:
Monsieur le Président, le gouvernement estime que le commerce international des armes doit absolument être réglementé dans le but de protéger les gens et les droits de la personne et, surtout, qu'il faut mettre en place des contrôles et une réglementation visant à en empêcher le commerce illégal.
Le Traité sur le commerce des armes vise à protéger les gens. Il garantit que les pays réglementent efficacement le commerce international des armes pour qu'elles ne servent pas à soutenir le terrorisme, les organisations criminelles internationales, la violence envers les femmes ou les violations des droits de la personne ou du droit humanitaire international. Le gouvernement entend prendre des mesures pour mieux contrôler les exportations afin de réduire les risques engendrés par le commerce illégal des armes classiques. L'adhésion au Traité qui demande que tous les États qui en sont parties mettent en place des contrôles efficaces sur les exportations, est la prochaine étape importante pour encadrer davantage ces exportations et réduire les risques qui y sont associés.
[Français]
L'adhésion au Traité sur le commerce des armes permettra de placer de nouveau le Canada au même rang que ses plus proches partenaires et alliés. Le Canada est le seul allié de l'OTAN et le seul partenaire du G7 à ne pas avoir signé ou ratifié le Traité.
[Traduction]
Le Traité sur le commerce des armes a été négocié en réponse aux préoccupations grandissantes que suscitaient, sur la scène internationale, les conséquences directes et indirectes du commerce mondial d'armes sur les conflits, les droits de la personne et le développement.
[Français]
Il vise à veiller à ce que tous les États prennent leurs responsabilités et évaluent soigneusement et sérieusement les exportations d'armes. Les États doivent réglementer le commerce légitime des armes et utiliser des mesures transparentes pour combattre le commerce illicite.
[Traduction]
Nous reconnaissons que les transferts d'armes non réglementés ou illicites intensifient et prolongent les conflits, causent de l'instabilité à l'échelle régionale, contribuent à la violation du droit humanitaire international et des droits de la personne, et nuisent au développement socioéconomique.
En effet, la prolifération des armes, particulièrement des armes légères ou de petit calibre, constitue l'un des plus grands problèmes de sécurité pour la communauté internationale. Les conflits armés touchent les civils. Trop souvent, les femmes et les enfants sont ciblés ou sont d'innocentes victimes.
Les conséquences de la circulation irresponsable ou illicite d'armes classiques vont au-delà du danger immédiat de mort, de blessure ou de violence. La prolifération et le commerce illicite des armes entretiennent un climat de crainte et d'insécurité constantes, ce qui nuit à la croissance et à la stabilité socioéconomiques.
Le Traité sur le commerce des armes a un rôle important à jouer dans la résolution de ces problèmes. Le Canada doit être un chef de file dans cette démarche et montrer l'exemple.
Le Traité représente le premier engagement mondial ayant force obligatoire conclu par la communauté internationale afin de contrôler l'exportation d'armes classiques. Il établit une norme commune élevée pour l'exportation d'armes et il vise à éliminer le commerce illicite et le détournement d'armes classiques.
Les États parties au Traité sur le commerce des armes sont tenus d'évaluer le risque que les armes exportées soient utilisées à des fins négatives, y compris la violation des droits de la personne ou le crime organisé. Or, ce n'est pas toujours noir ou blanc. Il faut examiner non seulement l'État dans son ensemble, mais aussi qui prendra possession d'une arme, son passé, le risque que l'arme puisse être détournée à d'autres fins que celles prévues au moment de l'exportation ainsi que d'autres facteurs semblables.
[Français]
Le TCA exige aussi que les États examinent des mesures d'atténuation afin de lutter contre les risques déterminés. Or le traité est limpide. S'il est impossible d'atténuer un risque grave de violation des droits de la personne et des lois humanitaires internationales ou de contribution au crime ou au terrorisme international, les exportations ne peuvent pas être permises.
[Traduction]
Par conséquent, le projet de loi renforcerait les processus en vigueur au Canada relativement au mouvement des armes dans le monde. Les modifications, y compris celles visant l'adhésion au Traité sur le commerce des armes, rendront le système de contrôle des exportations du Canada encore plus robuste et elles fixeront une norme élevée continue pour régler le problème urgent de la prolifération des armes dans le monde.
[Français]
Le système actuel de contrôle des exportations du Canada est conforme à 26 des 28 dispositions du Traité sur le commerce des armes. En ce sens, certains changements sont nécessaires pour que le Canada soit complètement conforme aux deux articles du Traité auxquels il ne satisfait pas encore, soit l'article 7, Exportation et l'évaluation des demandes d'exportation, et l'article 10, Courtage.
En partie, le projet de loi dont nous sommes saisis introduit les changements législatifs nécessaires pour respecter ces obligations du TCA.
L'article 7 du Traité sur le commerce des armes établit une norme commune, claire et rigoureuse concernant les facteurs que les États doivent prendre en compte avant d'autoriser l'exportation d'articles assujettis au TCA. Ces facteurs comprennent l'évaluation du risque que les exportations canadiennes puissent être utilisées pour commettre de graves violations des droits de la personne ou des lois humanitaires internationales, et l'évaluation du risque que ces exportations tombent entre les mains de criminels ou de terroristes.
Le TCA est le premier traité de contrôle des armes qui se penche précisément sur la question de la violence fondée sur le sexe et la violence faite aux femmes et aux enfants, des enjeux importants pour notre gouvernement. Ces critères visent à assurer que le Canada évalue les risques liés à l'exportation d'une technologie ou d'un produit donné concernant l'utilisation finale prévue et l'utilisateur final à l'étranger.
Le projet de loi fera aussi en sorte que le Canada soit en mesure de satisfaire aux exigences de l'article 10 du TCA, lequel requiert que tous les États réglementent les activités de courtage. Le courtage capte les transferts d'armes qui échappent aux permis d'exportations. Les dispositions du projet de loi feront en sorte que les Canadiens qui organisent le transfert d'armes entre un deuxième et un troisième pays soient tenus aux mêmes normes que ceux qui exportent des armes à l'extérieur du Canada.
La réglementation des activités de courtage donnera à notre gouvernement la capacité de surveiller les activités des individus et des organisations qui servent d'intermédiaires entre les vendeurs d'armes et les utilisateurs finals de matériel militaire.
[Traduction]
Les exigences liées aux licences de courtage seraient aussi appliquées à l'extérieur du pays et toucheraient donc les Canadiens qui mènent des activités de courtage à l'étranger. Ce nouveau pouvoir nous permettra d'avoir une idée plus juste des transferts de produits qui figurent sur la liste des marchandises de courtage contrôlé où des Canadiens sont en cause, partout dans le monde, et de mieux mettre en lumière des transactions potentiellement à haut risque qui sont négociées par des Canadiens.
Le gouvernement entend dépasser les normes établies par le Traité sur le commerce des armes pour faire en sorte que les règlements sur le courtage couvrent non seulement les armes classiques visées par le Traité, mais aussi les biens militaires et les articles à double usage vraisemblablement destinés à des fins de destruction massive.
Exiger une licence de courtage permettra d'assurer un niveau de surveillance comparable d'une activité de courtage à une autre. Aussi, les autorités canadiennes chargées de délivrer des licences d'exportation seront mieux en mesure d'évaluer au préalable le risque lié aux transferts d'armes et refuser d'accorder la licence s'il existe un risque prépondérant de conséquences négatives visées par un des critères, notamment le risque d'une violation grave du droit international en matière de droits de la personne ou du droit humanitaire international.
[Français]
Je tiens à préciser qu'il exige un rôle légitime que peuvent jouer les courtiers organisant ou facilitant les ventes pour les fabricants d'armes de bonne réputation. Malheureusement, il existe aussi ceux qui ne cherchent pas à agir de façon responsable et qui choisissent plutôt de profiter de la vente d'armes, même en sachant que ces armes tomberont entre de mauvaises mains.
Par ailleurs, à l'échelle internationale, il y a eu beaucoup trop de cas où des courtiers en armement sans scrupules font passer le profit avant les vies humaines. Les transactions facilitées par ces courtiers ont donné lieu au transfert d'armes vers des zones de conflits, en violation directe des embargos des Nations Unies sur les armes, et vers des groupes terroristes ou criminels. Cette mesure législative offrira aux courtiers canadiens responsables l'occasion de détenir des permis et d'entreprendre des activités légales. Elle fera en sorte que ceux qui choisissent d'agir de façon immorale se trouveront aussi à agir de façon illégale.
Outre les modifications exigées par le TCA, le projet de loi renforcera les contrôles à l'exportation du Canada en abordant la question des peines auxquelles feront face les individus qui tentent de contourner la loi et les règlements canadiens. Le projet de loi augmentera la pénalité maximale sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire de 25 000 $ à 250 000 $ pour toutes les contreventions en vertu de la Loi sur les licences d'exportation et d'importation. L'augmentation de la pénalité maximale souligne la gravité de ces infractions vu que ces infractions contribuent directement aux accumulations déstabilisatrices d'armes et des technologies dans les zones de conflit partout dans le monde.
[Traduction]
J'insiste sur le fait que, grâce aux mesures envisagées, le gouvernement sera mieux en mesure de poursuivre les personnes mal intentionnées pour qu'elles répondent de leurs actes et d'examiner les transferts d'armes en bonne et due forme aux utilisateurs légitimes. De plus, le Canada pourra punir efficacement quiconque tente de contourner les processus établis.
Soyons clairs: l'adhésion du Canada au Traité sur le commerce des armes n'aura aucune incidence sur la possession d'armes à feu au pays ou sur les lois et politiques canadiennes en la matière. Le Traité régit l'importation et l'exportation d'armes classiques et non le commerce d'armes utilisées par des Canadiens respectueux de la loi pour la chasse ou pour d’autres activités sportives.
[Français]
Le TCA n'établit pas de limites, cependant, quant au nombre ou aux types d'armes que peut vendre un pays. Le TCA requiert plutôt que les États établissent de solides contrôles d'exportation, le type de contrôle que le Canada a déjà en place afin d'assurer que les exportations ne sont pas utilisées à des fins négatives imprévues.
Le TCA n'est pas un système uniforme. Il reconnaît que les États doivent assurer que leur système de contrôle des exportations répond à leurs besoins nationaux. Il n'empêche donc pas les États d'utiliser des processus accélérés dans le cadre de leur système de contrôle des exportations, comme celui que le Canada a en place pour de proches alliés, dont les États-Unis.
Le gouvernement verra à ce que les exportations soient évaluées en fonction des critères énumérés dans le TCA et à ce qu'elles n'enfreignent pas les interdictions du Traité.
[Traduction]
Pour ce qui est des licences d'exportation et d'importation et du Code criminel, le gouvernement a fait savoir aux Canadiens qu'il est résolu à raffermir les mesures de contrôle des exportations en ce qui concerne le matériel militaire, ainsi que les marchandises et les technologies stratégiques. Tel que nous l'avons promis, nous oeuvrons à rendre le système de contrôle des exportations plus rigoureux, comme en font foi le projet de loi à l'étude et notre engagement à adhérer au Traité sur le commerce des armes. Comme le savent les députés, le Canada dispose déjà d'un robuste système de contrôle des exportations. Nous sommes l'un des principaux signataires de traités de non-prolifération et de mesures de contrôle des exportations, ce qui nous permet d'échanger avec nos alliés des renseignements sur la circulation des armes et les pratiques exemplaires.
Signalons que le Canada dispose aussi d'un solide régime de sanctions, qui touche notamment l'exportation et la vente d'armes. Les sanctions du Canada s'inscrivent dans une intervention multilatérale menée de concert avec ses alliés. C'est en vertu de la Loi des Nations unies et de la Loi sur les mesures économiques spéciales que le Canada met en oeuvre des sanctions.
L'organisme responsable des renseignements financiers au Canada se penche sur le financement illicite des armes. En effet, le Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada a pour mandat de faciliter la détection, la prévention et la dissuasion du blanchiment d'argent et du financement des activités terroristes. Le gouvernement prend des mesures afin que ces nouvelles obligations ne viennent pas gêner ou restreindre indûment le transfert légitime de produits militaires ou à double usage et d'autres articles stratégiques qui sont conformes aux intérêts du Canada et ne posent pas de risque excessif.
Le gouvernement compte appliquer les critères d'évaluation du TCA non seulement aux marchandises expressément visées par ce traité, mais aussi à toutes les marchandises à double usage, militaires et stratégiques. Il appliquera également ces critères aux demandes de licence d'exportation et de courtage. Nous comptons ainsi dépasser les normes établies dans le TCA tout en renforçant notre système de contrôle des exportations. Par exemple, le gouvernement veut que le Canada adopte des normes particulièrement rigoureuses pour combattre la violence fondée sur le sexe et la violence contre les femmes et les enfants. L'inclusion de cet aspect dans le traité démontre clairement que les États comme le Canada sont déterminés à promouvoir la lutte contre la violence fondée sur le sexe.
Même si le TCA ne s'attarde pas aussi longuement sur ce critère que sur d'autres, le Canada propose de tenir compte de la violence fondée sur le sexe dans la réglementation, d'appliquer des normes plus rigoureuses en ce sens et d'évaluer les risques liés à la violence fondée sur le sexe pour un plus vaste ensemble de marchandises destinées à l'exportation que celui proposé dans le TCA. Ces nouvelles mesures aideraient le gouvernement à poursuivre les intervenants de mauvaise foi et à les tenir responsables de leurs actes. Le Canada serait aussi davantage en mesure de pénaliser efficacement ceux qui tentent de se soustraire à ces mesures.
Les entreprises canadiennes pourraient continuer de conclure des transactions légitimes lorsqu'il s'agit de protéger les intérêts stratégiques et les intérêts en matière de défense du Canada et de ses alliés.
Enfin, ces modifications permettraient au Canada de remplir ses obligations internationales et de devenir partie au TCA. J'encourage tous mes collègues présents aujourd'hui à contribuer à l'adoption rapide de ce projet de loi afin que le Canada puisse de nouveau prendre la place qui lui revient auprès de ses partenaires internationaux en tant qu'État partie au Traité sur le commerce des armes.
:
Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi de participer aujourd'hui au débat sur le projet de loi , particulièrement après le secrétaire parlementaire qui, à la fin de son discours, a fourni à la Chambre une information inexacte dans sa réponse à la question de la députée néo-démocrate. En fait, le Canada serait en moins bonne posture qu'auparavant. Le secrétaire parlementaire a affirmé que, grâce à cette mesure, le Canada dépasserait les objectifs du traité. Cette affirmation n'est pas seulement inexacte quant au libellé du traité, mais elle révèle également que le secrétaire parlementaire comprend mal le régime canadien actuel en matière de contrôle des armes.
Par conséquent, pour la gouverne du député et celle des rares collègues libéraux qui m'écoutent, voici quelques précisions.
Le projet de loi fait suite à la promesse des libéraux de mettre en oeuvre le Traité sur le commerce des armes, ou TCA, des Nations unies, qui a fait l'objet d'un débat à l'ONU, mais qui n'a été signé que par certains pays.
Mes observations porteront sur quatre éléments clés, dont trois mettent en lumière l'infériorité du TCA comme solution en comparaison avec ce que le Canada fait actuellement et ce qu'il a fait dans le passé sous les gouvernements conservateurs et libéraux qui se sont succédé depuis les années 1940. J'expose d'abord les trois raisons qui expliquent pourquoi ce traité présente un intérêt moindre et, enfin, un dernier point qui montre son manque d'équité et de clarté, de même que sa trop grande portée.
