:
Monsieur le Président, le projet de loi , sur la légalisation de la marijuana, reprend des constats dont ont fait part différents acteurs depuis de nombreuses années. On peut penser au rapport Nolin de 2002, demandant la fin de la criminalisation pour simple possession, mais aussi aux dizaines de rapports écrits par des groupes communautaires et des organisations provinciales ou nationales expliquant que la guerre contre le cannabis ne fonctionne pas.
Pour ma part, je suis en faveur des principes du projet de loi, comme la limitation de la possession de cannabis pour un adulte ou pour enrayer le commerce illégal. Si on peut être d'accord sur la partie du projet de loi qui a trait à la sécurité publique, je me questionne toutefois sur les aspects liés à la santé publique. Ce n'est que l'un seul des grands absents du projet de loi.
Dans mon discours, je me concentrerai sur trois d'entre eux: la décision du gouvernement de laisser les jeunes avec des dossiers criminels; le fardeau imposé aux provinces par rapport à la gestion de la distribution et à la gestion juridique de la conduite avec les facultés affaiblies, entre autres, et aux organisations jeunesse qui ont présentement le fardeau de la prévention; et le manque de vision quant à la prévention et l'éducation auprès des jeunes.
Les libéraux ont fait de la légalisation du cannabis un thème fort depuis le 15 mars 2015. À une station de radio de Vancouver, le chef du Parti libéral annonçait qu'il voulait décriminaliser la marijuana le plus rapidement possible. Il expliquait qu'il fallait regarder l'expérience au sud de la frontière et qu'un dossier criminel avait des conséquences graves sur les jeunes. Il avait raison. Effectivement, la loi actuelle a de nombreux effets pervers. Plus de 54 000 personnes sont arrêtées pour possession simple. Un grand nombre d'entre elles ont un dossier criminel. Les personnes les plus touchées sont évidemment les jeunes, notamment les jeunes provenant de différentes communautés culturelles et des Premières Nations. Cette forme de discrimination n'était pas plus tolérable en 2015 qu'elle ne l'est aujourd'hui.
Aujourd'hui, le chef du Parti libéral, devenu , retourne sa veste et poursuit sa politique consistant à laisser des milliers de jeunes Canadiens avec un dossier criminel. Je rappelle qu'une fois qu'une personne est coincée avec un dossier criminel, c'est très difficile, voire impossible, d'obtenir un passeport et de voyager à l'étranger ou dans le pays voisin, de trouver un emploi, de se loger convenablement et de faire du bénévolat. En effet, avoir un dossier criminel implique que la personne est coincée avec cette tache pour le reste de ses jours.
La proposition du NPD n'est pas de freiner la légalisation, mais plutôt d'apprendre des erreurs des États-Unis, par exemple, et de reprendre ce qui a fonctionné ailleurs, à moins que le député d' croie que les 17 États américains, l'Australie, la Belgique et le Portugal aient tort en ce qui a trait à la décriminalisation.
Il y a également une demande de la part de plusieurs organismes, comme Canadian Students for Sensible Drug Policy. Celui-ci demande la décriminalisation immédiate du cannabis. Cela permettrait de désengorger les tribunaux et de pouvoir mieux répondre aux conséquences de l'arrêt Jordan, mais surtout, les policiers auraient une consigne claire à faire respecter.
Pour des questions de discrimination et de conséquences sur la vie des jeunes et pour aider notre système judiciaire, je demande au gouvernement de décriminaliser la marijuana immédiatement et de donner l'amnistie à ceux qui ont un dossier criminel pour possession simple de cannabis. C'est d'ailleurs une des recommandations du groupe de travail de la ministre qui gérait le dossier de la légalisation du cannabis.
Pour ce qui est des aspects liés à la santé publique, il y a de sérieux manques d'informations, que ce soit dans ce projet de loi ou dans le document fourni par le ministère de la Justice. Selon l'Institut national de santé publique du Québec, l'INSPQ, la légalisation du cannabis et la mise en place de sa vente ne peuvent pas se faire purement dans un but commercial. Je suis bien d'accord. Si on approuve les articles du projet de loi qui interdisent la fausse promotion ou la promotion au moyen de commandites, pour ne citer que celles-là, il manque cependant trop de détails sur d'autres points. La question de l'emballage neutre et l'affichage d'informations, comme la teneur en THC, l'ingrédient actif du cannabis, feront l'objet d'un règlement en vertu de l'article 139, qui arrivera un peu plus tard que l'adoption du projet de loi.
Pourtant, le gouvernement ne donne aucun indice de ce qu'il compte en faire. Je donnerai l'exemple des produits séchés. Les Pays-Bas imposent une limite, soit une concentration de THC de 15 %. Pourquoi les libéraux ne fixent-ils pas de limite à la concentration de THC relative à chacun des produits contenus dans le projet de loi? En effet, il n'y en a aucune.
Les organismes de santé publique, comme l'INSPQ, nous disent que le taux de concentration dans plusieurs produits reliés au cannabis a fortement augmenté au cours des dernières années. Pourquoi dans ce cas, le gouvernement ne régularise-t-il pas la situation dans le projet de loi, alors que le groupe de travail faisait également remarquer qu'il y avait une lacune à cet égard?
Une partie importante du travail de la santé publique est la prévention. Elle est pourtant la grande absente de ce projet de loi. En fait, le mot prévention n'apparaît nulle part dans le projet de loi . Pourtant, c'est l'aspect qui revient dans tous les documents que j'ai lus et dans toutes les conversations avec les organismes que j'ai consultés. Mon équipe et moi-même avons discuté avec plusieurs organismes de la circonscription de , mais aussi à l'échelle provinciale et nationale. Ces organismes ont tous souligné le besoin d'en savoir plus sur ce projet de loi, puisque l'information ne circule pas, et leur besoin de financement en prévention et en éducation.
PACT de rue, un organisme faisant du travail de rue, demande que des fonds soient mis à la disposition des groupes communautaires mais aussi des écoles, afin de sensibiliser les jeunes. Selon l'organisme, les jeunes peuvent avoir entre 11 et 17 ans quand ils commencent à fumer du cannabis pour la première fois.
L'Association québécoise des centres d'intervention en dépendance, dont fait partie Liberté de choisir, un organisme de ma circonscription, demande explicitement un réinvestissement des revenus dans la prévention et l'éducation.
Le même discours se retrouve chez les organisations à vocation nationale, dont le Centre canadien sur les dépendances et l'usage de substances. Même le groupe de travail créé par ce gouvernement demande de:
Mettre en oeuvre dès que possible une campagne d’information du public [...] mais qui met l’accent sur les jeunes, les parents et les populations vulnérables.
Il recommande également que:
Dans la période précédant la légalisation, et ensuite de façon continue, les gouvernements investissent des efforts et des ressources pour élaborer, mettre en œuvre et évaluer des stratégies de prévention générales
La ministre du Québec, Lucie Charlebois, a été déçue de l'annonce du gouvernement fédéral:
On a besoin d'argent supplémentaire pour faire de la prévention, pour outiller les parents. Comment on va faire, là, pour faire de la pédagogie? Comment on va faire pour préparer les parents, pour faire de la sensibilisation dans les écoles?
Je fais remarquer que le gouvernement répète à qui mieux mieux qu'il veut faire de la prévention auprès des jeunes, qu'il veut les protéger et enrayer le crime organisé. C'est louable, sauf qu'on n'accorde aucun moyen pour que les jeunes soient protégés de façon efficace et à long terme.
La a annoncé un gros 9,6 millions de dollars sur cinq ans, ce qui est moins de 2 millions de dollars par année. Ainsi, moins de 6 ¢ par Canadien par année sont attribués à la prévention. Comment faire de la prévention avec aussi peu de moyens? Doit-on piger dans les transferts fédéraux, alors qu'ils ne couvrent même pas les besoins? Ce n'est pas une bonne idée.
Regardons de l'autre côté de la frontière, comme nous invitait à le faire le chef du Parti libéral en 2015. Le Colorado affecte plus de 45 millions de dollars par année à la prévention et à l'éducation. C'est 30 fois plus que ce qu'on nous propose.
Les fonctionnaires interrogés par le groupe de travail lui ont conseillé de lancer des campagnes de prévention avant l'entrée en vigueur de la légalisation du cannabis, ce qui devrait avoir lieu d'ici un an, si on en croit les libéraux.
Pour l'instant, le gouvernement fédéral envoie le message suivant aux provinces: « Je légalise, mais débrouillez-vous avec les questions de santé publique ».
Je trouve que c'est inconscient de la part du gouvernement fédéral qui dit à qui veut l'entendre qu'il prend ses décisions en se basant sur des faits scientifiques. Tous les intervenants que nous avons consultés et tous les experts sur le terrain disent qu'il y a un immense besoin d'investissement en prévention pour que les jeunes sachent quels sont les effets et les risques reliés à la consommation de cannabis.
Cependant, il n'y a aucune volonté politique, aucune vision, et aucun leadership pour mettre en avant une campagne de prévention digne de ce nom.
Pire encore, il n'y a pas un mot sur la recherche non plus. Plusieurs rapports remis au groupe de travail demande davantage de recherche scientifique sur les effets de la consommation de cannabis. Le gouvernement lui-même veut faire évoluer la réglementation, mais ne se donne aucun moyen pour obtenir cette information scientifique. Pourtant, la société canadienne a pris acte de ce projet de loi et du changement social que représente la légalisation du cannabis.
L'Université du Nouveau-Brunswick a créé une chaire de recherche. Est-ce que le gouvernement fédéral va les aider? On ne le sait pas.
Prendre une telle décision de légaliser sans plan de prévention, d'éducation ou de recherche constitue une carence majeure mais aussi un péché d'arrogance.
Le gouvernement se dit que ce n'est pas grave, qu'il va respecter sa promesse et que les provinces en paieront le prix, tant pis.
En conclusion, le projet de loi du gouvernement touche la sécurité publique, mais pas la santé publique. Il permet la légalisation du cannabis, la drogue la plus utilisée par les jeunes du Québec et du Canada, mais oublie ceux qui se feront arrêtés avec un joint d'ici un an.
On a besoin de prévention, pas d'un gouvernement qui fait l'apprenti sorcier avec ce projet de loi sur le cannabis. On a besoin de recherches sur les concentrations de THC. On a aussi besoin que les revenus soient investis en prévention dans les provinces pour assurer la pérennité de ces programmes.
Dans un bulletin, comme je suis une ancienne enseignante, je donnerais au gouvernement la note de « C moins 45 » et j'écrirais « pourrait faire mieux au vu de toutes ses capacités ».
:
Monsieur le Président, j'ai l'honneur aujourd'hui de participer au débat sur le projet de loi , une mesure législative qui propose de légaliser et de réglementer rigoureusement le cannabis et d'en restreindre l'accès. Protéger la santé et assurer la sécurité des Canadiens est une priorité pour le gouvernement, et c'est aussi l'objet du projet de loi.
Malgré des décennies d'interdictions criminelles, les Canadiens, y compris 21 % des jeunes et 30 % des jeunes adultes, consomment toujours du cannabis. Ils sont d'ailleurs parmi les plus grands consommateurs du monde.
Comme on le sait, le cannabis est cultivé et vendu illégalement en grandes quantités, au profit des criminels et du crime organisé. Ces activités se déroulent sans égard à la santé ou à la sécurité de la population.
[Français]
Trop de jeunes Canadiens et Canadiennes ont facilement accès au cannabis. Souvent, les jeunes ont moins de difficulté à acheter du cannabis que des cigarettes. Cette situation ne peut plus durer. Nos jeunes courent le risque d'être exposés à des criminels dont la seule motivation est de maximiser leurs profits.
[Traduction]
En bref, l'approche actuelle à l'égard du cannabis ne fonctionne pas. C'est pourquoi le gouvernement propose une approche axée sur la santé publique pour la légalisation et la réglementation du cannabis. La visée est de réduire les dommages associés à la consommation de cette drogue.
Les données scientifiques montrent que les risques liés à la consommation de cannabis sont plus grands chez les jeunes que chez les adultes. Qui plus est, les risques sont plus grands chez ceux qui commencent à en consommer à un jeune âge ou qui en consomment fréquemment. Notre objectif est de faire en sorte que le cannabis soit hors de portée des enfants, au moyen du projet de loi et d'une campagne précoce et soutenue d'information et de sensibilisation du public.
[Français]
Le projet de loi , à l'étude aujourd'hui, est la pierre angulaire de la nouvelle approche de notre gouvernement.
[Traduction]
Le projet de loi vise à protéger les jeunes et à restreindre leur accès au cannabis. Il prévoit également des sanctions pénales sévères contre ceux qui fournissent du cannabis à des jeunes ou les recrutent pour commettre des infractions liées au cannabis.
Le projet de loi vise aussi à créer un marché légal et réglementé pour le cannabis, à empêcher les criminels d'en profiter et à protéger la santé de la population en appliquant des critères stricts de sécurité et de qualité pour les produits.
Le projet de loi s'inspire des recommandations du Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis, qui était dirigé l'an dernier par Anne McLellan. Le groupe de travail a entendu des experts dans divers domaines, dont la santé, la sécurité publique, la justice et l'application de la loi, et il a reçu plus de 30 000 réponses de la part des Canadiens.
J'aimerais aujourd'hui mettre l'accent sur les quatre volets de l'approche adoptée par le gouvernement, soit la protection des jeunes, l'information et la sensibilisation, l'innocuité des produits et le contrôle de leur qualité, ainsi que les rôles, les responsabilités et le processus de mise en oeuvre.
Nous devons d'abord veiller à protéger les jeunes. Je le répète, un trop grand nombre de jeunes Canadiens ont facilement accès à du cannabis. Dans le cadre de ses consultations exhaustives dans l'ensemble du pays, le Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis a entendu la même chose à maintes reprises, c'est-à-dire à quel point il est facile pour les jeunes de se procurer du cannabis. Par conséquent, le projet de loi ne vise pas uniquement à prendre des mesures à l'encontre des marchés du cannabis illégaux, dont mes collègues parleront davantage. Il vise aussi à protéger la santé des Canadiens, tout particulièrement celle des jeunes et des enfants.
[Français]
Les jeunes sont au coeur de la stratégie du gouvernement pour réglementer le cannabis et en restreindre l'accès, et ce, pour trois raisons.
Premièrement, le cannabis n'est pas sans risque. Même s'il est utilisé à des fins thérapeutiques par certains, il peut quand même nuire à la santé. Deuxièmement, les jeunes sont particulièrement vulnérables aux effets du cannabis sur le développement du cerveau et sur les fonctions cérébrales, parce que leur cerveau n'a pas fini de se développer. Troisièmement, plus on est jeune lorsqu'on commence à consommer du cannabis et plus on en consomme, plus le risque pour la santé est élevé.
[Traduction]
Pris ensemble, ces trois facteurs expliquent pourquoi nous voulons restreindre l'accès des jeunes au cannabis, sanctionner ceux qui en vendent ou en donnent aux jeunes et en restreindre la publicité et la promotion.
Plus précisément, la Loi sur le cannabis interdira à quiconque de vendre ou de fournir du cannabis à une personne âgée de moins de 18 ans, mais les provinces et les territoires pourront fixer un seuil plus élevé s'ils le souhaitent. Elle créera en outre deux nouvelles infractions criminelles, en plus d'exposer à des peines maximales de 14 ans d'emprisonnement quiconque vend ou donne du cannabis à un jeune ou a recours à l'assistance d'un jeune pour commettre une infraction mettant en cause le cannabis.
La Loi interdira en outre certaines pratiques commerciales. Les entreprises ne pourront pas produire ni vendre de produits susceptibles de plaire aux jeunes, comme des jujubes. Elles ne pourront pas non plus concevoir leurs emballages et étiquettes de manière à les rendre attirants pour les jeunes, par exemple en y représentant des personnes, des célébrités, des personnages ou des animaux. Qui plus est, le cannabis ne pourra pas être vendu en libre-service ou dans un appareil distributeur.
Le projet de loi impose une série de restrictions touchant la promotion du cannabis afin que les jeunes ne soient pas tentés de consommer du cannabis parce qu'ils auront été influencés par des initiatives de marketing ou de publicité. Seule la promotion faisant état de faits établis et communiquée de manière à ne pas être vue par des jeunes sera autorisée. De plus, les publicités fausses, trompeuses ou susceptibles de créer une fausse impression seront interdites, tout comme la promotion de commandite, les témoignages, les attestations et les autres formes de promotion et de commercialisation susceptibles d'inciter les jeunes à consommer du cannabis.
[Français]
Nous avons la conviction que ces mesures de protection empêcheront les enfants et les jeunes d'obtenir du cannabis. En même temps, les adultes doivent avoir accès à des renseignements clairs et objectifs pour pouvoir prendre des décisions éclairées au sujet de leur consommation.
[Traduction]
Ainsi, le projet de loi n'autoriserait que la promotion informative, ce qui veut dire qu'on ne pourrait fournir que des renseignements factuels et exacts sur les produits du cannabis, notamment des renseignements sur les ingrédients et sur la concentration de THC. On pourrait également fournir aux consommateurs des renseignements pour différencier les marques. Je le répète, dans tous les cas, ce genre de promotion ne serait permise que lorsqu'elle n'est pas accessible aux jeunes. Les contrevenants pourraient se voir imposer une amende pouvant s'élever à 5 millions de dollars ou une peine d'emprisonnement de trois ans, ou les deux.
Pour ce qui est de l'application de la loi, le projet de loi vise à éviter que les jeunes se retrouvent avec un casier judiciaire qui pourrait leur causer des problèmes tout au long de leur vie. Je me permets d'apporter trois précisions à ce sujet. Premièrement, les personnes âgées de moins de 18 ans ne seraient pas passibles de poursuites pénales pour avoir possédé ou partagé une très petite quantité de cannabis de cinq grammes au plus. Deuxièmement, les jeunes qui iraient à l'encontre des dispositions du projet de loi seraient assujettis à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, et leur dossier serait donc soumis au système de justice pour les adolescents. Troisièmement, les gouvernements provinciaux et territoriaux auraient la marge de manoeuvre nécessaire pour interdire aux jeunes la possession de toute quantité de cannabis, et la police serait alors en mesure de saisir tout le cannabis qu'un jeune pourrait avoir en sa possession.
[Français]
J'aimerais maintenant me pencher sur l'information et la sensibilisation du public. Nous savons que les Canadiens et les Canadiennes ont besoin de renseignements sur le cannabis. Nous devons discuter avec nos enfants, faire des choix éclairés et responsables, et assurer la sécurité sur nos routes. C'est un message clair et net que notre gouvernement a entendu grâce aux consultations du groupe de travail et nous avons un plan pour corriger la situation.
[Traduction]
Nous tirons également des leçons de l'expérience de certains États américains, dont les représentants nous ont souligné l'importance de sensibiliser tôt et souvent aux risques liés à la consommation de cannabis. L'un des défis que nous devons relever lorsqu'il s'agit de protéger les jeunes est que ceux-ci sont moins susceptibles que les adultes de voir la consommation de cannabis comme présentant un risque important pour la santé.
[Français]
À cette fin, notre gouvernement investit dans des mesures rigoureuses pour communiquer avec tous les Canadiens et les Canadiennes, en particulier les jeunes, au sujet du risque de la consommation du cannabis.
[Traduction]
Dans le budget de 2017, le gouvernement libéral s'est engagé à verser 9,6 millions de dollars pour financer des activités de surveillance de la santé et une campagne de sensibilisation qui renseignera les Canadiens, particulièrement les jeunes, sur les risques associés à la consommation de cannabis. Menée en collaboration avec les provinces et les territoires, la campagne se poursuivra pendant cinq ans. Elle permettra de sensibiliser la population aux risques associés à la consommation de cannabis et d'assurer un suivi des retombées qu'aura un accès au cannabis rigoureusement contrôlé.
Elle permettra aussi de surveiller les habitudes de consommation de cannabis des Canadiens et les perceptions auxquelles elles donnent lieu, particulièrement chez les jeunes. À cette fin, nous avons lancé une enquête canadienne sur le cannabis, qui permettra de recueillir des données sur les niveaux et les profils d’utilisation du cannabis ainsi que sur les perceptions à l'égard du cannabis. Ce sondage annuel comporte des questions précises sur la quantité de cannabis que consomment les Canadiens, la fréquence de consommation, l'endroit où ils se procurent du cannabis, et leur consommation de cannabis et d'autres substances avant de conduire.
[Français]
En plus de surveiller et de mesurer les répercussions des mesures législatives, l'enquête permettra d'orienter et de mieux cibler nos activités de sensibilisation du public, ainsi que de réduire les risques liés à la consommation de cannabis.
J'aimerais maintenant aborder la question de la sécurité des produits et des exigences de qualité.
Le projet de loi autoriserait les adultes de 18 ans et plus à avoir en leur possession jusqu'à 30 grammes de cannabis séché, ou l'équivalent sous une forme non séchée, dans un lieu public.
[Traduction]
Les adultes auraient aussi le droit de se procurer du cannabis par l'entremise de divers mécanismes. Ils pourraient en acheter d'un détaillant soumis à la réglementation provinciale ou le cultiver eux-mêmes à la maison. Il serait possible de partager jusqu'à 30 grammes de cannabis séché ou l'équivalent, et la culture à des fins personnelles serait limitée à un maximum de quatre plants par résidence, chacun ayant une taille maximale de 100 centimètres.
Pour décourager les activités criminelles et protéger la santé et la sécurité de tous les Canadiens, le gouvernement s'est engagé à veiller à ce qu'un approvisionnement sûr et légal de cannabis, dont la qualité a fait l'objet d'un contrôle, soit offert lorsque la loi entrera en vigueur. En vertu des mesures législatives et des règlements proposés, le gouvernement mettrait en place des règles à l'échelle de l'industrie sur les types de produits qui seront admissibles à la vente, les portions normalisées et le degré de puissance. Il établirait également des règles sur l'utilisation de certains ingrédients et les bonnes pratiques de production, et il mettrait en oeuvre un système de suivi de l'ensemencement jusqu'à la vente afin d'empêcher l'écoulement de cannabis sur le marché illégal.
Le Canada a déjà de l'expérience en matière de sécurité des produits et des exigences de qualité pour le cannabis. En effet, notre système actuel, qui permet aux Canadiens de se procurer de la marijuana pour des raisons médicales, est reconnu comme étant l'un des meilleurs processus au monde. Il prévoit bon nombre de mesures de sécurité, comme les inspections fréquentes dans les installations des producteurs et une réglementation claire régissant l'utilisation de pesticides.
[Français]
Nous nous servirons du système de production autorisée en place comme plan d'action pour encadrer la production de cannabis, en vertu de la loi sur le cannabis proposée.
Puisque je suis sur le sujet, j'aimerais dire quelques mots sur le système canadien de cannabis à des fins médicales. Ce système continuera d'exister, lorsque le projet de loi entrera en vigueur, sous réserve de l'approbation du Parlement.
[Traduction]
Cette mesure avait été recommandée par le groupe de travail pour garantir l’accès au cannabis aux personnes autorisées par un professionnel de la santé. Le groupe de travail avait en outre recommandé que le gouvernement suive et évalue l’accès raisonnable des patients au cannabis prescrit à des fins médicales pendant la mise en oeuvre de la nouvelle loi, et évalue ce cadre dans un délai de cinq ans. C’est ce que nous avons l’intention de faire.
Santé Canada a adopté des changements au programme de surveillance de l’industrie du cannabis médical afin d’accélérer l’accréditation des producteurs et de permettre ainsi à l’industrie de répondre à l’accroissement de la demande.
Les règles actuelles concernant l'innocuité des produits, les bonnes pratiques de production et les restrictions relatives aux pesticides pouvant être utilisés demeureront en vigueur.
[Français]
Enfin, je me permets de parler un peu des rôles et des responsabilités entourant le projet de loi C-45 et sa mise en oeuvre.
Comme je l'ai déjà dit, la loi sur le cannabis proposée créerait un cadre national rigoureux pour limiter la production, la distribution, la vente et la possession de cannabis au Canada.
[Traduction]
Tous les paliers de gouvernement au Canada pourraient établir des exigences relatives au cannabis, conformément à leurs pouvoirs et en fonction de leur expérience. Là encore, nous avons suivi les avis du groupe de travail.
