propose que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Monsieur le Président, je suis ravie d'intervenir au sujet du projet de loi .
Le 13 octobre, j'ai présenté deux importantes mesures législatives à la Chambre des communes. La première, en l'occurrence le projet de loi , propose un cadre visant à légaliser le cannabis, à le réglementer rigoureusement et à en restreindre l'accès au Canada. La deuxième, le projet de loi , est une mesure complémentaire qui propose la création de nouvelles lois musclées pour s'attaquer sérieusement au problème de la conduite avec facultés affaiblies par l'alcool et par la drogue, notamment le cannabis. Je suis fière de souligner que le projet de loi C-46 a été adopté par la Chambre et qu'il est actuellement à l'étude au Sénat.
C'est un plaisir pour moi de revenir aujourd'hui sur le projet de loi et de me pencher sur certains des amendements adoptés lors de l'étude approfondie du projet de loi par le Comité permanent de la santé. Je profite de l'occasion pour remercier les membres du Comité du travail considérable qu'ils ont effectué dans ce dossier. Le Comité a en effet examiné 115 mémoires et entendu près de 100 témoins qui ont exprimé des points de vue extrêmement utiles sur une vaste gamme de sujets allant de l'application de la loi à la santé publique.
Au nombre de groupes représentés au Comité, mentionnons l'Association canadienne des chefs de police, l'association des avocats criminalistes, le Ralliement national des Métis, l'Association médicale canadienne, l'Association canadienne de santé publique et la Fédération canadienne des municipalités. Des représentants du Colorado et de Washington ont également parlé de l'expérience de ces deux États qui ont légalisé le cannabis.
Au terme des témoignages, plusieurs amendements ont été proposés lors de l'étude article par article du projet de loi. Je parlerai dans un instant de certains de ces amendements fort valables mais, auparavant, je tiens à rappeler aux députés l'objectif principal que vise le projet de loi .
Le projet de loi vise à créer un cadre juridique qui permettra aux adultes de se procurer légalement du cannabis par une vente au détail encadrée et provenant d'une industrie bien réglementée ou de le cultiver en quantité limitée à la maison. En vertu du projet de loi, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux se partageraient la responsabilité de superviser le nouveau système. Le gouvernement fédéral surveillerait les volets production et fabrication du cadre de réglementation du cannabis et établirait les règles et les normes qui s'appliqueraient à toute l'industrie.
À cette fin, l'« Énoncé économique de l’automne 2017 » prévoit une somme de 526 millions de dollars pour délivrer des permis, inspecter les installations et faire appliquer tous les éléments de la Loi sur le cannabis. Pour leur part, les gouvernements provinciaux et territoriaux seraient responsables des volets distribution et vente du cadre.
Au-delà du cadre législatif énonçant les règles régissant la production, la vente au détail, la distribution et la possession de cannabis, celui-ci demeurera une substance strictement interdite.
La section 1 de la partie 1 du projet de loi indique clairement que bien des infractions qui s'appliquent actuellement au cannabis selon la Loi réglementant certaines drogues et autres substances seront maintenues dans la Loi sur le cannabis. Cette approche est tout à fait conforme aux recommandations contenues dans le rapport final du Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis.
Dans son rapport, le Groupe de travail recommandait de maintenir les infractions pénales pour la production illicite, le trafic, la possession en vue de trafic et la possession aux fins d'exportation, ainsi que l'importation et l'exportation de cannabis.
Je vais maintenant parler des amendements adoptés par le comité. J'aimerais d'abord dire que le gouvernement appuie tous les amendements adoptés par le Comité permanent de la santé. Pour l'instant, j'aimerais parler de cinq amendements bien précis qui ont été adoptés lors de l'étude article par article du projet de loi .
Premièrement, les restrictions concernant la hauteur des plants de cannabis qui peuvent être cultivés à domicile ont été supprimées. Cette restriction, limitant à 100 centimètres la hauteur des plants, a été proposée pour parvenir à un certain compromis: permettre la culture à des fins personnelles tout en garantissant une protection contre les risques connus liés aux gros plants, notamment le risque de détournement de cannabis à l'extérieur du régime légal. La disposition sur la hauteur maximale des plants, en fait la proposition de restreindre la culture à des fins personnelles, a suscité de nombreux commentaires, tant au comité de la santé que dans l'ensemble de la population.
Nous comprenons le processus complexe qui a mené à la recommandation du Groupe de travail visant à limiter à 100 centimètres la hauteur des plants de cannabis, et nous acceptons la conclusion formulée par le comité de la santé à la suite des nombreux témoignages au sujet des problèmes qu'une telle limite pourrait vraisemblablement engendrer.
Le gouvernement convient qu'il vaut mieux s'attaquer à ce problème en dehors du droit pénal. S'ils le désirent, les provinces et les territoires pourront se servir de leurs propres pouvoirs législatifs pour réglementer la hauteur des plants, et si ces mêmes pouvoirs sont conférés aux municipalités, ces dernières pourront faire de même.
Deuxièmement, l'ajout de la disposition du bon samaritain exempt de toute accusation criminelle pour possession simple les personnes qui font appel aux services médicaux ou aux forces de l'ordre à la suite d'une urgence médicale potentiellement mortelle mettant en cause une substance psychotrope. Il est démontré que les personnes victimes ou témoins d'une surdose de drogue ou d'un problème médical grave ont souvent peur d'appeler les services d'urgence parce qu'elles craignent d'être poursuivies. L'ajout d'une disposition du bon samaritain dans le projet de loi sur le cannabis contribuerait à faire en sorte que les gens communiquent et collaborent avec les services d'urgence lors d'une urgence médicale étant donné qu'ils savent qu'ils ne seront pas accusés d'une infraction mineure de possession.
Troisièmement, les modifications proposées à la Loi sur la santé des non-fumeurs prévoient une certaine souplesse pour interdire l'usage du tabac ou du cannabis dans des espaces extérieurs précis, ou dans des espaces réglementés dans les milieux de travail fédéraux, ce qui protégerait les gens contre la fumée du tabac ou du cannabis. Cette mesure s'harmonise avec la recommandation formulée par la Société canadienne du cancer.
Quatrièmement, plutôt que d'imposer une amende au montant fixe de 200 $ pour un délit pouvant faire l'objet d'une contravention, les tribunaux se verront accorder le pouvoir discrétionnaire d'imposer une amende pouvant atteindre 200 $, en tenant compte de divers facteurs, comme la capacité de l'accusé à payer l'amende, par exemple.
Enfin, un amendement a été adopté afin d'exiger la tenue d'un examen de la loi sur le cannabis trois ans après son entrée en vigueur et le dépôt d'un rapport au Parlement sur les résultats de l'examen.
Étant donné l'ampleur des changements prévus dans le projet de loi, il est important que l'actuel gouvernement communique clairement au Parlement et aux Canadiens l'incidence qu'aura la loi sur notre capacité à réaliser nos objectifs, soit protéger les jeunes et réduire l'emprise du crime organisé. L'examen permettra aux parlementaires de déterminer s'il faudra modifier la loi pour assurer la protection de la santé et la sécurité du public.
Je vais maintenant parler de l'importante discussion qui a eu lieu sur le traitement réservé aux jeunes au titre de la Loi sur le cannabis.
Le Comité permanent de la santé a entendu des témoins, y compris des avocats de la défense et des représentantes de l'Association des infirmières et infirmiers du Canada, qui ont fait valoir que la possession de cannabis par des jeunes ne devrait pas entraîner des peines criminelles, puisque criminaliser la possession de cinq grammes de cannabis ne dissuadera pas les jeunes d'en posséder. Cela ne fera que perpétuer l'application excessive de la loi pour les jeunes membres de la société qui sont marginalisés et qui appartiennent à une minorité raciale.
En revanche, d'autres personnes, dont des députés de l'opposition, préconisent la tolérance zéro pour ce qui est de la possession de cannabis par les jeunes. Le gouvernement tient compte des préoccupations liées au fait d'exempter les jeunes qui ont en leur possession ou qui partagent un maximum de cinq grammes de poursuites criminelles et du fait que cette décision pourrait leur lancer un mauvais message.
Comme je l'ai dit lorsque j'ai témoigné devant le comité, le gouvernement a rédigé le projet de loi de façon à ce que les jeunes ne disposent d'aucun moyen légal pour acheter ou faire l'acquisition de cannabis. Les jeunes ne doivent pas du tout avoir accès au cannabis.
Cependant, faire en sorte que les jeunes soient passibles de poursuites pénales pour avoir possédé ou partagé une très petite quantité de cannabis pourrait avoir sur eux des répercussions négatives en les exposant, tout particulièrement les jeunes marginalisés, au système de justice pénale.
Nous nous sommes attachés au message transmis au groupe de travail par la majorité des répondants, à savoir que les sanctions pénales doivent viser les adultes qui procurent du cannabis aux jeunes, et non ces derniers. Cela ne veut pas dire que le gouvernement considère comme acceptables que les jeunes soient en possession de cannabis ou en consomment. Le gouvernement a beaucoup réfléchi sur les moyens de garder le cannabis hors de portée des jeunes et de décourager ces derniers d’en consommer.
