Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait suivre la recommandation de la commissaire à la protection de la vie privée et rendre public le nombre de divulgations sans mandat qui ont été réalisées par les entreprises de télécommunications à la demande des agences et ministères fédéraux; et immédiatement corriger les lacunes qui ont permis la divulgation sans mandat des renseignements personnels de citoyens respectueux de la loi.
Monsieur le Président, j'aimerais dire que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de .
Je suis très heureuse de présenter aujourd'hui cette motion qui fait justice aux citoyens Canadiens. Cependant, je suis extrêmement déçue de devoir me lever encore une fois, afin de dénoncer ces actions hautement répréhensibles de ce gouvernement.
J'aurais cru qu'après trois ans, il aurait finalement compris. Cependant, encore une fois, le gouvernement a été pris la main dans le sac à espionner ses propres citoyens.
Que ce soit avec des affirmations ridicules comme, par exemple, si nous n'approuvions pas le projet de loi , nous nous rangions du côté des pédophiles, le gouvernement n'a cessé de tenter de minimiser l'impact sur la vie des Canadiens des mesures qu'il propose, tout en se pétant les bretelles et en insinuant qu'il propose des mesures raisonnables et nécessaires, ce qui a été prouvé faux par de nombreux acteurs impartiaux.
Le gouvernement conservateur a qualifié notre jugement de « conjectures et de peurs irraisonnées suscitées par des alarmistes » ou d'une hystérie de complots extravagants imaginés par le NPD. Après avoir été sérieusement critiqué par les citoyens, les médias, les groupes de droits et de liberté civils, ainsi que par des experts dans le domaine de la vie privée, le gouvernement nous a finalement écouté en retirant ces projets de loi ou en les laissant mourir au Feuilleton.
Cependant, nous devons encore lui rappeler que l'exploitation des données personnelles des Canadiens sans motif raisonnable et sans mandat est une violation majeure à leur droit à la vie privée. D'ailleurs, je ne suis pas au courant de la condamnation de 1,2 million de criminels suite à l'accès aux données personnelles en 2011.
La semaine dernière, de nouvelle révélations ont indiqué que les agences et les ministères gouvernementaux auraient demandé aux compagnies de télécommunication de partager des données personnelles avec eux, sans mandat. Pas une fois, pas cent fois, pas mille fois, mais 1,2 million de fois.
Nous dénonçons ce mécanisme hautement discutable puisqu'il n'y a aucune supervision législative qui permet de distinguer la validité des motifs indiqués par le gouvernement pour avoir accès à ces renseignements.
Je comprends et j'appuie, comme beaucoup de citoyens Canadiens, la nécessité des autorités responsables de notre sécurité d'avoir les outils à leur disposition afin de combattre le crime dans notre pays et pour que nous nous sentions en sécurité chez nous.
Cependant, comment justifier 1, 2 million de demandes en une seule année pour atteindre ce but? Cela a été le cas en 2011. Et ce, sans qu'il soit obligatoire d'expliquer pourquoi ces données étaient nécessaires ou dans quel cadre et comment elles seraient utilisées.
Quand je pense à la majorité des citoyens respectueux de la loi et qui pourraient être touchés par ces requêtes, je trouve inacceptable, révoltant et incompréhensible que ce gouvernement les traite comme des criminels.
[Traduction]
Les gouvernements libéraux et conservateurs antérieurs ont, pendant beaucoup trop longtemps, pris la vie privée des Canadiens à la légère et ce sont les Canadiens touchés par les milliers d'atteintes à la protection des données qui en paient le prix. Le fait que le gouvernement les espionne — comme s'ils étaient de vulgaires criminels, alors qu'ils n'ont rien fait de mal — est un autre coup de boutoir. La semaine dernière, le gouvernement a essayé de nous faire croire qu'il a présenté ces demandes pour des raisons de sécurité publique, mais examinons le cas de l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC.
Dans la réponse à ma question inscrite au Feuilleton, on constate — après avoir examiné le nombre de demandes présentées par l'ASFC en une année, qu'aucune ne concerne une situation d'urgence. Les 18 849 autres demandes ne concernaient pas non plus des situations urgentes. Seulement deux de ces demandes ont été présentées pour des raisons de sécurité nationale, mais aucune n'était liée à une alerte au terrorisme, au renseignement étranger ou à l'exploitation d'enfants. Il est donc difficile de croire le gouvernement lorsqu'il dit que ces millions de demandes ont été présentées pour des raisons de sécurité nationale, puisque les chiffres font état d'une tout autre histoire.
[Français]
Les Canadiens comprennent que les institutions chargées de faire respecter la loi ont besoin d'information pour identifier, attraper et juger les criminels. Toutefois, lorsqu'on apprend que le gouvernement sollicite des compagnies de télécommunications 1,2 million de fois par année pour obtenir les renseignements personnels des Canadiens, ce n'est plus simplement de l'échec au crime, c'est carrément de l'espionnage.
D'ailleurs, la très grande majorité des Canadiens respectent la loi. Il n'y a donc aucune raison qui justifie les tactiques d'espionnage massif menées par le gouvernement. Si le gouvernement canadien décide d'espionner ses propres citoyens, il devrait seulement le faire sur la base de doutes fondés et après l'obtention d'un mandat.
Si la loi permet un tel niveau d'espionnage sans mandat, il est urgent que la loi soit changée, et c'est ce que propose le NPD aujourd'hui. Si le gouvernement a besoin d'un mandat pour écouter les conversations téléphoniques d'un citoyen, la même norme devrait être appliquée aux activités que les Canadiens entreprennent en ligne.
[Traduction]
Nous comprenons qu'il n'est pas possible d'obtenir un mandat dans certaines situations extrêmement urgentes. Cependant, les données publiées la semaine dernière par la commissaire à la vie privée dépassent l'entendement: 1,2 million de demandes pour obtenir sans mandat des données sur des abonnés, c'est inacceptable et injustifiable.
[Français]
Au Canada, nous sommes très chanceux d'avoir un cadre judiciaire entourant l'obtention d'un mandat qui sert à protéger les Canadiens et à éviter les abus de la part des autorités. Malheureusement, il existe une lacune dans le système mis en place par les libéraux.
