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NDDN Rapport du Comité

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Opinion dissidente du NPD concernant le rapport sur le rôle du Canada dans les opérations de paix internationales et la résolution de conflits

Le NPD est en désaccord avec le rapport du Comité de la défense nationale sur le rôle du Canada dans les opérations de paix internationales et la résolution des conflits. Le rapport renferme d’importantes recommandations sur le rôle du Canada à l’ONU et dans les missions de paix, mais il ne va tout simplement pas assez loin pour obliger le gouvernement à tenir ses promesses d’une participation accrue aux opérations de paix internationales. Nous appuyons toutes les recommandations formulées dans le rapport, mais nous ne pouvons appuyer un rapport qui ignore l’échec du Canada à tenir ses promesses de réengagement dans les opérations de paix internationales. De plus, le rapport fait fi de certains témoignages qui indiquent clairement que les opérations de paix des Nations Unies devraient être la priorité du Canada, car ce sont celles qui connaissent le plus de succès. 

C’est le besoin de se réengager sur la scène mondiale qui a mené les libéraux à promettre une participation accrue à l’ONU une fois au pouvoir après 2015. À la Conférence ministérielle de 2017, à Vancouver, le gouvernement a promis 600 troupes et 150 policiers pour les opérations de l’ONU. Quatre ans plus tard, cette promesse n’a pas été tenue en grande partie par le gouvernement. Certes, le Canada participe à la mission d’évacuation médicale au Mali, appelée opération PRESENCE, depuis juin 2018, mais le contingent n’est composé que de 280 soldats des Forces armées canadiennes, de 3 hélicoptères Chinook et 5 hélicoptères Griffon, ainsi que d’un appareil lourd Hercules CC130J. Non seulement l’engagement est moindre que ce que le gouvernement avait promis à Vancouver, mais les Forces canadiennes se retireront du Mali en juillet 2019, après seulement 12 mois. Ce départ prématuré créera un manque dans les opérations d’évacuation médicale pour l’ONU, puisque la Roumanie ne pourra remplacer le Canada entièrement avant le 15 octobre 2019. Par conséquent, l’ONU devra réduire l’ensemble de ses opérations de paix entre-temps, mettant ainsi en danger le processus de paix et les populations civiles.

Les néodémocrates demeurent déçus du bilan du gouvernement concernant les opérations de paix de l’ONU et les promesses de réengagement sur la scène mondiale. Le gouvernement n’a tout simplement pas tenu ses promesses, dont les engagements étaient déjà plus faibles que les niveaux d’engagement antérieurs du Canada. Le fait qu’il ait fallu deux ans pour entreprendre l’étude proposée par les néodémocrates au Comité permanent de la défense nationale sur la participation du Canada aux opérations de paix, sans compter les retards, pour aboutir à un rapport qui ne reflètent pas pleinement les témoignages entendus montre à quel point le gouvernement a mal géré ce dossier. Et cela s’est fait au détriment des Canadiens, de nos braves hommes et femmes en uniforme qui servent dans ces missions, et de nos partenaires mondiaux qui dépendent de la capacité et des compétences particulières du Canada. Les Canadiens et le monde entier ont vu les effets positifs que le Canada peut avoir sur les opérations de paix multilatérales, et il nous faut maintenir notre engagement envers ces efforts pour édifier un monde plus pacifique.

Il est important que les Canadiens sachent que la plupart des témoins qui ont comparu devant le Comité étaient d’avis que, malgré les défis associés à la participation aux opérations de paix, ces opérations demeurent pertinentes et que l’ONU est la mieux placée pour les gérer. Peggy Mason, présidente de l’Institut Rideau sur les affaires internationales a reconnu que « le maintien de la paix de l’ONU n’est pas un remède miracle et il n’y a aucune garantie de succès », mais « lorsque le mandat est bien conçu, que les ressources sont suffisantes et que la gestion est bonne, les opérations de maintien de la paix de l’ONU offrent aux pays en cause la meilleure chance de passer de la guerre civile à une gouvernance stable[1] ». Mme Mason a ajouté :