Le gouvernement a encouragé les provinces et les territoires à créer des infractions administratives visant à empêcher les jeunes de posséder quelque quantité de cannabis que ce soit, sans toutefois les exposer au système de justice pénale. La police aurait ainsi le pouvoir de saisir le cannabis dont un jeune dispose. Les provinces et les territoires utilisent cette approche mesurée pour l’alcool et le tabac dont disposent les jeunes, approche qui s’est avérée efficace. Nous nous félicitons que l’Ontario, le Québec et l’Alberta aient déjà annoncé leur plan relatif à une telle interdiction et nous espérons que d’autres provinces et territoires leur emboîteront le pas.
Cette approche est assortie d’autres protections importantes des jeunes prévus dans le projet de loi , qui crée de nouvelles infractions pour les adultes qui, soit vendent ou distribuent du cannabis aux jeunes, soit se servent d’un jeune pour commettre une infraction liée au cannabis. Le projet de loi protège les jeunes du matériel promotionnel qui pourrait les inciter à consommer. Il interdit l’emballage ou l’étiquetage attirant pour les jeunes, ainsi que la vente de cannabis en libre-service ou dans des distributrices automatiques.
Je rappelle aux députés que, outre ces mécanismes législatifs, le gouvernement entreprendra une vaste campagne d'éducation du public afin de renseigner les Canadiens de tous âges au sujet de la loi proposée, y compris des sanctions prévues pour la distribution de cannabis à un jeune et des risques associés à la consommation de cannabis. La campagne, qui est déjà amorcée et qui demeurera une priorité constante, vise avant tout à aider les jeunes Canadiens à faire le meilleur choix possible pour leur avenir et à comprendre les risques et les conséquences liés à la consommation de cannabis. Le gouvernement a annoncé le mois dernier un financement de 36,4 millions de dollars répartis sur cinq ans pour cette campagne. Ce montant s'ajoute aux 9,6 millions de dollars répartis sur cinq ans annoncés dans le budget de 2017 pour une campagne complète de sensibilisation et d'éducation du public, ainsi que pour des activités de surveillance.
Parlons maintenant de la mise en oeuvre du projet de loi et de l'échéancier qui s'y rattache, un sujet qui a fait beaucoup parler. Certains laissent entendre que les provinces et les territoires ne seront pas prêts ou que les forces de l'ordre ne seront pas prêtes. Or, plusieurs témoins qui ont comparu devant le comité ont fait remarquer, avec raison, qu'il faut agir maintenant. En réaction aux affirmations voulant que nous ne soyons pas prêts pour la légalisation, l'Association canadienne de santé publique a conseillé au comité ceci:
Malheureusement, le temps est un luxe que nous ne pouvons nous offrir, car les Canadiens consomment déjà des quantités records de marijuana. Les dommages pour les personnes et la société causés par la consommation de cannabis se font déjà ressentir chaque jour. La loi proposée et la réglementation qui suivra sont le meilleur moyen de réduire ces dommages et d'assurer le bien-être de tous les Canadiens.
Les témoins reçus par le comité ont également souligné qu'il y a toujours le sentiment qu'il faudrait prévoir plus de temps, mais que tout délai contribue à semer la confusion au sein de la population.
Le gouvernement convient qu'il faut agir maintenant et nous collaborons avec les provinces et les territoires sur de nombreux fronts, notamment au moyen d'un groupe de travail fédéral-provincial-territorial formé de hauts fonctionnaires. Ce groupe de travail demeure informé des développements dans ce dossier depuis un an au moyen de téléconférences tenues toutes les trois semaines et de réunions en personne. Une réunion s'est d'ailleurs déroulée à Ottawa les 17 et 18 octobre, tout récemment.
Depuis la présentation du projet de loi , plusieurs groupes de travail fédéraux-provinciaux-territoriaux assignés à des questions précises ont été mis sur pied afin d'accroître la collaboration sur différentes questions complexes, comme la conduite avec facultés affaiblies par la drogue, les infractions passibles d'une amende, la taxation et la sensibilisation.
Le gouvernement reconnaît qu'il sera crucial de soutenir les provinces et territoires dans leurs efforts. C'est pourquoi, entre autres, nous avons engagé jusqu'à 81 millions de dollars pour aider les provinces et les territoires à former les intervenants de première ligne à reconnaître les signes et les symptômes de la conduite avec facultés affaiblies, pour consolider la capacité des forces de l'ordre partout au pays et pour donner accès à des appareils de détection des drogues.
Le gouvernement est satisfait de voir tout le travail déjà accompli par les provinces et les territoires. Plusieurs d'entre eux ont déjà mené les consultations publiques qu'ils avaient promises concernant la façon de mettre en oeuvre la légalisation du cannabis.
L'Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick et l'Alberta ont élaboré des projets de loi et des cadres décrivant comment ils entendent régir le cannabis consommé à des fins récréatives, tandis que le Manitoba a déjà adopté la Loi sur la réduction des méfaits du cannabis. Bref, de nombreuses provinces font le nécessaire pour être prêtes en juillet 2018.
Comme il sait que certains territoires ou provinces pourraient ne pas s'être encore dotés de règles qui leur sont propres d'ici l'été 2018, le gouvernement permettra temporairement aux Canadiens de se procurer en ligne du cannabis dont la qualité aura été contrôlée et réglementée et qui aura été cultivé par un producteur homologué par le fédéral, et de se le faire livrer à domicile par la poste ou par messagerie.
Pour atténuer les coûts généraux associés à la mise en oeuvre des nouvelles règles, le gouvernement mise sur les droits des licences et les autres frais connexes de même que sur les recettes fiscales, comme pour le tabac et l'alcool. Les discussions avec les provinces et les territoires concernant le plan fiscal proposé ont déjà commencé, et elles vont se poursuivre. Les Canadiens sont invités à prendre part à nos consultations, et nous prendrons connaissance de leurs commentaires avec beaucoup d'intérêt, car nous tenons à ce que le prix du cannabis soit assez bas pour faire plier boutique aux criminels tout en contribuant à atténuer les coûts associés à la sensibilisation, à l'administration et à l'application de la loi.
Je terminerai en rappelant que l'approche actuelle du Canada concernant le cannabis continue de faire la joie du crime organisé, alimente les risques pour la santé et la sécurité et fait que, chaque année, des milliers de Canadiens risquent de se retrouver avec un casier judiciaire parce qu'ils ont commis une infraction somme toute mineure. La plupart des Canadiens croient que la simple possession de petites quantités de cannabis ne devrait plus être assortie de lourdes peines criminelles. Pour conclure, j'invite tous les députés à appuyer la version du projet de loi modifiée par le Comité permanent de la santé.
:
Monsieur le Président, pendant tout le débat qu’il y a eu à l’étape de la deuxième lecture, pendant les audiences du comité et maintenant à l’occasion de ce débat final, des montagnes de preuves ont été apportées pour montrer à quel point la détermination du gouvernement de légaliser la marijuana à des fins récréatives pourrait avoir des conséquences désastreuses.
Malgré cela, le gouvernement libéral s'entête et reste déterminé à faire adopter ce projet de loi en vitesse de sorte que, le 1er juillet 2018, à l’occasion du 151e anniversaire du Canada, des jeunes d’à peine 18 ans pourront légalement acheter de la marijuana dans des magasins gouvernementaux et la consommer sans pratiquement aucune restriction.
On m’a accordé 20 minutes pour présenter mes objections à cette mesure législative nuisible. Or, il me faudrait des heures pour présenter toutes les preuves soumises par les médecins, les psychiatres, les chercheurs, les policiers, les parents et tous les spécialistes qui enjoignent le gouvernement de ne pas s’engager dans cette voie, car cela pourrait avoir de graves conséquences.
Je me limiterai donc à quelques articles et études, et je demanderai aux députés d’en face comment ils peuvent justifier leur action après en avoir pris connaissance.
J’ai sous les yeux les lettres de mandat que le a remis aux ministres concernant les attentes et les résultats que l’on attend d’eux. Je m’en servirai dans mon exposé pour montrer à quel point les ministres ont renié l’action du premier ministre.
Après les dernières élections, le a remis une lettre de mandat à chaque ministre.
Dans la lettre de mandat de la , il est écrit:
Je m’attends à ce que vous travailliez en étroite collaboration avec votre sous-ministre et ses cadres supérieurs, pour vous assurer que les travaux en cours dans votre ministère soient effectués de manière professionnelle et que les décisions soient prises dans l’intérêt du public.
Je me demande si la ministre, à ce moment-là, a informé le du document de son propre ministère, modifié le 19 août 2016. Je suis certain qu'elle en connaissait l'existence. Entre autres choses, ce document dit:
L’utilisation de cannabis peut altérer votre concentration, votre capacité à penser et à prendre des décisions ainsi que votre temps de réaction et votre coordination. Elle peut nuire à vos habiletés motrices, notamment à votre capacité à conduire. Elle peut également accroître l’anxiété et causer des attaques de panique et, dans certains cas, la paranoïa et des hallucinations.
