propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je souhaite présenter aujourd'hui le projet de loi , loi sur le renforcement de la sécurité automobile pour les Canadiens. La sécurité des voyageurs revêt une très grande importance pour Transports Canada et pour le gouvernement. Tous les Canadiens sont concernés d'une façon ou d'une autre par la question de la sécurité routière. Certains ont déjà été impliqués directement dans un accident de la route ou connaissent un proche qui l'a été. Les collisions ainsi que les blessures, les décès et les coûts connexes sont des tragédies pour la société. Cependant, il s'agit d'événements évitables dans une large mesure.
Nous sommes déterminés à continuer d'améliorer la sécurité automobile, car nous voulons éviter aux Canadiens de vivre de telles tragédies sur nos routes. Nous sommes convaincus que la Loi sur la sécurité automobile et les règlements et normes connexes sont une des principales mesures qui ont permis de réduire progressivement le nombre de morts et de blessés sur nos routes, malgré l'augmentation du nombre d'automobilistes. L'amélioration du régime de sécurité automobile fait partie de notre engagement visant à assurer la sécurité des Canadiens.
[Traduction]
Le but de la Loi sur la sécurité automobile est de s’attaquer aux problèmes de sécurité qui concernent les véhicules présents sur les routes canadiennes. Les modifications proposées à la Loi sur la sécurité automobile fourniront au gouvernement de nouveaux et de meilleurs outils pour rendre nos routes plus sécuritaires.
Le Règlement sur la sécurité des véhicules automobiles du Canada s’applique à tous les véhicules conçus pour être conduits sur les voies publiques, depuis les motocyclettes jusqu’aux poids lourds. Il s’applique également à certains véhicules hors route qui circulent à l’occasion le long des routes ou sur des sentiers ou qui les traversent. Le gouvernement fédéral se sert de la Loi sur la sécurité automobile et de son règlement d’application pour réglementer les fabricants et les importateurs de véhicules et d’équipements et pour donner confiance à nos intervenants, notamment les provinces, les territoires, les organismes publics concernés et le grand public.
Le gouvernement déploie des efforts considérables en vue d’assurer et de renforcer la sécurité automobile, et ce, depuis de nombreuses années. La Loi sur la sécurité automobile est entrée en vigueur en 1971. Au fil des ans, la Loi a été mise à jour à quelques reprises pour que son contenu demeure actuel et pertinent. Alors que les innovations et les technologies continuent d’évoluer, il est encore nécessaire d’améliorer la Loi pour s’assurer qu’elle demeure à jour.
[Français]
La Loi réglemente les exigences en matière de sécurité qui s'appliquent aux véhicules neufs et importés, ainsi qu'à l'équipement automobile neuf, afin de réduire le risque de décès, de blessures et de dommages aux biens et à l'environnement. La loi permet l'élaboration de règlements et de normes de sécurité pour les véhicules neufs et importés, pour les pneus neufs et l'équipement neuf utilisé pour retenir les enfants et les personnes handicapées dans les véhicules.
En plus d'élaborer des règlements robustes, la croissance rapide des technologies automobiles novatrices requiert un cadre législatif souple, afin d'éviter qu'ils ne freinent l'adoption de nouvelles technologies de sécurité. Le Canada risque de perdre du terrain dans un marché très important, à moins que nous saisissions l'occasion d'assouplir quelque peu la loi.
L'amélioration continue et l'adaptation à l'environnement permettent d'assurer la sécurité des Canadiens. Voilà pourquoi nous proposons d'autres modifications à la Loi sur la sécurité automobile.
[Traduction]
Les modifications proposées à la Loi sur la sécurité automobile ont été déposées à la Chambre des communes en juin 2015 sous la forme du projet de loi dans le but de corriger des lacunes sur le plan de la sécurité. Le projet de loi en était à la première lecture avant la dissolution du Parlement. Après l’ajout de quelques dispositions, le projet de loi a été déposé devant le Sénat en tant que projet de loi . Le processus devant l’autre endroit est terminé et le projet de loi est maintenant soumis à la Chambre.
Même si je tiens à souligner un certain nombre de modifications envisagées, les plus importantes se rapportent aux rappels de véhicules et d’équipements automobiles. Par le passé, les principaux fabricants et importateurs de véhicules ont généralement remédié aux défauts liés à la sécurité pour les véhicules canadiens. Toutefois, aujourd'hui, s’il est démontré clairement qu’un véhicule, un pneu ou un siège pour enfants présente une défectuosité qui peut mettre en danger la sécurité des Canadiens et que l’entreprise n’est pas d’accord et refuse de rappeler le produit volontairement, il y a très peu de mesures qui peuvent être prises, si ce n’est que de poursuivre l’entreprise en justice. Une telle procédure retarderait la mise en oeuvre d'une solution au problème de sécurité.
Pour remédier à de telles situations, on propose de modifier la Loi pour autoriser le ministre des Transports à ordonner à une entreprise de remédier à un défaut ou à un cas de non-conformité dans un véhicule ou un équipement si le ministre estime que cela est dans l’intérêt de la sécurité publique. En vertu d’une telle ordonnance, trois options seront offertes aux entreprises pour corriger le défaut ou la non-conformité. La première serait de réparer le véhicule ou l’équipement. La deuxième serait de remplacer le véhicule ou l’équipement par un équivalent raisonnable. La troisième serait de choisir de rembourser soit le coût des réparations du véhicule ou de l’équipement qui ont déjà été effectuées, soit le prix de vente du véhicule ou de l’équipement, moins une dépréciation raisonnable.
[Français]
En outre, le projet de loi comprend le pouvoir d'ordonner à des entreprises de payer les coûts pour remédier à un défaut ou à un cas de non-conformité concernant un véhicule ou un équipement. De telles dispositions peuvent avoir une grande incidence sur la sécurité.
Les pouvoirs d'ordonnance combinés sont conçus pour éviter une éventuelle situation où le propriétaire d'un véhicule défectueux ou non conforme ne voudrait pas payer ou n'aurait pas les moyens de le faire réparer. Une telle situation constituerait un fardeau financier déraisonnable pour les Canadiens et mettrait à risque d'autres Canadiens si les propriétaires des véhicules n'étaient pas en mesure d'effectuer les réparations nécessaires. Les dispositions ont été rédigées pour s'assurer que les fabricants sont responsables des coûts liés à la réparation des défauts connus compromettant la sécurité.
Pour s'assurer que de nouveaux véhicules ou équipements qui ont des défauts liés à la sécurité ou qui ne sont pas conformes ne seront pas vendus aux Canadiens, le projet de loi contient aussi une disposition permettant au ministre d'ordonner aux entreprises de régler les défauts et les cas de non-conformité avant que les véhicules ne soient vendus aux consommateurs. Grâce à cette mesure, les véhicules présentant des problèmes de sécurité ne pourront se retrouver sur les routes canadiennes.
Ces pouvoirs d'ordonnance sont complémentaires aux pouvoirs en place qui permettent d'ordonner à une entreprise d'émettre un avis de défectuosité ou de non-conformité. Ils visent à combler des lacunes majeures du régime sur la sécurité automobile, et une fois adoptés, ils assureront la rectification des problèmes de sécurité automobile.
[Traduction]
Au-delà de ces pouvoirs d’ordonnance, d’autres pouvoirs seront intégrés au régime canadien sur la sécurité automobile. Les véhicules qui circulent sur les routes canadiennes sont extrêmement sophistiqués et sont dotés d’ordinateurs et de logiciels exclusifs complexes. Cette complexité ne fera qu’augmenter dans les années à venir. Il pourrait donc être difficile d’obtenir de l’information sur les défauts ou les collisions ou de vérifier la conformité à la Loi sur la sécurité automobile. À cet égard, le projet de loi accordera au ministre le pouvoir d’ordonner aux entreprises de procéder à des essais, à des analyses ou à des études sur un véhicule ou un équipement, et de fournir les résultats à Transport Canada. Cette nouvelle capacité d’ordonner des études supplémentaires sera très utile pour établir les détails entourant les enjeux de sécurité.
Dans le cadre des modifications proposées, on exigera des entreprises qu’elles fournissent les coordonnées d’une personne-ressource, faisant partie de leur personnel, avec laquelle nous pourrons communiquer pour obtenir de l’information et pour vérifier la conformité à la Loi sur la sécurité automobile. Cette exigence permettra d’établir des canaux de communication plus clairs entre les entreprises et Transports Canada.
[Français]
Même si Transports Canada jouit de bons rapports hiérarchiques avec les principaux fabricants et importateurs au Canada, ce qui sera toujours le cas, il est risqué de continuer de s'en remettre complètement à de tels mécanismes.
Des rapports hiérarchiques clairs et officiels permettront d'assurer et d'accroître la sécurité pour la population canadienne. Les modifications proposées à la loi renforceront également la capacité de Transports Canada de vérifier la conformité à la loi, de cerner et d'analyser les défauts et les collisions. Le projet de loi clarifie où et comment les inspecteurs de Transports Canada peuvent accéder à des sites dans l'exercice de leurs fonctions. Le projet de loi ajoute une autre capacité, soit celle d'exiger la présence d'individus qui pourraient être questionnés à propos d'une inspection et d'exiger que l'on réponde à toute question raisonnable.
Les modifications proposées contribueront à ce que nos inspecteurs obtiennent l'information dont ils ont besoin pour s'assurer que les entreprises respectent bien la Loi sur la sécurité automobile, alors que les pouvoirs, exigences et outils mentionnés contribueront à assurer la sécurité des Canadiens. Une lacune persiste quand même en ce qui concerne l'application de la Loi sur la sécurité automobile et ses règlements.
À l'heure actuelle, la loi n'a que des outils d'application limités pour inciter les entreprises à s'y conformer. En cas d'infraction présumée, Transports Canada avertit la compagnie et assure le suivi ultérieur pour s'assurer que toute mesure corrective nécessaire a bien été prise. Si une mesure corrective n'a été prise, le seul recours dont dispose actuellement le ministère est d'entamer une poursuite judiciaire. Ces poursuites sont fastidieuses et coûteuses pour l'industrie et le gouvernement, et dans certains cas, elles ne sont pas entièrement adaptées à une infraction donnée.
Ainsi, les changements proposés introduisent un régime de sanctions administratives pécuniaires qui contribuera à encourager les compagnies à se conformer, comme option efficace et moins coûteuse que des poursuites judiciaires. Les compagnies pourront également interjeter appel d'une sanction administrative pécuniaire devant le Tribunal d'appel des transports du Canada.
La procédure d'examen visera à déterminer si l'entreprise ou la personne a commis une infraction à la loi, et le cas échéant, si la sanction imposée était appropriée. Dans certains cas, des mesures plutôt que des amendes conviennent mieux ou présentent de plus grands avantages pour les Canadiens, comme par exemple, une campagne de promotion de la sécurité ou des changements dans la culture de sécurité d'une entreprise.
[Traduction]
Un nouvel outil proposé, que l’on appelle consentement, créera ce pouvoir. Il autorisera le ministre à négocier une entente acceptable de part et d’autre qui permettra de renforcer la sécurité automobile pour le bien de tous les Canadiens. Les consentements seront inscrits à la Cour fédérale et publiées. Une fois publiés, ils auront le même statut qu’une décision judiciaire.
Ensemble, les sanctions administratives pécuniaires et les consentements permettront d’accroître considérablement le nombre de mesures d’application en vertu de la Loi sur la sécurité automobile. Toutefois, les modifications proposées à la Loi ne concernent pas uniquement le régime d’application et de conformité. Comme nous l’avons vu, les technologies automobiles évoluent à un rythme de plus en plus rapide. C'est d'autant plus un problème lorsque l’on sait que l’automatisation et la connectivité des véhicules augmentent et que l’on examine et élabore davantage de nouvelles technologies environnementales.
L'émergence de nouvelles technologies peut présenter des avantages sur le plan de la sécurité, de l’innovation ou de l’environnement. Toutefois, il arrive que nos règlements ne soient pas assez souples pour s’adapter à ces changements. C’est pourquoi on propose de modifier les dispositions sur les arrêtés et les dispenses provisoires dans la Loi sur la sécurité automobile pour que celle-ci ait la souplesse voulue pour appuyer ces innovations tout en assurant la sécurité des Canadiens.
