La Chambre reprend l'étude de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec l'excellente députée de .
Je remercie la Chambre de me permettre de m'exprimer aujourd'hui sur le projet de loi . Avant que je me prononce plus en détail sur le projet de loi , j'aimerais rappeler à la Chambre quelques faits qui ont précédé son dépôt.
En 2011, la Cour suprême du Canada a enjoint le gouvernement fédéral d'accorder l'exemption prévue à l'article 56 de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances au centre d'injection supervisée InSite de Vancouver, ainsi qu'à d'autres centres de ce type, afin d'assurer le droit fondamental de toute personne à la vie et à la sécurité. Elle ajoute que l'existence de tels centres « diminuera le risque de décès et de maladie et où il n'existe guère, sinon aucune preuve qu'elle aura une incidence négative sur la sécurité publique ».
En réponse à cette décision du plus haut tribunal du pays, le gouvernement conservateur de l'époque a finalement déposé, en 2015, le projet de loi . Avec une volonté à peine voilée de ne pas voir de nouveaux centres d'injection supervisée voir le jour au pays, le gouvernement a mis en place une liste de 26 conditions nécessaires à l'obtention d'une exemption légale, rendant virtuellement impossible l'établissement de nouveaux centres.
Comme si ce n'était pas assez, ce projet de loi donnait aussi un pouvoir discrétionnaire au ministre responsable de refuser d'accorder l'exemption légale malgré le respect des 26 conditions qui y sont énumérées. J'ai toujours soutenu qu'on ne pourrait jamais se rendre là, compte tenu du nombre des exigences déjà imposées par la loi, mais ce pouvoir discrétionnaire démontre tout de même l'intention des conservateurs de ne permettre sous aucune considération l'implantation de nouveaux centres.
Pourtant, je siégeais au comité pour entendre les témoins nous entretenir, preuves à l'appui, des bienfaits de tels centres d'injection, notamment pour la réduction des méfaits et la santé publique, en ne mettant pas en péril la sécurité publique.
En refusant de considérer les preuves claires et accablantes que les centres d'injection supervisée sauvent la vie de plusieurs personnes particulièrement vulnérables, cette approche idéologique n'a eu comme résultat que de continuer de marginaliser et de criminaliser les personnes souffrant de dépendance. Cela a malheureusement aussi mené à des surdoses et des décès qui auraient autrement pu être évités.
Une grave crise des opioïdes sévit actuellement partout au pays, particulièrement sur la côte ouest, comme mon collègue le porte-parole en matière de santé et député de l'a maintes fois soulevé ici, à la Chambre.
En 2016, seulement en Colombie-Britannique, les surdoses aux opioïdes ont coûté la vie à 914 personnes, une augmentation de 80 % de ce type de décès par rapport à 2015. Cette situation a poussé les autorités de la santé publique de la province, en avril dernier, à déclarer l'état d'urgence pour une première fois dans son histoire.
Malgré le fait qu'on ne recense pas le nombre de décès par surdose au pays, on estime à plus de 2 000 le nombre de décès de ce type partout au Canada en 2015. Il est facile d'imaginer que le bilan de 2016 était beaucoup plus élevé, en raison de la prolifération très rapide d'opioïdes extrêmement puissants partout au Canada.
On constate par ailleurs une augmentation des surdoses et des décès liés à l'utilisation de drogues dans toutes les régions du pays, et on s'attend à ce que cette crise touche l'Ontario et le Québec dès cette année. Cette crise des opioïdes au pays a pris des proportions incontrôlables et des dimensions inimaginables.
L'une des raisons majeures de la prolifération de cette crise est que le fentanyl est un opioïde peu coûteux, facile à transporter et dont de petites quantités permettent de produire des milliers de doses. Le faible coût de cette drogue, jumelé à un manque de ressources investies dans la sensibilisation et la prévention, a causé des surdoses chez des jeunes utilisateurs inexpérimentés, qui ne savent souvent même pas qu'il y a du fentanyl dans la drogue qu'ils consomment.
C'est d'ailleurs en raison du début de cette crise que le Nouveau Parti démocratique a demandé, en février 2016, d'abroger le projet de loi pour faciliter l'obtention d'exemptions légales permettant l'implantation de centres d'injection supervisée.
À l'automne dernier, les néo-démocrates ont réussi à obtenir la tenue d'une étude sur la crise des surdoses d'opioïdes au Comité permanent de la santé. Le rapport du comité comportait 38 recommandations à l'intention du gouvernement fédéral.
