propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Madame la Présidente, je suis très heureuse de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi électorale du Canada, qui porte sur le financement politique et qui modifierait la Loi électorale du Canada pour accroître l'ouverture et la transparence en ce qui concerne les activités de financement politique.
Je tiens d'abord à souligner les efforts extraordinaires déployés par mes collaborateurs pour élaborer, rédiger et peaufiner cet important projet de loi. Je les remercie de leur excellent travail au cours des derniers mois. Ils font honneur à la fonction publique.
Le gouvernement a déclaré aux Canadiens qu'il allait placer la barre plus haut en ce qui a trait à la transparence, à la responsabilité et à l'intégrité des institutions publiques et du processus démocratique. Nous avons aussi lancé un message clair que nous voulons que les Canadiens participent à la démocratie du pays.
Depuis que le m'a demandé d'être la ministre des Institutions démocratiques du Canada, je me suis principalement concentrée sur ce deuxième objectif. Voilà pourquoi le gouvernement a pris des mesures sur plusieurs fronts pour renforcer l'inclusivité et l'ouverture de la démocratie du pays. Nous avons modifié le processus de nomination des sénateurs et des juges, nous nous employons à rendre les élections plus accessibles et inclusives, et nous prenons des mesures pour protéger la démocratie des cybermenaces. Nous faisons tout cela parce que nous savons à quel point les Canadiens apprécient et chérissent la démocratie dans notre pays.
En cette année du 150e anniversaire de la Confédération, nous pouvons repenser au travail que les générations précédentes ont accompli pour améliorer, renforcer et protéger la démocratie canadienne. Le défi, pour nous, en tant que parlementaires, est de trouver comment poursuivre ce travail et respecter cette promesse d'une démocratie forte, stable et vigoureuse.
[Français]
Le geste simple mais important que constitue le fait de voter est un élément central de cette discussion. Participer au scrutin est un rite de passage dans ce pays. Je suis certaine que plusieurs honorables députés se souviennent d'avoir accompagné leurs parents à un bureau de vote. Plusieurs d'entre eux ont amené avec eux leurs propres enfants au bureau de scrutin local dans une école, dans une église, dans un centre communautaire ou dans d'autres endroits publics où se déroule le vote.
À de nombreux égards, le jour des élections est l'un des derniers véritables rituels civils publics qu'observent les Canadiens. C'est un jour où nous sommes unis pour participer à la démocratie. Nous avançons dans les mêmes files, nous respectons les mêmes règles et nous exerçons les mêmes droits et libertés.
Aujourd'hui, en tant que , je suis chargée de protéger et d'améliorer l'une des grandes démocraties du monde. Je suis honorée de parler de cela dans l'une des institutions démocratiques les plus respectées du monde. Nous savons que la démocratie ne survit pas d'elle-même. Nous devons tous y contribuer, et cela va plus loin que de voter tous les quatre ans. La démocratie exige notre attention constante.
[Traduction]
Il existe toutes sortes de façons pour les Canadiens de contribuer de façon valable à la démocratie du pays. Il peut s'agir de quelque chose d'aussi simple que de discuter de politiques publiques avec un ami, de se joindre à un groupe communautaire, de participer à une manifestation ou de faire du bénévolat pour un organisme de bienfaisance. Cela peut aussi inclure le fait de se joindre à un parti politique, de verser un don à un parti ou d'assister à une activité de financement politique. La participation démocratique et l'engagement civique sont des éléments essentiels d'une démocratie solide.
Même si nous croyons qu'il est toujours possible d'accroître davantage l'ouverture et la transparence des activités de financement politique, nous respectons aussi le droit de tous les Canadiens de choisir d'appuyer financièrement un parti politique de leur choix.
[Français]
L'article 3 de la Charte canadienne des droits et libertés, dont nous soulignons le 35e anniversaire cette année, garantit le droit de vote et l'éligibilité aux élections législatives fédérales à chaque citoyen. Cet article et la protection de la liberté d'association, également prévue dans la Charte, sont intimement liés.
Aujourd'hui, au Canada, les citoyens canadiens et les résidents permanents ont le droit légitime de faire un don à un parti et de participer à une activité de financement. Tous les partis de la Chambre reçoivent du soutien pour le travail honnête qu'ils accomplissent par l'entremise des contributions et des dons versés par des particuliers qui croient en leurs efforts et les appuient.
Il est important de prendre du recul et de regarder le système de financement politique canadien tel qu'il est à l'heure actuelle, même avant ces changements. La Loi électorale du Canada donne le cadre légal qui régit les collectes de fonds et le financement des campagnes, cadre auquel sont assujettis tous les partis politiques fédéraux enregistrés.
Selon Élections Canada, des exigences de divulgation à l'intention des candidats existent depuis le début le XXe siècle, mais c'est essentiellement depuis l'introduction de l'enregistrement des partis politiques, en 1970, et de la Loi sur les dépenses d'élections, en 1974, que les piliers du régime actuel sont en place. Essentiellement, depuis 43 ans, des limites ont été établies en ce qui a trait au montant des contributions et aux personnes par lesquelles les Canadiens peuvent faire des dons aux partis politiques fédéraux.
[Traduction]
Aujourd’hui, seuls des particuliers canadiens et des résidents permanents peuvent faire un don. Les entreprises, les associations de l’industrie et les syndicats ne peuvent pas faire de don à un politicien ou à un parti politique. Les contributions individuelles sont strictement limitées. Les particuliers peuvent chaque année faire un don d’une valeur maximale de 1 550 $ à un parti politique national. Ils peuvent aussi donner une valeur maximale de 1 550 $ pour tous leurs dons combinés aux associations de circonscription, aux candidats ou aux des candidats à l’investiture d’un parti. Finalement, si le parti de leur choix organise une course à la direction, un particulier peut donner, en tout, la somme maximale de 1 550 $ aux différents candidats à la direction.
Les partis, les associations de circonscription, les candidats, les candidats à la direction d’un parti et les autres personnes concernées doivent déjà produire des rapports et remplir certaines formalités. Élections Canada publie sur son site Web tous les rapports financiers, de même que l’identité et le code postal de tous ceux qui ont fait un don de plus de 200 $.
Il importe aussi de noter que toute violation des règles de financement des partis politiques entraîne des sanctions rigoureuses aux termes de la Loi électorale du Canada. Ces sanctions peuvent comprendre des amendes allant jusqu’à 50 000 $ ou jusqu’à cinq ans de prison, ou les deux. Les Canadiens prennent au sérieux le financement des partis politiques. L’infraction à ces règles a de lourdes conséquences.
[Français]
Il est important de mentionner qu'aujourd'hui, 2 % des Canadiens sont membres d'un parti ou ont fait un don à des campagnes. Tout le monde n'a pas envie de se joindre à un parti politique, mais tous peuvent célébrer la contribution que les partis politiques apportent à notre démocratie. Ce sont des institutions qui rassemblent des gens de partout au pays et qui représentent divers points de vue, opinions, horizons et expériences. Certains partis peuvent se concentrer sur des dossiers ou des aspects spécifiques, alors que d'autres peuvent chercher à faire converger un éventail d'opinions.
Au mieux, les partis peuvent mobiliser et rehausser les actions de nombreuses personnes pour d'importantes causes, se faire les champions de certaines idées et travailler fort pour convaincre d'autres personnes de se joindre à eux.
[Traduction]
Les partis politiques sont essentiels au discours que nous avons au Canada sur la démocratie. Pour citer l’ancien juge de la Cour suprême Frank Iacobucci:
Les partis politiques permettent également aux citoyens de s’exprimer sur les politiques du gouvernement et le bon fonctionnement de celui-ci.
Ils sont en mesure d’intégrer aux débats politiques des préoccupations uniques. Pour participer au discours politique et pour fonctionner, les partis ont besoin de financement. À titre de Canadiens, nous avons le droit de contribuer à un parti politique qui partage nos idéaux et nos aspirations. Pour beaucoup, la contribution à un parti politique et la participation à une collecte de fonds sont des formes précieuses de l’expression démocratique, et je sais que tous les députés conviennent qu’il s’agit là d’un droit important que nous devons continuer de respecter et de défendre.
[Français]
Je pense qu'une démocratie forte ne fait pas que tolérer les échanges d'idées, elle les encourage. Une démocratie en bonne santé favorise un débat partisan, vibrant, proposant aux gens des opinions et des choix clairs. Les Canadiens et les Canadiennes peuvent choisir de faire un don à des partis politiques pour montrer leur appui à un tel débat. Dans le projet de loi , nous proposons que les gens puissent continuer à faire des dons aux partis et à le faire de manière plus ouverte et transparente que jamais.
[Traduction]
S'il est adopté, le projet de loi offrirait plus d'information que jamais aux Canadiens sur les activités de financement politique. Il ferait en sorte que notre système de financement politique, qui est déjà fort et solide, soit encore plus ouvert et transparent, de sorte que les Canadiens puissent continuer à avoir confiance aux institutions démocratiques de ce pays. Le projet de loi garantirait que les Canadiens sachent qui sera présent aux activités de financement, où et quand elles ont lieu et le montant du droit d'entrée.
[Français]
Le projet de loi , s'il est adopté, s'appliquera à toutes les activités de financement auxquelles participent des membres du Cabinet, des chefs de parti ou des candidats à la direction d'un parti, dont le prix d'entrée est supérieur à 200 $. Cela s'appliquera seulement aux partis siégeant à la Chambre des communes. Le projet de loi s'appliquerait donc aux principaux dirigeants politiques du Canada de n'importe quel parti. Ce sont des gens qui dirigent notre pays et qui aspirent à devenir premier ministre eux-mêmes.
[Traduction]
Lorsque ces personnes participeront à une activité de financement, celle-ci sera annoncée au moins cinq jours d'avance. Les Canadiens sauraient d'avance qu'une activité de financement aura lieu, leur donnant ainsi l'occasion de se procurer un billet, s'ils le souhaitent. De plus, ils sauraient exactement où et quand l'événement doit avoir lieu, qui l'organise et quels principaux dirigeants politiques seront présents.
L'amélioration de l'ouverture et de la transparence des dirigeants politiques accroîtra la confiance des Canadiens à l'égard de la démocratie dans l'ensemble du spectre politique, et nous croyons qu'il s'agit d'une bonne chose.
[Français]
La divulgation des détails relatifs aux collectes de fonds publics offre l'avantage additionnel de fournir cette information aux médias, laissant ainsi le choix à la presse d'en assurer ou non la couverture. Je crois et notre gouvernement croit qu'une presse libre est essentielle à notre démocratie et qu'un paysage médiatique sain est nécessaire à une saine démocratie. Notre approche, dans le projet de loi , consiste à fournir aux journalistes l'information dont ils ont besoin pour décider de couvrir ou non une activité et à donner aux partis politiques la souplesse de fixer leurs propres règles pour faciliter l'accès et l'accréditation des médias.
[Traduction]
Les partis politiques seraient également tenus de transmettre à Élections Canada, dans les 30 jours, le nom et l'adresse des personnes qui ont participé à l'activité de financement. Cette information serait publiée sur Internet. Les Canadiens et les médias sauraient qui a participé à l'activité, et pourraient davantage exiger des comptes de la part des politiciens et participants.
Élections Canada, qui détient et publie déjà beaucoup d'information au sujet des activités de financement, est le meilleur endroit où recueillir ces nouvelles informations. La publication de cette information à un seul endroit impartial faciliterait la tâche des Canadiens qui veulent la consulter. J'aimerais ajouter que certaines personnes, comme les mineurs, les fonctionnaires et les bénévoles, seraient exemptées.
Le projet de loi ajouterait aussi à Loi électorale une nouvelle infraction pour ne pas avoir respecté ces règles. Toutes les pénalités seraient assumées par les partis politiques, et non par les chefs politiques qui participent aux activités. L'amende maximale proposée pour la violation des dispositions serait fixée à 1 000 $ pour une déclaration de culpabilité par procédure sommaire, et tout parti qui enfreint les règlements se verrait aussi obligé de remettre toutes les contributions qu'il a perçues durant l'activité.
[Français]
S'il est adopté, le projet de loi donnera suite à l'engagement de notre gouvernement de rehausser de façon significative la transparence envers le public et les médias dans le système canadien de financement politique. C'est un moyen parmi d'autres dont se sert notre gouvernement pour améliorer, renforcer et protéger nos institutions démocratiques.
Les députés de la Chambre savent que nous avons aussi déposé le projet de loi qui, s'il est adopté, abrogerait les éléments non démocratiques de ce que l'ancien gouvernement avait appelé la Loi sur l'intégrité des élections. Le projet de loi C-33 rendrait l'exercice du droit de vote plus facile pour les Canadiens. De plus il encouragerait la participation et augmenterait la confiance des gens envers notre système électoral, tout en renforçant son intégrité.
À cette fin, d'importantes mesures seraient prises, comme celle de permettre au directeur général des élections d'accepter la carte d'information de l'électeur comme pièce d'identité et de rétablir le recours au répondant afin que les électeurs admissibles n'ayant aucune pièce d'identité puissent prouver leur identité et leur lieu de résidence en faisant appel à un autre électeur.
De plus, aux termes du projet de loi, Élections Canada pourrait inscrire préalablement les jeunes Canadiens de 14 à 17 ans, afin de les inclure dans le processus électoral à un plus jeune âge.
Ce ne sont là que quelques exemples de mesures que notre gouvernement prend pour veiller à ce que nous continuions à renforcer les institutions démocratiques.
[Traduction]
Comme je l'ai mentionné, nous avons également instauré un nouveau processus de nomination des sénateurs fondée sur le mérite. Pour répondre aux attentes des Canadiens, nous avons élaboré un processus de nomination des sénateurs plus ouvert et plus transparent que jamais. Nous avons établi un comité consultatif sur les nominations au Sénat et lancé un nouveau processus de mise en candidature ouvert et non partisan. Maintenant, tout Canadien peut postuler directement pour devenir sénateur, et depuis le printemps 2016, nous avons nommé 27 sénateurs par la voie de ce nouveau processus. Le Sénat est une institution importante dans notre système démocratique, et le gouvernement demeure résolu à bâtir, en partenariat avec les sénateurs et tous les parlementaires, un Sénat plus efficace et moins partisan.
Je saisis l'occasion pour remercier les membres du comité de la procédure et des affaires de la Chambre, ainsi que le comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles. Ces comités ont tous deux étudié le rapport du directeur général des élections au sujet de l'élection de 2015 et feront rapport de leurs recommandations à leur Chambre respective. Leurs conseils seront incroyablement utiles dans mon travail en vue de poursuivre, de concert avec l'ensemble de nos collègues, la tâche importante d'améliorer, de renforcer et de protéger nos institutions démocratiques. Le projet de loi illustre très bien comment nous pouvons continuer d'aspirer à des normes supérieures en ce qui a trait à notre démocratie.
