Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement a induit les Canadiens en erreur dans son programme et dans le discours du Trône en s’engageant « à faire en sorte que l’élection de 2015 soit la dernière élection fédérale organisée selon un scrutin majoritaire uninominal à un tour », et que le gouvernement doit présenter des excuses aux Canadiens pour avoir renié sa promesse.
— Monsieur le Président, je dois d'abord signaler que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue et ami de . C'est une très bonne idée, parce que je suis convaincu qu'il a des choses très intéressantes à nous dire.
Aujourd'hui, c'est une journée importante où on nous permet de discuter des engagements électoraux du Parti libéral lors de la dernière élection, il n'y a même pas un an et demi.
Dans leur plateforme électorale, sur le site Web, dans leurs conférences de presse, dans les communiqués de presse et dans les débats, ils ont fait part de plusieurs engagements. Ils ont promis beaucoup de choses à beaucoup de monde. Ils ont promis beaucoup d'argent, ils ont promis beaucoup de réformes et beaucoup de renouveau. Un des aspects fondamentaux de ce renouveau démocratique, de ce renouveau politique, était un engagement ferme et solennel de changer notre système électoral, de changer notre mode de scrutin. Il a été dit et redit à des douzaines de reprises que l'élection de 2015 serait la dernière élection avec le mode de scrutin actuel, c'est-à-dire le mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour.
Pourquoi? Parce que c'est un système inéquitable et injuste qui crée des distorsions importantes entre la volonté populaire, ce que les gens choisissent lorsqu'ils mettent leur bulletin de vote dans l'urne, et le résultat que nous voyons, ici, à la Chambre avec 338 députés. Ces distorsions sont tellement graves qu'elles découragent des gens de voter, parce qu'ils ont l'impression que leur vote ne compte pas, que leur voix n'est pas représentée et que leur vote est perdu.
Les libéraux ont fait campagne pour que chaque vote compte. En fait, les libéraux, les néo-démocrates, ainsi que les verts, ont fait campagne pour changer notre mode de scrutin, afin qu'il reflète ce que les gens veulent. Les résultats de l'élection de 2015 permettent de constater que 18 millions de bulletins de vote ont été placés dans les urnes. Neuf millions de ces votes ont servi à élire directement un député ou une députée, et les neuf autres millions n'ont élu personne. Les gens, sans nécessairement avoir les chiffres en tête, sentent cela. Parfois, dans une circonscription qui est gagnée à l'avance par un libéral ou par un conservateur, ils se demandent pourquoi ils iraient voter puisque, de toute façon, leur vote ne comptera pas et ne changera rien.
Or avec un nouveau système électoral, on pourrait faire en sorte qu'un parti qui a à peu près 10 % des votes aurait à peu près 10 % des sièges à la Chambre, et un parti qui aurait 20 % des votes aurait 20 % des sièges. C'est comme cela que cela fonctionne dans la plupart des démocraties semblables à la nôtre. C'est comme cela que cela fonctionne dans 85 % des pays de l'OCDE.
Le Canada est un des derniers et rares pays à fonctionner avec un mode de scrutin archaïque appelé en anglais first past the post. Celui-ci fait en sorte que dans une course à trois ou à quatre, un candidat peut être élu à la Chambre avec 28 %, 30 % ou 32 % des votes. Cela veut dire que 70 % des gens qui ont voté dans sa circonscription n'ont pas voté pour le député qui a été élu. C'est là où on a cette distorsion extrêmement importante.
Ainsi, le dernier gouvernement conservateur avait été élu majoritairement avec 39 % des votes, ce qui veut dire que 61 % des Canadiens et des Québécois n'avaient pas voté pour ce gouvernement. Pourtant, ceux-ci devaient subir une majorité conservatrice pendant quatre ans.
En 2015, 39 % des gens ont voté pour le Parti libéral, ce qui lui a donné près de 55 % des sièges à la Chambre et à peu près 100 % du pouvoir. Est-ce que c'est réellement démocratique? Je ne le pense pas. Ce n'est pas l'avis non plus de la plupart des citoyennes et citoyens consultés.
Rappelons-nous que les libéraux ont fait cette promesse solennelle de changer le mode de scrutin, de changer notre système électoral. Ils l'ont non seulement faite pendant la campagne électorale, mais ils l'ont aussi inscrite dans leur discours du Trône, ce qui n'est pas rien. Ils l'ont inscrite dans la lettre de mandat de la première ministre des Institutions démocratiques, et ils l'ont répétée maintes et maintes fois à la Chambre et à l'extérieur de la Chambre dans le cadre de toutes ces assemblées citoyennes, ces assemblées publiques, que la première ministre des Institutions démocratiques nous a demandé de faire.
D'ailleurs, plus de 200 députés à la Chambre ont tenu ces assemblées publiques, et dans nombre d'entre elles, les députés libéraux ont réitéré et répété cette promesse de changer le système électoral et le mode de scrutin.
C'est d'ailleurs le cas de la nouvelle qui, en juin dernier, s'offusquait des distorsions qui existent dans le mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour. Or, six mois plus tard, elle a retourné sa veste et a fait volte-face, comme l'ensemble du gouvernement en place.
Nous nous attendons à mieux comme élus et comme électeurs, surtout en ce qui concerne un Parti libéral qui a fait campagne en disant qu'il allait redonner confiance en nos institutions, redonner espoir aux citoyens, briser le cynisme et offrir des institutions démocratiques réellement représentatives.
Le 7 décembre dernier, à la suite d'une question du député d' à la Chambre, le a répété que l'élection générale de 2015 serait la dernière à être menée selon le système électoral majoritaire uninominal à un tour. Le 7 décembre dernier!
Le 2 décembre, le a réaffirmé son engagement à réformer le système électoral en disant ce qui suit: « J'ai fait une promesse parce que j'y crois. J'ai entendu clairement que les Canadiens voulaient un meilleur système de gouvernance, un meilleur système pour choisir nos gouvernements, et je travaille très fort pour que l'élection de 2015 ait été la dernière avec le système uninominal à un tour. »
Il ajoutait ceci: « Ce n'est pas parce que c'est difficile qu'on doit laisser tomber. Ce n'est pas comme cela que j'ai été élevé. »
Je veux reprendre les paroles de mon collègue de . La manière dont moi j'ai élevé, c'est que quand j'ai dit que je vais faire quelque chose, je le fais. Si je ne le fais pas, je présente mes excuses, et c'est ce que nous demandons au gouvernement de faire par l'entremise de la motion néo-démocrate déposée à la Chambre.
Si les libéraux ont dit qu'ils allaient faire quelque chose, l'ont répété et rentré dans la tête des gens, s'ils sont allés chercher des électeurs et des électrices et les ont convaincus de leur faire confiance et qu'ensuite, ils prennent le projet pour le mettre à la poubelle, ils doivent s'en excuser. Tous les députés libéraux ici devraient présenter leurs excuses à la Chambre et à l'ensemble de la population canadienne de les avoir induit en erreur. C'est grave.
Nous donnons l'occasion aux libéraux d'avoir la conscience nette et de présenter des excuses officielles pour avoir rompu une promesse fondamentale qui touche notre démocratie, soit la représentation des citoyens et citoyennes dans leur Parlement.
Des gens nous disent qu'ils ne voteront plus jamais libéral. On peut les comprendre, et on les comprendrait pour moins que cela. Ce qui est beaucoup plus grave, c'est que des jeunes ont cru à l'espoir porté par les promesses libérales en 2015 et ont voté pour la première fois de leur vie en se disant qu'ils allaient changer le système et améliorer notre démocratie.
Aujourd'hui, ces jeunes voient cette confiance se briser et s'effondrer. Ils nous disent qu'on ne les y reprendra plus, qu'ils ne voteront plus jamais. C'est extrêmement dommage, car ce sont des gens qui augmentent le cynisme dans la population, notamment chez les jeunes qui pensaient avoir des politiciens différents et qui n'ont que les vieux libéraux d'avant, qui promettent n'importe quoi.
Cependant, la résistance est là, et les gens réagissent. La semaine dernière, une pétition en ligne comptait quelques milliers de signatures; aujourd'hui, près de 93 000 personnes l'ont signée. Depuis une semaine, 500 personnes par heure signent cette pétition demandant au gouvernement libéral de respecter sa promesse.
Nous, néodémocrates, n'allons jamais abandonner ce combat ni baisser les bras pour avoir un bon système électoral, pour que chaque vote compte et que chaque voix soit représentée, et qu'on respecte enfin la volonté populaire.
Les libéraux ont fait miroiter cette promesse et ils l'ont brisée. Ils devront maintenant en payer le prix. Nous, nous allons nous battre pour une meilleure démocratie.
:
Monsieur le Président, je remercie le député de ses efforts infatigables et de son excellent travail. Merci également aux députés qui ont pris le au mot et ont consulté de bonne foi les habitants de leur circonscription sur une question fondamentale, c'est-à-dire notre mode de scrutin ou notre mode d'élection du gouvernement. Je sais que beaucoup de députés de tous les partis ont tenu des assemblées publiques et mené des consultations de toutes sortes.
J'aimerais tout d'abord citer les propos du il y a seulement quelques mois:
Le fait est que les Canadiens s'attendent à ce qu'une personne présente des excuses lorsqu'elle pose des gestes qui ne correspondent pas aux attentes qu'ils ont à son endroit ou envers eux-mêmes.
Selon moi, le premier ministre a suscité chez les Canadiens des attentes à son propre égard. Il leur a fait croire qu'il serait différent, qu'il tiendrait ses engagements et que ses promesses n'étaient pas vides de sens.
Voyons ce qu'il a déclaré à propos de ses promesses:
Les Canadiens nous confient des tâches difficiles. Ils ne s'attendent pas à ce qu'on baisse les bras lorsque les choses sont difficiles. [...] Non, je m'en excuse, mais j'ai été élevé à faire mieux que ça. Je ne vais pas abandonner un dossier, même s'il se révèle particulièrement difficile.
De quoi parlait le premier ministre? Il parlait de la réforme électorale. En décembre dernier, il a réitéré son engagement à cet égard. Il s'agissait d'un engagement aussi clair et net que toutes les autres promesses du et du Parti libéral. Cette promesse, faite durant la campagne, a été répétée durant le discours du Trône et des centaines de fois par la suite. Lors des assemblées publiques qu'il a organisées un peu partout au pays, à l'exception de la Colombie-Britannique, étrangement, le premier ministre s'est fait questionner à propos de son engagement à l'égard de la réforme électorale. La main sur le coeur, et regardant les Canadiens droit dans les yeux, il a affirmé qu'il était fermement résolu à mener à bien cette réforme et que les Canadiens pouvaient avoir l'assurance que l'élection générale de 2015 serait la dernière élection fédérale organisée selon un scrutin majoritaire uninominal à un tour.
Il serait normal que les Canadiens puissent croire en ce que dit le premier ministre. En effet, ils devraient avoir suffisamment confiance en son intégrité pour le croire quand il réitère sans arrêt une promesse avec sincérité et émotion. Ce n'est pas le cas. Le est maintenant confronté au cynisme qu'il pensait pouvoir éliminer. Il a déclaré par le passé que le cynisme tuait notre démocratie et que les gens ne faisaient plus confiance au gouvernement Harper parce qu'il ne leur offrait que des promesses brisées. « Nous devons — et nous allons — faire mieux, » disait-il. Or, il est aujourd'hui la source du cynisme des Canadiens, surtout des jeunes Canadiens.
Je souhaite insister sur ce point. Au cours des dernières élections, de nombreux jeunes Canadiens ont été enthousiasmés par la campagne du , car il promettait qu'il serait différent, qu'il parlerait différemment, qu'il aborderait les enjeux différemment, qu'il pensait comme les jeunes Canadiens, qu'il pouvait améliorer la politique, que l'époque des chefs libéraux qui promettaient une chose pour être élus puis brisaient leurs promesses sachant qu'il ne subiraient aucune sanction était révolue.
La leçon à retenir de la motion d'aujourd'hui est très simple. C'est une leçon que nous avons tous dû apprendre lorsque nous étions enfants et que nous enseignons tous à nos enfants, du moins je l'espère. Cette leçon, c'est que lorsque nous faisons une promesse, nous devons tout faire en notre pouvoir pour l'honorer, et que, si nous brisons cette promesse, nous devons présenter nos excuses. Nous devons admettre que la promesse est rompue et présenter nos excuses, puis faire des pieds et des mains pour réparer les torts et regagner la confiance perdue.
Cela ne devrait pas être difficile pour certains de mes collègues libéraux qui ont déjà envoyé une lettre d'excuse aux citoyens de leur circonscription. « Je m'excuse; nous avons fait une promesse et nous ne l'avons pas tenue », disent certains de mes collègues libéraux. C'est une démarche judicieuse. C'est bien qu'ils admettent leur erreur. Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Les libéraux ne peuvent nier qu'ils ont fait une erreur, et certains d'entre eux ont choisi de l'admettre.
Or, nous attendons toujours les excuses du . C'est étrange, car c'est lui qui a fait cette promesse et c'est lui qui l'a rompue. Il est incapable de trouver le courage de prendre la parole au Parlement et de dire aux Canadiens: « En passant, toute cette foi que vous avez en moi, toutes ces séances de discussion ouverte auxquelles vous avez participé, ce pénible sondage en ligne, MaDémocratie.ca, auquel vous avez répondu, tout cela était en fait cynique. » Tout cela était une tentative de brouiller les cartes pour arriver à cette conclusion bizarre selon laquelle le consensus général que les libéraux ont décidé d'imposer à titre d'exigence au milieu du processus, n'existe pas. Quelque 333 pages du comité sur la réforme électorale ont fait la lumière sur ce mensonge.
Le comité a entendu des experts et des données lui ont été présentées. Les libéraux n'avaient-ils pas également promis que leur gouvernement fonderait ses décisions sur des données probantes? En très grande majorité, mes collègues du Parti conservateur et du Bloc, ma collègue du Parti vert, tous ont prêté attention aux propos des experts. Ils ont ainsi constaté que, dans 90 % des cas, ces experts étaient d'avis que, si nous souhaitions changer le mode de scrutin, nous devrions proposer un mode proportionnel.
Parmi les Canadiens qui se sont présentés aux assemblées publiques, 86 % ont écrit au comité. Ils ont répondu à notre propre sondage, dans lequel nous avons osé leur demander s'ils appuyaient la réforme du mode de scrutin au Canada. Cette question, les libéraux ont oublié de la poser dans leur sondage. Notre sondage demandait également aux Canadiens, s'ils souhaitaient changer de mode de scrutin, quel autre mode ils préféraient.
Par je ne sais quel miracle, les Canadiens ont été en mesure de répondre à ces étonnantes questions, même si elles paraissent tellement déconcertantes aux yeux de certains. Quelque 23 000 Canadiens n'ont eu aucune difficulté à répondre aux questions du comité. Il n'y a pas eu de scandale.
Les libéraux ont dépensé 4 millions de dollars dans ce processus de consultation. Il y avait consensus et les seuls qui n'en faisaient pas partie étaient mes collègues libéraux. Pourquoi? Alors qu'il brisait sa promesse, le l'a expliqué aux Canadiens. Il a un mode de scrutin préféré. Qu'importe si, au comité, ni le vote préférentiel qu'il préconisait ni les faits qu'il avait présentés n'étaient soutenus par des données. Ce qu'il voulait, c'était qu'on laisse les libéraux classer eux-mêmes les différents modes de scrutin.
Des Canadiens et des experts ont dit au comité que, si nous voulons faire en sorte que chaque vote compte et que le système électoral soit plus équitable, on ne doit pas recourir au vote préférentiel, puisqu'il ne fait que compliquer les difficultés liées au système actuel.
Lorsque le et son équipe d'experts ont affirmé qu'il fallait modifier le système électoral, ce qu'ils voulaient dire, c'est qu'il fallait le modifier de la façon qui leur convenait. Les libéraux ont soi-disant consulté les Canadiens, mais ils ont été désolés de constater que ces derniers ne leur donnaient pas la réponse qu'ils souhaitaient entendre.
La prise de décision fondée sur des données probantes est le nouveau mantra des libéraux. Ils ne vont pas utiliser les données qu'ils ont sous les yeux. Si les données pointent dans la mauvaise direction et risquent de nuire aux chances des libéraux de former des gouvernements majoritaires jusqu'à la fin des temps, ils vont simplement faire avorter le processus. Si cela porte atteinte à la crédibilité du , eh bien, peu importe, c'est un type très populaire qui paraît bien, et il arrivera à passer au travers.
Les libéraux ont affirmé que les gens ne portent pas attention, que personne ne se soucie du système électoral ou de la promesse du . Un Canadien m'a demandé d'appuyer une pétition, et j'ai accepté. C'était une pétition électronique. Nous y avons recours à la Chambre depuis quelques années déjà. En novembre dernier, mon concitoyen avait lu le texte d'une entrevue avec le premier ministre dans Le Devoir.
Le y affirmait que la réforme électorale était un enjeu important lorsque Stephen Harper était au pouvoir et que les Canadiens étaient mécontents, mais que ceux-ci sont heureux maintenant. Le premier ministre disait donc que les Canadiens ne se soucient plus de la réforme électorale parce qu'il est qui il est.