Aux termes de la loi proposée sur le cannabis, le gouvernement fédéral serait chargé d’élaborer et de tenir à jour un cadre national détaillé et uniforme visant à réglementer la production, ainsi qu’à fixer des normes de santé et de sécurité, et des interdictions pénales.
Les provinces et des territoires autoriseraient et surveilleraient la distribution et la vente du cannabis. De concert avec les municipalités, ils élaboreraient certaines règles propres à leur champs de compétences et les appliqueraient par divers moyens. Il s’agirait notamment de fixer des conditions réglementaires supplémentaires adaptées aux conditions locales, par exemple l’interdiction de la consommation en public ou des conditions de zonage pour les points de vente.
La participation active des gouvernements provinciaux et territoriaux, qui s’occuperaient notamment de fixer des règles strictes pour la vente, sera critique pour s’assurer que les jeunes n’ont pas accès au cannabis.
[Français]
Comme je l'ai dit plus tôt, le budget de 2017 de notre gouvernement prévoyait un investissement de 9,6 millions de dollars sur cinq ans pour appuyer une campagne globale d'information et de sensibilisation du public, ainsi que des activités de surveillance.
Comme la santé est une responsabilité que se partagent les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, les provinces et les territoires apportent un complément aux programmes fédéraux de santé publique.
Cela comprend entre autres la gestion des questions de santé, de sécurité publique, de même que la sensibilisation et les services de consultation en milieu scolaire.
Notre gouvernement est résolu à continuer de collaborer avec les provinces et les territoires pour aborder cet enjeu complexe.
[Traduction]
Relativement à la mise en oeuvre du projet de loi , je ferai remarquer que le cannabis à des fins non médicales demeurera illégal tandis que le projet de loi franchit les étapes du processus législatif. À l'heure actuelle, il est illégal d'acheter, de vendre, de produire, d'importer ou d'exporter du cannabis, à moins d'en avoir l'autorisation en vertu de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et de ses règlements d'application, tels que le Règlement sur l’accès au cannabis à des fins médicales.
Sous réserve de l'approbation du Parlement, le gouvernement a l'intention de faire entrer en vigueur la loi sur le cannabis proposée au plus tard en juillet 2018. Aux termes de la loi proposée, la possession, la production, la distribution et la vente de cannabis hors du cadre légal demeureraient illégales et feraient l'objet de sanctions criminelles proportionnelles à la gravité de l'infraction, allant d'une amende à une peine maximale de 14 ans d'emprisonnement.
[Français]
Dans les semaines et les mois à venir, notre gouvernement travaillera de concert avec ceux qui partagent avec nous la responsabilité de la légalisation et de la réglementation du cannabis. Tout particulièrement, nous nous associerons aux gouvernements provinciaux et territoriaux, aux municipalités et à nos partenaires des communautés autochtones.
[Traduction]
En conclusion, j'aimerais répéter que le projet de loi utilise une approche axée sur la santé publique pour restreindre et réglementer de manière stricte l'accès au cannabis. Notre priorité demeure la protection des jeunes, l'éducation du public, la sensibilisation, l'innocuité et les exigences de qualité du produit et l'établissement de rôles et de responsabilités clairs.
Le gouvernement est convaincu que la loi sur le cannabis proposée protégera la santé et la sécurité des Canadiens.
Pour ces raisons, j'invite mes collègues à appuyer le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture afin qu'il puisse être étudié par le Comité permanent de la santé.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi , le projet de loi du gouvernement visant à légaliser la marijuana. Le projet de loi C-45 apporte plus de questions que de réponses. Le gouvernement n'a pas encore expliqué comment la légalisation rendra la marijuana plus sécuritaire pour nos enfants, pour les conducteurs et, en fait, pour tous les Canadiens.
L'un des arguments que le gouvernement a fait valoir, c'est que la légalisation permettra en quelque sorte de tenir la marijuana hors de la portée de nos enfants. Pensons-y. Le gouvernement veut éviter que la marijuana se retrouve entre les mains des enfants. Jusque là, tout va bien. Je crois que tout Canadien raisonnable et convenable voudrait tenir la marijuana hors de la portée des enfants. Alors, qu'est-ce que le gouvernement propose de faire? Il propose de légaliser la marijuana, de la normaliser et de tolérer sa prolifération. On pourra ainsi tenir la marijuana hors de la portée des enfants. La logique me semble un peu douteuse. La légalisation permettrait donc de tenir la marijuana hors de la portée des enfants. Il suffit de regarder ce qui se passe au Colorado pour constater que ce n'est pas ce qui se produira. En fait, la légalisation aura l'effet contraire.
Regardons un peu ce qui s'est produit au Colorado. Au chapitre de la consommation de marijuana, le Colorado se classait au 14e rang parmi les États américains avant la légalisation; après la légalisation, il a grimpé au premier rang. Avant la légalisation, la consommation de marijuana parmi les jeunes du Colorado était de 39 % supérieure à la moyenne nationale des États-Unis. Après la légalisation, ce pourcentage a grimpé en flèche pour se situer à 74 % au-dessus de la moyenne nationale. Pendant les deux années qui ont suivi la légalisation de la marijuana au Colorado, la consommation a augmenté de 20 % chez les jeunes du Colorado, alors qu'elle a diminué de 4 % parmi tous les jeunes du pays. Voilà quelques-unes des statistiques. Elles sont claires, faciles à comprendre, publiques et à la disposition du gouvernement. Le gouvernement libéral parle beaucoup de données probantes et de décisions fondées sur des données probantes. Eh bien, en ce qui concerne la légalisation de la marijuana, les données probantes indiquent clairement qu'il faut éviter que les jeunes aient accès à la marijuana. Malgré cela, le gouvernement ne cherche pas à réduire l'accès à la marijuana. Au contraire, il le facilite. Résultat: plus de jeunes Canadiens risquent d'avoir accès à la marijuana et d'en consommer. Voilà les faits.
Considérons quelques-unes des mesures proposées par le gouvernement dans le projet de loi , qui visent prétendument à garder la marijuana hors de la portée des enfants. Une des dispositions prévoit qu'il est interdit pour les jeunes, c'est-à-dire les Canadiens entre 12 ans et 18 ans, d'avoir en leur possession plus que cinq grammes de marijuana. Qu'arrive-t-il si un jeune a en sa possession quatre grammes, trois grammes, deux grammes ou bien un gramme de marijuana? Le fait est qu'actuellement, si un policier trouve un enfant de sixième année, un élève d'école primaire de 12 ans, ayant cinq grammes de marijuana en sa possession — ce qui équivaut à 10 joints, en passant —, le policier pourrait confisquer la marijuana. Cependant, cela changerait avec le projet de loi C-45. Un policier ne pourrait peut-être rien faire, car cet élève de sixième année, cet enfant de 12 ans avec cinq grammes de marijuana, serait dans les limites de la loi.
En toute justice, le gouvernement pourrait faire valoir que les provinces légiféreraient sur cette question et il pourrait avoir raison. Nous ne savons pas encore si les provinces le feront. Quoi qu'il en soit, il serait difficile d'affirmer que l'on contribue ainsi à rendre la marijuana moins accessible aux jeunes.
Il y a aussi la question de la marijuana cultivée à la maison. Le projet de loi autorise les adultes de 18 ans et plus à cultiver jusqu'à quatre plants de cannabis par résidence au Canada. Je ne sais pas si quelqu'un au gouvernement réalise qu'à peu près tous les jeunes Canadiens de moins de 18 ans habitent avec un adulte. Qui l'eut cru?
Peut-être qu'il n'est venu à l'idée de personne au gouvernement qu'un jeune de moins de 18 ans pourrait tenter de mettre la main sur la marijuana cultivée chez lui. Qui aurait pu prévoir une telle chose? Je crois que pour un jeune, il n'y a pas de marijuana plus facile à se procurer que celle qui pousse dans sa propre maison.
Des voix: Oh, oh!
M. Michael Cooper: Monsieur le Président, je crois que je viens de toucher une corde sensible parce que les gens s'agitent par là-bas, pourtant nous savons tous que cette mesure législative n'empêchera pas les jeunes d'avoir accès à de la marijuana. À première vue, ces deux mesures risquent même d'avoir l'effet contraire. Ce n'est certainement pas en autorisant le gens à cultiver de la marijuana chez eux que l'on empêchera les jeunes de s'en procurer, comme on nous dit vouloir le faire. Cette disposition va aussi à l'encontre de divers autres aspects du projet de loi .
Le projet de loi a aussi pour objectif de contrôler et de réglementer la production, la vente et la distribution de marijuana. Qu'arrivera-t-il à la marijuana cultivée chez soi dans le contexte du contrôle et de la réglementation de la production, de la vente et de la distribution de marijuana? Elle risque fort de se retrouver sur le marché noir. Elle rendra pour ainsi dire impossibles les tests de qualité et de puissance. Elle rendra terriblement difficiles à faire appliquer les dispositions relatives au détournement et à la surproduction. Elle risquera de causer des incendies. Elle facilitera aussi considérablement la vie des jeunes qui veulent s'en procurer, ce qui saute aux yeux d'à peu près tout le monde à part les libéraux.
Rien d'étonnant, donc, à ce que l'Association canadienne des chefs de police se soit prononcée catégoriquement contre la culture de marijuana à domicile. Rien d'étonnant non plus à ce que, cette semaine, un article paru dans le Journal de l'Association médicale canadienne critique vertement le gouvernement pour son projet de loi en bonne partie parce qu'il autorise la culture de marijuana à domicile. Cette disposition constitue un danger pour les Canadiens, car elle accroît les risques pour les personnes vulnérables et les jeunes, sans parler du cauchemar qu'elle fera vivre aux policiers.
Le gouvernement nous répète à satiété que, dans le dossier de la légalisation de la marijuana, il a suivi les recommandations du groupe de travail sur le cannabis et axé le projet de loi sur la santé publique.
Si le groupe de travail a recommandé une approche axée sur la santé publique, c'est notamment parce qu'il reconnaît les risques graves associés à la consommation de la marijuana, particulièrement chez les jeunes et les Canadiens vulnérables. Le groupe de travail a également fait remarquer qu'il y a beaucoup de faussetés qui circulent sur la consommation de la marijuana, surtout chez les jeunes. Pour cette raison, il a entre autres recommandé au gouvernement de lancer une campagne d'information immédiate et à long terme. Les recommandations du groupe de travail ont été publiées à la fin de l'année passée. Nous sommes aujourd'hui le 1er juin, six mois plus tard, et je demande au gouvernement: que s'est-il passé? Où est la campagne d'information publique? Elle est introuvable. S'il y a une campagne, elle est très inefficace.
La a pris la parole il y a quelques minutes et s'est vantée d'un investissement de 9,6 millions de dollars dans une campagne de sensibilisation qui est invisible. Il s'agit de 9,6 millions de dollars sur cinq ans. C'est donc moins de 2 millions de dollars par année. Le Colorado, lui, a dépensé des dizaines de millions de dollars en mesures d'information et de sensibilisation du public. C'est bien la preuve que la supposée approche axée sur la santé publique du gouvernement actuel n'est qu'un écran de fumée.
Une voix: Est-ce une alarme incendie que l'on entend?
M. Michael Cooper: Je sais qu'il y a beaucoup de fumée, monsieur le Président. Un autre problème important que créera la légalisation de la marijuana...
Une voix: Oh, oh!
M. Michael Cooper: Cela les fait rire monsieur le Président. Ils trouvent que ces problèmes sont drôles. Je vais leur parler de quelque chose qui n'est pas drôle: la conduite avec facultés affaiblies par la drogue. Ce sera l'une des conséquences les plus graves de la légalisation de la marijuana.
On sait que la légalisation va entraîner une augmentation du nombre de Canadiens qui consomment de la marijuana. Pour s'en convaincre, il suffit de penser à ce qui s'est passé dans l'État du Colorado. En effet, au cours des deux années ayant suivi la légalisation de la marijuana, le taux de consommation de marijuana chez les adultes y a augmenté d'environ 20 %. On sait que la marijuana va être consommée à plus grande échelle et que cela veut dire que davantage de gens vont prendre le volant avec les facultés affaiblies. Dans l'État du Colorado, le pourcentage de décès causés par un conducteur avec facultés affaiblies par la drogue a connu une augmentation stupéfiante de 62 % dans l'année suivant la légalisation. On doit donc s'attendre à davantage de blessures, de décès et de ravages sur les routes.
Compte tenu de cela, les forces de l'ordre ont plusieurs défis à relever. Les organismes d'application de la loi ont notamment comme défi de repérer les conducteurs qui ont les facultés affaiblies par la drogue. À cet égard, le projet de loi permettrait aux policiers qui ont des motifs raisonnables de soupçonner qu'un conducteur a les facultés affaiblies par la drogue d'exiger qu'il se soumette à un test de détection. Ce serait un test de salive qui détecte les niveaux de THC dans le corps.
De nombreuses questions ont été soulevées concernant la fiabilité et la validité scientifique de ces tests. De plus, on s'interroge quant à la capacité des policiers à intercepter les conducteurs aux facultés affaiblies par la drogue. Pendant ce temps, le gouvernement tente de faire adopter à toute vitesse ce projet de loi, qui aura pour effet d'accroître le nombre de gens ayant les facultés affaiblies par la drogue sur les routes. En plus de tout cela, les services de police à l'échelle du Canada devront manifestement prévoir de la formation pour leurs policiers afin qu'ils puissent détecter l'affaiblissement des facultés par la drogue. C'est très compliqué. C'est bien plus compliqué que de détecter la présence d'alcool dans le sang.
Selon le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies, il y a environ 600 experts en reconnaissance de drogues au Canada. Or, le nombre d'experts qui seront nécessaires à la suite de l'entrée en vigueur du projet de loi, que, encore une fois, les libéraux veulent précipiter pour qu'elle se fasse d'ici un an, est environ 2 000. Les forces de l'ordre ont beaucoup de pain sur la planche. Les services de police dans l'ensemble du Canada devront faire l'acquisition de nouveaux appareils de dépistage et assurer la formation de leurs policiers en détection de l'affaiblissement des capacités par la drogue. Cette formation, soit dit en passant, coûte en moyenne 20 000 $. Nous parlons ici de coûts considérables.
Que fait le gouvernement pour aider les services de police partout au pays à faire l'acquisition du matériel requis et à former les policiers? La réponse est rien, absolument rien, que dalle. Je vois cela comme une preuve de son manque de leadership, de l'absence de plan pour le gouvernement. Le seul plan que semble en fait avoir le gouvernement, c'est de rendre la marijuana légale le 1er juillet 2018. Cette date butoir a été décidée de façon arbitraire et elle précipite l'échéancier. Le délai est insuffisant compte tenu de la quantité de travail requise et de toute la planification nécessaire pour mettre en oeuvre et appliquer ce projet de loi.
Les coûts pour les provinces et les municipalités seront très importants et, jusqu'à maintenant, le gouvernement ne s'est pas engagé à travailler avec les provinces pour les aider à s'attaquer aux coûts de mise en oeuvre et d'exécution. Les députés ministériels préfèrent plutôt se faire du capital politique et veulent pouvoir dire qu'ils ont respecté une promesse électorale. C'est incroyable! Maintenant qu'ils peuvent s'autocongratuler sur le respect d'au moins une de leurs promesses électorales, ce sont les provinces et les municipalités qui en paieront le prix et qui accompliront tout le travail, mais cela ne dérange aucunement les libéraux. C'est inacceptable. C'est la raison pour laquelle les provinces et les municipalités ont soulevé autant de préoccupations.
En terminant, nous disons que le gouvernement n'a pas de plan. Si ce projet de loi est adopté, le résultat sera que les jeunes et les automobilistes seront moins en sécurité. Honnêtement, ce sont tous les Canadiens qui seront moins en sécurité, et c'est pourquoi ce projet de loi ne mérite pas d'aller plus loin.
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Monsieur le Président, j'ai le grand plaisir de parler du projet de loi . Avant de commencer, je tiens à vous informer que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis ravie de parler de cette mesure législative parce que j'ai eu l'occasion en mars d'inviter le et député de Scarborough—Sud-Ouest dans la merveilleuse ville de Whitby, dans ma circonscription. Je le remercie de son dévouement dans ce dossier, des discours qu'il a donnés à des groupes communautaires et, surtout, de sa visite à Whitby.
Lors de sa visite à Whitby en mars, il a eu l'occasion de participer à une table ronde avec divers membres de la collectivité. Il y avait des maires et des conseillers municipaux de Whitby et de la région de Durham, ainsi que des policiers, des pompiers, des ambulanciers, des agents chargés de l'application des règlements municipaux, des représentants d'organismes et de services de santé, des professionnels de la santé mentale, des infirmiers et des personnes du collège Durham et de l'Institut universitaire de technologie de l'Ontario, qui est une université située dans la région de Durham.
Lors de cette table ronde, ils ont posé plusieurs questions que j'ai soulignées et auxquelles nous avons dit qu'il y aurait des réponses au moment du dépôt de la mesure législative. Je veux répondre à sept d'entre elles aujourd'hui dans mon allocution, mais je veux aussi m'adresser aux parents de Whitby. Whitby est une ville-dortoir où vivent de nombreuses familles et j'aimerais parler aux parents, car je suis moi-même un parent.
La première question qu'ils ont posée concerne les ressources pour les municipalités et ce que celles-ci recevraient pour assurer la sécurité des biens et des personnes et pour acquérir de la résilience. J'informe mes collègues de Whitby et de la région de Durham que nous investirons des ressources supplémentaires pour que Santé Canada, la GRC, l'ASFC et le ministère de la Santé publique et de la Protection civile soient en mesure de délivrer des permis, de faire des inspections et de faire respecter toutes les dispositions de la mesure législative proposée. Certains diront peut-être qu'il ne s'agit pas des municipalités. Je comprends. J'y arrive.
Le groupe de travail nous a recommandé de collaborer avec les gouvernements des provinces et des territoires pour créer une taxe dont les recettes seraient distribuées équitablement. Le projet de loi contient des dispositions qui s'intégreront à diverses lois, mais le gouvernement a la ferme intention, dans tout cela, de s'assurer que la police et les tribunaux disposent des instruments juridiques, de la technologie, de la formation et des ressources nécessaires pour assurer la sécurité sur les voies publiques et ailleurs. Nous nous sommes engagés à consacrer les recettes issues de la taxe à la recherche, à la prévention, à la sensibilisation du public, aux traitements et à la réadaptation. Je pense que c'est une réponse valable aux craintes concernant un éventuel manque de ressources dans les municipalités canadiennes.
La deuxième question concernait l'application de la règle des quatre plants. Le projet de loi permettrait aux municipalités de fixer des conditions à respecter concernant les endroits où le cannabis pourrait être cultivé sur leur territoire et la manière de le faire. Comme je l'ai indiqué, Whitby est une municipalité-dortoir, à la différence d'autres municipalités. Chaque municipalité a ses particularités. Whitby est en pleine croissance. Par conséquent, le fait de permettre aux municipalités de déterminer où et comment le cannabis pourrait être cultivé constitue un important élément de ce projet de loi.
La troisième question portait sur les ressources pour les campagnes de sensibilisation du public concernant le cannabis. C'est un sujet qui a été abordé au cours du débat sur ce projet de loi aux Communes. Je voudrais citer la à ce sujet.
La ministre a dit hier ce qu'elle a répété aujourd'hui dans son discours, à savoir que nous préconisons une approche axée sur la santé publique et que la légalisation du cannabis dans le cadre d'un régime réglementaire strict découle de cette approche. Une approche axée sur la santé publique signifie que nous entendons maximiser les mesures visant à éduquer la population et que nous voulons réduire au minimum les méfaits de la drogue. Le gouvernement s'engage à mener une vaste campagne de sensibilisation du public qui s'adressera aux Canadiens de tous les âges concernant le projet de loi à l'étude, afin de les informer notamment des peines prévues pour avoir fourni du cannabis à des jeunes ainsi que des risques associés à la consommation de cannabis. Dans le budget de 2017, nous avons alloué une somme de 9,6 millions de dollars sur cinq ans et 1 million de dollars par année de financement récurrent pour la sensibilisation du public. La campagne visera principalement à aider les jeunes Canadiens à faire les meilleurs choix qui soient pour leur avenir et à comprendre les risques et les conséquences de la consommation de cannabis.
Je tiens aussi à citer le secrétaire parlementaire qui a dit que « dans un régime de décriminalisation, le cannabis n'est pas réglementé, ce qui fait que les utilisateurs ne savent rien ou presque sur la puissance ou la qualité [...] Tant que le cannabis sera illégal, les professionnels de la santé ou de l'éducation auront du mal à en gérer ou à en empêcher l'usage dangereux [ou ils seront incapables de le faire] ».
La citation nous ramène à la recommandation du groupe de travail visant une vaste campagne de sensibilisation du public. Nous avons tiré des leçons du Colorado et de Washington, qui ont financé leur campagne de sensibilisation en utilisant les recettes provenant de la vente du cannabis. Elle a été lancée trop tard. Nous suivons les recommandations, et, même si je suis d'accord pour dire que la campagne pourrait être plus intensive, nous sommes déterminées à sensibiliser le public.
La quatrième question portait sur les recettes supplémentaires qui serviraient à financer des centres de traitement. Le a affirmé que l'argent qui revient à l'État grâce à la taxation du cannabis devrait servir à traiter la toxicomanie, à offrir du soutien en santé mentale et à créer des programmes de sensibilisation, et non comme recettes générales. En tant qu'ardente défenseure de la santé mentale, l'approche me satisfait tout particulièrement parce qu'on sait que le terrain est glissant entre la santé mentale et la toxicomanie, et il est important qu'on se penche sur le traitement.
La cinquième question concernait le fait d'établir l'âge limite à 18 ans. Je suis la mère d'une fille de 18 ans, ainsi que de deux autres enfants, âgés de 13 ans et de 9 ans. Plus tôt cette semaine, j'ai eu l'occasion de retourner à Whitby pour aider ma fille à se préparer pour son bal. C'était un grand moment, et je félicite tous les finissants d'un bout à l'autre du pays, notamment les étudiants d'All Saints à Whitby qui sont allés au bal avec ma fille. De plus, cette fin de semaine, ce sera la foire printanière de Brooklin. Même si, comme bien d'autres personnes, je serai à la foire avec ma famille pendant le jour, bon nombre de jeunes s'y rendent le soir. Le message que je transmets à ma fille et à tous les jeunes gens est de ne pas consommer de drogues.
Je le dis parce que, actuellement, les drogues ne sont pas testées ni réglementées; elles ont donc le potentiel d'être dangereuses. Ce serait naïf de penser que si nous disons à nos enfants de ne pas consommer de drogue, qu'ils n'en consommeraient pas, car nous savons qu'au Canada, un grand pourcentage des jeunes de 18 ans à 24 ans consomment du cannabis. En fait, 30 % de la population le fait. Il faut comprendre que lorsqu'on parle de personnes de 18 ans ou plus qui consomment du cannabis, on parle de personnes qui ont atteint l'âge de la maturité. Elles ont le droit de vote. Elles peuvent s'enrôler. Dans quelques mois, ma fille va prendre l'avion pour aller étudier en Angleterre, et elle y vivra seule. Ces jeunes gens sont capables de faire des choix.
Nous n'encourageons pas l'utilisation du cannabis; nous disons que les adultes bien informés ont la capacité de prendre leurs propres décisions.
La sixième question portait sur la collecte de données et la surveillance. Nous avons appris de l'expérience du Colorado qu'il faut recueillir de bonnes données de référence. Le projet de loi autorisera la mise en place d'un système de suivi du cannabis. La ministre a parlé de sondages. Il y aura donc un investissement dans ce genre de recherche.
En dernier lieu, qu'avons-nous appris d'autres administrations? D'abord, qu'il faut adopter une approche fondée sur la santé et non sur l'aspect commercial du cannabis. Nous avons envisagé des mesures pour restreindre l'accès des jeunes à la publicité sur le cannabis. On a vu il y a quelques jours une jeune fille à Fredericton qui buvait un liquide pour le vapotage. Ce liquide était présenté dans un emballage couvert d'arcs-en-ciel. Le projet de loi interdira ce genre de chose. Notre approche, qui est axée sur la santé, vise à réduire les dommages pour la santé et la société.
