La Chambre reprend l'étude, interrompue le 12 mai, de la motion relative aux amendements apportés par le Sénat au projet de loi C-7, Loi modifiant la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique, la Loi sur la Commission des relations de travail et de l'emploi dans la fonction publique et d'autres lois et comportant d'autres mesures.
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Monsieur le Président, je reprendrai plus ou moins où je m'étais arrêté vendredi dernier.
Les députés se souviendront que le débat a commencé, vendredi, par la réponse du gouvernement aux amendements apportés par le Sénat. Cette réponse n'avait été déposée que la veille, le jeudi, en soirée. Je reviendrai sur ce point, puisqu'une grande partie du débat entourant la réponse du gouvernement porte sur le manque de temps disponible. En raison de la motion d'attribution de temps qui vient tout juste d'être adoptée, la Chambre aura peu de temps pour examiner la réponse du gouvernement et en débattre. Du même coup, les partis de l'opposition et les intéressés, notamment les membres de la GRC et les agents négociateurs potentiels, ont peu de temps pour analyser les détails de la réponse du gouvernement aux amendements du Sénat et déterminer s'ils sont d'accord ou non. Bref, je tiens à répéter que le temps est limité.
Lorsqu'on regarde la propre évaluation du gouvernement concernant la complexité de la question et le temps requis pour examiner adéquatement les enjeux qu'elle suppose, on comprend qu'il faudrait beaucoup plus de temps pour bien examiner la réponse du gouvernement. Les libéraux ont mis presque 11 mois à étudier la réponse du Sénat au projet de loi. Je rappelle à la Chambre que nous avons voté sur la version originale du projet de loi le 30 mai 2016. Le projet de loi a ensuite été présenté au Sénat le 31 mai 2016. Je n'ai entendu aucun député ministériel dire que l'autre endroit avait bâclé son examen de la mesure législative. En fait, le gouvernement a dit que le Sénat avait fait un excellent travail d'étude des détails présentés. Cela s'est fait dans un délai de 20 jours, soit du 31 mai au 21 juin 2016. Or, il a ensuite fallu 11 mois avant que le gouvernement revienne au projet de loi, et il nous demande à présent de nous prononcer au sujet de sa réponse, et ce, en 5 jours seulement. Par conséquent, c'est véritablement une question d'équité.
Je n'irais jamais jusqu'à dire que le a induit la Chambre en erreur avec ses réponses. Plus tôt, il a dit que nous avons débattu de ce projet de loi à la Chambre pendant 16 heures. Si ce n'était pas une façon délibérée d'induire la Chambre en erreur, alors il a peut-être fait preuve d'une certaine paresse en ne se donnant pas la peine de modifier le discours qu'il avait prononcé à l'étape de la troisième lecture du projet de loi, une étape de l'étude qui a également fait l'objet d'une motion d'attribution de temps. L'objet du débat de mai 2016 était très différent de ce dont nous débattons aujourd'hui, car non seulement il est question d'amendements proposés à l'autre endroit que nous n'avons pas eu la chance d'étudier dans cette enceinte, mais en plus nous devons débattre de la réponse du gouvernement à ces amendements de l'autre endroit que le gouvernement a mis 11 mois à étudier. Or, ce n'est pas une réponse comme les autres qui consiste tout simplement à rejeter ou à accepter les amendements en question. Il s'agit plutôt d'un amendement à ces amendements.
Par conséquent, l'idée que nous allons bien faire les choses et rendre justice aux membres de la GRC de tout le pays, qui se battent depuis des années devant les tribunaux pour avoir droit à des négociations collectives et qui veulent que cela se fasse correctement — tout comme le gouvernement dit vouloir que les choses soient faites correctement —, et tout cela en cinq jours est, malheureusement, irréalisable. Je trouve que c'est regrettable, tout comme le fait que nous ne disposions que de cinq jours. Nous faisons de notre mieux de ce côté-ci de la Chambre pour donner notre avis sur le contenu de cette mesure législative, mais c'est difficile à faire adéquatement compte tenu de l'échéance injuste et déraisonnable qu'impose le gouvernement relativement à la motion en question. C'est important de le dire, car cela influera beaucoup sur la tournure que prendra le débat d'aujourd'hui et sur la décision qui en découlera.
Nous avons quelques réserves. Il y a quelques bons points dans cette réponse, mais il y a quelques aspects qui méritent d'être plus amplement examinés. Je répète que l'étude ne se fera pas, car nous allons régler la question aujourd'hui, d'une manière ou d'une autre, et le projet de loi retournera à l'autre endroit.
Parlons d'un des bons côtés. Ce n'est un secret pour personne: nous appuyons l'idée de laisser aux membres de la GRC l'option de recourir à un système de vérification des cartes. Le gouvernement l'appuie lui aussi de façon claire et constante. Nous sommes sur la même longueur d'onde sur ce point. C'est bien, et nous sommes contents de voir dans la réponse du gouvernement qu'il ne se dédit pas de sa promesse à ce chapitre. C'est important du point de vue du principe, mais également du point de vue de la logique, en l'occurrence, car les membres de la GRC sont répartis à la grandeur du pays. Certains se trouvent des régions rurales ou éloignées. D'autres sont affectés à l'étranger. Si on joint 50 % ou plus des membres et qu'ils approuvent la syndicalisation, alors on a l'assurance qu'un vote permettra d'obtenir les 50 % plus 1 nécessaires.
S'il y a un vote pour tout le monde en même temps, cela veut dire que tout le monde doit recevoir son bulletin de vote en même temps et qu'ils doivent tous le renvoyer dans un délai similaire. La logistique en cause est très complexe, surtout si le processus incombe à l'agent négociateur potentiel, car, par définition, le syndicat n'est pas encore reconnu.
La GRC n'a jamais été syndiquée, et le projet de loi exige, à juste titre, que le syndicat qui représente ses membres représente uniquement les membres de la GRC. Le projet de loi traite également d'une unité de négociation nationale composée uniquement de policiers. Il n'y a pas de syndicat préexistant qui possède les ressources et l'expertise nécessaires pour organiser ce genre de scrutin et pour garantir aux membres de la GRC que le processus sera mené avec la rigueur et l'intégrité auxquelles ils s'attendent lorsqu'ils accréditent un agent négociateur.
Nous sommes heureux de constater que cela figure dans le projet de loi. Nous sommes heureux que les exclusions aient été retirées du projet de loi. Les députés qui ont suivi la progression de la mesure législative savent que nous, les néo-démocrates, avons fait des pieds et des mains pour faire retirer ces exclusions. Nous croyons qu'il s'agit de la meilleure façon d'assurer aux membres de la GRC le droit à des négociations collectives libres et justes pour lequel ils ont lutté avec acharnement devant les tribunaux.
J'ouvre d'ailleurs une petite parenthèse: nous avons entendu le gouvernement tenter en quelque sorte de s'attribuer le crédit pour avoir accordé aux membres de la GRC le droit à la négociation collective, ce qui est tout simplement faux. C'est à la suite d'un jugement de la Cour suprême que les agents de la GRC ont obtenu ce droit. Il ne s'agit nullement d'une décision de l'actuel ou du précédent gouvernement. La Cour suprême a reconnu le droit des membres de la GRC à la négociation collective en vertu de la Charte des droits et libertés du Canada, laquelle garantit cette liberté aux gens qui la souhaitent.