D'abord, c'est moins que ce que fait actuellement le Canada en vertu de la Loi sur les licences d'exportation et d'importation ainsi que des règlements et des décrets du Conseil qui peuvent être présentés par le gouvernement, conformément à cette loi. J'espère que le secrétaire parlementaire prendra des notes, car il devra faire un peu de recherche lorsque j'aurai terminé mes explications.
Mon premier point concerne la Direction générale de la réglementation commerciale.
Nous habilitons un ministère du gouvernement, et ce depuis les années 1940, à s'assurer que les ventes de matériel militaire, les questions de sécurité, le matériel cryptologique et les risques nucléaires et biologiques sont non seulement régis et suivis, mais qu'ils sont aussi contrôlés. Nous avons une direction, non pas à New York, mais à Ottawa, qui accomplit ce travail de manière très efficace depuis de nombreuses années. La Direction générale de la réglementation commerciale a cette responsabilité et l'assume pour chaque législature. J'inviterais le député à s'intéresser à la direction et à constater la manière dont nous traitons, suivons et contrôlons le commerce de matériel militaire, d'autres éléments de sécurité ou d'autres intérêts. Toutes les législatures l'ont fait. Tant les gouvernements libéraux que conservateurs l'ont fait.
Passons maintenant au deuxième point. Nous désignons expressément, du point de vue canadien, les articles destinés à l'exportation qui doivent faire l'objet d'un suivi et d'un contrôle. Je vais les passer en revue pour le député puisqu'ils sont énumérés distinctement.
Les marchandises militaires et d'importance stratégique à double usage, c'est donc dire des marchandises qui peuvent être utilisées à des fins militaires ou civiles, font l'objet d'un suivi. La liste comprend également les matières et les technologies nucléaires; la technologie des missiles; les produits chimiques et les matériels biologiques; le matériel de cryptologie et de décryptage, particulièrement important à l'ère d'Internet. Un grand nombre d'entreprises canadiennes — SecureKey par exemple — sont des chefs de file à l'échelle mondiale dans ce domaine. Déjà, nous surveillons, contrôlons et, dans bien des cas, limitons l'exportation de ces technologies.
Nous savons que, par le passé, un gouvernement, celui de Pierre Trudeau, a fait face à certains problèmes dans un cas de technologie nucléaire vendue à des fins pacifiques. Celle-ci avait fait l'objet d'un suivi et, malheureusement, avait peut-être été utilisée pour développer des capacités de la transformer en arme.
J'emploie ce cas comme point de référence pour montrer que le Canada fait cela depuis de nombreuses législatures. Nous n'avons pas attendu après les Nations unies. Si nous l'avions fait, c'aurait été un peu comme le far west. En tant que démocratie parlementaire responsable, le Canada fait déjà cela.
J'invite le député à prendre connaissance de la liste des articles contrôlés en vertu de la Loi sur les licences d'exportation et d'importation et dont la Direction générale de la réglementation commerciale est chargée d'assurer la surveillance.
Notre suivi des items représente la troisième raison pour laquelle notre système actuel est supérieur au traité inférieur des Nations unies.
Ce sont l'Agence des services frontaliers du Canada et Statistique Canada qui font le suivi des éléments que je viens d'énumérer, dont le matériel militaire, cryptologique, nucléaire et biologique, et ils ne le font pas seulement en fonction de nos points de référence. Ils se servent des données de suivi de l'Organisation mondiale des douanes pour ces items. Le Canada effectue un meilleur suivi de ces éléments que le Traité sur le commerce des armes des Nations unies et il en limite bien plus le commerce.
Selon un article publié dans la revue Ceasefire, le TCA des Nations unies est un échec. Le manque de transparence du Traité est le troisième argument avancé par l'auteur pour justifier sa conclusion. Aucun suivi ne se fait à l'échelle internationale aux termes du Traité. Cette mesure est toutefois déjà en place au Canada.
J'espère que le secrétaire parlementaire révisera les notes que le gouvernement a fait circuler sur le projet de loi, car elles ne concordent pas avec le bilan législatif du Canada ou son traitement responsable des technologies contrôlées, dont non seulement la technologie militaire, mais aussi la technologie nucléaire.
Le Canada est le quatrième pays à avoir maîtrisé la fission nucléaire. Il y a 70 000 personnes au Canada qui travaillent dans ce secteur. Nos réacteurs CANDU sont les meilleurs du monde en termes de capacité et de sécurité. Nous prenons leur vente très au sérieux depuis les années 1940 et nous en faisons le suivi à l'aide des codes de suivi de l'Organisation mondiale des douanes.
Il y a un quatrième point que j'inviterais les libéraux à examiner.
À l'heure actuelle, il existe ce qu'on appelle une liste des pays visés aux termes de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation. Cette disposition de la loi permet précisément, au moyen d'un décret, de limiter la vente de toute chose à un pays. Actuellement, le seul pays sur la liste des pays visés est la Corée du Nord, et c'est sans doute une bonne chose qu'elle s'y trouve. Je serais d'accord avec le gouvernement s'il souhaite que ce pays demeure sur la liste. Auparavant, le Bélarus et le Myanmar se trouvaient sur la liste des pays visés.
Non seulement nous possédons déjà un système de contrôle, de traçabilité et d'énumération qui est de loin supérieur à ce qui est proposé dans le projet de loi, mais les lois canadiennes, dans leur forme actuelle, peuvent interdire complètement les exportations et les importations avec un pays. Il s'agit d'un outil que le gouvernement peut utiliser s'il est question de contrôler quoi que ce soit et non seulement les articles qui sont contrôlés au pays et pour lesquels, comme je l'ai mentionné, on assure la traçabilité.
Le Cabinet est responsable de décider des raisons pour lesquelles un pays devrait être enlevé de la liste. Quand il s'est ouvert, le Myanmar a été retiré de la liste, tout comme le Bélarus. Il reste que l'on doit tout de même en assurer la surveillance. On voit qu'il y a des problèmes au Myanmar, notamment en ce qui concerne le peuple rohingya. Peut-être que le mécanisme de surveillance civile de l'armée n'est pas aussi efficace qu'il en a l'air.
Le gouvernement libéral a déjà le pouvoir, sans traité des Nations unies, d'arrêter complètement de vendre des armes à un pays. J'invite le secrétaire parlementaire à se pencher là-dessus.
Enfin, comme c'est le cas de nombreux traités de l'ONU, les principaux acteurs n'adhèrent pas au traité. Six pays dominent le commerce des armes. On les surnomme « les six grands ». Trois de ces pays n'adhèrent pas au traité. Cela ne m'inquiète pas outre mesure, car le système canadien, comme je le dis depuis le début à la Chambre, est plus efficace que ce qu'on nous propose dans le traité.
Certes, les libéraux avaient promis un tel traité pendant la dernière campagne électorale. Toutefois, je veux qu'ils comprennent que ce que fait déjà le Canada — et de façon responsable — est encore mieux. Si l'on veut que l'ONU soit responsable de la surveillance et de la transparence, il faut que l'on s'efforce d'avoir ces discussions avant que tout traité soit mis en oeuvre. De nombreux députés des deux côtés de la Chambre veulent veiller à ce que le Canada respecte la Loi sur les licences d'exportation et d'importation. On doit leur montrer combien cette loi est déjà efficace.
Enfin, l'article 5 du Traité sur le commerce des armes des Nations unies est un autre élément de piètre qualité, qui, bien franchement, manque de vision. Le ministère de la Défense nationale serait ainsi visé par les dispositions relatives au matériel militaire, ce qui pourrait interdire ou limiter les transferts entre les gouvernements. Nous n'avons jamais eu à appliquer notre régime des licences d'exportation et d'importation à la Défense nationale, parce que la Défense, c'est le gouvernement. C'est un ministère du gouvernement.
Par conséquent, lorsque nous voudrons fournir une aide à d'autres forces armées, notamment du matériel de formation aux peshmergas, avec lesquels nos forces spéciales collaborent et auxquels elles donnent de la formation, la mesure prévue entravera le processus. Je suis absolument certain que la plupart des Canadiens estiment que le ministère de la Défense nationale est responsable de son propre matériel. Pourquoi alors l'inclurait-on dans un traité que la plupart des groupes disent être un échec de toute façon et qui n'inclut pas trois des six intervenants importants dans le domaine du commerce mondial des armes?
J'ai dressé la liste de cinq ou six éléments qui démontrent que ce que prévoit le projet de loi est en fait inférieur aux mesures déjà prévues par le Canada.
Le dernier élément porte sur le manque d'équité, et c'est là où interviennent les considérations politiques. Comme c'est le cas pour les petites entreprises, il n'y a pas de processus de consultation quant aux préoccupations sur la portée excessive du projet de loi ou au fait que les chasseurs, les tireurs sportifs ou les utilisateurs récréatifs soumis à un régime réglementé d'utilisation légale des armes à feu pourraient être visés par les dispositions du projet de loi. Je parle de cet élément en dernier parce que, bien que le secrétaire parlementaire affirme que ce n'est pas le cas, tous les groupes représentant l'industrie insistent pour dire que ces utilisateurs seront visés. Sans processus de consultation, comment le secrétaire parlementaire peut-il savoir qu'ils ne seront pas visés?
De toute évidence, il ne comprend pas le régime de délivrance des licences d'exportation et d'importation. Peut-être en sait-il un peu plus à ce sujet à présent. À mon avis, nous tenons ce débat à la Chambre des communes en partie pour cela, pour montrer que la réglementation canadienne est à bien des égards supérieure à ce qui se fait ailleurs dans le monde, y compris aux Nations unies. Avant même de parler du Traité sur le commerce des armes des Nations unies et de ce qu'il permet d'accomplir, nous devrions parler de ce que le Canada fait déjà et déterminer s'il est suffisant ou non de limiter et de suivre l'exportation des articles qui, selon nous, pourraient poser un danger: le matériel militaire, les technologies nucléaires, les produits chimiques, les substances biologiques, le matériel de cryptologie, ou tout ce qui pourrait nuire à l'intérêt national.
Dans le cas du dernier élément de cette liste, le matériel de cryptologie, le gouvernement actuel approuve la vente à la Chine d'à peu près toutes les technologies qui existent. Je pense que certaines de ces ventes se sont faites sans les vérifications appropriées, sans l'examen complet qui doit normalement être fait. Pour une raison quelconque, une des plus récentes ventes à la Chine a été dispensée de cet examen. Ces examens sont importants, car, en réalité, la technologie est la menace de l'avenir pour la sécurité publique et pour la sécurité du Canada et de ses alliés. Mentionnons d'ailleurs que le projet de loi n'aborde pas cette question.
Comme je l'ai dit, en particulier lorsque j'ai parlé de mon troisième point, la transparence, ce traité est inférieur. Des groupes de la société civile l'ont qualifié d'échec, en particulier à cause de son manque de transparence, et comme je l'ai dit, la Direction générale de la réglementation commerciale dispose des pouvoirs nécessaires depuis deux générations pour surveiller et contrôler la vente de marchandises dans les cas où les Canadiens considèrent que c'est important.
En tant que député représentant une circonscription de banlieue dont une partie se trouve en zone rurale, je termine en rappelant le manque de consultation sur la question que j'ai mentionnée il y a un instant. Les Canadiens ont de bonnes raisons de se demander si les nouvelles dispositions pourraient avoir une incidence sur l'usage légal et réglementé qu'ils font des armes à feu pour la chasse ou le tir sportif. Le secrétaire parlementaire a employé le mot « pseudo-argument » lorsque nous avons soulevé cette question. Alors, je l'inviterais à partir en excursion de chasse avec une personne de l'extérieur de Fredericton pour savoir si elle n'a que de pseudo-inquiétudes. En consultant les gens, nous saurons si je m'en fais pour rien ou si c'est plutôt le secrétaire parlementaire qui balaie du revers de la main des arguments valables. Je ne suis pas en train de prétendre que je possède la vérité, mais en tant qu'avocat, je dirais aux députés qu'un texte de loi qui a une portée excessive ou qui est trop vague est mauvais.
Le gouvernement précédent est intervenu concernant de nombreuses questions, lors des négociations sur ce traité, et sur l'une de ces questions, il a fait la proposition raisonnable d'exclure les usages civils réglementés des armes à feu. Je ne sais pas pourquoi les Nations unies ne se sont pas penchées sur cette idée, vu l'absence totale de transparence. Comme je l'ai dit, le cadre en vigueur actuellement au Canada est transparent, heureusement, tandis que le traité, lui, est opaque.
Alors que les dispositions du traité ont été édulcorées pendant les négociations à ce sujet aux Nations unies, alors que trois des grands acteurs du commerce international aujourd'hui ne sont pas partie à ce traité, alors que ces questions étaient en train d'être négociées, pour une raison que j'ignore, on n'a pas prévu une exception simple et efficace sur l'utilisation légitime, historique et culturelle des armes à feu.
Certaines des affaires présentées à la Cour suprême du Canada relatives aux droits fondamentaux des peuples autochtones concernent la chasse et la pêche, des activités culturelles qui remontent aux origines des premiers peuples du Canada. Indubitablement, la plupart des députés imaginent le chasseur dans son affût à canard et ce genre de choses, mais le droit fondamental des Premières Nations de chasser, de manière traditionnelle ou non, est protégé par la Constitution.
Ne serait-il pas raisonnable d'insérer cela dans un traité qui, à bien des égards, s'avère moins bon que ce que le Canada est déjà en train de faire? J'espère vraiment que le secrétaire parlementaire et les autres membres de son caucus vont s'abstenir de tenir ces propos clivants et de laisser entendre qu'en quelque sorte, cette inquiétude légitime est un argument bidon. La dernière fois que j'ai vu un député libéral faire preuve d'une telle arrogance, il s'agissait d'un Torontois appelé Allan Rock, qui a divisé les Canadiens en suggérant que les chasseurs ou les tireurs sportifs respectueux des lois représentaient d'une manière ou d'une autre un danger pour la sécurité publique.
Je sais que certains de mes collègues libéraux, notamment ceux de régions rurales comme le Yukon et le Labrador, savent à quel point cela a nui aux Canadiens lorsque le gouvernement a laissé entendre qu'instaurer un système de délivrance de permis et d'enregistrement des armes à feu pour les gens responsables et formés pour les utiliser aurait une incidence sur la criminalité. C'est devenu un facteur de division entre collectivités rurales et urbaines. Au cours de la législature actuelle, nous devrions nous efforcer, dans toute la mesure du possible, de mener des débats sans nous hâter de créer pareil clivage.
J'ai été dur avec le secrétaire parlementaire. Je sais qu'à Fredericton, particulièrement en raison de la base qui s'y trouve — et je sais que mon collègue soutient nos concitoyens en uniforme —, beaucoup de gens considèrent que la chasse et la pêche sont un mode de vie. C'est dans la culture. Alors s'ils ont des préoccupations, je crois qu'il est légitime d'en tenir compte.
C'est aussi légitime de demander aux Nations unies pourquoi, lorsque les dispositions sur la transparence ont été supprimées dans le cadre des négociations du Traité sur le commerce des armes, une simple disposition visant à exempter de façon explicite l'utilisation réglementée et respectueuse des lois par les chasseurs et les tireurs sportifs, comme nous le faisons de façon très efficace au Canada, n'a pas été incluse. C'est un des échecs de ce traité. Certains groupes sont toujours préoccupés par ce fait et veulent savoir qu'au moins le gouvernement écoute leur opinion et n'insinue pas qu'il s'agit d'un pseudo-argument. J'espère qu'au cours des prochains jours, pendant le débat sur ce projet de loi, nous pourrons en discuter en ces termes et le considérer en fonction de ce que le Canada fait actuellement.
