indique tout de suite à la Chambre que ces gens n'accepteront pas de n'avoir qu'une fraction de l'ensemble de la part du gouvernement. S'ils ont droit à la démocratie, ils y ont droit entièrement et totalement. Leurs infrastructures doivent être conçues en fonction de leurs besoins. Quant aux lignes de transport aériennes et aux centres de distribution, ils les veulent chez eux, car ils veulent que ces emplois se créent chez eux. C'est normal, car ce sont de bons emplois, de même que les emplois dans les mines.
Actuellement, la pratique commerciale, c'est d'établir une mine et un centre de résidence, pas un village ni des hôpitaux, mais un immense hôtel où les employés travaillent à la mine pendant deux semaines et prennent l'avion ensuite pour retourner chez eux à Montréal, à Sept-Îles, à Toronto ou à Windsor pendant deux autres semaines.
De cette façon, les gens du Nord n'ont pas ces emplois et n'en profitent absolument pas; tout est envoyé par avion ou par bateau à partir des grands ports de Montréal, de Vancouver et d'Halifax ou des grands aéroports de Toronto, de Winnipeg et d'Edmonton. Pour eux, quel est l'avantage? Mis à part le fait de voir le minerai sur des bateaux leur passer sous le nez, l'intérêt n'est pas là.
Nous allons donc soutenir ce premier geste, car il est intéressant et donne enfin, au moins, l'autorité à ce gouvernement de pouvoir assumer et définir lui-même les intérêts de sa population locale.
J'aimerais faire remarquer à la Chambre que le phénomène du réchauffement climatique se trouve aussi dans le Grand Nord. D'ailleurs, et l'ensemble des météorologues s'entendent pour le dire, il n'y a aucun endroit dans le monde où le réchauffement climatique provoque des changements aussi importants que dans l'Arctique canadien. Le réchauffement climatique provoque même la destruction de l'infrastructure. Si on pose une route sur le pergélisol alors que celui-ci fond, la route sera détruite.
Je remercie cette assemblée de m'avoir entendu et j'espère qu'elle entendra d'une oreille tout aussi attentive les recommandations des témoins.
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Monsieur le Président, je suis très fier de prendre la parole au nom des citoyens de au sujet de cet important projet de loi, le , qui traite du transfert de responsabilités et du développement continu du Grand Nord.
Comme je représente une région du Grand Nord de l'Ontario, je comprends vraiment l'importance du transfert de responsabilités aux communautés et régions qui sont très différentes du reste du Canada, afin que celles-ci disposent des outils nécessaires pour progresser.
Malheureusement, le gouvernement a échoué sur tous les plans pour ce qui est de s'attaquer aux problèmes du Grand Nord. Dans ma propre région, nous assistons à une défaillance totale de l'infrastructure dans une communauté après l'autre, dans le Grand Nord. Les conservateurs ont une attitude très colonialiste. Ils veulent les ressources et ils les veulent le plus vite possible. Ils traitent les gens qui vivent là-bas comme s'ils étaient asservis.
Je vois aussi comment ils bousillent des projets, parce que leur idée d'aller vite, c'est d'essayer d'obtenir ce qu'ils veulent le plus rapidement possible sans réfléchir au besoin de développer l'économie de manière durable ou cohérente, pour le long terme. Je dénonce le bousillage du projet du Cercle de feu.
Le Cercle de feu se trouve dans ma région, . C'est peut-être l'une des plus grandes découvertes minières du dernier demi-siècle, d'une valeur de 3,3 milliards de dollars à l'heure actuelle. Il est nécessaire et important de bien faire les choses car nous avons vu à quel point il arrive souvent que les dossiers dérapent.
Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec la députée de .