Le projet de loi contribue à établir un cadre pour la négociation collective. Nous savons que ce projet de loi n'est pas nécessaire, mais il demeure souhaitable — à condition que le gouvernement fasse les choses correctement. Le projet de loi renferme certaines dispositions demandées par les membres de la GRC, notamment une unité de négociation nationale unique et le recours à l'arbitrage exécutoire, ce qui est bien. Il est sensé d'établir un cadre unique pour la GRC en ce qui concerne la négociation collective.
Or, le projet de loi n'accorde rien de nouveau aux agents de la GRC. Le droit à la négociation collective leur est déjà reconnu à l'heure où on se parle. En fait, deux demandes d'accréditation sont présentement à l'étude par la commission, l'une de la Fédération de la police nationale, concernant la création d'une unité de négociation nationale, et l'autre de l'Association des membres de la Police montée du Québec, qui représenterait uniquement les membres du Québec. J'y reviendrai dans un instant.
Voilà où nous en sommes. Le projet de loi n'accorde en rien le droit à la négociation collective aux agents de la GRC, puisque ce droit, ils l'ont déjà, quoi qu'en dise le gouvernement du jour. Il est d'ailleurs garanti par la Cour suprême.
Nous nous réjouissons que les exclusions aient été supprimées et que le gouvernement se soit ainsi rallié à la proposition que le NPD avait faite en ce sens en mai dernier, ici et au comité.
Nous craignons toutefois que la disposition sur les droits de la direction, qui remplace les exclusions, ne soit en fin de compte qu'un moyen détourné de ramener plus tard ces mêmes exclusions. Si on nous laissait le temps d'étudier les amendements en profondeur, nos craintes se dissiperaient sans doute d'elles-mêmes, car c'est vrai que de nombreuses conventions collectives et lois contiennent elles aussi une disposition semblable, mais c'est correct.
Cela dit, certaines formulations soulèvent des questions. Selon l'amendement du Sénat, les droits de la direction de la GRC viseraient essentiellement tout ce qui touche les pouvoirs du commissaire en matière de gestion des ressources humaines attribués par la Loi sur la GRC. Ce que nous avons entendu du gouvernement, c'est qu'il n'approuve pas l'amendement et qu'il désire le modifier. Il veut une clause plus ciblée sur les droits de la direction.
Au cours du débat de vendredi dernier, la secrétaire parlementaire a utilisé le mot « ciblée », et non pas « limitée ». Le gouvernement a donc modifié le libellé afin de passer des pouvoirs en matière de gestion des ressources humaines attribués au commissaire par la Loi sur la GRC à une clause sur les droits de la direction qui garantit les pouvoirs du commissaire afin d'assurer l'efficacité des opérations. À première vue, cela semble très bien. Qui ne voudrait pas que les opérations de la GRC soient efficaces?
Cependant, le commissaire a justement défendu devant les comités de la Chambre et du Sénat que les exclusions devaient être maintenues parce que leur retrait nuirait à l'efficacité des opérations de la GRC.
Je pense que les membres de la GRC et les Canadiens ont le droit d'avoir ces craintes au sujet de la disposition sur les droits de la direction. En effet, même si, d'un point de vue fonctionnel, elle est davantage axée sur l'efficacité de la force, j'estime néanmoins que sa portée est plus vaste parce qu'elle permet au commissaire d'outrepasser les pouvoirs en matière de gestion des ressources humaines qui lui ont été conférés par la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada — et qui y sont énumérés au paragraphe 20.2(1), alinéas a) à l) — et de les interpréter complètement à sa guise, en fonction de ce qui est proposé à la table de négociation.
Cette disposition suscite des préoccupations raisonnables. Je pense que nous avons besoin de plus de temps pour l'examiner afin de déterminer si elle offrira au commissaire de la GRC un autre moyen détourné de rétablir les exclusions qui ont été éliminées. Même si nous pourrions être en mesure de contester l'interprétation donnée par le commissaire à l'expression « efficacité opérationnelle » — il pourrait ne pas être l'autorité ultime en la matière —, je crois qu'une unité de négociation nouvellement accréditée par les membres de la GRC pourrait avoir à entreprendre de très longues démarches, peut-être d'abord auprès de la commission du travail, puis des tribunaux, pour tenter de définir la signification de cette expression. Ensuite, je suppose qu'un membre de la commission déterminera si le commissaire a bien établi ce qu'il faut faire pour assurer l'efficacité des opérations à la GRC.
Les conséquences de cette disposition de protection des droits de la direction ne sont pas claires à mes yeux. J'ai l'impression que c'est peut-être un moyen de faire accepter des exclusions de ce genre. Il est possible que cette disposition déclenche de longues et coûteuses procédures au bout desquelles, en fin de compte, des précisions additionnelles seront apportées, car le gouvernement ne définit pas « l'efficacité opérationnelle ». Il ne précise pas la portée de ce terme. Je pense que nous devons nous en inquiéter.
En ce qui a trait aux griefs, le gouvernement dit qu'il ne souhaite pas qu'on puisse les présenter en vertu de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique et de la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada. Une seule loi devrait pouvoir être invoquée, de manière à ce que les griefs ne soient pas présentés en double.
Dans ce cas aussi, la position du gouvernement semble logique. Son argument a du sens, tout comme le a l'air raisonnable lorsqu'il dit que nous avons déjà débattu ce projet de loi pendant 16 heures. Néanmoins, si nous examinons les détails, nous sommes amenés à penser que l'argument est peut-être trompeur.
La plupart des arguments du gouvernement concernant le projet de loi portent sur le fait qu'il veut que les relations de travail de la GRC soient gérées de manière plus conforme au modèle préexistant de la fonction publique. Toutefois, ce qu'il semble faire en ce moment, c'est insérer le processus de griefs dans la Loi sur la GRC. Cela fera que la plupart des griefs seront traités en vertu de la Loi sur la GRC plutôt que de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique.
Cela pose deux problèmes. Le premier a trait d'un point de vue très pratico-pratique aux effets qu'auront ces changements en milieu de travail. Les sous-officiers de la GRC seront bientôt considérés comme étant des fonctionnaires une fois que le processus qui a lieu en ce moment sera complété à un moment donné en 2018. Cela veut dire qu'un agent et un membre civil de la GRC qui travaillent côte à côte dans un bureau d'un quartier général divisionnaire et qui sont victimes de harcèlement sexuel de la part du même officier supérieur auront à suivre deux processus de griefs différents. L'un aura lieu en vertu de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique et sera supervisé par une tierce partie indépendante. Toutefois, pour l'agent, le processus de griefs aura lieu en vertu de la Loi sur la GRC et nous savons que dans ce cas-là c'est le commissaire qui a le dernier mot.