Samara Canada a récemment publié un rapport intitulé « La démocratie à 360o: deuxième bulletin de rendement sur la façon dont les Canadiens communiquent, participent et dirigent en politique ». Le rapport mesure la santé de la démocratie canadienne en fonction de 19 indicateurs différents. Selon Samara, 71 % des Canadiens se disent assez satisfaits ou très satisfaits de la façon dont fonctionne la démocratie au Canada, ce qui représente une hausse de 6 % par rapport au premier bulletin de rendement, publié en 2015.
[Français]
Alors que ce rapport laisse entendre que les Canadiens ont confiance en leur démocratie, nous reconnaissons qu'il y a place à l'amélioration. Nous avons donc déposé le projet de loi pour des activités de financement politique plus ouvertes et transparentes.
Nous tournons les projecteurs sur ce genre d'activités pour que les Canadiens puissent savoir et comprendre ce qui s'y passe. En outre, nous leur fournissons l'information sur qui assiste à ces collectes de fonds, quand et où elles ont lieu et combien il en coûte pour y participer.
[Traduction]
Le financement politique représente une forme importante d'expression démocratique. Les activités de financement permettent à des groupes de Canadiens de même sensibilité de se réunir et de discuter de leurs valeurs, de leurs opinions et de leurs idées politiques. Elles permettent également aux Canadiens de soutenir le parti ou la personne dont les opinions et les idées ressemblent aux leurs. Nous pensons qu'il est important de savoir ce qui se passe lors de telles activités. C'est pourquoi le projet de loi révélera qui participe aux activités de financement, à quel endroit et à quel moment elles ont lieu, et le montant exigé pour y participer. Pour la première fois dans l'histoire du Canada, le gouvernement légifère afin d'exiger des partis politiques qu'ils rendent ces informations publiques, parce que les Canadiens ont le droit d'en savoir plus sur les activités de financement politique. Je crois que tous les députés conviendront que les partis politiques n'ont rien à cacher. Grâce au projet de loi , plus d'informations que jamais sur les activités de financement politique seront communiquées aux médias et au public de façon à maintenir la confiance des Canadiens envers notre démocratie.
J'ai hâte d'entendre l'opinion des autres députés au sujet de ce projet de loi. Il est important et il concerne tous les députés de la Chambre. Je suis certaine que tous partagent mon désir d'offrir plus de renseignements aux Canadiens au sujet des activités de financement politique. Je suis impatiente d'en débattre.
:
Monsieur le Président, on peut voir ce projet de loi comme l'aboutissement d'un processus en trois temps. Dans un premier temps, les libéraux découvrent une méthode de financement extrêmement rentable. Ensuite, la population prend connaissance de cette façon de faire, qui devient fort impopulaire. Enfin, les libéraux tentent d'élaborer une mesure législative qui rendrait acceptable cette méthode de financement fort impopulaire mais grandement rentable.
Bref, le Parti libéral tente, avec ce projet de loi, de normaliser et d'officialiser la pratique de l'accès privilégié en échange de dons. Voici comment cela fonctionne: les personnes qui veulent avoir un accès privilégié aux ministres doivent payer. Elles ont ensuite accès au ministre de leur choix, même au ou au . Tous les ministres jouent le jeu.
Le projet de loi vise à légitimer cette façon de faire. À l'heure actuelle, les libéraux se font reprocher leur conduite. Si le projet de loi est adopté, ils pourront faire valoir que le Parlement a expressément autorisé cette façon de faire, lorsqu'ils annonceront ces événements extrêmement rentables auxquels seul le gouvernement libéral peut participer.
C'est un problème ici, à Ottawa, et cela a aussi causé tout un scandale pour le gouvernement libéral de l'Ontario, dont les ministres ont des quotas à remplir et doivent trouver des activités d'envergure auxquelles seules les personnes qui ont contribué au Parti libéral de l'Ontario peuvent participer. La Colombie-Britannique y a goûté aussi. En fait, il s'agit peut-être du facteur qui coûtera finalement le pouvoir aux libéraux de la province, le Parlement britanno-colombien étant présentement sans majorité, mais cela reste à voir. N'empêche, il y a eu tout un scandale là aussi.
Voici quelques exemples de ce que font les libéraux fédéraux — pas les libéraux provinciaux de la Colombie-Britannique et de l'Ontario, les fédéraux — qui permettent de comprendre le fonctionnement de ces activités de financement et à quoi elles servent. Les activités de financement donnant un accès privilégié que je vais décrire ont toutes eu lieu pour vrai dans la dernière année.
Un certain nombre de milliardaires chinois ont pu assister à des activités de financement libérales même s'ils n'ont pas le droit de faire des dons, puisqu'ils ne sont pas citoyens canadiens. Selon le Globe and Mail, le 19 mai 2016, l'un d'eux, Zhang Bin, qui est aussi un apparatchik du Parti communiste, a assisté à une activité de financement au domicile torontois du président de la Chambre de commerce chinoise du Canada, Benson Wong. Quelques semaines plus tard, M. Zhang et un de ses partenaires d'affaires ont fait un don de 200 000 $ à la Fondation Pierre Elliott Trudeau et un autre de 50 000 $ pour qu'on érige une statue au père du en exercice.
En voici un autre: le 7 novembre, le multimillionnaire britanno-colombien Miaofei Pan a organisé une activité de financement dans sa villa de West Vancouver. Pendant la soirée, pour laquelle il a dû payer ses frais d'admission comme les autres, même s'il en était l'organisateur, il a pu faire pression sur le pour qu'il autorise les investissements chinois dans les projets immobiliers et les résidences pour personnes âgées et qu'il assouplisse les règles visant les riches immigrants chinois. Peut-il y avoir accès plus privilégié que lorsqu'on invite le premier ministre dans sa propre maison? Au même moment, le gouvernement fédéral était en train de passer en revue la proposition de la compagnie d'assurance chinoise Anbang Insurance, qui se chiffrait à 1 milliard de dollars, pour l'achat d'une des plus grosses chaînes de maisons de retraite offrant des services infirmiers de la Colombie-Britannique.
Voici un autre exemple. Un événement qui devait avoir lieu le 29 septembre a été annulé, mais il était organisé par le cadre supérieur Geoff Smith, PDG de la grande entreprise de construction EllisDon, qui a fait l'objet d'un scandale en Ontario pour des événements vraiment similaires, et par Linda Hasenfratz, PDG de Linamar, la deuxième entreprise de pièces automobiles au Canada. Ces deux entreprises pourraient profiter de décisions du gouvernement en matière de politiques relatives à l'infrastructure et à l'automobile.
Voici un autre exemple d'activité de financement payante préconisée par le gouvernement libéral. Le 2 novembre, le devait participer à une activité de financement à Calgary, au domicile du président de Shaw Communications Inc., Jay Mehr, dont le droit d'entrée était de 1 500 $. Or, cette entreprise de télécommunications a fait huit fois du lobbying auprès du ministère des Finances. Y a-t-il un conflit d'intérêts ici?
Parlons maintenant d'un événement exclusif. Le 7 novembre, pendant que le assistait à une activité à Calgary, le faisait de même à Toronto. Il participait à un événement exclusif là-bas, dans le condominium de la philanthrope Nancy Pencer et du directeur de salon funéraire Michael Benjamin. Parmi les personnes qui vendaient des billets à cet événement, il y avait Barry Sherman, le président du fabricant de médicaments génériques Apotex, de même que Joel Reitman, qui dirige la société internationale de capital-risque Jillcy Capital. Apotex est l'entreprise dont les cadres ont des enfants dotés d'un grand sens civique. En effet, ces enfants — qui, je crois, étaient âgés de moins de 10 ans à l'époque — avaient décidé de faire des dons à la campagne de Joe Volpe quand il briguait la direction du Parti libéral. C'est le genre d'entreprise avec lequel les ministres libéraux entretiennent des liens.
Puis, un cabinet torontois se spécialisant en droit des sociétés, qui a des intérêts à Ottawa et fait du lobbying auprès du gouvernement fédéral, a organisé une activité dont la était l'invitée d'honneur, bon sang. Le , quant à lui, était la vedette d'une activité de financement du Parti libéral dont les billets se vendaient à 1 500 $ chacun. Cette activité se déroulait dans la résidence d'un riche promoteur d'Halifax. Le ministre des Finances a aussi assisté à une activité dont les billets coûtaient 500 $ par personne. C'est tout une aubaine pour un entretien privé avec le ministre des Finances.
Les députés comprennent où je veux en venir. Il ne s'agit là qu'un échantillon des activités de financement donnant un accès privilégié auxquelles tous les ministres fédéraux ont participé. Le , le , la et toute la bande ont rencontré des gens qui font affaire avec le gouvernement fédéral et qui peuvent maintenant s'entretenir directement avec les ministres, alors que personne d'autre n'obtient ce type d'accès privilégié.
Les activités de financement payantes sont l'épine dorsale du financement libéral. À preuve, examinons combien d'argent les libéraux amassent lorsqu'ils organisent de telles activités. Selon le rapport, les libéraux refusent de donner les chiffres, mais le nombre de participants laisse croire que le parti amasse entre 50 000 $ et 120 000 $ par activité de financement mettant en vedette le ou le , où le prix d'entrée est de 1 500 $. Voilà combien les libéraux amassent à une telle activité de financement en une soirée. Ils portent une attention très particulière à ces activités, qui ont une grande incidence sur leurs finances. C'est l'épine dorsale de leur stratégie de financement.
Les activités de financement payantes ont commencé tôt l'an dernier, mais ont vraiment pris leur envol au dernier trimestre de l'an dernier. En effet, les finances du Parti libéral sont passées de 4 millions de dollars au premier trimestre de 2016 — soit bien en deçà de celles du Parti conservateur —, à 5,8 millions de dollars au dernier trimestre de 2016, soit plus de 1 million de dollars de plus que le Parti conservateur.
Cette mesure devait être un atout majeur pour les libéraux. C'est de cette façon qu'ils comptaient financer les prochaines élections. Soyons clairs. Lorsque notre parti était au pouvoir, nous ne faisions pas ce genre de chose, mais, même s'il n'y avait eu aucune considération éthique retenant les autres partis dans cette enceinte, il n'y a qu'un seul parti qui peut nommer des ministres du Cabinet, des personnes qui, d'un seul trait de plume, peuvent enrichir des entreprises de millions ou de centaines de millions de dollars, aux dépens des contribuables canadiens. Seul le gouvernement peut faire cela. Il s'agit d'un avantage inhérent au poste. C'est une façon de veiller à ce que le parti au pouvoir puisse recueillir des fonds d'une façon qui n'est pas possible pour les autres partis.
C'est scandaleux. Tout système qui est conçu pour donner au parti au pouvoir un avantage permanent est foncièrement inacceptable sur le plan moral, et c'est sans compter le fait qu'accorder un accès préférentiel aux ministres du Cabinet, alors que le Canadien moyen ne dispose pas d'une occasion semblable, est absolument répréhensible.
Cette façon de faire n'est pas illégale en ce moment. Ce n'est pas illégal, mais c'est une violation du code d'éthique du , son code ouvert et responsable du gouvernement, instauré en 2015. Je vais lire les belles paroles que le premier ministre a ajouté au début du code. Je ne sais pas si c'est lui qui rédige ses propres textes, mais il y a toujours un ton moralisateur à ses documents.
M. John Brassard: Il avait la main sur le coeur.
M. Scott Reid: Comme mon collègue le suggère, monsieur le Président, il avait probablement la main sur le coeur en écrivant ces mots. Le texte se lit comme suit:
Pour mériter la confiance des Canadiens, nous devons toujours faire preuve d’intégrité.
Il devient aussi tout ému.
Il ne s'agit pas simplement d'adopter les règles adéquates, ou de voir à ce que l'on observe les exigences techniques de ces règles. En tant que ministres, vous devez, ainsi que votre personnel, respecter les normes les plus élevées d'honnêteté et d'impartialité. En outre, la façon dont vous menez vos devoirs officiels et vos affaires personnelles doit pouvoir résister à l'examen public le plus minutieux. Il s'agit là d'une obligation dont on ne s'acquitte pas simplement en respectant la loi.
Les libéraux ont les normes les plus élevées. Ils se démarquent de tous. Ce sont de véritables demi-dieux de l'intégrité. Maintenant, plus précisément, voici l'injonction qu'ils s'imposent en ce qui concerne les lobbyistes et ceux qui cherchent à obtenir un accès privilégié auprès d'eux:
Il ne doit y avoir aucun accès préférentiel au gouvernement, ou apparence d'accès préférentiel, accordé à des particuliers ou à des organismes en raison des contributions financières qu'ils auraient versées aux politiciens ou aux partis politiques.
Ces paroles viennent du .
Bien entendu, les libéraux ont bafoué allègrement ces règles. S'ils n'ont pas violé la loi, ils ont assurément, absolument et incontestablement manqué à leur parole, qui de toute évidence n'a aucune valeur. Par-dessus le marché, et en dépit du fait que le avait couché sur papier son sermon moralisateur, les libéraux ont transgressé ce que tout le monde considère comme les normes de comportement acceptable. Bien que ce qui se passe ne réponde pas à la définition technique du trafic d'influence, qui est un crime, il ne fait pas de doute que ce que font les libéraux se résume exactement à cela. On vend l'influence du premier ministre, du et de la ministre de la Justice comme on le ferait du savon.
Voilà pourquoi tant de gens avaient la fausse impression qu'ils transgressaient la loi. En novembre dernier, John Ivison a écrit un article pour le National Post dans lequel il condamne l'inaction de la commissaire à l'éthique, qui n'a pas sévi contre le et les membres du Cabinet pour leur conduite scandaleuse. La commissaire a été obligée de fournir une explication. Celle-ci est datée du 30 novembre de l'an dernier et est disponible sur son site Web. J'en ai un exemplaire. Elle est intitulée: « Réponse à une chronique parue dans le National Post: la commissaire rétablit les faits ».
Ce qu'elle permet de rétablir, c'est la conviction qu'elle a les mains liées, car, aussi scandaleux que ces comportements puissent être, ils ne contreviennent pas aux règles actuelles. Elle passe en revue les différents articles de la loi et affirme, au sujet de l'article 7 de la Loi sur les conflits d'intérêts, que « [c]et article est drôlement rédigé. Il ne prévoit pas l'interdiction de tous les traitements de faveur, ce qui devrait être la règle. » Elle dit que ce devrait être la règle. Elle poursuit: « L'article 7 interdit uniquement les traitements de faveur découlant de l'intervention d'un tiers. » Les libéraux ont trouvé une façon de contourner les règles, une autre des façons de faire du gouvernement. S'il est possible de violer l'esprit d'une règle sans en violer la lettre, les libéraux s'en donnent à coeur joie.