Dans ma propre région, où j'habite, à Cobalt, je vois des lacs empoisonnés. Je vois toute la richesse qu'on a enlevée dans les communautés comme Cobalt. Il ne reste plus une seule route goudronnée dans tout le canton de Coleman, qui fut à une époque la municipalité la plus riche de tout le Canada. J'ai vu le sol qui s'est affaissé là où des mines ont été abandonnées. Je vois cela partout dans le Nord de l'Ontario et du Québec.
L'idée était qu'on prendrait les ressources et qu'on laisserait ensuite les collectivités se débrouiller. J'envisage le dossier du transfert de responsabilités sous l'angle de l'entente de partage des revenus. Dans le grand nord de l'Ontario, toutes nos ressources vont à Queen's Park. Nous avons l'une des plus riches mines de diamant au monde juste à côté de la petite communauté misérable d'Attawapiskat. Toutes les redevances de cette mine vont à Queen's Park, pendant que les gens d'Attawapiskat vivent dans des cabanes empilées les unes sur les autres. Ils n'ont même pas assez d'espace pour construire un village digne de ce nom. Il leur faudrait obtenir la permission de la province. Si l'on interrogeait les autorités de la province de l'Ontario au sujet d'Attawapiskat, on nous dirait que cela ne relève pas de la responsabilité de l'Ontario, parce que ces gens-là relèvent des autorités fédérales. Bien sûr, le fédéral a manifesté une absence totale d'intérêt envers Attawapiskat.
C'est extraordinaire, personne d'autre n'habite là-bas, à part les Cris de Mushkego. Ils n'ont même pas accès à leurs propres terres. Comme me l'a dit une femme de Kashechewan, c'est comme grandir dans un camp de prisonniers de guerre dans sa propre collectivité. On trouve là-bas de minuscules localités, tandis que les immenses ressources qui les entourent sont régies par la province, laquelle s'empare des ressources et les envoie dans le Sud de l'Ontario, où les routes sont asphaltées. Le dossier du transfert de responsabilités et du développement des collectivités, nous le comprenons vraiment bien.
Pour revenir au Cercle de feu, le ministre de Muskoka devait être notre grand leader dans ce dossier. Il devait être celui qui mènerait le projet à bon port, tout comme il a fait tout le reste autour d'ici, mais Cliffs a laissé tomber le projet. Les gens de la société ont dit qu'ils en avaient assez de l'absence d'action, du manque de planification. Les communautés des Premières Nations sont encore à la table, affirmant qu'il faut régler les problèmes environnementaux. Qu'est-il arrivé au grand leadership du député de ? Il hausse les épaules et dit que cela relève de la province.
Ce n'est pas ce que les conservateurs disaient il y a quelques mois; à ce moment-là, ils semblaient vouloir s'approprier la gloire du Cercle de feu. Nous signalons que le dossier du Cercle de feu est d'une importance vitale pour le développement du Nord de l'Ontario. Il doit s'agir d'un développement durable, planifié. Il faut faire en sorte que les rivières et les lacs ne soient pas pollués, construire un bon réseau routier et de transport, travailler de concert avec l'Ontario Northland Railway pour construire un chemin de fer dans la région, garantir la durabilité. Le fédéral a déguerpi. Il a failli à la tâche.
Une motion a été présentée à un comité, demandant qu'on se penche sur le dossier du Cercle de feu, pour savoir ce qui s'est passé. Mais les conservateurs exigent le huis clos et torpillent l'examen du Cercle de feu; ce sont pourtant les mêmes hommes et femmes qui se disent les défenseurs du développement des ressources et qui affirment comprendre l'économie. Or, c'est seulement lorsqu'ils bousillent tout qu'ils comprennent vraiment.
Je m'intéresse beaucoup au dossier du transfert des responsabilités, mais d'autres questions ont été soulevées et sont très préoccupantes. Il y a notamment la modification de la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie, qui créerait un processus d'évaluation environnementale pour les Territoires du Nord-Ouest. La modification consiste à remplacer l'actuelle structure des offices des terres et des eaux, qui ont été créés dans le cadre des accords définitifs sur les revendications territoriales avec les gouvernements autochtones des Territoires du Nord-Ouest, par un seul office centralisé.