Le maintien de la paix est la première étape d’un processus complexe et prolongé visant à aider les parties à un conflit à créer les conditions nécessaires — sur les plans politique, socioéconomique et sécuritaire — à une paix durable. Au centre de cet effort se trouve le processus de paix. Des problèmes politiques complexes sont toujours au cœur des conflits violents et ils exigent des solutions politiques négociées et acceptées par les parties. […] C’est précisément à cause de la primauté du processus de paix que les opérations de paix multidimensionnelles que les Nations unies lancent aujourd’hui sont beaucoup plus que des opérations militaires chargées de fournir un environnement sûr et sécuritaire. Au cœur de l’effort se trouvent des civils qui ont pour mandat de faciliter le processus de paix, de promouvoir la primauté du droit et de soutenir l’établissement d’institutions légitimes et efficaces de gouvernance […]. Cette aide militaire s’ajoute au soutien diplomatique et technique pour le dialogue politique national et les efforts de réconciliation[2].

Les opérations de paix déployées par l’entremise de l’ONU reçoivent souvent un meilleur accueil dans la communauté internationale parce que l’ONU est perçue comme un organisme neutre, libre des limites imposées par les visées et opinions politiques d’un seul pays ou d’un regroupement de pays. Comme Mme Mason l’a fait remarquer, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ou des coalitions de pays volontaires « n’ont pas la légitimité et l’impartialité qu’on reconnaît aux opérations dirigées par l’ONU précisément parce que leurs dirigeants politiques et militaires sont perçus comme représentant un ensemble très précis de pays et d’intérêts puissants[3] », ce qui suscite la peur d’être occupés par une force étrangère dans certaines des régions où ces opérations sont déployées. Même si ces pays font partie de l’ONU, la structure et la composition des opérations de paix de l’ONU « visent au moins à atténuer cette tendance, tant dans la perception que dans la réalité ». Elle a ajouté que l’ONU est « la seule organisation par laquelle les forces du P5 [les cinq membres permanents du Conseil de sécurité] et toutes les grandes puissances, y compris les puissances montantes et régionales, peuvent participer conjointement [et offrir] la possibilité d’une mission politiquement diversifiée et opérationnelle[4] ». Selon Mme Mason, les « principaux avantages comparatifs d’une opération de paix de l’ONU sont les suivants : sa structure de commandement intégré sous l’autorité civile, qui reflète la primauté du processus de paix, et facilite l’établissement d’un objectif commun et la cohésion des efforts[5] ».

Le Canada participe depuis longtemps aux opérations de paix de l’ONU, mais il s’en est largement retiré dans les années 1990 et 2000. Selon Walter Dorn, professeur au Collège militaire royale du Canada, qui a témoigné à titre personnel devant le Comité, ce retrait du Canada des opérations de paix de l’ONU a eu pour effet négatif de réduire la capacité du pays à participer à ces opérations. M. Dorn a expliqué que « [c]ompte tenu du fait que peu d’effectifs ont été déployés au cours des deux dernières décennies, les Forces armées canadiennes ont moins d’expérience comparativement aux générations précédentes et elles reçoivent beaucoup moins de formation » pour se préparer aux opérations de paix[6]. Selon M. Dorn, le Canada « a tellement de choses à faire pour [se] réengager dans les opérations de paix[7] ».

Les néodémocrates tiennent à souligner l’importance de la recommandation formulée dans le rapport qui réclame le rétablissement du Centre Pearson pour le maintien de la paix et nous espérons que des mesures soient prises rapidement pour rétablir notre rôle de meneur dans l’éducation et la formation sur les opérations de paix, ainsi que dans la recherche dans ce domaine.


[1] NDDN, Témoignages, 1re session, 42e législature, 1er mai 2018 (Peggy Mason).

[2] Ibid.

[3] Ibid.

[4] Ibid.

[5] Ibid.

[6] NDDN, Témoignages, 1re session, 42e législature, 26 avril 2018 (Walter Dorn)

[7] Ibid.