Mon concitoyen a entendu ce message et a craint, à juste titre, que les libéraux soient sur le point de rompre leur promesse, et c'est pourquoi il nous a envoyé une pétition. Celle-ci n'a pas attiré beaucoup d'attention. Quelques milliers seulement de Canadiens l'ont signée en ligne il y a à peine quelques semaines. Eh bien, en date d'aujourd'hui, 92 500 Canadiens sont allés sur le site et ont fait savoir qu'ils veulent que les libéraux respectent leur promesse et qu'ils tiennent à cette promesse.
Les Canadiens, particulièrement les partisans libéraux, m'ont exprimé leur complète consternation dans les tribunes radiophoniques, dans les courriels qu'ils m'ont envoyés et dans les médias sociaux. Ils pensaient que le premier ministre était différent, ou ils sont dégoûtés parce que c'était justement pour s'opposer à ce type de manigances qu'ils ont voté pour lui. Ils ne voulaient plus voir ce genre de situation. Ils voulaient quelque chose de mieux, comme le le leur avait promis à maintes reprises.
Je tiens à dire ceci aux personnes qui prétendent que les Canadiens n'étaient pas préoccupés par la représentation proportionnelle mixte ou le scrutin à vote unique transférable lorsqu'ils se sont levés ce matin, que ce dossier est trop dans l'ombre pour avoir de l'importance dans un contexte politique et que nous avons actuellement des questions plus cruciales à régler: ce dossier pourrait avoir un effet boule de neige. Beaucoup de Canadiens se soucient de l'intégrité et de la promesse du premier ministre. Ils veulent savoir qu'ils peuvent lui faire confiance lorsqu'il donne sa parole, ce qui n'est plus le cas.
Il est possible que ce dossier devienne un brasier très dangereux. Même s'il brûle d'une flamme intense et peut être étouffé, il arrive que les gens qui quittent les lieux d'un brasier qu'ils pensaient avoir éteint découvrent par la suite que le feu couvait dans les racines. C'est une situation qu'on observe dans ma région de la Colombie-Britannique. Mon collègue de Prince George connaît ces types de brasiers. Ils sont les plus dangereux, car ils peuvent refaire surface à tout moment.
Ces brasiers sont si violents et ils brûlent si longtemps qu'ils talonneront le gouvernement jusqu'au moment où il se présentera aux élections et où il aura le culot d'affirmer que, la dernière fois, il n'a pas dit la vérité, qu'il a induit les gens en erreur et qu'il avait d'autres préoccupations plus importantes, mais que, maintenant, les gens peuvent de nouveau lui faire confiance.
Voici ce que je veux dire pour terminer. À l'époque où nous vivons, où règne tant d'incertitude dans le monde, où on assiste à une montée du populiste et dangereux mouvement de la droite alternative aux États-Unis et en Europe, ce qu'il faut vraiment pour s'immuniser, c'est un système électoral équitable. Il est paradoxal de constater que le premier ministre — qui a été élu pour faire diminuer le cynisme, susciter l'espoir et hausser les attentes et qui est tenu par le lien sacré et de la confiance qui lie les élus aux électeurs — tourne le dos à la proposition même qui immuniserait le pays contre les dangereux mouvements que l'on voit apparaître dans le monde.
Les libéraux doivent présenter des excuses. Ils doivent revenir sur leur décision et ils doivent faire ce qui s'impose en tenant leur promesse. Les Canadiens n'en attendent pas moins.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole au sujet de la motion proposée par le député de .
Ce débat est important. De nombreuses affaires d'État importantes et beaucoup de questions qui touchent le quotidien des Canadiens sont débattues attentivement par la Chambre, mais débattre les politiques et les idées liées aux institutions démocratiques du pays — en fait, à la façon même dont nous nous gouvernons — est fondamental à notre démocratie. Ces débats sont les plus importants de tous; ils devraient donc être les moins partisans de tous. C'est ce que les Canadiens attendent de nous, leurs députés. Ils veulent que leurs représentants parlementaires collaborent pour créer les politiques du pays. Ils veulent un gouvernement responsable et ils veulent que leurs députés agissent dans l'intérêt des électeurs.
Les Canadiens croient aussi qu'une refonte majeure du mode de scrutin ne devrait pas se faire sans consensus dans la population canadienne. Nous sommes d'accord avec eux. C'est pourquoi il est tellement important pour nous d'écouter les Canadiens. Nous voulons connaître leurs pensées au sujet de la démocratie et faire tout notre possible pour que le plus grand nombre de Canadiens puissent participer à la discussion.
Il y a un an, nous avons amorcé la discussion avec un esprit d'ouverture. Nous avons décidé d'écouter les Canadiens et de créer des occasions où ils auraient leur mot à dire, au lieu de dominer nous-mêmes la discussion et d'obéir seulement à nos propres intérêts partisans.
Nous avons dit que nous formerions un comité parlementaire qui se pencherait sur la réforme électorale et nous l'avons fait. Le Comité spécial multipartite sur la réforme électorale a été créé en juin 2016 et, au cours des six mois suivants, il s'est consacré à écouter les Canadiens. Il a tenu 57 séances et entendu 196 témoins ainsi que 567 participants aux séances à micro ouvert d'un bout à l'autre du pays. Plus de 22 000 Canadiens ont participé au sondage en ligne du Comité, qui a présenté son rapport réfléchi et détaillé à la Chambre le 1er décembre dernier.
J'ai lu ce rapport exhaustif et nuancé. Beaucoup d'efforts ont été consacrés à sa rédaction, et j'invite tous les députés à le lire.
[Français]
Le gouvernement a écouté les Canadiens dans le cadre de ses propres consultations concomitantes. Des assemblées générales et des tables rondes ont été organisées dans chaque province et territoire au printemps, à l'été et à l'automne derniers. Des milliers de Canadiens y ont participé afin de donner leur point de vue sur nos valeurs démocratiques et sur d'autres enjeux importants liés à la pratique de la démocratie canadienne.
[Traduction]
Nous avons également encouragé les députés à tenir des assemblées publiques dans leur propre circonscription et nous sommes vraiment reconnaissants qu'autant d'entre eux l'aient fait. Certains députés ont même organisé plus d'une assemblée de ce genre. J'en ai organisé une dans ma circonscription, Burlington, et je remercie les quelque 90 résidants qui se sont joints à moi à l'aréna Mainway des propos réfléchis qu'ils ont tenus.
Il est important de reconnaître que ces assemblées publiques ont été organisées par des députés de tous les partis à la Chambre, comme les députés de , d' et de pour le Parti conservateur; le député d' pour le NPD; le député de pour le Bloc québécois; et la chef du Parti vert, la députée de .
Ce processus était non partisan et important pour les députés de tous les partis à la Chambre.
[Français]
Les députés de l'opposition officielle ont présenté au comité spécial une soumission commune. Ils ont décidé de mobiliser 81 000 Canadiens résidant dans 59 circonscriptions. Ils ont envoyé du courrier à leurs concitoyens, notamment des données de sondage, une lettre de leur député et d'autres documents. De même, les députés du tiers parti ont présenté une soumission commune au comité spécial.
Selon cette soumission, 37 000 Canadiens ont formulé des commentaires au sujet de la réforme électorale dans le cadre de 40 assemblées générales, de sondages téléphoniques, d'enquêtes par correspondance et de pétitions.
Nous avons aussi offert un contrat à Vox Pop Labs, qui a créé MaDémocratie.ca, afin d'offrir au plus grand nombre possible de Canadiens la possibilité de prendre part à cette conversation. Nous sommes infiniment reconnaissants du fait que plus de 360 000 Canadiens l'ont fait. Que ce soit par téléphone ou en ligne, des Canadiens de toutes les provinces et de tous les territoires ont accepté notre invitation.
[Traduction]
Les consultations sur la réforme électorale ont été parmi les plus vastes et les plus importantes jamais entreprises par le gouvernement fédéral. Au nom du gouvernement du Canada, je remercie les milliers de Canadiens qui y ont participé. Je les remercie d'avoir passé une soirée avec leurs voisins lors des assemblées publiques parce qu'ils voulaient avoir la possibilité de poser une question ou d'exprimer leur opinion au sujet de la démocratie au pays.
Je les remercie d'avoir rempli le sondage en ligne, d'avoir pris le temps de nous communiquer ce qu'ils pensent. Je les remercie de leur implication et de leur participation sincère. Leur opinion compte, et leurs points de vue sont valables.
Les Canadiens nous ont fourni de nombreux points de réflexion, et nous continuerons à répondre à leurs préoccupations et à leurs observations. Par exemple, les Canadiens ont formulé des idées constructives sur le vote en ligne, le vote obligatoire et l'amélioration de l'accessibilité au vote pour les personnes ayant un handicap. J'ai hâte de réagir officiellement aux conclusions du rapport du comité spécial au sujet de ces questions et d'autres encore.
Par-dessus tout, nous avons appris que les Canadiens éprouvent un attachement farouche et personnel aux institutions démocratiques du pays et qu'il est extrêmement important pour eux que le gouvernement et les députés se concentrent sur le renforcement et la protection de celles-ci. C'est exactement ce que nous ferons.
[Français]
Si nous voulons améliorer la démocratie de notre pays, nous devons nous assurer que les partis politiques recueillent des fonds de manière plus transparente auprès du grand public. Actuellement, les lois fédérales en matière de financement sont strictes. Il est interdit aux sociétés et aux syndicats de faire des dons. Il existe également une contribution maximale pour des dons et des règlements stricts relativement aux lobbyistes.
[Traduction]
Le gouvernement présentera un projet de loi pour rendre le financement politique plus ouvert et transparent. Si cette mesure législative est adoptée, elle s'appliquera aux activités de financement auxquelles participeront le premier ministre, les ministres, les chefs de parti et les candidats à la direction des partis.
[Français]
Ces activités de financement ne peuvent pas être privées. Elles doivent être annoncées publiquement. Il est tout aussi important que ces activités soient transparentes. À la suite de celles-ci, les partis politiques et les campagnes à la direction devront diffuser rapidement et publiquement des renseignements à leur sujet.
Je suis impatiente de collaborer avec les députés de chaque parti afin de débattre et de discuter de ces lois.
[Traduction]
Le gouvernement prendra également des mesures pour préserver l'intégrité du régime démocratique du Canada en protégeant le processus électoral contre le piratage et les cybermenaces.
[Français]
Si les partis politiques sont piratés ou compromis, ils pourraient mettre notre système démocratique en péril. Les partis politiques constituent une infrastructure démocratique essentielle.
Nous assurerons une meilleure protection de la démocratie canadienne en aidant les partis politiques à protéger leurs renseignements. Nous demanderons au Centre de la sécurité des télécommunications d'analyser le risque actuel de piratage informatique lié aux partis politiques du Canada et d'en diffuser publiquement les résultats. Ce plan permettra de mieux protéger la démocratie canadienne en aidant les partis politiques à se protéger.
[Traduction]
De plus, le Centre de la sécurité des télécommunications communiquera aux partis politiques les meilleures pratiques en matière de protection contre le piratage.
[Français]
Ces nouvelles initiatives s'ajouteront aux travaux importants qu'effectue notre gouvernement afin de renforcer notre démocratie. Nous avons déposé le projet de loi . S'il est adopté, nous éliminerons des obstacles au vote tout en renforçant l'intégrité de notre système électoral. Nous étendrons également le droit de vote à plus d'un million de Canadiens vivant à l'étranger.
[Traduction]
Nous tenons l'engagement que nous avons pris envers les Canadiens de présenter ce projet de loi. Nous écoutons les Canadiens qui nous ont demandé de prendre cette mesure.
Si le projet de loi est adopté, il redonnera au directeur général des élections le mandat d'éduquer et d'informer les Canadiens, en particulier les jeunes, les Autochtones et les nouveaux arrivants, à propos de l'exercice du droit de vote, des élections et des questions connexes. En rétablissant le mandat qui existait avant 2014, on pourra de nouveau mettre en oeuvre des programmes d'information et de sensibilisation publiques destinés à l'ensemble des Canadiens. Les études montrent que, plus les électeurs connaissent leur système électoral, plus ils sont susceptibles de voter. Nous faisons confiance à Élections Canada pour informer les Canadiens sur leur démocratie.
Bien que le nombre de jeunes ayant voté aux élections de 2015 ait été plus élevé que jamais, nous ne pouvons pas tenir pour acquise cette participation. Si le projet de loi est adopté, il permettra aux jeunes Canadiens âgés de 14 à 17 ans de s'inscrire à une nouvelle liste, qui contiendra les futurs électeurs. Lorsqu'ils atteindront l'âge de 18 ans, ils seront déjà sur la liste électorale. De nombreux pays permettent aux jeunes de s'inscrire à l'avance sur la liste électorale afin de pouvoir voter, le temps venu. Les jeunes ont ainsi l'occasion de se renseigner sur les pratiques démocratiques, et c'est une manière de promouvoir la participation à la vie démocratique parmi les générations futures.
Le projet de loi représente une évolution constructive et progressiste de la manière de voter des Canadiens. À bien des égards, il manifeste notre volonté d'améliorer et de renforcer la démocratie canadienne. J'espère pouvoir compter sur tous les députés pour appuyer ce projet de loi.
Je termine en donnant un exemple de plus aux députés.
Statistique Canada estime que 172 700 électeurs n'ont pas voté lors des élections de 2015, parce qu'ils n'avaient pas en main une pièce d'identité acceptée. Or, la proportion d'électeurs n'ayant pas voté pour cette raison est beaucoup plus élevée parmi les groupes où l'on observe traditionnellement les taux de participation les plus bas, comme les personnes âgées, les jeunes, les Autochtones, les personnes handicapées et les sans-abri.
Le droit de recourir à un répondant fait partie des moyens de réduire les barrières et d'inclure une plus grande proportion de Canadiens dans la vie démocratique de notre pays. Le gouvernement s'est engagé à faciliter l'accès à l'exercice du droit de vote et, si le projet de loi est adopté, il donnera suite à cet engagement en rétablissant le droit de recours à un répondant.
[Français]
Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre poursuit son examen des recommandations formulées par le directeur général des élections à la suite de l'élection de 2015. Comme je l'ai dit plus tôt cette semaine lorsque j'ai eu l'occasion de comparaître devant le comité, je reconnais le travail que ses membres effectuent et je suis impatiente de consulter son rapport.
[Traduction]
En tant que ministre des Institutions démocratiques, je proposerai aussi des options en vue de la création d’un poste de commissaire indépendant qui sera chargé d’organiser les débats des chefs des partis politiques, j'examinerai les limites des montants que les partis politiques et les tierces parties peuvent dépenser pendant les élections, je préconiserai des mesures pour que les dépenses effectuées entre les élections soient visées par des limites raisonnables et j'appuierai le et la dans leur examen de la Loi sur l’accès à l’information. Je suis convaincue que les députés souhaiteront collaborer avec nous dans ces importants dossiers.
Je continuerai également à travailler avec tous les députés sur la question de la réforme du Sénat. Nous avons déjà mis en place de nouvelles mesures et réformes pour les Canadiens, dont un nouveau processus de nomination neutre et fondé sur le mérite pour combler les sièges vacants au Sénat.
Ces dossiers sont importants, et prendre les mesures nécessaires à l'égard de ceux-ci nous permettra de faire en sorte que le système démocratique du Canada sera en mesure de relever les défis à venir et de résister aux personnes qui souhaitent compromettre la légitimité du système pour détruire le fondement même de notre identité. Prendre des mesures dans ces domaines renforcera la confiance du public dans les institutions démocratiques et permettra de faire en sorte que la démocratie et les institutions démocratiques canadiennes restent un exemple pour le monde entier.
Lors des dernières élections fédérales, plus de 922 000 jeunes ont participé au programme Vote étudiant de leur école. Je me souviens encore lorsque j'ai organisé le premier programme Vote étudiant à l'école M. M. Robinson de Burlington, à l'époque où je fréquentais l'école secondaire. Je suis certaine que de nombreux autres députés ont aussi participé aux campagnes de leur région. Lors des élections de 2015, j'ai participé à tous les débats organisés par l'école Aldershot dans le cadre de son initiative Vote étudiant.
Le germe des principes et des valeurs démocratiques est instillé dans le coeur et l'esprit des jeunes partout au Canada. La démocratie est bien vivante dans notre pays, et je suis optimiste et pleine d'espoir quant à l'avenir de la démocratie canadienne. Il nous incombe en tant que leaders de nos collectivités de faire tout en notre pouvoir pour nous assurer que les jeunes et tous les Canadiens, qu'ils partagent ou non nos points de vue, adhèrent à la fière tradition démocratique du Canada.
[Français]
Les débats organisés à la Chambre, peu importe leurs sujets, sont essentiels dans le cadre de notre démocratie.
Je voterai contre cette motion. Toutefois, je respecte la tenue du débat d'aujourd'hui. Bien que nous ne soyons pas toujours d'accord, lorsque nous le sommes et que nous travaillons ensemble, de grands progrès sont possibles.
[Traduction]
La Chambre peut incarner le meilleur de ce que le Canada a à offrir et peut accomplir de grandes choses, qu'on pense par exemple aux soins de santé universels, à la Charte des droits, aux opérations de maintien de la paix, à la Sécurité de la vieillesse et même à l'élargissement du droit de vote. Les députés qui nous ont précédés avaient réussi à mettre de côté la partisanerie, avaient écouté les Canadiens et avaient accompli le travail difficile que le public exige de nous.