En tant que parent, j'appuie sans réserve cette mesure législative et je remercie le secrétaire parlementaire, la et la de l'avoir présentée.
:
Monsieur le Président, je suis très heureux d'appuyer le projet de loi . Je veux expliquer que les objectifs de cette Loi sont de mettre en place un système national qui protège mieux les jeunes Canadiens, évite que les criminels et le crime organisé tirent des profits du commerce de cette drogue, et donne aux adultes responsables un accès contrôlé au cannabis rigoureusement réglementé.
Avant de poursuivre, je veux expliquer quelques solutions qui ont déjà été proposées. Il y a eu le statu quo, qui, nous le savons, n'est pas efficace; l'approche de Peter MacKay, dans laquelle ce dernier proposait de donner des amendes aux personnes prises en possession de marijuana — approche qui lui a valu d'être réprimandé par le premier ministre Stephen Harper pour avoir exprimé cette idée en public; ou une approche axée sur un plan d'action économique à grand renfort de publicités, dont les avantages pour la société sont minimes.
Nous choisissons une approche différente. La principale fonction du projet de loi est de protéger les jeunes et la santé publique en limitant la publicité et la promotion du cannabis.
[Français]
Notre gouvernement sait que la consommation de cannabis comporte des risques très réels pour la santé. Les données scientifiques ne trompent pas: ces risques augmentent beaucoup si la consommation de cannabis a commencé au début de l'adolescence. Par exemple, les recherches montrent que le cerveau n'est pas entièrement développé avant l'âge de 25 ans environ. Les jeunes sont particulièrement vulnérables aux effets du cannabis sur le développement du cerveau et les fonctions cérébrales. Le THC affecte les mécanismes biologiques du cerveau qui permettent le développement de ce dernier.
[Traduction]
Les jeunes Canadiens affichent l'un des plus haut taux de consommation de cannabis du monde. En 2015, 21 % des jeunes de 15 à 19 ans ont admis avoir consommé du cannabis au cours de l'année précédente. Étant donné le haut taux de consommation de cannabis observé de nos jours parmi les jeunes Canadiens, la protection des jeunes et la réduction des méfaits sont des objectifs d'une importance capitale pour le gouvernement, tout comme celui de garder les profits hors de la portée des criminels et du crime organisé. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles le gouvernement s'est engagé à légaliser, à réglementer de façon rigoureuse et à restreindre l'accès au cannabis en collaboration avec les provinces et les territoires dans le but de garder le cannabis hors de la portée des jeunes Canadiens.
[Français]
Je voudrais souligner qu'il est souvent plus facile pour un jeune de se procurer du cannabis que de s'acheter des cigarettes. Je m'en souviens très bien car il n'y a pas si longtemps, j'étais aussi jeune que cela. Nous croyons que la présentation d'un cadre réglementaire rigoureux qui repose sur les leçons que nous avons retenues de la réglementation du tabac et de l'alcool nous permettra d'obtenir un meilleur résultat, notamment en ce qui concerne nos enfants.
[Traduction]
À cet égard, le cadre fédéral de réglementation de la publicité sur le tabac offre un bon modèle à appliquer au cannabis. En effet, la Loi sur le tabac fournit un cadre exhaustif qui impose des limites raisonnables aux activités publicitaires et promotionnelles afin de protéger les jeunes de manière à ce qu'ils soient beaucoup moins tentés de consommer du tabac.
Les restrictions prévues dans le projet de loi à l'égard de la publicité et de la promotion sont semblables à celles qui existent pour le tabac dans la mesure où on interdit les activités de promotion, sauf dans certaines circonstances. Il faut admettre que la publicité et la promotion des produits de consommation est un outil précieux qui permet à l'industrie de stimuler la demande pour ses produits et d'accroître ses revenus. Nous avons la responsabilité de mettre en place des mesures de contrôle raisonnables à l'égard de ces activités afin d'atteindre d'importants objectifs de politique publique, dont la protection de la santé du bien-être des jeunes.
Je crois fermement que les restrictions prévues dans le projet de loi à l'égard de la promotion contribuent à une approche équilibrée. Avec ces mesures, on pourra éviter que les jeunes soient encouragés ou incités à consommer du cannabis tout en fournissant aux adultes responsables des renseignements factuels afin qu'ils puissent prendre des décisions éclairées sur le cannabis qu'ils souhaitent acheter et consommer.
[Français]
L'approche de notre gouvernement visant à limiter les activités promotionnelles a été mise au point en réponse au rayonnement et à l'incidence de la publicité sur la population générale. On sait que la publicité exerce une influence sur le choix et sur les comportements des consommateurs. Une recherche dans le domaine de la santé publique a permis de confirmer que la publicité peut avoir une incidence significative sur l'attrait, l'acceptation sociale, la normalisation d'un produit en particulier et, du même coup, sur la fréquence de son utilisation, notamment chez les jeunes.
On a également démontré que la promotion peut avoir un effet d'entraînement lorsque les jeunes sont exposés à des publicités destinées d'abord aux adultes.
[Traduction]
Il a en outre été établi que certaines interventions, comme la restriction partielle des activités promotionnelles et les campagnes d'information publique, ne sont pas toujours efficaces, surtout lorsqu'elles doivent affronter les campagnes de marketing et de publicité de l'industrie. C'est dans cette optique, et pour éviter que les jeunes autant que les adultes ne soient tentés ou persuadés d'essayer le cannabis, que le gouvernement a inclus une série de restrictions dans le projet de loi concernant la promotion du cannabis.
Si elles s'adressent à des adultes, les entreprises pourront quand même fournir de l'information factuelle sur les produits qu'elles offrent afin que leurs clients puissent faire des choix en toute connaissance de cause. Elles pourront également diffuser de l'information dans le but de se démarquer — elles-mêmes ainsi que leurs produits — des autres entreprises faisant aussi le commerce légal du cannabis.
[Français]
La prévention et la réduction des incitations à la consommation de cannabis à l'endroit de jeunes et d'autres est un objectif de santé publique qui tient à coeur à notre gouvernement. Cet objectif est expressément énoncé dans l'article portant sur l'objet du projet de loi et est confirmé par l'imposition de sanctions sévères à l'endroit de ceux qui enfreignent la loi, y compris ceux qui font la publicité du cannabis auprès des jeunes.
[Traduction]
Voici quelques-unes des mesures clés du projet de loi qui aideront le gouvernement à empêcher les jeunes de consommer du cannabis et à éviter qu'on ne les incite à en consommer. Le projet de loi C-45 interdira toute forme de promotion du cannabis susceptible de plaire aux jeunes. Les produits du cannabis ne pourront donc pas arborer d'images de personnages de dessins animés, d'animaux ou de célébrités. Les fameux témoignages et attestations, qui sont si populaires de nos jours sur les médias sociaux, seront aussi interdits, tout comme les commandites. Le projet de loi interdira en outre les éléments de marque susceptibles de plaire aux jeunes, comme les planches à roulettes et les boîtes à lunch.
Il sera également interdit d'associer le cannabis à une façon de vivre — en laissant par exemple entendre que les personnes qui en consomment mènent une vie prestigieuse, active ou excitante. Les publicités ne pourront par exemple pas associer le cannabis aux sports ou aux exploits téméraires. Ce n'est donc pas demain la veille qu'on verra une publicité de cannabis associée à une course Crashed Ice.
Le projet de loi interdira enfin la promotion fausse, trompeuse ou pouvant donner une fausse impression. Il s'agit d'un point important parce qu'on ne veut pas induire les gens en erreurs quant à certains éléments clés, comme la puissance d'un produit ou ses effets sur la santé.
[Français]
Les mesures proposées sont conformes à l'avis du groupe de travail de spécialistes que notre gouvernement a mis sur pied l'an dernier. Dans leurs commentaires, une majorité écrasante de parties prenantes recommandait vivement au gouvernement d'imposer des restrictions raisonnables aux activités de promotion, et ce, dans une perspective de santé publique. En privilégiant une approche axée sur la santé publique, notre gouvernement prend acte de cette recommandations.
Ces mesures sont nécessaires pour protéger nos jeunes et d'autres des incitations à consommer du cannabis ou des tentations d'en consommer. Elles s'avéreront d'autant plus importantes compte tenu des risques pour la santé associés à la consommation du cannabis qui, comme nous le savons, sont plus élevés pour les jeunes Canadiens et Canadiennes.
[Traduction]
Je suis ravi de dire que les mesures législatives proposées dans le projet de loi seront appuyées par des investissements et des efforts en vue d'accroître l'éducation et la sensibilisation en matière de santé publique propre au cannabis qui cibleront les jeunes Canadiens et d'autres groupes. Le gouvernement promet des activités soutenues d'éducation et de sensibilisation du public dès le début. Comme nous le savons, dans le budget de 2017, le gouvernement s'est engagé à consacrer 9,6 millions de dollars en cinq ans à une campagne d'éducation et de sensibilisation du public ainsi qu'à des activités de surveillance. J'estime que ceci est vital pour accroître la sensibilisation aux risques associés à la consommation de cannabis et leur compréhension ainsi que pour faire valoir la consommation responsable.
Comme je l'ai déjà mentionné, le projet de loi établit un juste équilibre en permettant à l'industrie de faire la promotion de ses produits et de ses marques d'une manière appropriée et contrôlée. Par exemple, il permettrait la promotion informative à l'intention des adultes. Ce genre de promotion comprendrait des faits et des renseignements exacts au sujet des produits du cannabis, tels que le prix, les niveaux de THC, les ingrédients et l'utilisation de pesticides. Le projet de loi autoriserait également la promotion de marque, c'est-à-dire dans le but de distinguer les différentes marques. Celle-ci comprendrait des renseignements sur les caractéristiques d'une marque de cannabis.
Ce genre de promotion serait autorisée dans les lieux où elle ne peut être vue par aucune personne âgée de moins de 18 ans. Cela comprend les endroits auxquels les jeunes ne peuvent accéder légalement ou les sites Web dotés d'un outil approprié vérifiant l'âge de l'internaute. En ce qui a trait à l'emballage et à l'étiquetage du cannabis, la loi sur le cannabis cherche également à protéger les jeunes et les Canadiens. Parmi les restrictions figureraient des mesures pour interdire tout emballage attrayant pour les enfants ainsi que l'utilisation de renseignements faux ou induisant en erreur.
Je suis convaincu que l'approche proposée pour la publicité et la promotion du cannabis offre le meilleur équilibre possible, protégeant les jeunes et la santé publique tout en permettant aux adultes de prendre des décisions éclairées.
:
Monsieur le Président, le gouvernement a récemment présenté le projet de loi , qui a pour objet de légaliser l'accès au cannabis pour usage récréatif et d'en contrôler et d'en réglementer la production, la distribution et la vente.
Les libéraux ont dit officiellement qu'ils espèrent que le projet de loi recevra la sanction royale avant juillet 2018. Selon de nombreuses études, la marijuana est une des drogues dont on abuse le plus dans le monde. L'intention des libéraux de la légaliser a une incidence considérable sur les gouvernements, les entreprises et les particuliers.
Le 1er août 2016, dans un article d'opinion, Richard Berman du Washington Times a écrit ceci:
Les partisans comme la Drug Policy Alliance soutiennent que la légalisation devrait se faire de manière partielle, pour des motifs liés à la « santé ». Le Marijuana Policy Project estime que le pot est « inoffensif ». D'autres disent qu'il est « sans risque » et même « bon pour la santé ». Presque tous les partisans semblent en nier ou en minimiser les risques. La culture populaire vient appuyer ce point de vue en présentant généralement la consommation de pot comme une activité sans risque. La grande entreprise, qui espère en tirer de belles rentrées de fonds, est tout à fait heureuse de propager cette impression.
Voici ce qui cloche dans tout cela: ce point de vue ne concorde pas avec les études médicales. En fait, dans le milieu scientifique, il y a consensus sur le fait que la marijuana a de graves répercussions sur la santé — même chez les personnes qui n'en consomment que de temps en temps.
Si la consommation de marijuana est de plus en plus acceptée dans la société, il importe de comprendre ce que l’on sait de ses effets nocifs sur la santé et de ses répercussions sociales. Les parlementaires en particulier, auxquels on a confié la santé et le bien-être des Canadiens, ne devraient pas négliger ces risques.
La consommation de marijuana à des fins récréatives est très différente de celle qui est prescrite à des fins médicales. Dans le premier cas, le but est d’altérer les sensations grâce un état d’euphorie. Dans la marijuana, le THC est le principal produit psychoactif à la source des effets intoxicants que recherchent les consommateurs.
Selon un document publié en avril 2017 par le National Institute on Drug Abuse — il s’agit d’une lettre sur la toxicomanie adressée au directeur —:
Lorsque l’on fume de la marijuana, le THC et les autres produits chimiques présents dans la plante passent des poumons dans le sang, qui les transmet rapidement au cerveau. Les effets se font sentir presque immédiatement.
Lorsque le cannabis est consommé dans des aliments ou des boissons, ses effets sont quelque peu retardés — de 30 minutes à une heure habituellement — parce que la drogue doit d’abord passer par le système digestif. En raison de cette réaction à retardement, on peut par inadvertance consommer plus de THC qu’on en avait l’intention.
Le THC stimule les neurones qui libèrent la dopamine à des niveaux supérieurs à ceux que l’on aurait normalement. C’est cet état d’euphorie engendrée artificiellement que recherchent les consommateurs.
La fiche technique sur la marijuana de l'American Society of Addiction Medicine indique que les expériences agréables liées à la consommation de cannabis ne sont en aucun cas universelles:
Au lieu de se sentir calmes et euphoriques, certaines personnes qui consomment de la marijuana peuvent éprouver de l'anxiété, de la peur, de la méfiance et de la panique [en raison de leur âge, de leur exposition préalable et du niveau de toxicité] Les personnes qui ont consommé d'importantes doses de cannabis peuvent également souffrir d'une psychose aiguë, qui peut comprendre des hallucinations, du délire et de la difficulté à percevoir sa propre identité.
Dans son rapport du 1er août 2016, Richard Bermen, rédacteur pour le Washington Times, poursuit en disant ceci:
Selon des recherches publiées dans le journal médical des travaux de la National Academy of Sciences, « une personne qui consomme régulièrement de la marijuana a, en moyenne, moins de matière grise dans son cortex orbitofrontal. »
Une autre étude révèle que l'hippocampe, la partie du cerveau responsable de la mémoire à long terme, a une forme anormale chez les personnes qui consomment de la marijuana quotidiennement [...] Des études démontrent que même la consommation occasionnelle de marijuana provoque des anomalies dans la densité, le volume et la forme du cerveau.
Il conclut son argument en disant ceci:
Je ne veux pas être associé aux annonces alarmistes telles que « Voici votre cerveau; Voici votre cerveau sous l'influence de drogues » qui ont été diffusées au cours du dernier siècle, mais leur message sous-jacent était essentiellement exact.
Le 21 janvier 2014, John Hawkins, chroniqueur pour Townhall, a dit ceci:
Une récente étude publiée par l'Université Northwestern a révélé que les personnes qui consomment de la marijuana ont une structure cervicale anormale et des troubles de mémoire, et que l'usage chronique de marijuana peut entraîner des changements au cerveau qui s'apparentent à la schizophrénie. L'étude rapporte également que plus une personne commence à consommer de la marijuana tôt, plus les effets deviennent graves.
Il a été démontré fois après fois que la marijuana déformait les perceptions et qu'elle affectait la mémoire à court terme et le jugement. Une fois la consommation étendue au contexte plus large de l'usage récréatif, il y aura des incidences futures importantes sur les jeunes, sur l'industrie et sur les institutions gouvernementales, et cela ne pourrait être que le début de nos problèmes.
En plus des problèmes soulevés dans toutes les études sur la santé mentale citées plus tôt, il ne faut pas oublier les problèmes physiques, notamment quant à la santé pulmonaire. Le National Institute on Drug Abuse affirme que, en raison de la façon dont se fume habituellement la marijuana, soit en prenant de plus grandes bouffées et en retenant son souffle, sa consommation provoque le dépôt de quatre fois plus de goudron que celle de la cigarette. Attention, je ne dis pas que fumer la cigarette est une meilleure idée. En outre, l'Institut ajoute que les gens qui fument régulièrement de la marijuana se rendent plus souvent en consultation externe pour des problèmes respiratoires que ceux qui ne fument pas. Voici ce qu'affirme l'Institut:
Comme la fumée du tabac, la fumée de la marijuana est un irritant pour la gorge et pour les poumons et elle peut provoquer une toux importante au moment de la consommation. Elle contient également des niveaux de composés volatils et de goudron comparables à ceux de la fumée de tabac, ce qui cause des inquiétudes quant aux risques de cancer et de maladies pulmonaires.
La consommation de marijuana est associée à une inflammation des grandes voies respiratoires, à des résistances aériennes accrues et à l'hyperinflation des poumons. Ceux qui fument régulièrement de la marijuana présentent davantage de symptômes de bronchite chronique que ceux qui ne fument pas [...]
La fumée de marijuana contient des produits de combustion cancérigènes, y compris environ 50 % plus de benzopyrène et 75 % plus de benzanthracène [...] que la fumée de cigarette.
Bref, fumer du cannabis est très nuisible à la santé physique. C'est encore plus toxique que la cigarette et les dommages se font sentir beaucoup plus tôt. Outre les problèmes de santé pulmonaire, il y a aussi les dangers liés à l'ingestion et à la fumée secondaire. Voici un exemple. Nous sommes tous au courant des terribles répercussions du syndrome d'alcoolisation foetale et de ses ravages dans la société. La consommation de marijuana durant et après la grossesse suscite des inquiétudes à cet égard. Une étude du département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis, publiée le 11 décembre 2013, indique que:
la consommation de tabac, de marijuana, d'analgésiques d'ordonnance ou de drogues durant la grossesse doublerait ou même triplerait le risque de mortinaissance, selon une étude financée par les instituts nationaux de la santé des États-Unis.
Dans le dernier discours, on a soulevé quelques préoccupations liées à la santé et parlé de l'emballage, y compris ce qu'on y présenterait à l'intention des consommateurs adultes. On n'a pas précisé si l'emballage évoquerait l'un quelconque des problèmes de santé mentionnés ici aujourd'hui. La fiche d'information publiée par l'American Society of Addiction Medicine indique deux faits alarmants dont les parlementaires doivent prendre bonne note:
Une exposition au THC pourrait nuire au développement du cerveau très tôt dans la vie. La recherche sur les rats laisse entendre que l'exposition au THC, même à faibles concentrations, en fin de grossesse pourrait avoir des conséquences graves et à long terme sur le développement du cerveau et le comportement de l'enfant.
Des données tirées d'études réalisées sur des sujets humains indiquent que les femmes enceintes qui consomment de la marijuana accouchent de bébés qui ont une réaction différente aux stimulus visuels, qui tremblent davantage et qui ont des cris aigus, ce qui suggère la présence de problèmes de développement neurologique.
Même si des lois seront promulguées sur les restrictions concernant l'âge légal pour consommer la drogue, personne n'est assez naïf aujourd'hui pour penser que, avec une accessibilité accrue, les jeunes et ceux qui n'ont pas l'âge légal ne pourront pas s'en procurer. Une étude d'avril 2017 du National Institute on Drug Abuse a soulevé une inquiétude supplémentaire au sujet des risques associés à la consommation de la drogue pour les jeunes:
De nombreuses données probantes laissent entendre que les étudiants qui fument de la marijuana ont des résultats scolaires inférieurs à ceux de leurs pairs non-fumeurs. Par exemple, un examen de 48 études pertinentes a conclu que l'utilisation de la marijuana est associée à une scolarisation réduite [...] Une analyse récente s'appuyant sur les données de trois grandes études en Australie et en Nouvelle-Zélande a découvert que les adolescents qui consomment de la marijuana régulièrement étaient beaucoup moins susceptibles de terminer leurs études secondaires ou de décrocher un diplôme que leurs pairs qui ne consomment pas. Ils avaient également des risques beaucoup plus élevés de développer une dépendance, de consommer d'autres drogues ou de tenter de se suicider.
Compte tenu de ces révélations, il est profondément préoccupant que mes collègues libéraux souhaitent absolument légaliser cette drogue d'ici juillet 2018.
Aux besoins de qui répond-on vraiment? Comme le dit plus loin le chroniqueur du journal Townhall, John Hawkins:
Dans les films, les fumeurs de marijuana passent pour des gens inoffensifs qui aiment s'amuser et qui passent leur temps à rigoler et à manger des Cheetos. On ne voit pas quand ils échouent à l'école, quand ils perdent leur emploi, quand ils sont frustrés parce qu'ils n'arrivent pas à se concentrer ou quand ils perdent l'amour de leur vie en raison [de leur dépendance].
Une rédactrice du Denver Post, Joanne Davidson, a écrit un article paru le 19 septembre 2014 dans lequel elle cite le Dr Drew Pinsky. En voici un extrait:
« Qu'on ne s'y trompe pas », a affirmé le spécialiste de la toxicomanie, Drew Pinsky, « la marijuana crée une dépendance. Plus on la consomme tôt dans la vie, plus les conséquences sont graves. Elle agit comme un opiacé », a-t-il ajouté lors d'une visite au Colorado cette semaine. « Elle attaque la matière blanche du cerveau. Généralement, les enfants qui commencent à consommer de la marijuana à 12 ans ou même plus jeune ne s'en remettent pas. »
Avons-nous vraiment envie d'avoir à gérer cela en plus?
Tout le monde sait que la marijuana est bien plus puissante aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a 20 ou 40 ans. Il n'y a pas que les établissements de santé et les institutions pour jeunes qui tirent la sonnette d'alarme quant à la légalisation, l'industrie aussi le fait.
Comme l'écrit Tim Bradley dans un article paru en octobre 2016, intitulé « No, We Should Not Legalize Recreational Marijuana Use »:
Certains soutiennent que la consommation de marijuana n'est qu'un vice privé — s'ils considèrent même cela comme un vice — qui a très peu d'effets sur autrui. Mais [...] les vices effectués en privé peuvent toutefois mettre en péril des intérêts publics importants lorsque le nombre de personnes qui s'adonnent à ceux-ci commence à se multipler.
Personne ne fume un joint dans l'espoir de ne pas en ressentir les effets. Personne ne dit jamais à un vendeur « Je veux de la marijuana, mais pas assez pour ressentir quoi que ce soit. » Même les gens qui ne souhaitent qu'essayer la marijuana par curiosité cherchent à en ressentir les effets.
La légalisation de cette drogue entraînera une hausse de la consommation chez les travailleurs, et cela aura des conséquences et des coûts imprévus pour le reste de la population en augmentant les risques de blessures ou d'accidents.
En avril 2017, le National Institute on Drug Abuse a déclaré:
Une étude effectuée auprès des employés des postes a révélé que les employés qui ont obtenu un résultat positif au test urinaire de dépistage de marijuana effectué avant leur embauche étaient impliqués dans 55 % plus d'accidents de travail, subissaient 85 % plus de blessures et avaient un taux d'absence 75 % plus élevé que les employés chez lesquels aucune consommation de marijuana n'avait été détectée.
Le 17 février 2017, sur les ondes de CBC Radio One Terre-Neuve-et-Labrador, Stephanie Kinsella a interviewé Dan Demers, gestionnaire des opérations en matière de santé au travail chez CannAmm Occupational Testing Services. On sait que des traces détectables de THC restent dans l'organisme pendant des jours, voire des semaines après la consommation. M. Demers a déclaré:
On ne peut mélanger la marijuana et les activités dangereuses, les fonctions où la sécurité est importante. Le problème, c'est que la consommation de la veille au soir a un effet sur le rendement le lendemain matin [...] la marijuana consommée la veille peut nuire au délai de réaction et à la perception de la profondeur d'une personne le lendemain. Si la personne travaille à partir de hauteurs dans l'industrie de la construction, la réduction de sa sensibilité à ce qui l'entoure peut être dangereuse. Par exemple, elle risque de ne pas se rendre compte du changement d'expression faciale d'une personne située à côté d'elle indiquant que quelque chose est en train de tomber, car la marijuana gêne pendant plus de 12 heures la partie du cerveau chargée de reconnaître les expressions faciales [...]
Il sera beaucoup plus facile d'accéder à la marijuana et il y aura moins de tabous culturels associés à sa consommation [...]
