:
Monsieur le Président, il est toujours agréable de prendre la parole ici, à la Chambre, particulièrement au sujet de ce projet de loi. Ce n'est pas la première fois que je me lève à la Chambre, encore moins depuis que je suis ministre du cabinet fantôme responsable du Conseil du Trésor, mais c'est la première fois que je vais avoir à prononcer un discours portant sur un sujet qui émane directement du Conseil du Trésor. L'honorable a déposé ce projet de loi à la fin de nos travaux, au mois de juin dernier, laissant du temps cet été pour décanter tout cela et pour permettre que certaines observations soient faites. C'est avec beaucoup d'honneur et de fierté que j'assume pleinement cette responsabilité essentielle à une opposition positive et constructive, mais d'abord et avant tout vigilante.
Je suis donc bien heureux de prendre la parole au sujet de ce projet de loi très important qui modifie la Loi sur l’accès à l’information. Cela faisait un petit moment que celle-ci avait été déposée, et on vivait sous le régime de cette loi depuis 1983. À la base, notre parti n'est pas du tout opposé à ce qu'on passe au peigne fin une loi, une législation, une procédure, afin de la bonifier et de l'améliorer. De nombreuses mutations ont eu lieu au cours des 35 dernières années, depuis que la loi a été débattue et adoptée ici, à la Chambre, ne serait-ce qu'en ce qui a trait aux technologies de l'information. On aura compris que l'accès à l'information a évolué. Bref, nous ne nous opposons pas à ce que l'on passe au peigne fin la loi de 1983.
Toutefois, encore faut-il que nous soyons conséquents et cohérents, puisqu'il s'agit de tracer une ligne très mince entre l'accès à l'information, qui est nécessaire dans une démocratie et pour lequel, en tant qu'ancien journaliste, je serai le premier à me battre, et l'exercice des responsabilités de l'exécutif, qui doit avoir certaines informations en main. Certains échanges ou débats qui ont lieu au sein du Conseil des ministres sont essentiels et sains pour une démocratie, mais doivent rester à l'intérieur du Conseil des ministres. C'est la même chose dans notre vie parlementaire, alors que tous les mercredis matins, chaque groupe parlementaire a des rencontres de caucus, où nous pouvons parler d'enjeux qui nous concernent de façon très positive, constructive et structurante pour l'avenir, tout en ayant parfois des points de vue divergents. C'est ce qui s'appelle la démocratie.
Le gouvernement dit avoir déposé ce projet de loi pour donner suite à l'engagement politique qu'il avait pris. Ah oui? Allons voir quel était l'engagement pris par le Parti libéral il y a deux ans, en pleine campagne électorale: « Changer ensemble. Le bon plan pour renforcer la classe moyenne ». Tel était l'objectif du Parti libéral. À la page 26, concernant l'accès à l'information, on disait: « Nous améliorerons l’accès à l’information gouvernementale. » Tout le monde est d'accord là-dessus. C'est comme la tarte aux pommes. Personne ne s'oppose à un meilleur accès à l'information.
Les objectifs précis du Parti libéral étaient les suivants: « Nous veillerons à ce que la Loi s’applique aux cabinets ministériels, y compris celui du premier ministre, ainsi qu’aux organismes publics qui assistent le Parlement et les tribunaux. » C'est là que le bât blesse, puisque l'objectif premier du gouvernement n'a pas été atteint et que l'application de la loi à l'égard du Cabinet du premier ministre n'est pas non plus au rendez-vous. Voilà une promesse brisée par le Parti libéral.
J'aurai l'occasion d'y revenir un peu plus tard, mais malheureusement, nous allons faire la démonstration que l'engagement pris lors de la campagne électorale, la raison pour laquelle les Canadiens ont élu ce gouvernement, n'a pas été respecté par l'actuel gouvernement libéral, encore une fois. À notre point de vue, cela nourrit le cynisme de la population à l'égard de la classe politique. Dans une telle situation où le gouvernement ne respecte pas ses promesses, ce que nous condamnons vigoureusement, c'est toute la classe politique qui en paie le prix.
Regardons maintenant de plus près ce que le projet de loi propose précisément.
[Traduction]
La grande nouveauté du projet de loi, c'est que le gouvernement cherche à imposer un nouveau système de publication proactive, ce qui en soi n'est pas une mauvaise chose.
Voyons un peu ce que le gouvernement a prévu dans le projet de loi. En ce qui concerne l'accès à l'information, il incombe aux bureaux de ministre et au Cabinet du de publier de façon appropriée l'information suivante: les lettres de mandat — tous ont vu ces lettres de mandat et il n'y a donc là rien de nouveau; la documentation sur la formation à l'intention des nouveaux ministres; les titres et les numéros de référence des notes d'information; les notes pour la période des questions; les documents d'information pour les comparutions devant les comités parlementaires; les renseignements sur les frais de voyage et d'accueil; les renseignements sur les contrats de plus de 10 000 $.
Voilà le problème fondamental. On parle de présentation proactive de documents. C'est formidable. Personne ne peut être en désaccord, mais ce que nous constaterons plus tard, c'est que, au bout du compte, ce sera la fin du mandat, en ce qui concerne le et les ministres.
[Français]
Les organisations gouvernementales devront elles aussi déposer proactivement les informations suivantes: les dépenses concernant les voyages et les dépenses communes par rapport aux voyages; les rapports soumis au Parlement; les documents d'information pour les directeurs généraux; les informations concernant les notes d'information générale; les documents qui sont pertinents lorsqu'ils sont déposés pour préparer une présentation à un comité parlementaire; les contrats de plus de 10 000 $; les contributions de plus de 25 000 $, et la reclassification de postes.
Le grand changement qu'on constate avec cette nouvelle loi, c'est qu'on décide que les informations seront dorénavant divulguées de façon proactive, ce qui n'est pas vilain en soit, mais le problème, c'est que cela s'arrête à ce moment-là. C'est pour cela que nous avons de très sérieuses réserves par rapport à ce projet de loi qui, finalement, ne rend pas hommage à l'engagement électoral que le Parti libéral avait pris, et surtout le défie.
Quand on ne tient pas une promesse, on cause des déceptions. Quand on a des attentes, on souhaite qu'elles soient comblées. Les gens, particulièrement les gens du secteur de l'information, s'étaient dit que c'était un engagement important du Parti libéral. Une fois le Parti libéral au gouvernement, ils s'attendaient donc à ce que ce soit fait. Malheur: celles et ceux qui ont cru au Parti libéral en ont eu pour leur peine, parce que le Parti libéral n'a pas respecté cet engagement. Ce n'est pas moi qui le dit.
[Traduction]
Je vais lire certaines citations d'intervenants importants dans ce dossier.