Une ordonnance provisoire permet de suspendre ou de modifier temporairement un règlement en vigueur le temps d’élaborer une modification réglementaire permanente. Cela permet de signaler à l’industrie et aux Canadiens qu’une modification réglementaire est en cours pour permettre la mise en application rapide des avancées. On propose de modifier le pouvoir de délivrer une ordonnance provisoire pour faire passer la durée d’une telle ordonnance d’un à trois ans afin de donner suffisamment de temps pour terminer les règlements officiels et permettre l’adoption anticipée de nouvelles technologies qui pourraient être bénéfiques pour les Canadiens.
En outre, on propose de rendre plus efficace l’actuel processus de dispense. Cela appuiera l’adoption de nouvelles technologies ou de nouveaux véhicules. Les pouvoirs envisagés autoriseraient le ministre à accorder une dispense par rapport aux normes en vigueur à l'appui de nouvelles caractéristiques de sécurité ou encore de nouveaux types de véhicules ou de technologies, sans compromettre la sécurité des Canadiens.
Des dispenses pourraient être accordées à des entreprises qui en font la demande et qui sont en mesure de prouver que la sécurité des Canadiens ne serait pas compromise. Les dispenses seraient rendues publiques, ce qui assurerait un processus transparent et équitable.
[Français]
Ces mesures contribueront à faire en sorte que la Loi sur la sécurité automobile continue de protéger les automobilistes, sans pour autant entraver l'innovation et les technologies pouvant également présenter des avantages pour les Canadiens, notamment en ce qui concerne leur sécurité. Cette série exceptionnelle de modifications particulièrement nécessaires à la Loi sur la sécurité automobile viendra renforcer les outils à la disposition du gouvernement et les exigences de l'industrie sans délaisser l'aspect de la sécurité des Canadiens sur nos routes.
L'autre Chambre a modifié le projet de loi pour y ajouter certaines mesures de protection additionnelles pour les concessionnaires. Nous sommes d'avis que ces modifications découlent d'une bonne intention et qu'elles ont été utiles pour porter à notre attention certaines préoccupations des concessionnaires au sujet de l'incidence des rappels sur cette industrie. Je remercie nos collègues de l'autre Chambre de leurs efforts.
Toutefois, nous croyons aussi que ces dispositions, dans leur forme actuelle dans le projet loi modifié, vont au-delà du pouvoir et de l'objet de la loi, qui est d'assurer la sécurité des automobilistes, et non de gérer certaines questions financières contractuelles et la relation entre les concessionnaires et les fabricants.
Une telle modification, si elle demeurait dans la loi, pourrait créer un déséquilibre entre les concessionnaires et les autres acheteurs, alors que les uns se retrouveraient avantagés par rapport aux autres. Cela pourrait entraîner des contestations judiciaires quant à l'application à l'égard des concessionnaires et causer des conséquences non voulues, telle l'absence de recours pour les fabricants lorsque les concessionnaires ne remplissent pas leurs obligations. Ce genre de problème pourrait éventuellement avoir des conséquences sur les relations et ententes commerciales entre les concessionnaires et les fabricants. La modification ne tient pas compte non plus du fait qu'il existe d'autres mécanismes servant à protéger les intérêts commerciaux des concessionnaires.
Encore une fois, je reconnais que les modifications apportées par l'autre Chambre découlent d'une bonne intention et qu'elles constituent un exemple des échanges sains entre nos deux Chambres. Nous croyons qu'il est possible de répondre aux préoccupations des concessionnaires tout en évitant les conséquences non voulues mentionnées. Nous savons que les concessionnaires ont la sécurité à coeur et qu'ils voudront travailler avec notre gouvernement et les parlementaires afin de moderniser la Loi sur la sécurité automobile de façon à ce que les Canadiens en ressortent gagnant.
[Traduction]
Plus que jamais, il est essentiel que les élus agissent rapidement et aillent de l’avant avec le projet de loi . La capacité du Canada d’assumer davantage son rôle de surveillance et d’évaluer adéquatement les aspects liés à la sécurité des nouvelles technologies dépendra du succès remporté par ce projet de loi.
J’attends avec impatience que le projet de loi soit soumis au comité et que l’on procède à l’étude de ses dispositions, notamment en ce qui a trait aux répercussions et aux conséquences de la modification proposée qui concerne les concessionnaires. Je suis d’accord avec l’idée que le comité procède à une analyse approfondie. J’attends avec intérêt de témoigner devant le Comité en compagnie d’autres représentants du ministère et de collaborer avec les parlementaires afin de renforcer la loi dans le but de rendre les routes plus sécuritaires pour tous les Canadiens.
:
Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends part au débat sur le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la sécurité automobile et une autre loi en conséquence.
Présenté au Sénat par le leader du gouvernement au Sénat le 11 mai 2016, ce projet de loi a été renvoyé en octobre au Comité sénatorial permanent des transports et des communications, qui l'a renvoyé au Sénat un mois plus tard avec une proposition d'amendement. Le projet de loi amendé a franchi l'étape de la troisième lecture au Sénat le 2 février. Il se trouve donc depuis un certain temps dans la liste des dossiers à traiter à la Chambre. Je me rappelle que, pendant la dernière semaine de la dernière session, j'étais prête, chaque soir, à recevoir un appel me disant que la Chambre allait débattre de cette mesure.
Il s'agit d'un enjeu important. En effet, que les Canadiens utilisent le transport en commun, marchent ou prennent leur voiture ou leur bicyclette, ils comptent presque tous sur les routes pour se déplacer ou pour recevoir les biens et services dont ils ont besoin au quotidien. Aller au supermarché peut sembler banal aux conducteurs et à leurs passagers, mais il a fallu des millions d'heures de travail pour mettre au point la technologie et les innovations qui font fonctionner nos véhicules.
Comme pour toute chose, les véhicules sont dotés de milliers de pièces mobiles. Malgré les meilleures intentions, il arrive à l'occasion que les systèmes ne fonctionnent pas comme prévu. Le Canada doit donc se doter d'un régime de réglementation rigoureux afin d'informer les Canadiens au sujet des risques, et que les véhicules qui posent un danger pour le conducteur, les passagers ainsi que les autres usagers de la route soient réparés ou retirés rapidement de la circulation.
Je discuterai plus en détail du contenu du projet de loi au cours de mon intervention, mais il faut d'abord souligner que le vérificateur général a entamé, en novembre 2015, un examen de 10 mois portant sur l'efficacité des processus suivis par la Direction de la sécurité des véhicules automobiles de Transport Canada. Son rapport, publié le 29 novembre dernier, mérite une étude approfondie. Le message général souligne un certain nombre de problèmes. Je cite l'introduction:
Dans l’ensemble, nous avons constaté que Transports Canada n’avait pas élaboré en temps opportun des normes de sécurité automobile pour faire face aux risques et problèmes émergents [...] Nous n’avons pas toujours pu déterminer comment le Ministère avait utilisé les éléments probants et les données de recherches pour élaborer ou modifier des normes de sécurité.
Je discuterai plus en détail du contenu du rapport du vérificateur général au cours de mon intervention, mais d'abord, j'aimerais simplement indiquer que les mesures incluses dans le projet de loi n'auraient aucune incidence sur bon nombre des problèmes structurels que le vérificateur général a dévoilés dans le rapport qu'il a publié en automne.
Dans l'ensemble, ce sont les fabricants d'automobiles qui lancent les rappels d'eux-mêmes. En 2015, 5 millions de véhicules de tourisme ont été rappelés au Canada. Il s'agit de 5 millions de véhicules par rapport à un total d'un peu moins de 24 millions de véhicules immatriculés au pays. De 2010 à 2016, les fabricants ont lancé au moins 318 rappels à propos desquels Transports Canada n'avait reçu aucune plainte.
Habituellement, lorsqu'un problème est découvert, que ce soit par le fabricant ou par Transports Canada, le fabricant lance un rappel. Il communique avec tous les propriétaires du véhicule touché, et les véhicules sont réparés sans que leur propriétaire débourse quoi que ce soit. C'est un processus somme toute banal, mais il arrive parfois qu'il y ait une divergence d'opinions entre Transports Canada et le fabricant.
Actuellement, la Loi sur la sécurité automobile limite la possibilité du ministre des Transports d'émettre des avis de défaut lié à la sécurité et de poursuivre les fabricants au criminel lorsqu'un défaut risquant d'être dangereux est découvert. En fait, la dernière fois que le ministre a poursuivi un fabricant au criminel remonte à près de 25 ans, c'est-à-dire en 1993, lorsque Transports Canada a traîné Chrysler Canada devant les tribunaux en raison de câbles de treuil défectueux. L'affaire a été rejetée en 2000.
Les poursuites au criminel ne se sont pas révélées efficaces pour faire respecter la Loi sur la sécurité automobile. Depuis cette dernière poursuite, il y a 23 ans, les fabricants ont lancé de leur plein gré des milliers de rappels différents.
Quel serait l'effet du projet de loi? En quoi permettrait-il d'améliorer la sécurité routière? Les articles 10.5 et 10.51 modifieraient la Loi de façon à confier au ministre des Transports le pouvoir de lancer un rappel et d'ordonner aux fabricants de corriger le défaut sans que le consommateur ait à débourser quoi que ce soit.
L'intention est évidente ici, mais ce n'est certainement pas le cas du processus prévu. Le ministre, avant de prendre un arrêté, doit prendre une détermination provisoire en se fondant sur les tests, analyses, inspections, examens ou recherches qu’il estime indiqués. Ensuite, il doit aviser l'entreprise par écrit, publier un avis de détermination provisoire et inviter toute personne à formuler des commentaires écrits. Voici où le libellé devient ambigu:
Le ministre ne prend une décision définitive à l’effet de savoir si un arrêté est nécessaire que lorsqu’il a pris en considération les renseignements qu’il estime pertinents.
La disposition soulève une question. De quelle autre façon un ministre pourrait-il prendre une décision qu'en tenant compte de l'information qu'il juge pertinente? Il est étonnant qu'un ministre puisse fonder une décision sur les renseignements qu'il estime pertinents, lesquels peuvent être anecdotiques, plutôt que de s'appuyer sur des essais reproductibles et des faits.
Je le répète, près de cinq millions de véhicules ont fait l'objet d'un rappel au Canada l'an passé. On peut donc difficilement reprocher aux fabricants, de façon générale, de ne pas être prudents ou proactifs. L'outil proposé sera rarement, voire jamais utilisé.
Les articles 16.01 et 16.1 proposés octroient au ministre des Transports l'autorité d'imposer des sanctions pécuniaires aux entreprises jusqu'à un plafond quotidien de 200 000 $, en fonction de l'infraction commise.
De plus, l'article accorde à Transports Canada le pouvoir de s'opposer aux sanctions non pécuniaires imposées à des entreprises, qu'on appelle des ententes de conformité, afin de favoriser le respect de la loi. Par ailleurs, l'article donne le pouvoir discrétionnaire au gouverneur en conseil de prévoir, par règlement, le montant maximal de la sanction applicable pour toute série ou catégorie connexe de contraventions.
En général, l'article 16 est très clair. Si les sanctions pécuniaires et non pécuniaires sont appliquées de façon appropriée, elles pourraient favoriser le respect des mesures prévues.
L'article 10.4 du projet de loi contribue à multiplier le nombre d'avis qu'une entreprise doit envoyer aux consommateurs une fois qu'un processus de rappel a été lancé. Le problème sur lequel le Sénat a mis l'accent à propos de cet article est que les pièces ou la technologie nécessaires pour corriger un défaut ne sont pas toujours disponibles et que la date à laquelle le travail pourra être fait n'est pas connue séance tenante. En théorie, les entreprises devraient envoyer un nouvel avis à chaque fois qu'un nouveau calendrier est établi pour des réparations.
Dans le cas de Takata et de ses coussins gonflables -— des millions de voitures ont été touchées et l'entreprise a fait faillite —, la date à laquelle on estimait que de nouvelles pièces seraient disponibles changeait d'un jour à l'autre. Théoriquement, un manufacturier aurait dû envoyer une mise à jour de l'avis de rappel à chaque mise à jour.
Il y a un véritable risque que les consommateurs, à force de recevoir de multiples lettres les informant encore une fois d'un changement de date quant à la disponibilité de nouvelles pièces ou technologie se mettent à ignorer ces avis, et le pourcentage de véhicules amenés chez un concessionnaire pour y être réparés pourrait tomber en dessous des 78 % actuels.