Nous avons encore bien du travail à faire pour renforcer, protéger et améliorer nos institutions démocratiques, et je serai heureuse de collaborer avec tous les députés à l'atteinte de ces objectifs.
:
Monsieur le Président, je tiens à remercier les précédents orateurs, en particulier mes deux collègues du Nouveau Parti démocratique, qui ont présenté la motion aujourd'hui. Ils ont tous deux été à l'avant-scène du débat. Je suis très heureux d'avoir siégé avec eux au comité. J'ajouterai que j'ai eu aussi beaucoup de plaisir à siéger avec les députés libéraux, bloquiste et vert. De plus, l'excellent travail accompli par les députés conservateurs membres du comité a été grandement apprécié.
Avant d'en dire plus, je dois m'interrompre pour dire que je partagerai mon temps de parole avec le député de , qui a rendu des services inestimables au comité et qui a d'excellentes idées à partager.
La motion dont nous sommes saisis aujourd'hui est:
Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement a induit les Canadiens en erreur dans son programme et dans le discours du Trône en s’engageant « à faire en sorte que l’élection de 2015 soit la dernière élection fédérale organisée selon un scrutin majoritaire uninominal à un tour », et que le gouvernement doit présenter des excuses aux Canadiens pour avoir renié sa promesse.
L'affirmation selon laquelle le gouvernement a renié sa promesse et que les Canadiens ont été induits en erreur est une déclaration de fait, il est donc difficile de la contester.
Je partage l'opinion exprimée par Rex Murphy: le n'avait pas les compétences requises pour faire cette promesse.
Voici ce que Rex Murphy a dit au printemps 2016:
La déclaration dramatique [du premier ministre] selon laquelle il s'agirait des dernières élections tenues selon la méthode du système majoritaire uninominal à un tour n'était pas une promesse qu'il devait alors ou qu'il doit maintenant tenir [...] Changer la façon dont les Canadiens votent n'est pas du ressort d'un candidat ou d'un premier ministre.
Il a ajouté ceci:
Le pouvoir du vote des citoyens est l'ADN de notre démocratie. Les libéraux n'ont donc pas le pouvoir [...] de modifier les façons de faire en place. Ils ne peuvent pas s'adonner à de petits jeux parlementaires pour choisir un [nouveau] mode de scrutin sans consulter les électeurs par référendum, en leur posant une question claire sur ce qu'ils préfèrent. Sans référendum, le mode de scrutin ne peut pas être modifié.
Je suis entièrement d'accord avec Rex Murphy. C'est la position adoptée par le Parti conservateur depuis le début de ce débat, en fait depuis une dizaine d'années avant même la tenue de ce débat, et c'est la position que nous maintiendrons dans le futur.
Il n'est pas déraisonnable pour un gouvernement d'essayer de modifier le système électoral, à la condition que ce soient les électeurs qui aient le dernier mot. Ce n'était pas au qu'il revenait de faire une telle promesse et ce n'est pas à lui qu'il revenait de la rompre.
Quelle façon de faire aurait été raisonnable? Comment un gouvernement devrait-il normalement procéder pour donner suite à un autre genre de promesse? Comment aurait-il dû procéder pour cette promesse particulière? Le gouvernement aurait dû s'asseoir après les élections, avec professionnalisme, et suivre le processus législatif normal, au lieu d'attendre huit mois et de former un comité chargé d'examiner la mesure législative qu'il avait élaborée. Le gouvernement aurait pu proposer n'importe quel modèle sans sa mesure législative, y compris le mode de scrutin préférentiel qu'il privilégie, même si celui-ci n'aurait décidément pas reçu l'appui du public. La population aurait ensuite pu choisir, par voie de référendum, entre le modèle proposé et le mode de scrutin actuel. Voilà comment les choses auraient dû se dérouler. Le gouvernement rejette toutes ces idées; il ne veut pas d'un référendum, ni d'une option autre que celle qu'il préfère. Quoi qu'il en soit, c'est ce qui aurait dû se passer.
Conscient que le processus que j'ai décrit constituait la façon raisonnable de procéder, le Comité spécial sur la réforme électorale a tenté d'aider le à suivre ce processus raisonnable de façon à respecter sa promesse électorale.
Tout d'abord, nous avons proposé que le gouvernement tienne un référendum sur un mode de scrutin qui aurait des chances raisonnables d'être accepté. Il ne sert à rien, en effet, de tenir un référendum sur une question perdue d'avance. Le référendum doit porter sur une option équitable et raisonnable, susceptible d'obtenir l'appui des Canadiens. D'après les témoignages que nous avons entendus, il fallait également que le système proposé soit un mode de scrutin proportionnel. Enfin, il fallait que l'option choisie puisse être mise en oeuvre à temps pour les élections de 2019.
Je n'ai pas ménagé mes efforts afin d'obtenir des précisions de la part du directeur général des élections à propos de l'échéancier à respecter pour que le système d'Élections Canada puisse être modifié à temps pour les élections de 2019. Le comité, avec courage et professionnalisme, a fait en sorte que ses recommandations respectent cet échéancier, afin que le puisse respecter sa promesse maintes fois répétée. Les deux première étapes prévues avaient été menées à bien. Nous avions formulé les recommandations, sur lesquelles je reviendrai dans un instant.
L'excuse donnée par le pour ne pas avoir tenu sa promesse était qu'il n'y avait pas de consensus, comme nous l'avons entendu à répétition, mais on voit, en réalité, trois niveaux distincts de consensus dans le rapport du comité spécial. Je vais maintenant vous dire ce sur quoi ils portent.
Premièrement, quatre des cinq partis représentés au comité ont appuyé la recommandation de tenir un référendum pour choisir entre un système proportionnel et le statu quo.
Deuxièmement, nous avons inclus le volet référendum, en partie, parce que les conservateurs ont insisté là-dessus, mais aussi parce que les multiples sondages de l'année dernière montrent qu'une vaste majorité de Canadiens n'accepteraient une réforme du système que s'il y avait un référendum. Ils voulaient avoir le dernier mot. Tous les sondages — soit une dizaine au cours de l'année dernière — ont indiqué que, selon la façon dont le scrutin serait mené, de 65 % à 75 % des Canadiens voulaient un référendum, voulaient se réserver le droit d'avoir le dernier mot et seulement 17 % estimaient que l'adoption d'un nouveau système à la Chambre des communes suffisait.
Voici maintenant quelques commentaires de sondeurs pour donner à tous une idée de la solidité du consensus parmi les Canadiens.
Mario Canseco de la firme Insights West a dit au comité spécial: « Cette majorité de Canadiens englobe les deux sexes, tous les groupes d'âge, toutes les régions et les sympathisants des trois [principaux] partis politiques [...] »
Lorne Bozinoff, de Forum Research, a affirmé ce qui suit au sujet des données recueillies: « Le résultat est très concluant. La grande majorité des répondants, peu importe la région d'où ils viennent ou le groupe socioéconomique auquel ils appartiennent, est favorable à la tenue d'un référendum [...] »
Darrell Bricker, de la firme Ipsos Affaires publiques, a déclaré ce qui suit devant le comité spécial: « La majorité des gens de toutes les catégories démographiques que nous avons étudiées — par sexe, âge, degré de scolarité, revenu et ayant ou non des enfants dans leur domicile — appuyaient la tenue d'un référendum. »
C'est là où nous en sommes. Il y a un deuxième niveau de consensus.
De plus, les gens qui souhaitent un changement ont témoigné devant le comité et ils ont assisté aux séances à micro ouvert pour prôner le changement. Une majorité écrasante, on me dit que c'est d'environ 80 %, a appuyé la représentation proportionnelle comme solution de rechange. Le comité a donc tenu compte de cette information et il a formulé une recommandation, que je vais vous lire, ainsi qu'un bref préambule qui figure dans le rapport. La recommandation 12 prévoit ce qui suit:
Observation: Le Comité reconnaît que, de ceux qui voulaient du changement, la grande majorité des témoignages était en faveur de la représentation proportionnelle. Par ailleurs, le Comité reconnaît l’utilité de l’indice de Gallagher, un outil développé pour mesurer la disproportion relative entre les votes reçus et les sièges obtenus à l’intérieur d’un système électoral.
Par conséquent, le Comité recommande:
Que le gouvernement organise un référendum dans lequel le système actuel est sur le bulletin de vote;
que le référendum propose l’implantation d’un système électoral proportionnel qui atteint une note de 5 ou moins sur l’indice « Gallagher »;
que le gouvernement complète la conception du système électoral alternatif proposé au référendum avant le début de la campagne référendaire.
La dernière recommandation est conçue pour donner au gouvernement la marge de manoeuvre nécessaire, comme ce devrait être le cas pour n'importe quel gouvernement, afin qu'il puisse concevoir le projet de loi et proposer le nouveau système. En fait, les partisans de la représentation proportionnelle ont indiqué que trois systèmes leur conviendraient également. Le premier est le système de circonscriptions plurinominales à scrutin proportionnel, un peu comme en Allemagne et en Nouvelle-Zélande. Le deuxième est le système de vote unique transférable, qui est semblable à ce qui existe en Irlande et à Malte. Le troisième est ce qu'on appelle le modèle de représentation proportionnelle rurale-urbaine, qui a été conçu par Jean-Pierre Kingsley, l'ancien directeur général des élections du Canada.
Tous ces modèles auraient satisfait les défenseurs de la représentation proportionnelle, mais peut-être pas ceux qui se soucient de la représentation locale, des limites de la discipline de parti et d'autres préoccupations légitimes qu'ont les Canadiens. Toutefois, c'est au gouvernement qu'aurait incombé la responsabilité de concevoir un système répondant le mieux possible à ces objectifs tout en affichant une proportionnalité adéquate selon l'indice de Gallagher.
Tout cela a été fait. Le consensus a été obtenu à tous les niveaux. Les partis de la Chambre, une majorité de Canadiens et une majorité des tenants du changement ont été inclus dans l'exercice. Résultat: les personnes réticentes au changement auraient vu leurs craintes calmées par la proposition que les libéraux auraient dû présenter pour le mois de mai prochain. Les libéraux auraient ainsi honoré leur promesse et même établi un consensus avec le gouvernement — jusqu'à ce qu'ils changent leur fusil d'épaule, cela dit, car le gouvernement estime que le changement devrait se produire, qu'il soit populaire ou non.
Je me permets de citer une déclaration que le a faite durant une entrevue accordée en avril. Il a dit ceci:
Sous M. Stephen Harper, il y avait tellement de gens mécontents du gouvernement et de son approche que les gens disaient « ça prend une réforme électorale pour ne plus avoir de gouvernement qu’on n’aime pas ». Or, sous le système actuel, ils ont maintenant un gouvernement avec lequel ils sont plus satisfaits. Et la motivation de vouloir changer le système électoral est moins percutante.
Eh bien, c'est une priorité pour moi et pour bien des Canadiens...
Plus tard, le premier ministre a affirmé que les Canadiens ne tiennent pas tant que cela à une réforme et lui non plus. Mais n'oublions pas qu'il était résolu à instaurer une réforme jusqu'à ce qu'il constate qu'elle ne servirait pas ses intérêts partisans.
:
Monsieur le Président, il est évident que ce sont les libéraux eux-mêmes qui ont voulu engager cette réforme au pas de charge.
En fait, ils n’ont jamais été clairs. On comprend mieux maintenant pourquoi, mais les libéraux n’ont jamais indiqué clairement quel système ils préféraient. Ils voulaient nous faire croire qu’ils étaient ouverts à tout, qu’ils n’avaient pas encore arrêté leur choix, que le semblait avoir une préférence, aux dires de l’ancienne ministre, et que c'était aussi son cas, mais que cela pourrait changer au fur et à mesure des témoignages entendus. C’est ce que la ministre a déclaré au cours d’une réunion à Victoria.
Bref, les libéraux n’ont cessé de dire que le nouveau système devait être prêt pour les élections de 2019, d’où cette précipitation.
J’ai ma théorie à moi là-dessus. Je l’ai déjà exposée à mon collègue et je vais en faire part aujourd’hui à la Chambre. Je soupçonne le d’avoir voulu se servir du temps comme échappatoire dans le dossier de la réforme électorale. D’abord, il aurait dit qu’on n’avait pas le temps d’organiser un référendum, ensuite qu’on n’avait pas le temps de mettre en place un nouveau système qui nécessiterait une nouvelle répartition des sièges ou une augmentation de leur nombre, alors que c’est la conséquence inéluctable de n’importe quel type de scrutin proportionnel. Au bout du compte, la seule option encore envisageable aurait été le scrutin préférentiel, ce qui est un changement assez mineur puisqu’il ne concerne que le bulletin lui-même, et pas les circonscriptions ni quoi que ce soit d’autre. En tout cas, c’est le discours qu’on nous aurait servi. Mais comme la promesse faite pour les élections de 2019 était sacro-sainte, les libéraux auraient tenu à aller de l’avant.
Au cours de leurs témoignages, les Canadiens ont montré à l’évidence qu’ils sont non seulement indifférents, mais surtout fermement opposés à un système qui, systématiquement, élection après élection, favorise le Parti libéral. Leur opposition était si manifeste que les libéraux ont compris que cette avenue n'était plus envisageable.
Finalement, ce que le comité a réussi à faire, c’est montrer qu’il était possible d’organiser d’ici à 2019 un référendum sur le système de représentation proportionnelle. Et, à mon avis, c’est à ce moment-là que le a décidé de tout abandonner.
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Monsieur le Président, j'ai le grand plaisir de prendre la parole aujourd'hui sur cet enjeu très important.
J'entrerai dans les détails tout à l'heure. Essentiellement, ce que l'on demande aujourd'hui, c'est de reconnaître que le a brisé, encore une fois, une de ses promesses électorales, soit celle concernant le mode électoral. Il y a de nombreuses promesses que le gouvernement n'a pas tenues. Souvenons-nous que les libéraux se sont faits élire en promettant de faire un petit déficit de 10 milliards de dollars. Aujourd'hui, on parle d'un déficit de 30 milliards de dollars. Quand sera-t-on de retour à l'équilibre budgétaire? En 2055. Pourtant, le Parti libéral s'était engagé à le faire en 2019. Il n'a pas tenu sa promesse par rapport au déficit ni par rapport à la dette.
En effet, tel que le spécifie le ministère des Finances, le Canada aura une dette de 1,5 trillion de dollars en 2050. Les libéraux n'ont pas tenu leur promesse en matière de gestion des fonds publics; ils n'ont pas été capables de respecter leur promesse électorale à propos des baisses d'impôt promises aux entreprises; et ils n'ont pas été capables de réduire, supposément, les charges fiscales des Canadiens à coût neutre, puisque cela s'est fait avec une facture supplémentaire de 3 milliards de dollars. Les libéraux avaient aussi promis de rétablir la livraison du courrier à domicile pour tous les Canadiens, mais ils n'ont pas été capables de tenir cette promesse. Ce que nous avons devant nous, c'est un qui est littéralement le champion des promesses brisées.
Je suis député à la Chambre des communes depuis environ un an. Cependant, je suis un parlementaire depuis huit ans, puisque j'ai siégé à l'Assemblée nationale du Québec. Au cours des derniers jours, j'ai assisté à un événement inédit que je ne pensais jamais voir. En effet, la semaine dernière, la a demandé au s'il s'engageait à ne pas taxer les assurances privées pour les soins de santé et les assurances privées pour les soins dentaires. De son siège, mercredi de la semaine passée, le a dit qu'il n'allait pas taxer ces deux éléments. Bravo! Tant mieux! Félicitations! On était contents de savoir cela. C'était un gain pour le Parti conservateur, mais c'était surtout un gain pour les Canadiens. Mardi, nous avons procédé à un vote. Qu'ont fait le et ses députés libéraux? Ils ont voté contre les propres paroles du premier ministre. C'est inédit! Le gouvernement se distingue de plus en plus comme étant le gouvernement des promesses brisées, et les Canadiens en sont de plus en plus conscients.
Revenons maintenant à la question soulevée par mon collègue de au sujet de la promesse du Parti libéral de réformer le système électoral. Tout d'abord, mettons les choses au clair: il est vrai que c'est un enjeu important. Toutefois, le document de la plateforme électorale du Parti libéral contenait de 97 pages. Combien de fois y parlait-on des changements au mode électoral? Il y avait trois phrases à ce sujet. On ne peut pas dire qu'il s'agissait d'un engagement fort.
Pendant la campagne électorale de 2015, il y a eu cinq débats des chefs à la télévision, soit 10 heures de débat. À quel moment le Parti libéral et l'actuel ont-ils soulevé la question lors des débats? Jamais. Seule la chef du Parti vert a soulevé la question. On verra plus tard pourquoi c'est si important pour elle. On ne peut pas vraiment dire que c'était le pain et le beurre du Parti libéral.
Toutefois, voilà que lors du discours du Trône, le discours fondateur d'une nouvelle législature, le , par le biais du gouverneur général, a dit que c'était la dernière fois, en 2015, que l'on avait voté avec le système électoral actuel. On ne rit plus. Cela devient un engagement solennel du gouvernement. On fournira tous les efforts nécessaires pour que cette promesse soit mise en avant, évidemment sous l'égide du Parti libéral. On comprend cela. Comment tout cela s'est-il déroulé?