En tant que puriste des questions parlementaires, j’ai un immense respect pour notre démocratie telle qu’elle se vit dans les deux Chambres et sur les banquettes tant du gouvernement que de l'opposition. C’est ici que nous débattons des lois et des règlements qui régissent les Canadiens. Nous ne raterons évidemment aucune occasion de collaborer avec nos alliés de l’OTAN ou des Nations unies afin de limiter les ventes d’armes à la Corée du Nord ou dans des pays en conflit ou pour ne pas favoriser la quête de technologies nuisibles. D’ailleurs, nous l’avons toujours fait. Toutefois, nous devons, en tant que parlementaires, rappeler aux Canadiens que, lorsqu’il s’agit de réglementer, de suivre et de limiter l’exportation d’équipements militaires ou d’articles biologiques ou chimiques dangereux, nous plaçons déjà la barre plus haut que la plupart des autres pays. Nous ne serions pas justes dans ce débat si nous ne partions pas de cette prémisse.
Avant de terminer, j’aimerais soulever un dernier point. Dans ce débat, nous ne ferions pas preuve de hauteur de vue en laissant entendre que toute inquiétude que l'Association des sports de tir du Canada pourrait avoir sur la portée excessive du projet de loi est bidon. J’espère que nous élèverons le débat que nous avons sur le projet de loi en nous fondant sur le régime prévu dans la Loi sur les licences d’exportation et d’importation.
:
Madame la Présidente, aujourd'hui, c'est la Journée internationale de la paix. Le Canada se présente souvent comme un promoteur de la paix. Toutefois, si on veut la paix, il faut empêcher la prolifération des armes, en particulier dans les régions troubles, dans les pays où les droits de la personne ne sont pas respectés et où il y a des conflits importants.
[Traduction]
Toutefois le bilan du Canada à cet égard est plutôt dérangeant. Beaucoup de Canadiens seraient troublés d'apprendre que le Canada a doublé ses exportations d'armes au cours des 10 dernières années. En outre, le Canada arrive au deuxième rang derrière les États-Unis en ce qui a trait au volume d'exportation d'armes au Moyen-Orient. Nous sommes donc très investis dans la situation là-bas.
[Français]
Oui, le Canada est maintenant le deuxième vendeur d'armes au Moyen-Orient, après les États-Unis. On ne peut certainement pas qualifier le Moyen-Orient de région calme et stable.
Auparavant, nos exportations d'armes allaient surtout vers des pays de l'OTAN, alors que maintenant elles vont beaucoup vers des pays dont les dossiers en matière de droits de la personne sont douteux, pour ne pas dire plus. L'Arabie saoudite est le deuxième acheteur d'armes canadiennes. C'est le deuxième pays où nous exportons des armes.
De la part d'un gouvernement qui se dit féministe, je trouve toujours cela assez troublant, et je ne suis pas la seule. Nous savons que les Canadiens ne veulent pas de cela.
[Traduction]
Le gouvernement a affirmé que les règlements en matière d'exportation d'armes étaient solides et qu'un bon contrôle était exercé à cet égard. Si on revient à l'Arabie saoudite, il y a lieu de souligner que, selon les règlements, nous ne devrions pas exporter d'armes dans un pays où il est raisonnable de croire que leur usage entraînera des violations aux droits de la personne. Bien qu'il existe amplement de preuves que c'est le cas actuellement, le gouvernement choisit de fermer les yeux. Certes, il y a eu enquête et les Arabes ont admis vouloir exercer une répression. En plus de fermer les yeux, le gouvernement fait la sourde oreille.
Au mois d'août, nous avons appris que le Canada a édulcoré ses propres critères régissant l'exportation d'armes à des pays où la situation des droits de la personne laisse à désirer. Le gouvernement a fait cela après avoir promis que le Canada adhérerait au Traité sur le commerce des armes et qu'il respecterait à la fois l'esprit et la lettre du Traité. En affaiblissant ainsi les critères, les libéraux disent une chose et font son contraire, comme d'habitude.
[Français]
Le meilleur chiffre qui illustre peut-être ce que je veux dire, c'est celui des demandes de permis d'exportation. On sait que nous exportons de plus en plus vers des pays où les droits de la personne sont bafoués. Est-ce qu'on refuse beaucoup de ces demandes de permis d'exportation?
Le magazine L'Actualité a fait une enquête. J'en donne le résultat en termes de milliers: sur 7 310 demandes de permis d'exportation, combien, croit-on, ont été rejetées? Dix. Cela dit tout.
Parmi nos principales destinations, il y a l'Arabie saoudite dont on a déjà parlé, la Chine, l'Algérie et d'autres pays encore. C'est pour ces raisons que la décision du gouvernement d'adhérer finalement au Traité sur le commerce des armes a suscité tellement d'espoir. C'est une chose que nous demandions depuis des années. Nous savons que les conservateurs, pour des raisons incompréhensibles pour la plupart des observateurs, ont toujours refusé d'adhérer au Traité. Au NPD, nous nous sommes dit que le gouvernement allait enfin faire quelque chose et que le Canada adhérerait au Traité sur le commerce des armes. Malheureusement, les libéraux nous proposent maintenant, typiquement, un projet de loi pour la mise en oeuvre du Traité. Je sais qu'il y avait beaucoup de gens qui étaient très anxieux de voir ce projet de loi.
Cependant, il s'agit d'un autre projet de loi très libéral, c'est-à-dire qu'il n'y a que de belles paroles et aucune mesure concrète. C'est une coquille vide.
[Traduction]
D'abord, le projet de loi ne règle aucunement la question des exportations vers les États-Unis, qui représentent la moitié de nos exportations. Ainsi, toutes ces exportations continueront de ne pas être visées par la loi et par le Traité. En soit, ce simple fait contrevient aux articles 1, 2 et 5 du Traité sur le commerce des armes. Donc, dès le départ, nous enfreignons trois des articles centraux du Traité, mais le problème va au-delà du bris d'un traité. D'abord, il y a la question de la transparence. Lorsque nous obtiendrons les rapports annuels sur les exportations d'armes — et j'espère que nous les aurons plus tôt et qu'ils seront plus clairs, plus transparents et compréhensibles —, la moitié des exportations n'y figureront pas. Est-ce qu'on peut parler de transparence? Mes collègues autour de moi pensent que non.
De plus, dans l'esprit et la lettre du Traité, des armes ou des pièces d'armement peuvent être exportées du Canada vers les États-Unis avant d'être réexportées vers d'autres pays. Le président Obama avait décrété un embargo sur les exportations d'armes des États-Unis vers le Nigéria pour des raisons humanitaires. Son successeur, le président Trump, a conclu un accord — habile comme il est — avec les autorités nigérianes et a levé l'embargo. Ainsi, les États-Unis exportent de nouveau vers le Nigéria des avions et de l'armement dont certaines pièces proviennent de quel pays? Les députés l'auront deviné, elles proviennent du Canada. Je crois qu'il serait donc important d'inclure nos exportations vers le Canada.
[Français]
Le gouvernement va probablement nous dire que cela est trop difficile à faire puisque la moitié de nos exportations vont aux États-Unis. Pourtant, d'autres pays le font, dont l'Australie et la Grande-Bretagne, un partenaire de l'OTAN. Ils ont des systèmes faire le suivi des exportations aux États-Unis.
On ne peut pas nous dire qu'on va respecter l'esprit et la lettre du traité, puis aller à l'encontre d'articles spécifiques du traité et ne pas en respecter ni l'esprit ni la lettre en prétendant que c'est trop difficile. C'est l'un ou l'autre. On respecte le traité ou on ne le respecte pas. Manifestement, le gouvernement n'a pas l'intention de le respecter.
Par ailleurs, un autre problème énorme, c'est que la loi ne parle pas des critères d'évaluation qui vont être utilisés pour les exportations. Dans le cadre d'une telle loi, c'est assez étrange.
[Traduction]
C'est un grave problème.
Après avoir consulté le projet de loi, un spécialiste m'a demandé où résidait sa substance. La substance sera dans les règlements. Les critères régissant les exportations d'armes se trouveront dans les règlements, et ceux-ci n'ont pas à être débattus à la Chambre et n'ont pas à faire l'objet de discussions par les représentants des Canadiens; ils peuvent être modifiés n'importe quand par le gouvernement actuel ou par les gouvernements qui lui succéderont. Le projet de loi comporte donc bien peu de substance.
[Français]
C'est de la poudre aux yeux.
De plus, il y a un autre problème. Dans les documents d'information qui nous ont été donnés par Affaires mondiales Canada, on nous dit que ces règlements vont énumérer les critères dont le ministre tiendra compte pour délivrer des permis d'exportation.
On le voit, il y a déjà des critères dont le ministre doit tenir compte pour évaluer des permis d'exportation, et cela nous donne des situations comme la vente d'armes à l'Arabie saoudite. Le Traité sur le commerce des armes ne parle pas de critères dont on doit tenir compte. Il parle d'obligations et d'interdictions précises et sérieuses. Il donne une limite claire. Telle chose est interdite, telle autre chose est permise. Cependant, dans les documents du ministère on parle de « tenir compte de ».
Évidemment, cela sera clarifié dans les règlements, ces mêmes règlements dont personne à la Chambre ne pourra débattre. De plus, ces règlements seront rédigés derrière des portes closes.
Il y a un autre problème. La liste est très longue, je ne les mentionnerai pas tous. Selon les informations obtenues dans la note de breffage fournie par Affaires mondiales Canada, le ministère de la Défense aura son propre système pour la mise en oeuvre de la loi ou du Traité. On ne comprend pas trop; la main gauche fera une chose et la main droite en fera une autre.
Comment tout cela pourra-t-il s'articuler?
Y a-t-il des risques que quelque chose qui ne passe pas d'un bord passe de l'autre?
Comment tout cela va-t-il s'articuler et s'harmoniser?
À ma connaissance, il n'y a aucun plan à ce sujet.
[Traduction]
Ce que fait le gouvernement, c’est demander aux Canadiens et au monde entier de lui faire tout simplement confiance. Or, s’agissant de désarmement, je regrette de dire que le gouvernement libéral ne mérite pas notre confiance.
Le NPD s’est efforcé de promouvoir la transparence et la surveillance. Nous avons essayé de créer un comité qui examinerait régulièrement la question des exportations d’armes. C’est une question à laquelle les Canadiens s’intéressent. Mais qu’a répondu le gouvernement libéral ? Il a dit non, comme on s’y attendait.
Quand nous avons demandé au gouvernement de faire preuve d’autant de courage que dans le dossier des mines terrestres et de participer aux efforts de plus de 120 pays de l’ONU sur la question du désarmement nucléaire, il a dit que cela n’aboutirait probablement pas et que c’était trop difficile, comme s’il ne pouvait pas faire deux choses en même temps !
Revenons-en à l’Arabie Saoudite. Nous vendons des armes à un pays qui bafoue les droits de la personne, malgré l’orientation féministe de notre politique étrangère. Le ministre nous a d’abord dit qu’on ne pouvait rien faire puisque l’affaire était conclue. Je ne suis pas d’accord, car un ministre peut toujours suspendre un permis d’exportation. Il nous a dit ensuite qu’il avait signé les permis d’exportation après que lui et le nous avaient dit que l’affaire était conclue. Comme je l’ai dit, le Canada ne devrait vendre des armes à un pays que s’il n’y a aucun risque raisonnable que ces armes soient utilisées contre des civils ou pour commettre des crimes de guerre.
Le gouvernement libéral ne respecte même pas ce principe. Comment pouvons-nous lui faire confiance pour ce qui est des règlements qu’il prendra, une fois que le projet de loi aura été adopté?
Toujours au sujet de l’Arabie Saoudite, lorsque j’ai interrogé le gouvernement hier à ce propos, il m’a répondu, en substance, qu’il avait demandé aux Saoudiens de respecter les droits de la personne. Je suis ravie que le gouvernement ait fait cette démarche, mais j’ai des doutes quant à son efficacité.
[Français]
Nous allons appuyer malgré tout ce projet de loi, puisque nous le demandons depuis si longtemps, mais seulement dans la mesure où nous voulons voir le Canada adhérer véritablement au Traité sur le commerce des armes et le respecter vraiment.
J'espère que le gouvernement fera preuve de bonne foi et qu'il acceptera des amendements en comité. C'est pour cela que nous allons voter en faveur du projet de loi. Il faut néanmoins que ce soi-disant projet de loi de mise en oeuvre soit amélioré, car il n'est pas vraiment efficace actuellement. Le Canada et le monde entier n'en demandent pas moins.
J'ai dit au début de ma présentation que c'est aujourd'hui la Journée internationale de la paix. Nous savons que les transferts illicites et irresponsables d'armes classiques constituent un facteur important de la souffrance dans le monde, car ils contribuent à la violence sous toutes ses formes.
Grâce au Traité sur le commerce des armes, nous voulons mettre fin à cela. Nous voulons mettre fin à des situations où des compagnies basées au Canada ou dans tiers pays peuvent vendre des armes au Soudan du Sud. Nous voulons mettre fin à des situations où le Canada, officiellement, pleure la tragédie qui se déroule au Yémen où la plus grande crise humanitaire sévit en ce moment, et en même temps, vend des armes à l'Arabie saoudite qui mène la coalition accusée de commettre des crimes de guerre dans cette région.
Il faut mettre de l'ordre dans notre système d'exportation d'armes et, malheureusement, ce projet de loi faillit à la tâche.
:
Madame la Présidente, j’aimerais faire une observation. Depuis que les libéraux ont pris le pouvoir au Canada, les États-Unis ont élu un nouveau président, Donald Trump.
Il y a une disposition du TCA qui devrait tous nous inquiéter, notamment mes collègues libéraux, surtout ceux qui ont dit haut et fort qu’ils voulaient promouvoir les droits de la personne et redorer la réputation du Canada sur la scène internationale. L’exclusion, dans le TCA, des exportations d’armements du Canada vers les États-Unis est une véritable opération de blanchiment d’argent ou de blanchiment de conscience.
En effet, les armes peuvent être fabriquées au Canada et exportées aux États-Unis avant d’être vendues à des pays dont on sait qu’ils ne respectent pas les droits de la personne — je crois que le député a parlé du Nigéria, à propos duquel le Canada a dénoncé des violations des droits de la personne.
Le Canada peut dire qu’il n’exporte pas directement des armes au Nigéria, mais avec le libellé actuel du projet de loi, il peut fabriquer ces armes sur son territoire et les exporter aux États-Unis, alors qu’on sait que, pour le président Trump, la situation des droits de la personne Nigéria n’est pas un problème. Le Canada pourra donc assembler ces armes aux États-Unis et les exporter au Nigéria, où ils pourront être utilisés pour réprimer des manifestations en faveur des droits de la personne et mater des groupes minoritaires de ce pays. C’est un exemple, mais il y en aurait bien d’autres.
Bien sûr, nous nous empresserons, à ce moment-là, de condamner les Américains et de leur reprocher d’exporter ces armes à un pays qui s’attaque à sa population, notamment à des militants des droits de la personne.
Le est aux Nations Unies aujourd’hui, pour y prononcer un discours. En fait, je crois qu’il va prendre le contre-pied des récentes déclarations du président Trump qui, dans son style belliqueux, a incité à la guerre, aux conflits et à la violence. J’encourage le premier ministre à le faire. Je suis d'ailleurs sûr qu'il le fera.
Cela dit, je trouve qu’il est un peu hypocrite de proposer au Parlement un Traité sur le commerce des armes qui permet en fait au Canada de se laver les mains de toute implication dans des exportations d’armes à des pays que nous condamnons publiquement, alors que nous continuons d’autoriser en privé nos fabricants à exporter des armes vers des pays qui ne respectent pas les droits de la personne.