Aujourd'hui, on s'aperçoit que les conservateurs abusent de cette lacune pour espionner leurs propres concitoyens. Clairement, le gouvernement n'a plus le contrôle des procédures de divulgations d'informations effectuées sans mandat.
Comme je l'ai mentionné précédemment, l'espionnage mené par les conservateurs ne peut être justifié par des raisons de sécurité nationale. De plus, c'est fait en secret. La commissaire à la protection à la vie privée n'est même pas mise au courant.
[Traduction]
Si le gouvernement avait un motif réel et valable d'espionner les Canadiens, il pourrait sans problème avertir les Canadiens qu'il les espionne ou collaborer avec le Commissariat à la protection de la vie privée, et il renforcerait nos lois pour mieux protéger les Canadiens contre ce genre d'abus.
[Français]
On ne connaît ni les raisons, ni la fréquence ni l'historique de cet espionnage gouvernemental. Il est encore plus incroyable que les conservateurs tentent depuis longtemps d'élargir le cadre légal entourant les demandes d'information sans mandat. Si le gouvernement choisit d'espionner les Canadiens, cela doit être fait à partir de motifs valables seulement, sous supervision de la cour et dans des circonstances exceptionnelles.
Ce qui est encore plus aberrant que leur manque de volonté de protéger la vie privée des Canadiens, c'est leur incompréhension totale de l'ampleur du problème. En effet, ce n'est que la semaine dernière que le Bureau du Conseil privé a exigé que tous les ministères lui fournissent les détails sur le nombre de demandes de renseignements personnels qu'ils ont soumises aux diverses firmes de télécommunications ces trois dernières années.
Cela prouve que le gouvernement a tellement abusé de la lacune présente dans la loi qu'il a perdu le contrôle de ses ministères à cet égard.
[Traduction]
Comme on a pu le constater, les conservateurs sont incapables de protéger la vie privée des Canadiens. La Loi sur la protection des renseignements personnels remonte à 1983, avant l'arrivée d'Internet, et la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques n'a pas été mise à jour depuis 2000, soit avant l'ère des médias sociaux.
[Français]
Au lieu de renforcer les lois et de rendre le gouvernement plus responsable, les conservateurs vont à contresens. Au lieu de protéger la vie privée des Canadiens, les projets de loi et vont accroître la possibilité du gouvernement d'espionner ses citoyens. D'un point de vue éthique, c'est extrêmement problématique.
[Traduction]
Par l'entremise du projet de loi , le gouvernement allongerait la liste des gens autorisés à demander des données sur les abonnés, de sorte que même quelqu'un comme Rob Ford pourrait avoir accès à nos données personnelles. Notons aussi que cette mesure prévoit une immunité juridique en cas de divulgation volontaire des renseignements personnels et qu'elle augmenterait le nombre de situations dans lesquelles les données personnelles peuvent être divulguées.
[Français]
Comme si ce n'était pas suffisant, le gouvernement utilise l'argent des contribuables pour les espionner. En effet, les agences gouvernementales paient entre 1 $ et 3 $ aux compagnies de télécommunications pour chaque demande d'information. Cela signifie qu'au minimum, les contribuables canadiens ont payé entre 1,2 million et 3,6 millions de dollars pour se faire espionner. En effet, c'est un minimum, car seulement une minorité des compagnies de télécommunications ont divulgué la fréquence à laquelle elles fournissent l'information au gouvernement.
Si toutes ces demandes d'information étaient justifiées et si les compagnies de télécommunications ne craignaient pas de dévoiler leurs pratiques, je ne serais probablement pas ici en train de faire ce discours. Malheureusement, les conservateurs tentent tellement de camoufler leurs pratiques d'espionnage que c'est inquiétant.
À quoi servent les millions de renseignements personnels qu'ils obtiennent? Peuvent-ils même justifier l'importance de ceux-ci? Ce qui est certain, c'est que le gouvernement considère ces citoyens comme des criminels, car il les surveille à leur insu, comme s'il les suspectait de quelque chose. Cette motion défend le droit à la vie privée des citoyens respectueux de la loi et a pour objet de contrer les tentatives pernicieuses du gouvernement d'y accéder par la porte d'en arrière.
Depuis que je suis porte-parole en matière d'enjeux numériques, je me suis levée des dizaines de fois afin de souligner et de dénoncer la situation alarmante de l'état de nos lois concernant la protection de nos renseignements personnels. Les lois censées nous protéger adéquatement dans l'ère numérique devaient être révisées il y a des années et elles sont maintenant inappropriées pour protéger les citoyens et nos enfants.
[Traduction]
Depuis que je suis porte-parole en matière d'enjeux numériques, la Chambre a examiné non pas une mais bien quatre mesures législatives qui, au lieu de régler les problèmes, aideraient plutôt le gouvernement à espionner les gens.
Les Canadiens sont inquiets, et avec raison. Alors qu'ils connaissent Internet comme une zone où les discussions sociales et politiques peuvent être ouvertes et libres, tout cela est menacé par la surveillance de leur propre gouvernement. Les citoyens honnêtes devraient pouvoir utiliser Internet sans craindre d'être traités comme des criminels.
[Français]
Je demande à tous mes collègues de voter en faveur de notre motion afin de restaurer la confiance des Canadiens en ce qui concerne la protection de leur vie privée et de protéger Internet comme l'outil social et politique qu'il devrait être.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre la parole aujourd'hui sur cette question très importante. Le Nouveau Parti démocratique demande au gouvernement actuel de rendre des comptes aux Canadiens et de leur fournir des explications concernant les manoeuvres gouvernementales à grande échelle d'espionnage et d'ingérence dans l'utilisation que font les Canadiens d'Internet et de leurs téléphones cellulaires.
Nos demandes d'aujourd'hui sont tout à fait raisonnables. Nous voulons simplement que la commissaire à la protection de la vie privée du Canada, qui, en tant que haute fonctionnaire du Parlement, nous représente et représente le peuple canadien, ait les pouvoirs nécessaires pour veiller au respect des lois du pays.
Bien sûr, le gouvernement actuel fera tout son possible pour entraver le travail des hauts fonctionnaires du Parlement, car ils constituent pratiquement l'unique rempart contre les nombreuses attaques du Parti conservateur visant à miner les droits juridiques des Canadiens et même contre ses activités illégales.