Nous avons aussi été les premiers à demander la déclaration d'une situation d'urgence nationale touchant la santé publique au pays pour habiliter l'administrateur en chef de la santé publique du Canada à prendre des mesures extraordinaires, afin de coordonner une réponse à la crise des opioïdes, incluant la mise en place de centres d'injection sur une base urgente. En décembre dernier, après le dépôt du projet de loi , nous avons aussi tenté d'en accélérer l'étude afin de résoudre la crise le plus rapidement possible.
Pour leur part, les libéraux disent appuyer les centres d'injection supervisée. Cependant, depuis leur arrivée au pouvoir, leur gouvernement n'a pas approuvé une seule nouvelle installation. La avait d'ailleurs initialement soutenu qu'il n'était pas nécessaire d'apporter des modifications au projet de loi , alors que le véritable problème était le projet de loi même, ses 26 exigences distinctes servant de barrière à l'ouverture de tout nouveau centre, comme le faisaient valoir les intervenants et le NPD.
Face au bilan de la crise qui sévit au pays et à la pression croissante des intervenants et du NPD, la a finalement cédé, et le 12 décembre 2016, elle a déposé le projet de loi , dont nous débattons aujourd'hui. Le projet de loi C-37 vise notamment à simplifier le processus de demande d'exemption légale pour ainsi rendre réalisables les projets d'établissement de centres d'injection supervisée dans les collectivités touchées par la crise d'opioïdes.
Dans son préambule, le projet de loi reconnaît:
que la réduction des méfaits est un élément important d’une politique en matière de drogues exhaustive, empreinte de compassion, fondée sur des preuves, qui s’ajoute aux mesures relatives à la prévention, au traitement et au contrôle d’application;
C'est d'ailleurs notamment dans cette optique de réduction des méfaits que la Ville de Montréal et la Direction de la santé publique ont jugé bon de déposer officiellement leur demande d'exemption légale en mai 2015 pour trois services fixes dans trois quartiers de la ville et pour un service mobile. On l'attend toujours. Ce n'est pas surprenant. Pas un seul centre d'injection supervisée n'a été ouvert au Canada depuis l'adoption du projet de loi .
Nous ne sommes pas les seuls à demander à ce que l'on aille finalement de l'avant avec l'implantation de services d'injection. À l'été 2015, le maire de Montréal, Denis Coderre, qui voulait pouvoir aller de l'avant avant l'automne suivant s'est exprimé en ces termes au journal The Montreal Gazette.
[Traduction]
« Qu'attendons-nous? Des gens sont en train de mourir. »
[Français]
Un an plus tard, en juillet 2016, Sterling Downey, conseiller municipal et porte-parole de Projet Montréal a posé une question au maire:
[Traduction]
« Comment pouvez-vous annoncer aux médias plus d'un an à l'avance que vous allez ouvrir ces centres, puis faire marche arrière sans jamais en reparler? »
[Français]
À un moment donné, les organismes aussi se sont fatigués d'attendre. Jean-François Mary, directeur général de l’Association québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de drogues, s'est exprimé en anglais à The Montreal Gazette. Voici une traduction de ce qu'il a dit:
Les organisations qui sont censées accueillir les centres n'osent même plus fixer de date d'ouverture. Nous sommes pris dans une zone grise où nous nous faisons dire chaque année depuis trois ans qu'ils ouvriront au printemps, mais cela ne se produit pas.
Il va falloir aller de l'avant, et rapidement. Plusieurs groupes comme l'Anonyme et Dopamine à Montréal attendent depuis déjà trop longtemps de pouvoir implanter des services qui ont prouvé qu'ils sauvent des vies.
Pendant ce temps, juste à Montréal, 70 personnes meurent en moyenne chaque année d'une surdose de drogues. Comme je l'ai mentionné précédemment, on prévoit que la crise qui sévit actuellement dans l'Ouest du pays touchera le Québec dès cette année. Même sans cette situation de crise, ne serait-ce que pour une question de réduction des méfaits et de santé publique, les services offerts par les centres d'injection supervisée sont essentiels.
À Montréal, 68 % des utilisateurs de drogues injectables sont atteints d'hépatite C. L'établissement de tels centres pourrait grandement contribuer à diminuer les infections reliées l'utilisation de seringues. Parlant de seringues, le quartier d'Hochelaga, dont je suis la députée, est le deuxième territoire de Montréal après le centre-ville où l'on retrouve le plus grand nombre d'utilisateurs de drogues injectables. Un service d'injection supervisée pourrait aider à sortir les seringues des parcs où jouent nos enfants.