Katie Gibbs, directrice générale du groupe Évidence pour la démocratie, affirme qu'en écartant la possibilité d'obtenir de l'information des bureaux des ministres et du Cabinet du premier ministre, le gouvernement rompt sa promesse électorale quant à l'établissement d'un gouvernement « ouvert par défaut ». Elle ajoute que la possibilité de refuser des demandes d'accès à l'information pour des raisons imprécises compromet la transparence et l'ouverture du gouvernement.
[Français]
C'est là le problème. En effet, le Parti libéral s'était engagé à plus d'ouverture. Toutefois, en étant proactif et en arrêtant à ce moment-là la divulgation des informations sans en faire plus, c'est là que survient le problème.
Je ne veux surtout pas porter ombrage à cette approche, mais la réalité, c'est que les documents qui sont dévoilés, et qui vont être dévoilés de façon proactive, sont des documents d'accès général, soit pour à peu près tout le monde, comme la lettre de mandat des ministres qui a été rendue publique par le le jour même de l'assermentation, ce qui était une bonne chose. C'était correct de rendre public la lettre de mandat d'un ministre le jour même de l'assermentation, si mes souvenirs sont bons. C'était une bonne idée, cela se fait depuis deux ans, et ce n'est pas vilain. Toutefois, quand on dit qu'on a la préparation des périodes de questions pour les ministres, ce sont généralement des informations factuelles. Ce sont des faits, des chiffres et des données de base. Lorsqu'on demande ce qu'on appelle dans le métier un briefing technique ou, en termes plus polis et surtout plus français, une formation d'appoint concernant les détails d'un projet de loi, on nous donne généralement des informations précises. En effet, nous avons une excellente collaboration avec les cabinets de ministres et les responsables des ministères qui sont là pour servir l'ensemble des Canadiens.
Après cela, une fois que nous avons tous les mêmes données de base, nous pouvons préparer notre argumentaire en faveur ou contre le sujet abordé. C'est ce qui a de beau dans la démocratie: il y en aura toujours qui seront en faveur d'une chose et il y en aura toujours qui seront contre. Le jour où tout le monde sera en faveur d'une chose, ce sera suspect.
Comme l'a si bien dit Katie Gibbs, directrice exécutive du groupe Evidence for Democracy, cet élément n'est pas au rendez-vous, et c'est décevant.
[Traduction]
Il en va de même pour un autre intervenant important.
Duff Conacher, le cofondateur du groupe Démocratie en surveillance, dit ceci:
Le projet de loi, qui permet aux fonctionnaires de refuser une demande d'information s'ils estiment qu'elle est futile ou entachée de mauvaise foi, représente un pas en arrière. Ce pouvoir ne devrait pas être accordé à des fonctionnaires, puisque ceux-ci l'utiliseront probablement comme nouvelle échappatoire pour refuser au public de l'information qu'il a le droit de connaître.
[Français]
Là encore, c'est exactement le même point. On indique clairement là où est le problème. Être proactif, c'est bien fin, mais lorsque, après ça, on dit non parce ce sont des documents qui relèvent de l'exécutif et qu'on ne les divulgue pas, il n'y a pas de moyen d'appel par rapport à cela. C'est là où le problème surgit.
On a beau se gargariser de beaux grands principes d'ouverture, mais ce qu'on voit chez le gouvernement et dans ce projet de loi n'est pas tout à fait conforme à la réalité.
Il y a des gens au Québec qui ont été très déçus du gouvernement libéral. C'était peut-être des gens qui avaient été séduits par les promesses florissantes du Parti libéral lors de la dernière élection, mais voilà que la réalité les a rattrapés. Stéphane Giroux, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, a déclaré ceci: « Ce qui était le plus intéressant pour nous, c’est d’avoir les documents des cabinets ministériels. Fausse alerte. C’était trop beau pour être vrai. » C'est un autre espoir déçu.
On manufacture des déceptions avec le dépôt de ce projet de loi. Il y a aussi un autre intervenant qui est fort intéressant. Je l'ai gardé pour la fin parce qu'il est vraiment très pertinent comme personne qui sait exactement de quoi elle parle. L'ex-commissaire à l'information de 2007 à 2009, M. Robert Marleau, a dit, et je cite:
Pour les ministères, il n'y a personne pour examiner ce qu'ils choisissent de ne pas divulguer. Je pense que cela va à l'encontre même du principe de la loi. Ils ont mis le commissaire en dehors de l'efficacité, en dehors de la boucle. Si vous demandiez des notes d'information, que vous les aviez et qu'elles avaient été expurgées, vous aviez quelqu'un à qui faire appel. Maintenant, il n'y a plus d'appel. Vous ne pouvez même pas aller à un tribunal. C'est un pas en avant, mais deux pas en arrière.
Voilà, ce n'est pas un gros vilain conservateur qui dit cela, ce n'est pas un gros méchant néo-démocrate, ce n'est pas quelqu'un du Parti vert ou du Bloc québécois qui affirmait cela. C'est quelqu'un qui a appliqué, pendant des années, la Loi sur l'accès à l'information. C'est l'ex-commissaire à l'information de 2007 à 2009, Robert Marleau, qui signale précisément les problèmes issus de cette loi.
On prétend vouloir donner beaucoup d'ouverture et être proactif, ce qui n'est pas vilain en soi, mais la réalité c'est que, si l'information n'est pas fournie et que quelqu'un veut faire appel, ce n'est plus possible. Voilà, c'est un problème relevé par Robert Marleau.
D'autres observateurs y sont allés de critiques très sévères. On ne parle pas de gens qui ont un intérêt direct dans la question. Ce ne sont pas des groupes de pression ou quoi que ce soit, mais des observateurs comme Shawn McCarthy du Globe and Mail qui a dit dans son article publié il n'y a pas si longtemps, le 18 septembre:
[Traduction]
Les libéraux se sont également engagés à modifier la Loi sur l'accès à l'information afin de rendre le gouvernement « ouvert par défaut ». Cependant, le projet de loi C-58 accorderait aux ministères le droit d'ignorer les demandes d'information qu'ils jugent « futiles [ou] vexatoires ». Cette exception est imposée sans avertissement ni justification, et il s'agit d'un pouvoir qui ne devrait pas être détenu par un ministère qui pourrait tirer profit d'une large interprétation allant dans le sens de son propre intérêt. Il faut la retirer du projet de loi.
[Français]
Encore une fois, c'est quelqu'un qui est animé de bonne volonté, qui veut voir que les choses changent. De son point de vue, les choses doivent changer. Il a cru que le gouvernement libéral allait le faire, mais c'est un autre espoir déçu à rajouter à la longue liste des gens qui ne sont pas contents.
Un autre, M. Stephen Maher, a écrit ceci dans un article paru dans iPolitics:
[Traduction]
Il se peut que la divulgation proactive de certains documents ministériels constitue un pas en arrière, car le commissaire à l'information ne pourra pas examiner les décisions prises au sujet des documents à divulguer et des renseignements à caviarder.