Je me demande comment le gouvernement libéral peut assumer autant d’hypocrisie. Il lui suffirait de modifier le texte pour dire que nous n’exclurons pas les États-Unis du TCA. Je suis sûr que mon collègue de Toronto va alerter les électeurs de sa circonscription, tout comme mon collègue de Winnipeg, d’ailleurs, qui prendra la parole tout à l’heure. Nous devons affirmer clairement que nous ne vendrons pas d’armements à ce pays. Et nous ne devons pas faire indirectement ce que nous ne sommes pas prêts à faire directement.
Si nous ne voulons pas vendre des armes au Nigéria parce que ce pays ne respecte pas les droits de la personne, alors comment, pour l'amour du ciel, pouvons-nous les vendre aux États-Unis qui ne vont pas hésiter, eux, à les vendre directement à ce pays?
:
Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole sur cette question importante. Beaucoup de Canadiens s’y intéressent parce qu’ils veulent que le gouvernement du Canada fasse preuve de leadership sur la scène internationale à l'égard des dossiers importants.
Je m’insurge contre certaines observations faites par certains de mes collègues d’en face, surtout lorsqu’ils ont parlé d’hypocrisie dans ce dossier. Le député de en a donné un très bon exemple. Je vais tâcher d'être aussi clair que possible.
Les néo-démocrates aiment à jouer les parangons de vertu et se faire les gardiens de la morale quand ils accusent les autres d’hypocrisie. J’aimerais tout de même leur rappeler que, pendant la dernière élection fédérale, le chef du Nouveau Parti démocratique a déclaré devant les travailleurs, les syndicats et tous ceux qui voulaient l’écouter que le NPD respecterait l’entente signée avec l’Arabie Saoudite. Aujourd’hui, nous avons entendu des députés d’en face nous dire que celle-ci est déplorable, que le gouvernement ne devrait pas la respecter, alors que leur propre chef s’était engagé à le faire. Je constate qu’il y a un manque de cohérence dans les rangs du NPD, et j’espère qu’un de ces jours, ils sauront régler ce problème. Toutefois, il faudra attendre pour savoir qu'elle est réellement leur position à ce sujet.
Revenons maintenant à nos moutons, car je veux me concentrer sur le sujet du débat d'aujourd'hui et ce qui l'a suscité.
Ce dont nous parlons aujourd'hui devrait être familier au Parti conservateur. Il faut dire que plusieurs députés conservateurs sont nouveaux à la Chambre. Toutefois, lorsque Stephen Harper était premier ministre, il a envoyé des délégués à l'ONU pour participer aux discussions de 2012 qui ont mené à l'accord. Pour une raison ou une autre — et je ne comprends pas vraiment pourquoi — ils n'ont jamais signé l'accord. Un député dit savoir pourquoi. Pourrait-il alors nous dire pourquoi? Ce député voudrait-il dire aux Canadiens pourquoi les conservateurs ont refusé de signer l'accord même s'ils avaient participé aux discussions? Tous les pays du G-7, à l'exception du Canada, ainsi que les partenaires de l'OTAN, ont signé l'accord. Je ne sais pas pourquoi Stephen Harper était contre à l'époque ni pourquoi les conservateurs sont encore contre aujourd'hui.
Le gouvernement actuel est très différent, Dieu merci, du précédent gouvernement. Nous sommes conscients que le Canada peut jouer un rôle sur la scène internationale et que c'est ce qu'on attend de nous. D'ailleurs, aujourd'hui, le prend la parole pour la deuxième fois à l'ONU.
L'enjeu est important. Ce type de traités vise à rendre le monde plus sûr. De bons gouvernements stables et responsables de partout sur la planète saisissent l'importance d'adhérer à ces ententes. Au bout du compte, pourquoi ne prendrions-nous pas toutes les mesures possibles pour faire du monde un endroit plus sûr?
Lorsque Lloyd Axworthy était ministre, il y a quelques années, il a joué un rôle prépondérant dans la signature du traité sur les mines antipersonnel. Le Canada a pris les devants dans la gestion de ces mines. Trop souvent, nous entendons des histoires d'horreur sur des mines qui subsistent encore aujourd'hui. Au moins, le Canada, en compagnie de beaucoup d'autres pays, a reconnu que c'était la chose à faire.
Je le répète, nous parlons d'un traité qui a été négocié en 2012 et qui est entré en vigueur en 2014. Cela dit, le gouvernement précédent n'y est pour rien. Il a choisi de ne pas faire partie des pays qui travaillaient à son application. Au lieu de faire preuve de leadership dans le dossier, les conservateurs ont préféré rester les bras croisés.
Nous avons été témoins de la réalisation de bien des choses depuis le changement de gouvernement il y a deux ans. Mon accomplissement préféré est notre premier projet de loi, qui consistait à accorder un allégement fiscal à la classe moyenne du Canada et à augmenter un peu les impôts du 1 % le plus riche du Canada afin que les Canadiens de la classe moyenne aient plus d'argent dans leurs poches. Qu'il s'agisse de cette initiative, des initiatives d'infrastructure, des programmes de prestations aux aînés, de l'Allocation canadienne pour enfants ou de la loi sur l'aide médicale à mourir, beaucoup d'autres travaux de la Chambre ont été exécutés en deux ans. Ce traité représente une autre de ces questions prioritaires. Le ministère a examiné ce qui a eu lieu au cours des deux dernières années et nous sommes maintenant prêts à débattre le sujet aujourd'hui.
J'ai le sentiment que le Parti conservateur ne comprend pas nécessairement ce dont il est question aujourd'hui ou, tout du moins, le principe de ce que nous débattons. À en croire les questions des députés conservateurs, ils sont plus enclins à essayer de revenir sur un vieil argument concernant le registre des armes à feu, un sujet qui a été soulevé dans les années 1990 et à l'égard duquel le a été très clair. Ils le remâchent. Ce sont les conservateurs et les réformistes d'antan. Ils ont entièrement perdu de vue ce que les Canadiens attendent d'une opposition officielle, ce qui ne me dérange pas à certains égards.
Nous venons tout juste d'avoir une pause, ce qui était une merveilleuse occasion de retourner dans notre circonscription et d'écouter ce que les Canadiens avaient à dire. Or, de toute évidence, le Parti conservateur a perdu de vue ce à quoi les Canadiens s'attendent réellement du gouvernement. Nous débattons de la question, mais les conservateurs veulent changer la portée du traité. Ils veulent revenir en arrière. Par conséquent, je vais leur dire ce dont il est réellement question, et il ne s'agit pas du registre national des armes à feu.
Nous respectons les propriétaires d'armes à feu au Canada et nous avons été très clairs à ce sujet. Nous avons donné des réponses claires, même aux questions et aux préoccupations non pertinentes que, à mon avis, le Parti conservateur a soulevées seulement à des fins politiques, probablement pour essayer de semer la discorde. Plutôt que de montrer que le Parti conservateur joue un rôle de chef de file dans ce dossier, les conservateurs tentent de changer la portée ou de s'écarter de l'objet de la mesure législative.
Quelle est la portée du traité? Le traité porte sur les armes classiques. Si les députés lisaient le projet de loi, ils comprendraient que c'est de cela qu'il est question. Il faut écouter certains des députés conservateurs qui ont déjà pris la parole et qui ont parlé d'armes nucléaires, d'armes biochimiques et, comme nous le savons tous, du registre des armes à feu et de questions de ce genre.
Or, voici en fait l'essentiel du traité qui prévoit:
Le présent traité s'applique à toutes les armes classiques relevant des catégories suivantes:
b) Véhicules blindés de combat;
c) Systèmes d'artillerie de gros calibre;
e) Hélicoptères de combat;
g) Missiles et lanceurs de missiles;
h) Armes légères et armes de petit calibre.
Voilà l'objet du traité.
Un des députés conservateurs — je crois que c'était le député de — a demandé pourquoi nous acceptions ce traité alors que nous avons déjà des mesures en place pour traiter de cette question. Le député et les conservateurs passent à côté de l'essentiel. Tout d'abord, il faut comprendre ce qu'est en fait le traité, pourquoi nous en débattons aujourd'hui à la Chambre et d'où il provient. Les Nations unies, tous les autres pays du G7 et tous les autres pays de l'OTAN l'ont déjà accepté.
D'ailleurs, un de mes amis néo-démocrates a dit récemment qu'il y a différentes sortes de projets de loi, et que certains sont assez simples et devraient être adoptés rapidement. À mon avis, ce projet de loi en est un assez simple. Nous pourrions au moins le renvoyer en comité et permettre au comité de s'en occuper. S'il y a une chose que le gouvernement a très clairement démontrée, c'est que lorsque les comités font du bon travail et qu'ils sont prêts à proposer des idées qui pourront améliorer de façon réelle et tangible un projet de loi, et que cela est démontré en comité, le gouvernement est ouvert à ces types d'amendements.
Ce projet de loi ne devrait pas soulever tant de controverse. Il est en fait assez simple. Nous pourrions rendre un grand service aux Canadiens, à mon avis, en examinant la portée du projet de loi et en l'acceptant tel qu'il est au lieu de s'y opposer uniquement pour s'y opposer et d'essayer d'inventer des raisons de s'y opposer. Tâchons d'aller de l'avant.
Je n'essaie aucunement de limiter le débat. Si les députés veulent y contribuer, tel que je le fais, et parler de l'importance du traité, c'est très bien. J'irais jusqu'à dire, surtout puisque nous débattons d'un traité provenant des Nations unies et que nous avons un appui si fort de nos alliés, c'est-à-dire de tous les pays du G7 et de l'OTAN, que c'est formidable.
J'ai hâte de voir le projet de loi enfin adopté. Nous enverrions ainsi un message très important en reconnaissant essentiellement que des armes fabriquées et distribuées partout dans le monde peuvent aboutir dans n'importe quelle région du globe.
Malheureusement, il arrive trop souvent que des pays mettent la main sur des armes de toutes les provenances. Évidemment, c'est surtout le Canada qui nous préoccupe, mais pas seulement ce pays. Si des armes tombent entre de mauvaises mains, ce qui peut arriver, alors nous devons prendre des mesures de protection afin d'atténuer ce risque.
Voilà ce qui me semble être l'objectif de ce traité. Il s'agit d'atténuer les risques. Si les pays responsables du monde entier choisissent de ne rien faire, alors il y aura encore plus de terrorisme et d'atteintes aux droits de la personne.
Les traités de cette nature — en particulier ceux qui portent sur les marchandises que j'ai énumérées — impliquent une responsabilité. Lorsque l'on compare la population du Canada, qui compte 35 ou 36 millions d'habitants, avec celle d'autres pays, on se demande souvent à quel point le Canada peut avoir une véritable influence dans le monde.
Les uns après les autres, des députés de tous les partis — néo-démocrates, conservateurs comme libéraux — ont rappelé que, bien que le Canada ne compte que 35 millions de personnes, il exerce une influence énorme sur l'ensemble de la planète. C'est une influence qu'il a méritée, selon moi.
Cette influence découle des gestes que nous posons tous. En effet, les parlementaires comme les gens de partout au pays répondent à l'appel. Quand une inondation majeure, un tremblement de terre puissant ou une autre catastrophe survient quelque part sur la planète, les Canadiens, qu'il s'agisse de particuliers, de groupes à but non lucratif ou de gouvernements, sont les premiers à répondre présents, parce que nous ne nous soucions pas seulement du Canada, mais de tout ce qui nous entoure.
Au fil des ans, nous avons acquis une excellente réputation sur la scène mondiale, et j'en suis extrêmement fier. Comme plusieurs députés, j'ai voyagé à l'extérieur du pays; bien des gens m'ont dit que le Canada est un pays fantastique et m'ont transmis leurs remerciements. J'ai eu le privilège de servir dans les Forces armées canadiennes. Je suis tout à fait conscient du carnage que peuvent causer certaines des armes que j'ai mentionnées. J'ai pris part à des défilés et à des célébrations du jour du Souvenir, et à divers événements qui soulignaient les réalisations remarquables des membres actuels et des anciens membres des Forces armées canadiennes.
Grâce à ce que j'ai appris de mon expérience personnelle et en écoutant d'autres personnes parler de leur expérience, j'ai une bonne idée du genre d'armes dont il est question dans ce traité. Les libéraux souhaitent que le traité soit adopté et que le Canada se joigne aux autres pays du G7 et de l'OTAN. Nous appuyons le projet de loi à l'étude et, en fin de compte, le traité lui-même.
J'aimerais m'attarder sur les messages les plus importants. Le gouvernement est résolu à adopter une position globale, axée sur la compassion et fondée sur les données probantes dans ce dossier.
Voici ce que dit le sommaire du projet de loi:
Le texte modifie la Loi sur les licences d’exportation et d’importation de façon à:
a) définir le terme « courtage » et à établir un cadre pour contrôler le courtage fait au Canada ou à l’étranger par des Canadiens;
b) autoriser la prise de règlements dans lesquels sont prévus les facteurs obligatoires dont doit tenir compte le ministre pour la délivrance de licences d’exportation ou de courtage;
c) fixer le 31 mai comme date limite pour le dépôt par le ministre, devant chaque chambre du Parlement, d’un rapport sur l’application de la présente loi au cours de l’année précédente ainsi que d’un rapport sur les exportations militaires faites au cours de l’année précédente;
d) porter à deux cent cinquante mille dollars l’amende maximale pour une infraction punissable par procédure sommaire [...]
C'est loin d'être tout. J'aimerais prendre quelques instants pour parler de l'importance de cette industrie pour le Canada. Ce serait commettre une énorme erreur que d'en faire fi, et j'aurai sans doute l'occasion d'y revenir si quelqu'un me pose une question là-dessus.
:
Monsieur le Président, je me suis levé déjà plusieurs fois, sans jamais réussir à obtenir la parole. Je ne me suis probablement pas levé assez vite. Avant d'entrer dans le vif du sujet, je fais remarquer que le programme du Parti libéral est fondé sur l'hypocrisie. Je n'accuserais jamais mes collègues néo-démocrates d'une pareille chose. Je sais qu'eux, au moins, ils ont des convictions.
Il nous arrive souvent d'être en désaccord, mais du côté des libéraux, l'objectif ultime est de conserver et d'utiliser le pouvoir. Nous pouvons le constater précisément dans le projet de loi dont nous sommes saisis qui propose l'adhésion au TCA. Les libéraux disent une chose mais la loi dit quelque chose de totalement différent. Au moyen de réponses toutes faites, de communiqués de presse et de discours préparés avec soin par des employés exonérés, les libéraux affirment ne pas avoir l'intention de créer un registre, alors que c'est précisément ce qu'ils sont en train de faire.
Le a mentionné que les pays du G7 et les pays de l'OTAN ont signé l'accord et le respectent. Les États-Unis, qui figurent au nombre des plus importants fabricants d'armes et de matériel militaire, ont signé l'accord, mais ne l'ont pas ratifié. Le secrétaire parlementaire a commis une erreur factuelle à ce sujet dans les propos qu'il a tenus à la Chambre.
Il existe un proverbe yiddish qui dit que la moitié d'une réponse peut aussi être révélatrice. Nous avons entendu beaucoup de ce genre de réponses de la part des députés d'en face. Ils ne disent pas tout. À maintes reprises, j'ai voulu me lever pour leur demander de me montrer quelles dispositions du projet de loi et du traité assurent que les tireurs d'élite, les chasseurs et les tireurs sportifs ne seront pas touchés par un registre des armes à feu. Pourtant, c'est exactement le contraire qui va se passer. Dans mon intervention, je m'emploierai surtout à montrer que cette mesure créera un régime axé sur la collecte et le regroupement de renseignements qui nuira aux propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi. Je précise que ce régime ne sera pas forcément régi directement par le gouvernement fédéral.
