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Madame la Présidente, c'est à mon tour de prendre la parole au sujet du projet de loi , et c'est la deuxième fois que je le fais sous le coup d'un bâillon. Je tiens à le mentionner, parce que la première fois, j'avais préparé un discours sur le projet de loi C-37 que j'aurais aimé présenter à mes collègues, mais malheureusement, je n'en ai pas eu le temps, parce que le gouvernement avait jugé nécessaire de nous imposer un bâillon.
Le projet de loi s'est retrouvé dans toutes sortes de situations depuis qu'il a été déposé par le gouvernement. L'opposition officielle est tout à fait d'accord sur l'urgence d'agir dans le dossier des opioïdes. Je pense que nous partageons la plupart des opinions et que nous nous entendons sur la plupart des composantes de ce projet de loi. Cependant, nous avons soulevé quelques préoccupations, notamment en ce qui concerne le droit à la consultation des communautés concernées.
Nous avions offert de scinder le projet de loi en deux afin d'agir rapidement en en adoptant les parties les plus importantes de façon unanime à la Chambre des communes. Malheureusement, cette proposition a été refusée par le gouvernement. Alors, je ne crois pas que l'on doive nous imputer les retards et les nombreux bâillons imposés dans le cadre de l'étude de ce projet de loi.
Je pense que mon point de vue au sujet du projet de loi va apporter à mes collègues un éclairage différent, c'est-à-dire que j'estime que le problème que nous vivons présentement au Canada concerne les grands centres. Ma circonscription se trouve dans une région rurale, et dans notre communauté, nous n'avons pas ce genre de demande pour des centres d'injection. Dans le cadre de mon discours, j'aurai l'occasion d'expliquer pourquoi ce genre de demande ne concerne pas tellement les petits centres et les régions rurales, mais plutôt les grandes centres. Ce problème doit absolument être réglé afin d'améliorer la vie des Canadiens de partout au pays, dans les grands centres comme dans les régions rurales.
Comme je le mentionnais, le projet de loi comporte des éléments positifs, mais aussi des éléments négatifs. Tout d'abord, le projet de loi affaiblit la Loi sur le respect des collectivités, qui a été mise en place afin de veiller à ce que les collectivités soient consultées avant qu'une exemption soit accordée à un centre de consommation supervisée. En vertu du projet de loi C-37, un centre de consommation supervisée peut être approuvé s'il répond à cinq critères, comparativement aux 26 critères qu'il y avait auparavant.
En outre, le projet de loi transforme la période de consultation publique discrétionnaire de 90 jours en une période discrétionnaire d'au plus 90 jours. Cela signifie qu'on ne doit pas nécessairement obtenir une période de consultation, alors que cela était requis auparavant.
Voilà certains des éléments qui auraient pu être abordés dans un deuxième projet de loi. Ainsi, les députés de tous les partis auraient eu la chance d'exprimer leur opinion sur cette possibilité.
Cependant, je dois dire que le projet de loi a beaucoup d'éléments positifs. Notamment, le projet de loi confère à l'Agence des services frontaliers du Canada le pouvoir d'ouvrir tout envoi international, quel que soit son poids, pour des motifs raisonnables, alors qu'auparavant, l'Agence devait obtenir une permission pour ouvrir des contenants suspects pesant moins de 30 grammes. Avec l'essor des envois de colis postaux et des échanges par la poste, je pense que c'est un changement nécessaire et bienvenu.
Par ailleurs, le projet de loi confère également à l'Agence des services frontaliers du Canada le pouvoir de retenir à la frontière toute presse à comprimés non enregistrée. La presse à comprimés permet à des organisations criminelles de fabriquer des comprimés d'opioïdes qui sont distribués par la suite sur le marché noir et qui causent beaucoup de dégâts partout au Canada.
D'autre part, les interdictions et les sanctions s'appliqueront maintenant à la possession, à la production, à la vente, à l'importation et au transport de toute chose destinée à être utilisée pour la production de toute substance désignée, y compris le fentanyl. Encore une fois, il s'agit d'un élément absolument essentiel que nous devons absolument approuver. C'est pourquoi nous ne remettons pas en question cette disposition. Nous pensons que cela doit être fait le plus rapidement possible.
Puis, le projet de loi autorise le ministre à ajouter temporairement à une annexe de la loi toute substance dont il a des motifs raisonnables de croire qu'elle comporte des risques pour la sécurité ou pour la santé du public.
Il est donc évident que la question de la santé publique nous préoccupe au plus haut point.
Il y avait un moyen d'adopter très rapidement ces mesures qui auraient pu aider beaucoup de Canadiens et de communautés. Il faut trouver une solution, parce qu'on ne s'en sortira pas aussi facilement. On ne pourra pas régler le problème du fentanyl et le problème de la consommation de drogues dures du jour au lendemain. Toutefois, nous étions au moins sur une bonne piste.
Il reste maintenant à savoir ce qu'on fait de la consultation des citoyens. De notre côté, c'est clair: nous allons nous opposer à toute mesure visant à restreindre le droit des citoyens et des citoyennes d'être consultés concernant l'implantation d'un centre d'injection supervisée.
Le projet de loi a des lacunes flagrantes, et le Sénat en a parlé. Tout d'abord, on ne parle pas de prévention. Ensuite, il manque des choses en ce qui a trait à la réhabilitation des gens qui souffrent de dépendance à la drogue. Enfin, il n'y a rien non plus pour sensibiliser les communautés par rapport aux centres d'injection qui seront autorisés.
Si on ouvre des centres d'injection supervisée et qu'on procède à de tels changements dans les communautés, c'est important que les gens soient mis au courant. Ils doivent savoir pourquoi on procède d'une telle façon et quels sont les avantages et inconvénients d'un tel centre d'injection pour leur communauté. En effet, il n'y a pas que des effets positifs. Il y aura aussi des conséquences négatives à l'implantation de centres d'injection supervisée dans certaines villes du Canada. Il est donc important que les gens concernés soient sensibilisés à toutes ces conséquences, positives ou négatives.
Personnellement, ce qui me dérange beaucoup, c'est qu'on ne parle pas du tout des proches des consommateurs de drogues dures, qui doivent eux aussi vivre des moments terribles et terrifiants. Ils voient leurs jeunes, ou moins jeunes, dépendants de ces drogues être abandonnés à eux-mêmes dans les grands centres. On en a vu des exemples au cours des dernières années.
Dans sa question, ma collègue de disait qu'il y avait beaucoup de décès dûs à la consommation de ces drogues dans sa circonscription. C'est horrible. Imaginons comment doivent se sentir les familles de ces victimes. Quand on est proche d'une personne qui consomme de la drogue, on se sent tellement impuissant et on est complètement laissé à soi-même.
Pour remédier à cette situation, je ne crois pas qu'il suffise d'aider les gens à consommer leur drogue d'une manière sécuritaire. Il faut également aider leurs proches, car même si ceux-ci peuvent peut-être les aider à leur façon, ils se retrouvent démunis face à l'ampleur du problème de dépendance aux drogues dures dont les personnes qu'ils tentent d'aider ne peuvent se sortir d'elles-mêmes.
Par ailleurs, il n'y a rien non plus en ce qui concerne l'accès à des drogues légales, c'est-à-dire qu'on ne force pas ces centres d'injection à offrir une alternative aux personnes qui s'y rendent. Je ne demande pas que ces gens soient obligés de suivre un traitement ou de remplir un questionnaire de 25 pages pour avoir le droit d'utiliser un centre. Ils n'ont pas à écrire un seul mot. Je veux seulement qu'il y ait des ressources sur place afin d'aider ces personnes à s'en sortir le jour où elles en auront l'envie.
D'ailleurs, les personnes qui sont assez soucieuses de leur santé pour se rendre à un centre d'injection supervisée sont peut-être celles qui ont le plus de chances de vouloir un jour s'en sortir. Alors, pourquoi s'obstiner à ne pas obliger ces centres à offrir une alternative? Ce serait sur une base volontaire, car effectivement, si on force ces gens à faire toutes sortes de choses, ils ne viendront pas au centre et le problème va persister.
Il aurait été important que l'on réfléchisse à ces questions. L'opposition avait proposé des amendements qui allaient dans ce sens, mais malheureusement, ils ont été rejetés.
Le Sénat a aussi proposé de tels amendements, mais malheureusement, le gouvernement veut les défaire. On aura l'occasion d'y revenir un peu plus tard.
Dans le projet de loi , on parle des centres d'injection supervisée. Comme je le disais en introduction, à première vue, pour les Canadiens, c'est un problème qui concerne les grandes villes. On se sent moins concerné quand on vient d'une région comme Thetford Mines ou d'une région rurale du Canada, parce qu'on n'a pas ce genre de problème dans ces petites communautés.
Cependant, où vont les jeunes qui quittent Thetford Mines? Où vont les jeunes des communautés rurales lorsqu'ils sont désespérés et n'ont pas d'emploi, et où deviennent-ils le plus vulnérables? La plupart du temps, ils vont dans les grands centres.
La transition d'une région rurale, où tout le monde se connaît, vers un grand centre, où on devient un inconnu, est un grand changement, et celui-ci nous expose à toutes sortes d'influences et d'expériences. Si la vie qu'on rêvait de vivre dans un grand centre n'est pas celle que l'on trouve, c'est facile de trouver les réponses dans toutes sortes de drogues, qu'elles soient douces ou dures. C'est ainsi que le taux de mortalité atteint les niveaux qu'on connaît dans les grands centres.
Ce problème n'est donc pas seulement celui des grands centres. Nous devons tous nous sentir concernés et faire notre part pour intervenir, que nous soyons dans une ville comme Thetford Mines — il ne faudrait pas que je dise que c'est un village, car mes concitoyens ne seraient pas contents — ou dans un petit village de la MRC des Appalaches.