On dit que les assises de la démocratie sont la transparence maximale de l'État et la protection maximale de la vie privée des citoyens. Mais, avec sa paranoïa et sa manie du secret, le gouvernement est parvenu à inverser les règles. Les trous noirs de l'administration conservatrice sont entourés d'une muraille de secret, tandis que les vies des citoyens canadiens sont soumises à la transparence maximale et ont fait l'objet de 1,2 million de demandes adressées aux entreprises de télécommunication l'année dernière.
C'est un chiffre conservateur, au sens premier et au sens où ce sont les conservateurs qui nous le fournissent, même si les entreprises de télécommunication ne prennent pas toutes la peine de répondre à la commissaire à la protection de la vie privée du Canada. C'est une tendance des plus troublantes.
Que veut dire ce nombre de 1,2 million de demandes? Ça signifie que, toutes les 27 secondes, un employé d'un organisme étatique que nous ne connaissons pas décide de s'adresser à une entreprise de télécommunication, pour des raisons et des motifs que nous ignorons, lui demande de l'information sur la vie privée de citoyens canadiens et l'obtient sans mandat.
Les excuses dont nous abreuvent les conservateurs à ce sujet reposent sur des mythes qu'il nous faut déboulonner.
Ils invoquent premièrement l'excuse du Bonhomme Sept Heures. Ils l'utilisent constamment. Le Bonhomme Sept Heures est là qui rôde dans les rues. Le député d' nous a dépeint sa circonscription l'autre jour comme si elle était tout droit sortie d'un film d'horreur. Les criminels et les terroristes violents sont partout qui nous guettent, alors les conservateurs doivent être capables de téléphoner à une entreprise de télécommunication sans délai pour recueillir toute l'information qu'ils veulent, au moment qui leur convient.
Des lois existent déjà, et il est assez simple d'obtenir de l'information si un crime violent se produit. Mais on essaie de nous faire croire que le Bonhomme Sept Heures est à l'affût et que le gouvernement doit l'arrêter.
Comment le gouvernement définit-il les terroristes?
Je crois qu'il convient de dire que nous assistons, avec toute cette histoire d'espionnage, à la revanche de Vic Toews. Les députés se souviendront qu'en février 2012, Vic Toews avait lancé la nouvelle stratégie antiterrorisme Renforcer la résilience face au terrorisme: Stratégie antiterroriste du Canada.
Le gouvernement allait s'en prendre aux terroristes, et notamment à l'extrémisme d'origine intérieure fondé sur des « revendications — légitimes ou illégitimes —portant sur la défense de diverses causes telles que les droits des animaux, [...] l’environnementalisme, et l’anticapitalisme ».
D'après la logique du gouvernement, tout opposant au projet d'oléoduc Northern Gateway est un terroriste potentiel. Par conséquent, le gouvernement peut décider de suivre ses déplacements, puisqu'il s'agit du Bonhomme Sept Heures.
La défense des droits des animaux. N'est-ce pas que c'est préoccupant? Cela inclut, par exemple, l'épouse du , qui nous dit qu'un millier de femmes disparues ou assassinées, c'est peut-être une excellente cause, mais nous sommes ici pour les chats abandonnés. Bon, le gouvernement n'espionne probablement pas l'épouse du premier ministre, mais en vertu de la stratégie, tout autre défenseur des droits des animaux est un terroriste potentiel et vaut la peine qu'on passe un coup de fil.
Les conservateurs prétextent également qu'ils ne font que demander ce qui constitue déjà la norme et prétendent qu'appeler une entreprise de télécommunications pour demander des renseignements personnels sur les Canadiens équivaut à consulter un annuaire téléphonique.
Selon la commissaire à la protection de la vie privée de l'Ontario, Ann Cavoukian, c'est de la foutaise. Voici ce qu'elle dit à propos de l'obtention ne serait-ce que des renseignements de base sur les abonnés tels que les données du fournisseur d'accès à Internet:
[...] contrairement à l'adresse municipale, le nom du client et l'adresse Internet permettent d'accéder à tous les détails sur son activité en ligne. Par conséquent, les renseignements sur l'abonné sont loin d'être l'équivalent moderne d'un annuaire téléphonique public. Il s'agit plutôt d'une clé qui permet d'accéder à un plus vaste ensemble d'informations sensibles.
Après cela, les conservateurs disent: « Ne faites-vous pas confiance à nos policiers? » Oui, nous leur faisons confiance. Par contre, nous savons aussi que ce qu'Ann Cavoukian a déclaré est vrai: les autorités canadiennes n’ont jamais fourni au public de preuves ni d’explications selon lesquelles les organismes d’application de la loi au Canada auraient eu de la difficulté à s’acquitter de leurs fonctions en raison de lacunes relatives aux mesures législatives actuelles. Dans leur lettre conjointe, les commissaires à la protection de la vie privée ont aussi indiqué au que « la capacité de surveillance de l'État de même que l'accès qu'a celui-ci aux renseignements personnels, et ce tout en réduisant la fréquence et la vigueur du contrôle judiciaire » est au coeur de la question.
Nous nous souvenons tous que Vic Toews a pris la parole à la Chambre et a dit aux Canadiens qui étaient préoccupés par le fait qu'on les espionnait peut-être qu'ils étaient pratiquement complices des adeptes de la pornographie juvénile s'ils osaient prendre leur défense. Cette déclaration absurde a suscité des réactions si virulentes que le gouvernement n'a eu d'autre choix que de faire marche arrière en ce qui concerne cette mesure législative. Pourquoi les conservateurs ont-ils manifesté l'intention de faire adopter ce projet de loi? Nous savons maintenant qu'ils essayaient de légaliser une pratique qui est maintenant courante. Il est illégal d'espionner les Canadiens en catimini comme ils le font. Il est illégal de recueillir ces renseignements sans mandat. C'est pour cette raison qu'ils ont présenté le projet de loi : ils voulaient tenter de régulariser cette situation. Nous nous souvenons tous que Vic Toews comptait sur certaines dispositions, dont la suivante — « Le ministre peut fournir au télécommunicateur l’équipement et les autres biens qu’il estime nécessaires pour lui permettre de se conformer [...] » — pour être en mesure d'espionner les Canadiens.