Ce matin, nous avons entendu le présenter ce projet de loi et faire grand cas du fait qu'il n'aura aucun impact sur les propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi. Il exécute les basses besognes de la aujourd'hui. C'est évident. Quel est l'article? Pourquoi n'a-t-il pas dit à la Chambre quel article protège les propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi et tournés vers la famille qui désirent simplement s'adonner aux plaisirs de la chasse ou du tir sportif avec des amis pendant le week-end? Où est l'article de la mesure législative qui parle précisément d'eux et les exempte de l'application de certains articles de ce projet de loi? Pourquoi les libéraux n'ont-ils pas décidé d'ajouter quelque chose dans le préambule de la mesure législative modifiée qui dirait qu'ils savent que les Canadiens ont le droit de posséder légalement et pour un motif légitime des armes à feu? Pourquoi n'ont-ils pas ajouté une disposition pour préciser cela?
Pourquoi les libéraux n'ont-ils pas exprimé les réserves qu'ils avaient de cette manière? Si on ne trouve pas une telle disposition dans le traité sur les armes des Nations unies, pourquoi ne pas simplement la rajouter? Ils auraient pu le faire. Cela aurait été une manière de montrer aux propriétaires légitimes d'armes à feu canadiens qu'ils peuvent compter sur le gouvernement et que celui-ci les écoute effectivement.
Le mieux que j'ai pu trouver est un communiqué de presse publié sur le site Web du gouvernement du Canada qui dit ceci:
Le projet de loi concorde avec les contrôles à l’exportation qu’exerce déjà le Canada et avec son système d’évaluation des demandes de licences d’exportation. Les changements proposés n’auront pas d’incidence sur l’utilisation légitime et légale d’armes à feu à des fins sportives.
On aurait pu incorporer ce message dans un préambule plutôt que dans un communiqué qui n’a vraiment aucune force légale. Pourquoi ne l’a-t-on pas fait?
Dans son intervention, le député de a très bien expliqué l’action menée à ce jour par le Canada. Il a présenté de façon exhaustive l’évolution du régime de contrôle que le Canada a élaboré pour les exportations et les importations d’équipement militaire, depuis les années 1940 jusqu’à aujourd’hui.
L’article 10 du traité concerne le courtage, son mode de contrôle actuel, les formalités à remplir pour l’obtention d’un permis, ainsi que les attestations de documents qu’il faudra prévoir. Il stipule même que les courtiers pourraient être tenus de s’enregistrer ou d’obtenir une autorisation écrite avant d’exercer leurs activités. Ces mesures s’appliquent à l’équipement militaire.
Le secrétaire parlementaire a passé en revue la liste figurant à l’article 2, la portée du traité. Je le ferai également, mais je veux tout d’abord parler de la conservation des données qui inquiète beaucoup de propriétaires d’armes au Canada et dont traite en détail l’article 12 du traité, par exemple:
Chaque État Partie tient, conformément à sa législation et à sa réglementation nationales, des registres nationaux des autorisations d’exportation ou des exportations effectives […]
Suivent d’autres détails, tels que: « […] à transiter ou être transbordées sur tout le territoire relevant de sa juridiction. » Le traité mentionne en outre les armes classiques effectivement transférées, ainsi les détails sur la certification, tels que les types de registre à tenir.
Le projet de loi modifie le paragraphe 10.3(1) de la loi, qui porte sur la tenue des registres, ainsi que les paragraphes 4, 5 et 6 du même article. Pourtant, la loi permet déjà au ministre d'exiger qu'une personne ou une organisation tienne les registres qu'il précise. Le ministre peut leur dicter ce qu'elles doivent faire concernant les registres.
Le secrétaire parlementaire a parlé du champ d'application du traité et s'est mis à lire à voix haute les types d'armes concernés. Je vais le faire également, simplement pour rafraîchir la mémoire de la Chambre.
Le champ d'application du traité est précisé à l'article 2. Il s'agit des chars de combat, des véhicules blindés de combat, des systèmes d'artillerie de gros calibre — nous convenons tous que le Canadien moyen ne devrait pas être propriétaire de ce genre de choses —, les avions de combat, les hélicoptères de combat, les navires de guerre, les missiles et les lanceurs de missiles, ainsi que les armes légères et les armes de petit calibre.
J'ai sous la main une version électronique du dictionnaire Merriam-Webster et j'y vois la définition du terme « armes légères ». Ce sont des armes, comme les armes de poing et les fusils, avec lesquelles on peut faire feu en les tenant dans une main ou dans les deux mains. Il pourrait s'agir d'armes à usage civil ou à usage militaire. De nombreuses armes à feu peuvent avoir deux usages. Elles sont utilisées par des forces militaires un peu partout dans le monde, y compris même par des alliés du Canada, pour l'entraînement des militaires et pour les programmes de cadets. Elles ont aussi d'autres usages secondaires.
Très souvent, un fabricant produira deux versions de la même arme à feu, l'une à des fins civiles et l'autre à des fins militaires. Selon le député, c'est l'équipement militaire qui est visé par le traité et par la loi. Or, c'est plutôt tout le monde qui est ciblé parce que tous les fabricants le sont. C'est là où il y a un problème.
Le député a insisté sur le fait que le gouvernement conservateur de l'époque a participé aux négociations sur le traité. J'ajouterai que des gouvernements négocient de multiples traités. Parfois, si un gouvernement se retrouve en mauvaise posture ou s'il n'obtient pas ce qu'il veut d'un traité, il décide de ne pas y adhérer, peu importe qu'il s'agisse d'armes à feu, de contrôle des exportations d'équipement militaire ou de réglementation financière. C'est au moment de la signature que les gouvernements déterminent s'ils sont d'accord avec les principes du traité et, souhaitons-le, s'ils pensent réussir à le faire ratifier par leur Parlement. On peut espérer qu'ils se tournent ensuite vers leur Parlement pour cette étape.
Je vais donner un exemple. Si, à l'occasion de notre anniversaire de mariage, moi et ma femme décidons de partir pour une fin de semaine de chasse au canard — nous avons déjà essayé de le faire, mais avions manqué de temps — et que je vais acheter un fusil de chasse Beretta très précis, un fusil semi-automatique A400 Xtreme de calibre 12 de 2 200 $, chez Cabela's à Calgary. Aux termes du traité et de ce projet de loi, je serais considéré comme l'utilisateur final.
Le gouvernement conserverait alors des données sur mon achat de cette arme à feu et informerait le gouvernement italien que j'ai acheté ce fusil. Voilà ce qu'est un registre des armes à feu. Où est le souci du respect des lois sur la vie privée? Pourquoi le gouvernement italien a-t-il besoin de savoir si je possède ce fusil de chasse Beretta? J'aimerais savoir. Où est la préoccupation quant au respect de la vie privée des Canadiens propriétaires d'arme à feu, lorsque leurs renseignements sont communiqués de la sorte à un autre gouvernement? Je sais que les pays de l'OTAN participent. Je parlerai de cela plus tard.
Ce que nous voyons dans le Traité sur le commerce des armes, et particulièrement dans ce projet de loi, c'est un système à deux niveaux. Un niveau pour les despotes et les tyrans de ce monde, et un autre pour les démocraties respectueuses de la loi.
Rappelons-nous le débat que nous avons eu, il y a quelques jours seulement, concernant le projet de loi , lorsque nous avons abordé la question de la protection de la vie privée et des contrôles douaniers américains. Un parti s’était montré particulièrement préoccupé de ce côté-ci de la Chambre, le Nouveau Parti démocratique, qui s’inquiétait du droit à la vie privée des Canadiens.
Qu’en est-il du droit à la vie privée des propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi au Canada? Que fait-on pour eux? Que doit-on penser de la communication à un autre gouvernement des détails concernant les armes que ces gens possèdent, la façon dont ils les ont achetées, les données de leurs cartes Visa ou MasterCard? Dans quelle mesure cet autre gouvernement doit-il être informé de ces choses?
Évidemment, le propriétaire de l'armurerie doit être au courant de ces détails pour honorer la garantie. Si un problème se produit et que mon arme est défectueuse, je dois la rapporter au propriétaire du magasin, afin que le fabricant puisse la réparer.
Voici un exemple de ce qui se produit. Mettons qu'il s'agit d’une arme qui a un double usage. Il en existe une version militaire qui sert à l’entraînement et elle peut être utilisée pour le tir à la cible. Beretta fabrique beaucoup de matériel militaire et une partie de celui-ci a un double usage: un usage militaire et un usage civil. Je ne crois pas que nous faisions la distinction ici.
J’ai parlé de ces deux mondes que nous créons, en quelque sorte. La Russie et la Chine n’ont pas signé le Traité sur le commerce des armes. La Russie figure parmi les plus grands exportateurs dans le monde, mais elle n’adhère pas au Traité. Elle exporte 39 % de son matériel militaire vers l’Inde, 11 % vers la Chine et 11 % vers le Vietnam, ses trois principaux marchés. Aucun de ces trois pays n’est signataire de ce traité.
Du total des exportations de matériel militaire de la Chine, 35 % vont au Pakistan, 20 % au Bangladesh et 16 % au Myanmar. Le Pakistan n’est pas signataire de ce traité. Le Bangladesh l’a signé, mais ne l’a pas ratifié, ce qui fait qu'il n'est pas appliqué. Il a toutefois l’intention de l'adopter. Le Myanmar n’adhère pas au traité non plus.
Cela crée deux mondes. Dans le monde occidental, les démocraties sont d’accord pour qu’il existe un contrôle des armes et elles croient qu’il est nécessaire de savoir qui est l’utilisateur final. En principe, je ne suis pas en désaccord avec cela. Il est important d’assurer un suivi des ventes et de comprendre où vont les armes, peu importe la nature du matériel militaire figurant dans la liste, et c’est pour cette raison que le gouvernement canadien l’a fait, comme l’a mentionné le député de , grâce à la Loi sur les licences d’exportation et d’importation. Nous sommes au courant de cette question et nous appliquons ces mesures depuis les années 1940. Par conséquent, nous savons déjà que nous assurons un suivi de toutes les exportations de matériel militaire, en utilisant les catégories négociées par l’Organisation mondiale des douanes, et nous le faisons de concert avec cette organisation. Nous avons fait notre part et nous avonss pris les mesures que nous souhaitons que d’autres pays prennent maintenant.
Comme l’a mentionné le député de , l’option d’interdiction complète est assurée grâce à la liste de contrôle. Le député a mentionné la Corée du Nord et l’Iran, et nous pouvons ajouter d’autres pays à cette liste. D’autres régions pourraient figurer dans la liste si tel était le souhait du gouvernement. Cette option et le mécanisme pour l’appliquer sont déjà disponibles.
Des problèmes de libellé se posent également dans les dispositions législatives. C’est l’avis de l’Institut Rideau. Je sais que cela peut sembler bizarre qu’un conservateur mentionne une opinion venant de l’Institut Rideau, mais j’aime bien examiner les deux côtés de la médaille et me pencher sur les problèmes que posent des dispositions législatives particulières pour la gauche et pour la droite. Il a été fait mention d’un problème de libellé dans l’article 7 de ce projet de loi, et on se demande pourquoi le gouvernement permet qu'une disposition essentielle soit établie par règlement, alors qu'elle devrait apparaître dans la loi d’habilitation, à savoir l’obligation légale du concernant l’évaluation des permis d’exportation. Tous ces critères figurent déjà dans la loi, mais on les déplace pour les inscrire dans un règlement.
J’ai déjà mentionné cela en comité relativement à d’autres projets de loi. J’ai siégé au comité des affaires étrangères, mais je suis passé au Comité permanent des finances. Devant nombre des comités où j’ai passé, j’ai mentionné que la loi devrait être plus précise que le règlement et qu’un plus grand nombre de décisions devraient être prises par la Chambre et l’autre endroit que par quelques ministres assis autour d’une table. On devrait permettre à un plus grand nombre de gens d’avoir voix au chapitre en ce qui a trait aux catégories et aux critères devant s’appliquer, particulièrement pour un enjeu comme l’exportation et l’importation de matériel militaire. Il s’agit là de l’un des problèmes que pose le libellé, selon moi, sans parler des autres que j’ai déjà mentionnés.
Si le gouvernement prétend qu’il est du côté des propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi, il aurait pu soumettre une clause assurant plus de clarté, changer le préambule et l’inscrire dans la loi. Toutefois, il a choisi de ne pas le faire. C’est un choix qu’il a fait. Le gouvernement peut bien publier de nouveaux communiqués, faire des discours et afficher autant de commentaires qu’il veut sur Facebook, cela ne change pas le fait que la loi ne fait pas la distinction entre le matériel fabriqué à des fins militaires et celui fabriqué à des fins civiles. Le fabricant est le même, et le matériel est fabriqué au même endroit.
Ce n’est pas avec le principe du contrôle des armes à feu que nous sommes en désaccord. Évidemment, la population est d’accord pour contrôler l’acheminement de matériel militaire vers d’autres pays. C’est pourquoi nous le faisons depuis les années 1940. Ce avec quoi les conservateurs sont en désaccord, c’est l’absence de protection pour les propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi dans les dispositions législatives ou dans le traité proprement dit. Il s’agit là d’un enjeu grave.
Le sommaire du projet de loi fait état d’une augmentation des amendes, comprend le terme « courtage » et précise que les personnes qui s'adonnent à des opérations de courtage devront désormais obtenir une autorisation pour agir en tant qu’intermédiaire lors de ventes d’équipement militaire. Il est question d’un rapport devant être déposé à la Chambre qui détaillera les exportations militaires de l’année précédente. Par contre, comme les néo-démocrates l’ont dit, les États-Unis ne seront pas visés, car il s’agit d’un allié de confiance. Je suis d’accord. Les États-Unis sont un partenaire digne de confiance; c’est la deuxième démocratie au monde, après le Canada. Le gouvernement a remplacé l'exigence voulant que seuls les pays avec qui le Canada a conclu un arrangement intergouvernemental puissent être ajoutés à la liste des pays désignés pour les armes automatiques par l'exigence selon laquelle un pays ne peut être ajouté à la liste que sur la recommandation du ministre, après consultation du . Encore une fois, les ministres décident et le Parlement est mis devant le fait accompli après coup. Je préférerais de loin que nous soyons mis au courant en premier et que ce soit la Chambre qui décide des règles et des façons de faire.
Après notre retour du congé d’été, j’ai trouvé intéressant de constater, en écoutant le , que je m’ennuyais de cette partie de ma journée et des débats que lui et moi nous avons à la Chambre, lors desquels il a l’habitude d’être au sommet de sa forme.
J’ai bien aimé faire ma tournée de Winnipeg cet été et écouter les électeurs des diverses circonscriptions. Le a mentionné qu’il était prêt à débattre de la mesure plus longuement. Cependant, tout juste avant notre retour, au cours d’une entrevue qu’elle donnait à CTV ou à CBC, la leader du gouvernement à la Chambre a menacé de recourir plus souvent à l'attribution de temps au cours de la session afin que le gouvernement puisse réaliser son mandat. Par contre, le tient un autre discours. Je présume que le député discute régulièrement avec la leader du gouvernement. Donc, je me demande si le gouvernement présentera une motion d’attribution de temps pour ce projet de loi si plus de députés prennent la parole au nom des propriétaires légitimes d’armes à feu, des chasseurs et des amateurs de tir sportif. J’en ai rencontré plusieurs durant la dernière campagne électorale. Je dis toujours à mes bénévoles de campagne que s’ils remarquent une porte de garage ouverte et voient quelqu’un qui répare ou nettoie une arme à feu dont il le propriétaire légitime, de ne pas le déranger. Ce n’est pas le moment idéal. Il vaut mieux revenir plus tard.