Soyons clairs, tout le monde pense que cette conduite est illégale et ceux qui découvrent qu'elle ne l'est pas sont abasourdis. C'est pourtant la réalité. Comme le résume le Hill Times:
[La] ministre de la justice [...] n'a donc enfreint aucune règle en acceptant d'être l'invitée d'honneur d'une activité de financement organisée par un cabinet d'avocats de Bay Street et dont le prix d'entrée était élevé. Par contre, les apparences sont très mauvaises et cela viole l'esprit du code d'éthique que s'est donné le gouvernement.
Cela explique aussi pourquoi, lorsque la firme de sondage Nanos a demandé aux Canadiens ce qu'ils pensaient...
:
Monsieur le Président, en novembre dernier, la maison de sondage Nanos a demandé aux Canadiens ce qu'ils pensaient du financement donnant un accès privilégié ou des collectes de fonds. Je vais lire un passage du reportage du
Globe and Mail sur la réponse.
Un sondage d'opinion Nanos, effectué pour le Globe and Mail du 26 au 30 novembre, montre que 62 % des Canadiens désapprouvent la pratique du Parti libéral consistant à faire payer 1 500 $ pour pouvoir parler en privé à M. Trudeau et à des ministres de premier plan responsables de gros budgets de dépenses ou de décisions d'orientation.
Les Canadiens sont vivement en désaccord. Nous y voilà. Premièrement, c'est une méthode efficace pour recueillir de l'argent. Deuxièmement, les Canadiens sont vivement en désaccord: 62 % sont contre et 33 % approuvent; donc, le 2 tiers des Canadiens pensent que ce n'est pas une bonne idée. Par conséquent, les libéraux doivent se couvrir, ce qui consiste à dire: « Nous avons une mesure législative qui va encore permettre ce genre d'activités, sauf qu'elles seront annoncées publiquement. » Elles sont annoncées publiquement de toute façon. Ils vendent des billets. Il n'y a donc pas de changement ni rien de neuf.
L'information serait publiée sur le site Web, ce qui est bien. Les activités ne se dérouleraient pas dans une résidence privée. C’était la promesse qu’ils avaient faite et sur laquelle ils sont revenus par la suite. Les députés remarqueront que nombre des événements que j’ai cités se déroulaient dans des résidences privées. Je crois que c’est la raison pour laquelle ils ont retiré cet élément, qui est essentiel. L’accès vraiment particulier au , au et à d’autres vient du fait qu’on est l’hôte de l’événement.
Il y aurait ensuite un rapport. Le fait est que, de toute façon, tout est rapporté, parce que les dons sont rapportés au Canada. Ils sont publiés sur le site Web d’Élections Canada. On peut donc y trouver chaque donateur qui a versé une somme un peu plus que dérisoire à l’association de circonscription, à la campagne ou à une quelconque course à la direction du parti que nous avons organisée pour le Parti conservateur. Il n’y a tout simplement rien de nouveau.
De cette façon, la prochaine fois que quelqu’un comme John Ivison pense à rédiger un article, il dira: « Mais attendez, ils ont adopté une loi à ce sujet, c’est donc maintenant acceptable. » La prochaine fois que la commissaire à l’éthique a un point à soulever, elle pourrait dire: « À la suite de cette situation, le Parlement a adopté une loi. Le fait que ce genre de pratique soit autorisé découle donc de la volonté expresse du Parlement. » Tout ce dont il s’agit, c’est de régulariser cette pratique. La loi est là simplement pour la légitimer. C’est une façon de dire: « Oui, le trafic d’influence est acceptable. Le trafic d’influence est tout simplement notre façon de faire les choses, ici, au Canada. »
S'il y a au gouvernement actuel un autre thème récurrent que les discours moralisateurs, l'obstination à enfreindre toujours et encore l'esprit des lois, l'abandon des conventions qui régissent la manière de se comporter, qu'il soit question des modifications unilatérales au Règlement de la Chambre ou du manquement unilatéral aux règles de financement politique que nous devons tous respecter, s'il y a un autre thème récurrent, dis-je, c'est le souhait de retourner à la belle époque. Je ne parle pas du bon vieux temps de Trudeau père, mais bien des bonnes vieilles années du XIXe siècle, où il n'y avait aucune restriction à l'exercice du pouvoir. Loin de tendre vers un nouvel âge ou une nouvelle ère, le gouvernement actuel est le gouvernement le plus rétrograde qui soit.
Je suis ici depuis l'époque de Jean Chrétien, et bien que je n'aimais pas beaucoup Jean Chrétien, je trouve le incomparablement pire. D'ailleurs, je pense que cela a été une surprise pour lui d'apprendre que malgré les vastes pouvoirs du poste de premier ministre, il ne s'agit pas d'un poste de dictateur élu. Il existe effectivement des limitations judicieuses ici à la Chambre et dans le domaine public. Certaines sont inscrites dans les lois, et beaucoup d'autres résultent simplement de conventions, de pratiques et d'usages.
Très franchement, le voit toutes ces choses comme des obstacles dont il souhaiterait se débarrasser. Il n'est pas notre dictateur élu, mais je pense que c'est ce qu'il voudrait être. Il aimerait que tous les quatre ans nous demandions simplement aux Canadiens s'ils souhaitent le garder en poste, mais ce n'est pas cela, le poste de premier ministre du Canada. Le premier ministre actuel doit l'apprendre, et je peux assurer aux députés que les conservateurs voteront contre le projet de loi .
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Monsieur le Président, je voulais dire que c'était un plaisir de prendre la parole, mais à une heure aussi tardive, ce serait un mensonge, et je ne tiens pas à induire la Chambre en erreur. Par contre, je suis très heureux de prendre la parole au sujet de la mascarade que l'on appelle le projet de loi sur la réforme électorale. Je tiens à le mettre en contexte dans le temps dont je dispose.
Les libéraux ont publié en grande pompe leur fameux guide « Pour un gouvernement ouvert et responsable », mais il n'est pas juridiquement contraignant du tout, comme l'a prouvé le , bien entendu, en en faisant complètement fi.
Les Canadiens sont profondément inquiets à propos des pratiques de financement du gouvernement. Mon collègue de a utilisé les expressions que les Canadiens ont appris à connaître avec le gouvernement: « activité de financement donnant un accès privilégié » et « activité de financement payante ». Je n'avais jamais entendu ces expressions avant que le gouvernement soit élu, je l'avoue, mais maintenant, bien sûr, nous les entendons tout le temps.
La pratique en question a soulevé la possibilité de conflits d'intérêts lors des différentes activités. Le projet de loi prétend être la réforme qui répondra aux préoccupations des Canadiens. Bien entendu, il ne fait rien de tel. Malheureusement, ce n'est qu'une mesure législative bâclée qui ne met pas du tout fin aux activités de financement donnant un accès privilégié. Il sera tout simplement plus facile pour les Canadiens d'en entendre parler. Je ne suis pas certain de ce que cela donne.
Nous savons que de tels événements ont lieu. En tant que citoyens, devrions-nous nous réjouir d'avoir plus de renseignements à leur sujet? Il sera encore possible d'organiser une activité privée et d'y inviter des amis du parti, mais la liste des participants sera désormais connue. On saura que le , ou le , y sera. Je me demande ce qu'il adviendra du secteur du lobbying. Bon nombre de mes collègues s'inquiètent du sort de l'industrie du lobbying, car elle traverse des moments difficiles. Après tout, pourquoi embaucher un lobbyiste si on peut assister soi-même à l'événement, débourser quelques dollars, aller parler au et, qui sait, conclure une bonne affaire? Pourquoi dépenser des milliers de dollars pour embaucher un lobbyiste, surtout si pense avoir soi-même un bon pouvoir de persuasion? Il suffit de se rendre sur place et de parler aux bonnes personnes. Le projet de loi à l'étude aura pour effet de normaliser ce scénario. Peut-être faudrait-il l'appeler la « Loi des lobbyistes au désespoir », pour rendre compte de cette réalité.
Par ailleurs, le comité de l'éthique a examiné la loi sur le financement politique et fait des recommandations, mais le projet de loi à l'étude, véritable fouillis, n'en tient pas compte. Mes collègues s'étonnent que le gouvernement ait ainsi fait la sourde oreille aux recommandations d'un comité, mais il semble que ce soit malheureusement le cas.
Je veux être clair dès le départ étant donné la façon dont la politique se joue. Il est évident que le NPD va appuyer le projet de loi, surtout pour qu'on puisse le renvoyer au comité et le défaire, car c'est tout ce qu'il mérite. Ainsi, nous serons en mesure de donner une réponse satisfaisante aux Canadiens au sujet des activités de financement donnant un accès privilégié.
Je dois rendre à ce César ce qui appartient à César. Le député de a fait un excellent travail pour rappeler aux Canadiens les raisons pour lesquelles nous sommes ici ce soir, à une heure aussi tardive, à discuter de la feuille de vigne que proposent les libéraux pour régler le problème des activités de financement donnant un accès privilégié. Il a parlé des milliardaires chinois qui avaient participé à des activités de financement libérales et qui avaient fait des dons à la Fondation Pierre Elliott Trudeau pour qu'elle érige une statue ici et là et des milliardaires de West Vancouver qui avaient invité des gens à dîner chez eux pour parler, entre autres, du fait que les Chinois pouvaient acheter une chaîne de soins infirmiers à domicile, et ainsi de suite. Je le répète, où étaient les lobbyistes? Je suppose qu'ils n'avaient pas besoin d'être là puisque c'est à ce moment-là que la discussion à ce sujet a eu lieu. Nul besoin de me croire sur parole. La personne qui voulait que cela se concrétise s'est vantée elle-même de l'accès privilégié qu'elle a eu au ce soir-là.
Je félicite également le député d'avoir signalé une autre anomalie. Franchement, la loi s'applique à tous les partis, pas seulement au parti au pouvoir. Elle s'applique à l'association de circonscription que fréquente le chef d'un parti ou un candidat à la direction d'un parti. Or, nous sommes censés trouver cela juste. Ce qui est bon pour l'un est bon pour l'autre. C'est censé être réciproque. Franchement, je ne suis pas certain de qui veut aller parler à un parti de l'opposition. Certes, un seul parti peut produire un ministre. Or, c'est habituellement ce qui fait saliver les lobbyistes.
Bonne nouvelle, nous allons pouvoir tenir ces activités dans des résidences privées. J'ai demandé à la ministre, lorsqu'elle avait la parole, si le projet de loi prévoit quelque chose à ce sujet, car cela fait partie de la lettre de mandat que le a donnée à la en janvier. Je ne crois pas avoir obtenu de réponse à cette question, mais je peux dire aux Canadiens que le projet de loi dit qu'on peut toujours tenir de telles activités de financement dans le chalet privé d'un milliardaire de West Vancouver en compagnie du pour parler de hockey, je suppose, ou peut-être de l'actualité à l'étranger. Bien sûr, je suis certain que le financement donnant un accès privilégié ou autres questions du genre ne seront jamais abordés.
J'ai un autre exemple. Lorsque le avait des milliards de dollars à investir dans l'infrastructure et d'autres initiatives, comme le nouveau terminal à conteneurs et l'aménagement de terrains portuaires fédéraux à Halifax, qu'a-t-il fait? Il a organisé une activité de financement privée du Parti libéral à la maison d'un dénommé Fred George. Fred George est un ancien magnat de l'exploitation minière qui est maintenant promoteur immobilier dans cette ville. Selon un article du Globe and Mail, une quinzaine d'individus ont participé à cette activité de financement à 1 500 $ par personne du Club Laurier des libéraux. Parmi les participants, on retrouvait entre autres Jim Spatz, un directeur fédéral siégeant au conseil d’administration de l'Administration portuaire d'Halifax qui est aussi promoteur immobilier. C'est exactement ce genre de coïncidences douteuses qui préoccupent les Canadiens et crée la perception d'une influence indue, qu'un conflit d'intérêts direct existe ou non.
Certains pourraient se demander pourquoi c'est si important. Ce l'est, parce que le a dit que c'était important. Dans l'annexe B de son fameux document « Pour un gouvernement ouvert et responsable », il est écrit:
Les ministres et les secrétaires parlementaires doivent éviter tout conflit d’intérêt, toute apparence de conflit d’intérêt et toute situation pouvant donner lieu à un conflit d’intérêt.
Est-ce que j'exagère si je dis qu'il se dégageait peut-être de cette activité une odeur de conflit d'intérêts? Le nous disait qu'une fois son parti au pouvoir, ce genre de choses ne se reproduirait plus, et on nous demande maintenant de croire que ce projet de loi réglera le problème. Ce ne sera pas le cas.
Que nous disait aussi le dans son document « Pour un gouvernement ouvert et responsable »? Il y était beaucoup plus précis.
Voici ce qu'on y trouve:
Il ne doit y avoir aucun accès préférentiel au gouvernement, ou apparence d’accès préférentiel, accordé à des particuliers ou à des organismes en raison des contributions financières qu’ils auraient versées aux politiciens ou aux partis politiques.
Je ne sais pas ce qu'en pensent les autres députés, mais si je dépense 1 500 $ pour assister à un événement avec beaucoup d'autres donateurs libéraux et que le ou le sont présents, j'ai l'impression qu'il pourrait y avoir apparence de conflit d'intérêts. Certains petits comiques pourraient même aller jusqu'à croire que l'accès préférentiel est prévu lors d'un tel événement.
Il est décevant de voir que le gouvernement n'a pas su répondre aux inquiétudes des Canadiens avec un effort solide et sincère pour mettre fin aux scandales entourant les activités de financement.
Je viens de la Colombie-Britannique, où il a fallu une rencontre avec un journaliste du New York Times dans un bar de Whistler pour trouver un qualificatif adéquat: le Far West des collectes de fonds. J'ai honte de devoir dire aux députés que, dans notre province, il n'existe absolument aucune limite à la quantité d'argent pouvant être dépensée. Nous adorons l'accès préférentiel. Nous pensons que c'est une excellente pratique. À l'inverse, après quelques scandales au Québec, il y a deux ou trois ans, une décision politique a été prise dans cette province afin de limiter à 100 $ le don pouvant être fait à un parti ou à une personne. Le Québec peut être fier de représenter l'avant-garde dans ce domaine. Les libéraux ont-ils opté pour ce genre d'approche? Pas du tout. Ils ont décidé qu'ils allaient organiser de joyeuses activités de financement et qu'il ne fallait pas s'inquiéter puisque ces activités allaient être annoncées dans un site Web pour que tout le monde puisse voir qui y assiste. Ce n'est pas une réforme; c'est une farce. J'en reparlerai dans un instant.