Cela semblait étrange comme demande à ce moment, mais comme nous avons pu constater avec la NSA et l'espionnage à grande échelle des citoyens américains et des citoyens ailleurs dans le monde, c'est exactement l'objectif que Vic Toews voulait atteindre, c'est-à-dire être en mesure de créer des sites miroir. Nous venons tout juste d'apprendre, grâce à la revue Der Spiegel, que la NSA a utilisé le réseau de câbles sous-marins entre l'Europe et les États-Unis pour savoir ce que les citoyens ordinaires faisaient sur Internet. Les conservateurs ont la même vision. Ils ont voulu légaliser cette capacité et ils n'y sont pas parvenus.
Les conservateurs font valoir des prétextes incroyables. Ils se rendent compte que l'approche adoptée par Vic Toews, soit accuser des Canadiens ordinaires de ressembler aux adeptes de la pornographie juvénile, n'a vraiment pas fonctionné, et ils veulent maintenant rassurer les Canadiens en leur disant qu'ils régleront la situation. Il ne fait aucun doute qu'ils la régleront. Ils la régleront non seulement pour pouvoir espionner les Canadiens, mais aussi pour permettre à tous ceux qui le souhaitent d'être en mesure de les espionner aussi. Ainsi, les entreprises pourront espionner les Canadiens, de même que tous les organismes qu'on appelle des autorités, à tort ou à raison.
Passons en revue quelques-uns des problèmes des projets de loi et . Selon Michael Geist, le projet de loi « étendrait énormément la divulgation sans mandat de renseignements personnels », car aux termes du projet de loi , « l’organisation peut communiquer des renseignements personnels à l’insu de l’intéressé ou sans son consentement si [...] la communication est faite à l’autre organisation ». Nulle mention des lois du pays, de la GRC ou d'unités de lutte contre le terrorisme, mais si une personne est en conflit avec une entreprise au sujet d'une obligation contractuelle, elle peut appeler son entreprise de télécommunication pour obtenir des renseignements concernant celle-ci à son insu.
Les conservateurs régleront manifestement le problème. Ils vont le faire en rendant l'espionnage à grande échelle de toutes nos activités parfaitement légitime pour toute entreprise qui prend la peine de demander à quoi d'aucuns s'emploient sur Internet.
Ce n'est pas tout. Prenons le projet de loi , qui permettra à un fonctionnaire public ou à un agent de la paix d'appeler une entreprise de télécommunications pour lui demander des renseignements; en échange de la communication de ces renseignements personnels, cette dernière obtiendra l'immunité juridique.
Un article intéressant du National Post mentionne que Rob Ford aura désormais le droit de faire ce genre de demande, car il est effectivement considéré comme un fonctionnaire public. En vertu de la loi, si Rob Ford veut savoir à quoi s'occupent ses voisins — s'ils mettent des bâtons dans les roues à des narcotrafiquants dont il est possiblement un ami —, il pourrait faire ces appels.
Le Code criminel définit les agents de la paix ou les fonctionnaires publics comme étant notamment des préfets de petites villes et des présidents de conseil de comté. Ces derniers, et même des personnes désignées en vertu de la Loi sur les pêches, pourraient obtenir des renseignements. Toutefois, il y a un autre élément qui est extrêmement important. Certes, il y a beaucoup d'espionnage à l'heure actuelle, mais en vertu des lois en vigueur, celui-ci doit se faire dans le cadre d'une enquête. Le gouvernement enlèverait la mise en garde qui qualifie ces activités d'espionnage. Si les conservateurs veulent aller à la pêche, s'ils veulent surveiller des gens, ils pourront le faire.
Il faut s'occuper de cette question. Le gouvernement en place épie les honnêtes citoyens et les traite comme des criminels. Il doit rendre des comptes de cette violation des droits des Canadiens.
:
Monsieur le Président, je suis fier et heureux d'intervenir aujourd'hui pour parler d'un sujet important: la vie privée des Canadiens et la sécurité publique.
Je partagerai mon temps de parole avec le vaillant député de .
[Français]
L'application des lois et la sécurité nationale sont des responsabilités essentielles de tout gouvernement, de même que la protection de la capacité des Canadiens respectueux de la loi à profiter de la vie sans ingérence de l'État. Le rôle du gouvernement, c'est de veiller à protéger les Canadiens et de s'assurer qu'il n'y a pas d'intrusion dans leur vie privée.
[Traduction]
Il est toujours important de respecter cet équilibre en veillant à ce que les forces de l'ordre disposent des outils nécessaires pour faire leur travail et à ce que les citoyens respectueux des lois continuent à être exempts de toute forme de harcèlement par le gouvernement. C'est dans cette optique que je peux assurer à la Chambre que le gouvernement et moi nous opposerons vivement à la motion présentée par la députée néo-démocrate de .
[Français]
Je vais m'opposer avec vigueur à la motion présentée aujourd'hui, puisqu'elle n'assure en rien la sécurité des données des citoyens et qu'elle affecte la sécurité des gens.
Notre gouvernement conservateur traite la protection de la vie privée des Canadiennes et des Canadiens qui respectent la loi avec la plus grande importance. En tout temps, les organismes gouvernementaux, y compris les responsables de l'application des lois et de la sécurité nationale, ont l'obligation de se conformer aux lois canadiennes, et ils le font.
[Traduction]
Ces organismes font l'objet d'une surveillance et d'un examen rigoureux et indépendants.
Le Service canadien du renseignement de sécurité, le SCRS, fait l'objet d'un examen minutieux par le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité. Ce comité surveille le SCRS et dispose de vastes pouvoirs pour examiner les décisions et exiger la production de documents.
De plus, le comité est composé de nombreux éminents Canadiens, dont un ancien député provincial néo-démocrate. Il peut également se targuer d'avoir compté dans ses rangs le nouveau premier ministre du Québec.
[Français]
Le nouveau premier ministre du Québec a été membre du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité du Service canadien du renseignement de sécurité. Tout comme d'anciens néo-démocrates, ce sont des citoyens canadiens qui ont la responsabilité de veiller à ce que l'agence qui donne des renseignements au gouvernement le fasse tout en respectant la loi.