Il dit aussi:
Vous ne devriez pas consommer de cannabis si:
vous êtes âgé de moins de 25 ans;
vous êtes allergique à n’importe quel cannabinoïde ou à la fumée;
vous êtes atteint d’une grave maladie du foie, des reins, du cœur ou des poumons;
vous avez des antécédents personnels ou familiaux d’un grave trouble mental, comme la schizophrénie, la psychose, la dépression ou le trouble bipolaire;
vous êtes enceinte, prévoyez devenir enceinte ou allaitez;
vous êtes un homme qui désire fonder une famille;
vous avez des antécédents de dépendance ou d’abus d’alcool ou de drogues.
Parmi les conséquences pour la santé liées à la consommation à court ou à long terme, mentionnons les suivantes:
Augmentation du risque de déclencher ou d'aggraver des troubles psychiatriques ou de l’humeur (schizophrénie, psychose, anxiété, dépression, trouble bipolaire);
Diminution du nombre, de la concentration et de la mobilité des spermatozoïdes et augmentation de l’altération morphologique du sperme;
Incidences négatives sur le développement comportemental et cognitif de l’enfant né d'une mère qui a consommé du cannabis pendant la grossesse.
Ce document était à la disposition de la ministre. Ainsi, il est clair qu'elle n'a pas suivi les instructions du . Le premier ministre a également écrit ceci:
Aucune relation n’est plus importante pour moi et pour le Canada que la relation avec les peuples autochtones.
C'est ce qu'on peut lire dans la déclaration préliminaire de la lettre de mandat à l'intention de la . Pourquoi la ministre n'a-t-elle pas sonné l'alarme et transmis au le message qu'elle a reçu de la présidente de la Nunavut Tunngavik, Aluki Kotierk? Celle-ci a dit:
Le gouvernement fédéral doit consulter les Inuits à savoir s'il faut légaliser ou non le cannabis et, le cas échéant, quand. Il doit également les consulter pour planifier la gestion des conséquences négatives possibles de la légalisation du cannabis [...]
Ce n'est pas tout. La chef Gina Deer du Conseil des Mohawks de Kahnawake a dit ce qui suit:
Notre communauté adopte la politique de la tolérance zéro en matière de drogue depuis plusieurs années. Maintenant, quand on dit aux membres de la communauté qu'il faudra accepter la marijuana en tant que produit légal, qu'il ne s'agira plus d'une drogue, ils ont de la difficulté à l'accepter, particulièrement les anciens.
Le avait aussi affirmé ce qui suit à la :
Je m’attends à ce que vous repreniez le processus de renouvellement de la relation de nation à nation avec les Autochtones afin de réaliser de réels progrès sur les enjeux les plus importants pour les Premières Nations, la Nation métisse et les communautés inuites, comme le logement, l’emploi, les soins de santé et de santé mentale [...]
Le chef Isadore Day a affirmé ce qui suit au comité:
Il est juste de dire que les Premières Nations ne sont pas non plus prêtes à composer avec les impacts découlant du projet de loi C-45 [...] le Canada est-il au courant actuellement de tous les impacts du cannabis? [...] Quand les États du Colorado et de Washington ont légalisé la vente de cannabis en 2013, cela a eu un impact défavorable sur les tribus autochtones aux États-Unis.
De plus, le chef Day a également dit au comité que, même s'ils sont au courant de tout cela, les libéraux continuent d'affirmer qu'il est important que nous travaillions à accomplir cette tâche aussi rapidement que possible.
Le chef a réitéré que l'une des grandes préoccupations que soulève le projet de loi chez les Premières Nations touche la santé et la sécurité de leur peuple. Il a mentionné des statistiques indiquant que le cannabis se classe au deuxième rang parmi les substances les plus utilisées chez les Autochtones. Il a ajouté que, pour la seule province de l'Ontario, il faudrait un montant de 33 millions de dollars pour traiter la toxicomanie et l'alcoolisme chez les Premières Nations. Il a conclu en disant qu'il semblait y avoir plus de questions que de réponses et que les Premières Nations restaient ainsi dans un état compromis alors que l'échéancier était accéléré.
Le a également dit à la ministre de:
Collaborer avec le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile ainsi qu’avec la ministre des Affaires autochtones et du Nord afin de combler les lacunes associées aux services offerts aux Autochtones et aux personnes souffrant de problèmes de santé mentale qui naviguent dans le système de justice pénale.
Elle aurait dû lui parler du rapport que je viens de mentionner et des préoccupations que son propre gouvernement avait au sujet de la légalisation de la marijuana et de la consommation de cette drogue.
Santé Canada a émis des mises en garde. J'en ai mentionné quelques-unes, mais les suivantes sont pertinentes aussi:
Le cannabis [...] contient des centaines de constituants, dont certains peuvent altérer le fonctionnement approprié du cerveau et du système nerveux central. L'utilisation du produit comporte des risques pour la santé, dont certains pourraient ne pas être connus ou entièrement compris. [...] Vous ne devriez pas consommer de cannabis si: [...] vous avez des antécédents personnels ou familiaux d'un grave trouble mental, comme la schizophrénie [...].
Le adore rappeler à la , qui vient de prendre la parole, son amour et son respect infinis pour la Charte. Dans la lettre de mandat à l'intention de la ministre, il a affirmé ceci:
Vous devrez veiller à la protection des droits des Canadiens et des Canadiennes, faire en sorte que nos travaux respectent le plus possible la Charte canadienne des droits et libertés.
Un groupe de défense des enfants au Nouveau-Brunswick a évalué les violations possibles à la convention relative aux droits de l'enfant. Il en a conclu qu'il est fort probable que cette mesure législative fasse l'objet de contestations judiciaires. Je me demande si la ministre aurait dû dire au qu'une contestation judiciaire, selon ce qui a été affirmé, est une bonne idée aux termes de la Charte canadienne des droits et libertés. L'article 7 précise ce qui suit:
Chacun a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne; il ne peut être porté atteinte à ce droit qu'en conformité avec les principes de justice fondamentale.
La ministre aurait dû prévenir le premier ministre qu'en légalisant la marijuana, une drogue psychoactive, le gouvernement du Canada encouragera la vente et la consommation de cette substance. Ainsi, tous les Canadiens seront soumis à un risque accru de subir des lésions corporelles et de mourir par l'entremise d'accidents de la route et du travail causés par des facultés affaiblies, de maladies liées à l'habitude de fumer et d'autres blessures entraînées par la marijuana. Par exemple, des chefs de police de partout au pays ont exprimé leur crainte de ne pas pouvoir assurer la sécurité de la population contre les conducteurs ayant consommé de la drogue. Ainsi, la proposition de légaliser la marijuana contrevient à la disposition de la Charte qui porte sur le droit à la sécurité de la personne.
Au , il a écrit ceci:
À titre de ministre [...] votre objectif principal sera de diriger le travail de notre gouvernement pour que les Canadiens demeurent en sécurité.
Je voudrais parler encore une fois du rapport du ministère de la Santé, mais je tiens aussi à mentionner un rapport qui vient tout juste d'être publié et qui porte sur les répercussions de la légalisation de la marijuana au Colorado. Le résumé contenu dans ce rapport dit ceci: « Le nombre de décès dans les accidents de la route liés à la consommation de marijuana, où l'on a détecté la présence de marijuana dans l'organisme d'un conducteur, a plus que doublé. Il est passé de 55 décès en 2013 à 123 décès en 2016. » Puis, le résumé dit encore ceci: « En 2009, le nombre de décès dans les accidents de la route liés à la consommation de marijuana, où l'on a détecté la présence de marijuana dans l'organisme d'un conducteur, représentait 9 % du nombre total de décès sur les routes. En 2016, cette proportion avait plus que doublé et s'établissait à 20 %. » La suite du rapport est à l'avenant. D'autres statistiques nous montrent ce qui arrive aux jeunes, notamment l'augmentation dramatique de la consommation de marijuana chez les jeunes.
Voici maintenant ma citation favorite. Le a écrit les mots suivants à la , celle qui a maintes fois répété dans cette enceinte que le gouvernement actuel était à l'écoute de la science, justement à cause de ce que le premier ministre lui a écrit:
Notre gouvernement croit en la science et croit que de bonnes connaissances scientifiques devraient être à la base du processus décisionnel.
Je me demande si cette ministre a parlé au du rapport sur la légalisation de la marijuana au Colorado, ou possiblement de ce rapport du National Institute on Drug Abuse. Voici un autre excellent article qu'elle aurait dû lire, de la revue Frontiers in Psychiatry: « Persistency of Cannabis Use Predicts Violence following Acute Psychiatric Discharge ». Il y a aussi le long rapport de l'Organisation mondiale de la Santé, intitulé « The Health and Social Effects of Nonmedical Cannabis Use ».