Je veux revenir à une chose que j'ai dite en m'adressant à la . Je suis certain que ce n'était pas voulu, mais je crois que les gens conviendraient qu'elle a donné l'impression que, pour une raison ou une autre, les activités tenues dans les maisons privées ne comptent pas. C'est tout à fait cohérents: il est encore possible d'organiser ces activités amicales dans des maisons privées.
Dans la lettre de mandat adressée par le à la ministre, il est clairement dit que la loi accroîtrait la transparence à l’égard des activités de financement au bénéfice de ministres, de chefs de partis et de candidats à l'investiture, notamment en exigeant que ces activités se déroulent dans des « endroits ouverts au public ». Ce n'est pas ce qui est dit dans cette mesure législative. Il est encore permis de se réunir au domicile d'une personne dans West Vancouver pour parler de transactions avec des dirigeants du gouvernement, et cela ne pose aucun problème. Cette fois-ci, ils ont juste à nous dire qui est présent, et c'est tout. Ils n'ont qu'à l'afficher sur le site Web.
C'est une solution très moderne, mais qui ne règle en rien le problème. Je ne voudrais pas que quiconque pense que, d'une manière ou d'une autre, ces petites affaires menées amicalement dans des maisons privées sont interdites. Elles ne le sont pas. Il y en a encore au Canada en vertu de la loi.
Selon une analyse des médias, le Parti libéral a programmé plus de 100 activités de financement donnant un accès privilégié au cours de 2016 seulement. Elles sont extrêmement lucratives, comme nous le savons. Nous ne parlons pas uniquement de transparence; nous parlons du principe en soi. Comme le gouvernement l'a déjà reconnu, il ne s'agit pas seulement d'une influence indue, mais de la perception d'une influence indue.
Si des Canadiens nous regardent à cette heure tardive, je leur rappelle que le projet de loi ne règle d'aucune façon la question des activités de financement donnant un accès privilégié. Il y a encore beaucoup de ces activités, et elles sont très lucratives. Un premier ministre ou un ministre des Finances se rendra à une résidence, mais, cette fois-ci, les gens sauront qui est là.
Le projet de loi crée une nouvelle catégorie qu'on appelle les activités de financement réglementées, assujetties à des exigences spéciales en matière de déclaration. En théorie, ces exigences s'appliquent à un large éventail d'activités dont le coût d'entrée est supérieur à 200 $. Il faut qu'il y ait un avis public dans les jours précédents l'activité, et que les noms des participants soient rendus publics dans les 30 jours suivant l'activité. En pratique, il existe des lacunes flagrantes, notamment — comme l'a dit plus tôt mon collègue — l'exclusion de ce qu'on appelle les activités de reconnaissance des donateurs lors des congrès d'un parti politique. En d'autres mots, dans sa version actuelle, le projet de loi semble imposer les exigences en matière de déclaration aux activités dont le coût d'entrée est un don de 250 $, mais pas à celles qui sont organisées pour remercier les personnes ayant fait un don de 250 $. Je ne comprends pas cette partie, mais c'est ce qui est écrit dans le projet de loi.
Par exemple, le projet de loi continue de permettre aux donateurs du Club Laurier, l'organisation libérale des grands donateurs, de faire des contributions de 1 500 $ dans le cadre des congrès libéraux, ce qui leur assure un accès aux activités exclusives avec les ministres et le premier ministre. Le gouvernement ne semble pas penser qu'il s'agit d'un problème. C'est malheureux, car le croyait que c'en était un lorsqu'il a rédigé un document non contraignant, qui a été applaudi il n'y a pas si longtemps, appelé « Pour un gouvernement ouvert et responsable ».
Si qui que ce soit doute que les donateurs s'attendent vraiment à bénéficier d'un accès privilégié en échange d'argent, j'aimerais citer le site Web du cercle des leaders du Parti libéral. Il s'agit d'un groupe de donateurs de prestige qui non seulement donnent le montant maximum établi par les lois actuelles sur le financement des partis politiques, mais qui parviennent à recruter 10 autres donateurs. Ces donateurs, qui ont versé au moins 16 500 $ au Parti libéral, se font promettre une foule de récompenses, y compris un souper annuel avec le chef et des invitations à des événements et à des discussions avec des leaders du parti.
Comment appelle-t-on cela? J'appelle cela un accès privilégié au du Canada et aux membres de son Cabinet. Il faut juste payer un peu plus cher. Apparemment, les ministres ont participé à 31 événements de reconnaissance de cette nature au cours de l'année dernière seulement. Qu'est-ce que ce projet de loi changerait à cela? Rien du tout. Il est donc très décevant que le gouvernement n'ait pas répondu aux préoccupations des Canadiens en proposant de vraies mesures rigoureuses pour assainir les pratiques en matière de financement des partis politiques. Le gouvernement aurait pu suivre l'exemple d'autres gouvernements qui sont allés jusqu'à interdire aux politiciens et aux candidats de participer à de tels événements. Au lieu de cela, nous sommes censés nous contenter de cette solution bancale.
Il y a une autre préoccupation sur laquelle j'avais promis de revenir. Le projet de loi ne s'appliquerait pas seulement aux activités auxquelles on peut penser, comme celles qui offrent notamment un accès privilégié aux ministres, car c'est ainsi que les Canadiens perçoivent ces activités. Pour une raison que j'ignore, le projet de loi s'appliquerait également aux chefs de l'opposition et à leur parti, ce qui est un peu étrange. Ce qui m'inquiète, c'est qu'on publierait les noms de ces personnes sur un site Web facilement accessible. On pourrait ainsi connaître le nom de chaque personne ayant participé à une activité de financement du Parti libéral, et cela s'appliquerait de la même façon aux activités de financement du Parti conservateur et du NPD.
Disons qu’un fonctionnaire prend part à une collecte de fonds du Parti conservateur ou que quelqu’un qui souhaite être nommé à une agence fédérale ou à une autre organisation du genre y prenne part. C’est un droit, le droit qu’on a en tant que Canadien, qu’on soit fonctionnaire ou autre, de prendre part à une collecte de fonds pour le Parti conservateur, qui est un parti de l’opposition.
Un membre ou un apparatchik du Parti libéral serait en mesure de consulter les listes de donateurs, les listes de ceux qui ont donné de l’argent aux conservateurs, et ainsi de savoir qui n’appuie pas le gouvernement. Qu’arrivera-t-il alors ? Le parti au pouvoir aura la liste des gens qui ne seront pas nommés à une agence fédérale parce qu’ils ont la mauvaise affiliation politique. Un fonctionnaire pourrait tout d’un coup se rendre compte que la meilleure occasion qui se présente à lui se trouve à Iqaluit, l’endroit où l’on envoie les gens que l’on a débusqués comme donateurs à un autre parti.
Les libéraux diront qu’ils n’agissent pas ainsi, qu’ils ne mangent pas de ce pain-là.
Toutefois, cette loi pourrait rester en vigueur pendant très longtemps avant d’être changée. On ne peut pas donc dire « Nous ne ferions pas cela », parce qu’un autre parti, moins généreux, pourrait le faire. Je demanderais donc, au moment où ce projet de loi sera renvoyé en comité, que l’on envisage cette possibilité.
Franchement, je me demande si cette mesure ne présente pas de problème du point de vue de la protection de la vie privée. Dans ce souci de transparence et de ne rien changer par rapport au financement donnant un accès privilégié, en rendant public le nom de tous ceux qui prennent part à ces événements, est-ce que l’on ne touche pas à la vie privée? Je demanderais l’opinion du commissaire à la protection de la vie privée à ce sujet.
Certes, nous avons tous le droit de prendre part à des événements politiques. Les gens qui souhaitent participer à ces événements sont au coeur de la démocratie, et nous les en félicitons, mais il semble qu’ils pourraient avoir un prix élevé à payer. Ils pourraient être touchés dans leur vie privée ou dans leurs aspirations de carrière. Cela mérite au moins qu’on y réfléchisse.
Je soutiens que le projet de loi comporte de graves lacunes, tant sur le fond que sur la forme. Il ne permet pas de réaliser ce à quoi les Canadiens s'attendent. Il ne tient pas compte des recommandations du comité par rapport à l'éthique, lesquelles auraient pu changer les choses. Plus d'informations devront être rendues publiques, ce qui pourrait se faire au détriment des particuliers. Je demande donc au gouvernement d'être ouvert aux propositions qui seront formulées au comité.
Il est rare qu'on accepte des suggestions de la part des partis de l'opposition, mais on fera peut-être une exception dans ce cas-ci. Je serais heureux d'avoir une discussion sérieuse concernant l'objet de projet de loi libéral.
Les activités de financement donnant un accès privilégié se poursuivront. Il est toujours possible aux gens qui en ont les moyens de payer pour obtenir l'accès au ou à un ministre. Dans ses communiqués de presse et ses déclarations aux médias, la a affirmé que ce qui se passe aux activités de financement n'a pas d'incidence sur les décisions du Cabinet. Je la cite textuellement. Même si le gouvernement dit vrai, ce dont je doute fort, il reste que beaucoup de Canadiens ne pensent pas que ce soit la vérité. Pour eux, il y a apparence de problème et, comme l'a soutenu lui-même, il ne devrait pas en être ainsi. C'est toutefois le cas et les choses ne changeront pas. Qu'est-ce que les libéraux pensent accomplir par un exercice aussi vain?
Il est tout simplement ridicule de les voir organiser ces activités dans des résidences privées, où les médias ne sont pas tenus de rapporter qui y assistent, ce qu'ils font et ce dont ils parlent. C'est tout à fait scandaleux. Le projet de loi n'apportera pas les changements auxquels les Canadiens s'attendent. Nous avons tous exprimé notre indignation par rapport aux activités de financement donnant un accès privilégié. Nous attendions une réforme véritable et voilà ce qu'on nous propose. Le projet de loi ne cadre même pas avec le contenu du document « Pour un gouvernement ouvert et responsable » dont le a parlé.
Il faut voter pour le renvoi du projet de loi au comité. Corrigeons-le. Relevons nos manches et améliorons-le, pour le bien des Canadiens.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi électorale du Canada en ce qui concerne le financement politique. Nous estimons qu'il hausse les exigences que nous sommes tenus de respecter, en tant que parlementaires, relativement à l'importante question de l'ouverture et de la transparence en matière de financement politique.
Nous savons que les Canadiens tiennent au régime démocratique du Canada. Bien que le Canada possède déjà l'un des systèmes de financement électoral les plus stricts du monde, nous reconnaissons que nous pouvons en faire plus encore pour augmenter la transparence du financement des partis politiques. Le projet de loi contribuera donc à accroître la confiance des Canadiens dans leurs institutions démocratiques en leur fournissant plus de renseignements que jamais.
Les Canadiens sauront qui participe aux activités de financement, quand ces activités ont lieu et combien il en coûte pour y participer. Les Canadiens méritent de savoir que leurs élus jouent franc jeu. Le projet de loi permettra non seulement d'atteindre cet objectif en mettant en oeuvre de nouvelles règles pour accroître l'ouverture et la transparence en matière de financement politique, mais aussi d'aider tous les Canadiens à en savoir plus sur le fonctionnement des activités de financement politique organisées par les partis afin qu'ils puissent continuer de faire confiance à l'important processus démocratique qu'ils ont tant à coeur. Il leur permettra aussi de décider pour quel candidat voter pendant les élections et d'être mieux informés à cet égard.
Comme les députés le savent, le financement politique au Canada est déjà assujetti à des règlements clés, qui, notamment, limitent les dépenses, plafonnent les dons annuels et interdisent les dons des sociétés et des syndicats. À l'échelle nationale, tous les citoyens et les résidents permanents du Canada peuvent verser jusqu'à concurrence de 1 550 $ par année à un parti enregistré et, évidemment, un montant équivalent à une association de circonscription pour le candidat local.
De plus, les dons faits à un parti politique fédéral sont signalés à Élections Canada, et les dons de plus de 200 $ sont déjà publiés en ligne avec les renseignements pertinents, dont le nom et l'adresse du donateur.
Les Canadiens ont élu les libéraux sur la promesse de faire preuve d'ouverture et de transparence. Les Canadiens ont le droit d'en savoir plus qu'ils en savent à l'heure actuelle au sujet du financement politique. Il nous incombe, en tant que parlementaires, de servir les personnes que nous représentons. En prenant des mesures destinées à accroître l'ouverture et la transparence du système canadien de financement politique, nous haussons les critères pour un choix éclairé à l'intérieur du processus politique.
Le gouvernement sait que bien des activités, comme participer à une soirée-bénéfice, représentent une forme importante d'expression démocratique. En plus d'être un droit reconnu et protégé par la Charte des droits et libertés, appuyer financièrement un parti politique est aussi une forme de participation citoyenne. En tant que société qui valorise l'engagement démocratique, il faut continuer de défendre ce droit fondamental.
En outre, le gouvernement sait que le système de partis politiques actuel du Canada joue un rôle important dans notre démocratie. Ce système a contribué à faire du Canada un modèle à suivre pour bien d'autres démocraties dans le monde. Il est une caractéristique fondamentale de notre processus démocratique et il permet à des Canadiens aux vues similaires de partout au pays — indépendamment de leur région de résidence, de leur classe sociale, de leur religion, de leur origine ethnique et de leur identité de genre — de travailler ensemble à la réalisation d'un objectif commun.
Cela dit, il ne faut pas oublier que les partis politiques ont besoin d'argent pour fonctionner. Nous devons continuer de respecter le droit de tous les Canadiens de décider de quelle façon ils veulent soutenir financièrement le parti de leur choix, tout en veillant à leur fournir des renseignements accessibles et transparents sur le sujet. Pour ce faire, il faut prendre des mesures importantes que, partout au pays, tous puissent voir et comprendre comment fonctionne le financement politique et quel est son rôle dans notre processus démocratique.
Grâce à cette mesure législative, les Canadiens pourront savoir quand une activité de financement politique a lieu, qui y a assisté et combien d'argent une personne a payé pour y participer. En vertu des mesures proposées dans le projet de loi , tous les partis politiques qui détiennent actuellement des sièges à la Chambre des communes seront tenus de transmettre à Élection Canada le nom et l'adresse des personnes qui ont participé à l'activité de financement visée par le projet de loi, dans les 30 jours suivants.