Le projet de loi était nécessaire et doit être adopté le plus rapidement possible, mais on ne peut pas procéder en oubliant les gens qui seront directement touchés par l'implantation de ces centres. On ne peut pas non plus procéder sans penser à la prévention, à la réhabilitation et à l'aide qu'on va offrir aux personnes qui se rendront dans ces centres et à leurs proches. On doit également penser à l'aide qu'on devra offrir aux communautés qui auront à vivre avec ces centres d'injection supervisée.
La première fois que j'ai voulu parler du problème des opioïdes et du projet de loi , je m'étais renseigné, car comme je l'ai mentionné, à Thetford Mines, dans la circonscription de Mégantic—L'Érable, ce n'est pas un problème auquel on est confronté concrètement tous les jours. On n'y retrouve pas de seringues par terre partout. Cela ne semble pas être une drogue des communautés rurales — en tout cas, pas dans mon coin.
L'an dernier, j'ai eu l'occasion d'aller à Vancouver pour un congrès de ma formation politique. Par erreur, nous avons traversé un quartier très dur, où on a vu la misère et les gens. Je les ai vus, de mes yeux vus, et je ne pouvais pas comprendre comment on pouvait en arriver là et comment on pouvait abandonner ces gens sans faire quoi que ce soit. Quand on est confronté à la réalité pour la première fois, cela fait mal. Comme on le dit chez nous, « ça fesse ».
Je me suis informé sur le fentanyl, sur le carfentanil et sur tous les opioïdes dont on parle depuis si longtemps, pour savoir un peu quels sont les problèmes. J'ai trouvé deux ou trois définitions du carfentanil sur greenshield.ca, et j'aimerais en faire part aux députés de la Chambre des communes, car il est important que les gens comprennent bien la situation:
Le carfentanil vient aggraver la crise des opioïdes au Canada. Le carfentanil est un opioïde synthétique, tout comme l’oxycodone, le fentanyl et l’héroïne, mais c’est avant tout un tranquillisant pour le bétail et les éléphants qui ne peut être administré sans danger à l’humain. On considère que le carfentanil est environ 100 fois plus puissant que le fentanyl, 10 000 fois plus puissant que la morphine et 4 000 fois plus puissant que l’héroïne.
Voilà ce que la mafia met dans les drogues qu'elle vend aux plus démunis de notre société pour qu'ils en soient encore plus dépendants et en redemandent.
On dit que le risque de surdose est très élevé. D'ailleurs, les experts mettent les consommateurs en garde: inhaler une dose de carfentanil plus petite qu'un flocon de neige peut déclencher une surdose mortelle. Les autorités soupçonnent que le carfentanil circule au Canada depuis aussi longtemps que le fentanyl, mais ce n'est que récemment que l'on a réussi à faire des saisies de cette drogue.
Les forces de l'ordre présument que le fentanyl et le carfentanil sont produits en série, en Chine, où des vendeurs dissimulent aisément les comprimés dans des boîtes contenant, par exemple, des bandelettes d'analyse urinaire ou des vitamines génériques. Ce serait aussi simple d'acheter des comprimés de fentanyl sur Internet, sur le marché international, que de se faire livrer des vitamines.
On dit qu'après avoir fait le trajet de la Chine aux États-Unis, ces médicaments montent vers le nord, au Canada. Plusieurs États et plusieurs provinces déplorent la vague de surdoses et de décès. Ce qui est inquiétant, c'est qu'en juin 2015, un paquet d'un kilo de carfentanil en partance pour Calgary a été saisi à Vancouver. Un kilo équivaut à quelque 50 millions de doses mortelles. Il s'agit donc d'un problème réel.
Encore une fois, je me lève aujourd'hui à la Chambre afin de sensibiliser mes collègues, qui ne représentent pas des grandes villes, à l'ampleur de la situation. À mon avis, c'est important d'en parler. Comme je l'ai déjà dit, nos jeunes qui quittent les régions en direction des grands centres sont parfois démunis. Ils ont l'espoir de trouver quelque chose de mieux. Or ils peuvent être confrontés à cette situation et à cette réalité, mais ils ne sont pas toujours outillés pour y faire face.
Selon le site www.greenshield.ca, il est facile de faire entrer du carfentanil et du fentanyl sur le marché. Ce sont des drogues abordables et ce sont des médicaments très puissants. On dit qu'ils sont si puissants que les premiers intervenants d'urgence portent maintenant des gants et des masques pour éviter d'en ingérer accidentellement, ne serait-ce qu'un infime quantité.
Quand on entend des chiffres comme ceux que ma collègue a mentionnés, on ne peut pas rester insensibles et on ne peut pas faire comme s'il ne se passait rien. Nous devons agir face à cette situation, et le projet de loi y apporte une certaine réponse.
Tout à l'heure, je mentionnais que derrière les problèmes de drogues, il y a des personnes: des utilisateurs de drogues, des parents, des frères, des soeurs et j'en passe. Quelles ressources peuvent les aider? Dans ma circonscription, un groupe appelé Action toxicomanie dessert les MRC d'Arthabaska, de l'Érable et de Drummond.
Je vais faire un petit lien avec le projet de loi sur la légalisation de la marijuana. Quoique ce ne sont pas tous les consommateurs de marijuana qui se tourneront vers la consommation de drogues dures, c'est une possibilité qu'on ne peut pas nier. Présentement, on sait que ce n'est pas parce qu'on va retirer les profits de la marijuana au crime organisé qu'il cessera de faire des profits. Le crime organisé continuera toujours d'exister, et la marijuana aussi. Où le crime organisé fera-t-il son profit? J'espère qu'il ne le fera pas grâce à d'autres drogues, comme il a commencé à le faire avec le fentanyl et le carfentanil. C'est la raison pour laquelle il faut être très prudents.
Je tiens à souligner le travail des groupes communautaires en matière de prévention, comme le groupe Action toxicomanie dans ma circonscription. Avant d'en arriver aux centres d’injection supervisée, la prévention est super importante.
J'aurais encore plusieurs commentaires à faire. Cependant, en terminant, je tiens à dire que j'appuie les amendements proposés par le Sénat. J'appuie le travail de mon collègue le député d' dans le dossier du carfentanil, et ce, afin que les populations puissent être consultées et que les utilisateurs des centres d'injection supervisée puissent avoir accès à des ressources et à une pharmacologie pour éviter la consommation de ces drogues. À mon avis, c'est essentiel, et c'est la raison pour laquelle j'appuie l'amendement de mon collègue d'Oshawa.
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Madame la Présidente, nous débattons effectivement d'un problème très grave aujourd'hui. J'aimerais peut-être l'aborder sous différents angles.
Tout d'abord, je tiens à féliciter les premiers intervenants. De nombreuses personnes luttent contre la crise, et je tiens à rendre un hommage spécial aux premiers intervenants. Qu'il s'agisse du personnel paramédical, des services ambulanciers, des pompiers, de la police ou des forces de l'ordre, les premiers intervenants sont souvent appelés sur les lieux d'un accident sans savoir à quoi s'attendre. Ils peuvent parfois être confrontés à des situations assez horribles. Ils accomplissent un travail tout à fait admirable: ils sauvent des vies et ils changent la donne. Il est crucial, en tant que législateurs, que nous reconnaissions les efforts considérables déployés par les premiers intervenants. Ils se trouvent effectivement sur la ligne de front.
Je n'ai mentionné que certains d'entre eux. Il y a aussi les employés des hôpitaux et des salles d'urgence, les travailleurs sociaux et d'autres personnes qui portent réellement le flambeau et qui oeuvrent en première ligne pour lutter contre la crise.
C'est de cela qu'il s'agit. Le Canada doit faire face à une crise sanitaire nationale. Cette crise se fait sentir dans des collectivités partout au pays. Un grand nombre de députés nous ont dit à quel point la crise est grave et répandue. On a beaucoup entendu parler de la situation en Colombie-Britannique et en Alberta. Cependant, nous devons être conscients du fait que des gens meurent accidentellement des suites d'une surdose dans toutes les régions du pays.
Je crois que tous les députés sont conscients de cette situation et qu'ils souhaitent aider de différentes façons à améliorer les choses. Je sais que, pour certains députés, la situation est plus urgente en raison de la gravité du problème dans leur circonscription, tandis que d'autres sont inquiets parce qu'ils saisissent l'ampleur du problème à l'échelle nationale.
Prenons par exemple la situation en Ontario, où, en moyenne, plus de deux personnes meurent tous les jours des suites d'une surdose accidentelle de fentanyl ou d'un autre opioïde. C'est tragique, mais, comme on l'a souligné, les pourcentages sont plus élevés ailleurs. La Colombie-Britannique est probablement la province la plus durement touchée. Dans ma province, le Manitoba, je me rappelle que, il n'y a pas si longtemps, trois personnes mortes à la suite d'une surdose accidentelle ont été trouvées au même endroit, dans une collectivité que je représente.
Ce problème ne se pose pas seulement dans les quartiers défavorisés des grandes villes. Il existe dans l'ensemble des collectivités canadiennes, tant dans les milieux urbains que dans les régions rurales. Ce ne sont pas que les secteurs pauvres des centres urbains qui sont touchés, mais aussi les banlieues. C'est un problème qui touche toutes les couches socioéconomiques d'une manière ou d'une autre.
C'est la raison pour laquelle je suis très satisfait de l'approche du gouvernement. Dès son arrivée au pouvoir, la a compris l'ampleur de la crise. Elle a pris des mesures qui ont beaucoup contribué à sensibiliser les gens et, en fin de compte, à sauver des vies.