La liste est longue. Je suis certain que la ministre a lu le rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, intitulé « Analyse du marché des drogues d'origine végétale, C. Le marché du cannabis ».
Tous ces rapports aboutissent à la même conclusion: l'utilisation du cannabis est limitée pour une raison. Il y a une raison pour laquelle les gouvernements ont continuellement suivi cette pratique.
J'ai souvent dit à la Chambre que je suis réellement impressionné par le caucus libéral. Il est composé de médecins et d'avocats, de titulaires de doctorat et de boursiers Rhodes. Ce n'est pas un groupe dont les membres pourraient utiliser l'excuse de ne pas disposer des renseignements pertinents.
J'ai trouvé un excellent article de James Di Fiore dans le Huffington Post, dans lequel nous pouvons lire ceci:
J'ai déjà écrit au sujet de ma contribution modeste à la levée de l'interdiction du pot. Pour récapituler, en 2011, des hauts placés du Parti libéral du Canada m'ont engagé pour faire pression sur les délégués libéraux afin que ceux-ci votent en faveur d'une initiative stratégique qui prônait la légalisation. Pendant trois mois, mon équipe a approché des groupes militants pro-marijuana et a mobilisé leurs membres pour qu'ils bombardent [tous] les délégués de courriels, gazouillis et messages Facebook. Le plan était de leur mettre assez de pression pour qu'ils votent pour un Canada qui allait délaisser ses opinions draconiennes au sujet du pot. Lorsque nous avons commencé, nous avions l'appui de seulement 30 % des délégués [30 % de ce caucus]. Après la comptabilisation des votes, lors du congrès libéral en 2012, plus de 75 % des délégués avaient voté oui.
Ce groupe peut faire le bon choix. Je sais que de nombreux députés au sein du caucus libéral s'opposent à ce que fait le gouvernement et à ce que le les contraint de faire également. Le temps est venu pour eux de s'affirmer, de faire le bon choix et de voter contre ce projet de loi dangereux.
J'aimerais souligner que le premier ministre n'est pas à l'avant-garde dans ce dossier et ne cherche pas à faire du Canada une nation progressiste sur cette question. Le premier ministre Mark Rutte, des Pays-Bas, a déclaré dans un article publié en 2014, au sujet de la consommation de marijuana, que « les gens devraient pouvoir faire ce qu'ils veulent de leurs corps, du moment qu'ils savent ce que cette saloperie leur fait ». Les Néerlandais ont une façon différente de voir les choses en ce qui concerne la marijuana.
L'article dit ensuite que M. Rutte a ajouté, lors de l'entrevue, qu'il était hors de question de légaliser le cannabis selon le modèle adopté au Colorado — et je dois souligner que ce modèle s'applique aux personnes de 21 ans et plus —, où l'État taxe et réglemente tous les niveaux de la chaîne d'approvisionnement et où les adultes de 21 ans et plus sont autorisés à acheter du cannabis dans des points de vente officiellement licenciés. Il a ajouté que les Pays-Bas seraient la risée de l'Europe s'ils adoptaient ce modèle.
Cette mesure proposée par le et le caucus libéral n'est pas progressiste. D'ailleurs, même si le système néerlandais comporte des lacunes majeures, les traités actuels de l'ONU interdisent aux pays signataires de légaliser ou de réglementer la consommation de drogue à des fins récréatives. Plus particulièrement, la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 précise que les États membres ont l'obligation générale de « limiter exclusivement aux fins médicales et scientifiques la production, la fabrication, l’exportation, l’importation, la distribution, le commerce, l’emploi et la détention des stupéfiants ».
Le ministère de la Justice a récemment demandé à Piet Hein van Kempen, professeur de droit criminel et de procédure pénale aux Pays-Bas, d'examiner si les conventions internationales sur les drogues offrent une marge de manoeuvre pour légaliser, décriminaliser, tolérer ou réglementer autrement la consommation de cannabis à des fins récréatives. Sa réponse a été un non catégorique. La prochaine fois que le rencontrera son nouveau meilleur ami, Xi Jinping, il pourra peut-être lui parler de son projet de légalisation de la marijuana et lui demander ce qu'il en pense. Je suis certain qu'il donnerait au premier ministre une leçon d'histoire sur ce qui s'est passé au sein de la société chinoise.
Les libéraux sont en bonne voie de légaliser la consommation de marijuana à des fins récréatives d'ici le 1er juillet 2018. Ils affirment avoir mené de vastes consultations, effectué le plus important sondage en ligne et produit le rapport intitulé « Un cadre pour la légalisation et la réglementation du cannabis au Canada ». Les libéraux disent qu'ils ont consulté les Canadiens, les administrations provinciales, territoriales et municipales, les gouvernements autochtones, des représentants d'organismes, les jeunes, les parents et des spécialistes de domaines pertinents. Ils tentent de faire adopter le projet de loi à la Chambre à toute vapeur sans tenir compte des mises en garde des médecins, des chefs de police et des parents des Premières Nations.
Le projet de loi changera de façon radicale la société canadienne. Toutes les conséquences se feront sentir pendant des années. Les libéraux disent que le projet de loi va nous protéger et enlever la marijuana des mains des criminels. Je tends plutôt à croire que le projet de loi va asservir les jeunes et faire du gouvernement le nouveau vendeur de drogue sur le marché.
Je propose:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit: « le projet de loi C-45, Loi concernant le cannabis et modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, le Code criminel et d’autres lois, ne soit pas maintenant lu une troisième fois, mais qu’il soit renvoyé au Comité permanent de la santé pour que ce dernier en réexamine l’article 226 afin d’établir une date d’entrée en vigueur qui respecte le désir des provinces, des territoires, des municipalités, des forces de l’ordre et des groupes des Premières Nations de disposer de plus de temps pour se préparer en vue de la légalisation du cannabis. »
:
Monsieur le Président, au cours de la dernière campagne électorale, lorsque les libéraux ont promis aux Canadiens la légalisation du cannabis, je pense que les Canadiens raisonnables ont compris que par « légalisation », on entendait la fin de la criminalisation, la fin de la stigmatisation et la fin du régime prohibitionniste à l'égard du cannabis. C'est pourquoi, à l'instar de millions de Canadiens, j'ai été quelque peu surpris, en lisant les détails du projet de loi , de constater que celui-ci ne permettra pas du tout de légaliser le cannabis; il ne fera que le rendre moins illégal. Le projet de loi créera toute une série de nouvelles infractions criminelles liées au cannabis, dont la plupart seront passibles d'une peine d'emprisonnement d'une durée maximale de 14 ans. Comme l'a dit Michael Spratt, un célèbre avocat de la défense spécialisé en droit criminel:
[Le projet de loi C-45] est une mesure législative complexe inutile qui, dans de nombreuses circonstances, ne modifie en rien la criminalisation de la marijuana.
Un adulte en possession de plus de 30 grammes de marijuana en public est un criminel. Un jeune en possession de plus de cinq grammes de marijuana est un criminel. Un individu de 18 ans qui partage un joint avec son ami de 17 ans est un criminel. Un adulte qui cultive cinq plants de marijuana [...] est un criminel [...] Cette criminalisation continue va à l'encontre d'une politique de justice criminelle rationnelle et fondée sur des données probantes et ne fera qu'atténuer certaines des conséquences positives du projet de loi [...]
Le secrétaire parlementaire de la ministre de la Santé a déclaré que ces peines sévères sont réservées aux gangsters qui traînent dans les cages d'escalier pour vendre du cannabis aux enfants, mais c'est exactement ce genre de démagogie à la Reefer Madness qui a encouragé la prohibition pendant près d'un siècle. Les données présentées au comité de la santé contredisent complètement ce point de vue. En fait, 95 % des producteurs et des consommateurs de cannabis au pays sont des citoyens non violents et respectueux des lois qui n'ont absolument rien à voir avec le crime organisé.
Si la criminalisation et la menace d'emprisonnement empêchaient les gens de consommer du cannabis, les Canadiens n'en consommeraient pas approximativement 655 tonnes métriques par année alors que cette drogue est complètement criminalisée et que le trafic est passible d'une peine d'emprisonnement à perpétuité. En effet, on a discrédité l'approche prohibitionniste à maintes reprises au cours de l'histoire en raison de ses failles. La consommation de cannabis n'a pas cessé d'augmenter au cours de la prétendue « guerre contre la drogue », et, à l'heure actuelle, le taux de consommation de cannabis chez les jeunes Canadiens est l'un des plus élevés au monde. Le directeur parlementaire du budget prévoit que, sur les 4,6 millions de personnes qui consommeront du cannabis au moins une fois en 2018, près de 1,7 million, soit plus d'un tiers, seront des personnes du groupe d'âge des 15 à 24 ans.