Quelle activité de financement est visée? Toutes les activités auxquelles assistent le , des ministres, des chefs de parti ou des candidats à la direction siégeant à la Chambre des communes, et dont le prix d'entrée est supérieur à 200 $, seront assujetties à ces règles. C'est compatible avec l'actuelle obligation de divulgation.
En outre, aux termes de la mesure législative, la date, l'heure et le lieu de l'activité seront annoncés au moins cinq jours à l'avance. Tous ces renseignements seront indiqués très clairement sur le site Web du parti. On publiera en ligne cette information, le nom et l'adresse des participants ainsi que le coût de l'activité.
Ayant déjà fait du bénévolat pour un parti politique, et ayant agi à titre de trésorier d'une association de circonscription et d'un parti provincial, j'ai constaté que cette information pouvait ne pas être publiée en ligne quand une personne avait été invitée à assister gratuitement à une activité ou que quelqu'un d'autre avait acheté le billet pour elle, mais qu'elle apparaissait en ligne quand la personne avait elle-même payé le plein montant de 200 $.
L'information était cachée. Le problème a d'ailleurs été soulevé au cours du débat à la Chambre. La mesure législative comble cette lacune et rend l'information au sujet des activités soit plus transparente et plus accessible afin que les Canadiens puissent décider s'il y a une apparence d'influence indue.
Les partis politiques seront responsables de déclarer adéquatement l'information dans les délais prescrits. Si un parti ou un candidat ne suit pas les règles, il devra remettre tous les dons recueillis lors de l'activité et il s'expose à une amende maximale de 1 000 $.
Lorsqu'il est question de démocratie, nous savons qu'il faut un équilibre. Aux termes des mesures proposées dans le projet de loi, nous concilions avec succès, d'une part, le respect de l'important droit d'expression démocratique et, d'autre part, l'accroissement de l'ouverture et de la transparence en matière de financement politique. Nous faisons cela pour permettre à l'électorat de prendre des décisions plus éclairées.
Non seulement les mesures contribueront à renforcer et à améliorer les institutions démocratiques, elles fourniront aux Canadiens plus d'information que jamais auparavant au sujet des activités de financement politique.
Je crois que tous mes collègues constateront la pertinence et l'importance d'améliorer l'ouverture et la transparence des institutions politiques. Par conséquent, j'encourage tous les députés à appuyer le projet de loi pour que nous puissions relever la barre en matière de reddition de comptes relativement aux activités politiques ainsi que renforcer durablement la démocratie au Canada.
Il était intéressant d'entendre certaines des autres observations. Je veux parler un peu des points soulevés par mes collègues de et de au sujet de certains des objectifs du projet de loi, ainsi que des éléments qui sont couverts et qui ne sont pas couverts par la mesure législative.
Selon un paragraphe du projet de loi:
au moins une personne qui, afin d’y assister, est tenue [...] soit d’avoir fait une ou plusieurs contributions d’une valeur totale supérieure à 200 $ au parti enregistré ou à l’une de ses associations enregistrées, à l’un de ses candidats à l’investiture, à l’un de ses candidats [...]
Le projet de loi ne s'applique pas uniquement aux activités comportant un coût d'entrée. Il vise aussi des activités comme les activités de reconnaissance. Il nous donne l'occasion d'éliminer l'échappatoire qui permettait à certains partis d'organiser des activités et de dire aux personnes invitées que, si elles avaient fait un don au parti trois mois auparavant, ils n'allaient pas signaler pas leur participation à l'activité. Nous supprimerons cette échappatoire afin que les gens soient sur un pied d'égalité quant à la façon dont leurs renseignements sont consignés et rendus publics lorsqu'ils participent à des activités.
Il y a des intérêts en jeu. Je répète que nous avons déjà des limites très strictes. Je ne pense pas que qui que ce soit croie qu'un député sera indûment influencé par les modestes dons respectant les limites prévues dans la Loi électorale du Canada. Un don de 1 550 $, c'est bien peu sur les dizaines de millions de dollars qui sont versés aux partis. Cela ne touche ni n'influence personne. Je ne crois pas que les Canadiens croient qu'une somme minime par rapport à la totalité du financement aura une incidence sur les titulaires de charges publiques. Je crois qu'ils leur font confiance. Je ne crois pas qu'ils aient estimé que les dons de 1 500 $ au Parti conservateur ont indûment influencé le Parti conservateur ni que les dons de 1 500 $ par année au NPD ont eu une influence indue sur le NPD. Je ne crois pas non plus qu'ils pensent que des dons de 1 550 $ par année au Parti libéral ont influencé indûment les libéraux. Ce sont des sommes minimes par comparaison à la somme totale que les partis recueillent.
Toutefois, il y a eu des failles, notamment en ce qui concerne certains types de dons et certains types de participation politique. Nous ne pouvions pas voir dans les dossiers ce qui s'était vraiment passé. Il arrive parfois que cela donne l'impression que quelque chose ne va pas.
Je me souviens d'avoir lu des articles au sujet d'activités de financement organisées par Dean Del Mastro, un ancien député. Les journalistes ne semblaient pas comprendre que les personnes du parti qui participaient à ces événements n'achetaient pas de billets. Dans ces articles, les journalistes soulevaient des préoccupations concernant le fait que 300 personnes avaient été présentes à l'événement, mais que seul un certain montant d'argent avait été récolté. Cela avait suffi pour semer le doute sur l'événement, alors qu'à ce moment-là il n'y avait peut-être aucune raison de douter de quoi que ce soit.
Si les gens peuvent comprendre les lois obscures sur le financement électoral et la production de rapports, ils comprendront que certaines personnes n'avaient pas le droit d'acheter de billets parce qu'elles avaient déjà donné le maximum d'argent permis. Le changement en question permettra aux médias et aux Canadiens de comprendre que lorsque des gens participent à des activités de financement dans le respect des règles, cela ne veut pas toujours dire que tout le monde paye le même prix. Certaines personnes n'ont pas le droit de payer un montant supplémentaire pour y participer.
Il est essentiel que des annonces soient publiées à l'avance pour permettre un examen public. Quand les Canadiens ne sont mis au courant d'événements qu'après coup, ils perdent confiance. Les médias en profitent pour publier des articles de choc et pour véhiculer l'idée que quelque chose d'inopportun s'est produit. Cela fait des années que les médias fonctionnent de cette façon au Canada, alors qu'en général, rien de tout cela n'est fondé. C'est une pratique totalement courante.
En annonçant publiquement la tenue de ces activités, nous donnons l'occasion aux médias de comprendre ce qu'il en est et de se préparer. Ainsi, ils sont en mesure de rapporter les nouvelles liées aux activités de manière plus exacte.
Cependant, dans le cadre de la réforme du financement politique, chaque fois que nous essayons de changer le type de renseignements à divulguer, nous devons nous rappeler qu'en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, chacun a la liberté de conscience, de pensée, de croyance, d'expression, de réunion pacifique et d'association. Toutes ces libertés font partie du processus politique. Elles se trouvent à l'article 2 de la Charte. Bien entendu, elles ne peuvent être restreintes qu'aux termes de l'article 1, dans des limites qui soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d'une société libre et démocratique.
Nous croyons avoir trouvé le juste équilibre. Nous n'exigerons pas la divulgation des noms des bénévoles ni ceux des personnes mineures. Les noms des journalistes ayant participé à des activités n'auront pas à être divulgués si les activités ont coûté 200 $ ou moins — cela comprend le coût d'entrée et tout don antérieur donnant droit à un billet pour une activité. Les noms des personnes qui fournissent des services d'hébergement et d'autres services, dans le cadre des activités, ne seront pas divulgués. Cette façon de procéder protège la liberté d'association si chère aux Canadiens.
Par ailleurs, pour les personnes qui donnent entre 200 $ et 1 500 $, il y aura des mesures pour assurer un certain degré d'ouverture et de transparence afin de donner l'assurance que rien d'inapproprié ne s'est produit. Je crois cependant que les députés conviendront généralement que la limite de 1 550 $ est très modeste.
Pour ce qui est des autres aspects du financement des partis politiques qui pourraient être touchés, soulignons que les règles touchant la promotion des activités ne s'appliqueront pas en période de campagne électorale. Nous estimons que cela imposerait des restrictions indues.
En ce qui concerne les petits partis politiques qui n'ont pas de siège à la Chambre, nous savons qu'ils n'ont peut-être pas les ressources nécessaires pour se conformer à toutes les règles prévues dans ce projet de loi, et que leurs possibilités de monnayer l'accès sont très limitées. Je crois donc que tous conviendront qu'il serait juste de les exempter de certaines règles concernant la promotion de leurs activités ainsi que la publication de renseignements sur les participants et le montant des dons offerts, à condition, bien sûr, qu'ils respectent les limites.
Tout don de 200 $ ou plus sera publié, quel que soit le parti politique. Les Canadiens pourront savoir quels sont les donateurs des petits partis comme ceux des grands, mais le fardeau administratif que représentera la publication de ces dons n'incombera qu'aux partis qui détiennent des sièges aux Communes.
La question du financement des courses à la direction a été maintes fois soulevée. Le degré de transparence et l'obligation de rendre des comptes concernant ce financement des candidats à la direction influent sur la perception qu'a le public de la politique au Canada.
Par les temps qui courent, les médias s'intéressent au respect des règles dans le financement de la campagne de M. O'Leary, comme candidat à la direction. Bien que les nouvelles règles prévues n'aient aucune incidence sur M. O'Leary ni sur les candidats à la direction du Nouveau Parti démocratique, elles s'appliqueront dans les futures courses à la direction afin que, dans les 30 jours suivant un événement, les Canadiens disposent de l'information leur permettant de savoir qui était présent à cet événement et quelle somme chaque personne a versée. Les Canadiens pourront ainsi se faire eux-mêmes une opinion sur les sources de financement des partis politiques. Ils les jugeront favorablement ou non et voteront en conséquence.
Je crois que nous avons trouvé une façon équilibrée de respecter les principes de la Charte et que nous avons tiré des leçons des événements récents. Il y a eu beaucoup de bruit pour rien, dans certains cas. Il peut toutefois arriver que des situations répréhensibles se produisent. Si la liste nomme non seulement les acheteurs de billets, mais aussi les participants à l'événement, même s'ils n'ont pas acheté de billet, les partis de l'opposition et le parti au pouvoir auront un portait exact de la situation et pourront repérer les irrégularités touchant le système de financement politique du Canada.
J'ai déjà précisé que le projet de loi s'applique aux activités de reconnaissance des donateurs. Il planait une certaine confusion à ce sujet plus tôt. D'après ma lecture du projet de loi, il est clair que, si une personne doit avoir versé un don ou une série de dons d'une valeur totale supérieure à 200 $ pour participer à une activité de reconnaissance, il faudra publier son nom. Cette exigence m'apparaît justifiée.
À titre de trésorier d'une association de circonscription et d'un parti provincial, j'ai eu à rendre des comptes à l'égard du financement politique, et j'ai constaté des lacunes. Le projet de loi à l'étude permettrait de combler efficacement ces lacunes. Ainsi, tout le monde aurait un portrait exact de la situation, et tous seraient sur un pied d'égalité en ce qui concerne leurs dons à des partis politiques. De plus, les partis de l'opposition pourraient examiner les listes et demander des comptes au gouvernement, un aspect essentiel de notre démocratie.
Je sais qu'il en est question à presque toutes les périodes de questions. Les députés de l'opposition seraient ainsi un peu mieux renseignés, ce qui est merveilleux.
Autre changement important: les règles concernant les dépenses liées aux courses à la direction ou à l'investiture seront harmonisées avec celles s'appliquant aux candidats. Aux dernières élections, nous avons constaté que les règles auxquelles sont soumis ces trois types de campagnes manquent d'uniformité et de cohérence. Il faut nous assurer de fournir des informations cohérentes et uniformes sur les différentes méthodes offertes aux Canadiens pour participer au processus de financement.
Ainsi, les Canadiens auront une meilleure idée de ce qui se passe. Plus la loi renferme des échappatoires, plus il existe des manières de faire un don anonyme, ce qui crée une perception négative du système et nuit à sa crédibilité. J'estime que nous avons su régler ce problème.
Selon ce que je comprends, le NPD appuiera le projet de loi à cette étape-ci. Je lui en suis très reconnaissant. Cette décision indique que les néo-démocrates pensent que le projet de loi s'attaque à un problème. Je sais qu'ils en veulent plus. J'ai hâte d'entendre d'autres observations de leur part au sujet de ce qu'ils aimeraient voir dans le projet de loi.
Je suis également impatient d'entendre les commentaires des conservateurs, même s'ils s'opposent au projet de loi. On a parlé plus tôt d'une feuille de vigne: je dirais qu'en fait nous enlevons la feuille de vigne. Mettons tout sur la table pour savoir ce qui existe, en matière de dons, et laissons les Canadiens décider des enjeux qui sont importants pour eux.
Cette question me tenait à coeur avant d'entrer en politique. Je suis heureux que maintenant, grâce à un projet de loi présenté par la ministre, nous respections notre promesse électorale de rendre le système de financement électoral plus ouvert et plus transparent. J'espère que c'est une idée qui obtiendra l'appui de tous les députés.
En ce qui a trait à la publicité faite par les partis politiques dans les sites Web, il s'agira d'une occasion. Il ne devrait pas y avoir de contrainte administrative trop grande pour les partis politiques. La plupart des partis politiques, du moins, ceux représentés à la Chambre, possèdent un site Web fonctionnel qui permet déjà de tenir et diffuser des activités. Personne aujourd'hui n'a dit que son parti ne pourrait pas respecter cette partie du projet de loi. Le respect de cette partie du projet de loi n'occasionnera pas de coûts ou de fardeaux indus aux partis. C'est quelque chose qu'ils peuvent déjà faire.
Peut-être ne le font-ils pas toujours, mais il y aura maintenant des normes strictes et claires sur ce qui doit être fait en matière de promotion des activités dans les sites Web afin que tous les partis soient assujettis aux mêmes règles. Les normes prévoiront également que, lorsqu'il y a une activité, les médias et le public en seront informés à l'avance de façon à ce que les gens puissent se faire leur propre idée sur le caractère adéquat du type d'activité, de l'endroit où elle a lieu, du prix demandé pour y participer et des objectifs que souhaite atteindre le parti qui l'organise.
Outre la production de matériel promotionnel, le délai est plus court pour signaler les résultats de l'activité après qu'elle a eu lieu. Les organisateurs auront maintenant un délai de 30 jours pour fournir aux partis la liste des personnes présentes à l'activité, sauf bien sûr les mineurs, les bénévoles, les médias et les personnes offrant du soutien dans le cadre de l'activité. Il faudra fournir à Élections Canada la liste de toutes les personnes ayant participé à l'activité, ainsi que leur adresse, dans les 30 jours suivant l'activité.