En soi, un traité ne sert à rien. Ce n’est qu’un bout de papier. L’un des problèmes posés par la ratification du Traité sur le commerce des armes par le gouvernement, c'est que les libéraux parviendront à faire adopter le projet de loi, car ils ont le nombre en leur faveur. En fin de compte, ils obtiendront ce qu’ils veulent et les propriétaires légitimes d’armes à feu de partout au Canada, qui ont des préoccupations légitimes, seront les grands perdants.
Je souhaite poser ces questions au qui a présenté le projet de loi à la Chambre au nom de sa . À combien de propriétaires d’armes à feu a-t-il parlé? À combien de propriétaires d’armes à feu son ministère a-t-il parlé? À combien d’associations ont-ils parlé? Combien d’associations ont-ils consulté? Combien de gens ont dit que c’était une excellente idée et combien d’autres ont dit que c’était une mauvaise idée? Pourquoi? Je n’ai pas eu la chance de poser ces questions plus tôt, puisqu’il y a tellement de députés qui se sont levés pour avoir la parole que personne ne m’a remarqué.
Comme l’a expliqué le député de de façon si éloquente, nous avons déjà un système qui nous permet de contrôler efficacement les exportations et les importations d’équipement militaire. La grande préoccupation des députés de ce côté-ci de la Chambre concerne donc les droits et privilèges des propriétaires légitimes d’armes à feu, et pas seulement dans les régions rurales. Je représente une circonscription en milieu urbain où l’on compte beaucoup de tireurs sportifs. Le centre de tir Shooting Edge se trouve de l’autre côté de la rivière, aux abords de ma circonscription dans celle du député de . Il y a toujours foule. De nombreuses personnes aiment le tir, pour le sport et pour le défi. Cependant, ce traité créera un système de registre. Dans l’exemple que j’ai donné, le fabricant et le gouvernement de l’endroit où le siège social du fabricant se trouve sauront que je me suis procuré un fusil Beretta auprès de Cabela pour une somme donnée, de quel modèle il s'agit et ce qu'il peut faire. Cependant, il est aussi question de munitions. Ainsi, quand le député d’en face dit que le traité précise la portée et qu'il s'agit d'armes légères, il devrait consulter le dictionnaire, car il s’agit notamment d’armes de poing, de carabines ou d’armes à feu qu’on peut tenir d’une main ou des deux. C’est extrêmement vaste.
Les propriétaires d’armes à feu, qui ne sont pas niais et qui peuvent lire une loi, ont compris il y a longtemps que le Parti libéral du Canada n’est pas favorable aux propriétaires légitimes d’armes à feu. Le registre des armes à feu a cimenté cette idée. Je ne comprends donc pas comment les libéraux peuvent se porter à la défense de ce projet de loi et de la mise en œuvre d’un traité national tout en soutenant que cela n’aura absolument aucun effet sur les Canadiens qui possèdent légitiment une arme à feu et qui, tous les jours, rentrent tranquillement à la maison rejoindre leur famille. Leur propos ne tient pas la route.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi , un dossier important pour les députés de tous les partis.
Le Traité sur le commerce des armes détient le record de l'entrée en vigueur la plus rapide pour un traité de contrôle des armes. Le fait que ce traité ait obtenu aussi rapidement le nombre de ratifications requis pour entrer en vigueur illustre la très grande importance que la communauté internationale lui accorde.
Le Traité compte maintenant 91 États parties, et 42 autres États l’ont signé mais ne l'ont pas encore ratifié. Le moment est venu d’ajouter le Canada au nombre des États parties. Le Canada cherche depuis longtemps à faire valoir les contrôles à l'exportation comme moyen de réduire les risques associés au commerce illicite des armes classiques. L'adhésion au Traité, qui oblige tous les États parties à mettre en place des contrôles efficaces à l'exportation, est une suite logique de notre cheminement. L'adhésion du Canada au Traité montrerait à tous les Canadiens, d'un océan à l'autre, et à la communauté internationale que nous prenons l’engagement de nous attaquer aux risques associés au commerce irresponsable et illicite des armes classiques.
Cela dit, le Canada ne peut pas atteindre les objectifs généraux du TCA à lui tout seul. Le TCA a besoin de la signature d’un grand nombre de pays, c’est la garantie de son succès, car c’est de cette façon qu’il contribuera substantiellement au maintien de la paix et de la sécurité dans le monde.
Les terroristes s’approvisionnent en armes auprès de sources illicites ou insuffisamment contrôlées. Les organisations criminelles internationales profitent du commerce illicite des armes. L’accès facile aux armes classiques encourage les conflits et l’instabilité. En interdisant la vente illégale ou le détournement de ces armes, le Traité contribuera à réduire ces conflits, voire à les stopper. C’est là l’objectif du TCA, mais il faut pour cela qu’un maximum de pays y adhèrent et qu’il soit rigoureusement appliqué et respecté dans le monde entier.
J’ajouterai que la réglementation adéquate du commerce des armes n’empêche pas les pays de satisfaire leurs besoins légitimes en matière de défense et de sécurité. Le Traité reconnaît la légitimité du commerce international des armes lorsqu’il est fait de façon responsable et qu’il est assujetti à des contrôles soigneusement élaborés. En acceptant des normes internationales pour le transfert d'armes, les États signataires du TCA font un compromis entre leurs intérêts nationaux en matière de sécurité, y compris l’utilisation légitime des armes, et la nécessité de s’attaquer aux conséquences du commerce non réglementé des armes classiques.
Le Canada a un rôle à jouer dans la promotion de l’universalisation du Traité sur le commerce des armes. Nous avons déjà commencé à le faire en participant, à titre d’observateur, à des rencontres des États parties au TCA et en appuyant les efforts multilatéraux qui visent à encourager d’autres États à ratifier le TCA ou à y adhérer.
Ce que nous faisons aujourd’hui peut servir d’exemple aux autres États qui envisagent d’adhérer au TCA.
Premièrement, nous exprimons notre engagement à l’égard de la mise en œuvre intégrale du Traité. L’adhésion au TCA est une procédure relativement simple pour le Canada. Nous respectons déjà l’esprit du Traité et nous avons mis en place des contrôles rigoureux aux exportations. Toutefois, le gouvernement voit bien qu’il doit faire davantage. Le Canada ne respecte pas complètement certaines dispositions du TCA, notamment en ce qui concerne le contrôle du courtage, et nous avons décidé de ne pas adhérer au TCA tant que nous ne serons pas en totale conformité avec cette disposition.
Deuxièmement, nous avons fermement l’intention de mettre en œuvre le TCA en respectant et même en dépassant les exigences du Traité. Le projet de loi vise à renforcer nos contrôles à l’exportation, afin de nous conformer aux exigences du TCA et même de les dépasser. Nous comptons faire part de notre expérience à d’autres pays au cours des prochaines rencontres des membres du TCA.
Cela dit, donner l’exemple ne suffit pas. Tous les États parties au TCA doivent mettre en place un système national de contrôle des armements. Ils doivent renforcer leurs lois, leurs règlements et leurs mécanismes d'application de la loi. Le gouvernement reconnaît que la mise en place de nouveaux systèmes législatifs et de nouveaux contrôles aux exportations peut être difficile, surtout pour les États qui n’ont pas beaucoup d’expérience dans ce domaine.
Nous nous sommes donc engagés à aider les autres États qui veulent adhérer au TCA ou qui en sont déjà membres mais qui sont dans l’impossibilité d’en appliquer toutes les dispositions. Le gouvernement a ainsi versé 1 million de dollars au Mécanisme de financement des Nations Unies pour la coopération en matière de réglementation des armements. L’UNSCAR est un mécanisme de financement multidonateurs flexible, ayant pour objet de financer des projets visant à appuyer la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes et le Programme d’action relatif aux armes légères. Par l’entremise de ce mécanisme, le Canada collabore avec d’autres partenaires internationaux et avec les Nations unies pour aider les États à adhérer au TCA et à en mettre en œuvre toute les dispositions.
Il est regrettable que, dans plusieurs régions du monde où le trafic des armes classiques contribue à envenimer les conflits, il n’y ait encore qu’un petit nombre d’États signataires du TCA. Le mécanisme de financement onusien peut aider ces États à renforcer leur législation et leurs contrôles, et à mieux gérer leur arsenal d’armements. En mettant l’accent sur le genre et les enfants, il sert les objectifs du TCA et peut apporter un appui réel à ceux qui sont souvent les victimes du commerce illicite des armes classiques.
Certes, le TCA ne mettra pas fin, à lui seul, au trafic illicite des armements, et c’est la raison pour laquelle notre gouvernement a conclu un partenariat avec une ONG, Small Arms Survey, en lui versant 224 000 $ pour dresser la liste des armes qui circulent dans cette région très sensible qu’est le triangle Libye-Tchad-Soudan. Cette liste servira de point de départ à la mise en œuvre d’actions concrètes pour réduire le commerce illicite des armes le long des routes identifiées par l’ONG. De cette façon, nous contribuerons concrètement à réduire l’accès aux armes dans une région où elles nuisent à la sécurité et au développement socio-économique de la population. Nous voulons aussi promouvoir la sécurité internationale en interdisant le trafic des armes aux groupes terroristes et criminels de la région.
Le Canada peut jouer un rôle important dans la promotion de l’universalisation du TCA. Cela dit, nous ne pouvons le faire que si nous assumons un rôle de leadership, et c’est précisément ce que le gouvernement est en train de faire sur un certain nombre de fronts, pour contrecarrer la prolifération des armes classiques et promouvoir des contrôles rigoureux des exportations, afin de veiller à ce que le commerce légitime des armes classiques se fasse de façon responsable, ce que nous souhaitons tous, j’en suis sûr. Il est donc crucial que nous nous joignons aux efforts collectifs de nos partenaires et alliés internationaux, dans le cadre du Traité sur le commerce des armes. Le Canada doit être présent.
Il est temps que le Canada fasse la promotion des normes reconnues par la communauté internationale en matière de commerce des armes, dans le but de réduire les souffrances des populations, d’empêcher que des armes soient utilisées en violation du droit humanitaire international et des droits de la personne, et de combattre le terrorisme et le crime organisé.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de Peace River, qui interviendra après moi.
C’est un honneur de participer au débat sur le projet de loi . Comme le gouvernement a signé le Traité sur le commerce des armes des Nations unies, ce projet de loi est l’une des premières étapes qu’il entreprend pour remplir ses obligations.
Le Traité sur le commerce des armes a une très vaste portée. Il régit le commerce de toutes les armes, des plus petites armes légères aux gros chars de combat en passant par les avions de chasse. En fait, l’article 5 du Traité exige explicitement qu’on l’applique « à une gamme aussi large que possible d’armes classiques ». Je ne comprends toujours pas pour quelle raison un même traité régirait les fusils de chasse illégaux et les hélicoptères de combat, mais peut-être que mes collègues d’en face pourront me l’expliquer.
Ce traité a malheureusement une portée si vaste qu’il sera prudent d’examiner de très près le processus que suivra le Canada pour assumer ses obligations. Nous devrons veiller à ne pas nuire aux honnêtes propriétaires d’arme à feu.
Reconnaissons que le Traité sur le commerce des armes vise des objectifs admirables. C'est évidemment un objectif admirable que de prévenir le commerce illicite d’armes classiques et de chercher à l’éradiquer. Le Canada ne peut pas rester les bras croisés pendant que des armes affluent dans les zones de conflit, où elles peuvent servir à causer des souffrances atroces à des populations entières et à alimenter des organisations terroristes.
Les conservateurs appuient depuis toujours les mesures qui visent à définir des normes internationales de contrôle des armements. Cependant, le propre ancien ministre du gouvernement actuel, l'ex-député de Saint-Laurent, a affirmé en juin 2016 : « [...] le Canada satisfait déjà la grande majorité des obligations du TCA. » Il a aussi dit : « En fait, le TCA visait à amener les autres pays à respecter les normes élevées que le Canada applique déjà grâce à son solide régime de contrôle des exportations. »
En repensant à ces remarques, je me demande s’il est sage d’infliger un bouleversement réglementaire à l’industrie de l’armement en signant le Traité sur le commerce des armes et en présentant ce projet de loi. Il semblerait que le Canada s’y conformait déjà plus que nécessaire. Rappelons ici que les principaux pays exportateurs d’armes, comme le Pakistan, la Russie et la Chine, n’ont pas signé ce traité, ce qui amoindrira la capacité de contrôler concrètement et efficacement le commerce des armes dans le monde.
Soulignons aussi que, contrairement à ce que disent les libéraux, le Canada n'est pas le seul partenaire du G7 à ne pas avoir ratifié le Traité. Notre plus proche allié et partenaire commercial, les États-Unis, ne l’a pas ratifié non plus, donc nous ne sommes pas du tout les seuls à ne pas l’avoir fait.
Il est également troublant que la portée de ce traité soit si étendue. Il ne reconnaît pas le droit légitime de posséder des armes à feu à des fins personnelles et récréatives. La teneur du préambule ne se trouve pas dans le Traité.
Je suis toutefois heureux que le gouvernement soit au moins animé de bonnes intentions en voulant contribuer à l'atteinte des objectifs déclarés du Traité, c'est-à-dire la paix et la stabilité dans le monde ainsi que la réduction des souffrances humaines.
Cela dit, je représente une circonscription qui contient une vaste population rurale. Je me demande sérieusement en quoi les modifications que ce projet de loi apporterait à la Loi sur les licences d’exportation et d’importation pourraient se répercuter sur les armes à feu légales. Au Canada, les armes à feu légales sont soumises à un vaste régime réglementaire très sévère. La Loi sur les armes à feu régit le transport, l’entreposage et l’exposition des armes à feu légales par des particuliers. Elle encadre aussi les permis de possession et d’acquisition. De plus, la Loi sur les licences d’exportation et d’importation considère actuellement les armes à feu comme des marchandises d’importation contrôlée.
Bien que le gouvernement nous assure que les modifications proposées ne toucheront pas l’utilisation licite et légitime d’armes sportives, la mise en œuvre de contrôles et de licences de courtage alourdit encore plus le sévère régime réglementaire déjà en vigueur. Les nouvelles licences de courtage semblent régir tout ce qui concerne les armes à feu, même les accessoires, comme les optiques.
La première question que l’on se pose en lisant ce projet de loi, c'est celle-ci: quel nouveau fardeau bureaucratique les demandes de licences de courtage imposeront-elles à l’industrie canadienne des armes à feu?
On ne sait toujours pas précisément quels documents devront être soumis à l'appui d'une demande de licence. Le gouvernement devrait avant tout rassurer les sociétés qui respectent les règlements actuels. Rassurons-les en leur disant que la nouvelle exigence d’obtenir une licence de courtage ne les contraindra pas à fermer boutique.
Il convient aussi de souligner que le gouvernement s'est engagé à établir une liste des marchandises de courtage contrôlé qui excédera les exigences prévues dans le Traité sur le commerce des armes en englobant plus de marchandises et de technologies.
Si l'on se fie à cette promesse, je présume que le gouvernement souhaite vraiment contribuer à l'atteinte des objectifs prévus dans le Traité sur le commerce des armes. Cependant, le gouvernement devrait aussi être conscient du fait que cette promesse soulève encore plus de questions pour les personnes qui possèdent des armes à feu en toute légitimité et les organismes du milieu, car ils ignorent ce qui, au bout du compte, pourrait découler d'une liste élargie.