La Gendarmerie royale du Canada est aussi assujettie à un examen par la Commission des plaintes du public contre la GRC. Ce sont des organismes indépendants créés par le Parlement, afin de veiller à ce que les plaintes publiques faites sur la conduite des membres de la GRC soient examinées de façon équitable et impartiale.
Ces deux organismes travaillent à faire en sorte que toutes les lois soient suivies et respectées. Nous avons même accru les pouvoirs de cet organisme de surveillance de la Gendarmerie royale du Canada. Malheureusement, nous n'avons pas pu bénéficier de l'appui des néo-démocrates. Les gens peuvent compter sur notre gouvernement conservateur quand vient le temps d'agir pour veiller à la protection de la vie privée des gens et à leur sécurité.
[Traduction]
Examinons maintenant le type d'information auquel le NPD, dans sa motion, ne veut pas que les organismes d'application de la loi aient accès.
Je signale que seuls les renseignements les plus élémentaires, tels que le nom et le numéro de téléphone, peuvent être divulgués.
Dans tous les cas, la divulgation de ces renseignements se fait de façon volontaire, c'est-à-dire que les entreprises peuvent refuser de coopérer à n'importe quel moment si elles estiment qu'une demande ne répond pas aux attentes de leurs clients.
[Français]
Cette information est essentielle à la compensation des victimes d'actes répréhensibles et lorsque vient le temps de déterminer des pistes viables dans une enquête. Je suis fier d'être responsable de la sécurité publique du Canada. Chaque année, notre ministère dévoile son rapport annuel sur la surveillance électronique.
[Traduction]
Je profite de l'occasion pour dissiper une idée fausse avancée par certains députés d'en face. Toute forme de surveillance radicale comme l'écoute électronique ou l'interception de communications pour en examiner le contenu, exige un mandat. Or, ce n'est pas l'objet du débat d'aujourd'hui. Le débat porte sur les numéros de téléphone, les noms et les adresses.
Je vais être clair. Il est aujourd'hui question de la divulgation volontaire de renseignements personnels aux organismes d'application de la loi par les entreprises privées. C'est ainsi que le modèle fonctionne. C'est une pratique courante au Canada, qui a cours depuis de nombreuses années. En effet, elle a été mise en place sous le gouvernement libéral précédent avec l'appui du NPD, et d'autres pays du G7 l'ont adoptée.
En plus d'assurer la protection de la vie privée des Canadiens, nous devons veiller à ce que la loi punisse, et sévèrement, les contrevenants.
[Français]
C'est pourquoi, depuis 2006, nous avons mis en place plus de 30 mesures visant à sévir contre les criminels. Souvent contre la volonté de l'opposition et faisant face à son obstruction, nous souhaitons que les criminels restent derrière les barreaux.
[Traduction]
Malheureusement, le NPD a voté contre ces mesures pleines de bon sens, dont voici quelques exemples: donner aux victimes plus de renseignements sur des criminels reconnus coupables, mettre fin à la libération conditionnelle anticipée pour les fraudeurs à cravate et les revendeurs de drogue, sévir à l'endroit des revendeurs de drogue qui ciblent les enfants. C'est la loi du Canada, et je suis fier d'avoir appuyé ces mesures avec mes collègues conservateurs. C'est pourquoi les Canadiens savent qu'ils ne peuvent compter que sur le gouvernement conservateur pour assurer leur sécurité.
Il est pour nous hautement prioritaire que les forces de l'ordre puissent faire leur travail, mais pour obtenir des renseignements, tout n'est pas permis.
[Français]
Le dirigeant de Bell Canada a récemment déclaré qu'il fournira aux agences d'application de la loi et à d'autres organismes autorisés des informations de base de la clientèle de style 411, telles que le nom et l'adresse, des informations considérées non confidentielles et réglementées par le CRTC. L'obtention de toute autre information et de tout ce qui touche à un numéro privé nécessite une ordonnance du tribunal.
Mes collègues vont parler également d'une mesure qu'on a mise en avant, un projet de loi visant à faire en sorte que le Canada entre de plain-pied dans l'ère numérique et qu'on protège la vie privée des Canadiens, tout en s'assurant que nos agences qui veillent à la sécurité des Canadiens peuvent obtenir des informations qui leur permettent de déjouer des complots et de protéger la vie des Canadiens.
C'est un peu paradoxal que nous débattions aujourd'hui d'une motion qui vise à restreindre le pouvoir et la capacité des agences de veiller à la protection des Canadiens, alors qu'elles doivent respecter la loi.
[Traduction]
Je suis fier d'affirmer que le Canada est plus sûr et plus prospère et que c'est un meilleur endroit pour élever une famille qu'avant notre accession au pouvoir en 2006. Il a été clair, au cours de ces années, que le gouvernement a à coeur de protéger les victimes. Il est déterminé à garder les criminels derrière les barreaux, mais il veut aussi protéger la vie privée des Canadiens. C'est pourquoi j'appuierai le projet de loi qui fera entrer le Canada dans l'ère numérique, mais je m'opposerai à cette motion.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui, afin de souligner les mesures prises par notre gouvernement pour protéger la vie privée des particuliers.
Tout d'abord, j'aimerais discuter du projet de loi , Loi sur la protection des renseignements personnels numériques. Ce projet de loi vient modifier de façon importante la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques. Ces changements visent expressément à fournir de nouvelles protections pour les Canadiens lorsqu'ils naviguent sur Internet ou font des achats en ligne. Depuis son adoption à la Chambre en 1999 et sa mise en oeuvre en 2001, aucune modification à cette loi n'a été apportée par le gouvernement ou proposée par l'opposition. Les nouvelles mesures contenues dans le projet de loi S-4 visent à mieux protéger les renseignements personnels des Canadiens.
Permettez-moi de donner un bref aperçu de la Loi sur la protection des renseignements personnels et documents électroniques. La LPRPDE est la principale mesure législative qui établit les règles que doivent respecter les entreprises privées lorsqu'elles recueillent, utilisent et communiquent des renseignements personnels. De quelle sorte de renseignements personnels s'agit-il? On pense notamment au nom, à l'âge, à l'information bancaire, aux antécédents d'achat, etc.