C'est ce qui va se produire.
[...] avec pour conséquence que nous allons observer une augmentation des cas de conduite avec facultés affaiblies par la drogue sur les routes et de travailleurs aux facultés affaiblies par la drogue sur les lieux de travail [...] ce qui ne sera pas sans conséquence.
M. Demers a raison. Selon un reportage de CBC News en date du 10 mai 2017, la police de Saskatoon aurait émis, en l'espace de deux heures, pour plus de 18 000 $ en contraventions pour excès de vitesse à 50 conducteurs dans des zones de construction. Cela fait bien des vies de travailleurs déjà en danger sans raison. Qu'en sera-t-il une fois que les facultés affaiblies par la marijuana viendront s'ajouter à l'équation?
Des préoccupations semblables ont été soulevées par les parties intéressées de l'industrie que j'ai consultées dans ma circonscription. Comme le fait remarquer Dean Beeby, journaliste principal du bureau parlementaire de la CBC, dans un article daté du 15 mars 2017:
« À la suite de la légalisation de la marijuana, de plus en plus d'employés défoncés se présenteront sur les lieux de travail au Canada, mais les entreprises ont peu d'outils pour composer avec les risques potentiels pour la sécurité [...] Nous sommes possiblement devant une impasse: comment protéger l'employé et les personnes autour de lui tout en composant avec la légalisation de la marijuana? », a déclaré Cameron MacGillivray, président d'Enform, un groupe de promotion en matière de sécurité pétrolière et gazière de Calgary. « Il s'agit d'une question urgente pour l'industrie en raison des [...] répercussions catastrophiques que peuvent causer les capacités affaiblies d'une personne qui accomplit un travail délicat dans le domaine de la sécurité. » Le gouvernement libéral est censé présenter une mesure législative d'ici l'été pour légaliser la consommation de marijuana à des fins récréatives, alors que la détection et la mesure de l'affaiblissement des capacités ne sont pas encore au point.
Ce qui est encore plus troublant, c'est la récente publication dans le Globe and Mail, en date du 17 avril 2017, d'un article de Robert Weir et d'Adam Pennell, qui porte sur les conséquences pour les employeurs de la légalisation de la marijuana au Canada. On peut y lire:
Entretemps, les employeurs canadiens se demandent comment réagir à l'évolution du paysage juridique. L'incertitude s'étend aussi, dans une moindre mesure, au système judiciaire canadien. Incidemment, le 3 avril 2017, un juge de la Cour supérieure de l'Ontario a refusé d'accorder l'injonction pour invalider une politique de dépistage aléatoire de drogue que réclamait le syndicat représentant les employés de la Commission de transport de Toronto.
Pensons-y. Après la légalisation, les lois actuelles de protection des employés feront-elles l'objet de contestations? Il est alarmant de penser que les lois sur la sécurité sont déjà en train d'être remises en question et contestées. Même si les consommateurs de marijuana seront assujettis à des règles qui ressemblent à celles qui s'appliquent aux consommateurs d'alcool, la propension du THC à demeurer dans l'organisme et à affaiblir le jugement longtemps après sa consommation entre encore en jeu.
L'article se poursuit ainsi:
[...] l'article 25 de la Loi sur la santé et la sécurité au travail de l'Ontario exige que les employeurs prennent toutes les précautions raisonnables dans les circonstances pour assurer la protection du travailleur. Les postes importants sur le plan de la sécurité, comme ceux qui comportent l'opération de machinerie lourde, peuvent comprendre des tâches essentielles ou des exigences qui posent des problèmes de sécurité lorsque les mesures d'adaptation proposées prévoient la consommation de marijuana.
À l'heure actuelle, les taux d'indemnisation liés au temps perdu à la suite d'accidents de travail sont en baisse en Saskatchewan. Quel sera l'effet négatif de la légalisation de la marijuana sur des statistiques encourageantes, tant sur le plan des personnes qu'au chapitre de l'économie? Il faut penser au temps et aux coûts supplémentaires que les petites et grandes entreprises devront prévoir pour dépister l'intoxication à la marijuana dans les lieux de travail. Il faut aussi penser aux répercussions éventuelles sur la sécurité des travailleurs, notamment dans le secteur des sables bitumineux de l'Alberta et l'industrie de la potasse en Saskatchewan. Ces secteurs ont besoin de milliers d'opérateurs tous les jours pour faire fonctionner certaines des plus grosses pièces d'équipement au monde. Je frissonne à l'idée que le gouvernement libéral s'apprête avec insouciance à imposer un fardeau additionnel aux industries, simplement pour remplir une promesse électorale mal conçue et destinée à recueillir les votes d'un groupe d'intérêt spécial. Est-ce la priorité du gouvernement libéral? Cette promesse vaut-elle que l'on compromette la santé et la sécurité des Canadiens, alors que les routes et les lieux de travail seront touchés par des maladies, des dépendances, des blessures et des décès?
Lors de la dernière campagne électorale, deux jeunes élèves du secondaire m'ont arrêtée dans la rue pour me demander si j'appuyais le type qui souhaitait légaliser la marijuana. Je leur ai répondu: « Non, certainement pas. » Ils m'ont alors dit: « Tant mieux. On ne veut pas de cela dans notre ville. »
Dans chacune des écoles que j'ai visitées depuis que j'ai été élue députée de Yorkton—Melville, les élèves m'ont toujours demandé pourquoi le gouvernement souhaite légaliser la marijuana. Ces jeunes sont préoccupés parce qu'ils savent que cette décision va accroître l'accès à la marijuana, son utilisation et ses répercussions négatives sur leur génération. Je partage leurs inquiétudes au sujet du gouvernement actuel, et, en leur nom, je tiens à signaler qu'il est rafraîchissant de prendre connaissance de leur bon sens et de leurs craintes à l'égard de cette question et que le gouvernement devrait en tenir compte.
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Monsieur le Président, je prends la parole pour appuyer le projet de loi , non pas par idéologie ou par présomption, mais parce qu'il s'agit d'un projet de loi fondé sur des données probantes. Si on étudie ce qui se passe dans des pays de l'Europe et d'ailleurs et si on se fie aux données, on constate que la consommation diminue dans les endroits où la marijuana a été décriminalisée ou légalisée.
Le projet de loi est extrêmement important. La police ne passe pas son temps à arrêter des gens qui fument un joint en public. Elle axe ses efforts sur le crime organisé et les individus qui vendent de l'héroïne dans la rue.
Pourquoi le projet de loi est-il important? Selon une étude menée en 2015 par l'UNICEF, le Canada est le pays où on compte le plus grand nombre de jeunes qui ont accès au cannabis et en consomment. En revanche, la même étude indique que le Canada a le nombre le plus faible de jeunes qui ont accès à des cigarettes et en consomment.
Quelle est la différence entre le cannabis et la cigarette? La cigarette est légale, tout comme l'alcool. Qu'ont en commun les cigarettes, l'alcool et le cannabis? Il s'agit de substances psychotropes, qui agissent sur le comportement et ont une incidence sur beaucoup d'activités. Le tabac est la seule qui, lorsque consommée exactement tel qu'indiqué, cause la maladie et la mort. Cette substance est pourtant légale et vendue au pays. Or, le Canada a su réduire la consommation de cigarettes au niveau le plus bas parmi les pays de l'OCDE, grâce à des restrictions par rapport à l'emballage et des mesures pour interdire la vente aux moins de 18 ans.
C'est ce que nous essayons de faire, parce que, quand des jeunes vivent dans le pays où l'accès au cannabis est le plus facile de tout l'OCDE, on peut être sûr d'une chose, c'est qu'ils vont s'en procurer. Même si c'est illégal, ils s'adressent aux revendeurs de rue et aux autres consommateurs, deux groupes sur lesquels nous n'avons aucune emprise. Nous ne voulons pas que les gens n'aient d'autre choix que de s'adresser à des revendeurs de rue pour se procurer une substance qui a des effets sur la santé des jeunes. L'ancien gouvernement aurait pu régler le problème des opioïdes, mais il n'en a rien fait, et aujourd'hui, les revendeurs les coupent avec du fentanyl et du carfentanil. Le contrôle de la qualité est le cadet de leurs soucis et ils se fichent bien de la puissance du produit qu'ils refilent à leurs clients. Rien de tout cela leur importe. Tout ce qu'ils veulent, c'est vendre leur produit et tant pis si quelqu'un meurt au bout du compte.
Nous voulons empêcher les jeunes de consommer cette drogue. Pourquoi les jeunes plus que les autres? Si nous légalisons et réglementons le cannabis, c'est parce que nous savons que le lobe frontal des jeunes n'est pas entièrement développé et que cette drogue a des effets sur le comportement cognitif, donc sur le développement du lobe frontal. Nous ne voulons pas qu'ils puissent consommer du cannabis.
Revenons aux trois substances psychotropes, dont deux sont actuellement autorisées par la loi. Des restrictions encadrent la vente d'alcool, et des restrictions encadrent la vente de tabac. Nous savons que le tabagisme est à l'origine de maladies et de décès. À ce que je sache, le tabac n'a aucune vertu médicinale particulière, pour personne. Il n'y a aucun avantage à consommer du tabac, que des effets secondaires.
Passons à l'alcool. Certains font valoir qu'un verre de vin rouge par jour est bénéfique. C'est possible. L'alcool a certaines vertus médicinales, sauf qu'il a également des effets néfastes. Selon l'organisme Les mères contre l'alcool au volant, la majorité des accidents de la route au Canada sont le fait de chauffards ivres. Il a fallu légaliser l'alcool afin que les jeunes n'y aient plus accès, surveiller qui en boit, définir des normes très précises quant à l'alcoolémie à ne pas dépasser lorsque l'on prend le volant, et ainsi de suite.
Le cannabis a bel et bien des vertus médicinales. On s'en sert pour soulager la douleur et les symptômes de certaines maladies chroniques, mais aussi pour apaiser l'anxiété. L'huile de cannabis est par ailleurs utile aux personnes épileptiques. Il y a donc des vertus médicinales, mais, comme toujours, les effets bénéfiques s'accompagnent également d'effets secondaires. Une chose est sûre, les effets secondaires affectent les jeunes plus que quiconque, alors nous ne voulons pas qu'ils aient accès au cannabis; nous appliquons donc la recette qui a si bien fonctionné pour l'alcool et le tabac afin que les jeunes ne puissent pas s'en procurer.
Pourquoi le Canada affiche-t-il le plus faible taux de tabagisme dans le monde? C'est parce que le tabac est légal et réglementé et que les jeunes ne peuvent pas en acheter. Quiconque en vend à des jeunes s'expose à des sanctions bien définies. Il y a des directives très précises. C'est écrit noir sur blanc. On parle d'amendes à hauteur de centaines de milliers de dollars.
C'est la raison pour laquelle le projet de loi est si important.
Le projet de loi détermine également qui sera autorisé à vendre du cannabis, comme dans le cas du tabac et de l'alcool. Tout vendeur non autorisé, comme un revendeur de rue, sera passible d'une peine d'emprisonnement de 14 ans, surtout s'il vend du cannabis à un jeune. Il s'agit d'une peine de 14 ans dans le cas d'une personne qui utilise un jeune pour vendre du cannabis dans la rue.
Nous pourrons surveiller la situation. Comme l'organisme MADD, nous pourrons sensibiliser la population à la consommation du cannabis et aux dangers qui y sont associés. Nous pourrons savoir qui achète du cannabis. Nous pourrons nous tenir au courant de la situation. Tout un éventail de sanctions s'appliquera aux individus qui vendront du cannabis à des jeunes qui n'ont pas l'âge minimal et aux vendeurs non autorisés.
Il est question ici d'information fondée sur des données probantes. Elle s'appuie sur des données d'autres pays pour examiner ce qui s'est passé ailleurs. Elle s'attarde à la vente d'alcool et de cigarettes au Canada et relève ce que nous n'avons pas fait. Nous ne faisons rien en ce moment. Cinquante et un pour cent des jeunes du pays consomment du cannabis, et la tendance est à la hausse. Peu importe les mesures actuelles, une chose est certaine: elles ne sont pas efficaces. Si nous avons le niveau le plus élevé — et je veux insister sur ce point — de jeunes qui consomment du cannabis ou qui y ont accès de toute l'OCDE, notre approche est un échec.
Faisons bien les choses. Étudions les données au Canada sur la vente de cigarettes et d'alcool. Examinons les études et les résultats en Europe. Nous pourrons alors affirmer que nous utilisons de l'information fondée sur des données probantes pour empêcher que les jeunes aient accès au cannabis, parce qu'ils sont particulièrement vulnérables à l'impact cognitif de cette drogue.
J'ai entendu des gens dire que nous avons présumé que cela arriverait. Nous avons réservé de l'argent dans le budget de 2017 pour une campagne de sensibilisation du public. Nous avons annoncé des investissements dans le budget de 2017 afin de disposer de l'argent nécessaire pour les outils requis. Nous allons former les policiers sur la façon d'évaluer le niveau d'affaiblissement des facultés d'une personne qui conduit après avoir consommé du cannabis.
En tant que médecin, je peux dire à la Chambre que je ne connais pas beaucoup de gens qui ont déjà été arrêtés au volant après avoir fumé du cannabis. Une personne doit fumer beaucoup de cannabis pour avoir les facultés affaiblies, et même à cela, il est plus probable qu'elle s'endorme dans sa voiture avant même de mettre le contact. Nous connaissons les effets du cannabis.
Nous devons aller de l'avant parce que c'est important. Nous devons empêcher que les enfants aient accès à une drogue qui nuit à leurs capacités cognitives alors que leurs lobes frontaux ne sont pas encore entièrement développés. Nous devons décider qui aura le droit de la vendre tout comme nous l'avons fait pour les autres drogues que j'ai mentionnées. Nous devons nous assurer que des sanctions claires existent pour gérer la consommation.
Tout cela est clair. Je ne vois pas sur quoi porte le débat. Il s'agit d'un enjeu facile à comprendre. Il y a un problème. Nous savons qu'il y a des façons qui existent de gérer le problème et que nous avons réussi à le faire pour les autres drogues que nous avons légalisées. C'est un fait accompli. C'est simple. Ce que l'on tente d'accomplir est simple. On essaie d'empêcher que les jeunes aient accès au cannabis. La seule façon de le faire, c'est de le légaliser et de le réglementer.
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Monsieur le Président, j'interviens de nouveau à la Chambre à propos du projet de loi , la Loi sur le cannabis. On aurait pu croire qu'il suffirait à un député d'intervenir une seule fois dans ce dossier, mais ce n'est pas le cas. Le projet de loi est défaillant. Je trouve renversant que la présente une mesure aussi mal ficelée et l'impose de force aux Canadiens.
J'ai assisté hier soir au débat sur le projet de loi , qui porte sur la conduite avec facultés affaiblies. Si le projet de loi rend les gens d'excellente humeur, je crois que le projet de loi aura l'effet contraire. Sa lecture a un effet plutôt déprimant.
Le et moi-même sommes tous deux d'anciens policiers. Nous comptons à peu près le même nombre d'années de service, lui à titre d'agent de police dans un milieu urbain, moi en tant qu'agent de la GRC en zone rurale. Les deux projets de loi des libéraux donnent sûrement du fil à retordre à mon collègue, j'en suis désolé. On ne devrait tout simplement pas rendre la marijuana légale au Canada. C'est carrément inacceptable. Les députés d'en face ne comprennent pas les enjeux.
Les libéraux auraient dû revenir sur leur décision à la lecture du rapport de 2016 sur la légalisation de la marijuana au Colorado, mais ils ne l'ont pas fait. Voici quelques statistiques claires. Nous en avons déjà entendu quelques-unes.
Les accidents mortels sur les routes ont augmenté de 62 % depuis 2013. Ces chiffres concernent des gens qui avaient consommé de la marijuana, je le précise.
La consommation de marijuana chez les jeunes a augmenté de 20 %, alors que la moyenne nationale a diminué de 4 %.
Les députés savent-ils que les jeunes du Colorado se classent au premier rang pour la consommation de marijuana dans l'ensemble des États-Unis? Si nous revenons à 2005-2006, ils se situaient au 14e rang. La sensibilisation a vraiment bien fonctionné.
Or, il ne faut pas rejeter la faute sur les jeunes. La consommation chez les adultes a augmenté de 17 % au Colorado depuis que l'État a adopté la mesure législative sur la légalisation, et elle n'a grimpé que de 2 % à l'échelle nationale.
De plus, les adultes du Colorado se classent au premier rang des consommateurs des États-Unis, mais, si nous revenons aux années que j'ai mentionnées pour les jeunes, soit 2005-2006, ils se classaient seulement au 8e rang. Ces chiffres m'effraient. Ils sont élevés.
Les députés savent-ils que la consommation chez les adultes du Colorado a augmenté de 63 % au cours des deux premières années qui ont suivi la légalisation de la marijuana dans cet État? C'est 42 % plus élevé que le reste des États-Unis.
Je me demande ce qui a fait planer ces chiffres. Ah oui, c'était peut-être la marijuana.
Les députés savaient-ils que l'État de Washington a des statistiques très similaires depuis qu'il a légalisé la marijuana?
Je l'ai dit auparavant et je le répète, j'ai passé 35 ans à observer la croissance de la consommation de la marijuana dans l'Ouest canadien, de ses débuts à ce qu'on voit aujourd'hui.
Peut-être qu'une histoire ou deux pourrait convaincre nos collègues libéraux d'en face. Nous connaissons tous la fumée secondaire. Elle est mauvaise. Je vais simplement présenter un scénario aux députés.
Un groupe de jeunes âgés de 18 ans sort pour une soirée dans une quelconque localité à environ 100 milles de leur ville. Billy est le conducteur. Il est le conducteur désigné parce que Billy ne boit pas, il ne consomme pas de marijuana et il ne consomme pas de drogues. Les amis avec lui dans la voiture sont Ralph, Jody, Jane et Justine. Les députés reconnaîtront peut-être certains de ces noms. Je les utilise seulement pour certaines raisons.
Tous ont passé la soirée à fêter en fumant une partie de leur portion de 30 grammes de marijuana. Ils ont continué de fumer pendant que Billy les reconduisait à la maison; ils avaient deux heures de route à faire pour rentrer chez eux. Cependant, à 15 minutes de leur destination, Billy a fait une fausse manoeuvre dans une courbe abrupte et il a perdu la maîtrise du véhicule, qui s'est ensuite renversé. Billy n'avait pas remarqué qu'il roulait à 150 kilomètres-heure. Personne n'est rentré vivant à la maison ce soir-là.
La plupart des gens pourraient croire que Billy ne voulait pas faire de mal, mais la fumée l'a sûrement désorienté. On ne s'est pas penché là-dessus. Le gouvernement n'en a pas parlé. Je suis désolé d'être aussi cynique et déprimant, mais c'est ce qui risque de se produire dans notre grand pays à cause de ce projet de loi.
J'ai entendu des gens dire que le projet de loi protégera les enfants contre le crime organisé. Or, si j'étais un narcotrafiquant, je veillerais à ce que tous ceux que j'emploie pour vendre de la drogue dans la rue aient moins de 17 ans et n'aient jamais plus de cinq grammes de cannabis sur eux. Je pourrais ainsi faire des affaires en toute quiétude. C'est ce qui est le plus aberrant. Le gouvernement n'a pas songé à cela.
Pendant que j'attendais de prendre la parole dans cette enceinte, j'ai lu un article sur un accident qui s'est produit au Colorado. Il semble étrange qu'une pareille chose soit arrivée là-bas. Un homme de 20 ans tournait à droite au feu rouge. Au même moment, une fille de huit ans traversait l'intersection avec son père. Le conducteur est passé sur la fille, qui est morte écrasée sous les roues droite et gauche de sa camionnette Ford F-250. Il ne s'est même pas aperçu de ce qu'il était en train de faire. C'est le père qui, en agitant les bras, a fini par l'arrêter. En arrivant sur les lieux, la police a fait subir au jeune un test semblable à celui dont le gouvernement nous parle, avec un appareil de détection prévu par la loi, quoique nous ne savons pas encore si cet appareil sera autorisé en fin de compte. Le gouvernement en parle. Nous ne savons pas comment l'appareil sera calibré ni ce que sera la limite légale de THC. Cependant, au Colorado, l'homme avait un taux de THC de 1,5, ce qui est inférieur à la limite prévue dans la loi de cet État. Or, l'homme a tout de même été inculpé de conduite avec facultés affaiblies parce qu'une fois arrivés sur les lieux, des spécialistes — qui sont une denrée rare au Canada — ont pu démontrer que ce jeune homme avait les facultés affaiblies par la drogue même si le taux mesuré était nettement inférieur à la limite légale.
Ce qui est choquant, dans tout cela, c'est que ce jeune homme de 20 ans pesait 195 livres et qu'il jouait dans une équipe universitaire de football. Il était dans la fleur de l'âge, pourtant ses facultés étaient tellement affaiblies, même s'il n'était qu'au tiers de la limite permise, qu'il ne s'est même pas aperçu qu'il était en train d'écraser une jeune fille.
Imaginez, monsieur le Président, si c'était vous et votre fille, et que le type conduisant le véhicule pesait 120 livres. Quel serait son taux sanguin, à lui?
J'ai comparu devant des tribunaux en Colombie-Britannique et présenté des témoignages à titre d'expert sur les effets de la consommation d'alcool. J'ai été éthyloscopiste pendant plus de 20 ans et je connais les effets de l'alcool sur une personne et comment ils se dissipent: plus le poids est faible plus l'effet est grand. Toutefois, je ne veux pas m'arrêter trop longtemps là-dessus.
Voyons une des plus récentes études effectuées dans l'État de Washington, qui dit:
Le pourcentage des conducteurs impliqués dans une collision mortelle qui avaient des traces de marijuana dans le sang a doublé depuis que la marijuana a été légalisée dans l'État de Washington...
Ce rapport vient tout juste d'être publié.
Les chercheurs ont également découvert que 70 % des conducteurs qui ont échoué les tests de sobriété et dont l'état a été attribué à la marijuana par les experts en reconnaissance de drogues avaient quand même un taux sanguin de THC inférieur à cinq nanogrammes, qui est la limite dans l'État de Washington.
Je suis désolé pour ce traitement de choc, mais je suis consterné de voir le manque de jugement des gens d'en face et de les voir présenter une mesure législative quand on sait ce qui est déjà arrivé. Je ne veux pas que cela arrive à mes enfants, à mes petits-enfants et à mon arrière-petite-fille, qui vient de naître.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de parler de ce projet de loi parce qu'il est important. Bien que je l'appuie avec certaines réserves, nous devons nous poser beaucoup de questions.
Pourquoi avons-nous choisi d'agir de la sorte?
La députée de disait clairement dans son discours que, contrairement à l'alcool ou à la cigarette, il pouvait être justifié de prendre du cannabis dans certains cas pour des raisons médicales.
Je ne comprends pas pourquoi, au lieu de légaliser le cannabis pour usage récréatif, on n'a pas choisi d'en faire un médicament en vente libre, mais qui serait gardé derrière le comptoir. Cette option aurait pu être étudiée. On ne semble pourtant pas l'avoir fait. Cela aurait pu être plus sécuritaire pour les gens d'aller dans une pharmacie, s'ils voulaient se procurer de la marijuana, et de parler chaque fois à un pharmacien. La marijuana serait alors derrière un comptoir.
Il s'agit d'une substance dont les effets peuvent interagir avec des médicaments ou avec d'autres états de santé. Or, en parlant d'usage récréatif, on banalise les effets secondaires possibles du produit. La démarche et le choix des mots sont malheureux. Dans un nombre assez important de cas, l'usage récréatif ne se limite pas à avoir du plaisir. Beaucoup de personnes nous disent qu'ils prennent de la marijuana sans ordonnance parce qu'ils ont de la difficulté à s'endormir et que cela les aide à dormir.
Ce ne sont pas des personnes qui consomment de la marijuana pour se divertir, mais pour remédier à un problème de santé. Ils ont décidé de se traiter eux-mêmes. Le choix de l'expression « usage récréatif » laisse entendre que, lorsqu'on prend de la marijuana sans ordonnance médicale, automatiquement, on la prend juste pour s'amuser. Cela banalise l'utilisation de la marijuana et cela crée un certain problème.