D'ailleurs, un rapport publié hier affirmait que, en ce qui concerne la GRC et sa culture institutionnelle, une partie du problème réside dans le fait que la décision finale concernant les griefs relève du commissaire de la GRC. Une des recommandations était de changer cela.
Voici ce que dit le rapport en question, qui a été publié hier par la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes et qui s'intitule « Rapport sur le harcèlement en milieu de travail à la GRC »:
[...] contrairement aux employés de la fonction publique qui ont le droit d'interjeter appel d'une décision rendue dans une plainte de harcèlement conformément à la procédure établie dans leur convention collective (ce qui comprend l'arbitrage par un tiers indépendant), les membres de la GRC n'ont toujours pas accès à un organe d'appel impartial et indépendant.
Il en est ainsi parce que les griefs sont traités par l’entremise du processus établi en vertu de la Loi sur la GRC.
Ce que propose le gouvernement dans sa réponse est le contraire de ce que préconise la recommandation du rapport publié hier selon laquelle le commissaire devait jouer un moins grand rôle dans le processus de griefs, et non l'inverse. Le gouvernement s'écarte ainsi de ce qu'il présente comme étant son principal objectif: harmoniser davantage les pratiques de relations de travail de la GRC avec celles du reste de la fonction publique. Il semble cependant qu'on opte pour l'harmonisation de ces pratiques de façon sélective. Quand cela n'arrange pas le gouvernement ou la direction — ce n'est pas toujours clair —, on choisit plutôt des processus distincts, en invoquant le caractère unique de la GRC.
Comme je l’ai dit, nous nous soucions des questions d’équité à la fois dans le milieu de travail et par rapport aux arguments d’ordre général avancés par le gouvernement. L’un des problèmes que présente ce processus est qu’il est trop souvent difficile de distinguer les intérêts du gouvernement de ceux de la direction. Nous savons que les intervenants n’ont pas pu prendre connaissance de la réponse du gouvernement avant qu'elle soit diffusée. Voilà pourquoi j’ai demandé au si la direction de la GRC, elle, avait pu y jeter un coup d'oeil à l'avance et si, contrairement à d’autres groupes, elle avait eu son mot à dire. Je note que nous n’avons pas eu de réponse claire à cette question et que la réponse que nous avons eue portait sur une question que nous n’avons pas posée.
Si le gouvernement essaie de donner l’impression — et je crois qu’il devrait le faire — qu’il n’est pas de mèche avec la direction dans ce processus et qu’il veut plutôt servir d’arbitre indépendant soucieux de permettre la tenue de négociations collectives libres et équitables, je dois dire qu’il s’en est très mal sorti jusqu’à maintenant.
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Monsieur le Président, c’est une longue histoire, car c’est pratiquement depuis le début de l’actuelle législature que le gouvernement et la Chambre examinent la nécessité d'adopter une mesure législative prévoyant la création d'un cadre de négociation collective pour les membres de la GRC. Or, beaucoup d’entre nous estimons que, depuis le début, le gouvernement est trop proche de la direction sur cette question, et qu’il est faux de dire que, s’agissant de l’élaboration de ces règles, les futurs agents négociateurs qui représentent les membres de la GRC ont eu le même accès au gouvernement et la même influence sur celui-ci.
Selon le NPD, le rôle du gouvernement devrait être celui d’un arbitre indépendant. La Cour suprême a rendu une décision en statuant que les membres de la GRC devraient avoir le droit de négocier collectivement de façon libre et équitable. Le gouvernement aurait dû s’employer à déterminer quelles sont les particularités de la GRC qui justifient un dispositif spécial.
Les membres de la GRC nous ont dit qu’ils veulent une seule unité de négociation nationale, qu’ils veulent le recours à l’arbitrage exécutoire et qu’ils ne veulent pas du droit de grève. Ce sont là des éléments importants du projet de loi , mais à part cela, nous avons surtout discuté des exclusions, de ce que la direction ne veut pas négocier et de ce qu’elle veut être dispensée de négocier grâce à ce projet de loi. Nombreux sont ceux qui pensent que le gouvernement est beaucoup trop proche de la direction sur toutes ces questions. C’est un problème car, même si ce n’est pas le cas, on a vraiment l’impression que c’est la direction de la GRC qui tire les ficelles.
Je vais donner un autre exemple de la façon dont le gouvernement a contribué à faire de tout ce processus un véritable fiasco. Il nous a fallu attendre 11 mois les amendements du Sénat, alors que ce délai aurait pu être beaucoup plus court. En avril dernier, soit huit mois après les amendements du Sénat, deux organisations ont demandé à être accréditées. L’une veut être accréditée comme agent négociateur national, ce que permet le projet de loi , et l’autre veut représenter seulement les membres du Québec, ce que ne permet pas le projet de loi C-7. Certains députés pensent que, si le C-7 avait été adopté plus tôt, il n’y aurait pas eu de problème, mais maintenant que ces demandes d’accréditation ont été faites, la précipitation du gouvernement à faire adopter le projet de loi revient à prendre parti pour une organisation plutôt que pour l’autre. Lorsque le projet de loi sera adopté, l’une de ces demandes sera déclarée irrecevable, et c’est la question que va devoir trancher la commission du travail.
En faisant ainsi traîner les choses, les libéraux ont contribué à donner l’impression qu’ils appuient une organisation plutôt qu’une autre, ce qui est regrettable. Ils ont créé un climat de grande incertitude juridique et ont obligé l’organisation qui a fait une demande pour représenter seulement les membres du Québec à faire beaucoup de travail inutile puisqu’au final, sa demande sera jugée irrecevable si le gouvernement fait adopter ce projet de loi.
Une voix: Il ne faut pas prendre parti.
M. Daniel Blaikie: Monsieur le Président, je dis simplement ce que j’ai entendu. J’estime qu’il est regrettable que le gouvernement ait donné l’impression qu’il prend parti. Cela aurait pu être évité si nous avions eu cette discussion il y a deux mois.
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Monsieur le Président, je compte partager mon temps avec la députée .
Je suis heureux de prendre la parole pour appuyer la motion concernant le projet de loi . Ce projet de loi est important à la fois pour la GRC et pour les Canadiens. C’est un pas en avant vers de meilleures relations de travail au Canada.
Nous savons que le projet de loi s’inscrit dans le sillage de la décision de la Cour suprême du Canada, rendue il y a plus de deux ans, en janvier 2015. Il est assez urgent que ce projet de loi soit adopté pour que la GRC puisse devenir la meilleure police au monde, dont la qualité des pratiques de gestion n’a d’égale que la capacité de ses agents à garantir la sécurité des Canadiens.
La Cour suprême a statué que certains aspects du régime des relations de travail de la GRC étaient en fait anticonstitutionnels, car ils empêchaient la création d’une association d’employés de la GRC indépendante. Le gouvernement a pris des mesures, après des consultations approfondies, et a proposé un cadre conforme à la décision de la Cour suprême. Le projet de loi en est le résultat.