Je tiens à saluer l'extraordinaire travail de mon collègue le député de . J'éprouve beaucoup de difficulté avec les noms des circonscriptions. Comme l'actuelle aura une tâche un peu plus légère que sa prédécesseure, je l'invite à faire une recommandation afin de revoir le nom des comtés fédéraux, car cela n'a aucun bon sens qu'ils soient aussi longs.
Mon éminent collègue, qui siège ici depuis des années, a fait preuve d'un leadership remarquable. Remarquable pour notre formation politique, mais surtout remarquable pour l'ensemble des Canadiens. Dès le premier jour, notre parti a dit que si, d'aventure, le gouvernement voulait changer le système, cela devait être fait par référendum. Nous n'avons pas bronché d'un pouce à ce sujet.
Nous avons dit cela parce que, fondamentalement, nous, les politiciens, sommes dans un perpétuel conflit d'intérêts quand il est question de réforme électorale. C'est clair. Nous ne pouvons pas être objectifs, puisqu'il est question de l'avenir de nos partis et de nos circonscriptions. Nous sommes intimement liés à cela. C'est pourquoi nous souhaitons que ce soit les Canadiens qui aient le mot final là-dessus.
On sait tous que le , chef du Parti libéral, souhaitait que ce soit un vote préférentiel, parce que cela faisait son affaire. On sait tous aussi que nos amis du NPD et la députée du Parti vert étaient d'accord pour que ce soit un vote proportionnel, parce que cela faisait leur affaire. Ils ont raison de penser ainsi, c'est normal, c'est humain. Voilà pourquoi, ultimement, il faut que ce soit les Canadiens qui décident.
Il s'en est donc suivi des consultations. Je tiens à dire que j'étais très fier de participer à cet exercice avec mon collègue de et d'autres députés. Je tiens d'ailleurs à saluer l'honorable Jason Kenney, qui a aussi participé à ces consultations, de même que tous mes autres collègues qui y ont participé. Je tiens à saluer particulièrement les députés du parti ministériel, parce que la tâche était très difficile pour eux, et ils l'ont assumée avec honneur et dignité.
Nous avons donc traversé le Canada d'un océan à l'autre. Toutefois, soyons honnêtes: certes, des milliers de Canadiens ont participé à cela, mais il y a 35 millions de Canadiens. On ne peut pas dire qu'on se pilait sur les pieds toutes les fois, sauf à Vancouver et à Victoria, dans le coin de la chef du Parti vert. D'ailleurs, je dois souligner qu'elle et son parti étaient rudement efficaces. À chaque étape, des gens du Parti vert nous attendaient, même chez moi, à Québec! En effet, lors d'une séance à Québec, un militant du Parti vert était présent. Toutefois, je dois reconnaître qu'on ne se pilait vraiment pas sur les pieds, puisque seulement 10 citoyens s'y étaient déplacés.
Alors, quand on dit qu'on a consulté les Canadiens et tout cela, il faut reconnaître qu'il n'y avait pas un appétit vorace pour ce débat-là. Par contre, des députés de tous les partis politiques ont organisé des assemblées de cuisine. Nous, les conservateurs, avons décidé d'interpeller directement nos concitoyens au moyen d'un document assez volumineux. Je sais que je ne peux pas le montrer, mais je vais quand même tenter de le décrire.
Dans ce document, nous faisions la part des choses: sur une pleine page, il y avait le pour et le contre de la tenue d'un référendum. Nous avons donc consulté les Canadiens, et cela a donné le résultat suivant: parmi les 90 000 Canadiens qui ont répondu à nos sondages menés dans le Canada tout entier, 90 % ont dit qu'un référendum était nécessaire. Je tiens à saluer les gens de ma circonscription, Louis-Saint-Laurent, où 1 116 personnes ont répondu à notre sondage, dont 1 004, soit 90 %, demandaient la tenue d'un référendum.
Nous étions donc très fiers de voir que les Canadiens appuyaient notre position originale. Toutefois, encore fallait-il convaincre nos collègues. Eh bien, oui, nous avons réussi à le faire. Nous avons été très heureux, quoique très surpris, honnêtement, quand nos collègues du NPD et la chef du Parti vert ont dit être d'accord pour tenir un référendum afin de permettre aux Canadiens de choisir entre le système actuel et un système proportionnel.
En effet, nous reconnaissons que la vaste majorité des gens qui se sont prononcés pour un changement souhaitaient un vote proportionnel. Il s'agissait de permettre aux Canadiens de prendre la décision finale, car c'est cela qui devait être fait. Le Bloc québécois était d'accord dès le départ, mais nous étions très heureux que le NPD et le Parti vert se joignent à notre mouvement.
Il y avait donc un consensus au sein de la classe politique, mais il manquait un morceau, soit le Parti libéral. Il s'en est suivi des situations burlesques et grotesques. Le fond de la pensée a été très bien émis par le du Canada, lors d'une entrevue accordée au Devoir le 19 octobre 2016:
[...] il y avait tellement de gens mécontents [de l'ancien] gouvernement et de son approche que les gens disaient « ça prend une réforme électorale pour ne plus avoir de gouvernement qu'on n'aime pas ».
Notons bien ce que le actuel a dit par la suite:
Or, sous le système actuel, [les Canadiens] ont maintenant un gouvernement avec lequel ils sont plus satisfaits. Et la motivation de vouloir changer le système électoral est moins percutante [...]
Alors, quand cela fait son affaire, on ne touche pas au système, et quand cela ne fait pas son affaire, on change le système. Le agit de façon tout à fait subjective. Il change d'idée comme il change de chemise, quand cela fait son affaire.
Voilà pourquoi ce premier ministre se distingue de plus en plus comme étant un premier ministre qui brise ses promesses électorale, si cette réputation n'est pas déjà bien établie. Toutefois, il n'est pas trop tard pour le gouvernement.
Si le gouvernement libéral veut vraiment changer le système, eh bien, qu'il fasse un référendum. En tant que conservateurs, nous avons réclamé cela, depuis le début, et tous les partis de l'opposition étaient d'accord à ce sujet. La seule façon de changer le système électoral, c'est de laisser la parole à tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
J'interviens aujourd’hui à l'appui de la motion extrêmement importante du NPD, qui demande au du Canada de présenter des excuses pour avoir brisé une promesse majeure sur la réforme électorale.
Pendant la campagne, j’ai frappé à un grand nombre de portes et j’ai été découragée par le cynisme des gens. Certains n’hésitaient pas à me dire qu’ils ne pensaient pas aller voter parce qu’ils avaient l’impression que leur vote ne compte pas, parce qu’ils trouvaient que le système électoral ne fonctionne pas. Bref, ils ne se sentaient pas concernés. Très souvent, ce genre de réflexion nous a amenés à nous engager dans une conversation plus approfondie sur la réforme électorale et sur les autres modes de scrutin qui existent dans le monde et qui permettent aux électeurs s'investir plus concrètement que jamais dans la vie politique de leur pays.
Je suis très reconnaissante à tous les électeurs de ma circonscription qui ont bien voulu discuter avec moi de cette question fondamentale. Que ce soit au cours des quatre assemblées locales que nous avons organisées — car, dans une circonscription aussi vaste que la mienne, il serait inconcevable de n’en organiser qu’une — ou dans le questionnaire qui a été envoyé à tous les ménages de la circonscription, sans parler des conversations que j'ai eues avec des concitoyens, partout le message était très clair: les électeurs de ma circonscription voulaient participer au dialogue. C’est important parce que les députés de la majorité s’entêtent croire que c'est une question de consensus.
J’ai participé à des assemblées locales. Comme de nombreuses personnes ne savaient pas grand-chose des différents modes de scrutin, il y a eu beaucoup de questions. Au bout du compte, les gens ne savaient pas toujours quel mode ils préféraient, mais ce dont ils étaient sûrs, c’est qu’ils voulaient participer au dialogue à ce sujet, ils voulaient se faire entendre et ils voulaient en savoir davantage. C’est ainsi que des milliers d’électeurs de ma circonscription ont participé au processus. En fait, c’est la question qui a suscité le plus d’intérêt. Les employés de mes bureaux de circonscription ont été stupéfaits du nombre de réponses qu’ils ont reçues au questionnaire, et ce, pendant des mois. C’est donc une question qui tient à coeur aux habitants de North Island—Powell River et, par conséquent, à moi aussi, de même que le respect des promesses.
Depuis que la ministre a annoncé que le gouvernement renonçait à son projet de réforme électorale, mon bureau a été inondé de courriels et d'appels. Le pire, c'est que, moins d'une semaine après l'annonce de la ministre, les résidants de ma circonscription ont reçu par la poste mon bulletin les informant que le rapport rédigé à partir de leurs commentaires sur la réforme électorale se trouvait sur notre site Web. En quelques heures seulement, nous avons reçu plus de 100 courriels de la part de citoyens très mécontents de constater que le gouvernement ne les avait pas écoutés.
La question dont nous débattons aujourd'hui est importante. Il s'agit d'écouter les Canadiens. Il s'agit de les inciter à participer à un dialogue constructif sur le sens de la démocratie au Canada. Le gouvernement actuel nous a demandé de faire son travail en organisant des assemblées publiques et en menant des sondages, et c'est ce que nous avons fait. Nous avons tous tenu des assemblées publiques, nous avons mené des sondages et nous avons discuté de cet enjeu parce que nous étions convaincus qu'il y aurait un véritable débat sur le changement.
Aujourd'hui, je vais faire part à la Chambre de certains résultats du sondage auquel ont répondu des milliers de résidants de North Island—Powell River. Je leur ai soumis plusieurs énoncés. L'échelle allait de 1 à 5, 1 traduisant un profond désaccord et 5, un accord solide.
Le premier énoncé était formulé comme suit: « Le nombre de sièges parlementaires d'un parti devrait refléter le pourcentage de votes qu'il a obtenu. » La réponse était extraordinaire: 75 % des répondants étaient fortement en accord et 9 % étaient en accord, ce qui veut dire que plus de 84 % des répondants veulent un système où chaque vote est significatif et compte pour vrai.
Le deuxième énoncé était: « Il est essentiel de travailler en collaboration avec tous les partis et d'obtenir leur appui. » Pas moins de 87 % des répondants étaient en accord.
Le troisième énoncé était: « C'est important pour moi d'être représenté par un député local. » Cet énoncé a obtenu le soutien le plus fort; plus de 88 % des répondants étaient en accord ou fortement en accord.
L'affirmation selon laquelle il n'y aurait pas consensus sur la réforme électorale est fausse. Les chiffres que j'ai compilés dans ma circonscription en sont la preuve. La pétition électronique la plus récente, qui demande au gouvernement libéral de tenir sa promesse électorale, a obtenu plus de 92 000 signatures, ce qui en fait la pétition la plus signée sur le site Web du parlement du Canada. Cette pétition est également la preuve que l'affirmation est fausse.
Je n'ai jamais pensé que ce serait facile ou que le processus se conclurait rapidement, mais je crois fortement au processus même. Nous n'avons peut-être pas encore défini le prochain système électoral, mais une dame m'a dit, dans une déclaration écrite, que malgré son âge un peu avancé et le fait qu'il était difficile pour elle de comprendre tous les systèmes dont j'avais parlé à mes électeurs, et bien qu'elle n'ait pas encore trouvé de réponse complète, elle veut quand même continuer la discussion, car elle la considère comme très importante.
Je crois que nous avons le vaste consensus nécessaire pour au moins poursuivre le processus. Nous savons que les Canadiens veulent un système plus proportionnel. Pendant les travaux du comité, près de 90 % des experts et 80 % des intervenants du public qui ont témoigné ont exhorté le gouvernement à adopter un système électoral proportionnel.
Mettre fin soudainement à ce processus tout en attribuant le blâme aux électeurs est révoltant. Depuis le début, le Parti libéral agit constamment dans ce dossier comme un parti déterminé à maintenir le système actuel parce qu'il est à l'avantage de ses députés. Cela se voit au temps que le gouvernement a mis à constituer le comité, aux propos scandaleux que l'ancienne ministre a tenus pour nuire aux travaux du comité, écorchant par le fait même des membres de sa propre équipe, ainsi qu'au sondage en ligne MaDémocratie.ca, que tous les partis ont immédiatement tourné en ridicule. Les Canadiens en ont critiqué les questions tendancieuses et vagues et ils se sont vraiment sentis manipulés.
Qu'il s'agisse d'un manque de courage qui empêche le gouvernement d'aller de l'avant ou d'une promesse brisée dès le départ, les Canadiens se sentent trahis et ils sont extrêmement déçus. Les néo-démocrates exigent que les libéraux présentent des excuses aux Canadiens.
Lors des assemblées publiques, j'ai entendu des commentaires comme: « Je veux simplement que mon vote compte. J'aimerais voter selon ma conscience et que le vote stratégique ne soit plus une tactique à envisager. »
La promesse trompeuse sur la réforme électorale du nourrit le cynisme à l'égard de la politique, et c'est navrant. J'ai le coeur brisé de voir des personnes de tous âges ne pas participer à l'exercice démocratique comme nous le souhaiterions. La conversation aurait pu jeter des ponts et représenter une occasion significative pour les gens de vraiment contribuer à l'établissement d'un système électoral pour les Canadiens.
Comment le et les députés libéraux peuvent-ils justifier de faire appel aux Canadiens sur un sujet qui les interpelle fortement, de prétendre être à l'écoute, pour ensuite leur dire que leur voix ne compte plus? La motion dont nous sommes saisis porte sur l'honnêteté et l'engagement à défendre ce en quoi nous croyons.
Les libéraux ont affirmé qu'ils consulteront toujours les citoyens sur de multiples fronts et de nombreux sujets. Les Canadiens ont le droit de demander s'il s'agit seulement de tactiques dilatoires ou d'autres promesses brisées. Il faut parler un peu moins et agir un peu plus, comme le disait un grand chanteur.
J'ai réussi à mieux comprendre les préoccupations des Canadiens concernant la représentation et le processus de prise de décisions à la Chambre grâce aux consultations. J'ai vraiment aimé participer aux assemblées publiques. Nous avons eu des discussions passionnées. Les électeurs étaient heureux d'en apprendre davantage sur les divers modes de scrutin possibles et de nous faire part de leur vision de la démocratie.
Un homme m'a dit: « J'en ai assez de voir les députés crier les uns après les autres au Parlement. Nous devons instaurer un système qui favorise la collaboration entre les parlementaires. D'ailleurs, les meilleures décisions ont, la plupart du temps, été prises par des gouvernements minoritaires, car les parlementaires étaient obligés de travailler de concert. Je veux que nous adoptions un système qui oblige les gens à travailler ensemble au lieu de leur permettre de déclencher des élections quand la situation se corse. »
J'implore le gouvernement. Les électeurs de ma circonscription me demandent de travailler avec lui sur la réforme électorale. Comment les libéraux, qui n'ont obtenu que 39 % des voix, peuvent-ils décider unilatéralement de mettre fin au processus en question, alors qu'ils savent que la représentation proportionnelle est au coeur du débat?
Je crois que la motion est juste. Les habitants de ma circonscription voulaient avoir un vrai débat. Ils étaient curieux et ouverts. Ils ont déployé beaucoup d'efforts pour me faire part — et au gouvernement aussi — de leurs opinions. Ils ont participé de bonne foi à cet important débat. Personne n'a demandé aux Canadiens s'ils jugeaient que le débat était terminé. On leur a simplement dit que c'était le cas. Il serait de mise que le gouvernement s'excuse auprès des nombreuses personnes qui y ont participé en se rendant à des événements partout au pays, en remplissant des questionnaires et en réfléchissant profondément à ce qu'un nouveau système pourrait apporter au Canada.
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Monsieur le Président, j’appuie cette motion avec enthousiasme. Je dois dire que je ne suis pas surprise que nous en soyons arrivés là, mais je suis profondément déçue, parce que même si nous savons que les gouvernements libéraux rompent toujours leurs promesses, nous ne perdons jamais espoir.
Bien que déçue des résultats que les néo-démocrates ont obtenus aux dernières élections, je me suis sentie gonflée d’enthousiasme en constatant la foi, l’espoir et l’optimisme dont les Canadiens avaient fait preuve en votant pour le changement. Mais nous entamons la troisième année civile de ce gouvernement qui avait promis un changement réel, et il nous est de plus en plus difficile de discerner ce changement. Le seul changement que nous ayons vu est un passage du bleu au rouge. S’il s’agit d’un changement, il est purement cosmétique.
Après avoir atteint le nombre promis de réfugiés à accueillir — principalement grâce à la contribution des citoyens —, le gouvernement a endigué le flux des arrivées à un moment où il était devenu extrêmement urgent d’accepter les citoyens déplacés. Le gouvernement est revenu sur sa promesse de protéger l’environnement. Les libéraux n’ont toujours pas rétabli la protection de nos eaux navigables en corrigeant la loi cruciale sur l’environnement que les conservateurs avant eux avaient anéantie. Le gouvernement a refusé de reconnaître les effets dévastateurs du colonialisme et continue de sous-financer l’éducation chez les Premières Nations. Le gouvernement libéral fait mine d’appliquer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Il continue de contester les droits des anciens combattants dans les tribunaux. Il a également fait volte-face sur sa promesse de réformer notre système électoral.