Je vais en parler dans quelques instants, mais, pour le moment, je veux mettre tout cela en contexte. Il n'y a pas si longtemps, je siégeais en face et je parlais du centre d'injection InSite à Vancouver. Il a ouvert en 2003 ou 2004, je crois. Au fil des ans, ce centre a sauvé des milliers de vies. Il est important de comprendre ce qui a mené à sa création.
Le centre InSite n'est pas apparu du jour au lendemain. En fait, beaucoup de discussions ont eu lieu à tous les niveaux. La population y a participé, de même que les nombreux professionnels qui devaient s'occuper de gens ayant fait des surdoses accidentelles. Cette question a fait l'objet d'une grande réflexion et de beaucoup de consultations communautaires. Les différents ordres de gouvernement ont dû coopérer pour que ce centre soit créé.
Il y a quelques années, lorsque j'étais dans l'opposition, je me souviens qu'une ville canadienne souhaitait se doter d'un centre d'injection supervisée afin de prévenir les surdoses accidentelles d'héroïne ou d'autres substances pouvant être fatales. Le problème, c'est qu'il n'y avait pas de cadre juridique permettant l'existence d'un tel centre. C'était à l'époque de Paul Martin et de Jean Chrétien. En collaboration avec la population, les politiciens municipaux de la Colombie-Britannique ont développé l'idée voulant qu'Ottawa permette au centre InSite d'ouvrir ses portes en lui accordant une exemption, car l'injection de substances illégales contrevient évidemment à la loi. Cette exemption a été accordée et le centre a pu commencer à offrir ses services dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver.
Pendant des années, le centre a eu de nombreuses retombées positives. Ses efforts portaient principalement sur la réduction des méfaits, la prévention, le traitement et l'application de la loi et il accueillait les personnes qui ressentaient le besoin de se prévaloir de ses services. Si ce centre n'avait pas ouvert ses portes en 2003-2004, des milliers de personnes auraient trouvé la mort.
Depuis qu'il existe, de très nombreuses personnes ont recouru à ses services. Les recherches démontrent que des milliers de renvois ont été effectués vers d'autres types d'organismes, comme des organismes à but non lucratif et gouvernementaux. Je crois que le centre a permis de changer le cours de bien des vies qui ne se seraient pas poursuivies s'il n'avait pas existé. Ce point a été absent du débat jusqu'à présent. Nous parlons aujourd'hui des façons d'aider davantage, alors qu'on a un centre d'injection supervisée qui a eu des retombées profondes et positives dans une collectivité qui en avait vraiment besoin.
Le gouvernement de Stephen Harper a pris une décision politique qui visait à empêcher l'existence des centres d'injection supervisée.
Une voix: Oh, oh!
M. Kevin Lamoureux: Madame la Présidente, le député d'en face a applaudi, et j'aimerais mettre au défi les représentants du Parti conservateur d'expliquer pourquoi ils s'opposent catégoriquement à quelque chose qui a été si utile pour les Canadiens.
Si les députés avaient fait leurs recherches et consulté les praticiens et les travailleurs sociaux pour connaître les résultats obtenus par InSite à Vancouver, ils ne pourraient affirmer qu'il s'agit d'une mauvaise solution. Le centre a sauvé des vies; il a aussi redressé des vies. De nombreuses façons, le centre a été profitable pour le secteur. Le Parti conservateur préfère passer outre les nombreux avantages et en faire fi. Je trouve cela dommage.
Lorsque les libéraux étaient dans l'opposition, les conservateurs ont tout fait pour rendre la création de nouveaux centres ailleurs au pays de plus en plus difficile. Les députés se souviendront que le projet de loi présenté par les conservateurs avait fait l'objet d'un débat à l'étape de la deuxième lecture et que le gouvernement avait dû avoir recours à l'attribution de temps. Une fois le projet de loi devant le comité, différents rapports nous ont été présentés et nous avons eu des indications claires quant à la grande valeur du site pour le secteur et à son caractère progressiste en matière de traitement de ce problème.
Fidèle à lui-même, le Parti conservateur a défendu son point de vue avec insistance jusqu'à ce que le projet de loi finisse par être adopté. Puis, après les élections, un projet que l'on pourrait qualifier de projet pilote et qui a pour nom InSite s'est révélé être une réussite énorme à Vancouver, en Colombie-Britannique, ce qui n'a surpris personne. Actuellement, un projet de loi nous est soumis afin de permettre à d'autres collectivités de se doter de centres semblables, si elles le jugent nécessaire.
Les conservateurs sèment la peur. Ils prétendent que le gouvernement veut disséminer des centres d'injection un peu partout au pays, dans toutes les régions et municipalités. Selon eux, nous allons être inondés de ces centres d'injection. Or, ce n'est pas ce qui s'est produit jusqu'à maintenant, et les conservateurs savent fort bien qu'en réalité, la situation n'est pas celle qu'ils décrivent.
Grâce à ce projet de loi, il ne fait aucun doute que nous permettrons à des endroits comme Montréal et d'autres encore de se doter d'un centre d'injection supervisée si les gens de la place y voient une solution bénéfique.
Les conservateurs aiment dire que la population locale doit se prendre en charge et que l'initiative doit venir d'elle. C'est déjà le cas à l'heure actuelle. Les collectivités se serrent les coudes et sont constituées de divers acteurs locaux. Là où les besoins seront justifiés, des centres pourront voir le jour.
Il n'est pas question de centaines de centres, comme les conservateurs le laissent entendre. Les décisions seront fondées sur les désirs et les besoins des différents intervenants et des différentes collectivités. La décision de mettre sur pied un centre d'injection ne sera pas prise à la légère. Ce n'est pas une décision que l'on prend du jour au lendemain. De nombreux experts sont consultés sur des questions de cette nature.
Comme je l'ai souligné, lorsque nous formions l'opposition, il y a eu de longs débats sur la question, qui a même été renvoyée au Sénat. Le gouvernement Harper a été en mesure d'en faire une loi. Cependant, personne ne devrait se surprendre du fait que le nouveau gouvernement souhaite adopter une approche fondée sur la science et sur ce qui est sain pour nos collectivités. Il n'est pas uniquement question de ce que pense le Parti libéral.
Depuis le début, la reconnaît la gravité de l'enjeu. Elle a travaillé de concert avec des collègues du caucus et avec des députés des deux côtés de la Chambre afin de trouver une solution au problème. La principale chose que nous puissions faire, outre adopter une mesure législative, c'est faire preuve de leadership à l'échelle nationale. C'est ce que nous avons fait.
Nous avons travaillé avec les provinces et les municipalités et nous avons mis en place des mécanismes de financement dans les régions où la crise est la plus grande. Un financement d'environ 10 millions de dollars est prévu pour la Colombie-Britannique et plusieurs millions de dollars sont prévus pour l'Alberta. Ce financement permettra de sauver des vies.
La a tenu des conférences nationales et a assisté à de nombreuses réunions, que ce soit en tête-à-tête ou avec différents intervenants ou homologues provinciaux. De nombreuses discussions ont eu lieu à cet égard. Le seul groupe, à ce que je sache, qui a adopté la position qu'il s'agit d'une mauvaise chose, c'est le Parti conservateur du Canada. Voilà qui est intéressant. Les conservateurs ne veulent pas que ce projet de loi soit adopté. Les provinces et leur régime de santé semblent reconnaître la valeur des mesures que nous souhaitons prendre.
J'aimerais que mes collègues conservateurs examinent la question plus attentivement et qu'ils se fassent une meilleure idée de ce que les électeurs veulent. Je crois que les habitants de ma circonscription appuieraient l'adoption d'une approche proactive pour remédier à cette crise en matière de santé. La meilleure façon de procéder, c'est de travailler en collaboration afin de changer les choses. Si nous réussissons, nous arriverons à sauver des vies.
Si j'ai bien compris, en Ontario, il y a plus de gens qui meurent de surdoses de fentanyl et d'opioïdes que d'accidents de la route. En Colombie-Britannique, trois personnes ou plus en moyenne meurent chaque jour d'une surdose de drogue. En Alberta, c'est deux personnes par jour. Des Canadiens meurent chaque jour de surdoses. Ce projet de loi n'empêchera pas les gens de mourir, mais il s'inscrit dans un programme plus vaste qui permettra de changer les choses.
Je félicite mes collègues néo-démocrates d'avoir compris à quel point il est important que nous prenions des mesures. Il n'arrive pas très souvent que nous obtenions des appuis lorsque nous essayons de faire adopter un projet de loi à la Chambre. C'est toutefois ce que nous avons constaté à l'étape de la deuxième lecture, lorsque le projet de loi a fait l'objet d'un débat à la Chambre pour la première fois. La chef du Parti vert a aussi reconnu l'importance du problème.
Quand je pense aux gens que je représente, je me dis qu'on ne peut pas juste se fermer les yeux parce qu'on a peur de bouger. Il y a moyen de mieux combattre le fléau de la toxicomanie qui mine certaines régions, voire le pays au grand complet. La toxicomanie est présente partout. Quand une initiative permet de faire avancer les choses, de sauver des vies et peut-être même, qui sait, d'aider certaines personnes à s'éloigner de la drogue, alors nous devrions avoir l'audace de la mettre en oeuvre.
Je demande à tous les députés d'appuyer le projet de loi , de le renvoyer au Sénat et de faire en sorte qu'il soit intégré aux lois du Canada.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je dois reconnaître qu'il est difficile de parler du projet de loi . Je tiens à tirer les choses au clair. Après avoir écouté le débat la première fois que la question a été soulevée à la Chambre et le débat d'aujourd'hui, j'aimerais parler de la perception erronée selon laquelle parce que nous émettons des réserves dans ce dossier en tant que députés conservateurs, nous ne croyons pas que la crise du fentanyl constitue effectivement une crise ou un problème.