Je crois que c'est important, parce que cela permettra aux Canadiens d'obtenir des renseignements en temps opportun. Le fait de devoir attendre longtemps pour obtenir des renseignements est une autre raison pour laquelle les Canadiens perdent confiance ou peuvent avoir l'impression que quelque chose de louche ou d'inapproprié s'est produit. En réduisant les délais pour la déclaration des renseignements et en veillant à ce que les renseignements soient fournis dans un délai d'un mois, on suscitera une nouvelle confiance chez les Canadiens. Ceux-ci ne s'interrogeront plus quant à la légitimité des activités.
Si le projet de loi est adopté dans sa forme actuelle, je suis certain que les Canadiens seront d'accord avec les avantages que peuvent procurer les rapports publics. Ils auront l'assurance que les activités de financement ne sont pas des activités sinistres à proscrire. Ces activités constituent un élément important de notre processus politique, et elles nous permettent d'accomplir tous les jours notre travail à la Chambre. Ces activités permettent en outre aux Canadiens de participer d'une façon juste et équilibrée au système politique.
Le projet de loi nous permettra de remédier à la perception négative pouvant découler de certaines interventions à la Chambre.
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Monsieur le Président, il est temps de discuter honnêtement de la véritable nature du projet de loi. J'entends les députés libéraux discourir sur les détails du projet de loi et nous dire du même souffle qu'il n'y avait pas de problème. Je viens d'entendre les occupants des banquettes libérales nous dire qu'il n'y avait pas de problème à résoudre. Alors, s'il n'y a pas de problème, pourquoi présentent-ils un projet de loi? Le problème à résoudre, de l'aveu même du Parti libéral, est le scandale des activités de financement donnant un accès privilégié, scandale qui a passablement retenu l'attention des médias. Vu les reportages qui se succédaient, les libéraux ont promis de résoudre le problème. Le projet de loi est censé être la solution au problème.
J'ai trouvé les propos du député de très révélateurs. Il nous dit que les partis politiques se donnent eux-mêmes des règles. C'est effectivement une bonne description du projet de loi. C'est un projet de loi où les libéraux établissent des règles qui leur sont destinées. Il ne s'agit pas de résoudre vraiment le problème des activités de financement donnant un accès privilégié. Le projet de loi ne mettra pas fin à ces activités. Il aura plutôt comme effet d'en faire une forme officielle de financement. C'est un projet de loi destiné à légaliser les activités de financement donnant un accès privilégié.
Certains savent que je travaille pour des partis politiques et des campagnes depuis quelques années — 42, pour être exact. Je m'y connais un peu en collecte de fonds. Je m'y connais un peu sur la façon de mener une campagne électorale. Ne vous y trompez pas: le projet de loi vise à officialiser et à instaurer un système de financement politique donnant un accès privilégié. C'est ce qu'il fait. C'est de cela qu'il s'agit.
Il n'est pas surprenant que les libéraux veuillent, comme le député l'a dit, fixer les règles de financement pour eux-mêmes, car c'est bien ce qu'ils font ici. Les libéraux ont un long passé de problèmes et de scandales liés au financement. Certains sont très récents. Je me rappelle qu'il n'y a pas très longtemps la — et je rappelle que c'est elle qui nomme tous les juges de rang élevé au pays — a tenu une activité de financement à laquelle elle a invité des avocats. Ceux-ci ont joui d'un accès sans précédent, et cette activité a même eu lieu dans les locaux d'un grand cabinet d'avocats à Toronto.
Si un avocat pose sa candidature à un poste de juge et qu’il se fait dire de prendre part à une collecte de fonds, je pense que le message est on ne peut plus clair. Ce candidat à la magistrature a intérêt à se manifester. Sans surprise, il se trouve que les personnes qui ont été nommées récemment ont fait des dons très généreux au Parti libéral. Peut-on douter que ce qui se passait à la collecte de fonds organisée par la s’adressait aux avocats?
Pendant des années, j’ai été ministre dans le gouvernement Harper. Selon nos règles d’éthique et notre pratique, il était interdit de faire des collectes de fonds auprès des intervenants de notre portefeuille. C'était interdit. La commissaire à l’éthique nous avait précisé les règles. Nous ne pouvions pas le faire et nous ne l’avons pas fait. Le Parti libéral, lui, en fait une habitude. Après que cette pratique ait été dénoncée, les libéraux ont trouvé la solution: faire adopter une loi, officialiser la pratique et dire ensuite qu’elle fait partie du système. Si quelqu’un dénonce le problème — et Dieu sait qu'on l'a fait pendant la période des questions —, on lui répond qu’on suit les règles. Quelles règles? Les règles que le parti s’est fixées, comme l’a déclaré le député de . Voilà les règles qu’ils vont suivre.
Voilà la réponse que l’on donnera et, lorsque la commissaire à l’éthique désapprouvera l’apparence d’influence indue et de financement en échange d’accès privilégié, les libéraux diront qu’ils suivent les règles. Ils mettent au point un système dans lequel tout le monde doit se manifester, figurer sur une liste, le faire savoir au public, ainsi de suite, mais une fois ces conditions remplies les libéraux pourront accepter de l’argent d’intéressés et vendre l’accès à l’oreille du ministre, auquel on pourra chuchoter des demandes. Quant aux lobbyistes, le ministre sera là pour eux s’ils ont payé leur billet d’accès au Parti libéral.
Voilà à quoi va servir ce projet de loi, et c'est tout simplement inacceptable. C'est inacceptable dans une société libre et démocratique où l'accès est censé être le même pour tous, parce que c'est loin d'être le cas. Pour avoir accès au gouvernement, il faut de l'argent. Quand on a de l'argent, on a accès à ceux qui prennent les décisions et qui peuvent faire la différence entre la réussite d'un projet ou son échec. Nous en avons déjà eu la preuve, et je ne parle pas seulement des candidats à la magistrature.
Le , avons-nous appris, a assisté à une activité de financement organisée dans un domicile privé par un groupe bien défini de gens. L'un des participants, M. Shenglin Xian, avait demandé au gouvernement fédéral l'autorisation d'ouvrir une banque. Il a donné le montant maximal autorisé au Parti libéral et il a convaincu bon nombre de ses amis de l'accompagner et de donner eux aussi le montant maximal autorisé. Tous ces gens ont pu discuter avec le premier ministre, se faire prendre en photo avec lui et discuter des dossiers dans lesquels ils ont un intérêt financier et des profits qu'ils feraient si le gouvernement tranchait en leur faveur. Que s'est-il passé? Peu de temps après l'activité de financement en question, M. Xian a obtenu le feu vert du gouvernement fédéral. Cette histoire fait partie du scandale qui a mené à la rédaction de ce projet de loi. Elle fait partie du problème qu'il cherche à régler.
Revenons au texte et voyons quels en seront les effets. Y a-t-il quoi que ce soit là-dedans qui empêcherait une telle chose de se produire de nouveau? Y a-t-il quoi que ce soit qui puisse dissuader ces gens de refaire la même chose, dans la mesure où les dons correspondant au montant maximal autorisé sont rendus publics de toute façon? Non, il s'agit en fait d'un écran de fumée destiné à légitimer les activités de financement donnant un accès privilégié, à les légaliser et à envoyer un message au public, aux députés, aux médias et à la commissaire à l'éthique: « Vous n'avez rien à redire, nous suivons les règles. » Or, ce sont des règles fixées par les partis eux-mêmes. Le député libéral l'a même admis.
C'est pour cette raison que la situation est si inacceptable. M. Xian n'était pas la seule personne présente à cette activité de financement donnant un accès privilégié. Un autre homme a versé 1 million de dollars à la Fondation Trudeau après avoir participé à une activité exclusive de financement donnant un accès privilégié qui s'est tenue dans une résidence privée. Il n'a pas donné d'argent à un autre groupe. Il n'a certainement pas fait de don au Centre Manning. Il a participé à une activité de financement avec le et a fait un don de 1 million de dollars à la Fondation Trudeau. Il n'a pas donné d'argent à qui que ce soit d'autre. Il a participé à une activité privée de financement donnant un accès privilégié au premier ministre, et à personne d'autre, et des fonds ont été versés à la Fondation Trudeau.
Certains des participants ont reconnu avoir parlé d'affaires de l'État avec le . Ils ont indiqué qu'ils ont fait des pressions sur le premier ministre concernant les sujets qui leur tenaient à coeur, c'est-à-dire leurs intérêts auprès du gouvernement. Le premier ministre l'a même admis. Il a reconnu avoir fait l'objet de lobbying lors de l'activité. Comment le projet de loi réussira-t-il à mettre un terme à cette situation? Quelqu'un peut-il m'indiquer une disposition dans le projet de loi qui préviendra de telles activités de financement et discussions? Il n'y en a aucune. Tout ce que le projet de loi fera, c'est mettre un terme aux critiques à l'égard de ce type d'activités de financement inappropriées, contraires à l'éthique et presque frauduleuses. Il n'a pas été présenté pour régler la situation, mais pour résoudre le problème des activités de financement des libéraux.
On peut se demander d'où vient cette façon de faire et pourquoi les médias se sont soudainement intéressés aux activités de financement des libéraux. Personne n'y avait porté attention depuis longtemps. Il faut savoir que, parmi les libéraux de l'Ontario, certaines personnes, qui dirigeaient autrefois le bureau du premier ministre provincial et le Parti libéral de l'Ontario, ont déménagé à Ottawa et dirigent maintenant le Parti libéral du Canada. Que faisaient ces personnes à l'époque où elles étaient au gouvernement provincial? Elles avaient ce que les proches du Parti libéral et les ministres libéraux appelaient un « système ». Il s'agissait d'un système d'accès privilégié en échange de dons. C'est ce qui finançait le Parti libéral de l'Ontario. Chaque ministre avait des cibles à atteindre. Dans le cas du ministre des Finances, la cible fixée pour le ministre, Charles Sousa, était d'un demi-million de dollars.
On donnait aux ministres une liste des intervenants et des personnes qu'ils allaient rencontrer et au sujet desquels ils auraient ensuite des décisions à prendre. On leur disait d'oublier leurs visées personnelles et leur association de circonscription. Rappelons que Gerald Butts et Katie Telford, qui travaillaient alors au bureau du premier ministre de l'Ontario, sont maintenant au bureau du premier ministre du Canada. On disait aux ministres de se dévouer à la cause du Parti libéral de l'Ontario. Les ministres qui désiraient demeurer en poste devaient recueillir un demi-million de dollars de financement auprès d'intervenants et remettre cette somme au caucus du Parti libéral. Ils devaient organiser des activités de financement, offrir un accès privilégié en échange de dons, et amasser l'argent. Voilà le système.
Le ministre de la Santé, Eric Hoskins, avait aussi pour tâche de recueillir un demi-million de dollars par année. Il devait tenir des activités de financement dans des centres de soins de longue durée avec des intervenants comme l'Ontario Long Term Care Association, et amasser des fonds.
Tous les députés d'arrière-ban croient que pour être ministre, il faut toujours suivre l'exemple du whip du parti. Ce projet de loi vise à établir un nouveau système pour eux. C'est ce qu'ont fait les libéraux en Ontario. C'est très simple. Ils ne devraient pas se soucier du whip. On leur donne un objectif et on leur dit de rapporter de l'argent. S'ils répondent aux attentes, il auront droit de siéger au Cabinet. Voilà comment fonctionnait le système en Ontario. Naturellement, cela a causé tout un scandale.
Je sais qu'il y a plusieurs personnes sur les banquettes libérales qui ont le sourire aux lèvres parce qu'ils trouvent cela drôle. Cependant, ce n'est pas drôle, c'est de la corruption. C'est ce qui discrédite la politique au Canada. Lorsque les gens ont une très mauvaise perception de la politique, ils croient que c'est ce que représente le Canada. C'est le système conçu par le Parti libéral, par Gerald Butts et Katie Telford, et c'est le système qu'ils veulent faire adopter ici. Voilà le système que le projet de loi légalisera, officialisera, mettra en oeuvre et gardera en marche, mais il comportera des enjeux nettement plus importants et engendrera des dépenses beaucoup plus considérables. Il serait bon d'y penser.
Un de mes collègues d'en face m'interrompt pour parler de l'un des deux cas, en une décennie de gouvernement conservateur, où il y a eu un problème de financement donnant un accès privilégié. Bizarrement, les deux cas se sont produits dans le secteur très conservateur des arts. L'un impliquait un ministre, l'autre un secrétaire parlementaire. Dans les deux cas, ces personnes ont participé à une activité qu'ils croyaient être une simple rencontre avec des gens du secteur des arts. Quelqu'un a fait le tour de la salle et a recueilli des chèques. Le ministre et le secrétaire parlementaire ont remboursé tout cet argent de leur propre initiative. Pourquoi? Parce que c'était la pratique conservatrice: pas de financement donnant un accès privilégié.
Ce sont là les deux seuls exemples, dans le domaine des arts, qui entretenait des liens étroits avec les conservateurs. Ces fonds étaient non sollicités et ont été remboursés sur-le-champ à l'initiative des conservateurs parce que ce n'était pas correct. Le député estime que cette pratique n'est pas correcte, et c'est la raison pour laquelle il soulève la question, mais il appuiera un projet de loi qui l'officialisera.
Tout le monde ne devrait-il pas s'en inquiéter? Le premier ministre Stephen Harper a-t-il organisé de telles activités? Il les évitaient par un mécanisme bien simple: il n'organisait pas d'activité de financement et n'y participait pas. En une décennie au pouvoir, il a participé à une seule activité de financement. C'était à Montréal. Plus de 1 000 personnes y ont participé. Il ne s'agissait pas d'une activité de financement intime donnant un accès privilégié tenue dans la cuisine d'un de ses amis ayant un intérêt investi; c'était une activité à laquelle ont participé 1 000 personnes. Même là, il y a mis fin. Pourquoi? Il ne devait y avoir aucune apparence de conduite contraire à l'éthique ou de corruption comme celle que le présent projet de loi vise à officialiser.
Parlons davantage du système de l'Ontario.
Le ministre de l'Énergie, Bob Chiarelli, amassait entre un quart et un tiers de million de dollars chaque année. C'était son objectif. Il organisait un dîner privé avec un groupe de parties intéressées du secteur de l'énergie. La première ministre y participait. Ce petit dîner privé dans un restaurant permettait d'amasser jusqu'à 100 000 $ à lui seul. Tel était le système libéral de financement donnant un accès privilégié.