L'article 15 du projet de loi donnerait de nouveaux pouvoirs très importants aux inspecteurs de Transports Canada. Certains de ces pouvoirs s'avèrent vraiment surprenants quand on pense qu'il s'agit d'une mesure législative de nature technique. Je vais donc citer directement le projet de loi. Ainsi:
[...] l’inspecteur [peut] pénétrer dans une propriété privée [...] et y circuler sans engager de responsabilité à cet égard et sans que personne ne puisse s’y opposer.
[...] examiner tous matériels ou pièces se trouvant dans le lieu visité;
[...] examiner tout document se trouvant dans le lieu et en faire des copies ou en prendre des extraits;
[...] utiliser ou faire utiliser tout ordinateur ou autre dispositif se trouvant dans le lieu pour prendre connaissance des données que tout système informatique contient ou auxquelles il donne accès, reproduire ou faire reproduire ces données [...]
[...] emporter tout matériel ou toute pièce se trouvant dans le lieu afin de l’examiner ou de le mettre à l’essai.
Bref, l'inspecteur peut entrer dans n'importe quelle propriété privée, pourvu que ce ne soit pas une habitation, sans risquer d'être accusé d'intrusion. Il peut inspecter tout véhicule ou équipement, copier les données contenues dans un ordinateur et emporter de l'équipement pour le soumettre à des tests, et ce, dans le but de vérifier la conformité à la loi, et non de vérifier la non-conformité.
Cette différence est importante, car une vérification de la non-conformité signifierait que l'inspecteur donne suite à une série de plaintes des consommateurs ou participe à une enquête entreprise par des ingénieurs de Transports Canada. Vérifier la conformité signifie que Transports Canada peut effectuer des inspections sans avoir à démontrer qu'il a un motif raisonnable de le faire. Or, le système de justice canadien est fondé sur la présomption d'innocence. C'est celui qui accuse qui a le fardeau de la preuve, et non celui qui se défend.
Une nouvelle disposition conférerait en outre à l'inspecteur un large pouvoir pour contraindre les gens à témoigner dans l'usine qu'il visite:
[Quiconque se trouve dans les lieux visités est tenu] de répondre à toute question que peut valablement poser l’inspecteur et qui est liée à l’inspection [...] et de lui donner accès aux données informatiques qu’il peut valablement exiger.
L'inspecteur pourrait donc interroger non seulement les gestionnaires et les propriétaires d'un établissement, mais également les ouvriers de la chaîne de montage, en l'absence d'un représentant syndical. Les dispositions législatives proposées ne disent pas si l'information recueillie au cours de ces entretiens au hasard pourrait être utilisée dans une poursuite judiciaire.
Le mot « valablement » risque d'être interprété de diverses manières et devrait être mieux défini. De plus, au-delà d'une définition moins ambiguë, il faudrait savoir qui réglera le différend si un employé et un inspecteur ne s'entendent pas sur les questions qui peuvent être valablement posées.
L'article 8.1 proposé du projet de loi donne au ministre le pouvoir d'ordonner à un fabricant d'effectuer des tests précis sur ses produits afin de vérifier la conformité à la loi. Transports Canada n'aura jamais les ressources et les connaissances dont les fabricants disposent pour tester leurs propres produits. Par conséquent, cet article rectifie partiellement l'asymétrie des renseignements. Le problème, c'est que les gens ne peuvent pas demander quelque chose s'ils ne savent pas que cette chose existe. Alors qu'il est bien de pouvoir demander un test, c'est un peu comme aller à la pêche: il n'y a aucune garantie.
L'article 13 proposé donne au ministre le pouvoir de suspendre l'application d'un règlement pour une période d'au plus trois ans si cela est dans l'intérêt de la sécurité publique ou si cette dispense promouvra l'innovation qui mènera à des véhicules plus sécuritaires. Je crois que de faire passer la période de suspension possible d'un règlement d'un à trois ans permettra aux sociétés de tester de nouveaux produits. Dans l'ensemble, c'est un bon changement.
Cependant, la mesure législative est incomplète. Elle ne couvre pas les pièces de remplacement importantes comme les pare-brise, les conduites de frein, les liquides pour frein et les coussins gonflables de remplacement. Je suis étonnée qu'il n'en soit pas question dans le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui, étant donné que cela est couvert dans la législation américaine.
Plus tôt dans mon intervention, j'ai fait mention du rapport du vérificateur général sur la Direction générale de la sécurité routière et de la réglementation automobile de Transports Canada, publié à la fin de novembre 2016. Le vérificateur général y souligne que Transports Canada laisse les constructeurs automobiles exercer une influence disproportionnée dans l'élaboration ou la modification de la réglementation. Il est important de souligner cet état de faits parce que ce sont de vastes consultations publiques sur divers enjeux qui assurent la sécurité routière.
Malheureusement, le projet de loi ne prévoit pas l'obligation de consulter d'autres intéressés que les constructeurs automobiles. Compte tenu du fait que le projet de loi précise avec force détails les mesures que doit prendre le ministre avant d'ordonner un rappel, je suis étonnée qu'on ne puise inscrire dans la loi un processus similaire en ce qui a trait à l'élaboration ou à la modification de la réglementation.
Le vérificateur général a également constaté que, en dépit de nombreuses années de recherche sur la nécessité de renforcer les dispositifs de retenue pour les sièges d'enfant — parce que ces sièges sont maintenant plus lourds — Transports Canada n'a pas mis en place un règlement tenant compte de ses recherches parce que cela aurait nui à l'industrie. Quel est alors l'intérêt de faire mener des recherches pendant des années par Transports Canada sur un enjeu de sécurité si le Canada attend que les États-Unis légifèrent avant de faire de même. Le projet de loi ne réglera pas ce problème.
Au paragraphe 4.42 du rapport du vérificateur général, on peut lire que Transports Canada possédait seulement des données partielles sur les collisions et les blessures dans la Base nationale de données sur les collisions parce que les provinces n'avaient pas fourni l'information voulue.
Par surcroît, il est indiqué au paragraphe 4.43 que Transports Canada n'a pas accès à des données complètes provenant de compagnies d'assurance, d'hôpitaux, de forces policières et d'autres intervenants dans le domaine de la sécurité automobile. Par conséquent, Transports Canada ne dispose pas de données complètes pour établir les priorités à venir en matière de sécurité automobile. Or, le projet de loi ne remédiera, même en partie, à aucune de ces lacunes relevées dans le rapport du vérificateur général au sujet de la qualité des données.
Le vérificateur général signale enfin que le budget de la Direction générale de la sécurité des véhicules automobiles a été réduit en 2016 et que celle-ci ne possédait pas de plan opérationnel à long terme pour ses activités. Par exemple, les sommes consacrées aux essais sur la résistance à l'impact ont fondu de 59 % pour l'exercice 2016-2017. Pendant la même période, le financement alloué à six équipes régionales de sensibilisation à la sécurité routière travaillant dans les locaux des facultés d'ingénierie de divers collèges et universités a aussi été réduit. Or, l'information que ces équipes recueillaient ne pourra plus servir à alimenter le processus décisionnel, lequel, aux dires du vérificateur général, n'était déjà pas optimal.
Malgré ces compressions, le ministère a choisi d'annoncer, dans le budget de 2016, la construction d'une glissière de sécurité extérieure au coût de 5,4 millions de dollars au Centre d'essais pour véhicules automobiles. Comprendra qui veut. Dans la mesure où les sommes allouées aux essais ont été considérablement réduites, le vérificateur général s'est demandé comment ce projet pouvait se justifier. Personne ne peut toutefois dire s'il se serait malgré tout retrouvé dans le budget de 2016 si le vérificateur général n'avait pas entrepris son évaluation.
Bref, même s'il est vrai que le projet de loi contribuera à la sécurité automobile, je considère qu'il y manque certains éléments clés. Espérons que le gouvernement acceptera d'améliorer sa mesure législative et de renforcer la sécurité automobile au Canada en étudiant les amendements qui lui seront proposés. Je terminerai en rappelant que, selon les statistiques en provenance des États-Unis, moins de 5 % des blessures et des décès causés par des automobiles sont attribuables à un mauvais entretien du véhicule ou à un défaut de sécurité. Le projet de loi constitue certes un point de départ intéressant, mais il ne faudrait pas oublier pour autant les 95 % restants.
:
Monsieur le Président, la session repart sur les chapeaux de roues. C'est une bonne image en lien avec l'industrie automobile.
Comme c'est ma première intervention depuis la reprise des travaux de la session, j'aimerais dire à quel point je suis heureux d'être là. C'est toujours avec un honneur que je me rappelle le mandat qui m'a été confié par les électeurs de Trois-Rivières. Ils m'ont confié un mandat très important: celui d'être député de l'opposition, c'est-à-dire celui de tenir responsable et imputable le gouvernement pour les choix et les projets de loi qu'il fait; à titre de parlementaires nous ne contrôlons pas nécessairement le programme législatif. Cependant, nous faisons tout en notre pouvoir pour faire que les projets de loi déposés soient les meilleurs possible à la fin du processus et que, par nos contributions respectives, nous ayons pu les améliorer.
Ainsi, je dirais qu'il y a trois catégories de projets de loi dont nous débattons. Il y a les projets de loi malheureusement trop peu fréquents qui font l'unanimité à la Chambre. Puis, il y a une deuxième catégorie qui est probablement le type du projet de loi S-2 dont nous débattons ce matin, c'est-à-dire un projet de loi sur lequel les grands objectifs et les fondements mêmes font un très large consensus. Nous avons donc un travail à faire pour établir, dans les détails, la meilleure formulation possible et la meilleure mise en oeuvre possible. Le troisième type de projet de loi n'est pas celui du projet de loi S-2, mais il y en aura très certainement pendant cette session-ci. Ce sont les projets de loi où la ligne de fracture entre les propositions des partis est nettement plus grande. Dans cette joute, ce combat, ces débats, je tiens à rappeler que je vais parfois, même souvent — c'est la nature de notre travail à la Chambre — m'attaquer férocement à des idées qui me sont proposées. Toutefois, jamais, au grand jamais je ne m'attaquerai à des personnes, puisque j'ai toujours en tête que les citoyens qui m'ont élu sont les mêmes qui ont élu l'ensemble des députés de la Chambre, peu importe leur couleur, et que nous avons une obligation de trouver ensemble la meilleure formule.
Il est aussi de bon aloi, à toutes les fois que la Chambre termine ses travaux, de remercier tout le personnel qui rend possible nos travaux. J'aimerais le faire cette fois-ci en début de trimestre puisque, après six ans d'expérience au Parlement, je suis mieux en mesure de constater l'importance du travail de ces gens et la charge de travail que nous leur imposons compte tenu de la nature même de notre travail. Nous les voyons revenir en début de trimestre avec un large sourire et avec le désir encore une fois de servir le Parlement et la démocratie. Ils méritent toutes nos salutations et nos remerciements à l'avance.
Venons-en au projet de loi qui parle de sécurité automobile. Je ne suis pas le seul, mais je dirais que ma situation me donne à penser que je suis bien placé pour en parler, puisque je suis à plusieurs kilomètres de Trois-Rivières qui n'est pas desservie par un aéroport offrant un transport entre Trois-Rivières et Ottawa. La villes est certes desservi par un service d'autobus, mais celui-ci demande des correspondances. Elle n'est pas desservie du tout par un service de train passager. Il me reste pratiquement une option de transport: c'est l'automobile.
Cela fait que, bon an mal an, semaine après semaine, je dois faire entre 800 et 1 000 km par semaine. D'autres en font certainement davantage. L'idée n'est pas de me plaindre, c'est simplement de dire que, à toutes les fois que je circule sur les routes qui traversent les milieux urbains ou sur les autoroutes, où je roule à plus grande vitesse mais toujours dans les limites permises, bien sûr, je vois malheureusement un certain nombre d'accidents. Ces accidents sont liés à des erreurs de conduite, mais aussi parfois à des problèmes mécaniques que l'on voudrait voir disparaître.
Ce qui est vraiment disparu, c'est l'époque où à peu près tout le monde pouvait faire des réparations mineures à sa voiture, parce que la mécanique était relativement simple. On n'en est plus là. Même chez la plupart des concessionnaires, il faut maintenant brancher la voiture à un ordinateur pour faire le diagnostic d'un problème. Ensuite, les mécaniciens font la réparation ou l'entretien nécessaire pour régler la situation.