Les chiffres sont effarants. L'an dernier, on a enregistré 340 surdoses accidentelles de fentanyl en Alberta et 650 en Colombie-Britannique. La a déclaré que le nombre de surdoses pourrait s'élever à 1 400 en 2017. Le Canada vit actuellement une crise en ce qui concerne l'abus d'opioïdes. Cette crise se manifeste surtout dans l'Ouest canadien, mais aussi dans les autres régions du pays.
Nous avons mentionné les chiffres aujourd'hui, mais je crois que la plupart ou beaucoup d'entre nous comprennent que cela va au-delà des chiffres. Évidemment, ma collègue de lutte avec acharnement dans ce dossier.
Le problème touche de très près ma circonscription, une circonscription rurale de l'Alberta. Je sais que bien des gens présument qu'une telle crise ne touche pas les régions rurales, qu'elle touche uniquement les régions urbaines et les grandes villes, mais ce n'est tout simplement pas le cas.
Malheureusement, j'ai assisté, au cours des derniers mois, aux funérailles d'amis et de connaissances décédés d'une surdose de fentanyl, et cela s'est produit dans de petites municipalités rurales de l'Alberta. Il y a eu 18 surdose au sein de la nation Kainai, dans le Sud de l'Alberta, en seulement un mois l'an dernier. C'est très près de ma circonscription. Malheureusement, ma famille et nos amis sont touchés par la crise du fentanyl.
Il est malheureux que certains députés d'en face laissent entendre que le fait que émettons des réserves et que nous soulevons des préoccupations par rapport au projet de loi signifient que nous n'avons pas de coeur et ne comprenons pas l'incidence de la crise du fentanyl sur les Canadiens. Cela me frustre et me fâche au plus haut point, car nous comprenons tous ce qui se passe et la gravité de la situation.
En tant que parlementaires, nous faisons notre possible dans l’intérêt des Canadiens. Dans tout le Canada, les collectivités se tournent vers nous, parlementaires, pour que nous fassions quelque chose afin de régler cette crise. C’est ce que nous faisons, mais nous devons être la voix de nos collectivités.
Dans la circonscription que je représente, les collectivités rurales comprennent que la crise du fentanyl touche tout le sud de l’Alberta, mais elles veulent avoir un mot à dire dans ce dossier. J’ai été vraiment surpris des lettres que m’ont écrites des conseils municipaux de petites collectivités telles que Stavely, en Alberta, pour me dire qu’ils ne sont pas contre les centre d’injection supervisés, mais qu'ils veulent être sûrs qu’on les consulte à ce sujet et, si la localité est d’accord, ils veulent avoir leur mot à dire sur le lieu d’implantation de ces centres. Je ne pense pas que c’est trop demander.
Je pense que les municipalités et les administrations concernées comprennent ce qui se passe dans leur collectivité beaucoup mieux que la à Ottawa et je ne dis pas cela pour offenser cette dernière. Je sais gré aux libéraux de vouloir faire avancer le projet de loi , car il faut faire quelque chose. Comme je l’ai dit, les Canadiens attendent de nous des actes. Je crois qu’ils sont frustrés parce qu’ils pensent que nous n’en avons pas fait assez et je suis d’accord avec eux. La crise n’est pas près de se régler.
Malheureusement, nous avons encore ce débat aujourd’hui alors qu’en février, on aurait pu faire avancer le dossier beaucoup plus rapidement. Nous avons présenté une motion visant à scinder le projet de loi en deux, afin de donner à l’Agence des services frontaliers du Canada davantage de pouvoirs pour lutter contre le trafic au Canada — le gros du fentanyl et du carfentanil provient de Chine — et les outils nécessaires pour faire appliquer la loi à la frontière, d’une part, et pour donner à la des outils supplémentaires pour lutter contre ces drogues nouvelles et dangereuses, d’autre part.
Voilà les éléments que nous voulions adopter rapidement. Nous voulions commencer immédiatement à tenter de sauver des vies. Nous avons simplement demandé que la partie du projet de loi consacrée aux centres d'injection supervisée soit traitée à part et puisse faire l'objet de discussions plus poussées. J'ai trouvé extrêmement irritant que les libéraux et les néo-démocrates votent, deux fois plutôt qu'une, contre la motion à cet effet.
Je suis père de trois enfants. J'ai été témoin des effets du fentanyl chez les jeunes de ma région. À la maison, mes enfants me parlent des problèmes qu'ils observent à l'école et dans leurs groupes d'amis. Nous devons agir maintenant et non plus tard.
Je reconnais que le projet de loi est un premier pas. Cela dit, à titre de parlementaires, nous aurions pu faire ce qui s'imposait dès février, mais nous avons échoué. Aujourd'hui, nous avons l'occasion de discuter plus en profondeur d'une question qui préoccupe nos collectivités, c'est-à-dire les centres d'injection supervisée. Les libéraux, appuyés par les néo-démocrates, ont adopté une motion d'attribution de temps pour mettre fin au débat sur la question. Les débats ont donc été limités à la Chambre et à l'étape de l'étude en comité. Ces décisions sont prises par ceux qui nous accusent, nous conservateurs, d'être indifférents à la situation. En fait, le message est plutôt que les libéraux et les néo-démocrates ne se soucient pas de ce que les collectivités pensent de la question.
Les gens de ma région ont manifesté leur voix de façon particulièrement énergique. Il ne s'agit pas de déterminer s'ils pensent que le fentanyl est un problème ou s'ils croient que les centres d'injection supervisée représentent un outil pour gérer la crise: ils veulent tout simplement avoir leur mot à dire. Ils souhaitent que leur avis soit pris en compte. En ce moment, quoi qu'en disent les députés d'en face, les Canadiens n'ont pas l'impression que c'est le cas. Ils ne croient pas, selon la forme du projet de loi , qu'il y aura une véritable consultation dans le cadre du processus.
Il ne s'agit pas seulement des conseils de village et de villes de ma région, mais également des agents locaux de la GRC. Ils pensent aussi qu'ils devraient pouvoir se faire entendre quant à la façon de procéder. À mon avis, la réussite des centres d'injection doit impérativement reposer sur une approbation sociale. Sans l'appui des collectivités, les centres ne seront pas efficaces. Ils ne pourront pas réaliser leur plein potentiel.
Par ailleurs, le projet de loi ne traite pas d'un autre enjeu important, dont l'absence fait cruellement défaut. En effet, la mesure ne prévoit pas l'octroi de ressources pour la santé mentale et les services de counselling en matière de toxicomanie. Les gens des collectivités que je représente réclament à grands cris des services dans ces domaines, car il est difficile d'y avoir accès dans le Sud-Ouest de l'Alberta et les régions rurales de la province. Je ne peux pas parler des autres centres urbains, mais je sais que les gens vivant près de Calgary ont accès à ces services, grâce à leur proximité et à leur accessibilité accrues. La situation est extrêmement difficile en région rurale.
Selon moi, le projet de loi constitue un premier pas dans la bonne direction, mais il porte surtout sur les conséquences de la crise du fentanyl. Je crois qu'il faudrait s'attarder davantage à la cause première de cette crise, c'est-à-dire la dépendance aux opioïdes et la facilité avec laquelle les trafiquants ont accès à ces drogues. Il est ridiculement facile d'en acheter.
Certaines des collectivités que je représente ne sont pas à proximité d'un centre urbain. Les besoins sont particulièrement criants dans les collectivités rurales du Sud de l'Alberta, situées loin de Calgary. On ne peut pas supposer que la crise ne touche que les centres urbains du pays.
Je ne dis pas que mes collègues font cette supposition. Je souligne simplement qu'il faut l'éviter à tout prix.
Voilà les principales raisons de ma déception. Nous débattons d'une question que nous aurions pu aborder il y a des mois. Nous ne l'avons pas fait. Je ne fais pas de partisanerie. D'après ma propre expérience, je peux affirmer que la question n'a rien à voir avec l'allégeance politique; elle porte plutôt sur ce qu'il faut faire pour le bien des Canadiens. La population se fie à nous, parlementaires, pour faire ce qui s'impose et régler la crise qui ravage nos collectivités. Je ne saurais trop insister là-dessus. Les Canadiens s'attendent à ce que les élus passent à l'action. Nous les avons laissé tomber, selon moi. Il nous faut intervenir plus activement afin de remédier à la crise du fentanyl.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureuse d'avoir de nouveau l'occasion de prendre la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et apportant des modifications connexes à d'autres lois.
En tant que députée de la vallée du bas Fraser, en Colombie-Britannique, je peux dire sans l'ombre d'un doute que cette crise dure depuis longtemps. Je suis contente que la ait décidé de se pencher sur la question. Je dirais que la population veut qu'on en fasse plus. Nous sommes aux prises avec une épidémie, et je crois fermement qu'en tant que législateurs nous devons agir. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour protéger les enfants, protéger les collectivités et protéger les personnes qui sont touchées par cette crise de santé publique. Quand près d'un millier de personnes meurent d'une surdose d'opioïdes en une année dans une seule province, tous ceux qui ont un rôle à jouer doivent contribuer à remédier à la situation.
Le projet de loi a été présenté à la Chambre, en décembre 2016, deux jours avant le congé des Fêtes. Je me souviens d'avoir pensé que cette mesure législative aurait dû être déposée des mois plus tôt, car elle renfermait des outils et des changements très importants qui devaient être mis en oeuvre sans tarder. Il s'agissait notamment d'interdire l'importation de presses à comprimés non enregistrées, d'étendre les pouvoirs des agents des services frontaliers en ce qui a trait à la fouille des colis suspects dans le but d'empêcher l'entrée de fentanyl et de carfentanil en provenance de la Chine, et d'élargir les sanctions afin qu'elles s'appliquent à la production, à la vente, à l'importation et au transport de toute chose dans l'intention qu'elle soit utilisée pour la production d'une substance désignée, y compris le fentanyl.