Dwight Duncan, ancien ministre des Finances libéral de l'Ontario, a déclaré ceci à propos du système. On lui a confié la tâche de recueillir la somme de 1 million de dollars. Il a dit: « L'une des raisons qui expliquent mon départ [...] c'est que j'en avais assez. » Ce système, c'est ce que les ministériels proposent d'appuyer, d'officialiser et de légaliser.
Le procureur général, John Gerretsen, père du député libéral de , a déclaré qu'il était troublé par les conflits d'intérêts que les activités de financement donnant un accès privilégié soulevaient. Selon lui: « Si un problème majeur survient et que des lobbyistes vous ont financé pour le compte d'une quelconque industrie, cette situation aura une incidence sur vous [...] la nature humaine est ainsi faite. »
C'est dans la nature humaine d'être influencé dans une telle situation. Malheureusement, c'est dans la nature des libéraux de toujours organiser des activités de financement donnant un accès privilégié. Maintenant, ils ont créé un système qui légalise et qui officialise cette activité et, tout au long du processus, ils prétendent que ce qu'ils font est vertueux.
Bien entendu, ce qui se passait en Ontario a été révélé, et je félicite les proches du parti libéral et les anciens ministres qui ont tiré la sonnette d'alarme parce que, autrement, nous ne saurions pas encore qu'il y avait littéralement un système officiel en place. Les libéraux identifiaient des intervenants, leur demandaient des fonds, et voilà. La question est devenue un enjeu lorsque, soudainement, les personnes de Queen's Park sont venues à Ottawa et que le même type de financement a commencé dans la région. Il n'existait pas sous le gouvernement précédent, il est apparu tout à coup. Le organisait des rencontres privées. Les gens donnaient le plus d'argent possible. Ils invitaient 10 ou 20 de leurs amis. Aux États-Unis, ils appellent cela faire du « regroupement ». Ils faisaient du regroupement afin de donner le plus d'argent possible. Ils discutaient des affaires de l'État.
Y a-t-il dans le projet de loi quelque chose qui mettra fin à cette pratique? Y a-t-il quelque chose dans le projet de loi qui empêchera le lobbying lors de ces activités de financement donnant un accès privilégié? Non, le projet de loi ne contient rien de tel. Nous ne faisons que rendre officielle et légale la façon dont les choses se font. On paie les 1 500 $, ce qui nous donne l'occasion de discuter avec le ministre. Un peu plus tard, on a la possibilité d'obtenir ce que l'on veut. Voilà en quoi consiste le projet de loi.
Les libéraux sont de retour. Ils sont de retour à Ottawa. Certains se rappelleront le scandale de Sky Shop. D'autres se rappelleront le scandale des commandites. Les exemples sont nombreux au cours de l'histoire. Ce genre de situation a toujours existé. C'est la façon dont les libéraux ont toujours fonctionné.
Nous allons obtenir de l'argent en fonction des principes que nous défendons. En tant que conservateurs, nous défendons une administration publique moins lourde. Les néo-démocrates croient en la valeur d'un appareil gouvernemental plus gros. Ils croient que c'est la solution. Les gens nous appuient pour ces deux raisons. Pour les libéraux, toutefois, il y a un défi de taille. Lorsqu'ils ne croient en rien, comment font-ils pour obtenir de l'argent? Ils recueillent des fonds en vendant un accès, en vendant des décisions favorables, en donnant aux gens ce qu'ils veulent en échange d'une somme d'argent. Autrement dit, c'est de la corruption politique. Là d'où je viens, c'est de la corruption.
Je suis fier de faire partie d'un parti politique qui a évité cela. Je suis fier de faire partie d'un parti qui n'a pas eu recours à ces pratiques lorsqu'il était au pouvoir, un parti qui recevait de petits dons de gens partout au pays, qui croyaient simplement aux mêmes choses que lui. Dans toute ma carrière de député conservateur, je n'ai jamais participé à une activité qui ressemble, de loin ou de près, à une activité de financement donnant un accès privilégié. Je n'en ai jamais organisé et je n'en ai jamais vu. Dès qu'est survenu le changement de gouvernement, nous avons vu l'établissement du système de l'Ontario.
Qu'est-ce qui a été fait pour régler la situation en Ontario? Les activités de financement donnant un accès privilégié ont été interdites. Les libéraux de l'Ontario ont reconnu que ce n'était pas une bonne pratique et ils l'ont interdite. C'était un peu bizarre. Ils ont versé dans l'extrême et ils ont interdit aux députés, aux candidats et aux députés de l'opposition de prendre part à ces activités. C'était un peu excessif, mais cette approche a réglé le problème. Ce n'est pas l'approche des libéraux fédéraux, qui est d'officialiser, de légaliser et de mettre en oeuvre un système.
Les libéraux souhaitent poursuivre la pratique à Ottawa. Ils prévoient élaborer des réponses blindées du genre: « Nous avons réglé le problème. Nous avons adopté une loi. Nous respectons la loi. Nous faisons exactement ce qui est indiqué dans la loi concernant la marche à suivre pour les activités de financement donnant un accès privilégié. »
Cela va non pas résoudre, mais aggraver et intensifier le problème. C'est la façon dont les libéraux font de la politique, c'est ce qu'ils ont toujours fait, et ils semblent vouloir continuer de le faire à l'avenir. Or, c'est inacceptable pour les conservateurs et pour les Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi , ou loi du « je me suis fait prendre la main dans le sac, alors c'est la faute du sac », comme je me plais à le nommer, parce que c'est exactement ce que les libéraux veulent faire par ce projet de loi. Ils connaissaient les règles; ils les connaissaient depuis le début. Ils ont simplement choisi de les enfreindre, à répétition. Puis, ils se sont fait prendre et, maintenant, ils essaient de se justifier. Ils ont agi ainsi pendant des mois; ils s'en sont donné à coeur joie, sans remords. Ils ne semblent aucunement se sentir coupables. Malgré tout, lorsqu'ils se sont fait prendre, ils ont décidé que le problème provenait des règles, pas de leurs agissements. C'est là où nous en sommes.
J'imagine qu'on peut voir la situation telle que l'a décrite le député de . Il m'a dit que le projet de loi est conçu de façon à empêcher les libéraux de continuer à agir comme ils l'ont fait jusqu'à maintenant. Peut-être qu'une solution plus simple serait qu'ils arrêtent simplement d'agir de la sorte. Le pire, c'est que le projet de loi ne les empêchera même pas de continuer, ce n'est qu'une façade. Une fois que les gens auront oublié le scandale du financement donnant un accès privilégié, les libéraux reprendront simplement leurs agissements en douce. Le projet de loi ne prévoit vraiment rien pour les en empêcher.
Je vais prendre un moment pour revenir à notre point de départ, ou plutôt à leur point de départ. En novembre 2015, peu de temps après l'arrivée au pouvoir des libéraux, le a émis des directives. Ces directives étaient intitulées « Pour un gouvernement ouvert et responsable ». J'imagine que toute personne qui nous regarde ce soir ne peut s'empêcher de sourire en entendant cela compte tenu de la façon dont le gouvernement libéral agit depuis un peu plus d'un an et demi qu'il est au pouvoir. Bien que cela soit plutôt amusant — on ne peut le nier —, je ne veux toutefois pas m'arrêter là-dessus trop longtemps.
À l'annexe B de ces directives, intitulée « Les activités de financement et les rapports avec les lobbyistes: pratiques exemplaires à l'intention des ministres et des secrétaires parlementaires », le expose trois principes généraux qui doivent être respectés. Les voici:
Les ministres et les secrétaires parlementaires doivent s'assurer que les activités de financement politique ou autres éléments liés au financement politique n'ont pas, ou ne semblent pas avoir, d'incidence sur l'exercice de leurs fonctions officielles ou sur l'accès de particuliers ou d'organismes au gouvernement.
Il ne doit y avoir aucun accès préférentiel au gouvernement, ou apparence d'accès préférentiel, accordé à des particuliers ou à des organismes en raison des contributions financières qu'ils auraient versées aux politiciens ou aux partis politiques.
Aucun particulier ou organisme ne doit être visé, ou sembler être visé, par une collecte partisane parce qu’ils traitent officiellement avec des ministres et des secrétaires parlementaires, ou avec leur personnel ou leur ministère.
Quand on y pense, les libéraux ont foulé aux pieds ces trois principes à de nombreuses reprises.
Il convient tout particulièrement de se pencher sur le deuxième principe, qui parle de l'accès préférentiel au gouvernement accordé à des donateurs de partis politiques. Voyons si les libéraux ont respecté ce principe, dans le contexte des règles énoncées dans la Loi sur les conflits d'intérêts.
En avril 2016, la a assisté à une activité de financement à 500 $ le billet aux bureaux du cabinet d'avocats Torys LLP, à Toronto. Plusieurs membres de ce cabinet étaient inscrits au registre des lobbyistes auprès du gouvernement fédéral, dont un haut dirigeant qui était autorisé à faire pression sur le ministère de la Justice. Sur quelle planète un tel événement ne serait-il pas considéré comme un conflit d'intérêts? La ministre de la Justice a le devoir non seulement d'être indépendante, mais aussi d'être perçue comme étant indépendante. Toutefois, son indépendance a été manifestement compromise par cette activité de financement.
De quoi a-t-il été question lors de cette activité de financement? Est-ce que les avocats présents ont exercé des pressions auprès de la ministre pour promouvoir leurs intérêts? Est-ce que les intérêts de ces avocats ont eu préséance sur ceux des Canadiens qui n'ont pas versé de don au Parti libéral? Lorsque cette affaire a été mise au jour, le Parti libéral a refusé de dire qui était présent à l'événement. L'information n'a été rendue publique qu'une fois qu'Élections Canada l'a affichée sur son site Web.
Il est intéressant que les libéraux sentent le besoin de modifier la loi afin que les noms des participants aux activités de financement des ministres demeurent publics puisque, lorsqu'ils ont la possibilité de rendre ces renseignements publics, ils refusent eux-mêmes de le faire. Cela revient au principe qu'il serait plus facile de simplement arrêter de cacher des renseignements. Ils n'ont pas besoin de modifier la loi pour y mettre un terme, ils ont simplement besoin d'arrêter de le faire. Puisqu'ils savent que c'est inacceptable, ils devraient arrêter de le faire.
Que dire de l'activité de financement à laquelle le a participé à Halifax en octobre, où chaque cadre d'entreprise a payé 1 500 $ pour participer? Que dire de l'occasion où le secrétaire parlementaire de la , qui était la personne-ressource du pour la légalisation de la marijuana, était l'invité de marque à une activité privée de financement libérale, auquel a participé un groupe de pression pour la marijuana, organisée par un cabinet d'avocats à Toronto et dont les clients sont dans le commerce du cannabis? Sans blague, je ne pourrais pas inventer de telles histoires. Je sais que les libéraux ont fini par retourner le don du lobbyiste pour la marijuana. Ils ont reconnu ce qui était l'évidence même, soit qu'il existait clairement un conflit d'intérêts, mais seulement lorsque l'activité de financement a fait les manchettes. Autrement dit, ils l'ont admis lorsqu'ils se sont fait prendre en flagrant délit. Comme je l'ai dit, ils se sont fait prendre la main dans le sac et ils ont essayé d'attribuer la faute au sac.
Pour toutes ces raisons, lorsqu'il est question de financement, nous savons que les ministres et les secrétaires parlementaires libéraux ne suivent pas les règles élémentaires d'éthique en matière de financement — peut-être qu'ils ne veulent pas les suivre.
Je suis certain que le a dû être très déçu lorsque des députés de son propre gouvernement ont enfreint non seulement les règles sur les conflits d'intérêts, mais aussi les règles qu'il a lui-même créées et qui s'intitulent « Pour un gouvernement ouvert et responsable ». Un instant. Était-il déçu? En fait, au mois de mai 2016, le était l'invité spécial d'une activité de financement donnant un accès privilégié, à 1 500 $ le billet, tenue au manoir d'un riche chef d'entreprise sino-canadien. L'un des invités présents était un donateur qui cherchait à ce que le gouvernement fédéral approuve l'exploitation d'une nouvelle banque au Canada. Un autre invité de l'activité a fait un don considérable à la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau. Il s'agissait de 50 000 $ pour la construction d'une statue de l'ancien premier ministre, seulement quelques semaines après l'activité. Je suis certain qu'il ne s'agissait que d'une pure coïncidence.
Il semble que ce n'est pas seulement son Cabinet qui ne respectait pas les règles. Le lui-même n'a pas respecté ses propres règles lors d'activités de financement politique. Voilà pourquoi on ne peut pas prendre ce projet de loi au sérieux. Si les libéraux souhaitent arrêter de le faire, ils n'ont qu'à arrêter de le faire.
Nous savons tous de quoi il s'agit. C'est de la poudre aux yeux pour essayer de nous faire croire qu'ils rendent des comptes. Les libéraux aiment parler, mais ils n'aiment pas vraiment faire ce qu'ils disent. Ce sont de grands parleurs et de petits faiseurs. C'est un écran de fumée, comme d'habitude.
Si le gouvernement veut réellement rendre des comptes, il n'a pas besoin d'un projet de loi. Il peut simplement arrêter d'organiser des activités de financement donnant un accès privilégié au gouvernement. Il pourrait fournir volontairement la liste des participants lors de ces activités. Il pourrait s'assurer que le et les autres ministres ne sont pas en conflit d'intérêts lorsqu'ils prennent part à des événements partisans. Une nouvelle loi ne fera pas de ce type d'activités de financement une pratique éthique. Ce n'est tout simplement pas suffisant.
Si le voulait mettre un terme à cette pratique, tout ce qu'il aurait pu — et peut encore — faire, c'est d'arrêter d'organiser ces activités de financement. C'est aussi simple; pas besoin d'un projet de loi pour y arriver.
Modifier les règles pour que le puisse continuer à demander 1 500 $ à des personnes fortunées pour qu'elles puissent le rencontrer et discuter des affaires gouvernementales demeure inacceptable. Ce sera toujours inacceptable. C'est clair. Une autre chose est claire et ce sont les règles. Pourquoi les libéraux ne commencent-ils pas à suivre les règles comme tout le monde?
Voici la réponse. C'est parce qu'ils ne sont pas ouverts, ils ne sont pas transparents et ils n'ont certainement pas l'intention de rendre des comptes. Ils aiment en parler, mais ils ne veulent assurément pas faire ce qu'ils disent. On dirait que c'est une tendance chez ces libéraux. C'est une tendance chez tous les libéraux et sans aucun doute chez ceux-ci. Ils ne veulent pas rendre de comptes aux Canadiens.