Depuis trop longtemps, on gaspille des milliards de dollars en mesures judiciaires qui font qu'un grand nombre de citoyens, normalement respectueux de la loi, se retrouvent avec un casier judiciaire pour avoir tout simplement été en possession de cannabis ou pour en avoir consommé. C'est encore vrai aujourd'hui. Selon les données les plus récentes de Statistique Canada, en 2016 — alors que le gouvernement libéral était au pouvoir après avoir promis aux Canadiens de légaliser le cannabis —, 55 000 infractions liées au cannabis ont été déclarées à la police, qui a porté des accusations contre 17 733 personnes. Dans la mesure où la possession de cannabis sera bientôt légale au Canada, il faudrait, comme le réclame depuis longtemps le NPD, décriminaliser immédiatement la possession de cannabis à des fins récréatives jusqu'à ce qu'elle soit légalisée en bonne et due forme.
La simple possession de cannabis est un crime que le lui-même a admis avoir déjà commis depuis qu'il est député. Cet aveu contredit ce qu'il affirme souvent, à savoir que les dispositions actuelles s'appliquent tant qu'on n'a pas modifié la loi. Je suppose qu'il veut dire que la loi s'applique aux autres, mais pas à lui-même.
Il est regrettable, et on ne peut imaginer pire hypocrisie, que le gouvernement continue de faire condamner des Canadiens pour possession simple de cannabis tout en admettant qu'il ne devrait pas s'agir d'un délit. Les libéraux savent très bien que les dispositions qui régissent actuellement l'usage du cannabis ne s'appliquent pas de façon uniforme au Canada. En effet, plusieurs chercheurs canadiens, dont M. Neil Boyd, de l'Université Simon Fraser, ont bien démontré que l'application de la loi se fait de façon discriminatoire.
De plus, compte tenu de toutes les études qui existent sur les répercussions négatives d'un casier judiciaire, il est clair que de traduire en justice des milliers de personnes pour des actes que nous ne considérons plus comme criminels fera inutilement du tort à des Canadiens vulnérables, surtout aux jeunes, aux communautés racialisées, aux Autochtones et aux groupes marginalisés, principalement les pauvres.
Je tiens à ce qu'on comprenne bien que, du fait que je suis en faveur d'une véritable légalisation du cannabis, je reconnais que le projet de loi est une amélioration par comparaison au statu quo. C'est pour cette raison que les néo-démocrates fédéraux appuieront cette mesure législative. Ce projet de loi rend légale la possession d'au plus 30 grammes de cannabis, permet la culture d'un maximum de quatre plants de cannabis par habitation ou maison et crée un cadre pour le développement d'une industrie légale du cannabis à usage récréatif au Canada.
Je dois mentionner, toutefois, que le projet de loi , inexplicablement, permet aux provinces et aux territoires de déroger à ces libertés fondamentales. Il y a de quoi inquiéter quiconque souhaite une véritable légalisation du cannabis au Canada et ceux qui pressent la Chambre d'adopter cette mesure législative au plus vite.
Je veux aussi que le compte rendu montre qu'après avoir révélé les trous béants dans la mesure législative du gouvernement libéral sur le cannabis, les députés du NPD, dans l'esprit qui caractérisait Jack Layton, ont tendu la main à leurs collègues d'en face pour que les Canadiens aient ce pour quoi ils ont voté: une véritable légalisation du cannabis.
À tous ceux qui doutent du rôle positif qu'une opposition efficace peut jouer, je répondrai que nous avons réussi à convaincre les libéraux de prendre les mesures suivantes: laisser tomber la limite ridicule de 100 centimètres pour la hauteur des plants, qui était remise en cause par l'ensemble des données et les experts; ajouter les produits comestibles et les concentrés, même si ce n'est pas immédiatement, mais d'ici un an; et reconnaître la nécessité d'inclure les producteurs artisanaux de cannabis dans le cadre de production légale.
Il faut le dire: ces améliorations n'auraient jamais été adoptées sans le travail assidu des néo-démocrates au comité. Ils ont présenté des témoins et des données en plus de pousser le gouvernement à faire ce qui s'impose. Je tiens à féliciter le parti au pouvoir. Contrairement au gouvernement conservateur précédent, qui ne tenait pratiquement jamais compte des suggestions de ce côté-ci de la Chambre, le gouvernement libéral s'est montré capable de tenir compte des données présentées et de faire des ajustements, même s'il n'est pas allé aussi loin que nous l'aurions souhaité.
De plus, au comité de la santé, nous avons présenté 38 amendements concrets afin d'harmoniser parfaitement le projet de loi avec son article sur l'objet et les données que nous avons obtenues lors des témoignages d'experts. L'objet du projet de loi est notamment de sortir l'industrie illicite de l'ombre, de garantir aux Canadiens un accès à des produits du cannabis sûrs et bien réglementés, et de retirer la production et la distribution du cannabis des mains du crime organisé pour les confier à une industrie légale et réglementée.
C'est ce que nous avions en tête, nous, les néo-démocrates, lorsque nous avons proposé nos amendements pour que les dispositions de ce projet de loi soient conformes à ses objectifs. Malheureusement, le gouvernement libéral a refusé toutes nos propositions d'amendement, notamment en ce qui concerne les produits comestibles. Le gouvernement se satisfait de laisser le champ libre au crime organisé pour qu'il puisse faire le commerce de ces produits et des concentrés sur le marché noir, sans aucune réglementation, pendant encore un an et demi ou deux ans à compter d'aujourd'hui. Il n'est pas capable de justifier sa décision.
Au-delà de la légalisation de la vente des produits comestibles et des concentrés, les changements que nous proposons incluent une disposition visant à accorder un pardon aux Canadiens qui sont accablés d'un casier judiciaire pour avoir commis des infractions qui n'en seront plus une fois que le projet de loi aura été adopté. On a jugé que cet amendement dépassait la portée du projet de loi . Toutefois, compte tenu des déclarations passées du , il est plutôt choquant de voir que le gouvernement libéral a structuré le projet de loi de légalisation du cannabis de manière à ce qu'on ne puisse pas y inclure un amendement sur la question des pardons. Celui-ci ne cadrerait pas dans le projet de loi, vu la décision rendue. Puisque les libéraux disent avoir pris le temps d'effectuer de vastes consultations, ils devraient peut-être expliquer aux Canadiens pourquoi ils ont trouvé le moyen, deux années plus tard, d'oublier la question des pardons à accorder aux Canadiens déclarés coupables de possession de cannabis, même si eux, les libéraux, connaissent bien les effets dévastateurs de ces déclarations de culpabilité sur la carrière et la vie sociale des personnes concernées.
Nous avons aussi proposé des amendements afin de permettre aux gouvernements provinciaux de créer des régimes parallèles de délivrance de permis de production afin de leur donner la marge de manoeuvre nécessaire pour adopter les mesures d'application de la loi les mieux adaptées à leur province. Par exemple, notre proposition aurait permis aux provinces de faire en sorte que les producteurs artisanaux, les petits producteurs et ceux qui font de la production à l'extérieur puissent soutenir la concurrence des grandes sociétés détentrices d'un permis fédéral. Les libéraux ont voté contre cette proposition.
Nous avons proposé une approche semblable à celle de la Loi sur le tabac en remplaçant les sanctions pénales par une approche réglementaire. Ainsi, les infractions seraient passibles de lourdes amendes plutôt que de sanctions pénales. Selon l'article 7, le projet de loi vise à « réduire le fardeau sur le système de justice pénale relativement au cannabis ». Le NPD estime que les pénalités prévues dans le projet de loi devraient s'accorder avec l'objectif déclaré.
Avec le rejet de ces amendements par le gouvernement libéral, je crains fort que nombre de Canadiens continueront de subir des préjudices lorsque le projet de loi deviendra loi au pays. Les peines de prison déraisonnables, les limites de possession arbitraires et les dispositions qui font obstacles aux petits producteurs et aux producteurs artisanaux ne sont que quelques exemples de dispositions préjudiciables qui doivent être corrigées.
Cependant, je suis encouragé par le fait que ce projet de loi prévoit au moins un examen obligatoire de la loi qui devra se faire au cours de la prochaine législature. Je vois cela comme aveu tacite du gouvernement que des dispositions de ce projet de loi posent problème et devront être corrigées. D'ailleurs, c'est le Parti libéral qui a proposé d'amender le projet de loi pour que l'examen soit mené dans trois ans plutôt que cinq. Je crois que les libéraux savent qu'il y a dans ce projet de loi des lacunes auxquelles il faut remédier.