Le marché automobile a donc considérablement évolué. Cela me permet de faire une première montée de lait, qui sera tout de même douce, puisque nous sommes en début de session. Encore une fois, le gouvernement nous propose un projet de loi dans lequel il utilise le mot « harmonisation » à toutes les sauces. D'ailleurs, les conservateurs utilisaient à peu près le même vocable précédemment. Le projet de loi viserait à harmoniser ce qui se fait au Canada et ce qui se fait aux États-Unis en matière de sécurité automobile. Je le veux bien, mais j'aimerais aussi qu'on comprenne qu'au Canada, chaque fois qu'on parle d'harmonisation, il est sous-entendu qu'on fait du rattrapage. En matière de sécurité, nous sommes toujours en retard par rapport à la législation américaine.
Nous pourrions trouver le moyen d'être des chefs de file, mais nous faisons plutôt du rattrapage, et le projet de loi en est un bel exemple. Il a ses vertus, comme je l'ai déjà dit au ministre, et nous allons voter en faveur de ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture afin qu'il soit analysé en profondeur en comité, où tous les intervenants ont pour objectif de développer le meilleur projet de loi possible. Toutefois, il serait intéressant de voir comment le Canada pourrait devenir un chef de file, plutôt que de faire constamment du rattrapage.
Je l'ai déjà mentionné dans la première question que j'ai eu la chance de poser au ministre, mais je voudrais tout de suite faire un rapprochement entre les intentions du projet de loi, qui sont louables, et la réalité à Transports Canada, qui est décrite dans le dernier audit sur la surveillance de la sécurité des véhicules automobiles par le vérificateur général. Je vais le citer, puisqu'il exprime beaucoup mieux que je n'aurais pu le faire une réalité qui me préoccupe:
Dans l’ensemble, nous avons constaté que Transports Canada n’avait pas élaboré en temps opportun des normes de sécurité automobile pour faire face aux risques et problèmes émergents. En général, le Ministère a attendu que les États-Unis modifient leurs normes de sécurité automobile avant de réviser les normes canadiennes. Il a souvent mené des consultations limitées auprès de l’industrie automobile. Nous avons également constaté qu’il ne disposait pas de données complètes sur les collisions et les blessures pour éclairer ses décisions. Nous n’avons pas toujours pu déterminer comment le Ministère avait utilisé les éléments probants et les données de recherches pour élaborer ou modifier des normes de sécurité. Transports Canada n’avait pas planifié ni financé ses activités de recherche et de réglementation à long terme.
On a beau avoir un magnifique projet de loi, mais si Transports Canada ne dispose pas concrètement des moyens et des méthodes pour assurer la sécurité automobile, on a un sérieux problème au Canada. Ce n'est pas nécessairement le projet de loi qui va régler ce problème, c'est plutôt l'administration du budget du ministère des Transports, avec le ministre lui-même en tant que chef de file.
Par ailleurs, que dire de toutes ces nouvelles technologies dans les voitures? Cela ne nécessiterait-il pas que nous soyons à l'avant-plan plutôt qu'à reculons? En relisant la lettre de mandat du ministère des Transports, je constate qu'il n'y a pas un mot sur la sécurité automobile. Heureusement, le ministre est allé au-delà de son mandat afin de proposer un projet de loi qui en traite, mais c'est quand même inquiétant qu'une problématique aussi vaste ne figure pas dans sa lettre de mandat.
Lorsque je parlais de compressions budgétaires, je parlais de la diminution du financement accordé aux tests de collision. C'est probablement l'une des images qui nous vient aisément à l'esprit lorsqu'on parle de sécurité automobile.
Tout le monde a quelques images en tête de ces voitures qu'on précipite à des vitesses contrôlées dans le cadre d'accidents préparés pour voir comment le véhicule réagit, comment les mesures de sécurité permettent ou non d'absorber le choc et comment les passagers sont protégés.
Il y a eu, entre autres, nombre d'études qui n'ont pas donné suite aux répercussions pour les passagers de la banquette arrière. C'est un autre sujet sur lequel j'espère qu'on aura l'occasion de revenir dans notre travail en comité. Bref, parmi les nouveaux pouvoirs prévus dans le projet de loi , bon nombre sont les bienvenus, mais si ces nouveaux pouvoirs ne s'arriment pas avec une bonne gestion du ministère, on ne solutionne pas nécessairement les problèmes.
Parmi les nouveaux pouvoirs proposés au ministre dans le cadre du projet de loi , voyons lesquels ont vraiment du sens. Bien sûr, il y a tout une chaîne. Nous avons tous reçu, je l'espère, une fois ou l'autre dans notre vie, un avis de rappel. J'en ai reçu un dernièrement, mais je ne ferai pas de publicité pour la compagnie. J'ai donc reçu un de ces avis me disant que j'étais propriétaire de tel type de voiture fabriquée entre telle année et telle année et qu'on avait décelé un problème x, y, z sur mon modèle et que, pour savoir si ma voiture était directement concernée, je devais me rendre sur le site Web de la compagnie, avec mon numéro de série, et vérifier.
Évidemment, j'ai été heureux de recevoir cette lettre, mais j'avoue que chaque fois qu'on reçoit ce genre de lettre, on éprouve une inquiétude presque automatiquement. Je me suis rendu sans délai sur le site Internet pour voir si j'étais directement touché par cette mesure de rappel, et si ma voiture était encore en état de fonctionner en toute sécurité. Cela, c'est quand la compagnie fait un rappel. On est donc déjà presque à la fin d'un processus où la compagnie, après un certain nombre de plaintes, de vérifications, d'analyses, de tests ou d'études, conclut qu'il y a effectivement un problème et s'y attaque. Or on a vu dans l'histoire beaucoup de situations où des années se sont écoulées avant qu'une compagnie ne reconnaisse qu'il y avait effectivement un problème.
On pourrait par exemple parler du problème d'allumage qu'a connu General Motors à une certaine époque. Le problème a fait l'objet d'un rappel. Entre le moment des premières plaintes et des inquiétudes soulevées et le moment où les consommateurs ont reçu leur avis de rappel, il s'est écoulé de très nombreuses années, pas loin d'une dizaine. Cela veut dire qu'entre temps, pendant qu'on faisait les tests pour voir s'il y avait un rapport de cause à effet, des accidents se produisaient, et malheureusement entraînaient parfois des blessures. Certains ont même causé des décès.
Que le ministre puisse jouir d'un pouvoir pour accélérer la démarche et pour demander à une compagnie d'émettre un avis de rappel, on ne peut pas s'y opposer sincèrement. Or il faut aussi s'assurer que le ministre — et c'est toujours la différence entre les intentions et la bonne gestion —, par rapport au financement accordé à Transports Canada, se donne également les moyens de faire ces analyses et d'arriver à des conclusions probantes dans des délais relativement courts. Je partage bon nombre des inquiétudes de ma collègue conservatrice qui a parlé juste avant moi, par rapport à un certain nombre d'équipes dont on réduit le financement. On nous a annoncé plus tôt qu'on a réinvesti 5 millions de dollars dans le dernier budget pour des tests de collision. On aurait tous tendance à applaudir, car c'est 5 millions de dollars de plus. Toutefois, ce serait oublier qu'avant, on avait amputé le budget de 59 %. Alors, on ampute le budget de 59 % et on se pète les bretelles en réinjectant 5 millions de dollars. Il me semble qu'on est loin de la coupe aux lèvres et que le problème doit être analysé dans son ensemble.
Accorder au gouvernement le pouvoir d'ordonner à une entreprise de corriger les défauts ou les non-conformités, cela va de soi. C'est la suite conséquente du pouvoir d'ordonner des rappels. Ordonner aux constructeurs et aux importateurs automobiles d'assumer les coûts des pièces et de la réparation, cela se fait, généralement. Il y a peut-être quelques exceptions, mais habituellement, l'industrie, qui a aussi son image de marque à conserver, n'argumente pas quand elle a admis qu'il y a un problème de fabrication. Par ailleurs, le pouvoir d'exiger que ces réparations soient réalisées avant la mise en vente des pièces ou des véhicules va de soi aussi. Qu'on ne mette pas sur la route des automobiles problématiques, cela me semble être le minimum.
Cela m'amène à ouvrir une petite parenthèse concernant l'amendement qui a été proposé au Sénat et dont de nombreux propriétaires de concessionnaires automobiles sont venus me parler. Théoriquement, si on harmonise la législation canadienne avec la législation américaine, on doit aussi veiller à soutenir économiquement les concessionnaires automobiles qui, pour l'instant, dans une très large majorité, ont à maintenir des inventaires de voitures qui ont déjà été achetées du fabricant, mais qui sont invendables puisqu'elles font l'objet d'un rappel.
Dans certains cas, comme celui des coussins gonflables de la compagnie Takata, qui ont été fabriqués pour plusieurs compagnies automobiles, on reconnaît le problème, mais on n'est pas nécessairement capable d'assurer du jour au lendemain la réparation de l'ensemble des voitures par les concessionnaires. Ainsi, tout ce temps, ces voitures demeurent stationnées chez les concessionnaires, qui ne peuvent les vendre pour retrouver leur investissement. Il y aurait donc une sérieuse réflexion à faire à cet égard.
J'ai compris la proposition du ministre, qui disait que ce n'était pas directement une question de sécurité. Toutefois, dans un souci d'harmonisation, si la loi a véritablement pour objectif d'harmoniser la loi canadienne à la loi américaine, il y aurait peut-être lieu de se pencher sur cette question, car les marchés automobiles du Canada et des États-Unis sont fortement intégrés.
Quant au pouvoir d'exiger plus de renseignements du fabricant, nous ne sommes pas contre, mais quand j'entends les ministres me dire qu'on devra répondre à toute question raisonnable qui serait posée par les inspecteurs, je me dis qu'on fait une chose et son contraire. Encore une fois, on met dans un texte de loi une belle intention, mais on ne clarifie pas la signification du mot « raisonnable ». Qu'il soit en français ou en anglais, c'est un mot qui porte à interprétation. Ainsi, que pouvons-nous faire sinon nous obstiner de façon législative ou judiciaire sur la signification du mot « raisonnable »? Ce qui semble raisonnable pour un autre ne l'est pas forcément pour moi.
Alors, il me semble qu'il y aurait moyen de nous entendre collectivement sur un libellé qui dirait « obligation de répondre à toute question qui touche directement la sécurité automobile ». Il y a moyen d'établir des balises qui préciseraient cela. Il s'agit exactement du même type de vocabulaire flou que l'on retrouve dans d'autres projets de loi, comme ceux sur l'assurance emploi, dans lesquels on parle d'emploi « convenable ». Je pense qu'il faudrait un jour mettre fin à l'usage de cette langue de bois qui nous écarte de l'objet même du projet.
Il y a un bon nombre de choses que j'aurais aimé dire encore, mais j'aurai l'occasion d'y revenir lorsqu'on me posera des questions ou lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité. Je réitère que le NPD va appuyer ce projet de loi en deuxième lecture, en espérant que nous puissions contribuer à l'améliorer de façon substantielle. Nous nous reverrons pour le vote à l'étape de la troisième lecture. J'aimerais aussi qu'on s'assure que l'ensemble des intervenants touchés par la sécurité automobile seront entendus et que l'on tiendra compte de leurs propos et non seulement de ceux de l'entreprise.
Certes, l'entreprise est un joueur majeur, mais nous devrions pouvoir entendre aussi les associations de consommateurs et les associations de policiers. Je m'arrête, parce que le couperet vient de tomber. Je suis maintenant disponible pour répondre aux questions.
:
Merci, monsieur le Président.
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
[Français]
C'est avec plaisir que je vais parler aujourd'hui du projet de loi . Je considère que la sécurité est d'une importance capitale et je suis certaine qu'elle l'est tout autant pour tous les députés. Ce projet de loi, tel qu'il est présenté par le gouvernement, contribuera à améliorer la sécurité des Canadiens.
[Traduction]
L'importance de la sécurité automobile et d'un régime de sécurité automobile solide est évidente. Des millions de Canadiens comptent sur ce régime tandis qu'ils circulent quotidiennement sur les routes du pays. Les grands rappels de véhicules effectués ces dernières années soulignent l'importance de la sécurité automobile. Cet accent mis sur la sécurité est ce qui motive les changements proposés à la Loi sur la sécurité automobile. Si elles sont adoptées, ces modifications combleront des lacunes importantes du régime et aideront à assurer la sécurité des Canadiens.