La promesse que le avait faite aux Canadiens était claire et sans équivoque. Il y a 16 mois, pendant la campagne électorale, il avait annoncé que son parti ferait en sorte « que chaque vote compte ». Il a répété à plus de 1 800 reprises qu’un gouvernement libéral veillerait à ce que l’élection de 2015 soit la dernière élection générale fédérale à être organisée selon un scrutin majoritaire uninominal à un tour. Même en octobre dernier, le premier ministre a réitéré son appui pour la réforme électorale en nous assurant qu’il tenait toujours profondément à cet engagement de sa campagne électorale. Je commence à me demander si mes collègues du parti au pouvoir savent vraiment ce que signifie le mot « engagement ». En fait, je crois que quiconque se trouve engagé dans sa vie personnelle ou professionnelle avec un député du parti au pouvoir aurait de bonnes raisons de s’inquiéter.
Les Canadiens ont été profondément découragés de voir le et ses ministres abandonner leur engagement d’établir un processus électoral équitable. En fait, la toute nouvelle lettre de mandat de la ne mentionne même pas la réforme électorale.
Le manquement à cette promesse ternit la réputation du premier ministre et de son parti. Il porte également préjudice à notre système démocratique et à la crédibilité de tous les députés à la Chambre. Il intensifie aussi l’attitude cynique de ceux qui sont persuadés que les politiciens disent n’importe quoi pour se faire élire. Il effrite l’esprit démocratique des gens, qui perdent confiance en notre système politique.
En faisant des promesses qu’ils n’ont jamais eu l’intention de tenir, les libéraux ont perdu les électeurs qui s’étaient précipités en masse aux urnes afin de voter pour le changement. Ces gens étaient convaincus que le parti libéral allait réellement apporter du changement. Ils se sont fait vendre des salades, et ils se retrouvent devant le statu quo. Ils perdent confiance en notre système politique. Les répercussions de cette trahison sont aussi dévastatrices que les tactiques d’élimination des électeurs dont les libéraux ont accusé les conservateurs pendant la campagne électorale de 2011. On n’exagère aucunement en affirmant que notre démocratie est menacée. Tous les électeurs qui ont voté pour la réforme du système électoral canadien et tous les députés qui ont juré de faire de la politique différemment ont été trahis. En réalité, les libéraux ignorent l’intérêt supérieur des Canadiens. Ils maintiennent le système actuel parce qu’ils sont convaincus qu’il les favorise. Il me semble tout à fait clair que le n'a rien à faire de ses engagements et de ses promesses.
J’en arrive à me demander quelle promesse il va rompre après celle-ci. S’agira-t-il de sa promesse de garantir aux anciens combattants des pensions de retraite assurées et accessibles? Il s'agit là d'une promesse électorale tout aussi importante que celle de la réforme démocratique. Tout comme la réforme démocratique, cette promesse figurait dans la lettre de mandat du ministre. Mais nous voici en 2017, les promesses sur les pensions n’ont pas été tenues, et les anciens combattants se retrouvent à nouveau devant les tribunaux pour combattre un gouvernement qui avait juré de respecter son devoir sacré envers les hommes et les femmes qui ont servi notre beau pays.
Le Parti libéral prétend qu'il n'y a pas de consensus parmi les Canadiens au sujet du besoin de réformer notre système électoral. Cette affirmation est profondément cynique; elle vise intentionnellement à nous induire en erreur. Les libéraux refusent de reconnaître la réalité. Ils agissent avec une arrogance renversante.
Voici ce qu’il en est vraiment. Aux dernières élections, les deux tiers des Canadiens ont voté pour les partis qui promettaient une réforme électorale. Au cours des audiences du comité, près de 90 % des experts et de 80 % des intervenants du grand public ont demandé au gouvernement d’adopter un mode de scrutin proportionnel. Comme ces témoignages ne correspondaient pas aux objectifs du gouvernement, il a lancé un sondage en ligne terriblement biaisé, mal conçu, où il ne demandait même pas aux Canadiens quel système électoral ils préféraient.
J’ai observé avec intérêt la réaction à la pétition en ligne, la e-616, lancée par Jonathan Cassels de Kitchener, en Ontario, et parrainée par mon collègue le député de . Cette pétition demande au gouvernement du Canada de réformer le système électoral, puisqu’il avait promis aux Canadiens qu’il le ferait. Heure après heure, des centaines de Canadiens y ont répondu. Le nombre de signatures valides dépasse maintenant 92 000, et les gens ont jusqu’au 2 mars pour signer. Il sera très intéressant de voir combien de Canadiens le feront. Je suggère au gouvernement de porter une attention très soutenue à cette réaction des Canadiens. Ils prennent cet enjeu très au sérieux.
Il est clair que les Canadiens s’entendent profondément sur cette réforme électorale. Ils appuient massivement la substitution du système majoritaire uninominal à un tour actuel par un système de représentation proportionnelle.
J’en viens à me demander si nous ne devrions pas publier un dictionnaire parlementaire pour nous assurer que les mots « engagement » et « consensus » sont utilisés de façon appropriée par le et son Cabinet.
Pendant que nous y sommes, nous pourrions inclure aussi dans ce dictionnaire des définitions de « diversité », d’« inclusion », de « démocratie » et d’« égalité », parce que, même si la a mentionné que le système électoral actuel a raisonnablement bien servi les Canadiens pendant les 150 dernières années, la véracité de cette affirmation est extrêmement contestable.
Dans les faits, qui a été raisonnablement bien servi par ce système archaïque? A-t-il bien servi les femmes, les minorités visibles ou les Autochtones canadiens? Malheureusement, aucun de ces groupes n’a été bien servi par le système actuel.
Comment se fait-il que le ne voit pas que son message « À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera indépendamment de votre foi. La diversité fait notre force » entre en complète contradiction avec son refus obstiné de réformer notre système démocratique afin qu’il soit plus diversifié, inclusif et représentatif des gens qui font la grandeur de notre pays?
Les gestes sont plus éloquents que les mots, et les discours creux sont inacceptables. Il a fallu tordre le bras des libéraux pour qu'ils acceptent de constituer un comité sur la réforme électorale dans lequel ils n'avaient pas l'avantage de la majorité. Après avoir perdu cette bataille, ils ont choisi d’ignorer et de rejeter le rapport du comité, qui était le résultat de centaines d’heures de travail et d’une vaste consultation par des députés de tous les partis. Leur personnel politique et le bureau du greffier parlementaire ont tous participé. Le comité a clairement ouvert la voie au pour qu’il puisse maintenir la promesse qu’il avait faite aux Canadiens. Tout ce qu’il a à faire, c’est de demander à sa ministre d’emprunter cette voie.
Il s’agit d’une question vraiment simple. Le a-t-il induit les Canadiens en erreur, ou a-t-il l’intention de respecter sa promesse en ce qui a trait à la réforme électorale? Les électeurs canadiens aimeraient bien connaître la réponse, tout comme les députés. Quelle est la réponse? Le a-t-il induit les Canadiens en erreur, ou se comportera-t-il de façon honorable en maintenant sa promesse concernant la réforme électorale?
Nous sommes sur le point de voir le vrai visage du , et ce sont les Canadiens qui seront les juges.
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Monsieur le Président, je vais partager le temps qui m’est alloué avec le député de , un homme calme, humble et volubile, pour aborder cette question.
Premièrement, il s’agit d’un dossier important et je tiens à débuter mon intervention en saluant les habitants de ma circonscription, plus particulièrement ceux et celles qui ont assisté à l’assemblée publique que j’ai organisée à ce sujet à l’hôtel de ville de Toronto. J’aimerais aussi saluer Leadnow, 350.org, le Congrès du travail du Canada et les autres organismes sociaux qui ont pris le temps de venir me rencontrer à mon bureau et de me présenter leurs idées et mémoires sur cette question. Je mentionne également toutes les lettres que j’ai reçues au cours de la campagne, les conversations que j'ai eues avec les gens en faisant du porte-à-porte et l’avalanche de lettres envoyées suite à la décision que nous avons prise la semaine dernière. Il est évident que cette question affecte les gens de plusieurs manières. L’un des meilleurs aspects de ce boulot, que j’exerce en leur nom, est d’entendre leurs avis et conseils. Il est essentiel de discuter avec eux. Je tiens à les remercier des efforts qu'ils ont déployés pour faire avancer ce dossier et dégager un consensus sur un système en particulier. Malheureusement, ce consensus n’a pas été atteint.
J’aimerais aussi remercier les parlementaires pour le travail qu’ils ont fait dans ce dossier: les porte-parole à qui j’ai parlé, le comité qui a abordé ce dossier, ainsi que les ministres. Ce n’était pas qu’un engagement pris pendant la campagne électorale. C’était un engagement pris à la Chambre. Comme nous l’avions promis dans notre plateforme électorale, nous avons travaillé fort, au cours des 18 derniers mois, pour en arriver à un consensus sur un système en particulier et lancer la réforme.
Comme le , la ministre et moi-même l’avons mentionné aux habitants de ma circonscription, nous n’avons pas trouvé de manière rapide et claire de respecter notre engagement. Nous avons dû prendre une décision.
Il y a quelques raisons qui expliquent cette situation et je crois que l’une d’entre elles est importante. En tant qu’ancien journaliste, j’ai suivi des politiciens qui ont changé de cap dans certains dossiers. Les députés peuvent faire des recherches et regarder les enregistrements vidéo. Si nous, en tant que pays et en tant que Parlement, a fortiori dans un régime démocratique, sommes incapables de changer de cap lorsque de nouvelles preuves, de nouvelles circonstances et de nouveaux défis font surface, si nous nous fions seulement sur une idéologie et un ensemble de plateformes préconçues pour régler chaque problème et prendre chaque décision, si nous ne sommes pas capables de faire preuve de souplesse, alors je crois que nous ne sommes plus une démocratie. Je crois que nous devons écouter et travailler avec l’opposition, avec nos concitoyens et avec l’ensemble de la société civile et ses institutions. Quand nous prenons un engagement, nous devons y mettre l’effort nécessaire. Cependant, s’il est impossible d’aller de l’avant ou s’il y a d’autres priorités qui se font plus pressantes, nous devons être transparents et honnêtes avec les Canadiens et avec nos collègues de la Chambre en leur expliquant la décision que nous avons prise.
Le gouvernement n'a pas essayé de se faire du capital politique avec ce dossier, ni de se soustraire à ses responsabilités à cet égard, ni de simplement tergiverser pour prétendre ensuite qu'il n'a tout simplement pas pu s'acquitter de la tâche, et c'est l'un des traits qui le caractérise. Le gouvernement a pris une décision et il est approprié et juste qu'il soit tenu de rendre des comptes à cet égard, mais il importe également que les motifs qui justifient cette décision soient présentés correctement.
D'après les autres partis, en particulier le parti qui a présenté cette motion, le gouvernement n'a jamais eu l'intention de tenir cette promesse. Or, c'est carrément faux. Si on consulte le compte rendu des débats de la dernière législature, on peut constater que j'ai voté pour la représentation proportionnelle mixte. À l'époque, le NPD avait lancé, dans ma circonscription, une mégacampagne dans les médias sociaux pour dire que j'avais voté contre.
Craig Scott, le député qui a été défait entre autres à cause de ce genre de comportement, a dirigé cette campagne de désinformation selon laquelle je n'avais pas voté pour cette motion. Or, le compte rendu montre le contraire. Quiconque présente délibérément les faits sous un faux jour dans le but de se faire du capital politique fait preuve de cynisme, et nous devons tous nous méfier de ce genre d'attitude.
Qu'on me permette de dire à la Chambre pourquoi le gouvernement a dû rajuster le tir dans ce dossier. Le gouvernement s'est engagé à ne pas présenter de projets de loi omnibus. L'autre jour, j'ai dit à un député du Parti conservateur, en l'occurrence un ancien ministre, que je comprends pourquoi le gouvernement précédent a si souvent été tenté de présenter des projets de loi omnibus les uns après les autres. Le recours aux mesures omnibus s'explique en grande partie par le fait qu'il peut être extrêmement long de faire adopter à la Chambre des communes un projet de loi portant sur une seule question, si on tient compte du nombre de jours de séance, du travail que doit faire le comité et des consultations qui s'imposent, mais qui sont parfois considérées comme une perte de temps. Pour ma part, j'estime qu'elles sont essentielles pour la bonne gouvernance. En effet, les consultations sont nécessaires dans le cas des mesures législatives délicates, comme celles qui portent sur la marijuana, la sécurité publique, le logement et les modifications au régime d'assurance-emploi.
Ce sont tous des projets de loi sur lesquels nous travaillons et menons des consultations, malgré des promesses électorales définies, afin de nous assurer que tout est couvert correctement et que d'autres idées que les nôtres y sont intégrées. À mon avis, cette démarche représente l'essence même d'un bon gouvernement. Bien souvent, on nous dit d'agir rapidement et de régler la situation ou de ralentir et de procéder à des consultations. C'est une série de reproches contradictoires qui reviennent d'un dossier à l'autre. Parfois, nous obtenons la collaboration des autres partis et nous pouvons faire adopter rapidement un projet de loi à la Chambre, comme celui qui s'attaque au problème du fentanyl; à d'autres occasions, l'opposition nous ralentit, et je suppose qu'elle ne fait que son travail.
Si nous examinons certains des dossiers dont nous sommes saisis, comme celui qui concerne la Commission de vérité et réconciliation, et les bons conseils du parti d'en face sur la nécessité de procéder plus rapidement et concrètement et d'obtenir plus de succès dans ces dossiers, nous pouvons constater qu'une réponse législative est nécessaire et que nous devons ouvrir la voie à celle-ci. En ce qui concerne la stratégie nationale du logement, c'est la raison principale pour laquelle je me suis présenté aux élections. En effet, je voulais établir, financer et exécuter un programme national de logement. J'ai clairement indiqué à l'électorat de ma circonscription que, parmi tous mes engagements, j'accordais la plus grande priorité à ce programme et que c'était le motif pour lequel je m'étais présenté aux élections fédérales. Si on me demandait de dresser une liste de mes différentes priorités, le programme national de logement y figurerait. Pour que ce programme soit adopté à la Chambre, il doit d'abord suivre un cheminement législatif.
On peut dire la même chose au sujet de la réinstallation des immigrants. J'entends de la part du parti d'en face que le gouvernement a endigué le flot d'immigrants entrant au pays. Au cours des deux dernières années, le gouvernement a établi les deux niveaux d'entrée de réfugiés les plus élevés des 150 dernières années. Or, on se fait dire qu'on endigue le flot d'immigrants. C'est ainsi, en interprétant différemment les données factuelles, qu'on engendre le cynisme. D'aucuns diraient qu'on pourrait en faire davantage, et je serais heureux de subir la pression d'accueillir plus de 25 000 immigrants cette année, contrairement au plafond de 9 000 immigrants légué par le gouvernement précédent.
Selon moi, il s'agirait d'un bon moyen de défendre les intérêts d'un groupe vulnérable, mais nous savons aussi que, lorsque nous accueillons 25 000 réfugiés, puisque nous les accueillons dans un pays où les services d'aide à la réinstallation des immigrants n'ont pas été adéquatement financés depuis dix ans, il faut prévoir l'enseignement de l'anglais langue seconde, les garderies, la formation linguistique autant pour les femmes que pour les hommes — celle-ci n'étant pas toujours répartie également —, le logement, les emplois et la formation, et la reconnaissance ou l'équivalence des titres de compétence étrangers. Toutes ces choses doivent être en place afin de faire passer le nombre d'immigrants de 25 000 à 26 000, à 27 000 ou à 28 000. Il nous faut systématiquement construire ce système. Tous ces programmes nécessitent l'adoption de mesures législatives.
Compte tenu du temps qu'il nous reste et de la volatilité des affaires internationales, qui modifie quotidiennement, d'un gazouillis à l'autre, la pression qui s'exerce sur le gouvernement, nous avons besoin d'une marge de manoeuvre non seulement pour mener à bien notre mandat et respecter les promesses que nous avons faites aux Canadiens et que nous leur avons dit être prioritaires, mais aussi pour prendre des mesures à propos de problèmes que personne, parmi nous, ne pouvait prévoir. Nous avons donc pris une décision, et j'en suis fier. Je suis content que nous ayons décidé d'accorder plus particulièrement la priorité aux besoins des Canadiens
Je veux parler, en terminant, de la question du consensus. Il y avait peut-être consensus sur certaines idées générales — que le mode de scrutin devait être modifié, que le mode de scrutin à représentation proportionnelle mixte ou les autres modes de scrutin proportionnels étaient meilleurs que tel ou tel autre —, mais il aurait fallu qu'il se dégage un mode de scrutin précis, prévoyant un nombre donné de députés, élus d'une certaine façon, avec des régions, des méthodes et des types de majorité bien définis. Je respecte le fait que le comité parlementaire ait réclamé la tenue d'un référendum, mais l'un des partis du prétendu consensus s'est dédit par la suite. Ce problème, lorsqu'il s'est manifesté, a créé encore plus de complications et miné le faible consensus qu'il y avait alors.
J'ai tenu une assemblée publique dans ma circonscription. Des néo-démocrates étaient présents. Ils ont clairement dit être contre la tenue d'un référendum. Qui est sorti des rangs de ce parti? Pas moi. Le fait est que le gouvernement a pris un engagement précis, clair et sincère de changer ce système. Il n'a toutefois pas réussi à s'entendre avec le reste du Parlement et il a dû réévaluer les priorités du Canada.