Or, voici ce qui cloche. La modification confère au ministre fédéral le droit d'approuver toutes les utilisations des terres et des eaux dans les Territoires du Nord-Ouest, ce qui pourrait facilement annuler les pouvoirs transférés aux communautés des Premières Nations. Se trouve-t-il un seul Canadien qui ferait confiance à un seul ministre du gouvernement conservateur quand il s'agit de la gestion de l'eau ou des terres?
Voyons ce que les conservateurs ont fait dans leur dernier projet de loi omnibus. Ils ont éliminé la protection environnementale de 99,997 % de tous les lacs et rivières de notre pays. Pourquoi? Pour pouvoir y faire passer des pipelines plus rapidement, pour ne pas avoir à s'inquiéter de la fermeture des valves et pour pouvoir traverser n'importe quel plan d'eau.
C'est drôle. Il reste seulement 97 plans d'eau qui sont encore protégés dans notre pays. Partout ailleurs, ces gens-là peuvent faire ce qu'ils veulent. Si quelqu'un veut déverser des résidus dans un plan d'eau ou y mettre un pipeline, libre à lui de le faire. Des 97 lacs et rivières qui sont protégés, 12 se trouvent dans la circonscription du ministre de Muskoka. Le lac Rosseau, où Goldie Hawn se trempe les pieds durant l'été, est une propriété protégée. Douze lacs de sa circonscription sont protégés.
Les députés savent-ils combien de cours d'eau sont protégés au Québec? Seulement quatre. Dans l'immense région du Québec, quatre cours d'eau sont protégés. Le député de en a choisi 12 pour être en bons termes avec ses riches amis du chalet; peut-être vont-ils l'inviter à un barbecue, et obtiendra-t-il un autographe de Jeff Bridges. Douze lacs, c'est-à-dire autant que les conservateurs en ont réservé pour toute la province de Colombie-Britannique.
Voilà un gouvernement qui a fait de la protection et de la planification environnementales une véritable farce, et c'est pourquoi le Canada est de plus en plus considéré comme un marginal sur la scène internationale. Les libéraux et les conservateurs rivalisent à Washington pour faire la promotion de l'oléoduc Keystone XL,mais le gouvernement et le troisième parti passent, à l'étranger, pour ceux avec qui personne ne veut traiter. Le gouvernement a systématiquement sapé les normes environnementales et s'en est débarrassé, de façon que ses amis du secteur pétrolier obtiennent ce qu'ils veulent sans délai, et tant pis pour la planète.
Nous souhaitons le transfert des responsabilités, mais nous ne voulons pas que quiconque, de l'autre côté de la Chambre, vienne se mêler de l'aménagement des cours d'eau et de l'environnement dans le Grand Nord. Nous savons bien que pour les conservateurs, il faut toujours que tout aille le plus vite possible, et tant pis pour la prochaine génération.
Revenons-en aux lacs, aux rivières et à leur importance. Notre ami, le ministre de Muskoka, qui a fait échouer le projet du Cercle de feu, est également celui qui a permis à Vale et à Xstrata de prendre le contrôle des deux plus grandes compagnies minières que le Canada ait produites, les géants internationaux Inco et Falconbridge, qui ont été terrassés sous ses yeux.
Ce député, qui a choisi de protéger 12 lacs sur 100 dans l'intérêt de ses riches amis, n'est-il pas celui qui a pris 50 millions dans les fonds destinés aux infrastructures frontalières, qui auraient dû servir à lutter contre les gangs et le trafic d'armes transfrontalier? Qu'est-ce qu'il en a fait? Il s'en est servi pour faire construire des phares factices à Muskoka. Évidemment, l'opération n'a pas laissé de traces écrites.