Pour dire vrai, j'aurais préféré que nous fassions bien les choses du premier coup. Dans l'état actuel des choses, le gouvernement fédéral s'est délesté du gros de la besogne sur les épaules des autorités provinciales, territoriales, municipales et autochtones. Le Groupe de travail sur la légalisation du cannabis a été sans équivoque: le gouvernement fédéral doit « [j]ouer un rôle de leadership pour veiller à ce que la capacité soit développée parmi tous les ordres de gouvernement avant le lancement du régime réglementaire ». Pourtant, quand on lui a demandé si le fédéral s'était adressé aux Premières Nations et aux gouvernement autochtones, dans une perspective de nation à nation, pour s'assurer que tel était le cas, le chef Isadore Day a répondu ceci au comité de la santé: « Non, il ne le fait pas et, encore une fois, ce sera vraiment crucial. »
En laissant les parties intéressées sur la touche et en refusant de modifier un échéancier arbitraire dont la seule raison d'être est de nature politique, le gouvernement libéral sacrifie tout net la qualité législative sur l'autel de la rapidité. Nous avons ainsi assisté à l'émergence d'une mosaïque complexe d'approches d'un bout à l'autre du Canada, et ce sont les Canadiens qui risquent d'en faire les frais parce qu'ils pourraient bien enfreindre la loi sans même en avoir conscience. Par exemple, certaines provinces pourraient interdire la culture à domicile. Le Québec vient justement de faire une annonce en ce sens. Certaines provinces pourraient de leur côté choisir d'abaisser la quantité maximale qu'il est permis de posséder en public, qui est fixée à 30 grammes à l'échelle fédérale. Certaines autres pourraient interdire la consommation de cannabis en public. Quant aux municipalités, certaines envisagent de carrément interdire la vente et la consommation de cannabis sur leur territoire.
Je veux que tous les Canadiens qui écoutent ce soir comprennent bien. Les libéraux présentent une mesure législative qui permettra aux provinces d'aller à l'encontre de la permission de cultiver jusqu'à quatre plants à domicile et de posséder jusqu'à 30 grammes de cannabis en public. Ceux qui souhaitent la légalisation du cannabis et qui attendent ce moment depuis des décennies doivent savoir que ce projet de loi n'établira pas un leadership fédéral dans une structure nationale légale pour le cannabis. Comme je l'ai dit, il y a déjà l'exemple du Québec. Dans cette province, une personne ne pourra pas cultiver des plants à son domicile. Je ne pense pas que ce soit pour ce résultat que les partisans du cannabis ont travaillé pendant toutes ces années.
La tentative récente des libéraux d'imposer unilatéralement une taxe d'accise, sans consulter d'autres compétences, va directement à l'encontre des recommandations du rapport McClellan. Leur tentative de garder, à l'échelle fédérale, la moitié des recettes provenant de la taxe d'accise ne tient pas compte du fait que la plus grande partie des coûts associés à la légalisation seront assumés par les provinces, les territoires et les villes.
Pour leur part, les néo-démocrates du Canada continueront de tendre la main à leurs collègues d'en face afin que la légalisation soit faite correctement et à temps. Depuis qu'un ancien gouvernement libéral a fait fi des recommandations de la Commission Le Dain, en 1971, notre parti a demandé aux gouvernements qui se sont succédé de voir à ce que personne ne se retrouve avec un casier judiciaire pour avoir consommé du cannabis. Nous demeurons fermement convaincus que de telles arrestations sont injustifiables et qu'il faut y mettre fin sans tarder.
Je m'en voudrais de ne pas profiter de l'occasion pour rappeler quelques faits sur le cannabis qui sont trop souvent écartés des discussions publiques à cause des campagnes de peur axées sur la prohibition. Tout d'abord, l'alcool et le tabac sont, dans presque tous les contextes, beaucoup plus nocifs sur les plans personnel et social que le cannabis. Le cannabis ne rend pas les gens agressifs, il n'est pas carcinogène, et on ne peut pas mourir d'une surdose accidentelle de cannabis. Des experts l'ont répété maintes et maintes fois au comité de la santé.
Deuxièmement, le cannabis comporte une grande variété de vertus thérapeutiques. C'est un médicament efficace dont se servent les patients canadiens atteints, par exemple, d'épilepsie, de troubles de stress post-traumatique, de cancer et d'arthrite. Si les libéraux le comprenaient vraiment, je doute qu'ils auraient annoncé, sans consulter les patients, qu'ils comptent imposer une nouvelle taxe d'accise sur le cannabis utilisé à des fins médicales, qui s'élèvera à 1 dollar le gramme ou à 10 % du prix de détail final, selon le plus élevé de ces deux montants.
À la fin de 2016, 129 876 patients canadiens avaient l'autorisation d'un médecin pour consommer du cannabis à des fins médicales. De plus, depuis que le premier ancien combattant canadien s'est fait rembourser pour des motifs d'ordre humanitaire en 2007, Anciens Combattants Canada assume maintenant le coût du cannabis à des fins médicales pour plus de 3 000 anciens combattants canadiens. Or, le gouvernement veut leur imposer une taxe.
Étonnamment, le gouvernement fédéral n'assume pas le coût du cannabis consommé à des fins médicales pour les Autochtones, une politique discriminatoire qui dément l'affirmation du selon laquelle la plus importante relation pour le Canada est celle qu'il entretient avec les communautés autochtones.
La taxe des libéraux sur le cannabis consommé à des fins médicales est peu judicieuse, injuste pour les patients et préjudiciable pour la santé publique. C'est tout simplement une mauvaise politique publique. Le coût du cannabis consommé à des fins médicales est déjà très élevé puisque, contrairement aux médicaments sur ordonnance et aux appareils médicaux nécessaires, il n'est pas exonéré de la TPS par les lois fédérales, et n'est admissible à un remboursement dans le cadre de pratiquement aucun régime d'assurance public ou privé. Ainsi, les patients sont actuellement contraints de dépenser des centaines, voire des milliers de dollars chaque mois pour acquérir un approvisionnement suffisant de cannabis à des fins médicales, ou de choisir une option plus risquée, comme un opioïde vendu sur ordonnance, car celui-ci est exonéré de la taxe et est admissible à un remboursement auprès des compagnies d'assurance. L'effet est pervers.
Le cannabis destiné à des fins médicales doit être traité comme tout autre médicament thérapeutique vendu sur ordonnance. Les néo-démocrates emploieront tous les outils à leur disposition pour annuler cette décision stratégique boiteuse.
Troisièmement, pas plus tard qu'hier à la Chambre, le député conservateur de a dit aux Canadiens que le cannabis légal est tout aussi dangereux que le fentanyl et que permettre la culture à domicile de cannabis revient « pratiquement à mettre du fentanyl sur une tablette, à la portée des enfants ». Cette affirmation est totalement fausse, scandaleuse et dangereuse. De plus, elle montre une insensibilité flagrante à l'endroit des personnes qui ont perdu des êtres chers à la suite d'une surdose de fentanyl. Il est honteux, cruel et inadmissible d'exploiter des tragédies personnelles pour tenter de se faire du capital politique. Je demande au Parti conservateur de rectifier les faits et au député de présenter des excuses sincères à tous les Canadiens touchés par la crise du fentanyl.
Cela m'amène à mon quatrième point. Les êtres humains consomment du cannabis et des concentrés de cannabis depuis des milliers d'années. Or, aucune des prédictions alarmistes des prohibitionnistes ne s'est réalisée. Le cannabis n'est pas carcinogène, et on ne peut pas mourir d'une surdose de cannabis et de cannabinoïde. Par ailleurs, le cannabis peut servir à réduire l'anxiété et à rendre de nombreuses activités plus agréables. À l'instar des personnes qui se détendent en buvant un verre de vin, des millions d'adultes canadiens estiment que la consommation occasionnelle de cannabis est une façon relaxante et agréable de passer leur temps libre.
En fin de compte, je comprends maintenant que légaliser en bonne et due forme l'industrie du cannabis au Canada et l'encadrer efficacement présentent d'énormes avantages à bien des égards. Si les choses sont faites correctement, l'adoption d'une approche juridique appropriée peut avoir d'impressionnantes retombées économiques, technologiques et médicales. Elle peut donner aux producteurs de cannabis, aux détaillants et aux innovateurs canadiens une longueur d'avance sur les marchés mondiaux. Une telle initiative peut permettre au Canada de devenir un chef de file mondial dans le domaine de la propriété intellectuelle. Elle peut aussi stimuler l'innovation, favoriser le développement durable et permettre d'acquérir une compréhension factuelle du cannabis sur lequel des renseignements erronés et des mythes circulent depuis des décennies.
Au moment même où beaucoup d'autres pays sont confrontés aux échecs de la prohibition, pourquoi diable voudrions-nous prendre les devants et nous couper l'herbe sous les pieds en interdisant légalement l'exportation du cannabis vers les marchés où il sera légal de l'importer? Or, le projet de loi interdit explicitement toute importation et toute exportation du cannabis à des fins récréatives. Le monde se rend enfin compte du potentiel des produits de cannabis sûrs, réglementés et légaux. Des pays comme la France, la République tchèque, la Belgique, l'Italie, la Lettonie, le Luxembourg, Malte, la Croatie et la Slovénie envisagent de réexaminer leurs approches à l'égard du cannabis, et le Canada devrait se positionner comme chef de file du marché mondial. Tandis que l'industrie du cannabis étatsunien demeure entravée par l'attitude à la Reefer Madness de l'administration Trump au sujet du cannabis, le Canada devrait en profiter en accordant davantage de latitude aux entrepreneurs canadiens et en développant des marchés d'exportation partout dans le monde.