Nous avions besoin de plus de temps pour débattre et avoir la chance de présenter quelques amendements, car le projet de loi contenait des dispositions problématiques. Je parle des modifications législatives contenues dans le projet de loi qui ont facilité l'ouverture de centres d'injection et de consommation supervisées dans les collectivités. Le projet de loi ne contenait notamment aucune disposition à l'égard de consultations auprès des collectivités, de la police et des municipalités. C'est pourquoi, en tant qu'opposition conservatrice, nous avons présenté une motion visant à scinder cette mesure législative en deux projets de loi. L'un permettrait de prendre toutes les mesures urgentes nécessaires et aurait l'appui unanime de la Chambre, et l'autre permettrait aux parlementaires et aux Canadiens d'avoir un peu plus de temps pour recueillir des données, consulter les collectivités afin de déterminer ce qu'il faut faire, et étudier la mesure législative et les modifications.
Il est absolument renversant que des considérations politiques soient malheureusement entrées en jeu et que la motion ait été rejetée. Nous aurions pu avoir toutes ces mesures en place en ce moment.
Nous souhaitions également entendre des témoins experts à ce sujet au comité. Encore une fois, les libéraux ont choisi de ne pas entendre le moindre témoin à propos du projet de loi et sont passés directement à l'étude article par article. Une fois de plus, l'opposition conservatrice a proposé des amendements au projet de loi. Il s'agissait d'amendements logiques qui visaient, par exemple, à exiger que l'on obtienne des lettres indiquant l'appui ou l'opposition d'une municipalité ou d'un corps policier, que l'on avise tous les ménages dans un rayon de deux kilomètres d'un centre proposé, qu'on leur donne l'occasion de faire connaître leur opinion à savoir s'ils l'approuvent ou le désapprouvent, et qu'on fournisse des renseignements concernant les écoles, les hôpitaux, les garderies et les installations de loisirs situés dans un rayon de deux kilomètres. Un délai défini de rétroaction et de consultations publiques d'un minimum de 40 jours et d'un maximum de 90 jours aurait été accordé. Or, je le répète, tous ces amendements ont été rejetés par le comité de la santé dominé par les libéraux.
Le projet de loi a été adopté et envoyé à la Chambre haute, qui y a apporté des amendements et l'a renvoyé à la présente Chambre. Nous sommes maintenant en mai 2017. Cela fait six mois que les libéraux ont déposé ce projet de loi, et nous voici en train d'en débattre de nouveau, alors qu'il aurait pu être adopté par le Sénat.
Au sujet de quelle partie du projet de loi le Sénat était-il en désaccord? C'était sur le manque de consultation de la collectivité à propos des changements aux règles sur les centres d'injection. Ainsi, aucune des mesures qui faisaient l'unanimité à la Chambre et au Sénat n'a été adoptée.
Je tiens à souligner que si les libéraux avaient mis de côté les considérations politiques et voté pour la division du projet de loi, les mesures législatives proposées seraient en place aujourd'hui. L'Agence des services frontaliers du Canada jouirait de pouvoirs supplémentaires pour empêcher l'entrée du fentanyl et du carfentanil au pays. Sans oublier que l'interdiction d'importer des presses à comprimés non réglementées serait en vigueur. Toutefois, ces mesures ne sont toujours pas en place. À cause de l'importation de comprimés et de poudres, des dizaines de Canadiens meurent jour après jour.
Aujourd'hui, nous sommes saisis de trois amendements apportés par le Sénat au projet de loi . Le Sénat a d'abord tenu cinq réunions du comité et entendu 22 témoins experts sur le projet de loi.
Le premier amendement garantirait qu'une consultation de la collectivité d'un minimum de 45 jours aurait lieu avant l'approbation d'un centre d'injection.
Le deuxième établirait un comité consultatif de citoyens constitué de 5 à 10 bénévoles. Il serait chargé d'informer le centre d'injection approuvé de toutes les préoccupations des citoyens, notamment en matière de santé et de sécurité publiques. C'est une mesure que toutes les collectivités appuieraient. De plus, le comité fournirait au ministre des comptes rendus annuels sur ces questions.
Le troisième amendement vise à obliger les employés du centre à offrir aux usagers des options de pharmacothérapie avant que ceux-ci ne consomment leur drogue achetée dans la rue.
Je me réjouis de ces amendements proposés par le Sénat. Ils montrent clairement que la Chambre haute a écouté les préoccupations liées à ce dossier et à l'absence de consultation communautaire concernant l'emplacement des centres, et qu'elle a tenté de nouveau de dissiper certaines préoccupations.
Je suis heureuse d'entendre que le gouvernement libéral appuie le premier amendement proposé par le Sénat. J'ai été mairesse de ma ville pendant près de 10 ans. Je puis affirmer que si nous ne consultons pas la collectivité et que nous n'obtenons pas son approbation au sujet de questions aussi difficiles, alors l'initiative est vouée à l'échec. Il faut un minimum de temps pour le processus de consultation, pour la collecte de renseignements et pour que les gens puissent faire connaître leur point de vue.
Je suis toutefois très déçue que les libéraux s'opposent au deuxième amendement proposé par le Sénat. Il faut tenir compte de l'ensemble de la collectivité, offrir un soutien aux personnes dans le besoin et veiller à ce que la collectivité puisse exprimer son point de vue. La création d'un comité consultatif, comme celui proposé par le Sénat, ferait en sorte que la collectivité puisse participer au processus de façon continue, qu'elle dispose d'un mécanisme pour faire connaître ses préoccupations, son appui et tout problème relevé. Ce comité pourrait confirmer si le centre mis sur pied dans ce secteur de la collectivité fonctionne vraiment. Il n'est pas clair pourquoi les libéraux s'opposent tellement au fait de donner aux collectivités l'occasion de s'exprimer. C'est très important pour n'importe quelle collectivité, petite ou grande.
En ce qui concerne le troisième amendement, la position des libéraux m'étonne, puisqu'un centre d'injection ou de consommation doit absolument offrir une solution de rechange aux usagers. Je le répète, il s'agit d'aider les gens, mais le gouvernement libéral a modifié le libellé de l'amendement. Il faut mettre l'accent sur le fait de sauver des vies.
Ces amendements permettront de sauver des vies. Ils aideront les collectivités à unir leurs efforts. C'est un problème qui nous touche tous.
La motion présentée par le député d', qui vise à faire accepter les amendements, aurait vraiment pu être utile, mais, encore une fois, les libéraux continuent de refuser aux collectivités la possibilité de s'exprimer.
Des milliers de Canadiens sont morts d'une surdose d'opioïde. Les familles sont touchées, tout comme les écoles, les amis, les enfants, les premiers intervenants et l'ensemble de la collectivité. Lorsque je regarde cette liste, je vois une mère qui a perdu ses deux enfants en moins de 20 minutes. Ils étaient tous les deux dans la vingtaine. Jordan avait 21 ans. Ryan avait 23 ans. Kelsey avait 24 ans. David avait 21 ans. Danny avait 25 ans. Scott avait 21 ans, Tyler en avait 23. Ce sont des jeunes. Il doit y avoir d'autres options. La collectivité doit s'unir et adopter une approche très globale à la situation. C'est tout ce que veulent les députés de ce côté-ci de la Chambre.
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Madame la Présidente, je suis heureux de m'adresser à la Chambre aujourd'hui au sujet des amendements, apportés par le Sénat, au projet de loi , Loi modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et apportant des modifications connexes à d'autres lois. J'en profite pour remercier le Sénat, la Chambre et leurs comités pour tout le travail qu'ils ont accompli dans l'étude de ce projet de loi.
Je n'oublierai jamais l'été dernier lorsque, en une seule fin de semaine, en juillet, il y a eu plus de 60 cas de surdoses de fentanyl à Surrey en l'espace de 48 heures. Cela a été comme un signal d'alarme pour les résidants de Surrey—Newton et bien d'autres dans l'ensemble de la région, puisque cela a révélé les proportions qu'avait prises la crise causée par la dépendance aux opiacés.
Après ces horribles 48 heures, mon bureau a demandé qu'un sommet d'urgence soit immédiatement tenu. Des représentants des trois ordres de gouvernement ont assisté au sommet, y compris des députés fédéraux de la région de Surrey et des députés provinciaux, indépendamment de leur parti politique. Nous avons réuni des travailleurs de première ligne, comme Darlene Bowyer de la Surrey Association of Sustainable Communities, Shayne Williams de la Lookout Emergency Aid Society et Brenda Locke et Mike Musgrove de la Surrey Urban Mission.
Nous avons pu entendre le Dr Mark Tyndall, du centre de lutte contre la maladie de l'Université de la Colombie-Britannique, la Dre Shovita Padhi, de la direction de la santé publique de la vallée du Fraser, M. Clayton Pecknold, directeur des services de police, qui représentait le milieu de l'application de la loi, ainsi que Mme Tonia Enger, du ministère de la Sécurité publique et du Solliciteur général de la Colombie-Britannique.
Nous avons écouté ce jour-là le point de vue de ceux qui doivent gérer cette crise sur le terrain, tous les jours. Nous avons appris que le fentanyl est un narcotique de la famille des opiacés qui est prescrit aux cancéreux pour traiter leur douleur. J'ai appris qu'il était 100 fois plus toxique que la morphine et qu'il avait été la cause de plus de la moitié des surdoses en Colombie-Britannique au cours de l'année 2015.
Nous sommes témoins d'une crise de décès par surdose d'opioïde, crise dont les effets sur les premiers intéressés et sur leur famille sont dévastateurs. Des Canadiens meurent de surdose de drogue en nombre record, et la majorité de ces surdoses est associée aux opioïdes. Dans certaines provinces, notamment en Colombie-Britannique, les surdoses d'opioïde causent un plus grand nombre de décès que les accidents d'automobile. Il est évident qu'un peu partout au pays, les Canadiens ressentent durement cette crise. Des gens de tous les horizons sont affectés.