Normalement, ceux qui prennent de l'argent ainsi et le dépensent de façon aussi scandaleuse se font éjecter. Au gouvernement, les gens qui agissent de façon aussi répréhensible ont une promotion. Aujourd'hui, le député en question est , c'est-à-dire celui qui veille à ce que chacun rende compte de son budget. On le voit rudoyer les pauvres fonctionnaires, les accuser de mille maux, et s'en prendre à eux et à leurs pensions.
Voilà quelqu'un qui a pris 50 millions de dollars et qui n'a pas la moindre pièce justificative pour montrer ce qu'il en a fait. Évidemment, on a trouvé des papiers en quantité dans son bureau, mais il a prétendu qu'il n'y en avait pas. Nous avons réussi à en trouver grâce à la Loi sur l'accès à l'information.
Nous ne voulons pas que les gens comme lui viennent se mêler de planification environnementale. Au contraire, il faut les en tenir à l'écart. Il faut dresser des barrières pour qu'ils ne puisent pas s'en mêler.
Pour nous, le transfert des responsabilités est très important, mais il doit être fondé sur le principe voulant que ce soit les locaux, les gens du Grand Nord, qui décident ultimement de ce qui doit se faire dans leur région.
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Monsieur le Président, plusieurs députés du gouvernement et un député du troisième parti ont parlé du projet de loi . Nous nous entendons probablement tous sur le fait que le transfert de pouvoirs supplémentaires aux Territoires du Nord-Ouest est une bonne chose.
Toutefois, je tiens à prendre la parole aujourd'hui, car à mon avis, le transfert de pouvoirs aux territoires est une chose importante qu'il faut souligner. Alors, je veux commencer par saluer les citoyennes et citoyens des Territoires du Nord-Ouest, et plus spécialement les cinq gouvernements autochtones qui font partie de ce processus. Il s'agit des Inuvialuit, de la Nation métisse des Territoires du Nord-Ouest, du secrétariat Sahtu, du Conseil tribal des Gwich'in et du gouvernement tlicho.
Je travaille en étroite relation avec la Première Nation Atikamekw de Manawan. Le respect de la gouvernance autochtone est primordiale. Bien qu'il s'agisse de situations distinctes, je trouve intéressant de voir comment cette législation peut procéder à un transfert de responsabilités sans heurt et au bénéfice de tous.
Je vais donc expliquer les raisons qui me poussent à appuyer ce projet de loi, tout en mettant en lumière quelques petites zones d'ombre qui devront être étudiées plus en profondeur par la suite. Quand on modifie une constitution, ce n'est jamais simple. Pourtant, dans le cas des territoires, qui ne bénéficient pas de la même autorité qu'un gouvernement provincial, cela s'avère nécessaire.
C'est surtout le cas au moment où l'affirmation territoriale du Canada se fait sentir de plus en plus dans le Nord. La moindre des choses est d'accepter les habitants des Territoires du Nord-Ouest en toute égalité avec les autres Canadiens.
La dernière dévolution de pouvoirs aux Territoires du Nord-Ouest est survenue en 1980, quand on a procédé au transfert des compétences en matière d'éducation, de soins de santé, de transport et de ressources renouvelables, à savoir, le bois et la faune.
Toutefois, pour que cette dévolution soit plus qu'un héritage de l'indirect rule britannique, il allait falloir encore beaucoup plus. En effet, il s'agit ici de transferts de pouvoirs visant à faire fonctionner les Territoires du Nord-Ouest avec le plus d'autonomie possible, malgré les conditions d'éloignement.
Le projet de loi présentement à l'étude va un peu plus loin, en transférant aux Territoires du Nord-Ouest l'administration et le contrôle des terres publiques, des ressources et des droits relatifs aux eaux.
Les gouvernements autochtones nommés plus tôt, de même que le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, ont signé une convention sur ce transfert de pouvoirs, le 25 juin dernier, avec le gouvernement canadien. Maintenant, il s'agit pour nous d'aller de l'avant.