Les mesures proposées conféreraient au le pouvoir d’ordonner à une entreprise de corriger, gratuitement pour le consommateur, des défauts relatifs à la sécurité et incluraient un régime de sanctions administratives pécuniaires ainsi que des ententes de consentement pour encourager la conformité, de même que des mesures qui favoriseront l'introduction de technologies novatrices et beaucoup d'autres propositions de modifications. Ces dispositions ont été conçues comme une série de changements pour renforcer le régime de sécurité actuel et aider le Canada à tirer profit des nouvelles technologies.
[Français]
Il s'agit d'une importante révision de ces dispositions législatives. Le système de sécurité automobile n'est pas aussi robuste qu'il devrait l'être pour ce qui est des protections qu'il offre à la population canadienne. Dans le cas où un véhicule comporterait une défectuosité mettant en péril la sécurité et qu'une entreprise ne voudrait pas réparer cette défectuosité, le gouvernement du Canada ne pourrait pas faire grand-chose.
Cette situation pourrait mettre en péril les automobilistes canadiens.
[Traduction]
Ce n’est donc pas acceptable. Même si nos fabricants automobiles ont une bonne réputation au Canada, nous ne voulons pas nous retrouver face à un problème de sécurité que nous ne pouvons pas régler, faute d’avoir les outils ou les pouvoirs nécessaires. Nous souhaitons faire adopter ce projet de loi le plus rapidement possible, afin de combler cette lacune. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de rappels de véhicules automobiles ou que d’autres problèmes ou risques imprévus ne se poseront pas, mais nous aurons au moins pris des mesures concrètes pour améliorer la sécurité en prévoyant, dans la mesure législative, les instruments nécessaires pour faciliter notre action.
Dans le contexte de l’examen de ce projet de loi, un amendement a été proposé par l’autre Chambre, qui consent aux concessionnaires automobiles des protections financières supérieures à celles des acheteurs dans le cas où le ministre des Transports ordonnerait à une entreprise de corriger le défaut constaté ou de cesser les ventes. Comme l’indique l’amendement, ces protections visent à garantir que le fabricant ou importateur ferait parvenir aux concessionnaires les pièces dont ils ont besoin pour corriger le problème, ou encore que le fabricant ou importateur rachèterait le véhicule à son plein prix, en plus des frais de transport, et qu’il indemniserait le concessionnaire au taux de 1 % par mois du prix payé.
C’est peu dire que les concessionnaires automobiles sont un rouage important de l’économie canadienne. Ils emploient des milliers de travailleurs dans tout le pays. Ils assurent également l’entretien régulier de nos véhicules, et ce sont des piliers importants de la collectivité. Les modifications proposées par l’autre Chambre sont inspirées par le désir sincère de les protéger des préjudices financiers. C’est un objectif parfaitement louable, et je tiens à remercier nos collègues de l’autre Chambre de nous avoir sensibilisés aux préoccupations des concessionnaires au sujet du projet de loi .
Cependant, la Loi sur la sécurité automobile vise à assurer la sécurité des Canadiens, et pas de réglementer les relations commerciales entre les fabricants et importateurs automobiles, d’une part, et les concessionnaires, d’autre part.
De plus, la Loi sur le renforcement de la sécurité automobile pour les Canadiens, dans sa version originale, comportait déjà des dispositions qui obligeaient les fabricants et importateurs à assumer la responsabilité des coûts de réparation d’un véhicule défectueux ou non conforme. Cela s’applique également aux concessionnaires. Autrement dit, les coûts de réparation d’un véhicule présentant un problème de sécurité seraient assumés par le fabricant. Cela s’applique aux propriétaires de véhicules, y compris les concessionnaires. J’insiste là-dessus, car j’ai l’impression que, pendant le premier examen de ce projet de loi, nous, y compris les concessionnaires eux-mêmes, n’avons pas pris toute la mesure de ces dispositions.
Les protections proposées au départ comprenaient la réparation du véhicule ou de l’équipement, le remplacement du véhicule ou de l’équipement par un équivalent raisonnable, le remboursement du coût raisonnable des réparations faites sur le véhicule ou l’équipement avant qu’un avis de défaut ou de non-conformité soit émis, ou encore le remboursement du prix d’achat du véhicule ou de l’équipement, moins la dépréciation raisonnable, au retour du véhicule ou de l’équipement.
En consentant aux concessionnaires des protections supérieures à celles des autres acheteurs, ainsi que des indemnisations généreuses, on obtiendrait un régime bancal susceptible de donner lieu à des litiges importants entre les concessionnaires et les fabricants. Même si l’amendement proposé par l’autre Chambre impose des obligations minimales aux concessionnaires, sa formulation est telle qu’il serait difficile à faire appliquer. En l’absence de mécanismes de recours, les parties en cause seraient portées à s’adresser à Transports Canada pour régler leurs litiges commerciaux. De tels pouvoirs ne sont pas prévus dans l'amendement, et la médiation ne fait pas partie du mandat de Transports Canada.
Dans sa formulation actuelle, cet amendement risque de donner lieu à toutes sortes de complications imprévues. Je rappelle ici qu’il supprime certaines protections qui existaient auparavant dans la loi. Il créerait par exemple un déséquilibre des pouvoirs qui pourrait priver les concessionnaires ayant réparé leurs véhicules avant l'entrée en vigueur de la modification de la possibilité d'obtenir un remboursement.
Pour nous et surtout pour le ministre et pour tout le secteur des transports, la priorité absolue visée par le projet de loi est la sécurité des Canadiens. L’adoption rapide du texte présenté par le gouvernement permettra de combler certaines lacunes importantes du régime actuel et contribuera à accroître la sécurité des Canadiens.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d’avoir l’occasion de dire quelques mots au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la sécurité automobile.
Avant de commencer, je voudrais simplement faire remarquer que je croyais disposer de 20 minutes. Je vais donc être obligé d’abréger le discours que j’avais préparé.
Avant d’entrer dans les détails, je me propose de donner un aperçu général des objectifs du projet de loi.
À l’heure actuelle, la sécurité automobile est une priorité qui, je crois, est partagée par tous les députés de cette Chambre. Nous savons tous qu’un véhicule défectueux peut avoir des conséquences dramatiques, et pourtant, notre législation actuelle ne donne pas au gouvernement les outils nécessaires pour corriger un très grave problème. Au cours de mon intervention, je me propose de décrire l’ampleur du problème, d’expliquer pourquoi c’est une priorité, et ensuite de parler des trois grands éléments qui seraient intégrés dans les mécanismes législatifs pour permettre au gouvernement de trouver une solution au problème, notamment le pouvoir d’ordonner le rappel de véhicules, les mécanismes de conformité et, enfin, la flexibilité nécessaire pour soutenir les nouvelles technologies.
Tout d’abord, pour démontrer que c’est un problème qui se pose au Canada, je rappellerai certains reportages parus l’an dernier qui décrivaient l'incidence des défauts de fabrication des véhicules sur les routes canadiennes. En décembre dernier, un article du Globe and Mail affirmait qu’un véhicule canadien sur six faisait alors l’objet d’un rappel par le fabricant. Cela signifie que des millions de véhicules circulent sur les routes alors que leurs fabricants ont reconnu qu’ils n’étaient pas conformes aux normes de sécurité canadiennes. J’invite tous ceux qui nous regardent, et je sais qu’ils sont nombreux à le faire à CPAC lorsque la Chambre siège, à consulter le site Web de Transports Canada et à interroger sa base de données, pour savoir si leur véhicule fait actuellement l’objet d’un rappel du fabricant, au cas où ils n’en auraient pas été informés. C’est le genre de détails qui peuvent nous échapper lorsqu’on a d’autres priorités et d’autres soucis. Et pourtant, ces détails sont importants et constituent des risques pour la sécurité.
Nous pouvons présumer, sans risque de nous tromper, que les défauts de fabrication posent des problèmes au chapitre de la sécurité au Canada aujourd’hui. Le projet de loi prévoit un certain nombre de mesures pour résoudre ces problèmes.
Laissez-moi tout d’abord parler du pouvoir du ministre d’ordonner la publication d’un rappel, lorsque des défauts de fabrication sont mis au jour, qui est prévu dans le projet de loi . Dans les faits, les pouvoirs du ministre s’appliquent à deux groupes, les consommateurs et les concessionnaires, mais je simplifie peut-être un peu trop.
En ce qui a trait aux consommateurs, à l’heure actuelle, le ministre n’a pas le pouvoir d’ordonner un rappel, comme c’est le cas partout ailleurs dans le monde, y compris aux États-Unis. Il est important de souligner qu’un mécanisme ferait en sorte que les consommateurs n’auraient pas à assumer les coûts de la réparation ou du remplacement de leur véhicule. On parle là d’un fardeau qui peut et doit être assumé par le fabricant responsable du défaut de fabrication. Cela contribuerait à améliorer la sécurité en permettant à un plus grand nombre de consommateurs de faire réparer leur véhicule sans frais.
Le deuxième aspect de la question a trait aux concessionnaires, et j’y consacrerai un peu plus de temps.
À l’heure actuelle au Canada, aucune loi ne précise qu’un concessionnaire ne peut pas vendre une voiture comportant un défaut de fabrication. En fait, l’information qui circule n’est pas suffisante pour que les défauts de fabrication soient portés à l’attention des concessionnaires, afin que ces derniers s’assurent que les véhicules touchés ne prennent pas la route. Si le toit de ma maison coule, la première chose que je ferai, c’est de trouver un seau pour recueillir l’eau, afin de ne pas endommager mon plancher. La deuxième chose que je ferai, c’est de tenter de réparer le tuyau à l’origine de la fuite. Si nous nous occupons uniquement de l’aspect de la question lié aux consommateurs, il se peut que nous empêchions l'eau de tomber sur le plancher, mais nous devrons sans arrêt remplacer le seau si nous ne faisons rien pour empêcher, avant toute chose, que des véhicules comportant des défauts de fabrication soient vendus et circulent sur les routes.
Cela place les concessionnaires dans une position, disons-le, difficile et pourrait les obliger à conserver sur leurs terrains un stock de véhicules qu’ils ne peuvent pas vendre, ce qui n’est pas juste. J’aimerais attirer votre attention sur une discussion qui s’est tenue à la Chambre haute à ce sujet et sur les amendements proposés de façon particulière au projet de loi .
Avant cela, toutefois, j’aimerais exprimer ma gratitude à nos collègues de l’autre Chambre au sujet de leurs délibérations réfléchies concernant ce projet de loi, et de nombreux autres, et les remercier d’avoir soulevé cette question importante, qui m’a mené à une réflexion approfondie à ce sujet. Toutefois, en tout respect, je ne crois pas que l’amendement proposé soit le mécanisme approprié pour corriger le préjudice social que nous souhaitons tous combattre.
Le mécanisme proposé dans l’amendement vise à indemniser les concessionnaires qui se retrouvent avec des stocks de véhicules qu’ils sont incapables de vendre. Dans l’amendement, il est question d’un taux d’intérêt équivalant à 1 % du prix payé par le concessionnaire par mois pour ces véhicules. Si je calcule bien, cela représente des coûts très élevés pour les fabricants et permet aux concessionnaires d’obtenir une certaine compensation.
Lorsque j’ai tenté de déterminer s’il s’agissait de la bonne politique à adopter, je me suis reporté au travail que j’ai eu la chance de faire dans le domaine du contentieux, teinté d’une légère influence constitutionnelle, et même à mes études en droit, ainsi qu’à ce que nous avons le pouvoir de faire dans cette Chambre.
Le premier obstacle que je vois et la raison pour laquelle je ne peux pas me résoudre à appuyer l’amendement sont d’ordre constitutionnel. Je ne sais pas si nous avons le pouvoir constitutionnel de légiférer concernant les modalités d’une entente commerciale entre des parties contractantes à l’échelle fédérale. Les articles 91 et 92 de la Constitution définissent les pouvoirs respectifs du gouvernement fédéral et des provinces, et il ne fait aucun doute que nous pouvons nous attaquer aux enjeux qui touchent la sécurité du public. Toutefois, les ententes contractuelles entre des acteurs commerciaux relèvent exclusivement des provinces. En fait, il existe de nombreuses dispositions législatives provinciales sur la vente de biens qui portent de façon particulière sur ces questions. Je n’arrive pas à surmonter cet obstacle et je ne peux pas, de bonne foi, appuyer un amendement que, selon moi, nous n’avons pas le pouvoir de présenter ni d’adopter à la Chambre.
Plus concrètement, la deuxième pierre d’achoppement pour moi concernant l’amendement proposé a trait à la possibilité de créer une conséquence non voulue, qui, selon moi, n'a pas retenu l'attention de nos collègues de la Chambre haute de façon particulière, en tout respect et déférence, encore une fois.