Je vais appuyer ce projet de loi en espérant qu'il entrera en vigueur rapidement.
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Monsieur le Président, il ne fait aucun doute que la crise des opioïdes qui sévit actuellement dans les collectivités canadiennes, grandes et petites, d'un océan à l'autre, n'est rien de moins qu'une urgence nationale. Cette crise cause des souffrances et des dommages absolument indicibles, pas uniquement dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver, l'épicentre de la crise, mais également à Vancouver-Est et dans de nombreuses localités de la Colombie-Britannique et d'ailleurs au Canada.
Je suis très reconnaissante aux premiers intervenants, aux travailleurs de première ligne, aux professionnels de la santé, aux familles, aux défenseurs des droits et aux militants des efforts herculéens qu'ils consentent. Ils travaillent sans relâche pour sauver des vies alors que sévit cette terrible crise.
Des gens meurent dans les collectivités. La Dre Patricia Daly, médecin hygiéniste en chef de Vancouver, et son homologue provincial, le Dr Perry Kendall, ont déclaré que la crise constitue une urgence sanitaire. C'est d'ailleurs la première fois dans l'histoire de la Colombie-Britannique que les autorités compétentes déclarent une urgence sanitaire.
Le Dr David Juurlink, directeur du service de pharmacologie et de toxicologie cliniques au Sunnybrook Health Sciences Centre de Toronto, a souligné que le nombre de décès par surdose dans l'ensemble du Canada dépassait largement le nombre de victimes de l'épidémie de SRAS qui s'est abattue sur le pays en 2003 et que le gouvernement de l'Ontario avait considérée comme une urgence sanitaire. Le Dr Juurlink a déclaré que la crise du SRAS a fait 44 victimes, mais que la crise actuelle des opioïdes fait 70 victimes par semaine au Canada.
Pourtant, la fédérale refuse toujours de déclarer que cette crise constitue une urgence sanitaire nationale.
Entre janvier et octobre 2016, 338 Albertains sont décédés à la suite d'une apparente surdose d'opioïdes. Dans 193 de ces cas, le fentanyl était en cause. Les surdoses d'opioïdes causent la mort de deux Ontariens par jour. En moyenne, 79 personnes meurent chaque année d'une surdose de drogues à Montréal. Si ce n'est pas une urgence sanitaire nationale, je me demande ce que c'est.
Aujourd'hui, j'exhorte de nouveau le gouvernement à faire ce qui s'impose, c'est-à-dire déclarer une urgence nationale en matière de santé publique. Pendant le débat sur le projet de loi , n'oublions pas que, partout au pays, la situation continue de causer des décès.
Le projet de loi a été présenté dans la foulée de l'annonce faite par le gouvernement de la Colombie-Britannique. Lassé d'attendre l'approbation du gouvernement fédéral, il a déclaré qu'il avait décidé de prendre une « mesure extraordinaire », à savoir signer un décret ministériel pour rendre légale l'exploitation à l'échelle provinciale de centres temporaires de prévention des surdoses.
J'aimerais dire ceci aux personnes qui veulent nuire aux initiatives de réduction des méfaits, y compris l'exploitation de centres d'injection supervisée. InSite, le premier centre d'injection supervisée en Amérique du Nord, a été mis sur pied il y a plus de 10 ans. Il n'est jamais survenu un seul décès par surdose dans ce centre. InSite a permis de sauver un nombre incalculable de vies. Il a aussi permis de réduire la propagation de maladies. Les données sont claires et irréfutables.
Vancouver-Est a ouvert la voie et je suis si fière des forces progressistes et du mouvement qui est né dans une collectivité si sensible qu'elle a porté cette cause à bout de bras jusqu'à ce que nous ayons le premier centre d'injection supervisée en Amérique du Nord.
Je revois encore l'image des 1 000 croix plantées au parc Oppenheimer dans notre ville. Nous appelons cette image « le champs de bataille ». Chacune de ces croix porte un nom, le nom d'une personne qui a été aimée, une fille, un fils, une tante, un oncle, l'enfant de quelqu'un. Je me rappelle encore les familles et les amis qui venaient se recueillir ensemble et pleurer ces défunts dont la mort aurait pu être évitée. Ce fut un appel à l'action et nous avons soutenu cette cause et le centre InSite a fini par voir le jour.