Par ailleurs, certaines dispositions du projet de loi seront difficiles à appliquer et demeurent floues. Elles manquent de clarté. Lorsqu'on parle, par exemple, des quatre plants que l'on peut posséder et qui font un maximum de 100 centimètres, ce n'est pas très clair.
Premièrement, qui va aller dans les maisons pour les mesurer? Deuxièmement, que va-t-il se passer si les plants dépassent le maximum permis de 2 centimètres? Doit-on on le couper? Y a-t-il une amende par de centimètres?
De nombreux facteurs sont à considérer, et de nombreuses mesures qui seront difficilement applicables, parce qu'on n'a pas pensé à la façon concrète de les appliquer.
J'ai donné l'exemple de la mesure, mais qui sera chargé d'aller dans les maisons pour voir s'il y a quatre plants ou non, et comment ferons-nous ces vérifications?
C'est très complexe et cela demande aux provinces de gérer beaucoup de choses. J'ai parlé du fameux montant de 74 000 dollars qui a été donné à une firme de consultants externes pour savoir quel était le prix actuel de la marijuana sur le marché afin d'en fixer éventuellement le prix. On a donné un contrat et payé un consultant pour finalement dire aux provinces de fixer elles-mêmes les prix.
C'est un peu bizarre comme façon de fonctionner. On met énormément de pression sur les provinces, alors qu'elle n'ont pas nécessairement été consultées pendant le processus. On prend une mesure et on oblige les provinces à l'assumer.
Le plus gros problème qui existait, c'est qu'on transformait un problème de santé en un problème de criminalité.
Cela faisait en sorte que des jeunes se retrouvaient avec un dossier criminel. Par ailleurs, cela mettait de la pression sur le système juridique, et c'est toujours le cas, parce qu'on continue de poursuivre des gens pour possession simple de marijuana, qui ne sert qu'à leur usage personnel. Le plus grand problème, c'est qu'on crée un engorgement du système judiciaire. Compte tenu de l'arrêt Jordan, il est d'autant plus important de libérer nos tribunaux des cas qu'ils ne devraient pas avoir à gérer et qui pourraient être traités autrement.
À mon avis, la question de la consommation de drogue doit être abordée comme un problème de santé. On doit fournir des outils pour lutter contre la dépendance, on doit faire des tests de dépistage, offrir du soutien en matière de prévention et offrir des lignes directrices claires aux professionnels de la santé afin qu'ils sachent quoi faire.
À l'heure actuelle, il manque beaucoup de données concernant la marijuana et la marijuana médicale. Par exemple, on ne connaît pas encore exactement le profil des interactions médicamenteuses. On sait que des cytochromes ont un effet sur le métabolisme, mais on ne sait pas exactement lesquels. Le profil des interactions médicamenteuses est encore plus ou moins connu, même si on en a une idée. Souvent, on se base sur des cas vécus plutôt que sur une analyse biochimique complète. Il y a donc énormément de données manquantes.
La plus grande lacune du projet de loi libéral, c'est qu'il ne nous laisse pas une marge de manoeuvre suffisante pour faire volte-face. Une fois légal, le produit sera sur les tablettes, des compagnies auront été créées et il y aura un important lobby. On n'aura donc pas la marge de manoeuvre nécessaire pour faire avancer tranquillement ce projet. On passe tout de suite à la légalisation, alors qu'on aurait pu procéder étape par étape, la première étant la décriminalisation de la marijuana. Ensuite, on aurait pu avancer tranquillement si la légalisation s'avérait nécessaire. Présentement, on se dirige totalement vers la légalisation, une légalisation commerciale surtout, ce qui créera des compagnies et des lobbys. Cette légalisation ne sera pas facile à renverser.
Alors, bien que j'appuie le projet de loi, je trouve que le gouvernement a choisi une façon de faire qui ne lui laisse pas une grande marge de manoeuvre. On se retrouvera pris avec la décision, sans savoir si c'était la meilleure façon de procéder, alors qu'on aurait tout simplement pu décider de décriminaliser la marijuana immédiatement et de cesser de traiter un problème de santé comme un problème de criminalité.
Ainsi, on se retrouve avec une mesure qui soulève bien des préoccupations. Malheureusement, dans certains cas, les réponses arriveront plus tard, longtemps après l'adoption du projet de loi. Ce n'est que lorsque la loi aura été en vigueur depuis quelques années qu'on constatera peut-être certains problèmes causés par la légalisation trop rapide de la marijuana, et il sera peut-être impossible de faire marche arrière..
À l'échelle planétaire, dans tous les États où la marijuana a été légalisée, ces mesures ne sont en place que depuis quelques années, et on ne sait pas exactement quels seront leurs répercussions. Certaines d'entre elles seront peut-être évaluées dans une dizaine ou une vingtaine d'années, et il sera peut-être trop tard pour agir.
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Monsieur le Président, nous avons la preuve une fois de plus que le gouvernement libéral est sur la mauvaise voie avec le projet de loi sur la légalisation de la marijuana, qui inquiète tant la population canadienne que la sécurité publique et des associations comme l'Association canadienne des chefs de police.
Cela m'amène à me poser une question fondamentale: est-ce que nous avons un homme d'État sobre, avec des idées claires et responsables, au volant de notre pays?
La mise sur pied d'un comité de travail sur la marijuana est de la poudre aux yeux. Nous connaissons tous les ravages de la drogue. Comment peut-on concevoir positivement la possibilité de rendre le pot légal et lucratif au détriment de notre prospérité sociale et économique? Ça prenait bien des libéraux au pouvoir pour le faire.
Je suis bien entendu député de la circonscription de Lévis—Lotbinière, un endroit au Québec où il fait bon vivre, où nos quartiers sont sûrs et sécuritaires et où l'on peut dormir paisiblement la nuit. Aujourd'hui, je prends aussi la parole en tant que parent responsable, en tant que père de famille qui, humblement, souhaite protéger tous les enfants.
La drogue est un fléau. À l'heure actuelle, son illégalité ne l'empêche pas, à l'échelle nationale, d'être à la porte de nos écoles, dans nos parcs et dans nos rues et de menacer l'avenir de nos enfants qui sont les plus vulnérables.
Passer de l'utilisation médicale entre les quatre murs de sa propre maison à l'utilisation à des fins récréatives banalise ces dangers réels et reconnus par tant d'experts, et nous mènera tout droit à l'opposé d'une société responsable et engagée à gagner sa vie et à faire des choix judicieux pour demain. La culture de l'insouciance libérale a engrangé des milliers de dollars l'automne dernier pour rédiger un rapport qui rapporte ce que l'on savait déjà.
Il confirme entre autres que les États du Colorado et de Washington, où la marijuana a été légalisée, investissent plus de 13 millions de dollars en éducation et en prévention face au danger de la marijuana, pour une population combinée de 12,7 millions d'habitants. Le gouvernement libéral, pour sa part, est sûrement sur l'effet de son projet de loi pour croire qu'avec 1,9 million de dollars en prévention pour une population de 36,5 millions d'habitants, la légalisation du cannabis n'aura aucun impact sur l'ensemble de notre population.
Les accidents mortels causés par des conducteurs ayant consommé de la marijuana ont doublé dans l'État de Washington et triplé dans l'État du Colorado. Quant aux activités du crime organisé, elles n'ont nullement faibli avec la légalisation de la substance.
Le document de Santé Canada sur les effets du cannabis sur la santé est très explicite: ce sont nos jeunes de 25 ans et moins qui sont les plus à risque à court et à long terme. Parmi les effets à court terme sur le cerveau, on trouve la confusion, la fatigue, des capacités réduites de se souvenir, de se concentrer, de porter attention et de réagir rapidement. Quelle sera la performance de nos jeunes à l'école et au travail?
La consommation de cannabis peut aussi engendrer des crises psychotiques caractérisées par la paranoïa, des délires, des troubles de l'humeur, des symptômes psychotiques et des troubles de santé mentale. Le THC présent dans le cannabis peut réduire la capacité de conduire prudemment ou de faire fonctionner de l'équipement au travail. De plus, il peut augmenter le risque de chute et d'autres accidents, car il affecte la coordination, le temps de réaction, la concentration, l'aptitude à prendre des décisions et la capacité à évaluer les distances.
Ce n'est pas de gaieté de coeur que je vais parler d'un cas réel, d'une jeune fille qui pourrait être la mienne et celle de tout le monde. Les effets à long terme, après quelques années de consommation à l'âge critique de l'adolescence, se sont manifestés chez cette jeune fille qui les vit maintenant au quotidien. J'ajouterais que sa famille aussi les vit au quotidien.
De plus, il ne faut jamais oublier que la marijuana est la porte d'entrée par excellence pour les drogues plus dures, plus fortes, plus chimiques et encore plus toxicomanogènes. Nous ne devons pas négliger ce fait.
Fanny a accepté de partager son histoire, afin que nous puissions faire de la prévention avec nos enfants. En effet, à cause de la marijuana, Fanny affronte de gros défis tous les jours et les regrets ne lui sont d'aucune utilité. Comme on le disait, le mal est déjà fait.
Dans son enfance, Fanny avait une personnalité enjouée et l'esprit vif comme l'éclair. Au secondaire, son premier copain l'initie au pot avec un groupe d'amis, au parc devant l'école. Au cours des semaines qui suivent, les occasions se multiplient et Fanny voit ses résultats scolaires chuter. Ses parents sont découragés et ne la reconnaissent plus. Elle commence à fuguer la nuit et elle quitte l'école avant la fin de son deuxième secondaire.
La décennie qui a suivi l'a menée exactement où la consommation de la marijuana le prédisait. Elle a occupé différents emplois, qu'elle a tous perdus l'un après l'autre à cause de sa consommation. Au fil des ans, elle a eu un enfant qu'elle n'a pas élevé. Elle s'est même retrouvée itinérante et en psychiatrie, dangereuse pour sa propre vie.
Le chemin de la rémission n'est pas gagné pour Fanny, même après une cure intensive de sept mois dans un centre de toxicomanie pour femmes et des dizaines de rencontres avec la fraternité des Narcotiques anonymes.
À 24 ans, Fanny se désole de sa condition et tente tant bien que mal de faire sa vie, de survivre même, puisqu'elle livre un véritable combat. Elle est maintenant diagnostiquée avec des problèmes de santé mentale et elle admet qu'elle sera dépendante à vie.
Comme pour des milliers de jeunes adultes qui vont chercher de l'aide, ne plus consommer et apprendre à vivre une vie stable avec des problèmes de santé mentale sont maintenant les deux plus grands défis de Fanny, elle qui, enfant, caressait des rêves bien plus grands tels que devenir assistante vétérinaire et fonder une famille. Aujourd'hui, elle regrette d'avoir cru ce que lui disait les autres, soit que c'était « juste du pot ».
Avec l'accès libre que veut donner les libéraux au pot, il sera plus facile que jamais pour nos jeunes de commencer à consommer. Les effets à long terme sur le cerveau sont nombreux: la marijuana endommage la mémoire, la concentration, l'intelligence, aussi nommée le QI, la capacité de réfléchir et de prendre des décisions.
Ces effets pourraient ne pas être réversibles malgré l'arrêt de consommation de cannabis. Les effets à long terme sur la santé mentale, quant à eux, ajoutés à une consommation fréquente de cannabis, augmentent les risques de suicide, de dépression et de troubles anxieux. Comme le pot réduit à court terme l'anxiété, la peur ou la panique, c'est une spirale qui n'en finit plus.
Des histoires déchirantes comme celle de Fanny, nous en verront pleuvoir avec la légalisation de la marijuana. Notre système de santé est déjà à bout de souffle. Les centres de services sociaux sont aux prises avec des enfants qui manquent de soins et qui ont des parents aux prises avec de graves difficultés liés entre autres à la marijuana. Pense-t-on que cela va s'améliorer si on fume du pot dans les rues? Ce n'est sûrement pas le cas.
Qui paiera pour ces vies détruites? Le fonds du Parti libéral? Ce serait bien trop beau. Quelle part de responsabilité s'attribuera personnellement l'initiateur de ce projet de loi sur le désastre sociétal qui nous attend tous? J'ai nommé ici le lui-même. Allons-nous accepter ce projet de société pour ceux que nous aimons et que nous chérissons? Pour ma part, je dirai non, et j'espère que le Sénat aussi dira non.
Le fameux cadre pour la légalisation du cannabis au Canada n'a été rédigé, à mon humble avis, que pour soulager la conscience du Parti libéral qui sent sûrement qu'il s'apprête à faire une gaffe irréversible. Ce que ce rapport ne nous dit pas, c'est combien de gens, à court ou à long terme, risquent même d'en mourir.
Une vie, pas besoin de le dire, cela n'a pas de prix. Je souhaite de tout mon coeur qu'un miracle se produira et que ce projet de loi libéral, comme toutes les autres promesses du Parti libéral, sera relégué aux oubliettes et que le gouvernement conservateur, comme d'habitude, reviendra en force pour éponger les déboires laissés par les libéraux.
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Monsieur le Président, je suis content d'être ici et de prendre part à l'étude du projet de loi , Loi concernant le cannabis et modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, le Code criminel et d'autres lois, qu'on appelle aussi communément Loi sur le cannabis.
La santé et la sécurité des Canadiens ont toujours été la priorité numéro un des députés de ce côté-ci de la Chambre. Je tiens d'ailleurs à remercier tous mes collègues conservateurs du très bon travail qu'ils ont accompli à cet égard. À nos yeux, les Canadiens doivent absolument avoir l'occasion de se faire entendre, quel que soit le dossier ou l'enjeu.
Voilà pourquoi je m'estime privilégié de pouvoir m'adresser ainsi à la Chambre pour parler des effets que cette mesure législative risque d'avoir sur la population canadienne et tâcher d'expliquer les conséquences de leur politique au libéraux.
Je dois commencer par dire à quel point je trouve paradoxal que les libéraux consultent les Canadiens pendant des années sur divers grands projets économiques, mais ne voient rien de mal à faire adopter une mesure aussi importante que le projet de loi en quelques mois, quitte à en forcer la progression.
Le projet de loi représente un virage fondamental pour notre société. La prohibition a été abrogée dans les années 1920, et l'alcool et le tabac sont légaux par intermittence depuis près de 150 ans, et pourtant nous travaillons toujours à régler certains détails du cadre stratégique pour ces substances. Croire que c'est une bonne idée d'accélérer l'étude d'un projet de loi qui aurait une incidence aussi vaste et radicale sur l'ensemble du pays est irresponsable et dénote un manque de prévoyance.
Le projet de loi est une mesure législative très complexe qui aura des répercussions sur de nombreux aspects de la vie des gens. L'un des points qui me préoccupent le plus concerne l'âge légal pour le cannabis et les effets que cela pourrait avoir sur la santé des Canadiens. Nous avons peu de preuves et de données scientifiques sur les effets de cette drogue. Le Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis l'a d'ailleurs reconnu dans son rapport final, qui indique:
Nous sommes conscients des lacunes de notre base de connaissances actuelle au sujet du cannabis et des effets du cannabis sur la santé et le développement humains.
C'est inquiétant. Je ne crois pas qu'il soit déraisonnable de tenir à pleinement comprendre les effets du cannabis sur la santé avant qu'on le légalise. Ainsi, il sera possible de mettre en place un cadre, des politiques et des directives adéquats avant d'autoriser la vente libre de marijuana d'un bout à l'autre du pays. Or, les libéraux font plutôt adopter le projet de loi à toute vapeur dans l'espoir de respecter l'échéance qu'ils ont fixée, en obtenant la sanction royale avant juillet 2018. Respecter une promesse électorale, c'est bien, mais le faire sans connaître tous les tenants et aboutissants du projet de loi, c'est tout à fait irresponsable.
Comme je l'ai dit, mes principales réserves concernent les répercussions du projet de loi sur le système de santé canadien. Avant de devenir député, j'étais chiropraticien, un fournisseur de soins primaires. J'ai pu constater de moi-même les conséquences de l'abus de substances intoxicantes sur la santé individuelle.
En ce qui concerne le cannabis, des études prouvent que plus on commence jeune à en prendre, plus on en consomme fréquemment et plus on en consomme sur une longue période, et pires sont les risques d'en subir les méfaits, dont certains peuvent être durables ou même permanents. C'est un problème, d'autant plus que le projet de loi faciliterait l'accès au cannabis pour tout le monde, y compris pour les jeunes.
On en revient au point que je soulevais, soit que nous ne connaissons pas bien tous les effets de la consommation du cannabis sur la santé. Nous savons par contre que le cerveau poursuit son développement jusqu'à l'âge de 25 ans, ce qui signifie que les personnes qui en consomment avant cet âge s'exposent à des risques. Des maladies mentales comme la schizophrénie et la psychose sont associées à une consommation régulière de cannabis.
Les données scientifiques actuelles ne sont pas définitives quant à l'âge limite pour consommer du cannabis sans danger. Comment se fait-il que les libéraux, qui aiment tant se fier à des études sur tout et n'importe quoi, n'aient aucun problème à forcer l'adoption précipitée d'un projet de loi qui n'est fondé sur aucune donnée scientifique, qui risque d'embourber le système de santé et de causer des torts irréparables aux jeunes Canadiens? Ce sont eux qui prétendent être les seuls à fonder leurs décisions sur des données scientifiques, qui prétendent comprendre la science et se fier aux scientifiques — peut-être parlent-ils en fait de pseudo-science, mais je m'égare.
Les contrecoups pour le système de santé semblent être l'un des éléments du projet de loi qui n'a pas été suffisamment réfléchi. En général, on consomme le cannabis en le fumant et, comme le tabac, il a des effets négatifs sur la santé pulmonaire.
Chaque jour au Canada, 100 personnes meurent de maladies associées au tabagisme. Chaque année, ce sont 230 000 Canadiens qui meurent pour les mêmes raisons. En rendant le cannabis légal et en le rendant disponible à tous, on ne peut que prévoir une augmentation de ces chiffres.
De la fumée, c'est de la fumée. On n'envoie pas des pompiers dans une pièce pleine de fumée sans appareil respiratoire, alors pourquoi encourager une autre façon de nuire à ses poumons? En tant que fournisseur de soins de santé, je ne peux pas appuyer un fardeau accru sur le système de santé du pays et je ne peux assurément pas défendre cette idée lorsque la population qu'elle touchera le plus négativement, ce sont les jeunes. Le gouvernement fédéral doit protéger la jeunesse du Canada. Je ne crois pas que le projet de loi va assez loin pour assurer que ce soit le cas.
Un autre problème majeur que je constate avec la mesure législative porte sur la santé et la sécurité au travail. Dans ma circonscription, de nombreuses industries comptent énormément sur le travail manuel de leurs employés, comme l'industrie de la construction. La Construction Labour Relations Association de la Saskatchewan a envoyé une lettre à mon bureau dans laquelle elle soulignait certaines de ses préoccupations au sujet du projet de loi . J'ai un extrait de la lettre. On y lit qu'on reconnaît largement que la sécurité est essentielle pour l'industrie de la construction et de l'entretien, où la consommation de substances et la toxicomanie peuvent poser des risques considérables à la santé et à la sécurité des travailleurs et que les entrepreneurs sont très préoccupés par l'imminente légalisation de la marijuana.
L'industrie du transport est une autre industrie qui pourrait être touchée. Un des principaux corridors de transport par camions qui s'étendent des États-Unis au Canada passe par ma circonscription. Des centaines de camions traversent ma circonscription tous les jours, passant dans de petites collectivités et souvent sur des autoroutes à deux voies. Ces autoroutes sont dangereuses, au point où un comité sur le dédoublement des voies a été formé dans le but précis d'obtenir du financement pour les infrastructures afin de transformer les routes 39 et 6 en autoroutes à quatre voies.
Un certain nombre d'accidents ont lieu chaque année dans le Sud-Est de la Saskatchewan qui mettent en cause des semi-remorques. Malheureusement, ils entraînent en moyenne trois décès par année. Je ne peux que supposer que ce nombre augmentera, à moins que des dispositions particulières ne soient prises à l'égard de la consommation de cannabis au travail.
Les employeurs ont besoin d'un cadre qui leur permettra de continuer légalement à gérer les risques en milieu de travail qui sont associés à la consommation de cannabis. Ils ont besoin d'avoir le droit de soumettre leurs employés à un test de dépistage quand bon leur semble, surtout si l'employeur estime que des normes de sécurité ont été enfreintes. Qui protégera les employeurs contre les contestations judiciaires et qui protégera les travailleurs contre les risques de sécurité causés par des collègues intoxiqués?
J'espère que les libéraux peuvent comprendre pourquoi il est si important dans les industries axées sur la main-d'oeuvre comme l'industrie de la construction, de l'agriculture, du pétrole et du gaz et autres. Les employés et les employeurs méritent d'avoir une série de règles claires et normalisées concernant l'utilisation acceptable de substances intoxicantes, dont le cannabis, pour veiller à ce que la santé et la sécurité au travail constitue une priorité importante, en toutes circonstances.
C'est aussi une question de sécurité publique en général. Je n'en parle pas souvent, mais quand j'avais 16 ans, j'ai été victime d'un délit de fuite alors je me promenais à bicyclette. Une voiture m'a frappé, et le conducteur, qui avait les facultés affaiblies par la drogue et l'alcool, a quitté les lieux en pensant que j'étais mort au bord de la route. De la cervelle a coulé de mon oreille, et j'ai été dans le coma pendant deux semaines. J'ai frôlé la mort. Cet événement a transformé ma vie de façon dramatique, et j'en ressens encore les effets aujourd'hui.
Cette expérience personnelle fait partie des raisons pour lesquelles je suis convaincu que, avant que le cannabis soit légalisé, il faut adopter des politiques de dépistage des drogues pour prévenir la conduite avec facultés affaiblies. C'est important pour assurer la sécurité publique, et, de ce côté-ci de la Chambre, nous pensons que la sécurité publique devrait passer avant la réalisation de promesses électorales. Les tests doivent être rapides, précis et défendables. Il doit être possible de les utiliser avant l'entrée en vigueur des dispositions législatives. Autrement, ce sera comme fermer la porte de l'écurie une fois que les chevaux sont sortis.
En terminant, je crois que le projet de loi est boiteux à bien des égards et qu'il importe de mieux comprendre les effets en général du cannabis avant que les Canadiens puissent s'en procurer en toute légalité. Je demande aux libéraux de faire ce qui s'impose et de défendre la santé et la sécurité des Canadiens dans le dossier de la légalisation du cannabis.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole au sujet du projet de loi , qui modifiera nos vies à bien des égards.
J'aimerais d'abord souligner que le NPD prône depuis 45 ans la décriminalisation de la marijuana. Nous avons demandé aux libéraux de prendre une mesure provisoire afin de décriminaliser dès maintenant la simple possession, étant donné que de nombreux jeunes Canadiens appartenant à des minorités raciales continuent d'être accusés et se retrouvent avec un casier judiciaire qui aura une incidence sur le reste de leur vie, sans parler des milliers de Canadiens qui ont un casier judiciaire pour simple possession d'une substance qui cessera bientôt d'être illégale.
Les changements qu'apportera le projet de loi sont attendus depuis longtemps, mais, pendant que nous attendons l'adoption du projet de loi, pourquoi le gouvernement n'adopterait-il pas une mesure de décriminalisation provisoire ou, à tout le moins, pourquoi n'invoque-t-il pas le pouvoir discrétionnaire du poursuivant ou de la police pour cesser d'appliquer une loi injuste?
Dans leur programme électoral, les libéraux ont reconnu que l'arrestation et la poursuite des personnes qui commettent des infractions liées au cannabis coûtent cher à notre système de justice pénale et piègent trop de Canadiens dans le système de justice pénale pour des infractions mineures et non violentes. Compte tenu du fait que le système de justice est surchargé à l'heure actuelle, que des causes sont rejetées et que des sursis sont accordés en raison de longs délais dans les procédures judiciaires, il est tout simplement insensé de continuer d'accuser des Canadiens de simple possession de marijuana.
Je trouve particulièrement préoccupant que le cannabis demeure illégal, car c'est en Saskatchewan que les gens courent le plus fort risque de se faire arrêter pour simple possession de marijuana, et Saskatoon se classe au premier rang parmi les villes du pays.