La toxicomanie est un problème extrêmement complexe que l'on ne saurait tenter de résoudre autrement que par une approche globale et coordonnée. Le projet de loi actuel a été déposé à la Chambre des communes le 12 décembre 2016 par la . Il s'inscrit dans l'une des priorités du gouvernement, soit la protection de la santé et de la sécurité des Canadiens. Il découle de l'approche exhaustive et axée sur la collaboration, la compassion et les données probantes dont le gouvernement veut s'inspirer pour définir sa politique antidrogue.
Grâce au projet de loi , il serait plus facile pour le gouvernement de favoriser l'établissement des centres de consommation supervisée, une importante mesure de réduction des méfaits. La lutte contre la vente, la production et la distribution illégales de drogue serait plus efficace. La consommation de substances désignées vendues illégalement serait réduite par l'amélioration des outils de conformité et d'application de la loi.
Aujourd'hui, nous discutons des amendements proposés par le Sénat sur les trois éléments suivants du projet de loi: la période consacrée aux consultations publiques lorsqu'une demande de création d'un centre de consommation supervisée est reçue; la création d'un comité consultatif de citoyens rattaché aux centres de consommation supervisée; l'obligation d'offrir une pharmacothérapie comme solution de rechange aux utilisateurs des centres de consommation supervisée.
Toutes les mesures du projet de loi sont importantes, et nous devons les adopter sans tarder. Mon intervention d'aujourd'hui portera sur des propositions clés qui moderniseront la Loi réglementant certaines drogues et autres substances de manière à renforcer l'application de la loi et à permettre au gouvernement de prendre des mesures pour surveiller, promouvoir et renforcer la conformité à la loi. Ces mesures atténueraient le risque que des substances contrôlées qui sont employées à des fins légitimes, y compris les opioïdes offerts sur ordonnance, soient détournées vers le marché des drogues illicites, ce qui contribue au problème de consommation abusive de drogues au Canada.
Même si la Loi réglementant certaines drogues et autres substances a été modifiée à quelques reprises depuis son adoption en 1997, elle a suivi l'évolution ni de l'industrie des substances contrôlées, ni du marché des drogues illicites.
Pour moderniser les mesures d'application et de conformité, le projet de loi propose notamment d'adapter les pouvoirs d'inspection en fonction d'autres lois fédérales. La Loi réglementant certaines drogues et autres substances encadre les activités de plus de 600 fournisseurs autorisés qui utilisent des substances contrôlées à des fins légitimes.
À l'heure actuelle, les inspecteurs de Santé Canada peuvent seulement inspecter des établissements autorisés à mener des activités visant des substances ou des précurseurs contrôlés. Ce projet de loi autoriserait les inspecteurs de Santé Canada à entrer dans un endroit lorsqu'ils ont des motifs raisonnables de croire qu'on y mène des activités comportant l'utilisation de substances contrôlées. Avec ces nouveaux pouvoirs, les inspecteurs pourront également effectuer un suivi auprès des établissements dont le permis a été suspendu ou révoqué. Ces modifications n'autoriseraient pas les inspecteurs à entrer dans une résidence privée sans le consentement de l'occupant ou sans mandat. On continuerait de renvoyer les dossiers aux agents d'application de la loi lorsque les inspecteurs de Santé Canada soupçonnent des activités illicites.
Le projet de loi permettrait aussi d'améliorer la conformité à la loi et son application en confiant au le pouvoir de contraindre les parties réglementées à fournir des renseignements concernant les activités qu'elles mènent avec les substances désignées. Ce pouvoir ne pourrait être utilisé que pour vérifier le respect ou pour prévenir le non-respect des dispositions de la loi, ou pour composer avec un risque pour la santé ou la sécurité publique. L'accès rapide à des renseignements faciliterait la prise de décisions éclairées en cas de risques pour la santé ou lorsque la sécurité publique est en jeu. Ce pouvoir est conforme aux dispositions d'autres lois fédérales modernes, comme la Loi sur les aliments et drogues.
Le projet de loi donne également au le pouvoir d’ajouter un régime de sanctions administratives pécuniaires en cas de non-respect de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. À titre d'exemple, le ministère pourrait imposer des amendes aux parties réglementées qui ne respectent pas le protocole prévu. Ainsi, Santé Canada disposerait d'un outil de plus pour favoriser le respect de la loi. Du fait de ces modifications, le cadre réglementaire prévu par la loi serait semblable à celui d'autres mesures, dont la Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation et la Loi sur les produits antiparasitaires.
À l'heure actuelle, Santé Canada dispose de peu d'outils pour favoriser le respect de la loi. Elle peut envoyer une lettre d'avertissement, ce qui s'avère rarement efficace, ou encore suspendre ou révoquer une licence, une sanction parfois trop sévère, puisqu'elle peut mener à une pénurie de médicaments utilisés à des fins médicales.
Par ailleurs, ce ne sont pas toutes les parties réglementées qui obtiennent des licences en vertu de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Certaines sont simplement assujetties aux exigences prévues par les règlements rattachés à la loi. Certes, le projet de loi C-37 permet l'ajout d'un régime de sanctions administratives pécuniaires, mais il faudra des règlements pour que ce pouvoir se concrétise.
Un autre aspect du projet de loi serait la modernisation du processus d'élimination des substances désignées saisies ou des biens infractionnels de nature chimique. Les règles en vigueur concernant la manipulation et l'élimination sont lourdes et complexes. Les organismes d'application de la loi doivent respecter le long processus d'obtention d'une ordonnance du tribunal et d'approbation par Santé Canada avant de pouvoir éliminer les substances, ce qui nécessite un temps d'entreposage prolongé. L'entreposage et la manipulation de ces substances saisies représentent un risque pour la santé et la sécurité des Canadiens, en plus d'être très coûteux. Avec l'augmentation du nombre de saisies d'opioïdes illicites dangereux, ces changements sont aujourd'hui plus importants que jamais. Pour réduire le fardeau des tribunaux, du gouvernement et des organismes d'application de la loi, ce projet de loi introduit un processus accéléré pour l'élimination des substances saisies. L'amélioration proposée éliminerait la nécessité d'obtenir une ordonnance du tribunal ou une autorisation de la part de Santé Canada.
Le projet de loi permettrait également à la police militaire d'être désignée comme étant un corps policier au sens de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Cette modification fournirait à la police militaire un plus grand nombre d'outils pour enquêter sur les crimes liés aux drogues dans les bases militaires.
Actuellement, la police militaire possède l'autorité d'appliquer la loi pour des délits de nature criminelle dans les limites de la compétence du ministère de la Défense nationale. Cependant, ces délits ne sont pas couverts par le Règlement sur l'exécution policière de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Ce règlement permet l'emploi de toute une série de techniques, comme la possession et le trafic de drogues dans le cadre d'une enquête. Sans cette autorité, les outils et les techniques dont dispose la police militaire pour mener des enquêtes actives sont limités. L'appui de la GRC compense actuellement cette lacune, ce qui est à la fois inefficient et coûteux.
Toutes ces propositions législatives permettraient de moderniser la Loi réglementant certaines drogues et autres substances tout en créant un meilleur équilibre entre la protection de la santé publique et de la sécurité publique. Cela se ferait en donnant de meilleurs outils et les pouvoirs nécessaires aux responsables de la santé et de l'application de la loi afin de réduire les risques et les dommages liés à la toxicomanie au Canada.
L'objectif premier du projet de loi est de réduire le risque de détournement des substances désignées vers le marché illicite, qui est l'un des plus grands facteurs contribuant à la crise des opioïdes au Canada. Le fléau de la toxicomanie qui mine notre pays est très préoccupant. J'insiste sur le besoin urgent d'adopter ce projet de loi afin de lutter contre ce fléau. Ainsi, j'exhorte tous les députés à appuyer le projet de loi C-37 et les amendements afin d'assurer la protection continue de la santé et de la sécurité des Canadiens.
J'ai été sur le terrain parler à des gens, à des professionnels de la santé et à des premiers intervenants. J'aimerais les remercier pour les observations dont ils m'ont fait part au cours des derniers mois. On dit que le savoir est une force. Le savoir que j'ai acquis vient de la base — de ceux qui ont fait connaître cet enjeu.
Tous les parlementaires, qu'ils soient assis de ce côté-ci ou de l'autre côté de la Chambre, sont d'avis que la crise des opioïdes est une crise de santé et que nous devons nous y attaquer dès maintenant. J'invite tous les députés à appuyer ce projet de loi et de le faire de façon non partisane.
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Madame la Présidente, le mois dernier a été un triste anniversaire pour les premiers répondants dans la crise des opioïdes au Canada. Le 14 avril, il y a un an, l’agent de santé publique de la Colombie-Britannique, le docteur Perry Kendall, déclarait que l’épidémie de surdoses représentait une urgence sanitaire dans la province. Malheureusement, malgré un an d’efforts redoublés de la part des municipalités, des professionnels de la santé et des bénévoles, loin de fléchir, l’épidémie de surdoses s’aggrave.
La première semaine de mai était la seconde fois en moins d’un mois que les services d’incendie et de sauvetage de Vancouver rapportaient plus de 150 cas de surdose en une semaine, signalés par 168 appels téléphoniques. Pendant la même période, la police de Vancouver rapportait 7 décès attribués à des surdoses.
Cela porte à 148 le nombre total de décès causés par une surdose en 2017, dont 41 pour le seul mois d’avril. Le mois de janvier a été le plus meurtrier de l’histoire de la Colombie-Britannique, avec 47 décès qu'on croit attribuable à des surdoses. À ce rythme, la ville comptera 400 décès par surdose cette année, soit le double du nombre de 2016, qui représentait déjà un record. Dans l’ensemble de la province, il devrait y avoir 1 400 décès par surdose en 2017, soit une augmentation de 50 % par rapport à l’année précédente.