Je ne suis pas d’accord avec l’interlocuteur précédent et je soutiens qu’il y a eu beaucoup de consultations. Le projet de loi est sous la loupe d’un comité de la Chambre des communes et d’un comité du Sénat depuis un certain temps déjà, et il a fait l’objet d’un débat à la Chambre et au Sénat. Nous devons maintenant donner rapidement suite à la motion à l’étude afin de nous assurer qu’il y ait de véritables négociations collectives pour les membres de la GRC qui travaillent si fort.
Si le projet de loi est adopté, les membres de la GRC et les réservistes disposeront, pour la première fois, d’un cadre régissant leurs relations de travail et leur permettant de choisir d’être ou non représentés par une organisation syndicale lors des négociations, comme les autres corps policiers du Canada. Il y a presque 100 ans, le syndicat des policiers de Vancouver recevait sa charte et était fondé avec le mandat de représenter efficacement et démocratiquement ses membres conformément au code du travail de la Colombie-Britannique. Le temps est venu de prendre des mesures pour faire la même chose dans le cas de la police fédérale.
Les membres de la GRC savent ce que signifie « passer à l'action ». En ma qualité de président du comité de la sécurité publique et nationale, je tiens à les féliciter de régulièrement servir et protéger les Canadiens, avec empressement et grâce, et avec une compétence remarquable que les Canadiens reconnaissent de plus en plus. Qu’il s’agisse de plonger dans des eaux glacées pour secourir une femme en détresse ou de nous protéger ici même, les membres de la GRC affichent don de soi et abnégation dans leur service à autrui; il nous incombe désormais à nous, les députés, de leur rendre la pareille et de passer à l’action pour les aider, pour les servir et pour les protéger.
Le et le sont déterminés à faire tout le nécessaire pour aider les membres de la GRC, les stagiaires et les employés à se sentir en sécurité et respectés parmi leurs collègues et supérieurs.
Depuis 2014, diverses mesures ont été prises pour protéger les membres de la GRC au travail, des mesures visant notamment à tenir compte du harcèlement et de la gestion des conflits ainsi qu’à promouvoir un milieu de travail sain et respectueux.
La GRC poursuit ses efforts pour améliorer le milieu de travail. Elle s’est notamment dotée d’un code de conduite plus moderne, d’un processus simplifié d’enquête et de règlement dans les cas de harcèlement et d’un programme de formation améliorée à l’intention des enquêteurs en matière de harcèlement. Le projet de loi table sur ces efforts pour mettre en place un solide régime de relations de travail à la GRC. À cette fin, le gouvernement a soigneusement examiné les amendements soumis par le Sénat, et il est maintenant prêt à bouger.
La réponse du gouvernement tient compte des principales préoccupations que nous avons entendues au comité permanent de la Chambre des communes ainsi qu’au Sénat et je suis très fier d’appuyer la réponse du gouvernement au sujet des amendements proposés par le Sénat.
Dans l’esprit de compromis qui doit régner dans une institution comme la nôtre, le gouvernement est disposé à accepter de lever toutes les restrictions quant à ce qui peut faire partie des conventions collectives et des décisions arbitrales en ce qui concerne expressément la GRC. Ces restrictions sur les points pouvant faire l’objet d’une négociation collective ont été vivement critiquées par des témoins entendus par le comité et nous agissons donc en conséquence.
Les discussions de cette nature sont parfois longues. Le débat a néanmoins eu lieu. Je fait valoir aux députés que nous devons agir avec rapidité et efficacité. Nous avons terminé notre examen, il est maintenant temps d’agir.
Voilà pourquoi je suis ravi d’annoncer que la réponse du gouvernement permettra à l’employeur, et à tout futur agent négociateur de la GRC, de s’engager de bonne foi dans des discussions fructueuses sur des sujets qui revêtent une importance pour les agents de la GRC et les réservistes et qui étaient exclus des négociations collectives dans la version initiale du projet de loi .
Ainsi, les questions relatives aux mutations, aux évaluations, au harcèlement et aux aspects généraux du bien-être au travail, comme la promotion d’un milieu de travail respectueux et le règlement rapide des différends, pourront être discutées à la table de négociation et prises en compte dans une convention collective ou une décision arbitrale. Les conditions de travail, notamment les heures de travail, les horaires, les rappels au travail et les conditions de retour pourront également faire l’objet de négociations collectives, tout comme les dispositions sur les congés, les jours fériés payés, les vacances, les congés de maladie, les congés parentaux. Les dossiers relatifs aux relations de travail, notamment les procédures de grief, de classification et de réaménagement des effectifs, sont également pris en compte dans le processus.
La proposition à l’étude aujourd’hui va dans le sens de l’adoption d’un article sur les droits de la direction, mais l’article que nous proposons visera expressément à protéger les pouvoirs dont le commissaire de la GRC doit se prévaloir pour veiller à l'efficacité des opérations policières. Cette approche est équilibrée. En réalité, l’unité de négociation a le droit d’engager des discussions sur des sujets qui revêtent une importance pour les agents de la GRC, et la direction se réserve le droit de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des Canadiens et garantir l’efficacité opérationnelle de la GRC, non pas en excluant des sujets de la négociation collective, mais en adoptant une approche ciblée qui visera à garantir le bon fonctionnement de la GRC, comme le souhaitent les Canadiens.
Le gouvernement du Canada prend au sérieux, tout comme mes collègues d’en face, j’en suis certain, la responsabilité de protéger la sécurité des Canadiens. L'amendement de l'article sur les droits de la direction va dans ce sens.
Voyons maintenant pourquoi la motion est contre la levée des restrictions applicables d’autres secteurs de la fonction publique fédérale.
En tant que service national de police, la GRC doit avoir un régime de travail conforme et adapté au cadre fondamental qui régit les relations de travail et les négociations collectives dans l’ensemble de la fonction publique fédérale. À cet égard, le projet de loi applique aux agents de la GRC de nombreuses exclusions générales qui s’appliquent déjà au reste de la fonction publique, par exemple en ce qui concerne la dotation, les pensions, l’organisation du travail et l’attribution des tâches.
En ce qui a trait aux pensions, même si le régime de pension de la fonction publique n’a jamais fait l’objet de négociations collectives en vertu de la version actuelle ni de la version précédente de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique, le gouvernement fédéral a toujours consulté les représentants des employés pour les questions relatives aux pensions et il s’engage à poursuivre ces échanges, ces négociations et ces consultations.
Les régimes de pensions du secteur public ont établi, en vertu des lois applicables, des comités consultatifs sur les pensions dont les membres sont des représentants de l’employeur, des employés et des retraités. Ces comités passent en revue les questions relatives à l’administration, à la conception et au financement des prestations versées en vertu des lois sur les pensions et ils font des recommandations au ministre responsable à cet égard. Leurs activités se poursuivraient.
En ce qui a trait au processus d’accréditation, je ne crois pas que l’accréditation d’un agent négociateur pour représenter les membres de la GRC et les réservistes devrait nécessiter un scrutin secret. Nous devons être cohérents avec les dispositions législatives proposées par le gouvernement, le projet de loi , et il serait raisonnable qu’une organisation qui souhaite représenter les membres de la GRC ne soit pas soumise à un processus d’accréditation différent de ceux utilisés pour d’autres organisations assujetties aux lois fédérales régissant les relations de travail.