Il se pourrait que cela crée un incitatif économique pour que les fabricants réparent les voitures qui sont chez les concessionnaires avant celles qui sont déjà sur la route. Si nous présumons, pour faciliter le calcul, qu’un rappel de l’ordre de 25 000 $ s’applique à 100 000 véhicules, cela signifie le versement d’indemnités pouvant aller jusqu’à 25 millions de dollars par mois par les fabricants aux concessionnaires, ce qui représente une grande source de motivation pour les entreprises. Si elles font face à une sanction aussi sévère, elles modifieront leur comportement, et cela pourrait les inciter à réparer les voitures des concessionnaires plus efficacement. Toutefois, je ne veux pas que cela se fasse au détriment des propriétaires de véhicules qui sont déjà sur les routes au Canada. La création de cet incitatif, afin de donner la priorité aux voitures qui n’ont pas encore été vendues par rapport aux voitures que les Canadiens ont déjà achetées, pourrait poser des risques pour la sécurité du public.
Enfin, les concessionnaires ont déjà des recours. Le projet de loi les place sur le même pied que les consommateurs en leur donnant, tout comme à eux, la possibilité de faire réparer leurs véhicules sans frais. Ils bénéficieront aussi de la protection de toutes les dispositions négociées dans un contrat commercial, qui permettent la répartition du risque entre les parties, ainsi que de celles comprises dans les lois provinciales sur la vente de biens, qui portent sur la qualité marchande et l’aptitude à l’emploi de tous les biens vendus dans les provinces. En toute déférence, je ne peux donc pas appuyer l’amendement proposé par le Sénat, mais je crois que le projet de loi est valable.
Très rapidement, dans le temps qu’il me reste, j’aimerais mentionner que le régime de conformité qui sera mis en place n’a, tout compte fait, pas de précédent aujourd’hui. À l’heure actuelle, si nous souhaitons appliquer les dispositions de la Loi sur la sécurité automobile relativement aux défauts de fabrication, nous devons entamer une poursuite judiciaire longue et coûteuse, qui est injustifiée pour nombre des contraventions à la loi. Nous mettons en œuvre un régime de sanctions administratives pécuniaires qui s’apparentera à celui des contraventions pour excès de vitesse. Celui-ci permettra de punir les contrevenants et les encouragera à changer leur comportement, mais souvent à hauteur de milliers ou de centaines de milliers de dollars par véhicule par jour.
Même si je manque de temps pour en parler, sachant que nous sommes sur le point de plonger dans de nouvelles technologies dans le secteur des véhicules automobiles, nous voulons nous assurer de ne pas réprimer l’innovation, en particulier quand il est question de voitures autonomes. Depuis plus d’un siècle, il n’y a eu aucune technologie perturbatrice dans l’industrie des véhicules automobiles. En tenant compte du fait que nous nous apprêtons à faire place à ce changement, nous devons nous assurer de donner au ministre la latitude voulue pour stimuler l’innovation dans ce secteur passionnant sans compromettre notre sécurité.
Sur cette toile de fond, c’est avec une grande fierté que j’appuie le projet de loi car il permettra de renforcer la sécurité sur les routes du Canada avec la mise en garde sur laquelle j’ai longuement insisté à propos de l’amendement proposé au projet de loi.
:
Monsieur le président, c’est pour moi un privilège de prendre la parole, après un superbe été au cours duquel les Canadiens de partout au pays ont pris la route pour savourer notre magnifique pays et célébrer le 150
e anniversaire de la Confédération. Il fait bon revenir au Parlement afin de représenter les braves gens de Battle River—Crowfoot.
Je suis heureux de prendre part au débat d’aujourd’hui sur le projet de loi , qui conférerait au ministre des Transports de nouveaux pouvoirs en matière de rappels de véhicules automobiles. Ce projet de loi est semblable à d’autres mesures législatives déposées par le gouvernement conservateur précédent. Le Parti conservateur est préoccupé par la sécurité des voitures de tourisme, comme c’était le cas à l’époque où il était au pouvoir. Nous avions proposé des modifications législatives dans ce qui était à l’époque le projet de loi . On y a fait référence à plus d’une reprise ici, aujourd’hui. Je remercie le d’avoir reconnu que ce projet de loi était une bonne mesure.
Le projet de loi conférerait au ministre des Transports le pouvoir d’ordonner aux entreprises de publier un avis de rappel. Ensuite, il obligerait les fabricants à réparer le véhicule faisant l’objet d’un rappel, à ses frais. Il est évident que les rappels n’existent pas seulement pour la sécurité de nos clients et la sécurité routière, mais aussi pour que les Canadiens ne doutent pas que les fabricants des véhicules qu’ils achètent obtempéreront lorsqu’ils constateront qu’il y a des problèmes de sécurité. Le projet de loi conférerait au ministre des Transports le pouvoir d’ordonner aux fabricants et aux importateurs de réparer les nouveaux véhicules avant qu’ils soient vendus. Il permettrait au ministère des Transports de recourir à des sanctions pécuniaires ou à des amendes pour accroître la conformité aux normes de sécurité et d’appliquer des sanctions pécuniaires pour amener les fabricants à prendre des mesures de sécurité supplémentaires. Il donnerait au ministère la souplesse nécessaire à l'appui de la technologie liée à la sécurité des véhicules, qui évolue constamment, et pour exiger que les fabricants fournissent des données supplémentaires sur la sécurité et qu'ils effectuent des tests supplémentaires afin de régler les problèmes de sécurité. Enfin, le projet de loi augmenterait la capacité d’inspection des véhicules du Canada.
L’importation de véhicules motorisés et d’équipement automobile au Canada est régie par les normes de sécurité établies dans la Loi sur la sécurité automobile.
Avant que les véhicules importés au Canada et que l’équipement fabriqué au Canada puissent être expédiés dans une autre province pour y être vendus, ils doivent porter une marque nationale de sécurité attestant qu’ils ont été fabriqués conformément à la loi et aux normes de sécurité en vigueur.
À l’heure actuelle, aux termes de la Loi sur la sécurité automobile, seuls les fabricants peuvent ordonner le rappel des véhicules au Canada. Le ministre des Transports peut uniquement ordonner à un fabricant d’informer les Canadiens que leur véhicule est soumis à ce rappel de sécurité. Le projet de loi permettrait à Transports Canada d’imposer des sanctions pécuniaires aux constructeurs. Ce nouveau pouvoir vise à garantir que les fabricants respectent la Loi canadienne sur la sécurité automobile. Le système de sanctions pécuniaires remplacerait les poursuites pénales fastidieuses et très coûteuses contre les constructeurs d’automobiles.
Le projet de loi permettrait de mieux harmoniser le processus de rappel automobile du Canada avec celui des États-Unis. Ce matin, j’ai demandé au ministre dans quelle mesure ce processus sera coordonné avec celui des États-Unis. Sa réponse a été assez claire: la mesure a pour but de réduire les écarts d’application entre le Canada et les États-Unis, même si je crois que le ministre a aussi insinué qu’elle comprenait d’autres dispositions quant à la sécurité — peut-être pas dans le projet de loi S-2, mais dans les normes de sécurité — qui vont plus loin que celles que pourraient avoir les États-Unis.
Le gouvernement conservateur précédent avait déjà renforcé la Loi sur la sécurité automobile en 2014. Le gouvernement précédent avait également adopté des dispositions législatives qui ont arrimé très étroitement la Loi sur la sécurité automobile à celle des Américains. Nous savons que cette industrie est intégrée. Nous savons que des véhicules sont fabriqués au Canada et vendus aux États-Unis, et vice versa.
Il s’agit d’un marché intégré. Par conséquent, nous devons absolument éviter de créer de la paperasse ou des obstacles qui nuiraient à cette réciprocité entre les deux pays. Par exemple, nous avons expressément établi dans la Loi canadienne sur la sécurité automobile une distinction entre un défaut automobile et un cas de non-conformité.
En 2014, le gouvernement conservateur a donné à l’ancien ministre des Transports du Canada le pouvoir d’ordonner à un constructeur d’automobiles d’informer les consommateurs canadiens des défauts de sécurité. Le projet de loi table sur cet effort en donnant le pouvoir au ministre des Transports du Canada non seulement d’informer le public, mais aussi de rappeler les véhicules.
Les Canadiens s’attendent à ce que leurs véhicules soient sûrs et à ce que les défauts soient repérés le plus rapidement possible. Le pouvoir d’ordonner des rappels aidera à gérer la sécurité des véhicules au Canada. Tout le monde sait que l'évolution technologique est si rapide que les véhicules deviennent de plus en plus techniques et complexes. Nous le constatons dans tous les domaines, avec nos téléphones portables, nos vidéos et tout ce qui touche l’électronique, et nous le voyons maintenant dans les véhicules et dans la sécurité des véhicules. À mesure que la technologie évolue, la question est de savoir si nous nous adaptons. C’est un enjeu dont je parlerai un peu plus tard.
Pour être concurrentiels, nous devons répondre à ces besoins. Le régime réglementaire du Canada doit mieux s'adapter aux technologies nouvelles et émergentes. Nous devons nous adapter aux nouveaux carburants à mesure qu'ils sont mis au point et aux progrès réalisés en matière de sécurité. Le projet de loi permettra au ministère d'exiger des constructeurs qu'ils fournissent davantage de renseignements sur la sécurité, qu'ils procèdent à des tests au besoin et qu'ils fassent preuve de plus de souplesse compte tenu de l'évolution technologique constante en matière de sécurité.
Le projet de loi contient des dispositions qui ne figuraient pas dans le projet de loi , qui a été présenté en juin 2015, au cours de la législature précédente. On y a ajouté des consentements relatifs aux améliorations de la sécurité et aux entreprises non conformes. En outre, le gouvernement souhaite imposer des initiatives destinées à assurer au départ une certaine flexibilité permettant de relever les défis liés à l'évolution rapide des technologies automobiles. Il faudra examiner cette mesure attentivement lorsque le comité se penchera sur le projet de loi .
Je tiens de nouveau à souligner le travail important réalisé par les comités. Nous devons permettre aux comités d'examiner ces mesures et de s'interroger sur le moment où il conviendrait d'adopter des changements et sur la façon dont nous pouvons nous adapter à la technologie en constante évolution. Il faut aussi que les comités se demandent comment assurer la sécurité des véhicules et si toutes les possibilités ont été envisagées.
Aussi, le gouvernement doit examiner cette mesure attentivement. L'objet du projet de loi est de renforcer la protection des consommateurs et la sécurité des véhicules automobiles au Canada. C'est pour cette raison que nous avons présenté une mesure législative analogue en 2015. Il est évident que l'opposition officielle appuie en principe le projet de loi . Cependant, nous souhaitons qu'il soit renvoyé à un comité, qui se chargera de l'étudier comme il se doit.
Le Sénat mérite d'être salué pour avoir présenté rapidement le projet de loi. Encore une fois, je me demande pourquoi le gouvernement a choisi de ne pas en faire un projet de loi d'initiative ministérielle. Quoi qu'il en soit, le Sénat l'a présenté avec quelques amendements, dont nous parlerons plus tard.
J'ai eu l'honneur de présider le Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes. Je me réjouis qu'on mentionne le rapport du vérificateur général et celui du Comité dans le débat de la Chambre aujourd'hui.
Le vérificateur général a publié à l'automne 2016 un rapport sur la surveillance de la sécurité des véhicules automobiles et le rendement de Transport Canada à cet égard. Dans le rapport, intitulé « La surveillance de la sécurité des véhicules automobiles — Transports Canada », on constate notamment que l'évolution de la technologie automobile en matière de sécurité évolue plus rapidement que les normes et les règlements canadiens, et que Transport Canada a du mal à exercer son rôle névralgique, qui consiste à veiller sur la sécurité des véhicules passagers.
Le vérificateur général a souligné que le cadre de réglementation comporte un certain nombre de déficiences importantes, notamment le manque de rapidité, l’absence d’une consultation élargie auprès des parties prenantes et des règlements désuets. Le rapport explique:
Par exemple, les règlements de Transports Canada ne permettaient pas que les véhicules soient équipés de phares novateurs réglés à l’aide d’un logiciel [...] [et] des véhicules semi-autonomes non réglementés circulent déjà sur les routes canadiennes.