[Français]
C'est un peu le même point qui avait été soulevé par l'ancien commissaire, qui disait que dorénavant il n'y aurait pas de mesure d'appel et que c'était un recul. Je cite à nouveau M. Maher:
[Traduction]
Le projet de loi fait de tout petits pas vers une plus grande ouverture, mais n'offre pas ce [que le premier ministre] a promis, c'est-à-dire que les documents gouvernementaux seraient ouverts par défaut.
[Français]
Dans le monde des affaires, la firme Fasken Martineau a émis pour ses clients un avis concernant le projet de loi C-58 qui est un certain avertissement, dont voici un extrait:
Qu'arrive-t-il si une demande de révision est logée mais qu'elle est fondée sur des motifs de contestation qui ne répondent pas aux véritables préoccupations ou intérêts du tiers? Malgré ce libellé, nous espérons que la Cour autorisera néanmoins le tiers concerné à déposer sa demande en révision à la Cour fédérale afin de faire valoir ses propres préoccupations et intérêts. Il serait toutefois idéal que le Parlement évite des contestations inutiles devant les tribunaux sur la qualité des tiers pour agir et qu'il précise cette disposition immédiatement.
En termes plus facile à comprendre, ce que signale Fasken Martineau, c'est qu'avec le projet de loi tel qu'il est rédigé on se dirige vers une manufacture de contestations judiciaires.
Dieu sait qu'au Canada, on n'a vraiment pas besoin d'un autre processus qui va engorger notre système judiciaire, eu égard au fait que ce gouvernement traîne les pieds en ce qui concerne la nomination des juges que les Canadiens souhaitent et attendent.
Au Québec, je rappelle que la ministre de la Justice tape du pied depuis des mois pour qu'on nomme 14 juges à la Cour fédérale et que, de ce nombre, à peine la moitié ont été nommés jusqu'à maintenant. Tant et aussi longtemps que ce n'est pas fait, ce sont des dizaines, des centaines, voire des milliers de Canadiens qui sont dans l'attente d'un procès juste et équitable et qui ne peuvent l'obtenir parce que le gouvernement traîne les pieds dans ce dossier.
Alors, on n'a surtout pas besoin d'un autre engorgement de nos tribunaux canadiens causé par le projet de loi proposé. Celui-ci est peut-être né de belles intentions, et nous ne sommes pas contre le fait de passer au peigne fin une loi qui existe depuis 1983, mais encore faut-il le faire correctement, ce qu'on ne fait pas. Sur le plan politique, il faudrait au moins que les libéraux respectent leur engagement électoral.
Doit-on se surprendre que ce projet de loi vienne encore une fois alourdir le bilan de ce gouvernement, puisqu'il ajoute à une longue liste de promesses brisées? Par ailleurs, il y a à peine deux ans, ce gouvernement disait qu'il n'augmenterait les taxes et les impôts de personne. Or que veut faire le gouvernement actuel avec la révision des taxes pour les petites et moyennes entreprises? Il veut leur mettre encore plus de bâtons dans les roues et leur imposer des taxes supplémentaires, comme cette taxe de 73 %, qui dépasse de presque 50 % le taux auquel sont assujetties les grandes entreprises.
D'autre part, ce gouvernement s'est fait élire, il y a deux ans à peine, en disant qu'il créerait de tous petits déficits de 10 milliards de dollars. Quel est le bilan maintenant? C'est une augmentation de plus de 80 % du déficit promis par le gouvernement. Le Parti libéral s'était d'ailleurs engagé à revenir à l'équilibre budgétaire en 2019 — c'est l'année où auront lieu les prochaines élections, comme par hasard. Or, aujourd'hui, ce gouvernement renie son engagement, puisqu'il n'est même pas capable de savoir quand le Canada va revenir à l'équilibre budgétaire. De mémoire d'homme, un gouvernement, un ministre des Finances et un premier ministre qui ne savent pas trop quand ils vont retrouver l'équilibre budgétaire, sauf en temps de crise, cela ne s'est jamais vu.
Souvenons-nous, de triste mémoire, que les déficits sont nés lors des guerres, et que le père du actuel avait inventé les déficits en temps de prospérité. Cependant, à tout le moins, il avait une idée du moment où il reviendrait à l'équilibre budgétaire. En n'ayant aucune idée du moment où il y parviendra, ce gouvernement-ci se distingue dans l'histoire canadienne. Promesses brisées, promesses brisées et promesses brisées, c'est cela, le projet de loi .
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de dire quelques mots au sujet du projet de loi et des modifications qu'il propose d'apporter à la Loi sur l'accès à l'information. Pour commencer, j'aimerais soulever quelques points précis au sujet du rôle élargi de la commissaire à l'information proposé dans ces modifications.
[Français]
Parmi les nombreux changements que nous avons apportés à notre réforme proposée à la Loi sur l'accès à l'information, un changement que nous croyons être important, et que la commissaire à l'information a elle-même demandé, est une surveillance accrue du droit d'accès.
À l'heure actuelle, la commissaire à l'information n'a pas le pouvoir d'ordonner à une institution fédérale de communiquer des documents qui ont été demandés en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.
[Traduction]
Par exemple, si l'auteur d'une demande est insatisfait de la réduction des documents produits en réponse à sa demande, il peut se plaindre auprès de la commissaire à l'information. La plainte fait alors l'objet d'une enquête, à l'issue de laquelle la commissaire peut recommander à l'organisme gouvernemental pertinent de communiquer les documents.
[Français]
Si l'institution n'accepte pas cette recommandation, la commissaire a actuellement l'option de contester la décision devant le tribunal, avec l'accord du demandeur.
[Traduction]
Le projet de loi préserve le droit de porter plainte auprès de la commissaire à l'information si l'auteur d'une demande d'accès à l'information est insatisfait de la réponse du gouvernement.
[Français]
Ce droit serait communiqué clairement au demandeur, conformément à la loi, mais en ce qui concerne la conclusion de l'enquête de telles plaintes, la commissaire aurait maintenant le pouvoir d'ordonner la communication du document si elle juge que sa retenue n'était pas justifiée.
[Traduction]
L'organisme gouvernemental serait tenu de communiquer le document conformément à l'ordonnance de la commissaire à l'information. S'il s'y oppose, il pourra aller en cour pour convaincre l'instance juridique, éléments de preuve à l'appui, qu'il a appliqué la loi correctement.
[Français]
Monsieur le Président, c'est une première à l'échelle fédérale. Le commissaire à l'information n'a jamais eu auparavant la capacité d'ordonner au gouvernement de communiquer des documents.
[Traduction]
Si la personne responsable de l'institution s'oppose à l'ordonnance et qu'elle croit, par exemple, que le document devrait être retenu pour des raisons de sécurité, le projet de loi propose qu'elle dispose d'un délai de 30 jours ouvrables pour demander au tribunal de revoir le dossier.