Aucun terrain d'entente n'a été trouvé, je dirais même qu'en fait, c'est devenu un champ de bataille. Alors si on me demande si la poursuite des efforts pour changer le système électoral prévaut sur la mise en oeuvre d'une stratégie nationale du logement, ma réponse est prête. En tant que représentant élu de Spadina—Fort York, je soutiendrai l'engagement le plus important que j'ai pris envers moi-même, mes électeurs et le pays, c'est-à-dire de tout faire pour obtenir une stratégie nationale du logement, et ce, avant toute autre priorité à la Chambre. Mes collègues sont au courant qu'il s'agit de ma priorité et j'espère que l'opposition le comprend.
Si je devais choisir, je dirais qu'il faut changer l'ordre des priorités en fonction de la situation, des données et des voies à emprunter en tant que Parlement. Pour être honnête, le Parti libéral a été confronté à ce choix. Il rendra sa décision publique, comme il a l'habitude de le faire, il répondra aux questions, comme c'est le cas maintenant, et il agira d'une façon qui est à mon avis responsable, honnête et claire.
C'est ce qui nous distingue des autres gouvernements antérieurs: nous assumons la responsabilité de cet enjeu et nous sommes prêts à défendre notre position, à affronter les critiques du Parlement, à expliquer nos priorités et à travailler très fort pour les concrétiser.
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Monsieur le Président, comme je l'ai déjà dit par le passé, c'est toujours un privilège d'intervenir dans cette magnifique enceinte pour exprimer le fruit de mes réflexions. J'aimerais faire part à mes collègues de certaines de mes vues sur la question à l'étude aujourd'hui.
De nombreuses consultations ont eu lieu. Personne ne devrait remettre en question cette réalité. La ministre a dit qu'il s'agissait fort probablement de l'un des processus de consultation les plus exhaustifs qui aient été réalisés depuis de nombreuses années. Cette consultation s'est déroulée sous toutes les formes possibles. Je sais que l'ancienne ministre et le secrétaire parlementaire se sont rendus dans chaque région, province et territoire du pays, où ils ont tenu des assemblées publiques et des tables rondes. Ils ont organisé toutes les formes possibles de discussions dans le but de recueillir des commentaires sur cet enjeu important.
Nous savons que les membres du Comité spécial sur la réforme électorale ont fait un excellent travail quand est venu le temps d'aller à la rencontre des habitants des différentes régions du pays. Ils ont tenu plus de 50 réunions publiques et entendu de nombreux témoignages. Bien que je n'aie pas eu le temps de lire le rapport au complet, j'y ai jeté un coup d'oeil, et je suis très conscient des commentaires faits à son sujet. Comme je l'ai dit plus tôt lorsque j'ai posé une question, je ne sous-estime pas l'importance du travail accompli par la ministre et par le secrétaire parlementaire ou par le comité spécial.
Je veux revenir sur une question qui a toujours revêtu de l'importance pour moi, afin d'exposer ce qui, à mon avis, représente la véritable position de mes concitoyens sur divers enjeux. Il est important pour moi d'aborder cette question à la Chambre parce que suis d'accord avec ce que le a écrit dans la lettre de mandat qu'il a donnée à la nouvelle . Je vous en lis un extrait. Voici ce qu'il y est dit: « [...] aucune préférence à l’égard d’un système électoral en particulier n’est ressortie clairement, encore moins un consensus. De plus, tenir un référendum sans qu’il y ait de préférence ou de question claire ne serait pas dans l’intérêt du Canada »
Je vais faire le lien avec les discussions que j'ai eues à Winnipeg-Nord. J'ai distribué des milliers de cartes. J'ai effectué des milliers d'appels téléphoniques. Je ne lance pas des chiffres en l'air; j'en ai vraiment fait des milliers. J'ai organisé deux assemblées publiques. Il est vrai que le taux de participation n'a pas été très élevé, mais je ne pouvais faire plus pour les annoncer et inciter les gens à y assister. Plus important encore, j'ai rencontré des électeurs dans différents types de tribunes. Je peux affirmer en toute honnêteté, comme l'a indiqué le dans la lettre de mandat à la ministre, qu'aucun consensus n'est ressorti des commentaires des électeurs.
Il y avait effectivement un groupe d'électeurs convaincus qu'un changement s'imposait. J'espère que nous pourrons réaliser certains changements, d'une façon différente mais acceptable pour eux, et qu'ils seront satisfaits du travail de l'actuelle . Le gouvernement a pris des initiatives extraordinaires, et j'invite les députés d'en face de présenter certaines de leurs idées, que ce soit sur le projet de loi ou sur d'autres aspects abordés par la ministre. De nombreuses autres façons s'offrent à nous pour réformer le système et obtenir un consensus. Cela dit, il ne fait aucun doute qu'il n'y avait pas de consensus.
Comment pouvons-nous tenir compte de toutes les idées et de toutes les opinions pour formuler une question référendaire? Je ne pense pas qu'un référendum aurait donné un résultat aussi intéressant que les députés d'en face le croient. S'il y avait eu un consensus clair ou une approche que l'ensemble des députés de la Chambre avaient considérée comme positive pour les Canadiens, et que cette option avait été présentée par référendum, la situation aurait peut-être été différente. Je l'ignore. Je ne suis pas un grand partisan des référendums, à moins que le besoin puisse en être clairement établi. Cela dit, s'il y avait eu une proposition collective, nous aurions pu la soumettre dans le cadre d'un référendum, et j'imagine que nous aurions suivi cette voie. Quoi qu'il en soit, il est clair qu'aucun consensus n'a été obtenu.
Plus de 350 000 Canadiens ont répondu aux questions sur MaDémocratie.ca, qui portaient sur toutes sortes de sujets. Le député d’en face a demandé si nous avions discuté avec d’autres députés. Je me souviens avoir discuté de cette question, dans cette enceinte, avec la chef du Parti vert. Et j’ai également eu l’occasion de le faire avec beaucoup d’autres députés.
Au final, on peut dire que les consultations ont été exhaustives. Nous n’avons ménagé aucun effort pour nous assurer que, dans toute la mesure du possible, nous allions à la rencontre des électeurs de nos collectivités, de la nation dans son ensemble, pour essayer de dégager une orientation. Nous avons vraiment fait ce qu’il fallait. Mais aujourd'hui, force est de reconnaître qu’il n’y avait pas de consensus et que, par conséquent, il faut passer à autre chose et voir si nous pouvons aborder d’autres sujets.
La ministre a parlé d'une vraie menace pour notre démocratie, à savoir la cybermenace liée à Internet. Elle a parlé des mesures que nous devrions prendre, notamment pour protéger les sites Web des partis politiques ou d’Élections Canada. La cybermenace est très réelle aujourd’hui et qu'il y a effectivement eu des cyberattaques. Nous savons que c’est arrivé dans d’autres pays. Nous devons en discuter.
La ministre a parlé de la façon dont nous levons des fonds. L’opposition propose des changements. Les règles actuelles sont en place depuis de nombreuses années, et le moment est venu de voir s’il est possible de donner au système plus d’ouverture et de transparence. Le a dit qu’on peut toujours améliorer les choses. Prenons donc acte de ce qu’on dit le premier ministre et la et essayons de voir comment nous pouvons rendre le système plus ouvert et plus transparent. Qu’on soit le chef du Parti conservateur ou du Nouveau Parti démocratique, qu’on soit un ministre fédéral ou même le premier ministre, lorsqu’on participe à des activités de financement, ces activités doivent être rendues publiques.
Les députés d’en face peuvent contribuer à ce débat de bien des façons. J’ai des idées là-dessus, dont beaucoup viennent des discussions que j’ai eues dans les assemblées locales de ma circonscription.
Le projet de loi sera un jour ou l’autre envoyé au Comité de la Procédure et des Affaires de la Chambre. Nous avons l’occasion de faire des changements constructifs, et j’invite les députés à le faire.
Il faudrait, par exemple, qu’un plus grand nombre de personnes participent au processus. Le projet de loi permet aux adolescents de s’inscrire sur les listes électorales avant l’âge de 18 ans. Je trouve que c’est une très bonne chose, et j’espère que nous n’allons pas rejeter cette proposition. Si nous voulons qu’un plus grand nombre de jeunes participent, permettons-leur de s’inscrire sur les listes électorales sans devoir attendre le déclenchement des élections ou leur 18e anniversaire. On pourrait—
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député d'.
Avant toute chose, je dois dire combien je suis estomaqué par les tergiversations, les esquives et les faux-fuyants du député de .
Cela me dépasse, car lorsque mes jumelles de quatre ans manquent à leur promesse, elles savent qu'elles doivent s'excuser. D'après ce que je vois aujourd'hui, mes filles de quatre ans savent se montrer plus raisonnables et plus respectueuses que le gouvernement du Canada. C'est une honte.
Je tiens à répéter encore une fois — parce que nous ne pourrons jamais, ni moi, ni aucun d'entre nous, le dire trop souvent quand il est question des promesses libérales non tenues — qu'en juin 2015, le a promis clairement aux Canadiens que le scrutin de 2015 serait le dernier à se faire selon le régime uninominal majoritaire à un tour, et que les libéraux présenteraient un projet de loi à la Chambre dans les 18 mois suivant leur arrivée au pouvoir.
Cette promesse a été réitérée en décembre, dans le discours du Trône, sans doute l'un des discours les plus sacrés qui soient, puisqu'on y expose les grandes lignes du plan gouvernemental pour le pays:
Pour veiller à ce que chaque vote compte, le gouvernement mènera des consultations sur la réforme électorale, puis fera en sorte que l'élection de 2015 aura été la dernière à être menée selon le système électoral majoritaire à un tour.
J'ai vérifié sur le site web liberal.ca. Je ne sais pas si c'est changé depuis, mais à 11 h 30 aujourd'hui, il était écrit: « Nous nous engageons à faire en sorte que l'élection de 2015 soit la dernière à utiliser notre système uninominal majoritaire à un tour. » C'est encore là; les députés peuvent aller voir.
J'ai aussi pris le temps de lire la lettre de mandat à la nouvelle . Le a eu l'audace de dire, au début de la lettre: « Nous avons promis aux Canadiens de réels changements, tant en ce qui a trait à nos actions qu'à la manière dont nous les accomplirons. » Il poursuit en écrivant: « Je me suis personnellement engagé à changer l'approche d'Ottawa et à amener un vent de changement. » Ensuite, le point capital de la lettre: « La modification du système électoral ne fera pas partie de votre mandat. »
Avec ces mots, le se couvre ni plus ni moins de ridicule. La nouvelle ministre a téléphoné au député de la veille de l'annonce et rien ne semblait avoir changé. Lorsque nous avons appris la nouvelle, nous avons compris que les libéraux se prêtaient à une tromperie politique de premier ordre. Nous avons ressenti un profond sentiment de trahison.
Le a renié sa promesse, a de toute évidence trompé les Canadiens et la Chambre et n'a pas dit la vérité. Les Canadiens utilisent un certain mot pour décrire une telle personne. Il nous est interdit de l'employer à la Chambre, mais, croyez-moi, le public ne se gêne pas pour le faire, à en juger par la correspondance que nous recevons des gens de ma circonscription et de partout au pays.
Je veux que l'on consigne au compte-rendu des passages de lettres que m'ont envoyées des habitants de ma circonscription, à commencer par la citation suivante: « Lorsque le premier ministre a annoncé qu'il n'y aurait pas de réforme électorale, j'ai été réellement troublé, pour le dire poliment... En fait, j'étais furieux! Tout le travail accompli par le comité [sur la réforme électorale] semble n'avoir servi à rien. »
Voici une autre citation: « Je suis scandalisé que [le premier ministre] renonce à sa promesse de faire de l'élection générale de 2015 la dernière à être menée selon le système majoritaire uninominal à un tour. Des milliers d'habitants de l'île de Vancouver se sont exprimés lors des consultations publiques, ont fait du porte-à-porte, ont fait des recherches approfondies sur la question ou ont écrit des lettres à la rédaction. Nous souhaitions tous que le Canada adopte une forme de représentation proportionnelle et nous n'étions pas les seuls. »
Il s'agit de copies de lettres adressées au qui ont été envoyées à mon bureau.
« En rompant votre promesse, vous trahissez les nombreux électeurs qui comptaient sur vous pour réparer le système électoral défaillant. »
Un autre électeur écrit: « Les Canadiens doivent sentir qu'ils ont un rôle et qu'ils sont représentés sur l'échiquier politique. Si vous choisissez de ne pas en tenir compte dans votre mandat, le Parti libéral du Canada et vous ne ferez que rebuter davantage ces gens et les autres groupes qui ne se sentent pas représentés par les partis politiques du Canada. Je vous supplie d'éviter de commettre cette erreur. »
Tous les députés de ce côté-ci de la Chambre — et sans nul doute de nombreux députés libéraux — ont reçu des lettres de ce genre. Les Canadiens sont profondément déçus par la situation actuelle, car le gouvernement leur avait fait une promesse noir sur blanc.
Que vaut aujourd'hui la parole du ? Comment pouvons-nous lui faire confiance en ce qui concerne les enjeux fondamentaux, comme le grand changement de société qui doit s'opérer, le pacte social avec les anciens combattants, la façon dont on s'occupe des aînés et ce que nous allons faire de l'âge de la retraite? Il n'arrête pas de nous renvoyer au site Web du Parti libéral, sauf qu'on y trouve encore des promesses qu'il n'a pas l'intention de tenir.
Je souhaite également souligner que nous avons une pétition électronique. Il y a deux semaines, si je ne m'abuse, nous avions récolté environ 6 000 signatures, mais aujourd'hui, nous en avons 92 000. Cette pétition passera à l'histoire.
Je suis honoré d'avoir pu servir de suppléant pour le comité sur la réforme électorale dans le cadre de sa tournée pancanadienne, conjointement avec mon collègue de . J'y ai siégé pour l'étape du Canada atlantique. J'ai été vraiment impressionné par l'abondance de la correspondance envoyée au comité et par la rétroaction reçue des experts et des Canadiens de l'Atlantique.
Quand j'étais à l'Île-du-Prince-Édouard, à Charlottetown, je me souviens très bien des propos de l'ancien commissaire chargé du plébiscite. Il avait invité les membres du comité à se méfier des intérêts particuliers, des personnes qui souhaitent maintenir le système actuel parce qu'il est à leur avantage. Il avait raconté que, lorsque l'Île-du-Prince-Édouard a recommandé de passer à un système proportionnel, les partis libéral et conservateur se sont rendu compte qu'un tel système nuirait à leur pouvoir et ont donc secrètement fait campagne dans les sous-sols d'église et les salles communautaires de la province pour le contrecarrer. Ils ont volontairement miné le travail de cet important comité.
Nous l'avons entendu à maintes reprises: près de 90 % des experts et 80 % de la population qui ont témoigné ont demandé au gouvernement de mettre en oeuvre un système de représentation proportionnelle.
En plus de tous les faux-fuyants que les libéraux ont employés à la Chambre, ils ont aussi tenté d'invoquer un argument bidon. Le a déjà fait valoir à la période des questions qu'un système proportionnel ferait entrer des partis de la droite alternative et de dangereux extrémistes à la Chambre, tout en oubliant commodément que c'est un système uninominal majoritaire à un tour qui vient de mener à l'élection de Donald Trump aux États-Unis.
Oui, il est possible que certains extrémistes soient élus, mais je crois que le meilleur antidote à ce qu'ils prônent consiste à l'exposer au grand jour. Qu'on fasse venir ces gens à la Chambre et qu'on les oblige à défendre leurs idées. En tant que députés plus modérés, nous aurons raison d'eux en un rien de temps.
Quand les Canadiens votent, ils devraient pouvoir s'attendre à ce que tous les votes aient la même valeur, ce qui est loin d'être le cas avec le mode de scrutin actuel. Le système en place permet à un parti ayant remporté 39 % des votes de détenir la totalité du pouvoir. Il ne faut pas se leurrer, un gouvernement majoritaire à la Chambre est essentiellement une dictature élue. Le fait que 39 % des Canadiens qui ont voté exercent une telle influence sur les politiques du pays est profondément antidémocratique.
Il faut encourager plus de gens à s'impliquer et non pas réduire, mais bien élargir la participation au Canada. Le gouvernement a raté une occasion en or de le faire.
En politique, le respect et la confiance ne sont pas des ressources inépuisables et elles peuvent très vite se tarir. Le cynisme, lui, est comme un cancer; si on ne le réprime pas, il peut croître de façon exponentielle. Les agissements du la semaine dernière et l'entêtement du Parti libéral dans son refus de s'excuser de ce qu'il a fait font croître le cynisme au pays de façon alarmante.
Je suis profondément déçu que le Parti libéral, le gouvernement, évite d'aborder l'essence de la motion à l'étude. Les libéraux sont-ils incapables d'agir en adultes? Pourquoi ne peuvent-ils pas faire preuve d'autant de considération que des enfants de quatre ans, admettre qu'ils ont induit en erreur la Chambre et les Canadiens et s'excuser, tout simplement?
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Monsieur le Président, pour le bénéfice de ceux qui nous regardent à la télévision, je vais rappeler à la Chambre la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui:
Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement a induit les Canadiens en erreur dans son programme et dans le discours du Trône en s’engageant « à faire en sorte que l’élection de 2015 soit la dernière élection fédérale organisée selon un scrutin majoritaire uninominal à un tour », et que le gouvernement doit présenter des excuses aux Canadiens pour avoir renié sa promesse.