Ce sont quelques domaines dans lesquels Transports Canada ne se tenait pas à l'affût de ce qui était déjà offert dans certains cas au grand public. Le rapport dit également que:
[...] le Ministère avait attendu que la National Highway Traffic Safety Administration des États-Unis élabore de nouvelles normes ou modifie celles qui sont en vigueur avant de proposer des mesures réglementaires au Canada.
Le vérificateur général était préoccupé par cela. Toutefois, je suis heureux que l'on ait reconnu la nature intégrée de l'industrie et que l'on n'apporte pas systématiquement des changements après les États-Unis. Au contraire, on observe ce qu'ils font pour que l'on puisse avoir accès à leur marché. Le rapport ajoute plus loin:
Cette approche réactive a occasionné des retards importants dans la mise en œuvre de nouvelles normes, ce qui signifie que certains véhicules automobiles n’étaient pas équipés des dispositifs de sécurité les plus récents disponibles dans d’autres pays, comme les dispositifs d’éclairage novateurs [...]
Le rapport dit ensuite:
Il y a eu de longs délais, parfois de plus de 10 ans, entre le commencement des travaux sur une question et la mise en œuvre par le Ministère de nouvelles normes ou de modifications aux normes en vigueur.
Comme on l'a mentionné, la technologie évolue rapidement. Une grande partie des innovations technologiques d'aujourd'hui sera de l'histoire ancienne ou de la technologie dépassée dans six mois. Par conséquent, Transports Canada doit trouver des moyens pour arriver à suivre le rythme.
Le rapport ajoute:
Avant de publier un projet de règlement dans la Gazette du Canada, Transports Canada avait consulté les constructeurs automobiles, mais il n’avait pas consulté de façon élargie des parties prenantes, comme les associations de consommateurs, les associations médicales et les forces policières.
L'audit a révélé que les normes importantes ne donnaient pas les résultats escomptés ou qu'elles étaient désuètes.
De plus, le vérificateur général a déclaré:
[...] Transports Canada savait que les ancrages de siège pour enfant pouvaient faire défaut dans certaines conditions, mais il n’avait toujours pas proposé de nouveau règlement ni publié un avis avant la fin de notre audit.
Transports Canada a répondu au vérificateur général que l'adoption d'une exigence propre au Canada relativement à la résistance des ancrages dans les véhicules de promenade nuirait au commerce, et c'est pourquoi on a accusé un retard.
Le plus préoccupant et difficile pour le gouvernement libéral actuel est que Transports Canada ne s'est pas employé à planifier ou à financer ses activités de recherche et de réglementation pour le long terme. Le ministère n'a pas pu prioriser les décisions concernant les dépenses et les ressources. On dirait qu'il y a de réels problèmes administratifs dans ce ministère. Par exemple, entre avril 2012 et décembre 2015, le ministère a fait l'acquisition de 98 véhicules de tourisme pour des essais dans le cadre de recherches. Or, en décembre 2015, plusieurs n'avaient pas encore été testés. Les véhicules étaient là, mais un grand nombre des essais n'avaient pas été faits.
Le ministère semble évaluer correctement les plaintes de Canadiens et cerne les défauts liés à la sécurité des automobiles. Toutefois, le rapport dit:
[...] Transports Canada n’avait pas demandé d’information sur d’autres enjeux importants ou cruciaux liés à la sécurité cernés par les constructeurs et faisant l’objet d’une enquête. Nous avons constaté qu’entre 2010 et 2015, les constructeurs avaient diffusé au moins 318 rappels pour lesquels Transports Canada n’avait reçu aucune plainte [...]
On voit donc qu'il y a communication et transmission d'information, et qu'il existe des données. Dans l'administration publique, les données sur à peu près tout posent problème. Nous étions devant un cas où le ministère ne collabore pas assez étroitement avec l'industrie pour être au courant des rappels auxquels avaient procédé les fabricants.
Le rapport ajoute:
[...] Transports Canada n’était pas habilité à évaluer si les constructeurs avaient mis en œuvre des processus efficaces pour cerner et signaler les défauts liés à la sécurité [ce qui limitait sa capacité à] enquêter sur les défauts et [...] protéger les Canadiens.
Bien que Transports Canada avait adéquatement évalué les efforts déployés par les constructeurs automobiles pour exécuter les rappels de sécurité, le soin de communiquer avec les propriétaires de certains des véhicules visés était laissé aux constructeurs. Or, ceux-ci avaient parfois de la difficulté à identifier et à contacter les propriétaires des voitures visées par un rappel, en particulier si le véhicule était plus ancien. Nous savons que, dans un véhicule plus ancien, d'autres problèmes liés ou non peuvent parfois aggraver le problème faisant l'objet d'un rappel. Ces bazous sont pratiquement doublement pénalisés, comme l'a déjà dit un autre politicien. Nous devons donc nous assurer le respect de cette recommandation.
La bonne nouvelle, c'est que Transports Canada approuve les sept recommandations du vérificateur général et exécute un plan d'action détaillé. Encore une fois, je suis ravi de faire savoir que le comité des comptes publics a étudié la question et en a fait rapport. Nous en sommes toujours à assurer le suivi afin d'exiger des comptes et de veiller à ce que les Canadiens se sentent encore plus en sécurité.
Je vais lire certaines des recommandations du vérificateur général. Recommandation 1:
Transports Canada doit confirmer par écrit au Comité qu’il publie régulièrement des comptes rendus sur l’état d’avancement de ses plans en matière de réglementation.
Le public doit être en confiance.
Recommandation 2:
Transports Canada doit présenter au Comité un rapport décrivant la mise en oeuvre d’un processus de consultation élargi et normalisé, destiné à obtenir en temps opportun les commentaires d’intervenants experts sur les initiatives de réglementation de la sécurité des véhicules automobiles.
Encore une fois, on en revient aux intervenants. Il faut notamment consulter les représentants de l'industrie, les intervenants d'urgence et les services de police.
Recommandation 3:
Transports Canada doit présenter au Comité un rapport indiquant comment il met en oeuvre son plan d’action visant à améliorer la qualité des données sur les collisions et les blessures.
Il est encore une fois question du suivi effectué par les comités.
Recommandation 4:
Transports Canada doit présenter au Comité un rapport exposant les progrès réalisés dans la mise en place du nouveau processus réglementaire et montrant comment les éléments probants et la recherche scientifique servent à guider l’élaboration et la modification des normes de sécurité automobile.
Comment la science et la recherche sont-elles mises à contribution?
Recommandation 5:
Transports Canada doit présenter au Comité un rapport décrivant son plan opérationnel à long terme pour la Direction générale de la sécurité des véhicules automobiles.
Recommandation 6:
Transports Canada doit présenter au Comité un plan indiquant comment les nouveaux pouvoirs prévus par le projet de loi seront mis en oeuvre au sein du régime réglementaire de sécurité automobile.
Enfin, recommandation 7:
Transports Canada doit présenter au Comité un rapport exposant son processus visant à appuyer l’ajout d’une nouvelle disposition à la Loi sur la sécurité automobile qui obligerait les grands constructeurs automobiles à fournir de l’information sur leurs sources de données et leurs processus internes pour cerner et signaler les défauts liés à la sécurité.
Voilà les recommandations formulées par le vérificateur général dans l'audit. Il est notamment parvenu à la conclusion suivante:
Transports Canada [n'a] pas tenu à jour un cadre de réglementation qui répondait aux risques émergents et aux nouveaux enjeux technologiques en matière de sécurité. Sa stratégie n’a donc pas permis de garantir que les véhicules automobiles immatriculés au Canada soient équipés des meilleurs dispositifs de sécurité disponibles et des technologies de pointe.
Je constate qu'il ne me reste qu'une minute. Je dirai donc rapidement que je crois que le projet de loi contient des mesures louables que nous devrions appuyer. Le gouvernement actuel a d'énormes défis à relever pour assurer la sécurité automobile au Canada, mais je crois que ce projet de loi représente un pas dans la bonne direction. Comme le gouvernement l'a affirmé, cette mesure législative reprend le contenu du projet de loi des conservateurs, et nous félicitons le gouvernement de l'avoir présentée.
Au-delà de cela, ce sont — comme toujours — les détails qui posent problème. Comme je l'ai déjà dit, nous verrons à quelle vitesse cette mesure législative sera mise en oeuvre et avec quel empressement le ministre en poste dira aux constructeurs de procéder à un rappel. Ce projet de loi doit non seulement être adopté, mais il doit aussi être mis en application par un ministre qui est prêt à prendre ces décisions difficiles.
Les défis à relever pour assurer la sécurité des Canadiens dans leur véhicule sur nos routes sont nombreux. Le gouvernement précédent en était conscient et c'est pour cela qu'il a agi en 2014 puis de nouveau en 2015 en déposant le projet de loi .
Je félicite le gouvernement libéral pour son dynamisme dans ce dossier et l'adoption d'un projet de loi qui, malheureusement, a été présenté au Sénat. J'espère que le gouvernement permettra au comité de faire son travail et que le cheminement de cette mesure législative en comité se fera dans un délai raisonnable.
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Monsieur le Président, je remercie ma collègue de sa participation aux travaux du comité des comptes publics et de l'excellent travail qu'elle a fait ce jour-là en posant des questions au vérificateur général et à son bureau.
J'aurais tant à dire au sujet du bureau du vérificateur général. Nous savons que, dans une démocratie, la transparence et la reddition de comptes sont essentielles pour maintenir la force d'une démocratie et d'un pays. Qu'il s'agisse du gouvernement fédéral ou d'un gouvernement provincial ou territorial, les citoyens canadiens doivent avoir l'assurance qu'il y a quelqu'un qui se charge d'effectuer des vérifications du rendement et des vérifications financières ainsi que de demander des comptes aux ministères, aux ministres et aux gouvernements.
Nous pouvons être très fiers du bureau du vérificateur général, du vérificateur général et de son personnel. Lorsqu'ils se prononcent, nous devons l'accepter. Nous devons accepter les recommandations. Nous devons généralement les accepter, et cela vaut certainement pour tout ce qui touche les comptes publics, les vérifications financières et les vérifications du rendement. Ils obligent les ministères à rendre des comptes.
En matière de sécurité automobile, il n'y a pas de zone grise. Je pense que tous les partis politiques s’entendent pour dire que des normes sont nécessaires dans ce domaine. C’est peut-être une obsession de ma part, mais la sécurité sur la route me préoccupe beaucoup, notamment lorsque je vois des jeunes qui conduisent tout en envoyant des textos ou en parlant au téléphone. Certes, il nous est peut-être arrivé de parler au téléphone, mais quand je vois, encore aujourd’hui, des jeunes qui envoient des textos, qui ne regardent pas la route, ou qui discutent au téléphone, cela me préoccupe beaucoup.
J’ai reçu cette semaine un appel de l’organisation Mothers Against Drunk Driving. Le problème de l’alcoolisme au volant préoccupe beaucoup ses représentants. Moi, c’est la légalisation de la marijuana qui m’inquiète, surtout que nous n’avons pas encore les équipements nécessaires pour faire des contrôles routiers.
Je sais que les Canadiens sont sensibles à cela. Il n’y en a qu’une poignée qui pense que la société devrait nous garantir une liberté totale, sans aucun règlement.
Nous voulons bien sûr que nos routes soient sûres. Quand je vais chez un concessionnaire pour acheter une nouvelle voiture et que je découvre toutes ces nouvelles technologies, même si je ne sais pas me servir de toutes ces fonctionnalités électroniques, je suppose qu’elles sont fiables et qu’elles ne vont pas causer de blessures, ni à moi ni à autrui.
Sur toutes ces questions, le vérificateur général s’est intéressé davantage aux processus qu’aux considérations politiques. Je profite de l’occasion pour dire qu’il fait un travail très important, pour lequel je le remercie. Nous sommes heureux qu’il ait publié son rapport et que le gouvernement ait répondu à ses recommandations en présentant le projet de loi .
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Monsieur le Président, c’est toujours un plaisir pour moi de prendre la parole dans cette enceinte. Je suis heureux de revoir tous mes collègues. C’est la première occasion que j’ai de dire quelques mots sur cet important projet de loi.
Auparavant, j’aimerais dire combien il est important, pendant les ajournements de la Chambre, que les députés aient l’occasion de rencontrer les électeurs de leur circonscription et d’écouter les messages qu’ils veulent que nous transmettions à Ottawa. L’une des choses que je respecte beaucoup chez notre , c’est qu’il encourage les députés à aller dans leur circonscription et à défendre les intérêts de leurs concitoyens ici à Ottawa, plutôt que de défendre les intérêts d’Ottawa auprès des électeurs. Nous devons nous assurer que les priorités que nous avons choisies sont les bonnes et que nous défendons les intérêts des gens de nos circonscriptions à la Chambre, dans les comités et dans nos caucus respectifs.