La situation dans les Territoires du Nord-Ouest n'est aucunement comparable à celle que connaissent les citoyens et citoyennes des provinces. À tire de comparaison, j'ai presque eu un choc culturel en prenant contact avec les Atikamekw de Manawan, qui habitent à l'extrême nord de la circonscription de Joliette. Nous partageons un même pays, et pourtant, leur administration est tellement différente.
Dans le cas des Territoires du Nord-Ouest, cette politique asynchrone se manifeste encore aujourd'hui par le fait que le territoire ne reçoit pas de revenus du développement des ressources et doit compter sur les transferts fédéraux pour la prestation de programmes et services. On peut qualifier cette situation de dépendance pure et simple.
Grâce à la convention signée en juin dernier, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest pourra conserver 50 % des revenus provenant de l'exploitation des ressources en terres publiques. Il y aura un maximum à ces revenus et le Canada conservera le reste. La convention permettra aussi au gouvernement des Territoires du Nord-ouest de prélever des revenus sur l'exploitation pétrolifère.
Par contre, et là encore, il y aura un maximum de revenus et les excédents seront retenus sur les transferts fédéraux.
Puisque ces revenus sont issus de l'exploitation de ressources, je ne vois pas vraiment de mal à ce que le gouvernement se rétracte quand les revenus marginaux basés sur les besoins de la province seront atteints; je dis bien, « quand les besoins seront atteints. » Indirectement, cela permet un transfert de la richesse produite par cette exploitation.
Or comme je le disais à l'instant, un tel projet de loi n'est pas simple. Dans le cas du projet de loi , 42 lois seront modifiées, un vrai projet de loi mammouth. En outre, le Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord a reçu en novembre le sous-ministre d'AADNC. Ce dernier a confirmé que le projet de loi C-15 allait, entre autres, toucher la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie.
Je vais prendre la peine de parler de cette modification, car elle a fait l'objet de certaines critiques, notamment de la part du Conseil tribal des Gwich'in et du gouvernement tilcho.
La modification de cette loi viserait donc à transformer la structure actuelle des conseils régionaux pour les terres et les eaux, créés dans le cadre de conventions définitives sur les revendications territoriales des gouvernements autochtones. Cette structure serait remplacée par un conseil unique.
De même, les modifications accorderaient au ministre fédéral le pouvoir d'approuver toutes les utilisations de terre et d'eau dans les Territoires du Nord-Ouest, ce qui reviendrait à dire que le transfert de pouvoirs auquel nous travaillons serait mis en danger. C'est à tout le moins ce que certains ont senti, et, en tant que néo-démocrate, je ne peux qu'encourager une prise de décision par les conseils régionaux.
Or puisque le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest s'est finalement rallié à ce projet de modifications, et aussi parce qu'elles seront mises à l'examen dans cinq ans, ce qui sera à surveiller, je veux bien donner mon appui quand même.
En outre, lors de la révision, il sera possible d'évaluer la possibilité de transférer d'autres pouvoirs aux Territoires du Nord-Ouest, dont celui de modifier cette loi. À mon sens, cela permet d'éviter certaines craintes.
Toutefois, j'aimerais faire un petit commentaire général sur cette tendance du gouvernement conservateur à concentrer le pouvoir dans le moins de mains possible et à donner plus de pouvoirs à des ministres qui, ironiquement, ont de moins en moins leur mot à dire dans leur propre caucus. Je profite donc de la tribune qui m'est offerte aujourd'hui pour demander à ce que de telles manoeuvres ne deviennent pas la norme.
En ce qui concerne les préoccupations que certains groupes ont encore au sujet de la modification de la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie, je tiens à dire que de ce côté de la Chambre, nous allons tenir compte de ces préoccupations lors de l'examen de ces modifications en comité.