Rappelons-nous lorsque, il y a quelques mois à peine, la a présenté ce qu'elle a appelé un document de travail sur des modifications au Règlement. Il est très vite ressorti que des discussions à propos du document de travail étaient la dernière chose que voulait le Parti libéral, et les libéraux ont tenté de forcer l'adoption des modifications au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, sans discussion et sans débat ni questions et réponses et sans consentement unanime.
Rappelons certaines des modifications qu'ils tentaient d'imposer et qu'ils vont continuer, j'en suis certain, de tenter d'imposer. Ils veulent être en congé tous les vendredis. Les Canadiens travaillent cinq jours par semaine, au moins. Qu'est-ce qui fait penser au et au gouvernement libéral qu'ils ont plus de droits que les Canadiens moyens? C'est une manie chez eux. Ils se pensent tout permis.
Vraiment, je pense qu'ils veulent se soustraire aux questions des partis de l'opposition, des médias et, donc, des Canadiens. Pourquoi se présenter et rendre des comptes cinq jours par semaine s'ils peuvent essayer de s'en tirer avec seulement quatre jours? Ils vont essayer de s'en tirer avec les activités de financement donnant un accès privilégié. Pourquoi ne pas essayer de s'en tirer avec moins de jours où ils pourraient devoir rendre des comptes?
Par ailleurs, les libéraux proposaient que le n'assiste à la période des questions qu'une fois par semaine. Je sais bien que, même lorsqu'il participe à la période des questions, le premier ministre ne répond pas vraiment aux questions, mais il doit tout de même s'efforcer d'y être la plupart du temps. Les gens devraient s'attendre à voir le premier ministre à la période des questions, même s'ils le voient surtout éviter de répondre. Quelles seraient les conséquences du changement proposé? Étant donné le calendrier de la Chambre, si le premier ministre vient répondre aux questions une seule fois par semaine, il consacrera à cette activité seulement 25 heures par année. En fait, le chiffre réel serait probablement plus bas, puisque le premier ministre est parfois absent pendant une semaine entière, comme c'était le cas la semaine dernière.
D'autres changements proposés par les libéraux visaient à paralyser l'opposition et à limiter ses interventions, donc essentiellement à l'empêcher de faire son travail efficacement. Ils auraient eu pour effet d'affaiblir le Parlement et de priver l'opposition d'une bonne partie des pouvoirs qui lui permettent de demander des comptes au et au gouvernement. Encore une fois, les libéraux veulent éviter la reddition de comptes.
Comme si les changements scandaleux que les libéraux ont tenté d'apporter — et je suis sûr qu'ils tenteront d'en apporter d'autres — ne suffisaient pas, ils ont cherché à les imposer en se servant de leur majorité au sein d'un comité sans demander le consentement de tous les partis politiques. C'est quelque chose qui ne s'était jamais vu auparavant dans la démocratie canadienne. En effet, selon une longue tradition parlementaire, tout changement au mode de fonctionnement de la Chambre des communes doit faire l'objet d'un consentement unanime de la part de tous les grands partis représentés à la Chambre.
La débâcle du Règlement indique fort clairement que le n'a aucun respect pour la démocratie. Les libéraux ont seulement fait marche arrière quand les Canadiens leur ont fait comprendre qu'ils ne toléreraient pas une telle conduite. Comme je l'ai déjà dit, les libéraux poursuivent ce genre de manoeuvre le plus longtemps possible et quand ils finissent par se faire critiquer, ils cherchent un moyen de se soustraire aux conséquences.
Durant les audiences du comité de la procédure et des affaires de la Chambre, j'ai pu lire des centaines de courriels de Canadiens qui étaient très contrariés et mécontents que les libéraux tentent de subvertir la démocratie de cette manière. Une pétition électronique, créée le 23 mars, a recueilli plus de 30 000 signatures en l'espace d'environ une fin de semaine.
Je suis heureux et fier de constater que les Canadiens s'intéressent à ce point au processus parlementaire, mais les choses n'auraient jamais dû en venir là. Les libéraux auraient dû faire preuve de plus de discernement, tout comme ils auraient dû être plus avisés par rapport aux activités de financement donnant un accès privilégié. Ils le savent pertinemment, mais ils pensent pouvoir s'en tirer, et c'est inacceptable.
Les députés libéraux devraient faire montre de responsabilité, d'ouverture et de transparence. Ils devraient le faire d'eux-mêmes, et pas seulement lorsque la population s'indigne. Ils ne devraient pas attendre les protestations du public pour être responsables, ouverts et transparents. Ils devraient le faire d'emblée, mais ce n'est pas la façon libérale de faire les choses.
Il y a un autre parallèle possible. On l'a mentionné à quelques reprises ce soir. Le projet de loi traite d'un problème que les libéraux ont eux-mêmes créé et auquel ils devraient mettre fin. Nul besoin d'un projet de loi pour ce faire. Ils pourraient s'attaquer à beaucoup d'autres questions importantes qui constituent une menace pour notre démocratie, comme les dépenses faites par des tiers durant les campagnes électorales. Je vais m'attarder un peu sur ce problème flagrant.
Le commissaire aux élections fédérales a déclaré ceci devant le comité sénatorial:
Nous avons reçu un nombre considérable de plaintes au sujet de la participation de tiers durant l’élection générale de 2015, bien plus, j’ajouterais, que nous n’en avons reçu à la suite de l’élection précédente de 2011.
Il ressort de ces plaintes que de nombreuses personnes ont eu l’impression que, dans certaines circonscriptions, la participation des tiers au processus électoral a été d’une telle ampleur que les résultats des élections en ont été indûment influencés.
Il me semble que la participation des tiers au processus électoral canadien continuera vraisemblablement de croître. C’est pourquoi il est peut-être temps que le Parlement revoie le régime des tiers [...]
Le directeur général des élections précédent, Marc Mayrand, a également dit qu'un tiers inscrit peut accepter et utiliser de l'argent de l'étranger pendant une campagne électorale au Canada, mais aussi qu'il n'y a pas de limite au montant qu'il peut dépenser, sauf pour la publicité. Actuellement, la loi électorale ne fait qu'encadrer les activités des tiers qui participent directement aux activités publicitaires. Par conséquent, Élections Canada n'encadre pas certains aspects comme les sondages, les sites Web liés aux élections, les services d'appels, les sondages tendancieux et d'autres moyens de communiquer avec les électeurs à des fins publicitaires. À l'heure actuelle, dès qu'un organisme au Canada ou à l'étranger reçoit les fonds, il les intègre à ses finances et peut les utiliser de façon illimitée.
Le commissaire a également dit ceci:
Au Canada, seules les activités de publicité électorale des tiers sont réglementées par la Loi. Dans la mesure où les tiers agissent indépendamment d'un candidat ou d'un parti, ils peuvent engager des dépenses illimitées lorsqu'ils se prêtent à des activités comme des sondages électoraux, des services d'appels aux électeurs, de la promotion, etc. Ils peuvent également utiliser n'importe quelle source de financement — dont des capitaux étrangers — pour financer des activités qui ne sont pas de la publicité électorale.
Le niveau d'engagement des tiers dans le processus électoral canadien continuera vraisemblablement d'augmenter dans les années à venir. Pour cette raison, le Parlement devrait considérer s'il existe un besoin d'examiner de nouveau les dispositions applicables aux tiers, dans le souci d'assurer des conditions équitables pour tous les participants.
Les ministériels ne trouvent-ils pas ces déclarations le moindrement préoccupantes? Ils devraient pourtant s'en soucier.
Le commissaire aux élections fédérales affirme que le Parlement doit revoir le régime des tiers afin d'assurer l'intégrité des élections canadiennes. À la place, les libéraux présentent un projet de loi pour s'autoréglementer parce que le et le Parti libéral se sont fait prendre la main dans le sac. Ils pourraient plutôt chercher à assurer l'intégrité des élections. Voilà ce que nous devrions faire. En fait, dans ce cas-ci, la ferme les yeux et prétend que la situation n'a pas été signalée comme problématique. Pourtant, le commissaire aux élections fédérales lui-même en a parlé.
Récemment, pendant la période des questions au Sénat, la ministre a parlé du financement des dépenses de tiers par des intérêts étrangers en période électorale. Elle a affirmé:
D'après notre expérience, ce n'est pas un problème qui existe en ce moment, ou il n'est pas important au point d'avoir un impact sur le système électoral ou la confiance que les Canadiens peuvent avoir pendant une période électorale.
Elle a également dit: « rien ne prouve que des fonds provenant de tiers étrangers influencent les élections canadiennes. » Sa vision des choses semble très différente de celle du commissaire. Je tiens à souligner que même si la ministre ferme les yeux, ce n'en est pas moins un problème criant. Je reprendrai le célèbre extrait de la lettre de mandat de la ministre: « La lumière est le meilleur remède aux préoccupations concernant notre processus politique. » Pourquoi ne fait-elle pas la lumière sur cette question? Le problème ne mérite-t-il pas de sortir de l'ombre? Pourquoi l'ignore-t-on? Il n'est pas visé par le projet de loi ni par le projet de loi , dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Au bout du compte, les députés libéraux d'en face peuvent débiter toutes les platitudes qu'ils souhaitent. Ils peuvent prétendre vouloir être ouverts, transparents et responsables, mais les Canadiens commencent certainement à en avoir assez de leurs petits jeux. Les Canadiens voient le gouvernement libéral pour ce qu'il est vraiment: le même parti qui nous a donné le scandale des commandites, seulement cette fois-ci avec une plus belle tête de cheveux et des bas à la mode.
Les libéraux se sont fait prendre à enfreindre les règles, et modifier les règles ne les rendra pas moins coupables de cela. Ils ont enfreint les règles, et continuent d'enfreindre les règles. Il est temps que cela change.
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Au cas où ils ne m'auraient pas entendu, monsieur le Président, je vais le répéter. En 2004, Stephen Harper était le chef de l'opposition officielle. Nous ne savions pas qui avait contribué à sa campagne. À ce jour, nous ne savons toujours pas qui a contribué à sa campagne. Nous ne savons pas quels lobbyistes ou quels intervenants y ont contribué. Nous ne savons pas qui a contribué à la campagne de Stephen Harper, et, à ce jour, il n'a jamais voulu divulguer ces renseignements.
Voici ce que nous proposons. Nous proposons que tout député qui participe à une course à la direction de son parti, que ce soit un premier ministre, un membre du Cabinet ou tout autre participant qui siège à la Chambre des communes, soit tenu de divulguer ces renseignements dans un délai de 30 jours.
Je dois parler des députés de l'opposition officielle qui ont participé à la course à la direction. Je suis désolé, mais je dois revenir à 2009. C'est frustrant, mais nous devons être honnêtes. Il faut avoir un débat honnête. Je dois lire ce que j'ai devant moi. Ces députés parlent de transparence, d'ouverture et de financement donnant un accès privilégié, mais des lobbyistes avaient l'habitude d'organiser des activités de financement pour les ministres. Ils se sont fait prendre. La commissaire au lobbying les a pris la main dans le sac. Je vais lire une partie de la décision:
La commissaire a initié un examen administratif pour examiner ce cas et elle a reçu aussi des plaintes de parlementaires et de Démocratie en surveillance [...]
Je n'étais pas ici en 2009, mais je remercie les députés qui étaient ici d'avoir présenté ces plaintes. Je poursuis ma citation:
[...] pour examiner ce dossier. En juillet 2010, à la suite d'un examen administratif, la commissaire a amorcé une enquête sur ce cas. L'enquête a conclu que M. McSweeney avait joué un rôle dans l'organisation de l'événement en vendant des billets.
Il s'agit bien d'une activité de financement donnant un accès privilégié. Si une personne fait du lobbying et qu'elle vend des billets, c'est une activité de financement donnant un accès privilégié.
Au cours de la même période, M. McSweeney était enregistré pour faire du lobbying pour le compte de l'Association canadienne du ciment à propos de questions qui relevaient de la ministre [...]
Qui était la ministre? C'était la députée de .
[...] et il a communiqué directement avec elle en ce qui concerne des sujets enregistrables.
Il est temps de changer les choses. Nous devons avancer. Il nous faut accroître la transparence qui entoure les activités de financement. Les lobbyistes ne doivent plus avoir le droit de vendre des billets d'événement permettant aux ministres d'obtenir de l'argent en retour d'un accès privilégié, comme les libéraux l'ont dit. Le Parti libéral n'a jamais eu ce genre de pratique.
Aucun député de notre parti n'a quitté cette enceinte menottes aux poings. Aucun n'est allé en prison. Notre collègue de Niagara ne s'est pas fait arrêter. C'est un bon député. Il n'a pas été mis en arrestation. Le député de est un bon député. Lui non plus n'a pas été arrêté. Nous respectons la loi, et c'est ce qui compte.
Il s'agit d'accroître la transparence dans le financement des partis politiques, et c'est ce que vise le projet de loi .
Que souhaitons-nous accomplir? Je vais lire quelques-uns de nos objectifs importants et décrire pour la Chambre certains problèmes qui existent.
Nous voulons améliorer les règles déjà solides qui s'appliquent aux activités de financement des partis politiques. Nous convenons que, dans le passé, des activités de financement des partis politiques ont posé problème. Évidemment, nous sommes contre l'idée qu'une entreprise ou un syndicat puisse faire un don de 15 000 $ à un parti politique. Nous sommes contre une telle pratique, mais nous sommes pour la limite de 1 500 $. C'est une limite judicieuse. Aucun député ne pourrait être acheté pour une pareille somme. C'est le gouvernement précédent qui l'a établie, et nous sommes d'accord. Nous pouvons nous entendre sur ce montant parce qu'il change les choses. Il fait disparaître l'influence de l'argent.
L'autre point sur lequel nous sommes d'accord est celui-ci: le projet de loi permettrait d'améliorer la transparence des activités de financement politique et ainsi d'accroître la confiance envers les institutions démocratiques. Si les députés d'en face sont tellement contre ces activités, j'espère bien qu'ils peuvent nous assurer ce soir qu'aucun des candidats à la direction du parti n'a tenu une telle activité.
Je ne pense pas qu'ils puissent le faire parce que, de ce côté-ci, nous savons que certains d'entre eux l'ont fait. Donc, en fin de compte, nous voulons obtenir plus de transparence en matière de financement politique, ce qui sera bon pour tous les partis, qu'il s'agisse du Parti vert, du Nouveau Parti démocratique, du Parti conservateur et même des députés indépendants assis tout au fond. En fin de compte, le projet de loi profitera à tous les partis. Voilà.