En Colombie-Britannique, le record du nombre d'interventions d'urgence en un jour concernant des cas présumés de surdose a été battu en avril. En effet, le mercredi 26 avril dernier, il y a à peine quelques semaines, les services d'urgence de la province sont intervenus dans 130 cas présumés de surdose. Le record précédent, de 121 interventions, avait été établi le 20 novembre 2016.
Au début de 2015, la caserne de pompiers no 2 de Downtown Eastside répondait à une cinquantaine de cas de surdose par mois. Selon les données publiées par la Ville de Vancouver, ce nombre avait grimpé à 438 cas en décembre 2016, lorsque la crise des opioïdes s'est aggravée.
Les services d'incendie et de sauvetage de Vancouver ont dénombré 688 appels d'urgence concernant des cas de surdose en avril. Il s'agit d'un sommet cette année et d'une hausse de 22 % par rapport au mois de mars. Pour éviter les traumatismes psychologiques et le surmenage, les autorités ont maintenant limité à un an le temps pendant lequel les pompiers peuvent être affectés à la caserne no 2.
Le maire de Vancouver, Gregor Robertson, a dit ressentir une frustration et une colère incroyables face à ces pertes de vie qui auraient pu être empêchées. Il s'adressait aux gouvernements fédéral et provincial. Selon lui, la province n'a pas connu d'urgence de santé publique aussi tragique que cette crise depuis plusieurs décennies et, malgré cela, on ne fait rien pour mettre en place les soins de santé immédiatement nécessaires pour commencer à sauver des vies. Raymond Louie, un conseiller municipal, juge que la situation est catastrophique.
Le nombre de décès ne cesse d'augmenter. Il est donc difficile de comprendre ce qu'attend le gouvernement fédéral au juste ou comment il peut dire que les choses avancent. Il est grand temps qu'Ottawa cesse d'exagérer les progrès réalisés et consacre à cette crise les ressources qui s'imposent compte tenu de l'urgence qu'elle représente.
Malgré les tentatives répétées du NPD pour accélérer l'adoption du projet de loi , un projet de loi crucial qui pourrait sauver des vies, le Sénat a retardé les choses de trois mois. Quand on se trouve au coeur d'une urgence de santé publique nationale, cela est inacceptable.
Au Canada, plus de 2 000 personnes sont mortes d'une surdose l'an dernier. Cela représente en moyenne six Canadiens par jour. C'est donc dire que, au cours des trois derniers mois, pendant que le projet de loi attendait au Sénat, probablement près de 500 Canadiens au moins sont morts par surdose, des décès qui auraient peut-être pu être évités. Qui plus est, comme le taux de surdoses mortelles va en augmentant depuis le début de 2017, le chiffre réel est probablement encore plus élevé.
Dès le premier jour où il a ouvert ses portes, le centre InSite, situé à Vancouver, a permis de traiter 15 cas de surdose. Bien entendu, toutes ces personnes ne seraient pas mortes, mais il est fort probable que certaines d'entre elles seraient décédées si leur surdose avait eu lieu dans la rue. Nous avons effectivement une décennie de preuves indiscutables que les centres de consommation supervisée sauvent des vies. Il n'y a pas l'ombre d'une preuve pour appuyer la campagne de peur qui entoure le débat depuis déjà trop longtemps.
Aujourd'hui, il y aura 600 injections supervisées au centre InSite et aucune d'entre elles n'aboutira à une surdose fatale. Depuis l'ouverture d'InSite en 2003, personne n'y est mort d'une surdose. Dans le voisinage immédiat du centre, soit le secteur de 40 pâtés de maisons qui l'entoure, on a constaté une baisse de 35 % des décès par surdose. Les personnes qui utilisent régulièrement InSite sont 30 % plus susceptibles de suivre une cure de désintoxication.
Le fait que le Sénat ait retenu inutilement le projet de loi pendant trois mois a coûté des vies au pays, et nous devrions condamner un tel geste.
Finalement, je n'arrive pas à imaginer une façon plus irresponsable de réagir à une crise en matière de santé qu'en perdant notre temps à ressasser un débat déjà réglé sur l'efficacité des centres de consommation supervisée en sachant que, plus nous tardons à approuver ces centres, plus il y aura de surdoses et de décès. Or, après trois mois d'attente, le Sénat vient de renvoyer le projet de loi à la Chambre avec trois amendements problématiques qui sont motivés par ceux qui, en raison d'une étroitesse idéologique, s'opposent aux centres de consommation supervisée, rejettent les preuves évidentes qu'ils sauvent des vies et désirent réellement obstruer ou retarder leur ouverture.
Les amendements — et les concepts sur lesquels ils reposent — ont été expressément soulevés, débattus et rejetés au Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Ils ne reposent pas sur des données probantes, ils constituent de mauvaises politiques de santé publique et ils vont à l'encontre de l'intention même de la mesure législative.
Je vais parler du premier amendement.
Avant les propositions d'amendement, le projet de loi prévoyait une période de consultation publique d'au plus 90 jours pour que la population puisse donner son avis sur le centre de consommation supervisée et sur son emplacement. Selon l'amendement proposé par les sénateurs, les demandes d'ouverture d'un centre de consommation supervisée feraient l'objet d'une période de consultation publique d’au moins 45 jours. L'imposition d'une période minimale pour la consultation publique peut seulement avoir pour objectif de retarder le traitement des demandes d'ouverture d'un centre d'injection supervisée.
Il ne fait aucun doute que l'adoption de cet amendement aurait pour effet de retarder le processus d'approbation et empêcherait d'intervenir rapidement dans des situations d'urgence qui nécessitent d'ouvrir très rapidement des centres de consommation supervisée, comme le font actuellement les bénévoles et les militants qui interviennent sur le terrain, à Vancouver. À Vancouver, des gens ont ouvert ce qu'on appelle des centres de prévention des surdoses. Ils ont décidé courageusement d'aller à l'encontre de la loi parce qu'ils savent qu'ils peuvent ainsi sauver des vies. Ils mettent leur réputation professionnelle en jeu. Ils courent le risque de contrevenir à la loi et de se faire arrêter, mais il n'est pas question qu'ils attendent l'approbation de la ministre pour agir. Aucune demande n'a été approuvée depuis nombre d'années, à part les deux demandes qui ont enfin été approuvées à Montréal la fin de semaine dernière. Les gens ouvrent ces centres pour sauver des vies dès maintenant. Or, cet amendement proposé par les conservateurs retarderait l'ouverture d'un centre même dans une situation d'urgence. Je vais y revenir dans un instant, mais je souligne que, à son grand déshonneur, le gouvernement libéral est prêt à appuyer cet amendement.
Le deuxième amendement propose que la ministre puisse constituer, pour chaque centre de consommation supervisée, un comité consultatif de citoyens. C'est inutile et redondant. La consultation de la collectivité constitue déjà un critère clé dans la partie principale du projet de loi. L'amendement est une tentative en vue de retarder la création des centres de consommation supervisée et de susciter une opposition publique à leur égard. Les décisions relatives aux centres doivent être fondées sur la santé. La rétroaction de la collectivité, comme je l'ai déjà dit, est déjà prévue dans le corps du projet de loi.
Enfin, le troisième amendement exige que l'exploitant du centre d'injection supervisée offre ce qu'on appelle « des options de pharmacothérapie » à chaque usager du centre avant que celui-ci ne consomme une substance contrôlée. Premièrement, cette disposition est fort probablement inconstitutionnelle et hors des pouvoirs du gouvernement fédéral. Deuxièmement, elle est inutile puisque les options de traitement sont déjà proposées dans les établissements de réduction des méfaits. Si un seul de ces sénateurs s'était donné la peine de visiter InSite, on lui aurait appris que quiconque entre dans le centre est mis au courant de tous les traitements possibles. Troisièmement, un tel amendement serait contre-productif puisqu'il risque de décourager certains clients d'entrer dans un centre de consommation supervisée et d'avoir recours aux services qui y sont offerts.
Vous n'avez pas à me croire sur parole. Lorsque le projet de loi a fait l'objet d'un débat au Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, les libéraux membres de ce comité ont tenu les mêmes propos que moi.
Le député libéral d' a mis le comité en garde contre ceci:
[...] il est vraiment important de prendre conscience de ce que nous faisons ici. Il ne s'agit pas de concevoir des programmes de traitement et tout un protocole de soins destinés à des personnes ayant un problème de consommation de drogues. Ça, c'est la responsabilité de la province. [...] Ce que nous sommes en train de décider touche les personnes qui, pour des raisons médicales, seront exemptées de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
En ce qui concerne la période de consultation minimale de 45 jours, le député libéral de a dit ceci au comité:
J'ai une question très rapide à propos du préjudice découlant d'une consultation de 45 jours [comme période de consultation minimale] et s'il serait important.
J'aimerais savoir, en retour, si le besoin est si urgent. [...] le jour où InSite a ouvert ses portes, ils ont réussi à prévenir 15 surdoses. Multipliez cela par 45 décès potentiels. Est-ce que c'est suffisamment important? Il me semble que oui.
Le député libéral de a rappelé le fait suivant au comité:
Les délais sont extrêmement importants lorsqu'on ouvre de telles cliniques. Cette modification limitera la latitude de la ministre ou l'empêchera d'agir pendant 45 jours. Il faut réfléchir au nombre de vies qui seront perdues à cause de ce délai.
Voilà ce que j'avais à dire.