D'après des données recueillies en 2014 par Statistique Canada, quand les policiers de Saskatoon interceptent une personne qu'ils soupçonnent être en possession de marijuana, ils portent des accusations dans 77 % des cas. Ce pourcentage est de 48 % à Regina, et la moyenne canadienne se situe à 39 %. Pour ce qui est du taux de mises en accusation par habitant, Saskatoon se classe au quatrième rang derrière Kelowna, Gatineau et Sherbrooke. En 2014, les policiers ont déclaré, au total, plus de 104 000 infractions liées aux drogues, dont les deux tiers, soit 66 %, étaient liées au cannabis, surtout à la possession de cannabis.
Les libéraux n'ont pas encore expliqué pourquoi ils refusent de décriminaliser la marijuana, et leur intransigeance contribue à la confusion. En effet, les agences d'application de la loi et les experts ont souligné une multitudes d'incohérences.
Neil Boyd, le directeur de l'école de criminologie de l'Université Simon Fraser, s'inquiète des conséquences sur le plan pénal pour possession de marijuana.
« Je ne crois pas que nous puissions vraiment avoir la certitude que la loi est appliquée de manière équitable. Nous savons que les jeunes ayant moins de ressources et moins accès à un espace privé risquent beaucoup plus d'être arrêtés pour cette infraction que les gens plus âgés qui ont accès à un espace privé. »
Selon M. Boyd, certains percevront la consommation de marijuana à l'extérieur comme une nuisance.
« Il pourrait y avoir une amende au civil pour consommation de cannabis en public. Ce serait tout à fait légitime. Toutefois, traiter une personne qui consomme du cannabis comme un criminel, c'est comme utiliser une masse pour tuer une puce. »
Il y a deux ans, l'Association canadienne des chefs de police a réclamé l'option d'émettre une contravention pour possession simple, faisant remarquer qu'à l'heure actuelle, ils n'ont d'autres choix que de porter des chefs d'accusation ou de fermer les yeux.
D'ailleurs, même le a admis, en citant l'exemple de son défunt frère Michel, qu'il est plus facile pour les personnes riches et influentes d'éviter un casier judiciaire. En effet, leur père, Pierre Trudeau, avait fait appel à ses amis dans la communauté juridique, retenu les services du meilleur avocat possible et était convaincu qu'il parviendrait à faire abandonner les chefs d'accusation. Les membres des communautés minoritaires ou marginalisées qui n'ont pas les ressources économiques voulues n'ont pas ce genre d'option pour être disculpés par le système judiciaire.
Évidemment, nous n'avons pas tous les mêmes relations que les Trudeau et des dizaines de milliers de Canadiens vont se retrouver avec un casier judiciaire à vie parce que, en dépit des observations du à l'effet contraire pendant la campagne électorale, le a déclaré que le gouvernement n'est nullement intéressé à accorder une réhabilitation générale aux gens ayant un casier judiciaire pour possession d'une petite quantité de cannabis.
Rien n'indique que les libéraux sont prêts à faciliter l'obtention d'un pardon ou qu'ils s'attaqueront aux frais élevés de 631 $ associés à une demande. Le fait de ne pas avoir accès à un pardon demeure un obstacle majeur pour les gens qui tentent de tourner la page sur leur passé criminel et d'aller de l'avant. Pourquoi les libéraux refusent-ils de s'engager à accorder le pardon aux personnes qui ont été condamnées pour possession simple de marijuana?
En plus de la confusion entourant les pardons et le maintien de la criminalisation de la possession simple, de nombreuses questions demeurent sans réponse. Je pense au système national de suivi du cannabis. Quelles sont les conséquences sur la vie privée des Canadiens? Comment les données seront-elles gérées? Combien coûtera sa mise en oeuvre? Pour l'instant, Santé Canada ne peut rien dire sauf qu'il prévoit compenser ces coûts par les recettes tirées de la délivrance de permis et d'autres frais. De toute évidence, nous avons besoin de précisions, et une discussion approfondie s'impose sur ces questions importantes.
Il faut également parler du passage à la frontière des gens qui admettent fumer de la marijuana. Par exemple, le lui-même pourrait recevoir une sanction et être banni à vie s'il ne détenait pas un passeport diplomatique. Nous sommes déjà aux prises avec toutes sortes de problèmes à la frontière: des Canadiens sont interceptés, interrogés, puis refoulés sans raison valable. Comment le gouvernement entend-il gérer une partie ou la totalité de ces irritants pour les Canadiens qui se présentent à la frontière?
Il est largement reconnu que l'une des conséquences négatives de la criminalisation du cannabis pour la santé est le manque de recherches scientifiques sur les effets de la consommation du cannabis sur la santé, notamment la consommation chronique à long terme, en particulier chez les jeunes. Il est particulièrement préoccupant qu'il y ait actuellement si peu de travaux de recherche sur les effets du cannabis sur le développement du cerveau des jeunes. Au NPD, nous allons continuer d'exhorter le gouvernement à commencer à prévoir des plans de recherche et du financement dans ces domaines importants.
Par ailleurs, nombre d'aînés dans ma circonscription m'ont dit qu'ils aimeraient avoir plus d'information et d'aide pour s'y retrouver dans les méandres de l'approvisionnement en marijuana thérapeutique. D'ailleurs, on estime que 90 % des détenteurs d'une ordonnance se procurent du cannabis de façon illégale plutôt qu'auprès d'un producteur autorisé. De plus, nombre de Canadiens souffrant de maladies et de douleurs chroniques pourraient préférer la marijuana thérapeutique aux opioïdes comme approche thérapeutique.
Cependant, le groupe de travail a souligné la nécessité d'avoir accès à des renseignements précis sur les risques et les méfaits du cannabis. Puisqu'il n'y a pas suffisamment d'études crédibles et évaluées par des pairs sur les effets de la consommation de cannabis, ceux qui militent pour l'usage du cannabis ont tendance à surestimer la capacité de cette substance à atténuer ou à guérir certains problèmes de santé chroniques. Tous les Canadiens y gagneraient si on mettait en place de bons programmes d'information et de sensibilisation qui s'appuient sur des recherches poussées et crédibles. Or, le gouvernement n'a pas dit clairement comment il compte financer les programmes de sensibilisation du public et de recherche, ni comment ces programmes seront mis en oeuvre. Les libéraux vont-ils s'engager à investir les recettes tirées de la légalisation du cannabis dans les programmes de sensibilisation du public, de prévention et de traitement?
Le projet de loi refile de nombreuses responsabilités importantes aux provinces, lesquelles auront besoin de temps pour élaborer leur propre système réglementaire. Voilà une autre raison qui explique pourquoi le processus aurait dû commencer plus tôt.
Dans son rapport, le groupe de travail exhorte tous les ordres de gouvernement à se doter rapidement de moyens pour élaborer des politiques et des règles applicables sur le cannabis. Le travail sur cette politique sera complexe. Dans l'Ouest canadien, le secteur du cannabis offrira des perspectives économiques sans précédent. L'efficacité avec laquelle le cadre réglementaire sera créé, mis en oeuvre et contrôlé déterminera si les entreprises et les gouvernements réaliseront des profits ou des pertes.
On ne connaît pas encore la structure de taxation et de recettes qui sera adoptée pour le cannabis, ni la méthode de partage entre le fédéral et les provinces. Les provinces et les Canadiens devront attendre les précisions du à cet égard.
Étant donné l'importance du marché existant du cannabis, il est crucial de rediriger le dialogue en vue de tenir des discussions concrètes sur la création conjointe d'un modèle fiscal concernant la distribution du cannabis dans les provinces. Les Premières Nations, les municipalités, les provinces et le fédéral auront tous l'occasion de réaliser des recettes fiscales substantielles, à condition que des règlements inclusifs et exécutoires soient créés en concertation avec l'industrie du cannabis dans le cadre d'une politique axée sur la collaboration.
J'espère que le gouvernement choisira de s'attaquer à ces questions plutôt que de les balayer sous le tapis, car les Canadiens méritent d'obtenir des réponses claires et honnêtes de la part de leur gouvernement.
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Monsieur le Président, tout d'abord, je dois vous dire que je suis particulièrement honoré de vous voir à votre poste à 22 h 15, en ce jeudi soir. Vous occupez un poste très prestigieux, monsieur le Président. Votre prédécesseur est maintenant ici, et dans deux ans et demi, il sera de l'autre côté. Alors, sachez que l'avenir vous appartient. Ce soir, l'humour est de mise, car ce qui se passe au Parlement n'est pas rigolo, et c'est la faute du gouvernement.
Voilà que le gouvernement concrétise une promesse électorale malheureuse et dangereuse, voire meurtrière. Il est tout à fait inacceptable que le gouvernement libéral risque de faire de notre pays l'un des rares pays du monde à avoir légalisé la consommation de marijuana. Avant d'entrer dans le vif du sujet, rappelons les grandes lignes du dossier.
Pourquoi est-il dangereux de légaliser le cannabis? C'est parce que celui-ci sert de porte d'entrée aux drogues dures. Le cannabis peut brûler directement des cellules du cerveau. À cet égard, il n'y a aucun parallèle à faire avec la cigarette. Tout à l'heure, on a entendu un argument selon lequel il faudrait interdire la cigarette parce qu'elle peut causer le cancer. Toutefois, la cigarette est légale depuis des siècles. C'est cela, le problème. Si le tabac était inventé aujourd'hui, il serait immédiatement prohibé. Toutefois, le tabac existe depuis des centaines d'années, et on tente de l'éradiquer avec une efficacité redoutable.
La génération de mes parents était composée de fumeurs invétérés, bien que mes parents ne fumaient pas. Puis, les gens de ma génération de devaient pas trop fumer. Quant à mes enfants, ils n'ont jamais fumé de leur vie. On a donc réussi à éradiquer la cigarette, et voilà que ce gouvernement veut légaliser la consommation de marijuana.
Dois-je rappeler que la marijuana brûle les cellules du cerveau, qui ne se régénèrent pas? Alors, malheur à ceux qui font des parallèles avec l'alcool. L'alcool a un effet sur le cerveau, mais il ne brûle pas les cellules, même s'il peut conduire à des désastres et à des dérives malheureuses. Pourtant, les libéraux veulent légaliser la marijuana, et c'est inacceptable.
Par ailleurs, les libéraux veulent légaliser la consommation de marijuana à partir de l'âge de 18 ans. Ils n'ont de cesse de dire qu'il faut se baser sur les études scientifiques. Ils disent aussi que notre gouvernement a bafoué la science, ce qui est complètement faux. Les libéraux pourraient-ils nommer un spécialiste, un médecin ou une autorité scientifique qui a dit que la consommation de marijuana ne posait aucun problème pour une personne de 18 ans? Au contraire, toutes les études scientifiques du monde démontrent que le fait de toucher à la drogue avant l'âge de 25 ans était dangereux, parce qu'à cet âge, le cerveau n'a pas fini de se développer. C'est aussi ce que disait le Collège des médecins de famille du Canada. Il est démontré que la marijuana attaque directement les cellules du cerveau, et pourtant, les libéraux veulent la légaliser. Cela n'a pas de bon sens. Fixer l'âge légal à 18 ans est donc une grave erreur.
Une autre bêtise de ce projet de loi est la permission de produire de la marijuana à la maison. En campagne électorale, les libéraux disaient qu'ils contrôleraient la production de marijuana, qu'elle serait faite dans des endroits précis et qu'il n'y aurait pas de problème. Ils disaient qu'ils contrôleraient mieux ce qui se fait de façon illégale. Est-ce qu'ils vont contrôler les 20 millions de maisons au Canada? Voyons donc, pas du tout!
D'autre part, ils disent que les plants ne devront pas mesurer plus de trois pieds. Est-ce qu'on essaie de me faire croire que la GRC va se servir d'un ruban à mesurer et que, si un plant mesure deux pieds trois pouces et trois quarts, la personne pourra continuer à le faire pousser? Cela n'a pas de bon sens.
Le gouvernement libéral va entraîner nos enfants dans des situations aussi burlesques que grotesques et inacceptables. C'est cela, le problème. Les libéraux se gargarisent de beaux principes. Ils disent qu'ils vont mieux contrôler l'accès des enfants à la marijuana. Je peux bien le croire, puisque les enfants pourront aller dans toutes les maisons où il y en aura. Quelle protection! Au contraire, ce sera un bar ouvert. Mes enfants sont grands, mais je me rappelle très bien lorsqu'ils allaient jouer avec leurs amis quand ils avaient 10 ans. La prochaine fois, il faudra que sache si les parents de ces amis font pousser de la marijuana à la maison.
C'est clair que mon fiston ou ma fille ne rentreront pas là. On peut imaginer les chicanes de familles. Bravo champion! C'est une autre bêtise de ce gouvernement.
Cela va générer aussi 1 000 problèmes. Pour qui? Ce ne sera pas pour le gouvernement fédéral. Ce sont les provinces et les villes qui devront régler ces problèmes. Qu'est-ce cette légalisation va apporter? Elle va apporter des problèmes en matière de sécurité publique, de santé et d'éducation, et tout cela relève des provinces. Qu'est-ce qui va se passer avec tout cela? Le gouvernement va dire qu'il fait cela pour le bien des enfants et des Canadiens et que les provinces doivent s'arranger avec les factures. Bravo champion! C'est la signature du gouvernement libéral.
C'est sans compter que les villes seront prises avec cela, et pas à peu près. Il faudra légiférer concernant la production à la maison. Les propriétaires d'immeuble à logements pourront-ils interdire la production? Non, la loi fédérale le permet. C'est la ville qui va s'arranger avec cela. Alors dans une ville on pourra le faire et dans une autre, on ne le pourra pas. Bravo!
Les libéraux sont des manufacturiers de problèmes. Ils veulent les régler, mais ils les manufacturent. C'est pourquoi ce projet de loi est inacceptable.
Cela ne s'arrête pas là. Quelle est une des pires bêtises de ce projet de loi? Quand sera la mise en oeuvre? Quand le Canada va-t-il devenir un des seuls pays au monde à permettre la légalisation de la marijuana? Ce sera le jour de notre fête nationale, le 1er juillet 2018. C'est cela l'héritage qu'on va donner. Cette année, on va célébrer le 150e anniversaire de notre pays — vive le Canada! — et un an plus tard, vive la marijuana! Cela n'a pas de bon sens. C'est ainsi que gère le gouvernement libéral.
On dit que cela se fait ailleurs, que c'est bon et qu'on va continuer à aller de l'avant. Non, dans les États du Colorado et de Washington, l'expérience indique que c'est mauvais, que cela augmente la consommation, la production, les activités du crime organisé, en plus d'augmenter les problèmes routiers, entre autres choses. En outre, les problèmes de consommation ont des effets sur la santé. C'est inacceptable.
Comme tout bon député, je tiens à consulter mes citoyens. Au cours de la dernière semaine, j'ai envoyé un courrier parlementaire pour demander aux citoyens de la circonscription de Louis-Saint-Laurent de me dire ce qu'ils pensaient de la situation. J'ai reçu près de 500 réponses et 93 % des gens ont dit que le gouvernement libéral ne devrait pas légiférer en ce sens ou légaliser la marijuana.
Je vais lire certains de ces commentaires. Mme Tremblay a dit qu'il s'agissait d'une barrière franchie vers des drogues plus dures. D'autres personnes ont dit, par exemple, que la production maison permettrait aux enfants moins âgés d'y avoir accès; un homme a mentionné avoir perdu cinq amis par suicide à cause de cette merde; un autre a dit qu'il y avait un risque élevé pour les jeunes de développer des problèmes de santé mentale, tandis qu'un autre avait quatre petits-enfants et trouvait ça épouvantable; un père d'une fille de 3 ans et d'un enfant à venir s'inquiétait et la situation le troublait énormément.
J'ai reçu beaucoup de commentaires, en voilà d'autres. Des gens ont aussi dit être en désaccord, car cela inciterait les jeunes à consommer; l'effet néfaste de la légalisation s'était déjà manifesté au Colorado, et une dame ne voulait pas cela pour sa petite-fille, ses enfants et ses cinq arrière-petits-enfants; quelqu'un voulait savoir à qui profiterait ces ventes illégales, tandis qu'un autre a dit que la seule raison pour laquelle on permettrait cela, c'était pour que le le premier ministre ait le vote des jeunes; un autre encore a déclaré que la décision allait à l'encontre des efforts faits par les provinces, tandis qu'une personne a dit que le cannabis était quatre fois plus fort que dans les années 1970 et que cela détruisait les cerveaux.
Je termine avec ce commentaire: « C'est inhumain de jouer avec la santé de nos enfants. » Ce commentaire est signé par une dame qui habite sur le boulevard de l'Ormière, Mme Paule Deltell, ma maman.
Je veux dire qu'il s'agit là d'un très mauvais projet de loi.
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Monsieur le Président, j'apprécie les talents oratoires de mon collègue. De toute évidence, il a réveillé la Chambre. Je crains fort de rendormir tout le monde.
Les Canadiens portent une attention particulière à la discussion que mes collègues et moi avons au sujet de la légalisation de la distribution, de la vente et de la possession de la marijuana à des fins récréatives au Canada. Cette question suscite sans doute de nombreuses émotions des deux côtés de la Chambre, et je sais que certains ont des points de vue très arrêtés là-dessus.
J'ai l'impression que le gouvernement a présenté le projet de loi à la hâte, sans vraiment prendre le temps de réfléchir à toutes les conséquences. Les libéraux remplissent ainsi une promesse électorale, mais ils ne tiennent pas compte de l'ensemble des répercussions et des effets que cette mesure législative pourrait avoir.
En avril, peu après la présentation du projet de loi par les libéraux, j'ai tenu une série de tables rondes avec des élus municipaux un peu partout dans ma circonscription. J'ai rencontré des maires, des préfets, des conseillers, des députés provinciaux et des représentants des médias. Ces responsables s'interrogeaient tout particulièrement au sujet des délais du projet de loi. Les libéraux ont présenté un projet de loi ayant une portée très vaste, qui établira l'âge minimal, le nombre de plants et la puissance de la marijuana qui pourra être vendue. Puis, ils ont dit en gros aux provinces et aux territoires qu'ils devaient établir leur propre plan de mise en oeuvre pour le reste. Cela signifie qu'il pourrait y avoir 13 régimes différents au Canada.
En préparation à l'adoption imminente de la mesure législative fédérale, l'Alberta Urban Municipalities Association a demandé à la province de l'Alberta d'agir. Le gouvernement provincial néo-démocrate a donc créé un secrétariat pour s'occuper de cette question. Formidable, sauf que le secrétariat en Alberta ne veut pas que les municipalités y participent.
Les libéraux parlent constamment de consultations auprès des municipalités et de la participation municipale, mais comment cela peut-il fonctionner? Lorsque les provinces sont chargées par le fédéral de faire le gros du travail, cela veut dire que les municipalités sont exclues de la prise de décisions au niveau local.
Ayant été maire pendant de nombreuses années, je m'inquiète particulièrement des répercussions sur les localités et les municipalités. Les municipalités sont très préoccupées par cet empressement à légaliser complètement la marijuana. Elles craignent de devoir payer la note pour un éventail de nouvelles responsabilités dont elles héritent essentiellement du jour au lendemain.
Les municipalités seront probablement responsables de l'application de la loi et du zonage et devront élaborer tout un ensemble de règlements administratifs pour encadrer ce nouveau régime. Pour ce qui est du zonage et des règlements administratifs, ce sera un long processus. Du personnel devra élaborer un plan. Il y aura des assemblées publiques et des audiences. Il faudra les annoncer. Les employés municipaux y consacreront d'innombrables heures et ressources pendant plusieurs mois. Il faut du temps pour cela et on ne peut pas précipiter les choses, ce qui remet en question les échéanciers du gouvernement.
L'émission de permis ne sera pas une vache à lait, malgré ce que certains députés ministériels voudraient nous faire croire. Les recettes seront loin d'être aussi importantes que les coûts du régime que les municipalités devront assumer.
Lors d'une séance antérieure de la Chambre, j'ai demandé aux libéraux quelles mesures concrètes ils allaient prendre pour aider les municipalités, puisqu'ils étaient en train de leur imposer un fardeau très lourd auquel elles auront très peu de temps pour s'adapter. La réponse du gouvernement a été plutôt vague, et elle ne suscite pas particulièrement mon enthousiasme. Par exemple, le secrétaire parlementaire a parlé de fournir de l'équipement et de la formation, mais il n'a pas indiqué qui paierait la facture. Voilà qui n'aide pas les municipalités à planifier.
Les municipalités subiront aussi une autre conséquence: elles devront réécrire leur politique de gestion des ressources humaines pour tenir compte du risque que des personnes viennent travailler sous l'influence de la marijuana. La dernière chose que souhaite une municipalité, c'est bien de voir l'un de ses opérateurs de machinerie lourde travailler sous l'influence de la drogue.
La mise en oeuvre des nouvelles politiques obligera les municipalités à se doter d'un nouvel ensemble de règles, à entreprendre une nouvelle planification et à prévoir de nouvelles dépenses.
Essentiellement, les libéraux se lavent les mains du travail qui devra se faire à l'échelle locale dans ce dossier. Ils disent aux municipalités: « Voici un gros changement auquel vous devrez vous adapter, et il vous reste un an pour ce faire. Débrouillez-vous. »
C'est dommage, car je suis certain que les municipalités de ma circonscription auraient été prêtes à collaborer avec la province, mais elles en ont été dispensées. Il est malheureux que la province ne permette pas une telle collaboration.
En sillonnant ma circonscription pour tenir des tables rondes communautaires, le secteur privé a soulevé un autre sujet de préoccupation, soit celui entourant les règlements sur la santé et la sécurité en milieu de travail. Que les organismes soient des petites ou des moyennes entreprises, comme les services de sécurité ECS situées dans la ville Brooks, dans ma circonscription, Bow River, ou de grands organismes comme des entreprises du secteur pétrolier et gazier, de nombreuses questions se posent quant à la consommation de marijuana liée au travail.
Comme nous le savons très bien, dans ma province, l'Alberta, le secteur pétrolier et gazier est bien développé et il a besoin d'un bon nombre de travailleurs. À l'heure actuelle, ces secteurs ont du mal, par moment, à trouver assez d'employés sobres. Ils devront faire face à un autre problème majeur lorsque les employés viendront au travail sous l'influence de la marijuana.
Je sais que le gouvernement fédéral doit respecter la répartition constitutionnelle des pouvoirs, et il affirme qu'il consulte les municipalités. Il parle des quelques 22 grandes villes, comme Toronto. Dans ma circonscription, il n'y a aucune de ces 22 grandes villes. Les libéraux ne parlent pas de l'endroit où vit la grande majorité de la population rurale, donc, lorsqu'ils parlent de consultation, ils parlent des quelques 22 grandes villes. Ce n'est pas d'où je viens.
Cependant, rien n'empêche les libéraux de consulter les provinces pour s'assurer qu'elles vont appuyer les municipalités. Si les libéraux font preuve de suffisamment de volonté, il y a un moyen de soutenir leurs efforts. Le gouvernement fédéral pourrait fournir le financement nécessaire à l'application de ces nouveaux pouvoirs. Le financement pourrait provenir d'un partage équitable des recettes fiscales générées par la légalisation de la marijuana récréative. Par exemple, on peut suivre l'exemple de la taxe fédérale sur l'essence, qui permet de se passer de l'intermédiaire — soit le gouvernement provincial — pour que l'argent soit, en grande partie, perçu directement par les municipalités. Sinon, ce sera l'impôt foncier qui finira par couvrir les coûts de ces mesures, car ce sont les municipalités qui feront l'essentiel du travail à l'échelle locale.
Le gouvernement pourrait trouver d'autres solutions pour faciliter la mise en oeuvre des mesures qu'il s'empresse d'imposer avec ce nouveau projet de loi. Cependant, s'il ne prend pas le temps nécessaire, et s'il va trop vite, ce seront ceux qui paient l'impôt foncier qui financeront ces mesures. Comme c'est la principale source de revenus des municipalités, celles-ci devront alors hausser les impôts pour financer ces mesures.