Enfin, le gouvernement propose de ne pas procéder à l’élargissement du mandat de la Commission des relations de travail et de l’emploi dans la fonction publique pour qu’elle puisse entendre les griefs relatifs à une gamme plus vaste de questions liées aux conditions de travail. Cela ne serait pas cohérent avec les activités qu’elle mène dans le reste de la fonction publique.
Il est maintenant temps d’adopter le projet de loi . Le comité permanent de la Chambre des communes en a débattu de façon rigoureuse et réfléchie et a entendu les préoccupations qui ont été exprimées. Le Sénat a dûment fait son travail et l’a amendé de façon appropriée. Le gouvernement a tenu compte de ces amendements et a déterminé que certains d’entre eux correspondaient au programme qu'il propose en ce qui a trait au processus d’accréditation à la GRC.
Je suis heureux d’appuyer le projet de loi C-7 et j’invite tous les autres députés à l’appuyer aussi, ainsi que les amendements qui y seront apportés.
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Monsieur le Président, je suis ravie d'appuyer aujourd'hui le projet de loi . D'entrée de jeu, je tiens à dire que le gouvernement se réjouit de l'étude attentive que le Sénat a faite de cette mesure législative historique qui consacrerait dans la loi le droit à la négociation collective des membres réguliers de la GRC et des réservistes.
Notre corps de police national assure le maintien de la paix d'un bout à l'autre du Canada depuis plus d'un siècle et demi. Je profite de l'occasion pour remercier les agents de la GRC de leur dévouement ainsi que de leur mobilisation autour de cette mesure législative.
À ce jour, la GRC est le seul corps de police au Canada à ne pas avoir le droit à négociation collective. Ce projet de loi créerait un régime de relations de travail qui marquerait le début d'une nouvelle ère dans l'histoire de la GRC.
Le projet de loi contient plusieurs dispositions qui correspondent à la nette préférence qu'ont exprimée les membres de la GRC au cours des consultations qui ont eu lieu pendant l'été 2015. Les membres ont notamment indiqué clairement qu'ils souhaitent un cadre de relations de travail prévoyant une seule unité de négociation nationale, un syndicat visant principalement à représenter les membres de la GRC, et la possibilité d'avoir recours à l'arbitrage exécutoire s'il n'est pas possible d'arriver à une entente négociée. Le projet de loi C-7 respecte ces exigences.
Le projet de loi fait en outre fond sur les efforts déjà déployés afin d'instaurer un régime de relations de travail solide pour la GRC, des efforts qui comprennent un certain nombre de mesures pour favoriser un milieu de travail sain et respectueux. Par exemple, conformément aux modifications apportées en 2014 à la Loi sur la GRC, plusieurs processus, politiques et procédures de gestion des ressources humaines de la GRC ont été mis à jour. Voici quelques-uns des changements qui ont été apportés: premièrement, l'adoption d'une politique en matière d'enquête sur les plaintes de harcèlement et de règlement de ces plaintes, qui procure une plus grande clarté et qui propose une approche unique et simplifiée pour le traitement des plaintes; deuxièmement, l'instauration d'un processus pour traiter les cas d'inconduite de manière plus rapide et plus efficace, au plus bas niveau possible de la hiérarchie; troisièmement, l'élaboration d'un code de conduite qui désigne expressément le harcèlement comme une violation du code; quatrièmement, la modification du programme de formation pour faire en sorte qu'il aborde expressément les questions du respect et du harcèlement en milieu de travail; enfin, le lancement d'un programme de gestion informelle des conflits.
Qui plus est, en février 2016, le a demandé à la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes d'entreprendre un examen complet des politiques et procédures de la GRC en matière de harcèlement en milieu de travail et d'évaluer la mise en oeuvre des recommandations formulées par la Commission en 2013. La Commission a examiné ces politiques, procédures et lignes directrices pour déterminer si elles étaient adéquates, pertinentes, assez claires et suffisantes pour prévenir les cas de harcèlement en milieu de travail à la GRC et traiter les allégations relatives à un tel comportement.
De plus, en juillet 2016, le ministre de la Sécurité publique a annoncé la nomination de Sheila Fraser à titre de conseillère spéciale. Son rôle consistait à prodiguer conseils et recommandations au ministre concernant l'application de divers processus et politiques par la GRC après que des poursuites judiciaires eurent été entamées contre l'organisme dans quatre dossiers précis. Les recommandations formulées par Mme Fraser et la Commission seront étudiées attentivement et elles guideront les prochaines mesures qui seront adoptées pour améliorer le milieu de travail à la GRC.
Bien que la GRC ait fait des progrès avec les initiatives, les programmes et les politiques qu'elle a mis en oeuvre, ces deux examens seront utiles pour aider le ministre à s'acquitter du mandat dont le l'a chargé, soit d'éliminer le harcèlement au sein de la GRC. Le gouvernement est fermement déterminé à faire tout le nécessaire pour aider les membres et les employés de la GRC à se sentir respectés et en sécurité parmi leurs collègues et leurs superviseurs.
Les autres membres du comité de la condition féminine et moi avons étudié les questions de la violence et du harcèlement fondés sur le sexe ainsi que les obstacles à la sécurité économique des femmes et à leur accès aux postes de direction. On nous a dit que le harcèlement en milieu de travail constitue un obstacle important à la participation des femmes à l'économie. Je suis donc très heureuse de voir le gouvernement prendre des mesures pour assurer aux agentes de la GRC un milieu de travail où elles se sentiront respectées et en sécurité.
La réponse que nous proposons aux amendements renforcerait les mesures dont je viens de parler en élargissant la portée des négociations, notamment en ce qui concerne le harcèlement, une question que j'ai abordée avec le commissaire au comité de la sécurité publique. La réponse du gouvernement tient compte de façon constructive des préoccupations que soulève le projet de loi .
Le débat d'aujourd'hui vise à faire accepter certains amendements et à en modifier ou à en rejeter d'autres. Commençons par la proposition du gouvernement d'accepter l'élimination de toutes les restrictions qui touchent ce que peut régir une convention collective propre à la GRC. Cela permettrait de discuter à la table des négociations de questions associées aux mutations, aux évaluations, au harcèlement et au bien-être général en milieu du travail, y compris la promotion d'un milieu du travail respectueux et la résolution rapide des conflits, aux fins de la convention collective ou d'une décision arbitrale.
À elle seule, la modification permettrait d'accroître considérablement la portée des questions pouvant faire l'objet de négociations. Je suis heureuse que le gouvernement ait tenu compte des préoccupations du Sénat et ait pris des mesures pour les dissiper, surtout en ce qui concerne les exclusions.
La proposition dont nous sommes saisis aujourd'hui modifierait aussi la disposition sur les droits de la direction adoptée par le Sénat. Elle propose de mettre en oeuvre une disposition plus ciblée sur les droits de la direction qui mettrait l'accent sur la protection des pouvoirs dont le commissaire a besoin pour assurer l'efficacité des opérations policières. Cette approche préserverait le pouvoir du commissaire de gérer la GRC et veillerait à l'intégrité opérationnelle du service de police et à l'obligation globale de la GRC de rendre des comptes aux Canadiens concernant leur sécurité. Le gouvernement prend très au sérieux la responsabilité d'assurer la sécurité des Canadiens. La disposition appuierait cette responsabilité.