Il sera intéressant de voir si les députés libéraux qui siègent avec moi au comité de la santé et qui ont entendu les témoins invités à comparaître au sujet de la crise des surdoses d'opioïdes grâce à un amendement du NPD visant à étudier la question voteront avec les néo-démocrates contre ces trois amendements contraires à l'intention du projet de loi, qui rendraient plus difficile le fait de créer des centres de consommation supervisée et rendraient ceux-ci moins accessibles aux clients.
Les gens qui se trouvent aux premières lignes de cette crise s'opposent unanimement à ces amendements parce qu'ils savent qu'ils retarderont l'ouverture d'établissements de santé publique essentiels. Les néo-démocrates du Canada joindront leur voix à la leur, car nous appuyons les politiques de santé judicieuses fondées sur des données probantes. Nous appuyons ces établissements de santé publique essentiels qui sauvent des vies. Voilà pourquoi nous nous opposons à ces amendements irréfléchis et nous sommes profondément déçus que le gouvernement fasse fi de décisions fondées sur des données probantes en acceptant d'en appuyer certains.
Rien ne porte à croire que la crise soit terminée ou maîtrisée et qu'elle ne continuera pas à s'exacerber avec la prolifération du carfentanil dans les collectivités. Nous devons accélérer l'implantation de centres de consommation supervisée et accroître les programmes de traitement de substitution aux opioïdes. Nous devons mettre en place de meilleurs traitements de gestion de la douleur et réaliser des investissements considérables dans tous les traitements de la toxicomanie. Ces mesures sont nécessaires pour commencer à transformer la manière dont nous concevons les dépendances et à créer de meilleures politiques pour aborder ce problème, après avoir passé une décennie à moraliser et à criminaliser ce qui est en réalité une question de santé publique.
Premièrement, il faut consacrer des investissements à long terme à des programmes de santé mentale et à la recherche en toxicomanie. Les experts canadiens en santé mentale, notamment ceux de l'Agence de la santé publique du Canada, n'ont pas encore une compréhension approfondie des liens entre les drogues et les problèmes de santé mentale. Grâce à des recherches qui feront la lumière sur ces liens, on pourra mieux repérer les aspects de la santé mentale qui contribuent, en amont, à la consommation abusive. Ces facteurs serviront de base à des stratégies ciblées et proactives en matière de santé mentale, notamment des programmes de traitement communautaires et des programmes de soutien à l'intention des jeunes, des peuples autochtones, des femmes et de tout autre groupe ayant besoin d'un soutien particulier. Les recherches démontrent que 70 % des problèmes de santé mentale commencent pendant l'enfance ou l'adolescence, et que les personnes souffrant d'un problème de santé mentale risquent deux fois plus que les autres de devenir toxicomanes.
Par ailleurs, si on suivait l'exemple de l'Australie et des États-Unis et qu'on recueillait des données nationales sur les décès qui mettent en cause à la fois les drogues et les problèmes de santé mentale, on pourrait repérer plus rapidement les tendances, mieux les comprendre et utiliser ces connaissances pour élaborer des solutions ciblées.
Bref, nous devons améliorer nos connaissances, investir davantage et déployer plus d'efforts pour obtenir le savoir et les connaissances scientifiques dont nous avons besoin pour régler cette crise de santé publique.
Deuxièmement, il faut investir des sommes substantielles dans le traitement de la toxicomanie dans son ensemble. J'entends par là que tous les ordres de gouvernement doivent faire de nouveaux investissements considérables, pour une myriade d'options de traitement et pour tous les groupes touchés.
Le député libéral a dit que la avait accordé une somme de 10 millions de dollars à la Colombie-Britannique. C'était en 2016. Le budget de 2017 déposé à la Chambre ne prévoit aucune somme pour faire face à la crise des surdoses d'opioïdes au Canada.
À l'heure actuelle, l'accès aux services de désintoxication est beaucoup trop limité, et il existe un manque criant de lits de traitement à long terme financés par l'État. À Vancouver, où j'ai le privilège de représenter une circonscription, une personne doit attendre en moyenne huit jours avant d'avoir accès à des services de désintoxication. Cette situation est en contradiction directe avec tout ce que nous savons au sujet de la dépendance. Si une personne est prête à suivre un traitement, il faut veiller à ce qu'elle l'obtienne immédiatement. Si on attend ne serait-ce qu'un jour, il est habituellement déjà trop tard.
En réalité, les traitements efficaces ne sont disponibles que pour ceux qui en ont les moyens ou qui, mus par le désespoir, sont prêts à s'endetter pour se faire traiter. Au Canada, il n'est pas inhabituel de devoir payer 10 000 $ par mois ou plus pour suivre rapidement une cure de désintoxication dans un établissement offrant des services de qualité. Une telle inaccessibilité est choquante dans un pays où le système de santé est prétendument universel.
Cette situation doit changer. Nous devons commencer à bâtir l'infrastructure nécessaire afin de fournir un accès universel aux services de santé dont tous ceux qui souffrent de toxicomanie ont besoin. Les modalités de traitement doivent varier selon la population visée. Il doit par exemple y avoir des centres de traitement pour les jeunes, pour les femmes, pour les hommes et pour les Autochtones du Canada. Les centres doivent être bâtis comme n'importe quel autre établissement de santé, et les traitements doivent être pris en charge par l'assurance-maladie. Il est temps de traiter la toxicomanie comme les autres problèmes de santé, ce qui signifie que les traitements efficaces doivent être financés avec les deniers publics et doivent être accessibles à tous.
Troisièmement, si le phénomène de la dépendance aux opioïdes a pris de l'ampleur, c'est que des millions de Canadiens ne peuvent pas recevoir un traitement efficace contre leurs douleurs chroniques. Il faut prendre conscience de ce problème et tâcher de le résoudre.
Les programmes multidisciplinaires de gestion de la douleur, qui incluent par exemple de la physiothérapie, une perte de poids, une diète, des massages et de l'aide psychologique, ont démontré qu'ils pouvaient réduire la douleur ainsi que la consommation inappropriée de médicaments contre la douleur, notamment les opioïdes, qui créent une forte dépendance. La gestion multidisciplinaire de la douleur chronique peut également engendrer des économies importantes dans les dépenses de santé en rétablissant la productivité au travail et en réduisant les hospitalisations.
Actuellement, l'accès à un traitement interdisciplinaire de la douleur chronique varie beaucoup d'une province ou d'un territoire à l'autre. Il laisse surtout à désirer dans les régions rurales, et les temps d'attente sont longs. Le coût en est souvent prohibitif, puisque les rendez-vous chez les professionnels de santé autres que les médecins sont payés soit par des assurances privées, soit, généralement, par le patient. Nous devons établir comme priorité l’élaboration des centres de traitement de la douleur chronique en appuyant les efforts provinciaux et territoriaux en vue d'établir et d'élargir ces programmes.
Quatrièmement, nous devons élargir les programmes de traitement alternatifs offerts aux gens souffrant d'une dépendance chronique aux opioïdes qui ne bénéficient pas suffisamment des traitements disponibles, comme la méthadone par voie buccale. À titre d'exemple, l'étude SALOME a trouvé que les patients qui reçoivent l'héroïne prescrite pour des raisons médicales, ou la diacétylmorphine, sont plus susceptibles de vivre plus longtemps qu'une personne qui reçoit un traitement d'entretien à la méthadone, et qu'ils sont plus susceptibles de stabiliser leur situation de vie et de recourir à un traitement à long terme. Malgré cela, la clinique Providence Crosstown de Vancouver demeure le seul centre de réduction des méfaits en Amérique du Nord où la diacétylmorphine est utilisée dans le traitement des consommateurs de longue date.
Cela doit changer, dès maintenant. Nous devons encourager l'ouverture de centres offrant la diacétylmorphine prescrite pour des raisons médicales partout au Canada et assurer que toute personne admissible qui souhaite le faire puisse accéder à ce programme des plus réussis. Soyons réalistes. Comme ce genre d'initiative a souffert d'un sous-financement chronique, il faudra y consacrer des ressources considérables. Il y en a même qui ont été activement opposées par des gouvernements fédéraux successifs.
Jour après jour, mois après mois, année après année même, j'exhorte le et la à voir l'ampleur de la souffrance humaine dans cette crise. Chaque fois, j'annonce des chiffres épouvantables et sans précédent de décès par surdose dans ma ville, dans ma province et dans l'ensemble du pays. Sur ce point, je dois être franc. La patience des Canadiens à l'égard du gouvernement libéral a des limites. La population ne veut plus entendre des platitudes alors que des gens meurent.
Avant la présentation du dernier budget, le est allé à Vancouver et a promis que la crise ne serait plus ignorée. Il a déclaré: « Aucun obstacle ne pourra empêcher le gouvernement fédéral de faire exactement ce qui est nécessaire. Nous veillerons à ce que les ressources soient disponibles. » Étonnamment, le budget de 2017 n'affecte pas les ressources nécessaires. Comme l'ancien vice-président Joe Biden le disait: « On connaît les priorités d'un gouvernement en regardant son budget. »
Même si les libéraux prononcent de beaux discours concernant les valeurs progressistes, ce n'est pas ce qui transparaît dans leurs décisions en matière de financement. Voilà pourquoi lors d'une assemblée publique récente, le a été dénoncé par Zoe Dodd, qui oeuvre pour la réduction des méfaits. Elle a accusé le gouvernement de ne pas en faire assez pour lutter contre cette épidémie. Elle explique: « Nous avons besoin de millions de dollars. Je suis une travailleuse de première ligne qui ne travaille pas depuis six semaines parce que les gens meurent autour de moi et que je suis totalement traumatisée. »
Ces surdoses sont plus que des statistiques. C'est le fils, la fille, la soeur, le frère d'une personne. C'est la mère, le père, la tante, l'oncle, le cousin, le collègue d'une autre. C'est peut-être même quelqu'un qu'on connaît. Il est temps que la Chambre agisse et fournisse l'aide nécessaire.