Voilà une motion simple en réponse à un geste simple. Les libéraux ont annoncé mercredi dernier qu'ils laissaient tomber leur engagement. C'était un engagement clair, et leur geste exige clairement qu'ils présentent des excuses à la Chambre et aux Canadiens.
Le printemps dernier, j'ai pris la parole à la Chambre avec optimisme. Les libéraux avaient pris un engagement pendant la campagne électorale, l'avaient répété dans le discours du Trône, puis avaient laissé traîner en longueur la mise en oeuvre du processus. Soit dit en passant, ils ont plus tard déclaré qu'ils n'avaient pas eu assez de temps pour modifier le système électoral, mais ils ont gaspillé six mois à rester les bras croisés, avant d'avoir la mauvaise idée de constituer un banal comité pour étudier la question. Je ne comprends pas comment un gouvernement majoritaire peut avoir besoin de six mois pour finir par avoir l'idée de constituer un comité régulier. Les Canadiens et les médias n'y ont rien compris non plus, et c'est pourquoi cette idée a été largement critiquée.
Le printemps dernier, j’ai eu le plaisir de prendre la parole lorsque le gouvernement a jugé utile de donner suite à une bonne idée. C’était l’idée avancée par le NPD en faveur d’un comité où tous les partis politiques seraient représentés et où le gouvernement n’aurait pas la majorité. Cela semblait être un pas en avant, suggérant que le gouvernement était après tout sérieux quand il avait fait cette promesse lors de la campagne électorale et dans le discours du Trône. C’était une période d’optimisme, mais, depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Nous avions l’impression à certains moments que les choses avançaient dans la bonne direction, puis qu'il y avait des reculs.
Par exemple, en octobre dernier, j’ai eu l’impression que les choses n’allaient pas bien quand, tout à coup, le , qui avait dit à maintes reprises à la Chambre que l’élection de 2015 serait la dernière organisée selon un scrutin majoritaire uninominal à un tour, a déclaré dans une interview: « Sous M. Harper, il y avait tellement de gens mécontents du gouvernement et de son approche que les gens disaient “Il faut une réforme électorale pour ne plus avoir de gouvernement qu’on n’aime pas”. »
Voici ce qu'il voulait essentiellement dire: si les choses vont bien pour lui, elles doivent bien aller aussi pour les Canadiens; si les choses vont bien pour les gens qu’il n’aime pas, alors il y a un problème. Cela m'a donné l’impression d'un recul. J’ai pensé que le cherchait à renier son engagement.
Plus tard, le 2 décembre, nous avons recommencé à espérer parce que le a déclaré: « Je fais des promesses parce que j’y crois. J’ai entendu les Canadiens dire clairement qu’ils veulent un meilleur système de gouvernance, un meilleur moyen de choisir nos gouvernements. Je travaille très fort pour que l’élection de 2015 soit effectivement la dernière organisée selon un scrutin majoritaire uninominal à un tour. »
Depuis, les libéraux ont affirmé qu’il n’y a pas de consensus. Pourtant, je croyais que le avait dit qu'il y avait consensus sur la nécessité d’un changement. Face à un tel consensus, qui, je veux bien l’admettre, est différent d’un consensus sur une solution, les gens s’attendent à ce que le gouvernement fasse preuve de leadership et présente une proposition pouvant nous faire concrètement avancer. Nous attendons encore cette proposition. Les libéraux ont annoncé qu’ils ne tiendraient pas leur promesse, mais nous n’avons jamais appris quelle serait leur proposition.
Ce n’est sûrement pas à cause d’un manque de consultation. En effet, les députés de tous les côtés de la Chambre sont allés dans leur circonscription pour en parler à leurs électeurs. Le comité a parcouru le pays pour parler aux Canadiens et aux experts. Plus de 80 % des Canadiens qui se sont adressés au comité ont dit qu’ils favorisaient un système proportionnel et plus de 90 % des experts étaient d’avis qu’un système proportionnel conviendrait le mieux au Canada.
Nous avons ensuite entendu parler de toutes sortes de solutions, de modes de scrutin et de propositions possibles. Le gouvernement n’avait qu’à choisir un mode de scrutin et à le proposer aux Canadiens. Toutefois, au lieu de prendre la peine de le faire, il a tout simplement déclaré qu’il laissait tomber sa promesse. C’est vraiment triste, surtout de la part d’un qui, pendant la dernière campagne électorale, a dit qu’il allait venir à la Chambre des communes monté sur son cheval blanc pour chasser le cynisme qui avait envahi la politique canadienne et pour montrer aux Canadiens qu’il y avait une meilleure façon de faire. Il a dit qu’il inciterait les jeunes à faire de la politique et affirmerait l’importance qu’il y a à élire des gouvernements différents parce que de tels gouvernements agiraient d’une manière différente. Croyez-moi, ce n’est pas le seul exemple.
Mercredi dernier, nous avons eu le meilleur exemple qui soit du fait que le a renoncé à ce message d’espoir. En une semaine, plus de 90 000 Canadiens ont signé une pétition en ligne demandant au gouvernement de tenir sa promesse. Ce ne sont pas 90 000 personnes comme celles qui ont participé au sondage bidon Ma Démocratie et dont nous ne savons pas si elles vivent au Canada ou si elles ont signé plus d’une fois. L'intégrité du système des pétitions électroniques ne fait aucun doute, ce qui n'est pas le cas de celle du sondage du gouvernement.
Nous savons que plus de 90 000 Canadiens ont signé la pétition en ligne et demandent au gouvernement de tenir sa promesse. Au lieu de le faire, les libéraux confirment aujourd’hui qu’ils vont renier leur promesse et ils ont en plus le culot de ne pas s'en excuser. Voilà le gouvernement qui devait mettre fin au cynisme des gens.
Examinons les prétextes donnés par les libéraux pour expliquer leur duplicité. Au moment où ils ont renié leur promesse, la semaine dernière, la raison donnée au départ était qu’il n’y avait pas de consensus. Nous avons certainement entendu ce prétexte aujourd’hui de la part des libéraux. À mon avis, il ne peut pas y avoir de consensus sur une proposition qui n’a jamais été faite, de sorte que cet argument ne tient pas la route. S’ils avaient vraiment proposé quelque chose, mais n’avaient pas réussi à parvenir à un consensus, ils auraient peut-être pu avancer cet argument, bien que nous ne sachions pas vraiment comment ils comptaient déterminer s'il y avait ou non consensus. Est-ce au moyen d’un vote à la Chambre des communes? Par voie de référendum? En se fondant sur le nombre de commentaires suscités sur Twitter? Nous ne le savons pas, et le gouvernement n’a rien dit à ce sujet.
Il y a un problème lorsqu’ils disent qu’il n’y a pas de consensus alors qu’ils n’ont pas essayé de savoir si c'était bien le cas. Il y a aussi un problème lorsqu’un gouvernement affirme qu’il a besoin d’un consensus, quel que soit le sens attribué à ce mot. Je ne sais pas si cela signifie que tous les Canadiens doivent s’entendre sur une chose avant que nous puissions l’adopter. Les libéraux n’ont certainement pas pensé qu’ils avaient besoin d’un consensus pour renier leur promesse. Il y a là un paradoxe intéressant. Si les libéraux consultaient les Canadiens, la plupart d'entre eux leur diraient qu’un gouvernement peut réaliser les promesses électorales qu’il a le mandat de mettre en oeuvre et que, s’il souhaite revenir sur ces promesses, il devrait obtenir un consensus auprès des Canadiens. Le cas échéant, ceux-ci pourraient dire que quelque chose a changé depuis les élections et depuis qu’ils ont voté pour les libéraux, de sorte qu’ils sont d’accord pour que le gouvernement revienne sur ses promesses. Or, les libéraux sont en train de renier sans consensus la plupart des promesses qu’ils ont faites, pour dire ensuite qu’ils ont besoin d’un consensus afin de tenir les promesses faites au cours de la campagne électorale. Je ne suis sûrement pas le seul à penser que leur vision des choses est contraire à la réalité.
Par exemple, lorsque les libéraux ont dit qu’ils n’approuveraient pas de nouveaux pipelines avant la mise en place d'un nouveau processus, puis qu’ils sont allés de l’avant et ont approuvé au moins trois pipelines évalués dans le cadre de l’ancien processus établi par le gouvernement Harper, qu’ils avaient alors combattu, voilà à mon avis une chose sur laquelle ils auraient peut-être dû essayer d’obtenir un consensus. Je ne pense pas qu’ils l’auraient trouvé s’ils l’avaient fait. Ils croient cependant qu'ils n'ont pas besoin de consensus pour renier leurs promesses, seulement pour les respecter. Ils n’ont pas recherché un consensus lorsqu’ils se sont attaqués aux régimes de pension à prestations définies en déposant le projet de loi , et ce n’était même pas là une promesse électorale.
L’idée selon laquelle les libéraux sont tenus de rechercher un consensus est ridicule. S’ils avaient vraiment cru qu’il leur fallait l’accord des Canadiens pour prendre d’importantes initiatives, ils auraient cherché à l'obtenir avant tout dans les cas où ils reniaient leurs promesses. C’est vraiment risible. Je ne crois pas qu'il y ait une seule personne au Canada qui puisse accepter l’argument voulant qu’à cause d’un manque de consensus — que le gouvernement n’a jamais même essayé d’obtenir à l’égard d’une proposition précise —, le gouvernement peut se permettre de manquer à une promesse ferme.
Il y a ensuite eu la fuite dans le Huffington Post selon laquelle la décision des libéraux ne découlait pas vraiment d’un manque de consensus mais plutôt de la menace croissante que représente la droite alternative et de la volonté du de s'opposer à la droite alternative et de l’empêcher de se faufiler jusqu'au pouvoir. En réalité, comme les députés l’ont déjà dit…
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Monsieur le Président, c’est un grand privilège pour moi de prendre la parole à la Chambre.
D’entrée de jeu, j’aimerais remercier tous les députés de la Chambre qui ont siégé au sein du comité spécial et, en fait, tous les députés qui ont convié leurs électeurs à des assemblées publiques et des discussions sur la réforme électorale.
Plus de 170 députés ont tenu des assemblées publiques, tout comme l’ex-ministre responsable de la réforme démocratique, aujourd’hui , et moi-même lorsque j’étais son secrétaire parlementaire. J’ai eu l’occasion d’assister à plus de 80 assemblées publiques et événements aux quatre coins du pays pour entendre les Canadiens exprimer leurs idées sur la réforme électorale et pour comprendre ce qu’ils souhaitaient.
De toute évidence, nous avons entendu trois argumentations.
La première était celle d’un groupe de personnes avides de changement qui souhaitaient diverses formes de scrutin: représentation proportionnelle mixte, vote unique transférable, vote préférentiel, système proportionnel pur ou encore une autre méthode, comme le classement des paires.
La deuxième est venue d’un groupe extrêmement passionné favorable au statu quo. Ces personnes croient que notre démocratie fonctionne bien dans son état actuel. Leurs propos étaient drôlement véhéments; à leur avis, un changement du mode de scrutin serait mauvais. Elles craignent une montée de l’extrémisme, en particulier en ce moment, et s’inquiètent que les partis et leur chef n’acquièrent encore plus de pouvoirs, comme c’est souvent le cas dans certains régimes, et elles y sont très opposées.
La troisième provient d'une petite tranche de la population qui était extrêmement mobilisée. Dans le cas du comité parlementaire, un effort concerté a cherché à faire entendre ces opinions.
Cependant, au fur et à mesure que progressait la tournée des circonscriptions et que je parlais aux gens, on me disait que beaucoup n’étaient pas intéressés par cette question. On était d’avis qu’il y avait d’autres questions qui devraient retenir l’attention du Parlement.
À mesure que le temps passait, il est devenu de plus en plus évident qu’il n'y avait pas de consensus. On a assurément admis que l’effort de s’entendre pour faire de cette question un enjeu national accaparerait toute l’attention du pays, et ce serait, je crois, au détriment de beaucoup d’autres questions essentielles à la Chambre.
Un cas d’espèce, c’est le comité lui-même. Le comité a fait un travail phénoménal. Je pense qu’il a exceptionnellement bien travaillé en essayant de rassembler toutes les idées et opinions disparates sur le changement de notre mode de scrutin. Pourtant, à la lecture du rapport du comité, on constate qu’il ne pouvait en venir à une recommandation. Je sais que ses membres diront le contraire, mais examinons ensemble les recommandations formulées.
D’abord, il a recommandé de tenir un référendum sur l’option de la représentation proportionnelle. Je n’ai encore jamais vu un conservateur prendre la parole et déclarer être en faveur d’un système de représentation proportionnel. Ils ne préconisent pas un tel système et je crois qu’il est juste de dire que les conservateurs mèneraient une campagne féroce contre. Les conservateurs ont dit vouloir un référendum et nous savons pour quel système ils feraient campagne. Pour leur part, les néo-démocrates ont admis à contrecoeur vouloir un référendum, mais dans un rapport dissident, ils ont écrit ne pas en vouloir, et je suis plutôt d’accord avec eux à ce sujet.
Je crois qu’il est devenu évident que la seule option possible en l’absence d’un consensus serait d’envisager quelque chose qui ressemblerait à un référendum national sur la réforme électorale, et cette perspective suscite deux préoccupations essentielles chez moi.
Premièrement, ce n’est pas seulement le temps, l’énergie et les fonds qu’il faudrait y investir qui me préoccupent, mais le fait que cela détournerait l’attention des dossiers nationaux qui sont les plus urgents, qu’il s’agisse de l’économie, du commerce, de nos relations avec les États-Unis ou de la sécurité nationale. Il aurait été, à mon avis, incroyablement irresponsable de tenir un référendum sur cette question.
Deuxièmement, et ce point est pour moi le plus important, notre démocratie est représentative. Nous sommes élus pour représenter nos électeurs. En fait, la Loi référendaire prévoit le recours à un référendum uniquement en cas de changement à la Constitution. Il faudrait donc modifier la Loi pour tenir un référendum d’une autre façon. Nous devons faire preuve d’une grande prudence à ce chapitre et penser à la possibilité que cela ait d’autres conséquences.
Dans un référendum, une opinion majoritaire sur une question comme les droits des minorités, par exemple, serait odieuse pour nous, et je pense que cela irait à l’encontre de la Charte. L’idée de tenir un référendum, par exemple, pour déterminer si les femmes auraient le droit de vote ou si les couples de même sexe seraient autorisés à se marier n’aurait aucun sens.
Si on envisage un référendum dans ce contexte, on peut voir que le fait que la majorité décide du droit de vote des minorités ou de la façon dont la minorité pourrait être représentée dans un système serait incroyablement problématique. Nous devons nous demander ce qui se passerait par la suite.
Dans un sens plus large, nous avons l’occasion ici de nous pencher sur les mesures à prendre pour renforcer et améliorer notre démocratie—
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Monsieur le Président, dans le cadre des consultations que nous avons tenues d’un bout à l’autre du pays, j’ai constaté que, même en l’absence d’un consensus sur l’idée de changer le système, les gens tiennent énormément à notre démocratie et que tous s’entendaient pour dire que nous devons tout faire en notre pouvoir pour l’améliorer.
Ainsi, il y a certes eu presque unanimité sur le besoin d’abroger bien des mesures figurant dans la loi sur le manque d'intégrité des élections. Je vais donner des exemples: l’idée que le directeur général des élections ne puisse faire la promotion des élections auprès des adultes ni aller sur le terrain et inciter les gens à voter; la question des gens qui ont été privés de leur droit de vote parce qu’ils ne sont pas en mesure d’utiliser une carte d’information de l’électeur; la question des répondants; la question d’inscrire les jeunes sur la liste électorale de sorte qu’une fois en âge de voter ils aient les ressources pour nécessaires pour ce faire. Ce dernier point est particulièrement important quand on pense à la faiblesse du taux de participation chez les moins de 30 ans.
Nous voulions aussi élargir les droits des Canadiens qui votent à l'étranger. Dans bon nombre de cas, ils étaient entièrement exclus de leur propre processus démocratique. Un citoyen est un citoyen, et peu importe où ils résident, les Canadiens doivent toujours avoir leur mot à dire sur l'avenir de leur démocratie et la direction de leur pays.
Nous savons que la question de la cybersécurité, en particulier comme nous avons pu l’observer lors des récentes élections aux États-Unis, était d'une importance primordiale. En conséquence, dans sa nouvelle lettre de mandat, le ministre a obtenu le pouvoir de s'attaquer à cette question et de veiller à ce que notre cybersécurité soit assurée afin de protéger la démocratie canadienne et, par le fait même, les affaires de tous les partis.
Le fait est que, même s’il n'y a pas de consensus sur la réforme du système, il nous serait possible de trouver des terrains d'entente afin de travailler de concert pour renforcer notre démocratie. J'ai écouté les consultations qui ont été tenues à l’échelle du pays et les opinions qui y ont été exprimées, les personnes qui ont profondément ressenti qu'elles n'avaient pas été entendues et celles qui ont l’intime conviction qu'une réforme du système les empêcherait encore davantage d'être entendues ou créerait de nouveaux problèmes, et notre choix est le plus prudent pour l’avenir du pays.