Passons maintenant à la proposition de refuser l'exigence de tenir un scrutin secret sur l'accréditation d'un agent négociateur pour représenter les membres réguliers de la GRC et les réservistes. Le gouvernement estime que les employés devraient avoir le choix entre le scrutin secret et un système de vérification des cartes. Un système axé uniquement sur le scrutin secret ne permet pas un processus d'accréditation syndicale juste et équilibré et ne reconnaît pas comme il se doit le rôle que jouent les agents négociateurs dans le processus.
Je vais maintenant parler de la proposition qui vise à ne pas donner suite à l'élargissement du mandat de la Commission des relations de travail et de l’emploi dans la fonction publique, pour lui permettre d'entendre des griefs sur un plus large éventail de sujets concernant les conditions d'emploi. Aux termes de l'actuelle Loi sur les relations de travail dans la fonction publique, la Commission des relations de travail et de l’emploi dans la fonction publique a compétence pour entendre les griefs liés à l'interprétation et à l'application d'une convention collective. L'élargissement du mandat de la Commission l'amènerait à jouer à l'égard de la GRC un rôle différent de celui qu'elle joue pour le reste de la fonction publique fédérale. Qui plus est, des processus d'appel et de règlement de griefs spéciaux ont déjà été établis aux termes de la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada pour traiter les questions de ce genre. En fait, un tel élargissement créerait deux processus différents de règlement de griefs qui s'appliqueraient aux membres de la GRC, ce qui les autoriserait à déposer des griefs identiques aux termes de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique ainsi que de la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada. Une telle disposition pourrait mener à des décisions contradictoires et miner la capacité du commissaire à assurer l'efficacité des opérations policières.
Au lieu de cela, comme pour le reste de la fonction publique, le projet de loi permettrait aux réservistes et aux membres réguliers de la GRC représentés, avec l'appui de leur agent négociateur, de déposer des griefs en vertu de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique au sujet de l'interprétation ou de l'application d'une convention collective ou d'une décision arbitrale. De tels griefs seraient tranchés par la Commission des relations de travail et de l'emploi dans la fonction publique. Le droit des membres de la GRC de déposer des griefs et des demandes d'appel au sujet de problèmes au travail continuerait de relever de la Loi sur la GRC.
À maintes reprises, des membres de la GRC m'ont parlé des exclusions prévues dans le projet de loi . Je pense que la réponse proposée aux amendements du Sénat permettrait assez bien de remédier aux préoccupations concernant le projet de loi en élargissant la portée des questions pouvant être négociées. De plus, grâce aux amendements, on aurait la garantie que l'employeur et tout agent négociateur des membres de la GRC discuteraient sérieusement, de bonne foi, de sujets d'importance pour les réservistes et les membres réguliers de la GRC.
Parallèlement, la proposition tiendrait compte de l'intégrité opérationnelle de la GRC comme corps policier. Elle assurerait l'harmonisation avec les régimes de relations de travail qui s'appliquent aux employés de la fonction publique fédérale. Avec ces amendements, le projet de loi respecterait encore la décision rendue en 2015 par la Cour suprême du Canada en donnant aux réservistes et aux membres réguliers de la GRC un processus solide pour les négociations collectives.
Je remercie les membres de la GRC d'être patients le temps que ce projet de loi franchisse toutes les étapes du processus législatif.
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Monsieur le Président, je rappelle aux députés que l'opposition officielle respecte la décision de la Cour suprême, qui a établi que les agents de la GRC ont droit aux négociations collectives. Le Parti conservateur appuie la GRC et remercie ses membres de l'excellent travail qu'ils font sur le terrain. Ils sont chaque jour au service des Canadiens.
Il est curieux que la députée ministérielle vienne de dire qu'il fallait agir rapidement. Le gouvernement a attendu près de 12 mois, plus précisément depuis juin 2016, avant de saisir de nouveau la Chambre du projet de loi pour qu'elle puisse se pencher sur les amendements du Sénat. Les membres de la GRC et leur famille attendent depuis tout ce temps.
Il est bien connu dans le milieu policier au Canada que la rémunération et les avantages sociaux des membres de la GRC accusent maintenant beaucoup de retard à cause de cette longue période d'attente: il a fallu près de 12 mois avant que la Chambre ne soit de nouveau saisie de ce dossier.
Des députés d'en face disent que les membres de la GRC qu'ils ont rencontrés se réjouiront sûrement. Oui, de toute évidence, ils se réjouiront qu'on s'occupe enfin de ce dossier. Rappelons qu'une fois la décision rendue, il a fallu deux ans aux libéraux pour arriver au point actuel. On aurait pu y arriver beaucoup plus tôt, cela ne fait aucun doute. De plus, on nous a annoncé aujourd'hui que nous n'aurions que cinq jours de débat parce que les libéraux mettent fin au débat. Dans les faits, nous disposerons seulement de deux jours de débat.
Voici un bref rappel du projet de loi sur la syndicalisation de la GRC, comme on l'appelle parfois.
Dans l'affaire Association de la police montée de l'Ontario c. Canada, la Cour suprême a jugé que le régime de relations de travail actuel enfreint les droits des membres de la GRC aux termes de l'alinéa 2d) de la Charte des droits et libertés, qui porte sur la liberté d'association. La Cour a ordonné au gouvernement de prendre des mesures pour remédier à cette violation de la Charte.
À titre d'opposition officielle, nous avons soutenu que nous ne pouvions pas appuyer le projet de loi initial puisque, même s'il constituait une réponse raisonnable à la décision de la Cour, il ne donnait pas aux membres de la GRC le droit de voter — ou de tenir un scrutin secret, pour reprendre l'expression employée par certains — aux fins du processus d'accréditation.
En juin 2016, le Sénat a renvoyé à la Chambre une version du projet de loi à laquelle il avait apporté d'importants amendements au terme de son examen minutieux du projet de loi. J'aimerais parler de ces amendements. Ils ont été appuyés par les sénateurs de toutes les allégeances. Ils apportaient les changements suivants: premièrement, les employés avaient le droit de se prononcer par scrutin secret sur l'accréditation syndicale; deuxièmement, les droits de la direction exercés par le commissaire de la GRC étaient confirmés et précisés; troisièmement, les exceptions qui, dans la version originale du projet de loi, excluaient certaines questions des négociations étaient supprimées, comme les transferts, les rétrogradations et les licenciements, ainsi que l'uniforme et l'équipement; quatrièmement, l'arbitre appelé à rendre une décision pouvait ne pas tenir compte uniquement de la convention collective, mais également du contexte législatif.
Nous avons donc reçu jeudi soir ou vendredi matin la réponse du gouvernement à ces quatre amendements. Je vais traiter les quatre ensemble.