Le projet de loi prévoit aussi que tous les documents portant sur une demande de licence de courtage soient conservés pendant six ans. De nouveau, le projet de loi ne précise pas les types de documents qui seront requis.
Nous n'avons éliminé que tout récemment ce fiasco coûteux qu'était le registre des armes d'épaule. Le gouvernement peut comprendre, j'en suis sûr, que les propriétaires d'armes à feu respectueux des lois se méfient de toute disposition qui exigerait la collecte de données sans en préciser la teneur.
Par exemple, les données sur les consommateurs feront-elles partie des documents requis pour l'obtention d'une licence? Encore une fois, il conviendrait que le gouvernement rassure les propriétaires légitimes d'armes à feu. Il pourrait nous dire comment le projet de loi sera conforme aux obligations prévues dans le Traité sur le commerce des armes, tout en respectant le commerce légitime et l'utilisation légale des armes à feu utilisées pour la chasse et le tir sportif.
La version actuelle de ce projet de loi n’indique aucunement quels documents il faudra présenter pour demander une licence de courtage dans le nouveau système. Nous ne savons pas quelles marchandises et quelles technologies le ministre pourra, à sa discrétion, ajouter à la liste des marchandises de courtage contrôlées. Nous ne savons pas quels documents conserver pendant la période obligatoire de six ans. Il est donc difficile de juger des répercussions qu’aura ce projet de loi sur les propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi.
L’ancien ministre des Affaires étrangères a annoncé que le Canada allait créer un nouveau domaine de réglementation, le contrôle du courtage, afin d’ajouter de la rigueur au système actuel. Il nous faut beaucoup plus d’explications sur ce nouveau domaine réglementaire qui ajoute de la rigueur au programme actuel.
Avec autant de questions sans réponses, il est incroyable que les libéraux n’aient presque pas mené de consultations auprès des propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi avant de déposer ce projet de loi.
Outre les questions que j’ai posées sans recevoir de réponse, le gouvernement sait-il combien il en coûtera à l’industrie des armes à feu pour s’adapter à ces nouvelles licences de contrôle du courtage? La transition vers les nouveaux règlements risque de causer de nombreuses pertes d’emploi chez les fabricants et chez les importateurs.
Si le gouvernement avait consulté le milieu des propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi, il saurait que les questions que je lui pose aujourd’hui sont importantes pour eux. Une grande partie de la population canadienne est déjà assujettie à un régime de réglementation sévère.
Le précédent gouvernement conservateur a refusé de signer le Traité sur le commerce des armes justement parce qu’il s’inquiétait des répercussions que ce traité aurait sur les propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi. Les Nations Unies ont refusé d’exempter les armes des civils des obligations de ce traité. Le gouvernement actuel a affirmé lui-même que le Canada respecte déjà la grande majorité des obligations du Traité sur le commerce des armes, et pourtant les libéraux ont décidé de le signer.
Le gouvernement ne cesse de répéter que ce traité ne touchera pas l’utilisation conforme aux lois que les particuliers font des armes à feu. Pourquoi ce traité régit-il alors les armes des civils? Pourquoi les Nations Unies refusent-elles de les exempter? Il y a lieu de se le demander.
Comme le Traité sur le commerce des armes ne protège pas les droits des propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi, il incombe au gouvernement de les rassurer en leur affirmant qu’en respectant ses obligations, il ne nuira aucunement à leurs droits. J'espère que le gouvernement agira de manière convenable en faisant preuve d’ouverture face aux intervenants de ce milieu.
Ce projet de loi vise à respecter nos obligations face à un traité qui régit autant les fusils de chasse que les systèmes d’artillerie de gros calibre. Il est crucial que le gouvernement écoute les propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi afin d’atténuer le tort que pourrait leur faire ce projet de loi.
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Monsieur le Président, j'ai présenté une motion d'initiative parlementaire à la législature précédente. Elle portait expressément sur le TCA et le fait que nous ne l'avions pas signé et n'en étions pas partie dans sa version alors en vigueur. C'était la motion M-589 et elle disait:
Que, de l'avis de la Chambre: a) le Canada dépasse déjà les normes sur les armes à feu prévues à la résolution 55/255 des Nations Unies (la résolution); b) les règles envisagées dans la résolution ne feraient rien pour accroître la sécurité publique et alourdiraient seulement le fardeau du milieu des armes à feu respectueux des lois; par conséquent, le gouvernement a déjà plus que rempli ses obligations à l'égard de la résolution et n'est pas tenu de prendre d'autres mesures.
Je mentionne cette motion aujourd'hui parce que les mêmes problèmes qui existaient lorsque je l'ai présentée pendant la dernière législature se posent encore de nos jours. Ce que doivent comprendre les personnes qui nous écoutent en ce moment et qui ne font peut-être pas partie des propriétaires d'armes à feu du Canada, c'est que le Canada a déjà un très bon système en place pour surveiller et autoriser la vente de matériel militaire dans le monde.
La Direction générale de la réglementation commerciale est chargée d'appliquer la Loi sur les licences d'exportation et d'importation, qui, depuis 1947, a permis au ministre d'empêcher que l'on fournisse du matériel militaire à certains pays pour diverses raisons, comme les menaces à la sécurité, les conflits internes et externes, ou des sanctions imposées par les Nations unies. Cette loi est déjà en vigueur et le Canada la respecte et l'utilise efficacement.
Je reviens aux propriétaires d'armes à feu du Canada. Pourquoi ne pas les exclure du Traité sur le commerce des armes? Ils seraient alors sans doute nombreux à dire que le Traité ne serait pas une chose si terrible, mais puisqu'ils n'en sont pas exclus, cela risque d'entraîner un grand problème pour eux.
J'aimerais revenir à ce qui s'est produit avant les élections de 2015. Le Parti libéral a promis de ne pas recréer de registre des armes à feu au Canada. C'était un dossier très chaud pour les libéraux. Beaucoup de Canadiens des régions rurales étaient contre le registre et cela posait de gros problèmes au gouvernement, puisque ce registre avait été créé par l'ancien gouvernement libéral.
C'était une mesure impopulaire. Avant les élections, les libéraux ont promis de ne pas répéter l'expérience, mais les gestes du ministre nous montrent maintenant le contraire. Il tente simplement d'agir en catimini, comme nous l'avons souvent dit. Le député de et moi l'avons dit lorsque le projet de loi à l'étude a été présenté. Comme le montre le projet de loi , le gouvernement souhaite vraiment ramener le registre, mais il tente de le faire en douceur, sans annoncer ses couleurs.
Voici quelques extraits du projet de loi, qui décrivent ce qui serait nécessaire. À l'intention de ceux qui nous écoutent, je rappelle qu'il s'agit du projet de loi et qu'il est possible de le consulter. L'extrait que je lirai dit que les propriétaires de commerces qui vendent des armes d'épaule et des armes à feu seraient tenus de tenir des registres.
On y prévoit ce qui suit:
La personne ou l’organisation qui demande une licence, un certificat, une autorisation d’importation ou d’exportation ou toute autre autorisation en vertu de la présente loi tient tous les registres permettant de vérifier si elle s’est conformée à celle-ci.
Une entreprise donnée qui vend des armes à feu pourrait en exporter aux États-Unis vers un acheteur américain. Cette disposition s'appliquerait alors à la base de données de l'entreprise. Une personne pourrait acheter une arme à feu auprès de cette entreprise. Or, ce que certains veulent savoir est ceci: quelles sont les limites en matière d'accès aux registres de cette entreprise? A-t-on accès à tous ses registres? Le registre sera-t-il accessible pour toutes les armes qui auront été achetées et vendues? Comme le projet de loi n'exclut pas les propriétaires d'arme à feu ou les propriétaires d'arme d'épaule, cela veut dire en réalité que le ministre aurait accès à toutes les bases de données.
Je vais aborder certains autres éléments du projet de loi et expliquer ce qui nous pose problème. Voici ce qu'on peut lire sous la rubrique « Registres électroniques »:
La personne ou l’organisation qui est obligée de tenir des registres et qui le fait par voie électronique veille à ce que le matériel et les logiciels nécessaires à leur intelligibilité soient accessibles pendant la période de conservation.
Il s'agit d'ordinateurs, qui doivent être accessibles. Sous la rubrique « Registres insuffisants », le projet de loi prévoit ceci:
Le ministre peut exiger par écrit que la personne ou l’organisation qui ne tient pas les registres nécessaires à l’application de la présente loi tienne ceux qu’il précise. Le cas échéant, elle est tenue d’obtempérer.
Il ne s'agit pas de registres en particulier, ce peut être n'importe quels registres.
La période de conservation est une autre source de préoccupation pour les groupes d'utilisateurs d'armes à feu. Est-il question d'une semaine seulement? La période sera-t-elle d'une durée précise? En fait, c'est beaucoup plus long qu'une semaine. Voici ce qu'indique le projet de loi:
La personne obligée de tenir des registres les conserve pendant la période de six ans suivant la fin de l’année qu’ils visent ou pendant toute autre période fixée par règlement.
La période peut aller jusqu'à sept ans. Le ministre de la Sécurité publique et l'actuel gouvernement obligeraient donc les entreprises qui font l'importation et l'exportation d'armes à feu — comme les petits marchands d'armes à feu locaux de chez nous, dans l'arrière-pays, comme Corlanes, à Dawson Creek — à rendre accessible un registre de leurs ventes. Voilà qui ressemble beaucoup à un registre d'armes à feu, selon moi.
Allons au fond de l'histoire, c'est-à-dire l'exigence du ministre. Voici ce qu'indique le projet de loi:
Le ministre peut exiger, par mise en demeure signifiée à personne ou envoyée par courrier, que la personne obligée de tenir des registres conserve ceux-ci pour la période précisée dans la mise en demeure, s’il est d’avis que cela est nécessaire pour l’exécution ou le contrôle d’application de la présente loi. Le cas échéant, la personne est tenue d’obtempérer.
Et voilà. C'est un registre créé de façon détournée. Le ministre a déjà parlé, dans une autre mesure législative dont nous serons saisis très bientôt, de remettre les données de l'ancien registre des armes à feu à une province canadienne. Il semble que le ministre veuille rassurer ses électeurs, particulièrement ceux de la Saskatchewan à qui il doit son retour à Ottawa, en leur disant qu'aucun gouvernement libéral ne proposera de nouveau un registre des armes à feu. Or, deux mesures présentées — aujourd'hui, le projet de loi et, plus tard, le projet de loi — font exactement le contraire. Voilà pourquoi les propriétaires d'armes à feu sont très inquiets.
L'ancien registre a démontré que cette approche est inefficace. En plus d'être très coûteux, il manquait sa cible. Je suis un propriétaire d'armes à feu en toute légalité. J'ai notamment reçu une formation sur la façon sécuritaire d'utiliser et de manipuler les armes à feu à autorisation restreinte et celles sans restriction. Pour les gens qui respectent la loi et suivent les règles, un registre est synonyme d'attention démesurée envers une communauté de personnes qui achètent et vendent des armes de façon sécuritaire et légale. Cela fait partie de notre histoire.
Je porte à ma boutonnière une épinglette. Je copréside le caucus parlementaire des amants du plein air. Certains de mes collègues d'en face font partie de ce caucus. Nous appuyons les chasseurs, les pêcheurs, les pourvoyeurs et les trappeurs. Nous respectons le fait que la traite des fourrures est à l'origine de l'histoire de notre pays. Bon nombre de mes concitoyens continuent de s'adonner à la chasse, au piégeage et à la pêche. J'aime moi aussi me livrer à ces activités quand le temps me le permet. Les types de lois dont il est question ici ont des effets négatifs sur ces gens parce que nous les ciblons comme si nous les considérions déjà comme des criminels, alors qu'ils n'ont rien fait de mal. Ils ont seulement choisi d'acheter une arme à feu pour chasser et nourrir leur famille.
Ce que je tente essentiellement de dire, c'est que le gouvernement libéral a affirmé qu'il n'allait pas établir un registre des armes à feu. Il n'a pas cessé de le répéter parce que c'est un enjeu qui revêt beaucoup d'importance pour bien des gens qui l'ont fait élire. En effet, un grand nombre d'habitants des régions rurales ont élu des députés libéraux parce qu'ils leur avaient assuré qu'un tel registre ne verrait jamais le jour. Pourtant, c'est exactement ce que le ministre et le gouvernement actuel tentent de faire. Les libéraux sont déterminés à établir un nouveau registre des armes à feu au pays, même s'ils doivent le faire de façon détournée.
Il faut rester vigilants. Les électeurs qui nous écoutent aujourd'hui doivent comprendre que ce qui se passe est grave. C'est pourquoi nous n'avons pas adhéré au Traité sur le commerce des armes lorsque nous étions au pouvoir, parce qu'il ne contient pas les exclusions visant les propriétaires d'armes à feu qui sont inscrites dans nos lois. Mon projet de loi d'initiative parlementaire concernait notamment cette question. C'était une raison de plus pour ne pas adhérer à ce traité.
Je demande au gouvernement d'y repenser avant d'aller de l'avant. Nous implorons le gouvernement de ne pas adhérer au TCA. Nous avons déjà bien assez de règlements et de lois qui accomplissent les mêmes objectifs que ceux du TCA en matière d'exportation d'équipement militaire. Les libéraux devraient penser aux propriétaires d'armes à feu à qui ils ont promis de ne pas créer un nouveau registre. J'espère que le gouvernement n'appuiera pas ce projet de loi.
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Monsieur le Président, moi aussi, je trouvais que ce que j'avais à dire était très intéressant. Je vous suis reconnaissant d'avoir attiré l'attention là-dessus.
Le projet de loi permettrait aussi au gouvernement de créer des règlements qui obligeraient les importateurs d'armes à feu à garder toutes leurs données relatives aux importations pendant au moins six ans, à en faire rapport et à les mettre à la disposition du gouvernement. Cela crée donc, dans sa plus simple forme, un registre des armes à feu de manière détournée. Les renseignements personnels devraient alors être enregistrés auprès des importateurs et des vendeurs et mis à la disposition du gouvernement. Cela ressemble beaucoup à un registre, à mon avis.
Par ailleurs, ces mesures engendreront des coûts additionnels pour les fabricants et les distributeurs d'armes à feu légales, lesquels seront en fin de compte refilés au consommateur, celui qui achète des armes à feu. Quelqu'un doit payer pour ces coûts additionnels que le projet de loi occasionnera.
Quand notre gouvernement conservateur était au pouvoir, nous avons écouté les Canadiens et éliminé le coûteux et inefficace registre des armes d'épaule. Au lieu de traiter les propriétaires d'armes à feu respectueux des lois comme des criminels, nous avons supprimé l'obligation de faire enregistrer les armes à feu sans restriction, les armes d'épaule, fusils et carabines, et nous avons détruit toutes les données dudit registre qui se trouvaient dans le Registre canadien des armes à feu et qui relevaient du contrôleur des armes.
S’il n’est plus nécessaire de détenir un certificat d’enregistrement pour les armes à feu sans restriction, on doit toujours avoir un permis pour acquérir une arme à feu. On est toujours tenu également de suivre le Cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu, de faire l’objet d’un contrôle de sécurité et d’obtenir un certificat d’enregistrement pour les armes à feu prohibées et à autorisation restreinte, telles que les armes de poing. Par ces changements, nous reconnaissons que l’usage d’armes à feu à des fins récréatives n’est pas criminel. Parallèlement, nous avons pris des mesures adéquates pour assurer la sécurité publique en exigeant des permis et en éduquant les gens sur le maniement sécuritaire des armes à feu.