Bref, les réformes de la Loi sur l'accès à l'information qui sont proposées investiraient la commissaire à l'information du pouvoir de rendre des ordonnances. La commissaire passerait ainsi d'un rôle d'ombudsman à celui d'une autorité habilitée à obliger le gouvernement à communiquer des documents.
[Français]
Ces nouveaux pouvoirs comprennent l'autorisation de rendre des ordonnances visant, par exemple, les frais, l'accès dans la langue officielle demandée, le format de la communication et les décisions des institutions fédérales de refuser d'agir relativement à des demandes exagérées ou de mauvaise foi.
[Traduction]
Afin de permettre à la commissaire à l'information d'exercer ce nouveau pouvoir, nous lui fournirons également des ressources supplémentaires.
Les améliorations que nous proposons renforceront l'objectif initial de la loi et répondront aux recommandations formulées par la commissaire à l'information afin d'accroître sa surveillance du droit d'accès.
Les changements apportés au rôle de la commissaire, qui ne sera plus un simple ombudsman, mais qui aura un rôle d'autorité et le pouvoir de rendre des ordonnances, accroîtront l'efficacité de la commissaire.
[Français]
Il s'agit d'une transformation profonde de la façon dont l'accès à l'information fonctionne à l'échelle fédérale, et nous prenons la mesure importante de renforcer la transparence et la responsabilisation du gouvernement.
[Traduction]
Nous sommes résolus à moderniser la loi et à réaliser des progrès continus aux fins d'un gouvernement plus ouvert et transparent.
À cette fin, les mesures législatives que nous avons présentées proposent une nouvelle partie de la loi qui établit des exigences relatives à la publication proactive et qui vise tous les secteurs de l'appareil gouvernemental. Cela consacrera dans la législation l'obligation du gouvernement de publier une vaste gamme de renseignements de façon proactive et selon un horaire plus prévisible. Ces changements s'appliqueront à tous les ministères et organismes fédéraux, ainsi qu'à de nouveaux secteurs, comme le Cabinet du et les bureaux des ministres, des sénateurs et des députés, aux institutions qui appuient les travaux du Parlement, aux institutions administratives qui appuient les cours supérieures et aux plus de 1 100 juges des cours supérieures.
Le fait de rendre davantage d'information gouvernementale accessible au public et selon des échéances prévisibles favorisera la reddition de comptes.
[Français]
Tout comme le commissaire à l'information, nous visons à accroître l'ouverture et la transparence dans l'ensemble du gouvernement.
[Traduction]
En même temps, nous reconnaissons que la publication proactive ne nous permet pas de nous acquitter de notre responsabilité de renforcer l'élément du système fondé sur la demande.
C'est pour cette raison que nous financerons la création d'outils qui rendront le traitement des demandes d'information plus efficace. Nous financerons de la formation à l'échelle du gouvernement afin d'uniformiser l'application des règles relatives à l'accès à l'information et nous fournirons des explications écrites pour les exceptions et les exclusions.
[Français]
Nous avons également entendu les préoccupations de la commissaire relativement aux demandes exagérées ou de mauvaise foi, celles dont l'objectif est clairement d'entraver ou de paralyser le système.
[Traduction]
Dans certaines situations bien précises, les institutions gouvernementales pourront refuser de donner suite à des demandes faites de mauvaise foi, qui seront soumises à un examen par la commissaire à l'information. Ce faisant, le gouvernement sera mieux en mesure d'orienter ses ressources pour répondre aux demandes qui reflètent les intentions de la loi. Ainsi, le gouvernement sera plus transparent, plus efficace et mieux outillé pour rendre des comptes aux Canadiens.
[Français]
Il s'agit de réformes importantes au système d'accès à l'information, alors que nous continuons d'établir des liens de confiance entre ceux qui demandent des renseignements et leur gouvernement qui peut leur fournir ces renseignements. Les modifications ajouteront également une nouvelle exigence d'un examen législatif de la loi tous les cinq ans, afin que les dispositions législatives demeurent à jour.
[Traduction]
Le premier examen commencera au plus tard un an après que le projet de loi aura reçu la sanction royale.
[Français]
Nous exigerons également, au moyen d'une politique, que les ministères examinent régulièrement les renseignements demandés et qu'ils utilisent cette analyse pour élargir les types de renseignements qui pourraient devenir plus facilement accessibles. Cette analyse, à son tour, orientera les examens quinquennaux afin d'assurer une amélioration constante.
[Traduction]
Après 34 ans, le moment est venu de moderniser les lois et les programmes sur l'accès à l'information. Les réformes que nous proposons auront des répercussions sur tout le gouvernement, y compris sur des secteurs qui n'ont jamais été touchés par cette loi.
[Français]
Par ailleurs, elles confèrent à la commissaire à l'information des pouvoirs importants de surveillance du régime d'accès à l'information et la capacité d'ordonner la communication de documents.
[Traduction]
Je demande à tous les députés d'examiner et d'appuyer les objectifs de cette mesure législative et d'en débattre, et de continuer à collaborer pour accroître l'accès à l'information et ainsi rendre le gouvernement plus ouvert, transparent et responsable.
:
Monsieur le Président, je suis content de participer aujourd'hui au débat sur le projet de loi . Comme bon nombre de députés de l'opposition l'ont montré avec clarté encore et encore, il s'agit peut-être du meilleur exemple de promesses non tenues parmi toutes celles que le gouvernement n'a pas tenues. Cette promesse non tenue recouvre en fait 31 promesses trahies. Je montrerai au cours de mon intervention pourquoi il ne s'agit pas que d'une simple promesse non tenue. Elle touche en fait toute la théorie de gouvernement ouvert défendue par les libéraux au cours de la dernière campagne électorale et met en cause la sincérité du sur ce sujet. Beaucoup de nouveaux députés n'étaient pas là lors de la dernière session quand le était le chef du troisième parti. Néanmoins, en écoutant mon allocution, les députés apprendront que c'était un des chevaux de bataille du quand il était seulement député de . Il semble avoir relégué aux oubliettes ses passions du temps où il était dans l'opposition.
Dans le discours qu'il a prononcé sur le projet de loi la semaine dernière, mon ami, le député de et , a beaucoup parlé de l'époque où il était membre du Cabinet de Paul Martin et de la fierté qu'il en tirait. Il a toutefois oublié de dire qu'il ne fait plus partie de ce Cabinet; il est maintenant membre du Cabinet du actuel. S'il n'en a pas parlé dans son discours, c'est peut-être parce qu'il s'est vu confier la responsabilité de la plus grande promesse non tenue de la nouvelle session. Ce n'est jamais agréable lorsque le premier ministre demande à un ministre de tenter de vendre un poisson mort à la Chambre des communes. Or, c'est ainsi qu'on peut qualifier ce projet de loi.