Je trouve dommage qu'en dépit de résultats concluants, il y ait encore des gens qui tentent de contrecarrer cette mesure capitale en matière de santé publique.
Le gouvernement précédent a fait tout son possible pour miner le travail du centre InSite. Même après la décision unanime de la Cour suprême du Canada qui mettait InSite à l'abri de toute poursuite de la part du gouvernement et qui indiquait clairement que celui-ci ne pouvait pas fermer le centre pour des raisons idéologiques, le gouvernement Harper a adopté le projet de loi , intitulé à tort la Loi sur le respect des collectivités, qui a mis en place des obstacles quasi insurmontables à l'ouverture de nouveaux centres d'injection supervisée au Canada. Ces obstacles ont été vertement critiqués et ont sans doute contribué à des décès évitables.
Aujourd'hui, après plus d'un an de tergiversations, des milliers de surdoses et des centaines de décès évitables, le gouvernement libéral met finalement en place des mesures pour nous débarrasser de ces vestiges de l'idéologie des années passées.
J'appuie le projet de loi , mais je souhaite être claire, j'aurais grandement préféré qu'il porte sur l'abrogation du projet de loi . Néanmoins, il représente un pas dans la bonne direction. C'est un progrès et c'est pour cette raison que je suis ici pour l'appuyer.
Le projet de loi doit franchir toutes les étapes à la Chambre, être renvoyé à un comité et ensuite être présenté au Sénat. Il faudra attendre un certain temps avant qu'il soit adopté. Je tiens à féliciter mon collègue, le député de , le porte-parole du NPD en matière de santé, pour le travail qu'il a fait et sa proposition visant à permettre au projet de loi de franchir toutes les étapes le plus rapidement possible. Malheureusement, celle-ci a été rejetée.
Bon nombre de citoyens et d'organisateurs inquiets sont tellement frustrés par l'absence flagrante de mesures concrètes qu'ils se sont sentis obligés d'agir de leur propre chef en créant des centres improvisés. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Ces initiatives témoignent du courage de ces gens et de leur détermination à sauver des vies.
J'en profite brièvement pour les remercier et pour saluer les nombreux bénévoles et militants: bravo à Ann Livingston et à ses collègues du VANDU, à Sarah Blyth, l'ancienne présidente du conseil d'administration des parcs de Vancouver, et aux nombreuses autres personnes pour leur dévouement sans borne. Je peux dire que, sans elles, beaucoup plus de gens seraient morts.
En attendant l'adoption du projet de loi , que pouvons-nous faire pour sauver des vies? Je tiens d'abord à féliciter les premiers répondants pour les efforts surhumains qu'ils doivent déployer.
Plusieurs pompiers, notamment les hommes et les femmes de la caserne no 2, m'ont fait part de ce qu'ils vivent depuis le début de cette crise. Ils m'ont dit qu'ils sont débordés d'appels et qu'ils doivent composer avec le stress de voir chaque jour des personnes mourir sous leurs yeux. Imaginons ce que ce doit être au quotidien.
La caserne de pompiers no 2 n'est pas la seule touchée dans ma circonscription. En fait, toutes les autres casernes de pompiers dans l'entièreté de ma circonscription, Vancouver-Est, connaissent une hausse des appels liés aux problèmes de surdoses. Des pompiers m'ont mentionné qu'au cours de leur quart, ils reçoivent parfois deux, trois, quatre et même plus d'appels pour aller sauver des vies. Voilà à quoi ils sont confrontés. Imaginez leur stress.
La coalition des associations infirmières de la Colombie-Britannique a tenu un forum d'urgence sur la réaction du personnel infirmier face à la crise des opioïdes. Comme bien d'autres, les professionnels en soins infirmiers sont éprouvés par l'urgence médicale actuelle et ils souffrent de stress, de traumatismes et d'épuisement. Tous les premiers intervenants, y compris le personnel infirmier et les travailleurs de la santé dans les salles urgence et les intervenants de première ligne des ONG, sont à bout de force et méritent notre soutien.
La a déclaré que le gouvernement libéral prendrait des mesures appropriées et fournirait du soutien aux premiers intervenants, nous attendons toujours. Il est temps de passer à l'action.