L'objectif — et je pense que nous le partageons tous ici, même si certains ne voient aucune nécessité d'en parler — est de faire en sorte que le projet de loi respecte les attentes des citoyens et des citoyennes des Territoires du Nord-Ouest. Là-dessus, jusqu'à preuve du contraire, nous sommes tous d'accord.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec mon collègue de , un député qui représente un comté du Nord. Il apportera certainement un point de vue intéressant à ce débat.
D'entrée de jeu, je pense qu'il est important de souligner le travail considérable, voire extraordinaire, de mon collègue de , le député qui représente les Territoires du Nord-Ouest. En effet, c'est un très grand territoire, un grand comté. Quand je compare la grandeur de ma circonscription à la sienne, je me rends compte à quel point c'est impressionnant d'avoir un si vaste territoire à représenter et de si bien le faire. Je le souligne d'entrée de jeu parce que pour lui, et pour nous tous, c'est un projet de loi très important.
Avant d'entrer dans les détails je vais faire marche arrière et examiner les circonstances dans lesquelles on se trouve.
J'ai certainement plusieurs collègues, autant conservateurs que de mon propre parti, qui ont souligné la situation constitutionnelle dans laquelle on se trouve.
Au Canada, les ressources naturelles représentent un dossier intéressant. Il y a un partage de pouvoir, mais il y a aussi le pouvoir que les provinces détiennent sur leurs ressources. Cela a créé une situation intéressante, parce que de plus en plus, et maintenant en 2013, on se trouve dans une situation où les questions énergétiques et de ressources naturelles sont très importantes, non seulement pour nous tous, mais aussi à l'échelle internationale.
On parle beaucoup de pipelines et d'exploitation de différentes ressources. Au Québec, des débats importants, intéressants et essentiels ont actuellement lieu sur ces différents dossiers, que ce soit la question liée aux gaz de schiste ou celles reliées aux pipelines.
La division des pouvoirs concernant la gestion des ressources naturelles nous préoccupe énormément. Malgré le fait que les pouvoirs constitutionnels aient été divisés d'une certaine façon à l'époque, je pense que poursuivre dans cette direction et déléguer plus de pouvoirs aux Territoires du Nord-Ouest est très important. C'est une initiative qu'on appuie, bien évidemment.
C'est la première fois depuis 1980, si je me souviens bien, qu'on voit une délégation de pouvoirs additionnels de la part du fédéral aux Territoires du Nord-Ouest. On est très heureux de voir ça.
Cela étant dit, je pense qu'il y a des préoccupations très importantes à prendre en compte. J'ai parlé des préoccupations énergétiques. Le projet de loi , par exemple, a apporté beaucoup de changements à l'évaluation environnementale de différents projets.
Dans ce genre de contexte, je pense qu'il sera important lors de l'étude en comité de mieux comprendre ce projet de loi, et de savoir quels pouvoirs seront dans les mains des Territoires du Nord-Ouest et lesquels seront encore dans les mains du fédéral, directement ou indirectement.
À première lecture, il semble qu'il y ait certaines entourloupes dans le projet de loi, mais ce n'est pas tout à fait clair. C'est là que l'étude en comité sera important. Dans un esprit de positivisme, je pense que le gouvernement a de bonnes intentions dans ce projet de loi.
Lorsque le projet de loi sera envoyé en comité, il y aura des questions à se poser pour savoir exactement comment seront divisés les pouvoirs et pour s'assurer qu'il n'y a pas d'entourloupes qui permettront au fédéral de garder la mainmise sur certains aspects liés aux choix de projets, notamment en ce qui concerne l'exploitation de ressources naturelles, de même que les redevances.