J'aimerais rappeler aux députés libéraux la promesse qu'ils ont faite dans leur plateforme électorale. Nous nous souvenons tous des mots-clics utilisés par les libéraux lors de la dernière campagne électorale. Ils portaient sur l'espoir, le travail acharné et le vrai changement. La plateforme électorale des libéraux était intitulée « Changer ensemble ». Que contenait cette plateforme? Je vais en citer un extrait: « Nous veillerons à ce que la Loi [sur l'accès à l'information] s’applique aux cabinets ministériels, y compris celui du premier ministre, ainsi qu’aux organismes publics qui assistent le Parlement et les tribunaux. » Il s'agissait d'un changement véritable prévu dans la partie de la plateforme portant sur un gouvernement ouvert et transparent.
Ailleurs dans le document, les libéraux ont également parlé d'accorder une véritable indépendance aux surveillants du gouvernement et de les écouter. Il est entre autres question du commissaire à l'information. De nombreux commissaires à l'information précédents ont présenté des commentaires, et les libéraux ont laissé entendre qu'ils allaient en tenir compte. Je ne doute pas que d'innombrables anciens surveillants ont été très déçus que les libéraux fassent campagne sur ce point sans même s'approcher de l'objectif. En ce qui concerne la promesse électorale des libéraux de gagner la confiance des Canadiens, ils ont avancé que la Loi sur l'accès à l'information s'appliquerait aux cabinets ministériels, y compris à celui du premier ministre. Ils se sont engagés à ce que 31 cabinets soient encadrés par les règles de l'accès à l'information. Il y a donc 31 promesses brisées dans le projet de loi . Parmi la longue liste de promesses brisées du gouvernement, il s'agit probablement de la plus ambitieuse comme il y en a 31 fondues en une seule.
J'aurais bien aimé lire les courriels à propos du voyage du sur une île privée, en compagnie de l'actuel et de divers membres de Canada 2020 ou du Parti libéral du Canada. Il n'est pas simple de distinguer tout ce beau monde. Nous avons obtenu quelques détails sur ce voyage parce que de hauts fonctionnaires du Bureau du Conseil privé ont eu de la difficulté à permettre au de rester en contact. Il s'envolait vers une île isolée appartenant à un milliardaire. Le gouvernement du Canada a eu du mal à suivre les grands projets de vacances du . Si le premier ministre avait respecté sa promesse, j'aurais aimé lire les pensées des hauts fonctionnaires et en savoir plus sur leurs efforts pour pousser le gouvernement à répondre à cette demande bien singulière.
Par ailleurs, la commissaire à l'éthique et la commissaire au lobbying mènent toutes les deux des enquêtes sur le . Aucun autre premier ministre n'a jamais fait l'objet d'une enquête, et encore moins de deux, lors de ses deux premières années au pouvoir. Je suppose qu'il s'agit là d'un vrai changement. Les choses étaient certes très différentes lorsque M. Harper était premier ministre. En effet, celui-ci n'a fait l'objet d'aucune enquête de la part de ces mandataires du Parlement au cours de ses neuf années au pouvoir. L'actuel premier ministre, quant à lui, fait l'objet de deux. J'aimerais lire les courriels de Gerald Butts et de Katie Telford dans lesquels ils parlent de la façon de gérer l'enquête sur les dîners-bénéfice du premier ministre avec des milliardaires chinois, ceux-là mêmes qui construisent une statue de son père avant même que le gouvernement du premier ministre construise une statue et un monument en l'honneur de la mission en Afghanistan. La Fondation Pierre-Elliott-Trudeau s'assurera d'ériger un monument à la mémoire de Pierre Trudeau avant qu'on en érige un à la mémoire des 40 000 Canadiens ayant servi en Afghanistan. J'aimerais voir quelques-unes des remarques à ce sujet.
Les députés ministériels ont dit — et puisque le débat ne fait que commencer, nous les entendrons répéter ces arguments régulièrement — que, au lieu de respecter leur promesse d'assujettir 31 cabinets à la Loi sur l’accès à l’information, ils participeraient plutôt à la divulgation proactive d'information. C'est le principal argument qu'ils invoquent pour justifier leur promesse non tenue. Ils publieront des calendriers, des ordres du jour et des ébauches pour la période des questions, et ils disent que cela devrait nous satisfaire. Ce n'est pas le cas. Comme les députés le constateront, s'ils continuent à m'accorder leur attention pendant quelques instants, il est question ici de bien plus que la violation d'une promesse électorale faite aux Canadiens. Pourquoi?
Je reprends les propos tenus par le député libéral de , un chic type, je dois l'admettre, et un estimé collègue. Au cours de la dernière législature, il a dit: « On pourrait presque croire que les conservateurs souhaitaient être un peu plus proactifs en matière de divulgation alors qu'on sait qu'en fait, aucun autre parti n'en a fait autant pour la divulgation proactive que le Parti libéral du Canada. » Le député avait alors fait un excellent discours. Je lui recommande néanmoins de s'y reporter et je fais la même suggestion à ses collègues libéraux. Dans ce même discours, le député avait dit: « Or, un bon système d'accès à l'information est au coeur d'un État transparent. » Force est de reconnaître la justesse de ces propos tenus par mon collègue de Coast of Bays—Central—Notre Dame, le député de Terre-Neuve-et-Labrador qui siège depuis le plus longtemps à la Chambre.
Pourquoi le député a-t-il fait preuve de tant d'éloquence? De quoi parlait-il alors? Il parlait d'un projet de loi d'initiative parlementaire visant la réforme de la Loi sur l'accès à l'information. Qui avait présenté ce projet de loi? C'était le député de , aujourd'hui le du Canada. Ce projet de loi, présenté au cours de la dernière législature, préconisait un gouvernement ouvert et la réforme de l'accès à l'information. Il n'est donc pas étonnant que mon estimé collègue de ait tenu des propos si éloquents et si élogieux lors de son intervention sur ce projet de loi. Cette mesure législative avait été présentée par le chef de son parti, à l'époque député de Papineau, dont c'était le principal cheval de bataille.
J’ai toujours trouvé intéressant le numéro de ce projet de loi, . Les représentants du gouvernement travaillent généralement dans la région dont l'indicatif est le 613; aussi, ai-je toujours trouvé paradoxal que ce projet de loi soit le C-613. Il s'agissait du projet de loi pour un gouvernement ouvert. En fait, son vrai titre était Loi modifiant la Loi sur le Parlement du Canada et la Loi sur l’accès à la formation, transparence. Faut-il rappeler que lorsqu'un député présente un projet de loi à la Chambre des communes, c'est parce qu'il accorde une grande importance à l'objet du projet de loi en question?
