Le budget 2016 : Rapport
supplémentaire du NPD sur les consultations prébudgétaires
Bâtir un pays plus équitable et prospère
Après des années de gouvernement conservateur, la situation
économique des familles, des travailleurs et des moins nantis continue de se
détériorer. Combiné avec le climat économique mondial actuel incertain, le NPD
reconnait que les défis sont importants et que des choix doivent être faits.
Le gouvernement libéral récemment élu ne peut cependant se cacher
derrière la situation économique pour diminuer les attentes des Canadiens avant
le dépôt du budget et revenir sur ses promesses. Les Canadiens s’attendent à ce
que le prochain budget comporte les mesures qui leur ont été promises.
Plus encore, le NPD craint que ce ne soit les intérêts des
populations les plus vulnérables qui soient mis de côté. Des mesures concrètes
doivent être prises afin d’aider les moins nantis, les familles à faibles
revenus, les aînés et les populations autochtones. Le NPD est déçu qu’au lieu
d’aider ceux qui en ont réellement besoin, les libéraux ont procédé à une
réduction d’impôt- coûteuse, dont 60 % des Canadiens sont exclus tout en
offrant aux plus fortunés les plus grands avantages.
Les néodémocrates reconnaissent également les limites du processus
des consultations prébudgétaires 2016-2017. Les consultations tenues par
le Comité permanent des finances font partie des rares occasions qui s’offrent
aux Canadiens d’influencer les initiatives les plus importantes auxquelles le
gouvernement donne suite au cours d’un exercice normal. Le NPD est conscient
que le processus habituel du Comité ne pouvait avoir lieu et remercie
grandement tous ceux qui ont participé à la réalisation de ces consultations
écourtées. Les néodémocrates demeurent cependant déçus que les préoccupations
de nombreux Canadiens n’aient pu être entendues.
Les néodémocrates reconnaissent que l’économie
mondiale demeure fragile. Les prix du pétrole pourraient ne pas remonter aussi
rapidement que prévu, le rééquilibrage économique de la Chine pourrait mener à
un ralentissement et à de nouveaux épisodes de volatilité, les variations du
taux de change pourraient entrainer des tensions sur les marchés financiers et
la faiblesse du dollar canadien pourrait continuer de nuire à nos importations.
Les néodémocrates demeurent préoccupés par les
répercussions de l’économie sur la vie des Canadiens :
- L’endettement des ménages canadiens demeure à la hausse. Parmi les
pays du G7, le Canada a connu la plus forte hausse de la dette des ménages par
rapport à leurs revenus depuis 2000. Au troisième trimestre de 2015, la dette
totale des ménages représentait 171 % du revenu disponible.[1]
- En date de janvier 2016, le taux de chômage au Canada a atteint 7,2 %,
grimpant jusqu’à 14,4 % à Terre-Neuve-et-Labrador.[2]
- L’accès aux prestations d’assurance-emploi a drastiquement diminué
pour atteindre un plancher historique où moins de 4 chômeurs sur 10 y ont
accès.
- Les taux de pauvreté chez les aînés augmentent et ont atteint 11,1 %
en 2013, selon la mesure de faible revenu (MFR). Chez les femmes âgées vivant
seules, le taux de pauvreté a atteint 30 %.[3]
Au cours des quatre journées d’audience à Ottawa, le Comité a
entendu 92 témoins et a reçu 175 mémoires de particuliers et de groupes qui
n’ont pas pu comparaître. Ils ont mis en lumière les importants défis auxquels
le Canada est confronté et la nécessité de voir le gouvernement accroître ses
efforts pour trouver des solutions aux enjeux sociaux, économiques et
environnementaux.
Les néodémocrates
estiment que le gouvernement a un rôle important et essentiel à jouer pour assurer la prestation de services aux Canadiens, réduire
les inégalités et veiller à ce
que les conditions propices à
la prospérité à long terme soient présentes. Nous étoffons ci‑dessous certaines qui n’ont pas été
incluses dans le rapport du Comité et que le gouvernement devrait adopter à cette fin :
- Le gouvernement devrait égaler la contribution
financière provinciale d’un milliard de dollar pour l’infrastructure nécessaire
à la réalisation du potentiel du Cercle de feu dans le Nord de l’Ontario.
- Le gouvernement devrait assurer un
réinvestissement minimal immédiat de 150 millions de dollars à
CBC/Radio-Canada.
- Le gouvernement devrait réinvestir dans nos
institutions de la culture et de la création tels que le Conseil des Arts du
Canada, Téléfilm Canada et l’Office national du film.
- Le gouvernement devrait s’assurer que la caisse
de l’assurance emploi ne soit utilisée que pour le paiement des prestations et
devrait aussi abolir la réforme de 2012 pour venir en aide aux chômeurs
canadiens, notamment en rendant les prestations plus accessibles et en
éliminant les retards significatifs des appels en la matière au Tribunal de la
sécurité sociale et dans la prestation des services.
- Le gouvernement devrait mettre en œuvre un
mécanisme de plafonnement des frais de cartes de crédit et de surcharges pour
les commerçants, détaillants et propriétaires de petites entreprises.