Je suis heureux d’être de retour à Ottawa pour discuter de projets de loi d'initiative ministérielle importants. Tous les projets de loi sont importants, mais aujourd’hui c’est encore plus le cas, puisque nous discutons du projet de loi qui va renforcer la sécurité de nos collectivités. Il est très important que nous prenions toute la mesure de l’impact de ce projet de loi.
L’un de mes collègues a dit qu’on estimait, et je suppose que c’est une estimation prudente, que 20 % des nouveaux véhicules font l’objet d’un rappel par le fabricant, pour un défaut ou un autre, et que cela représente un coût substantiel. Pour régler ce problème, ce projet de loi va très loin, à mon avis, et je tiens à féliciter le ministre, la secrétaire parlementaire et tous ceux qui ont participé à son élaboration. Je salue également le travail effectué par l’autre Chambre dans le cadre du projet de loi que nous examinons aujourd’hui.
Après avoir écouté mes collègues d’en face, j’ai plusieurs observations à faire. Un député néo-démocrate a fait remarquer que nous étions appelés à examiner plusieurs projets de loi et que celui-ci, le projet de loi , devrait être adopté sans grande controverse. C’est un projet de loi qui, à mon avis, devrait recevoir l’appui de tous les députés, ne serait-ce que pour son renvoi en comité, où l’on procédera sans aucun doute à une analyse plus détaillée. S’il est possible de l’améliorer, je suis sûr que le comité fera tout ce qu’il peut, car il est toujours possible de faire mieux.
S’agissant de sécurité automobile, il faut bien comprendre que cette responsabilité est partagée par deux paliers de gouvernement, notamment le gouvernement national. Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd’hui, le projet de loi , est un texte important qui vise les fabricants. Les voitures ne durent pas toute une vie. Les gens, de nos jours, ont deux grands postes de dépenses: leur logement et leur automobile. Quand on achète une automobile, on l’achète généralement sur parole, c’est-à-dire que si c’est une voiture neuve, on suppose qu’elle respecte les normes. Le gouvernement national joue un rôle important non seulement parce qu’il garantit la sécurité des automobiles mais aussi, dans une certaine mesure, parce qu’il en donne l’assurance aux consommateurs en enjoignant les fabricants d’assumer la responsabilité de leurs produits et de rappeler les véhicules défectueux.
Si je vais chez un concessionnaire pour acheter une belle voiture flambant neuve, et qu’un mois plus tard, j’apprends qu’il y a un problème avec le coussin gonflable ou la colonne de direction, il me semble que je devrais avoir un recours pour obliger le fabricant à corriger le problème, puisque ce n’est pas ma conduite qui en est la cause mais bien un vice de fabrication.
Nous savons très bien que ce genre de problème existe. Comme je l’ai dit tout à l’heure, on estime que plus de 20 % des automobiles font l’objet d’un rappel parce qu’un équipement doit être réparé ou remplacé. Cela peut être important, moins au niveau du coût qu’au niveau de la sécurité. Nous savons bien que c’est le genre de problèmes auxquels nous avons à faire face.
Le gouvernement d’Ottawa, en présentant ce projet de loi, confère au ministre le pouvoir de faire certaines choses qu’il ne peut pas faire aujourd’hui, et je reviendrai là-dessus. Mais pour ce qui est de l’industrie dans son ensemble, nous savons combien elle est importante pour notre pays, pour notre PIB, pour les emplois de la classe moyenne et pour la vitalité économique de toutes les régions du pays. Je ne parle pas seulement des fabricants, mais aussi de ceux qui assurent l’entretien des automobiles et qui les vendent. Les grands détaillants sont tributaires de l’industrie automobile. C’est une industrie que je connais bien. Mon père et d’autres membres de ma famille en font partie depuis plus de 40 ans.
Lorsqu'une personne achète une voiture, elle pense peut-être que celle-ci durera jusqu'à la fin de ses jours, mais c'est rarement le cas. Les sondages nous apprennent que les gens gardent leur voiture de six à huit ans. Après cette période, ils la vendent, mais ce n'est pas parce qu'ils se sont désintéressés de cette voiture ou qu'ils en veulent une neuve que leur ancien véhicule ne sera plus en circulation. Cette voiture devient un véhicule usagé, et de nombreuses provinces ont légiféré pour que les routes restent sécuritaires. Dans ma province, le Manitoba, lorsqu'on vend un véhicule usagé, on est tenu de le faire vérifier pour que dans 2, 10 ou 11 ans, la conduite de ce véhicule ne présente aucun risque pour la sécurité.
De leur côté, les provinces cherchent de nouvelles façons d'améliorer l'état des voitures usagées en circulation, mais nous, nous avons le devoir de veiller à ce que les voitures neuves soient sûres. Lorsque nous avons l'occasion d'agir pour qu'elles soient plus sécuritaires, nous ne devrions pas hésiter à le faire.
Lorsque je regarde ce que le projet de loi accomplit exactement, quelques points suscitent mon intérêt. Je retiens particulièrement le fait que les fabricants seront financièrement responsables de corriger un défaut d'un véhicule et qu'ils auront une responsabilité accrue de communiquer à Transports Canada les renseignements relatifs à la sécurité du véhicule. Ces renseignements feront partie de la banque de données du ministère.
Un de mes collègues a fait référence à la banque de données. Si on consulte la Banque de données des rappels de sécurité automobile, sur le site Web de Transports Canada, on constate à quel point elle est détaillée. Beaucoup de propriétaires de véhicule récent — que ce soit de la dernière année ou d'il y a trois ou quatre ans — l'ignorent, mais il y a de très fortes chances qu'il y ait eu un rappel pour une des pièces de leur véhicule.
C'est très facile de savoir s'il y a eu un rappel pour un modèle de véhicule. Il suffit d'aller sur le site Web de Transports Canada et de sélectionner la marque et le modèle du véhicule; les rappels s'afficheront. C'est un outil fantastique. Je suggère à tous les consommateurs qui ont acheté un véhicule dans les dernières années de ne pas se fier uniquement à la bonne conduite de leur véhicule et de consulter la banque de données. Ils n'ont pas à attendre d'avoir un problème, car cet outil formidable existe. Une des propositions du projet de loi est d'améliorer cette banque en exigeant la communication de renseignements supplémentaires relatifs à la sécurité — certains de ces renseignements se retrouveront certainement dans la base de données. Je considère que c'est un point très positif et j'encourage mes collègues à examiner la question. Le ministre aura le pouvoir de demander d'autres tests afin de répondre aux préoccupations concernant la sécurité. C'est une chose dont nous devons tous nous soucier.
Après avoir écouté un certain nombre de conservateurs, il est intéressant de constater qu'ils parlent beaucoup du projet de loi , qui est une mesure législative que l'ancien premier ministre Stephen Harper avait présentée à la Chambre. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai un peu l'espoir que les conservateurs soient en faveur du projet de loi et qu'ils veulent qu'il soit adopté le plus tôt possible. À mon avis, le projet de loi ne tire pas tant son origine du gouvernement conservateur précédent que des mesures prises aux États-Unis. Il existe un écart entre les États-Unis et le Canada concernant les questions de sécurité, les processus et les procédures de rappel et ce que le gouvernement américain est capable d'accomplir par rapport au gouvernement canadien. Je soupçonne que, ce qui s'est produit, c'est qu'un gouvernement conservateur a étudié la situation aux États-Unis et a ensuite décidé qu'il voulait adopter certaines de ces mesures, ce qui est tout à l'honneur des conservateurs.
Le NPD semble quelque peu préoccupé par le fait que cette mesure législative n'était pas prévue dans la lettre de mandat du ministre actuel. Sur ce point, une seule chose: le fait qu'une initiative ne soit pas expressément prévue dans une lettre de mandat ne veut pas nécessairement dire que le ministre ne va pas essayer de trouver des façons d'améliorer le système. Les ministres étudient leur lettre de mandat et sont très désireux de réaliser les objectifs qui y figurent, mais il y a bien d'autres initiatives possibles; celle-ci en est un exemple. Les néo-démocrates et les conservateurs semblent être d'accord avec le principe de la mesure législative; c'est une bonne chose à nos yeux. Nous espérons que les partis de l'opposition appuieront le projet de loi.
La mesure législative proposée conférerait au ministre le pouvoir d'ordonner aux entreprises de demander aux fabricants et aux importateurs de réparer un véhicule rappelé sans frais pour le consommateur. Pour le propriétaire d'un véhicule, qui doit en assurer l'entretien, le facteur coût est important. Il n'y a pas de raison qu'un consommateur qui a fait l'achat d'un véhicule flambant neuf pour apprendre trois mois plus tard que celui-ci comporte une défectuosité ait à payer pour la réparation ou la mise à niveau selon les normes de sécurité canadiennes. En accordant ce pouvoir complémentaire au ministre, nous envoyons un message très clair à l'industrie.
Il ne s'agit pas de dire que les fabricants en général ne font pas ce qu'il faut pour veiller à ce que leurs véhicules soient sécuritaires et de grande qualité. Nous savons qu'ils font de leur mieux. Il est arrivé que des fabricants procèdent à des rappels massifs qui leur ont coûté des milliards de dollars.
Nous comprenons que ce projet de loi a été présenté afin que, aujourd'hui ou dans le futur, un ministre ait l'autorité d'agir, au besoin, au sein du cadre proposé. Le projet de loi permettrait à Transports Canada d'imposer des pénalités financières ou des amendes dans le but d'accroître le respect des normes de sécurité et il lui permettrait également de conclure des accords de conformité avec les fabricants pour que des mesures supplémentaires soient adoptées en matière de sécurité. Le projet de loi vise également à clarifier et à accroître les capacités de Transports Canada en matière d'inspection des véhicules. Il est important que l'application de la loi soit réelle et tangible afin que, advenant qu'un véhicule doive être visé par un rappel, peu importe la raison, nous puissions veiller à ce que ce rappel soit effectué. C'est ce que propose le projet de loi.
Si j'examine le projet de loi dans son ensemble, je constate qu'il répond déjà à ce que cherche à corriger l'amendement proposé par le Sénat. Selon cet amendement, un fabricant devrait verser au concessionnaire une indemnité équivalant à au moins 1 % par mois du montant payé par le concessionnaire. Cela équivaudrait à un taux d'intérêt annuel d'au moins 12 %. Or, ce taux arbitraire ne tient pas compte des variations du coût réel de financement. L'amendement pourrait donc avoir un effet pervers: un concessionnaire pourrait faire plus d'argent en ne faisant aucune réparation et en laissant le véhicule dans le stationnement, alors qu'il recevrait la compensation du fabricant. Même si les intentions derrière l'amendement du Sénat étaient bonnes, je ne crois pas qu'il soit requis. Le projet de loi permettrait déjà au ministre d'exiger que les défauts de fabrication soient corrigés aux frais des fabricants. Le projet de loi confère déjà ce pouvoir au ministre.
Nous devons être très prudents, dans le cadre législatif de Transports Canada, pour éviter de devoir jouer le rôle d'arbitres ou de servir d'intermédiaires entre les concessionnaires et les fabricants. C'est vraiment une question qui touche les consommateurs. Au bout du compte, même si l'intention du Sénat est de bien faire avec l'amendement, je ne crois pas que celui-ci est nécessaire. Les mesures proposées actuellement prévoient la possibilité de traiter convenablement avec les concessionnaires, et le ministre aurait ce pouvoir.
C'est intéressant qu'un de mes collègues ait mentionné le fait que, lorsque nous pensons à des rappels de véhicules automobiles, nous devons voir à ce que la première priorité des fabricants soit de réparer les véhicules qui sont déjà sur les routes. Les véhicules dans les grands parcs, que nous avons tous vus, se retrouveront tous sur les routes, au bout du compte, et je pense qu'ils subiront des modifications avant d'être vendus aux consommateurs. Bref, le projet de loi dont nous sommes saisis vise à accroître la sécurité sur les routes canadiennes, et donc de faire en sorte que les fabricants et les entreprises assument leur responsabilité en fournissant les types de véhicules auxquels les consommateurs s'attendent au moment de l'achat. À mon avis, nous devrions tous appuyer ce projet de loi.