Nous savons que de nombreuses entreprises et organisations recueillent ce genre de renseignements dans le cadre de leurs activités quotidiennes. Bien sûr, ce qui est à craindre, c'est la façon dont ces renseignements peuvent être utilisés s'ils tombent dans de mauvaises mains. Dans le pire des cas, ils peuvent servir à commettre des fraudes, des vols d'identité ou d'autres formes d'actes préjudiciables. Pour lutter contre ce genre d'actes malveillants, la Loi sur les renseignements personnels numériques mettrait en oeuvre des règles plus sévères afin de protéger la vie privée des Canadiens.
La protection des Canadiens est l'un des piliers de Canada numérique 150, une stratégie lancée le mois dernier par le afin d'aider notre pays à profiter pleinement des possibilités économiques de l'ère numérique. La Loi sur la protection des renseignements personnels numériques, qui s'inscrit dans le droit fil de la protection des Canadiens, renforcerait la protection des consommateurs en ligne, simplifierait les règles pour les entreprises et accroîtrait dans l'ensemble la conformité à nos lois sur la protection de la vie privée.
Avant de présenter le projet de loi , le gouvernement a consulté la commissaire à la vie privée pour connaître son avis sur les meilleurs moyens de moderniser les lois canadiennes sur la propriété intellectuelle. Le ministre lui a reparlé avant de déposer le projet de loi. En fait, voici ce que la commissaire a dit de notre Loi sur la protection des renseignements personnels numériques et de nos efforts pour protéger les Canadiens en ligne. Elle a dit qu'elle accueillait favorablement les mesures proposées dans le projet de loi et que celui-ci semblait « contenir des éléments très favorables aux droits à la protection de la vie privée des Canadiens ».
Par ailleurs, la porte-parole du NPD en matière d'affaires numériques, la députée de , a dit ceci à propos de la Loi sur la protection des renseignements personnels numériques: « Dans l'ensemble, c'est un bon départ. Nous avons réclamé ces mesures et je me réjouis qu'elles soient présentées. »
Le premier élément que je voudrais aborder est bien connu des Canadiens en cette ère numérique, c'est-à-dire l'atteinte à la protection des données. Les nouvelles règles mises en place par cette mesure législative exigeraient que les organisations informent les Canadiens de la perte ou du vol de leurs renseignements personnels. Dans le cadre de cette notification, les organisations seraient tenues d'indiquer aux gens quels moyens prendre pour se protéger contre les risques potentiels, moyens qui peuvent aussi simples que de changer le NIP d'une carte de crédit ou le mot de passe d'un compte courriel. De plus, le projet de loi obligerait les organisations à déclarer les atteintes à la protection des données potentiellement préjudiciables au commissaire à la protection de la vie privée du Canada. L'adoption de ce projet de loi ferait en sorte que les organisations qui violeraient délibérément les règles seraient passibles de sanctions sévères allant jusqu'à 100 000 $ par personne qui n'a pas été avisée.
Compte tenu de la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui et du fait qu'elle mentionne la commissaire à la protection de la vie privée, j'aimerais parler des changements contenus dans le projet de loi sur la protection des renseignements personnels numériques qui feront en sorte que la commissaire dispose des outils nécessaires pour aider à protéger les renseignements personnels des Canadiens. Le projet de loi habiliterait la commissaire à la protection de la vie privée à négocier des accords de conformité volontaires avec des organisations. En vertu de ces accords, les organisations prendraient des engagements exécutoires pour protéger la vie privée des Canadiens. Ainsi, les organisations pourraient agir de façon proactive et travailler en collaboration avec la commissaire à la protection de la vie privée en vue de corriger rapidement toute violation de la vie privée qui pourrait être découverte. En échange, les organisations pourraient éviter des poursuites coûteuses. En même temps, ces accords seraient contraignants et accorderaient plus de pouvoirs à la commissaire à la protection de la vie privée pour qu'elle puisse tenir les organisations responsables devant les tribunaux et veiller à ce qu'elles tiennent leurs promesses de régler les problèmes liés à la protection de la vie privée.
Le projet de loi sur la protection des renseignements personnels numériques consentirait plus de pouvoirs à la commissaire pour qu'elle puisse dénoncer les entreprises qui enfreignent les règles. Les Canadiens seraient ainsi mieux informés des questions qui touchent leur vie privée.
Enfin, le projet de loi sur la protection des renseignements personnels numériques ferait passer à un an le délai consenti aux Canadiens ainsi qu'à la commissaire à la protection de la vie privée pour traduire une entreprise en justice. En vertu des règles actuelles, la commissaire ne dispose que de 45 jours pour agir. Dans bien des cas, ce délai n'est pas assez long pour qu'une organisation puisse régler le problème volontairement ou pour que la commissaire puisse préparer une demande en bonne et due forme.
En tout temps, il faut respecter le droit de chacun à la vie privée, comme le garantit la Charte canadienne des droits et libertés. Malgré les exceptions prévues dans la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, les organismes d'application de la loi doivent respecter les dispositions de la Charte et détenir un mandat ou une autre pièce justificative pour obtenir des renseignements personnels.
Dans ce contexte, il est tout aussi important de souligner que rien dans la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques n'oblige une entreprise à communiquer des renseignements personnels à la police, à un organisme gouvernemental, à une autre entreprise ou à n'importe qui d'autre. Cette loi protège la vie privée; elle ne force pas les entreprises à violer celle-ci.
Le projet de loi fera en sorte que les organismes puissent communiquer aux autorités compétentes les renseignements qu'il leur faut, qu'il s'agisse, par exemple, de fournir des renseignements à la police afin de lui permettre de communiquer avec la famille d'une personne blessée ou décédée ou encore de mettre en commun des renseignements pour détecter et prévenir la fraude, mais aussi leur signaler les cas éventuels d'exploitation financière. Toutes ces exceptions sont clairement définies et elles ne s'appliquent que dans les cas où la communication de ces renseignements se veut dans l'intérêt des personnes concernées.
Je donne un exemple. Dans une institution financière, une caissière remarque qu'un habitué âgé se présente depuis quelque temps avec quelqu'un d'autre, qu'elle ne connaît pas. Ils effectuent souvent des retraits pour des montants beaucoup plus élevés que d'habitude. La caissière voit la personne âgée remettre l'argent retiré à l'inconnu. La plupart des caissiers et des institutions financières voudraient avoir le pouvoir d'en informer les parties appropriées, comme la police, le curateur public ou le plus proche parent du client. Or, actuellement, notre loi sur la protection de la vie privée les empêche d'aviser les personnes qui seraient à même de venir en aide au client. Le projet de loi sur la protection des renseignements personnels numériques éliminera cet obstacle et fera en sorte que les cas d'exploitation financière soupçonnés puissent être signalés, de façon à protéger les intérêts des personnes âgées.