Nous avons vu de grands projets de loi présentés par des députés passionnés. Par exemple, mon ami de a proposé un cadre national pour les premiers répondants atteints du trouble de stress post-traumatique. Nous avons débattu de ce cadre, pour lequel il se passionnait, pendant la législature actuelle. Lors de la dernière législature, alors que le dirigeait le troisième parti, pour quel sujet se passionnait-il? Pour la réforme de l’accès à l’information et pour un gouvernement ouvert.
Quelqu’un au Cabinet du premier ministre devrait le lui rappeler et lui envoyer un courriel à ce sujet. Toutefois, nous ne pourrons pas prendre connaissance de ce courriel puisqu’il sera exclu de cette réforme. Quelqu’un devrait le rappeler au député de . Il est toujours député de Papineau. Mais c’est aussi le et je respecte le rôle qu’il joue. Je dois cependant lui rappeler ce qu’il a présenté au Parlement à l’époque où il interpellait régulièrement le gouvernement conservateur. Je m’en souviens, car j’étais membre du Cabinet.
Dans le projet de loi du destiné à refondre et à améliorer l’accès à l’information, par quoi commence-t-on? L’article 2 se lit comme suit:
2.(1) La présente loi a pour objet d’élargir l’accès aux documents de toutes les institutions fédérales en consacrant les principes suivants:
a) il existe un droit public à la communication transparente de ces documents […]
Voilà qu’elle était l’essence même du projet de loi d’initiative parlementaire du . Par ailleurs, on y précise dans quelles circonstances l'information ne devrait pas être dévoilée. Je me reporte à l'alinéa 2(1)b), selon lequel: « les exceptions indispensables à ce droit sont rares, précises et limitées. »
Comment ce semblant de projet de loi se compare-t-il au projet de loi du ? C'est un échec spectaculaire. C'est donc dire que les notions d'espoir et de travail acharné que défendait le premier ministre lorsqu'il était dans l'opposition sont choses du passé. Lorsqu'il s'agit de gouvernement ouvert, ses espoirs et ses promesses, qui s'étaient rendus jusqu'à la plateforme électorale, ont été mis aux oubliettes quand il est arrivé au pouvoir. J'espère que les Canadiens verront clair dans son jeu. Encore une fois, les gestes du gouvernement ne vont pas dans le sens des séances de photos et des mots-clics.
Pour terminer, j'adresse une dernière citation au Cabinet du premier ministre. Cette équipe n'était pas là avec le député de à la dernière législature.
M. Kevin Lamoureux: J'y étais.
L'hon. Erin O'Toole: Non, les membres de l'équipe du Cabinet du premier ministre n'étaient pas là. Mon ami de Winnipeg essaie de me décontenancer, mais il se rappelle bien que les contribuables ont payé le déménagement à Ottawa de l'équipe du au début du mandat des libéraux. Je sais qu'ils n'étaient pas là. Nous avons assumé les coûts de leur déménagement après la victoire des libéraux. J'aimerais que ces personne jettent également un coup d'oeil au texte du paragraphe 2(4) qui avait été proposé, où on dit ce qui suit:
En cas d'incertitude quant à savoir si une exception s'applique à un document demandé en vertu de la présente loi, le principe énoncé à l'alinéa 2(1)a) s'applique et le document est rendu accessible.
L'alinéa 2(1)a) précise qu'« il existe un droit [...] à la communication transparente de ces documents ». Il s'agissait de la raison d'être du lors de la législature précédente. Il présente maintenant un projet de loi à la Chambre, par l'entremise du , qui n'obtiendrait pas la note de passage s'il était évalué selon les critères qu'il a proposés, non seulement au cours de la campagne électorale, mais en tant que simple député.
Comme je l'ai mentionné, il s'agit non pas d'une seule promesse, mais bien de 31 promesses rompues, puisque le premier ministre avait déclaré qu'il faudrait que tous les ministres soient prêts à communiquer les renseignements concernant leur cabinet au titre de la Loi sur l’accès à l’information. Voilà que la promesse ne s'applique plus à un certain nombre des occupants des premières banquettes.
Le premier ministre avait ensuite déclaré que l'objectif du projet de loi était de toujours se ranger du côté de la communication et que les exceptions en vue de retenir des documents devaient être rares et précises. Dans le projet de loi actuel, on trouve aussi un alinéa qui précise que, si une personne juge qu'une demande est futile, elle n'a pas à communiquer l'information non plus. Or, la futilité est un critère dont on peut faire une interprétation extrêmement large. Par conséquent, les belles paroles et les nobles objectifs que le avait lors de la législature précédente ne se sont assurément pas taillé de place dans le projet de loi .
Mon collègue de a fait un excellent travail en énonçant les préoccupations de l'opposition à l'égard du projet de loi. Cependant, je veux que les gens du Cabinet du premier ministre rappellent au non seulement ses engagements pris lors de la campagne électorale, mais aussi son engagement envers le Parlement. Son seul projet de loi d'initiative parlementaire portait sur l'accès à l'information et la réforme du Parlement.
Que ce soit le projet de loi ou les engagements des libéraux à ne jamais avoir recours à des projets de loi omnibus — j'ai perdu le compte de ces projets de loi et des fois où la a présenté une motion d'attribution de temps —, leurs belles paroles, lorsqu'ils étaient dans l'opposition, sont le comble de l'hypocrisie lorsqu'on les compare au véritable bilan des libéraux depuis qu'ils sont au pouvoir. Ce projet de loi en est probablement le meilleur exemple.
Je n'aime pas être prophète de malheur, mais chaque projet de loi présenté par le gouvernement me donne donne de quoi parler pendant des heures en tant que parlementaire. Par conséquent, je souhaite prendre le temps qu'il me reste pour remercier madame Suzanne Legault, qui a servi le Canada avec une grande distinction et compétence à titre de commissaire à l'information pendant de nombreuses années.
Nombre de ses recommandations de même que le travail qu'elle a réalisé, à l'avant-garde d'un accès à l'information global et ouvert au sein du gouvernement, ont été le fondement du projet de loi du et de sa vieille façon de penser sur cette question. Toutefois, lorsqu'il a été assermenté, il a tout oublié. Je suis certain que Mme Legault, comme beaucoup d'autres, est déçue.
Voici ce qu'elle a dit devant le comité lorsque j'en faisais partie, pendant la législature précédente, en décembre 2014:
Au cours des années, j'ai aussi recommandé au président du Conseil du Trésor diverses façons d'améliorer la reddition de comptes et la transparence. Je suis très heureuse que le gouvernement ait mis en oeuvre la plupart de ces recommandations au cours des années.
C'est ce qu'a dit la commissaire à l'information au comité dans un témoignage présenté au cours de la dernière législature.
Nous avons entendu la dernière libérale à avoir parlé dire que Stephen Harper n'était pas en faveur d'un gouvernement ouvert et qu'il ne demandait l’avis de personne. Ce n'est simplement pas vrai. C'était le discours qu'aimait tenir le et qui l'a mené à présenter son projet de loi et à poser pour la galerie sur le sujet. Toutefois, ce n'est pas ce qu'a dit la mandataire du Parlement. Elle a dit que, en général, durant son mandat, les gouvernements — généralement le président du Conseil du Trésor — avaient réagi à la modernisation.