Ce sont des questions très complexes. Plusieurs de mes collègues pourront en parler mieux que moi. J'ai entendu mon collègue le secrétaire parlementaire dire que c'est important que les gens de Toronto et de Montréal n'imposent pas leur façon de faire aux Territoires du Nord-Ouest. Malgré que je sois un député de la banlieue de Montréal, je suis entièrement d'accord avec lui. En tant que député québécois, je suis très bien placé pour comprendre la relation qui peut exister entre le fédéral et nos communautés, la division des pouvoirs, l'importance d'une relation respectueuse, ainsi que la volonté de s'assurer d'être dans une situation où on ne nous dit pas quoi faire.
À cet égard, je peux comprendre cette préoccupation. Il est important qu'on prenne tous la parole au sujet de la gestion des ressources naturelles, peu importe la région d'où l'on vient, car cette question connaît de moins en moins de frontières.
Toutefois, cela ne veut pas dire qu'il faut laisser tomber le principe voulant que les provinces, et les territoires, dans ce cas-ci, aient un mot à dire et détiennent la responsabilité de la gestion des ressources naturelles. Nous comprenons que le fédéral ait un rôle à jouer, dans la mesure où ces dossiers touchent tout le monde.
Parlons des pipelines. Dans mon comté, l'oléoduc Portland-Montréal passe en-dessous de la rivière Richelieu. Ce dossier est extrêmement préoccupant pour les citoyens de ma circonscription, mais on sait très bien qu'il ne s'arrête pas aux frontières de ma circonscription.
En gardant cela à l'esprit, nous devons avoir un débat sain sur ce dossier pour bien comprendre le projet de loi. Nous devrons également en faire une étude saine et complète en comité, en tenant compte des préoccupations des témoins. Ceux-ci auront certainement un point de vue intéressant à partager.
En parlant de point de vue intéressant, je profite de l'occasion pour souligner le travail de notre caucus en ce qui concerne le développement du Nord et la protection des droits des gens de ces communautés.
Par exemple, hier, j'écoutais le discours du député d', lors du débat sur le projet de loi . Il a un point de vue extrêmement pertinent et intéressant, étant donné le rôle qu'il a joué dans les négociations entre le gouvernement cri, le gouvernement du Québec et le gouvernement canadien portant sur les traités qui ont été signés au cours des dernières décennies.
Chez nous, au Québec, on a fait un travail historique à la baie James sans tenir compte des couleurs politiques. Lorsqu'on pense au travail que le gouvernement du Québec a fait au début des années 2000, on comprend l'importance du dialogue de nation à nation, et même entre trois nations, si on ajoute la nation québécoise comme troisième joueur.
Il y a de l'espoir en ce qui concerne ce projet de loi. C'est un bon début que le gouvernement entretienne un dialogue avec les Premières Nations, ainsi qu'avec les gens des Territoires du Nord-Ouest. À mon avis, cela est extrêmement important. Il s'agit d'une question constitutionnelle complexe, intéressante et importante.
Dans mon argument précédent, je parlais de mon collègue d', mais le NPD compte également d'autres députés. Dans le Nord de l'Ontario, je pense notamment aux députés de , de , d' et à tous mes collègues qui s'y trouvent. Ceux-ci connaissent l'importance de ces dossiers, et je sais qu'ils amèneront un point de vue extrêmement pertinent et intéressant à ce débat.
Nous avons beaucoup de respect envers les gens de ces territoires. D'ailleurs, mon collègue de fait un travail impeccable dans ces dossiers. Par respect pour ces gens, il est important que nous participions tous à ce débat, car les questions reliées à l'énergie et aux ressources naturelles sont primordiales pour tous les Canadiens et tous les Québécois. Je pense aussi aux gens de ma circonscription. Il est essentiel pour nous de participer à ce débat.
J'espère que le gouvernement tiendra compte de ce qui sera dit en comité. Jusqu'à maintenant, le débat semble très sain. J'espère que cela se poursuivra en comité et qu'on pourra apporter des amendements, si cela s'avère nécessaire aux yeux des témoins, qui feront une évaluation du projet de loi sans doute très intéressante.
J'invite mes collègues à me poser des questions et je les remercie de leur attention.