Je tiens à dire qu'il faut en faire beaucoup plus. Il faut trouver une solution à long terme. Des efforts concrets doivent être déployés pour traiter la toxicomanie. Pour certaines personnes, les traitements traditionnels fonctionnent, mais pas pour d'autres. Il faut aller de l'avant et offrir des traitements qui s'attaquent à la dépendance, y compris les prescriptions d'opioïdes et de substituts d'opioïdes. L'objectif consiste à stabiliser les gens et à les éloigner du marché noir pour leur sauver la vie.
Il faut également examiner les problèmes entourant les déterminants sociaux de la santé. Il faut des logements sûrs et abordables. Il faut s'attaquer à la pauvreté, chercher un moyen de briser le cycle et se pencher sur la prise en charge des enfants autochtones.
Bref, une approche globale s'impose afin d'aller de l'avant une fois pour toutes et de sauver des vies.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole pour appuyer le projet de loi , une loi qui outillerait les responsables de la santé et de l'application de la loi pour qu'ils puissent réduire plus efficacement les méfaits associés à la toxicomanie au Canada.
L'une des nombreuses modifications proposées dans le projet de loi consiste à alléger la marche à suivre pour les collectivités qui veulent faire une demande afin d'établir un centre de consommation supervisée. C'est un endroit où l'hygiène est contrôlée et où les toxicomanes peuvent apporter de la drogue qu'ils ont obtenue préalablement pour la consommer sous la supervision de professionnels de la santé et où ils peuvent avoir de l'information concernant les autres services sanitaires ou sociaux, y compris les traitements. Autrement dit, les centres de consommation supervisée constituent une mesure de réduction des méfaits dont l'efficacité a été démontrée pour les collectivités où il existe un besoin.
Depuis le début de son mandat, le gouvernement formé par mon parti s'est montré très clairement favorable aux mesures de réduction des méfaits. Ce sont des mesures dont l'efficacité a été prouvée pour réduire les conséquences néfastes de la toxicomanie sur la santé et sur la société.
La toxicomanie est un problème complexe. Je tiens à préciser qu'il s'agit d'un enjeu lié à la santé et non d'un enjeu de justice pénale. Toutes les personnes ne réagiront pas de façon positive au même traitement et toutes les personnes ne sont pas nécessairement disposées à entreprendre un traitement ou ne sont pas en mesure de le faire. Des données probantes démontrent que les personnes ne suivant pas un traitement courent un plus grand risque de préjudice social et de problème de santé. Elles courent un plus grand risque de surdose et de décès. C'est pourquoi nous devons adopter une démarche pragmatique et fonder nos solutions sur des données probantes. Maintenant, plus que jamais, alors que notre pays est aux prises avec une crise des opioïdes grandissante, il est essentiel que des mesures de réduction des méfaits fondées sur des données probantes fassent partie d'une politique exhaustive du gouvernement en matière de drogues.
Le 12 décembre dernier, la a présenté la nouvelle Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances, qui réintègre la réduction des méfaits comme pilier principal, au même titre que la prévention, le traitement et l'application de la loi. Inclure officiellement la réduction des méfaits dans la nouvelle stratégie du Canada en matière de drogues constitue la première étape. La prochaine, c'est de prendre des mesures concrètes afin de sauver des vies.
Les données probantes quant à l'efficacité de la mise sur pied et du maintien de centres d'injection supervisée sont incontestables. Ces centres permettent de sauver des vies et n'ont pas de répercussions négatives sur la collectivité environnante. Je veux être bien clair. En nous acquittant de cet engagement, nous sauverons des vies, y compris dans ma collectivité.
Surrey, et la Colombie-Britannique en général, sont aux prises avec une crise de santé. Je me console à l'idée que les quartiers, les collectivités, les villes, les provinces, et maintenant le gouvernement fédéral, ont intensifié leurs efforts pour y répondre. J'entends souvent dire dans ma circonscription que cette drogue a ruiné des vies et des familles. Pour chaque histoire comme celles-là que j'entends, j'entends trois autres histoires de personnes qui ont décidé d'agir. C'est notamment le cas des gens qui font du bénévolat à la soupe populaire locale et de l'Équipe de sensibilisation Surrey, créée récemment par la GRC, qui, dans les deux dernières semaines, est intervenue dans plus de 55 cas de surdoses. Il est rassurant de voir que les Canadiens ont uni leurs forces pour répondre ensemble à cette crise. La stratégie antidrogue dont il est question constitue la prochaine étape.