Le projet de loi sur la protection des renseignements personnels numériques imposera par ailleurs aux organismes l'obligation d'obtenir le consentement d'un particulier chaque fois qu'ils veulent recueillir, utiliser ou communiquer ses renseignements personnels. Cette nouvelle mesure permettra de mieux protéger la vie privée des Canadiens les plus vulnérables, comme les enfants. Les enfants et les adolescents passent de plus en plus de temps en ligne. Il est donc important de veiller à ce qu'ils comprennent clairement les choix qui s'offrent à eux avant qu'ils divulguent leurs renseignements personnels.
Le projet de loi sur la protection des renseignements personnels numériques renforcera la notion de consentement éclairé. Pour qu'il y ait consentement éclairé, il ne suffit pas de dire aux gens à quoi serviront leurs renseignements; il faut aussi s'assurer qu'ils comprennent les conséquences possibles lorsqu'ils cliquent sur « oui » ou sur « non ».
Ce changement exigera qu'un organisme exprime en langage clair et simple à son public cible sa demande de consentement à la collecte des renseignements personnels et qu'il examine si le public cible est à même de comprendre les conséquences de la communication de ces renseignements les concernant.
Je suis très fier de cette partie du projet de loi . Compte tenu de la prolifération des ordinateurs portables et des appareils iPad et BlackBerry parmi nos jeunes, le resserrement des règles qu'implique le projet de loi garantira que les Canadiens, en particulier les enfants et les adolescents, saisissent bien les conséquences potentielles de leurs choix.
En conclusion, les dispositions du projet de loi que je viens de présenter ont été soigneusement réfléchies, dans l'intérêt premier de toutes les parties intéressées. Notre gouvernement est convaincu que, en protégeant davantage les consommateurs, en simplifiant les règlements qui s'appliquent aux entreprises et en assurant un plus grand respect de la loi, le projet de loi sur la protection des renseignements personnels numériques accroîtra la protection dont jouissent les Canadiens.
Le projet de loi sur la protection des renseignements personnels numériques renforcera notre législation dans ce domaine en faisant en sorte d'informer les Canadiens lorsque leurs renseignements personnels ont été compromis et d'obliger les organismes qui enfreignent délibérément les règles à rendre des comptes.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir de participer au débat aujourd'hui et de parler de ce que nous a appris la commissaire à la protection de la vie privée ces dernières semaines sur la quantité d'information que l'on demande aux organismes gouvernementaux et la fréquence de ces demandes. Le débat porte également sur les mécanismes en place pour veiller à ce que rien ne passe entre les mailles du filet. Dans une démocratie, nous avons un Parlement et des commissaires. Nous avons toutes sortes de mesures en place pour protéger les renseignements des Canadiens.
Nous comptons appuyer la motion à l'étude aujourd'hui. J'ai présenté une motion semblable au Comité de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, car il est important que l'on débatte de la question en profondeur. Il est inquiétant de savoir que la commissaire à la protection de la vie privée n'a aucun moyen de déterminer si les organismes gouvernementaux et les compagnies de télécommunications suivent les règles et quels organismes sont impliqués.
J'aimerais citer la réponse qu'a donnée l'autre jour le , car elle ne cadre pas vraiment avec la réalité. Il a dit: « Nous savons au contraire que les divers organismes canadiens d'enquête et d'application de la loi [...] ». J'aimerais m'arrêter là un instant.
Quels sont ces autres organismes dont il est question? S'agit-il de la Gendarmerie royale du Canada et de l'Agence des services frontaliers du Canada? On parle de combien de ministères et d'organismes de la fonction publique? Qu'en est-il du ministère des Pêches et des Océans lorsqu'il exerce des activités de surveillance, ou de Service Canada lorsqu'il demande des renseignements sur des clients? Nous sommes gardés dans le noir, il faut donc essayer de savoir quels autres organismes ont voulu obtenir des renseignements. Même la commissaire à l'information ne le sait pas. Les Canadiens ont le droit de savoir quels organismes gouvernementaux demandent ces renseignements.
Le a continué en disant que les organismes peuvent, « [...] de temps à autre, demander de l'information aux entreprises de télécommunications ». De temps à autre? Il est ici question de 1,2 million de demandes, selon les chiffres de 2011, ce qui équivaut à une demande toutes les 26 secondes pendant une année complète. Comment peut-on dire que ces organismes demandent de tels renseignements de temps à autre? Au contraire, ils le font très souvent, et nous devons savoir quand ils ont présenté ces demandes et comment ils s'y ont pris; il faut en outre que ces organismes soient surveillés d'une façon ou d'une autre.
Le a ajouté que les organismes « [...] demandent toujours un mandat ». Ce n'est pas tout à fait vrai non plus. C'est d'ailleurs le coeur de la question.
Certaines demandes exigent la production d'un mandat, d'autres non. Dans le premier cas, l'organisme doit s'adresser à un juge, qui examine les renseignements et qui délivre par la suite un mandat visant l'obtention de ces renseignements. Or, d'autres demandes ne nécessitent pas la production d'un mandat.
La présente question se décline en deux volets. Le a dit que les organismes gouvernementaux demandent toujours un mandat lorsque la loi les y oblige; il s'attend en outre à ce que les entreprises de télécommunications visées respectent la loi, peu importe ce qu'elles font. Voilà le coeur du débat. Quelles demandes exigent la production d'un mandat, et quelles demandes n'exigent pas la production d'un mandat? Et quel type de surveillance existe-t-il en ce qui concerne les mandats?
Nous accordons beaucoup de confiance à notre appareil judiciaire. Nous nous attendons à ce que les juges saisis d'une demande de mandat respectent la Constitution, la Charte canadienne des droits et libertés, et plus précisément les dispositions qui protègent la vie privée des gens. Je n'ai qu'une connaissance limitée du travail des juges. Je pense que les juges font preuve de rigueur lorsque les organismes d'application de la loi ou d'autres organismes leur demandent de leur délivrer un mandat. J'ai confiance dans le système et je suis certain que les juges s'acquittent de leur tâche avec rigueur.