Un gouvernement responsable doit se pencher sur ses objectifs, faire ses recherches, faire son travail, prendre ses engagements, et déterminer ensuite la meilleure voie à suivre. Je veux dire aux députés ce qui comptera avant tout pour moi, lors des prochaines élections, lorsque je me présenterai devant mes électeurs pour la sixième fois — les fois précédentes ayant été couronnées de succès, la plupart du temps, sauf en 2011, et certains collègues s’en sont réjouis, mais pas moi.
Ce qui comptera, pour moi, c’est d'être satisfait des décisions que j'ai prises, de savoir que j'ai écouté les électeurs, que j'ai examiné les faits avec objectivité et que j'ai fait ce qu'on attendait de moi dans une démocratie représentative, à savoir siéger, délibérer et écouter. C’est ce que j'ai essayé de faire du mieux que je pouvais.
Je peux affirmer devant la Chambre qu'il n'y avait pas de bonne façon de réformer le système, et je le déplore. J'aurais bien aimé qu’il y en ait une. Ce que je peux dire, toutefois, c'est que nous pouvons faire mieux et que notre démocratie peut être plus forte. Il existe de nombreux aspects que nous pouvons améliorer, et nous le ferons. En tant que gouvernement, nous y tenons mordicus. Je suis tout à fait à l'aise de me présenter devant mes électeurs et d'entamer ce dialogue.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat. Je tiens à remercier mon collègue de Rosemont—La Petite-Patrie pour avoir présenté cette motion aujourd’hui.
Pour moi, il est toujours important de participer au débat, surtout quand il est question de démocratie. Lorsque j’ai été élu député, j’ai délibérément choisi ce sujet comme thème de mon premier discours à la Chambre. Par conséquent, il m’est toujours agréable d’y revenir parce qu’il me tient énormément à cœur. J’ai toujours cherché à faire ma part ici en tenant un débat engagé avec mes collègues et en envisageant les nombreux points de vue différents qui se reflètent dans les échanges concernant nos pratiques démocratiques.
Je tiens à dire à mes collègues qu’au cœur du problème dont nous sommes saisis, il y a un élément central pour les députés du gouvernement: c’est l’ambitieux programme que nous avons présenté. Nous avons été très ambitieux au niveau de ce que nous attendions de nous-mêmes dans l’intérêt des Canadiens. Cela s’est également reflété dans l’ambitieuse plate-forme que nous avions définie en 2015. J’admets qu’en nous occupant de mesures aussi ambitieuses que celles que nous avons mises de l’avant, il peut arriver qu’une fois au pouvoir, nous soyons obligés d’affronter les réalités concrètes de certaines des questions que nous devons régler. Nous avons l’obligation d’examiner les faits afin de déterminer s’il est possible d’avancer.
Je voudrais présenter mes observations à ceux qui s’inquiètent du fait que nous avons récemment conclu qu’il n’existe pas de moyen nous permettant de procéder à une réforme du système électoral et de formuler des recommandations sur les moyens possibles d’agir d’une manière différente pour en arriver à un processus nous donnant la possibilité de dépolitiser un débat hautement polarisé.
D’abord et avant tout, comme nous parlons d’une chose aussi fondamentale que la réforme du système électoral, nous devons établir un calendrier et prévoir un processus réalisable. Nous devons le faire de façon à réduire le caractère partisan de l’initiative. J’admets dans une certaine mesure qu’il y avait probablement un défaut dans le processus suivi par le gouvernement. En essayant de tout faire dans un seul cycle électoral, surtout dans le cadre d’un processus de consultation et des délibérations d’un comité parlementaire, nous avons abouti à un processus hautement partisan. Cela n’est pas très favorable à l'atteinte d'un consensus sur la réforme de notre système électoral.
Je recommande à ceux qui continuent à aspirer à cette réforme d’agir dans le cadre d’un processus qui relèverait non des politiciens, mais d’un groupe d’experts constitutionnels ou peut-être même d’une assemblée constituante, comme on l’avait proposé dans le cas de l’Ontario et comme on l’avait fait en 2007, afin d’en arriver à une question binaire du genre: Voici le système actuel et voici le système que nous avons envisageons d’adopter. Il faudrait le faire dans le cadre d’un calendrier qui retirait l’affaire des mains des politiciens, car ceux-ci seraient touchés de près par le résultat, qu’il y ait ou non un changement. C’est la recommandation que je présente à ceux qui tiennent énormément à changer notre système électoral.
Je n’ai pas eu l’occasion de suivre tous les débats. Je siège au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, qui est chargé d’examiner les modifications à la Loi électorale du Canada. Toutefois, avant la réunion du comité, j’ai pu écouter la , qui a mis en évidence un point vraiment important à mon avis, que j’ai signalé au début de mon discours: il nous arrive d’avoir de sérieux désaccords sur des questions particulières, y compris le parcours à suivre pour favoriser le changement démocratique.
Nous sommes ici pour avoir ce genre de conversation. À mon avis, nous devons bien analyser ces échanges. En fin de compte, en matière de réforme démocratique, nous devrions agir dans l’intérêt public et au profit de l’ensemble des Canadiens.
Je veux m’adresser à tous mes collègues du comité de la procédure et des affaires de la Chambre. En général, nous travaillons très bien sur une base consensuelle et nous faisons des progrès sur la plupart des questions que nous abordons pour améliorer la participation à notre processus démocratique et éliminer dans la mesure du possible les obstacles à cette participation. Bien sûr, il y a des cas où ne sommes pas d’accord. Cela nous arrive. Nous mettons alors de côté les affaires en cause. Toutefois, nous devons en définitive comprendre ce que nous avons à faire et agir de façon que tous les Canadiens, tous les citoyens, sentent que le Parlement et notre démocratie appartiennent à tous et non à un ensemble étroit d’intérêts partisans.
Je tiens compte de cette obligation pour favoriser le progrès en matière de changement démocratique. Mon collègue d’Ajax, le , a fait remarquer avec beaucoup d’à-propos que nous avons présenté le projet de loi pour annuler quelques-unes des mesures prises au cours de la législature précédente dans ce qu’on a appelé la Loi sur l’intégrité des élections, qui a rendu plus difficile pour les citoyens de participer pleinement au processus démocratique. Comme mon collègue a bien expliqué les éléments en cause, je ne répéterai pas ce qu’il a dit, mais c’est exactement le genre de travail que nous faisons. C’est une tâche difficile, mais nous devons continuer à nous en occuper en permanence. Je sais que la continuera à travailler sur d’autres aspects en vue de renforcer notre démocratie et de surmonter les obstacles qui entravent nos pratiques démocratiques. Qu’il s’agisse de règles sur la collecte de fonds ou de la possibilité de menaces extérieures à notre système démocratique, nous devons constamment agir ensemble pour renforcer encore plus notre démocratie.
Comme le député d’ l’a dit, beaucoup d’entre nous ont organisé des séances de discussion ouverte. Je l’ai fait moi-même dans la circonscription de , où j’ai pu entendre des électeurs parler d’une vaste gamme de préoccupations relatives au système démocratique et aux changements possibles à apporter à notre système électoral. Comme le député, j’ai entendu des points de vue divergents. Certains voulaient garder le système actuel. D’autres préféraient la représentation proportionnelle, et d’autres encore souhaitaient adopter un système différent, comme un système de représentation proportionnelle mixte semblable à ceux de la Suisse ou de l’Allemagne. Comme nous pouvons le voir, il y a de multiple choix. La seule précaution à prendre, à mon avis, c’est que, indépendamment du système retenu, nous devons le maintenir dans le contexte du modèle parlementaire de Westminster.
Je voudrais faire état de mes préférences personnelles. J’ai toujours été en faveur de la responsabilité démocratique que chacun d’entre nous assume comme titulaire d’une circonscription uninominale. Certains des autres systèmes, qu’ils soient mixtes ou proportionnels, et particulièrement les systèmes à liste fermée, réduiraient ce degré de responsabilité si nous les adoptions. Cela serait hautement préjudiciable au régime démocratique que nous avons établi en suivant le modèle de Westminster. Indépendamment des changements que nous essayons d’apporter pour améliorer la situation et favoriser la participation des citoyens au processus démocratique, j’ai toujours fermement cru à un système dans lequel je suis personnellement responsable, à titre de représentant élu, envers un groupe particulier de personnes. Voilà ma préférence.
En fin de compte, c’est ce degré de responsabilité que chacun de nous assume ici. Je crois personnellement que c’est ce modèle qui nous sert encore le mieux.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de partager mon temps de parole avec ma collègue, la députée de .
Le gouvernement parle beaucoup, il essaie encore d'éviter le sujet. Oublions les promesses faites pendant la campagne, oublions les promesses faites dans le discours du Trône, parlons plutôt d'autre chose.
Or, nous sommes ici pour parler d'une promesse qui a été faite, qui constituait un point central de la campagne et qui figurait dans le discours du Trône. J'ai entendu le message de mes électeurs et ils veulent que le respecte cette promesse.
Le a répété cette promesse des centaines de fois lors d'assemblées publiques dans les villes du pays. Depuis que le gouvernement a changé d'idée, qu'il a brisé sa promesse, les médias canadiens rediffusent ses promesses. On peut entendre clairement, à répétition, qu'il devait s'agir de la dernière élection « selon le système uninominal majoritaire à un tour ». On l'a entendu en boucle, ce message. Le premier ministre, dont le gouvernement majoritaire a été élu avec moins de 40 % des votes, a promis lors de la dernière campagne que ce serait la dernière élection selon le système uninominal majoritaire à un tour. Il s'est officiellement engagé à respecter cette promesse en décembre 2015 dans le discours du Trône, où l'on peut lire:
Pour veiller à ce que chaque vote compte, le gouvernement mènera des consultations sur la réforme électorale, puis fera en sorte que l'élection de 2015 aura été la dernière à être menée selon le système électoral majoritaire à un tour.
Il avait clairement indiqué ses intentions à cet égard. Il n'était pas question d'une promesse, ni d'une simple façon d'interpeller les Canadiens dans un discours du Trône pour connaître leur point de vue sur le processus démocratique. Il ne s'agissait pas non plus de simples paroles envoyées en l'air. On a affaire ici à un engagement clair et définitif prononcé dans le discours du Trône.
Il a ensuite nommé une ministre dont le mandat consistait précisément à exécuter cet engagement. Tout le monde était au courant: pour honorer cette promesse, le gouvernement devait procéder rapidement aux réformes législatives nécessaires afin que le nouveau mode de scrutin puisse être adopté, débattu et mis en oeuvre avant les prochaines élections. Quant à l'échéance, le directeur général des élections avait été très clair à ce sujet.
Le gouvernement s'est dérobé. Grâce aux appels des néo-démocrates pour faire accélérer la mise en oeuvre des réformes qui avaient été promises, et auxquelles le gouvernement s'était engagé, la ministre forme finalement un comité de députés en mai, huit mois après son élection, pour « déterminer et étudier d'autres modes de scrutin, pour remplacer le système majoritaire uninominal à un tour, ainsi que pour examiner les questions du vote obligatoire et du vote en ligne ». Elle lui demande de « présenter un rapport au plus tard le 1er décembre 2016 ».
Le comité était initialement composé en majorité de députés libéraux, qui prétendaient que nos voix avaient toutes le même poids, mais ce n'était pas tout à fait vrai. Le gouvernement a fini par céder et par accepter la proposition néo-démocrate visant à ce que la composition du comité reflète le nombre de votes obtenus.
Comme l'organisme Représentation équitable au Canada l'a déclaré le 1er décembre dernier, la composition du comité sur la réforme électorale — à qui on a confié le mandat de mettre fin au mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour — constituait la première preuve que le système à représentation proportionnelle est efficace. En effet, les membres de ce comité ont bien travaillé ensemble. Ils se sont bien entendus pendant les déplacements. Ils ont entendu beaucoup de spécialistes et de citoyens s'exprimer. Cet exemple illustre parfaitement que, lorsque le système de sélection est juste, les représentants font du bon travail.
En quoi est-ce important? Parce que la manière dont les députés sont élus est déterminante; elle a une incidence sur tous les électeurs. De cette façon, la voix de tous les électeurs serait prise en considération et aurait du poids dans le cadre des autres réformes qui pourraient être amorcées par la suite.
La ministre chargée du dossier par le a prié les députés de consulter les gens de leur circonscription et de discuter avec eux de la manière dont il faudrait procéder pour remplacer le mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour. C'est ce que nous avons fait. Nous avons été de bons députés et nous avons collaboré. Nous sommes allés au quatre coins du Canada, nous avons organisé des assemblées publiques et des sondages, envoyé des bulletins parlementaires et demandé aux Canadiens leur avis.
Les membres de ce comité ont consacré la pause estivale et une grande partie de l'automne à se déplacer, à consulter la population, à écouter des spécialistes leur parler d'autres modes de scrutin, à synthétiser le tout et à rédiger leurs conclusions. Bien des députés sont même allés un peu plus loin en recueillant des commentaires écrits.
Près de 300 personnes ont participé à la réunion sur la réforme électorale que j'ai organisée à Edmonton; la salle était comble. On peut difficilement dire que cela révèle un manque d'intérêt à l'égard de la réforme du système uninominal majoritaire à un tour.
J'ai ensuite envoyé un sondage exhaustif sur la réforme électorale aux habitants de ma circonscription. Plus de 280 d'entre eux ont pris le temps d'y répondre en détail. Une grande majorité appuyait un système qui tient compte de chaque vote. Un peu plus de la moitié des répondants ont recommandé l'adoption d'un système de représentation proportionnelle. De plus, beaucoup de gens ont dit souhaiter la tenue d'un référendum et nous avons convenu d'en organiser un sur des propositions visant à remplacer le système uninominal majoritaire à un tour. Voilà une autre promesse que le gouvernement a brisée.
Jusqu'au 1er février de cette année, le et la ministre chargée du dossier ont prétendu être toujours résolus à respecter cet engagement.
Le 1er février, le premier ministre a donné à la nouvelle ministre de la Réforme démocratique la tâche d'annoncer qu'il avait décidé de renier son engagement. Pire encore, nous avons appris qu'il est allé plus loin en supprimant une partie importante du mandat de la . Il a précisé qu'elle ne procéderait pas à une réforme électorale. C'était tout simplement renversant.
Le prétend maintenant que, soudainement, les Canadiens ne veulent plus de réforme électorale. Pourquoi sont-ils venus à toutes ces rencontres? Pourquoi ont-ils écrit des lettres? Pourquoi ont-ils réclamé une réforme s'il n'y avait pas de consensus? Comment le premier ministre explique-t-il la présence de centaines de personnes aux assemblées que sa propre ministre a convoquées?
Comment le premier ministre explique-t-il que des centaines de Canadiens aient participé au processus de consultation du comité spécial? Je le répète, combien cela a-t-il coûté? Comment justifie-t-il le fait de renier sa promesse alors que 80 % des Canadiens et 90 % des experts qui ont participé aux consultations ont réclamé la représentation proportionnelle? Comment explique-t-il que des centaines de Canadiens aient pris le temps d'envoyer des commentaires par écrit? Croit-il toujours que cela indique un manque d'intérêt? Comment explique-t-il que, jusqu'à maintenant, plus de 90 000 Canadiens ont signé une pétition pour lui demander de tenir sa promesse de mettre un terme au système majoritaire uninominal à un tour?
Les Canadiens ne peuvent qu'en arriver à la conclusion que, puisque la population n'appuie pas la réforme privilégiée par le — réforme qui, d'ailleurs, assurerait une majorité libérale dans l'avenir —, il a décidé de renier l'engagement pris dans le discours du Trône. Il n'y a aucune autre conclusion à en tirer.
On sait fort bien que de nombreuses personnes ont voté pour les libéraux, précisément parce qu'elles croyaient que le tiendrait sa promesse de bonne foi et qu'il mettrait un terme au système majoritaire uninominal à un tour. Dans les dernières minutes qu'il me reste, je tiens à citer les commentaires de quelques Edmontoniens sur la décision qui a été prise.
Voici une lettre envoyée à l'Edmonton Journal le 3 février:
Quelle trahison pour les 9 093 630 (51,8 %) électeurs dont le candidat n'a pas gagné à l'élection d'octobre 2015. Il faut croire que 39 % des votes constituent une majorité légitime. J'imagine que je dois payer mes impôts, même si mon vote n'a pas compté. Tu parles d'une démocratie.
Il est déjà possible de voir que le cynisme est en hausse et c'est malheureux.
Dans un éditorial de l'Edmonton Journal du 3 février, on peut lire:
Que [le premier ministre] brise sa principale promesse électorale — faire en sorte que chaque vote compte — est assez grave. Mais [qu'il] annonce qu'il brise sa promesse de changer la manière dont les Canadiens votent dans la lettre de mandat envoyée à sa nouvelle ministre des Institutions démocratiques — qui se retrouve soudainement avec une sorte de canard boiteux — fait penser à un poltron qui romprait par message texte.
Les députés ministériels ne comprennent-ils pas comment se sentent les Canadiens par rapport à la façon dont on les traite? Comment pouvons-nous continuer à avoir confiance après avoir vu ce qui s'est passé avec les promesses et les engagements du et du gouvernement?
Nous avons vu le gouvernement briser sa promesse de fournir un accès comparable, égal aux services pour les enfants et les familles des Premières Nations. Nous y reviendrons un de ces jours. Maintenant, c'est le tour de cette promesse qui est écrite noir sur blanc.
Mes collègues et moi-même sommes impatients d'entendre le gouvernement s'excuser d'avoir rompu sa promesse.