Des milliers de Canadiens consomment du cannabis. Ils en ont consommé dans le passé, ils en consomment aujourd'hui, et ils continueront d'en consommer dans les années à venir. Ce ne sont pas des criminels. Ce sont des parents, des professeurs, des collègues, des êtres chers et des citoyens de ce merveilleux pays, qui ont voté pour la légalisation véritable du cannabis lors des dernières élections. Les néo-démocrates continueront à travailler de façon positive et constructive pour élaborer les mesures législatives et les règlements les plus intelligents, les plus sûrs et les plus efficaces en matière de cannabis dans le monde, car il est grand temps d'agir.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui afin de discuter l'approche proposée par le gouvernement pour légaliser le cannabis et le soumettre à une réglementation rigoureuse au Canada.
Le gouvernement a présenté le projet de loi , qui vise à promulguer la Loi sur le cannabis, afin de composer avec les réalités entourant la consommation de cannabis au pays. Il se trouve que les Canadiens sont parmi les plus avides consommateurs de cannabis du monde entier.
En 2015, 21 % des Canadiens âgés de 15 à 19 ans ont consommé du cannabis de façon régulière. Le pourcentage était de 30 % chez les Canadiens âgés de 20 à 24 ans. Les enfants du pays ont déjà accès au cannabis, on le trouve déjà dans les écoles, et il finance les grandes organisations criminelles à hauteur de plusieurs milliards de dollars par année. De toute évidence, l'approche actuelle, dépassée et désuète, ne fonctionne pas.
Depuis des années, l'approche du gouvernement du Canada à l'égard du cannabis repose sur de lourdes peines minimales obligatoires et des procédures de justice pénale injustes. Les politiques adoptées par les gouvernements précédents ne sont pas adaptées à la réalité actuelle.
Je suis fier de pouvoir expliquer à mes collègues de la Chambre et aux résidants de ma circonscription, Vaudreuil—Soulanges, pourquoi l'approche proposée dans le projet de loi sur le cannabis est celle que nous devons maintenant adopter pour faire du Canada un pays meilleur et plus sécuritaire.
Nous avons besoin d'une nouvelle approche qui protégera nos enfants et qui punira les membres du crime organisé au lieu de punir les simples Canadiens. La Loi sur le cannabis remaniera les politiques du gouvernement du Canada de trois façons clés pour légaliser et réglementer rigoureusement la consommation de cannabis au Canada.
Premièrement, nous collaborerons de façon prioritaire et à titre de partenaires égaux avec les territoires et les provinces pour moderniser le régime actuel d'accès au cannabis. Nous avons déjà amorcé ce processus, qui est en cours depuis un certain temps.
Deuxièmement, nous tiendrons compte du fait que les adolescents canadiens ont accès au cannabis, que cela nous plaise ou non.
Troisièmement, nous empêcherons les criminels et les gangs d'empocher des milliards de dollars.
Chacun de ces piliers est essentiel pour ma circonscription, Vaudreuil—Soulanges, où des milliers de familles s'établissent chaque année, faisant d'elle l'une des circonscriptions dont la croissance est la plus rapide au Canada. Cependant, ces piliers s'appliquent également d'un bout à l'autre du pays, et permettront de résoudre, avec nos partenaires provinciaux et territoriaux, les défis auxquels nous sommes confrontés.
Notre objectif est d'établir un cadre que les provinces et les territoires pourront développer davantage, des façons qui leur conviendront le mieux. Notre plan fonctionnera, car la Loi sur le cannabis nous permettra de collaborer avec nos partenaires tout en sauvegardant les objectifs sous-jacents, c'est-à-dire protéger les jeunes et priver les criminels de leurs sources de revenus.
Cette nouvelle approche repose sur une collaboration avec nos partenaires provinciaux, notamment ma collectivité, Vaudreuil—Soulanges, de même que le gouvernement du Québec. Celui-ci a déposé son projet de loi sur le cannabis à l'Assemblée nationale du Québec la semaine dernière. Cette mesure sert de complément au partenariat que nous avons établi afin d'assurer la sécurité des jeunes et des collectivités du pays.
Au Québec, le gouvernement créera la Société québécoise du cannabis, un organisme parallèle à la Société des alcools du Québec. Ce modèle a déjà permis de réglementer efficacement l'alcool dans la province. J'ai confiance que nos partenaires sauront maintenant répondre aux besoins des Québécois dans le contexte de la légalisation du cannabis.
La réglementation stricte du cannabis prévue par la Loi sur le cannabis vise avant tout à protéger les jeunes Canadiens. C'est un enjeu qui me tient particulièrement à coeur à titre de secrétaire parlementaire du pour la Jeunesse et de père de deux jeunes enfants. C'est aussi une priorité pour les jeunes familles qui ont choisi de vivre dans ma circonscription, Vaudreuil—Soulanges. Je suis certain que tous les députés conviendront que nous avons le devoir de faire les choses correctement, et que la Loi sur le cannabis ne fait aucun compromis à propos de la sécurité des Canadiens et surtout des jeunes.
Selon la norme nationale que nous établissons, il faudra avoir 18 ans pour acheter et consommer du cannabis. Le projet de loi déposé la semaine dernière par le gouvernement du Québec établit aussi l'âge requis à 18 ans.
Nous ne punirons pas les adolescents qui auront en leur possession au plus cinq grammes de cannabis. Nous établissons plutôt des peines plus sévères pouvant aller jusqu'à 14 ans d'emprisonnement pour la vente ou la distribution de cannabis à un jeune ou pour l'utilisation d'un jeune en vue de commettre une infraction liée au cannabis.
[Français]
L'opinion de ce gouvernement est que le fait d'abuser des jeunes par l'entremise des réseaux illégaux de trafic de drogue est un véritable crime. C'est un point de vue que partagent, je crois, mes collègues des deux côtés de la Chambre et au sein des provinces et territoires.
Nous devons nous assurer que les jeunes Canadiens comprennent les dangers et les conséquences potentielles de l'usage du cannabis. En octobre, nous avons annoncé un investissement total de 46 millions de dollars sur cinq ans pour sensibiliser la jeunesse canadienne aux réalités de la consommation du cannabis.
En soutenant des campagnes à grande échelle qui visent à informer et à éduquer les Canadiens, nous créons un environnement sensibilisé sur les risques de cette consommation. Une partie de notre plan a déjà permis la distribution de 114 000 brochures intitulées Parler cannabis, en partenariat avec Jeunesse sans drogue Canada.
Le 10 novembre dernier, nous avons organisé, par le biais de Santé Canada, un symposium pour les partenaires sur l'éducation et la sensibilisation du public au sujet du cannabis. Nous avons réuni à Ottawa des acteurs de tous les milieux pour mieux identifier les possibilités d'action.
Ces mesures concrètes sont la preuve de notre engagement à donner priorité à la santé et aux risques liés à la sécurité, grâce à une étude des faits et à une politique fondée sur les données factuelles et non pas sur la peur et la désinformation. Cela inclut l'interdiction d'utiliser des emballages ou des étiquettes attrayantes dans la publicité ou toute autre tentative qui encouragerait les jeunes Canadiens à consommer du cannabis.
Ce projet de loi devant la Chambre imposerait des amendes pouvant atteindre 5 millions de dollars, trois ans d'emprisonnement ou les deux, aux distributeurs qui ne respecteraient pas la réglementation. En fixant des normes nationales pour répondre aux défis de l'utilisation répandue du cannabis au Canada, nous prenons des mesures justes pour protéger les jeunes Canadiens, sans pour autant punir le tiers des adultes qui utilisent le cannabis à des fins récréatives.
Notre gouvernement vise plutôt à protéger la jeunesse en concentrant ses efforts sur le crime organisé et sur les personnes qui fournissent le cannabis aux plus jeunes, malgré les risques sanitaires associés à la consommation à un jeune âge.
En fixant des peines très sévères pour la vente de cannabis aux jeunes, ce gouvernement envoie un message clair sur son engagement inconditionnel à veiller d'abord à la santé et à la sécurité des jeunes, chez nous, à Vaudreuil—Soulanges, au Québec et partout au pays. C'est quelque chose que tous les Canadiens peuvent appuyer.
Les Canadiens savent aussi que nous devons faire tout ce qui est nécessaire pour éviter que l'argent finisse dans les mains des criminels et du crime organisé. La loi sur le cannabis rendra nos rues plus sécuritaires en générant une offre légale, contrôlée et sécuritaire de cannabis qui sera disponible pour tous les Canadiens qui ont atteint l'âge de la majorité.
Le projet de loi établit un cadre pour le commerce en ligne ou en personne et il permet aux Canadiens un accès au cannabis en dehors du marché noir. Le projet de loi donne aussi au gouvernement la capacité de fixer un impôt raisonnable et compétitif qui viendrait directement concurrencer les prix actuels sur le marché noir.