Premièrement, le gouvernement n'est pas d'accord pour accorder aux employés le droit de se prononcer par scrutin secret. Deuxièmement, il est pour l'amendement accordant à la direction des droits exercés par le commissaire de la GRC. Troisièmement, il est pour la suppression de toutes les exceptions. Quatrièmement, il n'est pas d'accord pour interpréter plus largement le concept de grief.
Il est clair que le gouvernement doit agir pour rétablir la confiance, envers la direction, des policiers de la GRC qui oeuvrent en première ligne. Il doit rétablir la confiance de Canadiens envers la GRC. Par conséquent, il doit veiller à ce que la rémunération du personnel de la GRC soit équivalente à celle des autres services de police. De plus, il doit s'employer à mettre en oeuvre de bons programmes de recrutement et de maintien de l'effectif.
Comme l’indique la décision qu’elle a rendue en janvier 2015, dans la cause Association de la police montée de l’Ontario c. Canada, la Cour suprême a statué que la loi sur les relations de travail bafouait les droits dont jouissent les membres de la GRC en vertu de la Charte des droits et libertés. La décision, rendue à la majorité, disposait que: « Aucun modèle particulier n’est requis; seulement un régime qui n’entrave pas substantiellement la tenue d’une véritable négociation collective et qui respecte donc les exigences de [la liberté d’association]. »
Je rappelle à la Chambre que, dans sa décision, le tribunal donnait 12 mois au gouvernement pour corriger cette violation de la Charte.
En janvier 2016, le gouvernement a demandé au tribunal de prolonger ce délai jusqu’en avril 2016, ce qu’il a obtenu. Je reconnais que cette demande était justifiée, car il y avait eu des élections générales entretemps. Après tout, il fallait bien que le gouvernement prenne le temps de faire les choses comme il faut. Malheureusement, les libéraux n’ont pas fait les choses comme il faut.
Il faut aussi reconnaître que, dans sa forme initiale, le projet de loi était pour l’essentiel une réponse raisonnable à la décision du tribunal. Les députés de mon parti n’ont pas manqué de le souligner lorsque le texte a fait l’objet d’un débat il y a presque un an maintenant. Je reviendrai là-dessus tout à l’heure.
Nous avons également exprimé le souhait de voir ce projet de loi adopté rapidement et de collaborer positivement avec le gouvernement. Nous avons tous des membres de la GRC dans nos circonscriptions. Certains d’entre nous en comptent parmi leurs connaissances, et nous avons tous entendu parler, par l’entremise de nos bureaux de circonscription, des problèmes auxquels ces gens-là se heurtent.
En fait, on a même dit, dans ma circonscription, que si nous étions ici, à cesser de retarder le projet de loi, c'est en raison de la campagne du ruban jaune inspirée par des agents de première ligne qui se sont mis à retirer les bandes jaunes de leur uniforme et à porter un ruban jaune pour bien montrer que plus rien n’avançait. Dès qu’ils ont commencé leur campagne, le gouvernement s’est réveillé.
Nous avons donc exprimé notre souhait de voir ce projet de loi adopté rapidement, mais il était vicié dès le départ puisqu’il refusait aux membres de la GRC le droit de voter par scrutin secret. Autrement dit, les membres de la GRC étaient exposés à des intimidations de toutes parts, qu’il s’agisse de leur désir d’être représenté ou non ou de leur choix d'agent négociateur.
Le projet de loi a été renvoyé à la Chambre avec des amendements, dont un prévoyant le scrutin secret. Il ne faut pas l’oublier. Le sénateur, du côté du gouvernement, qui a présenté la motion au Sénat est un ancien agent de la GRC, et le Sénat a accepté à l’unanimité de renvoyer le projet de loi à la Chambre avec cet amendement, lequel a également été appuyé par le projet de loi du gouvernement au Sénat.
En juin 2016, le Sénat a renvoyé le projet de loi modifié à la Chambre. Pendant des mois, le gouvernement nous a dit qu’il examinait les amendements du Sénat « avec toute la diligence voulue ». Ce n’est qu’aujourd’hui, soit presque un an plus tard, que nous recevons la réponse du gouvernement. Presque deux ans et demi se sont écoulés depuis la décision de la Cour suprême. On est en droit de se demander pourquoi il est tellement urgent d’adopter le projet de loi, après une si longue attente.
La campagne du ruban jaune a peut-être servi de catalyseur, elle qui a été lancée à cause d’une entente salariale qui se faisait trop attendre. Peut-être aussi que c’est la frustration croissante que de plus en plus d’agents de la GRC ont exprimée publiquement à la direction de la GRC et au gouvernement sur un certain nombre de sujets. Malheureusement, les membres de la GRC ont dû faire du jusqu’au-boutisme pour que le gouvernement finisse par se réveiller.
Je rappelle les paroles du commissaire: « [...] je vous le jure, nous nous sommes battus, et notre ministre s'est battu; nous n'aurions pas pu avoir de meilleur régime pour le moment. »
Si c’est vrai, j’en suis très reconnaissant au ministre. Cependant, on sait bien que la seule personne qui soit en mesure de contrer le ministre quand il se bat pour les agents de la GRC, c’est le .
Comme je l’ai dit tout à l’heure, les amendements proposés par le Sénat prévoyaient le scrutin secret ou le droit de voter pour le processus d’accréditation. De plus, ils précisaient les droits de la direction conférés au commissaire de la GRC, supprimaient un certain nombre de dispositions qui excluaient des questions jugées non négociables dans le projet de loi initial et permettaient à un arbitre de tenir compte, dans sa décision, non seulement d’une convention collective future mais aussi du contexte législatif.
Je me réjouis que le gouvernement ait finalement présenté sa réponse au Sénat, même s’il lui a fallu près d’un an pour la préparer.
Nous continuons d’appuyer l’orientation générale du projet de loi. Toutefois, nous ne pouvons absolument pas appuyer un projet de loi qui prive des employés, surtout les membres de la GRC, du droit de voter par scrutin secret, sans être exposés à quelque intimidation que ce soit.
Tout à l’heure, mon collègue a posé une question sur ce sujet précis à la députée qui venait tout juste de faire un discours. C’est un droit fondamental dans notre démocratie que de pouvoir voter par scrutin secret. Le gouvernement défend ce droit dans le monde entier, et je pourrais donner bien des exemples. Au fil des ans, un grand nombre de députés ministériels ont demandé d’aller observer les élections organisées par d’autres pays, pour bien montrer que, pour nous, le droit de pouvoir voter sans aucune intimidation quelle qu’elle soit est un droit fondamental. L’un des députés avec lesquels j’ai discuté de cette question m’a fait part de sa profonde déception à la suite du refus, par le gouvernement, d’accepter l’amendement du Sénat visant à établir le scrutin secret. Comme il me l’a dit, et comme on l’a fait remarquer dans le cadre d’une réponse donnée aujourd’hui, les détachements de la GRC varient beaucoup de par leur taille, leur effectif et leur champ d’action. Il y a beaucoup de petits détachements au Canada, mais il y en a aussi des grands.