D'après Lisa Holmes, présidente de l'Alberta Urban Municipalities Association, plusieurs municipalités albertaines pourraient, en théorie, être prêtes d'ici 2019, donc environ un an après l'échéance fixée par le gouvernement. Cela pourrait aller si le gouvernement peut trouver une façon de collaborer avec les provinces et de leur laisser une certaine latitude au chapitre des échéances et de la mise en oeuvre. Sinon, Mme Holmes croit que la seule façon de financer le nouveau régime sera d'avoir recours aux impôts fonciers des municipalités.
D'autres personnes sont aussi préoccupées. C'est notamment le cas de plusieurs premiers ministres provinciaux, dont des libéraux. La première ministre néo-démocrate de l'Alberta, Rachel Notley, s'est dite préoccupée par l'échéancier serré.
La légalisation crée beaucoup d'autres enjeux. Ainsi, je trouve plutôt inquiétant qu'on s'apprête à encourager les gens, y compris les jeunes, à fumer de la marijuana, alors qu'on tente depuis des années de convaincre les gens de cesser de fumer. J'ai travaillé pendant des années avec un conseil de santé, et j'ai aussi été éducateur. Nous avons travaillé d'arrache-pied, avec les ressources à notre disposition, pour sensibiliser les gens aux risques du tabagisme. Nous avons travaillé avec ardeur pour sensibiliser les jeunes, même ceux de 10 ans, aux dangers de la fumée de cigarette. Ces campagnes avaient le même but: que les jeunes ne commencent jamais à fumer, un point c'est tout. Dans un cas, nous disposions d'un budget supérieur à celui que les libéraux ont prévu pour cinq ans et pour l'ensemble du pays. Il est tragique qu'on dispose seulement d'un maigre 9 millions de dollars réparti sur cinq ans. C'est carrément insuffisant.
Nous pourrions faire en sorte qu'une portion des taxes fédérales soit versée aux municipalités pour la promotion de la santé et la prévention. Un pourcentage donné devrait être prescrit par le fédéral afin d'assurer que les efforts de prévention soient adéquatement financés, car 9 millions de dollars, c'est tout simplement dérisoire.
C'est auprès des adolescentes enceintes, l'un des plus importants groupes à risque, que la prévention du tabac a le moins bien fonctionné. Les jeunes filles enceintes et leur enfant à naître vivent déjà un risque. Le projet de loi libéral ajoute une autre substance qui empirera leur situation, ce qui est troublant. Un adolescent sur sept deviendra dépendant de la marijuana une fois qu'il aura commencé à en consommer. Chez les jeunes femmes enceintes célibataires, ce nombre sera encore plus élevé.
En suggérant la pleine légalisation, le gouvernement contribue au problème, car il facilitera l'accès à la marijuana pour les adolescents. Voilà pourquoi il faut financer substantiellement la prévention. Le gouvernement doit prendre les devants à cet égard, car il ne suffit pas de déléguer cette responsabilité.
Compte tenu de tout cela, je suis impatient de poursuivre le débat sur le projet de loi et j'espère que le gouvernement révisera son échéancier, car c'est vraiment nécessaire.
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Monsieur le Président, aujourd'hui, j'ai l'honneur de parler en faveur du projet de loi , proposé par notre gouvernement afin de légaliser la consommation de cannabis au Canada, tout en le réglementant strictement.
[Traduction]
Le projet de loi sur le cannabis représente une nouvelle approche relativement au cannabis, une approche axée sur la santé et la sécurité publiques, tout particulièrement la santé et la sécurité des jeunes Canadiens. L'approche actuelle ne fonctionne pas. Elle a permis aux criminels et au crime organisé de s'enrichir, mais n'a pas empêché le cannabis de se retrouver entre les mains des jeunes Canadiens. Dans bien des cas, les jeunes peuvent plus facilement se procurer du cannabis que des cigarettes. Les taux de consommation de cannabis au Canada figurent parmi les plus élevés au monde. La marijuana est la drogue illicite la plus fréquemment utilisée par les jeunes.
En 2015, 21 % des jeunes Canadiens de 15 à 19 ans ont déclaré consommer du cannabis. Cela correspond à un jeune sur cinq au Canada. Un trop grand nombre de jeunes considèrent le cannabis comme une substance inoffensive. Ils sont souvent mal informés des torts causés par le cannabis et ne sont pas au courant du fait qu'un usage précoce augmente les risques à long terme.
Les jeunes sont particulièrement vulnérables aux effets du cannabis sur le développement du cerveau et sur les fonctions cérébrales, car le THC présent dans le cannabis a une incidence sur le système du cerveau qui est responsable de son développement. De plus, trop de personnes sont aux prises avec l'appareil de justice pénale parce qu'elles ont eu en leur possession de petites quantités de cannabis. Cela peut avoir une incidence sur leurs possibilités à long terme. Manifestement, il doit y avoir une meilleure façon de sensibiliser et de protéger les jeunes.
Compte tenu des faits, j'aimerais centrer mes observations d'aujourd'hui sur les avantages du projet de loi pour les jeunes. L'un des objectifs principaux du projet de loi est de protéger les jeunes en restreignant leur accès au cannabis. J'aimerais d'abord souligner que ce projet de loi n'est qu'un élément parmi d'autres de l'approche globale du gouvernement pour lutter contre la consommation de cannabis chez les jeunes. En effet, l'engagement du gouvernement de garder le cannabis hors de la portée des enfants comprend des mesures complémentaires visant à protéger la santé, la sécurité et le bien-être des jeunes.
Le gouvernement tente de réduire la consommation de cannabis chez les jeunes en les empêchant d'avoir accès au produit, en leur fournissant de meilleurs renseignements sur les dangers et les risques pour la santé qui y sont liés et en veillant à ce qu'ils n'aient pas de casier judiciaire pour possession de cannabis même en petite quantité.
Cette approche exige que des mesures législatives et réglementaires soient mises en place et qu'un soutien en matière d'éducation publique soit assuré. À cette fin, le gouvernement a entamé une campagne de sensibilisation du public destinée aux jeunes et à leurs parents dans le but de mieux les informer des dangers et des risques liés au cannabis. Je suis convaincu que grâce à l'approche du gouvernement, les jeunes seront mieux protégés à l'avenir contre les risques potentiels de cette substance.
J'aimerais maintenant exposer les mesures précises du projet de loi sur le cannabis qui aideront à protéger les jeunes. En tant que société, nous avons tiré des leçons des contrôles de santé et de sécurité qui ont été établis pour les substances potentiellement nocives, comme le tabac, l'alcool et les médicaments sur ordonnance. Le projet de loi utilise ces pratiques exemplaires comme point de départ et contient un certain nombre de mesures conçues pour protéger les jeunes.
D'entrée de jeu, le projet de loi interdit la vente de cannabis aux moins de 18 ans et interdit également aux adultes de donner du cannabis aux moins de 18 ans. De plus, il crée une infraction et impose une peine à toute personne qui se fait prendre à utiliser un jeune pour commettre une infraction liée au cannabis. Tout adulte reconnu coupable de cela s'expose à une peine d'emprisonnement maximale de 14 ans.
Afin d'éviter les types d'incitatifs à consommer du cannabis qui avaient été utilisés par le passé pour le tabac, le projet de loi interdirait toute forme de cannabis conçue pour attirer les jeunes. Cela signifie que les produits comme les sucettes ou les oursons en gélatine infusés au cannabis seraient illégaux.
Pour protéger davantage les jeunes contre les incitations à consommer du cannabis, les producteurs et détaillants n’auraient pas le droit de faire des emballages ou un étiquetage susceptibles de rendre le cannabis attrayant pour les jeunes. Ils ne pourraient pas avoir recours à des témoignages favorables, associer leur produit à un style de vie ou avoir recours à un personnage de dessin animé pour en faire la promotion. Toute promotion ou publicité de produits du cannabis serait interdite dans tout lieu ou sur tout support accessible aux jeunes, par exemple à l’épicerie, au cinéma ou sur un autobus.
Pour réduire encore le risque qu’un jeune se procure du cannabis illégalement, cette drogue ne pourrait pas être vendue dans une machine distributrice. Le projet de loi prévoit aussi le pouvoir de prendre des règlements selon lesquels le cannabis devrait être vendu dans un emballage à l’épreuve des enfants, pour protéger les plus jeunes contre une consommation accidentelle du produit.
Ensemble, ces mesures permettent de protéger la santé et la sécurité de nos jeunes.
Le gouvernement a aussi pour objectif, mis à part la protection de la santé publique, d’éviter de criminaliser les Canadiens pour des infraction relativement bénignes. Le fait d’avoir un casier judiciaire pour simple possession d’une petite quantité de cannabis peut avoir des répercussions graves. Les gens ayant un casier judiciaire peuvent avoir de la difficulté à trouver du travail ou un logement, à être accepté comme bénévole ou à voyager. Voulons-nous continuer à causer de tels problèmes à des Canadiens parce qu'on les a trouvés en possession d’une petite quantité de cannabis? Le gouvernement libéral dit non.
Le projet de loi prévoit une limite de possession en public de 30 grammes de cannabis séché pour les adultes âgés d'au moins 18 ans et, comme je l'ai dit plus tôt, il prévoit des infractions et des sanctions plus strictes pour les adultes qui donnent ou tentent de vendre du cannabis à des jeunes ou qui utilisent une jeune personne pour commettre une infraction liée au cannabis.
Le projet de loi adopte une stratégie différente à l'égard de la possession de cannabis chez les jeunes. Il reconnaît que, dans certaines circonstances, il peut être plus préjudiciable que bénéfique d'entrer dans le système de justice pénale. Ainsi, en application du projet de loi , les jeunes ne seraient pas passibles de poursuites pénales pour possession ou partage de très petites quantités de cannabis. Toute activité d'un jeune faisant intervenir plus qu'une petite quantité de cannabis, définie comme plus de 5 grammes, serait traitée d'après les dispositions de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.
Le gouvernement collaborera avec les provinces et les territoires pour appuyer l'élaboration, dans chaque province et territoire, d'une loi qui autoriserait les agents d'application de la loi à confisquer tout cannabis trouvé dont une jeune personne avait possession, quelle que soit la quantité.
Que ce soit bien clair. L'approche proposée à l'égard de la possession de cannabis chez les jeunes ne signifie pas qu'un tel comportement est encouragé ou acceptable. Il ne l'est pas. Plutôt, elle reconnaît qu'une stratégie plus équilibrée utilisant un éventail d'outils et ne reposant pas seulement sur le système de justice pénale offrira une meilleure façon de réduire la consommation de cannabis chez les jeunes.
Cette approche est conforme aux conclusions du Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis, dirigé par l'honorable Anne Mclellan. Le rapport final du groupe de travail souligne que des approches non criminelles devraient être mises en oeuvre pour décourager la possession ou la consommation du cannabis par les jeunes. Je crois que cela permettrait d'atteindre l'équilibre parfait entre les efforts visant à éviter d'incriminer les jeunes pour la possession de petites quantités et ceux visant à contrôler et à réglementer de façon serrée le cannabis.
En conclusion, le gouvernement a placé la santé, la sécurité et le bien-être des jeunes au coeur de ce projet de loi. Je suis sûr que cette approche équilibrée nous permettra de diminuer la consommation à haut risque chez les jeunes et de commencer à faire baisser le taux de consommation au sein de ce groupe.
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Monsieur le Président, la légalisation de la marijuana aurait certainement d'énormes répercussions sur la société telle que nous la connaissons. Évidemment, je parle de la société canadienne. Plus particulièrement, je parle de la santé globale du Canada et du bien-être des Canadiens. Ce que les libéraux tentent de faire avec ce projet de loi, qu'ils mènent à toute vapeur, a nécessité des dizaines d'années de travail quand on a fait la même chose pour l'alcool et le tabac. Avec un changement aussi important à la législation et les responsabilités accrues qui seraient imposées aux provinces et aux municipalités, je crois que nous devons nous assurer que la politique des libéraux est fondée sur des données scientifiques. Pour être honnête, je dois dire que j'ai tout lieu d'être sceptique quant à ces données scientifiques, compte tenu des travaux en comité et des autres mesures législatives que les libéraux ont adoptées à la Chambre. La politique des libéraux a certainement comporté de nombreuses lacunes sur ce plan, dans le passé.
Nous devons également nous assurer que les provinces et les municipalités ont le temps de bien élaborer des règlements dans leurs champs de compétence. De plus, une considération devra être accordée aux employeurs, qui devront alors mettre en oeuvre des politiques dans leur milieu de travail.
J'ai des réserves au sujet du projet de loi . Je crois qu'il comporte des lacunes en raison tant de son échéance précipitée que de son manque de preuves scientifiques. Je souhaite traiter plus longuement de ces deux points ce soir.
La légalisation de la marijuana est un secteur de politique qui doit être fondé sur des données scientifiques. Je pense tout particulièrement à la santé et au bien-être des jeunes Canadiens. L'Association médicale canadienne ainsi que la Société canadienne de pédiatrie et le Collège des médecins de famille du Canada ont déclaré que la marijuana a des conséquences négatives sur le développement du cerveau des personnes de moins de 25 ans. J'ai parlé à des jeunes dans l'ensemble du pays et je suis étonnée que nombre d'entre eux partagent les mêmes inquiétudes. C'est l'un des points qu'ils soulèvent lors des tables rondes ou des assemblées publiques que j'organise afin de parler de ce projet de loi et des décisions qu'on envisage de prendre. Les jeunes me disent que l'âge limite de 18 ans est simplement trop jeune. Ils reconnaissent que la consommation de cannabis ralentit et nuit au développement du cerveau chez les jeunes de moins de 25 ans, et nombreux sont ceux qui ont dit avoir peur que la consommation de marijuana entraîne éventuellement la schizophrénie — ce qui, bien sûr, a été prouvé par des données scientifiques et médicales. De plus, d'après des études évaluées par des pairs et mes discussions avec les jeunes, je sais que la légalisation de la marijuana réduirait la perception du risque parmi les jeunes. En d'autres mots, cela banaliserait la consommation de marijuana.
La dernière chose que je tiens à mentionner concernant les jeunes est au sujet des gens de moins de 18 ans. En vertu de cette mesure législative, s'ils ont en leur possession moins de cinq grammes de marijuana, ils ne seront pas poursuivis. Je dois donc demander de quelle manière cela empêchera les jeunes d'y avoir accès. Il s'agit d'un des arguments principaux utilisés par les libéraux pour défendre ce projet de loi, mais malheureusement, il ne tient pas.
Si le gouvernement s'obstine à aller de l'avant avec ce projet de loi mal rédigé, au moins, je crois qu'il faudrait s'assurer de mettre en place un programme de sensibilisation solide et approfondi à l'intention des jeunes Canadiens. Ce programme doit être mis en oeuvre avant la légalisation de la marijuana au Canada. Bien que le financement pour un programme de sensibilisation aux dangers du cannabis soit prévu dans le budget de 2017, on prévoit d'investir 9,6 millions de dollars, seulement, pas dans une année, mais en fait sur cinq ans, ce qui veut dire qu'il y aura moins de 2 millions de dollars par année pour la sensibilisation. Voilà l'importance accordée aux jeunes par le gouvernement libéral. Ils ne valent pas plus que 2 millions de dollars à peine pour la sensibilisation par année, sans oublier qu'il sera impossible d'entièrement mettre en oeuvre le programme de sensibilisation avant la date limite du 1er juillet 2018.
Même si le projet de loi donne des précisions sur le besoin d'inclure des avertissements relativement à la santé et à la sécurité sur l'emballage du produit, si un jeune a le produit en mains et qu'il peut lire l'étiquette, il est déjà trop tard pour qu'il en apprenne vraiment plus sur les risques du produit. Nous ne pouvons oublier l'importance de la sensibilisation simplement pour faire adopter ce projet de loi rapidement. Je crois qu'il est de notre responsabilité, en tant que parlementaires, de défendre et de protéger l'avenir des jeunes Canadiens relativement à la question que nous étudions aujourd'hui. Pour ce faire, il faudra accorder la plus grande importance aux données médicales et scientifiques lorsque nous adopterons le projet de loi.
De plus, j'ai de graves préoccupations quant à la capacité de détecter des facultés affaiblies, surtout chez un conducteur. Les recherches scientifiques montrent la difficulté qui existe à détecter la marijuana lorsqu'il est question de la conduite avec facultés affaiblies. Contrairement à l'alcool, la quantité de marijuana dans le sang d'une personne n'est pas indicative du degré d'affaiblissement de ses facultés. La présence de THC est difficile à détecter avec un analyseur d'haleine en raison de la nature liposoluble de la drogue.
Le cannabis a également moins d'effets sur les utilisateurs chroniques que sur les personnes qui en consomment pour la première fois. Il faudrait donc aussi tenir compte de ce fait puisque la même quantité de cannabis dans l'organisme d'une personne n'aura pas les mêmes effets.
Le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies a constaté que la marijuana nuit considérablement à la capacité de concentration d'une personne lorsqu'il y a plus d'une source d'entrée d'information. Il s'agit d'une très bonne description de la conduite. Lorsqu'une personne qui a consommé de la marijuana conduit, elle zigzague sur la route, se maintient dangereusement près du véhicule qu'elle suit, ne voit parfois pas un piéton qui traverse la rue et est incapable de surveiller sa vitesse. Évidemment, tous ces facteurs font en sorte qu'il est très probable qu'un accident de la route survienne. Pire encore, un accident mortel.
Comme le cannabis figure au deuxième rang, après l'alcool, des substances les plus souvent détectées chez les conducteurs après un accident, il importe de tenir compte du danger que représentent les conducteurs aux facultés affaiblies sur nos routes et d'atténuer les risques.
En outre, des élus provinciaux et municipaux de ma circonscription m'ont fait part de leurs nombreuses inquiétudes. Ils m'ont dit que, en réalité, le fardeau leur incombera, même si le gouvernement fédéral sera chargé de superviser la production de la marijuana et les exemptions prévues dans le Code criminel pour la consommation de cannabis à des fins récréatives. Ils seront tenus de concevoir les autres règlements régissant la santé publique et le zonage, et il leur incombera de gérer le système de vente et de distribution de la marijuana. Ils estiment qu'ils hériteront d'un lourd fardeau. Évidemment, il faudra que tout soit en place d'ici le 1er juillet 2018, date limite fixée arbitrairement.
Pourquoi le gouvernement a-t-il choisi le 1er juillet 2018? Les délais seront beaucoup trop courts pour que les provinces et les municipalités puissent adopter adéquatement la réglementation nécessaire. Une fois que le projet de loi aura été adopté, ils ne disposeront que de six mois pour passer à l'action, car, selon toute vraisemblance, la Chambre sera saisie du projet de loi jusqu'à Noël, environ.
Comme si ce n'était pas suffisant, les provinces et les municipalités devront aussi créer des infractions non criminelles pour les jeunes de moins de 18 ans si elles souhaitent décourager davantage la consommation de marijuana chez ce groupe, car, aux termes du projet de loi dont nous sommes saisis, les jeunes de 12 à 17 ans pourront posséder légalement cinq grammes de marijuana.
En résumé, j'ai de vives inquiétudes à l'égard du projet de loi , qui vise à légaliser le cannabis. Cependant, avant de conclure, je crois qu'il est temps de présenter quelques faits intéressants.
Le projet de loi permet d'avoir quatre plantes de cannabis par habitation. Comme je viens d'un milieu agricole, j'étais naturellement curieuse de savoir à quel rendement cela correspond. Selon une recherche rapide sur Google et les renseignements les plus fiables que j'ai pu obtenir auprès de certains blogueurs qui produisent leur propre cannabis, une plante peut produire 1 200 grammes de cannabis. On m'a dit également qu'il faut être prudent, car il faut utiliser les bonnes ampoules pour en produire autant. En faisant d'autres recherches, j'ai appris que cela correspond à 800 joints. J'ai ensuite multiplié ce chiffre par quatre, et j'ai fini par déterminer qu'on peut produire 3 168 joints par habitation. J'ai ensuite découvert que, en moyenne, un consommateur de cannabis fume environ trois joints par jour, ce qui signifie que la limite de quatre plantes permet de fournir à chaque ménage suffisamment de joints pour un peu moins de trois ans.
Je ne sais pas ce qu'en pense les députés, mais ce me semble légèrement excessif par rapport à ce dont une personne peut avoir besoin pour sa consommation personnelle. Je me demande si les libéraux pourraient, à un moment ou à un autre, clarifier la logique sur ce point.
Nous devrions étudier l'information disponible pour dégager les faits concernant les effets des drogues sur le développement des jeunes, et non pas accepter un âge motivé par des considérations politiques pour accélérer le processus. Il faut envisager des plans de sensibilisation potentiels pour informer les gens des risques. De plus, nous devons collaborer avec les forces de l'ordre pour établir de meilleures façons de tester les niveaux de THC et d'évaluer le degré d'affaiblissement des facultés d'une personne.
Par ailleurs, on doit discuter avec les provinces et les municipalités afin de déterminer les échéanciers nécessaires pour créer les systèmes de distribution et mettre en oeuvre de nouveaux règlements.
Voilà le problème. Il faut admettre que le projet de loi est mal ficelé, et la dernière chose que les libéraux devraient faire maintenant est de chercher à créer un buzz politique en laissant partir le Canada en fumée.
Quittons-nous sur une note planante. Oublions ce projet de loi et sortons de ce délire aujourd'hui.
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Monsieur le Président, on pourrait croire que, comme la session est bien entamée et qu'il se fait tard, les libéraux choisiraient enfin de se concentrer sur les vrais enjeux auxquels sont confrontés les Canadiens, comme la faible croissance économique, le chômage et l'impossibilité pour les jeunes d'acheter une nouvelle maison, mais non. Les libéraux préfèrent travailler avec ardeur à la légalisation de la marijuana à des fins récréatives. Alors qu'ils ont déjà tourné le dos à bon nombre de leurs promesses électorales, il est surprenant qu'ils soient à ce point résolus à faire avancer ce dossier à tout prix.
En ce qui concerne le projet de loi à l'étude, de ce côté-ci de la Chambre, nous attachons une importance prioritaire à la santé et à la sécurité des Canadiens. Les libéraux répètent à qui mieux mieux que le projet de loi vise à protéger les jeunes et à accroître la sécurité publique, mais, plus nous faisons de recherches sur la légalisation, plus nous découvrons quels ont été les effets négatifs de la légalisation dans les administrations qui ont choisi cette voie, plus les arguments des libéraux s'envolent en fumée.
Comment en sommes-nous arrivés là? Le 13 avril 2017, le gouvernement libéral a présenté un projet de loi qui autoriserait l'usage récréatif de la marijuana par des Canadiens âgés de plus de 18 ans et qui éliminerait les peines prévues pour possession d'un maximum de cinq grammes de marijuana par des jeunes âgés de 12 à 18 ans. C'est le projet de loi . Comme je l'ai dit auparavant, le et le gouvernement libéral ont répété à maintes reprises que la mesure vise à protéger les jeunes enfants et à accroître la sécurité publique. Cependant, la mesure législative qu'il a présentée ne permet d'atteindre ni l'un ni l'autre de ces objectifs.
Ce n'est pas seulement mon avis. L'Institut Angus Reid a réalisé un sondage, et les résultats révèlent que deux Canadiens sur trois croient que le projet de loi n'empêchera pas les jeunes de consommer plus de marijuana qu'ils ne consomment déjà. Bien que le gouvernement affirme fonder ses décisions sur des faits et des données scientifiques, la mesure législative prouve le contraire.
Des groupes comme l'Association médicale canadienne, l'Association des psychiatres du Canada et l'Association canadienne des chefs de police s'opposent tous à un aspect quelconque du projet de loi. Tant l'Association médicale canadienne que l'Association des psychiatres du Canada ont déclaré que les Canadiens qui consomment de la marijuana à des fins récréatives avant l'âge de 25 ans courent un risque plus élevé de souffrir d'une maladie mentale comme la dépression, la schizophrénie et le trouble bipolaire.
L'Association des psychiatres du Canada a déclaré que:
Dans certains cas, la consommation régulière de cannabis chez les jeunes et les jeunes adultes affecte certains aspects de la cognition, comme l’attention, la mémoire, la vitesse de traitement, le fonctionnement visuospatial et l’intelligence globale. On observe une moins bonne performance chez les jeunes qui ont commencé à consommer du cannabis au début de l’adolescence.