J'espère que les libéraux enlèveront de leurs notes les calomnies envers M. Harper, car ce qu'ils disent est tout bonnement faux. Je les renvoie au témoignage de Mme Legault et à son excellent bilan. Je lui ai posé quelques questions difficiles ce jour-là et elle y a répondu avec compétence et aplomb. Elle dirigeait aussi son commissariat très efficacement.
Le projet de loi accorderait plus de ressources au commissariat, ce dont il a besoin. Pendant la dernière législature, je pense qu'une somme de 30 000 $ est demeurée inutilisée. Je n'ai jamais vu un commissariat être géré si efficacement. Il est impossible au gouvernement de respecter tous ses budgets des dépenses. Il y aura toujours des fonds inutilisés ou une demande de fonds supplémentaires. À une certaine époque, le commissariat gérait un excellent programme. Sous sa direction, le nombre de demandes d'accès à l'information a augmenté de 30 %. Le commissariat s'est servi d'outils technologiques et d'un certain nombre de moyens pour se moderniser.
J'en ai parlé à la dernière législature, mais une autre lacune du projet de loi est le fait que la Loi sur l'accès à l'information est entrée en vigueur en 1983, lorsque le père du était le premier ministre. Les frais d'une demande d'information s'élevaient à 5 $ en 1983. Ces frais n'ont pas augmenté depuis et ils devraient. Le témoignage de Mme Legault laisse à croire que chaque demande a un coût interne de 1 300 $. Nous voulons un gouvernement ouvert et accessible, mais cela a un coût interne de 1 300 $.
Étant donné que le nombre de demandes a augmenté de 30 %, nous devons réduire les coûts. En fait, de toutes les demandes présentées à l'ensemble des ministères, 21 000 sont de nature commerciale. J'ai été témoin de cette tactique lorsque j'étais un avocat de société, les entreprises qui examinaient des questions réglementaires présentaient une demande d'accès à l'information parce que rien ne les empêchait de simplement soumettre des milliers de demandes. Étant donné que les ministères reçoivent en moyenne 55 000 demandes par année, dont 30 000 demandes commerciales, cela représente un coût de 71 millions de dollars pour les cabinets d'avocats, les cabinets comptables et les entreprises qui demandent de l'information.
J'ai toujours préconisé l'absence de frais pour les membres du public qui s'intéressent à la démocratie, mais des frais de 25 $ à 50 $ pour une société autre qu'un média. Nous pourrions réellement empêcher certaines demandes futiles d'être présentées et d'engorger le système. Monsieur et madame tout le monde auraient un accès complet, mais il y aurait un seuil plus évident pour montrer que nous avons changé un peu depuis 1983.
Je rappellerais au et aux autres députés ministériels leur projet de loi de la dernière législature. J'espère que nous pourrons amender le projet de loi de manière à remplir quelques-unes des promesses n'ayant manifestement pas été respectées.
:
Monsieur le Président, le député sait parfaitement qu'il n'y a pas là matière à invoquer le Règlement. Il a beau vouloir changer de sujet, cela ne m'empêchera pas de dire ce qui s'est réellement passé. Le député d'en face est peut-être quelque peu irrité, car nous savons que c'est le chef du Parti libéral qui, à l'époque, a exigé que tous les députés libéraux participent à la divulgation proactive. Notre parti a consacré des ressources à cette fin.
Quelques mois plus tard, les conservateurs ont fini par comprendre que, si les libéraux étaient maintenant prêt à le faire, il était peut-être préférable qu'ils s'y mettent également. Ils ont cédé aux pressions du public — ou au bon sens, comme nous osons l'espérer — en adhérant à la divulgation proactive. Nous leur en étions alors reconnaissants.
Par contre, nos collègues néo-démocrates ont été un peu plus difficiles à convaincre. Quelques mois plus tard, nous avons présenté une motion de l'opposition, que le gouvernement l'époque a adoptée. Les conservateurs et les libéraux étaient d'accord. Pour ne pas se mettre en contradiction avec les autres, les députés néo-démocrates ont finalement décidé d'appuyer la motion. Nous en sommes reconnaissants. Aujourd'hui, les députés participent à la divulgation proactive. Nous voyions cela comme une chose positive. Aujourd'hui, grâce à la divulgation proactive, les gens que nous représentons peuvent consulter des renseignements en ligne pour connaître la nature et l'ampleur des dépenses des députés. Encore une fois, nous voyons cela comme une chose positive.
Cela nous amène au sujet d'aujourd'hui, c'est-à-dire le renforcement de la divulgation proactive. À l'époque, le chef du Parti libéral proposait d'appliquer la divulgation proactive aux députés. Cela a pris du temps, mais les partis de l'opposition et le gouvernement ont fini par s'entendre, et nous avons pu mettre en place les mesures nécessaires. Aujourd'hui, le , par l'entremise du ministre, cherche à renforcer la divulgation proactive.
De nombreux groupes parlementaires devront participer à la divulgation proactive: la Bibliothèque du Parlement; le directeur parlementaire du budget; le Service de protection parlementaire; le Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique; le bureau du conseiller sénatorial en éthique; l'Administration de la Chambre des communes, y compris le Bureau de régie interne; le bureau du Président de la Chambre des communes; l'Administration du Sénat, y compris le Comité permanent de la régie interne; et le bureau du Président du Sénat.
Ces organismes qui appuient le Parlement seraient tenus par la loi de pratiquer la divulgation proactive.
Parmi les avantages de la divulgation proactive, mentionnons l'avantage naturel direct, qui est aussi le plus visible, de l'accessibilité, sur Internet, de renseignements qui ne s'y trouvaient pas auparavant.
Autre avantage, celui-ci indirect: plus besoin de formuler une demande d'accès à l'information. Selon moi, des centaines, voire des milliers de ces demandes deviendraient redondantes, inutiles, grâce à ce projet de loi. C'est très positif. Par exemple, avant l'arrivée de la divulgation proactive pour les députés, il fallait procéder par demande d'accès à l'information. Si nous étions insatisfaits des renseignements divulgués, nous pouvions interjeter appel. Cela prenait des semaines, parfois même des mois, avant que nous puissions obtenir une réponse.
Il s'agit d'une façon plus globale d'aborder la divulgation proactive. Pourquoi l'opposition ne reconnaît-elle pas les avantages de cet aspect du projet de loi?
J'ai tout d'abord souligné qu'il faut reconnaître que des changements sont nécessaires. Les libéraux ont beaucoup parlé de vrai changement pendant la dernière campagne électorale. La mesure à l'étude irait tout à fait dans cette voie. Pour le moment, je me suis attardé à l'un de ses aspects et j'espère parler des autres, mais je tiens à dire que ce projet de loi correspond tout à fait à ce que nous avions en tête quand nous parlions de vrai changement.