Il me disait donc que les petits détachements peuvent compter cinq ou six agents, parfois moins, et que dans ces cas-là, l’intimidation peut jouer un certain rôle au moment du vote, car au bureau, il y a les supérieurs, il y a des agents de grades différents. Ce qu’il m’a dit, c’est qu’en fait, ils n’auront pas le choix, ils seront obligés de s’aligner sur la position de leur superviseur.
C’est une honte que le gouvernement ait rejeté un amendement que le Sénat avait adopté à l’unanimité.
Nous appuyons les agents de première ligne et nous voulons leur donner le droit à la négociation collective, comme le prévoit ce projet de loi.
Il me reste deux choses à dire. Premièrement, le gouvernement a attendu beaucoup trop longtemps avant de présenter ce projet de loi à la Chambre et, deuxièmement, nous protégerons toujours le droit de voter librement.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
J'ai le plaisir aujourd'hui d'appuyer la réponse du gouvernement aux amendements apportés par le Sénat au projet de loi . J'applaudis ce projet de loi de même que le processus qui nous a menés là où nous en sommes aujourd'hui. On voit tout de suite que le gouvernement et les sénateurs sont sur la même longueur d'onde: les membres et les réservistes de la GRC ont besoin d'un régime de relations de travail leur permettant d'exercer leur droit à la négociation collective.
Qui mérite autant notre soutien que les dévoués membres du service national de police du Canada? Ces hommes et ces femmes combattent le crime organisé et défendent notre pays contre les terroristes. Ils nous protègent contre les trafiquants de drogue et les criminels à cravate. Ils offrent des services de police contractuels dans huit provinces et trois territoires, et je pourrais poursuivre longtemps, car je suis loin d'avoir énuméré tout ce que font ces braves pour protéger les Canadiens. Ces hommes et ces femmes incarnent l'image du Canada à l'étranger et ils méritent notre respect.
La motion dont la Chambre est saisie leur accorderait le respect qui leur est dû tout en tenant compte des principaux arguments soulevés par le Sénat.
[Français]
Tout d'abord, la motion le fait en levant les restrictions propres à la GRC qui ont trait aux questions pouvant être incluses dans une convention collective ou une décision arbitrale.
[Traduction]
Ensuite, la motion prévoit une disposition plus ciblée sur les droits de la direction, qui met l'accent sur les pouvoirs dont le commissaire de la GRC a besoin pour assurer l'efficacité des opérations policières.
[Français]
Ensemble, ces deux modifications élargiraient la portée de ce qui pourrait être débattu et peut-être inclus dans une convention collective et répondraient efficacement aux principales critiques concernant le projet de loi .
[Traduction]
Grâce à ces amendements, l'employeur et le futur agent négociateur des membres de la GRC pourront participer de bonne foi à des discussions constructives sur des sujets qui sont importants pour les membres de l'organisme et les réservistes.
J'aimerais donner quelques exemples de sujets qui pourront être négociés ou soumis à l'arbitrage: premièrement, les questions généralement associées au harcèlement et au bien-être en milieu de travail, y compris la promotion d'un milieu de travail respectueux, la résolution rapide des conflits et la médiation sur le lieu de travail; deuxièmement, les grandes lignes du processus de nomination et d'évaluation des membres de la GRC; troisièmement, les critères servant à l'évaluation des membres de la GRC et le moment où ces évaluations ont lieu; quatrièmement, les mesures visant à atténuer les conséquences lorsqu'un membre de la GRC est démis de ses fonctions ou rétrogradé, ce qui englobe les dispositions sur le réaménagement des effectifs.
De toute évidence, le gouvernement a écouté les préoccupations exprimées et il a élargi la portée de ce qui pourra être négocié ou soumis à l'arbitrage. Comme pour les autres négociations du secteur public, un vaste éventail de sujets peuvent aussi être négociés et inclus dans les conventions collectives ou alors soumis à l'arbitrage. Je pense par exemple aux salaires, aux horaires de travail et aux congés, comme les vacances payées, les congés de maladie et les congés parentaux.
Je profite aussi de l'occasion pour parler de la disposition sur les droits de la direction liée aux responsabilités du commissaire de la GRC en matière de ressources humaines. Cette disposition a été proposée initialement et adoptée par le Sénat, et nous croyons qu'une telle disposition a beaucoup de mérite. D'ailleurs, on propose que le gouvernement adopte une disposition plus ciblée en matière de droits de la direction afin de mettre l'accent sur les pouvoirs dont le commissaire a besoin pour assurer l'efficacité des opérations policières.
La disposition sur les droits de la direction amendée et plus ciblée permettrait de négocier toutes les propositions liées aux questions couvertes par les restrictions propres à la GRC dans la version initiale du projet de loi . Cela permettrait aux parties d'inclure ces éléments dans une convention collective, sauf dans les cas où l'employeur considère qu'ils empêchent le commissaire de la GRC d'assurer l'efficacité des opérations policières. Si l'agent négociateur souhaite aller en arbitrage, il appartiendrait au président de la Commission des relations de travail et de l'emploi dans la fonction publique d'établir si la proposition empiète sur les droits de la direction avant que la question puisse être renvoyée à l'arbitrage.
L'adoption d'un article sur les droits de la direction de la GRC cadre avec le régime de relations de travail qui régit les autres employés de la fonction publique fédérale.
Je voudrais maintenant parler des raisons pour lesquelles il est important de conserver les restrictions qui s'inspirent de celles s'appliquant à d'autres secteurs de la fonction publique fédérale. Depuis 1967, certaines questions qui ont une incidence générale sur la fonction publique, notamment les pensions, sont incluses dans les négociations et sont traitées aux termes de la loi afin de veiller à ce qu'on tienne compte de l'intérêt public. Les pensions du reste de la fonction publique relèvent de la Loi sur la pension de la fonction publique. Les pensions exigent une grande stabilité sur le long terme pour que les prestations des participants au régime soient à l'abri des risques et puissent être versées comme prévu.
Cependant, le gouvernement fédéral a toujours consulté les représentants des employés sur les questions relatives aux pensions et il entend conserver cette façon de faire. En ce qui concerne la GRC, la Loi sur la pension de retraite de la Gendarmerie royale du Canada exige la mise sur pied d'un comité consultatif en matière de pension.
À titre de corps de police national du Canada, la GRC relève de l'administration publique fédérale. De ce fait, le régime de relations de travail proposé pour la GRC a été conçu pour s'inscrire dans le droit fil du cadre fédéral existant en matière de relations de travail et de négociation collective.
Malheureusement, je n'aurai pas le temps d'aborder la réponse proposée du gouvernement aux deux autres amendements, dont l'un porte sur le scrutin secret et l'autre, sur le mandat de la Commission des relations de travail et de l'emploi dans la fonction publique. Je vais terminer en faisant une déclaration claire et sans équivoque.
Le gouvernement a à coeur d'appuyer les membres et les réservistes de la GRC en leur offrant un véritable processus de négociation collective. Notre réponse tient compte des préoccupations clés du Sénat. Elle tient également compte du rôle de la GRC en tant qu'organisation policière et veille à ce que le régime de relations de travail de la GRC s'aligne sur le régime qui s'applique aux autres employés de la fonction publique fédérale.