L'Association des psychiatres du Canada a ajouté ceci:
La consommation de cannabis à un jeune âge augmente le risque de dépendance au cannabis à l’âge adulte.
En présence de facteurs particuliers, p. ex., usage fréquent et début de la consommation à un âge précoce, l’usage du cannabis est associé à un risque accru de consommer d’autres drogues illicites.
Plus loin dans le même rapport, on lit que:
L’APC reconnaît et approuve les recommandations de l’AMC soumises au Groupe de travail. En ce qui a trait à la protection de la santé mentale des jeunes et des jeunes adultes, l’APC veut souligner les éléments suivants:
Étant donné que l’usage du cannabis est associé à une augmentation du risque de schizophrénie et est également susceptible d’interagir de façon négative avec la dépression, le trouble bipolaire et les troubles anxieux en raison de ses effets biologiques sur la maturation du cerveau, et étant donné que les troubles mentaux se manifestent souvent pour la première fois avant l’âge de 25 ans, le cannabis ne devrait pas être accessible aux personnes de moins de 21 ans, et des restrictions quant à la quantité et à la concentration en THC devraient s’appliquer aux personnes de 21 à 25 ans.
On ne retrouve rien de tout cela dans le projet de loi .
Dans le récent numéro du Journal de l'Association médicale canadienne publié le 29 mai, on peut lire:
L'objectif de la loi serait de protéger la santé et la sécurité, mais certaines de ses dispositions semblent aller à l'encontre de cet objectif, surtout en ce qui concerne les jeunes Canadiens.
En bref, les jeunes ne devraient pas consommer de cannabis. Il est toxique pour leurs réseaux neuronaux corticaux, des modifications fonctionnelles et structurelles ayant été détectées dans le cerveau des jeunes qui consomment régulièrement du cannabis.
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale a affirmé sans équivoque que « [l]e cannabis n’est pas une substance inoffensive. Ses méfaits pour la santé augmentent avec l’intensité de sa consommation. » Bien que les adultes soient également sensibles aux effets nocifs du cannabis, le cerveau en développement des jeunes y est particulièrement sensible.
La Société canadienne de pédiatrie affirme quant à elle que la consommation de marijuana chez les jeunes « s’associe fortement à la dépendance au cannabis et à d’autres troubles de l’usage d’une substance, à l’adoption et au maintien du tabagisme, à l’augmentation des troubles de santé mentale, y compris la dépression, l’anxiété et la psychose, à une perturbation du développement neurologique et à un déclin cognitif ainsi qu’à une diminution de la performance scolaire et des réalisations au cours de la vie ». Le risque de dépendance à long terme à la marijuana est environ de 9 %; par contre, chez ceux qui commencent à consommer à l'adolescence, ce risque grimpe à près de 17 %.
L'article de l'Association médicale canadienne dit encore ceci:
La plupart d'entre nous connaissent un jeune dont la vie a basculé à cause de la consommation de marijuana. Le projet de loi C-45 est peu susceptible d'empêcher de tels drames. Il pourrait même en augmenter la fréquence. Bien qu'un projet de loi accompagnant le projet de loi actuel prévoie des peines plus lourdes pour la conduite avec facultés affaiblies et propose des limites de taux sanguin de tétrahydrocannabinol pour les gens qui prennent le volant, il y a lieu de craindre sérieusement que la légalisation de la marijuana entraîne une augmentation substantielle des cas de conduite avec facultés affaiblies, en particulier parmi les jeunes, et que les conducteurs soient alors sous l'effet de l'alcool et de la drogue en même temps.
Les effets nocifs de l'usage récréatif de la marijuana ne concernent pas uniquement les enfants. Comme le souligne l'Association médicale canadienne, « la consommation de marijuana est liée à de nombreux problèmes de santé, notamment la toxicomanie, les troubles cardiovasculaires et pulmonaires, par exemple, les bronchites chroniques, les maladies mentales ainsi qu'à d'autres problèmes, y compris les déficits cognitifs et une baisse du niveau de scolarité. »
Pour ce qui est de la toxicomanie, la Society for the Study of Addiction constate qu'une personne sur 10 qui consomment régulièrement de la marijuana développe un problème de dépendance. Parmi celles qui commencent à consommer la drogue au cours de l'adolescence, la proportion atteint une sur six. Il est clair que le gouvernement ne prend pas au sérieux les effets néfastes pour la santé de la marijuana et que le changement qu'il est en train de préparer aura des répercussions dommageables à long terme sur les Canadiens.
Sur le plan de la sécurité publique, l'État de Washington dit que la légalisation de l'usage récréatif de la marijuana a entraîné une augmentation très nette du nombre de décès dans des accidents de la circulation causés par la conduite sous l'influence de la marijuana. Le Washington Times écrit ceci dans un article qui porte sur les constatations de l'American Automobile Association:
Selon l'étude, les autorités de l'État de Washington ont enregistré 436 accidents de la circulation mortels en 2013 et ont pu déterminer que, dans 40 de ces accidents, un test a révélé la présence de THC, le composant chimique actif de la marijuana, dans l'organisme du conducteur. En 2014 [un an plus tard], les auteurs de l'étude ont constaté que, sur un total de 462 accidents mortels, les tests avaient révélé la présence de THC dans l'organisme de 85 conducteurs.
Le nombre d'accidents mortels liés à la présence de THC a doublé en un an.
L'organisme MADD Canada a déclaré ce qui suit:
Les relevés de population indiquent une hausse du nombre de Canadiens qui conduisent après avoir consommé de la drogue. Dans les faits, la conduite sous l’emprise du cannabis est maintenant chose plus commune chez certains jeunes conducteurs que l’alcool au volant. Selon les données d’enquête compilées par le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) en 2013, 4 % des jeunes Ontariens titulaires de permis de la 10e à la 12e année auraient conduit après avoir bu et 12 % auraient conduit après avoir fumé du cannabis.
Tout aussi inquiétant que ces statistiques est le fait que plusieurs jeunes -- et certains parents -- croient à tort que la conduite sous l’emprise du cannabis est moins dangereuse que la conduite en état d’ébriété. Quelques constatations de l’enquête réalisée par le Partenariat pour un Canada sans drogue:
Près d’un tiers (32 %) des adolescents sondés estiment que le cannabis au volant n’est pas aussi dangereux que l’alcool au volant.
Près de 25 % des parents d’adolescents estiment que la conduite sous l’emprise du cannabis n’est pas aussi dangereuse que l’alcool au volant.
Plusieurs jeunes croient que la conduite sous l’emprise du cannabis est sans risque. Pourtant les recherches à ce sujet démontrent que la consommation de cannabis peut provoquer des effets indésirables dans le contexte de la conduite dont, entre autres: durée d’attention réduite, perception altérée du temps et des distances, et ralentissement du temps de réaction nuisant à la capacité du conducteur de réagir aux imprévus. Selon une étude réalisée en 2012 par les chercheurs de l’Université de Dalhousie, les personnes qui consomment du cannabis trois heures avant de conduire sont presque deux fois plus susceptibles d’être impliquées dans une collision automobile.
Le mélange de cannabis avec même une très petite quantité d’alcool multiplie l’effet négatif sur les habiletés de conduite.
Plusieurs jeunes croient qu’ils ne seront jamais arrêtés ou accusés de conduite avec les facultés affaiblies par la drogue. Bien qu’il soit plus difficile d’identifier le cannabis au volant que l’alcool parce qu’il n’existe pas de test routier de dépistage de drogue semblable à l’éthylomètre utilisé pour dépister l’alcool, les agents de police disposent d’outils pour identifier les conducteurs qui conduisent sous l’emprise de drogues.
Or, selon l'American Automobile Association, aucun test sanguin ou d'urine n'a prouvé qu'il permettait de déterminer à quel point une personne est intoxiquée par la marijuana. Les tests existants peuvent seulement détecter la présence de marijuana dans l'organisme. J'ai demandé à des policiers de la région de Waterloo ce qu'ils en pensent. Eh bien, selon eux, les corps de police n'ont ni l'argent ni l'équipement pour affronter ces nouveaux dangers. Nous devons tenir compte de leurs mises en garde et réfléchir à ce qu'ils nous disent.
On voit tout de suite que ce n'est pas parce qu'il a la santé et la sécurité des Canadiens à coeur que le gouvernement veut légaliser l'usage récréatif de la marijuana à toute vitesse, mais parce qu'il veut pouvoir dire qu'il a tenu la promesse qu'il a faite pendant la campagne. Les jeunes et leur avenir sont le cadet de ses soucis.
Je terminerai sur un extrait de l'éditorial publié par la Dre Diane Kelsall dans le Journal de l'Association médicale canadienne il y a trois jours à peine: « Si le Parlement se soucie vraiment de la santé publique et de la sécurité des Canadiens, il n'adoptera pas ce projet de loi. »
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Monsieur le Président, j'interviens de nouveau à la Chambre pour parler du projet de loi , Loi concernant le cannabis et modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, le Code criminel et d'autres lois. Le projet de loi vise à permettre aux adultes d'avoir accès en toute légalité au cannabis, ainsi qu'à contrôler et à réglementer la production, la distribution et la vente du cannabis.
Le cannabis est une drogue illégale au Canada depuis 94 ans. Ceux qui ont la bosse des maths en déduiront que le cannabis est interdit depuis 1923.
J'ai des réserves concernant le projet de loi à l'étude ce soir. Je vais en énumérer quelques-unes, puis je parlerai en détail de chacune d'entre elles. Je pense que mon temps de parole de 10 minutes sera ainsi bien rempli.
Qu'il s'agisse de l'accès facile et direct au pot par les enfants et les adolescents, du coût de la mise en oeuvre, de la fiscalité, du partage des revenus, de l'atteinte au droit international et aux obligations en vertu de traités et du risque de compromettre les relations entre le Canada et ses alliés, dont les États-Unis et la Grande-Bretagne, le projet de loi a une très vaste portée. Je suis extrêmement préoccupé par le fait que le projet de loi va être adopté avant même qu'on puisse répondre à ces questions.
À voir les sondages, on dirait que les Canadiens ont de plus en plus de réserves au fur et à mesure qu'ils en apprennent davantage sur le plan de légalisation de la marijuana des libéraux et sur les préjudices qu'il risque de causer. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne l'âge minimal pour acheter légalement de la marijuana. Contrairement au gouvernement fédéral, pas moins de 58 % des Canadiens sondés estiment que l'âge minimal devrait être plus élevé que 18 ans. Plus de deux Canadiens sur cinq sont donc en désaccord avec ce que propose actuellement le gouvernement. Le projet de loi du sur la marijuana est une promesse aux fumeurs de pot, pas aux parents, et les questions sans réponse s'accumulent.
Le projet de loi permettrait d'avoir accès directement et facilement au pot. Les libéraux se plaisent à répéter que, pour une raison ou pour une autre, les enfants auront plus de mal à mettre la main sur cette substance, mais voyons les choses en face: le projet de loi ne diminuera d'aucune façon la consommation de cannabis parmi les enfants. Permettre à un enfant de 12 ans d'avoir jusqu'à cinq grammes de marijuana en sa possession, c'est inadmissible.
De tous les pays, c'est le Canada qui enregistre le taux le plus élevé de consommation de cannabis chez les jeunes. Nous ne disons pas le contraire. En 2015, 21 % des adolescents de 15 à 19 ans ont pris du cannabis, contre 30 % des jeunes adultes de 20 à 24 ans.
À mesure que nous nous approchons de 2018, l'échéance que le gouvernement libéral s'est lui-même fixée pour le projet de loi, nous devons reconnaître les nombreux facteurs inconnus de cette mesure législative. C'est ce sur quoi portera l'essentiel de mon discours.
Au total, 41 % des Canadiens estiment qu'Ottawa précipite ce processus législatif, et 53 % ont déclaré que, selon eux, le gouvernement fédéral sous-estime l'impact global qu'il aura sur la société canadienne. Je suis conscient que je lance beaucoup de chiffres à la Chambre, mais il est essentiel de mettre en évidence l'opinion des Canadiens sur un sujet aussi important qu'une drogue qui aura des conséquences sur la santé et la sécurité de tous les habitants du pays.
Le doit aussi indiquer clairement comment le gouvernement entend présenter cela à nos partenaires internationaux. Comme on l'a indiqué plus tôt, le Canada compte parmi plus de 150 parties signataires de trois conventions des Nations unies sur le contrôle des stupéfiants: la Convention unique sur les stupéfiants de 1961; la Convention sur les substances psychotropes de 1971; et la Convention contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988. Ces conventions ne sont pas à prendre à la légère.
Une note du gouvernement qui a été rendue publique l'année dernière signale que le Canada devra étudier comment informer la communauté internationale et prendre les mesures nécessaires pour adapter ses obligations aux termes de ces engagements. Qu'est-ce que cela signifie? Cela veut dire que, s'il souhaite se retirer de ces conventions, le Canada doit le faire avant le 1er juillet prochain. Quand le gouvernement manifestera-t-il son intention de faire cela, s'il ne l'a pas déjà fait?
Le Canada sera le premier pays du G7 à prendre des mesures pour légaliser cette drogue, et pourtant nous ne sommes toujours pas en mesure de répondre aux questions les plus fondamentales. Que se passera-t-il si une personne qui a consommé du cannabis plus tôt dans la journée, voire quelques jours auparavant, franchit la frontière?
Si un douanier américain découvre qu'un Canadien qui veut traverser la frontière a consommé de la marijuana dans les dernières 24 ou 48 heures, ce dernier sera jugé inadmissible et risque la détention. Est-ce que cela aura une incidence sur les délais à la frontière? Est-ce que des ressources supplémentaires seront consacrées à régler ce problème?
Il y a même raison de croire que le projet de loi concernant la conduite avec facultés affaiblies serait inconstitutionnel. Le National Post fait valoir ce point en disant que la science n'a toujours pas établi de lien solide entre un niveau donné de concentration de THC dans le sang ou la salive d'un conducteur et le niveau d'affaiblissement des facultés. Je le répète, l'affaiblissement des facultés associé au THC ou au cannabis est complètement différent de celui causé par l'alcool. De plus, à ce jour, malgré toutes les questions que nous avons posées et que j'ai posées, le gouvernement est incapable de dire quel niveau de THC doit se trouver dans le sang pour déterminer qu'une personne a les facultés affaiblies.
La conduite avec les capacités affaiblies constitue la principale cause criminelle de décès au Canada, et on peut seulement s'attendre à ce que les chiffres augmentent lorsque la marijuana sera légalisée. D'importantes questions sont aussi soulevées au sujet de l'industrie du transport. J'ai pris la parole à la Chambre à de nombreuses reprises pour expliquer que je sais, grâce à mon expérience — 22 ans dans l'industrie aéronautique — ainsi qu'au travail que j'ai effectué auprès de nombreux organismes, que les groupes, qu'il s'agisse du transport routier, ferroviaire, maritime ou aérien, auront des préoccupations au sujet de la mesure législative.
Il y a des dizaines de milliers de camions commerciaux sur les routes et les autoroutes des provinces, des collectivités du pays. Qu'est-ce que le gouvernement offre aux collectivités où ces camions circulent à toute heure du jour? Quelles mesures le gouvernement prend-il pour veiller à ce que le chef ou le mécanicien d'un train qui transporte des matières dangereuses à travers les collectivités du pays ou les pilotes qui font voler nos familles n'aient pas consommé de marijuana? Que disons-nous aux organismes qui emploient ces personnes?
Le gouvernement fournira-t-il des ressources supplémentaires? Obligerons-nous encore les employés à subir des dépistages de drogue? Comment ces entreprises — sur lesquelles nous comptons pour qu'elles soient exploitées de façon sécuritaire et efficace — feront-elles pour contrôler leurs employés?
Par ailleurs, des craintes ont été exprimées dans le secteur de l'assurance et le secteur hypothécaire. Lorsqu'une propriété est vendue, il y a un contrat d'achat et le vendeur doit habituellement fournir une déclaration sur l'immeuble. Le libellé exact de la déclaration est: « Y a-t-il déjà eu une culture de cannabis ou la production d'un autre type de drogue, produit chimique ou dangereux à l’intérieur de l'immeuble? » On ne mentionne pas de quantité et on ne demande pas si c'était une activité légale ou illégale. On demande simplement si de la marijuana a été cultivée dans l'immeuble. À partir du moment où les propriétaires en ont connaissance, ils doivent communiquer l'information à tout acheteur subséquent. En outre, la perception que cela engendre restera liée à la propriété à jamais.
Il n'y a presque plus d'options de financement pour les propriétés dans lesquelles de la marijuana a été cultivée. Pour tout dire, un grand nombre de compagnies d'assurance qui assurent les prêts hypothécaires au Canada sont aux États-Unis et elles ont dit ne pas vouloir parler du projet de loi ni qu'il soit adopté. La plupart des grandes banques n'accepteront plus de les assurer et le petit nombre de caisses populaires qui seront encore prêtes à le faire imposent des primes plus élevées en raison du risque.
La première phase de l'évaluation environnementale du site est toujours nécessaire pour déterminer les dommages infligés à la résidence. On procède ensuite à des travaux d'assainissement, à la suite desquels on doit obtenir un nouveau permis d'occuper. Le processus coûterait au bas mot des dizaines de milliers de dollars.
En conclusion, je demande au gouvernement libéral s'il a mené une analyse approfondie à cet égard. A-t-il consulté des courtiers en hypothèques et en assurances et de sociétés de transports au sujet de répercussions du projet de loi? J'espère avoir exprimé clairement mon point de vue aujourd'hui. Le projet de loi à l'étude est déterminant et sera très marquant. Nous sommes en territoire inconnu et, si le projet de loi est adopté, le monde étudiera le modèle canadien et y trouvera des lacunes qui mettent en danger la santé et la sécurité des Canadiens.
Je suis heureux d'avoir eu l'occasion d'intervenir sur cet important sujet et je suis impatient de répondre aux questions.
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Monsieur le Président, c'est assez difficile d'être intéressante à cette heure-ci, mais je vais essayer.
J'ai eu la chance — ou la malchance, tout dépendant du côté où on est — de lire le projet de loi sur le cannabis au complet, et je suis restée sur mon appétit. J'aurais eu envie de poser mille et une questions. Pourquoi ce projet de loi a-t-il été fait à la va-vite? Pourquoi n'a-t-il pas assez de mordant? Pourquoi constitue-t-il un cadre qui déresponsabilise le Parti libéral et qui pellette tout dans la cour des provinces et des municipalités? Cela me dérange.
On nous présente un cadre qui nous donne des grandes lignes sur la consommation et la légalisation du cannabis, mais on aurait dû commencer par décriminaliser la marijuana, pour l'instant, avant de la légaliser. On a peu ou pas écouté les groupes d'intérêt, et cela aussi est dérangeant. Plusieurs chercheurs qui se sont penchés sur la consommation de cannabis chez les jeunes ont dit dans les médias à quel point l'inhalation de la fumée de cannabis pouvait être dangereuse pour le cerveau humain. Effectivement, lorsqu'on fume, on inhale la fumée, on ne fait pas semblant. On veut avoir du plaisir, et il semblerait que cela aille plus vite lorsqu'on inhale la fumée.
D'ailleurs, avant de lire ce projet de loi, honnêtement, je ne savais pas que le cerveau se développait jusqu'à l'âge de 25 ans. En tant que grand-mère d'un petit-fils de six ans, j'ai des inquiétudes par rapport au projet de loi et à son contenu. Certes, la consommation me préoccupe, mais on ne parle jamais d'éducation ni de la mise en place de structures. On donne ce travail aux provinces sans établir de cadre financier.
Lorsqu'il est question d'un projet de loi aussi volumineux, on se doit d'échanger ses idées et d'avoir une discussion avec ses pairs, que ce soit les provinces, les municipalités, les médecins ou les gens qui travaillent auprès des toxicomanes. Toutefois, cela n'apparaît nulle part. Ce qu'on remarque, par contre, c'est qu'une grande partie du travail lié à cette législation reviendra aux provinces.
D'autre part, on dit que l'âge légal sera 18 ans, mais ce sera le choix de chaque province. Si on a fait un projet de loi, pourquoi n'a-t-on pas uniformisé l'âge légal partout au Canada? Tant qu'à faire un projet de loi, pourquoi laisser le soin aux provinces de s'occuper de la légalisation, de la sécurité publique, du système d'éducation et du système de santé?
On n'a pas non plus pensé à faire des investissements pour aborder les problèmes psychiatriques. On a beaucoup entendu les psychiatres et les psychologues dire que la marijuana, comme toute autre drogue, pouvait induire des troubles psychotiques chez une personne qui a déjà des problèmes de santé mentale. Or jamais on ne parle de santé mentale dans ce projet de loi. Cela aurait du être inclus et examiné. On demande aux provinces de faire tout cela en même temps en 2018, en un an, comme si c'était facile.
Quand il est question d'un projet de loi aussi volumineux qui apporte un changement important au Canada, on se doit d'avoir des assises beaucoup plus solides que celles-là.
On demande aux provinces de penser à tout. On leur a donné un cadre et des directives, mais à part la rédaction du projet de loi, qu'est-ce que le gouvernement fédéral fait? Il n'a consulté personne, comme on le constate dans presque tous les autres dossiers que nous abordons à la Chambre.
Le gouvernement dit parler au nom de tous les Canadiens et les Canadiennes, mais il ne semble pas avoir parlé aux gens de Charlevoix, car chez nous, partout où je vais, le pot n'est pas accepté. Personne n'appuie ce projet de loi. Pourtant, j'en parle peu ou pas. Les gens me connaissent et quand ils me voient, ils me demandent ce que j'en pense. Personnellement, cela me dérange. Même si cela ne dérange pas le Parti libéral, il doit quand même écouter les gens.
M. et Mme Tout-le-Monde sont aussi concernés par ce projet de loi. Les Canadiens et les Canadiennes n'ont pas été consultés. Ce projet de loi a été écrit comme une promesse électorale, et comme c'est celle du Parti libéral, celui-ci n'est pas allé au fond des choses, pas plus qu'il ne l'a fait pour tous les autres sujets dont il est question à la Chambre.
Alors, en plus d'être très incomplet, ce projet de loi vise à remplir les poches des petits amis du Parti libéral, d'après ce qu'on entend de plus en plus dans les journaux. Plusieurs noms nous viennent à l'esprit. C'est un autre moyen de faire de l'argent sur le dos des contribuables.
Parlons maintenant des infractions. Comment va-t-on déceler la consommation de cannabis? Est-ce qu'on a pensé à un système assez sophistiqué qui détecte la consommation de cannabis avec certitude, comme il en existe pour l'alcool? D'autre part, est-ce qu'on a pensé aux droits, puisqu'il est question de prises de sang? Ce ne sont pas toutes les provinces qui ont une législation semblable et qui accepteraient cela. On n'a pas discuté avec les provinces avant de proposer ce projet de loi.
Qui les libéraux ont-ils consulté? J'aimerais qu'ils nous le disent. Quand ils ont écrit ce projet de loi et qu'ils nous l'ont montré, ils nous ont dit qu'ils avaient fait des consultations. Cependant, dans nos circonscriptions, nous avons constaté que les gens n'avaient jamais été consultés. Les municipalités n'ont pas été consultées, pas plus que les gens de la sécurité publique, les policiers ou les ambulanciers. Très peu de gens ont été consultés. En tout cas, si on parle du Québec, on n'a pas consulté beaucoup de gens de ma circonscription, et je peux dire que 90 % de mes concitoyens sont contre ce projet de loi, et ce, pour plusieurs raisons. C'est parce qu'il met en lumière notre faiblesse.
Ce que j'ai trouvé encore pire, quand j'ai lu le projet de loi, c'est d'apprendre que le ministre de la Justice décidera de tout. Il va même décider des prix de la marijuana. Il va donc devenir le plus grand dealer du Canada. Il deviendra le dealer pour nos enfants, parce que ce projet de loi lui confère tous les pouvoirs.
M. Francis Drouin: Al Capone, c'est qui?
Mme Sylvie Boucher: Monsieur le Président, je m'excuse, mais Al Capone est mort. Nous sommes en 2017. Je pense que mon ami a besoin de dormir ou de fumer pour se sentir éveillé.
Al Capone est mort depuis longtemps. Maintenant, ce sont eux qui deviendront les Al Capone modernes du Canada.
Pour toutes ces raisons...