J’aurais dû mentionner plus tôt, monsieur le Président, que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
La loi actuelle est largement considérée par les experts en santé publique comme un obstacle à la mise en place de centres de consommation supervisée dans les collectivités qui en ont besoin pour prévenir la propagation de maladies et pour éviter les décès par surdose. Il est temps d'éliminer ces obstacles, et je suis fier que ce soit exactement ce que propose de faire le projet de loi .
Le projet de loi appuierait la création de centres de consommation supervisée en donnant une voix aux collectivités et en veillant à ce que chaque demande fasse l'objet d'un examen exhaustif, tout en reconnaissant que toutes les données montrent que les centres de consommation supervisée fonctionnent.
En 2011, la Cour suprême du Canada a examiné les mêmes données et a conclu que « l'existence d'un site d'injection supervisée diminuera le risque de décès et de maladie et où il n'existe guère, sinon aucune preuve qu'elle aura une incidence négative sur la sécurité publique, le ministre devrait en règle générale accorder une exemption ».
La Cour suprême a établi que cinq facteurs devraient être pris en considération dans la prise de décisions futures. Ces facteurs sont les suivants: la preuve, si preuve il y a, concernant l’incidence d’un tel centre sur le taux de criminalité; les conditions locales indiquant qu’un centre d’injection supervisée répond à un besoin; la structure réglementaire en place permettant d’encadrer le centre; les ressources disponibles pour voir à l’entretien du centre; et les expressions d’appui ou d’opposition de la communauté.
Le projet de loi respecte le jugement rendu par le plus haut tribunal du Canada, car il propose de remplacer les 26 critères énoncés dans la loi actuelle par ces cinq facteurs.
En réduisant ainsi le nombre de critères auxquels un demandeur doit répondre, on allège le fardeau administratif pesant sur les collectivités qui cherchent à mettre sur pied un centre de consommation supervisée, sans toutefois compromettre la santé et la sécurité des gens qui assurent le fonctionnement du centre, des clients de celui-ci et du voisinage.
Afin d'aider les demandeurs dans le processus de demande d'exemption de site de consommation supervisée, le gouvernement diffusera en ligne le formulaire de demande et un guide simplifié. On y indiquera le genre d'informations à fournir par rapport aux cinq critères de la Cour suprême et on veillera à réduire les fardeaux indus imposés aux demandeurs.
Le point de vue des autres parties intéressées, comme les administrations municipales et les services policiers, sera toujours pris en compte, car de vastes consultations communautaires sont désormais exigées à cet effet, ce qui élimine la nécessité d'obtenir des lettres officielles de la part de ces intervenants.
Les modifications proposées permettront également de simplifier les renseignements exigés à l'appui d'une demande. Par exemple, les demandeurs ne seront plus tenus de prouver que les centres de consommation supervisée sont efficaces et avantageux pour la santé publique. Les données à ce sujet sont claires. Les demandeurs devront plutôt démontrer que le centre répond à un besoin et qu'il aura des effets bénéfiques sur la santé publique dans la région.
De plus, en ce qui concerne les renouvellements, les centres de consommation supervisée existants n'auront plus à présenter de demande. Le renouvellement s'effectuera simplement en informant Santé Canada de tout changement aux renseignements soumis dans la dernière demande du centre. Ainsi, les centres existants pourront axer leurs efforts sur les besoins de leur collectivité plutôt que sur les formulaires de demandes compliqués.
En plus des critères, la Loi sur le respect des collectivités prévoit des principes qui doivent éclairer l'évaluation d'une demande par le ministre.
Le projet de loi propose de supprimer ces principes afin que l'évaluation des demandes repose sur des données probantes. Cette approche permettra également d'accroître la transparence du processus décisionnel touchant les centres de consommation supervisée.
S'il est adopté, le projet de loi exigera que les décisions sur les demandes soient rendues publiques, y compris les motifs du refus, le cas échéant.
Le gouvernement est déterminé à prendre des décisions objectives, transparentes et factuelles relativement aux futures demandes de création de centres de consommation supervisée, et nous nous engageons à prendre ces décisions dans un délai raisonnable.
Je peux assurer à la Chambre que le processus d'examen demeurera exhaustif, sauf qu'il ne comportera plus d'obstacles inutiles.
Les modifications proposées introduiront une certaine flexibilité au sein du processus de demande pour qu'il puisse être adapté et mis à jour au fil du temps afin de tenir compte des percées scientifiques et de permettre aux collectivités de répondre plus rapidement aux problèmes de santé émergents.
J'espère que tous les députés appuieront cet important projet de loi pour que nous puissions mieux aider les collectivités à résoudre ce grave problème de santé publique.