Faut-il parfois, en situation d'urgence, protéger le public contre un préjudice? Oui, et la loi actuelle le prévoit. Elle a été conçue à cette fin. En cas de menace immédiate à la vie de quelqu'un ou à la sécurité nationale, les entreprises de télécommunications sont tenues de collaborer avec les organismes d'application de la loi, et ce, même en l'absence d'un mandat. Nous en sommes parfaitement conscients, et ce n'est pas là où nous voulons en venir. Nous nous inquiétons plutôt du nombre effarant de demandes qui ont été faites pour obtenir des renseignements.
Les gens qui écoutent le débat se demandent peut-être de quelles entreprises de télécommunications il est question. La commissaire a révélé qu'elle a demandé à 13 entreprises de télécommunications et sociétés de médias sociaux de lui préciser la fréquence à laquelle elles recevaient des demandes en ce sens. Parmi ces 13 entreprises, du côté des télécommunications, on comptait Bell, Telus, Rogers, Shaw, SaskTel et Globalive, tandis que du côté des sociétés de médias sociaux et des entreprises oeuvrant dans d'autres domaines, on comptait Microsoft, Facebook, Apple, Google, Twitter, eBay et RIM. De ce nombre, neuf ont répondu anonymement par l'entremise de leur avocat.
Cette façon de faire est inquiétante. Si ces entreprises font preuve d'autant d'ouverture et sont aussi responsables qu'elles l'affirment, pourquoi alors doivent-elles passer par leur avocat pour communiquer ces renseignements à la commissaire à l'information? Ne souhaitent-elles pas faire preuve de transparence et d'ouverture à cet égard? Ce qui est encore plus stupéfiant, c'est que sur les 13 entreprises, quatre n'ont pas daigné répondre à la commissaire à la protection de la vie privée.
Cette situation montre bien que la commissaire à la protection de la vie privée doit disposer des outils et des pouvoirs nécessaires pour obliger ces entreprises à communiquer ces renseignements afin qu'elle puisse se prononcer à ce sujet. C'est réellement une question de surveillance. Aucune surveillance n'est exercée, pas même par les tribunaux. Comme je l'ai mentionné plus tôt, nous devons faire toute la lumière sur la question des divulgations obtenues avec et sans mandat.
Aujourd'hui, nous avons entre autres parlé des renseignements de base sur les abonnés communiqués par les fournisseurs de services Internet, et j'ai d'ailleurs posé une question à ce sujet un peu plus tôt. Quels renseignements de base pouvaient être communiqués selon cette mesure législative lorsque d'autres dispositions législatives sont entrées en vigueur? Quels sont les renseignements communiqués et quelle est leur portée? J'ai posé cette question il y a une minute et un député ministériel m'a dit qu'il s'agissait du nom, de l'adresse, du numéro de téléphone et de l'adresse IP. L'adresse IP est une information très détaillée sur un abonné, car elle permet de détecter une grande partie des renseignements qu'il a obtenus et qu'il a envoyés. Je ne suis pas féru de technologie et je n'en connais pas assez à ce sujet, mais je sais qu'une adresse IP nous permet d'obtenir beaucoup de renseignements sur un abonné.
Les spécialistes du domaine disent que cela va même plus loin, que ça concerne les données de transmission, qu'on appelle métadonnées, qu'en plus d'obtenir les renseignements de base, on les interprète pour en tirer plus d'information. Je tiens cela d'un article que je lisais ce matin. Je crois que le spécialiste était M. Geist, alors je le cite comme étant ma source de renseignements. Lorsqu'on entre dans les métadonnées, c'est comme demander à Postes Canada ce qui est inscrit sur l'endroit et au dos des enveloppes, de qui ça vient et à qui c'est destiné. C'est ce que nos renseignements de base fournissent comme information, c'est-à-dire qui est l'expéditeur et le destinataire, et à quelle date et à quelle heure elles ont été envoyées. Voilà un exemple des renseignements de base qui sont demandés.
Ça va un peu plus loin que ce qu'on veut nous faire croire. Voilà pourquoi nous devons appuyer la motion d'aujourd'hui. Nous devons poursuivre ce débat et comprendre réellement toutes les facettes de ce que cela implique. En tant que parlementaires et défenseurs de l'intérêt public, nous ne pouvons nous contenter de croire le gouvernement ou l'organisme d'application de la loi sur parole. Il doit y avoir un système de freins et contrepoids à ce chapitre. Tous les députés devraient avoir à coeur de se pencher sur la question pour découvrir ce qui se passe réellement. Je serais le premier à admettre que tout est dans les règles si tel est le cas. Espérons que les renseignements fournis en vertu d'un mandat sont exacts et fournis ouvertement, tout comme pour les demandes effectuées sans mandat d'ailleurs. Nous ne devons pas nous cacher sous le prétexte de la sécurité publique. Nous avons le devoir de nous attaquer véritablement au problème.
Nous avons également parlé, ce matin, du projet de loi sur la protection des renseignements personnels qui a été présenté au Sénat. Nous pourrions parler longuement des mesures proposées dans ce projet de loi, mais nous ne devrions pas confondre la mesure dont nous sommes saisis aujourd'hui avec le projet de loi à l'étude au Sénat. Il est question de deux types de renseignements différents, de deux choses complètement différentes. Nous devrions faire attention de ne pas confondre les deux, et de ne pas semer la confusion.
La motion dont nous sommes saisis aujourd'hui est très claire. Elle vise à rendre public le nombre de divulgations sans mandat qui ont été réalisées par les entreprises de télécommunications, à la demande des agences et ministères fédéraux, et à corriger les lacunes qui ont permis de divulguer des renseignements personnels sans discernement.
La motion est très précise, et elle porte sur un problème qui mérite une étude approfondie. J'espère que nous pourrons également étudier la question au Comité de la protection des renseignements personnels afin de déterminer s'il y a lieu de se pencher davantage sur le problème, et de proposer des mesures législatives.
Je suis ravi d'appuyer cette motion, et j'espère que tous les députés feront de même.