Ainsi, le commissaire aurait désormais le pouvoir de rendre des ordonnances. Qu'est-ce que cela signifie? À l'heure actuelle, lorsque la commissaire examine une demande d'appel, elle peut seulement suggérer à l'organisme concerné qu'il devrait divulguer les renseignements demandés; c'est la façon de faire depuis des décennies. Pour la première fois, une mesure législative lui permettrait d'ordonner la divulgation des renseignements. Certes, différents facteurs peuvent entrer en jeu, et j'y reviendrai dans un instant, mais il s'agit d'un changement réel, bien que petit, qui découlerait de l'un de nos projets de loi. Je m'attendrais à ce que les députés de l'opposition voient ce changement d'un très bon oeil. Je me demande donc pourquoi ils ne l'appuient pas.
Les lois en matière d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels existent depuis bien plus de 30 ans. C'est la première fois qu'on y apporte une modification concrète et substantielle. Le Cabinet et le caucus libéraux, au pouvoir depuis moins de deux ans, ne redoutent pas la modernisation de la loi. Ils en reconnaissent la nécessité et ils sont prêts à débattre du projet de loi, à le renvoyer au comité et à le faire adopter. Lorsque l'occasion se présente, nous passons à l'action. C'est un sujet que le a abordé durant la dernière campagne. Il a fait savoir que nous voulions moderniser les choses.
Cela ne veut pas dire que le projet de loi est totalement parfait. C'est à cet égard que les comités permanents interviennent. Il faut cependant rendre à César qui appartient à César. Je complimente donc le ministre pour l'excellent travail accompli sur le projet de loi, ainsi que le caucus libéral, qui a reconnu à quel point ce projet de loi est important. C'est pourquoi le ministre a l'appui nécessaire pour aller de l'avant.
Nous avons discuté des lois qui sont en place depuis des décennies et qui n'ont pas été beaucoup modifiées ou modernisées. Nous prévoyons maintenant dans le projet de loi l'obligation de les soumettre à un examen législatif tous les quatre ou cinq ans.
Certaines des préoccupations qui ont été soulevées en face avaient potentiellement beaucoup de mérite. Mon intention n'est pas de discréditer les idées formulées dans certaines observations de mes collègues d'en face, mais je crois qu'il faut tenir compte de deux éléments. D'abord, le gouvernement a montré à de nombreuses reprises que, lorsqu'un député a bien fait ses recherches et son travail et qu'il propose une bonne idée à l'étape du comité, ce dernier peut alors proposer des amendements au projet de loi concerné. C'est un point très important. Lorsque nous formions l'opposition, c'était très rare. Je crois en fait qu'il n'est pas arrivé une seule fois qu'un amendement d'un député de l'opposition soit adopté. C'est tout le contraire de ce que fait le gouvernement actuel. Nous reconnaissons les bonnes idées qui peuvent améliorer les projets de loi, et c'est le premier élément dont les députés d'en face doivent tenir compte.
L'autre point à considérer, bien sûr, c'est que, tous les quatre ou cinq ans, cette mesure législative devra faire l'objet d'un examen législatif. Quand on y réfléchit bien, on constate que le gouvernement a réellement à coeur de moderniser cette mesure législative.
Pourquoi cette mesure législative est-elle si importante pour le gouvernement? À mon avis, la principale raison, c'est que le gouvernement croit en la reddition de comptes. Il croit en la transparence. Ce n'est pas quelque chose de nouveau, tout particulièrement pour le . Quelques semaines, voire quelques jours, après avoir été nommé chef du Parti libéral, il préconisait déjà une plus grande reddition de comptes pour ce qui est des types de questions dont nous débattons actuellement.
J'entends les critiques provenant des députés d'en face. Je peux garantir aux députés que la mesure législative vise réellement à donner suite à une promesse électorale qui était importante pour tous les candidats et qu'il s'agit de quelque chose dont nous parlions au moment de faire du porte-à-porte. Nous voulions nous assurer qu'il y ait une plus grande reddition de comptes. Cela ne signifie pas, toutefois, que nous allons nous arrêter là. Il y aura d'autres occasions à saisir dans les années à venir.
J'aimerais insister sur une chose que j'ai déjà mentionnée par le passé. J'aime quand le parle de l'importance de représenter les habitants de notre circonscription ici, à Ottawa, que ce soit à la Chambre, aux comités permanents ou dans notre caucus respectif. Du côté libéral, nous prenons cela très au sérieux. En fin de compte, les idées et les possibilités qui sont lancées et débattues, d'une façon ou d'une autre, renseignent les gens sur ce qui se passe un peu partout au pays.
J'aimerais souligner un des grands points forts de ce projet de loi. Il s'agit du pouvoir de rendre des ordonnances du commissaire à l'information. À mon avis, c'est là un élément important de cette mesure législative. Il s'agit de conférer au commissaire à l'information le pouvoir de rendre des ordonnances relativement aux plaintes déposées aux termes de l'article 30 de la Loi sur l'accès à l'information, sauf dans un cas.
Le pouvoir de rendre une ordonnance ne s'appliquera pas aux plaintes dont le commissaire a pris l'initiative au titre du paragraphe 30(3). Le commissaire aura le pouvoir de rendre des ordonnances relativement à la communication de documents à l'issue d'une enquête s'il juge que la plainte était fondée. Ces ordonnances prendront effet après 30 jours.
Les députés d'en face s'intéressent au Cabinet du premier ministre et à l'influence des membres de son équipe. En ce qui concerne l'effet du projet de loi sur le Cabinet du premier ministre, il faut regarder les exigences liées à la divulgation proactive et aux lettres de mandat, originales ou révisées, des ministres. À mon avis, c'était là une excellente initiative de la part du actuel.
Lorsque le a annoncé les nominations au Cabinet et rédigé les lettres de mandat, ce que les Canadiens pouvaient attendre du Cabinet du gouvernement du Canada a été présenté clairement. À mes yeux, c'est très positif. Le projet de loi prévoit en plus la publication des documents d'information préparés à l'intention des nouveaux ministres, des titres et des numéros de référence des notes préparées à l'intention des ministres, de l'ensemble des notes préparées par les ministères pour la période des questions, de même que des frais de déplacement et d'accueil des ministres et des membres de leur personnel exclu.
Cela me convient tout à fait. Je me rappelle que, au cours du débat sur la divulgation proactive, lorsque j'étais dans le troisième parti, on envisageait l'idée que la divulgation proactive devrait s'appliquer non seulement aux députés, mais aussi au Cabinet du gouvernement Harper.
Il y a beaucoup d'autres choses à dire. Je suis toujours ravi d'avoir le privilège de prendre la parole et d'exprimer quelques réflexions.