- Le gouvernement devrait enchâsser le principe du
« pollueur-payeur » par loi et fixer un prix pour les émissions de
carbone, afin d’encourager les investissements dans les énergies vertes et de
favoriser l’atteinte de nos obligations internationales en matière de
changements climatiques.
- Le gouvernement devrait annoncer un échéancier
clair pour l’élimination des subventions existantes pour les combustibles
fossiles.
- Le gouvernement devrait renforcer le processus
d’examen des grands projets de ressources naturelles afin de garantir la prise
en compte généralisée des répercussions environnementales, en s’acquittant de
son devoir de consulter les Premières Nations et de tenir compte de leurs
intérêts, et en éliminant les obstacles arbitraires à la participation du
public.
- Le gouvernement devrait profiter des occasions
qui se présentent en ce moment pour faire du Canada un chef de file mondial de
l’exploitation et de l’exportation d’énergie renouvelable en appuyant
l’investissement dans ce secteur.
- Le gouvernement devrait établir de nouveaux
objectifs plus ambitieux de réduction des gaz à effet de serre et mettre en
place des mesures de transparence et de responsabilité afin d’assurer que nous
les atteignions.
- Le gouvernement devrait supprimer l’échappatoire
fiscale sur les options d’achat d’actions dont profitent principalement les
Canadiens les plus fortunés.
- Le gouvernement devrait agir afin de lutter
contre l’évasion fiscale au moyen des paradis fiscaux.
- Le gouvernement devrait rétablir le salaire
minimum fédéral et le porter graduellement à 15 $ l’heure.
- Le gouvernement devrait accroître son appui
direct aux Canadiens à faible revenu en bonifiant les prestations et en
élargissant les critères d’admissibilité à la Prestation fiscale pour le revenu
gagné.
- Le gouvernement devrait s’engager à réduire la
prévalence accrue du travail précaire en mettant fin notamment au recours
excessif aux stages non rémunérés.
- Le gouvernement devrait revoir le programme Chantier
Canada afin de rendre admissibles les projets d’infrastructure dans le sport
non professionnel, dans la culture, dans les rues municipales et dans les ports
municipaux et revoir la définition des infrastructures d’internet à large bande
pour y ajouter les infrastructures de téléphonie cellulaire.
- Le gouvernement ne devrait pas obliger les
communautés à adopter des partenariats publics-privés ou à recourir à la
sous-traitance. De même, le gouvernement ne devrait pas imposer de conditions
menant à la privatisation des infrastructures publiques
- Le gouvernement devrait veiller à ce que toutes
les municipalités, y compris les petites collectivités, les collectivités
rurales, les collectivités du Nord et les collectivités autochtones, reçoivent
leur part du financement en infrastructure.
- Le gouvernement devrait agir immédiatement pour
s’attaquer à la pénurie de logements social et abordable qui frappe les municipalités
canadiennes en renouvelant les ententes sur le logement social et en
travaillant à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une stratégie nationale sur
le logement.
- Le gouvernement devrait prévoir des
investissements significatifs et offrir des mesures incitatives pour
l’aménagement et la construction de logements sociaux et abordables.
- Le gouvernement devrait donner suite de façon
prioritaire aux recommandations de la Commission de vérité et réconciliation
établie de concert avec les provinces et les communautés autochtones ainsi que
les Premières Nations, Métis et Inuits.
- Le gouvernement devrait éliminer le plafond
punitif de 2 pour cent qui limite le financement aux Premières Nations et
établir une relation financière juste et équitable qui comprend des clauses
d’indexation afin de combler l’écart entre les communautés autochtones et les
autres Canadiens.
- Le gouvernement devrait accroître la sécurité de
la retraite pour tous les Canadiens en travaillant avec les provinces afin de
bonifier les prestations du Régime de pensions du Canada et du Régime de rentes
du Québec, en augmentant le Supplément de revenu garanti et en ramenant l’âge
d’admissibilité de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu
garanti de 67 à 65 ans.
- Le gouvernement devrait travailler avec les
provinces et les territoires pour mettre en place un programme pancanadien,
universel et abordable de garde d’enfants afin d’offrir des places de qualité
en garderie pour les enfants d’âge préscolaire.
- Le gouvernement devrait annuler les compressions
des conservateurs aux transferts en santé et rétablir l’indexation du
financement dans le prochain accord sur la santé.
- Le gouvernement devrait prendre des mesures
concrètes pour rendre les médicaments d’ordonnance plus abordables et
accessibles, en travaillant avec les provinces et les territoires vers un
programme national d’assurance-médicaments qui assurera une couverture
universelle pour les médicaments d’ordonnance.
- Le gouvernement devrait mettre en œuvre une
stratégie sur la santé mentale et la démence en collaboration avec les provinces,
les territoires et les spécialistes de la santé.
- Le gouvernement devrait bonifier les prestations
de compassion afin que les propres aidants puissent obtenir un congé payé
pouvant atteindre six mois pour prendre soin d’un proche gravement malade.