L’accession au Traité sur le commerce des armes pourrait imposer un autre fardeau bureaucratique qui ressemblerait au registre des armes à feu coûteux et inefficace que le précédent gouvernement conservateur avait éliminé. À moins qu'il soit modifié, le régime prévu par le traité entraînera très probablement les mêmes problèmes que présentait le registre des armes à feu, à savoir l’absence de reddition de comptes, des coûts faramineux et, globalement, son inutilité.
Ce qui est intéressant, c’est que, par le projet de loi , les libéraux essaient de rétablir en catimini le registre des armes à feu.
C’est une tendance que l’on constate chez les libéraux, c’est-à-dire présenter des projets qu’ils savent inacceptables à un moment où ils espèrent qu’ils passeront inaperçus. Je pense par exemple aux dernières grandes augmentations d’impôts qu’ils ont imposées aux propriétaires de petites entreprises, aux agriculteurs et aux professionnels. Les libéraux ont attendu le milieu de l’été pour annoncer ces projets à un moment où ils pensaient que les Canadiens prenaient du bon temps avec leurs parents et amis, ou étaient en vacances. Évidemment, ils ont tenu les consultations pendant les récoltes, empêchant ainsi les agriculteurs d’intervenir et de contribuer au débat sur cette proposition très importante dont nous sommes saisis.
De la même façon, lorsque ce projet de loi sur le registre des armes à feu a été subrepticement présenté, les libéraux espéraient que personne n’en entendrait parler. Ils l’ont présenté en même temps que leur projet de loi sur la marijuana, et les deux projets de loi, le et le , ont été présentés le jour avant le long week-end de Pâques. Ils s’attendaient clairement à ce que ce projet de loi passe inaperçu, l'attention du public et de la presse étant concentrée sur les propositions concernant la marijuana.
C’est toujours ainsi que procèdent les libéraux lorsqu’ils veulent imposer un programme qu’ils savent que les Canadiens n’appuieront pas. S’ils savent toutefois que les Canadiens n’appuient pas ce projet de loi, puisqu’ils le présentent de la façon la plus discrète possible, pourquoi même le présenter?
Dans sa forme actuelle, le système d'exportation du Canada est l'un des systèmes les plus solides du monde. Je pense que les libéraux seraient d'accord sur ce point. Les gouvernements canadiens de toute allégeance politique ont toujours veillé à ce que les décisions d'exportation reflètent les valeurs canadiennes et que des mesures adéquates soient prises afin d'empêcher les transferts illicites qui alimentent les conflits et qui favorisent le terrorisme et le crime organisé. Il me semble qu'on est en présence d'une autre solution libérale en quête d'un problème. Ce serait une chose si elle était inoffensive. Toutefois, étant donné qu'elle pourrait avoir des conséquences négatives sur les agriculteurs et les chasseurs canadiens respectueux des lois, en tant que conservateurs, nous devons nous y opposer.
Les conservateurs ont adopté une position claire et fondée sur des principes. Nous sommes d'avis que tout traité sur le commerce des armes doit reconnaître et admettre la légitimité pour les citoyens responsables de posséder légalement des armes à feu à des fins personnelles ou récréatives. Cela comprend les activités traditionnelles canadiennes comme la chasse, le tir sportif et la collection d'armes à feu. Plus encore, le bien-fondé de ces activités est reconnu dans le monde entier, y compris dans les États parties au TCA. Le gouvernement conservateur précédent a insisté pour que cela fasse partie de tout traité sérieux à ce sujet.
Il est décevant que les libéraux aillent de l'avant avec ces mesures législatives alors qu'ils n'ont pas réussi à obtenir ce compromis essentiel. Peut-être que le croit que cela l'aidera à obtenir le siège qu'il veut tant au Conseil de sécurité des Nations unies, mais procéder ainsi minera les droits des propriétaires canadiens d'armes à feu.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole à propos du projet de loi . En gros, le projet de loi mettrait en œuvre le Traité sur le commerce des armes, qui a été signé par le gouvernement.
Sans plus tarder, je m’oppose au projet de loi pour deux raisons principales.
Premièrement, je ne suis pas convaincu que le projet de loi C-47, qui prévoit la mise en oeuvre du Traité sur le commerce des armes, renforcerait vraiment le régime de contrôle des armes du Canada.
Deuxièmement, je m’y oppose en raison des graves préoccupations et questions concernant l'établissement éventuel d'un registre des armes à feu, dont m’ont fait part les propriétaires et utilisateurs d’armes à feu de notre pays qui respectent la loi. Je précise que le gouvernement libéral a refusé de donner suite à ces préoccupations et questions.
Je parlerai d’abord de la possibilité que le projet de loi permette au Canada de renforcer son régime de contrôle des armes. En fait, le Canada s’est doté, depuis longtemps, soit environ 70 ans, d’un régime de contrôle des armes très rigoureux. C’est un régime robuste. Le Canada fait figure de chef de file en matière de contrôle des armes, notamment en ce qui a trait à l’exportation.
Comme l’a expliqué en détail le député de , ce régime comprend la Direction générale de la réglementation commerciale qui exerce ses activités depuis 1947. Que fait cette direction générale au juste? Elle régit, suit et contrôle l’exportation de munitions et d’armes militaires à l’extérieur du Canada. Elle a été très efficace. Conformément au régime d’importation et d’exportation dont s’est doté le Canada en matière de contrôle des armes, les articles assujettis au contrôle sont inscrits sur une liste. Il s’agit notamment des armes militaires et des matières nucléaires, chimiques et biologiques. Le Canada ne se contente pas de les ajouter à la liste; il en suit l’exportation à la trace, dans le respect des normes internationales, y compris celles de l’Organisation mondiale des douanes, en mettant à contribution l’Agence des services frontaliers du Canada et Statistique Canada. Le Canada assure un contrôle mais, comme le député de l’a mentionné à juste titre, dans le Traité sur le commerce des armes, il n’est question ni de transparence ni de suivi.
Outre la Direction générale de la réglementation commerciale, le régime de contrôle du Canada comporte aussi une liste des pays visés qui permet, par décret, de bloquer l’exportation vers un autre pays non seulement d’armes, mais de n’importe quoi. En ce moment, la Corée du Nord figure sur cette liste.
Je répète que le Canada possède un système très strict et très solide qui a fait ses preuves jusqu'ici et qui fonctionne encore. Certains se demandent si les mesures prévues dans le projet de loi amélioreraient le système en place au Canada. Malheureusement, il se trouve que le projet de loi réduirait l'efficacité du système canadien à certains égards. De ce fait, je ne peux appuyer une mesure législative qui affaiblirait vraisemblablement le régime fort satisfaisant déjà en place au Canada.
Comme l'ont indiqué de nombreux intervenants à la Chambre, on se demande sérieusement si ce projet de loi permettrait de rétablir de façon indirecte un registre des armes. On se rappelle le désastre qu'a été le registre des armes d'épaule mis en oeuvre par le gouvernement libéral précédent. Ce registre, qui ciblait injustement les propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi, a coûté quelque 2 milliards de dollars aux contribuables canadiens et n'a absolument pas empêché les criminels de se procurer des armes à feu. En fait, il a aggravé la situation parce qu'il a entraîné la création d'un marché noir pour la vente de divers types d'armes à feu. Il faut prendre au sérieux les intervenants du milieu des armes à feu au Canada, notamment les associations qui représentent les détenteurs d'armes, qui craignent que cette mesure législative n'ouvre la porte au rétablissement d'un registre des armes. Malheureusement, l'actuel gouvernement préfère rejeter ces préoccupations du revers de la main plutôt que d'écouter et de consulter les personnes concernées.
J'ai écouté l'allocution de mon collègue, le député de et . J'ai beaucoup de respect pour lui, mais il a avancé tout à l'heure que c'était un pseudo-argument, un argument bidon que d'affirmer que l'adhésion au traité créerait indirectement un registre des armes à feu. Voyons plutôt ce que disent le Traité sur le commerce des armes et le texte du projet de loi . Commençons par l'article 2 du Traité:
Voici ce qu'il dit:
Le présent Traité s'applique à toutes les armes classiques relevant des catégories suivantes:
On énumère ensuite toute une série de catégories. Le dernier alinéa, le 2.1h), fait mention des armes légères. Cette catégorie englobe toutes les armes à feu qui peuvent être utilisées par une personne, ce qui comprend de facto les carabines et les armes que les Canadiens respectueux de la loi utilisent chaque jour pour leur usage personnel non militaire.
Passons maintenant à l'article 12, qui dit:
Chaque État Partie tient, conformément à sa législation et sa réglementation nationales, des registres nationaux des [...] armes classiques visées à l'article [2].
Comme on vient de le voir, l'article 2 englobe les armes légères.
Si on se tourne vers le projet de loi et qu'on en analyse le contenu, on arrive notamment à ce qui serait le nouveau paragraphe 10.3(6), qui dit que toute personne ou organisation visée par la loi, y compris les organismes de courtage, doit conserver ses registres durant environ six ans.
Le projet de loi va en fait beaucoup plus loin, car il précise la manière dont les registres électroniques doivent être conservés, c'est-à-dire dans une base de données électronique.
Je vois que mon temps de parole est écoulé, mais je termine en disant que cet élément soulève de graves questions. J'y reviendrai avec plaisir pendant la période des questions et des réponses.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole aujourd'hui avec la députée de .
Je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui pour débattre le projet de loi , une mesure législative par laquelle le Canada s’acquitte de son obligation de ratifier le Traité sur le commerce des armes.
Ce traité est entré en vigueur en 2014. Le précédent gouvernement conservateur a refusé de se joindre à la majorité des pays du monde et de signer ce traité. En effet, c’était le seul gouvernement des pays de l'OTAN et du G7 à refuser de le faire. Mes collègues du NPD et moi-même sommes ravis de voir le gouvernement se joindre maintenant à la plupart des pays civilisés pour adhérer au Traité sur le commerce des armes. En conséquence, nous appuierons le renvoi du projet de loi au comité. Le projet de loi soulève pour nous plusieurs préoccupations qui, je l'espère, seront réglées au moyen d’amendements en comité. J’aimerais préciser la nature de certaines de ces préoccupations.
Je représente la circonscription d’Okanagan-Sud—Kootenay-Ouest, qui a une longue tradition de pacifisme. Nous devons cette tradition en partie aux dynamiques communautés doukhobors établies dans certaines parties de Kootenay-Ouest et aux limites de Kootenay. Les doukhobors sont venus au Canada au début des années 1900, cherchant un refuge pour pratiquer leur culte du pacifisme et mettre en application leur devise fondée sur la paix et les vertus du labeur. Dans les années 1960, une autre vague de pacifistes, celles des Américains ayant laissé derrière eux leur maison et leur famille afin de fuir la conscription décrétée pour faire la guerre au Vietnam, est venue s’établir dans le Sud de la Colombie-Britannique.
Cette tradition a donné naissance à plusieurs groupes clés qui militent très activement en faveur de la paix dans ma circonscription. Il y a d’abord la Boundary Peace Initiative et la section de la région de Kootenay de l'Association canadienne pour les Nations unies. Le Mir Centre for Peace du Collège Selkirk, à Castlegar, qui offre un programme de diplôme en études sur la paix et la justice, ainsi qu'un programme international de maintien de la paix par des civils non armés, est une autre des initiatives de paix qui existent dans ma circonscription. Partout au Canada, ces groupes et d'autres comme eux célèbrent aujourd'hui la Journée internationale de la paix. Même si j’aimerais pouvoir célébrer avec eux en personne dans la circonscription, je suis heureux de souligner cette journée dans le cadre de ce débat. Je suis fier de représenter une circonscription ayant un si vif intérêt pour les solutions pacifiques aux conflits mondiaux et de parler ici aujourd'hui des efforts visant à réglementer le commerce du matériel militaire.
Les résidants de ma circonscription ne sont toutefois pas les seuls à se préoccuper du commerce des armes. Des sondages montrent que la majorité des Canadiens ne veulent pas que notre pays expédie du matériel militaire dans des pays ayant des antécédents de violations des droits de la personne. Bon nombre de Canadiens seraient surpris d'apprendre que notre pays a presque doublé ses exportations militaires dans les 10 dernières années et que nous sommes le deuxième plus grand marchand d'armes du monde au Moyen-Orient. Compte tenu de ce genre d'implication dans une région aussi explosive, il serait difficile de faire valoir notre rôle de pacificateur de confiance où que ce soit dans le monde.
Quelles sont au juste les lacunes du projet de loi ?
D'abord, les exportations du Canada vers les États-Unis seraient soustraites à l’application de la Loi sur les licences d'exportation et d'importation dans sa version modifiée par le projet de loi. Cela est contraire à la lettre et à l'esprit du Traité sur le commerce des armes, qui exige une couverture complète et transparente de toutes les exportations militaires. Une bonne moitié de nos exportations militaires vont aux États Unis. Le gouvernement a soutenu que les États-Unis sont un allié de confiance et que nous ne devrions pas réglementer le commerce des armes avec notre voisin, mais ce genre de réflexion soulève deux problèmes. Tout d'abord, les États-Unis n'ont pas ratifié le Traité sur le commerce des armes et n'ont donc aucune obligation d’assurer le suivi du commerce de matériel militaire. Ensuite, l'administration actuellement en place aux États-Unis, n’ayons pas peur des mots, a une position très différente sur le commerce avec un certain nombre de pays à l’égard desquels le Canada a exprimé ses inquiétudes. En conséquence, des matériaux et des pièces de systèmes militaires vendus par des entreprises canadiennes aux États-Unis pourraient être incorporés à des équipements dans ce pays et vendus partout dans le monde sans qu’aucun suivi ne soit effectué dans le cadre du Traité sur le commerce des armes.
Nous avons une autre préoccupation, et elle concerne le fait que certains aspects importants de nos obligations légales en vertu du Traité sur le commerce des armes ne seront promulgués que par voie réglementaire. Qu’il suffise de penser notamment à l'obligation légale qu’a la d'évaluer les licences en appliquant certains critères.
Malheureusement, ces critères ne seront révélés par voie réglementaire qu'une fois que le projet de loi aura reçu la sanction royale. Autrement dit, cette Chambre n'aura aucun mot à dire dans la détermination de ces critères, qui pourraient sans doute constituer une partie importante de la loi.
Comme je l'ai dit dès le début, le NPD appuie le projet de loi à cette étape. Les efforts visant à contrôler, réglementer et surveiller l'exportation de matériel militaire ne peuvent que nous faire progresser vers un monde plus pacifique.
Le NPD a une solide tradition de soutien et de promotion des initiatives pour la paix dans le monde et nous avons été très déçus lorsque le gouvernement libéral a refusé de participer aux récentes négociations de l'ONU entourant un traité d'interdiction des armes nucléaires.
Selon la transcription anglaise duhansard, le aurait dit, lors de la période des questions plus tôt cette semaine, que le NPD était toujours prêt à sortir des « well meaning platitudes », soit des vœux pieux dans la langue d’origine, tandis que nous l'avons plutôt entendu parler, par le truchement de l'interprétation, du fait que « we were ready with lovely words », soit que nous nous contentions souvent de belles paroles. Ce qui inquiète le NPD dans le projet de loi , c'est qu'il ne s'agit en fait que de belles paroles. Ce projet de loi ne respecte pas pleinement les obligations découlant du Traité sur le commerce des armes.
Nous espérons que le gouvernement envisagera sérieusement d’y apporter des amendements à l'étape du comité afin de résoudre ces problèmes et de permettre au Canada de s’acquitter pleinement des obligations prévues dans les accords conclus à l’échelle internationale et faire du monde un endroit plus pacifique.