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Monsieur le Président, j'aimerais d'abord dire à quel point cette crise affecte les citoyens de Victoria, qui m'ont élu pour parler à la Chambre en leur nom. Dans ma collectivité, cette crise ne relève pas du débat académique: elle est bien réelle.
Au cours des 11 premiers mois de 2016, 60 personnes sont mortes d'une surdose dans ma collectivité. Je connais personnellement des familles qui ont perdu un être cher. Personne n'est épargné. On nous a pris beaucoup trop de personnes qui pourraient toujours être nos amis, nos voisins ou nos collègues si nous avions disposé des services nécessaires pour prévenir les surdoses et fournir les traitements dont notre collectivité a si désespérément besoin. Malgré tout, les citoyens de Victoria et de la Colombie-Britannique ont pris les mesures qu'ils pouvaient en l'absence de leadership de la part du gouvernement fédéral.
En avril dernier, la Colombie-Britannique a déclaré la première urgence de santé publique de son histoire. En décembre, le ministre de la Santé de la province a autorisé la création de centres temporaires de prévention des surdoses. Il existe maintenant trois centres de ce genre à Victoria.
Le 4 janvier dernier, grâce au travail acharné de nombreuses personnes de notre collectivité, l'autorité sanitaire de l'île de Vancouver a soumis une demande visant l'ouverture du premier centre de consommation supervisée de Victoria offrant des services complets, et il y en aura d'autres. Cette demande est maintenant entre les mains de la , et j'espère que, tout comme moi, elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour que cette initiative communautaire salvatrice soit approuvée sans délai.
Le travail acharné des gens qui luttent pour sauver des vies dans les rues de Victoria ne sera pas en vain. Grâce à leurs efforts, il existe maintenant trois petits centres de prévention des surdoses. Au cours de son premier mois d'existence, un de ces centres a signalé une surdose presque chaque jour. Toutefois, comme les services appropriés étaient disponibles, aucune vie n'a été perdue. Voilà la différence que ces centres font dans le monde réel. C'est pourquoi nous avons réclamé cette mesure législative il y a déjà un an et c'est pourquoi nous n'allons pas permettre qu'elle soit retardée une minute de plus.
Pour prendre toute la mesure de l'ampleur et de l'urgence de cette crise, il faut regarder ce qui se passe ailleurs que dans notre propre collectivité. Dans ma province, la Colombie-Britannique, 914 personnes sont mortes d'une surdose de drogue illicite l'année dernière. C'est le bilan annuel le plus lourd que nous ayons jamais enregistré, et il se compare aux taux de surdoses les plus élevés des États-Unis. L'an dernier, l'Ontario a perdu deux citoyens par jour. À elle seule, Vancouver affiche maintenant le même nombre de décès: deux citoyens par jour.
Environ 2 000 Canadiens sont morts d'une surdose en 2015. On sait que le nombre de décès a été beaucoup plus élevé en 2016 en raison de la présence accrue d'opioïdes puissants, dont le fentanyl, partout au pays. Je sais que ces statistiques peuvent sembler abstraites quand on ne connaît pas personnellement quelques victimes.
Repensons à ce que le député de , porte-parole du NPD en matière de santé, nous a rappelé hier. En 2003, la crise du SRAS a fait 44 victimes au Canada. Or, l'actuelle crise des opioïdes fait autant de victimes chaque semaine. Si une maladie infectieuse tuait 40 ou 50 Canadiens chaque semaine, la Chambre ne resterait sûrement pas les bras ballants. Je tiens donc à souligner quelques points très clairement.
Certains députés croient qu'on ne peut rien faire pour juguler cette crise, que la toxicomanie est le signe d'une faiblesse morale, qu'elle a toujours existé en marge de la société et que le seul changement vient du fait que les drogues gagnent en puissance.
Pendant trop longtemps, cette vision dépassée a guidé les politiques du gouvernement, et les données probantes provenant des médecins, des tribunaux et des intervenants de première ligne n'y changeaient rien. Soyons clairs: le Canada n'a jamais été confronté à une crise comme celle que nous connaissons aujourd'hui.
Le problème ne touche pas seulement le quartier Downtown Eastside de Vancouver. Le problème, c'est que des jeunes des banlieues font l'essai de drogues à usage récréatif qui, à leur insu, contiennent des opiacés 100 fois plus puissants que l'héroïne, et qu'ils en meurent. Le problème, c'est que des athlètes et des employés de bureau deviennent dépendants des antidouleurs sur ordonnance; ces gens, qui n'ont jamais connu les affres de la toxicomanie, sont réduits à trouver des fournisseurs dans la rue.