Nous nous assurons aussi que ceux qui souhaitent continuer à vendre du cannabis en dehors des marchés réglementés seront sujets à des sanctions. Selon la gravité de l'infraction, il y aura des amendes et jusqu'à un maximum de 14 ans d'emprisonnement. Cette approche permettra à ce gouvernement de demeurer flexible, tout en agissant pour contrer les délinquants les plus difficiles.
La loi sur le cannabis gardera notre jeunesse en sécurité et permettra de garder l'argent loin des poches des criminels grâce à un système de vente strictement réglementé au pays.
Notre gouvernement met sur pied un cadre pour nos partenaires provinciaux et territoriaux pour que le travail soit représentatif des volontés et des préoccupations des gens.
Je suis fier de contribuer à un plan qui, au bout du compte, prend des décisions basées sur des données factuelles et sur la réalité à laquelle nous faisons face actuellement à Vaudreuil—Soulanges, au Québec et bien sûr au Canada.
[Traduction]
Je suis fier de faire partie d'un gouvernement qui s'attaque à un problème qui dure depuis trop longtemps. Le problème existe depuis des dizaines d'années. Pourtant, les gouvernements précédents se sont contentés de maintenir le statu quo. Nous étions bien au fait que les taux étaient élevés. Dans certains cas, selon les groupes d'âge, nous observions même une hausse. Malgré tout, les gouvernements précédents sont restés les bras croisés. Nous étions conscients que les fumeurs de marijuana, soit près d'une personne sur trois ou même plus selon les groupes d'âge, achetaient un produit provenant d'organisations criminelles ou de trafiquants de drogue.
Les gens n'avaient aucune idée de ce qui avait été ajouté dans le produit. Ils savaient que ce qu'ils avaient entre les mains pouvait avoir été mélangé à des substances plus dommageables à leur santé. Toutefois, aucune autre option ne s'offrait à eux parce que les gouvernements fermaient les yeux sur les résultats d'un système défaillant. Nous étions bien conscients que le système qui existait depuis 10 ans, voire des dizaines d'années, permettait au crime organisé d'empocher des milliards de dollars.
Je tiens de bonne source — et je parle au nom des membres de mon caucus du Québec — que cela a une incidence grave sur la violence et les crimes violents dans ma province, le Québec. Les gens du Québec et ceux qui ont suivi les actes criminels violents liés aux activités du crime organisé au Québec savent que la criminalité liée aux gangs de motards connaît des hauts et des bas importants et que la principale source de revenu de ces gangs était la vente illicite de drogues. Pourtant, le gouvernement fédéral n'a rien fait.
Les gouvernements ont continué de tenter de convaincre les Canadiens qu'ils consacraient des centaines de millions de dollars à un système qui fonctionne alors que nous savions pertinemment que ce n'est pas le cas. Nous aurions pu et aurions dû faire mieux, mais cela requiert du courage. Il faut examiner la raison pour laquelle chacun de nous est ici à titre de député.
Nous sommes ici pour mettre en place des systèmes qui fonctionnent, ainsi que pour utiliser efficacement l'argent des contribuables. Or, pendant des décennies, nous avons manqué à ce devoir. Nous tentions de convaincre les Canadiens que nous avions le meilleur plan possible en place et que leurs centaines de millions de dollars étaient dépensées adéquatement. Nous savions parfaitement que ce n'était pas le cas.
C'est donc ce que nous avons fait. Premièrement, nous avons été honnêtes et ouverts envers les Canadiens, en leur disant ce que nous avions l'intention de faire une fois élus. Une fois au pouvoir, nous avons donné suite à notre promesse et entrepris des consultations nationales. Des comités ont convoqué et entendu des experts de tous horizons sur les meilleures façons de s'y prendre. Nous avons étudié les systèmes adoptés dans divers endroits aux États-Unis et ailleurs dans le monde avec de bons résultats. Des députés de tous les partis, moi y compris, se sont déplacés un peu partout au pays pour tenir des assemblées publiques et demander les points de vue des gens dans les circonscriptions. Nous avons déployé beaucoup d'efforts au cours des deux dernières années pour parler aux Canadiens ordinaires et nous renseigner auprès de spécialistes de différents domaines afin de bien faire les choses.
Deuxièmement, nous avons étudié les données existantes. Beaucoup d'études ont été menées sur les bienfaits du cannabis pour la santé et sur différents systèmes qui fonctionnent particulièrement bien. Grâce à ces données, et parce que d'autres gouvernements ont eu le courage d'innover, nous avons constaté que certains d'entre eux ont vu le taux de consommation de cannabis diminuer chez les jeunes et ont observé une réduction des crimes violents liés au crime organisé et aux gangs de rue. Ils ont pu faire en sorte que l'argent généré n'aille plus aux membres du crime organisé. Ces autorités ont réussi à faire tout cela parce qu'elles ont osé sortir des sentiers battus. Nous avons pu tirer des leçons de leur expérience et nous demander ce qui est susceptible de fonctionner dans un contexte canadien.
Troisièmement, nous avons veillé à établir un dialogue fructueux avec les provinces et les territoires. En outre, nous communiquons et collaborons plus que jamais avec nos homologues municipaux afin d'assurer la réussite de l'entreprise dans tous les ordres de gouvernement, car nous sommes solidaires dans ce projet.
Nous espérons faire réduire le taux de consommation de cannabis chez les jeunes. Nous allons faire en sorte que ceux qui en consomment régulièrement aient accès à un produit réglementé et plus sécuritaire et que les profits générés n'aillent pas au crime organisé.
Quatrièmement, nous ferons en sorte de fournir un financement là où c'est nécessaire, ce qui comprend plus de 40 millions de dollars pour une campagne de sensibilisation à l'échelle fédérale pour informer les jeunes Canadiens des effets néfastes de la consommation de cannabis. Il ne s'agit pas d'une loi qui vise à encourager les jeunes à fumer du cannabis. Au contraire, nous espérons que le projet de loi que nous proposons entraînera une réduction de la consommation de cannabis chez les jeunes.
Nous lancerons donc une campagne de sensibilisation de plus de 40 millions de dollars pour veiller à transmettre aux jeunes le message suivant: ils ne devraient pas consommer de cannabis et cette drogue pourrait avoir des effets particulièrement néfastes sur leur santé puisque leur cerveau est toujours en développement. C'est ainsi que nous joignons le geste à la parole, parce que nous savons très bien qu'il s'agit d'une étape nécessaire pour aller de l'avant avec cette mesure législative.
De plus, nous prévoyons plus de 80 millions de dollars pour appuyer les organismes d'application de la loi dans l'ensemble du pays afin de leur donner les outils nécessaires pour mieux détecter les personnes qui conduisent avec les facultés affaiblies par le cannabis, ce qui est extrêmement important. Qu'on veuille l'admettre ou non à la Chambre, des personnes conduisent déjà avec les facultés affaiblies par le cannabis et très peu de mesures ont été prises pour régler ce problème. Le gouvernement conservateur n'a pas fait grand-chose à part la sourde oreille et il s'est contenté de confier cette tâche aux forces de l'ordre.
L'ancien gouvernement savait très bien que ce problème existait déjà et que les organismes d'application de la loi auraient pu profiter de financement supplémentaire pour mieux former leurs policiers et pour mettre en place de meilleurs mécanismes pour repérer les personnes qui conduisent avec les facultés affaiblies et ainsi prendre les mesures qui s'imposent. Par conséquent, cet argent servira également à fournir aux policiers les outils nécessaires pour faire subir des tests aux personnes soupçonnées de conduire avec les facultés affaiblies.
Je ne suis pas venu à la Chambre pour faire un travail facile. Je suis certain que je ne suis pas le seul parmi nous tous qui avons été élus en octobre 2015 à penser cela. Je suis venu ici pour régler des problèmes, surtout ceux qui assaillent le Canada et les Canadiens depuis bien trop longtemps. Je dirai en toute sincérité — et je sais que les jeunes pères et mères à la Chambre et même ceux qui ont des enfants plus âgés doivent être du même avis que moi — que nous devons prendre des décisions aujourd'hui qui auront des répercussions positives à long terme sur la vie des jeunes. Nous ne pouvons pas attendre sans rien faire que le prochain gouvernement intervienne, peu importe combien les décisions peuvent être difficiles à prendre. Nous devons prendre ces décisions ardues dès maintenant.
J'espère qu'il sera plus difficile pour mon fils de trois ans, Anderson, et ma fille d'un an, Ellie, d'avoir accès au cannabis lorsqu'ils auront l'âge d'aller à l'école secondaire. J'espère également qu'un programme et une campagne de sensibilisation, qui tiendront compte du fait qu'il est plus facile d'obtenir de la marijuana à l'école secondaire que des cigarettes, auront été mis en place à ce moment-là par tous les ordres de gouvernement et que nous serons en train d'agir concrètement.
C'est le genre d'héritage que je souhaite laisser à mes enfants, ainsi qu'à toutes les générations futures de jeunes Canadiens. J'invite donc tous les députés, peu importe leur allégeance, à appuyer le projet de loi . Faisons le nécessaire pour protéger davantage nos jeunes.