Le problème, c'est aussi que des pompiers et des ambulanciers doivent porter des masques pour ne pas inhaler de drogues si puissantes qu'une dose aussi petite qu'un grain de sel peut être mortelle. Le trouble lié à l'usage d'opioïdes est une maladie et il doit être traité comme tel. L'un de ces pompiers est Chris Coleman. Il est venu de Vancouver pour témoigner devant le comité de la santé de la Chambre des communes. Il a dit:
[...] il est néfaste pour la santé mentale d'une personne [...] de travailler extrêmement fort, mais de sentir que ses efforts n'ont pour ainsi dire aucun effet sur un problème qui submerge les rues de sa propre ville.
[...] nos collègues qui travaillent dans l’est du centre-ville éprouvent des difficultés. Ils ont le sentiment d’être abandonnés et sont désespérés.
Le gouvernement a mis beaucoup trop de temps à intervenir. Toutefois, nous avons maintenant un projet de loi à l'étude qui peut commencer à améliorer les choses. En adoptant ce projet de loi, nous pouvons éliminer les obstacles, du moins certains obstacles, qui empêchent les villes de mettre sur pied des centres de consommation supervisée qui sauvent des vies. Nous pouvons envoyer aux provinces telles que la Colombie-Britannique le signal que le gouvernement fédéral est prêt à faire sa part. Nous pouvons montrer aux gens comme Chris Coleman et aux milliers de pompiers et d'ambulanciers, de policiers et de travailleurs de première ligne comme lui qu'ils ne sont pas abandonnés, que leur travail est important, que nous sommes soucieux de leur sort, et que leur communauté est là pour les soutenir.
Nous devons être réalistes. Ce projet de loi ne réglera pas à lui seul la crise des opioïdes. Nous sommes ici parce qu'aucun gouvernement n'a investi dans la désintoxication, les traitements, l'éducation et la prévention. Le gouvernement a négligé de mettre en place les services de base qui sauveraient des vies et qui permettraient aux toxicomanes d'obtenir le soutien dont ils ont besoin pour se stabiliser et commencer le long processus pour mettre fin à leur dépendance.
Des centaines de Canadiens meurent en raison des lacunes que les gouvernements laissent subsister année après année. Depuis plus d'un an, nous réclamons un projet de loi qui abrogera le projet de loi des conservateurs et qui éliminera les obstacles dressés par le gouvernement précédent pour mettre des bâtons dans les roues des collectivités désireuses d'ouvrir des centres de consommation supervisée pouvant sauver des vies. Lorsque j'ai parlé de ce projet de loi, je l'ai appelé la « loi sur les 24 façons de dire “non” ».
Cette mesure législative s'est fait attendre beaucoup trop longtemps. Je trouve regrettable que le gouvernement ait pris autant de temps à reconnaître notre point de vue et la nécessité d'une mesure législative pour abroger ou remplacer le projet de loi . Heureusement, il a fini par voir clair.
Le projet de loi sauvera des vies. Nous devons l'adopter le plus rapidement possible. C'est pour cette raison que le NPD a tenté en décembre d'en accélérer l'adoption et le renvoi au Sénat. Malheureusement, notre tentative a échoué. Je veux m'assurer que cela ne se reproduise pas et que le projet de loi soit adopté.
Je continuerai d'exhorter la ministre à déclarer une urgence de santé publique et à permettre aux centres d'urgence de prévention des surdoses de mener leurs activités légalement dans tout le pays. Je continuerai de presser le gouvernement d'utiliser les pouvoirs qu'il possède déjà pour accélérer le traitement des demandes en provenance de villes comme Montréal, Victoria et Toronto. L'étude de ces demandes s'éternise parce que Santé Canada prend des mois pour les examiner. Je continuerai à demander pourquoi le gouvernement s'obstine à ignorer les recommandations des grandes villes, des autorités médicales et même du comité parlementaire de la santé concernant d'autres mesures à prendre pour endiguer cette crise.
En conclusion, l'adoption de ce projet de loi est nécessaire. En conséquence, au nom d'une collectivité canadienne au centre de la crise, j'exhorte tous les députés à appuyer ce projet de loi vital et à l'adopter maintenant avant que cette crise évitable n'engouffre encore plus de Canadiens.